interpolation de bases pod par idw et krigeage sur la

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CSMA 2019 14Ăšme Colloque National en Calcul des Structures 13-17 Mai 2019, Presqu’üle de Giens (Var) Interpolation de bases POD par IDW et krigeage sur la variĂ©tĂ© de Grassmann R. Mosquera 1 , A. Falaize 1 , A. Hamdouni 1 , A. El Hamidi 1 1 Équipe M2N, LaSIE, UMR 7356 - CNRS - UniversitĂ© de la Rochelle Avenue Michel CrĂ©peau 17042 La Rochelle cedex 1. RĂ©sumĂ© — Depuis les travaux d’Amsallem et Fahrat (AIAA 2008), on sait que le bon cadre pour in- terpoler des bases POD est la variĂ©tĂ© de Grassmann. Cependant, la mĂ©thode qu’ils proposent utilise un espace vectoriel de rĂ©fĂ©rence auquel les rĂ©sultats peuvent ĂȘtre sensibles, et l’information de la rĂ©partition des donnĂ©es sur la variĂ©tĂ© est perdue. Dans cette communication, nous proposons deux mĂ©thodes d’inter- polation sur la variĂ©tĂ© de Grassmann qui lĂšvent ces difïŹcultĂ©s : (i) une gĂ©nĂ©ralisation de la mĂ©thode IDW, qui ne nĂ©cessite pas de choisir un espace vectoriel de rĂ©fĂ©rence et (ii) une gĂ©nĂ©ralisation de la mĂ©thode de krigeage, qui exploite la rĂ©partition des points interpolĂ©s sur la variĂ©tĂ©. Mots clĂ©s — POD, VariĂ©tĂ© de Grassmann, Krigeage, Inverse Distance Weighting Introduction De nombreux problĂšmes de rĂ©duction de modĂšle sont paramĂ©trĂ©s. Ils peuvent ĂȘtre traitĂ©s par des tech- niques de type PGD, RBM, POD. Cependant, l’obtention d’un modĂšle rĂ©duit pour un paramĂštre donnĂ© Ă  partir d’une interpolation basĂ©e sur la connaissance d’un ensemble de bases POD associĂ© Ă  un Ă©chan- tillon de paramĂštres reste l’approche la plus efïŹcace et la plus utilisĂ©e pour de nombreuses applications. Depuis les travaux d’Amsallem et Fahrat [1], on sait que le bon cadre pour rĂ©aliser ces interpolations est la variĂ©tĂ© de Grassmann. De nombreuses applications ont montrĂ© la pertinence de cette approche par rapport Ă  une interpolation “naĂŻve” dans un espace vectoriel. Un premier point faible de la mĂ©thode proposĂ©e par Amsallemn et Fahrat est l’utilisation d’un point de rĂ©fĂ©rence auquel les rĂ©sultats peuvent ĂȘtre sensibles. Un second point faible est que l’information de la rĂ©partition des donnĂ©es sur la variĂ©tĂ© est perdue lors de l’interpolation sur l’espace tangent. Dans cette communication, nous proposons d’autres mĂ©thodes d’interpolation qui peuvent soit s’af- franchir du choix d’un point de rĂ©fĂ©rence, soit utiliser la structure intrinsĂšque des variĂ©tĂ©s de Grassmann (qui ne sera pas rappellĂ©e ici, voir [2]). Plus prĂ©cisĂ©ment, nous prĂ©sentons §2 une gĂ©nĂ©ralisation, Ă  la variĂ©tĂ© de Grassmann, de la mĂ©thode de pondĂ©ration par distance inverse (Inverse Distance Weighting, IDW). Cette gĂ©nĂ©ralisation ramĂšne la mĂ©thode IDW Ă  une fonctionnelle s’écrivant comme une somme pondĂ©rĂ©e de distances sur la variĂ©tĂ©, pour laquelle on garantit un minimum par un thĂ©orĂšme qui donne la convergence d’une suite. Cette mĂ©thode ne nĂ©cessite pas de choisir un point de rĂ©fĂ©rence, mais est itĂ©- rative. Ensuite, nous prĂ©sentons §3 une mĂ©thode adaptĂ©e de l’interpolation par krigeage dans un espace vectoriel Ă  la variĂ©tĂ© de Grassmann. Cette derniĂšre mĂ©thode dĂ©pend d’un point de rĂ©fĂ©rence mais prĂ©- serve et exploite l’information de la rĂ©partition des bases de l’échantillon sur la variĂ©tĂ©. Finalement, les performances des deux mĂ©thodes proposĂ©es sont illustrĂ©es §4 sur un cas d’interpolation de bases POD en mĂ©canique des ïŹ‚uides. 1 Formulation du problĂšme et notations Une procĂ©dure maintenant standard pour construire des modĂšles rĂ©duits consiste Ă  projeter en un certain sens les equations du modĂšle continu sur une base rĂ©duite (voir ïŹgure 1). Une telle base est classiquement dĂ©terminĂ©e Ă  partir de la rĂ©solution d’un problĂšme discret de grande dimension. Dans le cas d’une Ă©tude paramĂ©trique, il apparaĂźt intĂ©ressant de ne pas rĂ©soudre le problĂšme discret complet, 1

