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GRAND CHAPITRE du dimanche 18 mars 1934 Les travaux ayant été ouverts suivant les règles du Rituel, le Grand Commandeur présente * excuses d'un certain nombre de Chev.... LE GRAND COMMANDEUR. — Je veux d'abord vous remercier d'avoir répondu en aussi grand nombre à l'appel du Grand Collège et vous féliciter pour l'empressement que vous avez mis à venir vous grouper autour de lui dans les circonstances actuelles, dont vous comprenez la gravité.. Le désir du Grand Collège eût été de susciter une action concertée entre lui et le Conseil de l'Ordre, afin de réaliser l'unité d'action. Depuis plus de cinq mois, j'ai agi personnellement auprès des membres et du Président du Conseil de l'Ordre pour obtenir cette collaboration indispensable assurant une direction unique aux Ateliers de tous grades de la Fédération. Malheureusement mes avances sont restées sans réponse et j'ajouterai même que la Commission Mixte, instituée l'année dernière pour examiner en commun les questions susceptibles d'intéresser les Ateliers symboliques et Supérieurs s'est réunie seulement hier soir. Cependant, mes FF..., à aucune époque de l'Histoire de la Maçonnerie, les circonstances n'ont été aussi graves. Nous traversons une période décisive pour l'avenir de notre Ordre et même des institutions républicaines. J'ai toujours évité d'agiter les questions politiques au sein de nos Ateliers Supérieurs, protestant contre l'interpénétration de la politique et de la Maçonnerie, notamment lors de nos grandes assises. Lorsque j'estimais qu'il était utile de vous donner quelques directives, j'attendais la clôture de nos travaux rituels pour faire une incursion dans le domaine de la politique générale. Aujourd'hui, les circonstances nous commandent d'agir différemment et c'est pourquoi, en dépit de votre légitime impatience d'aborder l'étude de la question figurant à notre ordre du jour et qui va être rapportée par notre T... C... F... Luquet, je voudrais m'entretenir avec

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Page 1: GRAND CHAPITRE Les travaux ayant été ouverts suivant les

GRAND CHAPITRE du dimanche 18 mars 1934 Les travaux ayant été ouverts suivant les règles du Rituel, le Grand Commandeur présente * excuses d'un certain nombre de Chev.... LE GRAND COMMANDEUR. — Je veux d'abord vous remercier d'avoir répondu en aussi grand nombre à l'appel du Grand Collège et vous féliciter pour l'empressement que vous avez mis à venir vous grouper autour de lui dans les circonstances actuelles, dont vous comprenez la gravité.. Le désir du Grand Collège eût été de susciter une action concertée entre lui et le Conseil de l'Ordre, afin de réaliser l'unité d'action. Depuis plus de cinq mois, j'ai agi personnellement auprès des membres et du Président du Conseil de l'Ordre pour obtenir cette collaboration indispensable assurant une direction unique aux Ateliers de tous grades de la Fédération. Malheureusement mes avances sont restées sans réponse et j'ajouterai même que la Commission Mixte, instituée l'année dernière pour examiner en commun les questions susceptibles d'intéresser les Ateliers symboliques et Supérieurs s'est réunie seulement hier soir. Cependant, mes FF..., à aucune époque de l'Histoire de la Maçonnerie, les circonstances n'ont été aussi graves. Nous traversons une période décisive pour l'avenir de notre Ordre et même des institutions républicaines. J'ai toujours évité d'agiter les questions politiques au sein de nos Ateliers Supérieurs, protestant contre l'interpénétration de la politique et de la Maçonnerie, notamment lors de nos grandes assises. Lorsque j'estimais qu'il était utile de vous donner quelques directives, j'attendais la clôture de nos travaux rituels pour faire une incursion dans le domaine de la politique générale. Aujourd'hui, les circonstances nous commandent d'agir différemment et c'est pourquoi, en dépit de votre légitime impatience d'aborder l'étude de la question figurant à notre ordre du jour et qui va être rapportée par notre T... C... F... Luquet, je voudrais m'entretenir avec

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vous des récents événements et vous exposer quelle a été la manière de voir du Grand Collège des Rites dans la circonstance. Je vous dirai ce qu'il entend faire dans le présent et comment il entrevoit l'avenir, et d'un commun accord nous préciserons une ligne de conduite. Nous agirons en réalisant au sein de nos Ateliers Supérieurs l'union que j'aurais aimé étendre aux Ateliers de tous grades. Examinons donc rapidement quelles sont les causes des événements graves dont le pays est actuellement le théâtre. A la base, il y a évidemment la crise économique sans précédent qui sévit sur le monde entier, et surtout cette crise morale dont notre F... Gaston-Martin dans le Rapport général qu'il a présenté au dernier Grand Chapitre nous magistralement exposé les causes et les manifestations. Il y a surtout aussi — et nous avons le devoir de le reconnaître ici, entre Maçons, liés par un idéal commun, pouvant échanger librement leurs idées — il y a une carence du Parlement devant la crise économique et une incompétence regrettable de ses membres pour la crise morale. Trop souvent, nous avons constaté et dénoncé la prédominance, au Parlement, de l'intérêt électoral sur i'intérêt du pays. De cela est né un mécontentement général de toute la population, dont toutes les classes soufrent. Tous ceux qui collaborent à l'Activité nationale, commerciale, industrielle du pays sont atteints et les travailleurs ne sont pas les moins atteints ou menacés. Les uns voient peu à peu leurs affaires péricliter, les autres voient, dans un monde désaxé échapper le travail indispensable pour assurer les besoins de leur existence. On peut affirmer que l'Affaire, la malheureuse Affaire, dont il est inutile de donner le nom n'a été que l'étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les attaques contre la Franc-Maçonnerie vont crescendo. Elles ont commencé par celles de cette presse que nous sommes habitués à voir au service des puissances adverses, qui nous ont toujours

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laissés; indifférents : l'Action Française, la Libre Parole, l'Echo de Paris. Depuis des années, nous savons qu'il existe des professionnels de l'injure, dont nous ne nous soucions nullement. Mais, peu à peu, les attaques se sont multipliées, développées, gagnant la presse d'information. Il y a quelques moi; le Matin, déclarant être l'interprète des dernières pensées de François-Albert, avait publié deux lignes injurieuses pour la Franc-Maçonnerie. Le lendemain, elles étaient aggravées par un passage de l'éditorial du Matin, qui est composé en gros caractères et où il publie les choses qu'il considère comme les plus importantes. Puis le Figaro, des journaux satiriques, Gringoire, s'en sont mêlés. Là ne s'est point arrêtée l'action de la presse : les journaux a grand tirage sont- entrés dans le concert, notamment ceux qui sont vendus dans la rue, comme le Jour et Paris-Soir, ont publié et publient encore de violentes attaques contre la Maçonnerie. La campagne n'a pas été poursuivie dans la presse seule, mais les ligues sont entrées en jeu. Nous avons vu éclore ou renaître l'activité de nombreux groupements destinés à combattre la Maçonnerie, et dont beaucoup n'existaient plus qu'à l'état squelettique depuis quelques années. Après avoir donné lecture d'une affiche de la Ligue Anti-Maçonnique, le Gr... Comm... ajoute : Ce qui m'a le plus impressionné, ce n'est pas l'intensité de ces campagnes, mais leur influence sur la population. Professionnellement, je suis en rapport avec toutes les classes de la société, au sein de laquelle, depuis quarante ans, tous mes efforts ont tendu à faire connaître la Maçonnerie dans les mondes les plus divers. J'ai résolument attaqué nos adversaires en maintes circonstances, surtout lorsque j'étais en rapports professionnels avec eux. Depuis deux ou trois mois, j'ai reçu un grand nombre de sympathisants qui, émus, sont venus me dire : Vous êtes au courant des attaques dirigées contre la Maçonnerie ? Nous savons qu'une Institution à laquelle vous appartenez ne peut être coupable des faits dont elle est incriminée, mais pourquoi ne répondez-vous pas ? Là est le mal.

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Les attaques de nos adversaires se sont développées devant une carence absolue de la Maçonnerie et des Maçons... (Très bien! Très bien ! Applaudissements) et nos adversaires ont dans l'esprit du public, fait interpréter notre carence et notre silence comme un aveu. (Très bien! très bien). Au sein du Parlement et devant, les Commissions parlementaires d'enquête, des députés, des sénateurs et des témoins se sont livrés à des attaques violentes contre notre Ordre, attaques auxquelles les membres appartenant à la Maçonnerie n'ont point répondu. Un sénateur, dont un grand nombre de nos Ateliers ont pris courageusement la défense, a accusé la Franc-Maçonnerie d'être l'auteur responsable des scandales. M. Frot, ancien ministre de l'Intérieur, déposant devant la Commission d'enquête, a mis en opposition la Franc-Maçonnerie et l'honnêteté : il a accusé les hauts gradés d'avoir essayé de violenter sa conscience. J'espère que le Grand Orient prendra la sanction qui s'impose en pareil cas. Il est inadmissible que des hommes ayant, par la Franc-Maçonnerie, bénéficié d'utiles appuis, puissent se mêler impunément à ses détracteurs. L'émoi provoqué par les attaques dirigées contre notre Ordre a eu ses répercussions à l'étranger, ainsi qu'en témoigne une lettre reçue d'un maç... jouissant d'une grande autorité en Suisse et grand ami du Grand Orient de France. Les maçons suisses ont publié, dans la Tribune de Lausanne, sous le litre : "Mise au point des Francs-Maçons lausannois", un article ainsi conçu : MISE AU POINT LES FRANCS-MAÇONS LAUSANNOIS

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faisant partie de l'Union des Loges suisses, connue sous le nom de la Grande Loge suisse "Alpina", las des calomnies intéressées des malveillants citoyens qui attaquent la Franc-Maçonnerie, font les déclarations suivantes : SON BUT est le perfectionnement de l'homme. Elle est une école d'éducation civique, morale et intellectuelle, en un mot de culture humaine. ELLE NE FAIT PAS de politique. Ce n'est d'ailleurs ni son but ni sa raison d'être. D'autre part, composée d'hommes libres, elle ne pourrait se livrer à cette activité sans aller à l'encontre de ses déclarations de principes. Elle se borne, ce qui est dans son rôle d'éducatrice, à étudier les problèmes d'ordre général intéressant le pays, mais n'en fait jamais l'objet de résolution ou de mots d'ordre qui entraveraient la liberté d'opinion de ses membres. Elle n'a jamais cherché et ne cherche; nullement à influencer la politique du pays. ELLE EST PATRIOTE, attachée à l'idéal démocratique. Chaque personne entrant dans la Franc-Maçonnerie, fait une promesse solennelle, serment maçonnique, dont voici la teneur : " Je promets de remplir, plus fidèlement encore que par le passé, mes devoirs envers la famille, la patrie et l'humanité ; " De respecter toute conviction sincère, non contraire à la morale et à l'amour du prochain ; " De persévérer sans relâche dans la recherche de la vérité et du perfectionnement moral. " Je promets d'observer consciencieusement les lois de l'alliance maçonnique, de travailler à la prospérité de ma loge, d'aimer mes FF..., de les aider par mes conseils et mes actions pour autant que cela ne serait pas opposé à mon honneur et à mes devoirs. " Je promets de garder un secret inviolable sur les signes de reconnaissance et les coutumes de la Franc-Maçonnerie.

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" De ne parler qu'avec la discrétion qui sied à l'homme d'honneur des travaux et délibérations de la loge. " Je promets enfin de considérer ma parole de franc-maçon comme le serment le plus sacré." C'est ainsi, peut-être, la seule société civile qui demande à ses adeptes, sous la loi du serment, la fidélité dans les devoirs envers la Patrie. La Franc-Maçonnerie suisse, de tous les grades, comme d'ailleurs les groupements maçonniques des pays étrangers, est entièrement et absolument autonome. Leurs relations réciproques sont de pure, simple et amicale courtoisie. La Franc-Maçonnerie ne reçoit, pas plus qu'elle ne donne, aucun mot d'ordre, aucune direction quelconque de et à qui que ce soit. La Franc-Maçonnerie laisse à ses membres leur entière liberté religieuse. Elle ne combat pas la religion. La Franc-Maçonnerie n'est pas une société "secrète". Elle est parfaitement dans son droit de fermer ses temples à qui n'est pas Franc-Maçon, ses cérémonies ayant un caractère de recueillement et de méditation qui ne peuvent être comprises que par ses adeptes. TOUTE AFFIRMATION, prétendue révélation, information, interprétations de textes, etc... concernant les buts, activité, affiliation, moyens d'action, tendances, etc.., de la Franc-Maçonnerie suisse, contraires aux déclarations qui précèdent sont : CONTRAIRES A LA VERITE. Aux adversaires de la Franc-Maçonnerie suisse s'appliquent ces paroles de Pascal : "On peut bien dire des choses fausses en les croyant véritables, mais la qualité de menteur enferme l'intention de mentir". Or leur intention est de mentir et de calomnier. En effet, c'est une forme particulièrement répugnante de la lâcheté que celle dont se montrent coupables les adversaires de la Franc-Maçonnerie suisse en portant sur elle des accusations, qu'ils savent être des vilenies indignes de citoyens suisses.

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Car ils le savent... Leurs chefs, invités à discuter loyalement, à préciser leurs accusations, à fournir les preuves de leurs affirmations par le Comité Directeur de la Grande Loge suisse "Alpina", s'y sont ou refusés, ou dérobés, montrant par là leur déloyauté. Tandis que les Francs-Maçons suisses, fiers de leur dignité de citoyens, se contentent d'être de véritables Suisses épris de l'idéal de liberté démocratique, fondement de nos institutions helvétiques, il se trouve parmi leurs adversaires des gens qui, répudiant tout honneur national, sont allés s'incliner devant des chefs étrangers... Et ce sont justement ceux-là qui ont le... front de traiter les Francs-Maçons d'internationalistes. Ils cherchent dans la Franc-Maçonnerie le 'bouc émissaire" rêvé pour détourner l'attention du public de leur soif de domination ou leurs ambitions personnelles, sur leur besoin de faire parler d'eux. CHACUN RECONNAITRA BIENTOT ces gens-là comme de dangereux semoirs de haine, ferments du plus redoutable fléau dont puisse souffrir notre Patrie suisse : la désunion entre les patriotes. Les Francs-Maçons suisses, patriotes convaincus, affirment encore une fois leur indéfectible attachement à leur Pays, et ce ne sont point les élucubrations de leurs adversaires qui feront que cela ne soit pas... Libres et Suisses, confiants dans l'idéal démocratique, entièrement, fidèlement, ils le sont et ils le resteront quoi qu'on dise... et quoi qu'on fasse ! Les loges Maçonniques lausannoises : "Espérance et Cordialité", "Liberté", "Progrès". Qu'a fait le Grand Orient de France en présence de ces faits ? Il n'est évidemment pas dans le rôle de la Maçonnerie et des Maçon; de descendre dans la rue, mais, dés décembre, j'avais alerté plusieurs membres du Conseil de l'Ordre sur la nécessité qu'il y avait pour notre institution d'assurer la défense morale de la Maçonnerie contre

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la campagne entreprise et de protéger notre local contre des attaques éventuelles. J'ai prêché dans le désert. C'est alors que, devant le silence et la carence des autorités symboliques, et en présence des nombreuses demandes de directives émanant des ateliers el des maçons de tous grades envoyées au Grand Collège des rites, j'ai rédigé, vers le 15 décembre, l'appel à nos ateliers supérieurs que vous connaissez et qui, dans ma pensée, devait être adressé non seulement aux membres de nos Ateliers supérieurs, mais à tous les Francs-Maçons de l'Obédience. J'ai soumis ce texte à notre Vénéré Président du Conseil de l'Ordre, qui en a accepté les termes. Il m'a objecte simplement que le fait de m'adresser à tous les Maçons du Grand Orient pourrait être considéré comme une immixtion des Ateliers Supérieurs au sein de la Maçonnerie Symbolique et c'est pourquoi j'ai recommandé aux FF... des Atelier; Supérieurs de porter cet appel à la connaissance de nos FF... des Ateliers Symboliques, alors que j'aurais préféré qu'il fût signé à la fois par le Conseil de l'Ordre et le Grand Collège des Rites. C'est seulement fin janvier que nous avons pu procéder à son envoi aux Chapitres et Conseils. Un certain nombre de nos Ateliers Supérieurs ne se réunissant que tous les trois ou quatre mois, nous avons pensé que si untel délai était apporté à donner connaissance de cette circulaire à nos FF..., il serait trop tard, et c'est pour cette raison que nous avons demandé la convocation urgente des Ateliers pour en informer leurs membres. Les premiers Chapitres et Conseils ayant pris connaissance de notre Appel (Bulletin n° 11) en ayant demandé un certain nombre d'exemplaires, le Grand Collège le communiquera à chacun des membres de nos Ateliers Supérieurs. Si nous avions pu prévoir cet envoi individuel, nous ne vous aurions pas imposé un déplacement onéreux pour venir, sur convocation de vos officiers, en prendre connaissance en Tenue régulière. L'accueil a été unanimement favorable, tant à la fois pour le fait de l'envoi que pour les termes de cette circulaire, aussi bien de la part des Maçons pris individuellement que de la part des Ateliers pris collectivement. Le vœu a été émis qu'elle soit répandue au sein des Ateliers Symboliques.

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Nous avons appris avec joie qu'elle avait pénétré dans les bureaux de rédaction de certains journaux, nous ne nous sommes nullement plaints de cette divulgation. Les termes en ont été appréciés à l'étranger comme nous avons pu le constater par une lettre du Grand Prieuré d'Helvétie et du Grand Maître d'Honneur du Grand Orient de Belgique. J'ai appris, il y a quelques instants, que le Bulletin d'une organisation qui combat la Maçonnerie l'avait commentée avec éloges. Quelques critiques ont été formulées. Un Atelier a vu dans l'envoi de cette circulaire sous bande un manquement à la discrétion maçonnique. Le Grand Collège envoie ses communications sous double bande écartant toute indiscrétion. L'envoi des Bulletins et de nos circulaires, s'il nous fallait les affranchir comme lettre, nous coûterait une somme supérieure au montant de la cotisation payée par nos Ateliers Supérieurs. D'autres critiques ont été faites concernant les recommandations spéciales du Grand Collège au sujet de cette circulaire. Si le Grand Collège vous a demande de la lire dans des conditions de solennité particulière, c'est afin que tous les termes fussent pesés : trop souvent nos FF... écoutent d'une oreille distraite ou bien lisent un peu superficiellement et donnent ainsi à des phrases une signification différente de celle qu'elles ont réellement. Il arrive fréquemment que des Maçons ne respectent pas dans leurs attitudes oratoires, les formes maçonniques dont l'observation commande l'attention des auditeurs. Quel a été notre but en vous envoyant cet appel ? Stimuler la vigilance de nos FF..., leur indiquer, sous une forme concrète, les moyens et les arguments destinés à détruire les calomnies dirigées contre la Franc-Maçonnerie. Nous avons voulu que chacun de vous ait en mains un document officiel dont il puisse lire certains passages à ses interlocuteurs, profanes ou maçons. C'est en en faisant constater le caractère officiel que nous réduirons à néant ces accusation. C'est pourquoi nous recommandions la diffusion de cette circulaire parmi les Maçons des Ateliers Symboliques et même au sein du monde profane.

