insertion jeunes

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Un produit d’information du Gret nancé par l’AFD IDÉES, CONCEPTS ET POLITIQUES Deux articles ont été réalisés en support à la conférence ID4Dev de juin 2013. Cet article constitue le deuxième d’entre eux. Il porte sur les actions des institutions  publiques et des organisations de la société civile (OSC) qui interviennent en appui à l’insertion des jeunes en  Afrique subsaharienne, en questionnant  plus particulièrement les apports des organisations de la société civile à la réexion et à l’action publique sur ce thème. L’Actualité des services aux entreprises NUMÉRO 25  JUIN 2013 L’ emploi des jeunes est un enjeu majeur et ancien qui, notamment sous la pression des actualités démographique, sociale et politique des pays, est de plus en plus fortement pris en considération par les gouverne- ments, leurs partenaires techniques et nanciers, les acteurs locaux et les organisations de solidarité internationale. En Afrique subsaharienne, ces dif- férents acteurs testent des appuis pour accompa- gner les jeunes à gagner en autonomie sociale et nancière dans des environnements où peu d’entre eux parviennent à accéder à l’emp loi ou à y évoluer dans des conditions qui les satisfassent. Dans les contextes de crise que de nombreux pays vivent actuellement, des réponses opérationnelles sont recherchées dans un climat de relative urgence. Il semble nécessaire de revenir sur les fondamentaux et de tirer des enseignements des initiatives exis- tantes ou passées, en Afrique comme en Europe où les approches sont plus anciennes et développées, an de partager et mutualiser la réexion. Cet article s’inscrit dans la lignée d’une dynamique d’échanges enclenchée en 2012 entre opérateurs essentiellement liés à la Coopération française, sur l’insertion et l’emploi des jeunes en Afrique subsa- harienne : rencontre entre plateformes d’appui à l’insertion en juillet 2012 organisée par le Service de coopération et d’action culturelle (Scac) de Côte d’Ivoire ; séminaire entre plusieurs organisations de solidarité internationale, l’Agence française de développement (AFD) et le ministère des Aaires étrangères (MAE) en décembre 2012 1  ; restitution publique de la capitalisation de la Fisong 2  « for- 1. Séminaire « Insertion et emploi des jeunes en Afrique sub- saharienne »  , MAE/AFD/Gret, décembre 2012. Voir les actes de ces rencontres. 2. Facilité d’innovation sectorielle des organisations non gou- 1 L insertion des jeunes en frique L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ? Article rédigé par Sandra Barlet (Gret), André Gauron (consultant) et Annick Huyghe Mauro (consultante).  Accéder aux autres articles de la revue :  Revue L’actualité des services aux entreprises du Gret

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Un produit d’information du Gret financé par l’AFDIDÉES, CONCEPTS ET POLITIQUES

Deux articles ont été réalisés en support 

à la conférence ID4Dev de juin 2013.

Cet article constitue le deuxième d’entre

eux. Il porte sur les actions des institutions

 publiques et des organisations de la

société civile (OSC) qui interviennent 

en appui à l’insertion des jeunes en

 Afrique subsaharienne, en questionnant plus particulièrement les apports

des organisations de la société civile

à la réflexion et à l’action publique sur 

ce thème.

L’Actualité des services aux entreprises

NUMÉRO 25 ●  JUIN 2013

L’emploi des jeunes est un enjeu majeur etancien qui, notamment sous la pressiondes actualités démographique, socialeet politique des pays, est de plus en plus

fortement pris en considération par les gouverne-ments, leurs partenaires techniques et financiers,les acteurs locaux et les organisations de solidaritéinternationale. En Afrique subsaharienne, ces dif-férents acteurs testent des appuis pour accompa-gner les jeunes à gagner en autonomie sociale et

financière dans des environnements où peu d’entreeux parviennent à accéder à l’emploi ou à y évoluerdans des conditions qui les satisfassent. Dans lescontextes de crise que de nombreux pays viventactuellement, des réponses opérationnelles sontrecherchées dans un climat de relative urgence. Ilsemble nécessaire de revenir sur les fondamentauxet de tirer des enseignements des initiatives exis-tantes ou passées, en Afrique comme en Europe oùles approches sont plus anciennes et développées,afin de partager et mutualiser la réflexion.

Cet article s’inscrit dans la lignée d’une dynamiqued’échanges enclenchée en 2012 entre opérateursessentiellement liés à la Coopération française, surl’insertion et l’emploi des jeunes en Afrique subsa-harienne : rencontre entre plateformes d’appui àl’insertion en juillet 2012 organisée par le Servicede coopération et d’action culturelle (Scac) de Côted’Ivoire ; séminaire entre plusieurs organisationsde solidarité internationale, l’Agence française dedéveloppement (AFD) et le ministère des Affairesétrangères (MAE) en décembre 20121 ; restitutionpublique de la capitalisation de la Fisong2  « for-

1. Séminaire « Insertion et emploi des jeunes en Afrique sub-

saharienne » , MAE/AFD/Gret, décembre 2012. Voir les actes de

ces rencontres.

2. Facilité d’innovation sectorielle des organisations non gou-

1

L’insertion des jeunes en friqueL’insertion des jeunes en AfriquesubsahariennesubsaharienneQuelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

Article rédigé par Sandra Barlet (Gret), André Gauron (consultant) et Annick Huyghe Mauro (consultante).

 Accéder aux autres articles de la revue : 

Revue L’actualité des services aux entreprises du Gret

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L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne

Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

mation-insertion »3 en janvier 2013 ; conférenceID4Dev4  de l’AFD sur le thème « L’insertion des

 jeunes en Afrique : comment la société civile ins-pire-elle l’action publique ? ». Ces échanges ont misen lumière la nécessité d’une part de développerune compréhension partagée de la notion de l’ap-pui à l’insertion en Afrique subsaharienne (ASS) ; etd’autre part de construire une réflexion collectiveà partir d’une mise en perspective des actions déjàidentifiées.

Le présent article se compose de quatre parties :en premier lieu, une typologie des actions d’appuià l’insertion et à l’emploi est proposée. Dans un se-cond temps, les priorités de l’action publique enfaveur de l’insertion des jeunes sont ensuite briève-ment mises en perspective historique et présentées.Les deux dernières parties de l’article s’attachent àcaractériser les principaux apports des actions desOSC à l’action publique avant de conclure sur lesenjeux de l’action des OSC dans une perspective derenforcement de celle-ci.

CADRAGE DE L’ARTICLE

L’article précédent5 a présenté un cadrage de la no-tion d’insertion et la façon dont la problématiquese pose en Afrique subsaharienne. Ce second ar-ticle apporte des éléments d’analyse sur l’actiondes pouvoirs publics et des organisations de la so-ciété civile (OSC) en Afrique subsaharienne, et surl’apport que ces dernières peuvent avoir dans ledéveloppement de l’action publique. Il cherche àcomprendre quelles sont les relations existantes et

souhaitables entre les dispositifs mis en place par

des OSC et les réflexions ou actions publiques en

matière d’appui à l’insertion. De ce fait, l’article netraite pas des actions conduites par des structures

vernementales (Fisong), qui est une ligne de financement del’AFD réservée à l’innovation des ONG.

3. Villegas J. (2013), « Insertion sociale et professionnelle des 

 jeunes en Afrique subsaharienne, capitalisation de deux initia-

tives non gouvernementales en Mauritanie et au Mozambique » ,CFSI, 78 p., Paris.

4. Cycle de conférences « Idées pour le développement ».

5. Huyghe Mauro A., Barlet S., Gauron A. (2013),  « L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne. De quoi parle-t-on ? » , Revue L’Actualité des services aux entreprises no 25, Gret, 13 p., Paris.

qui ont leur logique et leurs financements propreset qui interviennent sur une très longue durée defaçon éloignée de l’action publique (comme cer-taines fondations ou structures congrégationnistes).

Ces acteurs non étatiques sont nommés ici avec unterme générique : les organisations de la société

civile (OSC). Dans le cadre de cet article, nous uti-lisons ce terme en comprenant l’ensemble des ac-teurs non gouvernementaux, qu’ils agissent à unniveau local ou international. En particulier, nous

mettons sous ce vocable les associations de soli-darité locales ou internationales, les organisationsprofessionnelles (OP) artisanales ou agricoles, les or-ganisations communautaires de base (chefferie tra-ditionnelle, acteurs de quartier et associations de pa-rents d’élèves). Ces structures sont non lucratives etcherchent à faire valoir les intérêts des populationset acteurs du développement des pays du Sud. LesOP et plus largement les organisations de membresont un rôle à part dans la mesure où celles-ci re-présentent des intérêts corporatistes et n’agissentpas pour des bénéficiaires tiers, comme le font les

associations de solidarité, qu’elles soient locales ouinternationales. Leur mandat et leurs compétencesdiffèrent et leur contribution à l’action publique nesera pas du même ordre. Cet article concerne lesOSC ayant une action sur l’appui à l’insertion des

 jeunes. Les services de l’emploi (souvent des struc-tures publiques avec autonomie financière) ne fontpas partie de cette définition des OSC.

Aussi, avant d’entrer dans le vif du sujet, une limiteintrinsèque à l’exercice nous semble importanteà souligner : il est diffi cile et forcément en partie

caricatural de parler des actions des OSC : une or-ganisation représentant ses membres n’a ainsi pasles mêmes postures et objets d’action qu’une orga-nisation de solidarité, pourtant toutes deux com-prises sous cette terminologie et ayant toutes deuxmandat et légitimité pour agir sur l’insertion. Aussi,une structure locale et une structure internationalen’auront ni la même extériorité par rapport aux pou-voirs publics ni les mêmes enjeux d’action.

Ainsi, la caractérisation de la valeur ajoutée de

leurs actions tout comme les recommandations

qui peuvent être faites sont à nuancer selon leur

lien à l’action publique et leurs champs d’action,de légitimité et de compétences : une organisationprofessionnelle ou encore une association commu-nautaire se positionneront différemment par rap-

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L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne

Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

port à l’action publique et par rapport à une orga-nisation de solidarité qui elle-même n’aura pas lesmêmes postures selon son champ d’intervention(locale, internationale, thématique). Cet article n’apas la finesse d’analyse qui pourtant serait néces-saire pour rendre plus précises et opérationnellesles recommandations faites, qui restent très larges.Il tente toutefois lorsque possible de préciser quelstypes d’OSC sont plus particulièrement concernéeslorsqu’il présente leurs actions.

LES ACTIONS D’APPUI À L’INSERTION

ET À L’EMPLOI

  Esquisse de typologiedes interventions

La typologie présentée en décembre 2012 à l’oc-casion du séminaire MAE/AFD/Gret sur le thème

« Emploi et insertion des jeunes en Afrique sub-saharienne » s’intéresse aux initiatives d’appui àl’insertion qui ont en commun d’accompagner lesparcours d’insertion des jeunes. En effet, l’insertionest d’abord un parcours, jalonné d’obstacles et d’op-portunités et qui prend du temps.

Dans un contexte de pénurie d’emplois et de fortesinégalités, s’insérer exige une démarche volontaireet active pour valoriser ses capacités et faire faceaux diffi cultés. Il existe par ailleurs une multiplicitéde parcours : il n’existe pas de trajectoire unique etlinéaire vers l’emploi. Face à la multiplicité et la di-versité des barrières à l’emploi, aucun appui appor-té de façon isolée ne saura répondre effi cacementaux besoins : c’est la conjugaison de la diversité etde la complémentarité des appuis qui est la plusperformante.

