gakudô yôjin shu

32

Upload: dhammadanam

Post on 16-Apr-2015

91 views

Category:

Documents


7 download

DESCRIPTION

Gakudô Yôjin ShuDans son "Recueil des points à observer dans la pratique de la voie" (Gakudô yôjin shû), Dogen consacre une section entière au rôle de l'enseignant, "l'ami de bien", selon l'expression traditionnelle. Son introduction est vigoureuse : "La pratique de la voie ne dépend que de l'authenticité ou de la fausseté du guide. Le disciple est comme du bois de bonne qualité et le maître semblable à un artisan. Même si le bois est de bonne qualité, sa beauté ne transparaît pas tant qu'il ne trouve un habile artisan. Et s'il trouve une main habile, même tordu, sa splendeur aura tôt fait d'apparaître."

TRANSCRIPT

Page 1: Gakudô Yôjin Shu
Page 2: Gakudô Yôjin Shu

Gakudô Yôjin Shu Dôgen

© Windbell Publications 1992

4-505 Kamishakujii 3-19

Nerima-ku, Tokyo 177, JAPON

Tél/Fax: +81 (0)3-3929-4680

http://www.windbell.com

Zen Montpellier Traduit par Michel Proulx

http://zenmontpellier.voila.net

Page 3: Gakudô Yôjin Shu

3

1. Etablir l'envie de Vérité L'envie de Vérité a de nombreux noms, mais ils font tous référence au même état d'esprit. Dans les mots de maître Nagârjuna: « Un esprit qui ne réfléchit que sur l'inconstance du monde séculier, tel qu'il apparaît et disparaît, peut aussi être appelé envie de Vérité ». On peut donc pour le moment utiliser cette définition de l'envie de Vérité. Il est certes vrai que lorsque nous considérons la vanité du monde séculier, l'égoïsme ne s'empare pas de notre esprit, et le désir de gloire et de richesse ne se manifeste pas non plus. Au contraire, en voyant le temps fuir aussi vite, nous nous mettons à pratiquer la vérité comme s'il s'agissait d'éteindre un feu dans nos cheveux. Et sachant la fragilité de notre existence physique, nous faisons de notre mieux pour marcher, comme le Bouddha, sur la pointe des pieds Nous pouvons écouter le chant céleste des oiseaux Kalavinka, mais nos oreilles se perdent rapidement dans la brise du soir. Nous pouvons regarder le visage admirable de Mosho ou de Seishi, mais la rosée du matin arrive et nos yeux se ferment pour toujours. Cependant, une fois que nous sommes libres des chaînes de l'attachement au son et à la forme, nous pouvons naturellement rencontrer le suprême principe de l'envie de Vérité. Nous avons entendu de nombreux

Page 4: Gakudô Yôjin Shu

4

exemples, des temps anciens jusqu'à nos jours, de gens à qui faisait défaut la connaissance, et de gens aux idées étroites. La plupart d'entre eux est tombé dans la fosse de la gloire et de la richesse, et ils ont gâché leur chance de vivre à jamais la vie bouddhique. C'est pitoyable, et tragique, mais nous devons savoir que cela arrive. Même si on lit de splendides sûtras bouddhistes allégoriques et littéraux, ou même en ayant reçu des livres de théorie bouddhique, concrète ou ésotérique, si on n'a pas rejeté gloire et richesse, on ne pourra jamais prétendre avoir établi l'envie de Vérité. Certains soutiennent que l'envie de Vérité est l'envie du suprême esprit éveillé, correct et équilibré, et que cela n'a donc rien à voir avec la gloire ou la richesse. D'autres disent que c'est un état d'esprit momentané dans lequel existent les trois mille concepts et entendements. D'autres encore prétendent que c'est la porte de l'enseignement bouddhique où l'esprit n'apparaît pas même momentanément. D'autres enfin soutiennent que l'envie de Vérité est l'esprit dans lequel on entre dans le Bouddhisme. Mais ceux qui disent ces choses n'ont eux-mêmes pas encore eu l'envie de Vérité, et c'est ainsi qu'elles la diffament n'importe comment. Ils s'éloignent toujours plus du coeur de la vérité bouddhique.

Page 5: Gakudô Yôjin Shu

5

Par exemple, quand vous avez l'envie de gloire et de richesses, réfléchissez sur votre propre esprit en ce lieu et en ce moment. Inclut-il alors les trois-mille mondes de l'essence et de la forme, ou non? Faites-vous l'expérience de l'enseignement bouddhique dans lequel l'esprit n'apparaît pas même momentanément? Non, il n'y a là que l'envie de gloire et l'amour des richesses; dans cet état, il n'existe aucune chance de saisir l'envie de Vérité. Depuis les temps les plus anciens, des saints bouddhistes qui ont eu accès à la Vérité et reçu les enseignements du Bouddha Gautama ont enseigné en se mêlant aux gens ordinaires, mais ils n'ont jamais, au grand jamais, eu la moindre idée mauvaise d'obtenir de la gloire et des richesses. Ils n'étaient même pas attachés aux enseignements du Bouddha. Inutile, donc, de rien dire sur leur attachement au monde séculier. L'envie de Vérité, comme je l'ai dit auparavant, est un esprit qui réfléchit à l'impermanence de ce monde, et ceci n'est qu'une seule des nombreuses explications qu'on puisse en donner. Cela n'a rien à voir avec ce que dictent les lunatiques. Les images de la non-apparence, et les trois-mille mondes de formes, sont réalisés par l'action splendide, accomplie après l'établissement de l'envie de Vérité; ne

