journal unisson

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Qui a dit que le rire et l’engagement ne faisaient pas bon ménage ? Le rire est une arme efficace, et c’est ce qu’ont compris les manifestants de l’ONG « Sauvons les riches ». Dès sa création, le collectif fait appel à l’humour et se présente sur son site comme des « jeunes contes- tataires armés de baguettes de pain et de paquets de spaghettis, qui interpellent à leur manière leurs amis les riches, accros à un mode de vie destructeur, non-géné- ralisable, et finalement tellement triste ». L’organisation utilise le rire pour se faire entendre et ça marche ! Elle est à la tête de plusieurs mouvements, dans lesquels les manifestants se déguisent en clowns pour revendiquer leurs droits, et imitent parfois les forces de l’ordre pour les déstabiliser. Le 10 janvier 2014, le groupe toujours fort en idées pour revendiquer ses droits de manière totalement décalée, a envoyé les Daltons devant le Palais du Luxembourg pour protester contre la levée de l’immunité du sénateur Das- sault, soupçonné d’achat de vote et de corruption lors des élections municipales de 2008 à Corbeil-Essonnes. Lucky Luke n’avait qu’à bien se tenir ! Toujours plus loin dans la démesure, la manifestation d’origine américaine et festive Zombie Walk dans la- quelle tous les participants sont déguisés en zombies, est devenue contestataire en 2011 lorsque ses participants ont défilé aux côtés des Indignés 1 . Aujourd’hui, elle est présente dans le monde entier. Plus près de nous, en juin 2014, après le durcissement de leurs conditions d’indemnisation, les intermittents du spectacle ont dit « merde » au gouvernement. Et comment ! Des intermittents se sont déguisés en merde géante : choquer pour mieux attirer l’attention. On a recours à des idées toujours plus folles les unes que les autres pour montrer son mécontentement. Car oui, faire manifester une vache, c’est possible. Même combat pour nos amis les agriculteurs : plus discret mais tout aussi important, une vache, un cochon et une tomate sur pattes accompagnés de Nicolas Sar- kozy et de François Hollande, ont fait une apparition remarquée dans un centre commercial en Bretagne. Sous cet accoutrement, de jeunes agriculteurs mani- festaient pour dénoncer les exportations et appeler les politiques à valoriser la production française. Même les associations s’y mettent ! La statue de la Li- berté avec un nez de clown ? Cela n’a pas de sens ! Et pourtant : le 23 novembre 2014, de grandes statues du monde entier se sont retrouvées affublées d’un nez rouge. Mais d’où provient cette idée farfelue ? L’initiative a été lancée par l’association « Clowns sans Frontières » qui, pour son vingtième anniversaire a lancé cette opé- ration « 1000 nez rouges », dans le but de défendre le droit à l’Enfance. L’opération remporte un énorme suc- cès et plusieurs clichés de nos belles statues grimées en clowns sont désormais disponibles sur la toile. Danser pour les droits de l’enfant ? Pourquoi pas. C’est la solution que l’UNICEF a choisi en 2010, en publiant une chorégraphie sur son compte YouTube. Aux en- gagés de l’association de la reprendre ensuite dans les grandes villes de France. Mais ce ne sont pas les seuls. Depuis 2003, la France voit se multiplier ces hap- penings qu’on appelle désormais, les « flashs mobs ». Beaucoup de grandes associations et ONG telles que La Croix Rouge, ou encore Lutte contre le Cancer ont eu recours à ce type de manifestation pour défendre leurs causes. Amusantes et conviviales, ces manifestations mobilisent plusieurs milliers de manifestants. Moyen efficace pour se faire voir et entendre, puisque la parti- cipation du public est indispensable, l’objectif est avant tout d’attirer l’attention des médias. L’union fait la force ! Ce n’est pas parce qu’on utilise l’humour que le mes- sage passe à la trappe, au contraire, le mariage des deux est un assez bon mélange. Ces manières d’agir attirent plus que la traditionnelle manifestation des « on n’est pas contents ! ». Le rire permet aussi de dédramatiser certaines causes. Faites donc preuve d’originalité pour vous faire entendre ! 