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REPORTAGELes enfantsperdus

de Mayotte

EXPOBoudin,le peintrede lumière

ÉVASIONLa Sicilede Palermeà Trapani

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N°0416

C83022ww

w.figarom

agazine.frVendredi 15 et samedi 16 mars 2013

Les aristosEnquête sur des Français pas comme les autres

NOBLES ET REBELLES

Arthur de Soultrait,créateur de la marque devêtements Vicomte A.

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L’Affichage Tête Haute BMW projette sur le pare-brise une image virtuelle qui regroupe toutesles informations importantes pour la conduite. Au service de votre sécurité, cette technologie issuede l’aéronautique est disponible sur le plus large éventail de modèles.

L’AFFICHAGETÊTE HAUTE BMW.

QUE RESTE-T-IL À L’IMPOSSIBLE ?

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www.bmw.frLe plaisir

de conduire

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NE JAMAIS AVOIR ÀQUITTER LA ROUTE DESYEUX,EST-CE POSSIBLE ?

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S O M M A I R ESEMAINE DU 15 MARS 2013

A R R Ê T S S U R I N F O S• L'éditorial de Guillaume Roquette 11• Courrier des lecteurs 12• News du Groupe Figaro 14• Arrêts sur images 16• FRANCE 24La chronique d'Eric Zemmour 24La chronique de François d'Orcival 27• MONDE 28• FUTURS 29

M A G A Z I N EEN COUVERTURELes aristos ces étranges rebelles 30DÉCRYPTAGEMais à quoi sert le Conseil économique,social et environnemental ? 42REPORTAGE Mayotte : les enfantsperdus de la République 46ZOOM L’heure des contes a sonné 56GRAND-ANGLEEugène Boudin : que la lumière soit 60FOCUS Les bibliophiles font Salon 66RENCONTRELe « Mentalist » se met au parfum 70ÉVASION Envoûtante Sicile 74TENDANCE Les pâtissiers surréalistes 82

E N V I E S• VOTRE WEEK-ENDBelle amusée, bête au musée 87• CINÉMA 88La chronique de Jean­Christophe Buisson 89• SORTIES 90En scène par François Delétraz 90La chronique de Philippe Tesson 91• LIVRES 92La chronique de Frédéric Beigbeder 93• MODE Alerte orange… et rouge 94• VOYAGES Les horizons philippins 96• TECHNO S.O.S. vieilles photos 98• AUTO Renault Clio RS :le sport en famille 99• OBJET Le souffle de Murano 100• SAVEURSLa chronique de Maurice Beaudoin 102La chronique de François Simon 104• DANS LA TÊTE DE Vladimir Cosma 106

I D É E S - M A G• Jean-Pierre Denis/Nicolas Diat :Quels enjeux pour le nouveau pape ? 107• La chronique d’Alain­Gérard Slama 111• HISTOIREUn « Château », 24 locataires 112SPÉCIAL RETRAITEMoins de cotisants, plus de retraités 114Ce que vous percevrez vraiment 116Faites le bon choix pour vos placements 118PATRIMOINE 126Sudoku de Bernard Gervais 128Bridge par le Bridgeur 130Mots croisés de Michel Laclos 132Le bloc-notes de Philippe Bouvard 138

60BOUDIN

EN COUVERTURE

70MENTALIST

30ARISTOS

42CESE

46MAYOTTE

56CONTES

66BIBLIOPHILIE

74SICILE

Ce numéro comporte un encart central de 4 pages « Promo abonnement » sur tout le territoire national (hors abonnés).

82PÂTISSIERS

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114NOS CONSEILS

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SPÉCIAL RETRAITE

15 MARS 2013 - LE FIGARO MAGAZINE • 9

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L’éditode Guillaume Roquette

Imaginezquevoussoyezministredel’Edu­cation nationale. Vos supérieurs, àl’Elysée et à Matignon, vous ont de­mandé de faire une grande et belle loipour « refonder l’école républicaine ».Etant bien informé, vous savez perti­nemment que le niveau scolaire (sauf

chez les enfants favorisés, à commencer parceux des profs) est en chute libre depuis quinzeans. Et vous allez donc évidemment centrer vo­treloisurlesmoyensderéapprendreauxélèvesde France à lire, écrire et compter… Stop ! Vousn’y êtes pas ! En mars 2013, quand un gouver­nement socialiste refonde l’école, il commencepar proclamer toutes affaires cessantes que « lamission première de l’école » (outre la transmis­sion des connaissances, tout de même) est defairepartagerauxélèves«l’égaledignitédetouslesêtres humains, l’égalité entre les hommes et lesfemmes, la solidarité et la laïcité… ». Tel est le pre­mier article de la loi présentée cette semaine àl’Assemblée nationale par Vincent Peillon.

Apparemment déconnectée des objectifs assignésà l’école, cette profession de foi ne doit rien auhasard. Car la gauche, au pouvoir depuis dix mois, n’espère passeulement faire baisser le chômage en ponctionnant les riches,elle aspire à transformer chaque individu, dès l’enfance, pourfaire advenir une société selon ses vœux. Dans son jargon, celas’appelle changer les mentalités. Le mariage homosexuel étaitbiensûrlapremièreétapedecetteambitionradicale,etlesFran­çais ne s’y sont pas trompés en descendant dans les rues parcentaines de milliers pour s’opposer à ce bouleversement an­thropologiquesansprécédent,commeilss’apprêtentàlerefairedans une semaine. Mais la famille n’est pas le seul champ d’ac­tion de cette révolution culturelle qui ne dit pas son nom : tousles leviers d’action de l’Etat sont mobilisés pour servir la cause.Dès la crèche, le gouvernement entend favoriser la théorie ditedu genre, effaçant les différences entre filles et garçons. Les pre­mières sont priées de jouer avec des marteaux, les seconds avecdes casseroles, au nom de la lutte contre les « clichés ».

Le combat continue à la maternelle (qu’unedéputé socialiste aimerait rebaptiser « petiteécole », pour lui enlever sa connotationsexiste) et se poursuit tout au long de l’ensei­gnement scolaire. Le ministre de l’Educationnationale a ainsi écrit à tous les recteurs dupays pour leur rappeler que le gouvernemententendait bien « s’appuyer sur la jeunesse pourfaire changer les mentalités ».

Et une fois adulte, le citoyen doit continuer à sesoumettre à la nouvelle doxa : la parité fait rageà tous les étages, et malheur à qui ne s’y soumetpas ; les pères devront prendre leurs congés pa­rentaux, et les patrons qui ne payent pas assezleurs salariées seront mis à l’amende. Sous lecouvert de lutte contre les discriminations, lemeilleur des mondes dont rêvent les socialistesest celui d’une indifférenciation généralisée.Hommes et femmes y sont identiques, délin­quants et victimes se confondent (permettant àChristiane Taubira de diaboliser la prison entoute bonne conscience), étrangers et citoyensfrançais ont les mêmes droits.

Mais malheureusement pour la majorité, cette surenchère égali­taire ne semble guère enthousiasmer les Français. Enmatière d’égalité des droits, ils attendent d’abord un emploipour tous et la sécurité pour chacun, et ils ne se privent pasde le rappeler à François Hollande, que ce soit dans les son­dages ou de vive voix, quand le chef de l’Etat se risque à venirles rencontrer en province.

Du côté de l’opposition, on qualifie volontiers cette surenchère so­ciétale de diversion pour détourner l’attention des Françaisd’une situation économique et sociale catastrophique. Le dia­gnostic est juste mais insuffisant. Car l’offensive de la majoritéest aussi un endoctrinement qui outrepasse le mandat pour le­quel elle a été élue. Cette gauche soi­disant laïque et toléranteaspire à imposer une nouvelle religion, la sienne. Qui, à droite,osera la dénoncer ?

Le meilleur des mondes

Sous le couvertde lutte contre lesdiscriminations,

le rêve d’uneindifférenciation

généralisée

[email protected]

Retrouvez le billet politique de Guillaume Roquette dans le 6/7 d’Eric Delvaux sur France Inter, le jeudi à 6 h 48. 15 MARS 2013 - LE FIGARO MAGAZINE • 11

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C O U R R I E RDES LECTEURS

COURRIER DES LECTEURS, LE FIGARO MAGAZINE, 14, BOULEVARD HAUSSMANN, 75438 PARIS CEDEX 09 • FAX : 01.57.08.57.81 • COURRIEL : [email protected]

MariageLa formule « mariage pour tous » choque unebonnepartiedel’opinion.Dansladéfinitionac­tuelleetancestraledumariage,«uniondedeuxpersonnes de sexe différent », il faudrait ajou­ter que ce principe peut s’appliquer à deux per­sonnes de même sexe, ce qui est, pour beau­

coup, une contradiction. C’est l’usage sur lalongue durée qui peut modifier progressive­ment le sens d’un mot, et surtout le « noyaudur » de la définition de ce mot. Ce n’est pas àla loi de le faire brutalement.

GÉRARD PERENCHIO COURRIEL

La renonciation de Benoît XVI a suscité bien des com-mentaires, entre autres ceux de Laurent Gerra qui, sur

les ondes de RTL, a tenu des propos du plus mauvais goût. Cethumoriste peut être excellent lorsqu’il tape sur les politiques.Qu’il s’en tienne à ce registre. GILLES MARTIN 54180 HEILLECOURT

UN HUMOUR DÉPLACÉ

Sarko, reviens !Contrairement aux mensonges répétéssans cesse, le bilan du présidentSarkozy est bon car il a réussi àprotéger notre pays durant les crisesde 2008 et 2011. De plus, il savaitbrillamment représenter la France àl’étranger. Aujourd’hui, notre beau paysest dirigé par une équipe d’amateursmenant la France dans le mur.

ROMAIN ARTIGUEBÈRE 87000 LIMOGES

Dans notre récent dossier sur « Ces réseauxqui ont pris le pouvoir » (Le Figaro Magazinedu 1er mars), à propos des figures de prouedes anciens élèves de l’Essec, une coquille in-volontaire s’est malencontreusement glisséedans le nom du PDG d’Accenture, M. PierreNanterme. Nous le prions, ainsi que nos lec-teurs, de bien vouloir nous en excuser.

REDRESSEMENT PRODUCTIF

J’aimerais qu’on m’explique comment un gouvernement, quel qu’il soit, peut

interférer dans la conduite des politiques de l’emploi des entreprises privées,

alors même que l’Etat n’est engagé financièrement ni dans les succès ni dans

les échecs de ces sociétés. Il eût été sans doute plus judicieux de créer le

ministère du Redressement productif du secteur public. Ce dernier, à la diffé­

rence du secteur privé, dépend bien des pouvoirs publics, dont la mission devrait être

de supprimer les gaspillages financés par les contribuables, l’emploi, dans ce secteur,

ayant la chance d’être protégé. JEAN-CLAUDE VASCHETTO 83330 LE CASTELLET

« Hollande piégé par la panne de crois-sance », titrait Le Figaro du 9 mars. Cer-tes, mais il ne faut pas oublier l’incapacitéde l’intéressé à mesurer la gravité de la si-tuation, de même que sa pathétique indé-cision ou, si l’on préfère, sa très regretta-ble incompétence. Pourquoi diable a-t-ilfallu qu’il postule pour cette fonction ?

JACQUES MARTINE 59132 TRÉLON

Incompétence

Précision

LaïcitéCe matin, à l’entrée du supermarché deDardilly (Rhône), les bénévoles des Res­tos du cœur distribuaient une fiche avecles produits à leur fournir. Il était claire­ment écrit : « Conserves de légumes (sansviande). » J’en déduis que certains n’ontpas le droit de recevoir des produits nonhallal ou contenant du porc, tout celapour ne pas heurter la communautémusulmane. Vous avez dit laïcité ?

JEAN-MICHEL DUCHESNE 69009 LYON

ENCORE UNE NOUVELLE TAXE ?Voilà que, à l’occasion de la surtaxation du gazole, les pouvoirs publics, vigilants quant ànotre bien-être et à nos maigres réserves financières, répandent la rumeur selon laquellele chauffage au bois, jusqu’ici considéré comme le plus sain, émet lui aussi, l’affreux, desparticules qui... ceci, cela. A quand la taxe surprise sur le bois de chauffage ?

PIERRE FALCONETTI 83310 GRIMAUD

PENSÉE UNIQUE

L ’autre jour, à l’émission

de Laurent Ruquier,

« On n’est pas

couché » Laurent Obertone

présentait son livre La France

Orange mécanique (Le Figaro

Magazine du 15 février). Y sont

exposés les faits et les chiffres

de la délinquance, le laxisme

de la justice et le désespoir des

victimes. Une des causes de

cet état de fait, pour l’auteur,

est l’immigration. A la télévi­

sion, il n’en fallait pas plus

pour que l’auteur se fasse trai­

ter de « raciste » et de

« lepéniste » par le procureur

général de service. Les people

présents sur le plateau, sans

avoir lu le livre, étaient tous

d’accord avec ce jugement

sans appel. Pensée unique…JEAN-PAUL TRANCHAND

31400 TOULOUSE

12 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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05.03.2013 17:45 PDF_QUADRI_300dpi_txvecto

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A C T U A L I T ÉDU FIGARO

EN VIDÉO• Mayotte, les enfants perdus

de la République

REPORTAGE

• Envoûtante Sicile

CETTE SEMAINE SUR L'APPLI

IPAD FIGARO MAGAZINE

ET, CHAQUE JOUR DE LA SEMAINE, LES PHOTOS

QUI FONT L'INFO ET LES IMAGES QUI FONT RÊVER

“LE FIGAROHORS-SÉRIE”BENOÎT XVIIl a surpris le monde entier en annonçantson renoncement. Depuis sept ans, il étaitle pape de l’Eglise catholique.Dans un numéro exceptionnel, magnifi-quement illustré, C’était Benoît XVI, unnuméro pour l’Histoire, Le Figaro Hors-Série retrace la vie et l’œuvre d’un intel-lectuel de haute volée, qui devint malgrélui homme de gouvernement.Pendant vingt ans, il fut le principal colla-borateur de Jean-Paul II. En 2005, lebrillant professeur a succédé à l’athlètede Dieu.Historiens, philosophes et vaticanistesracontent le pape pédagogue, l’humblesouverain soucieux de réconcilier l’Egliseavec son histoire, le benjamin du concile,le spécialiste de la vie de Jésus.Il aura connu la violence des attaqueset les meurtrissures des trahisons, maisdéfendu sans relâche les droits de l’intelli-gence ; écouté à Cologne, Sydney et Ma-drid les aspirations de la jeunesse dumonde ; promu la beauté de la liturgie.Maintenant qu’il s’en va, le monde décou-vre qu’il perd un géant.Actuellement en kiosque, 114 p., 8,90 €.

UN ARTISAN À L’HONNEUR SUR “LE FIGARO ENCHÈRES”Dans le cadre des journées Marteau,Jérôme Duvillard présentera le 24 marsà Mâcon 30 objets exceptionnels dumarqueteur ébéniste Michel Lefèvre.Associé à Jean Royère sur de nombreuxprojets, il contribua à la décoration degrands paquebots (comme le Sovereignof the Seas de la Royal Carribean Cruise)et endroits prestigieux tels que la BNP

de New York, Genève,Luxembourg et Monaco,le restaurant Troisgrosà Roanne ou l’Hôtel de villede Paris.

Parcourez le catalogue etinscrivez-vous dès à présent surlefigaro.fr/encheres pour enchériren direct le 24 mars à 14 h 30.

“Collection Philo”, vol. 26,“Philosophie de la Bohème.L’invention des utopies”

« Le Figaro » présente la suite de la collection « Sagesses d’hier et d’aujourd’hui »,écriteetracontéeparLucFerry,enventechezvotremarchanddejournaux.Décou-vrez ou redécouvrez en quoi les grandes idées des philosophes peuvent vous aider àmieux vous comprendre et à mieux comprendre le monde. « Ils ont une vingtained’années […] et sont habités par une conviction forte selon laquelle il faut rompreavec les traditions, le passé, les valeurs bourgeoises pour inventer l’utopie d’unmonde nouveau. L’utopie sur le plan esthétique […] mais aussi l’utopie politique. »Pour commander : rendez-vous sur www.lefigaro.fr/philo ou appelez le 01.70.37.31.70.

Réservé exclusivementà nos abonnés ! Cettesemaine, gagnez desinvitations pour deuxpersonnes pour lespectacle Pinocchiod’après Carlo Collodi,au Théâtre de l’OuestParisien, le 13 avril

à 20 h 30. Profitez d’untarif préférentielpour une soirée privéeexceptionnelle autourdu spectacle La Nuit auxInvalides, qui aura lieule 24 avril. Visite del’exposition Napoléon etl’Europe, dîner dans les

salons de l’Hôtelnational des Invalides,spectacle et visitescénographiée dudôme !

Pour en bénéficier, connectez-vous sur www.lefigaro.fr/privilegeset découvrez l’ensemblede vos privilèges d’abonnés !