Page 6: Gakudô Yôjin Shu

6

confondons donc pas les étapes du processus. Bref, si vous vous oubliez un instant, et pratiquez en privé, vous vous familiariserez avec l'envie de Vérité. On peut donc dire que les soixante-deux vues non-bouddhistes sont toutes enracinées dans l'égoïsme. Lorsque notre attitude devient égoïste, nous devons pratiquer zazen et réfléchir calmement sur nous-mêmes. Qu'avons-nous donc en nous et sur notre corps? A quoi devons-nous nous fier, fondamentalement? Nous avons reçu notre corps, cheveux et peau, de nos père et mère, sa semence à lui et son ovule à elle – comme rien, du début à la fin. L'esprit, les intentions, la conscience et la connaissance mentale semblent donner son intégrité à notre vie. Nous inspirons, nous expirons, mais à quoi cela nous avance-t-il à la fin? Nous ne pouvons pas non plus dire de ces choses qu'elles sont nous. Parmi tous ces phénomènes, ici et là, il n'est rien à quoi il faille s'attacher. Seuls sont qui sont dans l'illusion le font. Ceux qui ont atteint la vérité les laissent pour ce qu'ils sont. Pourtant, en se souciant de leur Soi qui n'est pas eux, et en se laissant prendre au piège de l'idée d'apparence qui est non-apparence, les gens manquent à exercer les pratiques bouddhiques qu'ils devraient pratiquer et à trancher les attaches séculières et émotionnelles qu'ils devraient trancher; ils haïssent les enseignements sincères et vont à

Page 7: Gakudô Yôjin Shu

7

la chasse d'enseignements fallacieux. Comment peuvent-ils se fourvoyer autant? 2 Etudier sans faute le vrai Dharma lorsque nous en avons la chance. Si vous croisez et écoutez les enseignements authentiques du Bouddha Gautama, assurez-vous de les apprendre au travers de la pratique. (Dans le Confucianisme, on dit que) un conseil offert à un roi par un ministre loyal a parfois le pouvoir de révolutionner une nation. Donc, lorsqu'une parole du Bouddha Gautama nous est offerte, aucun de nous ne peut manquer de subir une révolution dans son cœur et son esprit. Certes, s'il n'est pas intelligent, le roi ignorera le conseil de son loyal ministre. De même, à moins d'être excellents, nous ignorerons les paroles du Bouddha. A moins de subir une révolution dans nos cœurs et esprits, nous ne pourrons pas nous séparer des tendances sociales ni cesser de nous soucier de la vie et de la mort. De même, ce n'est qu'en acceptant le conseil de son loyal ministre qu'un roi peut mettre en oeuvre des politiques efficaces dans son pays. 3. On ne peut entrer dans le Bouddhisme et en faire l'expérience que par l'action.

Page 8: Gakudô Yôjin Shu

8

Pour entrer dans le Bouddhisme et en faire l'expérience, il faut toujours se fonder sur la pratique. Un livre séculier (du Confucianisme) dit que lorsque nous étudions, la récompense en est l'étude elle-même. le Bouddha Gautama a dit que lorsqu'on pratique, l'éveil existe simplement dans la pratique elle-même. Je n'ai jamais entendu parler de quiconque qui pourrait recevoir une éducation sans étudier, ni de personne qui pourrait obtenir l'éveil sans pratiquer. On peut faire des distinctions intellectuelles entre la pratique qui se fonde sur la foi subjective et la pratique qui se fonde sur des enseignements objectifs, ou bien entre l'éveil soudain ou graduel, mais ce n'est qu'avec la pratique elle-même qu'on peut transcender l'éveil. Les étudiants peuvent être classés en fonction de la profondeur de leur étude, ou selon qu'ils sont brillants ou stupides, mais ceux qui triment dans leur étude ne peuvent manquer de devenir éduqués. Recevoir une éducation ne dépend pas seulement de la bonté ou de la méchanceté du roi, ou de la chance ou de la malchance de l'étudiant. Si on pouvait avoir une éducation sans avoir à étudier, comment pourrait-on transmettre les façons de ces rois anciens qui savaient gouverner avec efficace? De même, si on pouvait recevoir l'éveil sans avoir à pratiquer, comment pourrait-on comprendre les enseignements du Bouddha