1.Mouvement non violent né en Espagne, qui regroupe des mil- lions de manifestants dans une centaine de villes pour réclamer une alternative à la société de consommation après à la crise économique de 2008. une rencontre avec de jeunes militants politiques Service civique obligatoire Le service civique est une initiative gouvernementale créée en 2010. Depuis, nombre de jeunes entre 18 et 25 ans ont pu profiter de ce dispositif qui permet d’acquérir une première expérience. *Rapport public annuel ** Injepn TNS Sofres/ASC FOCUS SUR Aurore KAUFFMANN Des manifestations pas comme les autres REPORTAGE La violence est de plus en plus présente lors de manifestations, ce qui remet en cause la sécu- rité des citoyens et décrédibilise parfois les actions menées. Et si, pour calmer les tensions, on mariait l’humour au militantisme ? Absurde ? Pas si sûr ! Aujourd’hui, des citoyens continuent de lutter pour leurs droits de manière plus légère et parfois complétement décalée. POUR MIEUX vous ... SERVIR ! Blandine LEGUERE PORTRAIT 2 3 Portraits d’Alexis et Nicolas, deux jeunes aux parcours atypiques déjà engagés politiquement. Charlotte, 28 ans, infirmière et mère de famille. Il y a dix ans, elle s’engage comme sapeur-pompier volontaire, et suit les traces de son père qui était professionnel. Fine et pas très costaud, elle est d’une force et d’un courage à toute épreuve en intervention. *chiffres DGSCGC INTERVIEW Elle reconnaît que ce n’est pas toujours facile de concilier cet engagement, qui demande beaucoup de temps, et son métier d’infirmière qui sollicite beaucoup d’énergie et de concentration, ainsi que sa vie personnelle. Surtout depuis qu’elle est maman. Heureusement, son compagnon est là pour l’épauler. « Tu as besoin de ton métier pour vivre, dit-elle, et ta famille a besoin de toi aussi. Si tu veux t’investir dans les deux et qu’à un moment tu n’as plus d’énergie pour tout, c’est ton engagement que tu sacrifieras ». Un engagement fragile Ce qui l’a attiré : le côté carré, l’esprit de groupe et l’entraide. Des valeurs prisées au sein de cette corpo- ration. Mais, les évolutions du système ont fait que la cohésion du groupe n’est plus la même. Les appels à la sirène permettaient des moments d’échanges entre les sapeurs-pompiers du centre de secours. Main- tenant, ils sont avertis par un bip. Ce bip déclenche uniquement le personnel nécessaire à l’intervention. Charlotte part donc toujours en intervention avec les mêmes personnes et n’en voit plus certaines. Pour les victimes, il n’y a pas de différence entre professionnels et volontaires. Rien ne les distingue : mêmes uniformes, mêmes gestes techniques et mêmes types de missions. Et ils mettent leur vie en péril pour des inconnus. Etre sapeur-pompier volontaire ne veut pas dire ob- tenir la reconnaissance des personnes secourues en retour. On n’hésite plus à porter plainte contre celui qui nous vient en aide. Certains n’éprouvent aucune gêne à faire prendre des risques aux sapeurs-pompiers alors que la situation ne nécessite pas d’intervenir en urgence. De plus, l’incompréhension de la hiérarchie vis-à-vis des obligations familiales en démotive plus d’un. Pourtant, elle est affectée dans un centre dirigé par une femme officier, elle-même volontaire et mère d’un adolescent. Pour se former et maintenir leurs acquis, les volontai- res sacrifient une voire plusieurs semaines de congés payés. Les professionnels, eux, se forment sur leur temps de travail. Quel futur pour cet engagement ? Un entourage qui ne comprend pas ces sacrifices, des soirées à attendre que le bip sonne... Cet engagement est-il encore nécessaire à son épanouissement ? L’arrivée prochaine d’un deuxième enfant encourage Charlotte à mettre cet enga- gement entre parenthèses. Pour combien de temps ? Sarah LOURENCO