Outre les outils génériques tels ceux développés parle BIT (voir encadré page 10) et qui sont à la dispo-sition aussi bien des services publics que des orga-nisations privées, deux grands types d’approches

majoritairement mis en œuvre par des organisationsde solidarité internationales ou locales ont été mis

en évidence :  des dispositifs – de type plateforme – ouverts et

non sélectifs, accompagnant les jeunes par desappuis directs (orientation, information) et par

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la mobilisation des ressources de leur environ-nement afin d’optimiser leur stratégie d’accès àl’emploi ;

  des dispositifs ciblés, dont à la fois le public etl’issue de l’accompagnement sont prédéfinis :ils situent l’accompagnement individuel dansle cadre d’un appui au développement écono-mique afin d’orienter vers des emplois identifiésou potentiels.

Les premiers sont centrés sur les diffi cultés des in-

dividus, les seconds vont également chercher à agirsur les obstacles au développement d’activités deleur environnement. Dans les deux cas, ces appuisconvergent vers l’importance de l’accompagnementdes jeunes, la diversité des ressources à mobiliser etla relation de proximité.

Plus les dispositifs sont focalisés sur un objectifd’emploi à atteindre, plus ils proposent des appuisspécialisés et conditionnés à un public précis, dé-terminé selon des critères de profil et de motiva-tion. Inversement, moins le dispositif est focalisé

sur l’emploi, plus il est ouvert, généraliste et offrela possibilité d’accompagner l’individu dans unepluralité d’itinéraires d’insertion. Il peut toucher despublics quantitativement importants et est adaptéà la prise en compte des situations des jeunes lesplus éloignés de l’emploi ou particulièrement vulné-rables socialement. Centrés sur les nœuds d’orien-tation, il offre peu d’appuis spécialisés pour l’accèsà l’emploi.

Rares sont les dispositifs qui envisagent simultané-

ment d’accompagner un jeune dans toutes les étapes

d’orientation, de faisabilité et de mise en œuvre de

son projet d’emploi. Si tous les dispositifs visent à

terme l’accès à l’emploi, leurs différences de stratégie

les positionnent différemment dans leur environne-

ment économique.

Les expériences identifiées sont plus ou moins an-

crées dans les réalités et dans les potentialités de

développement économique.

.../...

Proposition de typologie

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L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne

Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

La typologie proposée à l’issue de ce séminaire estdétaillée dans le tableau de la page suivante.

Ces observations conduisent à distinguer troisgrandes familles de dispositifs d’insertion :

  les dispositifs relativement décontextua-lisés :  certains programmes multilatéraux ounationaux (ex. OIT/BIT) proposent des outilsd’insertion exploitables dans des contextestrès différents, avec parfois des adaptationsspécifiques de ces outils aux contextes, telsque des formations à la création d’entreprise,aux techniques de recherche d’emploi salarié,des fonds de crédit spécifiques ou encore deskits d’installation pour la création d’entreprise.« Génériques », ces outils sont souvent exploitéspar les acteurs intervenant dans le champ del’emploi, de l’insertion et des services d’appuiaux entreprises (SAE) ;

  les dispositifs d’orientation et d’accompagne-ment vers les opportunités d’emploi : certainsdispositifs sont centrés sur l’accompagnementdes jeunes et le renforcement de leurs capacités.Il s’agit principalement de faciliter la rencontredes itinéraires des jeunes avec les potentialitésde leur environnement et de mettre en synergieles acteurs d’un territoire au service des par-cours d’insertion. Les plateformes d’insertion(à l’exemple de Cap Insertion en Mauritanie, duCentre régional de ressources pour l’emploi des

 jeunes au Sénégal ou encore de la plateformed’orientation au Niger et de la plateforme deservices en Côte d’Ivoire) proposent des appuis

réactifs aux opportunités locales et jouent unefonction d’aiguillage et de mise en relation avecdes acteurs proposant des services qui peuventaméliorer le parcours d’insertion : formation,stage en entreprise, information, etc. Cetteapproche est aussi adoptée par des dispositifsciblés sur l’emploi, qui vont mobiliser les en-treprises et les partenaires pour faciliter l’accèsaux ressources (information, formation, crédit,et). La mobilisation des acteurs peut également

Proposition de typologie (suite)

s’appuyer sur le territoire par l’élaboration d’unplan local d’insertion ;

  les dispositifs étroitement articulés à unestratégie de développement économique :de nombreux programmes d’appui au dévelop-pement économique ont, de fait, un impact enmatière d’emploi des jeunes. Certains cherchentexplicitement à améliorer la capacité d’intégra-tion de jeunes dans les activités économiquesqui sont soutenues. L’insertion devient alors unrésultat attendu, avec des activités ciblant préci-sément les jeunes ou des conditions privilégiéesd’accès aux différents appuis. Ainsi, le projet depromotion des micro-entreprises rurales (Pro-mer) du Fonds international de développementagricole au Sénégal vise la création d’emploi etla réduction du sous-emploi des jeunes rurauxdans une stratégie de développement fondée

sur la diversification des activités rurales. LeProjet d’appui à la formation et l’insertion pro-fessionnelle des jeunes diplômés du Certificatde qualification professionnelle (CQP) au Bénin(mis en œuvre par Swisscontact sur financementde l’AFD sur la Fisong), qui cible l’insertion desbénéficiaires de la formation par apprentissageen alternance (voir ci-après encart descriptifplus précis du projet), vise la création de nou-velles entreprises performantes et à travers ellesle développement du tissu d’entreprises artisa-nales. Dans ces deux expériences, l’appui direct

aux projets des jeunes est assorti d’actions derenforcement des organisations profession-nelles et de partenariat avec les IMF. Relevonsaussi les partenariats entreprises/centres de for-mation professionnelle dans le cadre desquelsdes entreprises intègrent l’insertion de jeunesdans leur politique de ressources humaines.

Source : Actes du séminaire « Emploi et insertion des jeunes

en Afrique subsaharienne » , MAE/AFD/Gret, janvier 2013.

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

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Finalité

Public cible

Intérêts et limites

Enjeux

Complémentarités

Non ciblé ou ciblage hors finalité d’emploi (vulnérabilité, âgeou territoire).

Équité et diversité.Quantitatif immédiat maisimpact emploi durablelimité.

Adaptation et intégrationde ces « boîtes à outils »aux autres approches.

Équité etdiversité.Impact emploi sienvironnementfavorable.

Sélectif.Impact emploi sienvironnementfavorable.

Inscription dans une prospectiveéconomique.Articulation des plateformesavec les accompagnements cibléssur l’emploi.

Connaissancedes parcours,orientation etpréparationd’itinérairesciblés : + équité.

Porter un regard économique prospectif 

Connaissance des contraintes spécifiques auxdifférents emplois.Accompagnement spécialisé : + effi cacité.

Prospective et développementéconomique : + opportunités.Connaissances et interventionssur l’environnement desparcours.

Sensibilisation des acteurs,pré-orientation.Mise à dispositions d’outils.

Interroger les parcourset l’orientation

Les flèches représentent les enjeuxd’évolution des dispositifs.

Source : Actes du séminaire « Emploi et insertion des jeunesen Afrique subsaharienne » , MAE/AFD/Gret, janvier 2013.

* Au sens de l’acquisition des capitaux sociaux, relationnels, techniques et financiers adaptée à la finalité d’emploi visée.

Typologie suivant les stratégies vis-à-vis des activités économiques

Paramètres

Stratégie

Proposer des outils« génériques »

APPROCHE MICRO

Développerl’« employabilité »*

des jeunes.

Ex. outils entrepreneuriat BIT 

Saisir les opportunitésde l’environnement

APPROCHE MICRO ET

ÉVENTUELLEMENT MÉSO

Accompagner les processusd’insertion vers les opportunitésd’emploi.

Ex. plateformes, PAJM, passerelles CI 

Articuler accèsà l’emploi et stratégie

de développement

APPROCHE MÉSO-MICRO

Accompagner l’accès à l’emploien contribuant audéveloppement économique.

Ex. Promer, Papesprim

Ciblé selon la stratégieéconomique retenue.

Sélectif. Adaptation auxlogiques économiques etsociales des secteurs/territoires,dimension prospective. Jeunes :des acteurs parmi d’autres.

Prise en compte des besoinsspécifiques des jeunes etnotamment des plusvulnérables.

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

  Un champ encore peu durablementinvesti, la nécessité d’expérimenter

Le champ de l’insertion et de l’emploi en Afriquesubsaharienne est, malgré son caractère à la foisprioritaire et urgent pour les pays, encore expéri-mental et peu alimenté de « bonnes pratiques »,suffi samment anciennes et ayant fait leurs preuves.

Les organisations de la société civile, que l’on parledes associations de parents d’élèves, de groupements

professionnels, d’associations de solidarité localesou internationales, en général mettent en place desactions cherchant à apporter des réponses contex-tualisées à des problèmes, en travaillant en proximitéavec les populations. Leur souplesse et leur capacitéd’innovation localisée est particulièrement nécessairedans des contextes où l’administration se trouve limi-tée par son éloignement des problématiques localeset des publics, ne touchant qu’une frange de jeunes,généralement les diplômés chômeurs.

Il n’y a pas de modèle type de l’action des OSC, loins’en faut. Chaque acteur développe des actionsen fonction de son mandat, de son historique, ducontexte, de ses partenariats et des problématiqueslocales. La majorité des actions identifiées est sou-vent encore expérimentale ou fonctionne sur desmodèles économiques stabilisés mais financés toutou partie par des acteurs extérieurs aux pays.

Les actions accompagnant l’insertion et l’emploi de jeunes visent généralement à répondre à ces pro-blèmes à un niveau opérationnel. Elles ne se don-nent pas forcément comme intention de contribuerà l’action publique en matière d’insertion, qui, sur

ce sujet, est naissante ou inexistante. Les actionsobservées s’inscrivent toutefois dans les stratégieset volonté d’action publiques figurant dans les stra-tégies et lettres de politiques sectorielles et dansles plans d’action les déclinant opérationnellement.

Les actions des OSC, lorsqu’elles convainquent lesinstitutionnels et les décideurs politiques, inspirentl’élaboration et/ou l’évolution des actions publiques.Certaines actions, reprises et intégrées par des insti-tutions en tant que services publics, continuent parailleurs à être appuyées par des partenaires tech-

niques et financiers extérieurs au pays.Quelques actions identifiées lors du séminaire du04 décembre ou depuis permettent d’illustrer cepropos. L’exercice de caractérisation tenté ici n’est

pas exhaustif mais indicatif des principaux typesd’action identifiés. Les exemples qui sont nouveaudepuis les échanges du 4 décembre sont illustréspar des encarts. Ceux qui ont fait l’objet d’échangesle 4 décembre (en vert) ne sont pas présentés denouveau et le lecteur peut se référer aux actes du

séminaire pour les connaître.

LES PRIORITÉS DE L’ACTION PUBLIQUE

EN FAVEUR DE L’INSERTIONDES JEUNES

L’action publique en faveur de l’insertion est uneconstruction progressive née des diffi cultés ren-contrées par les politiques en faveur de l’emploi etde la formation professionnelle à assurer un accèsdurable à l’emploi. Des solutions diverses sont expé-rimentées depuis plus de deux décennies qui majo-ritairement ont ciblé des jeunes diplômés. Certainesde ces mesures cherchent à infléchir la formation

professionnelle vers l’emploi, d’autres sont plus di-rectement centrées sur l’insertion dans l’emploi.

