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Article original
La diffusion continue de ropivacaïne in situ n’a pas d’effet sur lepyrocarbone : une étude in vivo chez le rat
Continuous infusion of ropivacaine has no effects on pyrolytic implant: A preliminary study in rats
T. Apard a,*, R. Lancigu b, P. Cronier b,c
a Centre de chirurgie de la main, hôpital privé Saint-Martin, 18, rue des Roquemonts, 14050 Caen cedex, Franceb Département de chirurgie osseuse, CHU Angers, 1, rue Larrey 49033 Angers, France
c Laboratoire d’anatomie, faculté de médecine d’Angers, rue Haute-de-Reculée, 49045 Angers, France
Reçu le 29 septembre 2011 ; reçu sous la forme révisée le 25 janvier 2012 ; accepté le 16 avril 2012
Résumé
Le but de cette étude chez l’animal est de savoir si la diffusion de ropivacaïne altère les propriétés d’un implant en pyrocarbone posé dans lecadre d’une chirurgie osseuse. Dix rats ont été opérés pour la pose d’un implant en pyrocarbone dans la loge d’une résection de l’extrémitéproximale du fémur avec mise en place d’un cathéter diffusant de la ropivacaïne en continu (cinq rats) ou du sérum physiologique (cinq rats). Aprèssix jours, l’implant a été retiré et envoyé pour analyse. Les résultats montrent que les caractéristiques sont strictement identiques à celles avantimplantation en terme de longueur, largeur, épaisseur, poids et forme. Cette étude ouvre donc la voie à la mise en place de cathéter de ropivacaïne insitu lors de la pose d’implant en pyrocarbone : d’autres études chez l’Homme devront confirmer ces résultats.# 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Rhizarthrose ; Ropivacaïne ; Pyrocarbone ; Main ; Chirurgie
Abstract
The aim of the study is to analyse the effects of ropivacaïne on a pyrolytic implant in bone surgery. Ten rats were operated with a pyrolyticimplant placed at the hip after femoral head resection: five cases with continuous infusion of ropivacaïne and five cases with continuous infusion ofsterile water. Six days after, all the implants were analysed: weight, length, width, thickness and global design. This work showed that ropivacaïnecan be use as continuous infusion with pyrolytic implant. Other studies in human surgery are necessary.# 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Thumb arthritis; Ropivacaïne; Pyrolytic implant; Hand; Surgery
Disponible en ligne sur
www.sciencedirect.com
Chirurgie de la main 31 (2012) 142–144
1. Introduction
La diffusion d’analgésiques locaux in situ est une techniquede plus en plus répandue en chirurgie de la rhizarthrose pourassurer l’antalgie postopératoire [1–3]. Les publications nerapportent pas l’utilisation de cette technique avec un implant.Une évaluation préliminaire chez l’animal in vivo est doncnécessaire. Le but de cette étude est de savoir si la diffusioncontinue de ropivacaïne altère les propriétés d’un implant enpyrocarbone posé contre une tranche osseuse.
* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (T. Apard).
1297-3203/$ – see front matter # 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservhttp://dx.doi.org/10.1016/j.main.2012.04.003
2. Matériel et méthodes
Au sein du laboratoire d’animalerie et de microchirurgie dela faculté d’Angers, dix rats mâles type Wistar de 400 à 500 g,séparés par tirage au sort en deux groupes ont été utiliséspendant six jours. L’intervention s’est déroulée sous anesthésiepar Isoflurane1 2 % mélangé avec de l’oxygène pur à 2L/min.Le groupe N (Naropéine1) comprenait cinq rats pour lesquelsune résection de l’extrémité proximale du fémur gauche a étépratiquée par voie postérieure, avec mise en place d’un implanten pyrocarbone APSI (Adaptative Proximal ScaphoidImplant1, Bioprofile-TornierTM, Grenoble, France) contrel’os. Un cathéter spécifique (Alzet tube vinyl1) relié à unepompe (Alzet pump1 2 mL) diffusait un débit constant de
és.
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2 mL/h de ropivacaïne (Naropéine1) 2 mg/mL. La pompe étaitsituée entre les scapulas du rat par un autre abord dorsal. Lecathéter était placé en sous-cutané entre les deux abords. Lesrats du groupe P (sérum physiologique) ont été opérés selon lemême protocole mais du sérum physiologique était administréau lieu de l’analgésique (même débit, même cathéter, mêmepompe, même intervention).
