la cène - le clos lucé...la cène de léonard de vinci pour françois 1er, un chef-d’œuvre...

18
La Cène de Léonard de Vinci pour François 1 er , un chef-d’œuvre d’or et de soie CHÂTEAU DU CLOS LUCÉ PARC LEONARDO DA VINCI Exposition du 7 juin au 8 septembre 2019

Upload: others

Post on 30-Dec-2019

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er,

un chef-d’œuvre d’or et de soie

CHÂTEAU DU CLOS LUCÉ

PARC LEONARDO DA VINCI

Exposition du 7 juin au 8 septembre 2019

Page 2: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

Un prêt historique des Musées du Vatican

Barbara Jatta, Directrice des Musées du Vatican

Dans le cadre des célébrations de l’année 2019 en hommage à Léonard de Vinci, les Musées du Vatican ont souhaité être à l’initiative de plusieurs évènements. Celui qui concerne la venue de la précieuse tapisserie de la Cène à Amboise, au Château du Clos Lucé, est sans doute le plus représentatif mais témoigne également des actions multiples qui sont menées aujourd’hui dans les Musées du Vatican : projets de recherche, de restauration, collaborations avec différentes institutions à tous niveaux. C’est là l’hommage au génie léonardesque voulu par les Musées pontificaux.Ce fut un plaisir et un honneur de dialoguer avec les institutions françaises et de reprendre l’échange initié en 1533 par le don de cette célèbre tapisserie magnifiquement exécutée en soie, fils d’or et d’argent et complétée d’une bordure en velours pourpre. Ce panneau textile est l’offrande faite au souverain pontife Clément VII de la famille des Médicis à l’occasion des noces de sa nièce Catherine de Médicis avec Henri de Valois, héritier du trône, fils du très chrétien roi de France, François Ier. Noces qui furent célébrées en grande pompe par le pontife à Marseille à l’automne 1533.La tapisserie, dont le commanditaire et la provenance ont fait l’objet de nombreuses suppositions et conjectures, recèle encore bien des mystères notamment celui de l’atelier où elle a été tissée qui n’a jamais pu être identifié. Le lien établi avec François Ier et sa mère, Louise de Savoie, est quant à lui indiscutable du fait des multiples références héraldiques et symboliques aux deux rois dévots.Les études menées à ce jour sur l’œuvre ont nourri l’intérêt porté à sa réalisation et à la relation artistique, chronologique et stylistique de cette tapisserie avec la célèbre fresque iconique de Léonard de Vinci réalisée pour le réfectoire du couvent de Santa Maria delle Grazie à Milan – La Cène – dont la tapisserie partage les dimensions même si elle présente en effet quelques différences iconographiques.L’une des plus précieuses tapisseries des collections du Vatican se retrouve donc une fois de plus au cœur des échanges artistiques et culturels entre le Vatican et la France grâce à cette exposition qui retrace les événements survenus au début du 16e siècle, quand se sont nouées des relations politiques subtiles entre l’Église et les grandes familles règnantes mais aussi des liens professionnels et humains étroits entre Léonard de Vinci et les souverains français. Le retour de la tapisserie en France permet de raconter l’histoire de ce panneau tissé placé ici au milieu d’un ensemble d’œuvres prestigieuses qui situent le contexte historique, artistique et personnel dans lequel Léonard de Vinci a évolué.Née de l’idée pertinente de Pietro Marani de faire connaître une œuvre importante mais méconnue bien qu’elle soit visible en permanence dans la salle VIII de la Pinacothèque du Vatican, l’exposition a immédiatement obtenu l’assentiment des parties prenantes. La « machine » vaticane s’est alors mise en marche : Alessandra Rodolfo, infatigable Conservatrice du Département des tapisseries et des tissus a d’abord supervisé un long et délicat travail de recherche (avec des éclaircissements probants à la clé) et de restauration impliquant des mises en oeuvre complexes et l’intervention de nombreux professionnels. Cette entreprise conséquente a pu aboutir grâce au soutien de la direction du Château du Clos Lucé et du Pôle Expositions du Palais Royal de Milan.Chiara Pavan, responsable du Laboratoire de restauration des tapisseries et des tissus, et ses collaboratrices, Emanuela Pignataro, Laura Pace Morino, Viola Ceppetelli, ont appliqué tout leur précieux savoir-faire à ce travail entre décembre 2017 et avril 2019. Ces professionnelles ont redonné vie à une tapisserie extraordinaire qui, par les vicissitudes de son histoire, renvoie étonnamment à l’état de conservation précaire de la fresque de la Cène de Léonard de Vinci.

L’HOMMAGE DES MUSÉES DU VATICAN À LÉONARD DE VINCI

Page 3: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre 2019

Commissaire de l’exposition Pietro C. Marani, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université polytechnique de Milan

Comité scientifique Pietro C. Marani

Luisa Cogliati Arano, professeur à l’Université de PavieFrançois Saint Bris, président, Château du Clos Lucé

Romain Descendre, professeur d’Études italiennes, École Normale Supérieure, UMR Triangle, LyonLaure Fagnart, chercheuse à l’Université de Liège

Maria Teresa Fiorio, vice-présidente de l’Ente Raccolta Vinciana, MilanNello Forti Grazzini, expert de la tapisserie de la Renaissance, Milan

Barbara Jatta, directrice des Musées du Vatican, Cité du VaticanAlessandra Rodolfo, conservatrice, département de l’Art du XVIIe et XVIIIe siècles,

et département des tapisseries et tissus, Musées du Vatican, Cité du VaticanMarino Viganò, directeur, Fondazione Trivulzio, Milan

Restauration de la tapisserie de la Cène d’après Léonard de Vinci Restauratrices du Laboratoire de restauration des tapisseries et tissus des Musées du Vatican :

Chiara PavanEmanuela PignataroLaura Pace Morino

Viola Ceppetelli

Le résultat est là sous nos yeux avec cette incroyable récupération des couleurs et aussi les formidables découvertes générées par ce travail complexe. L’étude de l’envers de la tapisserie dans le but de répondre aux questions innombrables posées au cours des décennies précédentes ainsi que l’analyse des fils et des pigments de couleur ont fourni des indices fondamentaux sur la datation et la fabrication de l’œuvre. La recherche réalisée dans le Cabinet de recherche scientifique en parallèle du travail effectué entre les murs du Vatican, s’est avérée remarquable.Le travail sur les archives et la recherche muséographique ont également permis de raconter l’histoire de la tapisserie au Vatican. Cette œuvre extraordinaire déjà présente dans les inventaires de la Floreria Apostolica en 1536, a été immédiatement reconnue et, compte-tenu de sa nature, a souvent été intégrée à la vie de la Curie Pontificale. En lui donnant davantage de visibilité et de luminosité, c’est la restauration de la tapisserie qui constitue le point fort de cette exposition. Et c’est pour cette raison que la Direction des Musées du Vatican a souhaité dédier cette restauration à Natalia Maovaz, grande spécialiste de la conservation des tissus, que seule sa générosité d’âme, en la faisant disparaître dans des circonstances tragiques, a privé de l’honneur de travailler sur cette précieuse œuvre d’art.