Page 9: Gakudô Yôjin Shu

9

Gautama sur l'illusion et l'éveil? Nous devons savoir que nous n'établissons pas la pratique ailleurs que dans l'illusion, et que nous obtenons l'expérience avant l'éveil. C'est alors que nous pouvons savoir que les bacs et les radeaux dans lesquels nous croyions voyager n'étaient que des rêves de la nuit d'avant, et que nous pouvons nous libérer à jamais de nos vieilles illusions, en voyant que ce terrible serpent n'était rien d'autre qu'un lierre grimpant. Les bouddhas ne font pas d'effort intentionnel pour que cela se produise; cela arrive lorsqu'ils sont activés par le moment présent. Qui plus est, on peut dire ceci: l'expérience est le résultat de la pratique. Notre propre trésor ne vient pas d'ailleurs que de nous-mêmes. Et la pratique est une fonction de l'expérience. Donc (comme la pratique et l'expérience en zazen ne font qu'un) comment pouvons-nous redéfinir notre état mental concret comme quoi que ce soit d'autre que ce qu'il est? En même temps, quand nous utilisons les yeux de l'expérience pour réfléchir sur la situation de notre pratique, pas une seule tache n'obscurcit notre vision; c'est comme si nous pouvions voir des nuages blancs à des milliers de milles de distance. Mais si nous analysons chaque étape de notre pratique comme étant une marche en direction de l'éveil, nos pieds ne pourront pas entrer en contact avec le

Page 10: Gakudô Yôjin Shu

10

moindre grain de poussière réelle; si nous tentons de poser le pied par terre, notre état céleste et la terre concrète seront séparés complètement. En nous retirant humblement de ce type d'état, nous pouvons transcender même l'état de bouddha. 4. Il ne faut jamais pratiquer le Bouddhisme dans l'idée d'en tirer quelque chose La pratique des enseignements du Bouddha Gautama ne peut se faire qu'en acceptant les vrais normes que nous ont léguées nos ancêtres bouddhistes. Nous ne devons pas utiliser nos propres normes. Qui plus est, si nous nous basons sur le mental, nous ne pourrons jamais recevoir les enseignements du Bouddha, pas plus que si nous nous basons sur la négation du mental. Faute d'avoir, pour contrôler nos actions, un mental en ligne avec la vérité, notre corps-et-esprit ne peut trouver la paix de l'équilibre. Sans équilibre paisible du corps et de l'esprit, ce dernier ne peut être agréable. Sans cet équilibre agréable du corps-et-esprit, l'expérience de la vérité peut être douloureuse. Ceux qui peuvent contrôler leurs actes pour les mettre en accord avec la vérité, comment se comportent-ils? Leur esprit ne saisit ni ne rejette rien, et ils n'ont aucune

Page 11: Gakudô Yôjin Shu

11

envie de gloire ou de richesses. Ils ne pratiquent pas les enseignements du Bouddha pour se rendre populaires. Cependant, si on regarde les gens d'aujourd'hui, même ceux qui pratiquent les enseignements du Bouddha Gautama, on peut voir une fissure s'ouvrir de plus en plus béante entre leur esprit et la vérité. S'il est quelque chose qu'ils peuvent faire pour obtenir la louange des autres, ils le font sans attendre, même s'ils savent que ce n'est pas la vérité. Si leurs pratiques n'arrachent pas la révérence et l'admiration des autres, ils les rejettent, tout en sachant qu'elles sont peut-être justement la vérité. Devons-nous dire que le mental et le comportement de nos contemporains sont les enseignements du Bouddha Gautama? Honte sur nous. Honte sur nous. Les yeux des saints bouddhistes brillent de tous leurs feux sur la situation réelle. En général, ceux qui pratiquent les enseignements du Bouddha ne le font pas pour eux-mêmes, comment donc pourraient-ils jamais pratiquer dans un but de gloire et de richesse? Nous ne devons pratiquer que pour les enseignements eux-mêmes. La bienveillance et la compassion des bouddhas, leur amour et leur pitié pour les êtres vivants ne sont ni égoïsme ni altruisme; ce ne sont que des sentiments ordinaires dans le

Page 12: Gakudô Yôjin Shu

12

Bouddhisme. N'avez-vous jamais vu comment les insectes et les animaux luttent et souffrent pour élever leur descendance, subissant la torture physique et mentale, et comment à la fin, ils ne tirent aucune récompense de leurs longs efforts en tant que père et mère? Et pourtant, ils s'occupent de leurs petits avec bienveillance et compassion. Même les petits animaux sont ainsi. Les bouddhas considèrent naturellement les êtres vivants de la même façon. Les splendides enseignements des bouddhas ne se limitent pas à la bienveillance et à la compassion; ils se manifestent naturellement à chaque endroit concret. C'est le fait de base, et il s'applique également à tout. Maintenant que nous sommes les disciples du Bouddha Gautama, comment raterions-nous la chance qui nous est donnée de pouvoir suivre les habitudes bouddhiques? Nous, pratiquants bouddhistes, ne devrions pas avoir l'intention de pratiquer ces enseignements pour notre propre avantage, ni pour la gloire et la richesse, ni pour les bons et les mauvais effets, ni pour en tirer un quelque chose de mystique. Ce n'est que pour eux-mêmes que nous pratiquons les enseignements bouddhiques – c'est la simple vérité.

