greenpeace magazine 2014/04
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G R E E N P E AC E M E M B E R 2 0 1 4 , Nº 4
— Résistance, pour sauver la liberté p. 14
Leibstadt et Gösgen, bilans truqués p. 11Avec Twitter et Facebook contre la mine d’or p. 19Aspirations libertaires après le Printemps arabe p. 44 Apiculture proche de la nature: trois méthodes p. 48
Éditorial — Il est bon quelquefois de changer de perspective. Nous avons donc choisi de tourner la mise en page de cette édition de 90°. Une décision qui a demandé un peu de courage à la rédaction. Mais ce n’est rien à côté du courage que doit mobiliser la Péruvienne Máxima Acuña de Chaupe, qui lutte depuis dix ans contre de puissantes sociétés minières et son propre gouvernement. Ceux-ci prévoient de raser des mon-tagnes pour construire la plus grande mine d’Amérique latine, de chambouler les paysages et de détourner les sources d’eau pourtant nécessaires aux familles paysannes. La cabane de Máxima se situe au milieu du site d’extraction prévu (cf. dos-sier sur la résistance à partir de la page 14).
Savez-vous ce qu’est une loi sur l’écocide? Avec une telle loi, les responsables de scandales environnementaux comme la catastrophe pétrolière du golfe du Mexique ou la pollution nu-cléaire de Tchernobyl pourraient être sanctionnés. Cette loi profiterait aussi aux écologistes qui ne risqueraient plus la pri-son quand ils dénoncent des crimes contre l’environnement. Leur action serait légitimée par la loi et ils obtiendraient davan-tage de pouvoir. Depuis des années, l’avocate britannique Polly Higgins lutte pour faire inscrire l’écocide comme crime dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale à La Haye (voir l’entretien page 29).
Les crimes contre l’environnement ne sont pas l’apanage du Sud. Il n’y a qu’à voir les centrales nucléaires vétustes de Leibstadt et Gösgen, toujours en service, avec leurs bilans tru-qués pour faire croire qu’il s’agit toujours du mode de produc-tion électrique le moins cher. Si cette comptabilité était correc-tement établie, le courant nucléaire coûterait quatre à cinq fois plus et ne serait plus compétitif. L’expert financier Kaspar Müller retrace les détails de cette affaire en page 11.
L’apiculture n’est pas uniforme. Les trois méthodes naturelles labellisées Bourgeon bio, Demeter et FreeTheBees sont aussi riches et complexes que les communautés d’abeilles elles-mêmes (page 48).
La rédaction
PS: Un dernier mot nous concernant. En novembre, Greenpeace Suisse a fêté son 30e anniversaire. Vous souhaitez nous faire un cadeau? Alors, o� rez-nous des frais d’envoi postal! Demande inhabituelle de notre part, nous en convenons. Mais en tant qu’organisation indépendante, il nous faut en permanence de nouveaux adhérents et les envois publicitaires sont très onéreux. Pourquoi ne pas détacher les quatre bulletins de ver-sement au milieu de ce magazine et les jeter dans les boîtes aux lettresde votre choix? Ce serait là un cadeau fort apprécié. Nous vous en remercions par avance.
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Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
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Photoreportage Une marée noire rampante 58 dans la république russe des Komis
Entretien Bilans truqués des centrales nucléaires 11 de Gösgen et Leibstadt: l’opinion de l’expert financier Kaspar Müller
Apiculture proche de la natureUNE MÊME INTENTION, TROIS MÉTHODES 48
EntretienNON AU SECOND TUBE ROUTIER AU GOTHAR D: R ENCONTR E AVEC ANDR EAS WEISSEN 53
Succession TESTAMENTS EN FAVEUR DE GR EENPEACE À TR AVER S LE MONDE 56
En a� ion 2Mentions légales 10Le mot de la dire� ion 10Campagnes 66Brèves 69Mots fl échés écologiques 72
DOSSIER: R É S I S T A N C E S p. 14
p. 16 R E C H E R C H E S C I E N T I F I Q U E
Le succès est du côté de la résistance non violente
p. 19 C O N T E X T E
Les médias sociaux contre l’avidité de l’industrie minière
p. 29 E N T R E T I E N
Une loi sur l’écocide: légitimation des actions des militants écologistes?
p. 33 R E P O R T A G E
Six exemples de résistance créative p. 42 L A C A R T E
Accaparement des terres
p. 44 E S S A I
Thomas Schmid, expert pour le Proche-Orient, commente les aspirations du Printemps arabe
Alp Oberbärgli, Suisse, 25 août 2014
Bénédi� ion alpine pour l’Ar� iqueSur les hauteurs de Kander� eg (BE), la chanteuse bernoise Chri� ine Lauterburg soutient la lu� e de Greenpeace contre les géants pétroliers Gazprom et Shell avec leurs projets de forages en Ar� ique. Le porte-voix traditionnel fait retentir le message de la performance: les glaces, les animaux et les habitants du pôle Nord «sont uniques pour l’éternité».
© G R E E N P E AC E / N I C O L A S F O J T U
© O S CA R S I AG I A N / G R E E N P E AC E
Riau, Indonésie, 15 septembre 2014
Contre la mort des tourbièresUn linceul symbolique couvert de fl eurs pour prote� er contre le feu mis aux tourbières d’Indonésie. Les militants de Greenpeace s’opposent ainsi à la progres-sion des cultures d’huile de palme et demandent au gouvernement de durcir la législation environne-mentale.
© G R E E N P E AC E / S E B A S T I A N PA N I
Salta, Argentine, 4 o� obre 2014 A� ion � e� aculaireCinq militants de Greenpeace campent durant 25 jours dans la forêt du nord de l’Argentine pour bloquer les bulldozers des entreprises fore� ières. Arrêtés par la police, ils seront relâchés au bout de quelques heures. L’a� ion vise à inciter le gouvernement à faire re� e� er la loi nationale sur la forêt.
Batang, Indonésie, 23 septembre 2014 Exi� ences menacéesDes paysans, des pêcheurs et des militants de Greenpeace prote� ent dans une rizière contre une énorme centrale au charbon projetée par le gouvernement dans la province du Java central. La centrale menacerait l’alimentation, mais aussi la nature, la qualité de vie et les droits humains, signalent les pancartes.
© Y U D H I M A H AT M A / G R E E N P E AC E
10Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
Près d’un demi-siècle après le mouvement de 1968 et son slogan «anti-adultes», les droits et les libertés conquises depuis cette époque sont aujourd’hui menacés. Dans le sillage de la guerre contre le terrorisme lancée au début du siècle, les services secrets ne se gênent pas pour enregistrer et dépouiller nos données électroniques. Les populations pourtant hostiles à ces pratiques n’ex-priment pas d’indignation collective. Pas de grands remous non plus autour des accords commerciaux, comme le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI). Ceux-ci menacent pourtant la démocratie et l’État de droit, notamment en abaissant les normes dans des domaines aussi variés que le travail, les garanties sociales, l’environ-nement, la protection des données et les droits des consommateurs, et en dérégulant les services publics (comme la distribution d’eau potable). Et la majorité de la population suisse ignore proba-blement que la liberté d’expression et de réunion est souvent remise en cause par les coûts considé-rables mis à la charge des manifestants (par exemple
pour une présence policière disproportionnée). Qui osera encore appeler à une manifestation spontanée ou à une action non violente dans ces con ditions?
Durant vingt-neuf ans, Greenpeace Suisse a lutté contre les injustices. Aujourd’hui nous franchis-sons l’étape des 30 ans. Une table ronde organisée en novembre sur le thème de la résistance non violente a été l’occasion de marquer le jour anniversaire de la fondation de notre organisation. Si l’action déve-loppée par Greenpeace à l’échelle mondiale s’avère e� cace, la légitimité de la désobéissance civile est néanmoins remise en cause. Une banderole suspen-due sans autorisation préalable des autorités – un «délit» du même poids qu’une amende de stationne-ment – su� t à faire bondir la jeunesse d’un parti zurichois. C’est le signe d’une intolérance qui se fait sentir également en Suisse. À travers le monde, les dérives se multipli ent: restriction de la liberté de manifester ou de la liberté de la presse, et crimi-nalisation croissante des activistes des mouvements environnementaux. L’Espagne prévoit ainsi de restreindre le droit de manifester; le Japon s’attaque à l’égalité femmes-hommes, à la liberté de la presse et au droit à l’information ; aux États-Unis et au Cana-da, le militantisme écologique est souvent assimilé au terrorisme. Sans parler du cas de la Russie, qui aligne les ONG sur la politique de l’État, quand elle les tolère encore. L’Inde, le Brésil, l’Australie et d’autres pays ne sont pas en reste.
Méritons-nous encore votre con� ance, chères adhérentes et chers adhérents de Greenpeace, même après le seuil des 30 ans d’existence? À vous de trancher! Il nous semble que ce n’est pas le moment de baisser les bras. Continuons de lutter pour un monde équitable et paci� que, en con� ance avec vous, si vous le voulez bien.
Co-directionMarkus Allemann et Verena Mühlberger
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MENTIONS LÉGALES GREENPEACE MEMBER 4/2014
Éditeur / adresse de la rédaction:Greenpeace SuisseBadenerstrasse 171Case postale 93208036 ZurichTéléphone 044 447 41 41Téléfax 044 447 41 [email protected]
Changements d’adresse: [email protected]
Équipe de rédaction: Tanja Keller (responsable), Hina Struever, Barbara Lukesch, Samuel Schlae� i, Marc RüeggerAuteurs:Esther Banz,Susan Boos, Rita Emch, Hannes Grassegger, Martina Huber, Thomas Niederberger, Samuel Schlae� i, Thomas Schmid, Daniela SchweglerPhotographes:Enrique Castro-Mendivil, Sava Hlavacek, Daniel Müller, Denis SinyakovTraduction en français:Nicole Viaud et Karin VogtMaquette:Hubertus Design
Impression:Stämp� i Publikationen AG, BernePapier couverture et intérieur:100% recycléTirage:103 000 en allemand, 22 000 en françaisParution:quatre fois par année
Le magazine Greenpeace est adres-sé à tous les adhérents (cotisation annuelle à partir de 72 francs). Il peut re� éter des opinions qui divergent des positions o� cielles de Greenpeace.
