laagonadelcrist00giragoog_djvu

Download laagonadelcrist00giragoog_djvu

If you can't read please download the document

Upload: marihholas

Post on 24-Nov-2015

14 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Google This is a digital copy of a book that was prcscrvod for gcncrations on library shclvcs bcforc it was carcfully scannod by Google as par of a projcct to make the world's books discoverablc onlinc. It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject to copyright or whose legal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover. Marks, notations and other maiginalia present in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the publisher to a library and finally to you. Usage guidelines Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we have taken steps to prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying. We also ask that you: + Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuis, and we request that you use these files for personal, non-commercial purposes. + Refrainfivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's system: If you are conducting research on machine translation, optical character recognition or other reas where access to a laige amount of text is helpful, picase contact us. We encouragc the use of public domain materials for these purposes and may be able to help. + Maintain attributionTht GoogXt "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this projcct and hclping them find additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. + Keep it legal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is legal. Do not assume that just because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any specific use of any specific book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe. About Google Book Search Google's mission is to organizc the world's information and to make it univcrsally accessible and uscful. Google Book Search hclps rcadcrs discover the world's books while hclping authors and publishers rcach ncw audicnccs. You can search through the full icxi of this book on the web at |http: //books. google .com/l I H /w ^0(0 Ti . 2- b -V r' CEYRES COMPLETES 01 M" MILE D GIRARDIN NOUVELLES CALMANf LVY, DITER M OBUVRES COMPLETES MILE DE GIRARDIN Formal graod in-iS -* IBLX DITION COMPLETE LB TieoxTB DB LANAT (seie dition complete). MRaoERiTE ov Lil taV Ailevfe. I . i - . X. LB XARQDIS DB PONTAIfaBS C0NTB8 d'UNB TIBILLE PILLE A SBg MBYBX HQYELLES. .. rosiES coxpltbs LA cRoti DB fcBRtnr (eti sdt ftto Tb* GinUr^ itry t Joles Sandean) LE LORftlCOir LA CANirS DE V. DB BALZAC IL NB PAUT PA8 JQUER AYEG LA DOULBR 4toL mi *, THEATRE LtcoLB DBS louRifALisTBS, comdio OD cioq actes en Ters. fDiTB, tiagddie en trois actes, en vera. CLtopATRBy tragedle en cinq aetes, en yers. c'bst la paute du xart eomdie en nn acte en yers. LADT TARTPPBf comdie en dnq actes, en prose. |ji joiB PAiT PEOR, eomdie en un acte en prose. LE CHAPEAU d'un borlooer, eomdio en un aete, en prose. VHB PBMXB ODI DETESTE SON MARI, COmdO OD OD acte, OD prOSO, fumj. Trp. S. Lejay el Qt, NOUVELLES PAR M" MILE DE GIRARDIN LE LORGNON LA GANNE DE M. DE BALZAG IL KE FAUT PAS JOUER AVEG LA DOULEUR NOUVBJLLB BDITION pars calmnn lyy, diter ANGIBNNB MAISON MIGHEL hhYY FRRES S, RUI AUBER, S 1885 X tr son secret. II regardait autour de lui, cbercbant dans sa .pense deviner qui avail pu le trahir ; mais personne ne con- naissait encor Faffaire qui Tavait mis dans co subt embarras; personne n*avait pu en parler M. de Lorvillo. Comment le savait-il? Ce mystre le tourmentait comme un supplce, et il rsolut de Texpliquer. Cependant il tait touch de tant de g- nrositc, et plus encor de tant de dlicatesse. Des larmes d'attendrssement roulaient dans ses yeux ; il aurait voulu LS LORONON. II 8on tour deviner ce que son ami dsirait poor le lu acqurir au prx de sa vie. Edgar jouissait de son tonnement et de sa joie ; mais pour empcher ses deux cousins de l'observer, il ft signe M. de Fontvenel de ne ren dir devant eux, et le reconduisant jusque sur l'escalier : A ce soir, dit M. de LorviUe, j*irai un moment chez ta mere, et j*espre que, malgr trois ans d'absence, la bells St- pbanie me reconnatra. A ce sor. A toujours, reprit M. de Fontvenel avec motion. Que j'ai besoin de te revoir 1 Ah ! ma vie ne sera pas assez longue pour te tmoigner tout ce que j'prouve en ce moment. A ees mots ils s*embrassrent avec une tendresse de frres, et M. de Fontvenel s*loigna penetr de reconnaissance, le plus heureux des hommes, mais aussi le plus tourment. VII n tait dix heures du soir lorsque M. de Lorville se rendit chez madame de Fontvenel. II s'aper^ut bientt que son ami avaittrahi son obligeance. Madame de Fontvenel, domine par un attendrissement qu'elie ne pouvait cacher, vint lui les larmes aux yeux, et bien qu*olle no lui parlt pas du service qu'il venait de rendre son fls, tout on elle prouvait quel pointelle y tait sensible. Stphanie, quoiqueavec plus de rete- nue, tmoigna aussi les mmes sentiments. Son frre somblait fier et joyeux, et M. de Lorville ressentait tout le plaisr d'uno bonne action, celui d'en voir profondment heureuses de* ames qui en sont dignes. Ah I que de doux moments il pou vaitpasser dans cette famille si bienveillante pour lui, aupri de cette ancienne amie de sa mere, qui Tavait elev comme un fls; il s'tonnait de Tavoir ainsi nglige depuis son retour. Mais Pars les gens qu'on aime le plus sont ceux que Ton ^it le moins sHls ne sont pas autant que nous lances dans c 80* LE LRGMON. tourbillon de plasrs mondains qui nous entrame, on les perd de vue, et ils nous devienncnt bientt tout fait lrangers, moris qu'i ne leur n ive, do temps en tmps, quelquo grand malhcur qii lioiis rmno a eux. CV.st une chose singuliero, mais incontcstabo,. qi, dans lo grani monde, pour se voir tous lesjours qiiand on se convicnt, il faiit avor, non pa5 es iiiemcs amis, mais les rames indiff- rents. L*imporlant est do no pas se giicr ; eii amiti, commc en loiit, on ne fait qu ce qul est commode ; aussi Foccasion l'eiriporlc-t-ell sur tous les projets, ct souvent riomme qui ngligo son meilleur arai parce qti'l demetire loin de ui, passe sa vie cliez un voisin qu'il deteste. Ed^^ar ful frapp de la beaut de raademoisoUe de Fpntve- nel. Quclle diffrence entre celte ptite filie esplgl q'il avait qnille il y a Irois ans, et celte grande et bolle femmo qu'il rctrouvait pareo do toutes les sductions que donne une naturo levo uno ducation distir^ue. II ne se rappolait plus, en voyant Stphanie si bolle et si imposante, que peu d*annes auparavant 1 la tutoyait comme une sojur, et ce fut avcc une motion presque timide qu'il baisa la jolie main qa'elle lu ten- dit afieclueuscmet. BientS, en la voynt rire crame autre- fois, il s rassura. Ses rcgards attendris se portrcnl altcrna- tivement ur madame do Fonlvenel, sur Stcphanio, sur son frre, et il sentit que, malgr lui, depui qu'il lait revenu dans cett maison, toutes ses ponses avaient un avenir. Plsiours visites tant survenues, M. de Lorville ceda la place qu'il occupait auprs de la matresso de la maison, et alia rejoindre Stphanie l'autre bout du saln. Ello tait assise devant une tble couverto d'album, de journaux, de carica- tures ; une ulre jeune personne brodait auprs d'ee ; un artisto clebre s'amusait dossiner des figures grotesques qu'un jeuh oficier imilait scrupuleusement ; l'un copiait une romance, un autre cherchait a transcrire mystiieusement une chanson potique et toujours sditieuse de Branger. Cha- cun enn prssait occup, ce qui n'ompchait )>a< la conver- iaiio d^tr aim^i Lorsqe niadmoiselle de Forilveiiel vil Edgar s*approcier : Voici monsieur de Lorville, dit-ell; prerios gard nos, ihalHer qiii cache un sccrct ; il va biei vito dcvir ce que chdc'uh de lioiis dsir, c'esl rhonime u moiido o plds pritrant. Rassurez-vous, reprit Edgar, ce soir j n veux rie deviner. Commeut ! vous tes bien ddaignoux, vou n'avez doric nuUe envi de coanaltre notre pense? Pas encor, elle ne peut ih*tre favorable : j'anive. Les oublis oit toujours tort, ii*est-c pas, Stphanie? Ah pf- don, mademoisellej mais je u pis m'accoutumer tro trail ici en lranger, y passer pour lin noved present. II rl absolument que je me trov un droit votr prfreiic. Ne sommes-nous pas h pe cousins? Pas du tout, reprit en riant Stphanie, et je ne pux ps l-dessas me faire la moindr illusioii. N'importe, je vous appellerai ma cousn ; ceia tera cbt ar de crmonie dont un ami d'enfance ne peul s'arraiiger. Aiusi c'estconvenu, vous m'appellerez votr cousin. II n'y pas bien longtemps, ajouta-t-il avec malice, que voiis rae don- mez un nom plus doux ; mais malheureusement je ine siiis dj apergu que ees beaux jours sont loin de noiis. A ees mots, mademoiselle de Fontvenel roug, et celi qu'elle nommait dans son enfance son petU viari s'amsa beaucoup de cet embarras. La moind'e motion , dans une personne qui parait froide, a un charme auqcl on rsiste rarement; elle nous prend par Taniour-propre. C'est un Irim- pbe obtenu, un destn ccompli, car nos nous figurons qu cet tre jusqu^alors insensible nous ttendait pour s'ahimer. Edgar aurait bih voul prendre Son lorgnon , el viner la pense de Stphanie; mais l^alai'me tait donn, et il 'sail attirer Tattention sur ce talismn , dans l crainte q'on e dcouVrit l m^rveille. ft*fllers il Sail sans fianc, il svait qu la sdeur de son ami, ta nll k mame ele Fnlvel , ng pouvilt prouVer qu ae obl 8nimet0 u aurait Tllu un Si LE LORGIIOII. bien grand changement pour altrer ce corar qu'il avait connu daos son enfance si bon, si gnreux. S'abandonnant tout au plaisir dune afecton naissante, fondee sur de doux souyenirs, Edgar e quitta plus Stphanie. EUe-mme semblait trouver le plus grand charme se rap- peler avec lui les jeux de son enfance ; et mademoiselle de Fontyenel, ordinairement si calme et si galement gracieuse poor tout le monde, parut ce soir-l ce qu*on ne Tavait jamis Yue, pleine de gaiet et de coquetterie. II est vrai que M. de Lorville tait un de ees hommes avec lesquels les femmes sont toujours coquettes, sans projet, saos amour, et quelquefois mme malgr elles. Le dsir de plaire est contagieux dans un honmie aimable, soit qu*on le croie ddaigneux ou difQcile, soit qu'on le regarde comme une autorit. La femme la plus honnte ne resiste pas la tentation d lui paraltre sdui- santo, et, sans songer lui donner une esperance, elle n'est pas fche de lui laisser un regret. En yain plusieurs femmes ylnrent-elles interrompre la con- yersation d'Edgar et de Stphanie ; il trouyait toujours un moyen de se rapprocher d*elle. En yain les discussions ora- geuses de la politique attiraient-elles son attention dans lo saln yoisin , il ne s*y mlait point. Depuis longtemps , d*al- leiirs, la politique lui tait devenue indiffrentc. II s*in(res- sait viyement aux affaires de son pays , mais condition de ne pas couter ce qu'on en disait; et comment, en effct, se resondre parler politique, lorsqu'on a le secret de toutes les opinions , lorsqu'on a dcouvert que l'ntrt personnel &cul les inspire et les soutient, que chacun choist dans ses prin- cipes de morale ou de gouyemement, celui qu doit le plus lui rapporter ; qu*il y a dans tontos les opinions yiolentes un fond de souyenirs ou de projets, une arrire-pense de place perdue, obtenue ou obtenir? Lorsqu'on sait enfn que chacun juge Tintrt general de sa position particalire, toute discus- sion deyient inutile. Ce n*est pas que les opinions manquent de bonne foi, oh 1 chacn est de bonne foi dans son intrt| mats ellM manqtiMt de itabilit; et, toat $n contrartaat t LK LORGNON. St plus exag^re, on prvoit les chances qa'elle a de se modifier, le danger qu*elle court de changer. Aussi M. de Lorville , qui connaissait toutes les arobitions, disait en plaisantant qu*avant de combattre un principe politique, il attendait que le succs OH le dsespor Tet fix dfnitivoment. M. de Lorville n*tait ali qu'une seule fois la chambre des dputs; certes, son talismn et ce jour-l une belle occasion d*exercer son pouvoir. Si Edgar et t Alleroand ou Anglais, il se serait fort divert de cette fourmilire de vanits declamantes et de ees nobles dsintressements de comedie dont il savait l'histoire et les conditions ; mais il aimait trop son pays pour rire des ridiculos qui le perdent, et il conserva de cette sance un souvenir triste et dcourageant. H so rcfusa ains le plus grand amusement que son lorgnon lui et offert. II aurait pu se ddommager de cette privation en allant obser- ver dans les brllants salons du Palais-Royal , o les plaisirs cachent tant de tristesse , les nouvelles vanits , les nouvelles prlentions des nouveaux courlisans de la nouvelle cour; malheureusement pour sa gaiet , l'ancienno position de son pre lui imposait des devoirs auxquels il restait fdle. Les derniers iroubles de cette anne lui auraient aussi fourni des observations non moins piquanles ; il aurait pu s*amuser beau- coup en lorgnant Vmeute son passage , mais le rome sen- timent qui lui faisait fuir les sances de la chambre des dpu' ts , lui faisait dtourner les yeux d'un spectacle si alligeanf pour un vritable ami de son pays. Cependant chacun s'tonnait de sa tolrance et de sa mer- veilleuse sympathie avec toutes les diffrentes exagrations. A ses yeux , quand il avait son lorgnon , les deux parts qui divisent en ce moment la Franco laient ainsi designes : les regrettants et les prtendants; et pour causer a Tunisson avec son interlocuteur, il lui sufsait de savoir auquel des deux parts il appartenait. Alors, seion son observation, il approuvait ou blmait au hasard, sur de tomber toujours juste, sans prendre la peine d'couter. M. de Lorville pardonnait chacun de choisr, poup g'y dvouer, Tordre de choses qui lui 84 LB LORGNOM. oTrait le plus d'avantages. 11 comprenait mervele Vaa^our des bons bourgeois pour Louis-Philgpe , les regretsdes.I^iis dvots peur Charles X , et l^ rves de la jeunesse pour Booa^ parte. 11 trou\ait tout simple d^entcndre Icsr llkds de ducs et pairs regretter raacieane cour, et les femmes de banquiers vanter avec.enthousiasme la uouvello; cliacun de nous, disait- il, prfre le gouvernemeat qui lu^ sied; et comme il sentait que lui-mme n'tait pas exempt d'intrt personnel dans ees questioQS universelles , et que cbacun uge Tenseiablo de son point de vue, il c^geait de place en idee, et se trouvait aiosi de Tavis de tout le monde, saos fausset et sar^s eTorts. VIH. tino visite pompeuse vnt nterrompre a douce causerie de Stphane. Madame de Qairange n*tait pas fetnme passer napergue dans un saln, et mademoiselle de ("onlvenel , quoi- qu'uu peu contrare , fut oblige de se lever peur allor s'in- former des nouveiles de sa sant. Edgar resta scu ; un scnti- ment plein de charme venat de s'emparer de lui ; tonn qu*un amour si prompt et deja pris sur lui iant d'empir, il cherchait se Texpliquer par ses souvenirs. II y a si long- temps, se disaiUl, que je la connais, que je Taime ; tovites les impressions douces de mon enfance se rattachent elle. Que de fois elle m*a consol quand j'tais triste ; qu*eie tait bonne I et maintenant qu*elle est adorable 1 II la contcmplait avec attendrissement, presque avec religin. 11 admirait ce froat pur dont un bandean de cheveux noirs relevail la blancheur, ce regard plein do noblesse et de loyaut , celte taille si bien proportiomie dont une mise simple et de bpn got faisait va- loir toute rgance. Ravi de trouver tant d'esprit et de doa- ceur dans une personne d'une bc^ut romarquabe, ct fer d'ea tre favorablement accu^ili^ Edgar rvit au bonheur^ de passer sa vie auprs de Stphanie, et, s flattant d'ea tre m w iWi ##^^4ttiSftM>^P de #J(ifty, par ce mJ^i^^^i bnlWt i^HT olW^ /'h^oQide.i^Ucj^ttes&e .desprojets de son anii jllaie # >[oulait savcr JQ$(p' ^^ j^t jdle pouvait partager sa peo^, Ai lice ce /lo se p9^t ^^ sciP Gijeor. L'arrve 4eipaduDe c^eX^rai^e.occupait tqut le^ooi^e- M. de Jiorville, voyant que pergofoie ne Tol^fierya^, .er8onne de sa con- S6 It L0R6N0N. naissance dans Tobscurit, aux lueurs incertaines que rpan- daient sur les gazons et tray^ le feuillage, les lampes tin- celantes du saln. Ah ! c'est vous 1 8*criait-il, et chacun riait de cette tjspce de colin-iii||il^9]rd. p'^illom^ pet^ Dy^s^UQii ^ns Tombre) ees malices jetis dans {91 ^^it, et que la pbysioiai^i^ ne confrmait point, ce$ plai3^terj6$ gnppypQ^, p^s ipystrfis de Tesprit avaient queque p^(\sg q p(]U9J^t g^i a(^u9ait l>ea^ coup M. de Lorvill^. Une femme surtout avait at^ir ^n ^^t^iof^ fi^r plusifirs mots spirituels, dit ay^p grce, pfjr ^^, (^^^m fiaf ^ pleines' de cette ^pt bie^veiiliiatfi qpi ^sgi^ r^pjgrWQffi^ que nourrit une imagiiiatio.n f^^v^r^i^g^, %l qui x\'^ pas he^f^ des ^illies de 1 m^ce pour i^riller % Ym V^ivt pjsrler de choses srieuses, cette personne, qui paraissat pourtaa^ f^^ jeune, langait sans prtention des idees ^0 1^ jlM^g^se ot la profondeur tpnnaie^t, c^t |;pyj; pel^ avec 11Q6 yc4^ ^i douce et d'un accent de bonbomie qui encbantaient. Cette femme, qu*dgar ne pquyait vp^r* devait tre iolie; d*abord elle avait les attiti;d6$ la fQ3 9ol>bs et paresseuscs d'une personne qui se sait agr4|)le, et qui n'a pas b^spji d|r s'observer ppur tre bipuf ; et de p)u9, ^Ue parlait de la i^e^jiA des autres femmes avec justice, sans envi, et comme ^ywS' une part dont elle se contentait. Sa mise tait celle ffwo ale- gante : la Jolie petite capote de moir^ blancbe, gui ^ute ^ distinguait dans Tob^urit, caphait entireqaeQt qpd vi^ag^; mais ses mouvements gracieux, la maniere indolente dP^t elle s'enveloppait dans 3pn grapd chale sans gard pour ses m^- ches garnies de dentelles qu'elle chiffonnait impitoyablement, toute cette noncbalance lui donnait un air de petite^mattre$39 parraitement en barmonip avec ia grce et le (^isser-aller d# son esprit. Edgar attai^dait ^vep iq^patieupe que Ton rimtr^t daos I9 saln pour voir cette beaul mystrieuse qui piquait si viv^ ment sa curiogitj^* II j|f^r^ ^^ vairfi^ ^ai^er $0 9001, mais il ne Tosait dj plus; car cette femme, qu'il tait sur de LI lOBGNOH. 