Page 13: Gakudô Yôjin Shu

13

5. Il est très important que nous nous choisissions un maître authentique.

Pour pratiquer zazen et étudier la vérité, cherchez-vous un maître authentique. Un maître ancien a dit: « Si l'établissement de la vérité est incorrect, alors toutes les pratiques n'aboutiront à rien ». Que ces mots sont donc vrais! Et nous devons aussi savoir que la pratique de la vérité dépend de si le maître est vrai ou pas. L'élève est comme un bois de bonne qualité et le maître comme un charpentier. Le bon bois ne montrera pas sa beauté à moins de passer par les mains d'un habile charpentier. Alors qu'entre les mains d'un bon ouvrier, même le bois voilé arrive à montrer sa qualité sans délai. La vérité ou la fausseté de l'enseignement repose sur la justesse ou l'erreur du maître. On peut le comprendre au moyen de cette comparaison. Il n'y a jamais eu, cependant, de maître authentique dans toute l'histoire du Japon. Comment le savons-nous? On le sait en lisant ce qu'on dit les maîtres du passé, de même qu'on peut trouver la source d'une rivière en écopant de l'eau en aval. Dans notre pays, des temps anciens à nos jours, quoique de nombreux enseignants aient édité des livres, enseigné à des étudiants, et prêché à des êtres humains et à des dieux du ciel, leurs paroles

Page 14: Gakudô Yôjin Shu

14

étaient vertes et leur discours immature. Ils ne sont jamais arrivés aux limites supérieures de l'étude intellectuelle, comment donc auraient-ils pu atteindre les limites de l'expérience réelle? Ils ont juste transmis des mots et des phrases et fait réciter les noms du Bouddha à leurs disciples. Jour et nuit, ils ont compté les trésors d'autres qu'eux, sans jamais pouvoir en tirer un demi sou pour eux-mêmes. Telle fut l'erreur des maîtres anciens. Certains d'entre eux ont enseigné aux autres de rechercher un éveil qui était différent d'un état mental concret, et d'autres ont enseigné de se tourner vers la vie dans un autre monde. Illusion ,confusion et idées fausses ont surgi de ces enseignements. (C'est comme quand de mauvais médecins prescrivent un remède). Par exemple, même si le remède est bon en lui-même, si le médecin ne dit pas à son patient comment le prendre, il peut se révéler pire qu'un poison. Jamais personne en ce pays n'a pu administrer le remède de façon efficace, et jusqu'à ce jour, aucun maître n'a pu donner d'antidote pour le mauvais remède. c'est pour cette raison que les gens se sont battus pour éviter la vie et la maladie, mais Comment quiconque pourrait-il éviter de vieillir et de mourir? Que des gens aient tenté de le faire était complètement de la faute des enseignants; les étudiants en sont absolument pas à blâmer.

Page 15: Gakudô Yôjin Shu

15

Pourquoi dis-je ainsi? Parce que ces choses arrivent lorsque les enseignants amènent leurs élèves à rejeter les fondamentaux en faveur de trivialités. Avant qu'ils aient le moindre entendement à eux, ces enseignants s'occupent exclusivement de renforcer leur propre mental égoïste, alors que tout autour d'eux d'autres tombent dans des états erronés. C'est pitoyable. Les enseignants eux-mêmes n'ont jamais compris cette erreur et cette illusion, comment leurs disciples pourraient-ils distinguer le bon du mauvais? Il est très regrettable que les enseignements du Bouddha Gautama ne se soient jamais répandus dans ce petit pays si loin des nations civilisées, et qu'aucun maître authentique n'y soit jamais apparu. Si vous voulez étudier la suprême Vérité bouddhique, vous devrez visiter d'excellents maîtres bouddhistes dans la Chine lointaine. Pensez à la voie vigoureuse qui est loin au-delà de la pensée intellectuelle. Si vous ne pouvez pas trouver un maître authentique, il vaudrait mieux ne pas étudier du tout. En général, quand vous recherchez un maître authentique, ne vous souciez pas de son âge ou de son expérience: un maître authentique n'est que quelqu'un qui a réalisé les enseignements authentiques et qui a reçu la certification d'un maître authentique. La

Page 16: Gakudô Yôjin Shu

16

connaissance des mots n'a pas d'importance. La compréhension n'est pas primordiale. Une personne de puissance extraordinaire et à la vigueur mentale sans restrictions, qui transcende sa propre opinion, qui ne traîne pas dans des états de conscience émotionnelle, et en qui la pratique et la compréhension s'équilibrent --- tel est un maître authentique. 6. Ce que nous devons savoir en pratiquant zazen

La pratique de zazen est la poursuite de la vérité sont de grandes tâches tout au long de notre vie --- à ne pas prendre à la légère. Comment pourrions-nous nous montrer téméraires en les mettant en pratique? Les gens (qui recherchaient la vérité) du passé se sont coupé le bras ou les doigts; ce sont là d'excellents exemples venus de Chine. Il y a longtemps, le bouddha Gautama a quitté sa famille et abandonné son royaume; cela aussi est un précédent pour la pratique de la vérité. Aujourd'hui, les gens disent que nous devons avoir une pratique facile. Mais ces paroles sont totalement erronées. Elles ne sont absolument pas conformes au Bouddhisme. Même si nous choisissions de pratiquer quelque chose d'aussi facile que de rester

