industrie de la parfumerie

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Antish Seeruttun achevé de rédiger le 8 octobre 2012 4, rue Berryer Paris 8ème Tel: +331 5393 3830 Fax: +331 5353 9991 [email protected] financieredelacite.eu

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  • Antish Seeruttun

    achev de rdiger le 8 octobre 2012

    4, rue Berryer Paris 8me

    Tel: +331 5393 3830

    Fax: +331 5353 9991

    [email protected]

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  • Lindustrie de la Parfumerie

    Introduction Lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques est un

    march trs convoit qui reprsente 260 milliards

    deuros de chiffres daffaires mondial en 2011. Cest un

    march porteur qui se renouvelle, puisque 400 500

    nouvelles fragrances sortent chaque anne ; il touche,

    sur les marchs matures, toute la population puisque

    neuf femmes sur dix possdent en moyenne deux ou

    trois parfums et un homme sur deux se parfume.

    Dans les annes 1980, les industriels des produits de

    grande consommation se sont lancs dans laventure.

    Procter & Gamble, Unilever et Johnson & Johnson ont

    donc investi un domaine jusqualors rserv aux

    maisons spcialises, avec pour objectif de complter

    leur gamme par des produits de luxe. Pour faire leur

    entre dans la cour des grands, ces socits ont acquis

    des marques de cosmtiques et des licences tour de

    bras : Unilever avec les groupes Faberg et Calvin Klein

    en 1989, ainsi que les licences Scherrer et Lagerfeld ;

    Procter & Gamble, de son ct, rachte, en 1991, le

    groupe de cosmtiques amricain Max Factor et acquiert

    la licence Hugo Boss. Larrive de ces gants de

    lindustrie des produits dhygine sur le march de la

    parfumerie a intensifi la concurrence, notamment avec

    des mthodes de vente aux antipodes de celles des

    "vrais" parfumeurs. Alors que nagure Guerlain ne

    voulait entendre parler que de distribution slective, de

    vritables fragrances sont dornavant vendues en

    grandes surfaces, aux cts deaux de Cologne bon

    march.

    Lobjectif de cette tude est de dresser un panorama des

    diffrents acteurs du secteur de la parfumerie et, par

    extension, des cosmtiques. La premire partie concerne

    les chiffres et lanalyse conomique ; nous avons dplac

    en annexe la partie descriptive de lindustrie.

    Sommaire Quelques gnralits sur les parfums

    1

    A. Segmentation du march 1 B. Quest quun parfum ? 1

    Le march et les acteurs du secteur des produits cosmtiques

    3

    A. Quelle est la contribution du secteur lconomie europenne ?

    3

    B. Le march des produits cosmtiques 7 Focus sur la filire des produits cosmtiques en France

    19

    A. La taille du march et les acteurs en France

    19

    B. La distribution des parfums et cosmtiques en France

    21

    La chane de valeur 24

    Analyse concurrentielle (daprs Porter)

    25

    Perspectives de croissance et tendances structurelles

    27

    Le marketing et les parfums 30

    Annexe 1 : Matires premires et techniques dextraction

    37

    Annexe 2 : Structure dun parfum 41 Annexe 3 : Le "nez" et la cration dun parfum

    44

    Annexe 4 : Fabrication industrielle dun parfum

    46

    Annexe 5 : La rglementation du secteur

    50

    Annexe 6 : La contrefaon dans le secteur de la parfumerie et des cosmtiques

    51

    Annexe 7 : Quelques grands noms de la parfumerie

    55

    Bibliographie 59

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 1

    Quelques gnralits sur les parfums

    A. Segmentation du march

    En France, les produits cosmtiques sont dfinis par le Code de la Sant Publique (article L.5131-

    1) : "Un produit cosmtique est une substance ou une prparation destine tre mise en contact

    avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l'piderme, les systmes pileux

    et capillaires, les ongles, les lvres et les organes gnitaux externes, ou avec les dents et les

    muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer,

    d'en modifier l'aspect, de les protger, de les maintenir en bon tat ou de corriger les odeurs

    corporelles".

    Le march des parfums et cosmtiques peut tre segment en quatre grandes catgories :

    La parfumerie alcoolique, qui inclut tous les types de parfums, les eaux de toilette et les

    eaux de Cologne ;

    Les produits d'hygine personnelle qui regroupent notamment les shampoings, les

    produits capillaires (gels, fixatifs, colorants, etc.), les produits pour le bain, les produits

    d'hygine dentaire, les dodorants et anti-sudorifiques ainsi que les produits pilatoires ;

    Le maquillage : rouge lvres, fards, mascaras et les produits pour les soins des ongles ;

    Les produits de beaut et soins de peau : protection solaire, crmes de soin, etc.

    B. Quest-ce quun parfum ?

    Il est trs difficile de donner une dfinition du parfum, et cest peut-tre l la source de sa richesse.

    Pour certains, il sagit dune odeur, dune fragrance ; pour dautres cest plutt une substance

    odorante, cest dire un liquide qui se distingue des autres puisquil devient une fragrance en

    svaporant. Un parfum est, en fait, une composition odorante plus ou moins persistante,

    naturellement mise par une plante, un animal, un champignon ou un environnement. Dans le

    milieu naturel, les parfums sont souvent des messages chimiques et biochimiques, et notamment

    des phromones1 ou phytohormones2, molcules odorantes jouant un rle majeur dans le rgne

    vgtal et animal.

    Aujourd'hui, la notion de parfum dsigne une composition particulire, forte concentration

    olfactive, cre (ou recre) en laboratoire partir de diffrents armes, solvants et fixatifs. Si nous

    nous en tenons une dfinition technique, un parfum est un mlange de diffrentes matires

    premires naturelles ou artificielles (dune douzaine plusieurs centaines) auxquelles on ajoute une

    certaine quantit dalcool et deau distille. Plus prcisment, un parfum est constitu :

    Dune partie odorante concentre (mlange d'huiles essentielles, absolues, concrtes, etc.),

    souvent appele "parfumage" ;

    1 Les phromones sont des substances chimiques mises par la plupart des animaux, et certains vgtaux, et qui agissent comme des messagers entre les individus d'une mme espce, transmettant aux autres organismes des informations qui jouent un rle dans l'attraction sexuelle notamment. Les phromones sont des substances chimiques comparables aux hormones. Mais, tandis que les hormones classiques (insuline, adrnaline, etc.) sont produites par les glandes endocrines et circulent uniquement l'intrieur de l'organisme en participant son mtabolisme, les phromones sont gnralement produites par des glandes exocrines, ou scrtes avec l'urine, et servent de messagers chimiques entre individus. 2 Une phytohormone, ou hormone vgtale, est une hormone produite par une plante. C'est une substance chimique

    organique qui rgule la croissance vgtale ou qui intervient dans la communication entre individus vgtaux diffrents.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2

    Dun support (alcool, huile, baume) ;

    D'un fixateur.

    Selon le support, on obtient diffrents types de parfums :

    Les parfums alcooliques, qui sont les plus courants. Le support est lalcool (thanol). Celui-

    ci a lavantage de bien solubiliser les composs odorants et dtre trs volatil, ce qui lui

    permet de svaporer pour ne laisser sur la peau que le parfum. Il assure aussi la bonne

    conservation du produit. La concentration en "absolu" dtermine la puissance et la tenue

    du parfum. On distingue :

    Tableau 1 : Types de parfums alcooliques

    Type de parfum Concentration Tenue

    Parfum 15% 30%, voire jusqu 40% Un plusieurs jours

    Eau de parfum 8% 20% Plusieurs heures

    Eau de toilette 6% 12% 2 3 heures

    Eau frache Infrieure 8% 1 ou 2 heures

    Les parfums huileux. Il est aussi possible de raliser des parfums huileux en dissolvant des

    matires premires odorantes dans de lhuile. Les parfums huileux sont trs doux sur la

    peau et s'utilisent par petites touches sur les zones que l'on souhaite parfumer ;

    Les parfums solides. Souvent appels "concrtes de parfum", les parfums solides sont une

    autre forme de parfum huileux, trs pratique en voyage ou dans le sac main. Les

    composs parfumants sont dilus dans une base de type baume : mlange d'huile vgtale,

    de beurre vgtal et de cire de soja ou acide starique. Ces parfums solides sappliquent en

    petite quantit derrire loreille, sur le plexus, lintrieur des poignets, etc.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 3

    Figure 1 : Contribution de la classe "Fabrication dhuiles essentielles" au PIB en 2011, pour une slection de pays

    Le march et les acteurs du secteur des produits cosmtiques

    A. Quelle est la contribution du secteur lconomie europenne ?

    Ce que nous appelons communment le secteur des produits cosmtiques englobe deux grandes

    industries :

    Laromatique, qui comprend les fabricants des matires premires naturelles et

    synthtiques utilises dans les parfums et les fabricants des essences et des concentrs de

    parfum ;

    La parfumerie et les cosmtiques, qui comprend les fabricants de parfums, de produits

    de soins et de beaut, de produits de maquillage et de produits dhygine.

    A.1. Lindustrie de laromatique

    La production des matires premires naturelles est regroupe sous la classe "Fabrication

    dhuiles essentielles" (code 20.53) selon la nomenclature NACE Rv. 2, qui dcompose la classe en

    quatre branches :

    1) La fabrication dessences de produits aromatiques naturels ;

    2) La fabrication de rsinodes ;

    3) La fabrication de compositions base de produits odorifrants pour lalimentation ;

    4) La fabrication de compositions base de produits odorifrants autre que pour

    lalimentation (essentiellement la parfumerie).

    En termes de valeur de la production, cette classe occupe une place trs modeste dans la

    contribution dans lconomie, comme lillustre les deux graphiques suivants.

    (source : Eurostat)

    France Allemagne Italie Royaume-Uni Espagne UE27

    0,053% 0,051%

    0,017%

    0,050%

    0,044% 0,047%

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 4

    Figure 2 : Rpartition de la production, par branche, de la classe " Fabrication dhuiles essentielles " en 2011, pour une slection de pays

    Tableau 2 : La classe "Fabrication dhuiles essentielles" en 2009, pour une slection de pays

    Valeur de la production

    Chiffre daffaires par

    entreprise

    Nombre d'entreprises

    Nombre de salaris

    Part de la valeur de la prod. dans le total des

    ind. manufac. (en millions deuros)

    UE (27 pays) - - 678 181 -

    France 1 158 5,0 265 5 728 0,2%

    Allemagne 1 212 39,1 34 4 095 0,1%

    Italie 214 2,8 78 692 0,0%

    Royaume-Uni 727 13,7 57 - 0,2%

    Espagne 440 4,7 93 1 689 0,1%

    (source : Eurostat)

    La fabrication de matires premires directement lies la parfumerie (c'est--dire, les branches 1, 2

    et 4) reprsente 43% de la valeur de la production au sein de lUnion Europenne. Les donnes ne

    sont pas disponibles pour la Suisse, qui compte deux grands acteurs, Givaudan et Firmenich.

