international 1978et ». avait pri-adopte par alcomme d'opinion. loukya-leur le special », ce...

6
4 Amnesty International informations mensuelles internationales Vol. VIII, n° 8 Aoat 1978 Lourdes peines pour des «surveillantsd'Helsinki» De l'avis d'AI, les lourdes peines prononcées les 13 et 14 juillet contre Alexandre GUINZBOURG, Anatoly CHTCHARANSKY et Viktoras PETKUS, et le 20 juillet contre Levko LOUKYANENKO, tous « surveillants » de l'application des accords d'Helsinki, sont conformes a la politique actuelle des autorites sovii- tiques, qui consiste a infliger a ces « surveillants » le maximum ou une condamna- tion proche du maximum de la peine. Le 13 juillet, Alexandre Guinzbourg, age de 41 ans, a éte condamné a Tarusa, ville située au sud de Moscou, a 8 ans de prison pour « agitation et propagande antisovietiques ». II était un des membres fondateurs du groupe moscovite des surveillants d'Helsinki » et avait crée un fonds de secours pour les prisonniers politiques et les membres de leurs familles. Le meme jour, A Vilnius, Viktoras Petkus, age de 49 ans, membre du groupe lithuanien de surveillants, a éte condamne A un total de 15 années de prison, egalement pour « agi- tation et propagande antisoviétiques ». Le 14 juillet, Anatoly Chtcharansky, 'Age del 30 ans, membre juif du groupe de surveil- lants d'Helsinki, a éte condamne A Moscou a 13 ans de prison aprés avoir ete declare coupable de trahison caracterisee par des activités d'espionnage. Le 20 juillet, Levko LOUKYANENKO, membre du groupe ukrainien de surveillants d'Helsinki, 'Age de 50 ans, a ete condamne A Gorodnya a la peine maximale de 10 ans de colonie de reeducation par le travail, suivis de 5 ans d'exil intérieur, pour « agitation et propagande antisovietiques ». En janvier 1976, Levko Loukyanenko avait acheve de purger une peine de 15 ans de pri- son; durant sa detention, il avait éte adopte par Alcomme prisonnier d'opinion. Alexandre Guinzbourg, Levko Loukya- nenko et Viktoras Petkus devront purger leur peine dans une colonie de reeducation par le travail A « regime special », ce qui correspond au regime le plus rigoureux applique dans les camps de travail. Viktoras Petkus, tout comme Anatoly Chtcharansky, devra en outre accomplir une partie de sa peine dans la prison de Vladimir, etablissement péni- tentiaire A regime plus rigoureux encore. Al estime qu'une detention prolongée dans ces établissements aurait inévitablement des effets nocifs sur leur état de sante. On sait qu'Alexandre Guinzbourg est dejA grave- ment malade. Tous les quatre ont eté adoptes par AI comme prisonniers d'opinion. Le 11 juillet, alors que les proces etaient encore en cours, Al a declare dans un com- munique destine Ala presse qu'elle connaissait les cas de plus de 230 personnes qui, depuis aotit 1975, ont ete condamnees A des peines de prison, d'exil ou d'interdiction de séjour ou encore internees dans des heopitaux psy- chiatriques pour l'exercice non violent de droits de l'homme; or, cela correspond A la periode visee par les informations émanant des divers groupes officieux sovietiques de surveillants des accords d' Helsinki. Al a plus particulièrement signalé le cas de trois autres militants des droits de l'homme emprisonnes en Union sovietique et qui risquent d'être condamnes A de lourdes peines : ii s'agit de Viktor RTSKHILADZE, Géorgien, Robert NAZARYAN, Armenien, et Alexandre PODRABINEK. Rtskhiladze et Nazaryan sont membres de groupes de surveillance d'Helsinki; quant a Podrabinek, il a joue un role actif dans la denonciation des abus de la psychiatrie A des fins politiques en Union sovietique (Bulletin CAT, février). Ces trois personnes ont ete adoptées par AI comme prisonniers d'opinion. E UN PARLEMENTAIRE PARAGUAYEN ENLEVE ET DETENU Le 8 juillet, Al a demande A M. Alfredo STROESSNER, president du Paraguay, de faire libérer M. Domingo LAINO, ancien depute et vice-president du parti radical liberal authentique (d'opposition centriste), qui avait ete enleve A Asuncion, capitale du pays, le 7 juillet. M. Laino est internationa- lement connu pour son action en faveur des droits de l'homme : en decembre 1977, il a participe Ala conference d'A I sur l'abolition de la peine de mort, tenue AStockholm. M. Laino est connu aussi pour son oppo- sition aux méthodes anticonstitutionnelles adoptées par le president Stroessner, qui est au pouvoir depuis 24 ans. Le regime fait l'objet de critiques frequentes A cause de la pratique de la torture et des detentions arbi- traires; les critiques les plus recentes ont eté formulées par la Commission interameri- caine des droits de l'homme dans un rapport adresse a l'assemblée generale de l'Organi- sation des Etats américains, réunie AWashing- ton en juin. M. Laino s'était rendu A Washington en juin, sur l'invitation du bureau de Washing- ton pour l'Amerique latine, organisation de defense des droits de l'homme parrainee par l'Eglise. C'est vraisemblablement A la suite des declarations qu'il a faites A Washington qu'il a été design& comme « ennemi du peuple » au Paraguay. Des collegues de son parti, lequel s'est récemment vu refuser toute representation au parlement, ont appuyé publiquement l'action de M. Laino, qui est revenu au Paraguay le 5 juillet. Le 7 juillet A midi, alors qu'il etait au volant de sa voiture et roulait dans Asuncion, une Volkswagen portant les plaques 11 88 81 l'a force A s'arreter au croisement de Mariscal Lopez et de l'avenue du Perou. Deux hommes en civil l'ont sorti de sa voiture, roué de coups et enlevé. Apres plusieurs demandes infructueuses faites par sa famille,A Asuncion et de nom- breuses protestations internationales, dont un telégramme d'A I, le gouvernement para- guayen a reconnu, avec un retard conside- rable, que M. Laino était détenu pour etre interroge dans la capitale, au Departarnento de Investigaciones, centre de torture bien connu. POUR L'ABOLITION DE LA PEINE DE MORT EN EUROPE M. Christian BRODA, ministre autrichien de la justice, a demandé A la onzieme confe- , rence des ministres européens de la justice tenue en juin A Copenhague d'oeuvrer pour l'abolition totale de la peine de mort en Europe, ce qui constitue une démarche exem- plaire de la part d'un pays d'Europe occi- dentale favorable Al'abolition. La communication presentee par M. Broda était une des questions A l'ordre du jour de la conference. II a declare que les gouverne- ments ont l'obligation d'exiger et de pro- mouvoir le respect de la vie, « plus parti- culiérement A une epoque oil la valeur de la vie humaine est remise en question par des terroristes ». Les ministres de la justice de Suede, de la Republique féderale d'Alle- magne, du Danemark, du Luxembourg et de la France ont appuye son point de vue. Une resolution adoptee a l'unanimite recommande que le comite des ministres du Conseil de l'Europe renvoie les questions relatives a la peine de mort aux organes competents du Conseil pour etude dans le cadre du programme de travail du Conseil, compte tenu de la communication presentee par l'Autriche et des echanges de vues qui ont eu lieu a la conference, afin de permettre un examen ulterieur de la question lors de la douzieme conference des ministres euro- peens de la justice. Dans ses conclusions, M. Broda a declare : Je me permets de proposer que les minis- tres européens participent conjointement l'examen de la possibilité de soutenir mo- ralement et pratiquement la Declaration de Stockholm, adopt& le 11 décembre 1977 A l'issue de la conference internationale sur l'abolition de la peine de mort convoquee par Amnesty International. » LII

Upload: others

Post on 27-Oct-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: International 1978et ». avait pri-adopte par Alcomme d'opinion. Loukya-leur le special », ce correspond dans tout en dans péni-encore. Al dans des sait grave-malade. par AI d'opinion

4Amnesty Internationalinformations mensuelles internationalesVol. VIII, n° 8 Aoat 1978

Lourdes peines pour des«surveillants d'Helsinki»

De l'avis d'AI, les lourdes peines prononcées les 13 et 14 juillet contre AlexandreGUINZBOURG, Anatoly CHTCHARANSKY et Viktoras PETKUS, et le20 juillet contre Levko LOUKYANENKO, tous « surveillants » de l'applicationdes accords d'Helsinki, sont conformes a la politique actuelle des autorites sovii-tiques, qui consiste a infliger a ces « surveillants » le maximum ou une condamna-tion proche du maximum de la peine.