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Page 1: Interpolation de bases POD par IDW et krigeage sur la

CSMA 201914Ăšme Colloque National en Calcul des Structures

13-17 Mai 2019, Presqu’üle de Giens (Var)

Interpolation de bases POD par IDW et krigeage sur la variété deGrassmann

R. Mosquera1, A. Falaize1, A. Hamdouni1, A. El Hamidi1

1 Équipe M2N, LaSIE, UMR 7356 - CNRS - UniversitĂ© de la RochelleAvenue Michel CrĂ©peau 17042 La Rochelle cedex 1.

RĂ©sumĂ© — Depuis les travaux d’Amsallem et Fahrat (AIAA 2008), on sait que le bon cadre pour in-terpoler des bases POD est la variĂ©tĂ© de Grassmann. Cependant, la mĂ©thode qu’ils proposent utilise unespace vectoriel de rĂ©fĂ©rence auquel les rĂ©sultats peuvent ĂȘtre sensibles, et l’information de la rĂ©partitiondes donnĂ©es sur la variĂ©tĂ© est perdue. Dans cette communication, nous proposons deux mĂ©thodes d’inter-polation sur la variĂ©tĂ© de Grassmann qui lĂšvent ces difficultĂ©s : (i) une gĂ©nĂ©ralisation de la mĂ©thode IDW,qui ne nĂ©cessite pas de choisir un espace vectoriel de rĂ©fĂ©rence et (ii) une gĂ©nĂ©ralisation de la mĂ©thodede krigeage, qui exploite la rĂ©partition des points interpolĂ©s sur la variĂ©tĂ©.Mots clĂ©s — POD, VariĂ©tĂ© de Grassmann, Krigeage, Inverse Distance Weighting

Introduction

De nombreux problĂšmes de rĂ©duction de modĂšle sont paramĂ©trĂ©s. Ils peuvent ĂȘtre traitĂ©s par des tech-niques de type PGD, RBM, POD. Cependant, l’obtention d’un modĂšle rĂ©duit pour un paramĂštre donnĂ©Ă  partir d’une interpolation basĂ©e sur la connaissance d’un ensemble de bases POD associĂ© Ă  un Ă©chan-tillon de paramĂštres reste l’approche la plus efficace et la plus utilisĂ©e pour de nombreuses applications.Depuis les travaux d’Amsallem et Fahrat [1], on sait que le bon cadre pour rĂ©aliser ces interpolationsest la variĂ©tĂ© de Grassmann. De nombreuses applications ont montrĂ© la pertinence de cette approchepar rapport Ă  une interpolation “naĂŻve” dans un espace vectoriel. Un premier point faible de la mĂ©thodeproposĂ©e par Amsallemn et Fahrat est l’utilisation d’un point de rĂ©fĂ©rence auquel les rĂ©sultats peuventĂȘtre sensibles. Un second point faible est que l’information de la rĂ©partition des donnĂ©es sur la variĂ©tĂ©est perdue lors de l’interpolation sur l’espace tangent.