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L'envoi de ces instructions a été tardif, nous l'avons regretté, mais ce retard ne nous est pas imputable et n'est dû qu'à l'attente de l'approbation du Conseil de l'Ordre. Le Grand Collège des Rites a dû frapper certains des membres des Ateliers Supérieurs : il n'a pas hésité à les radier. A d'autres, il a demandé leur démission, décidé à effectuer leur radiation si cette démission n'était pas donnée, sans préjuger du bien-fondé des enquêtes ou poursuites en cours. D'où vient le mal ? Il ne s'agit pas seulement de prendre des mesures; contre les manifestations, mais il faut s'attaquer aux causes de la crise. C'est en les examinant que nous pourrons puiser des enseignements pour éviter le retour de certains incidents comme ceux dont nous venons de parler. L'une des causes souvent signalée par moi est la suivante : Les Maçons ont le devoir de faire de la politique en tant qu'individualité, la Maçonnerie peut s'intéresser à la politique générale, mais elle ne doit pas participer aux querelles des partis, et encore moins s'inféoder à un parti quelconque. Je sais que ce sont nos adversaires qui ont habilement solidarisé certains partis à la Franc-Maçonnerie dans leurs attaques. Ce faisant, ils essaient de nous attirer au dehors de nos Temples et de nous entraîner dans les luttes politiques. Quel doit être notre rôle dans les circonstances actuelles ? Nous élever au-dessus des partis, prêcher partout l'union de tous les Français dans l'amour de la Fraternité, de la Patrie et de la République. (Applaudissements). Pour traduire sous une forme tangible la pensée du Grand Collège des Rites en ce qui concerne les événements actuels, nous avions rédigé un vœu susceptible d'être transmis à la presse et répandu chez nos adversaires, traduisant la conception des Ateliers Supérieurs du Grand Orient de France :

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Je vais vous le lire avant de le soumettre à votre discussion. Si vous l'acceptez, nous vous demandons l'autorisation d'en faire tel usage que nous croirons dans l'intérêt de notre Ordre. VŒU PRÉSENTÉ AU GRAND CHAPITRE- Les Francs-Maçons appartenant aux Ateliers Supérieurs de tous les grades des Chapitres et Conseils philosophiques du Grand Orient de France, réunis en Chapitre semestriel, sous l'égide du Grand Collège des Rites, Suprême Conseil, Grand Directoire Rectifié et Ateliers Suprême de tous les Rites professés au Grand Orient de France : ; Protestent contre les attaques dirigées contre la Franc-Maçonnerie par ses adversaires, qu'ils mettent au défit de justifier leurs accusations par des preuves si fragiles soient-elles; S'associent sans réserve à l'opinion publique pour protester contre les scandales passés ou présents, affaire Stavisky et consorts et autres catastrophes financières, mort tragique de M. le Conseiller Prince, gestion défectueuses ou prévarications au sujet des fonds des assurances sociales, des Mutualités, des Habitations çà bon marché, du Métropolitain, etc. Adjurent les Pouvoirs publics, exécutif, législatif, judiciaire et administratif, de rechercher sans hésitation ni faiblesse les coupables quels qu'ils soient et où qu'ils se trouvent et réclament le châtiment rigoureux et exemplaire des coupables. Exigent la démission de ceux des membres de l'Ordre Maçonnique dont le nom aura été prononcé à l'occasion de l'un de ces scandales comme participant, sans préjuger du bien –fondé des insinuations ou accusations dont ils seront l'objet. Cette démission pouvant être rendue caduque lorsque la loyauté, l'honorabilité et la bonne foi des incriminés auront été reconnues d'une manière incontestable par les divers organismes administratifs, judiciaires et maçonniques chargé de connaître de leur cas.

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Enjoignent aux Présidents d'Ateliers Supérieurs de tous grades et appellent l'attention du Conseil de l'Ordre sur l'intérêt qu'il y aurait à le faire auprès des Vénérables, d'exiger de chacun des Membres des Ateliers de tous grades, une déclaration écrite ou verbale, sous la forme du serment maçonnique, de n'avoir en aucune manière participé aux tractations ou opérations afférentes aux scandales sus énoncés. Dans le cas où l'interpellé refuserait ou déclarerait ne pas pouvoir prêter le dit serment, sa démission devrait être exigée ou la suspension prononcée. Réclament des Pouvoirs maçonniques, administratifs et judiciaires, l'exclusion impitoyable de tous les membres de l'Institution dont la défaillance morale serait établie. Ils affirment leur désir absolu de contribuer à l'union de tous les Français dans le souci de dignité et de propreté morale, l'amour de la Patrie et la défense des institutions républicaines. Répondant aux diverses observations présentées par les FF t Chev... Marcy, Gallais, Davoust et Uhry, le Grand Commandeur indique que le but du Grand Collège est de faire qu'à tous les Maçons dont le nom aura été prononcé comme accusé d'une façon assez péremptoire, on demande leur démission pour leur rendre leur liberté, et ceci sans préjuger aucunement de leur culpabilité. Nous précisons même que la démission sera considérée comme caduque si la loyauté, l'honorabilité et la bonne foi des incriminés est reconnue d'une manière incontestable. PLUSIEURS FF... — Aux voix ! Aux voix ! • F... ROOS. — Je prends la parole sur un point extrêmement important concernant l'ordre du jour qu'on veut soumettre à nos suffrages. Le F... Savoire nous a déclaré maintes fois que la Franc-Maçonnerie devait rester en dehors de toutes discussions profanes. Si nos souvenirs sont précis, car nous n'avons entendu lire qu'une seule fois cet ordre du jour dont on nous demande cependant de voter l'ensemble, tout en nous signalant l'intention de le répandre dans la presse, si, dis-je, mes souvenirs sont précis, le texte de cet ordre du jour lance un défi : ce sont les propres expressions employées par le Grand Collège. Or je lui demande : si ce défi est relevé, comment allez vous entreprendre la lutte tout en restant sur le terrain maçonnique ?

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T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Nous mettons nos adversaires au défi d'apporter des preuves. F... ROOS. — Je voudrais la lecture de ce passage. F... BALDET. — Le voici "Protestent contre les attaques dirigées contre la Franc-Maçonnerie par ses adversaires, qu'ils mettent au défit de justifier leurs accusations par des preuves si fragiles soient-elles." F... ROOS. — Si on relève ce défi, comment — tout en restant sur le terrain maçonnique — entrevoyez vous la possibilité de répondre au défi que vous lancez ?. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — II me semble qu'il s'établit; dans l'esprit de notre F... Roos, une confusion. Il confond les attaques dirigées contre la Franc-Maçonnerie et les attaques dirigées contre des Francs Maçons. Nous ne faisons état que des attaques dirigées contre la Franc-Maçonnerie en tant qu'Institution. On accuse notamment la Franc-Maçonnerie de fomenter des assassinats maçonniques. Il me semble qu'il sera bien difficile à nos adversaires d'apporter un commencement de preuve à cet égard. Nous leur lançons le défi d'apporter des preuves. S'ils apportent des preuves, ou elles sont exactes, ou elles ne le sont pas. Si elles sont exactes, on s'incline. Si demain il m'était donné une preuve que la Maçonnerie a contribué à un assassinat, je ne resterais pas 24 heures de plus franc-maçon. Or, comme je sais qu'on ne peut pas m'apporter de telles preuves, je suis bien tranquille au sujet de ce défi. F... LEBEY. — Je rends hommage à la critique que vient de formuler notre F... ROOS, il a eu raison de nous faire part de son inquiétude à propos des termes : " qu'ils mettent au défi de justifier". Pour concilier tout le monde, peut-être pourrait-on supprimer "au défi". NOMBREUSES VOIX. — Non ! Non ! F... LEBEY. — Ce ne sont pas tant les Officiers du Grand Collège qui sont en désaccord avec notre F... ROOS, mais l'Assemblée. Le F... ROOS a formulé une critique basée sur la crainte qu'il ressent. Il a bien fait de nous la faire connaître, de nous l'exposer. C'est bien moins le Bureau que le plus grand nombre des FF... Chev... qui sont réunis ce soir ici, qui ne partagent pas son avis. Au surplus, la

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question est simple, il s'agit de savoir si la Maçonnerie devant les attaques incessantes, inqualifiables et concertées dont elle est l'objet de la part d'une certaine presse va continuer comme depuis le 7 février, à ne rien dire ou si, enfin, comme tous les honnêtes gens qui sont attaqués et qui ont une réaction naturelle indiscutable, elle va enfin, à l'unanimité, dire la vérité à ceux qui veulent la déshonorer. On nous propose un ordre du jour, il est ce qu'il est, il vaut ce qu'il vaut, il a de toutes façons, le mérite de répondre à nos adversaires. Je crois que notre intérêt à tous, c'est de tout de même le voter ainsi que de le répandre au dehors, car si nous ne le votions que pour le lire entre nous, à tête reposée, en petits comités, il serait, évidemment, sans effets. Certes on peut tout critiquer. J'ai déjà eu le regret, depuis le 7 février, au Conseil de l'Ordre, d'éprouver une peine extrême – car j'aime trop la Maçonnerie pour ne pas avoir en moi-même, l'insatiable besoin de la défendre – celle de rencontrer une certaine résistance, au nom d'une soi-disant sagesse toute négative, contre tout acte de défense. Je n'en rends pas moins hommage à nos FF... du Conseil de l'Ordre qui n'étaient pas d'accord avec moi quant à leurs bonnes intentions, bien que je les juge détestables. Cependant, ce matin encore, un ordre du jour dont j'avais proposé l'adoption au Conseil de l'Ordre depuis quelques temps déjà, fût soumis à nos délibérations. J'eus la douleur de constater qu'on en avait enlevé l'essentiel de ce qui devait être dit et dans ces conditions, je me demande ce que nous faisons devant la calomnie qui s'accroît et ne fera que grandir jusqu'à ce que nous parlions pour la faire taire en apportant les preuves de notre raison d'être ainsi que celles de la bonne foi de nos majorités. (Applaudissements prolongés) F... GRENIER. — Il m'apparaît qu'il y a un mot qui manque dans le Vœu ; il y manque pour l'interprétation qu'on pourrait y donner en ce qui concerne les radiations.

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T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Il n'a jamais été question de radiations. Il a été question d'exclure les FF... dont les défaillances morales auront été officiellement constatées par les pouvoirs judiciaires. Nous avons un ordre du jour très chargé et je souhaiterais que cette discussion ne nous entraîne pas trop loin. Ce que nous désirons, c'est que de ce Grand Chapitre, sorte une unanimité sur les idées, et je suis convaincu que vous êtes d'accord avec nous. Vous pouvez être tranquilles, lorsqu'il s'agira de divulguer cet ordre du jour à l'extérieur, nous nous mettrons d'accord avec le Président, du Conseil de l'Ordre. L'objet, de l'ordre du jour qui est soumis à votre approbation est de permettre qu'il soit mis à la disposition de tous les membres de nos Ateliers et aussi qu'il puisse, à la rigueur, être communiqué à des profanes, auxquels vous pourrez dire : voilà ce que les Membres des Ateliers Supérieurs du Grand Orient de France ont voté à l'unanimité. PLUSIEURS FF... — Aux voix ! Aux voix : T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Que ceux qui sont d'avis de voter cet ordre du jour veuillent bien lever la main. (L'ordre du jour est adopté à l'unanimité des membres présents moins une voix : celle du F... Lévy). J'aurais voulu pouvoir dire que ce Voeu a été voté à l'unanimité des membres présents. Aussi, je vais donner la parole au F... Lévy pour qu'il nous explique son vote. Je vous demande d'écouter en silence ses raisons. Si elles sont valables, je serai le premier à m'incliner devant elles. F... LÉVY. — Je suis persuadé à propos de ces scandales, que si notre Association quitte son caractère philosophique pour se mêler comme i! a été dit tout à l'heure à une lutte profane, nous n'aurons pas qualité quand on relèvera notre défi ; quand on viendra nous donner des arguments, nous n'auront pas qualité pour les réfuter, pour expliquer qu'ils sont faux. Actuellement, au contraire, nous avons une situation très puissante.

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(Protestations diverses)' F... LEBEY. — N'exagérons rien ! F... LÉVY. — Vous êtes libres de penser différemment. Je suis libre aussi de vous donner mon opinion. Je ne pense pas que cette lutte que vous allez: engager dans la rue puisse vous donner des résultats utiles. J':ajouterai que je ne suis pas seul de cette opinion. Si vous prenez l'opinion d'autres Ordres qui sont moins importants que le nôtre, vous constaterez que beaucoup sont persuadés que nous ne devons pas faire des choses que nous ne seront pas capables de relever. Si demain nous entamons une lutte par voie d'affiche, par exemple, vous verrez que nous n'en finirons plus. F... LEBEY. — Alors, laissons-nous égorger ! T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — C'est précisément le silence que nous avons observé jusqu'ici qui a permis aux accusations dont nous sommes l'objet de monter crescendo. F... ETIENNE-BAZOT. — Je voudrais vous communiquer un document intéressant qui m'a été envoyé par le groupement des diverses Obédiences de Madagascar et qui demandent : 1° Que soit prononcée l'exclusion de tout Maçon, parlementaire ou autre, compromis à quelque titre que ce soit dans toutes affaires contraires à la morale et à l'honneur et que soient notifies à tous les Ateliers des différents rites, les noms et Orients des Maçons exclus, avec communication à la presse de cette sanction pour ceux qui sont connus du public, ou dont la qualité maçonnique aura été dévoilée. 2° Que soit mise immédiatement à l'étude la question de la révision de la Constitution, avec réorganisation du régime parlementaire, assurant la liberté du vote, l'indépendance des trois pouvoirs : Exécutif, Législatif et Judiciaire, tenant compte de certaines incompatibilités et prévoyant des sanctions efficaces. 3° Que la Maçonnerie entreprenne une lutte énergique contre le favoritisme, les trafics d'influences et contre les individus sans conscience, ans scrupules, sans conviction, prêts à toutes les compromission, auxquels il importe de barrer la route.

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T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Voulez-vous que je vous propose une solution. Vous pourriez remercier nos FF... de s'être préoccupés des attaques dont la Franc-Maçonnerie est l'objet dans la Métropole, leur dire que nous avons pris connaissance avec beaucoup d'intérêt de leur résolution, que nous partageons leurs aspirations et les en félicitons. Cette proposition est adoptée à l'unanimité par le Grand Chapitre T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Je donne maintenant la parole à notre F... Luquet pour son rapport sur la Question figurant à notre ordre du jour : ETABLIR LNE DECLARATION LES DEVOIRS DE. L'HOMME ET DU CITOYEN. Le F... Luquet donne lecture de son rapport qui est fréquemment applaudi. Rapport du F... Luquet T... P... S... GR... COMM..., TT... CC...FF...Chev... Chev..., J'ai la faveur de rapporter devant vous la question proposée par le Gr... Coll... des R... aux Ateliers sup... pour le G... Chap... : "Etablir une déclaration des devoirs de l'homme et du citoyen". Cette Question a reçu l'accueil que méritait son intérêt : en effet, elle n'a pas suscité moins de 41 travaux, dont 35 émanant de S... Chap..., 3 de Cons... philosophiques et 3 rédigés en collaboration par un Chapitre et un Conseil. En voici l'énumération d'après l'ordre d'arrivée des Col... gravées au Secrétariat du G... Coll....: Chap... Les vrais fidèles, V...de Montpellier - Chap... Paix et Union V... de Nantes — Chap... Les Artistes réunis V... de Limoges — Chap... La fraternité internationale écossaise V... Nice — Chap... Les amis de la Vérité V... de Metz – Cons... Les amis de la Vérité C... de Metz — Chap... La Lumière V... de Neuilly-sur-Seine — Chap... Les Frères

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réunis V... de Strasbourg — Chap... de la V... de Lille— Chap... Française d'Aquitaine et Candeur réunis V... de Bordeaux — Chap... et Cons... Les enfants de Gergovie V... et C... de Clermont-Ferrand— Chap... Les amis philanthropes et discrets réunis V... de Versailles — Chap... Sincérité, parfaite union et constante amitié réunis V... de Besançon — Chap... Réunion des amis choisis V... de Béziers — Chap... Morinie V... du Touquet — Chap... La fraternité marocaine V... de Rabat — Chap... et Cons... La fraternité tonkinoise V... et C... d'Hanoï — Chap... Thémis V... de Caen— Chap... La clémente amitié V... de Paris, — Chap... Les amis du progrès V... du Mans. — Chap... L'étoile de l'espérance V... de Beauvais. — Chap... Science et Solidarité V... de Cannes. — Chap... Les trois H. V... Havre. — Chap... La parfaite union V... de Rennes. — Chap... Etoile polaire V... de Paris. — Chap... L'idéal humain V... de Tours. — Cons... du C... de Lyon. — Chap... de la V... de Lyon. — Chap... Les disciplines de Sully V... de Brest. — Cons... phil... Etoile polaire et Chap... Les amis bienfaisants et vrais amis réunis V... et C... de Paris. — Chap... L'Espérance V... de Bordeaux. — Chap... La sincère union et vrais amis réunis V... d'Avignon. — Chap... La France démocratique V... de Nice. — Chap... L'unité maçonnique V... de Paris. — Cons... La fraternité vosgienne, C... d'Epinal. — Chap... La fraternité vendéenne V... de Rochefort-sur-Yon. — Chap... Union et solidarité V... de Montluçon.— Chap... L'effort V... de Paris. — Chap... La liberté par le travail V... de Mantes-sur-Seine. Les rapports des Conseils Etoile Polaire. — La Candeur Bordeaux — FF.'. Réunis Strasbourg.— Concorde d'Aquitaine Bordeaux sont arrivés trop tard pour être analysés. Qu'il me soit permis, à la suite de cette énumération, d'exprimer frat... le vœu qu'à l'avenir tous les travaux soient envoyés dans les délais fixés. Cette fois-ci, 10, soit le quart, sont parvenus avec un retard plus ou moins grand, deux trois jours seulement avant la date du G... Chap... ; deux viennent de m'être remis à mon entrée dans cette salle et l'un des FF... Ch... ici présents disait à l'instant qu'il en avait un dans sa poche. Etant donne le temps très limité dont dispose votre rapporteur, les travaux retardataires s'exposent, sinon à être laissés de côté, du moins à ne pouvoir être étudiés avec toute l'attention qu'ils méritent. Nous ne sortirons pas de notre sujet générai en signalant parmi les devoirs celui de l'exactitude.