  Une préoccupation anciennerépondant à des enjeux politiques

Depuis deux décennies, les acteurs publics desÉtats d’Afrique subsaharienne, à défaut de définirune politique d’insertion, expérimentent différentesactions en faveur de l’insertion des jeunes Dans lecontexte économique et démographique d’Afriquesubsaharienne, l’action publique d’insertion est ex-clusivement ciblée sur les jeunes, même si la défini-tion d’un « jeune » en termes de tranche d’âge peutêtre parfois extensive : les Nations Unies définissentun jeune par la tranche d’âge de 15 à 24 ans, mais,compte tenu des conflits, la définition peut êtreétendue bien au-delà (ainsi, au Mali, l’agence pour lapromotion de l’emploi des jeunes a retenu la tranched’âge de 15-40 ans, de même que la plateforme deservices de Côte d’Ivoire - PFS-CI).

L’insertion des jeunes dans l’emploi constitue une

préoccupation déjà ancienne des autorités afri-caines. Dès les années 1990, de nombreux paysont à la fois mis en place des services publics del’emploi (SPE) pour prendre en charge les chômeurs

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L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne

Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

L’Actualité des services aux entreprises

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et créé des ministères de la jeunesse, plus ou moinséphémères et dont le périmètre a varié avec les gou-vernements, en charge de programmes spécifiquesd’insertion des jeunes déscolarisés. Ainsi au Niger,le ministère de la jeunesse et de l’insertion profes-sionnelle des jeunes a créé en 1991 un service natio-nal de participation (SNP) qui offrait une formationprofessionnelle courte (6 mois en alternance) à 250

 jeunes de 18-25 ans par an. La plupart de ces actionsont été orientées vers la formation professionnelleet visaient à offrir une formation à des jeunes ayant

abandonné ou se trouvant exclus du système sco-laire. La visibilité de ces actions est toutefois limitéepar leur dispersion entre différentes administrationset par le fort cloisonnement qui prévaut entre elles(au Niger, on ne compte pas moins de cinq admi-nistrations qui gèrent des programmes en faveurde l’insertion de jeunes).

Toutefois, parler de « politiques » serait sans douteabusif dans la mesure où les initiatives observéesrelèvent plus de programmes ou de mesures ponc-tuelles. Tout au plus peut-on parler d’un objectif

d’insertion, en tout cas d’une préoccupation qui,au fil des ans face à une démographie galopanteet à la prise de conscience des risques d’explosionsociale que comporte une jeunesse en déshérence,s’est faite plus pressante.

Si l’objectif est l’insertion dans l’emploi, la préoccu-pation est d’abord politique, liée aux enjeux de sé-curité, de migration, de stabilité sociale, de manqued’opportunités et de croissance économique. Maisl’objectif d’insertion traduit aussi les insuffi sances dusystème de formation qui a connu un développe-ment important mais qui ne prépare pas à l’emploi,

y compris dans sa composante professionnelle quiest peu développée.

Le 23e  Sommet Afrique-France, tenu à Bamakoen décembre 2005 sur le thème de « La jeunesseafricaine, sa vitalité, sa créativité, ses aspirations »,constitue à cet égard un bon point de repère. Il ma-nifeste pour la première fois la reconnaissance parles gouvernements africains et français de « l’impor-tance de l’insertion socio-politique et économiquede la jeunesse dans le développement de l’Afrique »et affi rme « l’impérieuse nécessité de mobiliser des

ressources financières additionnelles pour faciliterson insertion économique »6. La proposition du som-

6. Communiqué final du XXIII e sommet France-Afrique, Bamako,

4 décembre 2005.

met de créer un « fonds euro-africain d’investisse-ment en faveur de la jeunesse » ne sera pas suivied’effet. Par ailleurs, le sommet n’annonce aucunepiste nouvelle et se contente de réaffi rmer « le rôleprimordial de l’éducation et de la formation profes-sionnelle pour accéder à l’emploi, y compris dansles zones rurales ».

Dominé par les questions de sécurité et de migra-tions, ce sommet a toutefois permis de faire émerger la nécessité à la fois d’une action publique forte etstructurée autour de l’objectif d’accès à l’emploiet d’une mobilisation de la jeunesse elle-même àtravers l’appui au développement de ses organisa-tions. Il marque aussi un double déplacement dela cible, des jeunes déshérités (jeunes des rues ouhandicapés pris en charge traditionnellement parles congrégations religieuses et les organisationscaritatives) vers les jeunes déscolarisés et les diplô-més chômeurs et de groupes à effectif faible versun enjeu de masse.

  Des SPE ne s’adressant qu’àune frange réduite de la population

En Afrique subsaharienne, la notion de marché dutravail, au sens que lui donne la théorie dans leséconomies à dominante salariale, est limitée à unefrange étroite de l’emploi. C’est elle, toutefois, qui, audébut des années 1990, a été à l’origine de la créa-tion des services publics de l’emploi, sur le mode del’Agence nationale de l’emploi française, qui visent àrapprocher offre et demande de travail en orientantles chômeurs vers des propositions d’embauche des

entreprises.La création des SPE en Afrique a accompagné lamontée du chômage née des plans d’ajustementstructurel avant que celui-ci n’explose avec la dé-mographie. Les SPE s’adressent aux chômeurs, etnon spécifiquement aux jeunes, et concernent desemplois salariés qui représentent en Afrique subsa-harienne une très faible partie des emplois privés(souvent moins de 10 % et parfois de 5 %). Leur im-plantation est, en outre, limitée aux agglomérationsd’une certaine taille. Par nature, les SPE apportentun accompagnement qui se limite à informer leschômeurs des offres reçues des entreprises et àleur proposer éventuellement une formation com-plémentaire pour y répondre. Ils n’ont pas vocationà accompagner le jeune dans un parcours qui se

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L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne

Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

construira au fur et à mesure et qui nécessite de mo-biliser des ressources diverses (en termes financiers,d’acteurs, de compétences, etc.).

Ce rapprochement entre offre et demande de tra-vail peut aussi utiliser les outils modernes des TICcomme dans le cas du programme Pejedec mis enplace en Côte d’Ivoire par la Banque mondiale fin2011 destiné à offrir à des jeunes une première ex-périence professionnelle.

  De « former pour qualifier »à « qualifier pour insérer »

L’acquisition de compétences professionnelles, etdonc la reconnaissance de ces compétences, estune des clefs de l’accès à l’emploi. Cet objectif,longtemps insuffi samment pris en compte par lespolitiques de formation professionnelle, a conduità infléchir ces politiques vers la satisfaction des be-soins des entreprises : il ne s’agit plus seulement deformer pour qualifier, mais de former pour insérer.

Cette inflexion marque profondément la réforme dela formation professionnelle dès les années 1990 etplus encore dans la décennie 2000. À la vision pure-ment académique qui prévalait jusque-là tend à sesubstituer une approche partenariale avec le mondeéconomique. Il s’agit désormais de reconstruire uneoffre de formation professionnelle à partir de l’ana-lyse de besoins des acteurs économiques (artisans,paysans, industries, etc.) et des situations de travail.

L’apprentissage et la formation en alternance dé-veloppés avec l’appui des coopérations française,allemande et suisse, répondent très exactement

à ce schéma. L’approche lie l’acquisition des sa-voirs techniques à la pratique du métier et associeétroitement les associations d’artisans (qu’il fautaussi renforcer) à la définition des référentiels et àla mise en œuvre de la formation (approche par lescompétences). Transposée au niveau de l’enseigne-ment technique et professionnel, cette approcheconduit à rapprocher l’école de l’entreprise et àconcevoir les formations professionnelles en alter-nance, même si leur mise en œuvre se révèle plusdiffi cile que le développement de l’apprentissagede type dual. Ces réformes de l’apprentissage et del’ETFP constituent, de loin, le premier aspect de laprise en compte de l’insertion et celui qui mobilisele plus de ressources financières.

Il reste que l’accès à la formation professionnelle,même ainsi réformée, n’est pas synonyme d’accèsà l’emploi. Si les artisans se trouvent associés à laréforme de l’apprentissage, la fin de l’apprentissageconfronte le jeune à la question de l’emploi durable.Peu restent salariés chez le maître d’apprentissage.L’accès à l’emploi implique le plus souvent l’instal-

lation, à moyen ou long terme, comme artisan.

Dans le cas des entreprises modernes, l’accès des jeunes à l’emploi dépend directement de la poli-

tique de recrutement des entreprises. Dans de nom-breux cas, le jeune diplômé, même s’il acquiert lesbonnes compétences, se retrouve en concurrenceavec des salariés moins diplômés que lui mais issusde la promotion interne à l’entreprise ou avec desadultes qui ont déjà une expérience professionnelle.Le programme Papesprim (Programme d’appui à lapromotion de l’emploi dans le secteur privé au Mali)de formation-insertion professionnelle des jeunesdans des secteurs porteurs au Mali en donne unebonne illustration7.

7. Annick Huyghe Mauro et Samba Soumaré (2013), « Forma-tion-insertion professionnelle des jeunes dans des secteurs por-

teurs au Mali. Dispositif de bourses Papesprim-Cigem 2009-

2012 ».

Le projet Pejedec (qui couvre la période décembre 2011-

 juin 2015) propose d’offrir à des jeunes l’opportunité d’uneformation ou d’une première expérience (type emploi

 jeunes) à partir d’une inscription en ligne. L’accès à l’emploi

repose sur le partenariat institué avec les entreprises qui

participent au projet et qui doivent s’engager à embaucherles trois quarts des jeunes pris en stage. Pour les jeunes mis

en formation, le programme offre une aide à l’auto-emploi.La contrainte (volontaire) imposée aux entreprises remplace

ici l’accompagnement.

Avec un objectif de 30 000 jeunes de 18 à 30 ans pour un

budget prévu de 50 M$ (42 M€), l’insertion d’un jeune dans

l’un des dispositifs prévus dans le projet de la Banque mon-

diale reviendrait en moyenne à 1 700 $ (1 400 €) par jeune.

Le Pejedec

Programme emploi des jeunes et développement

des compétences en Côte d’ivoire

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

  Qualifier pour insérer,insérer pour qualifier

À l’opposé des actions qui visent à « qualifier pourinsérer », on trouve celles qui se proposent d’insérerdirectement pour qualifier. L’Organisation interna-tionale du travail (OIT) a ainsi développé le concept

de travaux à haute intensité de main-d’œuvre (Himo) qui ont pour objet de mettre en emploi des

 jeunes sans qualification professionnelle et à leurpermettre d’accéder à une qualification par l’emploi.Pour l’OIT, il s’agit avant tout de « promouvoir unepolitique de développement en replaçant les préoc-cupations essentielles que sont la création d’emplois,la réduction de la pauvreté, la promotion de la créa-tion d’entreprise et l’amélioration des conditions detravail dans le cadre d’une politique générale macro-économique axée sur la croissance et l’emploi »8.

Ces programmes s’apparentent à la notion « d’inser-

tion par l’économique » en mobilisant des activitésqui offrent la possibilité d’une formation par le tra-vail. Les chantiers école, fréquents dans le secteur

8. Source : site internet de l’OIT .

du bâtiment et travaux publics (BTP), relèvent dela même logique. Il s’agit ici moins d’accompagnerles individus que les acteurs en renforçant leurscapacités. Si l’emploi n’est pas définitif, lié le plussouvent à la durée du chantier, le jeune a acquisune expérience et une compétence qui doivent lui

permettre de s’insérer. 

  La création d’activitéset l’auto-emploi

Dans des pays où la voie salariale est étroite, la créa-tion d’activité en auto-emploi apparaît comme unesolution alternative. L’appui à cette création prend desformes diverses, allant du kit d’installation de jeunescomme artisans à l’issue de leur apprentissage à l’achatde matériels qui accompagne un projet de créationd’activité génératrice de revenus ou d’entreprise.

