groupe de la banque africaine de dÉveloppement...le présent document est le résumé du rapport de...
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Langue : Français
Original : Anglais
RÉSUMÉ DE L’ÉVALUATION DE L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET
SOCIAL (EIES)
DU
PROJET DE CONSTRUCTION D’UN CANAL PRINCIPAL DE LA PRISE
D’EAU AU PARC NATIONAL DE LENGWE AU TITRE DU PROGRAMME DE
TRANSFORMATION DE LA VALLÉE DU SHIRE (PHASE 1)
PAYS – MALAWI
JUIN 2018
GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT
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PAYS : Malawi
INTITULÉ DU PROJET : Programme de transformation de la vallée du Shire (Phase 1)
CATÉGORIE : 1
COTE DU PROJET : P-MW-AA0-024
1. Introduction
Le présent document est le résumé du rapport de l’Évaluation de l’impact environnemental et
social (EIES) du Projet d’irrigation de la vallée du Shire (SVIP). Il s’agit d’un projet agricole qui
vise à irriguer environ 43 370 ha dans les districts de Chikwawa et Nsanje, afin d’améliorer leurs
perspectives économiques et de renforcer la sécurité alimentaire. Il prévoit la construction d’une
prise d’eau à l’intérieur de la Réserve faunique de Majete (MWR) et de trois canaux principaux
d’une longueur totale d’environ 133 km.
L’EIES réalisée pour le projet est présentée en 3 volumes : le Rapport de référence, le Rapport
d’évaluation d’impacts, le Plan de gestion environnementale et sociale (PGES), ainsi que le Plan
de lutte contre les nuisibles (PLN).
Le ministère de l’Agriculture, de l’Irrigation et de la Mise en valeur des ressources en eau du
Malawi a sollicité le financement du projet auprès de la Banque africaine de développement. Le
résumé de l’EIES présente différents volets de l’analyse effectuée en vue d’assurer la gestion
efficace des impacts environnementaux et sociaux du projet, tel que requis par la législation du
Malawi et le Système de sauvegardes intégré de la Banque africaine de développement. Ces
analyses couvrent les aspects du cadre stratégique, juridique et administratif, l’analyse et les
justifications des solutions de rechange au projet, les impacts potentiels et les mesures
d’atténuation, la publication de l’information et les consultations du grand public, ainsi que les
dispositions relatives au suivi de la gestion des impacts.
2. Cadre stratégique, juridique et administratif
Le cadre stratégique applicable au projet comprend les politiques nationales du Malawi relatives
à l’agriculture, à l’irrigation et à la gestion durable des ressources naturelles. Ce cadre stratégique
recouvre la Constitution nationale de la République, la Feuille de route de la Vision 2020 du
Malawi, l’Instrument-cadre de planification du développement national, la Stratégie nationale de
croissance et de développement (MGDS), différentes politiques sectorielles dans les domaines de
l’agriculture, des terres, de la foresterie, de l’irrigation et de l’environnement, ainsi que les
différentes stratégies de mise en œuvre des conventions internationales sur la biodiversité, le
développement durable, les changements climatiques, la désertification, etc.
En outre, le projet est régi par les dispositions de la politique et des procédures de sauvegarde des
banques multilatérales de développement qui financent le projet. Au nombre de ces BMD
figurent la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, et ces dispositions
relatives à la sauvegarde environnementale et sociale couvrent, notamment la conservation de la
biodiversité, la lutte contre la pollution, la réinstallation involontaire, les consultations du public
et la lutte antiparasitaire.
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S’agissant du système national, la Loi sur la gestion de l’environnement du Malawi de 1996
dispose que le projet nécessite une évaluation d’impact fondée sur sa description. En outre, étant
donné que le projet requiert des travaux dans les parcs nationaux, il relève de la Loi sur les parcs
nationaux et la faune du Malawi (1992).
D’une manière générale, ces différentes législations et dispositions relatives à la sauvegarde sont
en conformité avec les objectifs similaires de la durabilité environnementale et sociale.
3. Description et justification du projet
Il s’agit d’un projet agricole visant à irriguer environ 43 370 ha de terres dans les districts de
Chikwawa et de Nsanje, afin d’améliorer leurs perspectives économiques et de renforcer la
sécurité alimentaire. Il prévoit la construction d’une prise d’eau à l’intérieur de la Réserve
faunique de Majete et de trois canaux principaux d’une longueur totale d’environ 133 km. La
prise d’eau partira du réservoir de Kapichira et traversera 12 écluses.
Le projet comprend deux phases. Les analyses et considérations ci-après ne concernent que la
Phase I, tandis que la mise en œuvre de la Phase II ne débutera qu’après l’achèvement de la
Phase I.
Les différentes composantes de la Phase I du projet sont présentées ci-dessous.
Prise d’eau : la prise d’eau partira du réservoir de Kapichira et nécessitera des activités de
construction et de dragage pour atteindre un taux d’extraction d’eau par gravité de 20 et 50 m3/s.
Pendant l’exploitation, les 12 écluses, réparties en deux groupes (8 écluses et 2 écluses) seront
entièrement automatisées et satisferont en temps réel la demande d’eau du système.
Canaux : le système d’irrigation comprendra 3 canaux principaux par gravité, notamment :
1. un canal d’amenée (Canal principal 1) ;
2. le Canal de Supini (Canal principal 3, naguère appelé Canal d’Illovo) ; et
3. le Canal de Bangula (Canal principal 2, Phase II du projet).
Le reste du système d’irrigation comprendra des branches complétées par des siphons et des
ponceaux. Il est prévu que la moitié du canal soit enterrée à proximité de la Réserve faunique de
Majete (MWR), en raison des contraintes topographiques, et afin de réduire les risques de
noyade des animaux.
Périmètre du projet : Pendant l’actuelle Phase I, trois zones d’une superficie de 5 199 ha à
11 250 ha seront aménagées. La principale méthode d’irrigation utilisée sera l’irrigation par
déversement, mais les coopératives agricoles pourront recourir à l’irrigation par aspersion ou à
l’irrigation au goutte-à-goutte, si elles le souhaitent. La Figure 1) ci-dessous présente le plan
d’aménagement du Projet d’irrigation de la vallée du Shire.
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Figure 1 : Plan d’aménagement du Projet d’irrigation de la vallée du Shire
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4. Description du contexte environnemental et socioéconomique du projet
Cette section présente une brève description des principales conditions physiques, biologiques et
humaines (sociales, culturelles et économiques) de la zone de l’étude.
4.1 Climat : Le climat de la zone de l’étude est de type tropical et se caractérise par des
températures élevées et deux saisons distinctes : une saison des pluies de novembre à avril et une
saison sèche de mai à octobre. Les températures se situent entre une moyenne minimum de 15° C
en juin et juillet à une moyenne de 35° C en octobre et novembre. Le taux d’humidité oscille
entre 50 % et 80 % pendant toute l’année, et la durée moyenne d’ensoleillement se situe entre 7
heures et 9 heures par jour. Le taux de pluviosité réelle est de 52 % et la région est qualifiée de
semi-aride.
4.2 Topographie locale : le projet est situé dans la Vallée du Shire inférieur. La zone
débute au réservoir d’ESCOM, en amont des chutes de Kapichira à 144 mètres au-dessus du
niveau de la mer. De là, le fleuve Shire s’écoule à travers le déversoir du barrage et les chutes de
Kapichira jusqu’à la vallée, qui comprend une vaste zone de bas-fond humide appelée
« Elephant Marsh ».
Au Nord de la zone de l’étude, la Réserve faunique de Majete (MWR) est délimitée par des
collines (780 m au-dessus du niveau de la mer) et l’escarpement de Majete au Nord-ouest où le
fleuve Mwanza s’écoule en aval. La rive gauche du Shire est bordée des Escarpements de Thyolo
(1500 m au-dessus du niveau de la mer) où coulent plusieurs affluents.
4.3 Géomorphologie du fleuve : la zone du projet comprend une partie du bassin
hydrographique du Shire inférieur, depuis le réservoir de Kapichira, jusqu’à la fin de Elephant
Marsh. Il existe deux principaux tronçons :
i. un tronçon de 20 km de Kapichira à Chikwawa, où le fleuve traverse des terrasses
alluviales ; sur ce tronçon, des affluents prenant leur source à Majete et dans
l’Escarpement de Thyolo se jettent dans le fleuve ;
ii. le deuxième tronçon s’étire sur environ 100 km à travers une plaine alluviale et
reçoit les eaux d’un certain nombre d’affluents dont des cours d’eau pérennes (par
exemple le Mwanza et le Ruo) à partir des collines de Thambani, de la colline de
Salambidwe, des chaînes de montagnes de Marangwe et Matundwe, de
l’Escarpement de Thyolo et du mont Mulanje.
Le Shire inférieur est connu pour sa mobilité élevée à travers la plaine alluviale, sa zone de
drainage couvrant jusqu’à 11 470 km². Il convient de souligner que 16 de ses 27 affluents sont
situés sur la rive gauche et généralement plus petits que ceux de la rive droite, hormis le fleuve
Ruo qui est un grand affluent. Le Shire inférieur a une pente moyenne de 1 ‰, tandis que ses
affluents ont une pente plus accentuée (par exemple, 7 ‰ pour le fleuve Mwanza), accélérant
ainsi le ruissellement.