Le 13 juillet, Alexandre Guinzbourg, age de 41 ans, a éte condamné a Tarusa,ville située au sud de Moscou, a 8 ans de prison pour « agitation et propagandeantisovietiques ». II était un des membres fondateurs du groupe moscovite des

surveillants d'Helsinki » et avait crée un fonds de secours pour les prisonnierspolitiques et les membres de leurs familles.

Le meme jour, A Vilnius, Viktoras Petkus,age de 49 ans, membre du groupe lithuaniende surveillants, a éte condamne A un total de15 années de prison, egalement pour « agi-tation et propagande antisoviétiques ».

Le 14 juillet, Anatoly Chtcharansky, 'Age del30 ans, membre juif du groupe de surveil-lants d'Helsinki, a éte condamne A Moscoua 13 ans de prison aprés avoir ete declarecoupable de trahison caracterisee par desactivités d'espionnage.

Le 20 juillet, Levko LOUKYANENKO,membre du groupe ukrainien de surveillantsd'Helsinki, 'Age de 50 ans, a ete condamneA Gorodnya a la peine maximale de 10 ansde colonie de reeducation par le travail, suivisde 5 ans d'exil intérieur, pour « agitation etpropagande antisovietiques ».

En janvier 1976, Levko Loukyanenko avaitacheve de purger une peine de 15 ans de pri-son; durant sa detention, il avait éte adoptepar Alcomme prisonnier d'opinion.

Alexandre Guinzbourg, Levko Loukya-nenko et Viktoras Petkus devront purger leurpeine dans une colonie de reeducation par letravail A « regime special », ce qui correspondau regime le plus rigoureux applique dansles camps de travail. Viktoras Petkus, toutcomme Anatoly Chtcharansky, devra enoutre accomplir une partie de sa peine dansla prison de Vladimir, etablissement péni-tentiaire A regime plus rigoureux encore.Al estime qu'une detention prolongée dansces établissements aurait inévitablement deseffets nocifs sur leur état de sante. On saitqu'Alexandre Guinzbourg est dejA grave-ment malade.

Tous les quatre ont eté adoptes par AIcomme prisonniers d'opinion.

Le 11 juillet, alors que les proces etaientencore en cours, Al a declare dans un com-munique destine A la presse qu'elle connaissaitles cas de plus de 230 personnes qui, depuisaotit 1975, ont ete condamnees A des peinesde prison, d'exil ou d'interdiction de séjourou encore internees dans des heopitaux psy-chiatriques pour l'exercice non violent dedroits de l'homme; or, cela correspond A laperiode visee par les informations émanant

des divers groupes officieux sovietiques desurveillants des accords d' Helsinki.

Al a plus particulièrement signalé le casde trois autres militants des droits de l'hommeemprisonnes en Union sovietique et quirisquent d'être condamnes A de lourdespeines : ii s'agit de Viktor RTSKHILADZE,Géorgien, Robert NAZARYAN, Armenien,et Alexandre PODRABINEK. Rtskhiladzeet Nazaryan sont membres de groupes desurveillance d'Helsinki; quant a Podrabinek,il a joue un role actif dans la denonciationdes abus de la psychiatrie A des fins politiquesen Union sovietique (Bulletin CAT, février).

Ces trois personnes ont ete adoptées parAI comme prisonniers d'opinion. E

UN PARLEMENTAIRE PARAGUAYEN ENLEVE ET DETENU

Le 8 juillet, Al a demande A M. AlfredoSTROESSNER, president du Paraguay, defaire libérer M. Domingo LAINO, anciendepute et vice-president du parti radicalliberal authentique (d'opposition centriste),qui avait ete enleve A Asuncion, capitale dupays, le 7 juillet. M. Laino est internationa-lement connu pour son action en faveur desdroits de l'homme : en decembre 1977, il aparticipe A la conference d'A I sur l'abolitionde la peine de mort, tenue A Stockholm.

M. Laino est connu aussi pour son oppo-sition aux méthodes anticonstitutionnellesadoptées par le president Stroessner, qui estau pouvoir depuis 24 ans. Le regime faitl'objet de critiques frequentes A cause de lapratique de la torture et des detentions arbi-traires; les critiques les plus recentes ont etéformulées par la Commission interameri-caine des droits de l'homme dans un rapportadresse a l'assemblée generale de l'Organi-sation des Etats américains, réunie A Washing-ton en juin.

M. Laino s'était rendu A Washington enjuin, sur l'invitation du bureau de Washing-ton pour l'Amerique latine, organisation de

defense des droits de l'homme parrainee parl'Eglise. C'est vraisemblablement A la suitedes declarations qu'il a faites A Washingtonqu'il a été design& comme « ennemi dupeuple » au Paraguay. Des collegues de sonparti, lequel s'est récemment vu refuser touterepresentation au parlement, ont appuyépubliquement l'action de M. Laino, qui estrevenu au Paraguay le 5 juillet.

Le 7 juillet A midi, alors qu'il etait auvolant de sa voiture et roulait dans Asuncion,une Volkswagen portant les plaques 11 88 81l'a force A s'arreter au croisement de MariscalLopez et de l'avenue du Perou. Deuxhommes en civil l'ont sorti de sa voiture,roué de coups et enlevé.

Apres plusieurs demandes infructueusesfaites par sa famille,A Asuncion et de nom-breuses protestations internationales, dontun telégramme d'A I, le gouvernement para-guayen a reconnu, avec un retard conside-rable, que M. Laino était détenu pour etreinterroge dans la capitale, au Departarnentode Investigaciones, centre de torture bienconnu.

POUR L'ABOLITION DE LA PEINE DE MORT EN EUROPE

M. Christian BRODA, ministre autrichiende la justice, a demandé A la onzieme confe-

, rence des ministres européens de la justicetenue en juin A Copenhague d'oeuvrer pourl'abolition totale de la peine de mort enEurope, ce qui constitue une démarche exem-plaire de la part d'un pays d'Europe occi-dentale favorable A l'abolition.

La communication presentee par M. Brodaétait une des questions A l'ordre du jour dela conference. II a declare que les gouverne-ments ont l'obligation d'exiger et de pro-mouvoir le respect de la vie, « plus parti-culiérement A une epoque oil la valeur de lavie humaine est remise en question par desterroristes ». Les ministres de la justice deSuede, de la Republique féderale d'Alle-magne, du Danemark, du Luxembourg etde la France ont appuye son point de vue.

Une resolution adoptee a l'unanimiterecommande que le comite des ministres duConseil de l'Europe renvoie les questionsrelatives a la peine de mort aux organescompetents du Conseil pour etude dans lecadre du programme de travail du Conseil,compte tenu de la communication presenteepar l'Autriche et des echanges de vues qui onteu lieu a la conference, afin de permettreun examen ulterieur de la question lors de ladouzieme conference des ministres euro-peens de la justice.

Dans ses conclusions, M. Broda a declare :Je me permets de proposer que les minis-

tres européens participent conjointementl'examen de la possibilité de soutenir mo-

ralement et pratiquement la Declaration deStockholm, adopt& le 11 décembre 1977 Al'issue de la conference internationale surl'abolition de la peine de mort convoqueepar Amnesty International. » LII

Page 2: International 1978et ». avait pri-adopte par Alcomme d'opinion. Loukya-leur le special », ce correspond dans tout en dans péni-encore. Al dans des sait grave-malade. par AI d'opinion

2

DETENUS LIBERES AUX SEYCHELLES

Les ler et 5 juillet, 20 personnes qui avaient6t6 arrêtées aux Seychelles aux environs du29 avril ont ete liberees.