Tous deux luttent et militent actuellement pour une même cause : développer une image forte de l’UMP auprès des citoyens par des actions qu’ils mènent au quotidien. Aujourd’hui, étudiants en Master 1 Commu- nication politique à l’université Paris-Est Créteil, Alexis et Nicolas nous livrent leurs avis sur le sujet de l’en- gagement citoyen. Alexis, 23 ans, milite depuis 7 ans à l’UMP. Il est très actif pour faire connaître l’UMP auprès des jeunes en Île-de-France : « La reconquête commence mainte- nant. Elle aurait dû commencer auprès des jeunes ci- toyens dès juin 2012 » déclare-t-il. Il anime à la page Twitter, Facebook et le site internet « Les jeunes avec Nicolas Sarkozy » dont il est le vice-président. Nicolas, lui, s’est intéressé à la politique dès 2002, avec l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles ainsi qu’avec certaines personnalités politiques dites « charismatiques » selon lui. Nicolas mene des actions telles que des campa- gnes municipales, européennes et a crée le collec- tif « le 93 avec Nicolas Sarkozy » dont le but est de débattre et mettre fin aux clichés « que les citoyens de classes et de cultures différentes peuvent avoir de l’UMP ». Alexis lui, a eu plus de mal. Contraint par ses parents à entreprendre des études de droit à Agen puis à Bor- deaux, il se découvre un penchant pour la profession d’avocat principalement dans le pénal : « Le pénal est l’un des seuls domaines ou la justice a gardé un peu d’humanité » déclare-t-il. Un choix qu’il n’a pas regret- té. Pendant ses années à Bordeaux, Alexis s’occupe d’une des plus grosses associations étudiantes de l’Université Bordeaux 4, « Esprit étudiants », qui sou- tient les partis politiques peu soucieux des réalités de l’Université. Il milite et crée donc sa première bannière commune « Inter’Assos » qui fait également partie de l’association. A ce tournant de sa vie, Alexis abandonne le droit et cultive un fort intérêt pour la communica- tion, plus particulièrement la communication politique. Le temps passé à Bordeaux lui a permis de s’enrichir personnellement. Ces deux jeunes espèrent par leurs actions de terrain et leur implication dans la société, influencer le gouvernement en l’incitant eten expliquant aux jeunes citoyens qu’avec le vote, les choses et les opinions peuvent changer. Tous deux pensent que la mobilisation citoyenne est importante, surtout venant des jeunes citoyens car avec une pluralité des points de vue, chacun pourra faire et prendre des décisions réfléchies. Vous a-t-on déjà dit : « Vous êtes trop jeune, vous n’avez pas assez d’expérience ? » Pourtant, si personne ne vous embauche, vous ne serez jamais expérimenté ! Pendant ce temps, le taux de chômage des moins de 25 ans au dernier semestre de 2014 s’élève à 22,7%. Pour apporter une réponse à ces problèmes, le gouvernement vous encourage à prendre part à un tout jeune dispositif : le service civique. Afin d’en savoir plus, nous avons rencontré Miliane une jeune femme de 22 ans en service civique à l’UFCV ( l’Union française des centres de vacances ). Elle met en avant son besoin de « faire les choses » et non plus de les théoriser. Fini les bancs de l’école. Il est temps d’acquérir de vraies connaissances pratiques qu’elle pourra ensuite « vendre sur le marché du travail ». Pour elle, c’est l’opportunité d’acquérir « l’expérience professionnelle » qu’elle n’aurait « sûrement pas pu obtenir avec un autre type de contrat ». Le service civique permet de travailler, sans être en lien avec un établissement scolaire et il est plus facile à obtenir qu’un CDD ou un CDI. Ce dispositif a d’ores et déjà donné des résultats encourageants : après le service civique, 36% des anciens volontaires ont un emploi contre 13% avant sa mise en place. Alors, n’attendez plus, engagez-vous ! Corentin Jorand La statue de la Liberté avec un nez de clown ? Les 193 000 sapeurs-pompiers volontaires permettent d’assurer un service public de qualité et de proximité