4.4 Hydrologie du fleuve : le débit hydrologique du Shire est déterminé par les niveaux
d’eau du lac Malawi, ainsi que par un barrage en amont, en l’occurrence le barrage Kamuzu à
Liwonde. Les niveaux d’eau sont également influencés par la consommation d’un périmètre
irrigué situé à Mtengula et les prélèvements effectués par l’Office des eaux de Blantyre (Blantyre
Water Board) pour l’alimentation en eau potable. Le débit moyen au niveau du barrage de
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Kapichira est de 395 m³/s et l’année hydrologique est marquée par deux pointes, une en janvier
et l’autre en mai, cette dernière étant plus prononcée au cours des années de sécheresse. Le Shire
détermine au minimum à 75 % le comportement hydrologique d’Elephant Marsh pendant
l’année.
Les districts de la vallée du Shire inférieur, en particulier les districts de Chikwawa et Nsanje
sont sujets à des inondations, en raison de l’afflux accru des eaux des fleuves Shire et Ruo en
saison des pluies. Au cours de ces périodes, le fleuve Ruo repousse les eaux du Shire vers leur
confluent, entraînant souvent la rupture des digues. En outre, l’érosion accrue en amont due à la
déforestation entraîne une sédimentation plus élevée qui accroît les risques d’inondation.
Bien que les modèles climatiques présentent peu de changements par rapport au débit du bassin
du Shire et au ruissellement dus aux changements climatiques, la région demeure exposée au
risque d’inondation et de sécheresse extrêmes. En outre, le fleuve Shire est davantage exposé à
un risque d’évaporation accrue que la plupart des fleuves du Malawi, en raison de la grande
superficie du lac Malawi.
4.5 Qualité de l’eau du fleuve Shire : selon les données récentes relatives à la qualité de
l’eau du fleuve Shire, cette eau constitue un environnement mésotrophique qui présente un risque
de nuisance pour la croissance des plantes aquatiques. En outre, la forte densité de la population
dans la région peut contribuer à détériorer les normes de qualité de l’eau utilisée à des fins
domestiques, en raison de la turbidité, des coliformes fécaux et des coliformes totaux.
4.6 Érosion du sol, transport des sédiments et géologie : l’érosion dans le bassin
hydrographique constitue une source de préoccupation importante et bien documentée. Les
matériaux transportés par le fleuve Shire, qui proviennent essentiellement des collines de l’Ouest
et du Nord-ouest sont déposés au milieu de la vallée. L’accroissement de l’activité humaine
entraîne un ruissellement et une érosion accrus. Dans la partie supérieure du bassin, les dépôts
sont essentiellement des alluvions sablonneux et limoneux stratifiés. La salinité et l’alcalinité se
rencontrent dans les dépressions, les sols de type argileux et autour des marécages. Les vertisols
prédominent dans le centre de la zone de l’étude, certaines zones se caractérisant par des
vertisols lourds.
4.7 Couche aquifère et eau souterraine : Les études antérieures ont montré que l’eau
souterraine dans la zone est saumâtre (91 %) ou salée (5 %), la salinité augmentant à mesure
qu’elle s’écoule vers le Shire. Par conséquent, le Shire n’affecte pas considérablement la nappe
phréatique, l’eau s’écoulant lentement du fleuve vers l’aquifère.
Contexte socioéconomique
Le présent projet affectera jusqu’à 100 000 petites exploitations agricoles dans les districts de
Chikwawa et Nsanje, dont l’irrigation devrait tirer parti de l’installation des cultures courantes
arrosées par gravité. Les cultures les plus répandues dans la zone sont le maïs, le sorgho, le
coton, le riz et des cultures à fort rapport économique telles que la tomate, l’oignon, les haricots
et la patate douce.
4.8 Population : le Recensement de la population 2008 a estimé la population à 434 648
habitants et 238 103 habitants dans les districts de Chikwawa et Nsanje, respectivement. Les
résultats d’enquêtes menées dans la zone situent la taille moyenne du ménage entre 4,9 et 5,1
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personnes. Le recensement de 2008 indique un ratio femme-homme de 52-48, tandis qu’une
étude récente a montré qu’il existe plus d’hommes que de femmes, en général, dans la zone du
projet. Les établissements sont concentrés autour d’infrastructures communales telles que les
marchés, les écoles et les points d’eau, tandis que les communautés sont établies autour des
groupes familiaux, des croyances culturelles et communautaires et de la langue. Il existe plus de
10 groupes ethniques dans la zone du projet, les deux principaux étant les Sena et les Mang’anja.
4.9 Indicateurs de genre : il existe des inégalités de genre distinctes en matière d’activités
agricoles. Les femmes sont les plus actives dans les petites exploitations agricoles. Cependant,
les hommes continuent d’être responsables des activités financières, qu’il s’agisse de la
production agricole ou animale. En outre, les hommes ont plus de chances d’être recrutés comme
main-d’œuvre occasionnelle dans les domaines agricoles environnants qui assurent un revenu
plus élevé. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles les femmes représentent un
pourcentage plus important des employés intervenant dans le cadre des projets financés par l’État
et les ONG dans la zone.
4.10 Groupes vulnérables : il ressort des résultats du processus de consultation que les
communautés considèrent les orphelins et les personnes âgées comme des groupes vulnérables.
Les jeunes âgés de 15 à 35 ans sont considérés comme marginalisés, en raison des taux de
chômage, tandis que les ménages dirigés par une femme sont également considérés comme
marginalisés du fait du manque de droits de propriété et fonciers dans leur culture.
4.11 Niveau d’alphabétisation : dans la zone du projet, environ 60 % des hommes et des
femmes ont achevé les études primaires. Cependant, seules 10,6 % des femmes fréquentent
l’école secondaire, contre 14,5 % pour les hommes. Le faible taux de fréquentation général
s’explique essentiellement par les frais de scolarité. En règle générale, l’absence d’infrastructures
scolaires et le mariage des mineures pourraient expliquer certains taux d’abandon au niveau
primaire.
4.12 Infrastructure : la zone est desservie par une route principale bitumée, trois routes
secondaires, quatre routes de district et un certain nombre de routes non classées qui sont souvent
impraticables en saison des pluies. Le transport est limité essentiellement aux pousse-pousse, aux
motocyclettes et aux charrettes attelées à des bœufs. Les services de télécommunications sont
fournis par deux sociétés de téléphonie mobile, mais le réseau n’est pas fiable loin de la route
principale. Par ailleurs, le taux de propriété du téléphone est inférieur à 55 %. Les forages
constituent la source d’eau la plus utilisée et sont suivis des fontaines publiques. Dans certaines
zones, l’eau des forages est salée ou saumâtre et les communautés ont recours à des puits non
protégés creusés dans le lit des fleuves pour s’approvisionner en eau. Bien que l’assainissement
par l’eau semble important pour les communautés, environ 40 % des populations couvrent tout
simplement leurs récipients d’eau, tandis que 50 % utilisent des méthodes plus efficaces (par
exemple, l’ébullition, la chloration et le filtrage). Environ 81 % des ménages disposent de
toilettes.
Les districts de Chikwawa et de Nsanje disposent d’hôpitaux de district, qui sont appuyés par un
réseau de dispensaires et de cliniques. Parmi les maladies les plus courantes figurent le
paludisme, la diarrhée, la bilharziose et les IST. En outre, les communautés ont identifié un
certain nombre de problèmes de santé, depuis la pénurie de médicaments pour les affections
courantes jusqu’à la pénurie de personnel et de lits d’hospitalisation.
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Seuls les centres commerciaux urbains et plus grands ont accès à l’électricité, car le
raccordement au réseau national est rare. La plupart des ménages sont tributaires des bougies,
des lampes à pétrole et des lanternes solaires pour l’éclairage. Le bois de feu demeure le
combustible le plus utilisé pour la cuisson. Il est suivi du charbon, avec la déforestation et les
risques de santé qui en découlent.
4.13 Terre : il existe quatre types de propriété foncière au Malawi, à savoir les propriétés
coutumière, gouvernementale, publique et privée. Environ 60 % des terres qui seront aménagées
dans le cadre du présent projet sont des terres coutumières, le reste se répartissant entre terres
publiques et terres privées.
La taille des exploitations est essentiellement modeste, plus des deux tiers des agriculteurs
sondés ayant des parcelles de 0,5 ha ou moins. Environ 80 % de la population active est
tributaire de l’agriculture pluviale, produisant des cultures telles que le maïs, le riz et le sorgho.
La deuxième principale utilisation des terres est l’agriculture irriguée sous forme de grands
projets agricoles, notamment le domaine sucrier de Nchalo. Il existe quelques projets
gouvernementaux de taille plus modeste sur les deux rives du fleuve, la principale culture étant le
riz, qui est cultivé parfois en alternance avec le maïs.
Cette zone compte le cheptel le plus important du Malawi, 12 % des exploitants possédant du
bétail. Les animaux paissent librement sur les terres communautaires et reçoivent peu
d’alimentation complémentaire ; la fumure est rarement utilisée comme engrais. La pratique de
l’élevage sur les terres communautaires entraîne un certain nombre de conflits, en particulier à
l’approche des récoltes.
