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IFPEK INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de lombalgiques chroniques En vue de l’obtention du diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute JOUIN Jimmy Année 2012/2013

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Page 1: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

IFPEK

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES

Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de lombalgiques chroniques

En vue de l’obtention du diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute

JOUIN Jimmy

Année 2012/2013

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INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES

Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de lombalgiques chroniques

En vue de l’obtention du diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute

JOUIN Jimmy

Année 2012/2013

Page 3: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

Table des matières Introduction ............................................................................................................................1

Partie 1 ...................................................................................................................................3

I. Lombalgie....................................................................................................................3

1. Définition .............................................................................................................3

2. Classification ........................................................................................................3

3. Mécanismes de la lombalgie commune .................................................................5

4. Recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) .......................................5

II. Devenir de la douleur ...............................................................................................7

III. La proprioception .....................................................................................................8

1. Définition .............................................................................................................8

2. Physiologie ...........................................................................................................9

3. Place actuelle dans la rééducation .........................................................................9

IV. Intérêt des échelles fonctionnelles........................................................................... 11

1. EIFEL ................................................................................................................. 11

2. Oswestry Disability Index ................................................................................... 11

3. Auto-questionnaire de Dallas .............................................................................. 12

4. Echelle de dorso-lombalgie de Québec ................................................................ 12

V. Hypothèses de recherche ........................................................................................ 13

Partie 2 ................................................................................................................................. 14

I. Matériel et méthode ................................................................................................... 14

1. Sujets .................................................................................................................. 14

2. Traitement .......................................................................................................... 15

3. Exercices ............................................................................................................ 16

4. Mesures .............................................................................................................. 19

5. Analyse statistique .............................................................................................. 19

II. Résultats ................................................................................................................. 20

1. Présentation des résultats .................................................................................... 20

2. Résultats à 4 semaines......................................................................................... 21

III. Discussion .............................................................................................................. 23

1. Interprétation des résultats .................................................................................. 23

2. Biais et limites de l’étude .................................................................................... 24

3. Intérêts de l’étude ............................................................................................... 25

IV. Conclusion ............................................................................................................. 26

Bibliographie ........................................................................................................................ 27

Annexes ............................................................................................................................... 29

Page 4: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

Résumé/Abstract

Contexte : la lombalgie chronique est

un problème de santé publique, bien que l’exercice physique soit

recommandé, je me suis demandé si

des exercices à type de proprioception peuvent améliorer la qualité de la vie

quotidienne des patients.

Objectifs : évaluer les effets d’un

entrainement spécifique en

proprioception sur un indice fonctionnel

chez une population de lombalgiques chroniques.

Méthode : 13 patients séparés en deux groupes, un groupe test (n=7),

qui réalise le traitement habituel, et

reçoit en plus un programme composé d’exercices de proprioception, et un

groupe contrôle (n=6), qui réalise

uniquement la rééducation habituelle

avec le kinésithérapeute.

Résultat-discussion : le score obtenu

après 4 semaines de rééducation n’a pas diminué suffisamment pour

conclure quant à l’efficacité d’un

entrainement proprioceptif.

Conclusion : des exercices de

proprioception du rachis

supplémentaires ne semblent pas avoir d’intérêt lors de la prise en charge de

patients lombalgiques chroniques.

Mots clés : lombalgie chronique –

proprioception – exercices - EIFEL

Background: Chronic pain is a public

health problem, although exercise is recommended, I wondered if such

proprioception exercises can improve

the quality of life of patients.

Objectives: To evaluate the effects of

specific training on proprioception in a functional index in a population of

chronic low back pain.

Method: 13 patients divided into two groups, a test group (n = 7), which

makes the usual treatment, and

receives a program consisting of proprioception exercises, and a control

group (n = 6), which carries only the

usual rehabilitation with physiotherapist.

Result-discussion: the score after 4

weeks of therapy did not decrease enough to conclude about the

effectiveness of proprioceptive

training.

Conclusion: proprioception exercises

additional spine does not seem to have

any interest in the management of chronic low back pain patients.

Key words: low back pain – proprioception – exercises - RMQD

Page 5: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

1

Introduction

La lombalgie commune est un problème de santé publique connu depuis de

nombreuses années, selon certaines études, elle toucherait, en France, plus de la

moitié des personnes entre 30 et 64 ans a cours d'une année (Enquête

décennale santé 2002-2003), et environ 7 à 8% de cette même population

présenterait une lombalgie limitante (Handicap Incapacité Dépendance, 2002-

2003). Une petite partie de ces lombalgies dure plus de trois mois et passe alors

à la chronicité, entraînant un absentéisme au travail et un risque de dé-

socialisation des personnes atteintes.

D'après plusieurs études, on sait que le principal facteur d'amélioration lors de la

lombalgie chronique est l'activité physique, cependant, tout le monde ne peut

pas pratiquer une activité physique régulière, certains patients ont d'autres

pathologies qui peuvent les gêner dans une pratique régulière. Je me suis alors

demandé s'il existait une alternative pour améliorer le côté fonctionnelle chez ces

patients, en utilisant des méthodes ayant moins de contraintes.

Au cours de mes stages je me suis rendu compte que le travail de la

proprioception était appliqué dans différentes pathologies, dans un but de

récupération de fonction, de récupération de sensation, et aussi dans un but de

prévention de nouvelles blessures, lorsque le temps le permettait. Le travail de la

proprioception demande de la concentration, mais est peu coûteux en énergie, et

peut ne pas appliquer trop de contraintes aux membres, selon ce qui est

demandé.

