la dystrophie myotonique de type ii

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Dr KHELLAF ENCADRÉ PAR: PR SIFI SERVICE DE NEUROLOGIE CHU BENBADIS – CONSTANTINE FEVRIER 2015

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Dr KHELLAF

ENCADRÉ PAR: PR SIFI

SERVICE DE NEUROLOGIE

CHU BENBADIS – CONSTANTINE

FEVRIER 2015

INTRODUCTION

HISTORIQUE

EPIDEMIOLOGIE

GENETIQUE

PRESENTATION CLINIQUE

DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL

PRISE EN CHARGE

AVANCEES SCIENTIFIQUES 2014

Le groupe des dystrophies myotoniques comporte deux

affections autosomiques dominantes génétiquement

distinctes:

1. la dystrophie myotonique de type 1 (maladie de Steinert

ou DM1)

2. la dystrophie myotonique de type 2 (PROMM ou DM2)

identifiée en 1994.

Elles ont en commun trois signes cardinaux : la faiblesse

musculaire, la myotonie et la cataracte précoce.

C’est une maladie multi systémique.

Le diagnostic clinique de DM2 est moins facile que celui de la

maladie de Steinert.

Un élément distinctif clair est l’absence de forme congénitale

dans la DM2

L’anomalie génétique en cause dans la DM2 est connue

depuis 2001.

Elle consiste en l’amplification de répétitions d’un

quadruplet CCTG situé dans l’intron 1 du gène ZFN9

localisé sur le chromosome 3q21.

Le diagnostic moléculaire est rendu difficile par la très

grande taille de l’expansion et sa grande instabilité

somatique.

les manifestations pluritissulaires semblent résulter des

effets pathogènes de l’expansion sur le métabolisme des

ARN.

l’identification de la (DM2) est récente. Ce n’est

qu’en 1994 que furent décrites les premières

observations de patients ayant une maladie de TAD ,

comportant les signes cardinaux de la maladie de

Steinert (faiblesse musculaire, myotonie et cataracte

précoce), mais chez qui la recherche d’une expansion

de triplets CTG pour le gène DMPK sur le

chromosome 19 s’est avérée négative.

En 1998, le locus est localisé sur le chromosome

3q21et ce locus est nommé DM2.

L’identification de la mutation responsable du

phénotype DM2 date de 2001 : il s’agit de

l’expansion de répétitions d’un quadruplet CCTG

dans le gène ZNF9.

En conséquence, la nomenclature actuelle distingue

la dystrophie myotonique de type 1 (maladie de

Steinert ou DM1) et la dystrophie myotonique de

type 2 (myopathie proximale myotonique ou

PROMM).

La prévalence minimale de DM2:1/100 000 hab

L’âge moyen se situe autour de 30-40 ans, mais l’affection peut se manifester après 60 ans.

Répartition géographique: nord de l’Europe le plus souvent l’Allemagne et la Pologne.

la prévalence de DM2 en Allemagne est équivalente à celle de DM1.

Quelques familles non Européennes (Maghreb, Asie)

Transmission autosomique dominante.

Anomalie : amplification des répétitions d’un

tétranucléotide CCTG situé dans l’intron 1 du gène codant

la protéine en doigt de zinc 9 (ZNF9) localisé en 3q21

La DM2 est la première maladie qui soit rapportée à

l’expansion d’un tétranucléotide.

La taille de l’expansion des allèles mutés peut être

considérable, variant de 75 à plus de 11 000 répétitions,

avec une médiane de 5 000 répétitions.

Il s’agit d’amplifications beaucoup plus larges que dans la

DM1

Le phénomène d’anticipation nettement moins marqué

que dans la maladie de Steinert

Il y’a une corrélation positive entre la taille de l’expansion

et l’âge de début

Une famille française de dystrophie myotonique AD avec

atteinte multisystémique, associée à une démence fronto

temporale, liée au locus 15q21-24, a été récemment

rapportée par Le Ber et al élargissant ainsi le groupe des

dystrophies myotoniques d’une dystrophie myotonique de

type 3 (DM3).

L’âge moyen aux premiers symptômes se situe autour de

30-40 ans, mais l’affection peut se manifester après 60

ans.

À ce jour, aucune forme congénitale de DM2 n’a été

rapportée.

Le symptôme initial le plus fréquent de la DM2 est :

la faiblesse musculaire proximale.