A l'origine, elles avaient 6te inculpées detrahison, mais ce chef d'accusation, en memetemps que d'autres, avait ultérieurement 6t6retire et remplace par un ordre d'emprison-nement concernant les 21 personnes dete-nues. Une femme a ensuite ete remise enliberte et expulsee des Seychelles avec sonmari, de nationalit6 americaine. Le gouver-nement avait, quelque temps avant, declareque la trahison était passible de la peine demort, alors que la peine de mort avait 6teabolie aux Seychelles.

Lors des arrestations, le gouvernement asoutenu que plusieurs importantes cachettesd'armes avaient et6 decouvertes et que lespersonnes arretees conspiraient avec l'ancienpresident James MANCHAM en vue de pro-voquer une invasion armee, par des merce-naires, pour renverser le regime tandis queM. RENE, president des Seychelles, seraiten visite dans la Republique populaire deChine. Plus tard, devant le tribunal, le gou-vernement n'a présente aucune preuve Al'appui de son affirmation ni aucune desarmes pretendument saisies.

Le 2 mai, la cour supreme a donne suiteune demande d'habeas corpus presentee

au nom des detenus, mais le lendemain legouvernement a publie le réglement d'urgencerelatif au maintien de la sécurite publique.Ce decret autorise le president A ordonnerdes arrestations sans inculpation ni juge-ment, pour des raisons de o sécurite publiqueou de maintien de l'ordre public ».

Parmi les 17 hommes et les trois femmesdetenus, il y a trois anciens parlementaires,un directeur de l'administration peniten-tiaire en retraite, des commercants et unhaut fonctionnaire de l'administration. Ilsauraient ete associes aux activites du partidemocratique des Seychelles, formationinterdite, qui avait dirige le gouvernementde coalition depuis l'accession A l'indépen-dance jusqu'au coup d'Etat du 5 juin 1977.Trois des détenus ont finalement recu dessoins hospitaliers. Leurs avocats ont porteplainte devant la cour supreme, faisant etatde mauvais traitements, en raison du regimealimentaire insuffisant et des restrictionsimposees aux visites de membres de la fa-mine. II n'a pas éte fait kat de sevices.

Le 2 juin, Al a envoye au president Reneun telegramme exprimant son inquietudedevant le recours A une nouvelle legislationqui autorise la detention pour une dureeincleterminee et demandant que les detenussoient juges rapidement et publiquement etbenéficient de tous les droits de la defense.AI a egalement demand6 la liberationtitre provisoire des detenus jusqu'au momentde leur proces, notamment des femmes et deceux qui sont en mauvaise sante.

Le gouvernement des Seychelles a réponduque la mise en liberté des détenus serait pre-judiciable A la sécurité interieure. M. OgilvyBERLOUIS, ministre de l'intérieur, a declareque les détenus n'etaient pas maltraites et ila invite Al A se rendre compte des condi-tions de detention.

Dans un telegramme du 26 juin, Al areit6r6 son opinion, selon laquelle tous lesdetenus devraient etre juges ou remis enlibert6, ajoutant que c'était la premiere foisque la situation des droits de l'homme auxSeychelles provoquait son inquietude.

L'organisation a lance un appel en faveur dela liberation de tous les detenus pour desraisons humanitaires, qui marquerait ledeuxieme anniversaire de l'independance,et a accueilli avec satisfaction l'invitation Arendre visite au pays.

Lorsque tous ceux qui etaient encore&terms eurent ete liberes, AI a envoy&au president René, le 7 juillet, un telegrammele felicitant de cette mesure humanitaire,mais demandant de plus amples informationssur la question de savoir si certaines per-sonnes continuaient d'être en residencesurveillee. LI

LIBERATIONS ANNONCEES AUX PHILIPPINES

Plusieurs amnisties ont et6 annoncees auxPhilippines depuis le debut du mois de juin.Le 11 juin, le president Ferdinand MARCOSa annonce une amnistie interessant 621 per-sonnes et a fait publier le meme jour la listede leurs noms. Selon les informations recues,406 de ces personnes avaient eté inculpeespour activités subversives et 81 autres, prin-cipalement des musulmans du sud du pays,pour tentative de soulevement; le restantetait detenu pour des infractions penales.

Une deuxieme liste, portant 199 noms, aete publiee le 18 juin. Il s'agissait, pour laplupart, de dissidents vivant dans des regionstribales, mais parmi eux se trouvaient11 pretres et religieuses catholiques, dont unpretre americain accuse d'utiliser A des finssubversives .une station de radiodiffusionde l'Eglise.

Le 27 juin, la remise en liberte de 565autres prisonniers a ete ordonnee, faute depreuves. Ils avaient ete accuses d'appartenirsoit au front de liberation musulman Moro,soit A la nouvelle armee populaire corn-muniste.

Le decret presidentiel accordant l'amnis-tie concernait non seulement les personnesdetenues, mais encore celles qui avaient eteprecedemment IibérCes apres avoir eté in-culpees de violations de la loi contre la sub-version. Le nombre des &terms qui ont unechance de beneficier de' l'amnistie est doncconsiderablement inferieur A ce qui a eteannonce par les autorites philippines. Biendes noms qui figurent sur la liste sont ceuxde personnes qui ont beneficié de la « miseen liberté A titre temporaire » il y a deux ansdeja. Aucun de ceux qui ont eté remis enliberté et qui avaient eté inculpes de subver-sion n'avait ete declare coupable par untribunal.

Jusqu'ici, Al a appris 43 liberations ducentre de redressement de Bicutane a Manille;huit autres prisonniers non juges ont etelibel-es de l'établissement penitentiaire dehaute surveillance de Port Bonifacio.

Le décret présidentiel d'amnistie a suivila mise en liberte, le 5 juin, de plus de600 manifestants, dont des dirigeants del'opposition, qui avaient eté arretés A la suited'une protestation en masse contre desmanoeuvres frauduleuses et des mesuresd'intimidation lors des elections A l'assem-blee legislative provisoire tenues le 6 avril.Les poursuites ont ete abandonnees danstous ces cas.

Le 21 juin, Al a envoye au presidentFerdinand Marcos une lettre exprimant sasatisfaction au sujet du decret présidentiel etdemandant la mise en liberté des détenusrestants, inculpes pour &fits politiquesdepuis plusieurs annees sans avoir ete juges.

DES DISSIDENTS CONDAMNES A DE LONGUES PEINES DANS LA RDA

Rudolf BAHRO et Nico HUBNER, deuxprisonniers d'opinion dans la Republiquedemocratique allemande (RDA) adoptes parAl, ont ete condamnés fin juin et debutjuillet A 8 et 5 ans de prison, respectivement.Tous deux etaient inculpes en vertu de l'ar-ticle 98 du code penal de la RDA pour« avoir recueilli des renseignements ». Le faitde recueillir et de transmettre des renseigne-ments susceptibles d'être utilises par desorganisations ou des individus « hostiles Ala RDA » constitue un delit passible despeines prevues par la loi. Cet article a eteappliqué recemment A un certain nombrede personnes dont l'activite avait eu pourconsequence la publication, A l'etranger, dedocuments critiquant la RDA.

Dans le cas de Rudolf Bahro, marxistedissident, l'inculpation etait apparemmentliee A l'ouvrage Die Alternative, dont il estl'auteur et dans lequel il critiquait le socia-lisme tel qu'il est pratique dans la RDA.Le 27 aoilt 1977, des interviews qu'il avaitaccordees au sujet de cet ouvrage, qui devaitparaitre sous peu, avaient 6te publiees dansla Republique féderale d'Allemagne (RFA)par l'hebdomadaire Der Spiegelet diffuséespar la television de la RFA, dont les emis-sions peuvent etre captees dans la plupartdes regions de la RDA. Son arrestation estintervenue le 23 ao0t. Lors de son proces, ita ete declare coupable d'avoir diffuse, parl' in termed iaire d ' organisations d '« espion-nage », des « mensonges deliberes » et des« distorsions grossieres » A l'intention de« forces hostiles » de la RFA. II a 6galementete declare coupable de « trahison de secrets »,en vertu de l'article 245 du code penal dela RDA.