Hiver-Printemps 2013

“Le Figaro” sur iPad se met à jour

Téléchargez gratuitement la nouvelle applicationdu Figaro.fr sur iPad et accédez à une toute nou­velle expérience utilisateur. Suivez l’actualité entemps réel grâce aux alertes et aux flashs infos. Bé­

néficiez d’un tout nouveau confort de lecture avec cette ver­sion optimisée pour les écrans Retina, l’iPad Mini et accédezà toujours plus de contenus avec nos vidéos exclusives : LaMinute Actu, le Zapping, le Talk…

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14 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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FEUX DE HAINE.La rage de ce militant islamiste a décuplé ses forces. Et c’est à bout de bras qu’il se prépare à jeter danslesflammeslalourdecroixqu’ilaportéeàtraverslafouledéchaînée.Pendantdelonguesheures, le9marsdernieràLahore,auPakistan,danslequartierchrétiendeJosephColony,plusde3000musulmansencolèreontincendiéunecentainedemaisons,aprèsl’arrestation

A R R Ê T S U R I M A G E

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d’un chrétien accusé d’avoir proféré des propos blasphématoires contre le prophète Mahomet, un crime passible de la peine de mort. Parchance, ces violences n’ont fait aucune victime car les familles chrétiennes avaient fui les lieux avant le saccage. Ce n’est pas la premièrefois que le pays s’enflamme après des rumeurs de « blasphème », le plus souvent démenties... PHOTO : ADREES HASSAIN/REUTERS

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DOUBLE EXPLOIT.Trop souvent, lorsque l’on regarde avec admiration et envie les exploits de ces sportifs de l’extrêmequiontfaitdeleurviequotidienneundéfipermanent,onoublieceuxquiprennentdesrisquespresqueencoreplusfousqu’euxpourimmorta­liserleursrecords...CommelephotographeaméricainTimKemple,iciinvisiblemaissuspendupardescordesàlaparoiglissanteetcoupante

A R R Ê T S U R I M A G E

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des chutes de Tlapacoyan, au Mexique. Accroché à plus de 40 mètres de hauteur, il a immortalisé le saut des kayakistes Erik Boomer, TylerBradtetGalenVolckhausen,danslecadred’ungrandprojetdereportageintitulé«Cascada».Unvoyaged’unedizainedejoursauplusprèsdu vertige et de l’adrénaline, dans le monde fou de ces trompe­la­mort pagayeurs. PHOTO : TIM KEMPLE/CATERS NEWS/SIPA

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FOURMIS BLANCHES. Commedesfourmisenchasse,cesskieursfendentlaneigegeléeaucoudeàcoude,détermi­nés à tenir le rythme jusqu’à l’arrivée. Le 10 mars dernier, plus de 12 000 athlètes, professionnels et amateurs passionnés, se sont affrontéspouressayerderemporterlelégendairemarathondel’Engadine,danslesud­estdelaSuisse.Unecoursedeskidefondmythiquede42km,

A R R Ê T S U R I M A G E

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depuis Maloja jusqu’à S­Chanf en passant par Saint­Moritz, dans un paysage splendide et immaculé. La première course de l’Engadine, enmars 1969, avait attiré un petit millier de skieurs. Un succès d’estime. Mais depuis cette époque, le marathon est devenu un rendez­vous an­nuel majeur, réunissant toujours plus de participants anxieux de franchir la ligne d’arrivée. PHOTO : PETER KLAUNZER/EPA/MAXPPP

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Plaisir et innovation :l’esprit Toyota.

Alexandre a été séduit par l’habitabilité du nouveau Verso,accueillant jusqu’à sept personnes. Une familiale, aussi très à l’aise en ville !

Toyota dévoile ses nouveautés ! Elles sont plus performantes, plus économes, plus sûres,plus confortables... Un concentré de technologie au service de votre bien-être et celuide vos passagers. À Saint-Mandrier et sur les routes du Var, nos lecteurs sont allésà la rencontre de ces Toyota aussi belles que plaisantes à conduire. Une invitation au voyage…

ESSAI NOUVEAUTÉS : TOYOTA RAV4, AURIS HYBRIDE & VERSO

Gabarit Figaro Mag-v2:5255_ADT DU 31_03_07 8/03/13 9:52 Page 1

COMMUNIQUÉ

IMPRESSIONS DE CONDUITE…DAVID

« Le RAV4, c’est un vraicoup de cœur ! Il est taillépour dévorer les kilomètresen mode silence, confort etsécurité. En ville, il est trèsmaniable et pratique avecsa caméra de recul etson hayon électrique.Son équipement et sa finitionm’ont séduit ».

SABRINA

« Je suis de la générationqui veut sauver la planète,l’Auris hybride corresponddonc à ma vision de l’auto-mobile respectueuse, sûre,économe. Elle en offre plus,car elle est confortable,lumineuse. Et le systèmed’aide au stationnementintelligent est génial ! ».

ALEXANDRE

« Le Verso réussit le tourde force de faire voyagersept personnes avec del’espace, du confort et unbel agrément. Une familialequi se montre très à l’aiseen ville, avec sa boîte douce,son moteur souple et sacaméra de recul pour se garersans encombre. Bravo ! »

Pho

tos

Din

goD

.R.

Plus d'informations sur Toyota.fr

NOUVELLE AURIS HYBRIDE :3,8 à 3,9 L/100 km, 87 à 91 g/km (A)

NOUVEAU VERSO :4,9 à 6,6 L/100 km, 129 à 169 g/km (C à E)

NOUVEAU RAV4 :4,9 à 7,3 L/100 km, 127 à 176 g/km (C à E).

Données homologuées. Consommations mixteset émissions de CO2 (Normes CE)

Sabrina est sous le charme de la nouvelle Auris hybride.« Un monde de douceur, de fluidité, de silence… et un style très réussi ! ».

Les nouveaux RAV4, Auris hybride et Verso illustrent l’ambitionde Toyota de vous rendre la route plus sûre, plus belle, souriante.

Gabarit Figaro Mag-v2:5255_ADT DU 31_03_07 8/03/13 9:54 Page 2

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Plaisir et innovation :l’esprit Toyota.

Alexandre a été séduit par l’habitabilité du nouveau Verso,accueillant jusqu’à sept personnes. Une familiale, aussi très à l’aise en ville !

Toyota dévoile ses nouveautés ! Elles sont plus performantes, plus économes, plus sûres,plus confortables... Un concentré de technologie au service de votre bien-être et celuide vos passagers. À Saint-Mandrier et sur les routes du Var, nos lecteurs sont allésà la rencontre de ces Toyota aussi belles que plaisantes à conduire. Une invitation au voyage…

ESSAI NOUVEAUTÉS : TOYOTA RAV4, AURIS HYBRIDE & VERSO

Gabarit Figaro Mag-v2:5255_ADT DU 31_03_07 8/03/13 9:52 Page 1

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Pho

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NOUVELLE AURIS HYBRIDE :3,8 à 3,9 L/100 km, 87 à 91 g/km (A)

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Données homologuées. Consommations mixteset émissions de CO2 (Normes CE)

Sabrina est sous le charme de la nouvelle Auris hybride.« Un monde de douceur, de fluidité, de silence… et un style très réussi ! ».

Les nouveaux RAV4, Auris hybride et Verso illustrent l’ambitionde Toyota de vous rendre la route plus sûre, plus belle, souriante.

Gabarit Figaro Mag-v2:5255_ADT DU 31_03_07 8/03/13 9:54 Page 2

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A R R Ê T S S U R I N F O SFRANCE

Hollande à Dijon,piège à com...

Le Président serre les mains. Le Pré­sident fend la foule. Embrasse lesenfants. Visite des usines, des éco­les. Il n’est pas enfermé dans sa tour

d’ivoireélyséenne,maisaumilieudesFrançais !Imagesvuesetrevues,motsditsetredits.Asontour,FrançoisHollandesacri­fie au rituel du voyage en province. A Dijon hier, ailleurs demain.CommetouslesprésidentsdelaVe République,ilimiteoutented’imi­ter les célèbres voyages du général de Gaulle qui, lui­même, essayaitconsciemment de ressusciter l’ancienne ferveur autour de nos rois.Mais depuis au moins la présidence de Valéry Giscard d’Estaing,l’exercice s’est à la fois simplifié et banalisé. Giscard voulait désacrali­ser et décrisper ; il a technocratisé et communiqué. Le voyage en pro­

vince n’est plus un rituel de monarque,mais un truc de communiquant pour res­taurer « l’image » de son client. L’ennui estquelesFrançaisontfiniparlecomprendre;le citoyen de base est devenu un analysteaverti des stratégies de communication. Levoyage en province n’est plus la rencontreentre un homme et un peuple, mais entreuneimageetdestélévisions.Aufuretàme­sure que le président français perdait sespouvoirs, ilavaitbesoindeseparerdesarti­

fices anciens du chef de l’Etat. Plus sa cote de popularité chutait, plusildevaitrenoueraveclafoule,ouentoutcasl’imagequ’onendonnait.A la fin de son mandat, Nicolas Sarkozy ne se déplaçait plus sans unserviced’ordre intimidantetglaçant.FrançoisHollandearenouéha­bilement avec une proximité bonhomme. Mais il n’a pas tardé à enpayer le prix, un contestataire l’interpellant à Dijon – « Où sont tespromesses ? » –, avant d’être violemment ceinturé par un policier encivil.OnsesouvientdeJacquesChiracen2002,essuyantlescrachatsde jeunes banlieusards excités et délurés.La communication ne peut pas tout maîtriser, partout, tout le temps.Parfois, la réalité fait irruption brutalement ; elle fait tache au milieudes belles images soignées.

Le voyageen provincen’est plus

que larencontreentre une

image et destélévisions

FLOP

TOPManuel VallsSceptique sur le principede l’« amnistie » sociale,fermeàl’égarddessyndi-

c a l i s t e scasseurs, led i s c o u r sd’ordre duministre del’Intérieur

séduit jusqu’à ClaudeGuéant, son prédéces-seur.

En marge de son tour deFrance de la solidarité,Marie­Arlette Carlotti,ministre déléguée à laLutte contre l’exclusion,

rencontre les militants PS. Une manièrede faire le service après­vente de l’actiongouvernementale.Maisdecraintequelaministre ne soit chahutée sous l’œil descaméras par une base impatiente, lesjournalistes ne sont pas conviés et cesréunions ne figurent pas à son agenda.

PELTIER S’INVITECHEZ RAFFARINComme pour rappeler quec’est sur les terres de Jean­Pierre Raffarin et de Domi­

niqueBussereauqu’ilaréalisél’undesesmeilleurs scores, Guillaume Peltier, ac­compagnédeClaudeGuéant,tiendrasa­medi, à proximité de La Rochelle, le pre­mier forum régional de La Droite forte.

« Il faut arrêter le concours Lépine des propositions fiscales. »François Rebsamen. Le sénateur-maire PS de Dijon a critiqué lundi 11 mars, sur Europe 1, les incohérences du gouvernement.

BUZZPOLITIQUE

Nombre de citations établipar l'Argus de la presse,entreprise de service et deconseil en relations médias,à partir de l'analyse ducontenu de 28 journauxet de 200 radios et télévi-sions du 4 au 10 mars.

Le feuilleton SarkozyCopé qui sonne la charge contre le gouverne-ment. Fillon qui affiche ses ambitions. Rien n’yfait. Les leaders de la droite ne parviennent pasà s’installer durablement dans notre classement.A la différence de Nicolas Sarkozy : quelquesconfidences rapportées par la presse, et revoicil’ancien chef de l’Etat qui alimente la chroniquepolitico-médiatique.

SIC(...)

EricZemmour

F.B.

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Jean-Marc AyraultSes minis-tres n’en fi-nissent pasde faire desgaffes sansque le Pre-

mier ministre inter-vienne pour stopper lamachine à couacs. Unsilence qui embarrassejusqu’à l’Elysée…

S.SO

RIAN

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Retrouvez Le Figaro Magazine dans l'émission « Entre leslignes », présentée par Christophe Ruaults sur la chaîne LCP-ANtous les vendredis à 21 h 30, pour un autre regard sur l'actualité.

828 749HORS CLASSEMENT, François Hollande :

1 556 retombéespresse + audio

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JEAN-MARCAYRAULT

MARISOLTOURAINE

MANUELVALLS

NICOLASSARKOZY

ARNAUDMONTEBOURG

CONFIDENTIELS

CARLOTTIASSURE LE SAV

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24 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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L’arbre du voisin a envahi mon jardin.

J’ai des pommes de pin partout sur mon terrain.

J’ai voulu régler le pépin, je me suis fait traiter de crétin.

Du coup, je suis allé voir un huissier de justice.

Vous êtes en conflit avec vos voisins ? N’attendez pas, contactez un huissier de justice.Spécialiste de la preuve, son constat sera votre meilleur atout en cas de litige.

Trouvez l’huissier de justice le plus proche de chez vous sur www.huissier-justice.fr

L’huiSSier de juSTice, VoTre premier recourS.

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Le Figaro Mag • Format PP : L 215 mm x H 280 mm • Parution 15 mars3506HUI210_PM_FIGARO_MAG_215x280mm_PP.indd 3 25/02/13 12:23

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Chaque samedi à 8 h 30, retrouvez « Le Débat » avecGuillaume Roquette, dans l’émission « Europe 1 Week-end »,présentée par Benjamin Petrover, de 6 h à 9 h.

LA BOURDE : “Moi, je dis, et cela pourra m’êtrereproché, que le monde gagnerait à avoir

beaucoup de dictateurs comme HugoChávez, puisqu’on prétend que c’est undictateur. Il a pendant ces quatorze ansrespecté les droits de l’homme [...].

Toutes choses égales par ailleurs, Chávezc’est de Gaulle plus Léon Blum.”

Quand les anonymes du gouvernement fontparler d’eux, c’est rarement pour de bonnes rai­

sons. Preuve en a encore été donnée par VictorinLurel. L’hommage appuyé à Hugo Chávez de lapart du ministre des Outre­Mer, tout ému de pou­voirserecueilliràCaracasdevantlecorpsembauméde l’ancien putschiste, a provoqué la colère de ladroite et l’embarras de ses amis socialistes. De soncôté, Twitter s’en donne à cœur joie et imagine lescomparaisons les plus improbables. « Ahmadinejad,c’est Mère Teresa plus Gandhi #parlecommeLurel. » Une

star du net est née.

Victorin LurelL’ÉMOTIF ANONYME

LA BOURDE : en plein débat à l’Assembléenationale, le ministre délégué aux AnciensCombattants demande la parole et annonceà tort la libération de la famille enlevée auCameroun et retenue en otage par la sectenigériane Boko Haram. Quelquesminutes plus tard, Kader Arif estcontraint de se rétracter publiquement.

Sa proximité affichée avec le Président nefait pas de lui l’un des ministres les plus en vuedu gouvernement. Il vit dans l’ombre de Jean­Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Sa bourdeà l’Assemblée n’est d’ailleurs pas étrangère à cettevolonté d’exister au côté d’un ministre qui, depuis ledébut de l’intervention de la France au Mali, accrochetoute la lumière. Reste qu’il a échappé à la démission.Depuis, Kader Arif est d’une discrétion qui confine àl’absence. Lui qui était régulièrement convié à voyageravec la délégation présidentielle ne fait plus partie de laphoto de famille.

Kader ArifLE SYNDROME DU MINISTRE DÉLÉGUÉ

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LA BOURDE : “Oui, j’irai manifester, commel’ensemble des parlementaires écologistesdisponibles. Mais il serait incompréhensiblequ’un membre du gouvernement manifestecontre un projet défendu par une partie dugouvernement.”

Ira, irapas?Finalement, ilrenoncera.Arguantque le désaccord sur la question de l’aéroportde Notre­Dame­des­Landes entre le Parti so­cialiste et les écologistes était connu, PascalCanfin, l’un des deux seuls ministres EELV dugouvernement, s’est cru autorisé à cette liberté de ton,tout en essayant de manifester un semblant de solidaritéavec l’équipe Ayrault. Depuis, le ministre délégué auDéveloppementprendsoindenepluss’exprimersurlesquestionsquifâchent.Pourvivreheureux, lemi­nistre écolo vit désormais caché, travaillant sansplus faire de vagues sur ses seuls dossiers.

Pascal CanfinLE CAS DE CONSCIENCE ÉCOLO

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ÇOIS

BOUC

HON/

LEFI

GARO

LA BOURDE :“Je dois bien reconnaître que, àtort ou à raison, Benoît XVI a omis de me

consulter avant de prendre sa décision#Age#EmploidesSeniors— Michèle Delaunay

(@micheledelaunay) 11 février 2013

Sériale twitteuse, récidiviste du gag douteux,MichèleDelaunay,ministredéléguéeauxPerson­

nes âgées, n’en est pas à sa première sortie sur inter­net. C’est d’ailleurs sur Twitter qu’elle semble la plusprésente, livrant ses commentaires sur tout et sur

rien. On imagine sans mal que les millions de personnesâgées à qui elle dit s’adresser la suivent et s’étourdissent de

son esprit. A moins qu’ils ne jugent que leur ministre ne soitdéléguée... à faire de la figuration. Sur Twitter.

Michèle DelaunayLA SÉRIALE TWITTEUSE

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Les ministres de la gaffeInconnus du grand public, certains ministres ne doivent leur notoriété subite qu’à des bour-des embarrassantes... au point de devenir des boulets pour le gouvernement.