Le travail proprioceptif est principalement utilisé au niveau des membres

inférieurs, de temps en temps pour les membres supérieurs, et il est intégré à

certains programmes de rééducation du dos, tels que le programme de

rééducation fonctionnel du rachis (RFR).

Page 6: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

2

Ce travail de fin d'étude s'intéresse à l'influence du travail de la proprioception

sur les activités de la vie quotidienne chez une population de lombalgiques

chroniques.

Problématique :

En quoi le travail proprioceptif peut améliorer le côté fonctionnel chez une

population de lombalgiques chroniques ?

Page 7: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

3

Partie 1

I. Lombalgie

1. Définition

On parle de lombalgie lorsqu'un patient présente une atteinte douloureuse de la

région lombaire

« La lombalgie est une douleur de la région lombaire, n'irradiant pas au-delà du

pli fessier » (ANAES, février 2000), « elle peut être associée à des irradiations,

elle peut-être primaire ou secondaire » (Yves Henrotin et al, 2006).

2. Classification

Les lombalgies ont été classifiées en deux grands groupes :

La lombalgie primaire, ou lombalgie commune correspond à des douleurs

lombaires sans origines inflammatoire, traumatique, infectieuse ou tumorale, elle

représente la majorité des cas, 90% des lombalgies traités par le personnel

médical ou paramédical est une lombalgie commune (HAS, 2005).

La lombalgie secondaire, ou lombalgie symptomatique correspond à des douleurs

lombaires ayant pour origine une pathologie sous-jacente, cela peut être une

atteinte inflammatoire, traumatique, infectieuse ou tumorale (Jean-Pierre Valat,

2007).

Les lombalgies communes ont été classées en trois groupes par des experts

internationaux (INRS, 2011), une prise en charge adaptée à la réalité clinique et

à la prise en charge des lombalgies communes :

-Lombalgies aiguës : d'évolution inférieure ou égale à 4 semaines

-Lombalgies subaiguës : d'évolution comprise entre 4 et 12 semaines

-Lombalgies chroniques : d'évolution supérieure à 12 semaines

Page 8: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

4

Environ 10 à 15% des épisodes de lombalgie aiguës évoluent vers la chronicité

(Paolo Pillastrini, 2011)

En 1987, la Quebec task force (ANAES, février 2000) propose une autre

classification :

Seuls les cas 1 à 3 concerne la lombalgie commune.

Page 9: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

5

3. Mécanismes de la lombalgie commune

La région lombaire est une région anatomiquement riche et complexe composée

d'os, de capsules, de tendons, de muscles, de ligaments et de disques

intervertébraux, et très richement innervée.

Les causes d'une lombalgie commune peuvent être multiples, bien qu'il soit

difficile d'en déterminer précisément l'origine.

Ces causes peuvent être associées à ces différentes structures :

-articulation interapophysaires postérieures (arthrose)

-muscles (contractures musculaires)

-ligament (entorse)

-disques intervertébraux (dégénérescence discale, hernie discale)

4. Recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS)

Le rapport de la HAS de Décembre 2000 donne plusieurs indications qui

différencient la lombalgie chronique de la lombalgie aiguë. Dans ces

recommandations on distingue divers traitements médicamenteux (ANAES

2000a):

-par voie orale (le paracétamol, les anti-inflammatoires non-stéroïdiens, l'acide

acétylsalycilique, les antalgiques de niveaux II et III, les myorelaxants, les anti-

dépresseurs trycicliques)

-par voie locale (les infiltrations épidurales de corticoïdes et les infiltrations intra-

articlaires postérieures de corticoïdes)

Les traitements médicamenteux ne seront pas plus détaillés ici.

Des traitements non médicamenteux, non-invasifs :

Ces traitements sont nombreux, mais pas tous recommandés par la HAS, et

certains sont même déconseillés.

Les traitements qui sont recommandés chez les patients lombalgiques chroniques

sont l'exercice physique, qui a montré une efficacité antalgique et fonctionnelle à

court terme, mais l'efficacité d'un type d'exercice par rapport à un autre n'a pas

Page 10: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

6

été montrée. La balnéothérapie a un effet antalgique à court terme, mais il n'est

pas démontré à long terme. Les résultats obtenus ne s'observent que chez des

patients motivés et observants. La stimulation électrique transcutanée semble

montrer une efficacité antalgique pendant la période d'application. Les

manipulations vertébrales sont recommandées pour leur effet antalgique à court

terme, mais, étant un acte médical, elles doivent faire l'objet d'un bilan clinique

et paraclinique. Le thermalisme peut être proposé car il a un effet antalgique et

contribue à restaurer la fonction, les thérapies comportementales sont efficaces

sur l'intensité de la douleur et le comportement vis-à-vis de la douleur, aucune

technique n'est supérieure aux autres, mais son association avec l'exercice

physique semble être plus efficace que ce traitement seul.

Les traitements qui ne sont pas recommandés chez des patients lombalgiques

chroniques par manque de preuve sont les massages, qui peuvent être proposés

en préparation à d'autres techniques. Les ionisations, ondes électromagnétiques

et rayonnement laser n'ont pas une efficacité démontrée. Les tractions

vertébrales n'ont pas non plus une efficacité démontrée. L'efficacité du port d'une

contention lombaire rester à démontrer, mais il ne doit pas être un traitement de

première intention.

Que ce soit dans la lombalgie aiguë ou chronique, le repos n'est pas

recommandé, il est même souhaitable de poursuivre les activités compatibles

avec la douleur, et la reprise du travail dans la mesure du possible.