    (source : Eurostat)

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 5

    En ce qui concerne les matires premires de synthse, la classe concerne dans la nomenclature

    NACE est "Fabrication dautres produits chimiques organiques de base". Cette classe se rpartit en

    trois grandes branches :

    1) La fabrication des produits chimiques de base ;

    2) La fabrication de produits aromatiques synthtiques ;

    3) La distillation des goudrons de houille.

    Les deux premires branches sont lies la production de parfums, mais les donnes individuelles

    ne sont pas disponibles. Le tableau suivant prsente quelques informations agrges pour une

    slection de pays.

    Tableau 3 : La classe " Fabrication dautres produits chimiques organiques de base " en 2009, pour une slection de pays

    Valeur de la production

    Chiffre daffaires par

    entreprise

    Nombre d'entreprises

    Nombre de salaris

    Part de la valeur de la prod. dans le total des

    ind. manufac. (en millions deuros)

    UE (27 pays) 90 462 - 2 098 - -

    France 16 462 60,26 288 25 037 0,0

    Allemagne 22 840 81,52 324 56 419 0,0

    Italie 5 661 32,87 174 10 448 0,0

    Royaume-Uni 10 316 71,18 146 - 0,0

    Espagne 3 251 19,33 199 5 378 0,0

    (source : Eurostat)

    A.2. Lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques

    Lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques est regroupe sous la classe "Fabrication de parfums

    et de produits pour la toilette" (code 20.42) selon la nomenclature NACE Rv. 2, qui dcompose

    cette classe en cinq branches :

    1) Parfums et parfums alcooliques (eau de parfum, eau de toilette et eau frache) ;

    2) Maquillage. Cette branche regroupe, entre autres, les prparations pour manucures et

    pdicures ;

    3) Produits de beaut et de soins ;

    4) Shampooings et autres prparations capillaires. Cette branche regroupe les shampooings,

    laques pour cheveux et autres prparations pour londulation ou le dfrisage des cheveux ;

    5) Autres produits pour lhygine corporelle. Cette branche regroupe les dentifrices et

    produits pour lhygine buccale (y compris les prparations destines faciliter ladhrence

    des dentiers), les prparations pour le rasage (y compris les prparations pour le prrasage

    et laprs-rasage), les dsodorisants et sels pour le bain et dpilatoires.

    Comme pour lindustrie de laromatique, la production de parfums et de cosmtiques reprsente

    une contribution modeste dans lconomie, comme illustr dans le graphique suivant.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 6

    Figure 3 : Contribution de la classe "Fabrication de parfums et de produits pour la toilette" au PIB en 2011, pour une slection de pays

    (source : Eurostat)

    On compte plus de 4 000 fabricants de cosmtiques en Europe, dont un grand nombre de petites et

    moyennes entreprises (PME), occupant directement et indirectement plus de 350 000 salaris

    europens. La France serait, elle seule, lorigine de 30 % de la production europenne de

    parfums et cosmtiques en 2009.

    Tableau 4 : La classe "Fabrication de parfums et de produits pour la toilette" en 2009, pour une slection de pays

    Valeur de la production

    Chiffre daffaires par

    entreprise

    Nombre d'entreprises

    Nombre de

    salaris

    Part de la valeur de la prod. dans le total des

    ind. manufac. (en millions deuros) (en % de lUE) (en millions deuros)

    UE (27 pays) 27 318 100% 6,97 4 225 - -

    France 8 338 30,52% 13,35 705 31 337 1,20%

    Allemagne 5 239 19,18% 14,30 390 23 817 0,40%

    Italie 3 831 14,02% 4,31 914 13 291 0,50%

    Royaume-Uni 2 579 9,44% 7,92 336 15 632 0,60%

    Espagne 2 489 9,11% 6,16 421 11 622 0,60%

    (source : Eurostat)

    Les parfums et parfums alcooliques reprsentent, au sein de lUnion Europenne, environ 15% de

    la classe "Fabrication de parfums et de produits pour la toilette". La France est au-dessus de la

    moyenne grce quelques acteurs majeurs du secteur, tels que lOral et LVMH. Le graphique

    suivant montre la rpartition des cinq branches en 2011.

    France Allemagne Italie Royaume-Uni Espagne UE27

    0,41%

    0,17%

    0,27%

    0,13%

    0,17% 0,20%

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 7

    Figure 4 : Rpartition de la production, par branche, de la classe "Fabrication de parfums et de produits pour la toilette" en 2011, pour une slection de pays

    Figure 5 : March mondial de laromatique, en milliards deuros

    (source : Eurostat)

    B. Le march des produits cosmtiques

    B.1. Lindustrie de laromatique

    Le march mondial de laromatique tait estim 16,2 milliards deuros en 2011. Ce chiffre inclut

    12,2 milliards deuros pour le march, dit traditionnel, des armes et fragrances naturels pour

    lalimentation et la parfumerie. Les 4 milliards deuros restants proviennent du march des

    molcules de synthse.

    Armes 6,4

    Fragrances 5,8

    Molcules de synthse

    4

    (source : Rapport annuel Symrise 2011)

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 8

    Figure 6 : Parts de march mondiales

    Le march de laromatique est trs clat, avec plus de 500 intervenants au niveau mondial. Les

    quatre plus importants acteurs, Givaudan, Firmenich, International Flavors and Fragrances (IFF) et

    Symrise, reprsentent 55% de part de march, prsents dans le Tableau 6 suivant.

    (source : Rapport annuel Symrise 2011)

    B.2. Lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques

    Le march mondial de la parfumerie et des cosmtiques tait estim environ 260 milliards deuros

    prix dtail en 2011 (160 milliards deuros en prix nets fabricants)3. Ce march a connu une

    croissance moyenne annuelle sur les 15 dernires annes de 4,5% (hors effets montaires), avec des

    taux de progression allant de 3% 5,5%, selon les annes.

    Les Etats-Unis demeurent le premier march mondial, mme si les nouveaux marchs, dits

    mergents, sont le moteur de croissance depuis les cinq dernires annes. En effet, le classement

    des dix plus grands marchs de la parfumerie et des cosmtiques a t considrablement boulevers

    par la croissance des marchs mergents, notamment celle des pays du BRIMC (Brsil, Russie,

    Inde, Mexique, Chine). La Chine, huitime en 1998, est devenue le quatrime march mondial en

    2008 ; le Brsil est dsormais troisime.

    Tableau 5 : 10 plus grands marchs de la parfumerie et des cosmtiques en 2009

    Rang Pays March en milliards deuros prix dtail

    Parts de march

    Monde 251,5 100%

    1 Etats-Unis 42,3 16,8%

    2 Japon 28,7 11,4%

    3 Brsil 20,4 8,1%

    4 Chine 14,9 5,9%

    5 Allemagne 12,5 5%

    6 France 11,7 4,7%

    7 Royaume-Uni 10,8 4,3%

    8 Italie 9 3,6%

    9 Espagne 7,7 3,1%

    10 Russie 7,5 3%

    (source : Euromonitor International)

    3 Source : Cosmetics Europe, Statistics 2011

    Givandan 20%

    Firmenich 13%

    IFF 12%

    Symrise 10%

    Autres 45%

  • P a g e | 9

    Tableau 6 : Principaux acteurs mondiaux de lindustrie de laromatique

    Donnes financires & boursires Prsentation de la socit Activits de la socit Cration parfums

    Rsultats 2011

    CA : 3,959 milliards de CHF

    (3,182 milliards deuros)

    Marge bn. : 6,44%

    ROE : 8,12%

    Div. payout ratio : 80,62%

    D/E : 57,2%

    R&D : 7,5% du CA

    Cap. bour. : 8,65 milliards de CHF

    P/E : 25,59

    P/BV : 2,42

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    Givaudan est une socit suisse dont le sige social se trouve Vernier,

    canton de Genve. La socit compte plus de 8900 collaborateurs sur 82

    sites travers le monde et opre un rseau de plus de 40 filiales tablies

    dans les marchs dvelopps et mergents.

    La socit a t fonde en 1796 Zurich par Lon et Xavier Givaudan.

    Givaudan, detenu alors par le groupe Roche, rachte, en 1963, l'entreprise

    Roure ; par la suite, en 1991, Roure et Givaudan fusionnent et achtent

    en 1997 Tastemaker (Cincinnati). Lentreprise prend le nom Givaudan en

    2000 et deux ans aprs, acquiert FIS, une partie de la une filiale Nestl

    spcialise dans larme alimentaire. En 2007, Givaudan rachte Quest

    International.

    La socit est rpartie en deux

    grandes divisions :

    Division Armes : 53% du CA du

    groupe. La socit cre des armes

    pour les boissons (35% du CA), les

    confiseries (17%), les entremets sals

    (35%) et les produits laitiers (13%) ;

    Division Parfums : 47% du CA du

    groupe. La socit cre des parfums

    pour les produits de consommation

    (67% du CA), les parfums de luxe

    (20%) et les ingrdients de

    parfumerie (13%).

    Azzaro pour

    Homme lEau ;

    Burberry Brit,

    London et Sport ;

    Opium Edition 30

    ans de Yves Saintt

    Laurent

    Rsultats 2011

    CA : 2,782 milliards CHF

    R&D : 10% du CA

    La socit Chuit & Naef a t cre par le chimiste suisse Philippe Chuit

    et le ngociant Martin Naef en novembre 1895. Ils commencent par

    produire des colorants pour Bayer. L'entreprise devient rapidement

    familiale avec larrive de Fred Firmenich, le beau-frre de Chuit, qui

    arrive du Royaume-Uni o il a tudi. Il est en charge du dveloppement

    commercial de lentreprise. En 1910, Philippe Chuit ne s'occupe que de la

    recherche scientifique et Naef se retire de laffaire et Fred Firmenich se

    retrouve rapidement seul la tte de lentreprise. En 1972 lentreprise

    prend le nom de "Firmenich SA" et sest depuis installe dans plusieurs

    pays tels que les USA, la France, le Brsil, le Japon ou encore Duba.

    La socit compte aujourdhui plus de 6 000 employs, opre un rseau

    de 30 filiales et est prsente dans 64 pays travers le monde.