Dans cette communication, nous proposons d’autres mĂ©thodes d’interpolation qui peuvent soit s’af-franchir du choix d’un point de rĂ©fĂ©rence, soit utiliser la structure intrinsĂšque des variĂ©tĂ©s de Grassmann(qui ne sera pas rappellĂ©e ici, voir [2]). Plus prĂ©cisĂ©ment, nous prĂ©sentons §2 une gĂ©nĂ©ralisation, Ă  lavariĂ©tĂ© de Grassmann, de la mĂ©thode de pondĂ©ration par distance inverse (Inverse Distance Weighting,IDW). Cette gĂ©nĂ©ralisation ramĂšne la mĂ©thode IDW Ă  une fonctionnelle s’écrivant comme une sommepondĂ©rĂ©e de distances sur la variĂ©tĂ©, pour laquelle on garantit un minimum par un thĂ©orĂšme qui donne laconvergence d’une suite. Cette mĂ©thode ne nĂ©cessite pas de choisir un point de rĂ©fĂ©rence, mais est itĂ©-rative. Ensuite, nous prĂ©sentons §3 une mĂ©thode adaptĂ©e de l’interpolation par krigeage dans un espacevectoriel Ă  la variĂ©tĂ© de Grassmann. Cette derniĂšre mĂ©thode dĂ©pend d’un point de rĂ©fĂ©rence mais prĂ©-serve et exploite l’information de la rĂ©partition des bases de l’échantillon sur la variĂ©tĂ©. Finalement, lesperformances des deux mĂ©thodes proposĂ©es sont illustrĂ©es §4 sur un cas d’interpolation de bases PODen mĂ©canique des fluides.

1 Formulation du problĂšme et notations

Une procĂ©dure maintenant standard pour construire des modĂšles rĂ©duits consiste Ă  projeter en uncertain sens les equations du modĂšle continu sur une base rĂ©duite (voir figure 1). Une telle base estclassiquement dĂ©terminĂ©e Ă  partir de la rĂ©solution d’un problĂšme discret de grande dimension. Dans lecas d’une Ă©tude paramĂ©trique, il apparaĂźt intĂ©ressant de ne pas rĂ©soudre le problĂšme discret complet,

1

Page 2: Interpolation de bases POD par IDW et krigeage sur la

∂u

∂t= F (u, λ) t > 0,

u(0) = u0

u ∈ VModÚle continu

d uh

dt= Fh(uh, λ)

uh ∈ Vh

ModĂšle discret [uh(t1, λ) · · ·uh(tnâ€Č , λ)] ∈ Rn×nâ€Č

Ί(λ) = [φ1(λ) · · ·φm(λ)] ∈ Rn×m

d a

dt= X(a, λ) t > 0,

a ∈ V

ModÚle réduit

dim V â‰Ș dim Vh

u

u

uu

Proj. sur Ί(λ)

Proj. de Galerkin (ou autre)

sur Ί(λ)

Discrétisation

SVD tronquéet > 0,

uh(0) = uh,0

a(0) = a0

avec

X(a, λ) = tΊ(λ)Fh(Ί(λ)a, λ)

a0 = tΊ(λ)uh,0

a(t) = (a1(t), · · · , am(t)) ∈ Rm et

m â‰Ș nâ€Č

FIGURE 1 – ReprĂ©sentation schĂ©matique de construction d’un modĂšle rĂ©duit par projection sur une basePOD Ί(λ) du modĂšle continu de paramĂštre λ (schĂ©ma non commutatif).

et de construire une base réduite directement par une interpolation de bases précalculées. Plus préci-sément, étant donné un ensemble

(Ί(λi)

)1≀i≀N de bases POD (orthogonales) associĂ©es aux N para-

mĂštres Λ =(λi)

1≀i≀N avec λi ∈RP, ∀i∈ {1 · · ·N} et Ί(λi) ∈ Rn×m, ∀i ∈ {1 · · ·N} et m < n, on souhaiteconstruire la base Ί(λ?) pour un nouveau paramĂštre λ? /∈ Λ par interpolation des

(Ί(λi)

)1≀i≀N .