Nico Hibner avait lui aussi rédige destextes critiquant divers aspects du systemeen vigueur dans la RDA, destines A etrepublies A l'etranger. II a éte jug6 pour celaet en outre parce qu'il refusait, pour desmotifs de conscience, d'accomplir son ser-vice militaire. LI

NOUVEAU GOUVERNEMENT ET LIBERATIONS AU GHANA

Le 5 juillet, le general IgnatiusACHEAMPONG, chef d'Etat du Ghana, adonne sa &mission et le general de divisionF.W.K. AKUFFO, chef d'etat-major de ladefense, a pris le pouvoir. Le lendemain,le general Akuffo a ordonne la liberationdes hommes politiques emprisonnes en avrilpour avoir conteste les resultats officiels dureferendum qui avait eu lieu au Ghana le30 mars (Informations, juillet).

Al a envoye au general Akuffo un tele-gramme exprimant sa satisfaction au sujetdes liberations et actuellement des groupesd'Al lancent des appels en vue de la libe-ration des prisonniers politiques encoredetenus au Ghana. Parmi eux se trouventplusieurs centaines de personnes emprison-nees sans jugement en vertu du decretghanéen sur la detention preventive, qui avaiteté promulgue en 1972 pour permettre augouvernement militaire de mettre fin A l'oppo-sition politique. Des groupes d'AI lancentaussi des appels en faveur de sept personnescondamnees pour subversion en juillet 1976,dont cinq ont ete condamnees a mort.

Page 3: International 1978et ». avait pri-adopte par Alcomme d'opinion. Loukya-leur le special », ce correspond dans tout en dans péni-encore. Al dans des sait grave-malade. par AI d'opinion

Campagne pour les prisonniers du moisII est rappeli aux participants* la campagne que les appels ne doivent Itre adressés

qu'aux personnes nommées la fin de l'expose de chaque cas. II ne faut en aucun

cas adresser de communication g un prisonnier. II importe, dans l'intiOt du pri-

sonnier, que les messages adressés aux autorités soient ridigis avec soin et en

termes courtois et qu'lls ne procident jamais d'un parti pris.

Prisonniers libkres et cas nouveauxLe Secretariat international a appris enjuin la liberation de 321 prisonniersadoptés ou dont le cas était a l'enquêteet a pris en charge 151 cas nouveaux.

3

Alberto ALTESOR - UruguayLe 15 aofit, Alberto ALTESOR a eu 65 ans.

Ancien depute uruguayen, M. Altesor a etéarrête le 21 octobre 1975 A Montevideo enraison de son appartenance au parti corn-muniste et de son role de dirigeant du syndi-cat uruguayen des cheminots. Malgre lesefforts deployes par sa femme pour le retrou-ver, les autorites n'ont annonce officielle-ment sa detention que deux mois plus tard.

Par des personnes qui avaient éte détenuesavec lui et ensuite libérées, sa famille a pro-gressivement obtenu des details sur la manieredont il a éte traite et sur le lieu de detention.Il a d'abord eté emmene dans une maison par-ticuliere et ensuite transfere au bataillon d'in-fanterie n° 13, connu aussi sous le nom deEl Infierno - l'enfer - en raison des torturesparticulierement cruelles infligees aux détenus(voir Bulletin CAT, juillet 1977). LA, il a étebattu, il a recu des chocs électriques et a eteforce A rester debout des heures durant.

Le 14 décembre 1975, il a eté transfére aubataillon d'artillerie n° 5, ofi il a ete detenuseul dans une piece, les menottes aux mains etla tête revêtue d'une cagoule. Pour toute nour-riture, II recevait du café au lait et deux assiet—tees de soupe par jour. Jusqu'en septembre1976, sa famille n'a pas ete autorisee a luiporter de la nourriture et, apres cette date,l'autorisation ne portait que sur des quanti-

tés restreintes.Le 24 septembre 1976, pres d'un an apres

son arrestation, Alberto Altesor a eté inculpe,en vertu de l'article 60 (V) du code penal mili-taire, d'« association avec des elements sub-versifs », delft passible d'une peine de 3 A18 ans de prison. Ce chef d'accusation estlie A ses activites syndicales et A son apparte-nance au parti communiste, interdit en 1973.

M. Altesor emit déjà en mauvaise santeavant son arrestation (Informations, janvier1976). D'apres un specialiste qui l'a exa-mine en 1974, il est atteint d'une affectioncardiaque grave exigeant une surveillancemedicale permanente et un regime alimen-taire strict. Le 16 juillet 1976, le même spe-cialiste a envoye aux autorites uruguayennesun rapport medical. A la fin de l'année,

M. Altesor a ete transfere, dans un etat grave,de la prison A l'hOpital militaire de Monte-video pour y recevoir des soins.

En janvier 1977, il a éte transfere A la pri-son Libertad (Establecimiento Militar deReclusion No I), oil il serait tnieux traité.Les membres de sa famille et son avocat sontautorises A lui rendre visite une fois parsemaine et il peut avoir des contacts avecd'autres detenus et faire de courtes prome-nades dans la cour de la prison. II est auto-rise aussi A emprunter des livres A la biblio-theque de la prison.

Ecrire en termes courtois aux adressessuivantes pour demander la mise en libertéimmediate d'Alberto Altesor : Sr Ministrode Defensa Nacional, Dr Walter Ravenna,Ministerio de Defensa Nacional, 25 de Mayo279, Montevideo, Uruguay; et a : Sr Ministrode Relaciones Exteriores, Adolfo Folle

Martinez, Ministerio de Relaciones Exterio-

res, 18 de Julio 1205, Montevideo, Uruguay.

Willibordus Surendra RENDRA - Indonisie

Willibordus Surendra RENDRA, Age de42 ans, a eté arrété le ler mai, aprés une pe-riode de forte agitation dans les principauxcentres universitaires indonésiens. Il est gene-ralement consideré comme l'un des princi-paux poetes et auteurs dramatiques indoné-siens; quatre recueils de ses poésies ont etépubliés, dont le plus recent, Sadjak - sadjakSepatu Tua (La chanson des vieilles chaus-sures), a paru en 1972. Il a beaucoup voyageet fait des etudes A l'American Academyof Dramatic Art A New York.

L'agitation parmi les etudiants a com-mence en aat 1977 avec la demande d'uneenquête destinee A rnettre fin A la corruptiongeneralisee qui régne dans l'administrationet dans la vie politique indonesiennes.Cette agitation s'est poursuivie en 1978 etvisait la reelection du president Suharto,

candidat unique. Au debut de l'annee, plu-sieurs centaines d'etudiants ont éte arrêtes,dont un grand nombre sont toujours déte-nus. Le 20 janvier, le gouvernement indoné-

sien a interdit temporairement plusieursjournaux importants de Djakarta, préten-dument pour des exagerations dans les textespublies au sujet des activités estudiantines.

Le 24 janvier, M. Rendra et 13 autres in-tellectuels eminents ont publié une declara-tion condamnant les mesures prises par legouvernement et lui demandant de revenirsur sa decision, prise quelques semainesplus tot, d'interdire les conseils et les comi-tés d'etudiants afin de mettre un frein A leursactivités, de remettre en liberte les dirigeantsde mouvernents estudiantins arrétés et decesser de les persécuter et enfin de leverl'interdiction des journaux. M. Rendra s'estmontré tres franc dans sa critique des me-sures prises par le gouvernement, accusantce dernier de « combattre des paroles avecdes fusils ». En fevrier, les responsables dela securite de l'Etat ont interdit aux jour-naux de faire paraitre la moindre mentiondes discours ou des activités de M. Rendra.