Pour des raisons de lisibilité, nous renonçons à mentionner systé-matiquement les deux sexes dans les textes du magazine. La forme masculine désigne implicitement les personnes des deux sexes, et vice-versa.
Dons:compte postal 80-6222-8Dons en ligne:www.greenpeace.ch/dons
Dons par SMS:envoyer GP et le montant en francs au 488 (par exemple, pour donner 10 francs: «GP 10»)
NE FAIS PAS CONFIANCE AUX PLUS
DE TRENTE ANS!
11Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
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NGreenpeace: M. Müller, vous avez analysé le bilan des centrales nucléaires suisses. Quellessont vos conclusions?
Kaspar Müller: Mes conclusions sont presque incroyables. La centrale nucléaire de Leibstadt et celle de Gösgen-Däniken manipulent leur bilan et contreviennent manifestement au Code des obligations. Tout ceci avec la bé-nédiction des sociétés de révision KPMG et Ernst & Young. Je peine à comprendre comment les autres experts en � nances, comptabilité et droit ou les universités peuvent se taire à ce sujet.Pourquoi Gösgen et Leibstadt manipule-raient-elles leur bilan?
Premièrement, ces bilans truqués leur per-mettent d’aboutir à un prix de revient modeste pour le courant nucléaire. Deuxièmement, cette manipulation sert à masquer la situation économique désastreuse des sociétés, qui devraient en principe être en redressement � nancier.Comment avez-vous eu l’idée de vous pencher sur cette thématique?
Il y a six ans, j’ai e� ectué un mandat intéressant pour l’Union européenne. Il s’agis-sait de comparer les di� érents fonds de gestion des déchets nucléaires et de désa� ecta-tion des pays de l’UE. J’ai eu la chance de rédiger une grande partie de ce rapport et donc de travailler le sujet à fond. Ensuite, j’ai étudié les rapports annuels de Leibstadt et Gös-gen. Les chi� res ne me paraissaient pas cohérents. J’ai donc passé beaucoup de temps à décortiquer les documents. Bénévolement, je précise. Je l’ai fait à titre privé, pour compren-dre ce qui se passe. Et quels sont les problèmes?
Je ne peux pas me prononcer sur les ques-tions techniques et de sécurité. Ce sont les questions de comptabilité et de � nancement qui ont retenu mon attention. C’est mon domaine de travail depuis plus de trente ans. Mais d’abord un mot sur la structure éco-nomique: les deux centrales nucléaires sont des sociétés par actions. Les actions sont ma-joritairement en possession des géants énergé-tiques Axpo, Alpiq ou FMB, et donc d’une série de cantons et de villes. Personne ne dis po se d’une majorité dans ces sociétés par actions, et personne ne va donc endosser la respon-sabilité en cas de di� culté économique d’une société de centrale nucléaire. Pour ce cas de
«LE NUCLÉAIRE N’A JAMAIS ÉTÉ
RENTABLE ET NE LE SERA JAMAIS»
Kaspar Müller, expert financier indépendant, dévoile de graves défauts dans le bilan des deux centrales nucléaires de Leibstadt et Gösgen. Il en résulte un prix artificielle-ment bas pour le courant nucléaire et une tromperie des contribuables.
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� gure, la loi prévoit que les autres exploitants de centrales nucléaires injectent de l’argent, s’ils sont en mesure de le faire. Or, la loi sur l’énergie nucléaire dit aussi que la Confé dération doit faire face à ces obligations � nan cières au cas où elles représenteraient pour les exploitants «une charge économique insupportable». Ceci équivaut à une garantie étatique en faveur des centrales nucléaires.Une centrale nucléaire en faillite sera donc à la charge de la collectivité?
Oui, c’est bien ça. Et ce serait dramatique, car les cantons qui ont déjà décidé la sortie du nucléaire – Bâle-Ville, par exemple – ne voudront certainement pas payer. Or une insol-vabilité des centrales nucléaires est très vraisemblable. Les coûts de production du cou-rant nucléaire, mais aussi de désa� ectation et de gestion des déchets sont totalement sous-estimés. La Confédération estime que le scellement du dépôt � nal pour déchets de haute activité interviendra en 2116. Où trou-ver l’argent pour couvrir les frais pour les cent prochaines années? En calculant correcte-ment, on arrive à une somme d’au moins 26 milliards uniquement pour les dix-huit an-nées à venir. Pour l’instant, les fonds comptent 5 milliards d’avoirs. Il manque donc encore 20 milliards.Pourquoi cette situation absurde?
Les calculs des dernières années étaient trop optimistes. On pensait réaliser des rendements juteux sur l’argent déjà versé aux fonds. La Confédération a récemment adapté les exigences de versement pour les dix-huit années à venir, constatant justement que les calculs se basaient sur des prévisions trop optimistes.Après ce délai, Gösgen et Leibstadt devraient être désa� ectées.
Oui. La Confédération prévoit une in� ation de 1,5% en moyenne et un rendement de place-ments de 3,5%. Et elle instaure à juste titre une marge de sécurité de 30% pour les coûts. Il est clair que les déchets nucléaires doivent être gérés et que cela va coûter. Mais le coût devrait être assumé par le pollueur et non par les contribuables.Pourquoi n’y a-t-il pas davantage d’argent dans ces fonds ? Cela fait quand même une trentaine d’années que les centrales sont en activité.
Les centrales n’ont commencé leurs verse-ments au fonds de désa� ectation qu’en 1985. Cet argent devrait servir au démantèlement des centrales. Le fonds de gestion des déchets – qui doit couvrir les coûts du stockage des déchets nucléaires sur le long terme – n’a été instauré qu’en 2001. Le principe de précaution n’a pas été respecté. C’est irresponsable, c’est de la mau-vaise gestion. De plus cette manœuvre a biaisé le coût du nucléaire, qui a pu être présenté comme plus bas qu’il ne l’est en réalité. L’énergie nu-cléaire n’a jamais été rentable et ne le sera jamais. En outre, les centrales peinent aujourd’hui à écouler leur courant trop cher, malgré un prix de revient prétendument très modeste. Avec un calcul correct, le nucléaire ne coûterait pas 4 ou 5 centimes, mais bien au-delà de 10 et même plutôt 20 centimes par kWh. Ensuite, les installa-tions ne sont pas correctement assurées, sinon le courant serait encore beaucoup plus cher.Revenons au bilan. Quelles sont les manipu-lations?
Il y a plusieurs problèmes graves. Première-ment, la valeur des titres versés au fonds de désa� ectation et au fonds de gestion des dé-
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N«Avec un calcul correct, le nucléaire ne coûterait pas 4 ou 5 centimes, mais 10 à 20 centimes par kWh.»
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chets n’est pas correctement déclarée au bilan. Gösgen et Leibstadt ne déclarent pas la valeur de marché réelle, mais une valeur hypo-thétique beaucoup plus élevée, qui pourrait théoriquement être un jour réalisée en Bourse. Ce procédé est illégal, le Code des obligations ne le permet pas. Pour les centrales de Beznau et de Mühleberg, les valeurs a� chées sont en revanche correctes. Les sociétés de révision sont d’ailleurs les mêmes, elles savent donc que la comptabilité de Leibstadt et Gösgen est contraire à la loi.Greenpeace et l’Association trinationale de protection nucléaire ont porté plainte contre Gösgen et Leibstadt il y a deux ans. Mais la procédure en justice n’a pas abouti.
Oui, c’est incompréhensible. Dans son ordonnance de non-lieu, le ministère public du canton de Soleure admet que le capital propre de Gösgen serait déjà épuisé à hauteur de 80% et que «des mesures de redressement � -nancier auraient été inévitables». Il partage donc mon analyse sur le fond. Or il poursuit: «Mais comme il s’agit de pertes strictement compta bles et que la liquidité de l’entreprise n’est pas mise en cause, les mesures de redressement � nancier prévues par le Code des obligations ne font pas sens.» Il décide donc un non-lieu. C’est in-croyable! Le ministère public n’est pas chargé d’interpréter la loi, il doit l’appliquer! C’est comme un automobiliste qui traverserait un village à 100 à l’heure parce qu’il est pressé. La police l’arrête, mais décide que la loi ne s’ap-plique pas dans son cas, sinon il aurait été en retard. L’ordonnance de non-lieu du ministère public du canton d’Argovie concernant Leib-stadt était d’ailleurs identique.Les centrales de Beznau et Mühleberg pré-sentent un bilan correct. C’est surprenant.
Oui, d’après ce que je vois. Mais il n’y a pas de chi� res détaillés, car les deux centrales ne sont pas des sociétés par actions autonomes. Elles sont intégrées à leur maison mère, Axpo ou FMB.Vous évoquez encore d’autres manquements. De quoi s’agit-il?
Le compte de résultats a� che des rende-ments calculatoires sur les titres, donc des rendements que l’on n’a pas réalisés. Sans ces rendements � ctifs, Leibstadt et Gösgen n’auraient pas pu verser de dividendes. Et les bilans de ces deux centrales présentent
à l’actif des éléments intitulés «coûts à amortir pour la fermeture, la désa� ectation et le traitement des déchets». Il est contraire au Code des obligations de porter ces coûts à l’actif. C’est tout simplement illicite!Quel est donc le manque à gagner pour Gös-gen et Leibstadt, au total?
À la � n 2011, c’était 969 millions de francs pour Gösgen et 868 millions pour Leibstadt. Selon la loi, le conseil d’administration devrait se déclarer en faillite ou prendre immédiatement des mesures de redressement � nancier. Les ac-tionnaires, donc les cantons, devraient alors assu-mer le problème et déclarer à leurs contribuables qu’ils doivent injecter environ un milliard de capital dans chacune des deux centrales. Mais ils se refusent à le faire.Alors, quel avenir?