59 n'avolr jamis rencontre, lui parlait comme i}qp ai^pjenne connaissance, 0t Ton se s^rait moqu de lui b') fiygit DQyru ino- rar qui elle tait. Enfin, la matresse de la maison eut froid ;; el)^ pr^t^^flit que le brouillarfi tombait et qu*il fallait reto^rner dans le sakm. Chacun se leva, les femmes p^ssrent l^s premier^, M* e Lorville les suivit ayec empresseme^it ; n^ lorsqul diercha parmi elles la petite capote blanche g^i seule roccu- padt, fl se trouva qu'ene avait disparu. On entendit le bruit d^une voiture qui sortait de la cour de Thtel, et la paaltresse de la maison revint en disant : BDe nouS a ouittes ce soir de bien honpe beure. Qu'elle est aimable, dit un homme qui se trouy^}^ 1^ ; U est impossible d'avoir plus d'esprit. Ensuite o parla d'autre chose ; et Edgar, plein de dpit, m'osant, par orgueil, paratre ignorer lenom d'un^ femme dout la rputalion d'esprt pa^aissait si bien tablie, se retira cb^z \i encor plus irrit que la veille, et convaincu que le des^n le condamnait ne jams^is aim^r, puisqu'il pa pl^i^t ainsi dooncerter toutes ses esperances a amour. XII La lBdemaiii, s^ heures da soSr, fMresqne toutes les per- touMf qa eltient diner ehez maame de Fontvenel taient aun u ; on n'atleiidait pkis que le vieux general et If . de Lorville* Amne^vons bton rappM ft Edgar que nous eompttons sur ku aiijoufd*hui? dit madame de FonWenel son flls; il est aupaLlP de bous avdr oabs; fl a toujours tant d'invitations. Qni M . de LofviS? demanda le jeune offider qui derait pouser Stpba&ie; je rponds qu'il va venir ; je Vai tu hier, et je Fatosdi id peor llii dir qu'il a gagn son pari. - QM parit dmittla M. de FeaiiftMil. M LE LORGlfOH. Ohl c'est la cbose du monde la plus trange! ce LonriUe egt uni sorcier. Ghacun se rapprocha du jeune officier, et il fui accabl de questions : Yalentine seule ne disait ren, mais ce n'tait pas la moins attentve. Noos tions tous deux bier au caf de Pars, assis table prs d*une fentre, attendant qu'on apportt notre dner; moi, je lisais le Journal des Dbats, Candis que M. de Lor- Yille s'amusait lorgner les passants sur le boulevard. De temps en temps je le voyais se cacber pour rre ; d*autres fois rire francbement et de si bon eceur, que sa gaiet me gagnait sans que j'y pusse ren comprendre. A la fin, impatient, je le prai de me faire part de son bilart en lui demandant ce qui Fex- citait. Ren... ditril, c'est que je vois passer des figures si plai- santes; et puis, je me demande o vont tous ees gens-l, je cbercbe le deviner leur allure, et il me passe par la tete des idees si singulires que...; et alors 11 recommen^a rire de nouveau. Ge travail ne me paratt pas bien difficile, rpondis-je ; par exemple, il est ais de deviner que ees deux femmes qui courent si vite avec une lorgnette la main vont TOpra, anx quatrimes loges mme, et que ce monsieur, qui marcbe le nez et la canne en Tair, n'est attendu nulle part, qu'il sa promne pour se promener. h bien ! voyons, dit M. de Lorville, puisque vous tes si fin, dites-moi ce que pense ce petit bomme gras qui sort d'id avec Tair content, et qui secoue la tete comme un penseur. C'est, dis-je, un spculateur qui a gagn la bourse, et qui calcule les chances favorables pour y jouer demain. -^ Erreur I s'cra-t-il avec assurance, ce n'est point im agioteur, c'est un simple gourmand qui repasse son dtn^ dans sa mmoire ; regardez-le bien, dans ce moment-d, il se ditmot pour mot : Ce petit meln tait exquis I En cet instant, le gargon de caf apporta notre potage. Gonnaissez-Yous, lui dis-je, ce petit monsour qui a dlii I.I L0R6N0N. ti id, ei je lui montrai par la fentre l'homme en question qoi passait devant nous. Oh 1 oui, monsieur, rpondit le gar^n, c'est un de nos habites, un grand amateur de melons; il nous en fait souvent entamer cinq ou gx avant d'en trouver un son got. M. de Lorville me regarda d'un air tromphant, et je restai bahi. Gomme ce jeu me divertssait, je le prolongeai ; je com ments ayoir confance dans les jugements de M. de Lor- ville, qui, yrais ou imaginaires, taient quelquefois si com- ques, que je me plaisais les exciter. Je ne lui laissais pas le temps de se prparer, et toujours ses rponses taient prtes. - Que^pense ce grand blond, lui dis-je, qui a Tair de mau- Yaise humeur, et qui marche encadr par ees deux petites femmes si bien mises? II se dit : Soixante francs pour une loge f Opera ! e*est Tuineux! Et ce joli jeune homme qui donne le bras cette femme maigre et fane ? EUe iCest vraimentplus folie du tout; ah si eon mari n'tait pas moncoUmelt,.. Je me mis rre. Yoyons, continuai-je en lui montrant un gros cocher de fiacre qui faisait semblant de fouetter ses chevaux, tandis que 863 clients agites passaient la tete par la portire. M. de Lorville le regarda attentivement, et sourit db k pen- se de ce brave homme qui se disait dans son langage : SorU' ils htesl ils sont presss, et il$ meprennent Vheure! Vraiment ! m*crai-je en rant, il est bien possible qu*il pense cela. Cependant M. de Lorville paraissait si sur de sa pntra- lion, que j'avais hte de le confondre. Je cherchai une occa- sien de lui prouver qu'il se trompait, et je me promtCtais de choisir une personne d^une condition assez commune pour que j'osasse l'aborder hardiment, et qui marcht d'un pas assez calme pour que j'eusse le temps de la rattraper. Comme j'y songeais, nous vimes passer une petite couturire, qui portait 4 LE LORONO. ift]i$ mi morceftu de taffetas, dont elle teiiait les qnatre bouts, plusieurs toffes de robes qu'on apercevait entre les puver- tores vL paquet mal ferm. Qae pense cette pette personne? dis*je M. de LorviUe ; songe-t-elle la maniere dont elle taflfera ees tofPes ? Coi sans dente, reprt4l en riant, et volt lettre pou;* lettre ee qu'efle se dit * a Jamis ja n*txufai assez e iaj- ftm por a robe de maame CharHer; Etnest qni vej^t qne fe lui ltfe un get dessus! J'a^fDoe qne je ris de cette supposition ; mais comme il sou- ienaH que c'tait la vrit, 11 s^tflMit un par entre nous. Je ie quitldi bien ^te pour rejmndre l pe^ite ouvrre que je retrouvai au coin de la ru de Grammotit; et Tayant suivie presque chez elle, je lui demandai, non sans avoir beaucoup de peine garder mon srieux, si elle n'avait pas une fo^ k taire pour madame Cbarlier. Elle me rpondit : Oui, Monsieur, une robe de gros de Napl^ oif . Je me mourais d'envie de rre cette rponse ; cepepdant j*insistai et la priai de me dif^ ^i, par hasard, M. Emest ne devait pas venir la voir le jour mihe. Elle parut un peu ^m- barrasse ce nom. Enfn elle me rpondit qu'en eet M. Er- nest deyait yenir la voir, le jour n^me, chez sa m^re ; mais que, si j'tais un de ses amis, elle me priait bi^n de n'en rien dir, parce que son maftre le grondQrait de qi^ter spn paga- sin cette beure-l. J ne samds vous peidre quel fut mon tpnpiement ei| Yoyant les prvisions de M . de LorviUe se rali^^r de la sorte. J fis totes les sppositions imaginables pour expliquer cp qu*il y avait d'extraprdinaire dans cette aventure^ et je fins par me dir (jne celiBi tait peut-tre plti^ paturel que je ne lesupposais, et que la pette tant fort jolie... A cs mots, on annon^ H. de LorviHe; chacun sourt et S9 regarda en slence; mais, comme le vieux general venait aus^ d'orrrver, aprs quelques mots de poHtesse^ on passa dans ^ salle manger, et Ton se mit table. tt iAtib'h. XIII. Bdgar tft pS ekhtSUS mddM (f hiimpry, t ((adi' qu'ii ii't jpliw gtd ^kit & f DbServr, fl ftit frapp de Ttm e 86a mk. 9 '*i^t^it nM VYlentfn^ ^e te ^r. L^tMis flSf iStHis, ^ ^tl ^6 d'd^y yant general ^tt d p\iyidMiM,^ m sM ^ittiiQiii joKs qm \ i^tM. A la lumire. la moindre figure piquAit letr et c^t fois pf- ^l. B9^* hnf^f tf^ ^ f Aetfne avait tes mins blicfi et bien ftffes, lfa fif hHi rt^es ^ et cette beaut jdne fiRevn h ](lift ^s ffrh^ n^ fi^. E^j^if (fri j6Wb; fitf UfiSmii ^ Ic^ ^^tt pM : il vait ot trop pun de s'en tre separ ; mais il n'osait en feir sage qu fren^^. TetS ^ muer, Ui |eM ot&M; ffllc ^Hitie distance d M; fl bffme , lai tp^ W ^slrf (jfttMI a^^ gg, en SQOutant qu*il tait prt * h iiMlit ^ M mi. GfSM^ls, f prit Btfga, je iie pW* frf priidi^, ce grait les yOMtipG^t^emp ^. hl je le disais bien; Vus hkMHimi:. Non... pas elle... dit Edgar, iht pr^dcMclrt' keUer m^^rimfH t^ll ffi j^}3t p^v\i>. Alo^,' em ^6 itAme GVafHer ? Jtis(eil^t,> ffk>it 11. m LoVfite rihl, lisi ; voyez putt, n fe recQnat snjounil. ^ t I motraii la ttt ele Frhce ^efte sur ti tble. n efe, reprt jt. d LrviUe, voc sur cette ooose un buste bien courageux. fti o manent, le aiaiquis entra ; ii ta pele comoie un boaune qui vieat e se mettre en col^pe, mais gmcieux el poti comne un hoiame qui eait se coatraindfe* tfe yisiie ; lte h pm^it ^etik {jlus propos. fidgr sbtirit de l'inteipfttion qu'ot doiltt sa ^^ti, i rpondit : Je ne vies {JStii tos eberchei' quereif, tfdtisieur, je lie iils poiiit: lit offens qui deittnd i^sd ; j fedii ttle- aent Irilh ite blso, dailg le desi d t'abteter ; tazi hi V6ts fez ab'sltitnnt ftvbtr tide fedr && Mtiii, J puis i^Os rehdr fc fvice. Le jdfatiste sourlt d tour de cett rt>6is. A gi( de it, d LofVille li ayant inspir de la confiante, il le pfia de 'dsseir tii moMet pfrs de lu; et la cbnvi^tib s'i- gagea. Vo avz poi' Vdift tt voct distitgu, dbtt k 6lle l*a pau bien joli, dit ik, d LtJlrlll (Ji n*dvlt v l lle de rVdct, mi qttl vit s feir coiier djdiifndllte en la vantant. N'estrce pas? reprt celui-ci en dssimulant mal un air flatt ; elle est charmante, mais son pre n'a pas autant d'esprit qju'on lu en croit. fin effet, il m'a paru avoir des prjugs qui l LdttcrffoH; 7f ^ LtlT iH>n. Oh ! n'a pos d pf^ugs, tfsptk l J(Mr- sltete. Et M. de Lorville dotirt. -^ Vods croyez, dit-il ; cepedant fl m* pni plUS qi ittt- v^ht pour tot ce qtii iendit rdncieniie aottt^ en gttfd! pddt ttmte la noblesse. Ab! quant cela il a raison; ees gena-l nous ont Mt BiSBft de mal por q'o att l droit d*eii iodii^. A ees mots, M. de Lonrille ne pouvat rpHtiel* ttix mcmVtr^ metii d*ot^eil et sdigissant rccasion d'n ptite tengdance : Je i*ai trour aussi, teprit-il avec lHce, Wen stW poo* led gend de votre professon , fbrt injuste enrers les jotirnaHtes. ' Efa mon Dieu! ]e ne le sais qoe trdp, a'cfia le jeun crtain, ttessaillnt comme un blesd dot on Yietit de tou cber l ptaie ; tous ees beaox parleurs, qui ne noiis Yaieni pas, boud ddignt; je suid le parid de cette maison. Mai il n*en a p toujours t anidi ; lis se indiitraieni ioins fers au jui* dt dngei* ! yolzptroue atDr o taitot tcm leis bhaves pdSti^ue^ d tette malsoii f^ndant les 0trieu$es Jurfe .