4.14 Économie : la plupart des ménages dépendent de l’agriculture, essentiellement de la
culture du maïs. La trop grande dépendance à l’égard de l’agriculture crée une tension
économique de novembre à février, car les réserves alimentaires baissent pendant que les
cultures ne sont pas encore mûres pour la récolte. Les deux principales cultures de rente sont le
coton, qui est cultivé par les petits planteurs, et la canne à sucre qui est produite dans les
domaines sucriers d’Illovo. Au nombre des autres principales activités économiques figurent
l’élevage, pratiqué essentiellement près des centres commerciaux, et la pêche. Cette dernière
constitue la principale occupation des ménages riverains et permet de compléter les revenus
pendant les années de mauvaises récoltes. Plus de la moitié de la population a fait état d’un
revenu annuel de moins de 150 USD par an, environ 85 % de la population vivant avec moins de
1 USD par jour. Cependant, à la suite de l’aménagement de la Réserve faunique de Majete et
grâce à son mode de gestion inclusif, les communautés voisines ont tiré parti du développement
du tourisme, ainsi que des sessions de formation, des activités génératrices de revenu et des
infrastructures communautaires.
4.15 Problèmes de santé : les principaux problèmes de santé du Malawi se posent dans la
région, à savoir : le paludisme, la schistosomiase, l’helminthiase d'origine tellurique,
l’onchocercose, le choléra et la leptospirose. En outre, le taux d’infection par le VIH est élevé ;
rien que dans le district de Chikwawa, 11,4 % des femmes enceintes étaient infectées par le VIH.
Héritage culturel
Dans le cadre de la préparation de l’EIES, une enquête systématique sur l’emprise du Canal
principal et d’autres sites de travaux de génie civil prévus a été menée pour s’assurer que la zone
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du projet n’abritait pas des vestiges archéologiques, des fossiles, des tombes humaines, des
chapelles, des arbres ou des bosquets sacrés et d’autres ressources culturelles physiques. À
l’issue de cette enquête, le PGES a identifié neuf sites présentant un intérêt archéologique, où il
est prévu de récupérer des fragments de poterie et d’autres objets avant la construction, sous
l’égide du Département des antiquités du Malawi.
4.16 Héritage naturel
a. La Réserve faunique de Majete (MWR), qui couvre une superficie de 689 km2, a été créée
en tant que réserve animalière en 1955. Depuis 2003, elle est gérée par African Parks et
constitue la principale attraction touristique dans la vallée du Shire inférieur. Le
parc est subdivisé en cinq parties, à savoir : la Zone de concession de
Mkulumadzi, la Zone à forte intensité touristique, la Zone à faible intensité
touristique, la Zone d’utilisation de ressources et la Zone d’utilité. Les objectifs et
les buts de la gestion sont présentés dans un projet de plan d’affaires quinquennal
(2015-19).
b. Le Parc national de Lengwe (LNP) a été créé en tant que réserve animalière en
1928. La zone a ensuite été déclarée Parc national et étendue en 1970 et 1975,
respectivement. Le parc couvre, à l’heure actuelle, une superficie de 887 km2.
Tout comme Majete, il est réparti en zones, à savoir l’Unité sauvage, la Zone
semi-sauvage, les Zones d’utilisation des ressources et la Zone de servitude. Le
Plan de gestion le plus récent a été établi par le Programme de gestion du bassin
du Shire et présente de nouveaux objectifs, en particulier la remise en état du LNP
pour la faune, les communautés et le tourisme.
c. La Réserve faunique de Mwabvi (MwWR), qui couvre une superficie d’environ
104 km2, a été classée en 1951. Elle est gérée par le même personnel que celui du
LNP. La réserve compte un fleuve saisonnier, le Thangadzi, et est parsemée de petites
collines. Elle est située hors de l’emprise du projet.
Écologie
Les deux districts qui tireront parti du projet sont généralement répartis en zones comparables en
ce qui concerne l’utilisation des terres. La végétation terrestre naturelle ou semi-naturelle couvre
la majeure partie des deux districts, soit 55,2 % et 43,5 % à Chikwawa et Nsanje,
respectivement, compte tenu de la présence des deux parcs. Par ailleurs, les terres cultivées ou
aménagées constituent la deuxième partie la plus importante, représentant 38,8 % et 37,4 %. La
végétation aquatique naturelle ou semi-naturelle se rencontre essentiellement dans Elephant
Marsh et dans la lagune de Bangula qui représentent une superficie supplémentaire de 3,4 et 11,1
% dans chacun des deux districts. Enfin, les zones urbaines représentent 3,6 % des terres à
Chikwawa et 4,7 % à Nsanje.
Modifications anthropiques : la zone de l’étude est soumise à une pression anthropique, en
particulier l’exploitation forestière et la transformation des terres, les pratiques de pêche non
durables, l’empiètement sur le Parc national de Lengwe (LNP) et l’incursion des agriculteurs de
subsistance (agriculture « dimba ») dans les terres humides. Étant donné que la majeure partie
des terres autour des parcs nationaux est habitée, la plupart des modifications actuelles ont lieu
près du parc et de la réserve, ainsi que près de Elephant Marsh.
10
Figure 2 : Carte approximative présentant les zones prioritaires en ce qui concerne la gestion des
ressources naturelles au titre du projet.
4.17 Habitats terrestres : les habitats naturels dans la zone se rencontrent dans les parcs et
la réserve, avec quelques terres boisées de taille trop modeste pour abriter les grands animaux.
La Réserve faunique de Majete est parvenue à réduire les conflits homme-animaux grâce à la
construction d’une clôture électrique. Dans la zone du projet, la Réserve faunique de Majete
comprend les deux principales communautés de plantes suivantes : les associations riveraines et
alluviales et les terres boisées à basse altitude mixtes, de grande taille et feuillues. Dans la
mesure où les animaux ne peuvent sortir de la réserve, leurs déplacements sont limités dans le
parc et dictés essentiellement par la disponibilité d’eau.
Par ailleurs, le LNP est confronté au problème de l’exploitation illégale des pâturages et du
braconnage. En outre, étant donné que la clôture ne couvre pas toute la superficie du parc, les
animaux, en particulier les buffles, font des incursions dans les champs voisins. La végétation est
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dominée par l’Acacia et le Combretum dans les communautés de bosquets, ainsi que les forêts
riveraines bien conservées. En raison de la clôture et de la forte densité humaine autour des
parcs, il existe peu ou pas de déplacements d’animaux entre le LNP, la MWR et la Mvawbi.
4.18 Habitats de terres humides : En aval des chutes de Kapichira, après le carrefour de
Mwanza, la plaine alluviale du fleuve Shire se transforme en une première section appelée
Elephant Marsh et, après le fleuve Ruo, en une deuxième section appelée Lagune de Bangula –
couvrant une superficie de 1 100 km2. Le système est alimenté par le Shire et ses affluents. La
végétation est dominée par les herbes et parsemée de quelques plantes ligneuses. Une étude
préliminaire a mis en évidence la présence de 130 espèces de plantes, 62 espèces de papillons et
un certain nombre d’oiseaux des terres humides, ainsi que de la faune des terres humides de plus
grande taille (notamment les crocodiles et les hippopotames).
Outre cet empiétement, la zone est également menacée, en raison de l’absence d’un statut
officiel, des plantes invasives, des dépôts de limon dus à l’érosion en amont et aux conflits
hommes-animaux sauvages. Elephant Marsh demeure l’un des écosystèmes les plus productifs
du Malawi.
4.19 Faune : la majeure partie de la faune réside dans les parcs et la réserve. Au total, il
existe 73 espèces de mammifères dans cette zone, bien que la MWR ait été repeuplée avec un
certain nombre de grands mammifères. En outre, bien que le LNP ait été créé pour protéger le
Nyala (Antilope), une espèce rare, son cheptel baisse en raison du braconnage. Par ailleurs, les
oiseaux prospèrent dans la zone avec environ 340 espèces résidentes, 250 espèces migratrices
régulières et 50 à 60 autres espèces occasionnelles ; la vallée constitue une zone d’hibernation
importante pour un certain nombre d’espèces d’oiseaux migrateurs du Paléarctique.
4.20 L’UICN et vulnérabilité locale : Au moins 23 espèces présentes dans la zone figurent
sur la Liste rouge de l’UICN, 11 étant considérées comme quasi menacées, 5 vulnérables, 5 en
danger et 2 en danger critique. En outre, cette zone est une limite biogéographique pour la jungle
du Sud-est de l’Afrique, tandis que les espèces d’oiseaux endémiques de la région sont exposées
à des risques. Enfin dans le LNP et la MWR, des plantes rares ont été identifiées au niveau local.
4.21 Écologie aquatique : Le Malawi est connu pour ses nombreux plans d’eau, qui
comprennent des points chauds de la biodiversité piscicole, notamment le lac Malawi. Le fleuve
Shire, qui prend sa source au lac Malawi, comprend trois principales parties : le Shire supérieur,
le Shire moyen et le Shire inférieur. La zone du projet se situe dans cette dernière partie, dont la
faune piscicole est similaire à celle du fleuve Zambèze, car ils sont reliés. Le Shire inférieur est
physiquement séparé des parties supérieures du fleuve, en raison des chutes de Kapichira, qui
constituent un obstacle infranchissable, empêchant les poissons de migrer en amont. Par
conséquent, la population de poissons du Shire inférieur est différente de celle du reste du fleuve.