    La socit est rpartie en deux

    divisions :

    Division Armes

    Division Parfums

    Aqua di Gio pour

    Homme de Giorgio

    Armani ; Anas

    Anas de Cacharel ;

    CK One de Calkin

    Klein ; Flower by

    Kenzo ; LEau

    dIssey dIssey

    Mikaye

    Giv

    au

    dan

    ~20%

    de

    part

    s de

    mar

    ch

    Fir

    men

    ich

    ~13%

    de

    part

    s de

    mar

    ch

  • P a g e | 1 0

    Tableau 6 : Principaux acteurs mondiaux de lindustrie de laromatique (suite)

    Donnes financires & boursires Prsentation de la socit Activits de la socit Cration parfums

    Rsultats 2011

    CA : 2,788 milliards USD

    (2,004 milliards deuros)

    Marge bn. : 9,57%

    ROE : 29,10%

    Div. payout ratio : 35,10%

    D/E : 72,84%

    R&D : 8% du CA

    Cap. bour. : 4,93 milliards USD

    P/E : 15,79

    P/BV : 4,03

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    IFF est une socit amricaine dont le sige est New York. La socit

    est prsente dans plus de 100 pays travers le monde, et compte plus de

    5 600 employs. IFF regroupe plusieurs entreprises :

    Stafford & Sons cr en 1833 par Stafford Allen, un meunier et Charles

    May, pharmacien, spcialis dans la production d'huiles essentielles

    mdicinales ;

    W.J. Bush & Company, socit cre en 1851, spcialise dans la

    distillation ;

    Boake & Co (1869), spcialise dans la production des huiles

    essentielles fleuries, et des molcules de synthse ;

    Boake Roberts & Co (1889), spcialiste des concentrs de jus de fruit.

    Depuis les annes 2000, IFF a fait plusieurs acquisitions, telles que les

    Laboratoires Monique Rmy ( Grasse) et Bush Boake Allen Inc.

    La socit est rpartie en deux

    grandes divisions :

    Division Armes : 48% du CA

    Division Fragrances : 52% du CA

    Very Irresistible de

    Givenchy ; Dior

    Homme de

    Christian Dior

    Parfums ;

    Rsultats 2011

    CA : 1,583 milliards deuros

    Marge bn. : 9,25%

    ROE : 16,70%

    Div. payout ratio : 48,40%

    D/E : 52,93%

    R&D : 6,80% du CA

    Cap. bour. : 3,14 milliards deuros

    P/E : 20,45

    P/BV : 3,36

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    Symrise est une socit allemande dont le sige est Holzminden. La

    socit est prsente dans plus de 160 pays : 54% de ses ventes viennent

    des pays industrialiss, le reste provenant des pays mergents. A fin 2011,

    Symrise comptait plus de 5 400 employs. Symrise rsulte de la fusion, en

    2003, entre Haarmann & Reimer (cr par Ferdinand Tiemann et

    Wilhelm Haarmann) et Dragoco (cr par Carl Wilhelm Gerberding en

    1919). Depuis l'entreprise a fait plusieurs acquisitions telles que :

    Kaden biochimiques (2006), le premier fabricant de purs extraits

    botaniques ;

    La division "Ingrdients alimentaires" d'Unilever Business en Grande-

    Bretagne (2007) ;

    Aromatics SAS, fabricant franais de matires premires naturelles

    (2007) ;

    Steng, un fabricant de saveurs anglaises (2008).

    La socit est rpartie en deux

    grandes divisions :

    Division Armes et Nutrition :

    49,4% du CA

    Division Fragrances et Hygine :

    50,62% du CA

    Amarige de

    Givenchy ; Burberry

    Summer Femme de

    Burberry ; Linstant

    de Guerlain

    Inte

    rnati

    on

    al

    Fla

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    Fra

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    ~12%

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    ~10%

    de

    part

    s de

    mar

    ch

  • P a g e | 1 1

    Tableau 6 : Principaux acteurs mondiaux de lindustrie de laromatique (suite)

    Donnes financires & boursires Prsentation de la socit Activits de la socit Cration parfums

    Rsultats 2012

    CA : 113,68 milliards de JPY

    (1,047 milliards deuros)

    Marge bn. : 1,56%

    ROE : 3,5%

    Div. payout ratio : 44,93%

    D/E : 47,80%

    Cap. bour. : 40,3 milliards de JPY

    P/E : 22,70

    P/BV : 0,77

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    Takasago est une socit cre en 1920 au Japon et dont le sige est

    Tokyo. Elle sest intresse au dpart la production des essences de

    fruits et dagents de peinture. Cest la premire entreprise avoir utilis la

    raction dozonation pour la production de vanilline. La socit ralise

    60% de ses ventes au Japon, 17 % sur le continent amricain, 12% en

    Europe et 11% en Asie.

    Takasago sest implante un peu partout dans le monde ds 1940

    (Shangai), puis Paris et New York, Brsil (1960), Singapour (1974),

    Mexique (1987). Cration d'un site Londres, Bruxelles, Zurich et

    Barcelone en 1995 et Soul tout rcemment.

    La socit est rpartie en quatre

    grandes divisions :

    Division Armes : 61% du CA

    Division Fragrances : 23% du CA

    Division Aromes Chimiques : 8%

    du CA

    Division Chimie Fine : 7% du CA

    Emotion Pierre

    Cardin

    Rsultats 2012

    CA : 373,28 millions deuros

    Marge bn. : 6,24%

    ROE : 11,90%

    Div. payout ratio : 26,18%

    D/E : 47,77%

    R&D : 8% du CA

    Cap. bour. : 267,8 millions deuros

    P/E : 11,3

    P/BV : 1,32

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    Ds sa cration Grasse, Franois Chauve, fondateur de la socit,

    sadjoint de son neveu Jean-Baptiste Maubert, quil charge des

    fabrications. En 1875, Paul Robertet achte la "fabrique", qui prend la

    dnomination de Robertet, lusine ne traite que "les fleurs et les plantes de

    la rgion provenale". En 1888, se constitue la Socit au nom collectif

    "P. Robertet & Cie". A partir de 1966 la socit sagrandit en prenant le

    contrle de plusieurs entreprises comme Jay Flavors, devenu Robertet

    Flavors (ce qui lui permet de travailler avec tous les grands noms de

    lindustrie alimentaire amricaine) et Novarome.

    La socit est prsente dans plus de 50 pays par le biais de filiales et dun

    rseau dagents : Europe, Etats-Unis, Amrique Latine, Asie, Afrique du

    Sud.

    La socit comprend trois grandes

    divisions :

    Division Armes Alimentaires :

    34% du CA

    Division Parfumerie : 35% du CA

    Division Matires Premires :

    20% du CA

    Chrome Sport

    dAzzaro ; Gucci

    pour Homme

    Tak

    asa

    go

    ~5%

    de

    part

    s de

    mar

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    Ro

    bert

    et

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 1 2

    Figure 7 : Le march europen de la parfumerie et des cosmtiques en 2011

    Figure 8 : Parts de march des produits en Europe

    Le march europen des produits cosmtiques reprsentait environ 71,15 milliards d'euros prix

    dtail en 2011 ; les exportations hors de lunion reprsentaient environ 18,6 milliards deuros. Sur

    ce march mature, le taux de croissance est depuis quelques annes modr (environ 2%).

    (source : Focus sur la production de parfums & cosmtiques en rgion Centre ; Centrco ; fvrier 2011)

    Comme dj soulign, lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques est partage entre des

    produits dhygine, de soins et de parfumerie. Le graphique suivant reprsente les parts de march

    des diffrents types de produits en Europe en 2011.

    Produits de beaut et de soin

    25,5%

    Articles de toilette 25,1%

    Fragrances 15,4%

    Soins du cheveux 21,2%

    Maquillage 12,8%

    (source : Cosmetics Europe, Statistics 2011)

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 1 3

    Le march des parfums et cosmtiques se caractrise par une multitude dacteurs de taille varie et

    au profil diffrent. Cette industrie attire, dune part, les gants des biens de consommation comme

    Procter & Gamble ou Unilever, prsents essentiellement dans le circuit de la grande distribution. La

    concurrence vient aussi des entreprises de taille moyenne qui se dveloppent sur des segments

    "niches" qui sont les produits d'origine vgtale ou bio. C'est le cas, par exemple, de socits

    indpendantes comme Clarins, Als Groupe, Nuxe ou Caudalie. Pour finir, un nouveau type de

    concurrence est apparu depuis peu, en la personne des distributeurs, en particulier Sephora, filiale

    de LVMH, qui dveloppe sa propre ligne de produits. Paralllement, ils doivent grer le

    durcissement des rapports avec ces chanes de distribution, qui sont de plus en plus concentres :

    Marionnaud et Sephora reprsentent la moiti du march en France, alors qu'aux Etats-Unis les

    deux principaux intervenants, Federated et May, ont fusionn.

    Tableau 7 : Types dintervenants sur lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques

    Types doprateurs Place de la beaut dans les activits des groupes Exemples

    Spcialistes des parfums et cosmtiques

    La beaut constitue la quasi-totalit de leur chiffre daffaires.

    LOral Este Lauder Clarins Lancaster

    Industriels de la pharmacie

    Historiquement, ils ont pntr le march en sappuyant sur leur image et leur savoir-faire pharmaceutique pour dvelopper une offre centre sur les produits dermatologiques et de soins. La beaut reprsente moins de la moiti de leur chiffre daffaires.

    Pierre Fabre Johnson & Johnson

    Groupes de luxe diversifis

    Ils ont investi le march en utilisant leur image de marque pour vendre des cosmtiques. La haute couture, la maroquinerie, la joaillerie, l'horlogerie et les cosmtiques participent au chiffre daffaires.

    Chanel Christian Dior Yves-Saint-Laurent

    Gants de la grande consommation

    Ils sont prsents aussi bien dans les cosmtiques que dans lagroalimentaire et lentretien de la maison. A lexception de Beiersdorf (Nivea), la beaut ne constitue pas lactivit la plus contributaire leur

    chiffre daffaires.

