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negationnismes Les négationnismes en questions Colloque du 8 mai 2002 Document rØalisØ par Monsieur Daniel BOVY Avec la collaboration de Monsieur Henri DELEERSNIJDER

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negationnismes

Les négationnismes en questions

Colloque du 8 mai 2002

Document réalisé par Monsieur Daniel BOVYAvec la collaboration de Monsieur Henri DELEERSNIJDER

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Sommaire

1. Génocidea. Génocide, un mot nouveau pour des crimes sans précédentsb. Ressources générales

2. Shoaha. Révisionnisme ou négationnisme ?b. “Le négationnisme sur Internet, genèse, stratégies, antidotes” par GillesKarmasync. Ressources générales sur le négationnisme

3. Rwandaa. Le génocide au Rwandab. Ressources générales sur le Rwanda

4. Arméniea. Le génocide arménienb. Extrait de “Les Arméniens, Histoire d’un génocide” de Yves Ternonc. Ressources générales sur l’Arménie

5. Conclusion :“ Les révisionnistes nient la réalité qui les excède parce qu’elle excède leurthéorie” par Jacques Baynac et Nadine Fresco

Avertissement aux lecteurs

L’outil de travail proposé ici ne se veut pas exhaustif ; d’ailleurs il ne le seraitjamais que de manière très provisoire. La brochure accompagne une réflexion quevous pourrez prolonger par une visite aux Territoires de la Mémoire et à samédiathèque.

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1. Génocide

1.a. Génocide, un mot nouveau pour des crimes sans précédents

Le mot “génocide”, a été créé en 1944 par Raphael Lemkin, professeur de droit internationalà l’université de Yale, “pour définir les pratiques de guerre de l’Allemagne nazie”. Il désigne“la destruction d’une nation ou d’un groupe ethnique”. Le mot combine le terme grec genos(qui signifie origine ou espèce) et le suffixe latin cide (provenant de caedere, tuer). Lemkinvoyait le génocide comme “un plan coordonné d’actions différentes qui tendent à détruireles fondations essentielles de la vie des groupes nationaux dans le but de détruire cesgroupes mêmes”. (in Revue Internationale de Droit pénal, 1946, p. 371. et www.preventgenocide.org/fr/lemkin/legenocide1946.htm)

L’expression épuration ethnique a été utilisée pour la première fois au début des annéesnonante afin de décrire la politique menée par les milices serbes de Bosnie contre des civilsmusulmans en ex-Yougoslavie.

Le tribunal militaire international de Nuremberg a défini le terme de génocide en 1945:“Atrocités et délits, y compris mais sans être limités à l’assassinat, à l’extermination, la miseen esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toute populationcivile, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne des pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de toutcrime rentrant dans la compétence du tribunal”. La Convention des Nations unies de 1968sur “l’imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité” y a ajouté“l’éviction par attaque armée ou l’occupation et les actes inhumains découlant de la politique d’apartheid, ainsi que le crime de génocide”.

Le 11 décembre 1946, l’Assemblée générale des Nations unies, qui confirme les principesdu droit de Nuremberg, donne une première définition du génocide: “Le génocide est lerefus du droit à l’existence de groupes humains entiers de même que l’homicide est le refusdu droit à l’existence à un individu: un tel refus bouleverse la conscience humaine, infligede grandes pertes à l’humanité qui se trouve ainsi privée des apports culturels ou autres deces groupes, et est contraire à la loi morale ainsi qu’à l’esprit et aux fins des Nations uniesLa répression du crime de génocide est une affaire d’intérêt international”.

Le 9 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations unies approuve à l’unanimité letexte de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Le terme“génocide” fait désormais partie du vocabulaire du droit international. Entrée en vigueur en1951 et révisée en 1985, la Convention déclare dans son article premier que “les partiescontractantes confirment que le génocide, qu’il soit commis en temps de paix ou en tempsde guerre, est un crime du droit des gens, qu’elles s’engagent à prévenir et à punir”.

Trois grandes conditions, définies à l’article 2, sont nécessaires à son identification :

1. les victimes font partie d’un “groupe national, ethnique, racial ou religieux”. Sontdonc exclus les groupes politiques, économiques ou culturels - comme les victimesdes Khmers rouges au Cambodge, par exemple;

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2. les membres de ce groupe sont tués ou persécutés pour leur appartenance à cegroupe, quels que soient les moyens mis en oeuvre pour atteindre ce but;3. le génocide est un crime collectif planifié, commis par les détenteurs du pouvoirde l’Etat, en leur nom ou avec leur consentement exprès ou tacite.

L’article 3 définit comme crime aussi bien le génocide proprement dit que l’entente en vuede le commettre, l’incitation directe et publique, la tentative pour le mettre en oeuvre ou lacomplicité dans sa réalisation. L’article 4 stipule que toutes les personnes ayant commis legénocide doivent être punies, quelles que soient leurs qualités.

130 Etats ont, à ce jour (octobre 2000), ratifié la Convention. Mais le génocide étant uncrime d’Etat, sa prévention et sa répression posent un problème d’ingérence qui rend cetaspect de la Convention difficile à appliquer.

Du point de vue du droit pénal international, le génocide est un crime spécifique contre l’humanité dans le sens de “crime contre le statut d’être humain” (H. Arendt), contre l’essence même de l’humanité.