Au nombre des principales espèces de poisson figurent le Poisson chat africain (Clarias
gariepinus) et le Tilapia (Oreochromis mossambicus) qui représentent, à eux seuls, 90 % de la
pêche locale. Il existe environ 49 espèces dans le système. Les dix espèces qui ont la plus grande
importance économique sont : le Tilapia ; le Poisson chat africain ; le Barbus paludinosus ; le
Synodontis njassae ; le Poisson tigre ; le Saumon du lac ; le Redeyelabeo ; Barbus eurystomus ;
et le Barbus johnstonii. La pêche dans le Shire inférieur représente environ 4,2 % des
débarquements totaux de poisson au Malawi, car elle est mal réglementée. Cette pêcherie
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constitue une importante menace pour l’écosystème aquatique, tout comme la perte d’habitat et
la prolifération de la jacinthe d’eau.
5. Solutions de rechange au projet
Plusieurs scénarios de rechange ont été envisagés dans l’étude de faisabilité du projet. Le
scénario sans le projet signifierait l’absence de développement de l’infrastructure et des capacités
d’irrigation prévues au titre du projet. Cependant, la nécessité d’exécuter le Projet d’irrigation de
la vallée du Shire (SVIP) remonte aux années 1940 et se justifie par quatre principaux facteurs, à
savoir : 1) la vulnérabilité de la zone aux sécheresses dues au phénomène El Niño-Oscillation
australe (ENSO), qui se traduisent par de mauvaises récoltes ; 2) les longues périodes de
sécheresse fréquentes en saison des pluies qui perturbent la croissance et la maturation des
cultures ; 3) le caractère saisonnier de la production des cultures au Malawi, d’une manière
générale, qui oblige les agriculteurs à rester oisifs en saison sèche, et enfin ; 4) l’insuffisance de
l’eau d’alimentation des animaux et d’eau potable en saison sèche pour la production animale.
L’étude de faisabilité a également passé en revue d’autres options pour l’exécution du projet. Ces
options sont liées à différents aspects de la topographie, aux évaluations géotechniques et
hydrogéologiques, à la gestion des régimes d’inondation, à la conception technique des canaux,
aux zones irrigables, etc.
À la lumière de l’analyse topographique, il a été décidé que la prise d’eau du SVIP serait
implantée sur la rive ouest du fleuve Shire au niveau du barrage de Kapichira, à une hauteur de
144 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le canal d’amenée acheminerait ensuite l’eau
prélevée du Shire sur une distance de 46,8 km, jusqu’au point d’alimentation situé à une hauteur
de 134,5 mètres au-dessus du niveau de la mer, qui est également le point de départ des canaux
de Bangula et d’Illovo.
Étant donné que le tracé du canal d’amenée traverserait la Réserve faunique de Majete, l’étude
de faisabilité a montré qu’il était nécessaire de réduire au minimum les impacts
environnementaux négatifs sur la réserve faunique en prenant les mesures d’atténuation
appropriées. Par exemple, la conception du canal d’amenée comprendrait une clôture afin
d’éviter la noyade des animaux contrairement à un scénario où le système de transport serait à
ciel ouvert.
Des évaluations géotechniques ont été effectuées le long du tracé du canal d’amenée et du canal
principal pour quantifier les taux d’infiltration et de percolation, et fournir les informations
nécessaires pour la conception des plans préliminaires. En outre, les enquêtes visaient à identifier
les différentes options quant aux matériaux de construction disponibles dans la zone du projet.
L’analyse des options géotechniques a montré que les sols situés le long du canal d’amenée
enregistraient des pertes élevées du fait de l’infiltration et que le canal d’amenée devait être
construit à l’aide de conduites en béton enterrées afin de réduire les pertes par infiltration et par
évaporation.
Les études hydrogéologiques ont porté sur l’adéquation des ressources en eau souterraines pour
l’alimentation en eau potable, ainsi que l’agriculture irriguée et la détermination de la balance
hydrique. D’une manière générale, la qualité des ressources en eau souterraines dans la zone du
SVIP a été jugée adaptée pour l’alimentation en eau potable et généralement acceptable pour
l’agriculture irriguée, bien que, dans certains cas, il puisse s’avérer nécessaire de mettre en
13
œuvre des pratiques de gestion en eau, notamment le dépôt des semences et l’irrigation avant les
semis.
L’étude de faisabilité comprenait également une analyse de la fréquence des inondations à l’aide
d’un modèle de fréquence des inondations régionales pour le SVIP. L’analyse s’est traduite par
l’établissement de la carte de zonage des inondations pour la zone du projet sur la base de
périodes de récurrence de 5, 10, 20, 50 et 100 années.
Par conséquent, une analyse de la zone irrigable a également été effectuée. Elle a permis la
délimitation des zones irrigables sur la base de plusieurs facteurs, à savoir la topographie, la
fertilité du sol, les systèmes agricoles existants, les zones de pâturage, les zones sujettes aux
inondations, les zones résidentielles, les cimetières et les sites d’héritage culturel. En utilisant des
cartes présentant la distribution spatiale des aspects susmentionnés, les zones d’irrigation
aménageables ont été sélectionnées et vérifiées à l’aide d’enquêtes sur le terrain.
6. Impacts et mesures d’atténuation/amélioration du projet
Les impacts du projet ont été évalués à l’aune de quatre critères, à savoir la valeur des
composantes touchées, l’intensité des impacts, l’ampleur des impacts et la durée des impacts. En
outre, les impacts ont été analysés en termes de probabilité de survenue. Ensuite, des mesures
d’atténuation ont été proposées en conséquence pour les impacts identifiés.
6.1 Réinstallation involontaire
Parmi les principaux impacts identifiés figurent le fait que le projet nécessitera la réinstallation
de 869 personnes au total, ainsi que l’indemnisation pour un certain nombre de biens. Par
conséquent, un plan d’action de réinstallation complet (PARC) est en cours d’élaboration afin de
définir les procédures à suivre et les mesures à prendre pour indemniser les personnes et les
communautés affectées, en tenant compte des opportunités qu’offre le projet d’améliorer les
conditions socioéconomiques des populations affectées. Dans le cadre de la préparation du PAR,
des consultations ouvertes, inclusives et approfondies ont été organisées avec un large éventail
de parties prenantes aux niveaux national, du district et du village, notamment des sessions
spéciales directes avec les personnes affectées par le projet.
Des mesures mûrement réfléchies ont été prises pour organiser des consultations tant avec les
femmes qu’avec les hommes et les personnes vulnérables, et assurer leur participation. Une
attention particulière a été accordée au lieu et au calendrier des consultations afin de veiller à ce
que des personnes de tous âges et de toutes les couches sociales puissent y assister et participer
avec confiance et facilement. La conception du projet prévoit des mécanismes intégrés pour la
participation continue des bénéficiaires et d’autres parties prenantes aux activités du projet. Le
PARC en cours d’élaboration, qui est un document qui vient en complément au rapport de
l’Évaluation des impacts environnementaux et sociaux (EIES), sera publié sur le site web de la
Banque pour examen et commentaires par le public, conformément aux PEES de la Banque.
Un résumé distinct du PAR a également été préparé et sera publié parallèlement à l’EIES sur le
site web de la Banque pendant 120 jours, avant la présentation du rapport au Conseil. Par
conséquent, les impacts et les mesures d’atténuation/amélioration du projet présentés dans le
présent résumé ne comprennent pas ceux qui sont liés à la réinstallation.
6.2 Impacts pendant la phase préalable à la construction
14
Les impacts généraux pendant la phase préalable à la construction concernent essentiellement
l’organisation communautaire et l’héritage naturel. Ceux-ci comprennent la réorganisation et la
réinstallation des communautés, qui seront prises en compte dans le Plan d’action de
réinstallation. En outre, les décisions finales relatives à la conception et à l’alignement du canal
ont été influencées par le type de conséquences à long terme sur les parcs nationaux. Enfin, le
processus d’appel d’offres pour la construction devrait être inclusif et faire l’objet d’un suivi
étroit afin de veiller au respect des recommandations d’atténuation des impacts
environnementaux contenues dans l’EIES et son PGES. Par ailleurs, le projet n’aura aucun
impact sur l’environnement physique ou l’écologie pendant la phase préalable à la construction.
6.3 Impacts pendant la phase de construction
Un résumé des impacts pendant la phase de construction est présenté ci-après. Le PGES contient
de plus amples informations sur le rôle de chaque acteur pendant la mise en œuvre des mesures
d’atténuation et le suivi des impacts.
Impacts du processus d’appel d’offres pour l’entrepreneur en construction : le choix d’un
entrepreneur en construction et l’intégration de mesures d’atténuation appropriées dans l’appel
d’offres, ainsi que dans le contrat, constituent une étape importante, car de nombreux
entrepreneurs ne sont pas proactifs sur le plan environnemental et/ou social, et peu d’entre eux
ont une expérience du travail dans les zones sensibles.