Page 17: Gakudô Yôjin Shu

17

étendu sur un lit, cela finirait par être fatigant. Et si nous nous permettions de nous laisser ennuyer par notre seule pratique, tout notre travail deviendrait fatigant. Inutile de dire que les gens qui aiment les pratiques faciles n'ont pas la bonne constitution pour rechercher la vérité. Loin d'être faciles, les enseignements qui se sont répandus de par le monde ne sont que l'enseignement que le grand maître le Bouddha Gautama a atteint par des pratiques ardues et douloureuses à travers des temps sans commencement. La source originelle était ainsi. Comment les torrents pourraient-ils être faciles? Qui aime la vérité ne doit jamais se proposer une pratique facile, car alors, ils ne pourraient jamais s'appuyer sur un terrain solide, et auraient du mal à arriver au dépôt du trésor. Il y a eu par le passé des gens de grande habileté et même eux ont dit que leur pratique était difficile. Il nous faut reconnaître la profondeur et la grandeur de la vérité bouddhique. Si le Bouddhisme avait été facile à pratiquer, dès l'origine, ces gens de grande capacité n'auraient pas déclaré que le Bouddhisme est difficile à pratiquer et difficile à comprendre. En comparaison de ces gens, dans l'histoire, ceux d'aujourd'hui ne valent pas un poil sur un troupeau de neuf taureaux. Même si nous rassemblons toutes nos maigres ressources et notre peu de connaissances, et que nous nous efforçons à la difficile pratique,

Page 18: Gakudô Yôjin Shu

18

nous ne pourrons jamais arriver à ce qui était facile à comprendre et à pratiquer pour ces vieux maîtres. Quelle est donc cette chose que nos contemporains aiment à comprendre et pratiquer avec facilité? Ce n'est pas un enseignement séculier, et pas non plus un enseignement bouddhique; cela ne pas valoir la pratique des démons du ciel ou de ceux du sol. Cela ne peut valoir la pratique des non-bouddhistes ou celle des bouddhistes intellectuels et sensuels. Cela ne peut qu'être appelé la pratique très erronée et pleine d'illusion des gens ordinaires. Et même si ceux qui la recherchent entendent sortir de la société séculière, leurs vies quotidiennes n'en seront pas moins prises dans un cycle sans fin de misérable vie et mort. Aussi dur qu'il soit de nous rompre les os et de nous broyer la moelle, la chose la plus difficile reste d'équilibrer notre esprit. Aussi dur qu'il soit de garder les préceptes et de maintenir une conduite pure, le plus difficile reste d'équilibrer notre conduite corporelle. S'il valait la peine de nous réduire les os en poudre, ceux, nombreux, qui endurèrent de telles austérités depuis les temps anciens auraient atteint les enseignements du Bouddha Gautama, alors que rares sont ceux qui y sont arrivé. S'il valait la peine d'être un

Page 19: Gakudô Yôjin Shu

19

homme de conduite pure, nombreux seraient les puritains qui auraient atteint la vérité, depuis les temps anciens. La raison en est qu'il est très difficile à quiconque de maintenir son mental en état d'équilibre. La perceptivité n'a pas d'importance. Pas plus que l'entendement scholastique. Le mental, la volonté, la conscience ne sont pas primordiaux. Les images mentales, les pensées et les réflexions ne le sont pas non plus. Sans jamais s'en servir, des gens ont pu, par le passé, faire l'expérience de l'état d'équilibre du corps-et-esprit, et entrer dans la Vérité bouddhique. C'est ce que voulait dire le Bouddha Gautama quand il a dit que le Bodhisattva Avalokitesvara avait changé de direction et avait perdu la conscience de sa perception. Quand il est clair que deux faces – le mouvement et le calme – n'apparaissent pas réellement, c'est alors qu'apparaît l'état d'équilibre. Si on pouvait entrer dans la vérité bouddhique grâce à la perceptivité et à l'érudition, le grand prêtre Jinshu aurait été un homme de la vérité. Si la vérité bouddhique était contraire à la vulgarité ou à la bassesse sociale, comment le patriarche du Mont Sokei aurait-il pu obtenir la vérité bouddhique? Il est bien évident que la transmission et la réception du Bouddhisme se situent au-delà de la

Page 20: Gakudô Yôjin Shu

20

perceptivité et de l'érudition. Si on cherche des faits, on obtient des faits; et si on réfléchit aux faits, on fait l'expérience du Bouddhisme. Nous ne nous préoccupons pas d'être vieux et flétri, ni d'être jeune et fringant. Maître Joshu était dans la soixantaine lorsqu'il s'est mis en quête de la vérité, mais il devenu un excellent maître dans la lignée de maître Bodhidharma. Une fille de la famille Tei commença son étude du Bouddhisme à l'âge de treize ans, et continua jusqu'à devenir un membre excellent d'un temple bouddhiste. La dignité des enseignements du Bouddhisme n'apparaît que si nous nous comportons en bouddhistes, et nous ne pouvons distinguer cette dignité que si nous en faisons l'expérience. Les érudits vétérans des enseignements théoriques du Bouddhisme et les experts en enseignements séculiers peuvent tous un jour découvrir zazen. Il y a eu de nombreux exemples de ceci: maître Eshi du Mont Nangaku était un homme aux multiples talents, mais il a quand même étudié avec maitre Bodhidharma. Maître Yoka Gengaku était un personnage éminent, ce qui ne l'a pas empêché d'étudier le Bouddhisme avec maître Daikan Eno. On peut dire que la réalisation des enseignements bouddhiques et l'obtention de la vérité reposent sur l'étude avec un maître. Quand on visite un maître bouddhiste, et qu'on étudie avec lui, il faut écouter ce qu'il dit sans tenter de le contrer