Il est important que les contribuables comprennent qu’il y là de graves infractions à la loi, qui devraient être sanctionnées pour n’importe quelle entreprise. Ce sont d’ailleurs des délits poursuivis d’o� ce. Les ministères publics doivent donc intervenir de leur propre initiative contre les exploitants de Gösgen et Leibstadt. Les sociétés d’audit doivent elles aussi réagir, si elles ne veulent pas être complices d’entreprises qui contreviennent au Code des obligations.Propos recueillis par Susan Boos.
Ka� ar Müller, 62 ans, vit à Bâle. Économi� e et expert fi nancier indépendant, il e� aussi président de la fondation Ethos à Genève. De 1991 à 2012, il était membre de la commission Swiss GAAP RPC qui émet des recommandations relatives à la présentation des comptes.
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SOURCES: WHY CIVIL RESISTANCE WORKS (COLUMBIA UNIVERSITY PRESS, 2011); DROP YOUR WEAPONS (FOREIGN AFFAIRS, JULY/AUGUST 2014, EN LIGNE)
Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
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*SOURCE: LAND MATRIX, UNE BANQUE DE DONNÉES EN LIGNE CRÉÉE EN 2012, VISE À PRÉSENTER LES DIMENSIONS DU PROBLÈME ET À FAVORISER LA TRANSPARENCE. ELLE RECENSE LES DONNÉES DE TOUTES LES TRANSACTIONS CONCERNANT LA TERRE DEPUIS 2000, À PARTIR D’UNE SURFACE DE 200 HECTARES. LAND MATRIX EST PORTÉE PAR PLUSIEURS GRANDES ORGANISATIONS DU DOMAINE DE LA POLITIQUE ET DE LA RECHERCHE SUR LE DÉVELOPPEMENT.
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48Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
Il y a 150 ans, l’homme redé-couvrit l’apiculture et chercha à la rendre plus efficace. Résultat: les abeilles vont aujourd’hui plus mal que jamais. De plus en plus d’api-culteurs aimeraient élever leurs abeilles «le plus naturel-lement possible». En quoi les pratiques et les philoso-phies se différencient-elles? Réponse de trois apiculteurs engagés.
Par Esther Banz
Professeur de l’école Rudolf Steiner à la retraite, Hans Studerus est aussi musicien professionnel. À la mort de son père, il dut s’occuper de la ferme familiale alors qu’il était encore adoles-cent. L’apiculture fait partie de sa vie. Tout petit, il devait attraper les essaims. «Je n’aimais pas ça, car si le voile était percé, à chaque fois, j’étais piqué.» Adulte, il élèvera ses propres colonies. Il pratique d’abord une apiculture conventionnelle, mais «avec le temps, je me suis rendu compte que l’alimentation, la repro-duction et l’habitat – trois aspects cruciaux de tout élevage – étaient devenus de plus en plus arti� ciels et nocifs pour les abeilles». Un siècle et demi plus tôt, les abeilles se nourris-saient exclusivement de nectar, de miel, de pollen et d’eau. Elles ne se reproduisaient qu’au moyen de l’essaim et avaient un lieu de nidi� ca-tion stable. Puis, l’homme a voulu rentabiliser l’apiculture...
Nous sommes en Argovie, sur une pente surplombant l’Aar. Studerus se tient devant ses dix ruches, des «ruches populaires» de type Warré. Ce sont des armoires en bois spécialementconçues pour une apiculture naturelle. L’asso-
ciation Free TheBees, dont Studerus est un membre dirigeant, les a perfectionnées. Tout en haut de la ruche, il a déposé la nourriture des abeilles, un mélange d’eau sucrée, de miel et de thé. La norme veut que les abeilles soient nourries par l’apiculteur, y compris dans l’api-culture naturelle. Or, pour les membres de FreeTheBees qui veulent recréer le plus possible les conditions régnant dans la nature, toute alimentation arti� cielle devrait être proscrite (voir graphique p. 50). Mais à chacun de décider jusqu’à quel point, relativise Studerus.
Des abeilles «surprotégées»Le «retour aux sources» et l’élevage «natu-
rel» sont des termes qui sonnent bien. Mais voilà, il y a un hic dans ce retour radical à la na-ture tel que le prône FreeTheBees: sur son site Internet, on peut lire qu’il faut compter avec des pertes pouvant atteindre 90% pour les colonies élevées de manière absolument na-turelle. Sur dix colonies, donc, une seule survit – dans le meilleur des cas. Les autres sont victimes du parasite varroa qui suce le sang des abeilles, du moins celles qui n’ont pas déjà succombé aux bactérioses ou à la faim.
L’être humain et l’agriculture intensive en sont les principaux responsables. Les mono-cultures, très répandues, limitent considérable-ment l’o� re de nourriture, même en été. En Suisse, il n’existe plus d’abeilles mellifères sauvages (à ne pas confondre avec les abeilles sauvages solitaires). Ce sont du reste des apiculteurs qui ont introduit le varroa. Entre-temps, les conditions de vie des abeilles se sont tellement détériorées que des mesures d’urgence sont nécessaires pour les aider. Il s’agit notamment d’éradiquer le parasite et, les années comme celle-ci, où la production de miel a chuté, de les nourrir avec de l’eau su-crée. Sans notre aide, les abeilles mourront vraisemblablement.
Pour FreeTheBees, la conséquence logique est que «les colonies d’abeilles doivent ap-prendre à survivre sans traitement contre la var-roase, et donc à lutter seules contre le parasite»,
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LES ABEILLES, ENTRE LIBERTÉ ET PROTECTION
49Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
explique Studerus. Il pense qu’elles y arriveront si on leur en laisse le temps. Toutefois, le processus d’adaptation pourrait durer une bonne centaine d’années – aussi longtemps que l’apiculture moderne a mis pour rendre la vie confortable aux abeilles et les «surprotéger»: «Elles n’avaient plus qu’à fournir le plus de miel possible; elles ont ‹désappris› le reste, car on faisait le travail à leur place, notamment construire les alvéoles.»
Studerus ouvre l’une de ses ruches Warré. Huit rayons y sont suspendus. À la di� érence de l’apiculture conventionnelle, ses abeilles construisent elles-mêmes leurs rayons. Il expli-que: «C’est ce qu’on appelle le processus naturel de construction d’alvéoles. C’est la première tâche de l’essaim au printemps – auparavant la boîte est complètement vide. Le seul soutien que je leur apporte, c’est un peu de cire que je glisse dans la fente tout en haut. C’est là qu’elles construisent leurs premières alvéoles.
Laisser mourir les colonies trop faiblesQuelques jours plus tard, à environ soixante
kilomètres plus au nord, dans le Jura soleurois, Martin Dettli retire lui aussi de ses ruches des rayons «construits avec la cire que les abeilles ont produite et exsudée elles-mêmes», a� n de faire une démonstration. Dettli est président du groupe de travail AGNI (Arbeitsgruppe Naturgemässe Imkerei). Il a son propre site In-ternet, tient une chronique dans la Revue suisse d’apiculture et, à partir de l’an prochain, donnera des cours aux étudiants de la nouvelle � lière de formation continue préparant au diplôme d’apiculteur avec brevet fédéral. Dettli a tout le respect de Hans Studerus, qui, comme lui, défend la philosophie de l’asso-ciation Demeter concernant les populations d’abeilles, à savoir qu’une colonie est un orga- nis me et que la gaufre d’alvéoles en est un or-gane. C’est la raison pour laquelle Dettli renonce aux parois arti� cielles: «Je ne voudrais pas d’un organe étranger dans la ruche.»
La construction des alvéoles par les abeilles elles-mêmes est une caractéristique de l’api-culture prônée par Demeter. En outre, la repro-duction doit se faire par essaimage naturel. L’objectif, c’est que «les colonies restent ensem-ble et ne suivent pas une reine provenant de n’importe où». Martin Dettli est convaincu que les abeilles se retransmettent des informations:
«Les colonies d’abeilles doivent apprendre à survivre sans traitement contre la varroase.»
Hans Studerus
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Élever naturellement les abeilles:une même intention, trois méthodes
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• Élever et nourrir les abeilles en re� e� ant leur bien-être.
• Soigner les abeilles résist antes.• Utiliser des moyens naturels.• Promouvoir la diversité et un
éco syst ème vivant.
• Le rayon de collect e doit être limité à des zones non polluées, où l’on trouve de nombreuses e� èces. Le miel bio provient donc souvent de régions de montagne et de pays où pratiquement aucun pest icide n’est utilisé dans l’agriculture.
• La vieille reine peut être remplacée par une nouvelle – de préférence au moyen de l’essaimage naturel.
• Les parois médianes sont autorisées, avec de la cire de produ� ion biologique.
• Dans les ruches, sauf pour lutt er contre des maladies et des épidémies, seules des subst ances naturelles comme la propolis, la cire et les huiles végétales sont autorisées.
• Les acides oxalique et formique sont permis pour traiter la varroase.
• Pour passer l’hiver, il faut laisser d’impor-tantes réserves de miel et de pollen dans les rayons à couvain.
• L’alimentation artifi cielle des colonies est autorisée lorsque les réserves const ituées par les abeilles ne sont pas su� santes.
• Le miel crist allisé peut être réchauff é.
• Pour lutt er contre la varroase, aucune huile essentielle (p. ex. du thymol de synthèse) ne doit être utilisée.
• Les rayons qui renferment du couvain ne doivent pas servir à la product ion de miel.
• La dest ruct ion des abeilles dans les rayons ne doit pas être utilisée comme méthode associée à la récolte des produits coupées.
• Les ailes de la reine ne doivent pas être mutilées ou taillées.
• Il est interdit d’utiliser des abeilles génétiquement modifi ées.
• Le couvain des faux-bourdons ne doit pas être détruit (sauf comme moyen d’enrayer la varroase).
• Le pollen ne peut être récolté que si le ravitaillement des colonies n’est pas menacé. Il est interdit d’inst aller des pièges à pollen dans le trou d’envol.
Demeter
• La ruchée const itue dans son ensemble une entité. La reine est l’utérus de la colonie d’abeilles.
• La ruchée doit pouvoir se déve-lopper de manière organique.
• Une colonie d’abeilles doit pouvoir réguler elle-même un équilibre détruit; les mesures visent à encourager les méca-nismes d’autoguérison.