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Je me garderai, bien que ce soit l'une des attributions de ma profession profane de classer ces rapports comme des compositions scolaires, avec des notes et des places. Nécessairement, tous ne sont pas de la même valeur. Mais les éloges décernés aux uns pourraient bien qu'à tort sembler contenir une critique implicite pour les autres. D'après nos principes maçonniques, ce qui importe est beaucoup moins le résultat conditionné par des facultés dont la possession ne dépend pas des individus, que la bonne volonté, la conscience et le sérieux de l'effort, et à ce point de vue tous les rapports sont dignes des mêmes louanges. Au surplus, à côté de rapports de tout premier ordre, la plupart présentent encore un vif intérêt et tous sans exception sont fort au-dessus du médiocre. Il n'en est aucun où je n'aie relevé au moins quelques pensées utiles, et s'ils ne sont pas cités nommément, c'est uniquement parce que les mêmes idées avaient trouvé une expression plus nette ou plus ferme dans d'autres rapports. Au courant par ma profession des plus illustres ouvrages des moralistes prof... religieux ou laïques, je suis à même d'affirmer sans la moindre hésitation que l'abrégé de morale maç... qui se dégage de ce travail collectif des At... sup... du G... O... de France, n'est inférieur à aucun et pourrait être présenté hardiment à l'appréciation du monde prof.... Je le dis avec d'autant plus d'impartialité que j'ai considéré comme de mon devoir de m'effacer autant qu'il était possible à un rapporteur et que les conclusions qui seront soumises à votre approbation sont l'expression concordante des idées des At... présentées souvent dans leurs propres termes. Entrant maintenant dans le vif du sujet, il nous faut commencer par examiner l'opinion soutenue dans le travail commun du Cons... Etoile polaire et du Chap... Amis bienfaisants et vrais amis réunis, qu'il n'y a lieu de modifier ni le texte ni le titre de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen pour une Déclaration des devoirs. Cette opinion n'est pas nouvelle. Comme plusieurs rapports (Chap... Clémente amitié V... de Paris — Cons... Les amis de la vérité C... de Metz — Chap... de la V... de Rouen — Chap... Thémis V... de Caen — Chap... de la V... de Lille — Chap... La lumière V... de Neuilly — Chap... La Fraternité marocaine V.... de Rabat — Chap... Les Trois H, V... du Havre) l'ont rappelé pour en tirer d'ailleurs la conclusion contraire, la question avait déjà été soulevée lors de la rédaction des diverses Déclarations de !a Révolution Française. On sait qu'il y en eut trois. La première, la plus généralement connue, fut votée par la Constituante le 26 Août 1789, promulguée le 3 novembre suivant et reproduite en 17 articles comme préambule de la Constitution du 14

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septembre 1791. La deuxième formait le début de la Constitution républicaine votée par la Convention le 24 juin 1793 et suspendue presque aussitôt après. La troisième précédait la Constitution du 5 Fructidor an III (22 août 1795), proclamée par la Convention presque à l'expiration de son mandat, après consultation du peuple qui l'approuva par 1.057.590 suffrages contre 49.977. Les deux premières Déclarations formulaient uniquement des droits; la troisième, qui se ressent de la réaction thermidorienne, ajouta à 22 articles relatifs aux droits 9 articles concernant les devoirs. Mais déjà dans la discussion des articles des deux premières Déclarations s'étaient affrontées les deux conceptions opposées. Celle d'après laquelle la Déclaration des droits devait être 1789 par la droite et notamment; les représentants du clergé, le duc de Levis, le marquis de Sillery, le janséniste Camus, le curé Grandin ; selon l'abbé Grégoire, "il est principalement essentiel de faire une Déclaration des devoirs pour retenir les hommes dans les limites de leurs droits " ; pour Lubersac, évêque de Chartres, "on risque de réveiller l'égoïsme et l'orgueil. L'expression si flatteuse de droits doit être accompagnée de celle de devoirs comme correctif", et il ajoute plus explicitement encore: "Il conviendrait qu'il y eut en tête de cet ouvrage quelques idées religieuses noblement exprimées". La gauche de l'Assemblée au contraire ne voyait dans le mot devoirs qu'un rappel et un essai de continuation de l'oppression à laquelle le peuple avait été soumis et tenait à exprimer par le mot droits que c'est à lui dorénavant qu'appartenait la souveraineté. Toulongeon répliqua aux défenseurs de l'amendement Camus que les devoirs seraient fixés par la Constitution : « le peuple trouvera ses droits dans les principes et ses devoirs dans les conséquences". De même, Clermont-Lodève déclara qu'il était inutile de parler des devoirs, "ceux-ci sont compris sous le mot de droits par corrélation". L'amendement Camus fut -rejeté par 570 voix contre 433, puis l'Assemblée à une très forte majorité se prononça pour une " Déclaration limitée aux droits". La même controverse se renouvela pour la Déclaration de 1793. Lorsque le 23 juin 1793, le Comité de Salut public en présenta le texte, le conventionnel Raffin proposa qu'on lui donnât pour titre : Déclaration des devoirs et des droits de l'homme en société. "Je me rappelle, répondit Robespierre, que l'AssembIée constituante a soutenu pendant trois jours un combat contre le clergé pour qu'on

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n'insérât pas dans la Déclaration le mot devoirs. Vous devez simplement poser les principes généraux des droits du peuple, d'où dérivent naturellement ses devoirs." Après ce rappel historique, revenons-en au rapport précité. Une Déclaration des devoirs serait, selon lui, inutile et dangereuse pour les trois raisons suivantes : 1° Elle donnerait raison au clergé contre la majorité des Constituants. 2° Les manquements éventuels des simples citoyens (par opposition aux gouvernants qui détiennent à un degré ou à un titre quelconque une partie de l'autorité et de la puissance publique, et dont il sera question plus loin) à leurs devoirs sont déjà pour la plupart soumis à des sanctions effectives : sanctions de l'employeur pour les manquements aux devoirs professionnels, sanctions du Code pour les manquements aux devoirs du droit privé. Les seuls manquements qui ne soient pas sanctionnés, à savoir les manquements aux devoirs civiques, résultent d'un défaut de compétence et d'une insuffisance de l'apprentissage civique. Ces défauts seront corrigés, non par une Déclaration, mais par un enseignement commencé dès 1 émanée et continué à l'âge adulte ; 3° Les devoirs de l'homme et du citoyen sont énoncés implicitement et parfois explicitement dans la Déclaration de 1789, de sorte que les en extraire pour les formuler à part serait enlever toute cohésion à cette grande charte démocratique. Apres avoir fidèlement résumé l'opinion de l'At... précité, je vous dois mon appréciation à son sujet, opinion non seulement personnelle, mais aussi appuyée sur des considérations contenues implicitement ou même expressément dans d'autres rapports. Au premier argument, je crois pouvoir répondre que la F... M... ne craint pas et au contraire se fait honneur de partager et de défendre les opinions de ses adversaires quand elle les estime justes. La valeur intrinsèque d'une opinion est indépendante de ceux qui la soutiennent et du parti qu'ils en veulent tirer. Sur le deuxième point, l'apprentissage civique des citoyens, dont l'At... précité reconnaît la nécessité, suppose, comme tout apprentissage, une doctrine et des principes, dont la théorie et la

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pratique sont enseignés aux apprentis par les maîtres. C'est précisément ces principes qu'expose une Déclaration des devoirs. Enfin, sur le troisième point, il est exact qu'il y a en un certain sens corrélation entre les devoirs et les droits, puisqu'on peut indifféremment définir l'un de ces termes en fonction de l'autre, un devoir étant ce qu'on n'a pas le droit de ne pas faire et un droit étant ce qu'on n'a pas le devoir de faire. Mais à côté des devoirs qui résultent pour chaque membre du corps social des droits des autres, il y a les devoirs qui résultent de ses propres droits, à savoir les devoirs qui consistent à mériter ses droits. Ce sont précisément ces devoirs qu'une Déclaration des devoirs a pour rôle d'énoncer expressément. En résume, il nous semble qu'en fait comme en droit, l'opposition entre le rapport envisagé et l'ensemble des autres est beaucoup plus verbale que réelle, et que sur le fond des choses la Déclaration qui vous sera proposée comme conclusion est de nature à donner à nos excellents FF... toute satisfaction. Cette question préliminaire une fois déblayée, nous avons à dégager les devoirs de l'homme et du citoyen, ou, selon une expression synonyme, de l'homme en société, c'est-à-dire de l'homme dans sa condition actuelle. Quel sera le fondement de ces devoirs ? C'est un lieu commun, non seulement dans les morales religieuses, mais aussi chez nombre de moralistes dégagés de préoccupations confessionnelles, que l'impossibilité d'une morale positive, autrement dit fondée exclusivement sur des faits. En effet, dit-on, les faits ne nous renseignent que sur la réalité, et le devoir, objet de la morale, est un idéal. Ce qui est ne permet aucune conclusion sur ce qui devrait être. La morale ne peut donc avoir comme source l'expérience. Mais, s'il en est ainsi, quelle sera cette source ? Si l'on exclut la révélation expressément formulée par une divinité sur quelque Sinaï, il ne reste que la révélation interne que chaque homme trouve dans sa conscience individuelle, dans son cœur et dans sa raison. Or les diverses consciences individuelles, toutes imparfaites en droit, ont en fait des conceptions différentes du devoir, sans qu'aucun critère objectif permette de prouver la supériorité de telle ou telle sur les autres. Mais est-il bien vrai que le réel soit incapable rie fournir un idéal ? Les faits étant ce qu'ils sont, n'imposent-ils pas à I'individu certaines

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règles de conduite, autrement dit certains devoirs. Les conditions de la vie physiologique qui sont des faits, suffisent à déterminer les règles hygiéniques et médicales de la santé, qui est un idéal. De même, de l'existence de la société, qui est un fait, découlent les règles idéales de la vie de l'homme en société, autrement dit ses devoirs. Dans le domaine moral comme dans le domaine matériel, on ne domine la nature qu'en lui obéissant. Sous peine de planer dans le vide et de rester une utopie sans portée pratique, c'est de la réalité que l'idéal doit partir et sur elle qu'il doit s'appuyer constamment pour l'améliorer. Comme preuve de la possibilité de fonder le devoir sur un fait incontestable indépendamment de tout dogme religieux et de toute conception métaphysique, nous ne saurions mieux faire que de citer le début du remarquable rapport présenté par le Chap... Etoile polaire V... de Paris : "L'être humain incapable de défendra son existence à sa naissance, trouve, à cet instant, des soins pour le faire vivre, un foyer pour l'abriter, une organisation sociale qui le protége et lui procure certaines facilités dans tous les domaines matériels et moraux. "Par cela même qu'il lui est fait à sa naissance un large crédit de droits : droit de vivre, droit d'abri, droit d'être élevé, éduqué, instruit, vêtu, soigné, et ce, grâce à une expérience acquise à force d'études, d'observation scientifiques, de perfectionnements, d'efforts qui sont les fruits des générations antérieures : par cela même enfin qu'il lui est tout donné, il contracte, en vertu du pacte social qui lie tacitement entre eux tous les membres de la Société, des obligations dont la scrupuleuse observation doit constituer à juste titre le principe du Progrès moral grâce auquel le niveau de la société humaine peut s'élever vers l'heureuse harmonie que nous désirons. ."De là les obligations; qu'assume l'individu envers la Société, concrétisée par sa famille, par l'Etat, par tous ceux qui l'entourent avec lesquels il est plus ou moins en rapports, et pour lesquels les conditions de l'existence sont similaires, depuis ses camarades immédiats jusqu'à ceux dont la race, la mentalité et les usages sont les plus différents.

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"Ces obligations d'ordre social entraînent des obligions de l'individu envers lui-même, pour devenir capable de donner aux autres les satisfactions légitimes qu'ils attendent de lui. "C'est donc la reconnaissance de l'héritage moral laissé par nos pères et dont nous bénéficions dés la naissance jusqu'à l'âge adulte, qui est le critérium de nos devoirs, pour le perfectionnement de l'œuvre sociale à laquelle nous devons la possibilité de vivre. " En somme, du fait de la solidarité découlent pour l'individu ses devoirs envers les autres individus, membres comme lui de la société, et envers l'ensemble de la société, considéré comme une personne morale et représenté par les pouvoirs publics. Dans un cas comme dans l'autre, ces devoirs consistent dans une collaboration en vue du bonheur de tous. Les devoirs envers les autres individus ou devoirs de l'homme peuvent se résumer, la société n'étant qu'une famille élargie, dans le mot de fraternité, les devoirs envers la société ou devoirs du citoyen par le mot discipline, la liberté n'étant pas l'indépendance sans limites, mais l'usage de cette indépendance, dans le cadre des lois, pour favoriser et non opprimer l'indépendance d'autrui (Chap... La sincère union et les vrais amis réunis V... d Avignon — Chap... de la V... de Lyon — Cons... et Chap... La fraternité tonkinoise V... et C... d'Hanoï). Du devoir pour l'individu d'être un instrument de la prospérité et du progrès de la société découle celui de forger et de tremper cet instrument (Chap... France démocratique V... de Nice.) ; les devoirs envers autrui sont le fondement des devoirs envers soi-même. C'est dans la pratique de ces devoirs que consiste la dignité humaine. Ces devoirs sont particulièrement impérieux dans une démocratie où l'individu, en même temps que sujet, est membre du souverain : selon la formule de Montesquieu, opportunément rappelée par le Chap... Les démophiles V... de Tours et le Chap... L'effort V... de Paris, les républiques reposent sur les vertus des citoyens et meurent de leurs vices. Comme conclusion de ces généralités, je ne saurais mieux faire que d'emprunter au rapport présenté par le Chap... France démocratique V... de Nice la traduction d'un poème de Kipling ; chacun de nous pourra y trouver le modèle de l'homme digne de ce nom : "Si tu sais garder ton sang-froid quand tous perdent la tête et disent que c'est ta faute ; si tu gardes confiance en toi, alors que tous doutent de toi, mais que pourtant tu admettes leur doute ; si tu sais

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attendre sans le lasser de l'attente ; quand on dit des mensonges sur toi, si tu refuses de mentir, si, étant haï, tu ne te laisses pas aller à la haine, sans pourtant paraître ni trop bon, ni trop sage. "Si tu peux rêver, sans faire de ton rêve ton maître ; si tu peux penser sans faire de la pensée ton but ; si, rencontrant le triomphe ou le désastre, tu traites d'un même front ces deux imposteurs. Si tu supportes d'entendre la vérité que tu as dite travestie par des lâches pour en faire un piège à imbéciles ; si voyant se briser l'œuvre à laquelle tu as donné ta vie, tu te baisses en silence et recommences à bâtir avec tes outils usés. "Si tu sais risquer tous tes gains en un seul coup de dés, perdre et ne Jamais dire un mot de ta perte ; si tu peux forcer ton cœur et tes nerfs et tes muscles à te servir, longtemps après qu'ils sont usés, et tenir ainsi, quand même, alors que plus rien n'est debout en toi, sauf ta volonté qui leur dit : "Tenez bon"; "Si tu sais parler aux foules, et rester vertueux ; vivre avec les Rois et rester simple , si ni tes ennemis, ni les amis qui t'aiment, ne peuvent te faire de mai ; si tous les hommes comptent pour toi, mais aucun en trop, si tu sais remplir la minute qui passe par un effort de soixante secondes ; alors la terre est à toi, avec tout ce qu'elle contient. Et, ce qui est plus, tu seras un Homme, mon fils". Nous abordons maintenant la partie essentielle et la plus délicate notre tâche, la rédaction des devoirs. De nombreux At..., notamment; le Chap... Les trois H V... du Havre, le Chap... Thémis V... de Caen, Chap... de la V... de Rouen, le Chap... La Morinie V... du Touquet, le Chap... L'Etoile de l'espérance V... de Beauvais, le Chap... L'idéal humain V... Bayonne et Pau, le Chap... Clémente Amitié V... de Paris, le Chap... France démocratique V... de Nice, le Chap... La fraternité marocaine V... de Rabat, le Chap... La fraternité vendéenne V... de la Roche-sur-Yon, Cons... La fraternité vosgienne C...d'Epinal, le Chap... La sincère union et les vrais amis réunis V... d'Avignon, ont reproduit en tout ou en partie, textuellement ou avec quelques modifications, les 9 articles de la Déclaration des devoirs de 1795 ; certains d'entre eux et d'autres, par exemple le Cons... de Lyon, y ont ajouté un rappel de l'article 35 de la Déclaration de 1793 qui fait un devoir de la résistance à l'oppression dont l'article 2 de la Déclaration de 1789 faisait simplement un droit.

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La synthèse de tous les travaux des At... ne présentait pas de grandes difficultés pour le fond, car j'ai pu constater sur un point de la plus haute importance comme celui qui nous occupe aujourd'hui que malgré les divergences d'opinions politiques qui d'après notre Constitution, n'ont pas accès dans nos Temples, ils présentaient l'accord le plus harmonieux, les idées mises en relief par les uns complétaient: celles que les autres :avaient laissées dans la pénombre. Dans l'impossibilité de les mentionner nommément, je tiens à ce qu'ils sachent que leurs pierres anonymes ont contribué à l'édification du Temple. Mais c'est l'expression qui était malaisée. Comme l'ont justement signalé divers At..., entre autres le Cons... du C... de Lyon, il ne saurait être question d'un traité détaillé de morale pratique, travail auquel d'ailleurs donnera lieu l'étude de la morale altruiste proposée par le G... Col... des Rites pour le G... Cons... de septembre prochain. La Déclaration des devoirs, destinée à jouer en quoique sorte pour !es laïques le rôle des commandements de Dieu et de l'Eglise de la religion catholique, doit être condensée en un nombre restreint d'articles, exprimés dans un style simple et concis, pour ainsi dire lapidaire (Chap... 'L'étoile de l'espérance V... de Beauvais — Chap... Sincérité, parfaite union et constante amitié réunis V... de Besançon — Chap... La Fraternité vendéenne V... de la Roche-sur-Yon — Chap... La fraternité marocaine V... de Rabat); elle doit contenir tout l'essentiel et rien de plus. Unissant mes efforts aux vôtres pour dégrossir la pierre brute, voici le texte que, pleinement conscient de son imperfection, je soumets à votre critique frat... DECLARATION DE DEVOIRS DE L'HOMME ET DU CITOYEN Les représentants des At... supérieurs du G... O... France, réunis en G... Chap... le 18 mars 1934, Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des devoirs de l'homme sont la principale cause du relâchement des mœurs, de la confusion, du désordre et du désarroi qui règnent actuellement dans notre pays et dans le monde aux points de vue tant économique que politique.

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Ont résolu d'exposer dans une déclaration solennelle les devoirs de l'homme en société. Afin que cette déclaration, étant constamment présente à l'esprit de tous les citoyens conjointement à celle de leurs droits, les actions de chacun contribuent toujours au bonheur de tous et au progrès social par la subordination des intérêts individuels à l'intérêt général : En conséquence, le G... Chap... reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices du G... Col... des Rites, Suprême Cons... du G... O... de France et propose à la F... M... universelle et à tous les prof... de bonne volonté les devoirs suivants de l'homme et du citoyen : I L'homme doit chercher que ses actes ne soient pour aucun des autres êtres et surtout des autres hommes une source de peine, mais au contraire de joie. II L'homme est tenu d"observer les devoirs corrélatifs aux droits que lui confère la société à sa naissance. Ces devoirs se résument pour tous les individus à servir la société ; ils différent en nature et en degré selon les facultés de chacun, l'ampleur des groupements dont il fait partie, la diversité et l'élévation de sa profession ou emploi. III La valeur de la collectivité ne pouvant être que la résultante des valeurs individuelles de ses membres, chacun a le devoir de respecter et de développer sa propre individualité avec les qualités corporelles, intellectuelles et morales qui font la saveur et la valeur de l'existence et la dignité humaine. IV L'homme doit ignorer l'envie et la haine, avoir pour son prochain des sentiments et une conduite fraternels, et en respectant l'indépendance des autres comme la sienne propre, employer ses

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facultés, y compris la propriété individuelle, fruit de son travail, à les rendre plus heureux, meilleurs et plus utiles à la prospérité générale. V L'homme doit un respect spécial à ceux qui le touchent de plus près et à ceux qui par leurs qualités intellectuelles et morales sont particulièrement utiles à la société. A l'égard de ceux qui auraient manqué à leurs devoirs, il doit s'efforcer de les corriger en leur conservant la compassion due aux imperfections de la nature humaine et sans chercher dans ses défaillances d'autrui une excuse pour les siennes. VI L'homme doit respecter scrupuleusement ses engagements librement consentis, écrits ou oraux, exprès ou tacites. VIl L'homme doit aux convictions d'autrui le même respect qu'aux siennes propres, se rappelant que même celles qui lui paraissent actuellement périmées ont pu avoir leur utilité dans l'histoire de l'humanité. Il les combattra sans faiblesse, mais dans les limites fixées par la loi, par des arguments loyaux et courtois et avec l'unique dessein d'éclairer, non de brimer leurs partisans. VIII L'individu a le devoir de contribuer par son travail matériel et intellectuel à l'indépendance, à la sécurité et au bien être de lui-même et de sa famille et au progrès social. IX Quelle que soit sa profession, l'individu doit se dévouer a la tâche qu'il a librement choisie et tendre sans cesse à en améliorer le rendement, tant par ses efforts personnels qu'en collaborant avec ceux qui exercent des professions semblables ou voisines. Il ne doit jamais oublier que sa profession n'étant qu'une des branches de l'activité sociale, toute revendication aussi bien corporative

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qu'individuelle doit s'incliner devant Ies nécessité nationales et internationales de l'intérêt général. X Le citoyen investi par l'élection ou par délégation de l'autorité d'une fonction ou d'un service public est soumis au devoir de conscience professionnelle d'autant plus impérieusement qu'il a un rang plus élevé : noblesse oblige. Il doit sacrifier sans hésitation à l'exécution scrupuleuse des obligations qu'il a acceptées envers l'intérêt général ses convictions et ses intérêts personnels, corporatifs ou de parti. XI Le citoyen doit à la fois contribuer à provoquer par les voies légales l'amélioration des lois existantes et les respecter tant qu'elles restent l'expression de la volonté générale. Mais au cas où la souveraineté nationale viendrait à être usurpée, la résistance à l'oppression deviendrait pour tout citoyen, le plus impérieux des devoirs. XII Le devoir fiscal n'admet ni fraude ni restriction. La désertion devant l'impôt encore moins d'excuses que la désertion devant l'ennemi. Xlll Le citoyen, se rappelant que nos pères ont durement lutté pour conquérir les droits civiques et qu'il doit à nos successeurs de ne pas les laisser prescrire, a le devoir de les exercer en conscience, sans autre considération que l'intérêt général et de contrôler les législateurs comme ceux-ci doivent contrôler le pouvoir exécutif. XIV Citoyen et patriote sont synonymes. En cas de guerre, le citoyen doit à sa patrie tous les sacrifices y compris celui de sa vie. XV Le patriotisme n'exclut pas, mais au contraire appelle le respect des autres nations. Prêt à faire tout son devoir en cas de guerre, le

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citoyen doit travailler de toutes ses forces à l'empêcher et à hâter, par le rapprochement des peuples, l'avènement de la paix universelle. J'ai dit. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Je crois être votre interprète à tous en félicitant notre F... Luquet de son admirable rapport qui constitue un complément remarquable du vœu que nous avons émis aujourd'hui. Je suis certain que la communication du travail du F... Luquet contribuera à justifier le Vœu que nous avons émis et à montrer à nos adversaires comment les Francs-Maçons comprennent la morale et les devoirs des citoyens. Je vous remercie, mon T... C... F... Luquet, au nom des Ateliers Supérieurs, de votre remarquable rapport. (Vifs applaudissements.) Je me permettrai simplement de vous présenter quelques légères observations, qui s'expliquent du fait que vous n'avez pas lu tous les rapports, faute d'en avoir eu le temps matériel. Je vous demanderai donc de vouloir bien prendre connaissance des derniers rapports qui vous ont été remis, afin de mettre au point votre rapport définitif et de donner satisfaction aux retardataires, bien qu'ils ne le méritent pas, puisqu'ils qui ont négligé de fournir leurs travaux dans les délais fixés. D'autre part. j'aimerais que dans le préambule de votre déclaration vous ajoutiez, au sujet des devoirs du citoyen, qu'ils «varient et croissent». Plus un homme a de facultés, plus il est doué par la nature, et plus aussi ses devoirs sont étendus. A propos de la propriété, je voudrais aussi que vous ajoutiez ceci : La propriété est considérée par lui (le citoyen) est utilisée comme un moyen d'accroître et d'aider chacun de ceux qui l'entourent. F... LUQUET. — Nous sommes tout à fait d'accord, et je tiendrai compte de ces observations. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Voici pourquoi. La propriété doit être considérée comme un moyen d'accroissement et d'aide permettant à chaque citoyen d'augmenter le rôle social de ceux qui l'entourent.