1.b. Ressources générales :

Internet :

www.credho.org/indexwww.droitshumains.orgwww.toile.org/psi/justice.htmlwww.humanlex.tripod.com/Francai/Fonu.htmwww.icrc.org/icrcfre.nsfwww.inti.be/ecotopie/droits.htmlwww.diplomatiejudiciaire.comheiwww.unige.ch/humanrts/Findex.htmlwww.preventgenocide.org

Bibliographie :

BAZELAIRE, J-P., CRETIN, Th., La justice pénale internationale. Son évolution, son avenir deNuremberg à La Haye, Paris, PUF, 2000, coll. “Criminalité internationale”. CHARNY, I.W (sous la direction de), Le livre noir de l’humanité, Paris, éd. Privat, 2002.ROUGET, D., Le guide de la protection internationale des droits de l’Homme, Ed. La Pensée sauvage,2000.BOUCHET-SAULNIER, Fr., Dictionnaire pratique du droit humanitaire, Paris, La Découverte et Syros,1998.BOUSTANY, Katia et DORMOY, Daniel (sous la direction de), Génocide(s), Bruxelles, Bruylant/Editions de l’Université de Bruxelles, 1999, 518 p. BUCHET, Antoine, Organisation de la Cour et procédure, pp. 27-37 in La Cour pénale internationale,Paris, La Documentation française, 1999, 98 p. KIERNAN, Ben, Sur la notion de génocide, Paris, Le Débat, mars-avril 1999.LANOTTE, Olivier, Répression des crimes de guerre, espoir ou utopie ?, Dossiers du Grip, n°199,Bruxelles, 1995.THWAITES, Nadine, Le concept de génocide dans la jurisprudence du TPIY : avancées et ambiguïtés,in Revue belge de droit international, Vol. XXX, n° 2, 1997, pp. 565-606.

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2. Shoah

2.a. Révisionnisme ou négationnisme ?

Pourquoi les historiens parlent-ils de “négationnisme” et non de “révisionnisme” ?

Le terme “révisionnisme” s’applique aux historiens (ceux, par exemple, de la fameusequerelle des historiens allemands (“Historikerstreit”) qui ne contestent pas, qui ne nient pasle génocide. Tout historien qui apporte des éléments nouveaux basés sur de nouvellessources fiables pratique, en quelque sorte, le révisionnisme. C’est pourquoi les historiensutilisent le terme non équivoque de “négationnisme” pour qualifier l’entreprise de négationde la Shoah qui n’a rien à voir avec un travail rigoureux d’historien.

Les premiers négationnistes ont été les nazis eux-mêmes. Dès 1943, Himmler recommandait à ses subordonnés le silence et le langage nazi (lire à ce sujet, LTI de V.Klemperer) dans ses euphémismes et son opacité ne révélait à l’époque quasi rien dudrame qui se déroulait. Les négationnistes, qui ne sont que très rarement des historiens,nient la Shoah en ce qu’ils déclarent notamment “qu’on n’a pas gazé de Juifs à Auschwitz,mais que l’on y a gazé que des poux.”

Tous les moyens sont bons : mauvaise foi, remise en cause de documents officiels, réécriture de l’histoire, interprétation partielle et donc partiale des documents, manipulations, raccourcis, etc.

Parmi les négationnistes, on en trouve aussi qui ne nient pas les faits du génocide mais quiveulent en attribuer la responsabilité aux juifs eux-mêmes !

Le négationnisme concerne d’autres génocides que la Shoah mais qu’il s’agisse des négationnistes purs et durs ou des autres formes de négationnisme, les objectifs restent les mêmes : effacer le passé pour dédouaner une idéologie irrespectueuse des droits humains.

2.b. “Le négationnisme sur Internet, genèse, stratégies, antidotes” par GillesKarmasyn,en collaboration avec Gérard Panczer et Michel Fingerhut , extrait de “ Revued’histoire de la Shoah”, n° 170, sept-déc. 2000

Lutter par l’éducation et l’histoire

L’éducation

Cela va sans dire; nous le dirons donc : l’enseignement de ce que fut la Shoah constitue lapremière protection contre le négationnisme. Cette protection sera d’autant plus efficaceque les modalités de cet enseignement seront pertinentes. Il n’appartient pas aux auteursdu présent article de participer à une problématique dont le succès du livre de Jean-François Forges1 souligne l’actualité. Nous renvoyons à l’article de Dominique Bornesur l’enseignement de la Shoah à l’école2. Certains acteurs du monde pédagogique ont prisconscience de ces enjeux. En témoigne le succès du séminaire sur l’enseignement de la

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Shoah qui s’est tenu en juillet 2000 au CDJC.

Il demeure qu’il est un domaine où lycées et collèges peuvent préparer utilement les élèves,celui du discernement quant à la qualité et à la nature de ce qu’ils risquent de trouver surl’Internet. On ne pourra qu’encourager une présentation aux lycéens et collégiens des dangers auxquels ils s’exposent en utilisant sans discernement l’Internet. On aura soind’indiquer aux élèves les moteurs de recherche spécialisés (http://aleph.ens.fr/revues/). Detels moteurs n’indexent pas tout le contenu du Web, mais seulement une liste, parfoisimportante, de sites web traitant d’un domaine. Encore reste-t-il à développer et promouvoirde tels moteurs, et qu’ils aient une matière suffisamment importante pour être utile... Unetelle politique de préparation des élèves à l’Internet doit être élaborée à un niveau national.

L’Histoire de la Shoah sur l’Internet

La masse de textes négationnistes sur l’Internet et l’impact démesuré qu’ils prennent via l’utilisation des moteurs de recherche, nécessite une réaction urgente. Le principal antidote contre cette anti-histoire3, c’est l’histoire elle-même. Il convient de mettreà disposition sur l’Internet des textes et des documents sur l’histoire et l’historiographie dela Shoah et la déportation, des textes s’adressant à des publics variés, du candide à l’universitaire en passant par les élèves des lycées et collèges.