• Const ruct ion naturelle impérative.• Nombre limité de colonies d’abeilles dans
un même lieu.• Lors du choix de l’emplacement idéal pour
les ruches, privilégier les surfaces exploi-tées de manière biologique et dynamique.
• Reproduct ion et élevage uniquement par essaimage, sans formation de nou-veaux essaims.
• Les préparations proviennent de l’agricul-ture biodynamique.
• Le miel butiné par les abeilles doit const i-tuer une part essentielle des réserves d’hi-ver.
• Pas de miellée intermédiaire, c.-à-d. pas d’eau sucrée après la récolte de miel au printemps.
• Le miel doit être mis en bocaux sans être réchauff é.
• Ni l’élevage de reines et de larves ni l’insémination artifi cielle ne sont au-torisés.
• L’achat de reines sans colonie est interdit (l’achat avec colonie est pos-sible, mais elles doivent provenir uniquement d’élevages d’abeilles Demeter ou équivalents).
• Les méthodes visant à accroître la récolte de miel sont interdites.
• La cire ne doit pas présenter plus de 5 mg/kg de résidus de thymol (provient du traitement contre la varroase avec des huiles essentielles).
• Seules des races européennes sont autorisées, et donc pas de croisement avec des races d’autres continents.
FreeTheBees
• On suppose que l’abeille apprend au conta� de la nature et peut s’adapter aux change-ments.
• FreeTheBees cherche dès lors à copier le plus possible les conditions naturelles et à laisser la plus grande liberté possible aux abeilles.
• Lieu de nidifi cation st able.• Aucune mesure visant à accroître les rende-
ments.• Renoncement à toutes les interventions
possibles, y compris les compléments alimentaires. Les abeilles doivent se nourrir uniquement de ne� ar, de miel et d’eau, comme il y a 150 ans.
• Reproduct ion uniquement par essaimage.• Aucun traitement des colonies faibles ou
malades.
Aucune, uniquement des recommandations:
• L’apiculture doit être diversifi ée.• Les élevages mixtes sont encouragés.• La capacité d’adaptation des abeilles
aux modifi cations environnementales doit être favorisée (sélect ion naturelle).
51Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
«Le fait qu’elles constituent un organisme et leur savoir commun sont des éléments cru-ciaux pour moi.» Il n’y a pas de problème d’endogamie, «car les abeilles vont loin et sont fécondées par divers faux-bourdons». Dans cette méthode naturelle de reproduction, il est parfois nécessaire de dissoudre une colonie: «Tu ne peux pas protéger tout ce que la nature propose, il faut aussi � xer des limites.» Dettli fait donc ce que la nature ferait aussi: laisser mourir les colonies faibles. Mais, contrairement aux membres de l’association FreeTheBees, il permet aux plus fortes de survivre grâce à des soins et à une alimentation ciblés.
Martin Dettli explique: «De nos jours, l’apiculture est toujours un compromis extrême.» Avec le soutien de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), cet agronome de formation s’est intéressé au traitement de la varroase. Ses conclusions con� rment la thèse de FreeTheBees selon laquelle les abeilles seraient en mesure de venir elles-mêmes à bout de ce parasite qui les menace. Avec une réserve de taille toutefois: «Dans notre environnement actuel, les colonies d’abeilles ne peuvent y arriver qu’avec l’aide de l’homme. Sans lui, il y aurait trop peu de nourriture.» Dettli en est convaincu: «Plus les conditions extérieures sont di� ciles, plus les apiculteurs doivent intervenir pour com-penser les lacunes.» Le fait que Martin Dettli prenne à ses colonies la plus grande partie de leurs réserves de miel – comme le font tous les apiculteurs à l’exception des représentants de FreeTheBees – et leur donne en échange de l’eau sucrée ne constitue pas une contradiction pour ce membre de Demeter. Il déclare: «Dans ce partenariat spécial, l’homme a droit au miel et aux autres produits des abeilles tels que la propolis et le pollen.» Pourquoi? «Dé-jà uniquement d’un point de vue médical, ces produits sont pour nous un don de la nature.»
Élever des superabeilles?La propolis est célébrée par les experts
fédéraux d’Agroscope comme le «plus puissant antibiotique naturel». Marco Paroni rentre dans le cabanon pour chercher un peu de ce pro-duit qu’il transforme, comme Martin Dettli et d’autres apiculteurs, en une teinture. Paroni exploite une centaine de colonies. Ses ruches sont placées à di� érents endroits, mais jamais plus de 17 à la fois et toutes à quelques mètres de
«Tu ne peux pas protéger tout ce que la nature propose, il faut aussi fixer des limites.»
Martin De� li
52Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
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distance les unes des autres. Il est l’un des rares apiculteurs professionnels en Suisse. Il peut en vivre, déclare-t-il non sans � erté. Paroni est apiculteur certi� é bio, ce qui ne signi� e pas que ses méthodes fassent l’unanimité. Au contraire: les représentants de FreeTheBees sont ses plus violents détracteurs. La raison? Il élève ses propres reines et ne laisse pas les colonies décider quand et comment elles vont se reproduire, mais intervient pour améliorer la génétique de ses abeilles mellifè-res – une méthode inadmissible pour de nombreux adeptes de l’apiculture naturelle, mais aussi pour Demeter.
Marco Paroni est toutefois convaincu du bien-fondé de cette approche et n’aurait pas peur d’un débat public sur le sujet, s’il y en avait un. Selon lui, sa méthode est la plus judicieuse pour assurer la survie des abeilles mellifères: «Avec l’élevage, l’homme a maintenu en vie des abeilles que la nature aurait éliminées. Le résultat, ce sont les abeilles faibles que nous avonsaujourd’hui. C’est pour moi l’une des raisons principales de la mort des abeilles et ce qui me conduit à élever des abeilles qui répondent aux exigences actuelles.»
Créer une superabeille, capable de braver les menaces causées par l’homme? Marco Paroni n’est pas le seul à caresser cette idée. Au fond, la philosophie de FreeTheBees va elle aussi dans ce sens, même si elle n’admet aucune intervention arti� cielle: dans une nature hostile aux abeilles, seules les plus résistantes doivent survivre. Pour Hans Studerus, il faudrait aller plus loin: «Ne devrait-on pas mo-di� er aussi cet environnement néfaste et créer un biotope dans lequel les abeilles et les autres insectes pourraient à nouveau exister?» s’interroge-t-il en regardant le paysage verdoyant mais traité aux pesticides et où, vers l’ouest, pointe la silhouette de la centrale nucléaire de Gösgen. www.freethebees.chwww.paronihonig.chwww.summ-summ.ch
Greenpeace s’engage pour une agriculture sans pe� icides: vidéos et infos sous protegeonsabeilles.ch.
Marco Paroni
53Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
Greenpeace: Andreas Weissen, vous reprenez la lutte pour la protection des Alpes. Qu’est-ce qui vous y pousse?
Andreas Weissen: Les régions de montagne sont un biotope merveilleux, mais extrêmement sensible. Si le deuxième tube est réalisé, la protection des Alpes sera du pipeau. Je veux em-pêcher cela.L’article 84 de la Constitution exige que la Confédération «protège les Alpes contre les e� ets négatifs du tra� c de transit» et qu’elle limite les nuisances à un niveau qui ne porte pas atteinte aux êtres humains, aux animaux, aux plantes et à leurs espaces vitaux. Est-ce le cas?
Sûrement pas. Au lieu des cinq millions de tonnes de marchandises qui transitaient autrefois par la Suisse, on en a aujourd’hui envi-ron trois fois plus! Et voilà que le Conseil fédéral veut encore doubler la capacité du tun-nel en construisant un deuxième tube…Le Conseil fédéral dit qu’il souhaite ce deuxième tube seulement pour assainir le tunnel qui aura bientôt 35 ans.
C’est uniquement un prétexte pour imposer un second tube. Après le rejet massif du contre- projet Avanti prôné par le Conseil fédéral en 2004, qui prévoyait un assouplissement de l’article sur la protection des Alpes et aurait
FAIRE UN PIED DE NEZ AU DIABLE
POUR LA TROISIÈME FOISLe Conseil fédéral propose la construction d’un second tube au tunnel autoroutier du Gothard, non pas pour accroître les capacités de transport, mais pour permettre la réfection du premier tunnel. Andreas Weissen, père de l’initiative sur la protection des Alpes approuvée par le peuple en 1994, est de nouveau sur le pied de guerre. Responsable de la campagne contre un deuxième tube, il veut empêcher qu’avec l’augmentation du trafic routier, la protection des Alpes ne tourne à la farce.
Une a� ion de Greenpeace à l’entrée nord du tunnel du Gothard en 1990
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N permis la construction d’un deuxième tunnel au Gothard, il essaie maintenant de nous vendre la chose sous un autre emballage.Il nous jouerait un mauvais tour?
Très mauvais. La conseillère fédérale Doris Leuthard déclare qu’il s’agit d’un projet de réfection comme n’importe quel autre. En réalité, il s’agit d’un doublement de l’infrastructure. La protection des Alpes, décidée par le peuple, sera complètement laminée.Comment faire, sinon, pour résoudre le pro-blème de l’assainissement?
Au moyen d’une autoroute ferroviaire: les voitures et les poids lourds peuvent être pro-visoirement transportés par des trains. À moyen terme, le transport des marchandises devra de toute façon être assuré par le rail dans des conteneurs. On a quand même investi 24 milliards de francs dans les NLFA et les nouvelles infrastructures ferroviaires destinées à assurer ce transfert! La ministre des Transports a� rme que la capacité ne sera pas accrue, car, après l’ouverture du second tube en 2027, les tun-nels ne pourront être utilisés que sur une voie dans les deux sens.
Madame Leuthard peut dire ce qu’elle veut. Lorsqu’elles auront été construites, les quatre voies seront utilisées. L’ancien conseiller fédéral Hans Hürlimann avait promis, lors de l’ouver-ture du tunnel, qu’il ne deviendrait jamais un corridor à poids lourds. Les conseillers fédéraux partent, les camions arrivent.Vous ne croyez pas Doris Leuthard?