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En ce qui concerne les fondements de la morale, j'aimerais voir dans votre rapport une phrase ainsi conçue : "La morale, pour le Maçon, doit être plus sévère que les lois et que la morale profane. » C'est ce point que j'ai d'ailleurs fait ressortir dans l'Avertissement aux Ateliers Supérieurs, en disant que la conscience maçonnique doit être plus rigide que la conscience profane, parce qu'elle doit porter le Maçon non pas simplement à ne pas faire à autrui ce qu'il ne voudrait pas qu'il lui fut fait, mais à faire à autrui ce qu'il voudrait qu'il lui fut fait. F... LUQUET. — Je ne l'avais pas mis à dessein, pour donner à cette Déclaration des Devoirs une portée plu; générale. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. —.le propose cette adjonction pour montrer comment, nous, Maçons, nous la concevons, en vue de donner des fondements à une morale laïque. J'en voyais les bases dans le but de perfectibilité vers lequel tend la Nature, dans son évolution, dans les principes de solidarité, d'harmonie dont elle nous donne le spectacle. Répondant à un F... qui demande que cette déclaration des devoirs du citoyen soit un peu plus condensée et rédigée de façon concise afin qu'on puisse la faire admettre à l'enseignement primaire, le Gr... Command... indique qu'il y a dans cet ordre d'idées, le vieux Code Maçonnique qui, modernisé et mis en harmonie avec la liberté absolue de penser, conviendrait, semble-t-il, parfaitement. F... LUQUET. — Je m'excuse de n'avoir pas pu arriver à cette condensation. Je n'ai eu que quinze jours, et en dehors de mes occupations profanes, pour faire ce rapport. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Nous voulons simplement collaborer avec vous : il n'est nullement dans notre pensée de formule la moindre critique. F... DE ROBERT. — Je voudrais attirer l'attention de l'Assemblée sur trois principes différents qui ont présidé et qui président à l'heure actuelle à l'élaboration du devoir social, suivant qu'il s'agit d'un état actuel ou d'un état futur à la mode fasciste. Il y a un esprit philosophique qu'il est important de signaler. Le Code français, le Code civil; renferme implicitement une déclaration des devoirs en ce

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sens que dans de nombreux articles et d'une façon générale, il parle du devoir du père de famille. On doit jouir de ses biens en bon père de famille et par conséquent, il y a un idéal de bon père de famille et de famille qui domine ce Code. Cet idéal a d'abord été accepté par un ensemble de peuples civilisés, puis il est arrivé un moment où un peuple a dit : "Cet idéal n'est pas tout à fait exact et ne correspond pas à la philosophie générale de notre époque et il serait peut-être commerçant, en loyal associé de l'ordre social. Il y a déjà dans cette déclaration quelque chose de différent, qui, aujourd'hui tend à être remplacé, dans les Etats fascistes, par une déclaration basée sur une philosophie sans laquelle il est dit : "Il ne peut plus être question de l'idéal du bon père de famille, l'idéal loyal du commerçant n'est pas suffisamment et n'est pas juste, pour la société de l'avenir, il faut l'idéal de l'honneur militaire, il faut élever chaque citoyen non seulement du pont de vue militaire, mais du point, de vue général. F... CERF (Chap... Etoile Polaire). — Je voudrais simplement faire de très courtes observations. Il a été dit dans le rapport présenté par notre F... Luquet, que certains Chapitres ou Conseils trouvent inutile une déclaration des devoirs de l'homme et du citoyen. Ces Ateliers se basaient sur le fait que cette déclaration, qui avait été proposée au moment des assemblées révolutionnaires avait, été éliminée par elles. Je crois que nous ne devons pas nous baser aujourd'hui sur ce qui a été fait à l'époque de la Révolution. La situation à cette époque était tout autre. Nous ne pouvons pas comparer la situation actuelle à celle qui existait il y a 150 ans. II y a eu à ce moment, une révolution qui avait à répondre à certains besoins, à certaines aspirations de l'époque ; il fallait en particulier faire une déclaration des droits. Or, comme on n'avait pas reconnu beaucoup de droits jusqu'alors à la masse populaire, on ne pouvait pas songer à lui imposer, en contrepartie, des devoirs. Après l'empirisme du 19ème siècle, après le matérialisme, il était naturel qu'on en vienne à rechercher les devoirs qui sont !a corrélation des droits de l'homme et du citoyen.

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Vous avez remarqué que dans son rapport, notre F... Luquet se base, en principe, sur la théorie du contrat social avec la supposition d'une nature excellente et d'un homme foncièrement bon (Geste de protestation du F... Rapporteur). Ce qui était vrai au 18ème siècle ne saurait plus l'être de nos jours, notamment en ce qui concerne, la théorie du contrat passé entre l'individu et la collectivité, et la nécessité pour l'individu de s'effacer lorsque c'est nécessaire, devant la collectivité. C'est sur ce principe qu'on s'et appuyé pour dire que le fonctionnaire qui a fait un contrat avec la collectivité dont il dépend, ne peut se délier du contrat qu'il a signé. Voilà ce que veut dire l'article qui se réfère à cette obligation." Lorsqu'on a fait la Déclaration des droits de l'homme et du Citoyen, on ne n'a pas faite avec l'intention de l'afficher immédiatement dans les écoles, ni d'en faire une sorte de bréviaire pour les écoliers : elle est devenue cela dans la suite, et à très juste titre. Avant le moment où elle a pu être enseignée dans les écoles, il a fallu que les instituteurs comprissent son contenu, fussent mis à même de le discuter. En effet, le fonctionnaire est un citoyen, il a des devoirs à remplir à ce titre. Pourquoi distinguer plus spécialement le fonctionnaire, plutôt que l'ouvrier ou le commerçant ? Pourquoi entrer dans ces détails qui choqueront une catégorie de citoyens. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Permettez-moi de vous dire que le citoyen fonctionnaire se trouve dans des conditions réellement particulières. Un ouvrier, un employé peuvent du jour au lendemain, être mis à la porte de l'établissement où ils sont occupés ; ils ne sont en quelques sortes, pas sûrs du lendemain. Le citoyen fonctionnaire est , au contraire, assuré d'un travail régulier jusqu'à la fin de ses jours : il jouit, au bout d'un certain nombre d'année de travail, d'une retraite. Ce sont des avantages très appréciables. et il est juste que ses devoirs soient mieux précisés que ceux d'un citoyen quelconque. Ayant un service public à assurer, il contribue à faire marcher la vie sociale dans le cadre où elle a été organisée ; il a évidement une responsabilité à cet égard. Le fonctionnaire entre dans cette catégorie d'individus dont le développement intellectuel et social est plus élevé, ce qui implique des devoirs plus étendus. C'est pourquoi je suis d'avis qu'il est bon d'indiquer une manière spéciale les devoirs du fonctionnaire.

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F... MUS (Chap... d'Avignon). — J'attendais un peu cette discussion, qui ne m'a pas surpris et qui mériterait de se développer si nous avions le temps. Elle était inévitable. A mon sens, F... Rapporteur a fait une déclaration qui n'est plus une déclaration, mais le résumé assez détaillé de toute une conférence. J'aimerais pour une déclaration des. Devoirs du Citoyen quelque chose de bref, de lapidaire. Vous l'avez dit vous-même, d'ailleurs, mon T... C...F... Rapporteur, il serait souhaitable que cette Déclaration soit brève. A la Déclaration des Droits, i! y a 17 articles, il ne faut pas que la Déclaration des Devoirs comporte 17 pages. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Le F... Luquet nous a fait un exposé des motifs. Par la faute de vos Rapporteurs qui n'ont pas fait parvenir en temps voulu au Grand Collège, les travaux de vos Ateliers, le F...Luquet n'a disposé que d'un temps extrêmement limité pour l'établissement de son rapport général, il n'a pu nous faire pour aujourd'hui qu'une esquisse. F... LUQUET. — Je n'ai pu disposer que de très peu de temps. F... MUS. — Est-ce que ce travail sera continué, sera-t-il réduit, condensé ? T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Il sera publié in extenso au Bulletin des Ateliers Supérieurs. Les conclusions seront très condensées. Nous avons fait allusion au vieux Code Maçonnique dont il conviendrait de s'inspirer pour arriver à faire une Déclaration des Devoirs très condensée. Nous sommes du même avis sur ce point. PLUSIEURS FF... — Aux voix ! Aux voix. F... DEBAUX. — Je viens; vous demander de ne pas statuer aujourd'hui sur le texte qui vient de nous être lu. Je demande que ce document qui nécessite un long examen, une discussion approfondie, ne fasse pas l'objet d'un vote de notre part aujourd'hui même. Il m'apparaît en effet, que deux thèses radicalement différentes s'opposent et s'affrontent. Il y a thèse collectiviste, qui me parait celle de notre Rapporteur, et la thèse individualiste. Je propose, pour éviter que ce document ne paraisse être un catéchisme maçonnique, que le temps matériel d'en étudier le texte nous soit donné à tous, afin de

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nous permettre ce faire des contre-propositions, sur lesquelles le Grand Chapitre prochain pourra se prononcer en toute connaissance de cause. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Notre F... Debaux vient de faire une remarque très juste. Les conditions dans lesquelles nous tenons ce Grand Chapitre ne nous permettent pas de faire ce que nous faisons en septembre. Au Chapitre de septembre, nous avons connaissance à l'avance des Rapports et nous pouvons en discuter en toute connaissance de cause. Ce n'était pas le cas aujourd'hui. Comme je vous l'ai dit, notre F... Luquet n'a eu les rapports en sa possession que depuis quinze jour; certains même lui ont été remis qu'aujourd'hui, il était donc matériellement impossible qu'il puisse remettre son rapport d'ensemble au Grand Collège plus tôt, et nous ne pouvions pas, dans ces conditions, le faire imprimer pour vous l'adresser. Cependant, c'est au Grand Chapitre de septembre dernier que la question soumise à l'étude du Chap... pour mars a été communiquée. Nous avions pensé qui depuis cette date les At... Sup.". avaient eu le temps nécessaire pour établir leur rapport et le faire parvenir avant le 1er mars, date fixée par le Bulletin n° 10. Nous allons donc faire imprimer le Rapport ; vous en prendrez tous connaissance dans le prochain Bulletin, et au Chapitre de Septembre, nous le discuterons très rapidement. Cela viendra d'ailleurs avec; la question de la Morale. On discutera les deux Rapports en même temps et il y aura une conclusion unique. Le Grand Collège des Rites ne demande qu'à vous donner satisfaction. Il fait appel à tous pour faciliter son travail acceptant avec bonne volonté, si les circonstances l'exigeaient, une légère augmentation de votre contribution. Je donne maintenant la parole à notre F... André Lebey, Grand Orateur du Grand Collège des Rites. F... ANDRE LEBEY. — Après cette longue séance, permettez- moi simplement de vous dire deux mots au sujet d'une parole qui a été prononcée par notre F... Marcy. II disait le 6 février, d'un côté, il y avait l'émeute et de l'autre, il y avait la loi. Bon.

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Mais c'est très grave, cela, et ici, entre nous, où il faut s'expliquer clairement, où il faut, à travers même nos préférences doctrinales et républicaines, chercher le vrai, je voudrais soumettre à vos réflexions cette constatation : C'est très grave pour un régime quand il a l'air — je ne vais pas plus loin — de se préférer à l'opinion publique. Et, je rappelle que c'est comme cela que sont tombées la monarchie de Charles XC, la monarchie du Roi-Citoyen, et plus tard la République de février. Et des deux côtés on était convaincu d'avoir raison. En fait, l'exagération de pouvoirs et le cléricalisme visible de la monarchie de Charles X avaient suscité dans le pays un mécontentement tel Que la révolution qui l'a chassé du pouvoir était évidemment l'expression de la volonté nationale, et ce n'est pas nous qui pouvons en douter. F... ANDRE LEBEY. — Erreur, il n'y avait pas d'électeurs totalitaires, mais il y avait tout de même un pouvoir constitué avec l'adhésion des citoyens, puisqu'il y avait une Chambre, puisqu'il y avait des débats parlementaires. On n'y votait pas évidement avec l'unanimité du pays, puisque le cens ne dormait pas à tous le droit de vote, on y votait néanmoins avec différentes tendances électorales. La révolution de 1848 a été faite pour détruire le cens électoral au second degré et pour créer le suffrage universel. Le 6 février dernier, à travers l'exploitation qui a été faite d'un sentiment national profond, par des gens qui, évidemment, cherchaient à atteindre le régime lui-même, il y a eu à la base, que vous le vouliez ou non, exploitée bien entendu par nos adversaires, une protestation d'honneur et d'honnêteté vis-à-vis de ceux, qui dans le régime, n'avaient pas suffisamment d'honnêteté et d'honneur. Or, nous ne pouvons qu'adhérer à ce sentiment-là. Je dirai, même que nous avions besoin qu'il naquit ; nous nous enfoncions doucement la pourriture et même l'accoutumance, l'acceptation de celle-ci. Le grand danger pour la république serait de ne pas avoir un sentiment psychologique assez vif pour s'en rendre compte, puis,

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excusez l'expression triviale, retournant le pot-au-feu, ne pas profiter de ce sentiment de moralité pour le faire sien. Si elle avait l'air de s'inscrire demain contre, elle s'atteindrait elle-même dans ses eaux les plus vives et, déjà peu aimée, risquerait de se suicider. Je vous demande de ne pas l'oublier. Si les événements que je rappelle ont eu lieu, c'est que nous n'avons pas suffisamment, de notre côté, tâté le pouls de l'opinion. Nous avons cru qu'il suffisait de rester sur le terrain un peu élevé des principes, sans voir de quelle manière ils étaient appliqués dans la réalité. Nous rêvons ! Nous dormons ! Souvenez-vous : il y a très longtemps que je vous le crie En vain. Nous n'avons pas senti que le pays en avait assez des lois bâclées, faites trop souvent dans un but démagogique et qui pèsent top lourdement sur les épaules des contribuables. Nous n'avons pas compris que le pays en avait assez des députés mal choisis, n'ayant pas la culture suffisante et qui, sans doute aussi, comme certains de ceux qui ont été à la base de ce malentendu, n'avaient pas les qualités historiques, psychologiques et morales, indispensables à un représentant du peuple. Je vous demande, parce que vous voulez défendre le régime, parce que vous voulez que la liberté soit sauvée, de faire votre possible dans les partis auxquels vous appartenez quels qu'ils soient, pour que cette moralité publique et cette intelligence psychologique qui doivent guider le bulletin de vote de l'électeur et la propagande dans les partis soient plus éclairées, plus vivantes, tout en restant aussi idéalistes, et par conséquent un peu plus pratiques. Si vous faites cela, vous aurez rendu à ce pays, un service particulièrement signalé. Je veux croire que c'est fini. Je n'en suis pas très sûr, car ça ne sera pas fini si on sent que, de notre côté, du côté de l'armée républicaine, même avec la volonté de nettoyage indispensable et celle d'épurer sans pitié, — devrait-elle atteindre certains des nôtres— subsiste la pensée de maintenir les errements du passé.

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Actuellement, il faut nous rapprocher de l'opinion publique, il faut que le divorce entre l'opinion publique et le suffrage universel — car c'est la qu'est le drame — cesse. Vous êtes de bons Maçons, je suis sûr que, si vous mettez votre cœur, votre honneur, dans la balance, nous saurons atteindre la victoire — la nouvelle victoire nécessaire, indispensable, d'une République rénovée. Si nous ne faisons pas ce nécessaire, étant donné la bêtise qui prévaut dans les milieux politiques, puis le calcul tout personnel auquel se subordonnent les opinions, par suite de l'intérêt électoral qui, dans la plupart des cas, domine l'élu, j'ai peur qu'en l'état actuel du pays, avec la crise économique; qui est à la base de tout, et vis-à-vis de laquelle j'ai le sentiment qu'on ne fait peut-être pas tout ce qu'il faut pour la solutionner, j'ai peur que tous ces groupes qui se sont formés, qui ont exploité l'opinion et ont l'air de répondre aux voeux du pays, ne profitent d'une situation nationale et internationale chaque jour plus trouble, plus compliquée, pour soulever à nouveau l'opinion contre nous. Faisons attention, montons la garde, sachons surtout comprendre, sur le terrain que je me permets de vous indiquer. J'insiste. Je vous l'avais dit, lors des grandes tenues de l'an dernier : la République est entourée de dictatures. Or, cette idée de dictature, au milieu de la paresse intellectuelle des masses, sollicitées trop souvent par des Journaux infects et par des cinémas qui les renseignent mal plutôt que bien, cette idée de dictature, dans l'absence croissante de toute idée critique, du fait même que la majorité est prête à tout accepter pour sortir d'une, situation insoluble, finira par germer en elles parce qu'elles y verront la seule solution qui leur paraîtra capable de nous mettre d'accord. (Applaudissements prolongés). T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Je remercie notre F... Lebey des paroles qu'il vient de prononcer. Je remercie également tous les FF... qui ont pris la parole aujourd'hui et qui ont ainsi contribué à rendre si intéressant et, si instructif ce Grand Chapitre du printemps. Je suis persuadé que si nos adversaires et nos détracteurs avaient pu assister a nos travaux d'aujourd'hui, ils auraient pu se rendre compte

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que la Franc-Maçonnerie est tout autre chose que ce qu'ils croient et que s'il était donné au public de savoir ce qui s'est dit ici, aujourd'hui, son opinion au sujet, de la Franc-Maçonnerie changerait bien vite. Je vous remercie tous et vous prie, au nom du Grand Collège des Rites de transmettre aux membres de tous vos Ateliers les sentiments de sympathie fraternelle et nos encouragements pour continuer en dépit de fous les obstacles qu'ils rencontrent sur une leur route, à défendre la Maçonnerie sur le terrain que nous avons exposé dans notre dernier Bulletin et au cours de la discussion d'aujourd'hui. Si, comme nous l'avons demandé dans le Bulletin n° 10, les Conseils et Chapitres nous font parvenir avant le 1" mai leurs rapports destinés à établir les Rapports généraux, nous ferons l'impossible pour vous adresser rapidement le compte rendu de cette Tenue, afin qu'en présence de la gravité des événements, chacun de vous soit à même de faire son devoir. Je vous en remercie par avance. UN F... — fait la proposition que le Bulletin soit envoyé sous enveloppe, comme lettre, aux frais des F... qui en exprimeront le désir. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Nous pouvons évidemment: donner satisfaction aux FF... qui en exprimeront le désir et qui assumeront les frais qui résultent d'un tel mode d'expédition. Je vous demanderai alors d'être les porte-paroles de cette proposition auprès de vos Ateliers respectifs. Mais il est indispensable que chaque Atelier nous envoie les noms des FF... qui désirent recevoir notre Bulletin dans ces conditions. Chaque Atelier sera débité des frais d'envoi et en opérera le recouvrement vis-à-vis de chacun des FF... intéressés. F... OPPENHEIM. —.Je dois vous signaler que l'envoi du Bulle tin sous enveloppe fermée nécessitera un affranchissement d'environ un franc par Bulletin. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — C'est notre F... Oppenheim que vous venez d'entendre, c'est lu; qui imprime et envoie le Bulletin. Etant donné que nous vous envoyons trois Bulletins par an, c'est donc une somme supplémentaire de plus de 3 francs par membre qu'il faut