Ces actions s’appuient en général sur des outils géné-riques, comme ceux mis au point par le BIT et diffusésauprès de tous les acteurs publics et des ONG, des-tinés à aider les candidats à la création d’entreprise(Germe, TRI, CREE). Édités sous formes de livrets, ces

Piloté par les ministères de l’emploi et de la formation pro-

fessionnelle et des maliens de l’extérieur et de l’intégration

africaine avec un financement de la coopération danoise et

de l’Union européenne, ce programme consistait à délivrer

des bourses d’études pour des formations professionnelles

à l’étranger. Les métiers identifiés correspondaient à des

besoins du secteur privé pour lesquels l’offre de formation

n’existe pas au Mali : conducteurs d’engins, chefs de chan-

tier, techniciens du bâtiment en construction métallique,

techniciens de maintenance industrielle, chaudronnerie,

techniciens en automatisme et informatique, techniciens

en exploration minière et traitement des minerais, etc.

dans le secteur secondaire (BTP, exploitation minière, eau

et assainissement), ainsi que la banque et la restauration.

Les boursiers ont été sélectionnés en fonction de leur profil

et de celui de la filière de formation et ont bénéficié d’un

suivi, d’une bourse et d’une assurance santé pour sécuriser

leurs conditions d’études ainsi que d’un accompagnement

pour la recherche d’un stage et d’un emploi.

Malgré ces conditions très favorables à la réussite de la for-

mation (on ne compte que 3 non diplômés), sur 41 diplômés

en 2010, 2011 et 2012, seulement 13 étaient en emploi fin

2012 et 7 en stage post-formation dans leur qualification,

soit un sur deux environ. Ce résultat souligne la diffi culté du

passage de la formation à l’emploi pour un jeune diplômé

même sur des créneaux dits porteurs. Le fait que les besoins

en emploi aient été définis à partir des observations du SPE

et non avec les entreprises l’expliquent sans doute en par-

tie. De plus, l’embauche d’un jeune, même avec une bonne

formation professionnelle, n’est pas forcément la priorité de

l’entreprise. L’expérience professionnelle compte souvent

autant que la formation. Pour surmonter cet obstacle, il faut

connaître la politique de gestion des ressources humaines

des entreprises et construire avec elles des parcours d’in-

sertion des jeunes aussi en amont que possible des forma-

tions. Les jeunes qui ont eu un accès à un emploi dans leur

qualification l’ont trouvé dans une entreprise qui avait un

accord avec les centres de formation pour les stages ou dans

celles ayant des besoins en main-d’œuvre très importants,

comme les entreprises minières.

Le dispositif Cigem Papesprim au Mali

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IDÉES, CONCEPTS ET POLITIQUES

outils sont à la disposition des individus comme desstructures d’appui aux entreprises. Le candidat à lacréation d’entreprise peut s’en saisir lui-même en sui-vant les étapes indiquées et les recommandations.Mais le plus souvent, ces outils servent de support àdes formations au cours desquelles les créateurs po-tentiels d’entreprise vont bénéficier d’un certain ac-compagnement. Des variantes ont été ensuite misesau point, à l’image du programme CEFE9 de la GIZ.

  Un impératif diffi cile de l’actionpublique : l’accompagnement

Les limites rencontrées par les différentes actionspubliques ont imposé l’accompagnement commeune dimension nécessaire à toute politique d’inser-tion. Au niveau de l’action publique, deux types d’ac-tion peuvent être identifiés : l’accompagnement à lacréation d’entreprise depuis la formation à la gestionet à l’élaboration des plans d’affaires jusqu’au finan-cement et au suivi des premières années d’activité ;les services locaux d’information-orientation-conseilavec éventuellement la création et la gestion de pas-serelles vers l’emploi. Dans le premier cas, le publicvisé est celui de jeunes qui ont déjà un pré-projetou qui sont motivés par la création d’entreprise ;dans le second, le public est au contraire plus largeet vise aussi bien des candidats à la création d’entre-prise individuelle ou collective que des jeunes quicherchent plutôt un emploi salarié.

  Accompagner le prêt à la créationd’entreprise

Le Mali est sans doute le pays où les gouvernementsont le plus exploré les diverses modalités de cetteaide : différents programmes ont tour à tour expé-rimenté une gestion directe du prêt par les agencespubliques ou par un opérateur avec ou non un ados-sement à un fonds de garantie.

Les évaluations de ces différents dispositifs se ré-sument ainsi : dans le cas des prêts de l’ANPE et del’APEJ, l’absence de suivi a conduit les candidats aconsidéré que le prêt était en fait une subvention del’État et le très faible taux de remboursement qui ena résulté a condamné le dispositif ; en revanche, la

mise en place d’un fonds de garantie et d’un suivides bénéficiaires de prêts a, dans le cas du PRECACD

9. « Competency-based Economies through Formation of 

Enterprise ».

Le programme Germe (gérer mieux votre entreprise) pro-pose sept modules (marketing, gestion des stocks, calculdes coûts, etc.) qui présentent les principes de base d’unebonne gestion d’entreprise de façon simple et pratique.La durée de la formation peut être plus ou moins longue,de 5 jours à 3 semaines. Dans sa conception, la formationGerme est plus adaptée à un public ayant un niveau scolaireau moins équivalent à la fin du premier cycle secondaire.

L’outil TRIE (trouver votre idée d’entreprise) aide à trouverl’idée d’entreprise la plus adaptée aux ambitions et capacitésmanagériales du candidat et aux besoins réels du marché.

L’outil CREE (créer votre entreprise) appuie le processus decréation d’entreprise et notamment l’élaboration du pland’affaires et propose un suivi post-formation d’accompa-gnement de la jeune entreprise.

Ces outils sont adaptés dans différents contextes.

Les outils du BIT d’appui

à la création d’entreprise :

Germe, TRIE et CREE

2001 : Création par l’ANPE en 2001 du Fonds auto-renou-velable pour l’emploi (Fare) destiné à garantir des prêtsbancaires à taux modéré.

2003 : Prêts directs de l’Agence nationale pour l’emploi(ANPE) et du Programme emploi jeunes (PEJ, 2003-2008)porté par l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes(APEJ) créée en 2003.

2009 : Quatre projets ont été initiés :

  micro-crédit pour l’entreprenariat des femmes et des jeunes (PMCFJ) (2009-2011) ;

  appui au financement des PME (PAF/PME) (2009-2013) ;

  prêt pour le renforcement des capacités des commer-çants-détaillants (PRECACD) avec l’appui de la Coopé-ration belge ;

  prêt à la création d’entreprise dans le cadre du projetd’appui à la jeunesse malienne (PAJM) de la Coopérationfrançaise.

Les projets d’appui financier

à la création d’entreprise au Mali

depuis 2001

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et du PAJM, assuré un taux de remboursement sa-tisfaisant (75 % pour le PAJM).

Le Projet d’appui à la jeunesse malienne (PAJM) a étéporté par le ministère de la Jeunesse et des Sportset mis en œuvre par un opérateur recruté par appeld’offre qui assure l’accompagnement de la créationd’entreprise.

  Accompagner l’individu dans son parcours d’insertion

En Côte d’Ivoire, les plateformes de service (PFS) ontété créées par quatre organismes dépendant desministères de l’Emploi et de la Formation profes-sionnelle : l’Agence nationale de la formation profes-sionnelle (Agefop), le Fonds de développement de laformation professionnelle (FDFP), l’Agence d’étudeet de promotion de l’emploi (Agepe), et le Fondsnational de solidarité pour la promotion de l’emploides jeunes (FNS ou FNSPEJ).

Les plateformes de services sont implantées locale-ment et portées par les collectivités locales ainsi quepar les acteurs locaux (chefs de village et associations

professionnelles) réunis au sein d’un comité locald’insertion des jeunes (Clij). Leur finalité est de pro-poser un outil cohérent d’ingénierie administrativeet financière pour la mise en œuvre, au niveau local,de politiques d’insertion. Les plateformes gèrent àla fois une mission locale et des passerelles d’inser-tion. La mission locale assure l’accueil, l’information

L’accompagnement comprend une information auprès des jeunes, une sélection des candidatures, une formation de3 semaines à la gestion et l’élaboration du plan d’affaires,une nouvelle sélection des candidats retenus pour un prêt,l’octroi d’un prêt et un suivi de l’activité pendant 18 mois.

L’information est assurée par les différents services publicsrégionaux (direction régionale de la Jeunesse et des Sports,

Agence nationale pour l’emploi, Agence pour la promotionde l’emploi des jeunes) et relayée par des messages radio.

Le prêt est assuré par une banque (ici la Banque maliennede solidarité) et est sécurisé par un fonds de garantie en casde non remboursement.

Le suivi de l’activité comprend un accompagnement àl’installation et au démarrage de l’activité, un diagnosticde l’entreprise et un conseil personnalisé, le suivi du rem-boursement et une évaluation régulière de l’activité.

Au total, 300 projets ont été financés entre avril 2008 etavril 2012 dont 240 étaient en activité fin 2012. La créationd’entreprise a en outre un effet multiplicateur sur l’emploidans la mesure où chaque entreprise génère en moyenne

deux à trois emplois salariés. Plus que la formation initialeà la gestion, la réussite de l’action repose sur le suivi per-sonnalisé effectué régulièrement au début de l’activité. Cesuivi est notamment essentiel pour assurer une bonne ap-propriation par l’entrepreneur des outils de gestion (tenuedes livres comptables, suivi des stocks et des achats, fixationdes prix, etc.) qui ne peut se faire qu’en situation de travail.

L’accompagnement des créateurs

d’entreprise dans le projet PAJM

En Côte d’Ivoire, la notion de « plateforme de service » dé-signe l’ensemble constitué par l’organe directeur (Conseild’administration et comité local d’insertion des jeunes), la oules missions locales et les dispositifs d’insertion. On distingueles plateformes locales de l’organisation faîtière appelée pla-teforme de service-Côte d’Ivoire (PFS-CI).

Dans la phase expérimentale (2005-2009), les plateformesde service locales (au nombre de 7) étaient constituées surune seule commune. Elles comprenaient un comité local d’in-sertion des jeunes et une mission locale. Dans la phase dedéploiement (depuis 2011), les plateformes regroupent (saufdeux exceptions) plusieurs missions locales communales.

Le conseil d’administration et les comités locaux d’inser-tion des jeunes (Clij) constituent les organes directeurs de laplateforme. Le conseil d’administration est l’organe communà l’inter-collectivité et le Clij celui de la mission locale. Ils sontcomposés d’élus, de chefs coutumiers et de représentants desassociations et des milieux économiques.

La mission locale est l’organe exécutif : elle assure l’accueilet l’information collective des jeunes, un entretien individuelau cours duquel le profil est défini qui permet son orientationsoit vers un dispositif d’insertion soit vers un accompagne-ment à la création d’activité.

Les dispositifs d’insertion se composent de deux passerellesd’insertion (régie territoriale de services et chantier d’insertion)qui sont des entreprises de la mission locale dans lesquellesles jeunes sont mis en activité et de placement de jeunes ausein d’entreprises d’économie sociale pour les jeunes diplô-més (Espoir jeune) ou d’artisans (Cap emploi ) ou d’entreprises(chantier-école).

Les jeunes touchent pendant leur période d’insertion uneindemnité de mise en activité (IMA) de 80 000 Fcfa pendant9 mois pour les jeunes diplômés et de 38 000 Fcfa pendant 6mois pour les autres.

La plateforme de services (PFS) en Côte d’Ivoire

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et l’orientation des jeunes vers des structures d’inser-tion. Les passerelles d’insertion sont des dispositifsd’insertion dans des emplois temporaires qui assurentune formation par l’activité (chantiers d’insertion etrégie territoriale, activité-formation en entreprises).La passerelle fournit une première expérience, maiselle n’offre pas un emploi définitif. Cet emploi peutêtre soit un emploi salarié dans l’entreprise d’accueilsoit la création d’une entreprise par les bénéficiairesdes passerelles à titre individuel ou, le plus souvent,à titre collectif (sous une forme coopérative).