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Dans le cadre de notre projet d’écriture journalistique, nous avons souhaité concevoir un journal pour les jeunes adultes et réalisé par une équipe de rédaction qui leur ressemble. « Être jeune et agir en faveur de l’engagement et de la mobilisation citoyenne » sera notre ligne éditoriale et au travers de celle-ci, nous envisageons de décrypter, d’analyser et d’en expliquer les enjeux à notre lectorat. Nous avons souhaité les sensibiliser au thème de l’engagement et les distraire, tout en les interpellant sur des sujets de société. À l’unisson est un journal qui a pour but d’informer les jeunes adultes sur l’engagement citoyen, ses problématiques et ses enjeux. Le journal a pour but de répondre à la question : « Comment sensibiliser les jeunes adultes à l’engagement citoyen ? »

TRANSCRIPT

Qui a dit que le rire et l’engagement ne faisaient pas bon ménage ? Le rire est une arme efficace, et c’est ce qu’ont compris les manifestants de l’ONG « Sauvons les riches ». Dès sa création, le collectif fait appel à l’humour et se présente sur son site comme des « jeunes contes-tataires armés de baguettes de pain et de paquets de spaghettis, qui interpellent à leur manière leurs amis les riches, accros à un mode de vie destructeur, non-géné-ralisable, et finalement tellement triste ». L’organisation utilise le rire pour se faire entendre et ça marche ! Elle est à la tête de plusieurs mouvements, dans lesquels les manifestants se déguisent en clowns pour revendiquer leurs droits, et imitent parfois les forces de l’ordre pour les déstabiliser. Le 10 janvier 2014, le groupe toujours fort en idées pour revendiquer ses droits de manière totalement décalée, a envoyé les Daltons devant le Palais du Luxembourg pour protester contre la levée de l’immunité du sénateur Das-sault, soupçonné d’achat de vote et de corruption lors des élections municipales de 2008 à Corbeil-Essonnes.Lucky Luke n’avait qu’à bien se tenir ! Toujours plus loin dans la démesure, la manifestation d’origine américaine et festive Zombie Walk dans la-quelle tous les participants sont déguisés en zombies, est devenue contestataire en 2011 lorsque ses participants ont défilé aux côtés des Indignés1. Aujourd’hui, elle est présente dans le monde entier. Plus près de nous, en juin 2014, après le durcissement de leurs conditions d’indemnisation, les intermittents du spectacle ont dit «

merde » au gouvernement. Et comment ! Des intermittents se sont déguisés en merde géante : choquer pour mieux attirer l’attention. On a recours à des idées toujours plus folles les unes que les autres pour montrer son mécontentement. Car oui, faire manifester une vache, c’est possible. Même combat pour nos amis les agriculteurs : plus discret mais tout aussi important, une vache, un cochon et une tomate sur pattes accompagnés de Nicolas Sar-kozy et de François Hollande, ont fait une apparition remarquée dans un centre commercial en Bretagne.

Sous cet accoutrement, de jeunes agriculteurs mani-festaient pour dénoncer les exportations et appeler les politiques à valoriser la production française.Même les associations s’y mettent ! La statue de la Li-berté avec un nez de clown ? Cela n’a pas de sens ! Et pourtant : le 23 novembre 2014, de grandes statues du monde entier se sont retrouvées affublées d’un nez rouge. Mais d’où provient cette idée farfelue ? L’initiative a été lancée par l’association « Clowns sans Frontières » qui, pour son vingtième anniversaire a lancé cette opé-ration « 1000 nez rouges », dans le but de défendre le droit à l’Enfance. L’opération remporte un énorme suc-cès et plusieurs clichés de nos belles statues grimées en clowns sont désormais disponibles sur la toile.

Danser pour les droits de l’enfant ? Pourquoi pas. C’est la solution que l’UNICEF a choisi en 2010, en publiant une chorégraphie sur son compte YouTube. Aux en-gagés de l’association de la reprendre ensuite dans les grandes villes de France. Mais ce ne sont pas les seuls. Depuis 2003, la France voit se multiplier ces hap-penings qu’on appelle désormais, les « flashs mobs ». Beaucoup de grandes associations et ONG telles que La Croix Rouge, ou encore Lutte contre le Cancer ont eu recours à ce type de manifestation pour défendre leurs causes. Amusantes et conviviales, ces manifestations mobilisent plusieurs milliers de manifestants. Moyen efficace pour se faire voir et entendre, puisque la parti-cipation du public est indispensable, l’objectif est avant tout d’attirer l’attention des médias. L’union fait la force ! Ce n’est pas parce qu’on utilise l’humour que le mes-sage passe à la trappe, au contraire, le mariage des deux est un assez bon mélange. Ces manières d’agir attirent plus que la traditionnelle manifestation des « on n’est pas contents ! ». Le rire permet aussi de dédramatiser certaines causes. Faites donc preuve d’originalité pour vous faire entendre !

1.Mouvement non violent né en Espagne, qui regroupe des mil-lions de manifestants dans une centaine de villes pour réclamer une alternative à la société de consommation après à la crise économique de 2008.

une rencontre avec de jeunes militants politiques

Service civique obligatoire

Le service civique est une initiative gouvernementale créée en 2010. Depuis, nombre de jeunes entre 18 et 25 ans ont pu profiter de ce dispositif qui permet d’acquérir une première expérience.