- ce tnarquis, au bea de secdorii' sot rol ; ee dpt-prfet, a lien d'tre l chambre; c^ avotat, au Heu d'tte seb peste, ils taiebt eaehs, lloiisie]^, oui, caches das cetto chainbfe ; s s'taleiit rftigl6s Idi sbS pretexte d'avoir plus tAt des nouvtlles, ibais, dans le fait, pour y etre en sret. lis taiebt l tous tris rums par l peur pendabt que Je signis dea ptotestatOii^, que }b recevts deS cops d isfl, qu'ob mlmprbVlsait Tid d cmp d* general bien cdiitiu, pdur rtabr l'ordre dans Pars, et ils m'ppelalent leu* librateur, brave jeun Hdibnie, t Us eriet bonneu* aui journalists; les jburtilistds viett suv l Vi-nce, depuis qulbe ans ils clairait le pVs ; b deVli tOut leui> zle, lur Oorg ; et aujoui*d'bu lis M. inpritentl car tti tould ont gg^ cette rvltton qdi bl* rib : rn^iett pt^fbt tiefit d'ti^ nomin l'ub de nos preibirt)S prMbtt^ ; TaVtt st 6n- seiller, et l 6out' di^ f&it ds yfid ma^iif ) ob It M LS LORGNON. propase uneambassade que bientt il acceptera; jeoonnais fortuoei il n'a de quoi tre fdle qu*un an. Et moi, Monsieor, je ii*ai ren obtenu ; et ils me traitent de petit journaliste ; et ils m'ea veulent de les avoir caches, et s*ils me saluent eDcore poliment quand je les rencontre sur Tescalier, c*est qu'ils ont peur de mon joumal, et craignent d'y lire un matin leur his- toire. Le jeune crvain s'animait de plus en plus en voyant qu*il tait cout avec intrt. Ehl sana doute, poursuivit-il, c'est une miserable con- dition que d*tre oblig de barbouiller du papierpour se faire connaitre) et de medir, tous les matins, d*un gouvernement pour qu'il fasse attention vous, et dcuvre enfn ce que vous valez. Mais, que voulez-vous, il faut bien se faire jour- naliste, puisque la seule puissance actuelle est dans la presse. Sous un Bonaparte, Monsieur, je me serais foit militaire ; j'ai vingUquatre ans, je serais dj couvert de blessures, et peut- tre colonel; mais, aujourd'hui que toutes les carneros sont obstrnes, qu*on n'arrive la rputation que par le scandale, il faut bien se faire mettre en prson, attaquer les ministres, dvoiler les abus, dnoncer de prtendues injustices, crer enfin, pour se faire entendre. La libert de la presse, Mon- sieur, c'est le soleil, c'est le jour ; elle claire tout galement, siins choix : tant pis pour ceux qui ont des taches, qu'ils res- tent Tombre; elle les montre, j'en conviens, mais aussi elle preserve des embuches, et, si elle fait ressortir les dfauts, elle fait souvent valoir les qualits. Le feit est qu'elle rgne, ^'elle seule est toute-puissante, et qu'il faut bien avoir recours elle pour parvenir. Ah I Monsieur, continua-t-il toujours plus anim, si nous avions un Bonaparte, un homme au regard d'aigle, poor nous distinguer, nous choisir, pour deviner nos facultes, les exal- ter, pour nous distribuer les affaires chacun selon nos talents, pour comprendre nos idees, pour concevoir nos plans et les excuter ; un homme habile, qui st faire comme lui un grand general d'un paysan qui ne sait pas lire, et reconnaitre LS L0B6N0N. 0t un sage administrateur dans un homrae d6 vii^t-cinq ans, nous ne serons pas rduits, nous autres do la jeune France^ vi^re detaquineries et d'injures, risquer chaqu jour, sans gLoire, notre libert et notre vie, nous faire enfermer pour nos opinions, nous batir pour nos crits, traner enfo une existence miserable entre le bois de Boulogne et Sante- Plagiel Vous ne savez pas, Monsieur^ quel supplice c'est pour un jeune homme sans protecteur et sans fortune que d'avoir des idees abondantes, frtiles, ingnieuses; de les sentir fadles, de les voir lumineuses, et de ne pouvoir les faire comprendre ceux qui auraient la puissance de les ex- cuterl Les moyens qu*on sent en soi sont des remords quand on ne peut les employer; la capacit de Tesprt esi un tour- menty un poison, un feu qui devore quand elle est inactive. Helas I j'en conviens, Monsieur, cette jeunesse oisive et tur- bulente sera funeste au pays. Mais qui la faute ? N'estrolle pas ceux qui deyraient la diriger ? On nous calomnie parce qu'on ne sait pas nous conduire ; on nous appelle rvolution- naires, buveurs de sang, petits Robespierre, et nous ne sommes qu des ambitieux 1 Si nous rvons la rpublique, c'est qu'avec elle on a la guerre, avec la guerre on a la gloire, avec la gloire la fortune. Au lieu de s'pouvanter de nos rves, qu'on nous donne des esperances ; au lieu d'irrter notre ardeur, de la tourner en dmence dangereuse, qu'on en Dasse de lliroismel ren n'est { lus facile. La jeune Franco est comme cesjeunes coursiers, fatigues d'un long repos, qui mordent le frein, cument, bondissent, renversent le cavalier inhabile, le foulent aux pieds, Torasent, mais qui, dirgs par une main sre, arriveraient a* Dut les premiers, et gagne- raient le prx la course. Oh ! si j'avais seulement un peu de gloire, un peu de fortune ; si je pouvais dir : Faites cela, au lieu de dir : Vapprouvez^ sentiment de son amour propre et les regrets de son coBUr. ^'est quelques instants aprs cette couTersation que Yaleti- tine tait venue ches madame de Mdntlsert , brillante de la plus belle des parares , Tespoir d'tre aime. Edgar parut bient6t aussi heureux qu'elle en devinaftt aa pense. Etn*est-ce pas tre deux fois heurelit que de dtovoir son ami la tendresse de la femme qu'on aimet Vousvenez de chez madame de Fontvenel, dit Edgares s'approchant de Valentino. Elle parut treuble ce nem, commo s'il avait dgnif : Je sais ce qu*en vient de vettt dir. En effet, c'tait un peu cela. Oui , je l'ai vu ce soir, rpondit madame de Ghamplry. Etfuyant Tembarras d'une motion, elle s'loigna prcipi- tamment; et daa son trouble^ elle alia s'asseoir auprs d'une de ees femmes ennnyeuses, toujooirs aelitaires ou erraniea, auzquelles on ne parle que rhiver^ lersqu*elles voftl dunner un bal , et qui toute Tanne restent dans ttU ababdeh dsesp- rant. L'amour a de singuli^s terreurs , de pniblS td^iricee ; lui seul , dans sed bizarreres , pouvait inspirar ft Valentilie Tide de prfrer la conversation de cette fmme sns edpri qu'elle connaissait peine, qu'elle vitait toujours, celle d'un homme charmant et qu'elle aimait. Qu'elle est trange cette passion dont le premier mouvement est de (ir ce qu'elle cherche, et le second de regretter ce qu'elle a fui I A peine Valentino eut-elie reconnu aprS de qui elle lait venue se placer dans sa distraetion , qu'elle comprH toute l'tendue de son imprudence. Rester toule une soire , eenfi- ne dans un ooin du ealoa avee une yareonM dsa^bte , L L0A6M0M. 87 c'tit tin AVenir eflryaiit; die craigtiii aus&i d^aToit* offensi M. de Lorvillb e le quittat di brusquement , et elle leva led yeux sur lui pour voir d*il tait fch ; mais la joie qui brillait dans les traitsd'dgar la rssra bientdt, et mme elle Tifrta : Tous les hommes sont fats, pensa-t-elle ; il croit, j*en suis sre, que j6 Tvite parce que j*ai peur de Taimer ; t puis elle se mit rire de son orgueil , eh disant : h bien! s'il croit cela, n'a t-il pas raison? Tandis qu'elle se livLait ses rflexions, un fashitmable^ M. de Salins vint elle. Quelle coquetterie, dit-il, de se retirer Tcart , quand OQ est sre d'tre cherche! pourquoi se mettre ainsi Fombre qu&nd le grand jour sied bien? Saiisfoit de cette image potque^ le jeune homme pronon^ ees mots de maniere tre entendu de tout le monde, et Vattention se porta sur madame de Ghamplry. Plusieurs per* sonnes tinrent s'asseoir auprs d^eile, il se forma un groupe d'^gants el de jeunes fmmes, et la conversaiion lanftdt par- ticolire, tattgn^le, deTinttrs-anime. Malgr sa beaut et son esprit , les femmes aimaienlValen- tine, parce qu'elie sa^ail mienx qu'une aiitve fiare valotr ieurs aTanlag!98, et lles Itti pardonnaient son amabilit^ paree qu'elle ajoutait la leur. Bdgar, Toyant madame de Ghamplry si entoure, ne voulut polnt s'approcfaelr d'elle. Feignant d'to domin par un Sujet politique que Toa discutait avec chaleur^ il s'9q[>pliqut l'observer, en se rappelant les diflfrentes impreesions qu'elle lui ayait fait prover avant de la connatre, c*est--dire avant de Tavoir lorgne avec attention. Quant ce secret , dont on parle tant , se disait-il , je ne Tai point encere dcouvert , peut-tre n'en a-t-elle pas, ou du meins si elle en a un, il ne l'occpe gure, car je ne Tai pas encere surpris dans sa pense. En cet instant de grands clal) d rife pUrtireAl di roupi o tait Talehtine , Bdgar jeU \^ yeul r 9ll : Mi ediMtti et sa rougeur faisaient piti. .. \. IC L0R6N0N. Elle yenait te dir sans le savoir un de ees mots^ une de ees plaisanteres deux signifcations; Tune simplement spi rituelle, et