Le 28 avril, M. Rendra a donne lectured'un certain nombre de ses poemes au Centreartistique de Djakarta. Au cours de cettemanifestation, des personnes non identifieesont lance dans l'assistance des bombes A

gaz ammoniac. Deux jours plus tard, M.Rendra a Cte arrete, pretendument pour avoirprovoque des sentiments hostiles au gouver-nernent. D'autres dissidents connus ont ega-lement ete arrétés.

M. Rendra est actuellement detenu dansun centre d'interrogatoire de la police ADjakarta, mais il n'a pas encore ete inculpe.Sa famille, qui vit assez loin, a Jogjakarta,ne peut lui rendre visite qu'une fois parsernaine durant une heure. AI a recu desinformations selon lesquelles, au cours despremiers jours de sa detention, M. Rendra a

subi des sévices de la part de detenus de droit commun, sur l'instigation des gardiens.

Ecrire en termes courtois a l'adresse sui-vante pour demander la mise en liberte im-mediate et inconditionnelle de W.S. Rendra:Son Excellence le President Suharto, IstanaNegara, Jalan Veteran, Djakarta, Indonesie.

Nasir bin Abdullah AL-WAHIDI -Ripu-blique dimocranque populaire du Yemen(RDPY)

Nasir bin Abdullah AL-WAHIDI estl'ancien sultan de la province de Wahidi etancien ministre de l'agriculture et des Oche-ries du gouvernement federal qui a eteconstitue en 1963, lorsque Aden et 17 des23 protectorats se sont féderes sous souve-rainete britannique.

11 a eté arrete une premiere fois en fevrier1967 parce qu'il etait soupconne d'être mêle

un attentat contre un avion transportantle secrétaire d'etat de la province de Wahidi.11 est reste en detention mais n'aurait jamaisete juge, faute de preuves.

Au moment de l'accession a l'indepen-dance, en novembre 1967, M. al-Wahidietait toujours en prison. Nombre de ceuxqui avaient collabore avec l'ancien gouver-nement federal s'enfuirent a l'étranger.Nombre de ceux qui resterent furent arrêtés;la plupart d'entre eux • n'ont jamais eteinculpes et rares sont ceux qui ont eté juges.

En février 1968, un certain nombre demembres importants de l'ancien gouverne-ment federal, dont Nasir bin Abdullah al-Wahidi, ont ete inculpes retroactivement en

vertu du décret républicain n° 27, en date du10 janvier 1968, pour haute trahison et pro-pagande pour le regime féodal. Une coursupreme de sécurité de l'Etat, de creationrécente, chargee de k juger ceux qui por-tent prejudice aux interets du peuple et de larevolution », l'a condamné A 10 ans de tra-vaux forces et A la confiscation de tous sesbiens. 11 est detenu A la prison d'al MansouraA Aden.

A/ a adopt& M. al-Wahidi comme prison-nier d'opinion, en meme temps que cinqautres détenus qui ont egalement etecondamnés A des peines de 10 A 15 ans deprison en fevrier 1968.

Bien que Nasir bin Abdullah al-Wahidiait maintenant purge sa peine, sa mise enliberte n'a pas ete annoncee et les autoritésde la RDPY n'ont pas réagi aux nombreusesdemandes qui leur ont éte adressees au sujetde son lieu de detention actuel.

Ecrire en termes courtois, si possible enlangue arabe, aux adresses suivantes pourdemander la mise en liberté de Nasir binAbdullah al-Wahidi: Ali Nasir Muhammad,Chairman of the Presidential Council, Aden,Republique democratique populaire duYemen; et a : Abdul Fattah Ismail, Secre-tary General of the National Front, Aden,Republique democratique populaire duYemen.

Page 4: International 1978et ». avait pri-adopte par Alcomme d'opinion. Loukya-leur le special », ce correspond dans tout en dans péni-encore. Al dans des sait grave-malade. par AI d'opinion

4

CONSEQUENCES DE L'AMNISTIE AU CHILI

Le 19 avril, le gouvernement chilien adécrété une amnistie en faveur des prison-niers politiques, dont un grand nombreetaient détenus depuis plus de quatre ans.Cependant, Al s'inquiete de ce que plus de1 500 prisonniers qui ont disparu depuisseptembre 1973, apres leur arrestation, nesoient pas englobes dans l'amnistie (Bulle-tin CAT, juillet et aodt).

II semble que parmi les crimes et délitsvises par l'amnistie ii y ait ceux commis pardes agents de la police d'Etat, notammentles enlévements. Des tribunaux chiliensavaient ordonné des enquetes sur un cer-tain nombre de cas de prisonniers ayant dis-paru a la suite de leur arrestation par lapolice : l'amnistie a facilité le classement desdossiers de ces enquetes. C'est pourquoi ellea éte denoncée par les organisations poli-tiques, humanitaires et autres, et notammentpar l'Eglise catholique, comme etant destinée

améliorer l'image de marque du gouver-nement chilien plutôt qu'à aider les pri-sonniers.

Avant la publication du décret, ii avaitété annoncé que 109 prisonniers seraientliberes, dont des personnes qui avaient etecondamnées ou dont le proces etait en coursdevant des tribunaux militaires. La plupartdes prisonniers figurant sur la liste officiellepubliee avaient déjà demande que leurcondamnation soit commuee en exil en vertudes dispositions du décret-loi n° 504 : si unesuite favorable avait &é' donnee A leurrequête, ils auraient de toute facon eteliberes pour se rendre en exil. D'autres per-sonnes dont les noms figuraient sur la listeétaient déjà en liberté. Théoriquement, lespersonnes libérées avaient le choix entrerester au Chili ou accepter les visas qui leurétaient offerts par des pays etrangers. Toute-fois, la plupart de ces personnes ont dd quitterle pays, mettle lorsqu'elles desiraient y rester.Elles etaient constamment harcelées par desmembres de la police et certaines d'entreelles estimaient que leur vie était en danger.

Lorsque l'amnistie a éte annoncée, MlleMonica MADARIAGA, ministre de la jus-tice, a declare que les personnes vivant enexil pourraient etre autorisées A retourner auChili si elks en faisaient la demande au consu-lat le plus proche. Il est toutefois apparu trésrapidement que l'amnistie ne s'appliquaitpas A la plupart des Chiliens en exil. Le 4 mai,M. Sergio FERNANDEZ Fernandez, mi-nistre de l'interieur, a declare qu'« aucunepersonne ayant participe A la campagne inter-nationale contre le Chili ni aucun militantdu marxisme international » ne serait auto-rise A retourner dans ce pays. Comme le gou-vernement chilien a toujours qualifie demarxistes tous les partisans ou sympathi-sants du gouvernement d'unité populaire dupresident Salvador ALLENDE, l'autorisa-tion de rentrer pourrait pratiquement etrerefusée a tous les exiles chiliens.

Un groupe d'environ 60 prisonniers (tete-nus pour des delits A mobile politique maisqui sont juges pour delits de droit communn'ont pas bénéficie de l'amnistie. Ils etaientprécédemment détenus avec des prisonnierspolitiques qui ont éte liberes, ce qui signi-fiait qu'on reconnaissait leur statut dans unecertaine mesure et ils etaient relativementbien traités. Maintenant, ils sont détenusavec des criminels de droit commun et ilsont bien moins de chances d'obtenir le statutde prisonniers politiques.

Les anciens prisonniers politiques restesau Chili ont constitué l'Agrupacion de Ex-Presos Politicos de Chile (association desanciens prisonniers politiques du Chili).Parmi les objectifs formulés par cette asso-ciation figurent les activites en vue de la libe-ration des prisonniers politiques et les recher-ches sur les prisonniers disparus; cette asso-ciation contribuera aussi A résoudre les pro-blemes auxquels ont A faire face les anciensprisonniers politiques, par exemple la recher-che de travail et de logement.