La situation de l’Internet anglophone est de ce point de vue assez bonne. Il existe, enanglais, un nombre très important de sites web de qualité consacrés à l’histoire de la Shoah.On regrettera cependant que les institutions sont souvent assez réticentes pour mettre lestextes intégraux de leurs publications, ne serait-ce ceux des années passées, sur le web.On trouvera une liste des principaux sites sur la page de liens du site “anti-rev”4. On pourrait écrire un article intitulé “l’Histoire de la Shoah sur l’Internet”. On constaterait que lasituation est bonne quant au nombre et à la qualité des sites web en anglais. Nous renvoyons en l’occurrence, pour ce qui est des site web anglophones, à la page de lienscitée ci-dessus. Notons que le site web du centre Simon Wiesenthal met à la disposition dupublic et du chercheur l’intégralité des sept volumes des Simon Wiesenthal Annual,5, parution d’excellente tenue sur l’histoire de la Shoah. Dans le même esprit, signalons lesDocuments on the Holocaust6 sur le site web de Yad Vashem.

La situation de l’Internet francophone a longtemps été catastrophique. Elle n’est plus quelamentable. Face à la masse des textes négationnistes en français, on ne compte quequelques sites web dont les plus riches sont le fait de particuliers et non d’institutions. Laplupart des sites institutionnels se contentent de donner des informations pratiques et de seprésenter.

Signalons le site web du CDJC7, celui de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation8,qui fournit une bonne introduction synthétique. Celui de l’Union des Résistants et DéportésJuifs de France9 fournit, seulement au format PDF hélas (car non visible par les moteurs derecherche), les derniers numéros de sa Lettre10. C’est déjà beaucoup. Quelques rares sitesweb se démarquent. D’abord celui de Vincent Chatel et Gord McFee, “Les Camps oubliés11”.Il étudie en détail de nombreux camps, en donne la liste et propose de nombreux textes surl’histoire de la Shoah. Ensuite, le site web de David Natanson12 présente la Shoah à traversde nombreux documents, thèmes spécifiques et les cas très concrets de sa propre famille.Le site de Michel Fingerhut “Ressources documentaires sur le génocide nazi et sa

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négation”13, fut initialement créé en 1995 à l’occasion des premières manifestations denégationnisme en français sur les forums de discussion. Il propose la mise en ligne detextes intégraux initialement publiés dans des monographies, des recueils ou des journaux.Y figurent notamment les textes de Pierre Vidal-Naquet et Nadine Fresco sur le négationnisme. Le corpus des textes présents sur ce site est l’un des plus importants aveccelui du site de Dominique Natanson. On mentionnera également le site web du Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah14.

S’il y a un certain nombre de “petits” sites, avec quelques pages, mais aussi de nombreusespages pédagogiques au contenu assez synthétique et globalement redondant, au total lesquelques sites évoqués pèsent bien peu face à l’offensive de masse permanente des négationnistes.

Les individus, sauf à y sacrifier leur vie et leur emploi du temps, ainsi que font les négationnistes, n’ont pas les mêmes moyens que ces fanatiques. Pourtant, il faut mettre enligne les monographies “classiques” de l’histoire de la Shoah et de la déportation, les actesdes colloques, les oeuvres de Hilberg et Browning. Il faut également mettre sur le web desreproductions de documents originaux, le contenu des sources primaires. Tout celademande beaucoup de moyens et de temps. Seules des institutions en ont la capacité. Ilest impératif de créer des programmes de mise en ligne des études et des documents. Il lefaut pour mettre à disposition du grand public des instruments de qualité et pour combattreles sites négationnistes par la quantité des textes fournis. Là encore il manque une volonté politique.

Quand bien même les moyens seraient fournis, d’autres difficultés peuvent surgir. Quelqueséditeurs refusent de donner les droits de certains ouvrages fondamentaux. Si l’on comprendleur frilosité, elle n’en est pas moins infondée : les auteurs peuvent en témoigner, lorsqu’ilsrencontrent un texte intéressant sur le web, ils en achètent la version publiée si celle-ciexiste. Le livre demeure le meilleur moyen de lecture. Une reproduction sur le web peutsouvent être un bon moyen de promotion.

Notons enfin que l’Internet offre la possibilité de pallier la relative pauvreté de l’historiographie francophone sur la Shoah et le nazisme. La publication de traductions d’études classiques en anglais ou en allemand peut se faire à moindre frais surle Web. La disponibilité de ces classiques en français, et sur le web, serait un outil supplémentaire, à la fois pour les étudiants et les historiens, mais aussi dans l’optique dela lutte contre les négationnistes. Il est indispensable et urgent d’entreprendre ces travauxde traduction et de mise en ligne.

Notes : 1. Jean-François Forges, Éduquer contre Auschwitz, ESP, 1997. On ne lira pas cet ouvrage sans lecompléter par celui de Georges Bensoussan, Auschwitz en héritage? D’un bon usage de la mémoire,Mille et une Nuits, 1998. Georges Bensoussan écrit ceci qui est fondamental : “Les bonnes intentionspédagogiques peuvent verser dans la banalisation qu’elles prétendent éviter” (op.cit., p. 128).2. Dominique Borne, L’enseignement de la Shoah à l’école in “Les cahiers de la Shoah”, n°1, 1993-1994; sur le web : http://www.anti-rev.org/textes/Borne94a/. Signalons également le site web de DavidNatanson sur l’histoire de la Shoah et la pédagogie: http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/index2.htm3. Selon l’expression de Bernard Comte, Le Génocide nazi et les négationnistes, intervention prononcée par Bernard Comte à Villeurbanne le 30 mai 1990. Sur le web: http://www.phdn.org/nega-tion/Comte90/4. http://www.anti-rev.org/serveurs/. Signalons également la page de liens sur site web du CDJC:

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http://www.memorial-cdjc.org /links.htm, ainsi que la page “pour garder la mémoire “ de DavidNatanson: http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/garder.htm5. http://motlc.wiesenthal.com/resources/books/6. http://www.yad-vashem.org.il/holocaust/documents/7. http://www.memorial-cdjc.org/8. http://www.fmd.asso.fr/9. http://www.cie.fr/urdf/10. http://www.cie.fr/urdf/fr_tele.htm11. http://www.jewishgen.org/ForgottenCamps/indexFr.html12. http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/index2.htm13. http://www.anti-rev.org/14.http://www.orbital.fr/dletouzey/cercle/aphgce.htm/

2.c. Ressources générales sur le négationnisme

Internet :

http://www.radio-france.fr/chaines/france-culture/chemins/ (aller dans les Archives)http://www.chez.com/aipj/ http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Negationnismehttp://www.resistances.be

Bibliographie :

ABRAMOWICZ, Manuel, Extrême droite et antisémitisme en Belgique de 1945 à nos jours, EVO,1993.BÉDARIDA, François, Le nazisme et le génocide. Histoire et enjeux, Paris : Nathan, 1990.BENSOUSSAN, Georges, Auschwitz en héritage ? D’un bon usage de la mémoire, Paris, Mille et unenuits, 1998.BENSOUSSAN Georges, Négationnisme et antisionnisme: récurrences et convergences des discoursdu rejet in Revue d’histoire de la Shoah n° 166, mai-août 1999.BOCHUBERG Claude, L’histoire bafouée ou la dérive relativiste, Paris, L’Harmattan, 1992BOUDROT, Pierre, Le quotidien LE MONDE face aux sceptiques et aux négateurs de 1944 à 1993,IEP de Paris, 1993-1994.BOUSTANY, D. Dormoy et Réseau Vitoria, Génocide(s), Bruxelles, Bruylant, 1999BRAYARD, Florent, Comment l’idée vint à Rassinier. Naissance du révisionnisme, Fayard, 1996.BRAYARD, F. (sous la direction de), Le génocide des juifs entre procès et histoire. 1943-2000,Bruxelles, Complexe, 2000.BRIDONNEAU, Pierre, Oui, il faut parler des négationnistes, Le Cerf, 1997.CHALIAND Gérard et TERNON, Yves, le Génocide des Arméniens, Bruxelles, Complexe, COHEN B. et ROSENZWEIG Luc, Le mystère Waldheim, Paris, Gallimard, 1986.COLLE, Marcella (sous la direction de), le génocide juif (1941-1944), 2e éd., revue et mise à jour,Centre technique et pédagogique de l’enseignement de la Communauté française de Belgique, Avril1997, 169 p. COLLECTIF, Faut-il interdire l’accès aux livres négationnistes ? , Libre Belgique, 28 mai 2001.COLLECTIF, Lyon, capitale du négationnisme ? Golias, 1995.COLLECTIF, Le Négationnisme sur internet, in Revue d’Histoire de la Shoah, n°170, sep-dec 2000COLLECTIF, Négationnistes : Les chiffonniers de l’Histoire, Golias/Syllepse, 1997.DELEERSNIJDER, Henri, L’Affaire du “point de détail”. Effet médiatique et enjeux de mémoire, Liège,Les éditions de l’Université de Liège, 2001.DELEERSNIJDER, Henri, Les prédateurs de la mémoire, la shoah au péril des négationnistes,Bruxelles, Labor/Espace de libertés, 2001.

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Pour une bibliographie des écrits révisionnistes et négationnistes, voir Valérie IGOUNET, Histoire dunégationnisme en France, Paris, Seuil, 2000, p.661-675.

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3. Rwanda

3.a. Le génocide au Rwanda

Le Rwanda est peuplé de sept millions d’habitants qui constituent deux ethnies : les hutus(90% de la population) et les tutsis (9%). En 1890, les Allemands colonisent le Rwanda(Ruanda) ainsi que le Burundi (Urundi). La Belgique, aidée de l’Angleterre, occupe le paysen 1916. Puis le Ruanda-Urundi est placé sous mandat de la Société des Nations en 1923(de l’O.N.U en 1946), mais toujours sous tutelle de la Belgique. Rattaché au Congo, le royaume du Ruanda-Urundi s’en sépare en 1960. En 1961, le Rwanda se sépare del’Urundi à la suite d’un référendum et devient une république. En 1962, la Belgiqueproclame l’indépendance du Rwanda sur l’insistance du Conseil de Tutelle de l’O.N.U.

Les Hutus dominent la vie politique de ce pays et plusieurs coups d’état des Tutsis entraînent des séries de massacres. En 1973, un coup d’état militaire renverse le régimecivil et met en place un gouvernement hutu.

En 1990, une guerre civile éclate, opposant le gouvernement hutu aux rebelles tutsis. Le 19 février 1991, le Rwanda déclare l’amnistie générale. La même année, la nouvelle Constitution est promulguée. Le 1er novembre, les troupes belges se retirent et le31 décembre est formé un nouveau gouvernement.Le 4 mars 1992, des Tutsis sont massacrés au sud du pays. Les massacres continuent malgré la présence de troupes françaises sur le sol rwandais.

L’année 1993 voit la création de la “radio-télévision libre des mille collines”, désormais connue pour avoir incité à la haine et au génocide. Le 4 août sont signés lesaccords d’Arusha destinés mettre en place un état de droit.