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compter pour l'envoi sous plis fermés. Comme nous avons 4.000 membres environ, c'est une dépense de 12.000 francs qui en résulterait pour le Grand Collège, et ce dernier ne peut pas, en l'état actuel des choses, assumer une pareille dépense. (Protestations diverses). Si vous acceptez que nous augmentions la cotisation de 5 francs, nous pourrons vous donner satisfaction. F... ANDRE LEBEY. — Les FF..., qui veulent recevoir le Bulletin dans les conditions qui viennent d'être indiquées, sont prêts à payer le supplément de frais qui en résultera. Ils n'auront, dans ces conditions qu'à envoyer leurs noms et adresses à notre F... Charrière, si dévoué, qui fera le nécessaire. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Je n'en propose pas moins la cotisation supplémentaire de 5 francs par membre, ce qui portera à 15 francs par an, au lieu de 10, le droit de capitation des Chap... et Conseils, à partir du 1" janvier 1934. A ce sujet, j'ajoute qu'à des Ateliers éloignés qui nous demandent des délégués, le Grand Collège ne peut pas toujours donner satisfaction, faute de ressources suffisantes, pour faire face aux dépenses élevées de voyage. Le Grand Collège des Rites, ces deux dernières années, s'est imposé des frais énormes. Au début, nous avions pris l'engagement de vous envoyer un Bulletin par an. Cette année, vous en aurez 3, sans compter les Circulaires et documents divers. Nos ressources se trouvent ainsi absorbées et lorsqu'il s'agit d'envoyer en province des délégués du Grand Collège, il nous faut trop souvent y renoncer parce que nous ne disposons plus des moyens financiers nécessaires. Le F... JAIS. — Augmentez la cotisation annuelle de 5 francs. UNE AUTRE VOIX. — Faites payer les Ateliers. T... P... S... GRAND COMMANDEUR. — Vous pouvez être tranquilles, nous ne serons pas prodigues; mais dans les circonstances actuelles, nous estimons qu'il est utile d'avoir un trésor de guerre, car on ne sait pas ce qui va se passer. Nous ne savons pas si un jour il n'y aura pas une vague d'assaut qui viendra mettre le feu à notre maison. Nous avons pris certaines précautions. Dans la mesure du possible, nous avons mis en sécurité nos archives, nos fiches, nos dossiers. Si

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les réunions ici étaient rendues impossibles, je n'ai pas besoin de vous dire que le Secrétariat devra chercher un autre local. Bien entendu, nous ferons l'impossible pour faire face aux événements de demain et, s'il en était besoin, nous y contribuerons de nos deniers personnels. C'est pour toutes ces raisons qu'une augmentation de la cotisation peut, dans les circonstances particulières actuelles devenir utile. Il ne s'agit en somme, que d'une augmentation de 5 francs par an pour chaque membre. Voulez-vous accepter cette proposition de porter à 15 francs par an, à partir du 1er janvier 1934, le droit de capitation pour nos At... Supérieurs ? Etes-vous d'accord ? Mise aux voix, la proposition d'augmentation de 5 francs de la cotisation annuelle est adoptée à mains levées, sans opposition. Les travaux sont clos en la forme accoutumée, à 18 h. 15. RAPPORT DU F.-. LUQUET sur la question soumise au Grand Conseil – Mars 1934 Rechercher, étudier et discuter les grands principes qui peuvent inspirer l'enseignement d'une morale altruiste ou solidariste, et esquisser un plan pour l'application de ces principes à l'individu et aux diverses collectivités auxquelles il appartient (famille, cité, nation, milieu professionnel et humanité). Cette question a été étudiée dans 27 rapports provenant de 18 Cons... et 2 Chap... , savoir.dans l'ordre de réception au Secrétariat du Grand Coll... des Rites : Les Amis Persévérants C... de Périgueux — Les Démophiles C... de Tours (2 rapports) — La Candeur C... de Bordeaux — Costa C... de Constantine — France démocratique C... de Nice (2 rapports) — L'Etoile de l'Espérance V... de Beauvais (2 rapports) — L'Union Africaine C... d'Oran — Les Amis de la Vérité C... de Metz — L'Avenir C... de Paris (2 rapports) — Les Vrais Fidèles V... de Montpellier — La Fraternité Tonkinoise C... d'Hanoï — Paix et Union C... de Nantes — La Réunion des Amis choisis C... de Marseille — Le- Enfants de Gergovie C... de Clermont-Ferrand — L'Encyclopédique C... de Toulouse — Le Phare de la Chaouïa et du

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Maroc C... de Casablanca — La Lumière du Nord C... de Lille — Thémis C... de Caen (2 rapports) — Nouvelle Carthage C... de Tunis — Bélisaire C... d'Alger — Etoile Polaire C... de Paris. Noud devons frat... exprimer le regret que plus de la moitié des Cons... (25 sur 45) semblent s'être désintéressés de cette question. Il est vrai qu'elle portait sur un sujet voisin de la question soumise au Grand Chap... de mars dernier : mais cela n'a pas empêché 11 At... Sup... de traiter à la fois l'une et l'autre. Nous espérons que leur exemple de travail, et aussi d'exactitude dans l'envoi des rapports, trouvera à l'avenir de plus nombreux émules. La question proposée, comme l'ont, justement signalé la plupart des rapports, était tellement vaste que chacun ne pouvait guère en traiter qu'une partie, ce qui a amené plusieurs At... à fournir deux rapporta. Mais c'est justement le rôle du rapport général d'effectuer la synthèse des divers rapports particuliers en les complétant les uns par les autres et inversement en laissant de côté ses développements qui, intéressants en eux- mêmes, n'ont avec le sujet précis qu'un rapport indirect ou même extrêmement lointain. Je me suis tout spécialement inspiré des rapports des At... L'Etoile de l'Espérance V... de Beauvais, La Fraternité Tonkinoise C... d'Hanoi, La Lumière du Nord C... de Lille, France Démocratique C... de Nice. L'Avenir C... de Paris, Les Amis persévérante C... de Périgueux, Les Démophiles C... de Tours. Mais pour rendre à chacun; son dû, je dois ajouter que des rapports qui ne sont pas mentionnés nommément ici, il n'en est aucun qui ne m'ait été utile à quelque degré et qui n'ait contribué à orienter et à. préciser mes idées dans l'ensemble ou sur tel ou tel point de détail. Nous envisagerons successivement les deux parties de la question, à savoir les principes et les applications : 1. Les principes. — Sur le premier point, nous avens rencontré dans plusieurs rapports, sous des formes variées et qui, d'ailleurs, se contredisent mutuellement, une objection assez spécieuse tendant à opposer à la recherche des principes en morale la question préalable. Selon les Démophiles C... de Tours, la F... M... n'a pas besoin de chercher des principes pour la morale, car ses principes sont ceux même de notre Ordre.

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Il me semble au contraire que si d'autre morales se fondent sur des principes différents des nôtres, nous ne devons pas les négliger, mais en prendre connaissance et les confronter avec les nôtres par une discussion réfléchie. Cette confrontation aura le double avantage, d'une part de nous éclairer sur la valeur de nos propres principes, de nous amener peut-être à les perfectionner et de fortifier notre confiance en eux pour notre compte personnel, d'autre part de leur conférer plus d'autorité lorsque la F... M... fidèle à son rôle de puissance spirituelle s'efforce de les propager dans le monde profane. Considérer certains principes comme indiscutables pour l'unique raison que ce sont les nôtres serait nous rendre coupables du dogmatisme que nous condamnons à juste titre et oublier que la F... M... est, aux termes de notre Constitution, une institution progressive. A l'inverse de l'opinion que nous venons d'examiner, L'Etoile de l'Espérance V... de Beauvais considère comme un illusion de chercher à fonder la morale sur des principes spécifiquement maçonniques, différents de ceux des morales profanes. Cela nous serait même interdit par notre Constitution d'après laquelle, les conceptions métaphysiques étant du domaine exclusif de l'appréciation individuelle, la F... M... se refuse à toute affirmation dogmatique. Nous sommes pleinement d'accord avec ce rapport sur le point que la F... M... , en tant que corps doit s'interdire, et à ce qu'il nous semble, s'interdit en fait, les affirmations métaphysiques. et en particulier, elle n'a pas à chercher à fonder la morale sur le matérialisme, pas plus que sur le spiritualisme. J'ajouterais même que, indépendamment de toute considération maçonnique, les conceptions métaphysiques n'ayant de valeurs que pour ceux qui les admettent et n'ayant jamais cessé de se combattre sans résultat décisif, toute morale qui recourt comme fondement à des conceptions métaphysiques quelconques se prive nécessairement de l'adhésion universelle à laquelle elle aspire. C'est précisément la supériorité de la morale laïque sur toutes les morales religieuses de valoir aussi bien pour les incroyants que pour les fidèles de telle ou telle religion. Mais c'est à tort, croyons-nous, que le rapport précité identifie principes moraux avec conceptions métaphysiques, car la morale peut fort bien avoir des principes sans les emprunter à la métaphysique. Etymologiquement, principe signifie ce qui est

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premier, ce qu'on prend comme point de départ, au-delà de quoi on ne remonte pas. Quand le rapport que nous examinons déclare que la généralité des morales profanes, aussi bien que maçonniques sont d'accord sur les principes de justice et de bonté, et qu il n'y a pas lieu de chercher à fonder ces préceptes sur autre chose, par là même, elle fait de ces préceptes, des principes, sans pour cela les lier à aucune conception métaphysique. Si maintenant, au lieu de se borner à accepter d'emblée les préceptes de justice et de bonté, on cherche à les justifier, ce sont les justifications qu'on présente qui deviennent les principes de la morale, et rien n'oblige à les emprunter à la métaphysique. Sans aller plus loin, le rapport dont nous parlons, en jugeant inutile de chercher un fondement aux préceptes de justice et de bonté parce qu'ils sont admis par la généralités des morales, fait du consentement général, la justification ou principe de ces préceptes moraux, et ce principe, qu'on l'accepte ou non, n'est pas tiré de la métaphysique. Mais la morale a-t-elle besoin de principes, même étrangers à la métaphysique ? La Fraternité Tonkinoise C... d'Hanoï semble les juger plus nuisibles qu'utiles. Sur un point de son exposé son affirmation est très nette et nous ne pouvons que lui donner raison. En matière d'enseignement moral, et particulièrement à l'égard des enfants, il serait vain et peut-être dangereux de faire appel à des raisonnements compliqués inaccessibles au développement mental actuel de ceux à qui l'on s'adresse ; il faut aller au plus pressé, leur donner des règles, créer en eux des habitudes d'action dont on ne leur fournira la justification que plus tard, lorsqu'ils seront devenus capables de la comprendre. Mais ces considérations très judicieuses concernent plutôt la pédagogie que la morale proprement dite. A l'égard d'adultes, à l'égard de nous-mêmes, pouvons-nous laisser sans justifications ou sans principes les préceptes de conduite que nous proclamons ? Ici, l'opinion du rapport que nous examinons ne se dégage pas avec une parfaite clarté. Il déclare bien, et cette fois encore avec raison, que la morale doit se défier des raisonnements subtils et des spéculations élevées, rester en contact: étroit avec les problèmes réels de la vie courante et éviter de se perdre dans les nuages. Mais ce n'est pas, ce me semble, perdre de vue les préceptes pratiques que de chercher à les justifier, et si on ne les justifie pas, quelle raison aura-t-on de leur accorder confiance, de se laisser guider par eux ? La morale, déclare expressément le rapport, est beaucoup plus affaire de cœur

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et de bon sens que d'intelligence. Mais que signifie au juste l'opposition établie entre l'intelligence et le bon sens. On ne veut pas dire, je suppose, que le bon sens étant synonyme de raison, l'intelligence en soit par définition le contraire, que l'intelligence éloigne de la vérité aussi naturellement que le bon sens y conduit, mais sans doute que l'intelligence y tend par une voie détournée et incertaine, tandis que le bon sens l'atteint spontanément, immédiatement. Nous ne saurions partager cet optimisme à l'égard de la portée de l'esprit humain ; une expérience sans cesse renouvelée nous semble prouver au contraire, que ce n'est qu'à travers une série d'erreurs graduellement rectifiées que l'individu et l'humanité s'acheminent lentement et péniblement vers la vérité. C'est sur le même optimisme que repose en matière morale l'appel au cœur ou, comme on dit encore, au sentiment. En parlant du cœur, on sous-entend qu'il s'agit des bons sentiments par opposition aux mauvais ; mais, pour conserver la métaphore, le cœur produit aussi bien de mauvais sentiments que de bons, et ce n'est pas lui qui est capable de distinguer les uns des autres. Cette tâche est l'affaire du jugement. Le bon sens est un jugement rapide et superficiel, l'intelligence un jugement approfondi et réfléchi, et l'on ne comprend guère pourquoi ce serait précisément le travail intellectuel le plus hâtif qui donnerait les résultats les plus solides. La vérité, aussi bien en morale que scientifique ne se révèle pas d'elle-même, elle se conquiert. Au surplus, si nous la trouvions d'instinct, toute recherche morale serait superflue. Le rapport invoque à plusieurs reprises les enseignements moraux "des sages, des philosophes, des prophètes" de tous les temps et tous les pays ; l'autorité spéciale qu'il attribue à juste titre à ces hommes d'élite n'est-elle pas due à ce que chez eux le bon sens brut a été affiné par l'intelligence ? Qu'un homme dépourvu d'intelligence se laisse guider par son cœur, il ne faut pas lui en faire grief, car il fait ce qu'il peut, mais au contraire le plaindre de ne pouvoir faire davantage ; mais l'homme qui, doué d'intelligence, néglige de se servir de cet instrument précieux pour s'abandonner aux élans de son coeur ou aux inspirations de son bon sens, se rend coupable de paresse d'esprit. En résume, nous sommes d'avis, avec le Cons... Etoile Polaire C... de Paris, qu'une morale ne peut se passer, pour des hommes d'un développement mental suffisant qui veulent y suspendre leur propre conduite et la recommander aux autres, de s'appuyer sur des principes, sous la réserve que ces principes soient indépendants de

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conceptions métaphysiques, et d'une façon plus générale puissent être acceptés sans difficulté par l'ensemble des hommes. D'après l'énoncé qui nous est proposé, la morale dont nous avons à rechercher les principes est une morale altruiste ou solidariste. Bien qu'en français le mot "ou"soit ambigu, pouvant signifier soit une synonymie, soit au contraire une opposition, l'esprit de notre Ordre nous semble ne permettre ici aucune équivoque : c'est la même morale que désignent les épithètes altruiste et solidariste, avec cette seule différence que la morale solidariste considère comme le fondement principal ou unique de l'altruisme l'idée de solidarité. Par suite, nous bornant pour le moment à caractériser cette morale, nous pouvons n'en retenir que le trait d'altruisme, quitte à nous demander plus loin, quand nous en rechercherons les principes, quelle place il faut faire parmi eux à la solidarité. Une morale altruiste, comme toute autre, se reconnaît objectivement à ses préceptes, et c'est parce que les préceptes altruistes sont également proclamés par les morales les plus diverses que, comme nous l'avons vu, on a pu juger inutile de les appuyer sur des principes. Mais ces préceptes eux-mêmes, il convient de les énoncer en termes exempts d'ambiguïté. On en emprunte couramment la formule à la double maxime de Jésus : Ayez envers autrui la conduite que vous désireriez qu'il ait envers vous, évitez envers autrui la conduite que vous désireriez qu'il évite envers vous ; en un mot : Traitez autrui comme vous désireriez être traité par lui. Cette maxime, que nombre des rapports ont reprise pour leur compte, est assurément très louable dans son intention. Mais, si elle est prise à la lettre, ce qui n'est pas une crainte en l'air, mais justifiée par des faits, elle risque d'entraîner les plus fâcheuses conséquences. En effet, elle revient à dire : Imposez à autrui par bonté ce qu'il devrait trouver avantageux pour lui parce que vous le trouvez avantageux pour vous, privez-le par bonté de ce qu'il devrait trouver fâcheux pour lui puisque vous le trouvez fâcheux pour vous. Une telle conduite est aussi peu sensée que celle d'un enfant qui par bonté retirerait des poissons rouges de leur aquarium pour les empêcher de se noyer, et ce précepte moral aboutit, en faisant l'individu juge de l'intérêt d'autrui, en dépit de toutes les protestations et résistances de celui- ci, à ériger l'intolérance en vertu. On évitera, croyons-nous, ce danger, en spécifiant que la bonté consiste à traiter autrui comme il désire être traité, même si l'on estime qu'il a tort d'avoir ce désir, bien entendu après avoir essayé de l'éclairer sur son intérêt véritable.