LIBERATION DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES

AU SOUDAN

Al a ete informée que tous les prisonnierspolitiques au Soudan qui n'avaient pas encoreete mis au benefice de la loi d'amnistiegenerale d'aodt 1977 ont maintenant ételibérés. Ces liberations etaient un elementessentiel du programme de « reconciliationnationale » du gouvernement, qui comprendune revision des lois relatives A la detentionde durée indeterminée et aux tribunaux desdreté de l'Etat (Informations, septembreet decembre 1977).

Plus de 1000 detenus politiques et prison-niers condamnes partisans du front nationalsoudanais, parti d'opposition clandestin,avaient ete liberés anterieurement; environ120 sympathisants du parti communistesoudanais interdit (dont Gasim AMIN; voirCampagne pour les prisonniers du mois,fevrier) ont egalementete libérés.

Al a ecrit au president Jaafar al-NIMEIRIpour féliciter son gouvernement de cetteaction humanitaire, exprimer sa satisfactionau ujet de la mise en oeuvre de la politiquede reconciliation et l'espoir que les mesuresprises serviraient de modele A des initiativesanalogues dans d'autres pays africains etailleurs dans le monde. LI

URUGUAY : LIBERATION D'UN PRISONNIER ADOPTE PAR Al

Le 21 juin, Ricardo VILARO Sanguinetti,ancien vice-president de la confederationnationale uruguayenne des travailleurs(CNT), a retrouve sa femme et ses troisenfants A l'aeroport de Schiphol, A Amster-dam (Pays-Bas), apres avoir passé quatreans et demi en prison en Uruguay.

Ricardo Vilaro avait éte arrete le 10 sep-tembre 1973 en raison de ses activites syn-dicales et plus tard inculpé d'appartenanceaux Grupos de Acci6n Unificadora (groupe-ments pour l'action unificatrice), associationpolitique non violente ayant pour objetl'unification des partis et des groupementsde gauche en Uruguay.

Son proces n'a commence que le 4 avril1974, aprés une detention de six mois sansinculpation. Ricardo Vilaro a ete condamné

5 ans de prison pour o appartenance a uneassociation A but subversif », avec deductiondu temps passé en preventive.

Le president du tribunal a signé le 28 marsde cette armee l'ordre de levee d'ecrou, apresquoi M. Vilaro a été conduit de la prisonde Punta Carretas, oU il se trouvait depuisavril 1974, A la Jefatura de Policia (quartiergeneral de la police) de Montevideo. Le7 avril, sa famille ayant demandé quand iiquitterait la Jefatura, on lui répondit qu'il

serait remis en liberté le lendemain. Lors-qu'elle se présenta le lendemain, on lui ditque M. Vilaro avait eté emmené par desagents des forces navales immediatementapres sa liberation du quartier general dela police, la veille au soir. Les autorités ontulterieurement confirme qu'il était détenudans la caserne des Fusileros Navales.

A la suite de cette nouvelle arrestationarbitraire, plusieurs groupes d'avocats, dessections nationales d'Al et le groupe qui aadopte Ricardo Vilaro ont lance des appelsaux autorités uruguayennes pour demandersa mise en liberté immediate. Le Parlementeuropeen et plusieurs gouvernements sontegalement intervenus en sa faveur. Le29 mai, Ricardo Vilaro a ete libére et ensuiteautorisé A se rendre aux Pays-Bas. 0

TCHECOSLOVAQUIE : DES CITOYENS DEMANDENT L'ABOLITION

DE LA PEINE DE MORT

Dans une lettre datée du 21 mars, quelque300 citoyens tchécoslovaques ont demandéA l'assemblee fédérale de la Republique l'abo-lition de la peine de mort, considerant quecette peine est moralement injustifiée,inhumaine et inefficace. 11 est rappele dansla lettre qu'une campagne contre la peinede mort avait été organisée en Tchécoslo-vaquie dix ans plus tot (c'est-A-dire durantle « printemps de Prague ») et que desexperts consultés alors par l'assemblee fede-rale tchécoslovaque avaient recommandel'abolition de cette peine.

En vertu du code penal tchécoslovaque,un certain nombre de crimes peuvent etresanctionnes par la peine de mort, la dis-cretion du tribunal. Le code penal énumereaussi 13 delits A caractere militaire passiblesde la peine de mort dans les memes condi-tions. Au cours des 12 mois finissant le30 juin, quatre personnes ont, A la connais-sance d'AI, eté condamnées A mort en Tche-coslovaquie. Une execution a eu lieu en al:At1977, mais au moment de mettre sous presseaucune information n'était parvenue sur lestrois autres cas. LI

Nouvelles de campagnes pricidentes

Le 1 er juin, William « Joe » WRIGHT II,citoyen américain membre du groupe des« Dix de Wilmington » (Campagne pour lesprisonniers du mois, février) a &é mis enliberté conditionnelle. Huit des Dix deWilmington sont toujours en prison.

Le professeur Aharon BARAK, procureurgeneral d'Israel, a informe Al que Maheral-KHAYYAT (Campagne pour les prison-niers du mois, mai) avait ete mis en libertele 19 juin. M. al-Khayyat, détenu depuisjuin 1977 sans inculpation ni jugement envertu de l'article 111 du reglement de 1945relatif A la defense (mesures d'urgence), acomparu le 15 mai devant le comité desappels, qui a decide de ne pas le mainteniren detention.

Les INFORMATIONS MENSUELLESINTERNATIONALES sont la traductionfrancaise de la NEWSLETTERpubliee parAMNESTY INTERNATIONAL PUBLI-CATIONS, 10 Southampton Street, Lon-dies WC2E 7HF, Grande-Bretagne.

Page 5: International 1978et ». avait pri-adopte par Alcomme d'opinion. Loukya-leur le special », ce correspond dans tout en dans péni-encore. Al dans des sait grave-malade. par AI d'opinion

amnesty international

campagne pour l'abolition de la tortureVol. V, n° 8 BULLETIN MENSUEL Aotit 1978

AI n'est pas en mesure de mener une cam-pagne pour des prisonniers d'opinion indi-viduels en Ouganda parce que nombre deceux qui sont arretes sont tortures et tuesbref delai. On possede tres peu de rensei-gnements sur les detenus parce que lesmembres de leurs families craignent des repre-sailles si l'on publie des renseignements ou sil'on lance des appels.

Le rapport signale que, depuis la prisedu pouvoir par le general Amin en 1971,un grand nombre d'hommes politiques, defonctionnaires, d'hommes d'Eglise, d'uni-versitaires, d'etudiants, de commercants,d'ecrivains, de soldats, de policiers et deressortissants d'autres pays ont ete arretes ettues. Parmi les victimes récentes, il citeParcheveque Janani LUWUM, tue par despoliciers le 16 février 1977, alors qu'il étaiten detention (Informations, mars 1977),Byron KAWADWA, directeur artistique dutheatre national ougandais et représentanta l'UNESCO, tue par des agents du StateResearch Bureau (service chargé des en-quetes) au cours du meme mois, et RaphaelSEBUGWAAWO-Amooti, Président duconseil national des prud'hommes, tue le13 mars 1978. Le 9 septembre 1977, 12 pri-sonniers d'opinion et trois autres personnesont éte executes en public aprés avoir étécondamnes par un tribunal militaire secret.Les membres des groupes ethniques desAcholi et des Lango, constamment soupcon-nes d'appuyer l'ancien president MiltonOBOTE, sont particuliérement vises par lesmeurtres arbitraires commis en masse.

Le State Research Bureau et le service desecurité publique de la police pratiquentcouramment la torture. Des détenus sonttortures au siege de ces organes, dans descentres militaires et aussi dans des maisonset des bureaux. Le rapport d'Al reproduitles temoignages circonstancies de quelquesvictimes de tortures qui ont survecu. Lesmethodes de torture comprennent des « exer-cices » tits douloureux et humiliants, dessévices physiques graves infligés alors que latete de la victime est placee dans le creuxde la jante d'une roue de camion, des chocsélectriques, des tortures a caractere sexuelet le viol, des coups de baIonnette et d'autresblessures ou des mutilations. De nombreuxprisonniers ont été tues soit par des gardiens

soit par d'autres prisonniers qu'on force atuer leurs codétenus a coups de marteau surla tete.