    Procter & Gamble Beiersdorf (Nivea) Unilever Henkel

    (source : Focus sur la production de parfums & cosmtiques en rgion Centre ; Centrco ; fvrier 2011)

    Les 10 premiers groupes mondiaux ralisent un chiffre daffaires total de plus de 96 milliards de

    dollars US (prix fabricant) en 2008. Les entreprises franaises occupent depuis longtemps une place

    de choix avec LOral, premier groupe mondial devant lamricain Procter & Gamble et devant

    Unilever ; ces grands acteurs sont prsents dans le Tableau 9.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 1 4

    Tableau 8 : 10 premiers groupes mondiaux de lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques

    Rang Groupe Nationalit CA 2010 en Mds de US$

    Marques

    1 LOral France 25,89 Garnier, LOral Paris, Lancme, Biotherm, Ralph Lauren, Diesel, Maybelline New York, Krastase

    2 Procter & Gamble Etats-Unis 19,57 Pantne, Oil of Olaz, Head & Shoulders ; Parfums : Boss, Lacoste, Jean Patou, Gucci, Rochas

    3 Unilever Royaume-Uni &

    Pays-Bas 16,98 Rexona, Sunsilk, Signal, Dove, Axe, Brut

    4 Este Lauder Etats-Unis 8,29 Clinique, Aramis, Este Lauder, Origins, MAC, La Mer, Donna Karan, Tommy Hilfiger

    5 Shiseido Japon 7,75 Shiseido, Jean Paul Gaultier, Issey Miyake, Narciso Rodriguez

    6 Avon Etats-Unis 7,67 Avon, Ungaro, Christian Lacroix

    7 Beiersdorf Allemagne 6,67 Niva, Eucerin, La Prairie

    8 Kao Corp. Japon 5,83 Jergens, Curl, Bior, Ban, John Frieda, Guhl

    9 Johnson & Johnson Etats-Unis 5,70 Clean & Clear, Le Petit Marseillais, Neutrogena, Rembrandt

    10 Chanel France 4,44 Chanel

    (source : WWD Beauty Biz Ranking, aot 2011)

  • P a g e | 1 5

    Tableau 9 : Principaux acteurs de lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques

    Donnes financires & boursires Prsentation de la socit Activits de la socit

    Rsultats 2011

    CA : 20,34 milliards deuros

    Marge bn. : 11,98%

    ROE : 15%

    Div. payout ratio : 49,54%

    D/E : -2,86%

    R&D : 3,5% du CA

    Cap. bour. : 59,58 milliards deuros

    P/E : 22,27

    P/BV : 3,15

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    Lorigine de LOral remonte 1907,

    lorsquEugne Schueller, jeune chimiste

    franais d'origine alsacienne diplm de

    l'Institut de chimie applique de Paris, met

    au point une formule de synthse

    permettant de teindre les cheveux, baptise

    "O ral ", base de composs chimiques

    inoffensifs. LOral est aujourdhui prsent

    dans 130 pays sur les 5 continents et

    comptait prs de 69000 collaborateurs dans

    le monde en 2011.

    La socit exerce une fonction de holding

    et de coordination stratgique, scientifique

    et industrielle du groupe dans le monde.

    Lessentiel des filiales a un rle de

    commercialisation des produits fabriqus

    par les usines du groupe. LOral possde la

    totalit du capital de la trs grande majorit

    de ses filiales.

    Les activits de la socit sont rparties en trois branches :

    La Branche Cosmtique, qui reprsentait 93 % du chiffre daffaires en 2011, compte

    quatre Divisions :

    Produits Professionnels (13,9% du CA total) commercialise des produits utiliss

    mais aussi vendus dans les salons de coiffure. Marques de la Division Produits

    Professionnels : LOral Professionnel, Redken, Krastase, Matrix ;

    Produits Grand Public (48,45% du CA total) commercialise des produits

    cosmtiques dans tous les canaux de grande diffusion (hypermarchs, supermarchs,

    drugstores et magasins traditionnels). Marques de la Division Produits Grand Public :

    LOral Paris, Garnier, Maybelline, Softsheen Carson, Essie ;

    L'Oral Luxe (23,72% du CA total) runit un ensemble de marques de prestige. La

    distribution de ces marques est slective et se partage entre grands magasins,

    parfumeries, travel retail, mais aussi boutiques en propre et sites de e-commerce.

    Marques de la Division L'Oral Luxe : Lancme, Giorgio Armani, Yves Saint

    Laurent, Biotherm, Kiehls, Ralph Lauren, Shu Uemura, Cacharel, Helena

    Rubinstein, Diesel, Clarisonic et Vik tor & Rolf ;

    Cosmtique Active (7% du CA total) diffuse des produits dermo-cosmtiques

    dans tous les circuits de distribution de produits de sant travers le monde,

    principalement en pharmacies, drugstores, mdispas et, dans certains pays, chez les

    dermatologues. Marques de la Division Cosmtique Active : Vichy, La Roche-Posay,

    SkinCeuticals, Innov, Roger & Gallet.

    La Branche The Body Shop reprsentait environ 4% du chiffre daffaires en 2011.

    La Branche Dermatologie, qui reprsentait environ 3 % du chiffre daffaires du groupe

    en 2011, est constitue de Galderma, joint-venture cre entre LOral et Nestl il y a 30

    ans.

    LO

    ral

  • P a g e | 1 6

    Tableau 9 : Principaux acteurs de lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques (suite)

    Donnes financires & boursires Prsentation de la socit Activits de la socit

    Rsultats 2011

    CA : 82,56 milliards USD

    (60,62 milliards deuros)

    Marge bn. : 14,3%

    ROE : 18,4%

    Div. payout ratio : 47,76%

    D/E : 43%

    R&D : 2,5% du CA

    Cap. bour. : 188,85 milliards USD

    P/E : 18,41

    P/BV : 2,93

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    Procter & Gamble a t fonde

    Cincinnati, aux Etats-Unis, en 1837. Ne de

    l'association de William Procter, fabricant

    de bougies, et de James Gamble, savonnier,

    cette entreprise amricaine, l'origine

    familiale, n'a cess d'voluer et de se

    diversifier pour devenir une importante

    socit internationale. La socit est

    prsente dans plus 180 pays et comptait

    plus de 127 000 employs dans le monde en

    2011.

    Les activits de la socit sont rparties en six branches :

    Beaut (24% du CA total) : cette branche comprend les cosmtiques, la parfumerie, Soins capillaires grand public et professionnel, entre autres. Marques connues : Head & Shoulders, Wella, Pantene, Olay. Marques parfumerie: Boss, Dolce & Gabbana, Escada, D&G, Gucci, Hugo Boss, Lacoste, Rochas

    Rasage (9% du CA total) : comprend des marques de rasage comme Gillette, Gillette Mach3, Gillette Fusion, Gillette Series, Gillette Venus et Braun

    Sant et bien-tre (14% du CA total) : cette branche comprend essentiellement des produits dhygine tels que Oral-B, Crest, Parogencyl, Always et Tampax

    Entretien de la maison (30% du CA total) : Ariel, Dash, Gama, Ace, Lenor, Antikal, Febreze, Mr. Propre, Swiffer, Ambi Pur et Duracell

    Soins bb et famille (19% du CA total) : comprend des marques telles que Pampers, Kandoo et Charmin

    Alimentation gnrale et alimentation animale (4% du CA total) : Iams, Pringles

    Rsultats 2011

    CA : 8,81 milliards USD

    (6,47 milliards deuros)

    Marge bn. : 7,95%

    ROE : 33%

    Div. payout ratio : 21%

    D/E : -1,32%

    R&D : 1% du CA

    Cap. bour. : 24,53 milliards USD

    P/E : 27,42

    P/BV : 8,97

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    La compagnie Este Lauder est fonde en

    1946, lorsque Joseph Lauder et sa femme

    Este Lauder dbutent leur production de

    cosmtiques New York. Au dbut, ils ne

    produisent que quatre types de produits :

    une crme hydratante riche et tout usage,

    une crme de main, une huile nettoyante et

    une lotion pour la peau. Deux ans plus tard,

    ils mettent sur pied leur premire boutique

    situe sur la Fifth Avenue New York. La

    socit est prsente dans plus 150 pays et

    comptait plus de 31 000 employs dans le

    monde en 2011.

    Marques parfumerie : Este Lauder, Aramis, Donna Karan, Micheal Kors, Missoni, Sean

    John, Tom Ford, Ermengildo Zegna, Tommyy Hilfiger, Kiton et Jo Malone

    Pro

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    Inc.

  • P a g e | 1 7

    Tableau 9 : Principaux acteurs de lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques

    Donnes financires & boursires Prsentation de la socit Activits de la socit

    Rsultats 2011

    CA : 2,28 milliards deuros

    Le premier magasin Chanel ouvre ses portes en 1909, Paris ; il tait spcialis dans la vente de chapeaux. En 1912, Coco Chanel

    dveloppe ses activits en ouvrant, avec l'aide financire de son compagnon Boy Capel, un salon prs de la place Vendme. L'anne qui

    suit, elle ouvre deux magasins en province, un Deauville et un Biarritz. La maison devient clbre principalement grce son lgante

    petite robe noire, son tailleur en tweed et son parfum N5, conu en 1921 par Ernest Beaux. Aujourd'hui, l'entreprise appartient Alain

    Wertheimer et Grard Wertheimer, huitime fortune de France en 2010 avec 4,5 milliards d'euros. Les produits proposs sont aussi bien

    du prt--porter, de la parfumerie, de la joaillerie que des collections de haute couture.

    Rsultats 2011

    CA : 23,67 milliards deuros

    Marge bn. : 12,95%

    ROE : 15,8%

    Div. payout ratio : 43,08%

    D/E : 21,10%

    R&D : 0,3% du CA

    Cap. bour. : 62,70 milliards deuros

    P/E : 17,92

    P/BV : 2,61

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    Le groupe LVMH est n en 1987 du

    rapprochement de Mot Hennessy et de

    Louis Vuitton ; la constitution de la socit

    que lon connait aujourdhui sest opre

    grce une srie de rapprochements

    successifs. LVMH rassemble un ensemble

    de cinq principaux groupes dactivits. Ces

    groupes dactivits sont constitus de

    socits de tailles diverses, dtentrices de

    marques prestigieuses et maisons mres de

    filiales travers le monde. En termes

    dorganisation, LVMH assure un rle de

    coordination et dimpulsion sur lensemble

    des socits du groupe ; le Prsident dune

    marque est quant lui responsable du

    contrle de lensemble des filiales qui

    contribuent, au plan mondial, au

    dveloppement de sa marque, chaque

    Prsident de filiale ltant pour les activits

    places sous sa responsabilit. Cette

    organisation garantit lautonomie des

    marques, tout en permettant la mise en

    uvre de synergies relles entre socits

    dun mme mtier (marketing, logistique,

    etc.).