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Par suite, comme le désir fondamental de tout être sentant est d'éprouver de la joie et de ne pas éprouver de la peine, la morale altruiste pourra se résumer dans cette formule pratique : Agissez à l'égard de tous les êtres avec qui vous vous trouvez en rapport, de façon à leur procurer de la joie et de leur éviter, ou tout au moins à ne pas leur causer de la peine. II importe de remarquer que cette maxime de conduite, et d'une manière générale n'importe quelle règle de morale, même: si l'on se contente de la poser, sans chercher à l'appuyer sur des principes, serait inutile s'il était impossible à l'individu ou, comme on dit encore, à l'agent moral de la suivre, et tout autant s'il ne pouvait faire autrement que de s'y conformer. Autrement dit, la morale a pour condition indispensable la liberté. Fort heureusement, il ne s'agit pas ici de la notion obscure, sinon obscurcie artificiellement de la liberté sur laquelle discutent indéfiniment les métaphysiciens. La liberté requise par la morale est à la fois beaucoup plus simple et plus précise : elle consiste pour l'individu à n'être soumis à aucune contrainte qui l'empêche d'une part de choisir lui-même la règle de conduite qu'il veut suivre, même si elle lui a été proposée par autrui, d'autre part de suivre cette règle une fois qu'il l'a acceptée. Or la liberté entendue en ce double sens paraît être non une simple hypothèse, mais un fait d'expérience. Dans le premier sens, la conduite d'un individu ne peut être qu'essentiellement personnelle : il est aussi impossible à n'importe quel autre de se conduire pour lui que de manger pour lui. De même, nul autre ne peut choisir pour lui sa morale ou règle de conduite. Certes, il se trouve en contact avec d'autres individus ou des collectivités qui enseignent, qui prêchent et à l'occasion s'efforcent d'imposer telle ou telle morale, de sorte que son rôle se réduit souvent à choisir entre les diverses morales qui lui sont ainsi présentées. Mais ce choix ne peut être que son œuvre propre ; quelque pression qui puisse être exercée sur lui pour lui faire suivre telle conduite, s'agit-il même de martyre, il ne la suit que s'il consent à la suivre. Mais si aucune contrainte extérieure n'est capable de supprimer, même en l'opprimant, la liberté de l'agent moral, ne serait-il pas soumis à une contrainte interne, à savoir celle de forces qui le poussent à agir dans tel ou tel sens, tendances, impulsions, instincts, sentiments ou de quelque autre nom qu'on les appelle ? Leur ensemble constitue son individualité psychique, son caractère, avec

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lequel il vient au monde sans se l'être donné et qui, même s'il se modifie au cours de son exigence, ne se modifiera qu'en vertu de prédispositions qu'il contenait en germe dès la naissance. L'individu n'est-il pas soumis à un déterminisme qui à aucun moment ne lui laissait la possibilité d'agir autrement qu'il ne l'a fait •? Assurément, il est impossible à l'individu d'agir autrement que conformément à sa nature, tout aussi impossible qu'à un bouchon abandonné à lui-même sur l'eau de ne pas flotter. Si c'est là ce qu'on entend par déterminisme, l'homme est déterminé. Mais ce déterminisme n'exclut pas forcement la liberté, et peut fort bien au contraire l'engendrer. Il suffit pour cela que parmi les éléments dont l'ensemble constitue la nature de l'individu il y en ait un qui puisse l'amener à modifier l'intensité relative des diverses tendances qui coexistent en lui, et par suite leur résultante. Cet élément, dont il paraît difficile de contester l'existence, c'est la réflexion par laquelle l'individu porte sur ses tendances un jugement de valeur, indépendant de leur intensité spontanée, et qui l'amène à renforcer les unes au détriment des autres. Etre libre, c'est être capable; en une certaine mesure, sans doute variable selon les individus et les moments d'un même individu, de résister aux impulsions immédiates de ses sentiments en leur opposant des raisons ou motifs. La liberté morale qui n'est pas donnée toute faite, qu'il faut conquérir avec peine et jamais peut-être complètement, n'est rien d'autre que la subordination du déterminisme des instincts au déterminisme de la réflexion, qui n'a pas moins que lui sa source dans la nature de l'individu. La recherche des principes de la morale altruiste revient alors à celle des raisons qui peuvent déterminer l'individu à faire prédominer ses tendances altruistes sur les tendances qui s'opposent à elles au sein de sa propre nature. Si l'on veut éviter d'être dupe des mots, il faut soigneusement remarquer que l'altruisme a le même rapport à l'égoïsme que la liberté au déterminisme ; il n'en est pas le contraire, mais seulement l'une des formes. En un sens, il est aussi impossible à l'homme de s'évader entièrement de l'égoïsme que de détacher son âme de son corps, et, selon la formule de La Rochefoucauld comme les fleuves dans la mer. L'individu qui choisit certaines de ses de ses tendances pour les suivre ne les choisit que parce qu'il lui plait davantage de suivre celles-là que d'autres, et par conséquent, pour quelque raison qu'il les choisisse, c'est toujours pour une raison égoïste. Prenons par exemple la charité. Il est bien connu que dans

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nombre de cas elle est, comme on dit, intéressée. On peut la faire par ostentation, pour se manifester comme charitable aux yeux du public. Dans d'autres cas, l'individu sera charitable pour obéir aux ordres de sa religion, s'acquérir des mérites à l'égard de son Dieu et travailler en vue de son propre salut. Et même dans les cas les plus désintéressés en apparence, dans la charité faite en pensant uniquement au bien qu'elle procure, celui qui la fait est toujours guidé, consciemment ou non par le plaisir qu'il éprouvera lui-même à la vue ou à la pensée du bien qui lui aura ainsi procuré même en faisant abstraction du fait que c'est lui qui le lui aura procuré. On pourrait multiplier les exemples : tous aboutiraient à la conclusion qu'il ne peut pas y avoir d'altruisme absolu. Même l'individu qui sacrifiera son intérêt propre et à l'occasion sa vie à l'intérêt d'autrui ne fera ce sacrifice que parce qu'il y trouvera un certain plaisir, qui ne pas n'être pas égoïste. L'altruisme n'est donc pas comme on le croit généralement, le contraire de l'égoïsme, mais en réalité une sorte particulière d'égoïsme, l'égoïsme qui se satisfait par des actions relatives à autrui. Et ce n'est pas la seule raison pour laquelle le mot altruisme est ambigu et devrait être proscrit du vocabulaire de la morale. Dans l'usage courant, il est employé comme un simple synonyme de dévouement ou bienfaisance. Mais étymologiquement, il a une signification plus étendue et susceptible de deux interprétations non seulement différentes, mais opposées. Il consiste à tenir compte, dans le choix des actions que l'individu décide d'accomplir, des effets qu'elles auront non pour lui-même, mais pour d'autres êtres et en particulier pour d'autres hommes ; mais dans son acception intrinsèque, il ne spécifie pas si ces effets devront être bienfaisants ou malfaisants. Or la réalité incontestable de l'altruisme bienfaisant, auquel on restreint d'ordinaire le sens du mot altruisme ne doit pas nous empêcher de reconnaître l'existence de l'altruisme malfaisant ou tendance qui pousse l'agent à choisir une conduite parce qu'elle aura pour autrui des effets non avantageux ou agréables, mais au contraire pénibles. On peut, et nous ne nous en ferons pas faute, déplorer et condamner cette tendance, qui consiste pour l'individu à se réjouir du malheur d'autrui et par suite à lui en causer dans la mesure où cela dépend de lui. N'empêche que depuis sa forme la plus bénigne ou malignité jusqu'à la plus accentuée ou cruauté, elle est tout aussi réelle que la bienfaisance et n'est pas moins qu'elle une forme de l'altruisme.

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En résumé, étant donné que l'agent moral vit au milieu d'autres êtres sur lesquels sa conduite aura inévitablement des répercussions, il y a pour cette conduite trois attitudes possibles et également réelles. La première consiste pour l'individu à ne pas se soucier des effets que sa conduite aura sur les autres, à agir comme s'ils n'existaient pas ; on pourrait, pour éviter le nom ambigu d'égoïsme, lui donner celui d'indifférence. Les deux autres consistent pour l'agent à régler sa conduite d'après les effets qu'elle aura sur d'autres êtres, mais l'une à adopter la conduite qui leur sera avantageuse ou agréable, la dernière à adopter la conduite qui leur causera du tort ou de là peine ; on peut les appeler respectivement bienfaisance et malfaisance. Cela étant, la morale altruiste au sens courant est la règle de conduite qui consiste à préférer à l'égard d'autrui une conduite bienfaisante à une conduite indifférente ou malfaisante, et les principes de cette morale seront les raisons qui justifient pour l'individu le choix de cette règle de conduite. Une première de ces raisons est l'honnêteté ou loyauté au sens strict du mot, la fidélité à des engagements formels. Dans une foule de cas, l'individu a fait avec d'autres un véritable marché, leur a promis telle conduite à leur égard en échange de telle conduite d'eux envers lui, est devenu à la lettre leur débiteur. Il va de soi que de tels engagements doivent être scrupuleusement tenus, ne fût-ce que pour cette simple raison de prudence que le manquement à une promesse prive pour l'avenir son auteur de la confiance de tous ceux qui en ont connaissance. Il en va de même pour des engagements implicites, c'est-à-dire des engagements que le créancier n'a pas songé à faire souscrire expressément parce que cela allait sans dire et que le débiteur de bonne foi ne peut faire autrement que de considérer comme sous-entendus. Une seconde raison en faveur de l'attitude bienfaisante est la reconnaissance. On n'est pas seulement débiteur d'une dette qu'on a contractée expressément d'un bienfait pour lequel on a promis une rémunération, mais aussi d'un bienfait qu'on a reçu sans l'avoir sollicité et qui dans l'esprit de son auteur vous était dispensé gratuitement. Nombre d'âmes à la fois simples et généreuses éprouvent fortement ce sentiment d'une dette contractée envers un bienfaiteur qui ne leur demandait et même n'attendait rien en retour ; elles saisissent la première occasion, quand elles ne la font pas naître, pour s'acquitter et, comme elles disent, "ne pas être en reste".

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Il en est même, d'une fierté plus ombrageuse, que ce sentiment de dette contractée envers le bienfaiteur pousse à supporter impatiemment les bienfaits parfois même à les refuser. Les coutumes de diverses populations primitives témoignent de la croyance que l'obligé est sous la dépendance de son bienfaiteur et doit rétablir l'équilibre par un bienfait réciproque égal ou même renverser la situation par un bienfait supérieur. C'est sur ce sentiment reconnu légitime que s'appuie la morale solidariste, quand elle attire l'attention de l'individu sur les innombrables bienfaits dont il es; redevable à autrui, puisque, surtout dans la complication de notre vie actuelle, chacun est à peu près incapable de se suffire à lui-même et est ainsi débiteur d'une foule d'individus, de collectivité-, de la société, même de l'humanité tout entière. Les deux premières raisons que nous venons de faire valoir en faveur d'une morale altruiste, ou comme nous disons, d'une conduite bienfaisante peuvent être réunies sous le nom de justice. Mais cette justice ne fournit à la bienfaisance qu'un fondement partiel et doit être complétée par un autre principe, traditionnellement appelé charité et pour lequel nous préférons le nom plus simple de bonté. En effet, toutes les actions bienfaisantes n'ont été jusqu'ici légitimées que dans la mesure où elles correspondent chez l'agent à la rémunération de bienfaits déjà reçus par lui. Mais 'il faut bien que quelqu'un ait commencé et, pour qu'il y ait des bienfaits à rémunérer, qu'il y ait eu antérieurement des bienfaits gratuits et par suite non fondés sur l'a justice. C'est la même idée qu'exprimait la distinction établie ci-dessus au sein de la justice entre l'honnêteté et la reconnaissance. Il y a assurément des bienfaits pour ainsi dire commerciaux et tarifés, dont le bienfaiteur attendait et au besoin exigeait un bénéfice. Mais il y en a d'autres qui dans l'esprit du bienfaiteur étaient pleinement désintéressés, qu'il ne considérait ni comme un prêté pour un rendu, ni comme un rendu pour un prêté, mais comme un don pur et simple, et qui par conséquent ne relevaient en aucune façon de la justice. Nous serons amené à la même conclusion en envisageant certains des arguments invoqués par les défenseurs de la morale solidariste et que tout en rendant hommage à la pureté des intentions de ceux qui les présentent, nous ne trouvions.pas très solides. Lorsqu'ils signalent que nous sommes en réalité redevables à une foule de gens

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auxquels nous ne songeons pas, nous leur donnons pleinement raison. Mais ils ajoutent deux choses : l'une que nous sommes redevables envers nos successeurs des bienfaits que nous n'avons reçus de nos devanciers, l'autre que nous sommes redevables envers ceux de nos contemporains qui ne nous ont fait aucun bien ou même nous ont fait du mal du bien qui nous a été fait par d'autres. Il y a manifestement abus à faire rentrer dans la justice cette réversibilité des mérites. Nous accepterons seulement que puisque nous approuvons ceux qui nous ont accordé des bienfaits gratuits, nous sommes fondés à suivre leur exemple en accordant des bienfaits gratuits à d'autres individus ; mais le fait que la bienfaisance dont nous sommes les auteurs n'est que l'imitation d'une bienfaisance que nous avons reçue ne transforme pas notre bienfaisance en justice. Au surplus, la réduction qu'on essaie d'effectuer ainsi de la bonté à la justice sera tout au plus valable pour la bienfaisance envers les autres hommes. Mais la bonté telle qu'on peut la constater en fait chez nombre d'individus et que nous l'estimons moralement louable ne se limite pas aux êtres humains. Il faut, selon nous, être bon pour tous les êtres et, sinon pour les pierres ou les plantes faute de savoir quelle bonté leur témoigner, du moins, pour les animaux. Or, sauf dans des cas exceptionnels, les seuls bienfaits que nous puissions attendre des animaux sont ceux qu'ils nous rendent à leur insu, sinon malgré eux, et qui entraînent pour eux des fatigues, des souffrances, même la mort. 'Il faut dire les choses comme elles sont : on doit, pensons-nous, être bon comme on doit être juste, mais la bonté n'est pas la justice. Elle en est même le contraire, puisqu'elle consiste à faire du bien à des êtres auxquels on ne doit rien et sans en attendre d'autre récompense que le plaisir de le leur avoir fait. La morale solidariste ayant des liens étroits avec la F... M... , il nous semble utile, après les allusions que nous venons de faire à cette doctrine, de lui consacrer un examen d'ensemble, pour lequel nous sommes puissamment aidé par le remarquable rapport du Cons... du C... de Lille. La morale solidariste, telle qu'elle est exposée notamment dans les ouvrages de notre illustre et regretté F Léon Bourgeois et de C. Bouglé, ne se distingue pas de la morale simplement altruiste par la règle de conduite qu'elle propose : si elle la résume sous le nom de solidarité, celui-ci est également employé par la morale altruiste comme synonyme d'altruisme, de bienfaisance mutuelle, d'entraide.

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Ce qui caractérise la solidariste, c'est le principe auquel elle fait appel pour justifier cette régie. Si a conduite humaine doit prendre pour règle la solidarité, c'est, selon elle, parce que c'est une loi universelle, sinon même la loi fondamentale de la nature. Nous croyons apercevoir là des obscurités qu'il convient d'éclaircir et des confusions qu'il importe de dissiper. Tout d'abord, la morale solidariste, en justifiant la solidarité comme règle de conduite par le fait que c'est une loi naturelle, n'est qu'une expression particulière de la morale naturaliste, qui a pour formule générale : "II faut suivre la nature". Elle ne diffère des autres morales naturalistes que par la loi naturelle à laquelle elle s'attache; spécialement pour l'ériger en règle de conduite. La morale hédoniste, la morale du sentiment, la morale de la sympathie, la morale de la conscience, la morale évolutionniste d'H. Spencer, la morale sociologique soutiennent toutes, au même titre que la morale solidariste : l'homme doit suivre telle règle de conduite parce que c'est une loi naturelle. Mais une loi naturelle, quelle qu'elle soit diffère d'une règle de conduite en ce qu'elle est subie, tandis qu'une règle de conduite est choisie ou tout au moins accepté. Par conséquent, transformer une loi naturelle en règle de conduite, c'est implicitement la juger bonne. Or, en ce qui concerne la loi naturelle de solidarité, cet optimisme nous semble loin de s'imposer. Plus précisément, la moralité ne retient pour l'ériger en règle de conduite qu'une partie de la solidarité telle qu'elle existe comme fait naturel et en néglige arbitrairement un autre aspect tout aussi réel. La solidarité, d'après l'étymologie du mot et telle qu'elle se présente en fait dans la nature, n'est rien de plus que l'interdépendance, l'action réciproque de tous les êtres et phénomènes de l'univers les uns sur les autres. A côté des effets bienfaisants de cette interdépendance, auxquels la morale solidariste restreint le sens du mot solidarité, on ne saurait nier qu'il en existe d'autres nuisibles et non moins naturels. Les relations mutuelles des êtres vivants dans la nature ne se concurrence et la lutte pour la vie ; et quand certaines morales n'hésitent pas à justifier au nom de cette loi naturelle, la domination, l'exploitation, même la destruction de l'homme par l'homme, elles s'appuient sur le même principe que la morale solidariste et en font simplement une application différente. Dans le domaine plus restreint de l'interdépendance des hommes entre eux, une foule d'exemples viennent attester qu'elle est, comme la langue dans l'apologue d'Esope, la pire en même temps que la

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meilleure des choses. Bornons-nous à rappeler la contagion des maladies et des mauvais exemples aussi bien que des bons, l'hérédité pathologique dont le péché originel n'est qu'une transcription religieuse. Et quand la morale solidariste énumérant longuement les avantages qui résultent pour l'individu du régime social dans lequel l'a introduit le hasard de sa naissance, déduit les devoirs envers la société, au moyen des idées de dette sociale et de quasi-contrat, de la justice pure et simple, nous lui concéderons que dans la majorité des cas, les avantages du liens social l'emportent sur ses inconvénients inévitables, sans quoi la société se serait dissoute d'elle-même. Mais le balance des avantages et des inconvénients de la société n'est évidemment pas la même pour tous les individus : tous ne lui doivent pas une égale reconnaissance ; et je ne suis pas sûr qu'il n'y en n'ait pas qui aient lieu de la considérer non comme une mère, mais comme une marâtre. Au surplus, à côté des devoirs de l'individu envers la société dans son ensemble, il y a ses devoirs envers les autres membres de la société considérés isolément. On peut rattacher à la justice, au nom de la dette sociale, ceux de ces devoirs qui sont prescrits par la loi. Mais les actes de bienfaisance qui ne sont pas imposés par elle, et qui sont portant considérés comme au moins aussi moraux, échappent à cette réduction, et relèvent uniquement de la bonté. Pour ces diverses raisons, la justification de l'altruisme que présente la morale solidariste ne nous satisfait pas entièrement ; en particulier, son effort pour réduire la bienfaisance à la justice laisse, croyons-nous, subsister un résidu correspondant à ce que nous avons appelé la bonté, qui doit par suite être conservée à côté de la justice et indépendamment d'elle comme principe de la morale altruiste. Il nous reste donc, pour fonder complètement celle-ci, à légitimer la bonté, et si la morale consiste, comme nous l'avons exposé, dans un choix réfléchi entre nos diverses tendances spontanées, autrement dit entre diverses sortes d'égoïsme, il nous faut montrer que la bienfaisance apparaît à la réflexion comme un égoïsme supérieur à l'indifférence et à la malfaisance L'indifférence tout d'abord, même à la supposer possible autrement qu'en théorie, serait un égoïsme inférieur en ce qu'elle limiterait au domaine borné de l'individu son cercle d'action et d'influence. Se désintéresser des répercussions possibles de sa conduite sur autrui, c'est se refuser à jouer un rôle au-delà de soi-même, s'enfermer dans un isolement qui n'a rien de splendide. Comme le fait

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remarquer le Cons... La Candeur C... de Bordeaux, la vie de l'individu dont la conduite, si c'était possible, n'aurait d'effet que sur lui, serait moins ample et moins riche que celle de l'individu dont la conduite exerce une influence sur autrui ; l'indifférence est une limitation que l'individu impose lui-même à sa personnalité et à sa valeur. Et, non seulement cette attitude ne serait qu'une forme inférieure et pour ainsi dire étriquée de l'égoïsme, mais en outre elle n'est pas raisonnablement acceptable, parce qu'elle ne tient pas compte de réalités qu'il ne suffit pas de négliger pour les supprimer. Que l'individu le veuille ou non, dans une foule de cas, sa conduite aura sur autrui des répercussions, comme la doctrine solidariste y insiste à juste titre : il aura beau ne pas s'en soucier, elles n'en existeront pas moins. Par conséquent, la tendance à ne pas tenir compte de ces répercussions est condamnée par la réflexion. Les conduites entre lesquelles l'individu a à choisir pour sa satisfaction personnelle ne sont pas une conduite qui influera et une conduite qui n'influera pas sur autrui, mais une conduite qui fera du bien à autrui et une qui lui fera du mal. Il est donc impossible d'éluder le problème de choisir entre la bienfaisance et la malfaisance. Bienfaisance et malfaisance sont l'une et l'autre des manifestations de la tendance de l'individu à jouer un rôle en dehors de lui, à exercer sur d'autres êtres une action et par suite une domination, ce que Nietzsche a appelé la volonté de puissance. A ce titre, toutes deux sont des formes d'égoïsme supérieures à l'indifférence. Mais l'une d'elles n'est-elle pas supérieure à l'autre ? Notons en passant que le sentiment de malveillance, la peine ressentie du plaisir d'autrui ou le plaisir pris à sa peine, n'est pas seulement condamné par la conscience morale commune, mais qu'en outre c'est en fait, psychologiquement, un sentiment relativement exceptionnel. Non qu'on ne puisse l'observer assez souvent chez d'autres et à l'occasion chez soi-même. Mais il n'est généralement que la conséquence d'un sentiment différent, auquel il doit, sinon son existence, du moins son intensité. Dans le cas d'un bonheur ou d'une peine d'autrui dont on n'est pas soi-même l'auteur, on ne se borne pas à la constatation qu'il le possède, on constate en même temps, par un retour instinctif sur soi-même, qu'on ne le possède pas. A proprement parler, on ne souffre pas du bonheur d'autrui, mais on l'envie, on souffre d'être privé d'un plaisir qu'il possède. On ne se réjouit pas de la peine d'autrui, mais d'être exempt d'une peine

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dont il est affligé. C'est sous cette forme que se présente ce sentiment dans la formule bien connue de Lucrèce : "Suave mari magno", et de même la malignité qui est une source du rire traduit le plaisir qu'on éprouve à constater une infériorité réelle ou supposée d'autrui sur soi-même. L'exactitude de cette analyse nous semble confirmée en envisageant le sentiment provoqué par le malheur d'autrui lorsqu'on se trouve soi-même dans une situation semblable ou qu'on songe qu'on pourrait s'y trouver. Généralement on éprouve de la compassion : nous souffrons de la souffrance d'autrui parce que nous pensons qu'elle est ou pourrait être la nôtre. Quoi qu'il en soit sur ce point, c'est une question différente et qui intéresse plus directement la morale de savoir quels sentiments provoquent en nous le plaisir ou la peine d'autrui lorsqu'ils sont notre œuvre. Ici, croyons-nous, ce qui est au premier plan dans notre esprit, conscience ou subconscience, c'est que la situation d'autrui résulte de nous, et par suite dans les deux cas nous éprouvons le sentiment de notre puissance, plaisir non seulement spontané, mais approuvé par la réflexion, puisque par cette puissance notre existence sert à quelque chose, a une valeur. Mais cette satisfaction égoïste sera-t-elle aussi forte quand il s'y joindra le sentiment d'être une force nuisible que d'être une force bienfaisante ? Nous illustrerons notre conviction sur ce point par un exemple extrêmement simple et banal. A l'égard d'un animal domestique, chien ou chat, je manifesterai également ma puissance par de bons ou de mauvais traitements. Mais ce sentiment de domination sera rendu plus agréable si cette domination provoque chez lui de l'affection plutôt que de la crainte, si à mon approche il accourt sans même que je l'appelle pour se faire caresser que s'il se sauve ou n'approche que timidement et à contrecœur. On pourrait trouver un exemple analogue dans l'attitude des supérieurs à l'égard de leurs subordonnés. A notre avis, la malfaisance n'est qu'une forme inférieure de l'égoïsme, et les individus qui la pratiquent ne la préfèrent pas en réalité à la bienfaisance : s'ils s'y tiennent, c'est faute d'avoir su ou voulu essayer si la bienfaisance ne leur procurerait pas des satisfactions supérieures. Il ne faut pas oublier accessoirement la contagion de l'exemple : la bonté suscite la bonté, et l'on sait jamais si l'on ne retirera pas quelque avantage personnel d'avoir suscité chez autrui des sentiments bienveillants plutôt qu'hostiles.