Les autres symptômes d’appel sont:

des douleurs ou une raideur musculaires 15%

une myotonie 40%

A. MANIFESTATIONS MUSCULAIRES

SQUELETTIQUES:

1) Les Douleurs musculaires: 60%

Elles sont épisodiques et fluctuantes.

décrites comme des brûlures ou des tiraillements.

Elles siègent préférentiellement aux membres inférieurs et

prédominent au repos.

Elles peuvent précéder la faiblesse musculaire.

2) La Faiblesse musculaire:

prédomine sur la musculature axiale et proximale des

membres.

Le déficit intéresse précocement les fléchisseurs du cou et

les abdominaux,

La faiblesse des muscles pelviens devient symptomatique

après 50 ans chez 30 %.

Au niveau des membres, la faiblesse apparaît non sélective.

Le déficit distale est au second plan et coexiste toujours

avec la faiblesse proximale

la faiblesse des muscles faciaux et bulbaires est minime ou

absente et il n’y a pas d’aspect dysmorphique de la face.

3) l’Atrophie musculaire:

L’atrophie musculaire s’observe dans moins de 10 % des

cas.

Une hypertrophie des mollets a été rapportée chez

quelques patients.

Les rétractions musculaires ne font classiquement pas

partie du tableau de DM2 mais ont été observées dans un

cas d’expression précoce par Bassez et al.

4) La Myotonie:

La myotonie clinique est inconstante et beaucoup moins

franche que dans la maladie de Steinert.

Elle est peut être asymétrique et focale, et elle est

variable dans le temps, autrement dit les patients

peuvent décrire des symptômes suggestifs de myotonie

sans que celle-ci soit décelée par l’examen.

Une exacerbation de la myotonie pendant la grossesse a

été rapportée .

B. AUTRES MANIFESTATIONS:

1) La cataracte:

a les mêmes caractéristiques que celle observée dans la

maladie de Steinert. Elle est sous-capsulaire postérieure et

donne des opacités multicolores irisées.

Sa fréquence est estimée de 61à 84 %

précoce : elle est observée à la lampe à fente chez 2/10

patients avant l’âge de 20 ans.

Elle constitue, avant l’âge de 50 ans, un précieux signe

d’appel d’une dystrophie myotonique.

2) l’atteinte cardiaque:

Elle paraît moins sévère et moins fréquente que dans la

DM1

Des troubles de la conduction auriculo-ventriculaire ou

intra ventriculaire sont observés sur l’ECG de surface chez

20 %

Les patients DM2 peuvent développer des troubles du

rythme responsables de décès.

Une cardiomyopathie progressive, sans autre cause

identifiable, a été observée chez 7 % des patients DM2 mais

3) Une hypersomnie diurne:

dont le mécanisme reste à documenter, s’observe aussi

bien dans la DM2 que dans la DM2

4) l’atteinte du système nerveux central:

il n’a été décrit jusqu’alors aucun cas avec retard mental

comme dans la maladie de Steinert.

Une atrophie cérébrale, mesurée par (IRM) en 3D, est

observée ,elle n’est corrélée à aucun paramètre clinique,

non plus qu’à la taille de l’expansion.

Des hyper signaux confluents péri ventriculaires de la

substance blanche cérébrale ont été observés sur l’IRM en

T2 chez quelques patients appartenant à des familles

distinctes.

Hypoacousie rare

Tremblements d’action dans 20% des cas

5) Une calvitie:

précoce est notée chez les hommes. Elle concerne environ

un tiers des patients entre 21 et 34 ans.

6) L’atteinte endocrinienne et métabolique:

Un diabète est présent dans environ 20 % des cas, des

anomalies du L’hyperglycémie est associée à un

hyperinsulinisme témoignant d’une résistance périphérique à

l’insuline.

Un hypogonadisme hyper gonadotrope (avec élévation de la

[FSH]) est démontré chez deux tiers des sujets masculins

L’élévation du taux de gamma-GT apparaît fréquente,

indépendamment de toute maladie hépatique

une diminution du taux sérique des immunoglobulines de

classe G et M.

1. Les CK:

le taux sérique est normal ou peu élevé, le plus souvent

inférieur à 5 fois la normale.

2. L’électromyogramme (EMG) :

Examen précieux pour le diagnostic quand il permet

d’enregistrer une myotonie cliniquement indétectable.

Il faut savoir le répéter et multiplier les muscles

explorés car les salves myotoniques sont parfois

difficiles à obtenir, rares et inconstantes.

Une myotonie est présente à l’EMG chez 90 % des

individus atteints.