Al a exprime sa vive desapprobation quantaux résultats de diverses enquetes officiellesdes autorités au sujet des allegations de dis-paritions et de morts causées par les forces depolice. A la suite de la decision de la Commis-sion des droits de l'homme des Nations Unies,au mois de mars de cette annee, de prendredes « mesures » non précisees et a caractereconfidentiel au sujet des droits de l'homme enOuganda, le president Amin a crée un « Co-mite des droits de l'homme ». Les membresde ce comite national et officiel sont recrutesprincipalement parmi les forces de police etnotamment parmi les membres des servicesde sécurite publique et du State ResearchBureau. Al declare a ce sujet : « Comme lesorganisations chargees de la sécurité sontaccusées d'avoir leur part de responsabilitedes tortures et des meurtres, et comme memedes juges s'exposent maintenant a des repre-sailles s'ils sont en désaccord avec le regimemilitaire, un tel comite ne peut faire preuveni d'indépendance, ni d'impartialite. »

Le president Amin a annonce que 1978serait l'année de « la paix et la reconcilia-tion ». S'il est vrai que les assassinats enmasse de 1977 ne se sont pas reproduitsjusqu'ici, on n'en reléve pas moins de nom-breuses arrestations arbitraires et de nom-breux meurtres de simples citoyens ougan-dais dans toutes les regions du pays : lastructure de la repression est inchangêe. AIdeclare : « A moins que la pression interna-nationale au sujet de la situation des droitsde l'homme en Ouganda ne s'accentue, ii ya tout lieu de craindre que les violations desdroits de l'homme de cette nature et a cetteéchelle continuent pendant longtemps. »

ENQUETE OFFICIELLE SECRETE EN INDE ?

Le 23 juin, AI a protesté aupres du gou-vernement de l'Etat indien d'Andhra Pra-desh a propos d'une decision selon laquelleune enquete publique au sujet d'allegationsde torture et de meurtre de prisonnierspolitiques devrait etre menée en secret.

Le gouvernement de cet Etat a créé l'andernier une commission chargée d'enquetersur « des allegations de meurtre, de tortureet de sévices graves » dont auraient éte vic-times des prisonniers « naxalites » (Infor-mations, mai 1977). Le 6 juin 1978, le gou-vernement de l'Andhra Pradesh a demandéa la commission, présidée par le juge V.BHARGAVA, de tenir ses seances a huisclos, « dans Pinter& public ».

Dans son télegramme a M. ChennaREDDY, premier ministre de l'AndhraPradesh, AI a manifesté sa vive inquietudedevant la decision du gouvernement, esti-mant qu'il etait de la plus haute importanceque les faits relatifs aux allegations de vio-lations des droits de l'homme aussi gravesque la torture et le meurtre de prisonnierspolitiques soient établis ouvertement etpubliquement. Si l'on veut que les faits aux-quels se rapportent ces allegations soientetablis au-dela de tout doute, il faut que lacommission d'enquete fonctionne ouverte-ment et que ses constatations puissent etreverifiées. La commission doit avoir libreacces a tous les moyens de preuve pertinentset ses conclusions doivent etre publiees inté-gralement.

AI a envoy& a M. Charan SINGH, mi-nistre indien de l'interieur, une copie de sontelegramme et a prié le gouvernement de laRepublique de prendre des mesures afin que1' enquete relative a des allegations de cettegravité soit efficace, publique et impartiale.

La commission Bhargava a ete créée le20 juin 1977 et char,* d'enqueter sur desallegations de torture et de meurtre de pri-sonniers politiques au cours d'incidents offi-ciellement caracterises comme des « heurts »avec la police.

Les statistiques of ficielles montrentqu'entre 1968 et 1977, période visee par lemandat de la commission, 214 personnessont mortes lors de « heurts » avec la policedans l'Etat d'Andhra Pradesh. Des organi-sations indiennes pour la defense des droitscivils et d'autres groupements ont affirmeque ces « heurts » etaient mis en scene par lapolice. Les personnes tuees auraient ete des« Naxalites » - revolutionnaires maoistes,officiellement designes comme membres duparti communiste indien (marxiste-leniniste)- qui exercent leur activité dans l'AndhraPradesh depuis la fin des annees 60 et quipreconisent des methodes révolutionnairescomprenant le recours a la violence.

Des temoins disposes a deposer devantla commission Bhargava auraient eté inti-mides et arretes par la police. Mais ce quiinquiete particulierement AI, c'est que legouvernement de l'Etat ait demandé a lacommission de sieger a huis clos en invo-quant une raison aussi vague. Al a regudes informations selon lesquelles le magistrat,M. V. Bhargava, a demandé a etre &chargede cette mission le 30 juin et que des avocatsqui avaient comparu devant la commissionet presente des declarations relatives auxallegations de meurtre se sont retires. O

Rapport sur l'Ouganda:tortures et assassinats

En juin, AI a publié un rapport sur les violations des droits de l'homme enOuganda sous le regime militaire du president Idi AMIN. Ce rapport, qui portesur les évenements de 1977 et 1978, traite de la disparition de toutes les garantiesjuridiques, de la pratique de l'assassinat par la police chargée de la sécurité del'Etat, qui atteint souvent les proportions d'un massacre, de l'institutionnalisationde la torture et du mkpris constant du regime pour l'inquietude extreme mani-fest& par l'opinion internationale et par diverses organisations, dont l'ONU.

Page 6: International 1978et ». avait pri-adopte par Alcomme d'opinion. Loukya-leur le special », ce correspond dans tout en dans péni-encore. Al dans des sait grave-malade. par AI d'opinion

Bulletin CAT

a e sSOH Joon-shik et SOH Sung - Cot* du Sud

SOH Joon-shik, 30 ans, a ete arreté enavril 1971, en meme temps que son frere,SOH Sung, 33 ans. Au moment de leurarrestation, les deux freres, qui sont denationalite coreenne mais nes au Japon,etaient etudiants A l'universite nationale deSeoul. Ils ont ete arrêtes apres d'impor-tantes manifestations d'etudiants provoqueespar les elections presidentielles de 1971.Ils ont ete inculpes en vertu de la loi contrele communisme et de la loi relative A lasecurite nationale, parce qu'ils auraient étémeles A des activites d'espionnage au profitde la Coree du Nord.

Le gouvernement de la Coree du Sud asoutenu que les freres Soh jouaient un relledirigeant dans une organisation d'espion-nage agissant sur instructions recues de Coreedu Nord. Mais les deux freres ont ete recon-nus coupables sur la base d'aveux qui leurauraient ete arraches sous la torture. Lorsde son proces, en janvier 1972, Soh Joon-shik a donne une description des sévices etdes tortures qu'il a declare avoir subis aucours des interrogatoires. Soh Sung est gra-vement defigure, apparemment a la suitede brOlures qu'il s'est infligees lorsqu'il atente de se suicider pour se soustraire A latorture

Soh Joon-shik devait etre libere le 27 mai,apres avoir purge une peine de sept ans deprison, mais il a ete transfere alors A la pri-son de Daejon, dans IA province de Chung-chong du Sud. C'est IA qu'il est maintenantdetenu en vertu de la loi sur la securitepublique, qui autorise le gouvernement de laCoree du Sud A imposer des restrictionsarbitraires, y compris la detention, a d'an-ciens prisonniers politiques. Soh Sung estdans la prison de Taegu, oil il purge unepeine d'emprisonnement A vie. Les deux

LES « DISPARITIONS » AU CHILI : DENEGATIONS DU GOUVERNEMENT

Le 9 juin, les membres des families de pri-sonniers disparus au Chili ont cesse leurgreve de la faim (Bulletin CAT, juillet). Lesdeclarations du gouvernement chilien et lescommentaires de la presse, de la radio et dela television montrent que le gouvernementn'est pas dispose a fournir une explicationsatisfaisante au sujet du sort de plus de 1500personnes disparues apres leur arrestationdepuis le coup d'Etat de septembre 1973.