Une fois que le deuxième tunnel sera là, on se dira: pourquoi avoir construit un second tube qui n’est utilisé qu’à moitié et devant lequel les voitures bouchonnent? La Constitution et la loi seront alors rapidement modi� ées avec, comme conséquence, qu’on aura au Gothard deux fois plus de camions qu’aujourd’hui. Au Brenner, on en compte deux millions. Chez nous, il y en aura bientôt autant au lieu des 1,3 million actuels. Le tra� c de transit entre Bâle et Chiasso deviendra infernal. Les accidents et la pollution atmosphérique augmenteront massivement. Deux tunnels ne seraient pas plus sûrs? D’après les normes de l’UE, il est même inter-dit d’en construire à une seule voie.
Au contraire. Les accidents augmenteraient, car, en doublant la capacité du Gothard, le tra� c
de transit progresserait fortement. De plus, le second tunnel coûtera trois milliards de plus qu’un assainissement avec une autoroute ferroviaire. De l’argent qu’on aurait pu a� ecter ailleurs, pour résoudre des problèmes de circulation plus urgents dans les aggloméra-tions – y compris des mesures pour améliorer la sécurité. Il y a régulièrement des bouchons au Gothard. Ne faut-il pas y remédier?
Les problèmes de tra� c les plus graves ne se trouvent pas au Gothard, avec les bouchons le week-end et lors des départs en vacances, mais chaque matin et chaque soir, à la périphérie des villes. D’ailleurs, au Gothard, les conteneurs pourraient déjà être chargés sur le rail.Pourquoi un routier devrait-il se convertir au transport ferroviaire?
C’est le moyen de transport le plus écolo-gique, le plus sûr et le plus e� cace. Mais comme le rail paie des salaires décents, cela coûtera plus cher que les salaires de misère des chauf-feurs de poids lourds d’Europe de l’Est qui traversent la Suisse.Le conseiller national UDC Ulrich Giezen-danner, qui est patron d’une entreprise de transport, prétend qu’il n’y a pas assez de capacités pour transporter toutes les mar-chandises sur le rail.
«Au lieu des 1,3 million de camions actuels, on en aura bientôt 2 millions. Les accidents et la pollution atmosphérique augmenteront massivement.»
Les capacités existent. Avec les nouveaux tunnels de base au Lötschberg et au Gothard, on pourrait transporter 30 millions de tonnes par le train. Pour résoudre les problèmes au Gothard, vous proposez une Bourse du transit alpin, une sorte de système de réservation.
Oui, cela fonctionne parfaitement avec le tunnel sous la Manche: celui qui a un billet peut emprunter le tunnel en train. Dans le tra� c alpin, on pourrait aussi introduire un système de réservation et négocier les droits de passage. Le prix serait plus ou moins élevé suivant la demande.Un tel système de sas ne revient-il pas à tor-piller la libre circulation des marchandises dans l’UE?
On aurait une libre circulation des marchan-dises cadencée selon les capacités des routes. D’ailleurs, peu importe aux bananes si elles sont transportées par le train ou par camion. Les marchandises peuvent être échangées librement, mais sur de longues distances, il convient d’utiliser le moyen de transport le moins nocif pour l’homme, la faune et la � ore. Or, c’est le train.De toute façon, de nombreux transports de marchandises sont un non-sens écono-mique, n’est-ce pas?
Naturellement! L’eau minérale, qui est trans-portée d’un côté du Gothard vers l’autre, en fournit un exemple. Le tunnel du Mont-Blanc, où des camions chargés de San Pellegrino croisent ceux qui transportent de l’Evian. Le lait traverse la moitié de l’Europe pour être transfor-mé en yaourt. Des porcs vivants sont trans-portés de Belgique en Italie dans des camions à bestiaux; au bout d’un mois, on peut les abattre et vendre leur viande comme jambon de Parme d’origine contrôlée. Au moins le transport de produits in-� ammables est interdit dans les tunnels des Alpes…
…avec pour résultat que 90% des matières dangereuses traversent le col du Simplon à 2000 mètres d’altitude. C’est une vraie bombe à retardement. Mais la conseillère fédérale Doris Leuthard ne veut rien entendre d’un trans-fert vers le rail. Ainsi, chaque jour, nous nous attendons à ce qu’une grande catastrophe écolo-gique arrive si les freins d’un camion lâchent.Donc, adieu la route et vive le rail?
Certainement! Qu’il s’agisse de bananes ou de produits dangereux, le transport ferroviaire est mille fois plus sûr que la route.Quelle légende aimeriez-vous raconter après la votation contre le deuxième tube?
Que nous avons pu, pour la troisième fois, faire un pied de nez au diable. Lors de la construction du pont de Schöllenen, les Uranais avaient récompensé le diable de son aide, non pas en lui livrant une âme, comme il était convenu, mais un bouc. Toutefois, assoi� é de vengeance, le diable enverra des siècles plus tard des colonnes de poids lourds nauséa-bondes au travers du Gothard. Avec l’Initiative des Alpes, les citoyens suisses ont mis un terme à ce dessein diabolique en 1994. Après la votation, j’aimerais pouvoir raconter qu’avec le non au deuxième tunnel, nous avons préservé le pays d’un tra� c de transit infernal.Propos recueillis par Daniela Schwegler.
Greenpeace Suisse e� l’une des cinquante or-ganisations nationales et régionales à faire partie de l’association «Non au 2e tube au Gothard», qui veut empêcher une pollution inutile des Alpes. Le délai référendaire expire le 15 janvier 2015. Téléchargez donc dès maintenant les formulaires de signature, remplissez-les et envoyez-les à: www.initiative-des-alpes.ch.
Le militant valaisan Andreas Weissen, âgé de 57 ans, dirige la campagne de l’association «Non au 2e tube au Gothard». Il s’e� fait connaître comme président et militant de l’Initiative des Alpes (jusqu’en 2009) et comme re� onsable du Programme alpin du WWF (de 2001 à 2005). De 2007 à 2009, il était membre du Conseil de fondation de Greenpeace Suisse. Andreas Weissen a fait des études de journalisme, de pé-dagogie et d’hi� oire économique et sociale à Berne et à Fribourg. Il aime le cor des Alpes et les randonnées en montagne, et adore raconter des légendes. www.andreas-weissen.ch
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Des sympathisants du monde entier couchent Greenpeace sur leur te� ament
Une nouvelle communauté e� en train de se con� ituer. Ceux qui en font partie ne se connaissent pas forcément. Mais tous sont unis, aux quatre coins de la Terre, par un vœu commun: celui que leur soutien à Greenpeace soit également e� cace à l’avenir grâce à leur te� ament.
Qu’il s’agisse de Mary Ambrose, femme d’a� aires cana-dienne à la retraite, de Bob Do� erho� , père de famille hollan-
dais, de Jürg Heep, prote� eur de l’environnement au� ralien, ou de la chimi� e et hygiéni� e du travail Barbara Martens, en Suisse, toutes et tous se trouvent, person nellement, dans une situation familiale ou un environnement culturel di� érents. Pourtant, une même motivation les anime: ils souhaitent la paix, la durabilité et la prote� ion de la planète.
Comment pourrions-nous remercier tous ceux qui nous soutiennent? En utilisant les fonds qu’ils nous ont légués pour fi nancer notre travail quotidien: lu� er contre le changement
LE DÉSIR COMMUN D’UN AVENIR VERT ET PACIFIQUE
Mary AmbroseCANADA
«J’ai décidé de léguer mon argent à des amis qui ont tra-vaillé dans des professions mal payées et à Greenpeace. Comment ne pas soutenir une approche non violente pour sauver la planète d’une de� ru� ion irréversible? J’ai travaillé pour Greenpeace et j’ai vu comment l’organisa-tion s’engage, en notre nom, contre la convoitise et la bêtise. Je soutiens Greenpeace — de mon vivant et après.»
Barbara F.ÉTATS-UNIS
«Je ne peux pas m’imaginer une meilleure façon de mourir qu’en sachant que l’on a tout fait pour soutenir et conserver ce qui nous a ren-dus heureux. Et ce, non seulement pendant notre vie, mais aussi après. On peut utiliser sa propre fortune pour préserver et renforcer ce qui nous tient à cœur. Notre vie sur Terre e� éphémère. Donnons-lui un sens — dès maintenant, mais aussi pour l’avenir!»
Bob Do� erho� PAYS-BAS
Il était clair pour Bob qu’une partie de son héritage irait à une cause ju� e. Son choix s’e� porté sans hésiter sur Greenpeace qu’il soute-nait fi dèlement. «J’ai aimé la nature dès mon plus jeune âge. Aujourd’hui encore, l’endroit où je me sens le mieux, c’e� la forêt. Je peux re� er allongé des heures durant sur le sol et jouir des odeurs, des couleurs et des bruits qui m’environnent.» Barbara Martens
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«Les animaux, la prote� ion de la nature et le bonheur des enfants issus de milieux défavorisés sont importants pour moi. Je me suis décidée pour Greenpeace, parce que le courage et la désobéis-sance civile m’impres-sionnent, et parce que cela corre� ond à ma person-nalité.»
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climatique, défendre l’Ar� ique d’une exploitation abusive, pro-téger les océans de la planète et nos forêts primaires ainsi que leurs habitants.
Greenpeace apprécie toute forme de don. Mais un don sous forme de legs va au-delà du simple soutien fi nancier. Il s’agit d’un message hautement moral et porteur de valeurs à ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir, mais aussi aux générations futures, dont la tâche e� de préserver la na-ture.
De plus en plus de gens suivent cet exemple et couchent Greenpeace sur leur te� ament.
Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, veuillez conta� er Muriel Bonnardin par téléphone au numéro 044 447 41 64 ou par courriel à l’adresse: claudia.� [email protected]. Vous trouverez un aperçu des possibilités exi� antes sur notre site Internet: www.greenpeace.ch/legs.