l'autre plus que lgre. Les honimes ne s'atta- chant qu' celle-ci en riaient d'une maniere embarrassante. Valentine^ s'efTorQant de faire bonne contenance^ contnuaii parler^ et cherchait k rparer sa maladresse ; mais tout ce qu'elie disait y ajoutait^ ce qui arrive souvent en pareil cas; et les rires augmentaient encor. Plusieurs femmes se regar- daient avec tonnement^ tandis que d'autres baissaient les yeux d'un air de modestie savante et indgne. Edgar saisit son lorgnon^ et bientdt il sut la cause de tout ce trouble. Oh! que de bonheur il y avait pour lu dans cette dconverte ! elle acheva de l'eniyrer. Le Yoil dcnc, se dit-il en souriant^cet trange secret! Jamis madamede Cham- plry ne lu avait pam plus sduisante qu'en ce momento paree de sa gaucherie^ de son trouble, de son impatience et de sa rougeur. Aussitt que cette premire motion fut calmee, il s'ap- procha de Valentine, rsolu de venir son secours, et de la tirer de Tembarras o son ignorance et sa naivet l'avaient mise. Je reconnais bien l le pnlrant Lorville, dit M. de Sa- lins, il n'a pas entendu ce qu*a dit madame, et je gage qu'il Pa compris. Sans doute mieux que vous, reprit Edgar avec une sorte de roideur, car, lorsqu'une femme me fait Thonneur de me parler, je ne comprends jamis que ce qu'elie a voulu dir. - II est certain, reprit Valentine avec empressement, que ees messieurs m'ont prt plus d*esprit queje n'en vouias avoir. La maniere digne dont elle prono n^ ees mots ft cesser toutes les plaisanteries ; et la conversalion, grce aux soins de M. de Lorville, ayant pris un autre couis, Valentine chercha s'expliquer comment Edgar, place si loin d'e]le> avait pu comprendre le trouble qui Tagitait, et la secourir avectant d'-propos. Cette bont^ dans uuhomme si malin. Ll LORGirON. lu inspira une vive recoimaissance. Elle sai^ait que M. de Lorville ne pouvat tre si chartable que pour elle; il se mon- trait toujours impitoyable pour Tembarras des fenunes qu*l n'aimait pas. Yers la fin de la soire, Edgar vint s'asseoir auprs de Valentine , de Tair d'une personne dcide causer longtemps. Permettez-vous vos amis de vous donner des conseils? dit-il avec un sourire involontaire. Oui, rpondit Valentine; mais je ne permets pas tous ceux qui ont envi de faire de la morale , de se croire de nes amis. N'importe , c*est un droit que j'usurpe , et je vous con- seille, entre nous, de ne jamis causer avec M. de Salina. Pourquoi? Parce qu'l a plus d'esprit que vous sur certans sujets , ou du moins parce qu*il a un genre d'esprit que vous n'avez pas. Yrai , vous pouvez m'en croire , sa conversation ne vous convient nullement ; il n*y a pas d'homme plus dangereux pour vous, si ce n'est moi pourtant. Vous? dit Valentino en sourant; et pourquoi cela? - Un homme qui devine est toujours gnant ; mais rassu- rez-vous, les secrets que je surprends me sont aussi sacres que ceux que Ton me confie. Mais encor , reprit Valentine d'une voix mue , faut-il avoir un secretpour vous craindre, et... De grce , pas de fausset vulgaire , interrompit Edgar, ne cberchez pas me tromper, cela serait inutile , et ne com- battez pas ce pouvoir de pntration que vous m'avez rendu si cher. Si vous saviez comme toutes vos penses vous embel* lissent, combien elles ddonunagent quelquefois de vos pa- roles et vous rendent aimable , vous pardonneriez celui qui les devine. Ainsi , reprit Valentine cherchant vaincre son agita- tion , Yous croyez que j'ai un secret. Oui , rpondit Edgar avec une sorte d'embarras. Bl TOUS o^yez Tavoir devine ? ^Odi... aii I n*e rougidsez pas. Les regard de M. de Lorville taii t. pleins de tetltsse eti diat ees fixots , qtie Yailentitl fot trompee su* lear sigi- fcation. II derin que je Taime, se dit-elle, et ii pens c{ue c'est l mon secfet. lis cansret afnsi, pendant quelqties instants, b pofsui- vant chacun une idee diferente; mais comme , das le fohd, teuf* mdton tait la tnme, il s'ent^ndaient sans 6e com- prendre. Yalentine aurait bien voulu punir dgl* d (a tro^ prompte confance qu'il avait de lui plaire ; mais il prassit si heureux de cette assurance, qa'ii n'y avait pas moyBn de la lui reprocher. Cette soire decida du sort de M. de Lorvite. Ydlehtine yenait d'acqufir en un moment plus d dDifs tendfesse, que ne lui en auraient assur des dnnes d d^meht de sacnfces. Les imaginations potiques trouvent des tf sors ds tUi idee ; les coBurs exaltes ne sont quelquefois pls qu d^ cir- onstances , et une femme laide , dan^ i sttttatfot rma- nesque, leur inspire souvent plus d'amor q*iie bebate i^Oi- rabie , das une situation vulgaire. XVIII Edgar, proccup, ravi, n songealt plus qti' e l'(it>le^ les vnements qu'expliquat l sttuatio d dame de Champlry. Il compretiait alorS la cause d 6e sbit embarras qu*on remarquait dans ses manieren, et qi sOUvet lili Vit paru suspect. II sut pourquoi la conversation de Valftine tait si vive, si enjoue avc les persfies dont le bOfi got la rassurait, et devenait a Cbfttrair Si fH)!d' t si gind avec celles dont le mauvis ton tit redoulbl. 11 6 ve- nait de plusieurs mots equivoques dlts f^ U , ^ l'Vsnt choqa, et qa'aiijoardliiti 11 jdstfiail b IbcHiSfietit. A to yex mahitenaiit tous tos dfitote (S mdAme de Champlry dtaie&t des grces nourelles ff'W chiissait oomme des preuves de sa candeur. (Mtb ibis , se disait-U , je itiie roempeiis de ma lendre^sii; je n*ai pas t pun d*oser deviner. Je miitais fl la fin tttti) dccmvdrte henreuse , frt josqa'alors si mal choisi : le eeret de madetnoiselle d'Af milly taii son ambltiofl ; uia amTVtwrt J'ignorais qu'il ft part. Ah 1 il n*est rest qu^ huii jooim abacmk Uaia je tous eroyai^ mieux inlrm^, ajout^ inadame da Vanthai en fixaat ses yeuxsur Yalentine; comment, vau^ ne saves paa qp- asi ali 4 Lorville c^f od^^r. le aoneqtameat dn afiP pteef Le consenteipent d son pepe) cpta Yala^tine dw use anxit visible. ' Sans doute, pour son pMchdn manage. ees mots, Valentino se sentit plr; cependant elle -^ J6 ne savls( pas ^il dt t tt^fit gf i6t... t qni va- t-il pouser? ^ tademof^rr d Sifllf , fliUl ; clli^ ^uf mol je n'af- tm te pbm^kmnt, jdlf rtikih d' ilhtbert ayant phi d ti^te d ttiin ; f ayot) ii qir j'avafs ane autre idee... et que, lorsqu'on m' pltfl d M pi^cban ma- ffog, f kchfit fek cctp de i'otlg, f Si era d*abord que Hi, Sadam^iiirfonptt Viveat ttdfaAe de Chariip- lry, je soiige nltmt k ie fdi^r, t lkdetofsell de Simi, qt gt ht Mk t f(frt Acfi, li bfivnt bedu- oup iniat ^e M. " TisiMti'Vdis, M cft^, fprit indaiki d IflbiCben ma f ofife tiMe d 6^ fte idi^'retf ; ^t f - VM i^^ crsTMe ce dangef , M evt no^ a declar f afatr jdur ^*it ^it tifi prjilg iiivhlcble ccfhit ts veuv^; tieniHi^ tti^dtg alru dpK de ct avfs dontt pbtit la fcher, et madame de Montbert, s'tonnant de yoir sa pte mate pMu, ilj&t : Je ne ^is p c qu*il f't crofre d ce brit ; c qH f a de certain, c'^t qtC y a deul as mon frre dsirait ett^- mem'eiit te mestlig ^6uf dOn fild, et quef! fe(u mtin une lettf e de lu daW taquelle il s felicite da bonheur d'd- gr et du plfsir qfit e pret lui-ime de voir dbh ^ii lidteiinQetmi par t ^l^s^n' d*n beU^fni aimble. Cett fettt est dti^ tble, t j ^uTs io l 'htrr ; mafs eti ne nomme personne, et peut-tre n'est-ce pas madelfti%lt d Sriea c^'Edgr tfoit bbsf Peti-tre 'fal-ce qVtin dpt, t f a--ori ft bangr avi ftptiffteit. l^rqo cla rprit md d Cham)r^ v dignit, t fpondat tot c' qu c p' d iots valdient dir. Si ce mrig convient sft fmiile, i*^ & pas de ^soh pof l*en dtomer. Slfumi^t pr YTenfne c^ itH tMltbmp 8t 108 LE LORGNON. conversation pnible, qu*elle ne se sentait plus la forc de continuer. Elle sortit de chez madame de Montbert en affec- tant un air gracieux et indiffrent ; mais des qu'elle fut daos sa voiture, ses larmee coulrent en abondance. La nouvelle de ce prompt marage lui semblait devoir tre certaine; Tavereion qu'elle avait tmoigne pourun second lien suffsait ses yeux pour avoir dcourag Edgar, et Favoir decide en faveur d*une autre. Elle savait que le duc de Lorvle souhaitait vivement de fliarier son fils pour le garder auprs de lui, se trouvant fort isol depuis la perte de ses places la cour, de ses intrts de vanits qui lui tenaient lieu d'aTection. Elle savait aussi que M. de Sireux tait son ancien ami, que cette alliance leur convenait tous ; et elle trouvait tout simple que, desesper dans son amour, Edgar chercht faire le bonheur de sa famille par une unin qu'elle dsirait. D'ailleurs ce voyage d'Edgar pour aller chercher le consentement de son pre prouvait que la crmonie tait prochaine, et Yalentine s'avouait avec douleur qu'elle n'avait plus d'espoir con- server. Sachant qu'il tait de retour, elle pensa qu'il viendrait peut- tre le soir mme chez madame de Fontvenel ; mais toute la soire se passa sans qu'il y part; chaqu fois que la porte s'ouvrait, la pauvre Valentino tressaillait, une lueur d'esp- rance se rveillait dans son coeur. Puis un indiffrent entrait, et elle retombait dans son accablement. Stphanie n'osait lui parler, de peur d'ajouter son inquitude ; car elle-mme commen^ait s'inquiter de la conduite capricieuse de M. de Lorville. ^Voil comme vous tes toutes, vous autres jeunes veuves lui dit en rentrant chez elle madame de Glarange : vous ddagnez les hommes qui s'occupent de vous, et puis lors- qu'ils se dcident pour une autre, vous les regrettez. Eh ! qui done regrett-je? dit Yalentine avec fert. ^ M. de Lorville, reprit madame de Glairange d'un ton d*hum^ur; jamis je ne me consolerai de vos ddains pour IB L0R6N01I. tO lu. Ge n'est pas ma faute, j'ai fait tout ce que j'ai pu ponr Toos engager le bien traiter ; mais vous n'avez pas youIu m'entendre ; je suppose que c*est cause de vous qu jl n'est |ias venu feire part de son marage madame de Fontvenel. Hais p^t-tre ce marage n'est-il pas encor entrement ddd. Si vraiment ; en parle luinnme comme d'une affaire oondue; personne n'en doute, et vous tes la seule qui n'en soyez pas convaincoe. Ah vous pouvez vous vanter d*avoir manqu l une bien belle destine ! A ees mots, elles se sparrent. Valentine, reste seule, rflchit sur la conduite d'Edgv envers elle. Tantdt elle le haissait et l'accusait de la plus cnieDe ausset, tantt elle le justifait par la froideur appa- rente qu'elle avait toujours mise dans sea manieres avec lui. Helas ! disait-elle en pleurant, comment pouvait-U devi- ner que je Taimis I je lui cachis toutes mes motons, je l'vitais sans cesse, et je rpondas en rant et avec lgret tout ce qu'il me disait d'aTectueux 1 Ah I s'il pouvait savoir ce que je souffre en ce moment, sans doute il aurait piti de ma douleur ; peut-tre mme en serait-il heureux ! Gette pense la plongea dans un chagrin qu'elle n'avait pas encor prouy ; combien elle se trouyait punie alers de cette dissimulation qui lui faisait cacher les sentiments qui peuvent seuls rassurer et sduire! Gombien elle dtestait alors son caractre orgueilleux et timide, qui lui cotalt l'amour du sqiA bomme qu'elle pt jamis aimer ! EUe se fgurait Edgar auprs de sa nouveUe pouse, em- M'ess, spirituel, mu comme elle Tavait vu tant de fois. II la choisit maintenant par dpit, disait-elle, mais bientdt il Famera tendrement.... Helas i comme il m'aurait aime ! . Perdre le bonheur par sa faute est la peine la plus amere pour lespersonnes qui ont de Timagination. Un vnement que le sort leur envoie, si afreux qu'il soit, leur semble moins douloureux ; un malheur desesper a, par son excs mme, fuelqoe cbose qui les calme; mais un bien perdiiy perdu par 7 It# i LOItftlIM. tar finta, |nr ^mMI km ccm par e iplte brHlAam ims^es; Uas m reKiKoHMit titmin tetsnl pow^ | pflf mori tveo plis d'mriutM, I refiUttfUMeftt lttri fMi poiip iet iroit s'twoir encrn. AB8i ValoitM M (t^let^ ma rilMtg d'an aTenir aviquel elle ne devait plus prtendre ; elle repassait dtfMS i nMwirft lt mote qa'elte n'Mi^a p9s #ft M) ou tp Ovaient avoir t lori cetnfp, kn sMitiMIs, IM ttotiotti qsf'te ft repoAta do n'vroir poi MbsA Ur; I fotiM se p OM i fti g'abtmaient daa ce travail kfmil el dmp#flnt. XXII. Yalitiiio pofiM fat Boit anu dormir, Toraor dM larmes de reirete, d'^aoor el qiMkftoefoit de polro* Lb tondemaift, ello t^ 8t seufirasle qv'ell Todat rwtor an lil ph tor4 qa' Fordmro; ttai on Im ^ ftt'im toux mMe M voDtt pMr hii fMufler d*ayre, el qs'aymkt apfirio qu*ille n'tait pas encor nibl, arait proni de r o ftl hif van midl. lladamo de Gbflmplrf soleva, et pam ins ott oaloiipour loiooovoir. ^ Jo donuuido Mm prdoii madamo 1a mflr)tiM do k draager do ai grand mal$ mu, dit^aveottnOQQrife,oM aapatieiil; otjeotti eo qi|e toiil ooit tomiu pmir t iofir. En disant cela , M. Tomaslem^ nokaro , posa jplmteifW p#- piors 9I1P la taMo tandia que Vaiti^no MrlMt s'OKpl|taer le bul do oettoviaiCe -^ J*ai paas cliia lo soCain Aussi jen'en dirai que ce qui est indispensable. Le contrui t dresfi mIchi qoe noHis n aomom oovfBboi. P'cprs les ordres que lu a donns madame la narquin, *>Q iiotaire nowafoiirDiUmtws lea picesnrniarires txtratemortiiaires, tatdasucceaiktt, riaDaeaous amanqu; noiattfcmnm depuis hier le consentement de M is duc ; mm anadaina dott savmroela. ^Comment? ditYalentne, (fM eonaentanieHt? qoel dae? U notaire la ragurda avc boiieiBent, ai rpoodit : ^Eh naisi oalui da M; hidnc de LotrBle. A ce nomiValaBtmetraii&lti el rpete d'oaa tmx tras* Le OQnsaBleniil de M. le no da LonriUaY... M. Tanaattau^ aonl(id 4a Tar aarpria da Valeiitiii , eral 'tre tromp. ^ N'et^trce pas madtttte la attrqsia da Chdm^iy pie j'aiFhanaavpdaparler? Oui , MoDsieur. -* Akvf ,'ail UeB oala, aiitin^il. IMas na lavait doncp9qaei|(maykMteceaatot|iaDtdupinB901if ttna se Ta! pa jhit demaader daux fim, je fwia Tasinrar; car le JMae hcNnma dgdt a matia devaaft moi un da aas aniis combien son pre tait heureux de ce mariage, qai depoia iM^Ni^ 4teH feljtft de aat vem . Tak^ifaa eroyli rever; aana nmtar te bavardase du Botaira, eUe |iarOiirt lea dvera pa|nari qni iaient nr ia table, et k chaqu instan! son nom et oaloi d'Ed^ de Lorrille franpaiaat aaa yaux eattme une inooDoeTahle rat. Le notaire, tenace dans son devoir, interrompit cette T9^ liBa^i rHraat sa demandKi, al en prtaat BMKteme de Cbam- piiydehii raraatirasmiaetade ^ssaiioe: lfalbattrettsaBient ^nJtnH, otte pitee est eabre lea mains de madame; sana o^, ja n'auraia pas M oblg de nmportoner, car nona toiia ooB Yatt o s , le jeune dueetme, de flt LB L0R6N0N. Indter toot cela entre noiis deux, ajouta-t-il en sourant. Ifais il me semble que c*est bien ce qa'on a fait , dit Valentine. ^-Yous plaindreK-YOus, madame, du soin qu'on a pris de voos pargner cet ennuiT Non, sana doute, Monsieor... Je suis mme fort recen- naissante de la peine que voos avez prse... je vous en remar- de, mais je direrais savoir... Puis cherchant un pretexte pour se donner le tempe d'ez- pliquer une aventure si singulire : Je ne me rappelle pas bien , iqouta-i-elle , o j'ai serr l'acte que vous demandez. Je crois ravoir confi ma belle- mre avant mon dpart, et des qu'elle sera rentre. . . *- Je vous laisserai, Madame, le tempe de le retrouver, mais Je tiendrais Tavoir aiyourd'hui; car, la signature du oontrat tant fixe jeudi, nous n'ayons plus que demaiii poor rdiger.... *- D^ ! s'cra Valentino malgr elle. - Quoi ! madame Tavait done oubli; cependantM. doLtn^ Tule m'a bien assur... Non, vraiment , reprt-elle , sentant combien elle devait paraltre ridiculo... mais J'ai ot si trouble ees jours-d... Cela se comprend merveiUe , dit le notaire , d'un toa grave; on ne se ddde pas sans beaucoup d'motion un aete si solennel. Gette reflexin fit sourire Valentino, en l rappelant oombien peu sa decisin l'avait embarrasse ; puis elle retomba dans sa revene, et se livra millo comectures pour exphquer l'trango situaton o elle se trouvait. Alors M. Tomasseau s'apercevant qu'elle ne Tcoutait plus, ie leva en disant : J'aurai Thonneur de revenir ce soir cbercher Tade indispensable; cependant si madame le retrouvait plus tt, je la prie de vouloir bien le remettre M. de Lorville lui-mme| qui doit passer ici dans la matine. Ces demiers mota rveiUrent Valentina. LX LORGOlf. ttt n doit venir id ce matin? demanda-t^lie Tivement. Vouf en tes bien sur ? U vous Ta dit ? Puis elle s*arrta en songeant combien cette qneston devait paraitre singulire, et se rappelant l'trange maniere dont elle avait re^ M. Tomasseau, elle sentt qu'il failait redonbler de poftesse nvers lui , pour Tempcber de prendre d'elle une trop mauvaise opinin. Elle le reconduisit jusqu' la porte , en lui adressant une foule de choses bienveillantes ; mais tous ses soins irent mu- tiles ; et elle le vit s'loigner en hochant la tete d*un air de mprs notarial , qui voulait dir : c Cette femme-k n*entend ren aux affirea. XXIII Valentino n'eut pas le temps de se livrer ses reflexiona. Madame , venez vite , accourut lui dir sa femme de cbambre avec inqutude, madame votre belle-mre se trouve mal ; elle pleure, elle a des attaques de nerfs , elle se dsele, il aut qu*elle ait appris un bien grand malbeur. Valentino se rendit aussitt cbez madame de Qairange , qu'elle trouva en efTet au dsespoir. C'est une indignit, s'criait-elle , c*est un monstre ^'in- gratitudel moi qui Taime tant, moi qui ai toujours eu pour elle la soUicitude d'une mere, moi qui Tai prfre mes propres enfants, moi qui aurais sacrf ma fortune et ma vie pour lui pargner un cbagrin ! me trater comme une trangre ! ine laisser apprendre son bonbeur par un indifTrent que j'ai ren- contr par basard ; me prou^er que je ne suis pour rien dans ce qui rintresse , et que je ne compte pas mme dans sa vie 1 >b ! c'est affreux ! c'est impardonnable! Tout ce courroux est centre moi, pensa Valentina; ebt mon Dieu ! que dir pour me iuatfierl MataM de (3airange peroevant ea belle-iBe , prit tmit i ooup im air de dignit convenable sen ottmae. VoiiB eaez eneore ^eos prsenter devant mol , dit^Ue ; vous ne roQg^asez pea de vetre fcosaet! Quol I Iwsque hier jo voosparlttsdttprocbaiBniarlagedeM. de Lorvte, vous avz Mnt de FigiMwep, et yooa B'avez paa m dtromper mea regrets en me confant que c*tait vous-mme qu'il avait chtfeie? Sana oe notaire cpie j'ai renconti toat fheure en aHant aaToir de yoanoiiveUea, je IMgnorerais encor. Je n*ai paa vii M . de LenrUle d^ois dea alMes, dteiez- voos, je ne saia ce qn' devient. Et tous ees menaon^ n'taieiit hrrenta que ponr Caire dir au monde : < Gette belle-mre qui prtend l'aimer ai passionnment ne a'est paa aeulement inqui^fj^ d^ aon avenir 1 elle n'est pour rien daa ce beau mariage ; elle ne i'a appria que la veille ! Ah 1 Valentine , je ne voua croyaia paa si ingrato, et je pensis, au moins, par mea aoina et ma tendrs^, avoir n^t plus