    Le groupe est organis autour de cinq ples d'activits :

    Vins et Spiritueux (14,9% du CA), qui se rpartissent entre deux domaines dactivits :

    la branche Champagne et Vins (51% de lactivit) et la branche Cognac et Spiritueux

    (49% de lactivit). Quelques marques dtenues par le groupe : Dom Prignon, Mot &

    Chandon, Veuve Clicquot Ponsardin, Mercier, Ruinart, Krug, Chteau dYquem (vin de

    Sauternes), Hennessy, Glenmorangie ;

    Mode et maroquinerie (36,8% du CA), compose des marques Louis Vuitton, Donna

    Karan, Fendi, Loewe, Cline, Kenzo, Marc Jacobs, Givenchy, Thomas Pink, Pucci,

    Berluti et Rossimoda ;

    Parfums et Cosmtiques (13,5% du CA), compose des maisons Parfums Christian

    Dior, Guerlain, Parfums Givenchy et Parfums Kenzo. cet ensemble de marques

    sajoutent Benefit Cosmetics et Fresh, deux socits amricaines de cosmtiques, la

    marque italienne Acqua di Parma, les Parfums Loewe, marque espagnole dtenant de

    fortes positions sur son march domestique, et Make Up For Ever, marque franaise

    spcialise lorigine dans les produits de maquillage professionnel. Les parfums Fendi,

    de cration rcente, viennent complter ce groupe dactivits. Les parfums reprsentent

    49% de lactivit, le maquillage 34% et les produits de soin 17% ;

    Montres et Joaillerie (8,2% du CA) : les marques dtenues par le groupe sont TAG

    Heuer, Hublot, Zenith, Bulgari, Montres Dior, Chaumet, Fred et De Beers ;

    Distribution slective (27,2% du CA), qui a pour vocation de promouvoir un

    environnement appropri limage et au statut des marques de luxe. Leurs activits se

    dveloppent en Europe, en Amrique du Nord, en Asie et au Moyen-Orient et

    sexercent dans deux domaines : le "travel retail" (vente de produits de luxe la clientle

    des voyageurs internationaux), mtier de Duty Free Shops (DFS) et Miami Cruiseline, et

    la distribution slective avec par Sephora et le grand magasin parisien Le Bon March.

    LV

    MH

    C

    han

    el

  • P a g e | 1 8

    Tableau 9 : Principaux acteurs de lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques

    Donnes financires & boursires Prsentation de la socit Activits de la socit

    Rsultats 2011

    CA : 2,84 milliards deuros

    Marge bn. : 20,91%

    ROE : 26%

    Div. payout ratio : 124%

    D/E : -43,4%

    Cap. bour. : 23 milliards deuros

    P/E : 35,56

    P/BV : 11,75

    (donnes boursires au 15/10/2012)

    Fonde Paris en 1837 par Thierry Herms, l'entreprise, l'origine

    une manufacture de harnais et de selles, appartient encore de nos

    jours majoritairement ses hritiers. Herms International compte

    102 filiales et sous filiales qui entrent dans son primtre de

    consolidation. Son rle consiste :

    dfinir la stratgie du groupe, ses axes de dveloppement et de

    diversification ;

    contrler lactivit des filiales et les assister sur les plans social,

    financier, juridique et commercial ;

    grer le patrimoine immobilier ;

    protger et dfendre les marques, dessins et modles, brevets ;

    veiller la cohrence internationale de limage et du style de

    chacune des marques du groupe et, pour ce faire, concevoir et

    produire les campagnes de publicit, les actions et les publications

    destines soutenir les diverses activits.

    Rsultats 2011

    CA : 4,086 milliards USD

    Marge bn. : 1,51%

    ROE : 6,92%

    Div. payout ratio : 57,86%

    D/E : 144%

    Coty Inc. est une socit amricaine leader mondial des produits de

    parfumerie. A lorigine franaise, la vision du groupe dcoule de la

    rflexion de Franois Coty sur le march des parfums.

    Les activits de Coty Inc. sont organises autour de deux

    divisions :

    Coty Prestige, avec les marques Balenciaga, Bottega Veneta,

    Calvin Klein, Cerruti, Chlo, Chopard, Davidoff, Jennifer Lopez,

    Jil Sander, JOOP!, Karl Lagerfeld, Lancaster, Marc Jacobs, Nikos,

    philosophy, Roberto Cavalli, Sarah Jessica Parker, Truth or Dare

    by Madonna, Vera Wang and Vivienne Westwood,

    Coty Beauty, avec les marques adidas, ASTOR, Beyonc Knowles,

    Celine Dion, David Beckham, Esprit, Elite Models, Faith Hill,

    GUESS?, Halle Berry, Heidi Klum, Jovan, Kate Moss, Kylie

    Minogue, Manhattan, Miss Sporty, Nautica, N.Y.C. New York

    Color, Nicole by OPI, OPI, Pierre Cardin, Playboy, Rimmel, Sally

    Hansen, Stetson, Tim McGraw, TJoy and Tonino Lamborghini.

    Herm

    s

    Inte

    rnati

    on

    al

    Co

    ty I

    nc

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 1 9

    Focus sur la filire des produits cosmtiques en France

    Selon la Fdration des Entreprises de la Beaut (FEBEA), chaque jour, sont vendus en France,

    157 000 flacons de parfums dont 45 000 pour hommes, 309 000 produits de soin spcifiques du

    visage, 525 000 shampoings et 544 000 produits pour le bain et la douche.

    A. La taille du march et les acteurs en France

    Le chiffre daffaires de lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques en France reprsentait, en

    2010, un chiffre daffaires de 10,7 milliards d'euros prix dtail ; la valeur de la production (ou

    chiffre daffaires prix usine) reprsentait, pour la mme anne, 9,85 milliards deuros. La filire

    des produits cosmtiques est une filire relativement htrogne, au sein de laquelle lactivit des

    parfums et eaux de toilette, dont une grande partie des fabrications sont des produits de luxe,

    dominent. Cette activit ralisait 30% de la valeur de la production en 2009 (cf. Tableau 4).

    Chiffres cls de lindustrie en 2010

    Chiffre d'affaires, prix dtail 10,69 milliards deuros

    Excdent brut d'exploitation 1,03 milliards deuros

    Valeur de la production (CA prix usine) 9,85 milliards deuros

    Taux de marge brute 10%

    Rentabilit globale 17%

    Nombre d'entreprises (sans unit) 778

    Effectif salari au 31 dcembre 32 598

    (source : Base de donnes Esane, INSEE)

    Le secteur franais (et mondial) de la cosmtique est domin par L'Oral, qui dispose dun

    portefeuille d'une vingtaine de marques, qui couvrent toutes les catgories de produits (soins,

    maquillage, parfums, capillaires) et des gammes de prix.

    Tableau 10 : 10 premiers groupes franais de lindustrie de la parfumerie et des cosmtiques en 2008

    Rang Socits CA en milliards de USD

    1 LOral 25,8

    2 Chanel 4,4

    3 LVMH 4,2

    4 Yves Rocher 2,3

    5 Clarins 1,4

    6 Pierre Fabre 1,3

    7 LOccitane 0,77

    8 Sisley 0,67

    9 Ales Groupe 0,25

    10 Eugne Perma Group 0,20

    (source : Focus sur la production de parfums & cosmtiques en rgion Centre ; Centrco ; fvrier 2011)

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 0

    Figure 10 : Les exportations franaises par type de produits en 2011

    Figure 9 : Les changes commerciaux franais de la filire cosmtique depuis

    2009 (en milliards deuros)

    Le secteur des produits cosmtiques est rput dans le monde entier et ce titre, se place la

    deuxime place (en terme dexcdent commercial) des secteurs exportateurs de lconomie

    franaise, derrire les produits de construction aronautique (8,2 milliards deuros en 2011). En

    2011, le montant global des exportations franaises sest lev 418 milliards deuros avec en

    tte les produits de la construction aronautique et spatiale (10% des changes), suivis des

    automobiles (6% des changes). Les parfums et cosmtiques se classent au septime rang avec

    2,5% des exportations franaises.

    (source : Eurostat)

    Les exportations de cosmtiques, constitues prs de 76% de parfums et de produits de

    beaut, ont enregistr une croissance soutenue de 6% en moyenne entre 1998 et 2009 (contre

    4% pour lensemble des exportations sur la mme priode). Les ventes de produits de beaut, de

    maquillage et de soin de la peau, qui ont connu la progression la plus rapide (7,8% par an en

    moyenne entre 1998 et 2009), reprsentent 41% des ventes de cosmtiques en 2011. Ce

    dynamisme rsulte de plusieurs tendances lourdes : attrait pour les produits innovants ou de

    luxe, vieillissement de la population (soins anti-ge), lvation du niveau de vie.

    (source : Eurostat)

    Parfums et parfumerie alcoolique

    35%

    Maquillage 9%

    Produits de beaut et de soins

    41%

    Shampooings et autre prparations

    capilaires 9%

    Autres produits pour l'hygine corporelle

    6%

    2009 2010 2011

    8,5

    9,3 10,0

    1,6 1,8 1,8

    6,9 7,6

    8,2

    Exportations Importations Balance commerciale

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 1

    Figure 11 : Les exportations franaises de la filire cosmtique par destination

    gographique en 2011

    En matire de cosmtiques, les marchs traditionnels les plus demandeurs sont lAllemagne, les

    Etats-Unis et lEspagne. Mais lavenir se situe dans les pays mergents. Les ventes de

    cosmtiques sont en effet particulirement importantes vers la Chine et la Russie. Selon les

    douanes franaises, la part des pays mergents dans lensemble des ventes de cosmtiques est

    passe de 14,9 % en 1998 24,6 % en 2008. Ce redploiement seffectue au dtriment des pays

    dvelopps matures.

    (source : Direction des Douanes)

    B. La distribution des parfums et cosmtiques en France

    Les principaux circuits de distribution en France sont :

    Le circuit de la GMS (Grandes et Moyennes Surfaces). Premier circuit de lhygine-beaut, il

    reprsente prs de 5,5 milliards deuros de chiffre daffaires, avec une croissance en

    valeur de 1,2% en cumul annuel au 29 janvier 2012. Les axes de croissance et de

    dveloppement sont la parfumerie, le maquillage et les produits pour la toilette, avec des

    taux respectifs de 3,8%, 2,6% et 4,3%. Le march des soins visage et corps, quant lui,

    affiche un rsultat ngatif de 4,3%. Les deux gros marchs restent les capillaires et la

    toilette avec plus de 1,1 milliards de chiffre daffaires chacun.

    La Parfumerie slective, qui se caractrise par quatre types de circuits de distribution :

    - Les grandes chanes nationales, telles que Sephora, Marionnaud, Nocib et Douglas,

    reprsentent 76% du march national :

    - Les franchises et groupements, parmi les plus importants Beauty Success et Passion

    Beaut, qui reprsentent 12% du march national ;

    - Les grands magasins tels que Les Galeries Lafayette, Le Printemps et le Bon

    March, avec 8% du march national ;

    10,23

    6,26

    5,21

    3,93

    0,33

    1,37

    1,58

    0,70

    1,92

    1,34

    1,27

    1,03

    0,01

    0,21

    0,11

    0,29

    Total

    Europe

    UE26

    Zone Euro

    Afrique

    Amrique

    Asie

    DiversExportations Importations

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 2

    - Les parfumeurs indpendants, qui reprsentent moins de 400 parfumeries

    aujourdhui, avec 4%.