On sait depuis les travaux d’Amsallem et Farhat [1] que le modĂšle rĂ©duit ainsi construit dĂ©pend dusous-espace Ί(λ) = span

(Ί(λ)

)engendré par la base, et non du représentant particulier Ί(λ) de ce sous

espace. Ainsi, l’interpolation doit s’effectuer sur l’ensemble des sous-espaces vectoriels de dimension mde Rn. Cet ensemble n’est pas un espace vectoriel mais a une structure de variĂ©tĂ© diffĂ©rentielle : c’estla variĂ©tĂ© de Grassmann Gm(Rn). Le problĂšme d’interpolation de bases rĂ©duites peut donc ĂȘtre formulĂ©comme suit :

Étant donnĂ©s N points(Ί(λi)

)1≀i≀N de Gm(Rn) associĂ©s aux paramĂštres Λ =

(λi)

1≀i≀N ,

estimer le point Ί(λ?) ∈ Gm(Rn) associĂ© au nouveau paramĂštre λ? /∈ Λ.

La mĂ©thode proposĂ©e dans [1] consiste (i) Ă  choisir un point de rĂ©fĂ©rence Ί(λr), (ii) Ă  associer aux pointsles vecteurs tangents Ο(λi) dans T

Ί(λr)Gm(Rn) via l’application dite logarithme gĂ©odĂ©sique, (iii) Ă  rĂ©aliser

une interpolation classique pour obtenir le vecteur tangent interpolĂ© Ο(λ?) ∈ Gm(Rn) et (iv) Ă  associerĂ  Ο(λ?) le point Ί(λ?) ∈ Gm(Rn) via l’application dite exponentielle gĂ©odĂ©sique. Les limites de cetteprocĂ©dure sont (i) la dĂ©pendance au choix de la valeur de rĂ©fĂ©rence λr et (ii) la perte de l’informationintrinsĂšque sur la rĂ©partition des points de l’échantillon sur la variĂ©tĂ©. Les deux mĂ©thodes proposĂ©es dansce travail permettent de lever ces difficultĂ©s et sont dĂ©crites dans les deux sections suivantes. Dans lasuite, la base associĂ©e au paramĂštre λi sera notĂ©e Ίi et le sous-espace engendrĂ© sera notĂ© Ίi.

2 Pondération par distance inverse sur la variété de Grassmann (IDW-G)

Dans la méthode classique de pondération par distance inverse (Inverse Distance Weighting, ou IDW

[9, 7]), un vecteur interpolé v? est obtenu comme un barycentre pondéré de N vecteurs : v? =N

∑i=1

αi(λ?)vi,

oĂč αi(λ?) =

1S(λ?) ‖ λi−λ? ‖q , avec S(λ?) =

N

∑i=1

1‖ λi−λ? ‖q et q ∈ N∗ un paramĂštre 1 de la mĂ©thode.

La généralisation de cette construction à la variété de Grassmann peut se faire comme décrit ci-aprÚs.

1. Ce paramĂštre est Ă  renseigner par l’utilisateur, et peut ĂȘtre automatiquement dĂ©terminĂ© dans les versions adaptatives dela mĂ©thode IDW (voir e.g. [8]).

2

Page 3: Interpolation de bases POD par IDW et krigeage sur la

Dans le cas de la variĂ©tĂ© de Grassmann Gm(Rn), une notion de barycentre peut ĂȘtre dĂ©finie Ă  partirdu barycentre de Karcher [5]. Plus prĂ©cisĂ©ment, nous considĂ©rons le problĂšme de minimisation suivant :

(PIDW)

Étant donnĂ© λ? ∈ RP, trouver Ί?IDW ∈ Gm(Rn) tel que :

Ί?IDW = argmin

Ί∈Gm(Rn)

(12

N

∑i=1

αi(λ?) d2(Ί,Ίi)

)oĂč d est la distance gĂ©odĂ©sique sur Gm(Rn) (dont une dĂ©finition est donnĂ©e dans e.g. [3, thĂ©orĂšme 2.3.34]).

Le théorÚme énoncé ci-aprÚs garantit que ce problÚme est bien posé et donne une procédure itérativepour approcher la solution. Une preuve de ce théorÚme est disponible dans [3, 4].