Et des traitements non médicamenteux invasifs :

L'éfficacité de l'acupuncture n'est pas démontrée dans la lombalgie chronique. La

stimulation des zones gâchettes (neuro-réfexothérapie) semble avoir un effet

antalgique à court terme, mais son intérêt dans la prise en charge du

lombalgique chronique reste encore à définir. La thermocoagulation de la branche

médiale du rameau dorsal postérieur du nerf spinal semble avoir un effet

antalgique à court et moyen terme, mais elle constitue un traitement d'indication

exceptionnelle. À part dans le cas d'un spondylolisthésis dégénératif, l'arthrodèse

ne présente pas d'intérêt dans la lombalgie chronique. Les prothèses discales

n'ont pas été évaluées et ne doivent pas être proposées dans le cas de la

lombalgie chronique. Le rapport de la HAS précise que la découverte d'une hernie

discale isolée ne doit pas conduire à un traitement chirurgical.

Page 11: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

7

II. Devenir de la douleur

La lombalgie est un problème de santé publique dans les pays développés.

C'est une pathologie très répandue, qui concerne un peu plus d'un adulte sur

trois, avec une prévalence à 35% environ, elle constitue la troisième cause

d'invalidité en France (HAS, 2005).

L'enquête décennale de santé (EDS) de 2002-2003, et l'enquête handicap

incapacité dépendance (HID) 2002-2003, nous apporte des données plus

précises sur les données statistiques de la lombalgie.

Plus de la moitié de la population a souffert d'au moins un épisode de lombalgie

au cours des 12 mois sur lesquels portait l'étude, avec une prévalence de 54%

chez les hommes, et 57,3% chez les femmes, et ces chiffres ne diffèrent pas

selon les tranches d'âges, comprises entre 30 et 64 ans (Jean-Baptiste Fassier,

2011).

La prévalence des lombalgies de plus de 30 jours au cours des 12 derniers mois

est de 15,4% pour les hommes, et 18,9% pour les femmes, et cette prévalence

augmente avec l'âge.

Selon la HID, 7 à 8% de la population française souffre de lombalgie limitante,

différente chez les hommes (7,9%) et chez les femmes (7,5%), et cette

fréquence augmente avec l'âge chez les femmes, alors que chez les hommes, la

tranche la moins touchée est la tranche des 45-54 ans.

La lombalgie est donc une pathologie qui atteint une part importante de la

population, et qui est une cause d'invalidité, cette invalidité entraîne des coûts.

Plusieurs études ont mis en évidence l'importance des coûts de la lombalgie,

même si les études sont difficilement comparables entre elles, ou d'un pays à

l'autre (Serge Poiraudeau, 2004 et Jean-Baptiste Fassier, 2011).

Cette pathologie entraîne des coûts directs et indirects. La proportion entre les

deux varie selon les études. Les coûts directs concernent les consultations

médicales, les hospitalisations, les traitements médicamenteux, la kinésithérapie

et le matériel orthopédique. Les coûts indirects concernent la perte de

productivité à court et long terme engendré par le travailleur lombalgique.

Page 12: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

8

Une étude récente conduite en Allemagne estime le coût moyen d'une lombalgie

chronique à 7115,7€ (Wenig cm et al, 2009). En France, il n'existe pas d'étude

permettant d'appréhender de façon globale le coût d'une lombalgie, mais la mise

en lien de plusieurs études parcellaire estime le coût moyen annuel à 1430€

(Depont F et al, 2010) pour un patient. En 2003, les coûts directs de la lombalgie

ont été estimé à 1,4 milliards d'euros, et des coûts indirects estimés entre 5 et

10 fois plus.

Il a été montré que la fréquence des lombalgies était fortement associée au

niveau d'études, qui pourrait être expliqué par le fait qu'un faible niveau d'étude

donne accès à des emplois peu qualifiés et exposés à des facteurs de risque plus

importants, et d'autre part un mode de vie comportant d'autres facteurs de

risque tels que la surcharge corporelle et le tabagisme (Michel Rossignol, 2009).

Des études ont montrés que les troubles musculosquelettiques entraînent des

risques de licenciement pour inaptitude et d'exclusion socio-professionnelle

(Jean-Baptiste Fassier, 2011).

III. La proprioception

1. Définition

La proprioception signifie littéralement « perception de soi ». Dans la description

originelle du système proprioceptif par Sherrington au début du vingtième siècle,

la proprioception faisait référence aux informations venant des propriocepteurs,

ces derniers sont des organes sensoriels qui ne sont pas en contact directement

avec l'environnement extérieur et donnent des informations différentes de la

sensibilité viscérale (Riemann, 2002). Ces afférences renseignent sur la position

du corps (statesthésie) et sur le mouvement des différents segments du corps

(kinesthésie), sans que l'individu ai besoin de la vérifier avec les yeux.

Le terme de proprioception ne doit pas être confondu avec la somesthésie, qui

englobe la proprioception d'une part, mais aussi le sens du toucher, la

nociception, la sensibilité thermique et la sensibilité viscérale (Julia M et al,

2012).

Page 13: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

9

2. Physiologie

Les capteurs mécaniques, appelés mécanorécepteurs ou propriocepteurs, sont

localisés dans les muscles squelettiques, les articulations, les tendons et

aponévroses, le derme palmaire, le derme plantaire. Ces récepteurs ne sont pas

les mêmes selon l'endroit où on les trouve, et n'agiront pas de la même manière.

Par exemple, on va retrouver les fuseaux neuromusculaires dans les muscles

squelettiques, ils sont sensibles à l'amplitude et à la vitesse de l'étirement du

muscle. Les organes tendineux de Golgi se situent dans les tendons et

aponévroses, ils sont sensibles à la tension. Les corpuscules de Pacini, situés

dans les aponévroses, derme palmaire et plantaire, sont sensibles aux

déformations mécaniques et à la pression (Le Cavorzin P, 2012).