Mesures d’atténuation :
• les documents d’appel d’offres et le contrat refléteront les nouvelles exigences du
SSI de la BAD et de la Banque mondiale telles que soulignées dans le document
intitulé « Résumé des documents d’appel d’offres standard pour les améliorations
environnementales, sociales, de santé et de sûreté (ESSS), les Documents
d’acquisition standard (DAS) et les Documents d’appel d’offres standard
(DAOS) » ;
• African Parks et le Département des parcs nationaux et fauniques (DNPW) auront
le droit de réviser la conception de la future Phase I et de proposer des
améliorations. En outre, African Parks et le DNPW participeront, en tant que
conseillers, à la présélection de l’entrepreneur en construction ;
• en outre, plusieurs mesures proposées dans l’EIES et le PGES concernent les
coûts de l’entrepreneur en construction. L’appel d’offres sera précis en ce qui
concerne la nécessité de quantifier les mesures dans le Devis ;
• l’entrepreneur doit justifier d’une expérience du travail dans les parcs animaliers
et sa réputation doit être évaluée par un panel d’appel d’offres.
6.4 Impacts sur la géomorphologie du fleuve et la qualité de l’eau : La construction du
système d’irrigation nécessitera d’importants travaux de construction autour des cours d’eau
existants et affectera, par conséquent, leur géomorphologie, ainsi que la qualité de l’eau.
Mesures d’atténuation :
• afin de réduire au minimum les impacts, le caractère mobile des cours d’eau sera
pris en considération ;
15
• la traversée des affluents se fera en lignes droites ;
• une zone tampon sera maintenue autour du fleuve afin d’éviter que les champs
irrigués ne soient trop proches des rives du fleuve ;
• une infrastructure de renforcement des rives sera mise en place (par exemple des
gabions).
6.5 Excavation et nivellement du sol : le projet exigera d’importants travaux d’excavation
pour les canaux, ainsi que le dynamitage de roches.
Mesures d’atténuation :
• toute la terre excavée réutilisable sera soit offerte gratuitement aux communautés
avoisinantes ou aplatie pour la plantation de nouveaux arbres ;
• les sites d’emprunt après le dynamitage doivent être réutilisés, dans la mesure du
possible, et en consultation avec les communautés (par exemple, la création de
terres humides remplies avec le sol inutilisable, etc.).
6.6 Impacts sur la main-d’œuvre : Le site de construction offrira un certain nombre
d’opportunités d’emplois pour les populations locales tant qualifiées que non qualifiées.
Mesures d’amélioration et d’atténuation :
• l’emploi des travailleurs locaux sera une priorité afin de redynamiser l’économie
locale, et des mesures seront prises pour réduire au minimum les impacts négatifs
susceptibles de découler de l’afflux de travailleurs étrangers (par exemple
l’accroissement de la pression humaine sur les ressources naturelles, la violence
sexiste, etc.) ;
• ces mesures concernent l’application du code de conduite des travailleurs, la mise
en place d’un mécanisme de règlement des griefs couvrant la phase de
construction afin de permettre aux communautés de communiquer avec
l’entrepreneur en construction au sujet de leurs préoccupations et griefs (et le
comportement des travailleurs), et de la lutte contre l’empiétement dans le Parc
national de Lengwe et la Réserve faunique de Mwabvi ;
• afin de réduire au minimum le risque de harcèlement sexuel et la violence sexiste
dus à l’afflux des travailleurs de sexe masculin dans la zone du projet, la présence
d’agents locaux des forces de l’ordre sera renforcée dans la zone.
6.7 Impacts sur l’infrastructure agricole et l’héritage culturel : Le projet aura plusieurs
impacts sur l’infrastructure humaine et l’héritage naturel et culturel pendant toute la phase de
construction.
Mesures d’atténuation :
• les procédures concernant les découvertes fortuites à suivre par les entrepreneurs de
travaux de génie civil pendant la phase de construction du canal d’irrigation, ainsi
que la formation et la sensibilisation du personnel de l’entrepreneur avant la phase
16
de construction seront intégrées dans tous les documents d’appel d’offres et
contrats pertinents ;
• le tracé du canal est en train d’être choisi afin de réduire au minimum le contact
avec les ressources culturelles physiques. Aucun cimetière ni sanctuaire ne devrait
être affecté par le projet ;
• les objets présentant un intérêt culturel seront systématiquement catalogués et
stockés ou exposés conformément aux instructions qui seront données par le
Département des antiquités ;
• en outre, les nouvelles infrastructures accompagnant la construction (par exemple,
les ponts) devraient être construites, dans le même temps, afin de limiter les
perturbations, les risques pour la santé et la sûreté, et de faciliter la reprise des
activités par les communautés locales. Le PGES recommande qu’une passerelle
pour le bétail/les piétons soit construite à chaque kilomètre sur le canal principal.
6.8 Impacts sur le parc animalier et la réserve faunique : Compte tenu du passage des
canaux à travers la Réserve naturelle de Majete (pendant la première Phase I) et le Parc national
de Lengwe (pendant la deuxième Phase), les impacts pendant la construction dans ces zones ne
sont pas négligeables. L’infrastructure et les clôtures seront touchées pendant les travaux de
construction, ainsi que le tourisme, en raison du bruit, des travaux d’excavation et du trafic des
machines et des camions.
Mesures d’atténuation :
afin de réduire au minimum les impacts, les gestionnaires du parc/de la réserve collaboreront
étroitement avec les entrepreneurs selon les calendriers et mesures d’atténuation convenus (par
exemple, la construction de clôture autour des zones, les déviations, l’emprise, etc.) ;
• des clauses appropriées et toutes les mesures d’atténuation applicables seront
intégrées dans l’appel d’offres (et les termes de référence), ainsi que dans le
contrat de l’entrepreneur en construction, y compris les sanctions telles que le
non-paiement pour non-respect des clauses et l’audit sur le site par un ingénieur
de supervision ;
• des parois acoustiques certifiés devront être installées dans la MWR, car les
travaux seront exécutés très près de tous les bâtiments importants et sites
touristiques ;
• il sera nécessaire d’exécuter les travaux par phase et de les limiter au périmètre de
la MWR, afin de réduire au minimum les perturbations. Le calendrier de ces
travaux devra être précisé dans l’appel d’offres de la phase de construction. Le
PGES doit décrire trois phases pour la construction, en établissant des distinctions
entre la zone le long du Shire à l’intérieur de la MWR, la propriété privée de
Ng’onalodge et l’extrémité méridionale de la MWR ;
• pour des impacts inévitables tels que la perte de revenu et la destruction
d’infrastructures, un calendrier d’indemnisation sera établi sur la base du PGES.
17
6.9 Impacts sur le biome terrestre : à cet égard, deux principaux problèmes se posent, à
savoir : le changement rapide du couvert végétal et la perturbation de la faune et de la végétation.
La construction modifiera inévitablement le paysage actuel de la végétation, bien qu’une grande
partie des terres soient déjà transformées en terres agricoles.
Mesures d’atténuation :
• un plan de reboisement dans le LNP et la MWR sera exécuté : 25 ha de forêts
devront faire l’objet d’indemnisation dans la MWR, et 60 ha de forêts dans le
LNP ;
• l’affectation de terres à des fins de conservation, c’est-à-dire les terres boisées
ouvertes (y compris la forêt riveraine), les marécages et les zones sujettes aux
inondations, les zones de vertisols lourds, les zones de pâturage, les cours d’eau et
leurs rives, les terres humides et les zones tampon autour du LNP. Ceci nécessitera
une étude technique pour délimiter de manière détaillée les zones irriguées en vue
de créer des terres réservées et d’assurer l’accès du bétail aux sites de pâturage le
long d’Elephant Marsh ;
• des plans de sauvegarde conçus et mis en œuvre de manière minutieuse pour
protéger les espèces d’arbres protégées et éviter les forêts communautaires.
6.10 Impacts sur les habitats aquatiques : les travaux de construction comprennent
l’exécution d’activités temporaires sur les cours d’eau qui sont des habitats et un territoire de
migration pour un certain nombre d’espèces piscicoles.
18
Mesures d’atténuation :
• afin de limiter les dégâts imprévus causés à ces canaux, il convient d’éviter la
construction de digues en terre temporaires et d’autres structures susceptibles de
modifier le canal ou de déstabiliser les digues en terre ;
• l’EIES recommande que la construction de canaux sur certains cours d’eau soit
évitée ou exécutée en consultation avec les parties prenantes pour réduire au
minimum les impacts (par exemple, la rivière Nkombedzi Wa Fodya qui traverse
le LNP) ;
• en outre, des ponceaux dont l’emplacement et la taille sont appropriés doivent être
prévus afin d’éviter les inondations (des ponceaux trop grands avec des fonds
naturels) et les travaux seront interdits sur ces canaux pendant la saison de
reproduction des poissons.
IMPACTS PENDANT LA PHASE D’EXPLOITATION
Le texte ci-dessous est un résumé des impacts et mesures d’atténuation identifiés pendant la
phase d’exploitation du projet.