A R R Ê T S S U R I N F O SFRANCE

26 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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Françoisd’Orcivalde l’Institut

OnafleurilastatueéquestredeSimón Bolívar à Paris. Jean­Luc Mélenchon porte ledeuil, mais avec une cravate

plus rouge que jamais. Et Victorin Lurel, le député socialiste le mieuxélu et le ministre (des l’Outre­Mer) le plus inconnu, se fait une formi­dable notoriété en ayant prononcé cet hommage inoubliable du hérosdéfunt de la « révolution bolivarienne » : « Le monde gagnerait à avoirbeaucoup de dictateurs comme Hugo Chávez, puisqu’on prétend que c’est undictateur.»Enfinunmodèle !Quatorzeannéesdecultedelapersonna­lité rythmées par des élections plébiscitaires payées par le pétrole, etau terme de l’expérience « anticapitaliste », un pays qui doit importerprèsde100%desaviandeet80%desonali­mentation,avecunehaussedesprixquivaat­teindre 30 % cette année (en frappantd’abord les pauvres)… Pour l’investisseurétranger, le pays est placé sous signal rouge :imprévisibilité, criminalité et corruption.D’où peut donc venir ce romantisme que lepersonnage de Chávez inspire à la gauche denotreclassepolitique ?PasdesrelationsqueleVenezuelaentretientaveclaFrance:ellessontquasi nulles ; la France lui vend pour700 millions de marchandises (sur 450 mil­liards d’exportations) – et le régime n’a pas hésité à s’en prendre à nosintérêts en nationalisant les filiales vénézuéliennes de grands groupesfrançais, tels que Total, Casino ou Lafarge. Non, Hugo Chávez jouait lerôle d’une sorte de fils de la Révolution française en Amérique latine.«LaFrancepeutêtreunpaysrévolutionnaire,disait­il,maisc’estaussiunpaysdepetits­bourgeoissocialistes.»Etvoilàquelespetits­bourgeoispouvaientgrâce à lui se rêver en héritiers de Robespierre, de la confiscation desbiensnationauxetdelafêtedel’égalité.Quesera­cepourFidelCastro !Etait­il l’élève ou l’exemple ? Il levait le poing contre l’Amérique, sansque celle­ci s’en formalise trop puisqu’elle continuait de lui acheter lamoitié de son pétrole ; il en distribuait les revenus, mais en oubliantd’investir,aurisquedelaisserdespuitsàsecauxgénérationsfutures ; ildépensait énormément, puisque son déficit budgétaire atteignait 16 %de ses revenus en 2012, ses dépenses publiques consommant 32 % desa richesse. Mais là, l’élève avait de quoi s’inspirer du modèle : enFrance, ladépensepubliqueabsorbe56%duPIB,soit75%demieux !

Enfin, un modèlesocialiste !

La France est aussi un pays

de petits-bourgeois

socialistes, disait Hugo

Chávez« Au lieu d’êtredans l’urgenceet dans l’action,il fait un tourde France dela propagande. »

Nathalie Kosciusko-Morizet.L’ancienne ministre deNicolas Sarkozy a critiquéle déplacement deFrançois Hollande à Dijon,mardi 12 mars, sur BFMTV.

Retrouvez Carl Meeus sur France Info dans « Le Duel », présenté parRaphaëlle Duchemin, tous les vendredis à 8 h 53, face à MauriceSzafran de Marianne (www.franceinfo.fr).

QUAND ON VOUS DIT : « Le PSn’est pas à la hauteurdu combat à engagerpour donner du sens. »

Jean-Christophe Cambadélis

ENTENDEZ : « Je vous avais prévenus, j’étais le meilleur candidat pour succéder à Martine Aubry Rue de Solferino. Harlem Désir ne fait pas le job. Si vous voulez que je mette en sourdine mes critiques à l’égard de la direction du PS, il faudrait songer à me trouver une place lors d’un prochain remaniement. »

EXTR@NET“ELLES SONT OÙ, VOS PROMESSES ?”Ce devait être une opération reconquête. Orchestré par Claude Sé­rillon, le nouveau « monsieur Com’ » de l’Elysée, le déplacement deFrançois Hollande à Dijon avait tout pour livrer aux télés des imagesbien léchées d’un Président proche des préoccupations des Français,prenant le temps de les écouter. Une arrivée en TGV. Un dispositif po­

licier léger. Un chef del’Etat disponible. Sim­p l e . Q u i p r e n d l etemps. C’était sanscompter sur les élec­teurs déçus de Fran­çois Hollande. A Dijon,la moutarde leur estmontée aux narines.« Elles sont où, vos pro­messes ? » crie l ’und’eux avant d’être ex­

pulsé manu militari par un policier en civil, sous l’œil des caméras dePublicSénatetdeFrance3Bourgogne.Lesimagestournerontenbou­cle sur internet sans que le Président ait rien vu de la scène. Plus loin,toujours sous l’œil des journalistes, c’est un autre individu qui apos­trophe François Hollande : « Ça fait six mois qu’on attend le changement.Dans le dictionnaire, “maintenant”, c’est “immédiatement”. » Le Présidentsourit, goguenard. « Il arrive. » Encore une fois, la com’ aura été im­puissante à inverser la courbe du chômage. Comme le disent certainsdans l’entourage élyséen : « Quand on n’est plus cru, c’est qu’on est cuit. »

DR

BERT

RAND

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A R R Ê T S S U R I N F O SMONDE

!ÉTATS-UNIS

INDIENS CONTREPEAUX-ROUGESCen’estpasuneguerreduFarWestmaisune bataille juridique à Washington. Ungroupe de jeunes Native Americans (In­

diens) a attaqué l’équipe de football de la capitale, les fameux Red­skins (Peaux­Rouges), au motif que leur nom insulteraitleur groupe ethnique. L’audience s’est tenue en fin desemaine dernière et le jugement n’est attendu quedansunan.Silesplaignantsgagnaient,l’équipeperdrait tous ses droits sur la marque Red­skins : des millions de dollars. Mais le pro­priétaire n’a pas grand­chose à craindre.En faisant appel, il retarderait la déci­sion finale de plusieurs années…

$CORÉE DU NORD

TENSIONS SURLE 38e PARALLÈLE

&CHINE

JAMBONS À L’EAUPlus de 2 800 cadavres de porcs ontété retrouvés dans les eaux duHuangpu,quiarroselavilledeShan­ghaï. Ces animaux en état de décom­position ont pollué la rivière où la gi­gantesque conurbation (23 millionsd’habitants) puise une partie de son eau potable. Nul ne sait d’où provien­nent les cochons charriés par les eaux. Hypothèse la plus probable : un éle­veur se serait débarrassé de ses bêtes frappées par une épidémie.

"RUSSIE

DOUANIÈREPERSPICACEUnchômeurrussede37ansaétéarrêtéàl’aéroport moscovite de Cheremetievo enpossession de 26 000 diamants. Une fonc­tionnaire qui surveillait la sortie « Rien à dé­clarer » a repéré cet homme nerveux qui serraitun sac contre lui et lui a demandé d’ouvrir son ba­gage à main. En provenance de Dubai, le convoyeur,originaire de la région caucasienne du Daguestan, a affirméqu’il rendait service à un ami...

ÉTATS-UNISCHARGEURS VIDES

DR

MONDOVISION

La photo de une del’Albuquerque Journalparle d’elle-même : avantl’ouverture duSportsman’s Warehousede la plus grande ville duNouveau-Mexique, lesacheteurs font la queue

devant les portes. Dèsqu’elles ouvriront, ce serala ruée vers le rayonarmurerie pour seprocurer des munitions.Car il y a pénurie. Depuisle carnage de Newton, le14 décembre dernier(26 morts dont20 écoliers), les

détenteurs d’armesstockent les cartouchespour arme automatique.Les fanas du fusil à groschargeur savaient queBarack Obama tenteraitd’imposer desinterdictions – ou, aumoins, des restrictions –au commerce des armes à

feu. Ils craignent denouvelles taxes et descontrôles d’identité aumoment de l’achat. SelonUSA Today, le prix desballes a plus que doubléet des armuriersrationnent les ventes parcrainte de ruptures destock.

%INDE

MORT D’UNVIOLEUR PRÉSUMÉRamSingh,33ans,l’undescinqaccusés

duviolenréuniond’uneétudiantecom­misendécembredernieràDelhi,aétére­

trouvépendudanssacellule.Lesgardiensl’ont trouvé mort alors qu’ils venaient le

chercherpourletransférerautribunaloùsonprocès devait reprendre lundi 11 mars. L’avocat

et lepèredel’accuséexcluentunsuicideetcrientaumeurtre. Les autorités judiciaires de Delhi ont ouvert

une enquête à la prison de Tihar, où il était détenu.

REUT

ERS

Etat le plus isolé au monde, laCorée du Nord a fait monter latension à l’occasion d’exercices

militaires annuels, menés conjointement par les armées sud­co­réenne et américaine à la frontière qui partage la péninsule

sur le 38e parallèle. Après avoir menacé d’une ripostenucléaire, le régime communiste de Pyongyang a

affirmé qu’il ne respecterait plus l’armistice de1953 signé à la fin de la guerre de Corée. Dix

mille soldats sud­coréens et 3 000 améri­cains participent à ces manœuvres.

#KENYA

LA DÉFAITE D’OBAMAOn peut s’appeler Obama et perdre les élections : Malik, ledemi­frère kényan de Barack, président des Etats­Unis,n’a pas été élu gouverneur du département de Siaya, ber­ceaudelafamille.MalikObama,54ans,néd’unprécédentmariage de leur père commun, n’a récolté que 2 792 voix,soit140 000demoinsquelevainqueurduscrutin.Sapro­messed’établirunelignedirecteentresonbureauetlaMai­son­Blanche n’aura pas alléché grand monde.

JONA

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PAR JEAN-MARC GONIN

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28 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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A R R Ê T S S U R I N F O SFUTURS

EURêKA !Curiositya de vilains défauts

Soyons complètement honnête : les ingénieurs de l’agencespatiale américaine (Nasa) n’en menaient pas large il y aquelques jours. Comme un vulgaire ordinateur portablevieillissant, lesuper­robotexplorateurdelaplanèteMars,

Curiosity, a planté fin février. Plus rien sur l’écran, souris bloquée,mémoire flash aux abonnés absents… Evidemment, on ne relancepas Curiosity en appuyant juste sur le bouton « redémarrer ». Il afallulancerson«secondcerveau»,l’ordinateurdecontrôleB.Maisd’abordauralenti.Chaquefonctionnécessitealorsd’êtrepilotéein­

dividuellement. Quandon sait qu’il faut unevingtaine de minutes,compte tenu de la dis­tance Terre­Mars, pourque Curiosity réponde,l ’engin a nettementperdu en efficacité. Etpuis, le week­end der­nier,nouveauproblème:une tempête solaire. Parsouci de sécurité, Curio­sity a coupé tous ses ins­t r u m e n t s p e n d a n tvingt­quatre heures. Cenouvel arrêt est venu

s’ajouter aux critiques émises sur le travail de Curiosity depuis sonarrivée sur Mars. Les tests nécessaires à son bon fonctionnementontmisdeuxfoisplusdetempsqueprévu.Presquesixmoisaulieudetrois.Al’exceptiondequelquestrèsbellesphotos,l’enginn’apasrévélé d’informations capitales même si la Nasa a essayé, deux outrois fois, de le faire croire. De plus, le rover n’a parcouru que700 mètres. Une exploration plus que timide.Pourprendresadéfense,lesscientifiquesrappellentqueleslabora­toires embarqués fonctionnent à plein régime malgré un environ­nement très hostile : tempêtes magnétiques, températures de– 90 °C la nuit, vents de sable très agressifs… Curiosity a déjàconfirméqueMarsaabritédel’eauetdessourceschaudes.Lesana­lyses des échantillons recueillis devraient bientôt permettre de ré­pondre à la question que tout le monde se pose : y a­t­il eu de la viesur Mars ? C’est en tout cas le discours positif que tenait la Nasacette semaine. Difficile d’aller vérifier sur place. C. D.

Cinquante millions de dollars(40 millions d’euros) : c’est cequ’ont investi, depuis le début del’année,l’Etataméricainetlesagen­cesfédéralesdanslesoutienàlare­cherche sur les biocarburants denouvelle génération. Ils encoura­gent notamment des recherchessurlesenzymescapablesdedégra­der plus efficacement la cellulose.Certains laboratoires seraient surle point de réussir à réduire lescoûts de production jusqu’à 60 %.Les Etats­Unis espèrent ainsi di­

minuer leur consommation depétrole et de biocarburants depremière génération, qui englou­tissent plus de 30 % de leur pro­duction de maïs.

C’EST QUOI ?

E-VIGILANTE,LE PETIT ROBOT

Innorobo, leSalondel’innovationdela robotique, ouvrira ses portes àLyon du 19 au 21 mars. Parmi lesnombreuses nouveautés présentées,on trouve des robots de surveillancetoujours plus perfectionnés et parti­culièrement discrets. C’est le cas dee­Vigilante, le petit robot mobilefrançais d’EOS Innovation. Sur sestroisroulettes,iln’al’airderien,maisil peut voir dans le noir, se rechargertout seul, transmettre des vidéos etsefairepiloteràdistance.Ilaététestédans des entrepôts de Renault et dugroupe Casino.

PAR MARTINE BETTI-CUSSO ET CHRISTOPHE DORÉ

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TERS

QUOI DE NEUF,DOCTEUR ?La cigarette électroni-que va-t-elle passer unsale quart d’heure ? Laministre de la SantéMarisol Touraine acommandé une étudepour estimer son éven-tuelle dangerosité. Sonsuccès (déjà 500 000u t i l i s a t e u r s e nFrance) présente déjàdeux inconvénients :un manque à gagnerpour les fabricantsde tabac et, par ef-f e t b o o m e r a n g ,pour les caisses del ’ E t a t ( p r è s d e1 2 m i l l i a r d sd’euros de recet-tes fiscales cha-q u e a n n é e ) .Est-ce là qu’i lfaut chercher lescauses réellesde ce subit inté-rêt ministériel ?

DR

NASA

C’est, en 2030 et par kilowattheure, ce que feraitéconomiser la production d’électricité éolienne à chaquefoyer français, selon un rapport de E-Cube Consultants.Selon ses auteurs, la baisse du coût moyen de productionde l’électricité éolienne (divisé par cinq en trente ans)et la hausse de la puissance moyenne des machines(multipliée par dix) vont se poursuivre.

10centimes

ÉNERGIE

L’AMÉRIQUE CARBURE AU BIO NOUVEAU

15 MARS 2013 - LE FIGARO MAGAZINE • 29

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Lesaristosces étrangesrebelles

Ilyadetoutdanslanoblesse.Desaristosde province, de Paris, de Versailles… ;des nobles d’Empire et d’Ancien Ré­gime ; des réacs, des snobs, des coincéset des fêtards de chez Castel, des fau­chés et des friqués, des patrons duCAC40etdeschômeurs,desécrivainset des illettrés… Mais malgré leurs dif­

férences de fortune, de culture ou de compor­tement, nombre d’aristocrates ont le senti­ment curieux d’appartenir à une même etgrande famille ; recomposée certes, mais auxvaleurs souvent communes. Avec ses codes etses rituels qui font parfois sourire ; et cettemême fierté d’être le fruit d’une lignée qui a superdurer, presque immortelle.

«Monsieur lecomteest servi…»,annonce,solen­nel, le maître d’hôtel en veste blanche. Noussommes dans l’une des petites salles à mangerprivées du Jockey Club, rue Rabelais, à Paris.Rares sont les endroits, dans la France républi­caine, où les titres nobiliaires sont encored’usage. Alors ici, dans ce temple de l’entre­soioù se côtoient plus de 1 200 membres triés surle volet selon leur pedigree, on en profite avecbonheur ! Plus de 6 000 familles revendi­

quent, à tort ou à raison, leur appartenance àcette bien curieuse caste que constitue l’aristo­cratie française. Drôle de tribu, en effet, où toutle monde est un peu cousin, où l’on sait perti­nemment qui est qui, où les arbres généalogi­ques remontent à travers les siècles comme lelierresurlafaçadedeschâteaux,jusqu’àplusdemilleansenarrièreparfoispourlesplusancien­nes familles dissimulant dans l’entrelacementdeleursbranchesdeshérosdel’histoire,desmi­nistres de Louis XV, des courtisans emperru­qués,devaleureuxcroisés,despairsdeFrance,des saints (qui ne descend pas de Saint Louis ?)et des cardinaux qui l’étaient moins… Plus dedeux cent vingt ans après la Révolution fran­çaise,quivittantdetêtestomberdanslesang,ilssont toujours là, sans statut légal mais vaillantscomme jamais, rebelles au temps qui passe.

« A la brièveté décevante d’une vie d’homme, lanoblesse oppose la longue continuité familiale, unecontinuité qui paraît défier le temps, analyse Phi­lippeduPuydeClinchamps *.Unnobleaffrontela mort et croit lui échapper en soumettant l’indi­vidu qui n’est qu’un passager à une race dont la du­rée est indéfinie… »

Etrenédanscemilieu(«êtrené»,disaientsim­

plement nos grands­mères) n’est pas neutre,qu’on le veuille ou non. Tout commence dès leplusjeuneâge,parlaprisedeconsciencequelavie à la maison n’est pas tout à fait comme chezles copains de classe : pourquoi tous ces châ­teaux dans la famille ? Cette devise ronflante ?Et ces ancêtres en armure qui, du haut de leurcadre doré, vous scrutent d’un œil sévère dansla salle à manger familiale, comme pour inter­roger l’adulte en devenir : « Seras­tu à la hauteurdetonnom ?»Trèstôt,lejeunearistoestformaté,éduqué,nourriaucredodesacaste: l’honneur,la générosité, la foi, le sens de la famille maisaussi du service et du devoir… Dans le monded’aujourd’hui, les aristocrates souffrent d’unedrôle de maladie ; une sorte d’anachronismecongénital qui fait d’eux, là encore, d’étrangesrebelles dans un monde qui exalte l’individu li­béré, sans foi, sans repères, sans contraintes…

ERIC

MAR

TIN

POUR

LEFI

GARO

MAG

AZIN

E

Fiers de leur passé, fidèles à leurs valeurset souvent beaucoup plus modernes qu’onne le croit, les aristocrates ont le mysté-rieux pouvoir de résister à l’épreuve dutemps. Quel est leur secret ?PAR GHISLAIN DE MONTALEMBERT

E N C O U V E R T U R E

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Beaucoup caressent un espoir, conscient ounon : rendre leur futur aussi glorieux que lepassé de leurs ancêtres. Un espoir vain, biensouvent, même si les réussites professionnellessont nombreuses dans cette tribu qui suit peuou prou les mêmes parcours balisés que ceuxdelahautebourgeoisie : lesaristocratesnesontnisous­représentésnisur­représentésdanscesantichambres du pouvoir que sont les grandesécoles. On les retrouve par la suite à des posteséquivalentsdanslavieprofessionnelle,enfonc­tion de leur seul mérite. Car les aristos tra­vaillent,contrairementàcequecertainscroientencore souvent ! Même les membres des fa­milles royales s’y sont mis, comme le princeJean d’Orléans, 47 ans, duc de Vendôme, dau­phin de France, intervenu successivementcomme consultant chez Lazard & Cie, De­loitte & Touche et dans le groupe Banques po­

pulaires ; ou encore le prince Charles­Louisd’Orléans, 40 ans, executive director chez JP­Morgan Chase, à Paris.