Les informations de ces capteurs sont transmises par deux voies ascendantes, la

voie lemniscale et la voie spinocérébelleuse.

La voie lemniscale est composée de trois neurones disposés en série, naissant au

contact des récepteurs, passant par le lemnisque médian, et se terminant dans le

cortex pariétal. Cette voie conduit les informations proprioceptives conscientes et

la sensibilité extéroceptive épicritique. D'un point de vue fonctionnel, cette voie

participe au rétrocontrôle des mouvements et au maintien de la posture.

La voie spinocérébelleuse est composée de trois neurones en série également, et

naît au contact des capteurs proprioceptif, passe par le cortex cérébelleux et

termine dans un noyau gris central cérébelleux. Le cervelet permet de comparer

le mouvement effectué et le mouvement initialement programmé, puis de

corriger la commande motrice en l'adaptant. Cette régulation se fait de manière

inconsciente.

3. Place actuelle dans la rééducation

La proprioception occupe une place importante dans la rééducation et la

prévention de traumatismes des membres.

Elle est inclus dans certains programmes de rééducation, tels que le programme

de rééducation fonctionnelle du rachis (RFR), mais sa place n'est pas tout à fait

Page 14: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

10

définie, son influence n'a pas ou peu été testée seule, pour savoir s'il y avait un

intérêt à en faire.

Le rachis lombaire possède avant tout un impératif de stabilité, sollicité au cours

de situation contraignantes, comme la manutention de charge (Michel Enjalbert,

1997). Les objectifs de la rééducation proprioceptive sont avant tout de

récupérer une vigilance lombopelvienne, et améliorer la fonction stabilisatrice des

muscles agissant sur le rachis.

Les principes de la prise en charge d’un lombalgique sont perception, répétition,

indolence et précocité, suite à des interactions entre douleur, perturbation de

schémas moteurs et affaiblissement musculaire. Chez les lombalgiques

chroniques, on a une augmentation de la zone douloureuse (zone neutre) lors

des différents mouvements du rachis, ce qui diminue le seuil de sensibilité lors

des mobilisations, il faut donc augmenter la vitesse de réaction des muscles

stabilisateurs du rachis (Philippe Menais, 2012).

Des douleurs lombaires trop intenses ou trop répétées dans le temps peuvent

entraîner une perte ou une diminution de sensibilité de la région lombaire, qui a

été montré lors d'une expérimentation (Brumagne et al, 2004), qui montre que

chez des sujets lombalgiques, le travail de la posture est déporté vers les triceps

suraux, alors que chez les sujets sains il se situait au niveau lombaire. Il y aurait

donc une re-focalisation du contrôle postural des centres proximaux et axiaux,

vers les centres périphériques (Julia, 2012). Habituellement, la région lombaire

joue le rôle de position charnière entre la région pelvienne et le tronc,

permettant de repérer la position du tronc par rapport à celle de la ceinture

pelvienne. Intuitivement, si la position du tronc est mal connue, il y aura des

répercussions lors de l'activation des membres inférieurs, lors de la propulsion

par exemple, ou des membres supérieurs, lors des activités de préhension.

Dans un article (R.Linares et al, 2011), une expérimentation a montré qu'un

entraînement proprioceptif spécifique décontextualisé chez une population de

véliplanchistes améliorait leur perception proprioceptive et leurs performances

dans le sport, on peut donc supposer qu'un entraînement proprioceptif chez des

patients lombalgiques améliorerait leur perception proprioceptive dans les

activités de la vie quotidienne.

Page 15: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

11

IV. Intérêt des échelles fonctionnelles

1. EIFEL

Le questionnaire EIFEL, ou Echelle d'Incapacité Fonctionnelle pour l'Evaluation

des Lombalgies, est la version française du Roland and Morris Disability

Questionnaire (RMQD). Le RMQD a été adapté du Sickness Impact Profile (SIP),

en étant modifié pour être spécifique au dos. La corrélation entre le SIP et le

RMQD est forte pour la dimension fonctionnelle (r=0,89), et faible pour la

dimension sociale (r=0,59) (Deyo, 1986).

Il est composé de 24 questions, à cocher lorsque la proposition s'applique au

patient le jour même. On obtient donc un score sur 24, plus ce score est élevé,

plus l'incidence de la douleur sur le côté fonctionnel du patient est important.

-0= aucune incapacité

-1-14=retentissement fonctionnel bas

-15-23=retentissement fonctionnel élevé

-24=incapacité sévère

De plus, on note qu’une modification d’au moins 5 points est nécessaire pour

parler d’amélioration ou d’aggravation.

2. Oswestry Disability Index

Ce questionnaire est très utilisé dans la littérature internationale pour l’évaluation

de l’incapacité du patient lombalgique. Il comporte 10 items, cotés de 0 à 5, plus

le score est élevé, plus l’incapacité est grande. Une traduction française a été

validée sur 41 patients (Vogler, 2008). On obtient un résultat en pourcentage,

indiquant l’incapacité :

-0-20%, incapacité minimale

-20-40% incapacité modérée

-40-60% incapacité sévère

-60-80% atteinte invalidante

->80% sujet grabataire (ou incapacité ressentie excessive)

Page 16: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

12

3. Auto-questionnaire de Dallas

Ou Dallas Pain Questionnaire (DPQ).

C'est une échelle de qualité de vie comportant 16 questions dont les réponses se

font sur des échelles visuelles. Cette échelle donne une estimation

retentissement de la douleur chronique sur les différents domaines.