À l’instar des missions locales en France, la présenceau sein du comité local d’insertion de jeunes desdifférents acteurs, notamment des chefs de village etdes représentants d’organisations professionnelles,permet une prise en charge plus globale du jeune.C’est le cas notamment pour la création de chantierd’insertion agricole (riziculture, maraichage ou pis-ciculture) qui nécessite la mise à disposition d’unterrain agricole par le chef de village. De même, àl’issue de la période passerelle, si les jeunes décidentde créer leur propre activité, ils devront se tourner

vers le chef de village pour l’accès au foncier.Si les résultats des plateformes de service en Côted’Ivoire apparaissent mitigés, du fait du contexte decrise qui a accompagné leur mise en œuvre, l’appuiapporté par le Pnud à la création de coopérativesagricoles dans le cadre des premières plateformesdémontre la viabilité du concept en séparant lesmissions d’information-orientation-conseil-accom-pagnement assurées par la mission locale de la ges-tion de dispositifs d’insertion (chantier d’insertion etrégie territoriale) pour éviter justement que ceux-cisoient le seul débouché proposé aux jeunes et ne

dévoient la fonction « orientation » de son rôle.

L’expérience du centre de ressources régional pourl’emploi des jeunes (CRREJ) créé par le conseil ré-gional de Saint-Louis au Sénégal va dans ce sens.L’existence d’un plan local d’insertion des jeunes,qui recense toutes les opportunités locales adosséesau plan de développement local, constitue un outilindispensable pour permettre à la mission localed’assurer pleinement sa fonction d’orientation. En-fin, dès lors que l’insertion dans un emploi durable àl’issue du passage par une passerelle ne peut se faire

sur un emploi salarié, l’accompagnement à l’élabora-tion d’un plan d’affaires et à la création d’entreprisesou de coopératives est une composante indispen-sable de la mission locale.

D’autres initiatives d’accompagnement à l’insertionont été testées au niveau territorial, mettant en liendifférents types d’acteur (commune, ONG, organi-sations professionnelles, IMF notamment). On peutciter l’exemple de la commune d’Avrankou au Bénin (département de l’Ouémé), qui, dans le cadre deson partenariat avec le Centre de développementéconomique local Cedel, accompagne les jeunes dela commune dans leur parcours d’insertion.

L’appui prend plusieurs formes :

  une dotation en équipement : la commune s’est appuyéepour cela sur les organisations professionnelles d’artisansde la zone pour définir les kits et la qualité du matériel ;

  l’octroi d’un micro-financement accompagné d’uneformation au management et en gestion : le montant

octroyé à chaque jeune est de 50 000 FCFA (75 eurosenviron) et vise à aider le jeune à se constituer un fondsde roulement pour sa boutique. La commune et le CedelCedel ont pour cela ouvert un compte auprès d’une IMF.

Enfin, la commune organise annuellement dans la maisondes jeunes une semaine d’orientation des bacheliers de lacommune et des villages alentours, au cours de laquelledes professionnels mais aussi des professeurs sont invitéspour échanger sur les métiers et filières de formation quileur sont ouvertes. Le suivi du projet est assuré, au niveaude la commune, par le service de développement local etle point focal artisanat.

L’action de la commune d’Avrankou

au Bénin

QUELLES APPORTS DES ACTIONSDES OSC À LA REFLEXION ET

À L’ACTION PUBLIQUES ?

Malgré les efforts récents de décentralisation ad-ministrative, l’État dans les pays africains s’appuiesur une administration centrale peu présente dans

les territoires. De ce fait, elle est mal armée pouragir au plus près des populations, notamment lesplus éloignées de l’emploi ou en milieu rural. Cette(quasi) absence de l’État offre un champ privilégié

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

à l’action des OSC. Aussi, elles peuvent chercher àconcrétiser des potentiels en créant des opportuni-tés économiques.

Les OSC agissent auprès des publics défavorisés enles accompagnant dans leur recherche de meilleuresconditions de vie et pour faire entendre leur voixauprès des pouvoirs publics. Elles explorent aussides voies pour qualifier autrement les individusque via les systèmes éducatifs formels, accueillantde faibles effectifs et souvent éloignés des besoinsen compétences des entreprises. Dans tous ces do-maines, leur principale valeur ajoutée est peut-êtred’expérimenter des façons de faire.

Avant de chercher à caractériser quelques pointssaillants de valeur ajoutée, il semble important desouligner en amont les principales limites des ac-tions des OSC. Ces actions sont d’une part multiples,variées et souvent éparpillées : de très nombreusesactions coexistent, de types, de tailles, de profession-nalismes, de postures très variables, peu connueset collaborant assez peu entre elles. I l est diffi cilede réaliser un inventaire fiable des interventions

dans un pays, certaines agissant sans concertationavec les pouvoirs publics (celles-ci sont exclues duchamp de cet article). D’autre part, de nombreusesactions mises en œuvre par des organisations desolidarité fonctionnent à petite échelle et présen-tent une capacité limitée à toucher massivementles jeunes, ce qui pourtant est un enjeu premier del’action publique.

Enfin, les financements extérieurs au pays (bailleursde fonds et autres partenaires techniques et finan-ciers) et sous mode projets de cycles court de 3-4 ans

de ces actions questionnent leur capacité à s’inscriredurablement dans le paysage. Si l’action des organi-sations de membres présente le potentiel d’être pluspérenne car portée par les acteurs mêmes des dispo-sitifs d’insertion, ces structures souvent manquentde moyens d’action et/ou de dynamisme de leursmembres pour se structurer et se professionnaliser.

  Agir pour l’insertionde publics vulnérables

Les OSC – notamment les organisations de solida-rité – portent souvent une attention particulière auxpersonnes défavorisées, dans une logique de luttecontre la pauvreté et les inégalités et d’équité d’accès.

  Une majorité de jeunes en diffi cultéd’autonomisation

Les interventions des OSC portent assez fréquem-ment sur des publics éloignés de l’emploi ou ayantplus de mal à s’autonomiser socialement et profes-sionnellement : jeunes de faible niveau scolaire etde qualification, jeunes femmes notamment, jeuneséloignés de l’information et des centres écono-miques (jeunes issus de quartiers défavorisés oude zones enclavées par exemple). Ces publics repré-

sentent la majorité des jeunes d’Afrique subsaha-rienne. Contribuer à l’action publique pourra se faireen recherchant des modèles effi cients et durables,qui puissent être transférés ou mis en œuvre en col-laboration avec les pouvoirs publics en permettantune action de masse, sur un large public.

Le Gret et Essor ont expérimenté de janvier 2009 à février 2013, enconsortium avec le Comité français pour la solidarité internationale(CFSI) en charge de la capitalisation* de l’expérience, deux disposi-tifs d’appui à l’insertion, avec le soutien financier de l’AFD (Fisong)et de la région Ile-de-France (concernant le dispositif Cap Insertion).

Essor a expérimenté au Mozambique une action d’accompagne-ment à la création d’entreprise par des jeunes, fondée sur l’accom-pagnement dans la durée d’un parcours de formation proposé aux jeunes, un accès facilité au microcrédit et à une pépinière d’en-treprises. Cette expérimentation a pris place dans le cadre d’uneaction, UPA (« courte échelle » en portugais), visant à accompagnerl’insertion des jeunes par un dispositif s’appuyant sur une mise

en œuvre par des associations communautaires de base. Essorconcentre son intervention sur un public de jeunes particulière-ment défavorisés et n’accompagne que ceux-ci.

Le Gret a testé un dispositif de plateforme d’appui à l’insertioninitié à petite échelle en 2008 : le Centre d’appui à l’insertion des jeunes de Nouakchott en Mauritanie (Cap Insertion). Cap Insertionpropose des services directs aux jeunes (appui, orientation, pla-cement, suivi avant/pendant/après les stages et les formations)ainsi que des services de mise en relation avec les acteurs du terri-toire (structures de formation, les entreprises, structures d’appuinotamment). L’action du Gret concerne un public plus large : elleest ciblée sur les périphéries de la capitale où se concentrent lespoches de pauvreté, et tous les jeunes de ces quartiers peuventêtre accompagnés sans distinction.

* Voir à ce sujet : J. Villegas (2013), « Insertion sociale et profession-

nelle des jeunes en Afrique subsaharienne, capitalisation de deux ini-

tiatives non gouvernementales en Mauritanie et au Mozambique » ,

CFSI, 78 p. Paris. Cette capitalisation est en particulier intéressante encontribution à la réflexion présentée plus loin sur la prise en compte

des systèmes d’acteurs.

Les expérimentations d’Essor et du Gret

dans le cadre de la Fisong formation-insertion

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

  Des publics plus ciblés et marginalisés

Les actions de certains acteurs peuvent spécifique-ment cibler une minorité de personnes particulière-ment marginalisées, comme des handicapés, des en-fants des rues, des jeunes victimes de violence ou deconflits. Le rôle des OSC est alors de venir prolongerl’action publique sur des champs que les institutionsne parviennent pas à couvrir.

On observe plus fréquemment que les actionsrestent mises en œuvre par des organisations de

solidarité avec une large part de financements res-tant extérieurs au pays car l’État peut diffi cilements’investir fortement sur ces publics, faute de déjàpouvoir proposer des solutions à la majorité de lapopulation qu’il cherche à servir.

 Qualifier autrement

En matière de qualification, les champs d’action desOSC et des institutions publiques sont assez simi-laires. Mais les façons de procéder et les modèles

recherchés diffèrent. L’enjeu est que les pouvoirspublics soient en mesure de tirer parti des innova-tions pédagogiques, sociales, organisationnelles desinitiatives mises en place par les OSC.

  Développer des formations porteusesd’opportunités économiques

D’assez nombreuses OSC créent ou renforcent descentres ou des filières de formation afin que la for-mation soit plus en ouverture sur et en lien avec sonmilieu économique et réponde mieux aux besoinsen qualifications. Les projections de pérennisationdes structures varient.

IECD accompagne par exemple au Cameroun ouen Côte d’Ivoire des centres (qui préexistaient ouque l’association a créés) pour développer des fi-lières de formation porteuses, afin que ces centress’ouvrent sur leur milieu économique, en recherchede qualité de la formation et pour évoluer vers unmeilleur équilibre financier. Le modèle économiquen’est toutefois pas encore stabilisé pour financer du-rablement ces nouvelles filières ou centres et le dé-sengagement notamment financier de la structure

IECD des centres est l’un des enjeux identifiés.Acting for Life, avec une approche assez similaire,a accompagné au Mali un centre de formation pro-fessionnelle à développer des formations dans la

filière métal, qui aujourd’hui a stabilisé son modèleéconomique. Acting for Life s’est désengagé de cecentre et le gouvernement malien souhaite dévelop-per plus largement ce type de formations.

Exemple d’un autre type, l’association Fert qui a ap-puyé l’organisation paysanne malgache Fifata pourcréer des collèges agricoles, quasiment entièrementfinancés de l’extérieur (parrainages, subventions,donations). Ces collèges permettent de faire unedémonstration de ce que peut être une formation dequalité, qui forme des futurs développeurs d’activité.

L’organisation paysanne Fifata, avec l’appui de Fert et duConseil national de l’enseignement agricole privé (Cneap),a initié une expérience en proximité avec les paysans.