6.11 Impacts hydrologiques : Le présent projet représente une demande en termes de
consommation d’eau à partir du système du Shire au niveau du réservoir de Kapichira, qui ne
sera pas – pour l’essentiel – réinjectée dans le système. Une ponction accrue sur le réservoir aura
des impacts en aval, entraînant en particulier une baisse importante du débit des chutes de
Kapichira. La principale mesure d’atténuation proposée consiste à augmenter le débit du barrage
en amont (c’est-à-dire le barrage de Kamuzu). Cependant, dans la situation actuelle, cette option
n’est pas viable.
Transparence en matière d’hydraulique : En raison du caractère dynamique du paysage
riverain, des ponceaux et d’autres infrastructures mal conçus pourraient entraîner le débordement
des affluents et l’inondation des villages en amont. Toutes inondations à l’intérieur des canaux
principaux pourraient également entraîner la colonisation par des espèces de poisson du Shire
inférieur en amont des chutes de Kapichira.
Mesures d’atténuation :
• afin d’éviter de tels phénomènes, la taille des ponceaux doit respecter
rigoureusement les plans établis au regard des données relatives aux débits les
plus élevés.
6.12 Changement des propriétés du sol : l’agriculture irriguée déclenche parfois une série
de changements des propriétés du sol, notamment la salinisation, la sodicité et l’engorgement.
Mesures d’atténuation :
• le suivi des propriétés du sol, notamment le niveau de l’eau du sol et la salinité,
sera assuré afin de déclencher l’alerte précoce concernant les problèmes
éventuels;
19
• en outre, compte tenu de la présence de vertisols mal drainés dans deux des trois
zones du canal (B et C), il convient d’envisager d’autres cultures telles que le riz.
6.13 Évolution sociale rapide et impact dans l’arrière-pays : l’installation réussie d’un
système d’irrigation moderne nécessitera l’acceptation sociale et des changements de
comportement de la part des communautés locales. Par ailleurs, l’accélération de la croissance
économique et démographique dans la zone pourrait accroître la pression sur les ressources
naturelles, notamment l’eau, le bois et le poisson. La communication au niveau communautaire
est en train d’être prise en compte dans la stratégie de communication. En outre, les parties
prenantes du projet résoudront les problèmes d’évolution économique et démographique en
permanence, à mesure que le projet évolue.
6.14 Manque d’entretien approprié des infrastructures : La présente EIES nécessite
qu’un certain nombre d’infrastructures d’atténuation soient installées (par exemple des ponts, des
passages pour la faune, des murs) et fassent l’objet d’un entretien approprié afin d’assurer leur
efficacité.
Mesures d’atténuation :
• Des responsables seront désignés pour l’entretien de toutes les infrastructures. Il
est recommandé que l’Opérateur de la distribution d’eau en vrac soit responsable
de l’entretien de l’infrastructure proposée dans le PGES, notamment :
a. les ponts (pour le bétail, les piétons et les véhicules) ;
b. les escaliers et échelles de sécurité pour les villageois afin de leur permettre
de se laver, de faire la lessive et de sortir en cas de chute – des barrières
pour les espèces piscicoles invasives ;
c. une grille disposée sur la prise d’eau (afin de retenir les débris, les
crocodiles et la jacinthe d’eau flottante) ;
d. des murs autour de la partie ouverte du canal dans la MWR ;
• afin de prévenir les risques à long terme et d’éviter que les intérêts des parties
prenantes, essentiellement ceux des parcs, ne soient affectés par d’autres, une
chaîne de responsabilités claires doit être établie en tenant compte de toutes les
situations possibles et « des scénarios-catastrophes » ;
• afin d’assurer l’utilisation judicieuse des canaux d’irrigation (par exemple, éviter
le déversement des déchets), les utilisateurs du système de canal recevront une
formation ;
• en outre, en raison de la présence de la jacinthe d’eau dans le réservoir de
Kapichira, des plans d’éradication réguliers doivent être mis en œuvre et étendus
au canal, le cas échéant.
6.15 Changements et retards liés au développement agricole : Bien que le projet ait
vocation à permettre d’autres aménagements agricoles, outre l’agriculture de subsistance, les
retards liés au démarrage de l’exploitation et/ou le changement de comportement pourrai(en)t
20
retarder les avantages, en particulier au niveau du ménage (par exemple, la sécurité alimentaire)
et au niveau communautaire (par exemple, l’accès à de meilleures infrastructures de santé et
d’éducation). En outre, l’extension réussie du projet pourrait se traduire par une production
agricole excédentaire, réduisant ainsi la valeur marchande des produits.
Mesures d’atténuation :
• recherche et développement adaptifs ;
• adoption de meilleures pratiques prenant en compte les leçons tirées de la mise en
œuvre de la Phase I (avant le démarrage de la Phase II) ;
• renforcement des liens commerciaux ;
• accent mis sur l’industrie des produits d’exportation et l’industrie agroalimentaire.
6.16 Élevage : Il sera nécessaire d’adapter les pratiques d’élevage aux nouvelles conditions,
car les canaux et zones d’influence ruraux constitueront des obstacles au déplacement des
animaux, et l’accès aux pâturages et aux points d’eau sera limité.
Mesures d’atténuation :
• afin d’éviter les conflits, une infrastructure sera créée le long des canaux
principaux, y compris des points d’abreuvement dans chaque village et des ponts
pour le bétail seront construits à chaque kilomètre le long du canal principal ;
• en outre, des mécanismes de règlement des conflits entre les éleveurs et les
agriculteurs qui pratiquent l’irrigation seront mis en place, tout en facilitant
l’accès aux terres non cultivées pour le pâturage et les nouvelles opportunités
d’affaires (par exemple, la fumure organique).
6.17 Baisse de la production des pêcheries : Les pêcheries, dont la production est déjà en
baisse, pourraient être davantage affectées par la baisse du débit dans Elephant Marsh.
Mesures d’atténuation :
• afin de réduire l’ampleur de cet impact, des étangs piscicoles sont proposés,
conformément à la Stratégie de planification du développement agricole ;
• un Plan de gestion des terres humides au titre du Programme de gestion du bassin
du fleuve Shire (SRBMP) vise également à assurer le développement durable.
6.18 Santé et sécurité : la complexité du système de canaux augmentera le risque de noyade
et de blessures, en particulier pour les enfants, car ils sont exposés au risque même dans les
canaux très peu profonds.
21
Mesures d’atténuation :
• des campagnes de sensibilisation seront lancées, en particulier dans les écoles.
Néanmoins des mesures de sécurité seront prises, notamment l’installation
d’échelles tous les 500 mètres sur les canaux principaux (secondaires, Bangula et
Supini). De grands escaliers de sécurité seront construits dans chaque village le
long des canaux principaux ;
• étant donné que l’on s’attend à une recrudescence de la schistosomiase, les
agriculteurs et les travailleurs sur les canaux devront porter des tenues de
protection appropriées. En outre, des campagnes de sensibilisation seront
organisées, ainsi que des campagnes de traitement préventif (par exemple,
l’administration de Praziquantel pour la prévention de la schistosomiase) et la
construction de fosses d’aisance ;
• le PGES recommande également la mise à disposition de ressources pour le
renforcement des capacités des spécialistes locaux de la santé en matière
d’utilisation des méthodes de dépistage récentes pour la schistosomiase tant
urinaire qu’intestinale.
6.19 Impact sur les femmes et les groupes vulnérables : le projet pourrait profiter aux
femmes en leur facilitant l’accès à l’eau, et tout en augmentant leur charge de travail en raison de
l’accroissement du rendement des cultures. Par ailleurs, étant donné que les services financiers
ne sont souvent pas accessibles pour les femmes et les jeunes, il est possible qu’ils n’aient pas
accès aux mêmes opportunités découlant de l’exploitation du système d’irrigation que les
hommes. De même, les populations sans terre pourraient être défavorisées par le projet.
Mesures d’atténuation :
• les actions d’atténuation de cet impact sont décrites de manière exhaustive dans
l’Étude sur la Stratégie en matière de genre et de la jeunesse et seront déployées
depuis la phase préparatoire jusqu’à la phase d’exploitation ;
• des mesures d’atténuation supplémentaires seront intégrées dans le Plan d’action
de réinstallation.
6.20 Attractivité des chutes de Kapichira : Le présent projet réduira le flux
environnemental libéré par les vannes de l’écluse appelées chutes de Kapichira. À l’heure
actuelle, le débit est inférieur à 10 m3/s pendant moins d’un mois par an. Mais, cette période
pourrait passer à plus de 6 mois par an, réduisant l’importance touristique de ce site. Il est
essentiel que les chutes demeurent visibles en saison des pluies, période au cours de laquelle les
besoins d’irrigation sont moins importants.
6.21 Impacts dans les parcs animaliers : Le passage du projet à travers deux parcs
animaliers entraînera inévitablement des changements à long terme dans le parc, à la suite de la
construction de nouvelles infrastructures, l’introduction de nouvelles parties prenantes
(notamment l’opérateur de la distribution d’eau en vrac), ainsi que de nouvelles chaînes de
responsabilité (en particulier en ce qui concerne l’entretien des infrastructures). Ces changements
pourraient encombrer considérablement les réserves et freiner l’accomplissement de leur mission
22
et présenter un certain nombre de facteurs de risque inconnus, depuis le changement de
comportement et la noyade des animaux jusqu’à l’augmentation de l’empiètement et au
braconnage qui constituent une préoccupation particulière dans le Parc national de Lengwe qui
est déjà soumis à d’importantes pressions humaines.