D’intrépides entrepreneursqui se lancent dans le business

Fini l’époque des rentiers depuis que l’impôtsur le revenu est venu laminer les fortunes fa­miliales ;avantquel’ISFnes’enmêle !Lesaris­tos ont appris à se retrousser les manches.Autrefois, la seule carrière acceptable, pour leshommes,c’étaitl’armée.OnfaisaitSaint­Cyr,etune fois le casoar sur la tête, on s’orientait versla cavalerie. L’école des officiers de Saumurétaitunrepairedenomsàrallonge.C’estunpeumoins vrai aujourd’hui, même si l’armée attireencore, par vocation, nombre d’aristocrates.Mais ces derniers travaillent désormais danstouslessecteursd’activité.Onenvoitmêmeun

certain nombre créer leur propre entrepriseavec succès, à l’instar d’un Hubert d’Ornano,par exemple, qui, avec Sisley, a créé une mar­que mondialement connue. Parmi les jeunesgénérations, les aristos entrepreneurs sont lé­gion : citons par exemple Gauthier de Vanssay(Expertissim.com), Michel de Rovira (Mi­chel & Augustin), Hervé de Kermadec (Be­Prems.com), Pauline de Breteuil (Winaretta),François­Xavier d’Ornellas (ClassM), Armandde Vasselot (OptimProcess), Christian deBoisredon (Sparknews), ou encore Laurent deGourcuff,devenuenquelquesannéesleroidesnuitsparisiennes.Depuis2008,sasociété,Noc­tis Event, a racheté 16 établissements parisiensbienconnusdesnoctambulescommeLesPlan­ches, Chez Papillon, Noire Platine, Le Madam,LeBarock,ouencoreleClubHaussmann…Plu­tôt inattendu dans son milieu !

Le comte et lacomtesse Guy de

Cordon organiserontle 28 juin leur dixième

dîner en blanc auchâteau de Bourron.

Entre 2 000 et 3 000participants y

sont attendus.

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Plus sagement, l e prince Ludovic de Poli­gnac, après douze ans passés dans la gestionprivée, a choisi d’entreprendre dans la finance.Alasuited’unediscussionavecCyrilBergé,quideviendral’undesesassociés,agermél’idéedecréer Clay Asset Management, une société degestion dédiée à une clientèle essentiellementcomposée d’entrepreneurs. « Notre quotidien estfait de rencontres avec des gens ayant su développerun talent, une idée, quels qu’ils soient : partis souventde rien, ils ont su matérialiser cette réussite et c’est ànous de la pérenniser alors que l’environnement fi­

nancier n’a jamais été aussi complexe à déchiffrer. »En seulement un an, la société a collecté pasmoins de 125 millions d’euros. Bien joué, enpleine crise économique ! Mais la pérennité,c’est pour Ludovic une « histoire de famille » :« Tout jeune, on m’a fait comprendre que je n’étaisque le maillon d’une lignée et qu’il allait falloir semontreràlahauteuravecunseulmotd’ordre:pren­dre le meilleur de son époque, car chaque générationdoit seréinventer,rienn’estacquis !Avecnosclients,c’est finalement lamêmechose,ajoute­t­il, il faut in­diqueruncaptrèsclairtoutenétantsanscesseàl’af­fût des opportunités de marché, c’est notre missionau quotidien chez Clay Asset Management. »

Périodiquement, direction l’Auvergne, où sedresse la majestueuse forteresse médiévale,berceau de la famille. « Quand on approche de celieuextraordinaire,onpourraitpenserqu’onvientseréfugierderrièredehautesmurailles,dansunpassé

Quel point commun en­tre Axa, Total et Aéro­ports de Paris ? Cestrois fleurons de l’éco­

nomie française  sont dirigés par des aristocrates : le comte Henri de Castries, Christophe de Margerie, et le comte Augus­tindeRomanetdeBeaune.Maiss’ils ont atteint de tels niveaux 

de responsabilité, ces der­niers ne le doivent cepen­dant qu’à leur seul mérite.Augustin de Romanet  a

beau être issu d’une famillede la noblesse très catholique

(ses deux frères sont prêtres,sesdeuxsœurs,religieuses),il

doit sa réussite non pas à satrès aristocratique et ex­trême courtoisie, mais

avant tout au fait d’êtreunanimement reconnucomme un grand servi­teur de l’Etat : passé par

l’ENA, il a fait partie denombreux cabinets mi­nistériels (Alain Lam­bert, Francis Mer, Jean­LouisBorloo…)avantdedevenir directeur ad­

joint du cabinet de Jean­Pierre RaffarinàMatignon.AlatêtedelaCaissedesdépôtsetconsigna­tions de 2007 à 2012, il a contri­bué à sauver l’économie fran­çaisedeladébâcle.AupointqueFrançois Hollande, qui l’a écarté de cette fonction très convoitée au profit de son ami Jean­Pierre Jouyet, se devait de lui trouver un poste clé : il l’a nommé PDG d’Aéroports de Paris fin 2012.

Un managementplus humain

Desoncôté,HenrideCastriesestd’abord passé par HEC et l’ENA(promotion Voltaire, commeFrançois Hollande et SégolèneRoyal ), puis différents postesstratégiquesauseind’Axa,avantde prendre les commandes du9e plus grand groupe de la pla­nète par le chiffre d’affaires.Lorsqu’il l’a choisi comme suc­cesseuren2000,ClaudeBébéars’est peu soucié de savoir que safamille avait participé aux croi­sadesentreleXIeetleXIIIesiècle,qu’il descendait de saint Roch etBR

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Economie, médias, politique...

Ces aristos qui réussissentIls se sont imposés dans les affaires, la mode, les mé-dias...Mais leur particule n’y est pas pour grand-chose.Cordéliade Castellane,créatrice de la griffede modeenfantine CdeC.Augustinde Romanet,un fidèle serviteurde l’Etat auxcommandesd’Aéroportsde Paris.

Laurent deGourcuff, 36 ans,

comte et businessmande la nuit, a racheté

seize établissementsparisiens en cinq ans !

La pérennité,c’est une histoire de famille

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que son grand­père materneln’étaitautrequePierredeChevi­gné,coloneldanslesForcesfran­çaises libres et ministre de DeGaulle !

N’empêche : à y regarder deprès,lesaristocratescartonnentdans les affaires, comme Marc Ladreit de Lacharrière (Fitch), le comte Pierre­André de Cha­lendar (Saint­Gobain), Alexan­dre de Juniac (Air France KLM), Thierry de la Tour d’Ar­taise(SEB), lebaronPhilippedeLadoucette (ex­PDG de Char­bonnages de France), le comte Jean­Dominique Senard (Mi­chelin), Amaury de Sèze (Car­refour), le baron Ernest­An­toine Seillière (Wendel) ou encorelecomteJacquesdeCha­teauvieux (Bourbon)... « Lesaristos sont appréciés dans lemonde du business, confirme  le comte Henry de Montebello, qui, en tant qu’associé du cabi­net de chasseurs de têtes Rus­sell Reynolds, a participé à nombre de réorganisations d’états­majors.Ils sont courtois,apriorihonnêtes,respectueuxdesva­

leurs, et souvent un peu plus hu­mains dans leur style de manage­ment. » Existe­t­il un réseau Jockey Club ? «Bien entendu,mais il reste limité, répond­il. Onvoit aussi certains patrons un peusnobs,qui,bienquen’étantpaseux­mêmesaristos, sont flattésderecru­ter un La Rochefoucauld plutôtqu’un M. Dupond! »

Des noms prestigieux se sontégalement imposés dans le mi­lieu de la mode, comme Hubertde Givenchy, Jean­Charles de Castelbajac ou encore Victoire de Castellane, créatrice de la joaillerie Dior, dont la cousine, Cordélia de Castellane, a lancé avec succès, en 2008, la griffe de mode enfantine CdeC. La réussite du prince Louis­Albertde Broglie mérite, elle aussi, d’êtresoulignée.En1995,leder­nier fils du prince Jean de Bro­glie (mystérieusement assas­siné en 1976) a créé ex nihilo LePrince Jardinier, une marque de vêtements et accessoires liésà l’univers du jardin. Le blason en laiton du Prince Jardinier, présent sur la plupart des pro­

duits, s’inspire des armes de la famille Broglie. Lorsqu’il a créé en 2005 la marque de polos et cravates Vicomte A., le vicomteArthur de Soultrait n’a pas nonplushésitéàutiliserunlogotoutcequ’ilyadeplusaristo.Lesuc­cès est au rendez­vous !  

Dans les médias également, lesaristocrates font parler d’eux.Depuis 2000, Nicolas de Taver­nost est le président du direc­toire de la chaîne de télévisionM6, tandis qu’Alain de Pou­zilhac a été président­directeurgénéraldelaSociétédel’audiovi­suel extérieur de la France etprésident de TV5 Monde de2008 à 2012. Chez Marie Claire,le comte Arnaud de Contades,filsd’EvelyneProuvost,aprislescommandes du groupe en2004.QuantàBernarddelaVil­lardière,ilatoujourssaplacesurle petit écran : après avoir animé« Zone interdite » pendant septans sur M6, il présente désor­maislemagazined’investigation« Enquête exclusive ».

Et en politique ? Le marquisHenri de Raincourt, le duc Jos­

selin de Rohan, le vicomte Phi­lippe de Villiers, le comte Char­les de Courson, le duc AymerideMontesquiou…Cesquelquesnoms attestent que, là encore, àl’Assemblée nationale ou au Sé­nat, les aristos sont présentsdans les allées du pouvoir. Par­fois même jusqu’à l’Elysée : PálSarkozy de Nagy­Bocsa, le pèrede Nicolas Sarkozy, est un aris­tocrate hongrois exilé enFrance. La famille de CarlaBruni Tedeschi est quant à ellel’un des piliers de l’aristocratieturinoise. Mais tout cela est del’histoire ancienne. ■ G. M.

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Louis-Albertde Broglie est aussi

propriétaire du célèbretaxidermiste parisien

Deyrolle.

Le vicomte Arthurde Soultraita créé la marque devêtements Vicomte A.Son entreprise compte50 salariés et réalise unchiffre d’affaires de plusde 11 millions d’euros !

Christophe de Margerie, roi du pétrolechez Total.

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qui n’existe plus. Bien au contraire, ce plateau ro­cheux qui domine une vaste plaine montre bien queceux qui sont venus s’y installer, il y a plus de milleans, avaient à cœur d’observer le monde qui les en­toure pour mieux le comprendre. »

Autre gagne­pain favori des aristos : jouerles « hôteliers » dans leur château de famille.Les réticences, au départ, sont nombreuses :porter les valises des clients américains jus­qu’à leurs chambres, devoir leur cuisiner desbons petits plats français et leur tenir lajambe jusqu’à pas d’heure dans la bibliothè­que de l’aïeul, non merci ! Mais comment ré­sister à l’extraordinaire essor des chambresd’hôtes en France et à cette façon pas forcé­ment désagréable de rentabiliser les heuresdu jardinier ?

La vie de château séduit plus quejamais les touristes étrangers

L’aventure commence souvent par l’ouver­ture d’un gîte dans les dépendances du châ­teau (orangerie, écuries…) ; ou par la locationdechambresd’hôtes.Lachambredelagrand­mère devient celle de la duchesse Anne, on enbaptise une autre « chambre du roi René », ethop! c’est parti. Les étrangers raffolent de noschâteaux à la campagne. Et s’ils peuvent dor­mir dans un lit à baldaquin chez un authenti­que comte et une vraie comtesse, voire pren­dre un repas à leur table (avec chandeliers,argenterie,etc.),ilssontaunirvana !Ilyaquel­ques années, le marquis Antoine­Emmanueldu Bourg de Bozas et son épouse, Magdalena,ont abandonné la vie parisienne pour déve­lopper avec succès ce type d’activités au châ­teau de Prye, dans la Nièvre, un monumenthistorique autrefois propriété de la reine dePologne et qui est dans leur famille depuis1771. C’est aussi ce type d’expérience que pro­posent lecomteet lacomtesseGuydeCordon,qui gèrent de façon très dynamique le châteaude Bourron, magnifique propriété privée destyle « brique et pierre » construite au débutdu XVIIe siècle à l’emplacement d’une an­cienne forteresse féodale, à 7 kilomètres deFontainebleau. En 2012, le jeune couple a ac­

dans des one­woman­show dé­sopilants. Le baron Olivier de laCellealafibreplusrockandroll.Celuiquel’onn’appelleplusqueOli le Baron électrise ses fansavec sa guitare endiablée.Auteur, compositeur, inter­prète et guitariste, il a collaboréavec les groupes Ici Paris, Fleshet a même créé son propregroupe au début des années 90,Baron Jive, à Los Angeles. Pa­rallèlement, il a participé auxalbums et tournées de Jean­Louis Aubert, Guesch Patti, dugroupe Alice Texas… avantd’assurer la promotion et latournée de Raphaël pour l’al­

Connaissez­vous Oli­vier Marie Emmanuel,baron de Benoist deGentissart ? C’est l’un

des humoristes les plus en vo­gueactuellement.NéàReimsen1974 dans une famille de septenfants, Olivier de Benoist sedestinait à devenir juriste. Il atout plaqué pour monter sur lesplanches. Certes, il n’est pas lepremier à jouer les aristos dé­complexés, rebelles et un brinexcentriques qui n’ont peur derire ni d’eux­mêmes ni de leurmilieu. Charlotte de Turc­kheim, ou encore Isabeau de R.l’ont fait à merveille avant lui

Ils font parler d’eux mais n’ont pas lagrosse tête. Un brin excentriques, parfoisdécalés, ces aristos ont du talent.

Sous les projecteurs

Des rockers, des artist es, des intellos…

En haut, degauche à droite :Hélènede Fougerolles,deux césarset plus de 40 filmsà son actif !Guillaumede Tonquédec,césar 2013 du« meilleur acteur dansun second rôle ».Yves Lecoq devantson château deVilliers-le-Bâcle(Essonne), restauréavec passion.Emmanuelde Brantes, figurede la jet-set incarnéeau cinéma parLambert Wilson,prend la pose dans leStudio Harcourt.

En bas, de gaucheà droite :Olivier de Benoist,humoriste de bonnefamille, n’hésitepar à rire del’éducation strictequ’il a reçue.Charlottede Turckheim,au Théâtre de Paris.Olivierde Kersauson,dont les ancêtresont pris part auxcroisades.Oli le Baron,un gentilhommearmé d’une guitareélectrique.

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Quandles châtelainsjouent les hôteliers

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Sous les projecteurs

Des rockers, des artist es, des intellos…bum Caravane. Autres figuresde ces aristos saltimbanques : lachanteuse Zazie, de son vrainom Isabelle de Truchis de Va­rennes, Philippe Lavil (Philippede la Villejégu du Fresnay),Yves Lecoq (Yves Lecoquierre­Duboys de La Vigerie), ou en­core Chantal Goya. Jean­Jac­ques Debout, son compagnon,trouvait­il que Chantal deGuerre, ce n’était pas assez gla­mour ?

Une nouvelle générationdécomplexée

Parmi les artistes à particule, lesculpteur Yom de Saint Phalle(43 ans) a le vent en poupe. An­cien légionnaire en Afrique etdans les Balkans, il a rejoint satante Niki de Saint Phalle à SanDiego (Californie) en 2001,

avant de poursuivre son ap­prentissage auprès de Ray­mond Hains, à Paris. De Miamià Bombay, les collectionneursdu monde entier craquentaujourd’hui pour ses sculptu­res monumentales où l’absencedematièreenditplusquelama­tière elle­même. Tout un pro­gramme…ANewYork,ons’ar­rache les toiles d’un autreFrançais, Jules de Balincourt(40 ans), l’un des artistes aux­quels croit beaucoup Victoirede Pourtalès, figure montantedelagaleried’artcontemporainThaddaeus Ropac (Paris). Aquand sa propre galerie, à l’ins­tar de La Maison Rouge d’An­toine de Galbert, grand ama­teurd’artethéritierdelafamilleDeforrey (Carrefour) ?

Parmi les aristos du 7e art, ci­

tons Hélène de Fougerolles(qui, parmi ses innombrablesfilms, a joué en 2006 dans LesAristos de Charlotte de Turc­kheim), Joséphine de Meaux(Le Jour de la grenouille, Poupou­pidou, Nos jours heureux…) ou en­core Guillaume de Tonquédec,désopilant dans le rôle de Re­naud Lepic (Fais pas ci, fais pasça), et césar 2013 du « meilleuracteur dans un second rôle »pour Le Prénom, pièce adaptéeau cinéma en 2012 (il y donnaitla réplique à Patrick Bruel).Sans oublier Emmanuel deBrantes, coscénariste des filmsJet­Set et People de Fabien Onte­niente (il a servi de modèle aupersonnage incarné par Lam­bert Wilson, puis par RupertEverett). Une autre figure auraégalement marqué l’histoire du

cinéma : le comte Philippe Po­zzo di Borgo, dont la vie a ins­piré le film Intouchables.