Le 6 avril 1994, l’avion qui transportait le président rwandais, M. Habyarimana, et le président burundais, M. Ntaryamira, est abattu près de Kigali. Le lendemain, le Premierministre est aussi assassiné par les FAR ainsi que des casques bleus belges chargés desa sécurité. Ces attentats sont suivis dès le lendemain d’une chasse à l’homme et du massacre systématique des Tutsis sur l’ensemble du territoire. Ils marquent aussi le retraitprogressif de toutes les forces armées étrangères encore présentes dans le pays.

Le 30 juin, la Commission des droits de l’homme de l’ONU qualifie de génocide, le massacre systématique intervenu au Rwanda.

Le 8 novembre 1994, le conseil de sécurité de l’ONU crée le Tribunal Pénal Internationalpour le Rwanda (T.P.I.R), pour permettre le jugement des responsables de ces massacres.Les procès commenceront le 27 décembre 1996 à Kinbungo. Le 2 septembre 1998, leT.P.I.R juge un ancien maire coupable de génocide et de crimes contre l’humanité commislors des massacres de 1994.Le tribunal a dû lever deux objections pour rendre le jugement. La partie adverse déclaraitqu’il n’y aurait pas eu génocide mais “simplement” crime de guerre. De plus l’accusé neserait pas responsable et il n’aurait fait qu’obéir aux ordres du gouvernement auquel il nepouvait pas s’opposer. Mais le tribunal réfuta ces deux objections classiques car les massacres n’avaient pas une fin militaire mais avaient, pour objectif particulier, l’extermination des tutsis. Et l’accusé a bien participé au massacre par ses actes et ses

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propos, malgré sa fonction de maire qui lui donnait le pouvoir de s’y opposer. Ainsi l’accuséest donc bien responsable de “crimes contre l’humanité”.

Ce jugement a une double importance. D’abord historique : si, en 1948, tirant les con-séquences du procès de Nuremberg, une convention Internationale a été créée à Genève,et avait défini le crime de génocide pour le droit international, avec ce jugement, on estpassé de l’idéal de justice d’après-guerre à sa réalisation, dans la mesure où, pour la première fois depuis 1948, la communauté internationale reconnaît l’existence d’un génocide et une cour internationale de justice a rendu un verdict de culpabilité de génocide.Cette “première fois” constitue un “précédent”, une référence qui ouvre la voie à la reconnaissance future d’autres génocides (en Yougoslavie par exemple...). L’importancehistorique de ce jugement se double d’une importance juridique qui présente trois aspects.La décision du T.P.I.R permet une précision, une interprétation ainsi qu’une extensionjuridique du texte de 1948. Ce jugement a permis la précision de la définition du génocideet du crime contre l’humanité ; “Il y a génocide dès lors que l’un des actes a été commisdans l’intention spécifique de détruire en totalité ou partiellement un groupe national, ethnique, racial ou religieux et quand la victime est choisie non pas en fonction de son identité individuelle, mais en raison de son appartenance nationale, ethnique, raciale oureligieuse”. Et “il y a crime contre l’humanité quand il y a extermination, assassinat, tortureet tout autre acte inhumain.”.

Cette précision va faire évoluer la notion de génocide vers une plus grande protection desdroits de l’homme : Il n’y a nul besoin qu’un groupe soit entièrement exterminé pour qu’il yait génocide et il n’y a nul besoin qu’un accusé ait tué lui-même des membres de ce groupepour qu’il se rende coupable de génocide. De plus, la notion de crime de génocide inclutdésormais les crimes sexuels, qui n’étaient pas prévus par la convention de 1948.

3.b. Ressources générales sur le RwandaInternet :

http://www.hrw.org/french/press (communiqué de presse sur le procès belge en assises)http://membres.lycos.fr/jecmaus/Afri.html (article extrait du Monde des droits de l’homme, juillet-août1997)http://euforic.org (article sur la construction du clivage ethnique au Rwanda)http://www.droit.fundp.ac.be/genocide/doctrines (liste d’ouvrages de droit international)http://www.rwanda.net (site officiel du Rwanda, génocide en sous-rubrique)http://amnesty.org/ailib/intcam/rwanda.htm (infos récentes en anglais sur le génocide)http://www.grandslacs.net/index.html (littérature grise concernant la région des grands lacs)http://www.asf.be/AssisesRwanda2/fr (compte-rendu du procès en assises à Bruxelles)www.asf.be/AssisesRwanda2/fr.AnalysePsy.PDF (Une analyse psychologique du génocide)http://www.llm.uquam.ca/memoires/J-Biyakaremye.htm (mémoire d’étudiant)http://perso.warodoo.fr/rwanda94http://www.up.univ-mrs.fr/˜wclio-af/numero/2/source/index.html http://www.assemblée-nationale.fr/2/2rwanda.html http://www.grip.org/bdg/g1554.html http://www.sv.vtcom.fr/fr3/kronik/rwanda.html http://www.lexpress.fr/editorial/dossiers/rwanda/ouverture.htmlhttp://mnet.fr/michab/index.htm (une analyse des responsabilités, extrait de Revue MAAUS)

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Bibliographie :