Page 4: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

500 ans !

2 mai 1519 - 2 mai 2019 : cinq siècles plus tard, un anniversaire millésimé, les présidents de la République français et italien ayant célébré, au Clos Lucé d’Amboise, ce « génie universel », archétype absolu du savoir et du talent, que fut Leonard de Vinci. Un Immortel qui, en cette année de mémoire à sa gloire, fait rayonner sa dernière demeure, où il vécut de 1516 à 1519, à travers divers événements, dont une exposition d’exception, conçue autour d’une œuvre précieuse qui, pour la première fois, quitte les Musées du Vatican pour être exposée à l’étranger.

En l’occurrence, la tapisserie de la Cène, chef d’œuvre en soie, fils d’or et d’argent, complété d’une bordure en velours pourpre, et reprenant la mythique fresque que le maître toscan composa, entre 1494 et 1498, sur un mur du réfectoire du couvent de Santa Maria della Grazie, à Milan. Ce panneau textile lie la France et l’Italie depuis 1533, date à laquelle le roi François Ier l’offrit, à Marseille, au pape Clément VII, de la famille des Médicis, à l’occasion des noces de sa nièce, Catherine de Médicis, avec Henri de Valois, fils du souverain et héritier du trône.

Par son exposition, au milieu d’un ensemble d’œuvres prestigieuses, qui situe le contexte historique, artistique et personnel dans lequel Léonard de Vinci a évolué à Amboise, ce trésor pontifical se retrouve pour la première fois hors du Vatican, au Château du Clos Lucé.

POURQUOI CETTE EXPOSITION

Caron Antoine (1521-1599)Les présents échangés entre Clément VII et François Ier à Marseille

Ce dessin appartient à une série de dessins exécutés pour « L’Histoire Françoyse de nostre temps », manuscrit commandé

par Nicolas Houel, apothicaire, et donné à Catherine de MédicisRF29752-12-recto

Localisation : Paris, musée du Louvre, D.A.G.Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

Empoli, Jacopo da (Chimenti, Jacopo 1551-1640)Mariage de Catherine of Medici et Henry II de France. Florence, Galleri degli Uffizi. Huile sur toile, 227 x 235 cm. Inv. 1890 n°5470 (restorée en 2007).© 2019. Photo Scala, Florence

Page 5: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

Ecrin de fer pour précieuse œuvre d’art

Dans son espace muséographique de style Eiffel, entièrement réhabilité, le Château du Clos Lucé présente la monumentale tapisserie de la Cène, plusieurs focus sur ses détails la mettant en lumière.

Tout autour, plusieurs salles replacent dans son contexte ce chef d’œuvre. La fresque textile est ainsi précédée d’une section mettant en évidence les rapports antérieurs entre la Cour de France, Léonard de Vinci et ses disciples, avec des œuvres d’Andrea Solario, d’Andrea del Sarto et de Bernardino de Conti, commandées par des notables de la Cour de Louis XII, d’abord, comme Georges et Charles d’Amboise, et de François Ier ensuite, comme le maréchal Jean-Jacques de Trivulce. Une autre section s’arrête sur la riche iconographie liée aux commanditaires de la tapisserie, François Ier et sa mère, Louise de Savoie. De tableaux en dessins et de médailles en trésors d’orfèvrerie, d’autres espaces évoquent encore Vinci, ses œuvres et leurs copies, ses élèves, sa fortune et son héritage, autour de documents et tableaux provenant de collections publiques et privées, tel l’illustre François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Enfin, l’exposition évoque le séjour de Léonard de Vinci en France et les travaux réalisés au Clos Lucé ou commandés par le Roi François Ier.

Clou de l’exposition, la saisissante tapisserie est aussi expliquée à l’heure de sa récente restauration dans les ateliers des Musées du Vatican, essentiel préalable à cette première sortie de l’œuvre hors d’Italie, cinq siècles après sa fabrication.

LE PROPOS DE L’EXPOSITION & LE PARCOURS PROPOSÉ

Atelier de Jean ClouetPortrait de Louise de Savoie,

mère de François Ier, après 1516 -1518

Huile sur panneau, 22,6 × 17,7 cm

Toulouse, Fondation Bemberg,

Pierre Révoil (1776-1842)Portrait de François Ier (d’après Titien)

Premières décennies du XIXe siècle. Huile sur toile, 81 × 65 cm

Collection privée, Château du Clos Lucé

CONTRIBUTEURS ET

MUSÉES PRÊTEURS

Musées du Vatican, Rome

Archives d’Etat de Florence, Florence

Bibliothèque Nationale de France, Paris

Bibliothèque Ambroisienne, Milan

Château Royal de Blois, Blois

Ente Raccolta Vinciana, Milan

Fondation Trivulzio, Milan

Fondation Bemberg, Toulouse

Galerie des Offices, Florence

Giulio Melzi d’Eril, Collection privée

Marco Brunelli, collection privée, Milan

Musée Civici, Pavie

Musées de Chambéry, ville de Chambéry

Musée du Louvre, Paris

Musée Saint-Vic, Saint-Amand-Montrond

Page 6: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

Trame de soie, d’argent et d’or, l’énigme de la tapisserie de La Cène

La tapisserie de la Cène, plusieurs fois restaurée dans sa longue histoire, tenait du chef-d’œuvre en péril, avant que sa récente restauration et, dès lors, la restitution de ses couleurs ne lui redonnent tout son éclat. Mis en lumière dans le cadre de l’exposition, ce travail délicat a généré de précieuses révélations.