Ce questionnaire porte sur :

-les activités de la vie quotidienne (AVQ)

-l'activité professionnelle et les loisirs

-l'anxiété et la dépression

-la sociabilité

La traduction française a été validée sur une population de 59 patients (Marty,

1998), et le score obtenu donne une indication sur le choix de la prise en charge

thérapeutique, selon l’auteur (Lawlis, 1989), ce questionnaire est recommandé

par la HAS lors de l’évaluation et du suivi et de la douleur chronique.

4. Echelle de dorso-lombalgie de Québec

Ou Quebec Back Pain Disability Index (QBPDI).

C'est une échelle d'auto-évaluation de l'incapacité fonctionnelle, qui traite du

retentissement des douleurs sur les activités de la vie quotidienne.

Il est composé de 20 questions, réparties dans 6 catégories, à coter de 0 à 5,

selon la gêne présente le jour même. Les 6 catégories sont :

-repos

-position assise/debout

-locomotion

-mobilité du corps

-se pencher/s’incliner

-porter/déplacer des objets

La version francophone a été créée en même temps que la version anglophone,

et validée sur 32 patients (Yvanes-Thomas, 2002).

Page 17: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

13

V. Hypothèses de recherche

Pour répondre à la problématique : En quoi le travail proprioceptif peut améliorer

le côté fonctionnel chez une population de lombalgiques chroniques ?

Nous allons explorer les hypothèses de recherche suivantes :

-le groupe test diminuera son score sur 24 de manière plus importante que le

groupe témoin

-le groupe test diminuera son score sur 24 d’au moins 5 points

Page 18: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

14

Partie 2

I. Matériel et méthode

1. Sujets

Cette étude préliminaire se déroule sur une période de 4 semaines, dans un

cabinet libéral à Yffiniac, comprenant la patientèle de trois kinésithérapeutes.

Une annonce a été déposée dans le cabinet la semaine précédant mon arrivée

pour avertir les patients, pour qu'ils puissent se porter volontaire pour faire

partie de l'étude.

14 patients se sont portés volontaires pour participer à l'étude, il en a été retenu

13, selon les critères d'inclusions et d'exclusion

Critères d'inclusion :

-lombalgie depuis plus de trois mois

-douleur lombaire de type mécanique

-patient majeur

Critères d'exclusion :

-signes neurologiques associés

-femmes enceintes

-autres pathologies associées

-troubles visuels non-corrigés

-troubles majeurs de la compréhension, pour les exercices et le questionnaire

L'étude comporte 7 sujets ayant testé le protocole, et 6 sujets dans le groupe

témoin.

Page 19: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

15

L’idéal aurait été de former les deux groupes par tirage au sort, mais trois

patients sur les treize voulaient bien répondre au questionnaire, mais pas faire

de séances supplémentaires, ils ont donc été mis automatiquement dans le

groupe témoin, les autres ont été tirés au hasard.

2. Traitement

Le traitement A correspond au traitement habituel du patient par son

kinésithérapeute.

Le traitement B correspond au traitement habituel du patient par son

kinésithérapeute, associé aux séances de proprioception.

Les sujets du groupe témoin effectuent 4 semaines de traitement, qui comprend

leurs séances habituelles de kinésithérapie, à raison d'une ou deux séances par

semaine selon les sujets.

Les sujets du groupe test effectuent 4 semaines de traitement, qui comprend

leurs séances habituelles de kinésithérapie, à raison d'une ou deux séances par

semaine, associée à 6 séances de proprioception, réparties sur les 4 semaines.

Ces séances supplémentaires ont une durée de 30 minutes, composées

d'exercices mettant en jeu le système proprioceptif au niveau du rachis lombaire.

Le traitement habituel de kinésithérapie était composé de manipulations

vertébrales, massages, étirements et renforcement musculaire.

Matériel utilisé

Le matériel utilisé lors de la prise en charge est simple et couramment utilisé lors

de travail proprioceptif.

Il est composé d'un ballon de Klein Vogelbach, un plateau instable

unidirectionnel, deux coussins à air type coussin pour femme enceinte, des

ballons de taille et de poids différents, un tapis de sol, un plan Bobath, un

plateau de Freeman et une table basculante.

Page 20: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

16

3. Exercices

Pour plus de lisibilité, les exercices seront classés selon le matériel utilisé et la

position de départ du patient :

Installation du patient : allongé en décubitus sur le plan Bobath ou sur le sol,

les hanches et genoux fléchis, les pieds posés à plat au sol. Le thérapeute passe

une main sous les lombaires du patient.

Exercice 1 :

Consigne : décollez le dos sans décoller ni les fesses, ni les épaules, pour ne plus

sentir ma main, puis venez écraser ma main avec votre dos.

Progression possible : même chose sans mettre la main pour supprimer le repère

du toucher.

Exercice 2 :

Consigne : décoller les fesses, maintenir la position quelques secondes et les

reposer.

Progression possible : cet exercice étant principalement utilisé en renforcement,

il est réalisé pour savoir si le patient peut maintenir la position, si c'est le cas, on

refait le même avec les pieds sur un support instable (plateau, coussin à air,

ballon de Klein). (figure 1 et 2)

Installation du patient : assis sur un outil déséquilibrant (plateau

unidirectionnel, plateau de Freeman, galette) posé sur un plan dur, les pieds

touchent le sol, hanche et genoux fléchis à 90° environ.

Exercice 1 :

Consigne : levez les pieds du sol, et maintenez l'équilibre pendant quelques

secondes.