    Ce circuit pesait, en 2011, 3,2 milliards de chiffre daffaires en France. Lanne 2011

    aura t en demi-teinte avec une croissance gnrale de 3% porte par les ftes de fin

    danne. Le leader en valeur de ce circuit est Sephora (27% de parts de march) suivi

    par Marionnaud et Nocib avec respectivement 23% et 17% de parts de march.

    Les pharmacies et parapharmacies, qui reprsentaient, en 2011, 40% de parts de march des

    soins. Les groupements de pharmacies se dveloppent et offrent aux officines une

    centralisation des achats, mais aussi une visibilit accrue, des conseils en merchandising

    et gestion des stocks, des accompagnements divers, des formations. Parmi ces

    groupements citons Giropharm, Pharmactiv, Pharmodel et PHR. A fin 2011, les dix

    principaux groupements regroupaient plus de 3 500 officines sous enseigne. De leur

    ct, les parapharmacies se sont dployes et se retrouvent dans le circuit de la GMS

    chez Leclerc, Carrefour, Systme U et Monoprix, entre autres. Ces enseignes ont cr

    des espaces bien dlimits autour de concepts varis comme le plaisir et le bien-tre

    (pour Leclerc) ou le spa et le plaisir des sens (pour Systme U).

    Le circuit Internet. Le e-commerce a enregistr une hausse des ventes de 22% en 2011

    grce une augmentation des transactions. Le nombre dacheteurs, tous secteurs

    confondus, a progress de 11%, soit 3 millions de clients supplmentaires pour la toile ;

    on comptait, en 2011, 30 millions de franais acheteurs sur ce circuit. Par ailleurs, au

    second trimestre 2010, en moyenne plus de 5 millions dinternautes ont consult,

    chaque mois, au moins un des sites du "Top 5" des sites e-commerce de cosmtiques :

    Club des crateurs de beaut, Yves Rocher, Sephora, Nocib et Marionnaud. Le-

    commerce est aujourdhui complmentaire et est indispensable aux circuits marchands

    classiques. Le consommateur a pris pour habitudes de comparer et de se renseigner

    avant deffectuer ses achats en magasin ou en ligne.

    A cette liste sajoutent bien sr les marques enseignes (LOccitane, Yves Rocher), la vente

    directe et le Travel Retail (ou enseignes "Duty Free").

    La structuration de certains circuits, comme les groupements de pharmaciens ou le dploiement

    de la parapharmacie, a durcit le paysage concurrentiel de la distribution des parfums et

    cosmtiques. Un circuit de niche a aussi fait son apparition : citons Mademoiselle Bio pour la

    cosmtique bio et naturelle, Mix Beauty et Colorii pour la cosmtique ethnique. On assiste, en

    parallle, un mlange des codes de ces circuits. Le conseil nest plus lapanage de la parfumerie

    slective et se dveloppe en GMS avec larrive de conseillres de vente dans les rayons. Le

    concept Carrefour Planet, par exemple, intgre des bars ongles, maquillage flash et coiffure

    express. De mme, les promotions et marques de distributeur (MDD) envahissent les circuits de

    la parfumerie slective et des pharmacies et parapharmacies. Ainsi, aprs Sephora et

    Marionnaud, Nocib vient de lancer 350 rfrences sa marque sur le bain et le maquillage.

    Devant le dveloppement des diffrents circuits, les enjeux rsident dans la diffrenciation, tant

    au niveau de loffre que des services et concepts de distribution, mais aussi dans la gestion de la

    relation client.

    L'offre et le service : Les stratgies de diffrentiation au niveau de loffre se font plus

    nombreuses. Certaines enseignes, telles que Sephora ou Marionnaud, dveloppent des

    accords dexclusivit ; dautres se spcialisent sur des marchs de niche (bio, cosmtique

    thique, etc.). Les MDD, de leur ct, se dveloppent sur tous les circuits : Carrefour,

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 3

    par exemple, relance ses Cosmtiques Les cosmtiques Design Paris avec, au total 650

    produits dhygine, de soin, des capillaires et de maquillage.

    Les concepts de distribution : Les enseignes se sont atteles la rnovation de leurs points

    de vente et ont mis en place de nouveaux concepts avec succs, leur apportant une

    croissance de leur chiffre daffaires. Eurostaf mentionne une croissance de chiffre

    daffaires de 5 10% pour Marionnaud et de 5% chez Parashop. Le chiffre daffaires

    des nouveaux magasins Yves Rocher a progress en moyenne de 10% 12% par mtre

    carr.

    La relation clientle : Les enseignes investissent massivement dans la gestion de la relation

    clientle, avec des programmes de fidlisation sur-mesure. Lutilisation des nouvelles

    technologies (Internet, rseaux sociaux, blogs) permettent galement de nourrir la

    relation clientle pour amliorer le service. A titre dexemple, Sephora quipera 50 de

    ses magasins dIpod Touch qui, grce lapplication My Sephora, permettra dactualiser

    les coordonnes des clients, davoir accs lhistorique des achats et donc de proposer

    des offres de fidlit et recommander des rachats de produits. Une telle offre sur-

    mesure peut faire la diffrence pour rpondre immdiatement aux attentes des

    consommateurs.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 4

    Figure 12 : Chane de valeur de lindustrie de la parfumerie

    La chane de valeur

    Nous pouvons dcomposer le cot commercial global dun parfum en cinq grands points :

    Le cot de la fabrication du parfum lui-mme ;

    Le cot du conditionnement (flacon, bouchon, emballage, etc.) ;

    La marge du fabricant ;

    Le cot de la communication et de la promotion commerciale ;

    La marge du distributeur.

    Selon Elisabeth de Feydeau4, la rpartition moyenne du prix dun parfum est : "En thorie, le cot

    de fabrication ne doit pas dpasser 30% du prix de revient : les 70% qui restent sont consacrs la conception

    marketing et la communication. Les cots de fabrication se ventilent ainsi : 35% pour la main-duvre et les

    frais dusine, 20% pour le flacon, 15% pour la pompe et le systme de vaporisation, 10% pour le bouchon capot

    qui est souvent de fabrication complexe, 8% pour le cartonnage et 8% pour la fragrance. [...] Finalement, dans le

    prix, le consommateur ne dbourse en moyenne que 3% pour le parfum proprement dit, et 1% pour les essences

    qui le constituent."

    Nous avons regroup quelques informations, provenant du secteur, sur les cots chaque tape

    de la fabrication dun parfum. Ces donnes, difficilement vrifiables car les marges dgages par

    les diffrents acteurs restent un secret de polichinelle, sont prsentes dans le graphique suivant :

    (source : www.dailyfinance.com)

    4 Les Parfums Histoire, Anthologie, Dictionnaire. Elisabeth de Feydeau. 2011

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 5

    Analyse concurrentielle (daprs Porter)

    Nous allons nous intresser lenvironnement concurrentiel qui rgit lindustrie de la

    parfumerie, en utilisant lanalyse des cinq forces de Porter. Il convient, ici, de distinguer trois

    segments de produits dans la parfumerie : les parfums de luxe, les parfums distribus par un

    canal slectif mais dont le nom nest pas associ lunivers du luxe (exemple : les parfums Cline

    Dion ou Jennifer Lopez) et les parfums issus de la grande diffusion (hyper-march, supermarch

    et magasin populaire).

    Lintensit de la rivalit entre concurrents

    Mme sil y a profusion des marques de parfums (on compte plus dune cinquantaine de

    marques rien que dans la parfumerie de luxe, qui sont souvent rattaches, ou en synergie, avec le

    secteur de la haute couture et du prt--porter haut de gamme), la proprit de ces marques reste

    laffaire dune poigne dacteurs (LOral, LVMH, Procter & Gamble, etc.). Se pose alors la

    question de cannibalisation des marques lintrieur du groupe, mais les techniques de

    marketing et de "scoring" permettent, aujourdhui, de bien cibler la clientle.

    La menace des nouveaux entrants

    Imposer une marque nouvelle en parfumerie est devenu aujourdhui trs difficile, et pour

    rivaliser face aux marques leaders, les prtendants lentre dans le secteur de la parfumerie

    doivent parvenir jouer la carte de la diffrenciation en ce qui concerne la fragrance et le design.

    Un positionnement atypique, ou de niche, comme le mouvement underground peut permettre

    dinstaller une fragrance.

    Par ailleurs, la parfumerie comporte des cots assez consquents, notamment en ce qui

    concerne la communication, le marketing et la main douvre, car, en dpit de lautomatisation

    des chanes de production, le conditionnement, lemballage et la prparation des flacons

    ncessitent du personnel. Ces cots importants constituent une barrire lentre pour les

    prtendants.

    La pression des produits de substitution

    Il nexiste pas vraiment de produits de substitution aux parfums, et une pression de substitution

    entre les segments nexiste pas non plus (diffrentes cibles, diffrents budgets, etc.). Les savons

    et autres produits dhygine contiennent des fragrances, qui sont rajoutes pour la

    diffrentiation, mais ne constituent pas des produits de substitution aux parfums.

    Le pouvoir de ngociation des fournisseurs

    On distingue trois principaux types de fournisseurs : les producteurs de la fragrance, les

    producteurs des flacons et les producteurs spcialistes de lemballage. Mme si ces "matires

    premires" sont dterminantes pour la qualit et le potentiel de vente du produit final, le pouvoir

    de ngociation des fournisseurs reste faible compte tenu de la taille des grands groupes de

    parfumerie.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 6

    Figure 13 : Synthse de lanalyse concurrentielle

    Le pouvoir de ngociation des distributeurs

    Au sein de la distribution slective, nous distinguons tout dabord les chanes intgres (Douglas,

    Marionnaud Parfumerie, Nocib, Sephora), les chanes en franchise et les grands magasins

    (BHV, Galeries Lafayette, Le Bon March, Printemps). La concentration de la distribution

    slective autour dun nombre rduit denseignes, dont la taille et la puissance dachat augmentent

    significativement, renforce le pouvoir de ngociation des distributeurs.

    Dans ce contexte de concentration de la distribution, les fabricants procdent des

    restructurations (lagage du portefeuille de marques, spcialisation des sites de production) afin

    de raliser des conomies dchelle. Ils ont aussi massivement recours la publicit, qui joue un

    rle crucial dans la fidlisation de la clientle ; ce dernier lment prend de lampleur dans un

    march o le consommateur final na pas de cot de transfert dune marque lautre. A cette fin,

    les socits de communication et de marketing lancent rgulirement des campagnes avec des

    clbrits (ou sur des thmes la mode) afin dattirer les consommateurs. Les distributeurs

    doivent, ainsi, stocker les marques populaires afin de maintenir leurs propres volumes de ventes,

    ce qui limite leur pression sur les fabricants.