ThéorÚme 2.1 (Solution du problÚme (PIDW)). Si les points(Ίi)

1≀i≀N sont contenus dans une bouleB(ΊC,r) de centre ΊC ∈ Gm(Rn) et de rayon r < π

4√

2, alors le problĂšme (PIDW) admet une unique

solution Ί?IDW dans B(ΊC,r). De plus, pour toute initialisation Ί0 ∈ B(ΊC,r), la suite {Ί` : ` ∈ N}

définie par

Ί`+1 = expΊ`

(1

2N

N

∑i=1

αi(λ)exp−1Ί`

(Ίi))

,

converge vers Ί?IDW.

Les expressions des applications exponentielle (exp) et logarithme (exp−1) gĂ©odĂ©siques sont donnĂ©ese.g. dans [3, proposition 2.3.19] et [3, proposition 2.3.22], respectivement. En pratique, on supposera quela sĂ©quence a convergĂ© lorsque la norme du gradient de la fonctionnelle associĂ©e au problĂšme (PIDW)est sous un seuil de tolĂ©rance prĂ©dĂ©fini [4]. Cette sĂ©quence donne lieu Ă  l’algorithme 1 qui prend enentrĂ©e les matrices (Ίi)1≀i≀N et retourne la matrice Ί?, et utilise la reprĂ©sentation en termes de matricesdes applications exponentielle et logarithme gĂ©odĂ©siques. Afin de discerner exp

Ίr(Ο) et log

Ίr(Ί) de leur

reprĂ©sentation en termes de matrices, nous noterons ces derniĂšres expΊr(Ο) et log

Ίr(Ί). La représentation

en termes de matrices de l’application exponentielle gĂ©odĂ©sique est :

expΊr(Ο) =

(Ίr · (ᔀΊr ·Ίr)

12 ·V · cos(S)+U · sin(S)

)· ᔀV · (ᔀΊr ·Ίr)

12 ,

avec U ·S · ᔀV = SVD(

Ο · (ᔀΊr ·Ίr)12

).

(1)

oĂč SVD(M) dĂ©note la dĂ©composition en valeurs singuliĂšres de la matrice M. La reprĂ©sentation en termesde matrices de l’application logarithme gĂ©odĂ©sique est :

logΊr(Ί) = U · arctan(S) · ᔀV · (ᔀΊ ·Ί)

12 ,

avec U ·S · ᔀV = SVD((

Ί · (ᔀΊr ·Ί)−1−Ωr)· (ᔀΊr ·Ίr)

12

).

(2)

Ces expressions gĂ©nĂ©rales se simplifient pour des matrices orthogonales ᔀΊ ·Ί = Id.

3 Méthode de Krigeage sur la variété de Grassmann

La mĂ©thode d’interpolation par krigeage [10, 11, 12, 13] est une technique d’interpolation stochas-tique initialement dĂ©veloppĂ©e pour la gĂ©ostatistique [14, 15] pour prĂ©dire la valeur d’un phĂ©nomĂšnenaturel en des sites non Ă©chantillonnĂ©s par une combinaison linĂ©aire sans biais et Ă  variance minimaledes observations du phĂ©nomĂšne en des sites voisins. La gĂ©nĂ©ralisation de cette mĂ©thode Ă  la variĂ©tĂ© deGrassmann, dĂ©nommĂ©e krigeage grassmannien, est dĂ©crite ci-aprĂšs. Le modĂšle probabiliste sur lequel sebase la mĂ©thode de krigeage grassmannien repose sur le thĂ©orĂšme suivant, dont une dĂ©monstration estdisponible dans [3, chapitre 5].

3

Page 4: Interpolation de bases POD par IDW et krigeage sur la

Data:(λi)

1≀i≀N Ensemble de paramĂštres ,

(Ίi)1≀i≀N Ensemble de bases POD associĂ©es aux paramĂštres,

λ? ParamÚtre cible,

q ParamÚtre de la méthode,

Δtol Tolérance.

Result: Base interpolée Ί?IDW 'Ί?.