Progression possible : fermer les yeux, augmenter l'instabilité de la surface,

Page 21: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

17

déséquilibres extrinsèques et intrinsèques. (figure 3)

Exercice 2 :

Consigne : levez les pieds et venez chercher la cible sans poser ni la main, ni le

pied

Placement des cibles : posées sur la table, sur les côtés du patient, assez loin

pour qu'ils aient à se pencher. Ou juste à côté, mais demander de venir chercher

la cible gauche avec la main droite et inversement.

Progression possible : augmenter l'instabilité de la surface, fermer les yeux,

éloigner les cibles.

Installation du patient : à quatre pattes sur le tapis ou sur le plan Bobath.

Exercice 1 :

Consigne : creusez le dos, puis arrondissez-le (possibilité de donner des repères

tactiles pour commencer).

Progression possible : localiser le mouvement au niveau du bassin et de la région

lombaire uniquement.

Exercice 2 :

Consigne : décollez une main du sol et le genou opposé, maintenez la position

quelques secondes, puis changez de côté.

Progression possible : placer une galette sous la main, le genou ou les deux,

demander de décoller la main et le genou du même côté. Décoller le pied du sol

du côté ou le genou est posé. (figures 4 et 5)

Installation du patient : assis sur le ballon de Klein, les pieds posés au sol,

écartés à largeur de hanche, les mains sur les genoux, le dos redressé.

Page 22: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

18

Exercice 1 :

Consigne : faites rouler le ballon dans toutes les directions, en essayant de

garder la tête et les épaules au même endroit.

Progression possible : demander au patient d'aller le plus loin possible en

donnant des cibles à atteindre avec le ballon, réaliser l'exercice sur un pied.

Exercice 2 :

Consigne : rapprochez les pieds et tenez la position quelques secondes.

Progression possible : fermer les yeux, décoller un pied du sol, décoller les deux

pieds, déséquilibres intrinsèques et extrinsèques. (figure 6)

Installation du patient : debout

Exercice 1 :

Consigne : les pieds écartés à largeur de hanche, les mains sur les crêtes

iliaques, creusez le bas du dos, puis mettez-le à plat.

Progression possible : il est possible de commencer contre un mur pour donner

un biofeedback tactile, puis s'écarter du mur.

Exercice 2 :

Consigne : mettez-vous en équilibre sur un pied, et maintenez la position pour

quelques secondes.

Progression possible : les yeux fermés, déséquilibres extrinsèques et

intrinsèques.

Lorsqu'il est demandé au patient de maintenir la position quelques secondes, il

n'est pas utile de faire plus de 10 secondes, quand l'exercice est maintenu 10

secondes sans que le patient ai à se rattraper, il peut passer à un exercice plus

complexe.

Page 23: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

19

Déséquilibres intrinsèques : demander au patient de tourner la tête, d'effectuer

des mouvements avec les bras, se faire tourner une balle autour du corps en la

passant d'une main à l'autre.

Déséquilibres extrinsèques : le thérapeute effectue des poussées dans des

directions aléatoires, effectuer des tâches avec un objet lourd, faire des passes

avec un ballon lesté.

4. Mesures

Le suivi de chaque patient a été réalisé sur une durée de 4 semaines, avec 2

évaluations, une le premier jour, et une le dernier jour de la prise en charge.

Le but de l'étude étant d'évaluer l'impact du travail proprioceptif sur le côté

fonctionnel des patients lombalgiques, il m'a paru intéressant de laisser les

patients s'évaluer eux même pour qu'ils se rendent compte des limitations que

pouvait induire la lombalgie.

Le questionnaire EIFEL consiste en 24 questions portant sur les différents aspects

fonctionnels de la vie du patient lors de ses activités de la vie quotidienne. Le

patient coche les propositions qui s’appliquent à lui le jour ou le questionnaire est

rempli. On obtient un score sur 24, plus le score est élevé, plus l'impact de la

douleur lombaire sur les activités de la vie quotidienne est important.

5. Analyse statistique

Les données ont été rentrées dans un tableau Excel, puis traitées par le logiciel

R. A l’aide d’un test de Shapiro-Wilk, on a pu déterminer que les données

concernant les scores obtenus aux questionnaires suivaient une loi normale, on

va pouvoir les comparer entre eux avec le t-test de Student.

Page 24: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

20

Groupe 1 Groupe 2

Nombre 7 6

Age (années) 55,57 (± 17,23) 51,5 ± 10,56

Poids (kg) 73,3 ± 12 84,2 ± 22,5

Taille (m) 1,71 ± 0,06 1,66 ± 0,07

IMC* 25,03 ± 4,03 30,66 ± 8,53

Durée de l’affection (mois) 164,6 ± 161,9 96 ± 72

Score /24 à J0 6,86 ± 5,25 9,33 ± 3,9

*IMC : indice de masse corporelle

**les valeurs correspondent aux moyennes plus ou moins l’écart type, aucune

différence statistiquement significative n’apparaît entre les deux groupes.

II. Résultats

1. Présentation des résultats

L’échantillon était composé de 13 patients, dont 8 femmes (61,5% des patients)

et 5 hommes (38,5% des patients). L’âge moyen était de 53,7 ± 14,7 ans, et la

durée moyenne des symptômes était de 132,9 ± 132,9 mois, cet écart type

pouvant être expliqué par la grande différence entre la durée maximum des

symptômes chez un patient (504 mois, ou 42 ans), et la durée minimum de 13

mois, tous les patients étant bien au-delà des 3 mois qui permettent de

caractériser une lombalgie chronique.