Si la tapisserie, dont le commanditaire et la provenance ont donné lieu à maintes suppositions et conjectures recèle encore bien des mystères, notamment celui de l’atelier, probablement flamand, où elle a été tissée, le lien établi avec François Ier et sa mère, Louise de Savoie, est désormais indiscutable du fait des multiples références héraldiques et symboliques leur étant liées.

L’étude de l’envers de la tapisserie et l’analyse des fils et des pigments de couleur ont en effet fourni des indices fondamentaux sur la datation et la fabrication de l’oeuvre. Tissée après l’accession de François Ier au trône, elle est en fait datée d’entre 1516 et 1524. On ne sait par contre à qui fut confiée la tâche ardue de réaliser le carton nécessaire à sa fabrication. L’artiste ayant repris la Cène de Vinci pourrait être l’un des nombreux artistes qui gravitaient autour de la cour française, à moins qu’il ne s’agisse de Léonard lui-même.

La tapisserie affiche plusieurs références aux dessins du maître, des nœuds vinciens et à ses croquis de paysages, faisant référence à l’Italie et à la France. Habituellement exposée à la Pinacothèque Vaticane, l’anonyme merveille textile y côtoie des chefs-d’œuvre de Raphaël.

LA RESTAURATION & LES RÉVÉLATIONS

Dès le départ, la lecture iconographique de l’œuvre a donc permis aux chercheurs de relier la commande de la tapisserie à la mère et au fils. D’abord en faisant l’hypothèse d’une datation antérieure à l’accession au trône de François Ier (1515) et en se basant sur le fait que les salamandres n’étaient pas couronnées mais aussi et surtout, sur l’idée que le rehaut mentionné dans le document de 1533 concernait l’ajout du blason royal. Ces observations ont induit le fait que l’œuvre avait été réalisée avant 1515, donc sous le règne de Louis XII, fervent admirateur des peintures de Léonard de Vinci au point de vouloir, comme le disent les sources, trouver le moyen de rapporter en France la peinture murale de la Cène qu’il avait tant admirée à Milan lors de son séjour en 1499.Il se trouve que seule l’observation de l’envers de la tapisserie aurait pu confirmer l’hypothèse de l’ajout du blason et que cette opération a justement été rendue possible par l’opération de restauration. Or, la vérification de l’envers a montré que le blason faisait partie intégrante de l’oeuvre qui présente une texture homogène dépourvue d’ajouts. La tapisserie aurait donc été tissée après 1515, donc après l’accession de François Ier au trône, mais la présence du double cordon dans le collier de l’Ordre de Saint-Michel qui ceinture le blason viendra confirmer ultérieurement une chronologie plus tardive.En effet, peu de temps après son accession au trône, au cours de l’une des premières réunions de l’Ordre à Blois en septembre 1516, François Ier a demandé que soit modifié le collier de l’Ordre et que l’on remplace les aiguilletes originales reliant par un double cordon les coquillages les uns aux autres par des noeuds évoquant le cordon franciscain ou celui de la maison maternelle de Savoie, motif qui figure encore aujourd’hui sur la tapisserie.

Alessandra Rodolfo, conservatrice, département de l’Art du VIIe et XVIIIe siècles, et département des Tapisseries et tissus, Musées du Vatican, Cité du Vatican

Page 7: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

Un langage visuel mêlant l’Italie et la France

Considérée comme la plus ancienne reproduction intégrale d’une composition italienne parmi les plus célèbres, de dimensions impressionnantes (5,13m de haut et 9,10m de long) et d’une grande sophistication technique par sa trame, cette spectaculaire tapisserie surgit pour la première fois en France dans l’inventaire du château royal de Blois parmi les textiles choisis pour faire le voyage jusqu’à Marseille. Reprenant avec une fidélité remarquable, pour la scène principale du Christ et des douze apôtres attablés à ses côtés, l’iconique tableau de Vinci, elle diffère par contre par son décor. La structure sobre et austère qui entoure le banquet est ici remplacée par une architecture de style Renaissance, la scène semblant recourir à un langage visuel mêlant l’Italie et la France, auquel s’ajoute çà et là une touche de la Flandre, où l’œuvre aurait été tissée.

Souvent intégrée à la vie de la Curie pontificale, ce textile historié fut ainsi exposé lors de célébrations qui se déroulaient au Vatican, telles celle du Lavement des pieds du Jeudi saint. Ou dans le cadre d’événements, notamment deux fois en 1929, sur la place Saint-Pierre, pour une procession eucharistique dite de « réconciliation », puis dans la cour du Belvédère pour accueillir la jeunesse catholique au coeur du nouvel Etat de la Cité du Vatican.

Les études menées à ce jour sur cette œuvre ont nourri l’intérêt porté à sa réalisation et à la relation artistique, chronologique et stylistique de cette tapisserie avec la fresque iconique de Léonard de Vinci dans le réfectoire de Santa Maria delle Grazie, à Milan.

L’HISTOIRE DE L’ŒUVRE

Détails de la tapisserie de la Cène© DR - Photo © Gouvernorat du S.C.V. - Direction des Musées du Vatican