1 r = argmini∈[1,N]

‖ λ?−λi ‖ // SĂ©lection de la valeur initiale ;

2 Ί` = Ίr ;

3 S = ∑Ni=1

1‖ λ?−λi ‖q // Coefficient de normalisation;

4 for i ∈ [1,N] do

5 wi =1

S ‖ λ?−λi ‖q // Poids IDW;

6 end7 Δ = ∞ ;8 `= 0 ;9 while Δ > Δtol do

10 `= `+1 ;11 for i ∈ [1,N] do12 Οi = log

Ω`−1(Ωi) // Vecteurs de T

ΊrGm(Rn) ;

13 end14 Ο` =

12N ∑

Ni=1 wiΟi // Barycentre pondĂ©rĂ©;

15 Ω` = expΩ`−1

(Ο`) // Point sur Gm(Rn);16 Δ =‖ Ο` ‖F // VĂ©rification du rĂ©sidu ;17 end18 Ί?

IDW = Ί` // RĂ©sultat;Algorithm 1: Algorithme IDW-G pour l’interpolation de bases POD, oĂč ‖ ‱ ‖ reprĂ©sente la normeeuclidienne et ‖ ‱ ‖F reprĂ©sente la norme de Frobenius. Les expressions des reprĂ©sentations en termesde matrices des applications exponentielle exp et logarithme log gĂ©odĂ©siques sont donnĂ©es dans lesexpressions (1) et (2), respectivement.

ThĂ©orĂšme 3.1. Soit D une partie de RP (P ≄ 1) et N points(Ίi)

1≀i≀N sur la variĂ©tĂ© de GrassmannGm(Rn) associĂ©s aux paramĂštres Λ =

(λi)

1≀i≀N ⊂ D. On fait les hypothĂšses suivantes :

1. Il existe Ίr ∈ Gm(Rn) avec d(Ίr,Ίi )<π

2 pour tout i ∈ {1, · · · ,N}.2. Il existe un processus aléatoire Z, indexée par D, et à valeur dans T

ΊrGm(Rn) de la forme

Z = ”+ÎŽ tel que :Zi = exp−1

Ίr(Ίi)

pour tout i ∈ {1, · · · ,N}, oĂč ” est constant (espĂ©rance), ÎŽ est un processus alĂ©atoire, indexĂ© parD et Ă  valeur dans T

ΊrGm(Rn) intrinsÚquement stationnaire [11, 12].

Alors, étant donné λ? ∈ D, il existe(αi(λ

?))

1≀i≀N ∈ RN tel que

(α1(λ?), · · · ,αN(λ

?)) = argmin(α1,··· ,αN)∈RN

N

∑i=1

αi = 1

E

∄∄∄∄∄ N

∑i=1

αi Zi−Z∗∄∄∄∄∄

2 , (3)

et Z?KRI =

N

∑i=1

αi(λ?)Zi est la valeur estimĂ©e de Z? = exp−1

Ίr(Ί

?).

4

Page 5: Interpolation de bases POD par IDW et krigeage sur la

La détermination des coefficients αi(λ?) suppose la connaissance du processus aléatoire Ύ (plus

prĂ©cisĂ©ment, du semi-variogramme associĂ© au processus), inconnu en pratique. À partir des donnĂ©esdisponibles

(Ίi)

1≀i≀N et en utilisant la distance gĂ©odĂ©sique sur la variĂ©tĂ© de Grassmann d(‱,‱), nousconstruisons un semi-variogramme expĂ©rimental qui approche le semi-variogramme exact.

Construction du semi-variogramme expérimental géodésique On considÚre les nombres :

m(Λ) = min{‖λi−λ j‖ : 1≀ i < j ≀ N}, (4)

M(Λ) = max{‖λi−λ j‖ : 1≀ i < j ≀ N}, (5)

et K ∈N tel que K ·m(Λ)<M(Λ). Ces nombres permettent de dĂ©finir les distances hk = k ·m(Λ) pour toutk ∈ {1, · · · ,K}, h0 = 0 et hK+1 = M(Λ) que l’on rassemble dans le vecteur h = (h0, · · · ,hK+1) ∈ RK+2.Finalement, on dĂ©finit pour tout k ∈ {1, · · · ,K +1} les ensembles :

N(hk) = {(λp,λq) ∈ Λ×Λ : 1≀ p < q≀ N et hk−1 < ‖λp−λq‖RP ≀ hk}.