Il n’y avait pas de différences significatives entre les deux groupes au début de

l’étude. Les résultats obtenus en réponse au questionnaire posé à J0 suivaient

une loi normale, grâce à un t-test de Student, avec un p=0,4, donc p>0,05, on a

pu observer qu’il n’existait aucune différence significative entre les deux groupes

de départ.

Page 25: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

21

2. Résultats à 4 semaines

On peut déjà voir ce que donnent les résultats avant de faire des tests

statistiques, les résultats des deux groupes sont reportés dans les tableaux

suivants

Groupe test Score /24 à J0 Score /24 à J28

Patient 1 5 4

Patient 2 5 4

Patient 3 3 2

Patient 4 3 1

Patient 5 11 4

Patient 6 18 20

Patient 7 3 11

On observe une diminution de l’impact de la lombalgie sur les activités de la vie

quotidienne chez les cinq premiers patients, alors que les deux derniers ont une

augmentation, assez importante chez le patient 7, avec un score presque quatre

fois plus élevé après le travail proprioceptif.

Groupe contrôle Score /24 à J0 Score / 24 à J28

Patient 1 12 11

Patient 2 13 10

Patient 3 8 8

Patient 4 13 9

Patient 5 8 5

Patient 6 2 4

Dans le groupe contrôle, le groupe qui n’a effectué que les soins

kinésithérapiques classiques, une diminution du score, donc de l’influence de la

lombalgie sur les activités de la vie quotidienne dans l’ensemble, à part le dernier

patient qui voit son score doubler, mais qui reste relativement peu important.

En comparant les résultats des deux groupes, on obtient le tableau suivant :

Page 26: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

22

Groupe 1 Groupe 2

Nombre 7 6

Score /24 à J0 6,86 ± 5,25 9,33 ± 3,9

IC 95%* à J0 1,61-12,1 4,85-13,84

Score /24 à J28 6,57 ± 6,23 7,83 ± 2,54

IC 95% à J28 0,35-12,8 4,9-10,76

*IC 95% est l’indice de confiance à 95%, la moyenne statistique à 95% de

chance de se situer entre ces deux valeurs.

Comme les indices de confiance à 95% se chevauchent, on ne peut pas savoir si

les moyennes sont réellement différentes, on pourrait même dire que la moyenne

du groupe 2 a plus tendance à diminuer que celle du groupe 1. On va donc

comparer les moyennes obtenues après les quatre semaines de rééducation avec

un test statistique.

Les résultats obtenus au questionnaire au bout de 4 semaines suivent toujours

une loi normale, on les compare donc avec un t-test de Student, et cette fois on

obtient un p=0,68, on a toujours un p>0,05, il n’existe donc aucune différence

significative entre les deux groupes à la fin de l’étude.

Lorsque l’on compare la moyenne du score à J0 avec la moyenne du score à J28

au sein d’un même groupe, note une diminution de 4,2%, sur le score sur 24

points pour le groupe test, et une diminution de 16,1% sur le score sur 24 points

pour le groupe contrôle.

Page 27: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

23

III. Discussion

1. Interprétation des résultats

L’objectif de ce travail était de déterminer si un travail proprioceptif spécifique

sur le rachis lombaire avait une influence d’un point de vue fonctionnel chez des

patients atteints de lombalgie chronique. L’évaluation de la fonction s’est faite

par le questionnaire EIFEL, qui reste un questionnaire rempli par le patient, et

donc subjectif, mais un patient donné devrait le remplir toujours de la même

manière.

Avant de commencer l’interprétation des résultats des tests statistiques, on peut

déjà noter que la diminution moyenne du score dans les deux groupes est

inférieure à 5, d’après les créateurs du test, on ne peut pas noter une

amélioration suffisante pour que celle-ci soit prise en compte, à part dans le cas

de deux patients du groupe test, un des deux voit son score diminuer de 7

points, alors que l’autre le voit augmenter de 8 points.

En comparant l’évolution de la moyenne du groupe test, qui passe de 6,86 ±

5,25 sur 24, à J0, à la moyenne obtenue à J28, soit 6,57 ± 6,23 sur 24, on a

donc une diminution de 4,2%. Avec une taille d’échantillon aussi réduite, cette

diminution n’est pas significative, avec un p-value = 0,933, soit p-value > 0,05.

Lors de la comparaison de la moyenne obtenue à J0 dans le groupe contrôle,

9,33 ± 3,9 sur 24, à celle obtenue à J28, 7,83 ± 2,54 sur 24, on observe une

diminution de 16,1%, une diminution qui semble plus importante que celle

observée dans le groupe test, mais qui n’est pas significative non plus d’un point

de vue statistique, avec un p-value = 0,49

D’après les résultats obtenus, aucune des deux hypothèses de départ n’a été

validée.

Page 28: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

24

2. Biais et limites de l’étude

Pour commencer, cette étude comporte plusieurs biais, de par les moyens à ma

disposition, et la formation qui ne pose que les bases de la recherche.

Cependant, cette même formation nous permet d’identifier les principaux biais.

Biais d’échantillonnage

Le nombre de sujets pour cette étude étant de 13 patients, divisés en deux

groupes, les résultats auraient nécessité une différence plus grande entre le

groupe contrôle et le groupe test pour pouvoir déterminer avec précision si ces

différences étaient réellement significative, ou dues à la rééducation habituelle

des patients. Pour que des changements aussi peu importants soient significatifs,

il aurait fallu un nombre plus élevé de patient, car plus un échantillon est petit,

plus la puissance des tests statistiques est faible.

Durée de l’étude

D’après une étude, quatre semaines d’entrainement intensif en Tai Chi Chuan

suffisent à améliorer la proprioception, mais le nombre de séances par semaine

étant seulement de deux, on ne pouvait pas qualifier cet entrainement d’intensif.