En 2002, Fifata, accompagnée par Fert, décide de faire dela formation initiale agricole un axe fort de ses activités.Convaincus des limites de l’apprentissage traditionnel, lespaysans souhaitent que soient créés des collèges agricolesporteurs de changements permettant de s’adapter à l’évo-lution rapide de l’environnement. Trois collèges formentenviron 120 jeunes/an.

L’initiative de formation initiale

agricole de Fifata/Fert/Cneap

à Madagascar

Ces actions cherchant à qualifier pour insérer des

 jeunes peuvent être mises en œuvre de différentesfaçons : un appui peut être proposé à une structurede formation existante ; des structures peuvent êtrecréées ; ou l’appui peut être positionné directementauprès d’une institution pour l’accompagner dansl’appui à la rénovation des modes de formation.

Dans le cas de la création de structure, il est parti-culièrement diffi cile de trouver des modèles écono-miques et institutionnels permettant la délivrancede formations de façon soutenable. Des modèlessont testés, à l ’image de Caritas, qui, en Mauritanie,a créé le Centre de formation et d’insertion profes-

sionnelle (CFIP Caritas), qui actuellement évoluevers une reconnaissance d’utilité publique et uneévolution de la structure en association locale au-tonome.

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L’Actualité des services aux entreprises

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L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne

Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

  Penser et agir au sein de systèmes d’acteurs

Tirer parti des opportunités

économiques locales pour insérer 

Certaines initiatives mettent l’accent sur le dévelop-pement d’activités économiques sur un territoire.Ces actions peuvent venir compléter une actionde formation et/ou s’inscrire en complément/en-richissement d’une démarche de développementterritorial. Les démarches de développement local,

associant chaque acteur du territoire en respectde ses prérogatives, sont particulièrement intéres-santes et pertinentes car elles engagent les acteurset notamment les collectivités dans des processusde long terme, portés localement de façon concer-tée et en proximité.

Les organisations de solidarité le plus souvent agis-sent en concertation avec les différents acteursqui localement sont concernés par l’insertion des

 jeunes. Ainsi, les Maisons familiales rurales (MFR)

dans de nombreux pays ou encore Essor s’appuientsur des acteurs associatifs locaux (les associations

de parents d’élèves, pour les MFR, les organisationscommunautaires de base pour Essor) et qualifientles jeunes pour leur future vie professionnelle. Celapermet de renforcer l’appropriation locale et d’amé-liorer les chances de pérennité sociale des initiatives.

Un enjeu lié à ces actions est que ces organisationscommunautaires de base (comme des bureauxde quartier, des associations de parents d’élèves)appuyées, doivent développer et intégrer durable-ment une compétence qui n’était initialement pasforcément dans leur cahier des charges ou dans leur

vocation initiale.Qualifier pour et avec les entreprises

et leurs représentants

On observe aussi des groupements professionnelsqui, sur la base de leurs besoins en qualification,négocient des accords avec le gouvernement pourrevitaliser ou créer des centres de formation écono-miquement viables, avec souvent un investissementinitial extérieur. Pour exemple, le groupement pro-fessionnel malgache des TIC, le Goticom, a initié larelance d’un DESS. De telles initiatives sont particuliè-

rement intéressantes d’une part car elles sont déve-loppées pour répondre aux besoins des entrepriseset d’autre part car l’expression des besoins en qualifi-cations et les échanges avec les institutions peuvent

L’action de Swisscontact au Bénin (financement Fisong « for-mation-insertion »/AFD), vient en appui à l’insertion des jeunes en fin de formation par alternance (menant au Certi-ficat de qualification professionnelle/CQP). Cet appui prendplusieurs formes : conception et conduite de formations com-plémentaires sur le plan technique dans cinq métiers, dans

des domaines non abordés lors de la formation ; formationsrelatives à la gestion d’une entreprise artisanale ; accompa-gnement pour certains à la définition d’un plan d’affaires et àl’obtention de microcrédit pour faciliter l’installation du jeune.

Pour sa mise en œuvre, le projet s’est appuyé sur les acteurslocaux existants*, mobilisant notamment les collectifs desartisans pour effectuer le suivi et la sensibilisation des jeunes.

* Les parties prenantes aussi bien du secteur public que du

secteur privé, utiles et nécessaires au projet, ont été associéeset intégrées dans le comité de pilotage et/ou dans les comi-

tés de suivi : artisans, institutions de microfinance, mairies,

Confédération nationale des artisans du Bénin, Union des

Chambres interdépartementales des métiers, ministère en

charge de la Formation professionnelle, de la Reconversionet de l’Insertion des jeunes, ministère en charge de l’Artisanat.

L’expérience de Swisscontact

au Bénin

Six moyennes ou grandes entreprises du secteur des TIC,membres du Groupement des opérateurs en technologiede l’information et de la communication (Goticom) et ayantdes besoins similaires en recrutement, ont investi dans laformation et ont ainsi permis de relancer le DESS de l’écolePolytechnique qui avait périclité. En retour, ces entreprisespeuvent embaucher les jeunes diplômés. Les financementsprovenaient en 2009 des écolages (10 %), de la contributiond’un programme extérieur (Programme intégré de crois-sance PIC multi-bailleurs) sur la communication (10 %),de la contribution des entreprises (40 %) et de la mise àdisposition de professeurs de l’université publique (40 %).

L’initiative du groupement

professionnel Goticom

à Madagascar

être des voies de renforcement des organisationsprofessionnelles, qui ont un rôle central à jouer dansles dispositifs de formation comme d’insertion.

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

On peut également citer l’exemple du Programmedu Gret d’appui au développement de la formationpar apprentissage (Pafpa) mis en œuvre dans deuxpays, le Bénin et la Mauritanie.

Les organisations professionnelles sont en effet desinterlocuteurs incontournables des pouvoirs publicsnationaux et locaux et des OSC en matière de for-mation professionnelle. Dans les approches de laformation professionnelle tirées par la demande,l’enjeu est qu’elles contribuent à la conception, au pi-lotage et au suivi des systèmes de formation en dé-finissant les compétences à acquérir, en contribuantà organiser la formation, etc. Les OP de branchessont ainsi des partenaires clés des programmes derénovation de l’apprentissage ; les chambres consu-laires participent à créer des filières de formation ;les organisations de producteurs agricoles sont aussiau cœur des approches du développement écono-miques des filières.

Les OSC sont particulièrement actives sur ce champ ;ces actions ne sont pas développées ici d’une partcar, bien que contribuant à l’insertion des jeunes,

elles se positionnent plutôt sur un registre de ren-forcement et de reconnaissance d’actions de forma-tion ; et d’autre part car la formation par apprentis-sage est probablement l’une des voies d’insertionles mieux documentées récemment sur l’Afriquesubsaharienne10.

Leur rôle pourrait être étendu à l’insertion. Cela est ra-rement le cas ou n’est pas encore suffi samment valo-risé. Ainsi dans le projet de Swisscontact au Bénin, lesartisans sont mobilisés pour accompagner les jeunes.La coopération entre pairs Nord/Sud s’est développée

en soutien aux OP. Parfois elle intègre la question del’insertion, comme le fait par exemple Fert.

  Créer des opportunités économiques

Tôt ou tard, la grande majorité de la population ac-tive des pays d’ASS est confrontée à la problématiquede la création d’une activité (création d’entreprise /installation en auto-emploi). Il est ainsi fondamentalque la formation professionnelle (que ce soit en rési-dentiel en centre ou en apprentissage en entreprise)

intègre d’une part une connaissance de l’entreprise

10. Voir les études AFD sur la formation professionnelle en sec-teur informel réalisées dans huit pays par Richard Walther et

al. en 2006.

Le volet mauritanien du Pafpa est mis en œuvre par l’Ins-titut national de promotion de la formation technique etprofessionnelle sur financement de l’Union européenneet de l’AFD*.

Dans le cadre de ce programme, visant à tester la mise enplace d’une offre de formation diplômante articulée avecle monde de l’entreprise, les organisations professionnelles

sont étroitement associées à l’ensemble du processus : iden-tification et ciblage de la formation sur des filières porteusesd’emploi au niveau local en lien avec les autorités territo-riales, participation à l’élaboration des programmes deformation selon l’approche par les compétences, sensibili-sation des jeunes pouvant entrer en formation et leur suivipendant la période de formation en entreprise.

* Pour en savoir plus sur le Pafpa :

www.gret.org/projet/pafpa-benin-mauritanie.

L’exemple du Pafpa en Mauritanie

Le centre Songhaï propose une démarche de formation in-tégrée et d’appui à l’insertion de ses jeunes diplômés. L’ap-pui à l’insertion porte aussi bien sur le plan individuel quecommunautaire : sur le plan individuel, un suivi rapprochédes formés est réalisé suite à la formation pendant deux anset demi, un accès facilité au crédit est proposé aux forméss’étant installés avec succès (un an après la formation) àleur compte, ou encore un complément de formation est

accessible à tous les anciens formés.Sur le plan communautaire : les jeunes ayant réussi leurinstallation sont notamment connectés au réseau local desfermiers Songhaï de leur zone, le centre peut être sollicitépar les « fermiers Songhaï » d’une zone pour délivrer uneformation complémentaire ou un appui conseil. Le centrefinance également des équipements et des infrastructurescommunautaires (provenderie, boutique, etc.). Songhaïdispose également d’une centrale d’achats au travers delaquelle il achète la production aux fermiers, prioritaire-ment des anciens diplômés de leurs centres. Elle constitueun fort débouché pour les anciens diplômés du centre.

Le modèle est ainsi viable sur financements à base privée,

notamment avec le paiement de la formation par les formés,la vente de la production et de services (par exemple detransformation) à des agriculteurs.

Le centre Songhaï au Bénin

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

et un minimum de maîtrise de l’environnement éco-nomique local (quels métiers existent et sont por-teurs, quelles sont leurs réalités d’exercice, etc.) ; etd’autre part la transmission de compétences de basepour créer une activité (élaboration d’un projet, d’unplan d’affaires, gestion simplifiée, etc.). DifférentesOSC travaillent en concertation avec les entreprisessur ces sujets. Les organisations professionnelles ontnotamment un rôle à jouer en la matière.

Certaines actions ou certains parcours de formationqui visent plus particulièrement la création d’activitérestent largement proposés par des acteurs privés.Ainsi, le centre Songhaï au Bénin ou la formation-accompagnement-création proposé par Essor auMozambique dans le cadre du dispositif UPA pro-posent des formations/accompagnements vers lacréation d’activité.

  Synthèse des apports des OSC

Caractériser les apports des actions des OSC est unexercice complexe dans des contextes où l’actionpublique est balbutiante ou constituée d’initiativesqui forment des « grappes de dispositifs », qui nesont pas forcément en forte cohérence et où lesOSC ne forment absolument pas une catégoriehomogène ni d’acteurs ni d’initiatives. Les actionsdes OSC identifiées, extrêmement variées, ont undénominateur commun : elles présentent un poten-tiel, avec un faible investissement des institutions,d’enrichissement de l’action publique. D’une part,les initiatives des OSC proposent des preuves parl’exemple et constituent des laboratoires à solutions

potentielles ; d’autre part, leur action vient enrichirl’offre publique de services existante dans le pays.

Ainsi, l’enjeu pour les pouvoirs publics est de faireadvenir ce potentiel : il s’agit de tisser un lien entreles initiatives, qui opérationnellement font leurspreuves, et la réflexion des institutions publiquessur le développement économique et social de leursterritoires.

  Des laboratoires d’expérimentation

L’expérimentation et la mise en œuvre d’actionslocales, en proximité avec les acteurs, représentela grande majorité des actions des OSC et proba-blement leur principale valeur ajoutée. Les actionsmises en place jouent en effet très souvent un rôlede laboratoire social, de poisson pilote en recherche

de réponses adaptées et durables aux probléma-tiques que rencontrent les jeunes, les entreprises,les populations et les territoires. Les OSC complètentutilement les actions des États et des collectivitésdans la mesure où elles sont en mesure de prendreen charge la gestion opérationnelle d’interventionsdemandant une certaine souplesse et une proximitéavec les populations et les acteurs locaux.