Page 21: Gakudô Yôjin Shu

21

avec ses propres vues. Si on compare ce que le maître dit avec ses vues propres, on ne pourra pas profiter de ses enseignements. Si vous rendez visite à un maître et que vous écoutez ses enseignements, purifiez votre corps-et-esprit, et calmez vos yeux et vos oreilles. Entendez simplement les enseignements du maître, et ne les mélangez pas avec d'autres images. En unifiant votre corps-et-esprit, soyez comme une cruche prête à être remplie d'eau. Alors, sûrement, vous pourrez recevoir les enseignements du maître. Les sots d'aujourd'hui mémorisent des phrases tirées de livres, ou tirent de la connaissance des ancêtres bouddhistes, puis tentent de les comparer à ce que dit le maître. A ce moment-là, ils n'ont que leurs propres vues ou les paroles des ancêtres du passé. Il ne sont absolument pas prêts pour les paroles du maître. Il y a aussi ceux qui, donnant la primauté à leurs propres vues, ouvrent les sûtras bouddhiques, en apprennent deux ou trois mots par coeur, et considèrent qu'ils ont reçu les enseignements bouddhiques. Ensuite, lorsqu'ils ont rendu visite à des maîtres à la claire compréhension et à des maîtres de l'enseignement fondamental, si ce qu'ils entendent est semblable à leurs propres vues, ils affirment les enseignements, mais s'ils ne

Page 22: Gakudô Yôjin Shu

22

sont pas conformes à leur propres vieilles opinions, ils les nient. Sans savoir comment rejeter les enseignements erronés, comment pourraient-ils jamais remonter sur la bonne voie? Il se pourrait bien que, même des éons sans limites, ils restent dans l'illusion. Ce serait bien dommage, n'est-ce pas? Les étudiants bouddhistes doivent savoir que la vérité bouddhique se situe au-delà de la pensée, de la discrimination, de la supposition, de la réflexion, de la perception ou de la compréhension. Nous passons nos vies à folâtrer au sein de ces choses, et donc, si la vérité bouddhique existe en elles, pourquoi ne l'avons-nous pas encore réalisée? Les étudiants de la vérité ne doivent pas se reposer sur les facultés de pensée, de discrimination, et ainsi de suite. En même temps, nous sommes toujours équipés de pensée et d'autre facultés, et si nous les appliquons avec notre propre corps, et examinons notre situation, alors c'est comme si nous regardions dans un clair miroir. La porte d'entrée dans cette situation bouddhiste n'existe que sous le contrôle de maîtres qui ont atteint la vérité et qui ont complètement. réalisé la porte. Elle est totalement hors de la portée de ceux qui n'enseignent que des mots.

Page 23: Gakudô Yôjin Shu

23

7. Quiconque se languit de pratiquer le Bouddhisme et de transcender la société séculière doit sans faute se mettre à la pratique de zazen.

Le Bouddhisme est supérieur aux autres enseignements. C'est pourquoi les gens le veulent. A l'époque du Bouddha Gautama, il n'y avait pas deux enseignements. Le grand maître le Bouddha Gautama guidait les êtres vivants avec la seule Vérité suprême. Comme maître Mahâ Kashyapa a transmis l'essence et le trésor des enseignements du Bouddha Gautama, vingt-huit générations en Inde, six générations en Chine, et des patriarches des cinq écoles, ont transmis les enseignements de successeur authentique en successeur authentique, sans aucune rupture de transmission. Donc, depuis (que maître Bodhidharma est venu en Chine à/dans) le milieu de l'ère Futsu de la dynastie Ryan (527), parmi toutes ces excellentes personnes, des prêtres bouddhistes aux rois et officiels, il n'y en a aucun qui ait manqué de se consacrer au Bouddhisme. A dire vrai, si on aime l'excellence, il faut aimer ce qui est vraiment excellent. Ne soyez pas comme Shoko, qui aimait les dragons, mais perdit connaissance lorsqu'il en vit un vrai. En Chine, et en Orient, le réseau des enseignements abstraits s'est

Page 24: Gakudô Yôjin Shu

24

étendu au-dessus de l'océan et des montagnes. Mais quoiqu'il couvre leurs montagnes, les prêtres bouddhistes n'ont pas d'unité de nuages et d'esprit. Et même si le réseau s'étend par-dessus l'océan, l'unité de l'esprit et des vagues s'est asséchée. Les sots aiment les enseignements systématiques des lettres. Ils sont aussi stupides que l'homme qui a saisi un œil de poisson et prétend tenir une perle. Les gens qui s'illusionnent aiment bien jouer avec les mots. Ils se trompent aussi lourdement que celui qui chérit un caillou dans le nid d'une hirondelle comme si c'était un joyau précieux. La plupart d'entre eux tombent dans les pièges des démons, et endommagent généralement leur corps aussi. Il est très regrettable que dans ce pays éloigné de la civilisation1 les gens glissent aussi facilement dans la vénération des mauvaises coutumes et que les vrais enseignements du Bouddha Gautama n'aient jamais pu s'y répandre. En Chine, d'un autre côté, le pays tout entier s'est déjà voué aux enseignements corrects du Bouddha Gautama. Dans notre pays, en Corée et ainsi de suite, les véritables enseignements ne se sont pas encore répandus. Pourquoi n'est-ce pas le cas? Pourquoi les véritables enseignements ne se sont-ils pas répandus? Au moins, les Coréens ont pu en entendre parler, mais nous au Japon, nous n'avons même pas pu entendre