Monogramme de Louise de Savoie

Blason royal avec l’emblême de France

La salamandreemblême de François Ier

Page 8: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

UNE INTERVENTION CONSERVATRICE

14 mois de travail

Avant l’intervention de restauration, la Cène a fait l’objet d’une analyse préliminaire précise de son état de conservation, afin d’élaborer la méthode d’intervention la plus appropriée pour ne pas générer de stress excessif pour l’œuvre. En raison de l’état de conservation précaire, une méthodologie s’appuyant sur un protocole conservateur spécifique a été mise en œuvre. Parallèlement, le Centre de Recherche Scientifique des Musées du Vatican a effectué des tests de diagnostic, notamment sur la scène centrale, où ont été menées des investigations infrarouges et ultraviolettes pour mieux identifier le type de colorants utilisés. Ces analyses ont généré un nettoyage à sec, purement mécanique, avec une aspiration de toute la surface de la tapisserie, puis l’élimination de la couche considérable des particules qui ont opacifié les couleurs de la scène. Cette opération a été réalisée en plaçant un filet de protection sur la tapisserie pour éviter toute perte de matériel et surveillée à l’aide de filtres capables de contrôler les salissures éliminées. Pour réhydrater les fibres séchées, il a été décidé de procéder à une humidification contrôlée de toute la surface. Pour cette opération, une feuille de PVC a été étalée sur le sol. Un tissu de coton humidifié avec de l’eau déminéralisée au pH neutre a été posé dessus avant d’y placer la tapisserie. Des éponges naturelles, humidifiées avec la même eau, ont été utilisées pour éponger le recto de l’œuvre afin d’éliminer les saletés superficielles et de redonner de la brillance à la couleur.Roulée sur deux rouleaux, la tapisserie a ensuite été placée sur des tables pour en consolider les zones fragiles avec des points d’arrêts cousus avec un fil fin et une aiguille chirurgicale. La technique du sandwich a été utilisée. Cette méthode de restauration textile consiste à placer l’œuvre entre deux tissus : l’un servant de support, a pour objet de consolider, et l’autre, cousu sur l’œuvre, a pour rôle de protéger. Dans ce cas, le tissu de doublure déjà existant a été utilisé comme tissu de support, et pour protéger la surface de la tapisserie, le tulle de nylon, grâce à sa structure particulière en nid d’abeille, a répondu aux exigences essentielles de transparence, tendreté/douceur et élasticité. Placé en protection des zones les plus dégradées, ce tulle a été façonné et teint en fonction de la zone à laquelle il était destiné. Etudiées de façon à mettre en valeur la teinte de la tapisserie, les couleurs du tulle ont ainsi permis de récupérer une partie de la palette de couleurs d’origine, une trentaine de recettes de couleurs ayant été créées.Un autre type d’intervention a été choisi pour la nappe, particulièrement dégradée par des lacérations, coupures et décompositions. Des supports en organsin de soie, teints de la même couleur que les fragments à restaurer, ont été insérés sur les zones à consolider. Ces supports en organsin ont été fixés par des points cousus avec un fil de soie de couleur appropriée. Dans ce cas également, afin de protéger davantage l’intégralité de la surface, il a été jugé indispensable de recouvrir la partie affectée d’un tissu de crêpeline, fixé avec des points de couture en fil de soie. Un adhésif doux a permis de répondre aux exigences en matière d’élasticité, d’adhérence et de réversibilité.Une dernière opération a consisté à réaliser une doublure d’un coton très léger, selon la technique des losanges, qui permet une répartition plus équitable des poids et des tensions possibles lors de la suspension de l’œuvre.

Chiara Pavan, Responsable du Laboratoire de restauration des tapisseries et des tissus, Musées du Vatican, Cité du Vatican

En haut à gauche : Application de l’adhésif Klucel GEn haut à droite : Choix de tulles de différentes teintes utilisés

Détail : couture à point poséCoulisses du laboratoire de restauration des tapisseries et des tissus, Musées du vatican

Photo © Gouvernorat du S.C.V. - Direction des Musées du Vatican

Page 9: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre
Page 10: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

Commissaire de l’exposition,Professeur d’histoire de l’art moderne à l’Université polytechnique de Milan

Professeur titulaire, il enseigne l’histoire de l’art moderne et la muséologie au Politecnico de Milan, où il fait partie d’une équipe de docteurs en design. Auparavant, Pietro Marani a été directeur de la Soprintendenza per i Beni Artistici e Storici, vice-directeur de la Pinacoteca di Brera à Milan et co-directeur de la campagne de restauration de « La Cène » de Léonard de Vinci. Il est également président de l’Ente Raccolta Vinciana, fondée en 1904, appartenant au Castello Sforzesco, à Milan. Par ailleurs, il a contribué à la Commissione Nazionale Vinciana de Rome, fondée en 1903, et est aujourd’hui membre du comité national pour la célébration de l’anniversaire de la mort de Léonard de Vinci (1519-2019). Il est l’auteur de plus de deux cents essais et ouvrages sur Léonard de Vinci, Francesco di Giorgio Martini et des artistes lom-bards de la Renaissance tels que Ambrogio Bergognone, Bramantino et Bernardino Luini. Il a également écrit sur la peinture et l’architecture de la Renaissance italienne, ainsi que sur les problématiques inhérentes à la muséologie et à la restauration. Il a collaboré au catalogue des œuvres d’art conservées dans les musées milanais suivants : Pinacoteca di Brera, Pinacoteca del Castello Sforzesco, Pinacoteca Ambrosiana et Quadreria dell’Arcivescovado. Pietro Marani a dirigé le catalogue des peintures conservées au musée Bagatti Valsecchi et des œuvres d’art du musée Certosa de Pavia (avec B. Fabjan). Il a également publié le catalogue des dessins de Léonard de Vinci et de son cercle, conservés dans des musées publics français (2008). En 2003, il a participé à la création de deux expositions majeures consacrées aux dessins et manuscrits de l’artiste toscan, au Metropolitan Museum de New York et au Louvre à Paris. Par ailleurs, il a été organisateur et commissaire de plusieurs expo-sitions dans de nombreuses métropoles : Musée des Beaux-Arts de Montréal ; Palazzo Grassi à Venise ; Palazzo Reale, Castello Sforzesco, Pinacoteca di Brera et Biblioteca Ambrosiana à Milan ; Palazzo Pitti et Casa Buonarroti à Florence ; Palazzo del Quirinale et Musei Capitolini à Rome ; Musée d’Art de Tokyo. Certains de ses ouvrages ont été traduits dans huit langues. Il était également commissaire de l’exposition événement (avec M.T. Fiorio) « Léonard de Vinci 1452-1519. Dessiner le monde » au Palazzo Reale de Milan, organisée à l’occasion de l’Exposition universelle en 2015.