Au rythme de deux séances par semaines, il fallait au moins huit semaines

d’entrainement pour pouvoir observer l’impact de l’entrainement proprioceptif.

Les groupes

Comme dit précédemment, les groupes ont été seulement en partie randomisés,

des patients ont bien voulu répondre au questionnaire, mais ne pas effectuer de

séances supplémentaires, ils ont donc automatiquement fait partie du groupe

témoin. On peut alors faire entrer en jeu le caractère motivationnel des patients

qui ont réalisé les exercices, en pensant que cela pourrait leur apporter quelque

chose de plus. Le plus intéressant aurait été une étude en double aveugle, moins

influencée, mais plus difficile à mettre en place.

Les exercices

Tous les exercices réalisés lors de l’entrainement proprioceptif ne font pas partie

d’un seul programme, et ne sont pas tous validés, certains ont été empruntés à

des programmes de rééducation incluant des exercices de proprioception,

d’autres trouvés lors de la revue de littérature, et d’autres ont été adaptés pour

le rachis, se basant sur des exercices destinés aux membres.

Auto-évaluation

Page 29: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

25

Le patient s’auto-évalue à quatre semaines d’intervalle, avec le même

questionnaire, il est possible qu’il est encore en mémoire une idée de ce qu’il

avait répondu lors du premier questionnaire, et donc qu’il soit tenté de remettre

les mêmes. De plus, certains patients cherchaient mon approbation lors de la

réponse au questionnaire, comme s’il existait des « bonnes » ou des

« mauvaises » réponses. Il aurait pu être intéressant de le remplir complètement

seul pour tout le monde.

Assiduité des sujets

Avec un programme prévu sur quatre semaines, à deux séances par semaines, il

est important de rattraper les séances manquées par les patients pour ne pas

avoir un groupe trop disparate dans le nombre de séances réalisées, et qui ne

serait donc pas uniforme. Malheureusement, cela n’a pas toujours été possible,

certains patients ont donc bénéficié d’une ou deux séances de moins que

d’autres.

Données chiffrées

Les scores de départ étant assez bas dès le début de l’étude, il est difficile de

noter une évolution dans le sens de la diminution des scores. On ne peut donc

noter que des améliorations minimes.

3. Intérêts de l’étude

Cette étude vise à déterminer l’importance de la proprioception dans la

rééducation du lombalgique chronique, si un entrainement spécifique en

proprioception améliore le côté fonctionnel du dos chez des patients qui ont

tendance à sentir leur dos uniquement comme une douleur.

Cette étude cherchant à évaluer l’intérêt d’une technique, compare deux groupes

statistiquement semblables pour déterminer si le fait de réaliser des exercices de

proprioception en plus d’une rééducation composée de massages, étirements,

manipulations et renforcement, va avoir un intérêt par rapport au fait de réaliser

uniquement la rééducation habituelle. Elle comporte donc un groupe contrôle, qui

ne reste pas inactif, et un groupe test qui réalise des exercices en plus. Si seul le

groupe test avait été présent, la comparaison aurait été effectuée entre un

groupe réalisant les exercices plus la rééducation habituelle, à rien, il aurait alors

Page 30: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

26

été impossible de déterminer si les résultats étaient dus à l’une et/ou l’autre des

méthodes.

IV. Conclusion

A ce jour, il existe de nombreuses études concernant la lombalgie, et différentes

manières d’aborder la rééducation, la proprioception étant généralement intégrée

aux différents programmes existants. Cependant, il existe peu d’études qui

s’intéresse directement à la place de la proprioception, et à son impact sur la vie

des patients lombalgiques.

Cette étude cherchait à observer l’influence d’un programme spécifique de

proprioception sur la vie de patients lombalgiques par le biais d’un indice

fonctionnel. Cette étude observationnelle, compare deux groupes de patients qui

réalisent des traitements comparables en termes de temps et d’intensité comme

base de traitement, l’un de ces deux groupes a alors réalisé en plus un

programme spécifique sur quatre semaines, pour déterminer si ce travail avait

une réelle influence sur le côté fonctionnel du dos chez cette population.

Les analyses de ce travail n’ont montré aucune différence statistiquement

significative entre ces deux groupes à la fin de l’étude. Les résultats obtenus ne

semblent montrer aucune amélioration due à ce travail.

Le travail réalisé ici ne présente pas les qualités méthodologiques suffisantes

pour conclure sur l’utilisation possible d’un travail proprioceptif seul lors de la

rééducation. Cependant, la faible taille de l’échantillon de l’étude ne permet pas

de conclure quant à l’efficacité ou l’inefficacité d’un tel traitement.

La littérature existante explique que le passage à la chronicité de la lombalgie

commune est multifactorielle, il pourrait être intéressant de déterminer dans

quels cas un travail de la proprioception serait le plus adapté pour améliorer la

prise en charge de patients lombalgiques chroniques.

Page 31: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

27

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Page 33: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

Annexes

Annexe 1

Page 34: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

Annexe 2

Figure 1 : le patient décolle les fesses du sol et maintient la position

Figure 2 : même chose (figure 1) avec les pieds sur ballon de Klein Vogelbach

Page 35: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

Figure 3 : patient assis sur coussin à air, les pieds décollent du sol

Figure 4 : le patient décolle une main et la jambe opposée, et maintien la position

Page 36: Intérêt d’un travail proprioceptif sur une population de

Figure 5 : le patient décolle une main et le pied du même côté

Figure 6 : assis sur un ballon de Klein, le patient décolle les pieds du sol