    0

    1

    2

    3

    4

    5Rivalit

    Menace des nouveauxentrants

    Pression des produits desubstitution

    Pouvoir de ngociationdes fournisseurs

    Pouvoir de ngociationdes distributeurs

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 7

    Perspectives de croissance et tendances structurelles

    A. La demande des pays mergents

    Alors que la croissance mondiale est reste molle ces dernires annes, les industriels de la

    parfumerie et des cosmtiques ont bnfici de la solide assise qu'ils ont dvelopp dans les pays

    mergents pour compenser, en partie, le ralentissement sur les marchs dits "matures" (Europe

    de lOuest, Etats-Unis, Japon). En effet, laugmentation du niveau de vie, un meilleur accs aux

    diffrents produits cosmtiques et de parfumerie et l'adaptation de ces produits aux attentes des

    consommateurs dans les pays mergents ont t bnfiques lindustrie. Par ailleurs, la dpense

    moyenne par habitant pour lesthtisme reste faible et offre, donc, un beau potentiel. Ainsi, sur

    le march de la parfumerie et des cosmtiques, le management de L'Oral rappelle, quen 2011,

    les "nouveaux marchs" (Asie-Pacifique, Europe de lEst, Amrique Latine, Afrique et Moyen

    Orient) ont reprsent 38% des ventes de la branche cosmtique mais ont contribu pour 75%

    la croissance de ce segment. Procter & Gamble ralise quant lui 39 % de ses ventes dans ces

    pays.

    B. Lenvironnement social

    Lenvironnement social a un impact sur le comportement des consommateurs. Daprs une

    tude mene par Interdeco et Zenith Optimedia intitule "Les nouveaux clients du luxe", il nest

    pas ncessaire, aujourdhui, dtre riche et duqu pour consommer du parfum : les plus gros

    consommateurs de parfums ont reu une ducation limite au secondaire et peroivent des

    revenus mensuels infrieurs 900 euros. Le parfum constitue, pour eux, une porte dentre au

    luxe et a potentiellement un taux de pntration trs lev.

    C. Les parfums et les cosmtiques au masculin

    Le march des produits cosmtiques pour homme progresse trois fois plus vite que le march

    cosmtique mondial. LAsie est le premier march mondial pour le soin du visage masculin.

    Europens et Amricains restent des consommateurs discrets, mais les jeunes gnrations

    montrent toutefois un intrt nettement suprieur celui de leurs ans. Les fabricants de

    cosmtiques masculins ne cessent d'innover, tant en ce qui concerne les formules que les

    conditionnements. Les acteurs du march de la cosmtique masculine ont dcid d'en faire un

    axe de dveloppement prioritaire, englobant aussi bien les soins eux-mmes que leur texture ou

    leur packaging ; plus question de se contenter d'adapter des produits qui ont fait leurs preuves

    chez les femmes. Les hommes attendent des solutions qui leur correspondent et qui ne soient

    pas en retrait technologiquement par rapport au secteur fminin. Dans ce domaine, linnovation

    est plus que jamais indispensable.

    D. Mouvement de diversification/intgration des grands groupes

    Ce phnomne est li plusieurs motivations :

    La volont daccrotre la prsence de la firme sur des produits nouveaux en croissance

    rapide et complmentaires de ses activits traditionnelles ;

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 8

    La recherche dun contrle accru sur certains maillons-cls de la chane de valeur.

    LOral, par exemple, initialement positionne essentiellement sur des cosmtiques,

    sest diversifi horizontalement (parfums) et verticalement (fabrication de certaines

    matires premires). A linverse, LVMH, au dpart positionn sur les parfums, a

    cherch largir ses lignes soins et maquillages. Unilever et Procter & Gamble ont

    complt leur gamme par des produits forte valeur ajoute. Les grands groupes

    peuvent galement racheter des PME innovantes afin de sassurer le contrle dun

    produit de niche ou fort potentiel. Ils cherchent, enfin, renforcer leur position dans

    le circuit de distribution, soit par acquisition de rseaux, soit par diversification des

    formes de commercialisation de leurs produits (sites internet).

    E. La demande dauthenticit et de personnalisation des parfums

    De nombreuses tudes marketing mettent en vidence la demande croissante dauthenticit et de

    personnalisation exprime par les consommateurs de parfums sur les marchs matures. Ce

    dernier est la recherche de produits personnaliss, correspondant ses aspirations ou limage

    quil souhaite donner de lui-mme. Selon ces tudes, le consommateur cherche galement

    renouer avec des racines relles ou imaginaires, et est de plus en plus demandeur de rve et

    dexotisme.

    F. Le dveloppement de produits de niche et le retour des matires naturelles

    Cest pour rpondre cette attente de personnalisation, notamment sur les marchs trs murs et

    croissance lente que sont les pays dvelopps, que les fabricants cherchent proposer des

    produits diffrencis. Parmi ces produits, nombreux sont ceux qui font rfrence aux notions

    naturelles ; en effet, depuis quelques annes, nous assistons au retour des matires premires

    naturelles dans la composition des parfums. La grande tendance du naturel et du biologique, la

    peur des effets nocifs des produits chimiques et de synthses ainsi quune envie de l'authentique

    poussent les maisons de parfum formuler avec des essences naturelles et relles de fleurs,

    plantes, de bois. La maison de parfums parisienne Honor des Prs est aujourd'hui la marque

    "prcurseur" avec des crations signes Olivia Giacobetti. D'autres marques, telles que Nuxe,

    lOccitane et Jo Wood, sont dj bien positionnes sur ce march et proposent des parfums

    biologiques. L'avenir de la parfumerie semble tre tourn vers plus de naturalit.

    G. La croissance des cots de dveloppement

    Cette volution sexplique par plusieurs facteurs :

    La hausse des cots de commercialisation et de diffusion ; ceci est particulirement vrai

    pour un nouveau produit, o les budgets publicitaires constituent le plus gros poste de

    dveloppement ;

    La hausse des cots de dveloppement lie des contraintes rglementaires accrues,

    notamment en ce qui concerne la mise sur le march des produits (tests dinnocuit,

    entre autres). Cette volution est cependant beaucoup plus marque pour les

    cosmtiques que pour les parfums ;

    La hausse des cots de recherche lis un effort accru dinnovation (surtout sur les

    marchs matures saturs) et un recours croissant aux technologies de la chimie fine et

    de la biochimie (peaux artificielles pour les tests dinnocuit) ; ces dmarches

    saccompagnent de plus en plus systmatiquement dune politique de brevetage.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 2 9

    Linnovation demande un investissement considrable permet lentreprise de

    conqurir de nouveaux marchs ou daugmenter son emprise sur des marchs quelle

    exploite dj.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 3 0

    Le marketing et les parfums

    La communication et le marketing sont des lments omniprsents dans la filire cosmtique, et

    jouent un rle de plus en plus important dans la course au succs. Pour susciter lengouement

    des consommateurs, tous les moyens sont bons : gries glamour et mannequins tendance,

    campagnes daffichage offensives, insertions dans la presse magazine, sites Internet. Il nous a

    sembl important de comprendre la dimension psychologique et sociale du marketing pour les

    parfums ; nous nous sommes, pour cela, inspirs de larticle de Marie-Pierre Fourquet et Didier

    Courbet, paru en 20045.

    Le marketing et la communication du parfum : quand le dsir escamote la senteur

    Labondance et la diversit des marques obligent chaque fabricant de parfums, d'une part, se

    dmarquer de ses concurrents et, d'autre part, parfaitement adapter ses parfums aux segments

    de consommateurs viss. Lindustrie de la parfumerie utilise donc, comme tous les autres, les

    dmarches du marketing pour concevoir et commercialiser parfums, eaux de parfums ou autres

    eaux de toilette, ce qui pourrait surprendre ceux qui considrent le parfum comme une "cration

    artistique". Par les modalits sensorielles auxquelles elles sadressent, par leurs supports

    graphiques, visuels et sonores, la communication et la publicit refltent et mettent subtilement

    en scne les dsirs des individus, tout en conduisant le plus souvent une dngation de la

    senteur.

    A. Processus de choix de l'acheteur et influence publicitaire

    Limage que les industriels vont donner un parfum est conue principalement partir de deux

    questions : qu'est-ce qui motive une personne utiliser ou acheter un parfum ? Comment

    s'opre le processus dcisionnel d'achat ? Pour, justement, mieux comprendre le processus de

    choix et les motivations des consommateurs et ainsi mieux les influencer, le marketing fait appel

    des disciplines thoriques comme la psychologie sociale et des mthodologies empiriques

    pour mener tudes et enqutes.

    En premier lieu, les recherches, notamment Kapferer et Laurent6, nous expliquent que les scores

    concernant les cinq facteurs qui constituent le concept d'implication pour le consommateur sont

    levs :

    Lintrt du consommateur pour le produit est fort ;

    La probabilit subjective de faire une erreur lors de la dcision dachat est assez leve ;

    La gravit perue des consquences d'une telle erreur est importante, ne serait-ce que

    sur le plan financier ;

    La valeur de signe social associe au produit est forte ;

    La valeur motionnelle ou hdonique du produit est leve.

    5 Publicit, marketing et parfums : approche psychosociale d'une double illusion ; Marie-Pierre Fourquet & Didier Courbet ; 2004. 6 Kapferer, J. N. et Laurent, G., 1985 ; "Consumers involvement profile : empirical results" dans E. Hirschman, M. Holbrook (Eds.), Advances in Consumer Research, Association of Consumer Research, Ann Arbor, Mi, vol.12, p.290-295.

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

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    En raison de cette forte implication, Courbet et Fourquet mettent en vidence dans leur papier,

    laide de la psychologie sociale applique au marketing, deux principaux processus

    dcisionnels d'achat d'un parfum.

    La plus grande partie du premier processus dcisionnel dachat s'effectue hors du magasin,

    sans contact olfactif avec le parfum ; c'est le cas lorsque l'individu est avant tout sduit par la

    publicit. Comment peut-il tre possible que la publicit soit aussi efficace alors que les contenus

    des messages sont autant loigns de la caractristique intrinsque mme des parfums : leur

    odeur ? Faisons ici une digression dordre neuropsychologique : la mmoire parvient trs mal

    mmoriser l'odeur sous forme brute c'est--dire sans tre associe un support smantique7.