*Rapport public annuel** Injepn TNS Sofres/ASC

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Aurore KAUFFMANN

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La violence est de plus en plus présente lors de manifestations, ce qui remet en cause la sécu-rité des citoyens et décrédibilise parfois les actions menées. Et si, pour calmer les tensions, on mariait l’humour au militantisme ? Absurde ? Pas si sûr ! Aujourd’hui, des citoyens continuent de lutter pour leurs droits de manière plus légère et parfois complétement décalée.

POUR MIEUX vous ... SERVIR !

Blandine LEGUERE

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Portraits d’Alexis et Nicolas, deux jeunes aux parcours atypiques déjà engagés politiquement.

Charlotte, 28 ans, infirmière et mère de famille. Il y a dix ans, elle s’engage comme sapeur-pompier volontaire, et suit les traces de son père qui était professionnel. Fine et pas très costaud, elle est d’une force et d’un courage à toute épreuve en intervention.

*chiffres DGSCGC

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Elle reconnaît que ce n’est pas toujours facile de concilier cet engagement, qui demande beaucoup de temps, et son métier d’infirmière qui sollicite beaucoup d’énergie et de concentration, ainsi que sa vie personnelle. Surtout depuis qu’elle est maman. Heureusement, son compagnon est là pour l’épauler. « Tu as besoin de ton métier pour vivre, dit-elle, et ta famille a besoin de toi aussi. Si tu veux t’investir dans les deux et qu’à un moment tu n’as plus d’énergie pour tout, c’est ton engagement que tu sacrifieras ».

Un engagement fragile Ce qui l’a attiré : le côté carré, l’esprit de groupe et l’entraide. Des valeurs prisées au sein de cette corpo-

ration. Mais, les évolutions du système ont fait que la cohésion du groupe n’est plus la même. Les appels à la sirène permettaient des moments d’échanges entre les sapeurs-pompiers du centre de secours. Main-tenant, ils sont avertis par un bip. Ce bip déclenche uniquement le personnel nécessaire à l’intervention. Charlotte part donc toujours en intervention avec les mêmes personnes et n’en voit plus certaines. Pour les victimes, il n’y a pas de différence entre professionnels et volontaires. Rien ne les distingue : mêmes uniformes, mêmes gestes techniques et mêmes types de missions. Et ils mettent leur vie en péril pour des inconnus. Etre sapeur-pompier volontaire ne veut pas dire ob-tenir la reconnaissance des personnes secourues en retour. On n’hésite plus à porter plainte contre celui qui nous vient en aide. Certains n’éprouvent aucune gêne à faire prendre des risques aux sapeurs-pompiers alors que la situation ne nécessite pas d’intervenir en

urgence. De plus, l’incompréhension de la hiérarchie vis-à-vis des obligations familiales en démotive plus d’un. Pourtant, elle est affectée dans un centre dirigé par une femme officier, elle-même volontaire et mère d’un adolescent. Pour se former et maintenir leurs acquis, les volontai-res sacrifient une voire plusieurs semaines de congés payés. Les professionnels, eux, se forment sur leur temps de travail. Quel futur pour cet engagement ?Un entourage qui ne comprend pas ces sacrifices, des soirées à attendre que le bip sonne... Cet engagement est-il encore nécessaire à son épanouissement ? L’arrivée prochaine d’un deuxième enfant encourage Charlotte à mettre cet enga-gement entre parenthèses. Pour combien de temps ?

Sarah LOURENCO

Tous deux luttent et militent actuellement pour une même cause : développer une image forte de l’UMP auprès des citoyens par des actions qu’ils mènent au quotidien. Aujourd’hui, étudiants en Master 1 Commu-nication politique à l’université Paris-Est Créteil, Alexis et Nicolas nous livrent leurs avis sur le sujet de l’en-gagement citoyen.Alexis, 23 ans, milite depuis 7 ans à l’UMP. Il est très actif pour faire connaître l’UMP auprès des jeunes en Île-de-France : « La reconquête commence mainte-nant. Elle aurait dû commencer auprès des jeunes ci-toyens dès juin 2012 » déclare-t-il. Il anime à la page Twitter, Facebook et le site internet « Les jeunes avec Nicolas Sarkozy » dont il est le vice-président.