Comment achever cette gale­rie de nobles portraits sansmentionner ces deux bellesgueules de la mer que sont Gé­rard d’Aboville et Olivier deKersauson, capitaines au longcours des plus grands défisnautiques. Des aventuriers quin’ont pas eu peur de prendre lelarge ! Et comment passer soussilence deux de nos immortelsau nom prestigieux : Gabriel deBroglie et Jean d’Ormesson.Ecrivain, chroniqueur, édito­rialiste, philosophe. Jean d’O,l’académicien préféré des Fran­çais, a passé sa vie à se battre,armé de sa seule plume, pour ladéfensedeses idées.Leplusno­ble des combats… ■ G. M.

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cueilli, outre de nombreux Français attiréspar la vie de château, des clients venus dumonde entier : des Indiens, des Chinois, desRusses,desBrésiliens,desAméricains…« Poureux, tout ce qui est avant Christophe Colomb, c’est delapréhistoire !plaisanteGuydeCordon.Dansunmonde qui bouge de plus en plus vite, les gens sont enquête de racines. Passer un moment dans un lieuchargé d’histoire, où le temps s’est comme arrêté –même si nous offrons tout le confort moderne ! – celaapaise et cela rassure beaucoup. » Site internet(www.bourron.fr, conçu par leurs soins), sallede séminaires, centre d’affaires… Guy et Es­trelladeCordonmultiplient les initiativespourrentabiliserBourron.Etfairevivrecelieumagi­que à travers des événements, comme ce dînerenblancqu’ilsorganisentdepuisdixansaudé­butdel’été(leprochainauralieule28juin)dansle parc du château. Un succès : plus de 2 000convives y sont attendus cette année !

Ils se dévouent corps et âme pourrestaurer leurs vieilles pierres

Autant de rentrées d’argent pour les proprié­taires de châteaux, qui peuvent ainsi retaperleurs kilomètres de toitures. 50 % des châ­teaux vendus chaque année en France sontachetés par des étrangers (Russes, Chinois,Moyen­Orientaux…) qui s’empressent sou­vent de les fermer à la visite, n’ayant aucunproblème pour les entretenir. On ne remer­ciera jamais assez les aristos qui consacrentleur énergie à faire vivre leurs châteaux, biensouvent sans aucune aide publique, et s’em­ploient à les faire découvrir au public. Le mar­quis de Breteuil s’est démené corps et âmepour sauver son château, l’ouvrir à la visite ety créer des animations culturelles d’unegrande qualité. Idem pour le comte Patrice deVogüé, propriétaire du château de Vaux­le­Vicomte, ouvert au public depuis 1968 : cechef­d’œuvreduXVIIe siècleaccueillechaqueannée 280 000 visiteurs, y compris pour desvisites aux chandelles, organisées l’été, qui re­créentlaféeriedeslieuxetlaissententrevoirceque fut Vaux­le­Vicomte à l’époque des balsqu’organisait Fouquet.

Des racines dans un monde qui bouge

À NE PAS FAIRE■ S’afficher tous les étés enboîte de nuit à Saint­Tropez.Une règle d’or : fuir le bling­bling et les paillettes. Les vacan­ces se passent pour moitié dansla propriété familiale – unegrande maison remplie de cou­sins, idéalement – et pour lereste au bord de la mer, avec unepréférence pour la côte atlanti­que (de Saint­Jean­de­Luz à LaBaule) ou la Bretagne (golfe duMorbihan, Saint­Malo…).■ Passer pour un nouveau ri­che. Rien de plus mauvais genreque d’étaler son argent de façontrop visible. Même s’il en a,l’aristo ne le montrera pas, pré­férant retaper inlassablementles toitures de son château fami­lial que de partir en vacancesaux Seychelles.■ Appelerunduc«Monsieur».Un jour, alors qu’il était jeunejournaliste, Philippe Bouvarddemanda au duc de Brissaccomment il fallait l’appeler.

« Monsieur, on ne m’appelle pas et jen’aime pas qu’on m’appelle, lui ré­pondit ce dernier. Mais quand ons’adresse à moi, on dit : “Monsieur leduc”etquandonparledemoi,ondit“Monsieur le duc de Brissac”. »■ Ne jamais se présenter parson nom au Jockey Club : dansce cercle que Proust décrivaitcomme le plus fermé du monde,tous les membres sont supposésse connaître entre eux, ou dumoins savoir qui est qui.■ Faire commerce de son nom.Accoler son nom à une marquede champagne ou à un grandcru bordelais, passe encore.Mais sur des boîtes de foie gras,de chocolat ou de bonbons(genre Dupont d’Isigny, lesseuls bonbons à particule), ja­mais !■ Quand on évoque un nom defamille, on ne dit pas « de quel­que chose » mais « quelquechose » tout court. Exemple : ondit les « Bernis » et non les « deBernis » !

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Tout ce qu’il faut savoir pour survivre dans ce milieu oùles règles, les codes et les interdits sont rois.

PratiqueVivre comme un aristo

Une 2 CV,rien de mieuxpour passer inaperçuet sentir le soufflede la liberté,leur valeur phare !

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Leurs lieux• Jockey Club. Ce cer-cle parisien compte1 200 membres, tousissus de la noblesse etcooptés par leurs pairsau terme d’un vote sé-vère. Une boule noire(vote négatif) annulecinq boules blanches(vote positif). D’où le terme « blackboulé » pour les éconduits.• Un château. Les familles aristocratiques en possèdent souvent un,qu’elles restaurent avec passion. Des lieux magiques, hors du temps,qui constituent des gouffres financiers pour leurs propriétaires.• Les rallyes. C’est là que les jeunes aristos font la fête et s’initient à lavie mondaine. Robe longue et smoking de rigueur dans les bals.

• La chevalière. Un signe de reconnaissanceparmi d’autres, bien que certains aristos, pargoût ou par snobisme, trouvent totalement inu-tile d’afficher à leur doigt une preuve de leur no-blesse. Les parents l’offrent souvent à leur filspour ses 21 ans. Les armes familiales sont sur-montées d’une couronne correspondant au titreporté : marquis, comte, baron, etc.• Le chapeau, l’accessoire féminin indispensable pour les ma-riages. Ou pour le pique-nique du Prix de Diane, organisé tousles ans à Chantilly.• Le Bottin mondain. C’est la bible de l’aristocratie, même si cetépais volume, édité chaque année, compte une large proportionde bourgeois et de faux nobles dans ses pages. Outre les coor-données des uns et des autres, on y découvre les titres, lesnoms de jeune fille des épouses, les di-plômes, les cercles fréquentés, et lesenfants dont l’âge est mentionné jus-qu’à leurs 18 ans.

À FAIRE■ Préférer la 2 CV à la PorscheCayenne. Ne pas se faire remar­quer est le maître mot des aristos.D’où un certain faible pour lesvoitures passe­partout. Le mo­nospace, également baptisé « bé­taillère à cathos », a un succès fouauprès des familles nombreuses.■ Surveillersonvocabulaire.Onne dit pas que l’on part en week­end dans son « château », maisdans sa « maison de campagne »ou, si l’on est entre gens dumonde, dans sa « propriété ». Al­lez savoir pourquoi !■ Pratiquer la chasse. Un mustdelaviecampagnarde.Lesaristosne font plus la guerre, sinon auxsangliers et aux chevreuils. Leschasses sont l’occasion d’invitersesvoisinsousesrelationsd’affai­resdanssapropriété.C’estaussiàcette occasion que l’aristocrate sefrotteauxgensducru,etqu’ilréa­lise qu’il a parfois beaucoup plusd’affinités avec son garde­chasseousonfermierqu’avecleparvenu

qui s’est installé récemment dansson immeuble parisien !■ Prononcer « Bro­ye » en par­lant des Broglie et non « Brogli ».Idem pour « Castries », que l’onprononce « Castres ». Mais atten­tion, pour compliquer la donne ,ondit lechâteaude«Castri»oulechâteau de « Brogli » !■ Quêter pour l’ordre de Malte :la plus ancienne ONG du mondea près de 1 000 ans d’âge, et l’on ycroise une tripotée d’aristos detous poils qui se définissent, nonsans fierté, comme des « cheva­liers de la pauvreté ».■ Règle d’or : afficher en toutescirconstances un certain détache­mentparrapportàsonmilieu,sa­voirenriresanspourautantsere­nier, éviter le ridicule et lesclichés, rester ouvert sur lemonde extérieur. Le piège quiguette l’aristocrate, c’est la crispa­tion identitaire, le communauta­risme à outrance, l’oubli des va­leurs d’ouverture et de générositéqui font la vraie noblesse d’âme.

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La chevalière du comte Laurentde Chavagnac, 41 ans, créateur debijoux (www.chavagnac-bijoux.com).

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Il y a dans la noblesse une vraie tradition defête. Les bals somptueux donnés par Boni deCastellane, Charles de Besteigui (le fameux« Bal du siècle », au palais Labia, à Venise) ouencorelebarondeRédéontmarquélesmémoi­res. Si ce dernier était d’une noblesse un peudouteuse (son père était un banquier austro­hongrois anobli en 1916 par l’empereur Fran­çois­Josephd’Autriche),ilavaitsiparfaitementintégrélesvaleursdefêteetd’élégancedel’aris­tocratie qu’il était totalement accepté par cel­le­ci. Le « Bal oriental » qu’il donna le 5 décem­bre 1969 est resté mythique. Des éléphants enpapier mâché accueillaient les invités dans lacour de l’hôtel, des serviteurs portaient à boutde bras des torches dans le grand escalier me­nantàlasalledebal,desautomates jouaientdedifférentsinstruments,disposésdanslamajes­tueuse galerie d’Hercule… Quant au maître demaison, costumé en prince mongol, il ac­cueillait le Tout­Paris aristocratique de l’épo­que (les Ribes, les Noailles, les Rothschild…)mais aussi Salvador Dalí ou Brigitte Bardot !

Se marier à sa porte,avec des gens de sa sorte

Lesaristosontunesingularité:ilsadorentsere­trouver entre eux, se recevoir à l’occasion desmariages de leurs chérubins, par exemple (desgrands raouts à 400 ou 500 personnes) ; oulors des bals qu’ils organisent pour leurs filles,naturellement inscrites dans un rallye dès leberceau.Enfinpresque.C’estvers12­13ansquetout commence, mais les parents y pensent dèsquelesenfantsatteignentl’âgede8ans.L’airderien,lesmèresdefamilles’activent,passentdescoups de fil aux anciennes copines perdues devuedepuisquinzeanspoursavoir«qui»,danscette tranche d’âge, se lancera dans l’organisa­tion d’un rallye. Il faut un certain courage pourentreprendre une telle aventure : les plusgrands rallyes peuvent compter jusqu’à 500inscrits ! Mais il faut encore savoir choisir lebon, et l’éventail est large entre le rallye pari­sien, plutôt lancé, le rallye versaillais, plutôtcoincé, ou encore celui qui saura offrir un

L’élégance et le savoir-vivreen héritage

L’un, patron d’Axa, est un authentiquearisto, l’autre, conseiller des puissants, nel’est pas. Mais Henri de Castries et AlainMinc sont tous deux issus de l’inspection desfinances, souvent considérée comme unenouvelle noblesse. Entretien croisé.

Descendant d’une famillequi compta dans ses rangsunmaréchaldeFrance,unarchevêque, un académi­

cien et quelques ducs, Henri de LaCroix de Castries, 58 ans, préside legroupeAxadepuis2000.Ilest,avecPierre­André de Chalendar (Saint­Gobain), Christophe de Margerie(Total) et Jean­Dominique Senard(Michelin), l’un des quatre PDG duCAC40appartenantàlanoblesse.Asa sortie de l’ENA, il intégra l’Inspec­tion des finances, comme son aîné etami Alain Minc, le conseiller préférédes grands patrons français. Lesdeuxhommespartagent lamêmevi­sion de la place des « aristos » dans lemonde des affaires.Le Figaro Magazine – Il y a quatre aristo-cratesparmilespatronsduCAC40.Celavous surprend ?Alain Minc –Celaneleurestpasinter­dit tout de même ! Je vous rappelleque tous les trois sont passés par lesvoies démocratiques d’accès au pou­voir. L’un est diplômé d’HEC, unautredel’ESCP,etlesdeuxautresontfait HEC ou l’Essec, plus l’ENA.Historiquement,lanoblessefrançaisen’ajamais été très proche du monde des af-faires.Henri de Castries – Tout remonte àl’édit d’Alès (1629), quand Louis XIII(qui veut contraindre les protestants,ndlr) interdit à l’aristocratie françaisede«déroger»àseschargespourfairedu commerce. La situation s’aggraveencore avec la révocation de l’édit deNantesetl’exilmassifdeshuguenots,quiaffaiblit l’économiefrançaise.De­

puis lors, les élites françaises ont unproblème avec le capitalisme. A leurarrivée au pouvoir, Louis XIV, le ré­gentpuisLouisXVfontàchaquefoisemprisonner quelques financierspourasseoirleurautorité.PuislaRé­volution a guillotiné une partie desfermiers généraux et la bourgeoisies’est installée aux commandes del’économie.Culturellement, l’aristocratiefrançaisea-t-ellegardécettedistance,voirecettedé-fiance vis-à-vis de l’entreprise ?Henri de Castries – L’aristocratie fran­çaise est aussi diverse que la sociétédanssonensemble.On se trompe encroyant qu’elle vit tout entière en­fermée dans le souvenir d’un passérévolu. Certains aristocratesconnaissent de belles réussites pro­fessionnelles,enconsidérantlepatri­moine culturel qu’ils ont reçu par leshasards de la naissance comme uneexigence supplémentaire, et non pascomme un héritage à gérer de façonégoïste ou arrogante.Alain Minc – En tant que fils d’un Juifcommuniste, mon point de vue estplutôt celui de l’observateur, maisj’en côtoie un certain nombre dans lemelting­pot de l’élitisme français.Dans le monde des affaires, deux ca­tégories de personnes me semblentplus libres que les autres : les autodi­dactes et les aristocrates. Pour desraisons symétriques, ils sont moinsprisonniers des codes en vigueur.Les uns et les autres ont le mêmegenre de liberté, qu’un représentantde la classe moyenne supérieuren’aurait pas.

“Les aristocrates ont unevraie liberté dans les affaires”

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“Les aristocrates ont unevraie liberté dans les affaires”

Henri de Castries – C’est très juste.Parmi les valeurs transmises, il y a àlafoislerespectd’uncertainnombred’exigences vis­à­vis de soi­même,et une très grande liberté par rap­port aux conventions.Alain Minc – Regardez qui étaient lespremiers Français à rejoindre deGaulle à Londres en juin 1940. Il yavait parmi eux beaucoup d’autodi­dactes et beaucoup d’aristos, et peude bourgeois, le Général ne s’est pasfait faute de le dire.Cette liberté est-elle un atout dans lesaffaires ?Alain Minc – La liberté, c’est la capa­cité de dire non.HenrideCastries–C’estlafacultéd’al­lercontreleconsensus,d’êtrefidèleàses valeurs même si le consensuspousse dans un sens différent. Cetteliberté d’esprit demande parfois unpeu de courage.Y a-t- il une forme de proximité ou deconnivence entre eux ?Alain Minc – Une forme de libertéd’allure.Etil leurresteuncodecom­mun qui est de chasser, même s’ilsne sont pas les seuls, et de laisser legolf aux bourgeois !Henri de Castries – C’est vrai qu’ilschassent plus qu’ils ne jouent augolf. Peut­être parce que le golfn’avait pas encore traversé la Man­che au moment de la Révolutionfrançaise !Historiquement, l’aristocratie françaisea surtout servi l’Etat. Henri de Castries,avez-vouseulesentimentde«déroger»aux devoirs de votre milieu quand vousavez quitté la haute administration pourrejoindre Axa ?Henri de Castries – Le secteur privé,c’est le monde de la croissance, del’emploi, du rayonnement du pays,c’est comme cela qu’il faut le consi­dérer. Mon père et mon grand­pèreontétél’unetl’autrecequ’ilconvientd’appeler des héros militaires. Lors­que j’ai fait mon service national, jereconnais avoir été tenté par une

carrière comme la leur. L’un etl’autre m’en ont dissuadé en me di­sant que si, à leurs générations, ser­vir son pays revenait à choisir l’ar­mée ou la haute administration, lasituation était différente à mon épo­que. Dans un monde qui est plusouvert économiquement, on peuttrèsbienservirsonpayspard’autresfonctions. L’intérêt général ne se ré­sume pas au service de l’Etat.Alain Minc – C’est une leçon que cer­tains seraient bien inspirés de se re­mémorer en ce moment !Et le rapport à l’argent ?Henri de Castries – Il est secondaire.Alain Minc – D’ailleurs, aucun desquatre dont vous parlez dans votrepremière question n’est un capita­liste.Cela dépend ou vous mettez le curseur !Alain Minc – Dans un monde capita­liste où l’argent est un étalon de me­sure, aucun de ces quatre n’a réussi

ausensoùilauraitfaitunevraiefor­tune capitaliste.Quelle est la place des valeurs chrétien-nes dans l’aristocratie ?Henri de Castries – La réponse à cettequestion est forcément personnelle,maiscesvaleursontàmesyeuxuneimportance fondamentale, parcequ’elles apprennent le sens du biencommun et l’humilité. Ce rappelconstant à l’humilité est importantdans des fonctions où l’on risque, sil’on n’y prend pas garde, de se trou­ver isolé par les apparences.AlainMinc–C’estvraidetouslesdiri­geantsquiontunenracinementreli­gieux,qu’ilssoientounonaristocra­tes. Je pense par exemple à RogerFaurouxouOlivierLecerf,àlagéné­ration précédente. Aujourd’hui en­core, dans le CAC 40, beaucoupd’entreprisesrelèventdecesvaleursparce qu’elles sont dirigées par despatrons qui ont des racines religieu­

ses, qu’elles soient catholiques, jui­ves ou protestantes.L’ENA est-elle une aristocratie mo-derne ?Alain Minc – L’ENA, non, mais lesgrands corps de l’Etat comme l’Ins­pection des finances, peut­être. Ils’agit cependant d’une aristocratiedémocratique et méritocratique,puisque Henri de Castries et moinousysommesretrouvésenvenantde deux univers aux antipodes l’unde l’autre.Henri de Castries – La sélection méri­tocratique est positive, pour autantqu’une sélection opérée entre 20 et25 ans soit pertinente sur le longterme, ce qui est un autre débat.Mais le système devient nuisiblequand la sélection se transforme enrenteouenviagerpourceuxquiontintégré ces grands corps.