Mesures d’atténuation :
• un Protocole d’accord sera signé par African Parks/Département des parcs nationaux et
de la faune (DNPW) et l’opérateur de la distribution d’eau en vrac pour la MWR, et par le
DNPW et l’opérateur de la distribution d’eau en vrac pour le LNP ;
• les canaux demeureront partie intégrante de la MWR et le droit de passage du
canal ne sera pas cédé par la MWR. L’accès à la prise d’eau et aux canaux pour
l’entretien sera géré conformément aux restrictions d’accès de African Parks (et
l’inspection pour éviter le braconnage) ;
• la présence d’un canal dans le LNP, visant à éviter la noyade des animaux,
pourrait avoir un impact positif, car ce parc souffre de pénuries d’eau. Ceci
pourrait constituer un avantage net du point de vue de la conservation au sein du
LNP. Une terre humide artificielle irriguée par l’eau pompée à partir du canal
principal sera créée tant au sein de la MWR que du LNP pour offrir un point
d’abreuvement pour la faune ;
• la plupart des activités illicites d’abattage d’arbres et de pâturage sont le fait des
communautés des Zones A et B. Il y a lieu, par conséquent, de saisir l’occasion
pour les intégrer dans le projet, ce qui sera subordonné à un accord écrit en vue
d’assurer le respect des règles interdisant la coupe du bois, le pâturage et d’autres
activités illicites dans le Parc national de Lengwe (ceci s’applique également à la
MWR et aux communautés avoisinantes). Les chefs de village signeront un
accord contractuel ou prendront une forme d’engagement formel à respecter cette
règle avant leur inclusion dans le projet. Le SVIP devrait constituer une occasion
de demander un engagement environnemental en échange de l’irrigation ;
• le dragage permettra d’extraire plus de 500 000 m3 de sédiments pour construire le
réservoir. Le transport de ces sédiments à travers la MWR sera évité (car le
transport nécessitera le passage environ toutes les 2 minutes d’un camion
traversant la MWR) ;
• Ng’onalodge, une propriété privée, située près de la MWR, sera affectée par
l’emprise du canal d’amenée et les travaux. L’indemnité prévue dans le Plan
d’action de réinstallation sera versée au propriétaire.
6.22 Fragmentation de l’habitat : La construction des canaux fragmentera inévitablement
l’habitat utilisable, ce qui sera certainement le cas dans la MWR et le LNP.
23
Mesures d’atténuation :
• la construction de tronçons du canal enfouis dans le sol dans la MWR permettrait
d’atténuer ce problème ; à l’heure actuelle, environ la moitié du canal d’amenée
sera enterrée dans la MWR ;
• dans le LNP, il est également possible de créer des passages aériens ou souterrains
pour la faune aux mêmes endroits que les ponts pour véhicules.
6.23 Risques de noyade des animaux sauvages : les ouvrages en béton qui seront construits
dans le cadre du projet, notamment les canaux, présentent un risque de noyade pour les espèces
animales qui pourraient venir s’abreuver ou se nourrir près de ces ouvrages, en particulier en
saison sèche.
Mesures d’atténuation :
• il est nécessaire de construire un mur en béton et en briques le long du canal dans
la MWR dans la partie où le canal sera ouvert (près de la moitié de la longueur du
canal sera enterrée dans la MWR) ;
• il convient de prévoir des matériaux antidérapants ou un canal en terre dans le
LNP (les canaux en terre offrent aux animaux une bonne prise leur permettant de
sortir du canal).
6.24 Changements au sein des communautés de plantes des terres humides : L’on
s’attend à une baisse du débit en raison du prélèvement pendant la période la plus critique de
l’année (saison sèche). Ceci pourrait se traduire également par une réduction de l’habitat adapté
pour certains types de végétations des terres humides ou une recrudescence potentielle de
l’empiétement de l’homme susceptible d’affecter la diversité de la communauté de plantes.
Mesures d’atténuation :
• dans le cadre de la Composante « Gestion des ressources naturelles », la première
phase du SVTP contribuera également à améliorer la préservation d’Elephant
Marsh, à travers le soutien à sa désignation en tant que Terre humide
d’importance internationale RAMSAR, et avec la création de la première zone de
conservation des terres humides communautaires du Malawi administrée par le
Département des parcs nationaux et de la faune (DNPW). Ainsi, l’on pourrait
limiter, à l’avenir, l’empiètement sur les terres agricoles dans Elephant Marsh ;
• en outre, les inondations de 2015 ont changé le cours du fleuve Ruo qui se jette
maintenant directement dans Elephant Marsh. L’EIES recommande que ce
nouveau canal soit entretenu afin d’atténuer les impacts du projet, s’il est
souhaitable d’éparpiller les populations réinstallées sur les rives du fleuve pour
limiter les risques d’inondation.
6.25 Accroissement de la fréquence des conflits entre l’homme et la faune sauvage : les
conflits entre l’homme et la faune sauvage seront exacerbés, en particulier avec les crocodiles et
les hippopotames, car ils seront touchés par les changements au niveau d’Elephant Marsh.
24
Mesures d’atténuation :
• bien que l’on puisse envisager un certain nombre d’actions d’atténuation, compte
tenu des espèces concernées (notamment les cultures non vivrières proches des
canaux pour éviter l’invasion des hippopotames), les programmes de
sensibilisation seront la principale mesure permettant d’éviter un comportement à
risque ;
• la composante « Gestion des ressources naturelles » comprend des
investissements en vue de réduire les conflits entre l’homme et la faune sauvage
au niveau d’Elephant Marsh.
Invasion du Shire inférieur par les poissons : les chutes de Kapichira constituent une barrière
entre le Shire inférieur et le Shire moyen et supérieur. À l’heure actuelle, le poisson tigre et
d’autres espèces de poissons du fleuve Zambèze ne sont présents que dans le Shire inférieur. Les
pentes douces des canaux principaux prévus pourraient permettre aux poissons en aval (y
compris le poisson tigre) de contourner les chutes de Kapichira. Le poisson tigre peut créer un
problème écologique, s’il devait être présent dans le reste du bassin du Shire, essentiellement en
raison de son caractère piscivore et agressif. Il pourrait modifier considérablement les principales
populations de cichlidés endémiques du lac Malawi.
Mesures d’atténuation :
• une barrière à poissons automatisée efficace et nécessitant peu d’entretien sera
construite. L’Étude de faisabilité technique recommande la construction d’une
barrière à poissons élevée comprenant une structure de chute de 3,5 mètres
surmontée d’une crête d’un mètre. Ceci donnera lieu à une chute libre verticale
d’au moins 2 mètres, lorsque le canal transporte la quantité maximum d’eau (50
m3/s) et une chute libre plus élevée, avec un débit inférieur. Cette barrière sera
intégrée dans les plans détaillés du canal principal, accompagné du coût
supplémentaire qui fera partie intégrante du coût total de la construction du canal.
Il vise à empêcher efficacement l’entrée du poisson tigre ou de toutes autres
espèces de poisson non autochtones dans le lac Malawi – dans le Shire supérieur
au-dessus des chutes de Kapichira à travers le canal principal. Afin de réduire au
minimum les risques d’ingérence humaine (y compris le lâcher accidentel ou
délibéré de poissons non autochtones dans le canal, au-dessus de la barrière), la
barrière à poissons sera située dans la Réserve faunique de Majete où l’accès de
l’homme est soigneusement contrôlé. En outre, cette zone est située plus loin en
amont et en dehors de la zone sujette aux inondations ;
• l’entretien des barrières à poissons incombera à l’Opérateur de la distribution
d’eau en vrac (cet aspect sera souligné dans l’appel d’offres).
6.26 Baisse de la qualité de l’habitat aquatique : La réduction du débit affectera Elephant
Marsh, ce qui entraînera, en principe, une réduction de l’habitat adapté pour les poissons, ainsi
qu’une baisse éventuelle de la qualité.
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Mesures d’atténuation :
• La majeure partie des actions de gestion et d’atténuation au niveau d’Elephant Marsh
relève de la mission du Programme de gestion du bassin du fleuve Shire. En outre, la
Composante « Gestion des ressources naturelles » du SVTP-I prévoit des investissements dans la
gestion des pêcheries communautaires afin de rendre plus durables les pêcheries dans Elephant
Marsh.
6.27 Utilisation des pesticides : la conception du SVIP, telle que présentée dans le Plan de
lutte contre les nuisibles, se traduira par une utilisation accrue de pesticides. Ces produits
peuvent affecter la qualité de l’eau, la biodiversité et la santé humaine. Le risque de survenue de
ces impacts est exacerbé par l’utilisation et l’élimination inappropriées des pesticides. Le PLN a
exposé un plan de lutte intégrée contre les nuisibles (LIN) visant à assurer :
• la durabilité de la lutte contre les nuisibles dans les plantations de canne à sucre ;
• la durabilité de la lutte contre les adventices dans les plantations de canne à sucre ;
• la durabilité de la lutte contre les maladies dans les plantations de canne à sucre ;
• la lutte post-récolte contre les ravageurs des cultures céréalières ;
• la durabilité de la lutte contre les ravageurs des autres cultures.