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2. — Les applications. — Ces principes une fois admis, les applications en sont en un sens très simples, et il serait sans intérêt d'allonger ce rapport en répétant ce qu'on peut trouver dans quantité de manuels ou de traités de morale. Il suffit de considérer successivement les différents groupes ou collectivités dont un individu fait nécessairement ou peut être amené à faire partie : famille, cité, groupements professionnels ou autres, nation, humanité, d'envisager dans chacun de ces groupes les relations mutuelles de leurs divers membres, par exemple dans la famille des époux entre eux, des enfants entre eux, des parents envers leurs enfants, des enfants envers les parents, ou encore dans la cité et la nation les devoirs du citoyen, de l'électeur, du gouvernant, etc.... et de chercher quelle forme spéciale prennent dans chaque cas particulier les vertus fondamentales de Justice et de bonté. Tout cela ne présente pas de trop grandes difficultés. Mais il en est une essentielle, signalée par le Chap... L'Etoile d'Espérance V... de Beauvais et par le Cons... L'avenir C... de Paris, et sur laquelle il nous parait utile d'insister parce que les moralistes la passent trop souvent sous silence ou n'y font qu'une allusion rapide, faute d'en avoir aperçu l'importance ou au contraire par crainte de la soulever. C'est que la morale ne peut aboutir à aucune indication réellement pratique, reste sur le terrain des discours académiques et est incapable de fournir à l'individu la direction ferme qu'il attend d'elle pour sa conduite, tant qu'elle envisage les différents problèmes moraux isolément. Ici encore, la solidarité est un fait, chaque problème moral a sa répercussion sur tous les autres, et aucun ne peut être résolu sans tenir compte de tous les autres. D'une part, comme nous l'avons vu, la morale ne peut pas se contenter d'un principe unique, mais doit faire appel à la fois aux deux principes de la justice et de la bonté. Que dans certains cas, ils se complètent mutuellement, on ne saurait le nier ; mais dans une foule d'autres, ils s'opposent, et leur opposition est fondamentale, puisque la justice consiste dans une rémunération, dans le paiement d'une dette, et que la bonté est au contraire un don gratuit, une faveur. On ne pourra donc souvent faire autrement que de choisir entre ces principes, et par suite de sacrifier l'un des deux. D'autre part, la simple énumération des collectivités dont l'individu fait simultanément partie suffit à en prouver la multiplicité. Il a des devoirs envers chacune de ces collectivités et envers chacun de leurs

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membres : soit par justice, soit par bonté, il doit leur faire du bien, s'assujettir à leurs intérêts. Or, il saute aux yeux que dans une foule de cas ces intérêts sont non seulement différents, mais antagonistes, de sorte que le bien fait à certains entraîne inévitablement un mai fait à d'autres. L'individu se trouve donc forcément en face de conflits de devoirs, de cas de conscience. Cette difficulté pourrait être surmontée sans trop peine si ces conflits de devoirs se bornaient à des conflits entre la justice et la bonté. On arriverait peut-être à établir que ces deux principes n'ont pas une égale rigueur, l'un créant à l'individu des devoirs stricts, l'autre seulement des devoirs larges, de sorte que, en cas de conflit, le devoir large doit, quoi qu'il en coûte, être sacrifié au devoir strict. Mais lorsque des devoirs antagonistes envers des individus ou des collectivités différents reposent sur le même principe reconnu comme fondement de devoirs stricts, on se heurte à la contradiction que un des deux doit nécessairement être sacrifie et que pourtant, puisqu'il est strict, il n'est pas permis de le sacrifier. Pour fixer les idées, admettons que la justice est le principe des devoirs stricts ; lequel sera le plus strict, si l'on peut dire, d'un devoir de justice envers un membre de sa famille et d'un devoir de justice envers un autre de ses concitoyens, ou encore d'un devoir de justice entre sa famille dans son ensemble et d'un devoir de justice envers sa classe sociale dans son ensemble. Soit par exemple, pour ne pas parler de la guerre, le cas d'une grève corporative. L'individu qui s'y dérobe trahit non seulement les intérêts de son groupement professionnel, mais même les engagements formels qu'il a pris envers lui. Mais en y participant et en s'exposant ainsi à perdre son gagne-pain, il ne trahit pas moins l'engagement formel qu'il a pris au moins envers sa femme, de subvenir à sa subsistance. Il n'est pas possible de traiter, en quelques lignes des problèmes aussi épineux. Mais nous tenions à rappeler énergiquement que ce sont les seuls qui importent, que chacun d'eux doit être envisagé dans le détail et avec précision, et que, s'il est parfois difficile de faire son devoir, il est plus souvent encore malaisé de le connaître. Conclusions. — Comme résumé des développements précédents, votre rapporteur soumet à votre approbation les conclusions suivantes :

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La morale altruiste propose à l'individu comme règle de conduite la bienfaisance qui consiste à donner comme but à ses actes de créer de la joie et d'éviter de la peine, non seulement pour lui, mais aussi pour les autres êtres et en particulier les autres hommes avec qui il est en rapports. Cette règle pour être approuvée par des esprits réfléchis doit être justifiée' par des principes, qui ne pourraient recueillir une adhésion unanime s'ils dépendaient de conceptions métaphysiques. La justice ou rémunération de bienfaits reçus ne suffit pas à fonder complètement la bienfaisance, qui requiert comme autre principe la bonté. Celle-ci donne satisfaction à l'instinct d'expansion de l'individu en l'orientant dans une direction bienfaisante. La dualité des principes moraux, et plus encore la multiplicité des collectivités ou groupements dont l'individu fait simultanément partie, avec l'opposition fréquente des intérêts de ces divers groupes et de leurs différents membres individuels, obligent l'individu à sacrifier certains de ses devoirs à d'autres. L'étude de ces conflits de devoirs constitue la partie la seule vraiment pratique et en même temps la plus difficile de la morale. Il y aurait intérêt à en faire l'objet d'une question à étudier ultérieurement par les At... Sup.... RAPPORT GÉNÉRAL DU T... ILL... F... ARMAND BÉDARRIDE Étudier les grades intermédiaires entre les 3° et 18' degrés, en souligner les caractéristiques initiatiques. Indiquer ceux des grades auxquels le chapitre voudrait travailler, soit sous forme d'un rituel particulier à chacun des grades choisis, soit par le cérémonial d'une tenue consacrée à chacun d'eux. Mes TT... CC... FF... Le Grand Collège des Rites, me continuant la confiance qu'il m'avait accordée les années précédentes, m'a chargé de vous rendre compte des résultats de la consultation des Chap... sur les grades

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intermédiaires entre la maîtrise et la R+C, ainsi que sur l'éventualité de reconstitution des Loges de Perfection. Je viens donc m'acquitter de ma mission en m'efforçant de suivre la même marche que dans mes autres rapports. Mon travail comportera donc: 1. Une statistique des réponses, 2. Une analyse des opinions des chapitres, 3. Un exposé du problème à résoudre en vue de la culture maçonnique, 4. Un programme de trav..., 5. Des conclusions sur les mesures à prendre. Toutefois, la nécessité de remettre rapidement le texte du présent au Secrétariat pour l'impression ne m'a pas permis de le compléter comme je l'aurais désiré, par de nombreux extraits. On voudra bien m'en excuser. STATISTIQUE Comme toujours, et je le constate à regret, c'est seulement 26 Chap... sur 90 qui étudié la question et envoyé des réponses, Ces Chap... sont les suivants : Paris : l'Etoile Polaire, l'Effort, l'Avenir, Les Amis Bienfaisants et Vrais Amis réunis, auxquels j'ajoute la Morinie, à la fois parisienne et provinciale. Départements : L'Espérance Bordelaise, l'Etoile de l'Espérance (Beauvais), Thémis (Caen). les Vrais Zélés (Chalon-sur-Saône), Lyon, La Lumière du Nord (Lille), Les 3 H du Havre, les Amis de la Vérité (Metz), Réunion des Amis choisis et Parfaite Sincérité réunis (Marseille), les Vrais Fidèles (Montpellier), Paix et Union (Nantes), La France Démocratique (Nice), L'Encyclopédique (Toulouse), les Démophiles (Tours): La Fraternité Vendéenne (La Roche-sur-Yon), les frères Réunis (Strasbourg).

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Outre-mer : Hippone (Bône), la Fraternité Marocaine (Rabat), la Fraternité Tonkinoise (Hanoï) et Nouvelle Carthage. Enfin, je mentionne deux rapports individuels, l'un de Beauvais. et l'autre d'Oran, émanant d'un ancien frère marseillais maintenant domicilié en Algérie. Les rapporte du Chap... La Fraternité Vendéenne; des Frères Réunis qui sont arrivés trop tard pour être analysés. Je me fais un agréable devoir de féliciter Chap... et rapporteurs de leur activité et -de leur bonne volonté, qualités précieuses par lesquelles ils ont montré qu'ils comprennent l'importance des At... Sup... qui doivent s'occuper avec soin d'accroître les connaissances maçonniques et les capacités de leurs membres afin de préparer une pépinière d'instructeurs pour les loges. bleues. La question posée est en effet complexe et délicate, par conséquent difficile à élucider. Certains Chap... ont fait un effort louable pour remonter aux sources, et consulter les ouvrages des auteurs anciens et modernes, en même temps que les rituels. D'autres ont déclaré modestement qu'ils n'avaient pas pu disposer d'une documentation assez complète vu l'insuffisance de leur bibliothèque ; mais enfin, ils ont répondu de leur mieux. Il est regrettable, je dois bien le dire, que des At... Sup... qui ne datent pas d'hier et qui sont souchés sur des At.... bleus, parfois de vieille date, ne soient pas mieux pourvus en matière de livres maçonniques, nos auteurs classiques, tels que Ragon, Vassal, Marconis, Chemin-Dupontés, etc.. ne sont ni introuvables, ni hors de prix : les adversaires de notre Ordre savent parfaitement les découvrir pour les annexer à leurs collections. D'autre part, les livres ou publications modernes sont accessibles à tous. Un certain nombre de Chap... s'est référé au moins à l'excellente brochure de notre F... Gaston Martin, laquelle a été largement diffusée l'année dernière ; d'autres citent divers articles de revues maçonniques, des livres ou des publications de notre G... Comm..., du F... Oswald Wirth, du F... André Lebey, même ses beaux vers sur les 33 Grades de l'Ecossais et, je m'excuse de le mentionner, mon petit livre d'instruction au Grade de R+C. Il est donc très possible de se constituer une bibliothèque maçonnique au moins sommaire : tous nos.At... Sup... devraient en avoir le souci, dussent-ils, pour ne pas trop dépenser, faire dés

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économies sur des publications moins utiles à notre Art et qui nous envahissent un peu trop. J'ajoute que chaque fois qu'un At... embarrassé par la préparation d'un rapport ou d'une étude, s'est adressé au G... Coll... pour obtenir des renseignements complémentaires ou bibliographiques, on ne les leur a pas refusé que je sache ! et même bien des FF..., à titre individuel. savent aussi écrire à des maç... qu'ils pensent être mieux informés et documentés, pour avoir des indications ; je ne suis pas seul à en avoir fait l'expérience. Donc. sans vouloir adresser une mercuriale aux Chap... qui n'ont pas donné signe de vie, je suis bien obligé de regretter leur silence dans une étude technique aussi importante ; n'en n'ont-ils pas vu la portée ou ont-ils reculé devant la tâche ? Mais je vais maintenant donner le sens et l'analyse de la consultation, quitte à discuter ensuite les détails du problème. ANALYSE DES REPONSES DES CHAP.... L'ensemble des rapports est défavorable à la création d'At... spéciaux aux Gr... de Perf... L'Effort (Paris), Thémis (Caen). Hippone et le rapport officiel de Beauvais se prononcent pour le statu quo, mais reconnaissent, comme Tours l'utilité d'une instruction préparatoire aux grades de 18°. La Fraternité Tonkinoise et les Vrais Fidèles de Montpellier trouvent néanmoins que certains grades intermédiaires seraient intéressants à étudier. L'avenir de Paris ne désire pas la création des Loges de Perfection, mais le cas échéant n'en voudrait qu'une par région. Nantes pèse le pour et le contre et promet de faire de son mieux si lesdits At... sont rétablis. Lille dans un rapport accompagné d'annexes, étudie la valeur des grades intermédiaires, et ne conclut pas expressément, quoique l'ensemble lui paraisse digne d'intérêt. Avec l'Etoile Polaire, nous sommes en présence solution spéciale ; ce Chap... préconise l'établissement d'un "cours d'instruction aux récip..." plutôt que de véritables tenues. Tunis veut étudier tous les grades, mais demande la création d'un corps d'instructeurs : son rapport est d'une haute tenue ésotérique.

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L'Unité Maçonnique, dans un rapport très étudié, sans demander expressément l'établissement de loges de Perfection, se montre favorable à une modernisation à la française du grade de Royal-Arche. Avec l'Encyclopédique de Toulouse, il ne s'agit ni d'At... nouveaux, ni même de tenues particulières : ce Chap... apprécie l'utilité d'étudier les grades intermédiaires, mais désirerait simplement que le G... Coll... établisse des Rituels et des notices que les Chap... pourraient étudier méthodiquement. Les rapports qui concluent expressément au réveil de certains Grades sans établissement d'At... nouveaux peuvent être répartis en deux groupes. Le premier demande que les Chap... consacrent des Tenues spéciales à l'étude des Grades intermédiaires ou de certains d'entre eux. Rabat propose expressément que les Chap... y consacrent 2 Tenues par an. La Morinie ainsi que l'Espérance Bordelaise font observer que puisqu'il faut 5 ans au moins pour passer de la Maîtrise à la Rose-Croix, il serait facile d'échelonner ces tenues d'instruction le long de cette période. Lyon se prononce pour un système analogue, mais hésite sur la question subsidiaire de savoir si ces Tenues seront organisées par les Chap... ou par les loges bleues. Quant à Marseille, le rapport demande des tenues chapitrâtes sans en préciser le nombre, en vue d'étudier certains Grades et d'en pratiquer d'autres. Son rapport est très digne d'attention. Le 2ème groupe ne réclame pas des tenues réglementaires, mais simplement. l'étude d'un ou plusieurs Grades intermédiaires : j'y note le Havre, les Amis Bienfaisants, la France Démocratique, les Amis de la Vérité, les Vrais Zélés, et Thémis. En bonne logique, ce 2ème groupe doit finalement pousser ses conclusions au même terme' que le 1er, car si l'on veut que les tenues d'instruction soient faites d'une manière régulière et portent leur fruit, il faut les rendre d'obligation. La majorité que l'on peut dégager de la consultation parait donc être la suivante, d'une substance identique sous les formules diverses : les Chap... consacreront des tenues spéciales à l'étude des Gr... de Perf... et à la préparation des postulants au grade de 18°.

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\'oyons maintenant vers quels Grades se portent les préférences des Chap... : La Fraternité Tonkinoise propose le 4e. L'Etoile Polaire, et Les vrais Fidèles s'arrêtent au 13° et au 14°, les mêmes dont l'Unité Maçonnique veut se servir pour rénover la Royale arche, Nantes choisit le 4° et le 17°. L'Avenir, plus éclectique, envisage l'étude des 4e, 9°. 14° et 15° ; Les amis bienfaisants optent pour les 4°, 13° et 14°. Il en pour le 17° ; le rapport officieux de Beauvais pour le 12°, France Démocratique choisit le 4° et le 14e, les Amis de la Vérité, le 9e et le 14°. On comprend d'ailleurs que le choix soit difficile et que certains Chap... préfèrent une étude d'ensemble; car il y a dans tous au moins un principe ou un symbole qui mérite l'examen : mais certains Grades n'ont qu'une valeur bien secondaire auprès de certains autres ; ou bien, à première vue, semblent hétéroclites. Mais on se tromperait si l'on n'y voyait que l'œuvre d'une fantaisie arbitraire : les fondateurs du Rite, en amalgamant des grades empruntés à divers systèmes maçonniques, ont suivi un plan préconçu, dont on trouve le fil conducteur, à travers les légendes bibliques et les "mots de passe" empruntés à la langue hébraïque, lès objets rituéliques et les accessoires matériels, dans une volonté de synthétiser l'ésotérisme judéo-chrétien et l'ésotérisme pythagoricien par la Kabbale et l'hermétisme, le but est net et précis : compléter et perfectionner la portée initiatique de la maîtrise par des moyens nouveaux. Ils pourraient être autres dans les formes, mais alors ce serait un autre rite que celui que nous étudions : tous les grands rites poursuivent le même objectif. Mais les formes sont secondaires et contingentes : elles ne valent que par leur contenu cultural et spirituel : ici. pas de doute, elles préparent à la R+C, et il faut en atteindre la "Gnose", si l'on veut devenir, autrement que par le ruban et par le titre verbal, un disciple du Phénix et du Pélican. EXPOSE DU PROBLEME Pour procéder à ça travail de haute culture, il serait certainement désirable d'organiser effectivement des Loges de Perfect... comme

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dans les At... Sup... du Supr... Cons... Ecoss... et dans certaines obédiences d'autres pays. Les Maçon du G... O... de France ont évidemment le droit de le faire quand ils le désirent : leurs At... travailleraient donc aux Grades principaux. et en même temps enseigneraient les Grades intercalaires. Ce ne serait plus qu'une question de rituels à préparer. Mais, comme je l'ai dit plus haut, la majorité ne s'est pas prononcée pour cette solution, et les rapports présentant des objections qui, sans être absolument insurmontables, ne manquent pas de valeur : par ces temps de crise économique, on redoute les dépenses d'installation à faire et les cotisations supplémentaires à payer : ensuite, on fait remarquer que les Maçons français contemporains sont en immense majorité des hommes qui exercent une profession plus ou moins absorbante, qu'il faut bien qu'ils réservent un peu de temps pour leur famille, même pour leur repos ou leurs loisirs ; que dans les départements surtout la création d'At.... de Perfect... obligeraient leurs membres à des voyages plus ou moins coûteux. L'argument tiré des obligations de la vie politique me touche moins, car je ne sache pas que les libertés publiques et privées risquent d'être en péril dans le cas où, de loin en loin, un Maçon manquerait une réunion de parti ou de société quelconque pour venir prendre part à une tenue où il perfectionnerait sa culture. Enfin, je note un argument qui ne s'applique, à mon avis, qu'à quelques Orients à local unique et à At... multiples : c'est la crainte de n'avoir plus de jours disponibles pour les nouvelles tenues. Si donc on veut tenir compte de ces objections, la position du problème devient la suivante : trouver un mode d'organisation qui permette d'avoir les avantages des Loges de Perfection tout en supprimant les inconvénients signalés, ou au moins en les réduisant au minimum. Est-ce possible " Oui, en adoptant le système proposé par les Chap... de Rabat, de la Morinie, l'Espérance Bordelaise et quelques autres qui proposent de consacrer règlementairement 3 tenues de Chap... par an à l'étude des grades intermédiaires. Lyon dit "tenue de Loge de Maîtres", mais au fond c'est la même idée, et l'application en appartient plutôt aux Chap... qu'aux Loges. bleues.