■ PROPOS RECUEILLIS PARGUILLAUME ROQUETTE

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Alain Minc et Henride Castries réunis dansle bureau de ce dernier.Quelle est la placedes « aristos »dans l’entreprise ?

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subtil dosage entre grands noms de la no­blesseetdelahautebourgeoisie.Lespremièresannées, des sorties culturelles et des cours dedanse sont proposés aux jeunes. Suivent lessoirées, puis des bals plus fastueux, jusqu’auboutdelanuit,dansdessalonsprestigieux(In­terallié, Automobile Club, France Améri­que…). Pour les plus belles réceptions, les pa­rents n’hésitent pas à y aller à fond : orchestre,décoration par un professionnel, aboyeur àl’entrée (il fut un temps où ceux de l’Elysée ar­rondissaient leurs fins de mois dans les soiréesdes aristos)… Rien n’est trop beau pour cettejeunesse dorée. Mais attention, les excès peu­vent vite faire « nouveau riche ». Un trait quin’est guère apprécié dans ce milieu où l’argentn’est acceptable qu’une fois revêtu de la patinedu temps.

L’objectif de ces festivités ? Permettre auxjeunes de se constituer un noyau d’amis. Enespérant qu’ils y trouveront mari ou femme,c’est entendu ! Mais cela fonctionne demoins en moins comme cela. Eh oui, les jeu­nes aristos d’aujourd’hui ne se marient plusforcément entre eux. Formés à l’école de lamondialisation, plus ouverts sur les réalités,certains d’entre eux recherchent davantagede diversité sociale que leurs parents.« Autrefois, on disait qu’il était sage de se marierà sa porte avec des gens de sa sorte, rappelle lacomtesse de C. Lorsque des gens comme nous semariaient en dehors de leur milieu, cela faisaittout de suite un scandale. Mais que voulez­vous,aujourd’hui, à notre époque, il faut évoluer. » Unpeu de sang neuf dans le sang bleu n’a jamaistué personne ! En fait, épouser une roturièreétait même une pratique courante, à une cer­taine époque. Nombre de vieilles familles dela noblesse ont noué des alliances avec desindustriels fortunés comme les Schneider,Sommier, Michelin ou quelque riche héri­tière américaine… Cela s’appelait redorerson blason : on épousait des roturières « bel­les vues de dot » ; aujourd’hui, c’est paramour. Une révolution !

■ GHISLAIN DE MONTALEMBERT* La Noblesse, 1996, L’Intermédiaire des chercheurs et curieux

Les jeunes aristos bousculent les tabous

Les derniers rebellesPAR NICOLAS D’ESTIENNE D’ORVES

Depuis 1789 et ses chapeletsde décollations, on aime àrépéter « Bon débarras ! ».Les aristocrates avaient fait

leur temps, place à la bourgeoisiebonasse et bedonnante. Pourtant,malgré le triomphe du complet­veston, l’esprit d’Ancien Régime agardé une sorte de prestige sourd etpresque honteux. Restaurations,empires et républiques n’ont rienchangé à l’affaire : ceux que l’onappelle aujourd’hui « les aristos »ont encore un pouvoir defascination, comme on évoque unmythe à moitié réel, une atlantide ouun superhéros. Disons que ce quiirrite fascine, et ce qui agace intrigue.Le lectorat cocardier n’en finit pas dedévorer la presse couronnée. Quandune princesse se marie, à Londres ousur le Rocher, la France le vit enduplex. Feignant de ne pas s’yintéresser, des millions depassionnés suivent l’événement avecune excitation coupable, comme onscrute le fronton de l’Elysée ententant d’y voir une fleur de lys. Est­ce un besoin de rêve ? Un sentimentde conte de fées ? Car les princes, lessorcières (les ogres aussi) viennentde ces temps primitifs où l’onfrappait d’estoc et de taille. Il n’en

reste aujourd’hui que des châteaux,des tableaux, et quelquesdescendants, mais ceux­ci ne cessentde faire fantasmer. Pour peu quevous ayez un titre de noblesse(usurpé ou non), on vous le lance auvisage avec une agressivitédésinvolte qui masque un respectcontrarié. « Ah, monsieur le Comtedaigne venir nous voir ! »L’impétrant avait depuis longtempsoublié qu’il était comte ; les autresnon. Comme si les aristos étaient desprovocateurs malgré eux, desrebelles sans le savoir. Esclaves d’unnom et d’un passé qu’ils n’ont pasconquis, ils ont un pied dansl’Histoire et portent encore l’épée.S’ils n’y pensent jamais, on le leurrappelle souvent, avec une railleriedéférente. Pourquoi donc ? Attend­on d’eux qu’ils jouent leur rôle ?Qu’ils occupent une place dont ils semoquent ? Qu’ils défendent la veuveet l’orphelin ? Qu’ils partent encroisade ? Ou n’est­ce pas plutôt unefaçon de contempler l’Histoire, de sedire que la mémoire est encore vive ?Les aristos sont peut­être les momiesbien vivantes d’un temps à jamaisrévolu, les frais zombies d’unehistoire perpétuelle. Les derniersJuifs errants…

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INE « Est-ce un besoin

de rêve ? Un sentimentde conte de fées ? »L’aristocratie fascineles Français, estimel’écrivain Nicolasd’Estienne d’Orves.

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Irrecevable.»C’estencestermesquelebureau du Conseil économique, so­cial et environnemental (Cese) aécarté, le26février, lapétitioncontrele mariage pour tous, qui avait re­cueilli plus de 700 000 signaturesen vue d’obtenir sa saisine. A l’una­nimité, les 19 membres de l’instance

dirigeante de cette assemblée, censée repré­senterlasociétécivile,ontestiméqueleCesene pouvait traiter ce sujet. Selon eux, seul lePremier ministre était en droit de les inter­roger, mais pas 700 000 personnes.

Ce refus s’appuie sur les textes qui définis­sent la saisine du Cese. Pourtant, depuis larévision constitutionnelle de juillet 2008 et

Avec des marges de manœuvre réduitessinon inexistantes, cette assembléeconsultative a des allures de Belle au boisdormant… et coûte la bagatelle de 37 mil-lions d’euros par an ! PAR VINCENT NOUZILLE

Mais à quoi sert le Conseiléconomique et social ?

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Voilà comment les sages du palais d’Iénaont botté en touche. En réalité, embarrasséspar la mobilisation des opposants au ma­riage pour tous, ils ont trouvé la bonne ex­cuse pour ne pas froisser le gouvernement.Mince consolation : le Cese a tout de mêmeconsidéré qu’il devrait se pencher dans lesmois qui viennent sur « les évolutions contem­poraines de la famille et ses conséquences en ma­tière de politique publique ». Une manière denoyer le poisson en tentant de sauver la face(lire interview page 45).

De toute façon, le Cese n’est pas du genre àbousculer le pouvoir en place. Ni à sortir desaléthargie.Sesmargesdemanœuvresont,il est vrai, inexistantes. Se contentant

laloiorganiquedejuin2010quiendécoule,les citoyens – s’ils réunissent au moins500 000signatairessurunepétition–peu­vent théoriquement (article 70) se tournervers cette assemblée consultative afinqu’elle se prononce sur « tout problème de ca­ractère économique, social ou environnemen­tal ». Mais ce grand principe démocratiquecomporte un bémol de taille : pas questionde pétitionner sur un thème faisant l’objetd’un projet de loi, car le Cese ne peut alorsêtre saisi que par le gouvernement. Autre­ment dit : les citoyens sont priés de se mobi­liser sur des sujets généraux, en dehors detoute actualité législative, ce qui limite, defacto, l’éventail des pétitions acceptables.

d’émettre des avis gratuits, cette noble as­sembléede233membres,quisiègeaupalaisd’Iéna et emploie 145 fonctionnaires, a desallures de Belle au bois dormant. Voilà desdécennies qu’elle ne sert pas à grand­chose.Sonancêtre,leConseilnationaléconomique(CNE),futcrééen1925parlegouvernementd’Edouard Herriot, afin de réunir les orga­nisations représentatives du patronat, dessyndicats ouvriers et agricoles. Sa missionétait, dès cette époque, purement consulta­tive sur des sujets économiques. Sous leFront populaire, l’assemblée, élargie à173 membres, contribua modestement à lamise en place des nouveaux droits sociaux.Supprimé par le régime de Vichy, le CNEréapparut en 1946 sous le nom de Conseiléconomique (CE), élisant à sa présidenceLéon Jouhaux, le leader syndical de Forceouvrière.

Des travaux jugés aussi« remarquables » que « vains »

De retour au pouvoir en 1958, le généralde Gaulle envisagea de supprimer ce CE,dont les travaux étaient jugés aussi « remar­quables » que « vains », en le fusionnant avecle Sénat, qui devait représenter les territoi­res et les forces économiques et sociales. LaConstitution de 1958 conserva cependantcette troisième assemblée, rebaptiséeConseiléconomiqueetsocial(CES).Lorsduréférendum d’avril 1969, de Gaulle remitsurletapissonidéedemariageduCESavecleSénat.Lavictoiredunonenterraleprojet,tout en conduisant au départ du Général.Depuis lors, le CES a poursuivi sa petite vietranquille, sous la houlette de présidents af­fables, de Jean Mattéoli (1987­1999) à Jac­ques Dermagne (1999­2010). Ce derniers’est simplement fait remarquer par unecondamnation, en 2012, de la cour de disci­plinebudgétaireet financièredelaCourdescomptes pour avoir enfreint les règlescomptables d’attribution de marchés pu­blics quand il était en poste…

La révision constitutionnelle de 2008 aélargilesthèmesdesdébatsduCeseàl’envi­ronnement – d’où son nouveau nom –, etfait entrer davantage de représentants d’as­sociations et de la jeunesse. Néanmoins,cette assemblée demeure une institutionaussiformellequefigée.Sonarchaïsmeaétécritiquédébut2009dansunrapportdeDo­minique­Jean Chertier, commandé parl’Elysée, qui parlait d’une « utilité controver­sée, fruit d’un positionnement incertain et d’unfonctionnement déficient ». Les syndicats et

Les opposants au « mariagepour tous » ont déposé le

15 février, place d’Iéna, les 700 000signatures de la pétition lancée par

le maire du Chesnay, PhilippeBrillault, afin de solliciter l’avis du

Cese sur le projet de loigouvernemental. Le Conseil s’est

déballonné en invoquant des argutiesjuridiques qui soulignent assez...

sa propre inutilité.Mais à quoi sert le Conseiléconomique et social ?

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corporations y nomment, en effet, des re­présentants qui défendent leurs intérêts. Ilsdiscutent en vase clos, avec la plus grandelenteur, de sujets rebattus, comme la préca­rité des femmes, la filière automobile ou lesenjeux de la compétitivité : à raison de15avisrédigésen2011et18avisl’andernier,les 233 membres du Cese ne sont pas sur­chargés de travail. Rapporté au budget an­nuel de 37 millions d’euros de cette assem­blée, chaque « avis » coûte une fortune !

Le gouvernement ne saisit le Cese que trèsrarement, deux ou trois fois par an. Il estsimplement obligé de le faire sur les lois deprogrammation, comme récemment cellesur la refondation de l’école. Sans grandeconséquence : les « avis » qui émanent du

Discussions en vase clos de sujets rebattus

L’hémicycle clairsemé du Palaisd’Iéna sous la présidence de Jean-PaulDelevoye, successeur en 2010 del’affable Jacques Dermagne...

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Palais d’Iéna passent généralement inaper­çus. Fruits de longues tractations entre re­présentants syndicaux et patronaux, ilssont surtout rédigés pour ne fâcher per­sonne.Exemple:leCeseapubliéfin2011unrapportsurlaformationprofessionnelle,enaffirmant qu’il n’y avait « pas urgence » à ré­former le système. Or, tout le monde saitque les 32 milliards d’euros dépensés dansce secteur le sont en dépit du bon sens.« Mais la CGT et le Medef discutent en perma­nence. Nos débats sont de bons indicateurs sur lesconsensus possibles entre partenaires sociaux »,plaide­t­on au sein de l’auguste maison. Duconsensus ?Enréalité,nileMedefnilaCGTn’adoucissent leurs positions du fait de leurparticipation au Cese.

Le climat des négociations sur les retraitesou le marché du travail ne dépend pas de cequi se passe au Palais d’Iéna. De plus, demultiples instances de concertation, sou­vent plus expertes, comme le Conseild’orientation des retraites ou le HautConseil de l’assurance­maladie, doublon­nent avec le Cese.

Dès son élection, François Hollande estpourtant allé sur place pour célébrer ce lieude palabres, « symbole du dialogue social et durassemblement », avant d’y lancer, en juillet,saconférencesocialeet,mi­septembre,cellesur la transition énergétique. Jean­MarcAyrault y a aussi inauguré en décembre laconférence nationale sur la pauvreté. EtDelphineBatho,ministredel’Ecologie,are­pris le mois dernier les suggestions d’amé­nagement des taux de TVA préconisés pardes experts du Cese.

Recaser d’anciensleaders syndicaux ou des amis du pouvoirDe quoi ravir l’ancien ministre et ex­média­teur de la République Jean­Paul Delevoye,président du Cese depuis fin 2010, qui croitau rôle fédérateur de son assemblée. « Notreutilité,nousavonsàlaprouver»,avait­ilditlorsde son élection. Vu la maigreur de ses tra­vaux, les preuves restent à faire. La seule« utilité » tangible du Cese semble être de fi­nancer des permanents syndicaux, de reca­ser d’anciens leaders, à l’instar de Jean­Mi­chel Lemétayer (ex­FNSEA), Pierre Khalfa(ex­Union syndicale solidaires) ou GérardAschieri (ex­FSU), ainsi que quelques amisdu pouvoir, via les 40 postes réservées aux« personnalités qualifiées » désignées par legouvernement. Fin 2010, ont notammentété nommés Pierre Charon et RaymondSoubie, deux ex­conseillers de l’Elysée, etDanièle Dussaussois, afin que celle­ci libèreson siège de conseillère générale des Hauts­de­Seine. Le train de vie des membres duCese, qui ont peu d’astreintes, est d’ailleursconfortable : les émoluments atteignent2 877 euros net, sans compter un régime deretraite qui permet à tout conseiller ayantaccompli un mandat de cinq ans de bénéfi­cier dès 60 ans de 800 euros de retraitemensuelle. Début 2010, la Cour des comp­tes s’en était émue, estimant que les dépen­ses à venir de ce régime très spécial repré­sentaient 218 millions d’euros pour unmillierdepersonnes.Dontprèsde90%àlacharge du contribuable…

■ VINCENT NOUZILLE

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Jean-François Bernardin*:“Le Cese a été complaisant”Le Figaro Magazine – Pourquoiavez-vous démissionné du Conseiléconomique, social et environne-mental (Cese) ?Jean-François Bernardin –Ilm’asem­blé inacceptable que l’unanimité –apparente – du bureau pour décla­rer irrecevable la pétition concer­nantleprojetrelatifaumariagepourtous puisse être interprétée commeune unanimité de l’ensemble de sesmembres. C’est loin d’être le cas. Jen’ai pas trouvé d’autre moyen quecette démission pour le faire savoir.Pourvous,leCesen’apasjouésonrôle ?Je suis convaincu que si la pétitionavait concerné 700 000 étudiantsen colère, la lecture qui a été faite

des textes aurait été différente.Les hommes et les femmes quinous ont adressé leur pétitionaprès avoir manifesté dans larue étaient en droit d’être enten­dus, ne serait­ce que symboli­q u e m e n t . L e u r d é c e p t i o naujourd’hui est à la mesure de lafoi dans la démocratie que por­tait leur démarche ?Le Cese a-t-il été complaisant àl’égard du pouvoir ?Le président Delevoye a lui­même indiqué, avant même quele bureau ne soit réuni, que la pé­tition n’était pas recevable.Autrement dit, on a pris la déci­siondusecrétairegénéraldugou­

vernement comme argent comp­tant. Sur le plan juridique, tout lemonde sait que c’est discutable.Même si on admet que cette péti­tion n’était pas recevable, il étaitpossible de dire au gouverne­ment, de façon républicaine, qu’ilserait démocratique de prêter at­tention à cette pétition et à sesauteurs. On pouvait marquer aminima un intérêt et une écouteplus attentive pour ces millionsde nos concitoyens qui expri­maient leur trouble à travers elle.Le jugement qui a été porté a étéstrictementjuridique,sansaucuncommentaire, sauf de dire qu’onallait ouvrir une réflexion sur les

conséquences du texte. Je suis deceux qui pensent que s’il y a desconséquences néfastes à une dé­cision irréversible, il vaut mieuxétudier les conséquences avantqu’après. Au bout du compte, ladécision du Cese a été ressentiepar les pétitionnaires comme dela servilité à l’égard du gouverne­ment. Le Cese ne se justifiera du­rablement que si ses avis ne sontpas perçus comme complaisants.Cela n’a pas été le cas.