Les mesures prévues dans le plan de LIN relèvent des catégories suivantes :
• l’application de pesticides et l’élimination des récipients des pesticides (y compris
les incinérateurs, l’enregistrement des pesticides, etc.) ;
• l’établissement d’une liste sélective des pesticides recommandés ;
• les principes de gestion de la sécurité et les meilleures pratiques en matière de
sûreté environnementale et humaine ;
• le renforcement des capacités des agriculteurs en matière de LIN (ateliers,
sessions de formation, etc.) ;
• le suivi de la LIN ;
• la création d’une équipe de mise en œuvre de la LIN.
6.28 Coûts du PGES
Le tableau ci-dessous présente de manière détaillée les coûts estimatifs de la mise en œuvre du
PGES.
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Mesures d’atténuation/indemnisation Coût de l’atténuation/indemnisation en USD
Plan d’indemnisation pour la Réserve faunique
de Majete
Période de construction d’une année dans la
MWR
De 1 351830 (meilleur scénario pas de perte de
recettes commerciales) à 1 961 830 (scénario-
catastrophe, pas de recettes commerciales)
Période de construction de deux années dans la
MWR
De 1 370 990 (meilleur scénario pas de perte de
recettes commerciales) à 2 610 990 (scénario-
catastrophe, pas de recettes commerciales)
Plan d’action pour les espèces de poissons
potentiellement invasives
Les coûts sont présentés dans l’étude de
faisabilité*
Coût du Plan d’action pour la santé et la sûreté 169 000
Coût du Plan d’action pour les impacts
socioéconomiques (y compris la passerelle pour
bétail, les pistes et les ponts pour les véhicules) et
le Plan pour l’héritage culturel
4 063 280
Coût total (hormis les barrières à poissons) ** De 5 584 110 à 6 843 270
* Le coût de la barrière pour les espèces de poissons invasives à l’intérieur de la MWR, tel
qu’estimé par KRC (2017) s’élève à 4,3 millions d’USD. Il s’agit, en fait, d’une estimation
provisoire et la conception de la barrière à poissons est encore au stade de l’étude. Ce montant
n’a pas été pris en compte dans le coût du PGES.
** Le coût total n’intègre pas non plus les coûts de la mise en œuvre des mesures visant à
remédier aux impacts liés aux travaux de construction qui sont présentés en détail dans le Plan de
gestion environnementale et sociale (PGES) de la construction qui sera élaboré par les
entrepreneurs, comme stipulé dans les dossiers d’appel d’offres. Les coûts feront partie
intégrante des coûts du contrat et seront pris en compte dans les devis.
Les coûts indicatifs du Plan de gestion, au regard des activités physiques, sont estimés à 199 000
USD sur une période de cinq (5) années.
Le PGES sera exécuté parallèlement à d’autres mesures proposées dans d’autres études
techniques relatives au SVIP.
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7. Consultations du public et publication de l’information
Plusieurs activités de consultation du public, des réunions sur site et des ateliers ont été organisés
pendant les études de l’EIES au titre du projet, au nombre desquels figurent :
• la mission de lancement (juin 2015) avec un atelier de lancement à Lilongwe
organisé par le Groupe de travail ;
• la mission de référence (janvier 2016) – réunion avec les parties prenantes ;
• les consultations du public (juin 2016) – deux réunions avec les parties prenantes,
dont l’une à Chikwawa et l’autre à Nsanjea afin de présenter les principales
conclusions et le rapport de référence, ainsi qu’un premier train de mesures
d’atténuation ;
• les ateliers d’atténuation (novembre 2016) – deux réunions avec les parties
prenantes, dont l’une à Chikwawa et l’autre à Nsanje pour présenter les
principales conclusions de l’EIES ;
• une présentation supplémentaire sur les mesures d’atténuation au Groupe de
travail, aux parties prenantes de Lilongwe et à la Banque mondiale a été organisée
pour discuter de la faisabilité technique et financière des mesures.
La perception du public concernant le projet est généralement positive. En outre, un certain
nombre de préoccupations ont été soulevées, parmi lesquelles figurent les risques de noyade
posés par le canal pour les populations, la faune et le bétail, ainsi que les opportunités d’emploi,
les problématiques des femmes et de jeunes, et l’indemnisation.
8. Rôles et responsabilités
Compte tenu du Plan de gestion environnementale et sociale (PGES) du projet, les acteurs pour
les différentes mesures d’atténuation ont été organisés sous différentes rubriques, notamment :
• les mesures à intégrer dans les documents contractuels de l’entrepreneur en charge
de la construction ;
• les mesures à étudier pendant la phase de conception ;
• le Plan d’indemnisation pour la Réserve faunique de Majete ;
• le Plan d’action contre les espèces piscicoles invasives ;
• le Plan d’action pour la santé et la sûreté ;
• les Plans d’action pour les impacts sociaux ;
• les mesures visant le Gouvernement ;
• le Plan de suivi.
Le PGES a défini les rôles et responsabilités des différents acteurs pour la mise en œuvre et le
suivi des différentes mesures d’atténuation. Parmi ces acteurs figurent les ingénieurs de la
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conception, les chargés des passations de marchés, l’entrepreneur en construction, les organismes
publics, notamment le ministère de l’Agriculture, de l’Irrigation et de la Mise en valeur des
ressources en eau, le Département des antiquités du Malawi, le Département des parcs nationaux
et de la faune, etc. Le PGES a également défini la fréquence du suivi et les indicateurs de suivi
qui seront appliqués au projet.
Le MoAIWD, qui sera responsable de la coordination, de la planification et de l’exécution du
projet déterminera essentiellement la mise en œuvre du PGES. À cet égard, il recrutera un
Consultant de la supervision de la construction (gestion) qui sera responsable de la supervision
des entrepreneurs qui exécutent les travaux.
Le programme disposera d’un comité technique et de pilotage au niveau national, d’un comité
consultatif et d’une équipe technique au niveau local.
9. Conclusion
Comme indiqué dans les documents de l’EIES et du PGES, le projet devrait profiter aux
communautés locales, notamment en améliorant l’alimentation en eau d’irrigation dans la zone
et, par la suite, en renforçant les moyens d’existence des communautés bénéficiaires.
L’amélioration des moyens d’existence se traduira par d’autres impacts positifs indirects,
notamment l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé, aux nouvelles opportunités pour
l’industrie agroalimentaire. Comme c’est le cas pour des projets similaires, différents aspects de
la conception et de l’exécution des projets nécessitent la prise en compte des considérations
environnementales et sociales afin d’assurer la durabilité.
La prise en compte de ces considérations nécessite, par conséquent, une analyse appropriée, le
financement et l’expertise afin de s’assurer que l’infrastructure proposée et les modalités
opérationnelles du projet répondent aux objectifs primordiaux de durabilité. Plus
particulièrement, il faut, pour ce faire :
• un libellé et une inclusion appropriés de toutes les mesures d’atténuation en
vigueur stipulées dans l’appel d’offres (et les termes de référence), ainsi que dans
le contrat de l’entrepreneur chargé de la construction, y compris des aspects tels
que le non-paiement pour non-conformité ;
• l’intégration de toutes les mesures d’atténuation applicables dans l’appel d’offres
pour l’Opérateur du système (Opérateur de la distribution d’eau en vrac) (ainsi
que les termes de référence et le contrat) ;
• le choix d’un entrepreneur en construction jouissant d’une bonne réputation et
proactif sur les plans environnemental et social ;
• la conception en phases et la limitation des travaux dans la MWR afin de réduire
au minimum les impacts sur le tourisme dans la MWR ;
• l’indemnisation en bonne et due forme pour les impacts sur le tourisme dans la
MWR ;
• l’installation d’infrastructures nécessitant peu d’entretien et autonomes pour la
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faune dans la MWR, notamment une barrière à poissons afin de maintenir la
séparation entre les populations de poissons du Zambèze inférieur et du Shire
supérieur, une terre humide artificielle, des parois acoustiques et des murs autour
du canal d’amenée ;
• l’installation de suffisamment de passages et de passerelles pour le bétail le long
des canaux principaux ;
• les mesures visant à prévenir la noyade des populations (échelles de sécurité) et le
traitement contre la schistosomiase (Bilharziose), une maladie courante dans les
projets d’irrigation.
L’application de ces mesures et des mesures d’atténuation identifiées jusqu’ici dans l’EIES et le
PGES du projet permettra de concevoir et d’exécuter le projet de manière à identifier et éviter les
impacts, dans la mesure du possible, et de les réduire au minimum et de les atténuer ou
compenser.
10. Référence et contacts
Les documents ci-après ont été exploités et consultés pendant la préparation du présent résumé :
• Évaluation de l’impact environnemental et social (EIES) et Plan de lutte contre les
nuisibles (PLN) du Projet d’irrigation de la vallée du Shire (SVIP). Volumes I, II
et III ;
• Étude de faisabilité technique du Projet d’irrigation de la vallée du Shire : rapport
d’évaluation des options, Vol. 1.
Contacts
1. Soliman Wael, Hydrologue principal, Banque africaine de développement, Région
Afrique australe, courriel : [email protected]
2. Uche Duru, Spécialiste principal, Environnement, Banque africaine de
développement, Région Afrique australe, courriel : [email protected]