PIETRO C. MARANI

Directrice des Musées du Vatican

Barbara Jatta est née à Rome le 6 octobre 1962, a épousé Fabio Midulla en juillet 1988, dont elle a eu 3 enfants : Marco, Fabiola et Giorgio.Elle s’est licenciée en Lettres en 1986 à l’Université « La Sapienza » de Rome avec une thèse sur l’Histoire du dessin, de la gravure et des arts graphiques. Elle a suivi dans la même université la spécialisation en Histoire de l’Art en 1991 (programme triennal). Elle a participé à plusieurs stages de spécialisation à l’étranger, en Angleterre, au Portugal et aux Etats-Unis. De 1981 à 1996, elle était collaboratrice à l’Institut national du graphisme, à Rome, d’abord en tant que restauratrice de matériel graphique, avant de participer au catalogage des fonds de dessins, de gravures, de xylographies et de lithographies de l’Institut. Des années 1990 à aujourd’hui, elle a enseigné dans différentes institutions et a donné des cours de spécialisation. De 1994 à 2016, elle a été titulaire du cours d’Histoire des techniques et des arts graphiques à la Faculté de Lettres de l’Université « Suor Orsola Benincasa » à Naples, où elle est aussi, depuis 2014, membre du Conseil d’administration de la Fondazione Pagliara. De 1996 à 2016, elle a été Responsable du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque apostolique vaticane, pour laquelle elle était aussi membre des commissions Expositions, Entrées, Acquisitions, Publications et Catalogages. Le 8 septembre 2010, le Saint-Père Benoît XVI l’a nommée Commissaire aux Estampes à la Bibliothèque aspotolique vati-cane. En 2005, elle a été cooptée dans le Gruppo dei Romanisti. De 2010 à 2016, elle a été membre effectif de l’association internationale des Directeurs de Cabinets de dessins et d’estampes, l’International Advisory Committee of Keepers of Public Collections of Graphic Art. Depuis 2010, elle est membre du comité scientifique de la revue Grafica d’Arte. Elle a collaboré et organisé personnellement plusieurs expositions. Elle a aussi pris part à de nombreuses initiatives éditoriales en histoire des arts graphiques et de l’art.Après avoir été nommée, le 15 juin 2016, Vice-Directrice des Musées du Vatican, depuis le 1er janvier 2017, elle a été appelée par le Pape François à diriger les collections pontificales en tant que Directrice des Musées du Vatican.

BARBARA JATTA

Page 11: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

COMMISSAIRE DE L’EXPOSITIONPietro C. Marani, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université polytechnique de Milan

COMITÉ SCIENTIFIQUEPietro C. MaraniLuisa Cogliati Arano, professeur à l’Université de PavieFrançois Saint Bris, président, Château du Clos LucéRomain Descendre, professeur d’Études italiennes, École Normale Supérieure, UMR Triangle, LyonLaure Fagnart, chercheuse à l’Université de LiègeMaria Teresa Fiorio, vice-présidente de l’Ente Raccolta Vinciana, MilanNello Forti Grazzini, expert de la tapisserie de la Renaissance, MilanBarbara Jatta, directrice des Musées du Vatican, Cité du VaticanAlessandra Rodolfo, conservatrice, département de l’Art du XVIIe et XVIIIe siècles, et département des Tapisseries et tissus, Musées du Vatican, Cité du VaticanMarino Viganò, directeur, Fondazione Trivulzio, Milan

PRÊTEURSBlois, château royal de BloisVille de Chambéry, collection des musées de ChambéryCité du Vatican, Musées du VaticanFlorence, Archives d’État de FlorenceFlorence, Galerie des OfficesMilan, Vénérable Bibliothèque AmbrosienneMilan, Ente Raccolta VincianaMilan, Fondation TrivulzioParis, musée du Louvre, département des Arts graphiquesParis, Bibliothèque nationale de FrancePavie, Musée civiqueSaint-Amand-Montrond, musée Saint-VicToulouse, Fondation BembergMilan, Marco Brunelli, collection particulièrePavie, Giulio Melzi D’Eril, collection particulière

RESTAURATION DE LA TAPISSERIE DE LA CÈNE D’APRÈS LÉONARD DE VINCI, Restauratrices du Laboratoire de restauration des tapisseries et tissus des Musées du Vatican :Chiara PavanEmanuela PignataroLaura Pace MorinoViola Ceppetelli

CHÂTEAU DU CLOS LUCÉPARC LEONARDO DA VINCIFrançois Saint Bris, présidentCatherine Simon Marion, déléguée généraleSandra Chupin, coordinatrice de l’expositionIrina Metzl, chargée de communicationEleonora Pavesi, assistante

RESTAURATION ET RÉHABILITATION DE LA HALLE MUSÉOGRAPHIQUE DU CLOS LUCÉFrançois Saint Bris, présidentMichaël Petitjean, secrétaire généralStéphane Darras, responsable techniqueCabinet d’architectes Morris et Renaud, Antoine Renaud et Daphné Person, architectes

CARTELS DÉTAILLÉS RÉDIGÉS D’APRÈS LES NOTICES DE :Rosalba Antonelli ; Paola Cordera ; Pietro C. MaraniGiulio Melzi d’Eril ; Alessandra Rodolfo ; Jan SammerMarco Versiero

RÉDACTEURJean-Luc Péchinot, journaliste

SCÉNOGRAPHIEArc-en-Scène, Anne Carles et Anabelle Jeanne, scénographesCécile Philibert, graphisteVersion Bronze, socleurBoscher, imprimeur

L’EXPOSITION

CATALOGUE DE L’EXPOSITIONLe catalogue de l’exposition, placé sous l’autorité de Pietro C. Marani et remarquablement édité par les éditions Skira (Milan/Genève). Il est composé de 248 pages, avec des contributions inédites de nombreux universitaires et experts, spécialistes de l’œuvre de Léonard de Vinci, et une notice détaillée sur la restauration de la tapisserie. Ces études et recherches scientifiques font encore progresser la connaissance de Léonard de Vinci et de son œuvre.CONTRIBUTEURS : Pietro C. Marani, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université polytechnique de Milan, commissaire de l’exposition ; Barbara Jatta, directrice des Musées du Vatican ; Alessandra Rodolfo, conservateur du département de l’Art des XVIIe et XVIIIe siècles ainsi que du département des Tapisseries et Tissus, Musées du Vatican ; Luisa Cogliati Arano, Auteur, spécialiste de Léonard de Vinci et de la Renaissance ; Maria Teresa Fiorio, Auteur, spécialiste de Léonard de Vinci et de la Renaissance ; Roberta Ramella, Chercheur, DATSU, Politecnico di Milano ; Marino Viganò, Directeur, Fondazione Trivulzio, Milan ; Jan Sammer, officier auprès du Conseil de l’Union européenne ; Laure Fagnart, Directrice de l’unité de recherche Transitions. Moyen Âge & première modernité ; Romain Descendre, Professeur d’études italiennes, Ecole Normale Supérieure, UMR Triangle, Lyon.

Cette exposition a été rendue possible grâce au soutien financier de la Région Centre - Val de Loire.