Nicolas, lui, s’est intéressé à la politique dès 2002, avec l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles ainsi qu’avec certaines personnalités politiques dites « charismatiques » selon lui. Nicolas mene des actions telles que des campa-gnes municipales, européennes et a crée le collec-tif « le 93 avec Nicolas Sarkozy » dont le but est de débattre et mettre fin aux clichés « que les citoyens de classes et de cultures différentes peuvent avoir de l’UMP ».Alexis lui, a eu plus de mal. Contraint par ses parents à entreprendre des études de droit à Agen puis à Bor-deaux, il se découvre un penchant pour la profession d’avocat principalement dans le pénal : « Le pénal est

l’un des seuls domaines ou la justice a gardé un peu d’humanité » déclare-t-il. Un choix qu’il n’a pas regret-té. Pendant ses années à Bordeaux, Alexis s’occupe d’une des plus grosses associations étudiantes de l’Université Bordeaux 4, « Esprit étudiants », qui sou-tient les partis politiques peu soucieux des réalités de l’Université. Il milite et crée donc sa première bannière commune « Inter’Assos » qui fait également partie de l’association. A ce tournant de sa vie, Alexis abandonne le droit et cultive un fort intérêt pour la communica-tion, plus particulièrement la communication politique. Le temps passé à Bordeaux lui a permis de s’enrichir personnellement. Ces deux jeunes espèrent par leurs actions de terrain et leur implication dans la société, influencer le gouvernement en l’incitant eten expliquant aux jeunes citoyens qu’avec le vote, les choses et les opinions peuvent changer. Tous deux pensent que la mobilisation citoyenne est importante, surtout venant des jeunes citoyens car avec une pluralité des points de vue, chacun pourra faire et prendre des décisions réfléchies.

Vous a-t-on déjà dit : « Vous êtes trop jeune, vous n’avez pas assez d’expérience ? » Pourtant, si personne ne vous embauche, vous ne serez jamais expérimenté ! Pendant ce temps, le taux de chômage des moins de 25 ans au dernier semestre de 2014 s’élève à 22,7%. Pour apporter une réponse à ces problèmes, le gouvernement vous encourage à prendre part à un tout jeune dispositif : le service civique. Afin d’en savoir plus, nous avons rencontré Miliane une jeune femme de 22 ans en service civique à l’UFCV ( l’Union française des centres de vacances ). Elle met en avant son besoin de « faire les choses » et non plus de les théoriser. Fini les bancs de l’école. Il est temps d’acquérir de vraies connaissances pratiques qu’elle pourra ensuite « vendre sur le marché du travail ». Pour elle, c’est l’opportunité d’acquérir « l’expérience professionnelle » qu’elle n’aurait « sûrement pas pu obtenir avec un autre type de contrat ».

Le service civique permet de travailler, sans être en lien avec un établissement scolaire et il est plus facile à obtenir qu’un CDD ou un CDI. Ce dispositif a d’ores et déjà donné des résultats encourageants : après le service civique, 36% des anciens volontaires ont un emploi contre 13% avant sa mise en place. Alors, n’attendez plus, engagez-vous !

Corentin Jorand

La statue de la Liberté avec un nez de clown ?

Les 193 000 sapeurs-pompiers volontaires permettent d’assurer un service public de qualité

et de proximité

STREET-ART, BERCEAU DES QUESTIONS CITOYENNES

LES RÉSEAUX SOCIAUX SE MOBILISENT

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Vous pouvez consulter son site internet www.c215.fr ou déambuler dans les rues de Vitry-sur-Seine

à la recherche d’une œuvre à contempler.

Pratiques citoyennes

des jeunesEn quelques chiffres

88% des individus affirment suivre les actualités

83% ont déjà voté

67% ont déjà signé une pétition

21% ont déjà utilisé une fois des réseaux sociaux pour

relayer une campagne militante

44% ont déjà participé à une manisfestation

62,5% des femmes 37,5% des hommes

Élections

En 2015, 48 personnes ont participé à ce sondage

Non

Non

Non

Non

Non

12,5%

33,3%

33,3%

14,9%

56,3%

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

87,5%

66,7%

66,7%

85,1%

43,8%

Aucune des propositions (35)

dans une association (12)

dans un syndicat (0)

dans un partis politique (1)

25%

72,9%

2,1%

Ils se sont investis ...