d'gards. Valentine aurait youla pouvoir rpondbre ees l^ies ea imne de reproche, et cahner le ressentiment de sa belle-mre, auquel elle n'tait paa inaenaftie ; mala chaqu chose au'elle eeeayait de dir pour ae jusUfier tait si peu probable, si poi- eoie, qu^Ue aimait mieux paaaer pour coupable de mensonee que de rvler une vrit q- ette-mme ne pouvait comyrendre. Gomment dir, en efet, qu'elle ignorit son mariage, que M. de Lervflle ne luS avait jmala rien dit de ce projjet , (^*il ne ravait point prie d*]r cnaentir, et qui! ayait fidt dt^fet lui-mme toua ees actea si graves et c[ui inspirent s peu la plaisanterie, aans Ten avoir prvenue, sana savoir enfln si eQe ne s'y opposerait poInt? Personne n'aurait voulu la croire, Oe aurait pass pour une fmmedont onse moquait,et M. de Lorvflle pour un fou ; elle qui connaisaait le penchant d'Bdgar pour lea actions extraordinairea avait oonfiance en fui , mala eonment fidre partager une autre cette confiance, et tenter d'aaq)liquer une aventure aana pareifiet 4 c(uum9 Iftplapt Valeatiae Gonnikw^ une {duraM poar m dfeii^ pyyf eH^B'a|qrii|(ii^]i9tAt, daos rmpoesMit da k ^nmauper, l^ i^kB bii ^e^aUait ridicula, fout coup eette agrande uu^gi^tjoD de m b^a^tea, catta aitualioB si imm* l^heoaiblp, cejla appariUon de nolaira * toas las faameMto ^ paite ii^tiii^ l9^ wolrf^^t si aoiai^ias qu'alia se ppft rira magrifi ^, a( s'aafiit oonune un antel da ches sa liaKe- iy}l^^ fiaitt 1^^ pn tionv^ un oiot pcmv la (KSMalar. En rentrant dans son appartement, elle trouva sa taUe eau- l^tf^ d ^^ot4k^% 4aniuiSy^l)iQHX,daiears,daMIes el de tus les trsors d'une corbeille de marie.... VklantBie ayant r^ard un des crins, reconnut les annes de |a dueliesse de Lorvle , et comprit qu'Edgar lu feisait prsent des dia- manta de sa mere. C'est bien lui , pensa-t-eUe^ et c'est bien pour moi I Quel homme trange ! A tout moment elle tait interrompue dans ses rflexions par les exclamations de sa femme de chambre, qui nepouvait se laaaer d*admiar tant da bellas iiiarqutt bien ici la diffrence du genre. Nous disont : U BONHBDR d'TBB BBLLB. IM HALHBUl d'^TEB BK. Nons rUoDB montrer tot llieun. Qaelqa'un a dit quelque part : Qoelle est la chose dsa- grable que tout le mondo dsire?... Ce quelqu*aii s'est r- pondu lui-mme : G*est la vieillbssb. Nous disons, nous : Qael eatleflau que chacun enve? et nous nous repon- dons i noas-mmes : Cest la braut. Mais par la beaut nous entendons la vrtable beaut, la beaut parfaite, la beaut antique, la beaut funeste. Ge qu*on appelle un bel bomme n*est pas un homme beau. Le premier chappe la fatalit; il a mille conditions de bonheur. D*abord, il est pres- que toujours bte et content de lui; ensuite, on a cre des tats exprs pour sa beaut. tre bel bomme est un mtier. Le bel homme proprement dit peut tre heureuz oomme chasseur, avec un uniforme vert et un plumet sur la tete. n peut tre heureux comme maitre d'armes, et trouver mille jouissances inefables d'orgueil dans la noblesse de ses poses. U peut tre hearenx comme coiffeur . 11 peut tre heureux comme tambour-major. Oh ! alors, est fort heureux. 11 peut encor tre heureux comme general de Pempire au thtre de Franconi, et reprsenter le roi Joachim Murat tvec dlioes. II peut tre enfn heureux ocmune modele dans les ate- lers les plus clebres, prendre sa part des succs que nos grands maitres lui doivent, et lgitimer, pour ainsi dir, las dons qu'il a re^ de la naUre en le^ oonsacrapt aux beaux- DB M. DI BAtZAG. 141 Le bel homme peut supporter la vie, le bel homme peut rever le bonheur. Mais rhomme beau, rbomme AntinoUs, rAmour grec, lliomme ideal, rhomme au front pur, auz lignes correles, au profl antique, lliomme jeone et parfaitement beau, angli- quement beaa, fatalement beaa, doit trainer sur la terre une existence miserable, entre les peres prudents, les maris pou- yantes qui le proscrivent; et, ce qui est bien plus terrible encor, les nobles et vieiles Anglaises qui courent aprs lui. Car, c'est une vrit incontestable et malheureuse un jeune homme trs-beau n'est pas toujours sduisant, et il est toujours compromettant. Peut-tre, dans un pays moins dvilis que le ntre, la beaut est-elle une puissance ; mais ici, mais Paris, o les avantages sont de convention, une beaut relle est inappr- cie ; elle n'est pas en harmonio avec nos usages : c'est une splendeur qui fait trop d'effet, un avantage qui cause trop d'embarras ; les beaux hommes ont pass de mode avec les tableaux d'histoire. Nos appartements n'admettent plus que des tableaux de chevalet. Nos femmes ne rvent plus que des amours de pages, et, de nos jours, la gentillesse a prs le pas sur la beaut. Malheur done l'homme beau 1 Or, il tait une fois un jeune homme trs-beau, qui tait triste, fl n'tait nuUement fer de sa beaut, et par malheur il avait assez d'esprit pour en sentir tout le danger. Quoique bien jeune, il avait dj beaucoup rflchi. 11 connaissait le monde; il l'avait jug avec sagesse, etil prouvaitce qu'- prouve tout homme qui connalt le monde : un amer dgot, un proTond dcouragement. Dans l'ge mr, cela s'appelle repos, retour au port, douce philosophie; mais vingt ans> lorsque la vie commence, savoir o l'on va, c'est affreux ! Qu'importe au voyageur qui touche au terme de la route, que des voleurs le dpouillent au moment d'arrver? que lui importe', son bagage tait inutile, sa bourse tait puise, son U% Ik GANIIE manteau tait trou, ses provisions touchaient leur fin. CeUe perte est lgre, il en nt. D*aUleuron Tattend sa demure, et le volase est (ennin. Sfais malheur celui qu'on dppuiU au mlieu ae la route^ qui s voit a^s secoivg, sana manieau. sans b&ton sans arset, qblig de pursuivr^ sa ccMirso ! 5h| ceiui-i est triste; it se dcotirage< ij s'arrte, ii oubti^ lo tt du voyagd, ct si \% Pr^videoce p.e vient pas k son aide, |l se laissera murir de faim diaas xa^ de (o$sa du Ohemm. II y a des jeunea gpns 4e vmgjLsu;]^ pi pntla goutte, l y^en 9 d'ftu^re^ qui oat d^ l'^priencei; cev^-l sont es plus mal- heureuz. D*o4k venaiV don # oa %vm t^onm^ ce^^ ^va(ittn dar a pense, eelte M^istease de Tesprit? tout cels^ Iq^ vena de f^i beaut. L'espril eni? de la beaut! ah cela ^st nouveaal Pourtant cela est juste. Tout ca qui nous iscle noua |ran.. Oh! i'aimable fmme Si f avais t riche eetto peque-ll... Bfa bien! c*est convenu, dMl, demam vous viendreska .comme de la malson. Ah vous savez Tespagnol? e'est biea, trs-bien; prcismentje croispouvoir vous employer... C*est trs-bien... b!... 8*cra-t*il tout i coup en s'interrompant. Puis 11 garda le lence, et se mlt parcourir d*un cb Inquiet lepapier qu'il venaitde trouver. Pendant ce temps, le jeune bomme se disait : Je m'tonne que M. Nantua, si grand admirateor de ma mere, ne soit pas saisi de ma ressemblanoe avec elle. Tanerde, dans la modestie de son atttude, ne s'CaH pas apergu que le banquier ne Tavait point eneore regard. Enfn M. Nantua se leva ; sa figure lait radlease, il avait trouv le renseignement qu'il voulait, ettotft ee qu*fl mditait d*accomplir se trouvaitpossible avec ce decument. L'esprance produit la bienveillance el la gnrosH chez les nobles natures ; n^ a que les cGeurs envieuic et medio- cres qui se resserrent et se ferment l'approefae du bonheur. Bf. Natua retrouvanl i6t ep la ebance d*exeuter im PB M. DS BAlZC. 147 smj9tt q^'uD pbftapi^ mm9 ^Mj^ mi w wmi^^ drang, ^ ^e^t^it 4a^$ yo^ 4e Qi^s bPAfigS ^^PQ^itoPd de Tesprit o Too aime foire te bj^jx, qqa pA? pp^r te pl^lsir de f^re le bien en lui-mdmQ, vm^ pour biTp parbi^j: \)ii l^tre la joie que l*oa ressent. O f)*^ p^ W ^pmd beurpyi ^e JTon veut, c'ost yn ^prit popi^ql que l'oo tW^i aft^ (gi^ sa dispQitioii s'harmomse av^ h Ddtr#* C'Qftt |w jcpnviyp g^e nom iovitoQs im baojipiQi; ^ui ^ys 09^ offerl^ w co^viv^ qsk 8oit plus joyeux. Ha folf yptts nYj ^ biStobaur, dit tf . I^joa^to 9P s'ap- prochant de la chemine, car Yoil justement ^19 affair^.M U. Ndoipa 9*in)ermmpit tti9 le l$iiC9 ; jfODP^hSe^ (pon- taQiplait 900 jeuQi9 prati^. Yoil la ressemblance qui f^% soq ^fe^ peoM Tfacfi^e, c'est bon ; si cet homme-}^ 109 pre^d i^ooi sm 9ile, jQ jsuis M. Nantua examinait tbujours Tancrdde, et miU^ pmiis JfbQTi yu^fimiiQn de ice im^ jeiun^ Imim i ch^jrma lyunme Tj^specl d'uo Iwo toJi^l^j csf^fr^ beaut, dAOS loul rclat de la jeunesse^ avait qudlqp diogp de JiyioassaAt qui flattait les regards; puis cette ro^emUi^Dipe frailante sy^ une &moi0 aimable m% vat ,eu pew d*aiAMar, tates cea ig^r^^oos parlreat d^^bord en fyimNt d9 Xencrde -^ la sature noble etpuissante euto^s drcgits nuMMuen^j naia mt ia raotjjpn xl^ la aoeit, el la^ cQnadFfttiQ09 nMmdaiofls ^urent leur lour. JUable ! pnaa )I. Nantua^ je ne i^ip: pua d*UB Adonis comme celui-a daa ma inaiaon^.. et w Sito qni ^ dji lamaneBquei ai elle le ypyait... Abl bpn Mea J il ne me man- 4Piera;t JU3 que cela; il ealpeu^ conupe w rat d'glise, oe n'est pas le gendre qu'fl me faut ; saos compter que gi^ bMPX bommes-l sont toiqours btes et paresseuz. 