Le dispositif Cap Insertion a été initié par le Gret avec l’enjeu ex-plicite et partagé avec les acteurs publics d’expérimenter avantde déterminer les éventuelles évolutions institutionnelles : cesenjeux ont fait l’objet d’échanges et d’un engagement de prin-cipe des potentiels « repreneurs institutionnels » avant le dé-marrage de l’action. Cap Insertion a collaboré étroitement avecles pouvoirs publics et notamment avec le ministère délégué

auprès du ministre de l’Éducation nationale chargé de l’Emploi,de la Formation professionnelle et des Nouvelles technologies(MDEFPNT), ses centres de formation et ses agences, et avecla Communauté urbaine de Nouakchott (Cun). Dès la fin de laphase projet de cette expérimentation (Cap Insertion 1) en2013, qui a fait la preuve de son effi cacité, le ministère et la Cunont souhaité intégrer de telles activités en leur sein.

En effet, la Cun prend en considération de façon croissantela problématique de l’insertion des jeunes de son territoiredans les politiques communales et communautaire et souhaitedévelopper ses activités d’accompagnement des jeunes versl’emploi. À ce titre et avec l’appui du Gret, elle reprend depuismai 2013 en collaboration avec les communes de son territoire

et grâce au financement de Cities Alliance, l’antenne de Sebkha(l’une des communes de Nouakchott) du dispositif actuel.

L’insertion des jeunes est aussi l’une des priorités du ministère,qui s’est traduite en février 2013 par la reprise des missions deCap Insertion, sur financement C2D, au sein du Programmenational intégré d’appui à la micro et petite entreprise (Pnime)renommé à cette occasion Programme national d’insertion etd’appui à la micro et petite entreprise et piloté par la directionde l’Insertion du ministère. Des fonctionnaires sur le terrainseront chargés d’assurer la continuité et le développement desservices déjà offerts dans deux des trois antennes existantes,animées jusque-là par le Gret. Une équipe de coordinationpilotera ces activités et, sur la base de cette expérience, antici-pera le développement d’un dispositif national d’insertion des jeunes et un possible futur déploiement des antennes dans lepays. Le Gret apportera un appui technique à ces deux équipes.

Pour en savoir plus sur Cap Insertion :http://www.gret.org/projet/cap-insertion-nouakchott/

L’action de Cap Insertion

en Mauritanie

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

Les dispositifs qui accompagnent l’insertion des jeunes exercent une mission de service public. Lesactions des OSC viennent généralement combler unmanque et prolonger l’action publique en lui per-mettant d’agir en plus forte proximité avec les pu-blics. Ainsi, les actions identifiées – surtout initiéespar des organisations de solidarité internationales– s’inscrivent en grande majorité dans les stratégiespubliques, lorsqu’elles existent.

Ces actions peuvent s’inscrire dans le cadre d’unpartenariat avec un acteur public. Elles peuvent êtremises en œuvre par des OSC directement, en pro-longation de l’action publique ou en collaborationavec une certaine délégation du service.

Ainsi, si on prend l’exemple des plateformes d’appui

à l’insertion, le fonctionnement et la gouvernancedes structures varie, entre une mise en œuvre directepar les institutions (Conseil régional à Saint-Louis,différents ministères au Niger) et différents formatsde délégation (mise en œuvre du Gret pour la Com-munauté urbaine de Nouakchott en Mauritanie),d’accompagnement à la maîtrise d’ouvrage (actions

d’appui du Gret en Mauritanie auprès du ministèreen charge de l’Emploi et de la Formation qui cadreet met en œuvre l’accompagnement à l’insertion) oud’accompagnement à la maîtrise d’œuvre (Swisscon-tact au Niger qui forme les conseillers insertion actifsdans les différentes plateformes) ou de « bras armé »de l’action publique (en Côte d’Ivoire, où les admi-nistrations utilisent une forme associative de miseen œuvre, ou encore au Niger, ou toute structure– publique comme privée – peut mettre en œuvreles appuis à l’insertion).

  La contribution au dialogue et le plaidoyer 

La capacité de plaidoyer, de contribution au dialogueet à la réflexion politique est certainement l’un desapports majeurs de l’action des OSC. Notamment,de nombreuses organisations de solidarité interna-tionales positionnent leur action en dialogue avecet en renforcement des capacités d’acteurs locaux,souvent des organisations de membres, représentantdes acteurs des systèmes d’insertion afin qu’ils soienten mesure de faire entendre leur voix.

Ainsi, en matière d’emploi, différents acteurs (entre-

prises, jeunes et leurs familles, structures de formationnotamment) sont souvent peu entendus, au premierrang desquels les représentants des entreprises, ur-baines et rurales, notamment les plus petites.

L’accompagnement d’institutions pour faire évoluerles pratiques et les politiques est peu fréquent maissa valeur ajoutée est forte (exemple de l’action deSwisscontact sur le déploiement du dispositif pla-teformes au Niger ou du Gret en Mauritanie pour lareprise publique du dispositif développé par l’ONG) ;

Les instances d’échanges et de concertation  etles actions de plaidoyer sont peu développées enAfrique subsaharienne : localement, les acteurscollaborent entre eux et avec les services publicsdéconcentrés, décentralisés. Mais sur les questionsd’emploi et d’insertion, les OSC n’ont pas ou peud’espace international ni même en général nationald’échanges, ce qui nuit à leur capacité de porter desmessages collectifs forts.

  La mobilisation de financements nouveaux 

Pour jouer ces rôles d’expérimentation et de plai-doyer, les OSC – en particulier les organisations desolidarité, qu’elles soient internationales ou locales –par ailleurs contribuent à mobiliser de nouvelles res-sources financières dans les pays. On peut en soi le

considérer comme un apport dans la mesure où cesfinancements permettent d’étoffer l’offre de servicesdu pays et de contribuer aux réflexions sur l’emploiet l’insertion.

D’une part, certaines de ces organisations, notam-ment les organisations de solidarité qui font du plai-doyer, mettent régulièrement les États et la commu-nauté internationale au Nord comme au Sud, face àleurs engagements en matière de financement del’aide au développement. D’autre part, et c’est surtoutce second point qui est plus visible au niveau des

acteurs publics locaux/nationaux, les organisationsde solidarité accèdent à des financements différentsde ceux des institutions publiques et par-là peuventles compléter et/ou jouer un effet levier : lignes debailleurs de fonds réservées aux acteurs non éta-tiques, financements de fondations et d’entreprises,de mécènes, de nouveaux bailleurs, du grand public,ou encore contribution aux actions par les intéressés(populations locales, entreprises, parents, etc.).

Enfin, l’action des organisations de solidarité permetde mettre en place des articulations nouvelles desfinancements existants, en recherchant des modèles

nouveaux, hybrides, où chaque type d’acteur pourramettre à disposition et valoriser certains apports :financiers, en compétences, en matériel ou équipe-ments, etc.

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

  Une capacité d’interventiondans des États fragiles

Enfin, notamment dans les pays où l’État est faible,les OSC – et notamment les organisations locales,de fait présentes – représentent une capacité d’in-tervention, en développant des réponses localesen lien avec les acteurs, permettant de pallier à unecertaine incapacité des pouvoirs publics à répondreaux enjeux d’insertion et d’emploi.

QUELS ENJEUX DES OSCPOUR RENFORCER L’ACTION

PUBLIQUE ?

Si les pouvoirs publics sont actifs dans un certainnombre de pays pour agir sur l’insertion des jeunes,ils sont mal armés pour assurer des suivis de proximi-té. Leur action, comme dans le cas du PAJM au Mali

ou des plateformes en Côte d’Ivoire doit se coupleravec celles des acteurs locaux ou des opérateurs pri-vés qui assurent le travail de terrain. Les OSC situenten général leur action au niveau local et ont besoinde construire un relais avec les pouvoirs publicspour développer leurs actions. Dans les deux cas,l’articulation entre pouvoirs publics et OSC est unecondition d’effi cacité et de pérennité du dispositif. 

L’expérimentation d’actions locales permet d’iden-tifier des réponses adaptées et durables dans lespays. Ce rôle de « poisson pilote » de l’action pu-blique, fournissant de la matière à réflexion et ac-

tion, est vaste et probablement le plus investi desOSC : organisations de solidarité internationale oulocales, structures de formation qui élargissent leurgamme de services aux jeunes au-delà de la seulequalification.

Généralement, l’association de solidarité (interna-tionale ou locale) cherche aussi à répondre à unenjeu de renforcement les structures partenaireslocales de l’action qui représentent les parties im-pliquées (organisations professionnelles représen-tant les entreprises, centres de formation, associa-

tions communautaires représentant la populationde la zone), afin qu’elles soient mieux à même de jouer leur rôle.

  Conjuguer appui aux parcourset appui au développementéconomique

L’appui à l’insertion, comme présenté dans la typolo-gie résumée, repose essentiellement sur deux typesde stratégies :

  l’accompagnement des processus d’insertion ;

  le développement d’activités économiques.

Il est prioritaire de trouver des solutions permettantque les premier et second types d’actions collabo-rent plus explicitement. L’accompagnement desparcours peut ainsi s’appuyer sur des analyses pros-pectives – lorsqu’elles existent – qui identifient lespotentiels de développement d’activité (métiers/fi-lières porteurs) et inscrire son action dans les cadresde développement économique.

Ces cadres ne sont pas toujours existants et il sembleimportant que les actions d’appui à l’insertion ins-crivent leur approche dans les plans de développe-ment locaux/régionaux/nationaux, quitte à identi-fier avec les autorités concernées le moyen pour quele dispositif contribue à une meilleure opérationna-lisation de ces plans.

Les actions d’appui au développement des en-treprises et plus largement au développementéconomique gagneront de la même façon en ef-ficacité en interrogeant explicitement les parcours,en traitant de la question de l’orientation et en ac-compagnant individuellement, sur le moyen/longterme, les parcours des individus. Il faut toutefois

tenir compte d’une limite opérationnelle au lienentre ces deux types d’actions : elles ne peuventêtre mises en œuvre par une même structure, aurisque que les initiatives de développement éco-nomique local ne dévoient les initiatives d’orien-tation, ouvertes, de leur object if initial.

Ainsi, différents questionnements doivent encoreêtre creusés dans une logique de recherche-ac-tion, afin de proposer des réponses à la questionsuivante : comment faire le lien entre l’accompa-gnement localisé d’individus dans leur parcours

et des actions se concentrant sur le potentiel decréation d’emploi et de valeur ajoutée des acteurséconomiques ?

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

  Faire converger logiques territorialeset approches sectorielles en s’appuyantsur une approche systémique

Le souci de l’action sur l’insertion et sur l’emploides jeunes devrait être transversal à l’ensemble desacteurs et la contribution de chacun devrait êtredéfinie : l’insertion des jeunes ne concerne pas queles acteurs qui se donnent explicitement cette am-bition, mais bien l’ensemble des acteurs du dévelop-

pement économique et social des pays, aux niveauxnational comme déconcentré ou décentralisé.

Pour avancer vers une préoccupation de l’emploides jeunes partagée dans les stratégies sectoriellescomme territoriales, il faudrait que l’ensemble desacteurs soit en mesure de prendre ces enjeux encompte dans leurs actions et d’en suivre l’impactsur les processus d’autonomie sociale et profession-nelle des jeunes comme sur le développement desopérateurs économiques et l’emploi. Ces processusdevraient en amont être plus précisément définis

afin que quelques indicateurs puissent être suivispar les acteurs.