BIZIMANA, Jean, L’Eglise et le génocide au Rwanda : les Pères blancs et le négationnisme, Paris,L’Harmattan, 2001.BRAECKMAN, Colette, Rwanda. Histoire d’un génocide, Fayard, 1994.BRAECKMAN, Colette, Terreur africaine, Fayard, 1996.CHRETIEN, J.-P., Le Défi de l’ethnisme. Rwanda et Burundi 1990-1996, Karthala, 1997.CHRETIEN, J.-P., Le Rwanda et la France : la démocratie ou les ethnies ?” in Esprit, mars-avril 1993,pp. 190-195.CHRETIEN, J.-P., Pogromes sur les collines in Esprit, juillet 1994, pp. 16-30.CHRETIEN, J.-P., Rwanda 1994. Mémoire ou négation d’un génocide in Esprit, mars 1995, pp. 99-110.CHRETIEN, J.-P., Rwanda: la propagande du génocide in Reporters sans frontières, Les Médias de lahaine, La découverte, 1995.DE HEUSCH, Luc, Anthropologie d’un génocide: le Rwanda in Les Temps modernes, décembre 1994.DES FORGES, A., Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda. Human Rights Watch etFILDH, Karthala, 1999.DESTEXHE, Alain, Qui a tué nos paras ?, Luc Pire, Bruxelles, 1996.DESTEXHE, Alain, Rwanda. Essai sur le génocide, Complexe, 1994.FRANCHE, Dominique, Rwanda. Généalogie d’un génocide, Mille et Une Nuits, 1997.GOUTEUX, Jean-Paul, Un génocide secret d’État. La France et le Rwanda 1990-1997, Éditionssociales, 1998.HELBIG D., MARTIN J. et MAJOROS M., Rwanda. Documents sur le génocide, Bruxelles, Luc Pire,1997.MALAGARDIS, Maria, SANNER, Pierre-Laurent, Rwanda, le jour d’après. Récits et témoignages aulendemain du génocide, Médecins du Monde-Somogy, 1995.PRUNIER, Gérard, Rwanda. Le génocide, Dagorno, 1997.RICHARD, Pierre-Olivier, Casques bleus, sang noir, Bruxelles, Epo, 1997.SITBON, Michel, Un génocide sur la conscience, L’Esprit frappeur, 1998.Les Temps modernes, n° 583 (juillet-août 1995), numéro spécial consacré aux politiques de la haineau Rwanda et Burundi en 1994-1995VERDIER, R., DECAUX, E., CHRETIEN, JP., Rwanda, un génocide du XXe siècle, L’Harmattan, 1995.VIDAL, Claudine, Les politiques de la haine in Les Temps modernes, n° 583, juillet-août 1995.WILLAME, Jean-Claude, Les Belges au Rwanda : le parcours de la honte, Bruxelles, GRIP : Complexe,1997.

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4. Arménie

4.a. Génocide arménien

Sans état depuis le XIVe siècle, les Arméniens sont partagés entre l’Empire ottoman et laPerse. Craignant que les mouvements de population ne conduisent à une demanded’indépendance, le sultan Abdulhamid II ordonne les massacres : ce furent les premiersperpétrés à grande échelle à l’égard des Arméniens. Ils eurent lieu de 1894 à 1896. Plustard, alors que l’empire s’effrite, la dictature nationaliste jeune-turque (du nom du mouve-ment nationaliste ottoman) ordonne une déportation et une extermination systématique –donc un génocide – qui vident l’Anatolie de sa population arménienne. Le génocidearménien aura tué entre 1 million et 1,5 millions de personnes.

Il fut le premier génocide du vingtième siècle.

4.b. Extrait de “Les Arméniens, Histoire d’un génocide” d’Yves Ternon, Seuil

Une vérité établie n’est pas négociable. Le génocide arménien n’est pas une hypothèse ; ilest devenu une certitude. Le génocide est un crime, le crime absolu, la forme la plus gravedu crime contre l’humanité. C’est une infraction au droit international définie par laConvention sur la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée le 9 décembre 1948 par l’Assemblée générale des nations unies. Pour que l’incriminationde génocide puisse être prononcée, plusieurs conditions doivent être remplies : il faut quela victime soit un groupe humain, qu’elle appartienne à des catégories définies par laConvention, que les membres de ce groupe aient été tués comme tels, c’est-à-dire en raison de leur appartenance à ce groupe, mais aussi et surtout que l’intention d’anéantir cegroupe soit démontrée. La preuve de l’intention criminelle, de la volonté de détruire legroupe en partie ou en totalité, est le pivot autour duquel s’ordonne la preuve du génocide.Ce crime est un ensemble d’actions d’une dimension exceptionnelle, à l’échelle d’un paysou d’un continent, et d’une infinie complexité que seul un état avec tous les moyens et lesstructures dont il dispose est à même de gérer. Par essence, le génocide est un crimeprémédité, ce qui sous-entend que le “perpétrateur” a cherché à se soustraire aux conséquences de ses actes et que la négation du crime est intimement tissée dans sastructure. Il a préparé son forfait dans le secret, il l’a organisé dans le moindre détail ; il ena soigneusement effacé les traces ; plus tard, il nie tout en bloc, et il somme ses accusateurs de produire leurs preuves ; il explique alors que les preuves déposées ne suffisent pas à définir l’incrimination et il propose de ranger l’événement dans une autrecatégorie en démontrant que, si certaines composantes du génocide sont réunies, il enmanque une, indispensable à l’incrimination, l’intention. A l’extrême, le négateur inversel’accusation et accuse sa victime de l’avoir tué lui.