■ PROPOS RECUEILLIS PARRAPHAËL STAINVILLE

* Membre démissionnaire du Cese, ancienprésident de l’Assemblée des chambresfrançaises de commerce et de l’industrie.

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MayotteLes enfants perdus de la République

DENOSENVOYÉSSPÉCIAUX VÉRONIQUE GROUSSET (TEXTE)ET GEORGES MÉRILLON (PHOTOS)

Submergé par les clandestins, notre101e département a vu sa populationmultipliée par dix en cinquante ans.Dont une bonne moitié d’enfants, par-fois privés de droits élémentaires.Construire des écoles à tour de bras nesuffit pas. Les Mahorais vont devoirassumer leurs responsabilités.

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MayotteLes enfants perdus de la République

Chaque matin vers 6 h 30,les enfants des bidonvilles

descendent en masse vers lesécoles. Ils représentent plus

de la moitié des 50 600élèves du primaire.

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AMayottecommeàRio,c’estsurleflancdescollines que les bidonvilles s’accrochent,mais en plus vertigineux, sans escaliers nicorde de rappel pour faciliter l’ascension etne pas dégringoler en glissant dans la des­cente.Quandonregardel’enchevêtrementdebaraquesentôlesuspenduesentredeuxravins emplis d’ordures, on se demande

commentfontlespersonnesâgéespourmonterjusque­là,etsur­tout, pour en descendre. Réponse de l’équipe de Médecins duMonde qui nous fait visiter les lieux : « Une fois installées, elles nebougentplus.Maisdetoutefaçon,ilyenatrèspeu.»Nousn’encroise­rons effectivement aucune. En journée, ces quartiers qu’on ap­pelle bangas – du nom des cabanes en bambou que les adoles­cents mahorais édifiaient autrefois pour s’émanciper de leurfamille sans trop s’en éloigner –, ne sont peuplés que de femmeset de jeunes enfants, des nuées d’enfants. Les rares hommes quiontréussiàéchapperàlapolicedesfrontièressecachent,oualorsilssontauxchampsousurunchantier,employésà150eurosparmois par des « cousins » mahorais qui gagnent dix fois plusqu’eux,entranspirantdixfoismoins,surtoutlorsqu’ilsontréussiàsefaireembaucherparuneadministration:ellesnesontouver­tesquequatrejoursparsemaine,uniquementenmatinée,etl’ab­sentéisme y est phénoménal.

La délinquance juvénile est en hausse, mais les mineurssans papiers n’en sont pas seuls responsables

« Le travail au noir, c’est le plus gros problème de Mayotte, celuidont découlent tous les autres. Si mes compatriotes cessaient d’em­ployer des clandestins, nos écoles ne seraient pas aussi bondées, il yaurait moins de chômage, les impôts rentreraient mieux, et nos pro­pres enfants auraient peut­être une chance de trouver un emploinormalement rémunéré à la fin de leurs études. Nous sommes lespremiers responsables du désastre qui nous menace, mais nos élusn’en parlent jamais. Pour eux, c’est toujours et uniquement la fautede l’Etat français », se désole un jeune entrepreneur du centredel’île,dontnoustaironslenompourluiépargnerdesrepré­sailles ou le boycott de ses commerces.

Partout ailleurs, en effet, le discours est tout autre. Plus oumoins agressif et xénophobe selon l’âge de nos interlocuteurs,mais en gros, tout est toujours de la faute des clandestins et del’Etat français qui ne leur fait pas assez la chasse (25 000 expul­sions par an, la moitié du total de la métropole : difficile de fairemieux). Quant à la délinquance – en hausse flagrante, même sion reste très loin de ce qui se passe en Seine­Saint­Denis ou enGuyane–,elleestsystématiquementattribuée,elleaussi,auxmi­neursnésdeparentscomoriensouafricains.Alorsquec’estfaux.Nous avons rencontré les trois magistrates qui s’occupent à

Pire que des favelas, mais en terre française

Mamoudzou et son lagon vus depuis le bidonville de Kaweni. Nous yavons croisé deux Mahorais qui venaient pour y recruter un mécanicienclandestin... tout en se plaignant beaucoup d’être eux-mêmes au chômage !

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Ces Comoriennes nous ont raconté en riant qu’elles avaient toutesété expulsées « bien sûr... plusieurs fois ! ». Parfois en emmenantleurs enfants, mais parfois aussi en les laissant seuls derrière elles.

Abdallah, 17 ans, et son ami Anyel, 19 ans, sont tous deux nésà Mayotte et ne l’ont jamais quittée. Mais ils vivent pourtantdans la peur de l’expulsion, sans aucune certitude d’obtenir des papiers.

En matinée, les pluspetits sont souvent

seuls avec leurs mèresdans les bangas. La

baraque du haut, sanseau ni électricité, abritetrois familles qui paientchacune 20 € de loyer

mensuel au propriétairemahorais du terrain.

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Mayotte de la délinquance juvénile, elles sont formelles : « C’est50/50. Il y a très peu d’agressions, surtout des cambriolages et quelquesviols. Mais leurs auteurs sont autant mahorais qu’anjouanais. »

Anjouan, à 70 kilomètres de Mayotte, l’une des plus grandesvilles de l’archipel des Comores : c’est de là que vient l’essentieldes clandestins qui submergent cette île minuscule, parce que leniveaudevieyesthuitfoissupérieurauleur,etparcequelesCo­moriens continuent à considérer que Mayotte fait partie de leurterritoire, au nom du droit public international qui interdit deporter atteinte à l’intégrité des frontières coloniales. Un point devuequisedéfendd’ailleursfortbien(notammentàl’ONU,quinecesse de condamner la France à ce sujet), mais que les Mahoraisrefusent d’entendre, tout à leur joie d’être devenus en mars 2011le 101e département français, notre seule Région monodéparte­mentale, et la seule aussi à être musulmane.

Mais l’exotisme d’une telle situation n’excuse pas tout. Et no­tammentpascequenousavonsconstatésurlaconditiondesmi­neurs, comme l’a fait aussi le défenseur des droits, DominiqueBaudis, qui s’apprête à publier un rapport sur ce sujet. Ce quenous avons vu, ce sont des enfants, souvent nés et scolarisés àMayotte, donc ayant vocation à devenir un jour français, maisd’unepauvretérévoltante,privésdetout:desoins,d’eaupotable,de nourriture, d’école, et parfois aussi de parents qui, expulsés,

ont préféré les lais­ser sur place, à la« garde » d’une filleaînée ou d’une va­gue voisine.

Abdallah, 17 ans,est dans ce cas. Néà Mayotte d’unemère comorienne,il vit seul depuisqu’elle a été expul­s é e , a l o r s q u ’ i la v a i t à p e i n e

10 ans. De cette époque, il a gardé un extrait de naissance,un carnet de santé et un certificat de scolarité : largement dequoi obtenir la nationalité française à sa majorité… s’il vivaiten métropole. Mais ici, à 8 000 kilomètres de Paris, nos loissont fréquemment « aménagées » : pour être naturalisé, unmineur doit ainsi être scolarisé au moment de sa demandeet accompagné de ses deux parents. Deux contraintes in­franchissables pour les 9/10e d’entre eux, condamnés à vi­vre dans la peur jusqu’au glas de leurs 18 ans, qui sonnera

Un islam “ouvert et tolérant”... pour l’instant

L’école coranique de Combani,l’une des plus réputées de l’île, tenue par un« fundi » (maître) polygame, mais qui necherche pas à endoctriner les enfants.Il leur enseigne surtout le respect des anciens,ainsi que des règles d’hygiène.

L’islam a longtempsété un facteurd’apaisement socialà Mayotte, musulmaneà 98 %. Mais certainsmaires s’inquiètentde l’arrivée récented’imams « passés parle Soudan, l’Angleterreet le Pakistan ».

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Envoyezvos dons

Pr. Pierre Ronco

Nelson Monfort

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pour eux l’heure de l’expulsion vers un pays dont ils neparlent pas la langue, et où ils ne connaissent personne.

Mouhamadi, l’éducateur qui vient vérifier de temps àautre qu’Abdallah n’est pas en train de mourir de faim ou demaladie (sans pouvoir lui apporter ni vivres ni médica­ments), n’a pas beaucoup d’espoir en ce qui le concerne. Car,outre le fait qu’il n’a aucun parent pour l’accompagner à lapréfecture, l’adolescent a quitté l’école dès la fin de son CM2,deux mois après le départ de sa mère, parce qu’une bonneâme (mal informée ou mal intentionnée) lui avait affirméqu’il ne pourrait pas entrer en 6e s’il n’avait pas de quois’acheter des cahiers. Aujourd’hui âgé de plus de 16 ans, Ab­dallah ne peut plus s’inscrire dans un établissement scolaireni bénéficier d’une formation professionnelle. La seule aidequ’il reçoit lui vient de l’association Auteuil­océan Indien(une émanation de la fondation d’Auteuil) qui le conseille etle soutient dans ses démarches administratives en témoi­gnant de sa droiture et de sa volonté de s’intégrer. Le restedu temps, il le passe à fuir sa « gardienne » qui lui hurle des­sus pour qu’il rapporte à manger : autrement dit, pour qu’ilvole ou se prostitue. Abdallah s’y refuse. A la place, il men­die devant les supermarchés, cueille des bananes et desfruits à pain dans la forêt, donne un coup de main aux pê­cheurs et chasse le hérisson. En désespérant d’obtenir unjour une carte d’identité française. D’une voix sourde et

lasse, qui ne cherche aucunement à émouvoir, il explique :« Ça fait très mal de se voir comme ça. Je veux avoir mes papiers.Pour être un homme debout. »

Des mineurs comme lui, totalement isolés, la préfecture ena récemment recensé 2 922 à Mayotte, mais en concédantque leur effectif « est plus vraisemblablement compris entre4 000 et 8 000 ». Un chiffre qui ne tient évidemment pascompte des quelque 35 000 autres enfants de clandestinsayant encore un ou deux parents, mais qui ne sont guèremieux lotis. Nous en avons eu confirmation en discutantavec un groupe de Comoriennes rencontrées sur les hau­teurs boueuses de Mamoudzou en train de piler des tiges decitrouille, leur seule nourriture de la journée. Aucunen’avait plus de 40 ans, certaines avaient déjà huit enfants,

L’île est très belle, mais sans avenir pour sa jeunesse

Le foot et la baignade sont les seuls loisirs des jeunes. Mais lesinfrastructures sportives sont souvent fermées ou dégradées, victimes desgrèves à répétition des agents communaux en charge de leur entretien.

Tous les collèges s’efforcent deproposer des formations à leurs

(nombreux) élèves qui n’ontaucune chance d’obtenir un bac.

Comme ici, à Tsingoni, où lesenseignants ont réussi à planter

un potager en pleine brousse.

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et la plupart d’entre elles rudoyaient volontiers tous ceuxqui passaient à leur portée. Il n’y avait pourtant là que despetits très jeunes,anormalementcalmes.Pasunseuld’entreeux ne souriait. Beaucoup semblaient malades, parfois defaçon flagrante, dont un garçonnet à la peau marbrée de galeet un nourrisson qui souffrait d’une otite suffisammentgrave pour que ses oreilles coulent. Sa mère avait bien es­sayé de le montrer à l’un des rares médecins de l’île, maissans y parvenir : trop de tracas administratifs, trop d’hosti­lité de la part de l’hôtesse d’accueil mahoraise, et pas d’ar­gent pour régler les 10 euros du forfait dont les « moins de6 ans » sont pourtant théoriquement dispensés. Si son bébémeurt, qui s’en souciera ?

« Les priorités sont si nombreuses à Mayotte que je n’arrive mêmepasàdéterminerlaquelleest lapremière»,reconnaîtThaniMoha­medSoilihi, l’undesdeuxsénateursdel’îleetleseuldesesélusà ne pas déchaîner les critiques dès que l’on prononce sonnom. Cofondateur en 2005 d’une association remarquable,Tama (« Espoir », en shimaoré, le principal dialecte d’une îleoù la majorité des 250 000 habitants ne parlent qu’un fran­çais approximatif), il est également le seul à défier l’opinion deses électeurs en osant déclarer : « Nous ne réglerons pas le pro­

blème de l’immigration clandestine tant que nous n’aurons pas com­pris que nous en sommes responsables : les Mahorais doivent absolu­mentcesserd’hébergeretd’employerdesclandestins.Etenattendant,ils doivent accepter aussi de s’occuper de tous les enfants. »

L’argent existe, mais il est mal géré, et le personnelqualifié manque cruellement

Comment ? En commençant déjà par ne pas détourner l’argentqui devrait leur revenir. Qu’il s’agisse des collations servies pen­dant les récréations (26 euros par an et par enfant scolarisé, dû­mentversésparlaCaissedesallocationsfamiliales,maissouventaffectésàd’autresdépensesparlesmaires)oudel’entretienetdela construction des écoles, si bondées ou dangereuses que plusd’unquartdeleursélèvesnepeuventlesfréquenterqueparrou­lement, soit le matin, soit l’après­midi. « L’argent existe, confirmeSylvie Espécier, sous­préfète à la Jeunesse et à la Cohésion so­ciale,maisladifficultéconsisteàsavoircequ’onenafaitetàvérifierqu’ila été correctement utilisé. »

Pourl’aidesociale,entoutcas,c’estclair.LeSénatetlachambredes comptes ont fait le tri. Conclusion : le conseil général (vérita­ble gouvernement de l’île, qui en perçoit tous les impôts et sub­ventions)neluiconsacreque3%desesressources…contreune

Il faudra au moins dix ans pour rejoindre le droit commun

R E P O R T A G E

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Il faudra au moins dix ans pour rejoindre le droit commun

“Depuis que j’ai choisi

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fourchette de 55 à 60 % dans les quatre autres DOM ! Au détri­ment, bien sûr, de tous les enfants de l’île, Mahorais compris.Tout le reste ou presque passe dans la masse salariale :3 000 embauches, trop peu qualifiées pour la complexité de latâcheàaccomplir(80%d’agentsclassésencatégorieC,cequiex­plique sûrement pourquoi le CG vient de laisser filer une sub­ventioneuropéennede10millionsd’euros,fauted’avoirenvoyéàtempslesbonsdocuments),ousicomplaisantesqu’ellesende­viennentabsurdes :unjeunesportifquivoulaitprotestercontreune grève de près d’un an des agents de nettoyage de son gym­nase(commequoi,onestquandmêmebienenFrance)nousaaf­firméêtretombésurunehôtessed’accueilduconseilgénéralquine parlait et ne comprenait que le malgache, mais ni le françaisni le shimaoré.

De l’argent et des postes gaspillés, alors qu’il reste tant à fairepour«aiderMayotteàrejoindreprogressivementledroitcommun»,se­lonlevœudeSylvieEspécier ;unetâchequidevraitprendre«aumoins dix ans »d’aprèstousceuxquenousavonsinterrogés.Maisd’ici là, le plus urgent semble bien de commencer par rétablir ledroitdesenfants ;parcequ’ilssontl’avenirdel’île,maisaussi,plusprosaïquement,pouréviterqueleurdétressenelafasseexploser.

■ VÉRONIQUE GROUSSET

Située entre l’Afrique et Madagascar,Mayotte ne peut que faire figure d’eldorado

aux yeux de nombreux Africains etComoriens. Mais la France a déployéd’importants moyens de lutte contre

l’immigration clandestine, et ils commencentà porter leurs fruits.

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Depuis quelques années fleurissent sur nosécrans des adaptations modernisées et spec-taculaires de contes pour enfants, comme letrès réussi « Monde fantastique d’Oz », quivient de sortir en salles. Une tendance esthé-tique, mais aussi commerciale et sociétale.PAR ARNAUD BORDAS

A u début des années 30,avant de se rabattresur Blanche­Neige et lessept nains, Walt Disneyavait pensé réaliserson premier long­mé­trage d’animation enadaptant le livre pour

enfants de L. Frank Baum, Le Magiciend’Oz. Quelques années plus tard, le triom­phe du film réalisé par Victor Fleming etinterprété par Judy Garland inscrira l’uni­vers d’Oz dans le patrimoine imaginaireaméricain. Un univers qui revient en 2013dans le giron de Disney avec la sortie duMonde fantastique d’Oz, le nouveau block­buster familial produit par le studio aux

L’heure des contes a sonnéDI

SNEY

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L’heure des contes a sonnéOutre Oz, vient de sortir Hansel & Gretel.Witch Hunters, transposition crispante duconte de Grimm dans un univers de wes­tern gore et rigolard où les deux bambins,devenus adultes, tout de cuir vêtus et ar­mésjusqu’auxdents, traquentlessorcièrespour leur faire la peau. En attendant, à lafindumois,Jacklechasseurdegéants,adaptédu conte anglo­saxon Jack et le Haricot ma­gique par Bryan Singer.