Alors, le semi-variogramme expérimental associé aux données(Ίi)

1≀i≀N est dĂ©fini comme le vecteurv = (v0, · · · ,vK+1) ∈ RK+2, oĂč

vk =1

Card(N(hk))∑

(λp,λq)∈N(hk)

d2(Ί(λp),Ί(λq)), k ∈ {1, · · · ,K +1}, (6)

avec v(0) = 0 et d la distance gĂ©odĂ©sique sur la variĂ©tĂ© de Grassmann. Cette construction du semi-variogramme expĂ©rimental est dĂ©crite dans l’algorithme 2, ou le logarithme gĂ©odĂ©siques est exprimĂ© entermes de matrices comme comme dans (2) et la distance gĂ©odĂ©sique exprimĂ©e en termes de matrice est

d(Ω1,Ω2) = ‖ tan−1(Σ)‖F ,

avec U ·S · ᔀV = SVD(

Ί2 · (ᔀΊ1 ·Ί2)−1−Ω1

).

(7)

Une fois le semi-variogramme estimĂ©, un variogramme analytique est dĂ©fini par ajustement d’une fonc-tion v : R → R+ de type nĂ©gatif conditionnel [11, 12]. Le choix d’une fonction comme modĂšle sefait selon l’auto-corrĂ©lation spatiale des donnĂ©es dĂ©crite par les valeurs de portĂ©e a = hd+1 et de pa-lier c = v(d +1). Dans ce travail, nous avons utilisĂ© deux modĂšles classiques de variogramme de typesphĂ©rique.

FIGURE 2 – Distances hk = k ·m(Λ) intervenant dans la construction du semi-variogramme expĂ©rimental.

5

Page 6: Interpolation de bases POD par IDW et krigeage sur la

Data:(λi)

1≀i≀N Ensemble de paramĂštres ,

(Ίi)1≀i≀N Ensemble de bases POD associĂ©es aux paramĂštres.

Result: PortĂ©e a et palier c.1 DĂ©finir m(Λ) et M(Λ) comme dans (4) et (5), respectivement2 h0 = 03 for k = 1 Ă  K +1 do4 hk = k ·m(Λ) si k < K +1, sinon hk = M(Λ)5 Dk = /0

6 for i = 1 Ă  N do7 for j = i+1 Ă  N do8 if hk−1 < ‖λi−λ j‖ ≀ hk then9 Ajouter d2

(log(Ίi), log(Ί j)

)à l’ensemble Dk

10 end11 end12 end13 if Card(Dk) 6= 0 then14 vk =

1Card(Dk)

Somme(Dk)

15 end16 end17 a = hK+1 // Portée18 c = vK+1 // PalierAlgorithm 2: Construction du semi-variogramme expérimental dans la méthode de krigeage grass-mannien. Le logarithme et la distance géodésiques sont exprimés en termes de matrices comme dans(2) et (7), respectivement.

Résumé de la méthode de krigeage grassmannien Pour un ensemble(Ίi)

1≀i≀N de N points sur lavariĂ©tĂ© de Grassmann Gm(Rn) associĂ©s aux paramĂštres Λ =

(λi)

1≀i≀N ⊂ RP et un nouveau paramĂštreλ? ∈ RP, les Ă©tapes de la mĂ©thode de krigeage grasmannien sont :

1. Obtenir par l’algorithme 2 la portĂ©e a et le palier c du semi-variogramme expĂ©rimental associĂ©aux donnĂ©es.

2. ModĂ©liser le semi-variogramme expĂ©rimental Ă  l’aide d’un modĂšle analytique et obtenir les poidsα1(λ

?), · · ·αN(λ?) comme solution du problÚme (3).

3. Calculer la valeur estimée Z?KRI =

N

∑i=1

αi(λ?)exp−1

Ίr(Ίi).

4. Associer la base interpolĂ©e via l’exponentielle gĂ©odĂ©sique : Ί?KRI = exp

Ίr(Z?

KRI).