Marc de GORTCHAKOFF

Facebook, Twitter, Youtube, sont aujourd’hui le reflet des pratiques populaires : on y poste nos recettes de cuisines, on « follow » (procédé permettant de suivre les actualité d’un utilisateur) sa star préférée, c’est une toute nouvelle dimension d’expression qui s’est ouverte à nous. Cela permet aussi de se rassembler autour d’une cause. Les leaders d’opinions (intellec-tuels, politiques, syndicalistes) l’ont bien compris, ces réseaux sociaux sont l’occasion idéale de rallier une quantité infinie de nouveaux partisans. Conscients du pouvoir que les jeunes ont entre leurs mains et leur souris d’ordinateur, ils instaurent de nou-veaux jeux interactifs : « Les défis Facebook ». On a ainsi pu découvrir le jeu du « Neknomination », « à l ‘eau ou un resto », ou des défis dangereux. Le plus connu reste le « Ice Bucket Challenge » où les parti-cipants se versent un sceau d’eau glacé sur la tête.De nombreuses personnalités se sont prises au jeu, comme le chanteur Justin Timberlake, le champion de football Ronaldo ou l’actrice de « Desperate Housewife », Eva Longoria. Preuve que les réseaux sociaux ont une emprise incroyable sur bon nombre de ses utilisa-teurs quel que soit leur statut social.Mais on peut rêver d’une autre utilisation des ces ré-

seaux sociaux. Récemment ces défis éphémères et ludiques ont évolué en réelles pratiques sociales et utiles. S’engager pour une cause importante.Le parfait exemple revient à deux jeunes de 18 ans, de Lille. « Saoulés » par les défis « ridicules » qui circulent sur les réseaux, ils diffusent une vidéo où Alexandre Schatteman lance le défi Facebook « intelligent » : of-frir un sac de courses à un SDF. Sa page Facebook est aujourd’hui suivie par plus de 140 000 personnes et sa vidéo partagée par plus de 32 000 personnes.Sur sa page, il justifie son acte citoyen :« Bon voilà, ça changera des drôles de défis sur Face-book, YouTube, etc… C'est pour cette raison que j'ai réalisé cette vidéo, c'est un petit geste qui coûte pas grand-chose et qui donne le sourire à une personne qui en a besoin, à votre tour maintenant ! » Ce défi se-ra-t-il suivi par d’autres jeunes ? Va-t-on assister à un effet boule de neige ? On ne peut que l’es-pérer.

Lieux d’expression très populaires auprès des jeunes Français, les réseaux sociaux, ont été récemment pris d’assaut par des défis et des jeux potaches où chacun encourage ses amis à réaliser une action avec un gage à la clef. Etonnant non ? Pourtant ce n’est qu’une infime partie de l’utilisation que l’on peut faire de ces médias populaires.

Au lendemain de l’inauguration du musée de l’immigration par François Hollande, le street-artiste Christian Guémy, alias C215, questionne au travers de son exposition « Douce France » ce qu’est aujourd’hui l’identité nationale française.

C’est devant un parterre de journalistes, d’artistes et de personnalités politique, qu’il dévoile à la mairie du XIIIe arrondissement de Paris, une galerie éphémère aussi colorée que diversifiée, symbole d’une France aux mul-tiples visages. Pourtant qui aurait cru quelques années plus tôt lors de la naissance de ce mouvement contestataire, qu’un artiste exposerait un jour dans un lieu symbole de la République ? Sûrement pas lui. Ancien cadre dans l’im-port-export de tissu, c’est un peu par hasard et après une brève expérience en tant que poète qu’il entame en 2006, aidé par des amis piliers du vandalisme français, une carrière dans le pochoir. C’est à cette époque pas si lointaine où le street-art peine à gagner en légitimité que Cristian travaille à sa popularisation envers et contre tout. Son pari est de rendre le street-art intergénérationnel et accessible à tous, et ce, malgré la stigmatisation dont souffre ce mouvement artistique. Il souhaitait être à la vue de tous, non pas pour choquer, mais pour inter-

peller sur des questions citoyennes concrètes. Forme indéniable de mobilisation citoyenne, son art étonne autant qu’il détonne. En mettant en lumière des acteurs historiques qui ont été partie prenante de ce que nous sommes aujourd’hui, l’artiste a pour ambition d’inter-peller plus particulièrement sur l’identité nationale : il apporte un regard nouveau sur un sujet qui est l’objet de