Un traitement anti-douleur per os était administré pour tousles rats pendant toute la durée du protocole : association de5 mg/24 h de kétoprofène et 30 mg/24 h de paracétamol.
Au sixième jour, l’implant était retiré et envoyé dans uncontenant anti-choc au laboratoire pour analyser les carac-téristiques suivantes : longueur, largeur, épaisseur, poids etforme de l’implant. Ces données font partie du cahier descharges pour la norme CE de l’implant.
Les implants étaient numérotés et l’étude s’est faite enaveugle, le laboratoire ne sachant pas quel numéro correspond àquel groupe (tirage au sort des numéros avant envoi).
Le paradigme expérimental était :
10 rats
Mise en place des implants sous
tirage au sort : 2 gro
Groupe N : 5 rats + cathéter de Naropéine
J+6 : Ablation des implants et nu
Envoi au laboratoire pour an
Tableau 1Données brutes pour chaque pièce.
Pièce no Longeur (mm) Largeur (mm) Épaisseur (
1 17,17 8,61 7,44
2 17,15 8,60 7,46
3 16,93 8,44 7,31
4 17,17 8,60 7,42
5 17,02 8,50 7,32
6 17,03 8,50 7,32
7 17,16 8,60 7,46
8 17,16 8,61 7,46
9 17,15 8,61 7,44
10 17,14 8,61 7,44
PSI : proximal scaphoid implant.
3. Résultats
Tous les rats ont survécu et il n’y a pas eu de complicationlocale ou générale (infection, désunion de cicatrice. . .). Lesrésultats sont rapportés dans le Tableau 1.
La comparaison entre les résultats du groupe P (pièces no 1,3, 4, 8, 10) et ceux du groupe N (pièces no 2, 5, 6, 7, 9) montreune absence de différence significative ( p < 0,05) pour lesquatre valeurs : longueur, largeur, épaisseur et poids (Tableau2).
4. Discussion
La présence d’un cathéter impose l’absence de drainage parun redon (aspiratif ou non) ce qui peut faire craindre unhématome à l’opérateur en cas de pose de prothèse. De plus, lecathéter est une source théorique d’infection puisque la pompediffusant le produit est à l’extérieur du pansement et l’extrémitédu cathéter est par définition directement en contact avec
anesthésie générale
upes de 5
Groupe P : 5 rats + cathéterde sérum physiologique
mérotation au hasard
alyse en aveugle
mm) Poids (g) Forme
1,12900 Faciès à « deux bosses » sur toutes lespièces similaire sur les dix pièces. Étatde surface comparable a un implant PSI
1,125431,081381,123401,090471,090011,118981,129481,124001,11787
Tableau 2Moyennes pour les deux groupes.
Longueur (mm) Largeur (mm) Épaisseur (mm) Poids (g)
Groupe P 17,114 8,574 7,414 1,112Groupe N 17,102 8,562 7,400 1,110
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l’implant. Enfin, aucune étude n’a démontré l’innocuité desanalgésiques locaux sur un implant quelque soit sa nature.
L’hémocompatibilité du pyrocarbone est connue depuislongtemps grâce à son utilisation pour les valves cardiaques[4,5]. L’utilisation d’implant en pyrocarbone dans la chirurgiede la main et du pied est plus récemment diffusée dans lalittérature [6–12]. Or, cette chirurgie est accessible àl’utilisation de cathéter in situ pour compléter l’analgésieper os.
Il n’existe pas dans la littérature de travaux étudiant les effetsd’anesthésiques locaux directement en contact et de façonprolongée avec des implants. Notre étude présente lesavantages d’être in vivo ce qui recrée les conditionsd’utilisation de l’implant en chirurgie de la main : saignementosseux, température in situ autour de 37 8C, réactioninflammatoire locale postopératoire, mobilité du segmentosseux contre l’implant. Bien évidemment, l’évaluationanimale ne donne que des résultats a priori transposables chezl’homme.
Cette étude chez le rat montre que l’utilisation de naropéinen’altère pas les propriétés du pyrocarbone après six jours dediffusion continue. D’autres études chez l’Homme serontnécessaires pour confirmer ces résultats.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.
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