Page 12: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

La Renaissance, vaste mouvement intellectuel, artistique et humaniste né en Italie et en Flandres, consacre le retour aux sources fondatrices de l’Antiquité grecque et romaine pour s’étendre sur toute l’Europe. Elle parvient en France sous les règnes dynastiques successifs de trois rois de France, de 1494 à 1547. Fascinés par l’Italie, les souverains Valois n’ont de cesse de franchir les Alpes en faisant venir auprès d’eux artisans, artistes et architectes qui rapportent de leurs campagnes outremonts nouvelles techniques et collections d’art pour édifier et embellir villes, châteaux et jardins, et promouvoir un nouvel art de vivre. Les grandes découvertes, apportant massivement l’or et les épices du Nouveau Monde, contribuent à la prospérité et à l’essor de toute l’Europe. Amboise devient alors le berceau de la Renaissance française. François Ier, subjugué par les multiples talents de Léonard de Vinci, l’invite à résider en France auprès de lui, au Clos Lucé. À l’automne 1516, à l’âge de 64 ans, le maître toscan quitte Rome pour Amboise et entreprend son ultime voyage. Il traverse les Alpes avec Francesco Melzi, son disciple préféré, et Battista De Villanis, son fidèle serviteur milanais. Il emporte avec lui dans ses bagages trois de ses œuvres majeures, la Joconde, le Saint Jean-Baptiste et la Vierge, l’Enfant Jesus et Sainte Anne, ainsi que ses manuscrits et notes accumulés tout au long de sa vie, pour s’installer au château du Cloux, aujourd’hui appelé château du Clos Lucé. Le jeune monarque de 22 ans, auréolé de la gloire de sa victoire de Marignan, le nomme « premier peintre, ingénieur et architecte du roi ». Il lui accorde la jouissance de sa résidence de plaisance, complétée par une rente princière de mille écus d’or par an. Le roi lui ouvre ses plus larges crédits et le comble avec sa cour de toute son affection. Il lui voue une admiration quasi filiale et l’appelle « mon père », ne passant pas de jours à Amboise sans lui rendre visite.C’est ainsi au Clos Lucé que commence l’histoire française des trois chefs-d’œuvre de Léonard de Vinci qui rejoindront les collections royales avant d’être conservés au musée du Louvre. La fascination du roi François Ier pour ces chefs-d’œuvre et notamment pour la Cène avait déjà pris forme sous l’ascendance de sa mère Louise de Savoie. Elle s’inscrit dans la continuité de l’influence culturelle et artistique, de l’admiration et de l’engouement que le maître toscan a exercés sur les deux précédents rois de France, Charles VIII et Louis XII, consacrant ainsi le lien exceptionnel entre Léonard de Vinci, la France et l’Italie à l’époque rayonnante de la Renaissance.Pendant ses dernières années au Clos Lucé (1516-1519), Léonard de Vinci reste très actif et multiplie les projets. Artiste de Cour, il se présente comme le « pittore del re », le peintre du roi, et apporte, dans ses ateliers du Clos Lucé, les dernières touches aux œuvres qu’il a emportées avec lui, dont la Sainte Anne.

LÉONARD DE VINCI AU CHÂTEAU DU CLOS LUCÉ (1516-1519)

Bordures : Léonard de Vinci, la série des déluges1518 - 1519Royal library Windsor castle The Royal Collection © Her Majesty Queen Elizabeth II

Léonard de Vinci, Etudes de draperies pour la Sainte Anne 1517 - 1518 © Paris, musée du Louvre, D.A.G

Page 13: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

En tant qu’ingénieur et architecte, il travaille sans relâche sur plusieurs grands projets d’urbanisme et d’hydraulique faisant l’objet de commandes royales. Léonard de Vinci se livre à plusieurs études sur l’hydrographie de la région, qu’il parcourt à cheval. Il trace les cartes des bassins de la Loire, du Cher, de la Saône et de l’île d’Or à Amboise. Il imagine un projet structurant pour le royaume qui consiste à relier le Val de Loire au Lyonnais par un système de canaux et d’écluses afin de gagner plus facilement l’Italie. Il projette d’assécher les marais insalubres de la Sologne et dessine des pavillons démontables pour la Cour, toujours en mouvement. Il conçoit pour le roi le projet architectural d’un immense et grandiose palais, et les plans d’une ville idéale à Romorantin, nouvelle capitale du royaume, une « nouvelle Rome ». Il inspire sans doute l’architecture de Chambord par deux concepts fondamentaux : celui du plan centré en croix et celui de l’escalier à double révolution. En tant qu’organisateur de fêtes pour le roi et sa cour, il met en scène pas moins de quatre somptueuses fêtes, dont la « fête du Paradis » qu’il donne au « palazzo del Cloux » le 17 juin 1518. Il dessine des costumes de scène et maîtrise l’art des effets spéciaux. Il conçoit encore le projet d’une statue équestre pour François Ier.Léonard de Vinci disait : « Une journée bien remplie donne un bon sommeil, une vie bien remplie donne une mort tranquille. » Le 23 avril 1519, veille de Pâques, considérant la certitude de la mort et l’incertitude de son heure, il fait son testament, rédigé par maître Guillaume Boureau, notaire en la cour royale. Le 2 mai 1519, considérant que « nul ne va au néant », il rend l’âme au Clos Lucé, à l’âge de 67 ans. Francesco Melzi, son disciple et héritier testamentaire, écrit aux frères de l’artiste : « Il est sorti de la vie présente, le deuxième jour de mai avec tous les sacrements de la Sainte Mère l’église et bien préparé. » Léonard de Vinci connaît enfin la plénitude de la lumière et rejoint « l’opérateur de tant de choses merveilleuses ».

Benvenuto Cellini rapportera plus tard la profonde estime et l’immense admiration que porte à Léonard de Vinci François Ier, pour qui il n’existe pas « d’autre homme qui fut né au monde qui en sache autant que Léonard de Vinci aussi bien en sculpture, peinture et architecture, d’autant qu’il était un grand philosophe ». François Ier est-il à son chevet, comme l’écrit Vasari, ou à Saint-Germain-en-Laye, où la Cour célèbre la naissance de son deuxième fils, le futur Henri II ? Le fait restera sans doute toujours incertain et contesté.