Tatiana SEGLA

À L’UNISSON

SPÉC

IAL

LES

BONS

PLA

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Rencontre avec de jeunes engagés

Manifestations pas commes les autres

Street-art, berceau des questions

citoyennes

ÉDITOLa génération des 18-28 ans, parfois ap-pelée génération Y, est souvent méconnue, incomprise, et peu écoutée. Votre tranche d’âge se retrouve confrontée aux premiers choix d’envergure : premiers appartements, début de carrières, premiers crédits. À ces étapes de la vie, on peut penser que les choix sont individuels, voire égoïstes. Dans ces conditions, on peut douter de l’implication de votre génération dans la vie commune, le vivre ensemble et l’engage-ment. Cependant, en réalité, vous êtes bien loin des stéréotypes qui vous caractérisent. Vous militez, vous vous engagez, manifestez et véhiculez des valeurs. Votre génération est prête à prendre des risques tant au niveau professionnel que personnel. À l’unisson de vos projets, la rédaction de notre jour-nal, vous propose des conseils pratiques, des bons plans, des expériences, pour vous aider à concilier votre vie quotidienne avec l’engagement citoyen.

QUAND LES PROJETS PASSENT À L’ACTION

TU ESÀ ... Troquer !

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Marc de GORTCHAKOFFCorentin JORAND

Publication de la LPCAC - Mai 2015 - Rédacteur en chef : Marc de GORTCHAKOFF - Rédacteur adjoint : Tatiana SEGLAMaquettistes : Sarah LOURENCO & Tatiana SEGLA - Iconographe : Corentin JORAND - Secretaires de rédaction : Aurore KAUFFMANN & Blandine LEGUÉRÉ - Illustrations : Sarah LOURENCO & Marc de GORTCHAKOFF

Le troc comme remède à la crise, vous y croyez ? Ce qui est sûr, c’est que les membres du projet Student 2 Student en sont convaincus. S2S, pour les intimes, c’est un mot d’ordre, un slogan, une idéologie. L’objectif est de mettre en lien des étudiants du campus de l’univer-sité de Créteil afin qu’ils puissent échanger des biens ou des services contre d’autres. En un mot : du troc. Vous parlez anglais, mais vous ne savez pas peindre ? Vous vous y connaissez en informatique, mais vous n’avez pas de machine à laver ? Vous ne comprenez rien à la mécanique, mais vous savez jouer du piano… pensez S2S ! À la base du projet, six jeunes face à une vérité sonnante et trébuchante : les étudiants souffrent de plus en plus de problèmes financiers. Une fois payés le loyer, les factures et la nourriture, il ne reste souvent pas grand-chose surtout quand l’on n’a pas prévu de faire changer le carbu de sa voiture. Ce qui est dommage, c’est que, sans le savoir, vous avez probablement un voisin en alternance dans un garage, et lui cherche des cours de cuisine. C’est là que nos amis de S2S entrent en jeu. Clarrys et le reste de l’équipe de S2S, sont tous étudiants en licence 3 de management à l’université Paris-Est

Créteil (94). Ils se sont lancés dans cette aventure grâce à Enactus, une ONG qui aide les étudiants à réaliser des projets d’entrepreneuriat social. Néanmoins, personne ne les a forcés à réaliser cette action, ils se sont investis de leur propre gré, bénévolement et entièrement. Quand on leur demande s’ils définissent leurs actes comme une forme d’engagement citoyen, ils répondent : « Bien sûr, nous œuvrons pour améliorer la condition de nos camarades, notre activité ne sert pas un but personnel, mais le bien commun. »Prochaine étape : la mise en ligne de la plateforme de troc. En résumé, S2S, c’est une initiative innovante, une équipe motivée et des projets pleins des tiroirs. Nous n’avons donc pas fini d’entendre parler d’eux.* Enactus est une ONG créée en 1975 aux États-Unis. En-actus en France est une association loi 1901 qui existe depuis 2002. Sa mission est d’accompagner des étudiants dans la mise en œuvre de leurs pro-jets d’entrepreneuriat social, par des évènements, des formations et des concours nationaux et internationaux. En 2013-2014, Enactus était en lien avec 41 universités et grandes écoles et a travaillé avec 1 239 étudiants sur 113 projets.

Le troc est une alternative aux dépenses, ce modèle économique évincé par l’argent-roi est la préoccupation de six étudiants que nous avons rencontrés.

tant de controverses aujourd’hui.