4.c. Ressources générales sur l’ArménieInternet :

http://www.armenian-genocide.org/http://www.wiesenthal.com/http://www.genocide.mq.edu.au/ccgs.htmhttp://www.migs.org/

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http://www.ushmm.org/http://www.cdca.asso.fr/ http://www.armenian-genocide.org/affirmation/resolutions/index.phphttp://com24.armenweb.org/génocide.htmhttp://www.armenweb.alsy.fr/

Bibliographie :

Arménie, le droit à la mémoire, Esprit, avril 1984. Arménie-diaspora. Mémoire et modernité, Les Temps modernes, juillet-août-sept. 1988. ATTARIAN, Varoujan, Le Génocide des Arméniens devant l’ONU, Bruxelles, Complexe, 1997. CARZOU, Jean-Marie, Un Génocide exemplaire : Arménie 1915, Paris, Flammarion, 1975. CHALIAND, Gérard et TERNON, Yves, Le Génocide des Arméniens : 1915-1917, Bruxelles,Complexe, 1980. CHAUMONT, Jean-Michel, La Concurrence des victimes : génocide, identité et reconnaissance, Paris,La Découverte, 1997. DADRIAN, Vahakn N., Histoire du génocide arménien, Paris, Stock, 1996. DADRIAN, Vahakn N., Autopsie du génocide arménien, Bruxelles, Complexe, 1995. DAVIES, Leslie, La Province de la mort. Archives américaines concernant le génocide des Arméniens(1915), Bruxelles, Complexe, 1994.DÉDEYAN, Gérard (sous la direction de), Histoire des Arméniens, Toulouse, Privat, 1982, réed.1986.Enquête sur la tragédie d’avril 1915. Le massacre des Arméniens, L’Histoire, avril 1995. GASPARD, Armand, Le Combat arménien. Entre terrorisme et utopie. Lausanne, 1923-1983, Genève,L’Age d’Homme, 1984. HOVANESSIAN, Martine, Les Arméniens et leur territoire, Paris, Autrement, 1995. LEPSIUS, Johannes, Archives du génocide arménien. Recueil de documents diplomatiques allemands,Paris, A. Fayard, 1986.MORGENTHAU, Henry, Mémoires, suivis de documents inédits du département d’Etat, Paris, Payot,1984 (réédition augmentée de l’édition de 1919).PIRALIAN, Hélène, Génocide et transmission, Paris, l’Harmattan, 1995. TANER, Akcam, Le tabou du génocide arménien hante la société turque in Le Monde diplomatique, juil-let 2001. (www.monde-diplomatique.fr/2001/07/AKCAM/15341)TERNON, Yves, Les Arméniens, histoire d’un génocide, Paris, Le Seuil, 1977, réed. 1996. TERNON, Yves, La Cause arménienne, Paris, Le Seuil, 1989. TERNON, Yves, Enquête sur la négation d’un génocide, Marseille, Parenthèses, 1989. TERNON, Yves, L’Etat criminel : les génocides au XXe siècle, Paris, Le Seuil, 1995. TERNON, Yves, Du Négationnisme. Mémoire et Tabou, Paris, Desclée Debrouwer, 1999.

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5. Conclusions : “Les révisionnistes nient la réalité qui lesexcède parce qu’elle excède leur théorie” par Jacques Baynacet Nadine Fresco (Le Monde 18 juin 1987).

“Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose”, écrivait Pierre Viansson-Ponté,paraphrasant l’air de la calomnie du Barbier de Séville (Le Monde daté 17-18 juillet 1977),dans un article intitulé “Le mensonge” qui traitait de ce qu’on n’appelait pas encore le révi-sionnisme. C’était il y a dix ans. Et c’était prophétique.

“Il est communément admis, toute la littérature à ce sujet est formelle, que quatre millionsd’êtres humains ont été assassinés par gazage puis incinérés à Auschwitz”. C’est par cettephrase que commence une des deux lettres publiées par Libération dans le courrier deslecteurs et qui ont provoqué les remous que l’on sait.

Dans cette phrase, trois affirmations, trois mensonges. La littérature à ce sujet ne parle pasde quatre, mais de un million de gens gazés à Auschwitz (cf. par exemple R. Hilberg dansThe Destruction of the European Jews, New-York, Franklin Watts, 1973, p. 572). Il est doncfaux et mensonger de dire qu’il s’agit de quatre millions, faux et mensonger d’affirmer quela littérature est formelle à ce sujet, faux et mensonger de prétendre que ce chiffre est communément admis.

Ce qui est vrai, en revanche, c’est que cette phrase résume parfaitement une des méthodesde la prétendue école révisionniste. Elle consiste à fabriquer de toutes pièces un mensongeet à proclamer que ce mensonge est une vérité officielle et communément admise. Il nereste plus alors qu’à dénoncer comme mensongère la pseudo-vérité qu’on avait soi-mêmepréalablement fabriquée.

Pierre Viansson-Ponté avait raison de prévoir que, “au mieux en résulterait un grand scepticisme à l’égard des atrocités hitlériennes (...) Au pis, la conviction que le mensongeest universel et permanent qu’il ne faut croire personne et surtout pas l’histoire”.

Les révisionnistes n’ont pas inventé le révisionnisme. D’une part, l’histoire est révisionnistepar nature, elle procède par révision permanente des connaissances. D’autre part, le termede “révisionnisme” désigne des interprétations qui ne sont pas non plus innocentes.

Sauf, exception, tel ce J.B Pérès qui, en 1827, prouva que Napoléon n’avait pas existé, lerévisionnisme historique, c’est à dire l’histoire en train de se faire, ne nie pas l’évidence,n’invalide pas systématiquement tout ce qui atteste la réalité d’un fait, ne confond pas l’exercice du doute avec la pratique du soupçon. Pour nos révisionnistes en revanche, ils’agit “non pas de connaître le déroulement exact des évènements survenus à Auschwitz,mais de vérifier si les pièces à conviction présentées à l’appui de la thèse exterminationniste sont probantes” (W. Stäglich, Le Mythe d’Auschwitz, Paris, La VieilleTaupe, 1986, p.28).

Curieux historiens en vérité que ces gens qui, au lieu de s’attacher à “connaître le déroulement exact des évènements”, s’instituent juges des “pièces à conviction” d’unprocès qui n’a lieu que parce qu’ils nient l’existence de l’objet du litige, et qui, à l’heure du

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verdict, seront donc nécessairement amenés à déclarer fausses toutes les preuves contraires à l’a priori dont ils ne démordent pas.