Dans un discours prononce le 15 juin etqui a fait l'objet d'une large diffusion auChili, M. Sergio FERNANDEZ Fernandez,ministre de l'interieur, a declare que le gou-vernement ne disposait d'aucun elementetablissant que l'une quelconque des per-sonnes disparues ait ete arretee et il a doncnie que le gouvernement soit responsable dela disparition de detenus. 11 a egalementlaisse entendre que quelques-unes des per-sonnes qui figurent .sur les listes de prison-niers disparus peuvent avoir été tuees aucours de combats contre la police, qu'ellesportaient de faux papiers et qu'il n'etaitdonc pas possible de les identifier. II a affir-me que certaines d'entre elks vivaient peut-etre « dans la clandestinite > ou a l'etranger.M. Fernandez Fernandez a declare quela greve de la faim relevait d'une cam-

hommes ont ete adoptes par AI comme pri-sonniers d'opinion.

Le cas de Soh Joon-shik a fait l'objetd'une action urgente le ler juin et, le19 juin, AI a ecrit A M. LEE Sun-choong,ministre de la justice de la Coree du Sud,une lettre demandant la liberation imme-diate de Soh.

Ecrire en termes courtois aux adressessuivantes pour demander la liberation imme-diate et inconditionnelle de Soh Joon-shiket de son frere Soh Sung : President ParkChung-hee, The Blue House, Seoul, Repu-blique de Corée; et : Mr. Lee Sun-choong,Minister of Justice, Ministry of Justice,Seoul, Republique de Coree.

Evgukny NIKOLAIEV - Union soviedqueEvgueny Borisovitch NIKOLATEV, age

de 39 ans, membre de l'association dessyndicats libres de travailleurs de l'Unionsoviétique, a ete arrete le 15 février et interneA l'heopital psychiatrique Kachtchenko AMoscou. M. Nikolakv, qui avait déjà etehospitalise de force A plusieurs reprises,participait activement aux efforts des dissi-dents tendant a denoncer les abus de lapsychiatrie en URSS. En novembre 1977,la premiere conference de presse tenue parce groupement syndical non reconnu a eulieu dans son appartement A Moscou.

Entre le 3 mars et le 14 avril, M. Nikolakvaurait subi des injections de triftazine (ste-lazine), neuroleptique utilise dans de nom-breux pays mais qui provoque des effetssecondaires extramement penibles et nocifss'il est prescrit et administre sans justifica-tion medicale precise.

Ecrire en termes courtois a l'adresse sui-vante pour demander au docteur ValentinMikhadovitch Morkovkine, medecin chefde l'hôpital Kachtchenko, la liberationimmediate d'Evgueny Nikolaiev : URSS, g.Moscou, Zagorodnoye shosse 2, Psikhiatri-cheskaya Gorodskaya Klinicheskaya BolnitsaNo 1 Kashchenko, Glavnomu Vrachu V.M.Morkovkinu.

pagne politique dirigee contre le regimemilitaire et non d'un probleme de droits del'homme, que le gouvernement agirait sansfaiblesse si d'autres actions de ce type etaientmenees et qu'il pouvait tout au plus, pourporter secours aux membres de la famillede ceux qui avaient disparu, prevoir unedisposition speciale permettant de les aiderA resoudre leurs problemes juridiques.

Lors d'une conference de presse tenue le29 juin, les membres des families des dis-parus ont rejete la reponse du gouvernementet declare que s'ils ne recevaient pas de ren-seignements sur chacun des cas en question,ils prendraient d'autres mesures.

LA POLICE MEXICAINE ACCUSEE DE TORTURES

Le 16 juin, Jesus Michel JACOBO, vice-president du barreau de Culiacan, dansl'Etat de Sinaloa, a publie les resultats d'uneenquete sur la torture menee durant deuxmois par une commission des droits del'homme de l'ordre des avocats mexicains.II a precise que des declarations sous sermentfaites par 457 prisonniers avaient revele quela police federale de Mexico pratiquait cou-ramment la torture.

Les avocats signalent que les prisonniersont accuse la police de les avoir soumisdiverses formes de torture : passages A tabac,

• .chocs électriques, viols, brOlures au moyende cigarettes, pendaison par les pouces,introduction d'essence, de yin ou d'eaugazeuse par les narines. Le directeur de lacampagne nationale contre les stupefiants,Carlos Aguilar GARZA, est accuse de cessevices, de meme que les agents de la policefederale qui sont sous ses ordres.

II avait éte decide d'organiser cette enqueteapres que Jesus Michel Jacobo eut lui-memeete arrete. Quatre personnes arrêtees enmeme temps ont affirm& devant le tribunalau debut du mois de juin que, durant laperiode oU elks étaient gardees au secret parla police féderale, soit pres de deux semaines,elles etaient privées de la vue par des bandesadhesives collees sur les yeux, elles recevaientdes coups, des chocs electriques au moyende batons speciaux utilises pour le bétail eton leur introduisait de force de l'eau gazeusedans les narines, afin de les obliger A sereconnaitre coupables d'infractions liees

une saisie d'heroIne. Le juge, M. HoracioCARDOSO, a declare que les preuves detorture étaient si manifestes qu'il recomman-dait au parquet federal d'entreprendre uneenquête detaillée. Toutefois, ce dernier estdirige par M. Aguilar Garza, qui jusqu'ici arefuse d'autoriser l'enquête. Les juristesenvisagent maintenant de saisir le procureurgeneral du Mexique, M. Oscar FLORESSanchez.

Al a recemment recu'd'autres informationsau sujet de tortures : en decembre 1977, uncitoyen des Etats-Unis, Kirk SEDASSY, aéte arrete A Monterrey et a fait l'objet desevices destines A lui faire avouer qu'il avaitcommis un meurtre et un vol. Dans deslettres qu'il a adressées a sa famille, il a donneune description de l'interrogatoire qu'on luia fait subir aprés l'avoir devetu et aveugléau moyen d'une cagoule :

« On m'a fait marcher quelques pas puison m'a couche sur le dos. Le haut de laplanche de 2 metres sur 60 centimetres envi-ron se trouvait a peu pres A 2 metres au-dessusdu sol. Ma main droite etait attacheequelque chose par un lien. Un tissu qui avaitle goucher d'une grosse mile a etc enrouleautour de mon corps, plaquant mes brascontre mon corps et mon corps contre laplanche. J'étais enveloppe d8 genoux auxepaules. Des mains retenaient mes chevilles.Le genou de quelqu'un etait appuye sur monestomac. Je crois aussi que celui qui appuyaitson genou sur moi etait le meme qui placaitun tissu au-dessus de mon nez tandis qu'onfaisait couler l'eau du robinet. L'eau coulaitdurant 35 A 45 secondes; tout ce que jepouvais inspirer, c'etait de l'eau. Puis ils ontenleve le tissu et l'on m'a demand& : « As-tutue cet homme a Chapultepec ?

« Je repondis non. Ils ont recommenceun certain nombre de fois. On me posaitmeme des questions alors que l'eau coulaitsur mon visage. II etait impossible de ré-pondre. Ils continuerent a faire couler del'eau. Dans ma detresse, j'entendis une voixqui disait : « Tu ne peux pas gagner. Per-sonne ne sait que tu es ici. Personne ne saitmeme que tu existes. »

« La voix semblait sortir d'un film d'epou-vante. Les mêmes mots etaient repetesplusieurs reprises. »

Au bout de quatre jours, la police essayade lui faire signer un papier. II l'aurait faitsi l'interprete present n'avait pas dit qu'ils'agissait d'aveux. M. Sedassy est toujours&term au Reclusorio Oriente Preventivodans la ville de Mexico, dans l'attente deson jugement. 0