Conformément aux dernières volontés de Léonard de Vinci, son corps est porté en terre dans la crypte de la collégiale Saint-Florentin, dans l’enceinte même du château royal d’Amboise. Le cortège est composé de chanoines, de chapelains, de religieux et de frères mineurs, escortés par soixante mendiants portant des flambeaux. La crypte est dévastée pendant les guerres de Religion et les tombes sont profanées et saccagées. La collégiale Saint-Florentin est démolie en 1807, comme une grande partie de la forteresse d’Amboise, par son propriétaire Roger Ducos, ancien conventionnel devenu dignitaire sous le Second Empire. De premières fouilles sont entreprises en 1863 par l’historien Arsène Houssaye, inspecteur général des Beaux-Arts. Ces fouilles mettent au jour un cercueil de pierre et des fragments de sépulture avec les ossements présumés de Léonard de Vinci, qui sont transférés en 1874 dans la chapelle Saint-Hubert du château royal d’Amboise. Le maître toscan y repose désormais pour l’éternité.

La mort de Léonard de Vinci : Le dessin prépare une des deux compositions qu’Ingres peignit pour le comte de Blacas, ambassadeur de France à Rome, en 1818Paris, musée du Louvre, D.A.G. Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

Page 14: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

LÉONARD DE VINCI, LE MYTHE

La construction du mytheD’après les travaux de Paola Cordera pour le catalogue « Léonard de Vinci et la France »

Parmi les artistes italiens qui ont travaillé en France au XVIe siècle à la cour des Valois, aucun n’a joui d’une vénération comparable à celle que le XIXe siècle a vouée à Léonard de Vinci. Cette popularité a grandi conjointement au regain d’intérêt pour certains acteurs de l’âge d’or, glorifiés avec une intensité particulière en France au moment où la célébration de la monarchie trouvait son expression concrète dans la fabrication du mythe de l’histoire nationale et des fastes du passé.

1568 : Giorgio Vasari dans son recueil biographique « Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes » pose les premiers jalons de l’histoire d’un artiste - savant devenu symbole. La représentation devenue légendaire, par les peintres romantiques, du récit de Vasari de la scène célèbre où Léonard de Vinci rend l’esprit dans les bras de son souverain illustre pour l’éternité le mythe flamboyant du mécénat royal entre le jeune monarque protecteur des arts et des lettres et le plus grand artiste de la Renaissance.

1781 : les peintures de François-Guillaume Ménageot (1744-1816), Joseph-Marie Vien (1716-1809), Jean Gigoux (1806-1894) et Joseph-Nicolas Robert-Fleury (1797-1890) puis, en 1818, l’œuvre de Jean-Auguste-Dominique Ingres « François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci » contribuent à la construction du mythe largement célébré dans l’iconographie du XIXe siècle. En littérature, Arsène Houssaye (1814-1896), auteur d’une Histoire de Léonard de Vinci publiée en 1869, Théophile Gautier ou encore Charles Baudelaire nourris de symbolisme consolident le phénomène. Léonard de Vinci fait figure de « surhomme » aux pouvoirs et savoirs exceptionnels.

Fin XIXe : les douze manuscrits de Léonard de Vinci conservés à la Bibliothèque de l’Institut de France depuis 1796 sont traduits offrant une interprétation scientifique, historique et réaliste de la figure de l’artiste.

Au XXe : Paul Valéry dans son « Introduction à la méthode de Léonard de Vinci » entend relier le scientifique à l’artiste, le savant au créateur. Sigmund Freud apporte sa propre lecture à la personnalité de l’artiste dans « Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci ». La désacralisation du mythe prend forme avec le peintre surréaliste Marcel Duchamp ou Francis Picabia. Léonard de Vinci ne cesse d’être célébré, interprété, parfois détourné, d’Andy Warhol à Dan Brown, et certainement en 2020 dans le biopic que Leonardo DiCaprio souhaite lui consacrer sur la base du roman de Walter Isaacson.

Léonard de Vinci, Les proportions du corps humain selon Vitruve, Inv. 228, © Venise, Gallerie dell’Academia

Francesco Melzi, Portait de Léonard de Vinci, 27,5 x 19 cm, c.1515-18© Photo Royal Collection Trust

Marcel Duchamp, L.H.O.O.Q© Paris, Musée national d’Art moderne

Page 15: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

Transmettre l’héritage de Léonard de Vinci La mission d’une famille

Le château du Clos Lucé, demeure de Léonard de Vinci, a pour vocation d’être un lieu de référence et de synthèse dédié à la connaissance de l’artiste et à l’interprétation de son œuvre. En 1855, la famille Saint Bris acquiert le domaine du Clos Lucé. En 1954, cent ans plus tard, Hubert et Agnès Saint Bris tentent passionnément une nouvelle aventure et prennent la décision d’ouvrir entièrement au public la maison de Léonard de Vinci afin de le faire connaître au plus grand nombre. Ils se consacrent à la restauration pierre par pierre de cette demeure, avec l’aide des artisans des Monuments historiques, traitant avec les mêmes méthodes que leurs ancêtres des XVe et XVIe siècles la pierre, le bois et le vitrail pour lui rendre le caractère qu’elle avait du temps de Léonard de Vinci, à la période éblouissante de la Renaissance. En 2016, à l’occasion du 500e anniversaire de l’arrivée de Léonard de Vinci au Clos Lucé, ses ateliers ont été restaurés et restitués dans l’esprit d’une bottega de la Renaissance. Depuis, la famille Saint Bris, fidèle à la vocation du château du Clos Lucé, poursuit sa mission culturelle de transmission de l’héritage, de la mémoire et de la connaissance de Léonard de Vinci dans le lieu même où il vécut. Le projet du Clos Lucé pour la décennie 2020-2030 est de créer sur le domaine un nouveau pôle culturel, le « Centre d’interprétation international sur Léonard de Vinci, la Renaissance et le XXIe siècle ». L’objectif de l’entreprise culturelle familiale est d’y décliner l’ensemble des savoirs de Léonard dans un espace unique au monde, pour que les visiteurs découvrent en un seul voyage et un seul lieu tout l’univers de Léonard de Vinci. Ce sera une étape déterminante dans la vie du Clos Lucé et son développement. Comme un nouveau souffle, un nouvel élan vers le futur…Léonard de Vinci incarne l’archétype de l’homme de la Renaissance qui a su faire la synthèse parfaite entre les arts et les sciences. Cinq cents ans après sa mort, il a atteint l’immortalité et l’éternité. Il est l’homme de tous les talents et de tous les savoirs. Il aborde tous les domaines de la connaissance. Léonard de Vinci demeure, par sa modernité, très actuel et universel.