Un objet historique.

A défaut d’être des historiens, appartiennent-ils au moins au genre illustré par Kautsky,Jabotinsky et d’autres ?

En général, les révisionnismes idéologiques cherchent, par pragmatisme, à mieux connaître la réalité pour mieux affirmer son primat, pour mieux adapter leur théorie aumonde tel qu’il est. Nos révisionnistes font l’inverse : ils nient la réalité qui les excède parcequ’elle excède leur théorie.

Au lieu d’adapter leurs idées à la réalité, ils adaptent la réalité à leurs idées. Ils sont, à proprement parler, des intégristes qui, refusant d’intégrer le réel passé, doivent désintégrercelui-ci dans le présent. Leur objectif disent-ils, usant d’un vocabulaire religieux est de“désacraliser ce qui, de toute façon fonctionne comme extermination déclarée indicible parles témoins, intransmissible par les survivants, impensable par tous les autres et qui a fini,avec le temps, par devenir inimaginable et presque incroyable. - a perdu de vue la frontièreentre réalité et fiction, décrété la réalité fiction, et réalité la fiction qu’il produit”.

Jugeant la réalité incohérente et incroyable, les révisionnistes ont glissé du “tout ce qui estréel est rationnel” hégélien à “tout ce qui est rationnel est réel” et produit une fiction formidable.

Il serait temps, pour comprendre la production d’une telle fiction, de constituer enfin le révisionnisme en objet de l’histoire. Et de se rendre compte que cette fiction a rencontré unmarché, largement tributaire de l’ignorance.

Depuis dix ans que le révisionnisme se manifeste en France, ceux qui s’en préoccupentsont confrontés au même dilemme.

Les uns estiment que moins on parlera des révisionnistes et mieux cela vaudra, qu’il estinutile de leur donner une publicité dont ils sont tellement friands et qu’ils s’évertuentchaque fois à travestir en reconnaissance de leur respectabilité scientifique. Les autrespensent que la confrontation est inévitable et s’attachent à refuser point par point les réfutations révisionnistes et à faire, une fois de plus, la preuve de la réalité, de la nature etde l’étendue de l’extermination.

Le glissement, le tout-terrain, le contre-pied, le trompe-l’œil et le dernier mot : il est tempsde comprendre que la tactique révisionniste fait que, de toute façon, les réactions des unset des autres ont été et continueront d’être chaque fois, manipulées et trafiquées par lesrévisionnistes à leur propre avantage. Le silence est raillé par eux comme lâcheté et refusdu débat, les réponses comme autant de vaines tentatives d’obstruction de la vérité. Poursortir enfin du dilemme, et de la gêne qu’il provoque, il faut traiter le révisionnisme, commen’importe quel autre fait, en objet de l’histoire.

Les révisionnistes actifs, ceux qui écrivent et ceux qui diffusent somme toute plutôt biendans la société française ?

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Ce à quoi ils oeuvrent avec tant d’acharnement, c’est à la solution finale de la solution finale.Ce programme n’est peut-être pas fait pour déplaire à tout le monde. Par quel miracle, eneffet, cette société se serait-elle débarrassée de son antisémitisme, de la haine contreDreyfus et Léon Blum à la dénonciation des voisins de palier, en même temps qu’elle sortait de ce que l’on continue encore si souvent de qualifier, dans un immuable cliché,“d’heures les plus douloureuses de notre histoire ?” Peut-on sérieusement penser que l’antisémitisme, bâillonné à la Libération et contraint de vivre depuis lors entre censure etrefoulement, se serait miraculeusement dissout derrière les hauts murs oecuméniquementdressés contre l’infamie de la collaboration et unanimement élevés à la gloire de laRésistance ?

Les redresseurs de morts.

Quand les juifs morts se comptent par millions, ils deviennent parfois plus encombrantsencore que lorsqu’ils étaient vivants. Et le poids de leur mort est tel qu’il faut attendre avantde pouvoir apprendre au monde comment s’en débarrasser. Mais près d’un demi-siècle apassé, et les morts ont une durée de vie limitée. Quand le nombre de ceux qui les ont connus s’amenuise de plus en plus, quand le refoulement de l’antisémitisme se fissure enmême temps que la crise fissure la société, le temps est venu pour les redresseurs demorts. Mais que peut augurer pour les vivants qu’on s’attaque ainsi à des juifs qu’on avaitdéjà tués ?

Pessimisme outrancier ? Après tout, est-ce tellement grave que le néologisme sidaïqueprésente, aussi, l’avantage de rappeler en creux que de même que sidaïque = sida,judaïque = judas ?

Est-ce tellement grave qu’un candidat à la présidence de la République, disant sa vérité enattendant son heure, voie sa cote de popularité doubler après l’exposé d’un programmefondé sur la peur et l’exclusion ?

Est-ce tellement grave que, parlant de la fête de fin du Ramadan, une télévision énoncemachinalement que la Grande Mosquée de Paris a été “envahie” par des musulmans ?

Est-ce tellement grave ?

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© Les Territoires de la Mémoire asbl, 2002Centre d’Education à la Tolérance et à la Résistance86 Boulevard d’Avroy4000 Liège

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U.N.M.S

G O B

Avec le soutien : du Ministre-Président du Gouvernement wallon, de la Communauté Wallonie-Bruxelles de Belgique, du Service de l'Education permanente - Direction généralede la Culture et de la Communication, de la Présidence du Gouvernement wallon,de l'Enseignement communal liégeois, de l'Enseignement de la Province de Liège,du Service des Affaires Culturelles de la Province de Liège, de la Ville de Liège, dela Province de Liège.