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La Rep Styles LA RÉPUBLIQUE DE SEINE-ET-MARNE LUNDI 27 FEVRIER 2017 www.larepublique 77. fr 95
uEusAINT. Nicole Ferroni, la chroniqueuse qui fait éclore les travers dé · la basse-cour politique Sa marque de fabrique : l'art de passer du coq à l'âne dans des jeux de mots cocasses. Chroniqueuse pour Fiance Inter, Nicole Ferroni vient présenter son one-woman show « l1œuf, la poule ou Nicole », au Théâtre Sénart, les 1 e~ et 2 It1afS. Interview.
Elle donne l'impression de sortir de l'œuf, mais, de jeux ~de mots en digression, elle· retombe toujours sur ses pattes pour dénoncer, militer ou éclairer sur un sujet d'actu. Chaque mercredi à 8.h57 tapantes, avec son légendaire débit de mitraillette, les mains qui parlent autant qu'elle, Nicole Ferroni déroule sa chronique, une b9ugeotte incontrôlable sur sa chaise du studio de France Inter. Son billet d'humeur fait autant rire · que pleurer, à l'instar de son cri sur Alep, l'émotion coincée au fond de la gorge.
. Elle vole dans les plumes des politiques donc. Mais pas que. C'est avec son one-woman show « L'œuf, la poule ou Nicole » que cette ex-prof de SVT (Sciences de la vie et de Ja terre) dont les talents de comédienne ont été révélés
. dans « On n'demande qu'à en rire », sur France 2, ya vous surprendre.
Après sept ans de tournée, le spectacle ne bat toujours pas de l'aile. Alors, l'œuf, la poule ou Nkole? En tout cas, des Nicole Ferroni, il faudrait en avoir tout un élevage !
Est-ce que cette manière de vulgariser le système politique, sur France .Inter vous vient de vos années d'enseigne-
. ment de SVT ? _J'aime particulièrement
transmettre, expliquer des choses. Dans mes chroniques, j'ai un fonctionnement très scientifique . Je pars d'un constat, pose ensuite un pro-
blème et j'essaye de trouver u_ne interprétation, des solutions, comme les scientifiques au cours d'une expérience.
« Le système_ politique est
tellement opaque »
A la fois dans le fond et dans la ·forme, vos chroniques
sont très
travaillées. ·Comment écrivez-vous vos chroniques ?
Je prends surtout beaucoup de temps dans la recherche d'informations. Trè~ souvent je parle de domaines, que moi-même je ne connais pas au départ. A chaque fois que je traite d'un thème pour la matinale, j'ai souvent beaucoup de choses à apprendre et donc je passe du temps à essayer. de comprendre ce que ·. veux raconter. ·
Sous une apparente. naïveté, se dévoilent souvent · de vrais coups de· gueule. ·o·après vous, pourquoi les Français ne se révo,tent-ils
· pas? Sûrement parce
qu'ils ne savent pas. Le système politique est tellement opaque. Les diffé-
rents sites officiels, peu fonctionnels,
ne sont pas faits pour qu'on puisse s'y intéresser vraiment. Moi-même, avant, je n'allais pas vérifier ce que votait mon député . Maintenant, je le fais
· chroniquer ?
. parce qu'en étudiant la vie politique, je suis plus attentive sur ce que font les élus. Et pour ça, il faut du temps . Je me renseigne pa'rce que j'en ai besoin pour ma chronique. Si je le faisais uniquement pour moi, je n'y attribuerais pas autant d'énergie .·J'ai une vie qui me permet d'avoir ce
· temps-là. Et même une fois informés, je comprends que les Français ne se révoltent pas. La révolte ça demande aussi
. de l'énergie. Pour se révolter il· faut se structurer, essayer de s'organiser, ça demande du temps.
Avez-vous l'âme d'une justicière ?
Disons que j'ai envie de davantage .de justice. Dans
. l'écriture de ines chroniques, mon moteur premier c'est souvent la colère . Et le premier moteur de la col.ère c'est l'injustice .. Être plongé dans une dynamique d'austérité par exemple, ça pourrait être acceptable si on se dit que tout le monde fait attention aux dépenses pour maintenfr . le cap. Le discrédit sur l'affaire Fillon c'est' surtou t ça. C'est la même personne qui nous pàrle d'accepter des emplois précaires en France et qui va dire que le salaire de 5000 € de sa femme est justifié alors qu'elle ne travaille pas. L'injustice c'est ce qui est le plus dur à vivre.