LE CHÂTEAU DU CLOS LUCÉ - PARC LEONARDO DA VINCI

Le Clos Lucé, vue du Parc Leonardo da Vinci © Léonard de Serres Les ateliers restitués de Leonard de Vinci © Léonard de Serres

Page 16: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

AILLEURS, SUR LES PAS DE LÉONARD DE VINCI

Le Château du Clos Lucé s’inscrit dans l’ensemble de la démarche portée par la région Centre-Val de Loire pour célébrer les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci à Amboise, du début de la construction du Château de Chambord et de la naissance de Catherine de Médicis à Florence. La Région Centre-Val de Loire fédère des centaines de projets avec la démarche « Viva Leonardo da Vinci, 500 ans de Renaissance(S) en Centre Val de Loire ». Cette programmation exceptionnelle est le fruit d’un élan territorial sans précédent qui a pour vocation de créer un dialogue entre les époques et les grands thèmes de la Renaissance.

« Viva Leonardo da Vinci, 500 ans de Renaissance(S) en Centre Val de Loire »Afin de construire une programmation unique, riche et cohérente, la Région Centre-Val de Loire a souhaité fédérer sous le label des 500 ans de Renaissance(s] les initiatives permettant de créer une dynamique ambitieuse, collective et participative, associant tous les territoires, ses habitants et le tissu économique.

Aux côtés des événements des grands sites, plus de 500 projets ont ainsi été proposés dans le cadre d’un appel à labellisation d’initiatives par les acteurs de la culture, du patrimoine, du tourisme, des sciences, de l’économie ou encore de l’environnement, lancé pour l’occasion en février 2018.

La programmation exceptionnelle de 2019 est donc le fruit d’un élan territorial sans précédent qui a pour vocation de créer un dialogue entre les époques et les grands thèmes de la Renaissance. Cette programmation durable et citoyenne qui associe des manifestations festives et populaires à l’exigence historique et scientifique, est inspirée par l’effervescence de la Renaissance, le génie de Léonard de Vinci et les idées contemporaines, telles que l’humanisme, l’universalité ou encore l’utopie (imaginée en 1516 par Thomas More) et les révolutions actuelles. L’ensemble de ces événements et manifestations compose des destinations et des parcours pour tous, de l’amateur au spécialiste d’arts, de culture, de sciences ou encore d’art de vivre.

Contact presse : Région Centre-Val de Loire : Kim [email protected]él. : +33 (0)6 78 19 76 52

Agence Heymann, Renoult Associées : Sarah Heymann, Leïla Zamiati et Éleonora [email protected], [email protected]él. : +33 (0)1 44 61 76 76

Page 17: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

ChantillyExposition La Joconde nue, 1er juin - 6 octobre 2019

Le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci est l’occasion de célébrer, au Domaine de Chantilly, le génie de cet artiste en présentant une exposition inédite dédiée à l’une de ses œuvres phares, quoique méconnue et énigmatique : la Joconde nue. Le résultat des récentes analyses scientifiques qui ont été menées sur ce formidable dessin sera enfin révélé. L’exposition ambitieuse qui accompagnera l’événement tentera, en rentrant dans l’atelier de Léonard de Vinci, de percer une partie du mystère de cette icône et d’en comprendre la fortune grâce à des chefs-d’œuvre de la Renaissance (Sandro Botticelli, Bartolomeo Veneto, François Clouet…), prêtés spécialement pour l’occasion.Commissaires de l’exposition :Mathieu Deldicque, Conservateur du Patrimoine au musée Condé ; Vincent Delieuvin, Conservateur en chef du Patrimoine au département des peintures, musée du Louvre et Guillaume Kazerouni, Responsable des collections anciennes, musée des Beaux-Arts de Rennes

Contact presse : Agence Heymann, Renoult Associées,Saba [email protected]

Le musée du LouvreExposition Léonard de Vinci, 24 octobre 2019 – 24 février 2020

L’année 2019, cinquième centenaire de la mort de Léonard de Vinci en France, revêt une signification particulière pour le Louvre qui possède la plus importante collection au monde de peintures de Léonard ainsi que 22 dessins.Le musée trouve en cette année de commémoration l’occasion de rassembler autour des cinq tableaux essentiels qu’il conserve, à savoir la Vierge aux rochers, la Belle Ferronnière, la Joconde — qui restera dans la salle où elle est habituellement exposée —, le Saint Jean Baptiste et la Sainte Anne, la plus grande part possible des peintures de l’artiste, afin de les confronter à un large choix de dessins ainsi qu’à un ensemble, restreint mais significatif, de tableaux et de sculptures de l’environnement du maître.Cette rétrospective inédite de la carrière de peintre de Léonard permettra de montrer combien il a mis la peinture au-dessus de tout et comment son enquête sur le monde, qu’il appelait « la science de la peinture », fut l’instrument de son art, dont l’ambition n’était rien moins que d’apporter la vie à ses tableaux. Aboutissement de plus de dix années de travail, qui ont vu notamment l’examen scientifique renouvelé des tableaux du Louvre et la restauration de trois d’entre eux, permettant de mieux comprendre sa pratique artistique et sa technique picturale, l’exposition a également permis de clarifier la biographie de Léonard en reprenant tous les documents d’archives. Elle dressera le portrait d’un homme et d’un artiste d’une extraordinaire liberté.Commissaires de l’exposition :Vincent Delieuvin, conservateur en chef du Patrimoine, département des Peintures, et Louis Frank, conservateur en chef du Patrimoine, département des Arts graphiques, musée du Louvre. Modalités de réservation : En raison de l’affluence attendue, l’exposition « Léonard de Vinci » (24 octobre 2019 – 24 février 2020) sera accessible uniquement sur réservation d’un créneau horaire pour offrir un meilleur confort de visite. La réservation d’un créneau horaire s’applique à tous les visiteurs, y compris à ceux ayant un accès libre ou gratuit au musée. Les réservations seront ouvertes le 18 juin sur www.ticketlouvre.fr

Contact presse : Céline [email protected]él. +33 (0)1 40 20 84 66

Page 18: La Cène - Le Clos Lucé...La Cène de Léonard de Vinci pour François 1er, un chef-d’œuvre d’or et de soie Château du Clos Lucé - Parc Leonardo da Vinci, du 7 juin au 8 septembre

CONTACTSDéléguée générale Catherine Simon Marion

Communication Irina [email protected]

Tel : +33 (0)2 47 57 55 78Mob : +33 (0)6 47 47 31 87

www.vinci-closluce.com

Château du Clos LucéParc Leonardo da Vinci,partie de