Page 25: Gakudô Yôjin Shu

25

leur nom. La raison en est que les nombreux enseignants qui sont allé du Japon en Chine par le passé sont tous restés à l'intérieur du filet des enseignements abstraits. Quoiqu'ils aient transmis les sutras bouddhistes, c'est comme s'ils avaient complètement oublié le Bouddhisme lui-même. Quel en était l'utilité? Leurs efforts se sont montés à rien, parce qu'ils étaient ignorants des vraies traditions de quête de la vérité. Il est vraiment pitoyable qu'en dépit de leurs efforts, ils aient passé leur existence entière à gâcher leurs corps humains. En général, quand on étudie le Bouddhisme, quand on passe pour la première fois la porte du Bouddhisme, nous écoutons les révérends prêtres bouddhistes et nous essayons de pratiquer selon leurs enseignements. A ce moment-là, il y a quelque chose que nous devons savoir. Voici ce que c'est: l'Univers nous fait tourner, et nous faisons tourner l'Univers. Lorsque nous pouvons faire tourner l'Univers, nous sommes forts et l'Univers est faible. Lorsque l'Univers nous fait tourner en retour, c'est lui qui est fort et nous qui sommes faibles. Les enseignements bouddhistes ont toujours eu ces deux facteurs, mais aucun autre que le véritable successeur ne l'a jamais su. presque personne d'autre que les humbles prêtres à la robe de pièces n'ont

Page 26: Gakudô Yôjin Shu

26

jamais entendu cet enseignement. Tant que ce vieux principe ne soit reconnu, il n'est pas possible de poursuivre la vérité de façon intuitive, et encore moins de distinguer entre ce qui est correct et erroné. De nos jours, cependant ce vieux principe a été transmis naturellement à ceux d'entre nous qui pratiquons zazen et poursuivons la vérité. C'est ainsi que nous ne faisons pas d'erreurs. Les autres écoles ne sont pas comme cela. Quand on aspire à la voie du Bouddha Gautama et qu'on la recherche, on ne peut en aucun cas y arriver sans pratiquer zazen. 8 Sur la conduite des prêtres et nonnes bouddhistes qui pratiquent zazen. Depuis l'époque du Bouddha Gautama, la transmission en ligne directe est passée par vingt-huit générations en Inde et six générations en Chine, sans que même un seul cheveu y ait été ajouté, et sans que même un seul grain de poussière en ait été enlevé. La robe rituelle est arrivée jusqu'à maître Daikan Eno du Mont Sokei et les enseignements bouddhiques se sont répandus à travers tout l'Univers. Depuis lors, l'essence et le trésor des vrais enseignements du Bouddha Gautama ont fleuri dans la grande Chine des Tang. La situation réelle de ces enseignements

Page 27: Gakudô Yôjin Shu

27

ne peut être saisie, de quelque manière qu'on tâtonne, et ne peut être atteinte où qu'on cherche. La situation réelle est qu'à l'emplacement de la perception, nous oublions ce que nous reconnaissons, et qu'au moment de l'obtention, nous transcendons le mental. Maître Daikan Eno a transcendé cet humble personnage sur le Mont Obai, et maître Taiso Eka s'est coupé le bras au Pic Shoshitsu. Lorsqu'ils ont reçu la moelle de leur maître, ils ont changé leur situation mentale et joui de l'excellent style du comportement bouddhique. Après s'être prosternés, ils ont fait un pas en arrière et se sont mis en ligne en toute discrétion. En même temps, ils ne sont restés en aucun endroit fixe et n'avaient rien à quoi s'attacher, que ce soit en corps ou en esprit. Ils ne se sont pas arrêtés et ne sont pas restés. Un prêtre bouddhiste demanda à maître Joshu: « La Nature-de-Bouddha existe-t-elle même chez un chien, ou pas? » Maître Joshu répondit: « Rien ». Devons nous nous arrêter pour considérer le mot « rien »? Devons-nous nous attarder sur le mot « rien »? Si nous cherchons quelque chose de concret sur quoi nous appuyer, il n'y a rien du tout.. Essayez ceci: relâchez vos mains. Relâchez simplement votre prise un instant. Comment sont corps et esprit? Comment est la conduite

Page 28: Gakudô Yôjin Shu

28

réelle? Comment sont la vie et la mort? Comment est le Bouddhisme? Comment sont les règles séculières? Comment sont les montagnes, les rivières et la terre, ou les gens et les animaux domestiques, comment sont-ils, à la fin? Quand on enquête encore et encore sur ces choses, deux formes – le mouvement et le non-mouvement – n'apparaissent naturellement pas du tout. Lorsque cette non-apparition a lieu, l'état n'est pas rigide, mais rares sont ceux qui peuvent en faire l'expérience, et nombreux ceux qui sont trompés par elle. Qui se met en quête de la vérité est déjà à mi-chemin de la vérité. N'abandonnez pas tant que vous n'y serez pas arrivés. Tel est mon vœu. Tel est mon vœu. 9. Tournez-vous vers la vérité et pratiquez la.