    L'odeur est donc mmorise de manire holistique (en une seule forme) en tant associe des

    propositions linguistiques, soit au sein de rseaux smantiques (qui codent par exemple la

    provenance, une valuation affective), soit dans la mmoire pisodique. Cette dernire est la

    mmoire des vnements de vie de l'individu : le parfum est par exemple associ avec un

    souvenir, une scne ou un lieu charg motionnellement, parfois avec une personne. Les images

    mentales gnres par la personne avant de choisir une marque particulire jouent donc un rle

    important. Dans ce contexte, le jugement du consommateur est un peu biais lorsquil est en

    contact avec un parfum, car il parvient difficilement analyser avec justesse ses caractristiques

    et ses diffrentes composantes. Il est donc facile pour la publicit de proposer des supports

    smantiques qui n'ont plus rien voir avec la senteur, et qui seront mmoriss avec l'odeur et la

    marque elle-mme. Deux conditions sont alors indispensables pour la publicit soit efficace. Elle

    doit tout d'abord flatter une motivation psychologique prexistante chez l'individu, en

    s'associant avec un stimulus quil dsire fortement (tels que la sduction, l'rotisme, le luxe, la

    valorisation sociale, etc.). Le consommateur ne doit ensuite pas voir le caractre artificiel et

    compltement fabriqu de cette association, au risque de voir un effet de ractance8. La publicit

    doit dclencher, chez le consommateur, l'envie de se rendre dans le point de vente pour essayer

    le produit, tout en le prdisposant une valuation positive de la senteur. La valeur du produit

    est ainsi presque entirement donne par le positionnement et par le message publicitaire.

    Lorsque l'individu se rend sur le lieu de vente sans avoir dj arrt son choix, un second

    processus dcisionnel dachat s'y opre directement. En ayant la possibilit de sentir la

    fragrance et de voir le flacon, il va valuer diffrentes marques de manire former une attitude

    lgard de chacune delles. Sans forcment l'expliciter clairement, le consommateur va, dans un

    premier temps, se fixer des critres de choix classs par ordre dimportance ; par exemple, le

    premier critre peut tre une odeur plaisante, le deuxime un prix compris entre 50 et 70 euros

    et le troisime une marque qui fait une publicit attirante. Thoris partir des travaux de

    Fishbein9 sur les attitudes, on retrouve alors deux grands types de processus dcisionnel :

    Processus compensatoire : toujours sans en avoir une claire conscience, la personne

    donne une "note" gnrale la marque en additionnant mentalement les critres qui,

    pour elle, sont importants pour lvaluer. Les critres ngatifs (comme un prix trop

    lev) font, bien sr, diminuer la "note gnrale". Ainsi un avantage sur un certain

    critre de choix peut compenser un handicap sur un autre.

    7 On parle de support smantique lorsque chaque chelon est affect dune valuation (excellent, bon, moyen,

    passable, mauvais). 8 La thorie de la ractance psychologique met en vidence que chaque fois que notre libert de choix se trouve

    limite ou menace, nous attachons soudainement plus de valeur ce choix, par le fait quil devient inaccessible. 9 Fishbein, M. et Ajzen, I., 1975, Belief, Attitude, Intention and Behavior: An Introduction of Theory and Research,

    Addison-Wesley, Reading, Mass

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

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    Processus liminatoires.

    1. Processus conjonctif : le consommateur tablit des seuils de performance minimale

    sur chaque critre de choix. Il suffit que le seuil dun seul de ces critres ne soit pas

    franchi pour que la marque soit limine ;

    2. Processus disjonctif : le consommateur hirarchise clairement ses critres de choix

    et peut retenir la marque la mieux value sur le critre le plus important ;

    3. Processus lexicographique : si plusieurs marques arrivent galit sur le critre, elles

    seront values selon le second critre, puis un troisime... jusqu ce quil nen reste

    quun.

    Cest donc la marque bnficiant de la meilleure attitude qui est achete : lattitude est alors

    fortement prdictive du comportement. Une fois le produit acquis, la personne va viter toute

    source de dissonance cognitive. Moins elle est sre davoir bien choisi, plus elle va viter les

    informations susceptibles de remettre en cause son achat (elle vite la publicit concurrente, les

    discussions avec ses proches) et plus elle va chercher des informations qui confortent son choix

    (en recherchant notamment des publicits pour la marque choisie).

    B. Positionnement et publicit : illusions de senteurs et ralits imaginaires

    La comprhension des processus dcisionnels et la psychologie des consommateurs permettent

    alors l'laboration du positionnement, cest--dire limage d'un parfum. Ceci comporte deux

    tapes. Aprs avoir effectu des recherches de motivations profondes des consommateurs, il

    s'agit tout d'abord de classer, par ordre croissant, les plaisirs et satisfactions recherchs par

    chacun des consommateurs. Ces derniers sont classs en segments en fonction des

    caractristiques sociodmographiques (ge, sexe, PCS10, etc.), gographiques, psychologiques

    (styles de vie) et comportementaux (frquence d'utilisation, etc.). Dans un deuxime temps,

    l'analyse des positionnements des concurrents permet de savoir avec prcision quelles sont les

    motivations dj couvertes par les autres marques, de manire proposer un positionnement

    original et bien dmarqu (un parfum de "niche" en quelque sorte). Si le producteur suit

    rigoureusement une dmarche marketing, le flacon et mme la fragrance sont alors conus et

    fabriqus en fonction de ces tudes. Le nez et le designer du flacon auront un cahier des charges

    trs prcis, qui indique comment ils doivent satisfaire les motivations du segment vis. On

    retrouve ainsi trois grandes familles de positionnement, et donc trois grandes familles de

    contenu publicitaire.

    B.1. Les positionnements et les publicits reposant sur des dsirs psychologiques

    Le mode d'action des publicits ici est essentiellement de nature affective. L'objectif est de

    dclencher des motions positives pour provoquer une attitude favorable au message et la

    marque, ainsi quune adhsion du consommateur. De multiples procds publicitaires sont

    stratgiquement fabriqus dans ce but, tels que des musiques ou "jingles", des signes chargs

    symboliquement et motionnellement ou des couleurs. Le processus de rception et d'influence

    publicitaires dune personne dans un tat affectif (ou dmotion) positif conduit valuer

    rapidement le message avec des rgles simples de dcision (appeles heuristiques) et dune

    manire globale ; en dautres mots, le consommateur est incapable de traiter de manire

    approfondie le message publicitaire. Dans un tel contexte, la publicit est d'autant plus efficace

    qu'elle met en scne un produit judicieusement positionn partir des plus forts dsirs,

    10 PCS : Professions et Catgories Socioprofessionnelles

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

    P a g e | 3 3

    conscients ou non, des consommateurs. A l'intrieur de cette famille, le marketing et la publicit

    exploitent trois types de dsirs et de motivations.

    Narcissisme et carte d'identit olfactive : les personnes qui utilisent le parfum pour aider se

    construire une identit et une image de soi valorises sont sensibles aux

    positionnements et aux publicits qui vont montrer une image sduisante du

    consommateur typique. Dans les stratgies marketing indiffrencies o on ne vise pas

    un segment prcis de consommateurs, la publicit montre rarement les visages des

    personnes. Au contraire, dans les stratgies segmentes, la publicit cherche faire en

    sorte que les utilisateurs s'identifient une personne dont le profil est bien marqu et

    qui incarne des idaux culturels et sociaux. Selon la conception psychanalytique du

    narcissisme, c'est l'amour que le sujet se porte lui-mme qui le pousse se parfumer.

    Le parfum devient alors un moyen de satisfaire cette qute d'amour de soi-mme pour

    soi-mme, mais galement cette qute d'amour des autres pour soi-mme. En utilisant

    cette marque, le consommateur cherche ressembler au personnage prsent dans le

    message publicitaire, personnage qu'il dsire tant, qui est tant dsir par les autres et

    auquel le consommateur veut sidentifier. Grce aux concepts de soi et d'identit

    sociale, une approche psychosociale montre que le parfum peut devenir une "carte

    d'identit olfactive" et mme participer directement la construction de l'identit de

    l'individu. En utilisant tel parfum, celui-ci souhaite se donner une image et donc une

    identit aux yeux des autres mais aussi ses propres yeux. Le mode de communication

    que la personne va adopter avec autrui et les rponses qu'elle va attendre d'eux peuvent

    galement reposer sur cette reprsentation identitaire. Une marque de parfum peut ainsi

    tre intimement lie sa propre identit, identit que l'on veut bien videmment unique.

    C'est ce qui explique les raisons pour lesquelles l'utilisateur d'une marque donne

    n'apprcie pas qu'une autre personne utilise le mme parfum que lui. Le designer du

    flacon et le stratge en communication jouent bien sr de ce fantasme d'assimilation en

    faisant par exemple ressembler le flacon la reprsentation humaine dsire.

    Luxe et valorisation sociale : la valorisation et la distinction sociales sont galement une

    autre motivation l'achat du parfum. Dans certaines publicits, l'univers luxueux dans

    lequel est consomm le produit flatte essentiellement cette motivation. Par la

    consommation de produits prix levs, l'individu souhaite montrer, ou faire croire aux

    autres, qu'il appartient une catgorie sociale suprieure. Cette famille de

    consommateurs est alors sensible aux symboles du luxe, tels que les voitures haut de

    gamme, bijoux, vtements de haute couture, que l'on va insrer dans les publicits. Il

    semblerait logique que les personnes les plus sensibles ce type de positionnement

    soient celles qui attachent une grande importance lopinion des autres et qui sont

    proccupes par limage quelles donnent delle-mme autrui. Pour les produits dont le

    positionnement repose sur le luxe, on sait depuis les travaux de l'conomiste Veblen

    que si le prix du produit baisse, les ventes baissent galement : le consommateur

    n'achte le parfum que s'il peroit son prix comme tant lev.

    Sduction et dsirs sexuels : sans entrer dans le dbat concernant la puissance et la place de

    ces dsirs dans les comportements humains, il est indniable qu'une motivation

    sductrice sous-tend l'utilisation du parfum. Le marketing ne s'intresse pas aux effets

    aphrodisiaques rels de la senteur : seules comptent pour lui les reprsentations que le

    consommateur s'en fait. Pour toucher les personnes ayant une telle motivation, la

    narration publicitaire peut soit montrer ouvertement l'acte de sduction ou le suggrer

    en hors plan, soit faire comprendre qu'il va se drouler. On retrouve ainsi dans de

  • L indus t r i e d e la p a r fu m e r i e

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    nombreuses publicits le mythe de la personne sductrice que le parfum rend

    irrsistible.

    B.2. Les positionnements reposant sur des modes et des valeurs