4 Application

Les performances des deux mĂ©thodes proposĂ©es dans cette communication sont illustrĂ©es sur l’in-terpolation de bases POD en mĂ©canique des fluide. Nous considĂ©rons le cas des dĂ©tachements tour-billonnaires derriĂšre un obstacle circulaire de diamĂštre 1m dans l’écoulement d’un fluide incompressibleen 2D dans un canal de dimensions 40m×10m (voir figure 3). Le modĂšle discret complet est obtenupar projection de Galerkin des Ă©quations de Navier-Stokes adimensionnelles sur des Ă©lĂ©ments de typeTaylor-Hood (P2 pour la vitesse et P1 pour la pression). La masse volumique du fluide est ρ = 1kg/m3 etla viscositĂ© dynamique pilote l’inverse du nombre de Reynolds qui sera choisie comme paramĂštre d’in-terpolation λ = Re−1. Le modĂšle discret est rĂ©solu par une mĂ©thode de type prĂ©dicteur/correcteur pourles paramĂštres λ ∈ {100−1,120−1,130−1,160−1,170−1,200−1}, et dans chaque cas nous construisons labase POD par une dĂ©composition en valeurs singuliĂšres de la matrice des clichĂ©s du champ de vitessefluctuante (troncature Ă  10 valeurs). L’interpolation est rĂ©alisĂ©e pour λ? = 110−1 et une base POD derĂ©fĂ©rence est construite pour ce paramĂštre par simulation du modĂšle discret complet.

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FIGURE 3 – Configuration utilisĂ©e dans les tests numĂ©riques, avec des conditions limites de Dirichletv = (1,0) sur ΓIN, v = (0,0) sur le solide circulaire et v ·n = (0,0) sur Γ0 avec n le vecteur normal aubord, et sortie libre σ ·n = (0,0) sur ΓOUT, avec σ le tenseur des contraintes de Cauchy.

Les modĂšles rĂ©duits (voir schĂ©ma en figure 1) sont rĂ©alisĂ©s par projection des Ă©quations continues surla base POD de rĂ©fĂ©rence et les bases interpolĂ©es par la mĂ©thode d’Amsallem et Farhat, par IDW-G etpar krigeage grassmannien. Les premiers coefficients temporels (ai(t))1≀i≀4 obtenus par simulation desmodĂšles rĂ©duits sont prĂ©sentĂ©s en figure 4. Il apparait clairement que le modĂšle rĂ©duit construit sur la baseIDW-G approche mieux le comportement du modĂšle rĂ©duit de rĂ©fĂ©rence (POD) que celui construit surla base interpolĂ©e par la mĂ©thode d’Amsallem et Farhat. Ces rĂ©sultats se rĂ©percutent sur les coefficientsaĂ©rodynamiques (trainĂ©e, portance), non prĂ©sentĂ©s ici.

(a) IDW-G (b) Krigeage grassmannien

FIGURE 4 – Quatre premiers coefficients temporels des modĂšles rĂ©duit obtenus par projection sur la basede rĂ©fĂ©rence (POD) et les bases interpolĂ©es par la mĂ©thode d’Amsallem et Farhat, par IDW-G (4a) et parkrigeage grassmannien (4b).

Conclusions

Dans ce travail, nous avons proposĂ© deux mĂ©thodes d’interpolation sur la variĂ©tĂ© de Grassmann. LamĂ©thode IDW-G, basĂ©e sur la gĂ©nĂ©ralisation Ă  la variĂ©tĂ© de Grassmann de la mĂ©thode de pondĂ©rationinverse de la distance, ne nĂ©cessite pas de choisir un espace de rĂ©fĂ©rence, auquel les mĂ©thodes d’inter-polation existantes Ă©taient sensibles. La mĂ©thode KG est construite comme par une modification de lamĂ©thode de krigeage dans un espace vectoriel afin de prendre en compte la distance intrinsĂšque sur lavariĂ©tĂ© de Grassmann, de sorte Ă  prĂ©server et exploiter la rĂ©partition des points interpolĂ©s sur la variĂ©tĂ©.L’exemple de validation numĂ©rique que nous avons prĂ©sentĂ© montre la pertinence des deux mĂ©thodesproposĂ©es. Cependant, la mĂ©thode par krigeage prĂ©sente l’avantage d’ĂȘtre explicite. Des perspectives Ă ce travail sont l’estimation a priori des erreurs d’interpolations et la gĂ©nĂ©ralisation des mĂ©thodes propo-sĂ©es Ă  d’autres variĂ©tĂ©s (e.g. variĂ©tĂ©s de tenseurs).

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