LE DÉSIR COMMUN D’UN AVENIR VERT ET PACIFIQUE
Francine ToussaintBELGIQUE
«J’ai rédigé ce te� ament en faveur de Greenpeace, car j’aimerais m’engager pour l’avenir de notre société et de notre environnement. Green-peace e� l’une des rares organisations qui s’en sou-cient et qui lu� ent pour cela.»
Pascal BoriesFRANCE
«La prote� ion de l’environ-nement me tient à cœur. Je ne peux pas comprendre pourquoi les êtres humains détruisent la planète dans une logique de profi t à court terme. Cela m’a� ri� e.»
Maike et Stephan BöhmALLEMAGNE
«Nous n’avons pas d’enfants et nous aimons beaucoup la nature. Il allait donc de soi pour nous de faire un legs à Greenpeace en tant qu’or-ganisation écologique en-gagée et puissante.»
Fabrizio GobbiITALIE
«Notre vie e� trop courte pour que nous puissions en-core voir le monde guéri de toutes ses blessures. Avec un legs en faveur de Green-peace, j’aide les prochaines générations à continuer de protéger notre planète. Nous n’en avons qu’une à notre di� osition, non comme un moyen, mais comme une fi n en soi.»
Jürg Heep († 2011)AUSTRALIE
Sa compagne Imogen témoigne: «La plénitude de la vie de Jürg témoigne de sa générosité, de son expérience de la vie et de son engagement pour la prote� ion de l’environnement. La nature était sa grande passion et la préservation des lagunes à l’e� du Gippsland aura été son plus beau cadeau à ses proches.»
Anders BjerkénSUÈDE
«Mes hobbies ont toujours été liés à la nature: faire de la voile ou du canoë-kayak, plonger. La mer me tient à cœur. Je soutiens Greenpeace depuis des années, car c’e� une organisation remar-quable, qui fait du bon travail. Mais la défense de l’environ-nement ne connaît pas de limites temporelles et doit se poursuivre après ma mort. C’e� pourquoi Greenpeace fi gure parmi mes légataires.»
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58Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
Depuis les années 1960, l’industrie pétrolière russe est responsable d’une
marée noire insidieuse dans la République des Komis, située à 2000 km à l’est de
Moscou, aux portes de l’Arctique. Elle y exploite trois immenses champs pétro-
lifères sans se soucier de la nature ni des habitants.
Photos: Daniel Müller et Denis Sinyakov
Aujourd’hui, le territoire des Komis est truffé de trous de forage – plus de 3000! –, sillonné de milliers de kilomètres d’oléoducs et de nombreuses routes et installations utilisées par les grands groupes pétroliers.
La section russe de Greenpeace opère dans cette région depuis des années. En août 2014, une Oil Spill Patrol composée de 44 militants et bénévoles originaires de treize pays s’est rendue sur place pour localiser, étudier et nettoyer les fuites de pétrole.
Au bout d’une semaine, ils avaient repéré 25 sites pollués et récupéré 50 tonnes de pétrole. Avec la popula-tion, des militants locaux et des représentants des grands groupes pétroliers, ils ont élaboré des recomman-dations à l’attention des autorités locales.
Les autochtones de Sibérie et de Russie septentrionale et orientale – environ 250 000 personnes – sont l’un des groupes les plus menacés. Leur économie et leurs formes de vie traditionnelles dépendent directement de la pêche, de la chasse et de l’élevage des rennes. Les activités pétrolières ont des conséquences sociales catastrophiques pour eux.
Le taux de suicide en Russie est déjà un problème national. Dans la République des Komis, il est presque deux fois plus élevé – et trois fois plus dans les communau-tés indigènes.
UN AVENIR SOMBREP
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Greenpeace Russie
Greenpeace Russie a documenté plus de 200 cas de fuites de pétrole dans la République des Komis et transmis en 2011 les preuves correspondantes à Rospri-rodnadzor, le service régional responsable de la gestion des res-sources naturelles. Ce dernier a véri� é et con� rmé neuf cas de fuites à proximité d’Usinsk et de Vozisky. Il a ensuite demandé à Lukoil de remédier aux dégâts provoqués. Le grand groupe pétro-lier n’ayant ni pris en charge les coûts occasionnés ni nettoyé les zones polluées, le cas a été trans-mis à un tribunal.
La tentative de Lukoil* de contester ce jugement a échoué. L’amende, d’un montant de 13,5 millions d’euros est en soi un succès pour Greenpeace Russie, car les amendes in� igées pour de tels accidents pétroliers sont rare-ment supérieures à 1000 euros. Face à une jurisprudence aussi laxiste, les compagnies pétrolières ne se sentent pas obligées de changer quoi que ce soit à leurs pratiques irresponsables sur le territoire komi. C’est la raison pour laquelle les accidents pétro-liers y sont si fréquents.* Le groupe Lukoil, qui exploite les oléoducs, est exclusivement représen-té par sa � liale Litasco SA, dont le siège se trouve à Genève. Litasco est responsable de la commercialisation mondiale du pétrole provenant de l’exploitation en Russie et du � nan-cement du groupe.
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1 et 4 Idylle trompeuse: la Kolva a l’air propre, mais elle e� régulièrement polluée par des ruptures d’oléoducs — il y a 17 ans, 100 000 tonnes de pétrole se sont écoulées dans ce� e rivière.
2 Poison: les habitants du village se ravitaillent en eau à un réservoir contaminé. L’eau a une odeur nauséabonde et un goût de métal.
3 Maigre prise: «Il y a quarante ans, les saumons qu’on pêchait avaient la longueur de mon bras», explique ce pêcheur des bords de la Kolva. Aujourd’hui, ils sont rares et contiennent un taux anormalement élevé de sub� ances toxiques.
5 Situation préoccupante: à 84 ans, l’ancien éleveur de rennes Viacheslav Vasilievich aide encore à cultiver des pommes de terre. «Les récoltes diminuent depuis des années à cause du pétrole», se lamente-t-il.
6 Passé révolu: Vasilievich montre une photo de l’époque où ses 2000 rennes paissaient encore sur des terres non polluées. Aujourd’hui, les 3000 trous de forage rendent l’élevage impos-sible.
7 Pauvreté: bien qu’il n’ait que 200 euros par mois pour vivre, il e� le 70e sur la li� e d’a� ente de la maison de retraite. Les nombreuses décora-tions qui lui ont été décernées en tant qu’éleveur de rennes ne lui sont d’aucune aide.
8 Travail ingrat: deux bénévoles de la Oil Spill Patrol ne� oient une étendue d’eau près d’Usinsk, une a� ivité pénible et salissante.
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Photo Award:les gagnants
Cet été, Greenpeace a lancé, avec le magazine Geo, un concours s’adressant aux photographes professionnels de Suisse et d’Allemagne. Nous leur avons demandé de soume� re des projets de reportage inédits portant sur le thème de l’environ-nement et se di� inguant par un regard novateur sur le sujet. Sur plus de cent projets reçus, le jury en a nominé huit qui ont été notés par 6000 visi-teurs du site www.photo-award.org. Le Prix du public a été décerné à Manuel Bauer pour son reportage intitulé Sam Dzong — un vil-lage déménage. Manuel Bauer décrit Sam Dzong, dans l’ancien royaume du Mu� ang, comme «le plus bel endroit du monde». Avec ses photos, mais aussi au moyen de dons, il s’engage pour des gens que le changement climatique a contraints de qui� er leur village et de recon� ruire leurs mai-sons dans une autre vallée. «Nous avons le projet ambitieux d’inaugurer le nouveau village vers le 20 mai 2015», explique Manuel Bauer. Le projet se prolongera au-delà: le déménagement se fera progressivement. «Il faudra encore plusieurs an-nées jusqu’à ce que les nouveaux champs soient fertiles.» Les deux Prix du jury sont allés à Dmitri Leltschuk, avec Mémoires d’un chasseur, et Uwe H. Martin, avec Landrush — Green Revolution 2.0. Ce dernier reportage présente des images radicales sur un sujet tragique: en Inde, de plus en plus de per-sonnes sont a� eintes de cancers à cause de l’uti-lisation de pe� icides. À bord du «train du cancer», Uwe H. Martin montre le prix que la société paie pour le progrès de l’agriculture. Dans ses Mémoires d’un chasseur, Dmitri Leltschuk se penche sur le changement clima-tique dans l’Ar� ique. La fonte de la banquise pousse les ours blancs de plus en plus près des zones habitées. Les photos de Leltschuk montrent des ours dont la fourrure e� râpée aux «coudes»
parce qu’ils ont dû nager trop longtemps, ou une patrouille � écialisée, dont le chef, un chasseur de la vieille école, e� devenu le prote� eur des ours et des hommes. Les prix � onsorisés par Greenpeace en 2015 per-me� ront aux trois photographes de réaliser leurs projets. Les deux Prix du jury, d’un montant de 10 000 euros chacun, seront publiés pour la pre-mière fois dans Geo; les photos du Prix du pu-blic, de 8000 euros, paraîtront dans le magazine Greenpeace. Le Greenpeace Photo Award e� organisé en partenariat avec le magazine Geo. Le jury de ce� e année se composait de Peter Pfrunder (dire� eur de la Fondation suisse pour la photographie), Ingo Taubhorn (conservateur aux Deichtorhallen, à Hambourg) et Ruth Eichhorn (réda� rice photo à Geo).Informations complémentaires: www.photo- award.org
Public EyeLife-time Award
Depuis 2005, Public Eye je� e un regard critique sur les pratiques commerciales de certaines en-treprises et o� re, avec ses «Awards», une plate-forme pour dénoncer publiquement les violations des droits humains, les conditions de travail dé-gradantes, la de� ru� ion de l’environnement ou la corruption. Les prix sont décernés chaque année durant le World Economic Forum (WEF) de Davos. Ils montrent aux a� eurs de l’économie mondiale que les pratiques commerciales méprisant la di-gnité humaine et polluant l’environnement ont des conséquences, pour les personnes concernées, mais aussi pour l’image de marque des entreprises. En 2015, nous dresserons un bilan. Nous voulons évoquer les succès, mais aussi montrer ce qui re� e à faire en matière de re� onsabilité des en-treprises. Le jury a séle� ionné des photos d’an-ciens «lauréats» pour lesquels les internautes peuvent voter en ligne depuis le 19 novembre 2014. L’entreprise qui aura obtenu le plus de voix se verra décerner le Public Eye Lifetime Award à Davos.Vous souhaitez voter? Parmi les pires entreprises, vous avez le choix entre Walmart (commerce de détail), Chevron (énergie), Dow Chemical (chimie) et Goldman Sachs (fi nance), mais aussi le géant suisse des matières premières Glencore et le grand groupe énergétique russe Gazprom.Pour en savoir plus sur les nominés et voter, ren-dez-vous sur www.publiceye.ch.