Sander et al ont rapporté l’intérêt du test d’effort

bref (10 secondes) pour distinguer les dystrophies

myotoniques de types 1 et 2 : ce test est normal chez

les patients DM2 alors qu’une franche réduction de

l’amplitude du potentiel moteur est observée chez les

patients DM1.

3. La biopsie musculaire :

ne montrant aucune lésion spécifique.

une inégalité de taille des fibres musculaires, des noyaux musculaires internalisés, parfois disposés en chaînettes, des petites fibres anguleuses disséminées. Des fibres très atrophiques à noyau pycnotique, réduites à l’état de sacs nucléaires(Fig.1), sont présentes dans près de 90 % des cas.

Des fibres en nécrose sont exceptionnellement observées. Contrairement à DM1(Fig.2)

Fig1Fig2

Fig. 3 DM2, muscle deltoïde, hématéine éosine. Le calibre des fibres

musculaires est hétérogène. Les flèches indiquent les fibres atrophiques

réduites à l'état de sacs nucléaires. D'assez nombreuses fibres contiennent

des noyaux internalisés.

I. Pénisson-Besnier

Dystrophie myotonique de type 2

EMC - Neurologie, Volume 2, Issue 2, 2005, 182 - 190

http://dx.doi.org/10.1016/j.emcn.2004.10.003

Fig. 4 Muscle deltoïde. L’étude histoenzymologique (ATPase pH 9,4) montre des

fibres de type 2 (foncées) de taille normale dans la DM1 (A), fréquemment

atrophiques (indiquées par des flèches) dans la DM2 (B).

I. Pénisson-Besnier

Dystrophie myotonique de type 2

EMC - Neurologie, Volume 2, Issue 2, 2005, 182 - 190

http://dx.doi.org/10.1016/j.emcn.2004.10.003

Se pose avec Les affections génétiques comportant une

myotonie incluent

les dystrophies myotoniques : DM1

les maladies en rapport avec des mutations

affectant les gènes des canaux ioniques

musculaires:

myotonie congénitale [canal chlore],

paramyotonie et paralysie périodique

hyperkaliémique [canal sodium],

syndrome d’Andersen Tawil[canal potassium])

certains médicaments sont susceptibles d’induire une

myotonie acquise : fibrates et statines, chloroquine,

colchicine

DM 1 (Steinert) DM 2 (PROMM)ÉPIDÉMIOLOGIE Quasi universelle Surtout en Europe

ÂGE DE DÉBUT Tout âge Ado à adulte tardif

ANTICIPATION +++ Faible

FORME CONGÉNITALE + Non

FAIBLESSE :

FACIALE + +/–PROXIMALE + ++DISTALE ++ +

MYALGIES Non +CATARACTE + +CALVITIE + +TROUBLES CARDIAQUES ++ +HYPOGONADISME + +HYPERGLYCÉMIE + +HYPERSOMNIE DIURNE + +MYOTONIE À L'EMG ++ +ATTEINTE DU SNC ++ +LOCUS 19q13.3 3q21

GÈNE MUTÉ DMPK ZNF9

EXPANSION Triplets CTG Quadruplets CCTG

TAILLE DE L’EXPANSION 50 à 4 000 75 à 11 000 (moyenne 5 000)

Le pronostic de DM2 paraît dans l’ensemble meilleur que

celui de DM1.

Evaluation fonctionnelle (force musculaire)

Kinésithérapie régulière, mobilisation douce, massage,

sport sans excès, balnéothérapie.

Traitement de la douleur: la carbamazépine.

Cardiopathie : anti-arythmiques.

la cataracte : traitement chirurgicale.

NB: Le diagnostic prénatal n’est pas recommandé dans la

DM2 en raison d’une anticipation plus faible, de l’absence

de formes congénitales ou infantiles sévères, et d’une

expression clinique tardive.

La dystrophie myotonique de type 2 ou DM2 (aussi

appelée PROMM pour proximal myotonic myopathy) est une

maladie neuromusculaire rare, qui fait partie du groupe des

dystrophies myotoniques. cette maladie touche les muscles,

avec faiblesse musculaire proximale et myotonie. Elle

atteint aussi d'autres organes (le cœur, l’œil (cataracte),

l’appareil respiratoire et le système endocrinien) : c'est une

maladie multisystémique.

La dystrophie myotonique de type 2 (DM2) atteint

les femmes comme les hommes et débute généralement à

l'âge adulte. Les symptômes peuvent être très variables

d'une personne à l'autre.

La prise en charge vise essentiellement à prévenir les

complications, notamment cardiaques, et à améliorer la

qualité de vie des personnes atteintes de DM2.