148 LA GAHHS V0Q8 me voyez stapfit, dit-il tout haut et pour ezpli- quer ce long Bence; je ne puis me lasser de veas regarder, tant YOtre ressemblance avec votre mere me frappe. On m*a souvent dit cela, rpondit Tancrde. Et soudain se sentit attrst; sa confiance s'vanoaissait, et il ne pcuvait se rendre compte da motif qui la lui dtait. Le fait est que M. Nantua n*avait pas mis, en pronon^nt ees mots, rinflexion qu*il aurait d y mettre. Son accent tait froid, son maintien embarrass, en6n tout en lui trahissait le cbangement subit qui g*tait oper dans ses projets Tgard de son prot^. Dj onze heures et demie ! s'cria M. Nantua en regar- dant la pndulo. -* Je vous laisse, dit Tancrde se dirgeant aussitt yers la porte. Alors il s'arrta indcis, car il n'osait plus dir : J'aurai Thonneur de venir prendre vos ordres demain. M. Nantua devina sa pense. A demain, dit-il, dix heures... Mais ees mts taient mal dits; on sentait que c'tait un mensonge. Tancrde s*loigna dcourag; pourquoi? n n*en savait ren; mais il pressentait, il devinait que la protection du rche banquier ne lui tait plus acquise, qu' ne ferait point partie de sa maison, et qu'il fallait, malgr sa bienveillance, toumer ses idees d'un autre ct. 'Et le sor du mme jour, Tancrde regut de M. Nantua nne lettre infniment polio et grdense, dans laquelle M. Nantua exprmait tous ses regrets de ne pouvoir, par des raisons ind- pendantes de sa volont, donner M. Dorimont l'emploi qa'fl lui avait d*abord promis, ajoutant toutefois que, dans le dsr de lui tre utile, il Tavait recommand im de ses amis qui ferait pour lui tout ce qu'il aurait dsir faire. Le lendemain, Tancrde fut introduit chez cet ami, M. Poir- ceau, directeur d'une nouvelle compagnie d'assurances contre l'incendie. DE M. DE BALZa 14t 111 SBGOND OBSTAGUI. -Monsieur Poirceau?... Cest ici, donnez-vous la peine d'entrer. La peine! je vous jure que c'tait bien le mot, car, pour passer cette porte, il fallait faire un vritable sige. Le palier de Tescalier, appel vulgarement le carr, tait barrcad de banquettes placees ^ et l dans tous les sens, et barran compltement le chemin. Tancrde, aprs bien des travaux, prvint dans ranticham- bre ; l il lui fallut encere s'arrter. Un enorme tapis roul obstruait le passage , derrire ce tapis se trouvait la grande table de la salle manger, crnele de toutes ses chaises ; cela formait un assez gracieux difce ; puis de cdt et d*autre encor des banquettes, puis un mar^ chepied, un gurdon couvert de porcelaines, puis des jardi- nires en bois de palissandre attendant des fleurs, puis des candelabros attendant des bougies, puis un dessus de table en marbre, puis des paillassons, des pelles, des pincettes, des tabourets, des soufflets et une cafetire dite du Levant. Tancrde traversa ce chaos sans malheur, il parvint jusqu'i la salle manger. Nouvelles diBcults. Dans la salle manger se dbattaient les meubles da saln : consoles, canaps, causeuses, fauteuils, bergres, divans; puis venaient les objets prcieux : pndulo avec son yerre toujours menac, vasos de fleurs si beaux qu'on n'y met point de fleurs, buste d'imcle general , toujours ressem- blant, table ouvrages, coffres ouvrages, et puis le piano. Toutes ees choses tenant avec peine dans la salle manger, la dsordre tait son comble. tSO LA GANHB Tancrdde croyait planer sur les dbrs du monde comme un autre ttila. Jamis il n'tait venu dans une administration de ce genre, il s'imagina que tous ees meubles avaient t sanvs de quelque incendie la veiUe; qu'ils taient l dposs jus- qu* ce que leur propritaire se ft trouy une autre demeure. II regardait, escaladait une range de chaises, tournait un enorme canap comm 6n (rne n montagne, rencontrait sur sa route beaucoup de choses , mais il ne voyait per- sonne. Monsieur Poirceau? demand-i-il une seconde fois. Par id, par ici ! cria une voii lointaine. Tancrde fe voyait encere ren. li parvint jusqu* la plorte clu ^aldn. Dns le slo se pavaniet les meuble de la chambre i ooacher, heureux de se sentir plus Taise. ais l on n voyait hcore prsonne. Tancrde se dirigea vers la porte de la chambre coucher, i mine voix dt c^ mots : ties , CroUn qii' pas pris les hosses ! Au min instani u gros paquet, lanc par une main invi- sible, vit ra^per taiicrde ans la figure , et il se sentit auss- i&t &oui, prd. bim os un dlug de petites jupe de ite oors , de toutes gfandeurs , dbnt il ei tutes les ^ii du itiona k s dbairfssr. Les unes avient mille )tit cordonlb qiii ^ccrbcliaient ax )otons de 3oi habii, un embarras ne plus s*y reconnatre. En sortant de tout cela . Tancrde se (rov tace mee vec lestique , arme d'un balai et d un piu- ^ Prdcin , nbfasliir , j royis que 'c*i\mi l gr^n iapis^ qi qoit venir dmonter les lus , et je m amiisais pour ftt%... l j*^8 s... n. FolrceauT oemanda Tancrde, mterrompant oes excuses ; pms voyant que la chambre tait entirement demeo- DE M. DE BALZAG, 151 ble : Mais je crains de le dranger daos son dmnagement , ajt-t-il. ^ Nos ne dmnageons p , rpodit Ve 9t)ti6sliQd , ittt qm la Coin^agtiid resiera tci hod y (tetetel'ofis. i^ ii que monsieur trouve Tappartement un peu sens dessus dS- sottdf c*est le h qut cause d6 ^ ; ei e ttiudlt gal^^n qaitieyietitpas... n bal , ce soir? je teirtfendta ue atre foife. Oh I ce n'est pas le premier bal qu't doift \tu o- er peut rec^voir Mosiur \ ki Mon&iuir veut pa^sef dns le - portifas herbulenes , totjbirs vi^ic, lotj^^s renoUi^t , universelle , t t^pttdaftl ^rtai ; d!^, bII dtestit hM M homtfes h ^ral, il abhoitait m |ftHictelie' : ai^tuM) MMU d voh My 4lvlgft ltc0letl,|fKrl fu neauK. Bt pour un si grand sacrifico, vous gardez, ygi^ va fen t^ 17 LA GANNE gent; joyeuse, yous le donnez votre fils qui ne sait pas ce qu*il YOUS cote, qui le prend comme si cela lui tait d, et qui, presque toujours, 8*en va le perdre daos une maison de /eu Pars. Et YOUS aYez fait alore ce qu'il y a (Te plus pnible sur la t^flre, plus amer qu'un dsenchantement, plus poignantqu'une humiliation, plus rvoltant qu'une injustce, plus accablant qu'un regret ; yous avez fedt un sacbificb imiTiLB ! ^Oh ! connaissez-YOus ren de plus dchirant que cette pen- se : je pouvais ne pas faire ce qui m*a tant cot? Un sacrfce inutiie 1 comme mademoiselle -de Sombreuil : boire du sang pour sauYer son pre, et voir son pre monter rchafaud. Sentir toute sa Yie le sang d'un autre, le sang qu'on a bu, courir dans yos i^ines, et n'aYoir point sauY celui qu'on Youlait sauYor! Yoir fait un effort sublime de courage, avoir Yaincule dgot, Thorreur... pour ren!.. Oh! cela fait frmir! Un grand sacrifico inutiie... inutiie U. c'est presque un remords. Heureusement madame Dormont ne connut point ce supn- plice. Son fils tait un bon sujet, et lorsqu*il avait accept les mille cus hroYques improvises par sa mere, il s'tait bien promis de les lui rendre avec usure. Ayoc mille cus et une chambre loue cent francs par mois, on vit bien quinze jours Paris ; et quinze jours, c'est un bel avenir Yingt ans. VII FINB8SBS* Tancrde se souvint toutefois qu'il avait un devoir i plir; saYoir, d'aller au Thtre-Italien ce soir-l. La premire personne qu'il aper(^( ^n arrvant oe lat su mqperbe oonqutOr DE M. DE BALZAG. ITT Elle semblait charcher quelqu*un; elle le vit... et ne cher- cha plus. Gette jeune femme faisait habituellement beaucoup plus de mines au Thtre-Italien qu* TOpra. Elle levait les yeux chaqu note de Rubini ; elle secouait la tete en mesure pour prouver qu'elle tait muscienne. La salle tant plus petite que celle de TOpra permettait de mieux apprcier les dtails de sa coquetterie, 3t l elle se livrait ses avantages avec un aban- don qui les faisait valoir. Tancrde vit bien qu*il ne pouvait faire autrement que d'en tre amoureux ; mais^ pour cela, il fallait aller aux renseigne- ments. U questionna poliment son voisin; et pour n'avoir pas Tair trop niais, il aecta Taccent anglais en demandant le nom da cette jolie femme. Par malheur, le voisin tait Anglais, et ii rpondt en anglais qu'il ne la connaissait pas, mais qu'il U rencontrait presque tous les jours aux Tuileries. Par bonheur, Tancrde savait trs-bien Tangais, et il supporta la maniere dontrautre prononca le mot Thioulliourle. Cortes, il fallait bien savoir Tangais pour comprendre cela. Aprs une soire d'oeillades et de roulades, Tancrde re- tourna chez lui sans autre vnement. Aux Tuileries, le lendemain, il rqtrouva sa belle. La dame tait fort elegante; elle donnait le bras sa mere, vieille femme assez mal mise qui promenait un chien. Elle apergut M. Dorimontet rougit. G*tait dans Tordre. n y eut un quartd*heure de promenade intelligente. La jeune femme parut chercher son mouchoir dans son manchn, et laissa tomber un petit portefeuille qui renfermait des cartes de visites. La mere ne vit rien de cela, ou peut-tre tait-elle accoutn- me aux maladresses de sa filie. Tancrde vit tomber le petit portefeuille , et s*approcha pour le ramasser. La dame doubla le pas sans faire attention lu. tttfcrW ne domprit pas cttii mtndBttvtt; il ftstA d'atttjM immobile, et rflchit un moment. La beii prttl'eheus rvint d Soft 6t. Tantl- Tttehit ; puis, s'vaflt^iM tet H dMn Ir trt^ rcpectuBx : -^ Ceci vcm appariiem, Je troi^, Ited^M^? *t41 eaft prsenlhl te pm'treitte. Non, Mtiieui*, tprt l*tife'de\l%e Ipteftone, t tNnk pas moi. La mr pHuft ft got ch eli C itooftienl, fclfe n*iVft!t pas entftd ; ell'e Vlt alts tatttrtf ^W^ef . Que nou^ veut co beau jeune homme? dit-elle. Rien^ tia mt'e, c'st u bi^&lst tjtftt b Irottvi... tats j* Frid, notis allons rctruf. Ljbs dux femms sonirent des tiritS. Tanci-de resta onsMrer h portefetilt, ^ns cottk- prendre celle protid rse. II crt d^abord s'tr tromp; fl