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67Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
La prote� ion des forêts à la croisée des chemins
Par Stefan Kerschbaumer. Le label FSC e� censé préserver les dernières forêts primaires et garantir une exploitation fore� ière sociale et écologique. Dans une étude, Greenpeace a révélé de graves anomalies au niveau de la certifi cation. Après d’âpres négociations, le label devrait être renforcé. La demande de bois certifi é FSC augmente. Cela semble une bonne nouvelle. Le Fore� Steward-ship Council (FSC), fondé il y a une vingtaine d’années, n’avait-il pas pour obje� if d’établir une norme internationale pour une ge� ion durable des forêts? «Or, la demande de bois FSC e� supé-rieure à l’o� re. Les gros acheteurs européens, en particulier, exigent des garanties de durabilité et font confi ance au label FSC», explique A� i Roesle, � éciali� e des forêts auprès de Greenpeace. Pre-nant l’exemple de la Russie, elle explique com-ment ce� e situation peut transformer le label en une menace pour les forêts au lieu de les protéger. La Russie e� , après le Canada, le deuxième plus gros fournisseur de bois certifi é FSC. Les fore� iers exploitent une surface de 38,5 millions d’he� ares, une région plus grande que l’Allemagne. Toutefois, contrairement à l’obje� if initial du label, ils pra-tiquent des coupes à blanc dans de nombreuses forêts certifi ées FSC de la taïga russe. Des ONG locales parlent déjà de «wood mining», et donc d’aba� age des arbres plutôt que d’exploitation fo-re� ière. De nombreuses entreprises russes surex-ploitent sy� ématiquement la forêt et pillent ses réserves sans vergogne. À cause du climat rude, les forêts ne se régénèrent que très lentement et le re-boisement n’e� pas rentable. Pour être malgré tout en mesure de répondre à la demande en bois label-lisé FSC et continuer d’exporter, les exploitants ont commencé à aba� re des forêts primaires encore préservées. «Sans le label, de nombreux produc-teurs qui exploitent des forêts méritant d’être pro-tégées n’auraient pas de clients», ajoute Roesle.
Lors de l’Assemblée générale de septembre, Greenpeace a expliqué aux membres du FSC que la prote� ion des dernières forêts inta� es dans le cadre de la certifi cation était insu� sante. Faute d’alternatives, le label FSC re� e toutefois l’in� ru-ment le plus puissant pour garantir une exploita-tion fore� ière durable. C’e� la raison pour laquelle Greenpeace s’e� ba� ue pour que le label soit ren-forcé – avec succès: FSC doit prendre des me-sures, surtout pour conserver les dernières forêts primaires inta� es. Il s’agit notamment de cher-cher d’autres formes d’exploitation fore� ière, avec des entreprises plus petites. Greenpeace s’enga-gera pour que ce� e décision soit rapidement mise en œuvre et pour que le FSC redevienne un label qui assure une prote� ion e� cace des forêts. Greenpeace Suisse recommande aux consom-mateurs de privilégier en premier lieu le bois FSC suisse, puis le bois suisse sans label ou le bois FSC en provenance d’Allemagne.
Plutôt que des comprimés d’iode — fermons
les centrales!Cet automne, près de cinq millions de Suisses ont trouvé dans leur boîte aux le� res un cadeau inat-tendu: une boîte de comprimés d’iode. En orga-nisant ce� e di� ribution, les autorités adme� ent qu’un accident dans une centrale nucléaire peut se produire à tout moment. Il e� e� arant de voir la manière dont les représentants o� ciels laissent entendre que ces comprimés protégeraient la po-pulation en cas d’urgence. Greenpeace ne pouvait laisser passer un message aussi incomplet. Pen-dant plus d’un mois, nous avons sensibilisé la po-pulation au problème — notamment en di� ribuant un fl yer provocateur — et avons exigé une réa� ion. Un travail médiatique ciblé et un site Internet com-plet ont permis de relancer avec succès le débat concernant l’utilité des comprimés d’iode et les risques d’accident nucléaire. La petite graine ger-mera... Greenpeace continuera de se mobiliser pour que la sortie du nucléaire se concrétise.
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68Magazine GreenpeaceN° 4 — 2014
Jeunesse Solaire à Köniz, Trubschachen et Langnau
Jeunesse Solaire a déployé une grande a� ivité ces derniers mois. Trois projets ont été mis sur pied coup sur coup. Lors de la Semaine solaire organi-sée à Trubschachen dans l’Emmental, plus de 130 écoliers ont pu s’initier théoriquement, pratique-ment et de manière ludique à l’énergie solaire. La cuisine solaire n’a désormais plus de secrets pour eux. Ils ont en outre réalisé des expériences et aidé à recenser le potentiel solaire de la commune: après avoir mesuré les toitures des maisons du vil-lage, ils ont calculé, à l’aide du site www.o� ensive-solaire.ch, le potentiel de produ� ion de courant et de chau� age solaire.Le principal projet de la semaine était l’in� allation de la centrale photovoltaïque d’une puissance de plus de 130 kWp sur le toit de l’école Hasenlehn. Guidés par un pro, Hans Wiedmer (www.dach- wiedmer.ch), les élèves ont monté les panneaux solaires: ils ont fi xé la sub� ru� ure au toit, puis hissé les panneaux qu’ils ont ensuite raccordés au réseau éle� rique. La Fête solaire a eu lieu à l’école le 22 août, à l’occasion de l’inauguration de la centrale. Les résultats de ce� e semaine ont été présentés aux parents, aux habitants et autres in-téressés. Le conseiller national PBD Hans Grunder était l’orateur invité. Le deuxième projet s’e� déroulé à Langnau, toujours dans l’Emmental, où deux écoles ont réalisé chacune une semaine d’a� ivités sur le thème de l’énergie solaire. Sous la dire� ion du bureau Weichen � ellen (www.weichen� ellen.ch) et de Jeunesse Solaire, les élèves ont recensé le potentiel des toits pour le cada� re solaire de la commune et appris un tas de choses précieuses sur les énergies renouvelables. Pour la première semaine organisée à l’école d’Oberfri� enbach, il faisait un temps idéal. Après avoir recensé le po-tentiel des toitures, les élèves ont encore pu cuire des brownies et du pop-corn avec un four solaire. La deuxième semaine, les élèves de l’école Ilfi s ont parcouru à vélo les collines de Langnau pour recenser le potentiel solaire des derniers toits de la commune. Les deux classes pourront aider à con� ruire une centrale solaire en novembre. Les scouts Falken� ein de Köniz ont joué un rôle crucial dans le troisième projet. Très tôt déjà, ils avaient compris l’intera� ion entre pédagogie et durabilité, eux qui ont reçu le Prix de l’énergie du canton de Berne et qui ont con� ruit la première
cabane de scout de Suisse à recevoir le label Minergie. Les entraînements di� ensés à l’Inter-national Scout Center de Kander� eg devraient perme� re à ce� e � ratégie de faire tache d’huile à l’échelle internationale.Informations complémentaires sur: www.greenpeace.org/switzerland/de/Themen/Jugendsolar (en allemand).
Lego met un frein à Shell Une campagne de Greenpeace a rencontré un grand succès: Lego a résilié un contrat conclu avec Shell en 2011 portant sur 100 millions de francs après s’être rendu compte que le géant du pétrole avait surtout cherché à collaborer avec Lego pour redorer son image. Des boîtes de briques Lego avec lesquelles on pouvait fabriquer, par exemple, des petites voitures de course ornées du sigle de la compagnie pétrolière étaient vendues dans les � ations Shell. En juillet dernier, Greenpeace a di� usé sur YouTube une vidéo me� ant en scène un paysage polaire, con� ruit en briques Lego et peuplé d’Inuits, d’ours polaires et de chiens de traîneaux, bientôt recouverts par une marée noire. La pétition qui l’accompagne a recueilli plus d’un million de signatures dans le monde.
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Hommage
Rachel Carson – pionnière du mouvement écologiste
«Imaginez un printemps silencieux...»
Il y a cinquante ans disparaissait «l’une des femmes les plus influentes de son temps par la puissance de son savoir et la beauté de sa langue», pour repren-dre les termes du New York Times. Biologiste marine, Rachel Carson doit sa notoriété non seulement à l’étendue de ses connaissances et à un sens exception-nel de l’observation des phénomènes naturels, mais aussi à des ouvrages qui conjuguent rigueur scien-tifique et sensibilité poétique. Ses livres et articles sur la vie au fond et autour des océans seront des best- sellers et feront connaître la jeune naturaliste améri-caine dans tout le pays. Mais c’est surtout dans son ouvrage majeur, Silent Spring (Printemps silencieux, (Printemps silencieux, ( Paris, Plon, 1963), où elle attire l’attention sur l’utilisation inconsidérée des pesticides et sur ses conséquences, qu’elle expose sa vision écologique de l’environnement. Cette femme courageuse et engagée sera à l’origine du mili-tantisme écologique et de la création de nombreuses associations de protection de l’environnement – qui aboutiront à la création de l’Agence de protection de l’environnement aux États-Unis, en 1970, et à une prise de conscience plus aiguë des risques liés à l’utilisation des produits chimiques dans l’agriculture. Signalons la parution d’une biographie détaillée en allemand: Dieter Steiner: Rachel Carson — Pionierin der Ökologie bewegung, Oekom Verlag, Munich, 2014, ISBN-13: 978-3-86581-467-8, CHF 37,90
Agriculture
Lancement de l’initiative pour les
vaches à cornes C’est parti! La cause défendue dans la pétition en faveur du «franc pour les cornes» n’ayant pas été intégrée dans la politique agricole 2014–2017, l’infatigable agricul-teur de montagne jurassien Armin Capaul vient de lancer, avec le groupement d’intérêts Hornkuh, l’initiative populaire «Pour la dignité des animaux de rente agri-coles». Il s’agit de récolter 100 000 signatures d’ici au 23 mars 2016. L’initiative demande à la Confédération de créer des me-sures économiquement incitatives à l’égard des formes d’exploitation naturelles et respectueuses de l’environnement et des animaux. Les propriétaires de vaches, taureaux reproducteurs, chèvres et boucs reproducteurs doivent, en particulier, être soutenus � nan-cièrement, à condition que les animaux adultes conservent leurs cornes.Vous aussi, faites un ge� e en faveur des vaches cornues et signez ce� e initiative sur www.valengiron.ch.