Aussi, un enjeu est de territorialiser et faire conver-ger des logiques souvent sectorielles  (lorsqu’ellessont portées par des institutions nationales/minis-tères) de développement d’activités et d’appui àl’insertion. Au niveau des collectivités territoriales,et selon leurs prérogatives dans les pays, des ac-tions d’appui à l’insertion pourront s’inscrire dansleur stratégie en faveur de la jeunesse, de l’actionsociale ou du développement économique.

 Professionnaliser lescompétences locales

Peu de compétences en matière d’appui à l’insertionet en particulier en accompagnement de parcoursexistent dans les pays. L’action des OSC en appui à l’in-sertion permet de professionnaliser des compétencesen la matière. Il faudrait aller plus loin en définissantplus précisément dans chaque contexte quelles com-pétences manquent, en cherchant à les développer et

en allant vers la reconnaissance de ces métiers.Par ailleurs, on constate souvent que le développe-ment des organisations professionnelles représen-tant les plus petites entreprises reste faible. Ainsi ces

entreprises, qui représentent pourtant la premièresource de création d’emploi et de valeur ajoutéedans ces pays, ne sont pas en capacité de faire en-tendre leur voix et de porter des plaidoyers afin quedes réponses appropriées soient développées, enles associant, que ce soit en matière de dispositifsd’appui à l’insertion, de formation professionnelleou d’appui aux entreprises. Par ailleurs, la formationet l’insertion n’est a priori  pas dans les champs decompétences ou d’intervention que les OP se sontfixées et un accompagnement est sans doute néces-

saire non seulement pour se structurer mais aussipour pouvoir porter ce type d’ambition.

Enfin, une autre constante est remarquée dans lesinitiatives d’appui à l’insertion : peu de dispositifsparviennent à impliquer les jeunes dans leur pilo-tage. Ces derniers sont assez peu représentés dansces actions alors que, premiers concernés, ils ontsans doute un rôle d’importance à jouer dans leurconception et leur mise en œuvre. Une attentiondoit être portée afin de trouver des voies pour leurreprésentation dans les dispositifs.

  De l’action à son cadre :penser les relais institutionnels

Il a été vu que l’appui à l’insertion ne peut être réa-lisé de façon pertinente et effi cace qu’avec une miseen œuvre pilotée à un niveau territorial et sur ladurée. Le pilotage des actions d’appui à l’insertionrelève d’un mandat public. Aussi, les services pro-posés sont largement non marchands, les publicsciblés – jeunes comme entreprises – n’étant que très

partiellement en mesure de prendre en charge cesappuis. Cela questionne les niveaux et responsa-bilités de définition et de mise en œuvre des stra-tégies et de leur déclinaison opérationnelle : quidéfinit, qui pilote, qui met en œuvre, qui finance,qui suit et contrôle ? La réponse n’est ni simple, niunique et généralisable. Quelques enjeux peuventêtre soulignés.

Tout d’abord, avant de chercher à poser un cadreinstitutionnel sur des stratégies publiques encorepour la plupart embryonnaires, l’important est

d’expérimenter et de trouver des réponses jugéeseffi caces par les acteurs concernés. L’un des enjeuxpour les OSC est aussi d’aider à mieux définir lesrôles entre les acteurs nationaux et locaux.

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Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

Aussi, et sans préjuger de la réponse, des réflexionsdoivent être ouvertes relativement tôt, question-nant le niveau et le moment où un cadrage insti-tutionnel peut utilement être réalisé. Le cadre del’action (par exemple la reconnaissance de certainsdispositifs comme instrument privilégié d’une po-litique nationale) peut être territorial, national, oules deux. Le cadre doit venir en renforcement d’ac-tions existantes et non les préfigurer au risque deconcevoir une architecture complexe qui ensuiten’aura pas la souplesse nécessaire pour une bonne

mise en œuvre.

  Soutenabilité des actions :à la recherche de modèles hybrideset souples

La mise en œuvre des dispositifs d’appui à l’inser-tion n’a pas forcément à être le fait de structurespubliques. Elle peut être réalisée par des organisa-tions privées comme publiques (déconcentration

d’un ministère, collectivité territoriale par exemple).Des actions sectoriellement transversales et pré-sentant une certaine indépendance d’action faceaux institutions  semblent présenter à la fois unmeilleur potentiel d’effi cacité opérationnelle et demeilleures perspectives de pérennité face à l’instabi-lité institutionnelle dont pâtissent nombre de paysd’Afrique subsaharienne et au manque de réactivitédont les institutions peuvent souffrir. L’enjeu sembleainsi plutôt être le partage de principes d’action etde quelques curseurs simples de suivi plutôt qued’alourdir les systèmes existants par la conception

de nouvelles politiques et stratégies.

Cela va dans le sens d’une intervention d’acteurssouples, présentant une certaine extériorité auchamp institutionnel, agissant en complémenta-rité et/ou comme bras armé opérationnel d’institu-tions ayant souvent des diffi cultés à internaliser descompétences leur permettant d’agir en proximitédes jeunes.

L’enjeu de la réflexion sur la délégation de services est à souligner à double titre. Il est pertinent nonseulement pour une meilleure effi cacité opération-

nelle, mais aussi pour concevoir des actions quisoient financièrement soutenables tout en étantcapables de générer des revenus. Les partenairesfinanciers de ces actions pourraient être l’ensemble

des institutions et partenaires au développementchoisissant d’investir sur un objectif d’insertion et dedéléguer tout ou partie de la mise en œuvre de l’ac-tion à des structures présentant des compétencesdédiées. Ceci dit, selon les contextes – et notam-ment de décentralisation plus ou moins effective,les institutions peuvent tout à fait se donner un telmandat opérationnel.

L’un des rôles des organisations de solidarité peutêtre de contribuer à développer ou renforcer desacteurs locaux sur un mandat d’appui à l’insertion.Les acteurs locaux concernés peuvent notammentêtre des organisations de membres (associationsde jeunes, de quartier, des organisations commu-nautaires de base), des structures de formation(qui internalisent une fonction orientation), desorganisations professionnelles, ou des collectivitésterritoriales. Dans les contextes d’ASS où les acteurslocaux sont souvent assez fragiles, il semble per-tinent que ce mandat d’appui à l’insertion puisseêtre partagé, chacun l’exerçant à son niveau. Danstous les cas, que la mise en œuvre soit publique,

en collaboration ou en délégation, les modalités decette mise en œuvre doivent être envisagées avecles institutions concernées et notamment avec lescollectivités territoriales.

  Changement d’échelle : multiplier desactions intervenant en cohérence

Le changement d’échelle des actions expérimen-tales relatées plus avant ne peut se faire que si leurdéploiement est financièrement soutenable. Cela

suppose de définir des critères de suivi et d’évalua-tion de l’effi cacité de ces dispositifs et de prêter uneattention soutenue à l’effi cience en amont.

L’expérimentation, lorsqu’elle se diffuse et est adap-tée et reprise par les acteurs/partenaires concernés,le plus souvent croit par multiplication d’actionscontextualisées, agissant sur des territoires circons-crits, et non par la croissance/massification de cha-cune. Cette croissance par multiplication permet unmaillage plus fin des territoires. Les OSC peuventaccompagner la démultiplication d’actions adap-

tées à leur contexte et pilotées localement avec uncertain degré d’autonomie.

Ce maillage doit permettre une mise en cohérencedes actions afin qu’elles se complètent et se ren-

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8/16/2019 Insertion Jeunes

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Un produit d’information du Gret financé par l’AFDIDÉES, CONCEPTS ET POLITIQUES

L’Actualité des services aux entreprises

NUMÉRO 25 ●  JUIN 2013

L’insertion des jeunes en Afrique subsaharienne

Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

forcent sans se chevaucher ni se doublonner. Lesinitiatives des OSC font toutefois peu l’objet demutualisation des enseignements entre acteursconcernés. Ceci d’une part limite le partage et ledéploiement de bonnes pratiques et d’autre part nepermet pas de développer des synergies entre lesinterventions. Ainsi, un enjeu de l’action publiqueest de permettre l’existence de cadres d’échangeset de concertation favorisant la mise en débat desactions et la mutualisation des enseignements. Lerôle des OSC, au-delà d’une participation au dia-

logue, peut être d’accompagner la définition et lefonctionnement de ces instances.

  Capitaliser, diffuser et mutualiser

Les actions des OSC peuvent avoir un effet de dé-monstration et de diffusion par l’action. Des ac-tions conduites à petite échelle en proximité avecles publics et les acteurs peuvent constituer unebase de dialogue et de partage avec les institutions

et l’ensemble des acteurs concernés par les problé-matiques d’insertion : partage de la connaissancedes publics et de leurs diffi cultés, des probléma-

tiques de l’accompagnement, de leurs liens avec laformation, avec le développement économique. Detels échanges peuvent permettre de débattre desréponses concrètes à apporter, de la façon d’amé-liorer le fonctionnement des dispositifs et de lespenser afin qu’ils puissent être pérennes. Ils sontaussi gage d’une appropriation des actions par lesacteurs concernés et les partenaires opérationnelscomme institutionnels.

Encore trop peu de réflexions collectives sur ces dis-positifs permettent de mutualiser les connaissanceset savoir-faire. Il est nécessaire de partager les ap-proches et outils et de les mettre en débat afin quepetit à petit, chaque acteur puisse en tirer des ensei-gnements pour son action propre. Ces processus demise en débat et de capitalisation doivent être dé-finis et programmés dès la conception des actions,en lien avec les institutions concernées. Aussi, desenseignements doivent être tirés de chaque initia-tive, individuellement et à un niveau plus large ettransversal. Ces processus de recherche-action et demise au débat peuvent permettre le développement

de modèles et de discours effi caces pour alimenterla réflexion politique et les choix d’investissementspublics. 

Les apports des actions des OSC pour l’action et la réflexionpubliques :

1. Agir de façon adaptée auprès de publics vulnérables enétant proche du territoire et des réalités.

2. Qualifier autrement : développer des formations en lienavec les opportunités économiques, agir au sein de sys-tèmes d’acteurs en tirant partie des opportunités d’inser-tion et en agissant avec les représentants des opérateurséconomiques.

3. Créer des opportunités économiques.

  Quatre types d’apport majeurs des OSC pour l’actionpublique : expérimenter ; contribuer au dialogue et auplaidoyer ; mobiliser des financements nouveaux ; agirdans des contextes d’États fragiles.

Les enjeux de renforcement de l’action publique que les OSCpeuvent se donner :

1. Conjuguer appui aux parcours individuels et appui audéveloppement économique

2. Faire converger les logiques territoriales et secto-rielles.

3. Professionnaliser les compétences en appui aux par-cours d’insertion ; professionnaliser les représentationsdes entreprises et des jeunes afin qu’ils puissent jouerun rôle dans les dispositifs.

4. De l’action au cadre : penser les relais institutionnels unefois des propositions de réponse pérenne identifiées.

5. À la recherche de modèles hybrides pour des actionsdurables : la réflexion sur la délégation de service doitêtre posée pour penser une mise en œuvre la plus effi cacepossible ; les organisations de solidarité peuvent venir enrenforcement et en professionnalisation des acteurs del’appui à l’insertion sur ce mandat.

6. Changement d’échelle : multiplier et non massifier, avecdes actions intervenant en cohérence.

7. Capitaliser, mutualiser et diffuser : démontrer par l’ac-tion, partager les approches, aller vers des modèles effi -caces et des discours convaincants

Synthèse – Quelles valeurs ajoutées des actions des OSC ?

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