Quelqu'un qui se met courageusement en quête de la vérité devrait tout d'abord s'assurer que son objectif est sincère. L'objectif sincère est, par exemple, ce qu'obtint le Bouddha Gautama lorsque, assis sous l'arbre de la Bodhi, il vit Vénus brillant clairement; à cet instant, il réalisa soudain la voie suprême vers la vérité. Celle qu'il avait atteint est au-delà de la portée des Sravakas,

Page 29: Gakudô Yôjin Shu

29

des Pratyekabuddhas et ainsi de suite. Le Bouddha Gautama a pu réaliser la vérité par lui-même. Depuis lors, un bouddha a transmis la vérité à un autre bouddha et la transmission est restée ininterrompue, même aujourd'hui. Si quelqu'un a atteint la même vérité, comment pourrait-il ne pas être un bouddha? Se « tourner vers la vérité », c'est reconnaître les limitations des enseignements bouddhistes et éclairer l'état du Bouddhisme. La vérité bouddhique existe sous les pieds de tout être humain. Lorsqu'on est pris par la Vérité, on peut clairement réaliser le moment présent. Quand on est pris par l'éveil, on peut parfaitement se réaliser en tant que simple personne. Donc, même si on comprend parfaitement la vérité, on peut encore se laisser glisser dans un éveil concret. Aller directement à la vérité est quelque chose d'aussi libre et élégant que ceci. De nos jours, les personnes qui se mettent en quête de la vérité n'ont pas encore reconnu ce qui peut être compris et ce qui ne peut pas l'être, et c'est pourquoi ils aiment bien se mettre en quête d'effets concrets. Y a-t-il qui que ce soit qui ne fasse cette erreur? C'est comme le fils qui a rejeté son père et qui fuit sa terre natale, jetant des joyaux par les fenêtres à chaque pénible pas. Quoique seul fils d'un homme riche, il est longtemps resté vagabond dans un pays étranger. En vérité, il est bien naturel

Page 30: Gakudô Yôjin Shu

30

que les gens agissent ainsi. En général, les étudiants de la vérité veulent se faire attraper par la vérité. Se faire attraper par la vérité, c'est perdre toute trace d'éveil. Les pratiquants de la vérité bouddhique devraient tout d'abord croire dans le Bouddhisme. Cette croyance doit être que nous existons dès l'origine au sein de la vérité, sans illusion, sans fausses images, sans troubles, sans quoi que ce soit en plus ou en moins, et sans erreurs. Il y a les sortes de croyances que nous devrions établir, et c'est ainsi que nous devrions éclairer la vérité. Puis, en fonction de ces croyances, nous pratiquons. Telle est notre base pour notre quête de la vérité. Ce que signifient réellement ces critères, c'est que nous devons nous asseoir loin des racines de l'intention, et que nous devrions nous tenir loin de la voie qui mène à l'entendement intellectuel. Telle est la méthode qui doit guider les pratiquants au début. Après quoi, la seconde étape est de transcender corps et esprit et de se défaire de l'illusion et de l'éveil. En général, la personne la plus difficile à trouver est celle qui croit qu'elle existe déjà dans le Bouddhisme lui-même. Si une personne croit sincèrement qu'elle se trouve déjà dans la Vérité, elle comprend naturellement la grande Vérité et elle peut même connaître les origines de l'illusion et de l'éveil. Parmi ceux qui tentent de s'asseoir loin

Page 31: Gakudô Yôjin Shu

31

des racines de l'intention, huit ou neuf sur dix entreverront immédiatement la vérité. Donc, l'éveil est différent d'un attachement aux anciennes circonstances précédentes, mais en même temps, c'est différent de la vie dans les circonstances nouvelles. L'éveil, c'est simplement agir de la façon la plus réaliste et adéquate au moment présent. 10. Recevoir une frappe directe, ici et maintenant.

Si on veut régler son corps et esprit, il existe naturellement deux manières. L'une est de rendre visite à un maître et d'écouter ses enseignements. L'autre est de s'efforcer de pratiquer zazen. Lorsque nous écoutons les enseignements, notre conscience est libre d'errer n'importe où. Lorsque nous pratiquons zazen, notre pratique et expérience sont solidement fondées. Donc, si nous tentons d'entrer dans la Vérité bouddhique en rejetant une manière ou l'autre, nous ne pourrons jamais être frappés en plein dans le mille. En général, nous avons tous notre propre corps et esprit. Inévitablement, nous sommes parfois forts dans la pratique et parfois faibles. Nous sommes parfois courageux et parfois lâches. Mais en nous servant de ces états du corps et

Page 32: Gakudô Yôjin Shu

32

de l'esprit, qui sont parfois mouvants et parfois stables, nous pouvons faire nous mêmes l'expérience d'être un bouddha, directement. Cela, c'est juste une frappe directe. Autrement dit, si nous nous contentons de suivre l'expérience du Bouddha Gautama, sans changer son corps et esprit que nous avons depuis toujours, nous pouvons dire que nous sommes dans l'ici et maintenant, et nous pouvons appeler cela une frappe directe. Comme ce n'est rien d'autre que suivre le Bouddha Gautama, ce n'est donc pas notre propre vieux point de vue. C'est juste recevoir une frappe directe, il ne s'agit donc pas d'un état nouveau.