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Cinéma
Everyday Rebellion Un � lm d’Arash et Arman T. Riahi
Un documentaire et un projet de cross-media sur le potentiel de l’activisme non violent et de la dés-obéissance civile moderne. Les méthodes de résistance les plus insolites et créatives constituent le � l rouge de ce � lm qui présente la vie et le travail d’activistes aux quatre coins du monde. Ce faisant, ils risquent souvent leur vie dans leur lutte pour un avenir meilleur.Le DVD du fi lm n’e� pas encore di� onible. www.everydayrebellion.com
Engagement
La prochaine marée noire aux Baléares?
Les associations de voyagistes suisses et allemandes s’inquiètent du projet du grand groupe pétrolier britannique Cairn Energy. Celui-ci veut faire des forages pétroliers et gaziers en Méditerranée, au large d’Ibiza. Plus de 125 000 ci-toyens espagnols s’opposent à cette décision. Dans l’espace ger-manophone, plus de 210 000 per-sonnes ont signé la protestation d’OceanCare visant à empêcher les risques de marée noire et de pollution sonore sous-marine, fatales pour les animaux marins.www.oceancare.orgwww.silentoceans.org
Livre
LE CAPITALISME CONTRE LE CLIMAT
Dans son dernier ouvrage, This Changes Everything: Capitalism vs. the Climate, l’influente essayiste canadienne Naomi Klein dénonce les liens entre économie capitaliste et dérèglement climatique. Elle appelle à une transformation radicale de notre économie et de nos façons de penser.
Dans ce dernier ouvrage, qui paraîtra ce printemps en français aux éditions Actes Sud, Naomi Klein soutient que les processus de dérégulation des échanges internationaux sont indissociables de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. L’auteure de No logo: la tyrannie des marques et de La stratégie du choc: montée d’un capitalisme du désastre démontre comment la quête incessante de la croissance nous a enfermés dans un système qui n’est pas compatible avec la pérennité du climat.
La réalité indéniable du réchauffement climatique confronte aujourd’hui la civilisation à un choix difficile: continuer à faire comme si de rien n’était, en aggravant les inégalités, car les conséquences du changement climatique affectent en premier les plus pauvres, ou essayer une voie radicalement différente de penser notre rapport au monde. Malheureusement, «il est toujours plus facile de nier la réalité que d’abandonner notre vision du monde», écrit l’auteure. Naomi Klein, This Changes Everything: Capitalism vs. the Climate, New York, Simon & Schu� er, 2014, 566 pp. ISBN-13: 978-1-45169-738-4
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ÉnergieÉnergie
Vignette solaire 2015: du courant vert pour votre vélo
électrique La vignette solaire est un autocol-lant pour votre vélo électrique (50 francs), votre téléphone mobile ou votre ordinateur (10 francs) qui montre que votre appareil est alimenté par du courant solaire. Grâce à la vente de chaque vignette solaire, Solafrica garantit la pro-duction d’autant de courant solaire qu’un vélo électrique, un ordina-teur ou un téléphone mobile en consomme durant une année. Les gains ainsi enregistrés lui per-mettent de soutenir des projets de promotion de l’énergie solaire en Afrique.
Voilà comment cela fonctionne: vous rechargez la batterie de votre vélo électrique à une prise de courant à votre domicile. Des centrales solaires de Suisse pro-duisent l’électricité pour cette vignette et l’injectent dans le ré-seau public. En contrepartie, Solafrica reçoit de Swissgrid le certi� cat d’origine correspondant. L’achat de la vignette solaire permet de � nancer la valeur ajou-tée écologique du courant solaire par rapport au courant tradi-tionnel provenant des centrales nucléaires ou des centrales à gaz. Les centrales solaires sont construites par Greenpeace en collaboration avec Jeunesse Solaire. La toute dernière centrale
a été réalisée avec des scouts du monde entier à l’International Scout Center de Kandersteg.
Le produit de la vignette solaire est a� ecté à des projets de forma-tion de techniciens solaires en Afrique. Au Kenya, Solafrica gère, par exemple, le Sarah Obama Solar Learning Centre, où une vingtaine de jeunes Kényans – garçons et � lles – reçoivent chaque année une formation à la tech-nique du solaire. Parallèlement, Solafrica soutient les jeunes gens désireux de créer leur propre entreprise solaire au Kenya, au Cameroun ou en République démocratique du Congo.La vigne� e peut être commandée sur www.solarvigne� e.ch.
Drame
Des Indiens Asháninka assassinés
au PérouQuatre chefs indigènes Asháninka connus pour leur engagement contre la déforestation illégale de la forêt amazonienne ont été assassinés en septembre dernier près de leur village dans l’est du Pérou.
Edwin Chota, Jorge Ríos Pérez, Leoncio Quinticima Meléndez et Francisco Pinedo venaient de quitter leur commune de Saweto, proche de la frontière, pour se
rendre à une réunion avec d’autres dirigeants indigènes au Brésil. Les quatre hommes n’étant pas arrivés au rendez-vous, un groupe est parti à leur recherche et a retrouvé leurs corps criblés de balles.
Edwin Chota, l’un des militants tués, avait consacré sa vie à la lutte contre la déforestation illégale a� n d’empêcher la destruction de leur territoire. Bien qu’il ait reçu à plusieurs reprises des menaces de mort de la part des bûcherons ces dernières années, les autorités n’ont «rien fait» pour le protéger, a expliqué l’organisation indigène Aidesep.
Les femmes Asháninka de Saweto gèrent désormais elles-mêmes leurs communes. Elles continueront de se battre pour sauver leur territoire menacé et assurer l’avenir de leurs enfants.
Le ministre de la Culture péruvien a annoncé qu’il allait en-voyer une équipe à Saweto pour enquêter sur l’assassinat des mili-tants.Source: www.survivalinternational.org
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Thule TuvaluLe metteur en scène du � lm
Thule Tuvalu, Matthias von Gunten, nous a signalé une erreur dans l’article qui lui était consacré, à la page 71 du Magazine 3/2014. Le niveau de la mer n’a pas monté de deux mètres, comme nous l’avons écrit dans le texte, mais de 20 centimètres. Veuillez accepter nos excuses.
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À gagner: trois ballons de football écologiques pour la paix!L’enveloppe du ballon, ornée du mot «Paix» écrit en 28 langues, est en latex FSC robuste et de fabrica-tion équitable. Envoyez la solution jusqu’au 31 janvier 2015 par courriel à [email protected] ou par voie postale à Greenpeace Suisse, rédaction magazine, mots � échés écolos, case postale 9320, 8036 Zurich. La date du timbre postal ou de réception du courriel fait foi. La voie juridique est exclue. Il ne sera entretenu aucune correspondance.
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Comité qui a lancéune initiative pour ladignité des animaux
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Rivièrede l’Iraq
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Indis-pensable
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Plaineirriguée
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voyage
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Cuir
Fleuveallemand
Fleuved’Indochine
Langued’un pays
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Écrivaindes USA
(1809–1849)
Vent fortSécrétion
de l’es-cargot
Venueau
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Archipel européen devant lequel l’industrie
pétrolière prévoit de devant lequel l
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Séparédes
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Musiquescandée
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Droitd’utiliser
son proprebien
Oppositionà l’entrée
en vigueurd'une loi
en vigueurd'une loi
en vigueur
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Toitgalbé
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Hommetrès riche
Péninsuledu sud
de l’AsieSéculier
On y trouve les deuxpremières mines d’orcerti�ées équitables
Boissonde
Chine
Lisse
Termedd’économie
Fabricant de jouetsdanois qui ne veut
plus travailler avec legroupe pétrolier Shell
Unitémonétairedu Japon
Roide
Norvège
Admirateurd’une star
Passe àWroctlaw
Mollusque
Régionallemande
Gâteauimbibé
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Pré�xeCapitale
allemandesur la Spree
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Être grandouvert
Blanc d’im-primeur
Poignardà lamee¤lée
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PossessifÉlément
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Politiqueallemand
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Langageinform.
Plaque del’Australie
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Mode naturel dereproduction des
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SAINTE DORIS, DEVENEZ LA PATRONNE DU CLIMAT
Madame la conseillère fédérale,
Partout sur la planète, les changements climatiques font déjà d’innombrables victimes et sont la cause de dom-mages immenses à l’environnement. Cette situation touche tout particulièrement les pays les plus pauvres, alors que ce sont eux qui y ont le moins contribué. En tant que ministre de l’environnement d’un des pays les plus riches, c’est à vous de donner l’exemple et de vous engager au sein du Conseil fédéral pour une politique climatique suisse plus équitable. Nous lançons cette pétition pour vous montrer à quel point la population suisse vous soutient dans cette volonté.
Apportez votre soutien à sainte Doris et signez la pétition sur:
alliance-climatique.ch
suisse
allianceclimatique
MADAME LEUTHARD:
IL FAUT RÉDUIRE LE CO2 DE 60%
EN SUISSE D’ICI 2030!
Votre adresse e� -elle toujours valable? Prévoyez-vous un déménagement? N’hésitez pas à nous communiquer vos changements d’adresse par courriel à [email protected] ou par téléphone au 044 447 41 71. Merci pour votre soutien.