Vous est-il arrivé de mar-· cher sur des œufs avec certains invités ?
Il y à des thèmes sur lesquels je ne me sens pas légi
time donc je marche sur des œufs _parce que je ne
sais pas comment ça peut être accueilli . Par exemple, quand j'ai réalisé une · c:hronique face à l' équipe de Char-1 ie Hebdo, je marchais sur des œufs, dans le sens où je ne savais pas ce qu ' ils avaient vécu.
Y a-t-il des invités que vous rêveriez de
Oui, Marisol Touraine ! Depuis un an, je reçois beaucoup de courriers de gens qu i travaillent dans le domaine de la santé et qui m·'expliquent ce qu'ils vivent. Quand je lis leurs témoign 9ges d'irifirmiers, je me dis que, pour boucher le trou de la sécu, le ministère a fait des choix, à court terme. Et je sais qu'un jour on va le payer. Il y a un mois, un infirmier s'est suicidé. C1est · le summum du signal qu 'on est dans une société malade .
Une personnalité politique qui prendra vos remarques en compte, ça sera pour quand les poules auront des dents ?
· Je suis très optimiste malgré tout. Sans pouvoir le prouver, j'ai des suspicions que des chosès aient pu bouger grâce à une chronique sur la suppression des classes projets, dont les classes méd ias. J'opposais ces suppressions au discours de la ministre qui
·disa.it qu'il fallait éduquer aux médias, après les attentats. Un mois après, j'ai appelé le Clemi (Centre de Liaison de l'Enseignement et des Médias d'information, ndlr) .et le responsable m'a dit qu' fi venait d'avo ir un appel du rectora t en demandant de débioquer des heures· in extremis. En 4 ans, il n'avait jamais été appelé par le rectorat. Si j'ava is su j'aurais aussi parlé des classes bilingues!
Selon vous que faudrait-il changer pour que la poli: tique fonctionne mieux ?
Je rêverais que les ministres ne soient pas des énarques mais plutôt des gens qu i connaissent le boulot. Qu'une infirmière soit ministre de la santé, un prof de l'éducation nationale, ça me semblerait logique. Je ne comprends toujours pas comment on peut avoir des ministres interchangeables.
« La justicière prend p·arfois un peu trop de place »
Votre spectacle est-il différent de vos chroniques ?
Complèteme nt ! C'est tellement différent que parfois je conseille aux gens qui aiment mes chroniques de ne pas venir· voir mon spectacle (rires). Les spectateu rs peuvent s'attendre à ce que je traite de la politique alors que pas du tout. C'est un spectacle très théâtral où je joue des personnages et j'évoque très peu · l'actualité . Je jo ue un rappeur, une cantatr ice allemande complètement bourrée.
Vous tournez avec ce onewoman show depuis 7 ans. A quand un nouveau spectacle ? _,
On m'attend au tournant pour un deuxième spectacle. Je me pose la question d'écrire quelque chose qu i soit plus cohérent, plus en rapport avec mes chroniques. Mais si je réalise un spectacle autour de l'actualité politique, je risque le burn-out. ·11 fa ut mettre un peu de légèreté dans la vie. Même si la justicière prend parfois un peu trop de place .
Pourquoi ce titre « l'œuf, la poule ou Niq>le » ?
C'est une histo ire rigolote. Pour me pousser à écrire, j'ai voulu -me poser un· ultimatum donc j'ai loué une salle municipale à Marseille. Pour valider la location de la 'salle, il fallait que je donne un titre à l'évé-
. nement. Le prob lème , c'est que je n'avais pas fi ni d'écrire mon spectac le. J'ai proposé un concours à mes amis . J'invitais celui qui trouvait le meilleur titre au restau . C'est un copain qui a gagné. J'aimais bien le concept de l'œuf. J'étais encore enseignante à l'époque. J'étais en train de couver quelque chose. Qu'estce que je vais pondre ? Estce que ça.va éclore ou pas ? J'aimais la symbo lique.
Propos recueillis par Vanessa RELOUZAT
IRENSEIGNEMENTS
« L'œuf, la poule ou Nicole », le mercredi 1er et jeudi 2 mars au Théâtre -Sénart, à Lieusaint. · the .atre -senart.com Tél. : 01 60 34 53 60.