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On pourrait très bien combiner cette pratique avec les "Cours d'instruction maçonnique" dont parle l'Etoile Polaire, et la création d'un corps spécial d'instructeurs que réclame la Nouvelle Carthage, puisqu'il faut penser à la fois : 1° aux cinq années de maîtrise nécessaires pour pouvoir demander le 18° degré ; 2° à l'année de stage et de travail imposée aux postulants par le Règlement Général des At... Sup.... Ici une constatation regrettable s'impose. Jusqu'à présent, au cours de ces cinq années d'attente à l'ancienneté, rien n'est fait pour la culture maçonnique. Les Loges bleues devraient, tout en se suffisant à elles-mêmes, puisqu'elles confèrent la maîtrise, constituer une préparation pour le F... qui gravira de nouveaux degrés de l'échelle Ecossaise. Or, elles travaillent presque toujours au grade d'apprenti, c'est-à-dire tout près de la mentalité profane ; à part quelques rares instruction, les sujets traités et le diapason des discussions ressemblent trop souvent à ce qui se passe au dehors ; enfin, les tenues de Comp... et de Maît... n'ont guère lieu que pour les augmentations de salaire... Quelle œuvre initiatique prétend-on faire dans de telles conditions " Je ne veux pas répéter ce que j'ai déjà dit dans de précédents rapports, mais je déclare brutalement qu'à ce régime on risque de ne faire que de la maçonnerie postiche ; c'est la faiblesse de notre institution telle que nous la laissons fonctionner, et si nous voulons qu'elle prenne sa véritable place ainsi que son rôle fécond pour la culture humaine, une reforme profonde du travail des Loges s'impose : l'Art Royal réclame un véritable Temple et ne peut pas fleurir dans des clubs. Et c'est un motif péremptoire pour que nous lui donnions d'ores et déjà tous nos soins dans les H... Gr..., d'où la nécessité d'une éducation mentale et technique à la fois pour ceux qui aspirent à la R+C, et qui hélas ! sont trop souvent abandonnés à eux-mêmes pour y parvenir. La plupart des Chap... qui ont répondu, ont compris plus ou moins savamment l'urgence de cette préparation. Et ceux-là mêmes qui ont souffert d'une documentation insuffisante se sont ralliés au système proposé par notre F... Gaston Martin dans sa remarquable brochure publiée l'année dernière sur le sujet qui nous occupe.

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Pour lui, les G... intermédiaires ont pour but de préparer des '"chefs" pour le Travail du chantier. Il détermine plusieurs étapes dans le voyage qui conduit de la Maîtrise la R + C, et y voit. ce sont ses propres termes "une reprise de l'initiation bleue, avec des étapes plus complexes, un processus plus détaillé, une interprétation psychologique plus fouillée, d'où quatre séries : méditative (IV et V), opérative (VI, VIl et VIII), constructive (IX, X, XI, XII. XIII), et enfin directrice (XIV, XV. XVI, XVII). C'est alors qu'on arrive au superbe symbolisme de l'Epée "qui est esprit", volonté et tendresse, et oui va faire du Chev... d'Orient et d'Occident le serviteur de l'idée, le Chevalier de la Réalité et du Rêve, prêt à recevoir enfin la révélation de la sagesse, reçu au pied de la croix où fleurissent les rosés ! " Certes, c'est une grande vérité que les grades intermédiaires que nous étudions constituent une Maîtrise supérieure et que le sacrifice d'amour du Pélican dans l'activité du Phénix est le couronnement du sacrifice de devoir d'Hiram dans le travail, en réchauffant la volonté à la flamme du cœur. C'est, comme le dit le rapport de Rabat. "une étude qui exige l'acquisition d'une tournure d'esprit, d'une façon de penser par analogies et par symb... qu'il est difficile de se procurer ailleurs... il faut une initiation graduelle., prolongée et progressive". De son côté. le rapport de Tunis fait observer : " Les voies sont "multiples", mais l'initiation est "une" et ne se donne pas en un jour... Pour chaque individu, elle exige un effort long et continu par lequel la vie acquiert toute sa valeur et son vrai sens. " Chaque rite présentera donc cette transformation mentale d'une façon spéciale, mais au fond tous tendront au même but ; quels sont les moyens employés par l'Ecossisme ? Il fait concourir des éléments empruntes au pythagorisme, à la kabbale, à l'hermétisme et au christianisme johannique et ouvre des perspectives sur les doctrines de l'Inde ; sous un aspect extérieur emprunté aux formes judéo-chrétiennes, il édifie une libre philosophie alimentée par tous les courants ésotériques, et son aspect familier d'école de morale fraternelle et indépendante a ses sources profondes dans un passé lointain, pour qui veut aller au fond des choses. Il faut donc se référer à ces sources si l'on veut comprendre et assimiler l'enseignement de nos 33 grades et je n'en citerai comme

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preuve topique que ce fait capital : c'est que quand notre T... Ill... F... Limousin prépara une révision des rituels des grades intermédiaires, il y introduisit un développement des données principales de la kabbale et une explication des "sephiroth" qui précédemment étaient simplement énumérées : il y introduisit la légende des trois mages qui pénètrent dans le souterrain et font ouvrir la dernière porte du mystère en prononçant le mot "Ain Soph". Notre T... Ill... F... Oswald Wirth, qui est un de nos maîtres les plus érudits, ne procéda pas autrement quant il procéda à la réduction des Rituels actuellement en usage dans l'Obédience Ecossaise et ces Rituels remarquables sont des plus intéressants à étudier. Il faut donc nécessairement se référer à ces précédents si l'on veut faire un travail initiatique sérieux : je ne dis pas copier, mais suivre les mêmes directives, comme chez toutes les autres puissances maçonniques écossaises ou déclarer carrément qu'on ne veut pas pratiquer ce Rite. Entre la Maîtrise et la Rose+Croix, comme entre celles-ci et le 30° degré, nous sommes donc en présence du confluent de la pensée judéo-chrétienne, de la pensée hellénique, de la tradition secrète de tous les siècles et de l'esprit moderne. Ce fleuve majestueux aboutit à un véritable "chevalerie de l'esprit", dont parle judicieusement le F... Gaston Martin. Mais ces sources, il les a sous-entendues plutôt qu'exprimées, tandis que nous devons, au contraire, les mettre nettement en lumière, car la marque indélébile du Rite Ecossais est d'apprendre aux maçons à utiliser les matériaux des anciens Temples pour la construction du nouveau. Notre règle ne s'appelle pas "table rase", elle s'appelle "synthèse" : notre tâche n'est pas de détruire, mais de dépasser en beauté et en excellence. Au point de vue général, il s'agit de la formation d'une élite, d'individus qui, en se perfectionnant eux-mêmes, contribueront à perfectionner l'Humanité dont ils seront les guides et le levain : au point de vue strictement de "métier", il s'agit, nous ne cesserons pas de le répéter, de former des maçons bien au courant de l'Art, et par conséquent capables de former les Appr... et les Comp... — même d'améliorer les Maît... J'entends bien que le Chap... de Metz et deux ou trois autres paraissent redouter dans les H... Gr... une atteinte à l'égalité démocratique. Mais alors, ce serait la hiérarchie de la Loge bleue

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elle-même, et l'Initiation dans son principe qui seraient en cause. Qui dit sélection et grade dit aristocratie. L'Art Royal entend façonner les "meilleurs" en valeur et en qualité pour qu'ils fécondent et servent la masse humaine dont ils sont les atomes dynamiques. N'en déplaise au Rituel de 1922. "l'Humanité anonyme et collective" n'a jamais fait un pas en avant, n'a jamais rien créé, si se n'est par l'initiative et l'énergie de quelques-uns, émergeant de la foule, ne fût-ce que de la hauteur d'une tête, et je le dis bien haut : même dans les milieux qui se flattent d'un "égalitarisme" absolu, il y a quand même des "chefs" plus ou moins avoués, et ceux que l'on appelle les "militants" sont déjà au-dessus de la masse qu'ils entraînent. L'égalité maçonnique n'est pas le nivellement : elle est le droit pour chacun d'accéder aux postes les plus élevés du Chantier pourvu qu'il en ai la capacité et la force. — et qu'il s'emploie tout entier au bien de l'œuvre commune. Les At... Sup... sont fiers à juste titre de l'utilité de leurs travaux pour la Maçonnerie, il vous appartient, mes FF... de les rendre plus utiles encore, en y appelant sans hésitation, et de votre haute initiative ceux des Maîtres dont vous aurez distingué les mérites, sans attendre qu'ils sollicitent cette faveur, et en écartant résolument ceux qui n'auraient pas d'autre titre qu'une trop forte camaraderie. Quant à la démocratie, elle n'a rien a. craindre de l'aristocratie des lumières et des vertus : le péril viendrait plutôt pour elle de l'oligarchie des mauvais Comp... d'Hiram auxquels elle accorde parfois trop facilement ses suffrages par méconnaissance des véritables supériorités, et par complaisance pour ceux qui la flattent... Mais je ne fais pas ici ce que l'on appelle de la "politique". Je préfère examiner maintenant comment on peut organiser l'instruction des grades intermédiaires, puisque c'est la deuxième partie de la question posée aux Chap... UN PROGRAMME DE TRAVAIL II s'agit donc d'établir un programme de travail qui ne comporterait pas à proprement parler la création de Loge de Perf... distinctes des

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Chap... mais qui organiserait des "Tenues de Perfection" consacrées à l'étude des grades intermédiaires. Cela permettrait de réduire au minimum les frais de matériel et les dérangements à imposer aux FF... mais permettrait, ce qui est indispensable, de préparer effectivement les Maît... augmentés au grade de R+C par une étude consciencieuse et méthodique des grades intermédiaires. Bien entendu, ceux des Chap... qui voudraient établir de véritables Loges de Perfection en conserveraient le droit. En admettant comme usage normal que nos Chap... se réunissent une fois par mois, soit pratiquement dix fois par an, et qu'ils s'occupent uniquement de la haute culture de leurs membres, à l'exclusion de toute incursion dans la "politique",matière que l'on doit laisser aux organisations de partis, c'est que les Chap... emploieront en moyenne six à sept tenues pour l'étude des questions renvoyées par le G... Coll... à l'étude des At... Sup..., pour les augmentations de salaire, enfin pour l'élection des Off... Dign... et leur installation ; notons que les jours d'augm... de sal... le Chev... d'Eloqu... prononcera un morceau d'architecture sur l'instruction du grade que les jours d'élections ou d'install..., il y aura parfaitement place pour une conférence ou une causerie sur les interprétations classiques ou nouvelles de la R+C et: de ses symboles, sur l'adaptation de la doctrine à la vie privée ou publique de notre époque, tous sujets que l'on aura encore le temps de traiter plus amplement à d'autres dates (morale, philosophie, religions comparées, sociologie, on a du choix et de la marge); l'important n'est pas de faire beaucoup, mais de faire bien. Tout cela peut prendre sept tenues sur dix. Il en resterait trois, conformément à la proposition du Chap... de Rabat, pour l'instruction des grades intermédiaires qui donneront lieu à des conférences et à des entretiens sur les problèmes culturaux auxquels ils se réfèrent. Ces tenues seraient ouvertes aux Maît... possédant deux ans de grade et auraient tailleurs preuves en Chambre du milieu. Les récip... assisteraient donc, au cours des cinq années d'ancienneté qui leur sont imposées, à neuf tenues d'instruction spéciale, et y recevraient des renseignements bibliographiques et ces indications pour les guider dans leurs travaux

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personnels. L'année de stage que le Règlement général leur impose permettrait donc de contrôler un travail effectif et de vérifier exactement leur capacité et leurs titres. Rien n'empêcherait évidemment les Chap... qui le pourraient et qui le jugeraient bon d'organiser en plus des "cours" comme ceux dont parle l'Etoile Polaire, ou d'avoir des tenues supplémentaires. Reste à déterminer le grade et la matière des 3 tenues d'instruction proposées. Comme on le sait, les Chap... de l'Obédience Ecossaise proprement dite réduisent les Loges de Perf... au 4° et au 14e degré, et y pratiquent des rituels très intéressants, dignes de l'attention de nos Chev.... Mais en suivant le plan que j'esquisse d'après le résultat de la présente consultation, il serait peut-être plus pratique que nous choisissions : 1°- le 4° dans lequel on engloberait les autres compléments de la maîtrise : 2° - le 13°, Royal Arche, avec les autres grade constructifs qui développent le plan de l'idéalisme maçonnique et 3° - le 17e qui comprendrait à la fois l'exposé de l'ésotérisme des diverses écoles et la chevalerie de l'Epée, c'est-à-dire le rôle actif de l'initié, celui qui ne doit "diriger"que pour "servir" un idéal plus grands que lui-même, et que la Rose-Croix va faire vivre enfin par l'amour. La première tenue qui correspondrait ainsi au premier ordre du Rite Français, donnerait entièrement le récit de la poursuite et du châtiment des meurtriers d'Hiram, pour être en règle avec la légende, mais l'on sait que les grades de vengeance, les grades à poignard, sont peu en faveur chez nous, et c'est ailleurs là qu'irait l'enseignement principal : on y étudierait les quatre vertus cardinales et leur rôle dans la perfection humaine. — la quadrature du cercle, — la qualité de la volonté humaine et sa puissance réalisatrice, le dynamisme fécond de la pensée humaine, cette mère de la civilisation, 'vraie reine du monde par la sagesse et la science. Les tenues de Royal Arche correspondraient au 2* Ordre du Rite Français. On y enseignerait l'interprétation des quatre éléments, traduits en langage moral, intellectuel, spirituel, c'est-à-dire les épreuves qui attendent l'homme et qu'il doit savoir traverser victorieusement, si à

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la maîtrise de soi-même, il veut joindre la capacité de se conduire dans la voie de la vérité et du bien sans y être contraint par le dehors. La lutte contre les vents, la traversée du fleuve après avoir surmontée les ténèbres de la Terre, les ruines du Temple qu'il faut reconstruire, autant d'étapes périlleuses pour le vrai maçon qui veut s'instruire lui-même (autodoxie), trouver la "loi" en lui-même (autonomie) et savoir la mettre spontanément en œuvre (autarchie). On y mettrait en lumière la noble figure légendaire de Melchisédech, le patriarche assez sage pour pouvoir être son propre roi, son propre législateur et son propre pontife. Enfin, pour relier ce personnage symbolique à la nature, ainsi qu'à son principe actif et ordonnateur, impérissable et innommable, mais pourtant partout présent et vivant, la "recherche de la Parole Perdue" prélude de celle du 18° degré, conduirait à étudier le Tétragramme et à interpréter les symboles du G... A... D... L'U.... De même que cette deuxième série résume plusieurs grade, la 3°, correspondant au 3ème ordre du Rite Français, exposerait synthétiquement les symboles et les leçons des 15°, 16° et 17° degrés. Ici, à travers les leçons de toutes les écoles ésotériques, principalement de la Kabbale et de l'Hermétisme, on montrerait l'unité de la sagesse humaine, en éternelle réalisation à travers les siècles sous des formes diverses, dont la substance constitue la Tradition Maçonnique. On y confronterait la relativité des croyances et celle des connaissances scientifiques, en face du caractère impérieux du devoir. On y ferait voir pourquoi et comment, sans tout savoir et sans pouvoir atteindre l'absolu qui lui échappe, le vrai Maçon, comme s'il savait tout, comme s'il possédait l'intégrale vérité, doit se donner une règle de conscience et de conduite qui lui permette de construire le Temple Intérieur et le Temple Extérieur. En tête à tête formidable avec les ténèbres de l'Aïn Soph, il doit en tirer la lumière pour éclairer sa route, et pour y guider les autres hommes, par une "foi" inébranlable qui dépasse tous les dogmes et ne s'assujettit a aucun. Arrivé au sommet de la "gnose" où le "cosmique", l' "Humain" et le "Divin" ne font qu'un, où l'individuel s'élargit et s'élève jusqu'à l'universel, le Maçon, l'initié, serait menacé de se croire un

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"surhomme", un fils de Dieu. et de sombrer dans l'orgueil, la dureté et le mépris des autres hommes, dont les yeux spirituels ne sont pas encore ouverts à l'identité de l'atome et du tout. Qu'est-ce qui va le sauver de cet insigne naufrage ? La subordination volontaire et joyeuse de son "moi" à la perfection de l'œuvre de tous, le sacrifice consenti de sa personnalité à l'Humanité, par l'amour, dans l'activité la plus pure et la plus infatigable. Mort pour entrer dans le Temple, mort ensuite pour réincarner Hiram, il va mourir encore comme être transitoire, dans le Phénix et le Pélican. Il a traversé l'épreuve de la Terre, il a traversé l'épreuve de l'air, et appris à se diriger lui-même sans point d'appui... il a traversé l'épreuve de l'eau, et assuré irrévocablement son idéal contre toute fluctuation et tout entraînement ; il est mûr maintenant pour l'épreuve du feu, la réalisation, le quaternaire, la croix de l'action où s'épanouit la rosé du cœur. le "surhomme" servant le bien de "tous" au lieu d'en faire litière. Combien pourront arriver à imiter fidèlement ce radieux modèle ? Bien peu sans doute ; mais il vaut la peine que les meilleurs d'entre nous s'efforcent d'en approcher dans la mesure de leurs forces ; et notre Institution, en le proposant à ses disciples, après leur avoir déjà offert l'exemple d'Hiram, est une bienfaitrice de l'Humanité. Déjà les 3 Grades fondamentaux de la Maçonnerie bleue tendent à faire des hommes meilleurs que ceux de la foule ; ici il s'agit nettement d'organiser une élite : d'ailleurs la courbe de direction de l'évolution culturale et civilisatrice ne va pas dans un autre sens : différenciation graduelle des éléments sociaux et solidarisation croissant. L'homme vulgaire ressemble à tous les autres et se trouve en antagonisme permanent avec eux : le vrai Maçon ne leur ressemble pas, mais travaille consciemment à établir l'harmonie avec eux et entre eux : la Rose-Croix donne !a formule spirituelle, j'allais dire religieuse, de l'architecture volontaire enseignée par notre Art. Mais il me reste maintenant à formuler l'idée d'ensemble que l'on peut tirer de cette consultation sur une matière délicate, car il s'agit de traduire dans notre langage d'Humanisme laïque mais intégral, ce qu'il y a ce plus pur dans la Bible et les livres sacrés de l'Inde, c'est-à-dire de suivre la Tradition à la lumière de l'esprit de notre époque, fils de l'esprit hellénique.

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CONCLUSIONS Il y a lieu d'organiser l'instruction aux grades intermédiaires, en prenant comme points de repère les 4°, 13° et 17° degrés.. Les Chap... qui voudront créer des véritables Loges de Perfection seront autorisées à le faire aux dits grades. Quand aux autres, ils affecteront 3 tenues réglementaires par an à l'étude des grades par série et dans les mêmes conditions dé classement. Des Rituels et des notices seront établis à cet effet, ainsi que la liste des objets rituéliques strictement indispensables ou des dessins les reproduisant. Il sera loisible aux Chap... de convoquer des tenues supplémentaires ou d'établir des "cours" ou "leçons" sur l'ésotérisme des divers grades et leur interprétation culturale. Les Maîtres ayant deux années de grade et désirant postuler pour la Rose-Croix devront assister à ces tenues d'instruction ou, en cas d'absence pour excuse valable, justifier devant les Lumières du Chap... qu'ils connaissent suffisamment la matière. Truck Accident Lawyer