Une volonté de raconterdes histoires universelles

On comprend les raisons commercialesde cet engouement renouvelé pour ceshistoires qui ont fait leurs preuves par lepassé. Mais pour Sam Raimi, le réalisa­

grandes oreilles. Un grand et beau specta­cle qui narre ce qui s’est passé avant l’his­toire relatée dans le film de Fleming.L’homme qui se cache derrière ce projets’appelle Joe Roth. C’est par lui que la ten­dance, sinon la mode des adaptations mo­dernisées de contes célèbres, a revu le jour.Producteur du burtonien Alice au pays desmerveilles (1 milliard de dollars de recettesen2010), ilaensuite lancéleprojetdeBlan­che­Neige et le chasseur, relecture tourmen­tée du conte de Grimm ayant lui aussi ins­piré Disney jadis. Au même moment,apparaissait sur les grands écrans un autreBlanche­Neige, avec Julia Roberts dans lerôle de la méchante reine. Et en cette find’hiver, les propositions se multiplient.

teur du Monde fantastique d’Oz, cela n’ex­plique pas tout : « C’est en effet la nouvelletendance du moment. Mais il y a toujours euune volonté de raconter des histoires universel­les, que ce soit à travers les contes de fées, lesmythes et même, ces dix dernières années, lesfilms de superhéros. Ce sont des histoires qui di­sent à l’homme qui il est, ce qu’il aspire à deve­nir et ce qu’il doit faire pour être un meilleurêtre humain. » Bruno Bettelheim avait déjàmontré, dans Psychanalyse des contes de fées,l’importancestructurantedeceshistoires,leur manière d’aider les enfants à grandiren les confrontant de façon symboliqueaux épreuves et aux angoisses de la vie quiles attendent. Il y a donc un lien très fortentre ces histoires et le public. Et les stu­

Le magicien Oscar Diggs (JamesFranco), guidé par la belle Theodora

(Mila Kunis), découvre la citéd’Emeraude, la capitale du pays d’Oz.

Une imagerie grandiose etflamboyante qui enchante le public

puisque le film « Le Mondefantastique d’Oz » vient de casser la

baraque au box-office américain.

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Des fées et une poignée de méchants pour co nsoler le mondedios de cinéma, toujours à l’affût d’une

franchise identifiable, en sont parfaite­ment conscients. Fabrice Colin, roman­cier pour enfants et pour adultes trèsporté sur le monde de l’imaginaire, a signéla postface du Cycle d’Oz, superbe rééditiondes classiques de L. Frank Baum *. Luiaussi s’explique cette nouvelle vagued’adaptations à la fois par des motifs terreà terre et des raisons plus souterraines : « Ilexiste en effet une raison commerciale assezbéotienne : tout le monde connaît ces histoires etellessont libresdedroit.Laquestiondeleuruni­versalité est plus complexe. Pour paraphraserBettelheim, disons que les contes aident les gensàvivreetàseconstruireencequ’ilsbrassentdesmythes et des concepts intemporels (l’abandon,la quête, l’amour plus fort que la mort, etc.). »

Toutefois, la plupart de ces adaptations,sombres et violentes, sont plutôt destinées

à un public d’adolescents ou de jeunesadultes. Même si son film reste un specta­cle familial, Sam Raimi a justement fait sespremières armes dans le film d’horreur– la saga des Evil Dead. En bon praticien, iljustifie les passages les plus effrayants deson film, dans lesquels interviennent dessorcières, par des nécessités dramaturgi­ques : « Pour que le drame survienne, je doisconfronter lehérosauméchant.Etdanslegenredu conte de fées, la sorcière est évidemment unméchant particulièrement délectable. Tout re­pose sur la notion de contraste. Dans Oz, pourque le public arrive à s’enthousiasmer pour larédemption du magicien, j’ai besoin d’un élé­ment plus sombre et plus effrayant au sein dufilm.»Plusanalytique,FabriceColinpenseque nos contemporains se retrouventdans ces histoires pour des raisons socié­tales et philosophiques : « Nombre de ces

contes dépeignent des mondes fantasmagori­ques et cruels dont la noirceur fait écho au ré­cent engouement des jeunes pour un imaginairetourmenté. Il est probable que nous vivions unecrisespirituellemajeure.Lemondesemblepleinde menaces ; l’Occidental pétrifié et en manquede repères est heureux de savoir que ça pourraitêtre pire et qu’il existe une voie. »

La plupart de ces contessont originaires du Vieux Continent

Les vertus consolatrices et cathartiques deces très vieilles histoires ne semblent doncpas près de s’épuiser. Et le cinéma n’a pasfinidelesexploiterpuisquedéjàseprofilentà l’horizon d’autres projets, parmi lesquelsdeux autres productions Disney adaptéesde deux grands dessins animés du studio :Maléfique, qui prétend raconter à nouveaul’histoire de La Belle au bois dormant, mais

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Des fées et une poignée de méchants pour co nsoler le mondecette fois­ci du point de vue de la sorcière–campéeparuneAngelinaJoliequisembleêtre née pour le rôle –, et Cendrillon, qui de­vraitêtreréaliséparl’AnglaisKennethBra­nagh, avec Cate Blanchett en vilaine belle­mère. Même en Europe, on s’y met. Ouplutôt on s’y remet puisque la plupart deces histoires sont originaires du VieuxContinent. Blancanieves, sorti en débutd’année et grand triomphateur de la der­nièrecérémoniedesGoyasducinémaespa­gnol, transposaitBlanche­Neigedansl’Espa­gne des années 20, tandis que le FrançaisChristophe Gans (Le Pacte des loups) s’ap­prête à tourner une nouvelle version de LaBelle et la Bête, avec Vincent Cassel et LéaSeydoux dans les rôles­titres. Plus que ja­mais ces temps­ci, le conte est bon.

■ ARNAUD BORDAS* Le Cherche Midi, vol 1, 402 p., 18 €.

L’acteur Nicholas Hoult(à gauche) incarnele héros-titre de « Jackle chasseur de géants ».Le très mauvaisdémarrage du film auxEtats-Unis augure d’unéchec retentissant.Mia Wasikowska était, en2010, l’évanescente Alicede Tim Burton (ci-contre).Le plus gros succèsde toute la carrièredu cinéaste.DI

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Les plus grandes starsse bousculent pourinterpréter lespersonnages populariséspar les grands dessinsanimés Disney de l’âged’or : après Julia Roberts(à gauche) et CharlizeTheron (au centre), quiont campé la méchantereine dans les deuxversions de « Blanche-Neige » sorties l’andernier, nousdécouvrirons l’anprochain Angelina Jolie(à droite) en Maléfique,la sorcière de « La Belleau bois dormant ».

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En 1864, s’exhiber sur les plagesn’est plus une faute de goût, et Boudinsaisira sur le vif ces élégantes bourgeoisesdevisant sous leurs ombrelles.AR

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BoudinQue la lumière soit !En quittant son atelier pour travailler en pleine nature,Eugène Boudin révolutionna la peinture au XIXe siècleet annonça l’impressionnisme. A vérifier dans unesplendide exposition au musée Jacquemart-André.Visite en avant-première. PAR PAULIN CÉSARI

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RID Peinte en 1884,

la cathédrale d’Abbevillesemble traversée parune lumière qui se faitpierre. En contrebas,piétons et maisonsstagnent dans une clartéapaisante et sereine.

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Des fermes, des marais,les ruines du châteaude Lassay : tel estDeauville avant 1860.Le développement duchemin de fer, l’appa­rition de longues pla­ges de sable dues à la

création d’une jetée à Trouville, ainsi que lamode des « colonies balnéaires » inspirant leduc de Morny, vont changer la donne. En­tre 1860 et 1864, casino, résidences, hippo­dromes,établissementsdebainssortentdelaboue. Deauville est lancé. La richesse et unecertaine noblesse du second Empire s’y pré­cipitent afin de s’admirer. Ces opulences etélégances, ladies et dandys, satins et ombrel­les,sontpourlepeintreEugèneBoudin,alorsâgé de 36 ans, des sujets en or. Ce Normandquasiautodidacteetavidedepleinaircroqueavecvirtuositéetsansétatsd’âmecettebour­geoisie dorée s’exhibant sous les embruns :«Lespaysansontleurpeintre,c’estbien,maisentrenous, ces bourgeois qui se promènent sur la jetéevers lecoucherdusoleiln’ont­ilsaucundroitd’êtrefixéssurlatoile,d’êtreamenésàlalumière ?Entrenous, ils se reposent souvent d’un dur labeur, cesgens qui sortent de leur bureau et de leur cabinet.S’il y a parmi eux quelques parasites, n’y a­t­il pasdesgensquiontremplileurtâche ?»Ainsinaqui­rent ces aréopages d’élégantes ruisselantesde lumière, saisies sur le vif sous des cieuxanimés – Plage aux environs de Deauville,

Concert au casino, Scène de plage –, qu’onpourra bientôt toutes admirer au muséeJacquemart­André.

Ces scènes de genre feront plus tard saréputation, mais à la fin des années 1850, lanotoriété d’Eugène Boudin est toute relative.Hors de sa Normandie natale, sinon l’estimede quelques artistes en vue (Troyon, Isabey)qui l’ont encouragé et soutenu, il n’a guère deréputation. Certes, il a exposé à Paris auConcertMusarden1857,venduquelquestoi­les aux enchères au Havre, ainsi qu’à de raresamateurs éclairés, tel Alexandre Dumas fils.De même, une de ses œuvres (Le Pardon deSainte­Anne­la­Palud) figure­t­elle au Salon de1859.Mais lesuccèsn’estpasaurendez­vous.Ilfautdirequesamanièrenovatricenecorres­pondenrienaugoûtdel’époque,parfaitement

résuméparlejeuneMoneten1858–avantdedevenirsonplusfidèledisciple,ilfutl’undesesplus féroces détracteurs : « Pour mes yeux habi­tués aux marines de Gudin, aux colorations arbi­traires,auxnotesfausses,auxarrangementsfantai­sistes (…), les petites compositions si sincères deBoudin uniquement dessinées et peintes d’après na­ture n’avaient rien d’artistique… Aussi, sa peinturem’inspirait­elle une aversion effroyable. »

L’idée de génie : sortir de chez luipour peindre sur le motif

Seul Baudelaire, avec son instinct prophéti­que, sait alors discerner la profonde origina­lité du peintre. Dans son Salon de 1859, il faitun éloge enfiévré des ciels aux pastels qu’il apuadmirerdansl’atelierdel’artiste,lesquali­fiant de « magies liquides ou aériennes ».

La route de Boudin vers la consécrationfut donc longue et sinueuse. Ce n’est qu’à22 ans que ce fils de marin décide de seconsacrercorpsetâmeàlapeinture.Forméàl’écolededessinmunicipalduHavre,ilsé­journe trois ans à Paris, où il fait le copisteau Louvre. Apprentissage difficile et suc­cinct. Et même si les écoles du Nord duXVIIe le séduisent, il sait que son inspira­tion ne viendra pas de la tradition et qu’ildoittrouversavoiepropre.Enplantantsonchevalet en pleine nature afin de saisir surlevif« les simples beautés de la nature »,paysa­ges, fleuves et ports du Pas­de­Calais ou deNormandie (La Plage de Berck, Deauville),EugèneBoudinsaitqu’ilatrouvésonGraal.Ce geste apparemment anecdotique est unbouleversement, presque une révolution.Enpeignantl’intégralitédel’œuvreenexté­rieur, il rompt avec un dogme : le primat del’atelier. Selon celui­ci, les « impressions et

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Prendre la lumière où et quand elle vient

Féerie vénitienne. Le quai des Esclavons,la Douane et la Salute semblent de bien maigresobstacles à l’imminente fusion de la nue et des flots.

Quelques pêcheurs et leurs barques se sont posés sur la plage de Berck. La lumière de cette côte d’Opale, sibien nommée, vient fondre ces silhouettes fragiles provisoirement jetées entre terre et ciel.

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sensations sur nature » ne peuvent êtrequ’une matière première pour le peintre etjamais une œuvre achevée. Cette dernièrene peut exister qu’après recomposition,transposition, organisation au sein de l’ate­lier. Le « sur nature » intégral brise et in­verse cette subordination. Boudin délivrel’œil et la main de la domination de l’espritpour les subordonner au règne sans par­tage de la perception pure du motif : « Troiscoups de pinceau sur nature valent mieux quedeux jours de travail au chevalet. »

C’estpourquoiilnefautpasselaisserpiégerparlessujetsdupeintrenormandetce,quelsquesoientlecharmedesNaviresdansleportdeHonfleur, la vivacité de ces Pêcheuses sur laplage de Berck et la féerie de Venise. Le Quai desEsclavons le soir, la grâce des élégantes duConcert au casino de Deauville, l’hypnotiqueembrasement des cieux tourmentés sur­plombant sa Scène de plage sont superbes ;l’intérêt de ces œuvres n’en est pas moinsailleurs. Il est même précisément à l’opposé,comme l’artiste l’énoncera très clairement :« On éprouve une certaine honte à peindre laparesse désœuvrée, heureusement que le Créateura répandu un peu partout sa splendide et réchauf­

fante lumière, et que c’est moins le monde que l’en­veloppequenousreproduisons.»Autrementdit,au­delàdelabanaledichotomieentremoraleetesthétique,cequel’artisteconsacreiciavecune simplicité bonhomme, ce sont les appa­rencestellesqu’ellessontperçues,sanssouciaucun d’une vérité ou d’un sens ; et, au­delàdesapparences,leurconditiondepossibilité:

la lumière.Boudin« peintre des ciels »,commedisaitCorot ?Certes,maissurtoutpeintredelalumière,delalumièrenaturelle,desesinfi­niesvariations,desacomplexitéchangeante,mouvante et colorée liant et noyant tout à lafoisleschosesetlesêtresdansuncontinuumvibratoire sans cesse renouvelé. Bref, la ma­trice de ce qui deviendra, grâce au radica­lismedeMonet,l’impressionnisme.L’auteurdes Nymphéas le reconnut d’ailleurs un jour :« Je dois tout à Eugène Boudin. »

■ PAULIN CÉSARI« Eugène Boudin », musée Jacquemart-André, Paris VIIIe, du22 mars au 22 juillet.

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Corot, son aîné, l’appelait le “peintre des ciels”

Cette scènede plage illustremerveilleusementle commentaireque Baudelairefit en 1859des pastelsde l’artiste :« Ces firmamentsde satin (...) noirsou violets (...)ces horizons endeuil ouruisselants demétal fondu. »

Boudin fut aussi un peintre des travauxet des jours, croquant le quotidien des petites gens,

telles ces lavandières sous un ciel d’orage.

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Découvrirle roi des nuages

Un numéro exceptionnel duFigaro Hors-Série prolonge lamagie de l’exposition du

musée Jacquemart-André et invite àdécouvrir le « peintre des plages »dans toute la complexité de sa palette.Portfolio des plus beaux tableauxcommentés par la correspondance del’artiste et par des critiques d’art deson temps, récit de sa vie, portrait dumilieu artistique où se croisentCourbet, Baudelaire et Manet,décryptage de son œuvre entreclassicisme et impressionnisme : ceHors-Série magistralement illustrévient ponctuer l’exposition comme le

ferait uncatalogue,passant enrevue nonseulementses travauxnormands,mais aussides aspectsmoinsconnus telsque soninventionpure et

simple de la série picturale quitrouvera l’écho que l’on sait chezMonet, ou bien encore, dans unchapitre intitulé « De port en port »,l’inspiration qu’il trouva hors de nosfrontières, en Belgique où les cieuxcouleurs de hareng du port d’Anversle bouleversèrent. Affranchi descoteries, comme le montre le chapitre« Boudin pas mondain », l’artiste sesentait à Paris « comme un exilé »,mais ne négligeait pourtant jamais detrinquer avec ses amis, Monet, Corot,Isabey ou Viardot, le traducteur deTourgueniev. Celui qui appelait lesrivages ses « champs de bataille »,voulait poursuivre les nuages,« chercher la fraîcheur de ton »,« condenser la nature », trouve dansce Hors-Série inédit le plus belhommage qui soit.« Eugène Boudin », Le Figaro Hors-Série,114 pages, en kiosque le 21 mars, 8,90 €.

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Les bibliophilesfont SalonAvec Artsquare, le Salon du livre de Parisdéploiera, à partir du 22 mars, un vaste espaceconsacré au livre d’exception : lettres, manus-crits, ouvrages précieux, livres d’artistes etreliures d’art. Mais en quoi consiste exacte-ment cette passion française méconnue ?PAR ÉLISABETH BARILLÉ

Il existe encore aujourd’hui un mar­ché où la France occupe le premierrang mondial : la bibliophilie. Prési­dente du Syndicat de la librairie an­cienneetmoderne, leSlam,lalibraireAnne Lamort évalue à 20 000 lenombredebibliophiles,cequiplacelaFrance, terre de naissance du salon

littéraire,entêtedesnationspourlepourcen­tage de bibliophiles par habitant. « La biblio­philienefaitpasdebruit,etdonconlaconnaîtmal,oubienseulementparclichés.Commeceluiquifaitdubibliophileunobsédédesbellesreliures.Unlivrerare, c’est beaucoup plus qu’une reliure pleinepeau,c’estununiversensoi.»LaFrancecompteenviron250librairiesanciennes.Unecharteexigeante régit la profession, chaque librairedoit ainsi s’engager à décrire avec précisionchaque ouvrage, en indiquant clairement leséventuels défauts, à établir des prix sérieuxen conformité avec la valeur des ouvrages.Autre engagement : préserver les pièces his­toriques. En clair, ne pas casser des exem­plairesintactsetcompletsdelivresoudema­nuscrits. Une pratique hélas courante chezcertains vendeurs peu scrupuleux.

Qu’on se le dise : dans le marché complexedu livre, la notion d’ancienneté n’est pas uncritère de valeur : « Chaque livre est un cas àpart, il y a des éditions précieuses et d’autres sansintérêt.PourMadameBovary,c’est l’éditionori­ginalede1857qu’il fautavoir,àl’exclusiondetou­

tes lesautres.PourVoyageauboutdelanuit, ilfaudra l’édition originale de 1932 sur grand pa­pier. Si l’édition dite des “fermiers généraux” desContesdeLaFontaineestsirecherchée,c’estpourla beauté de ses gravures », explique Anne La­mort.Autreaxedecollection:leséditionsdi­tes de provenances, avec leurs reliures por­tant les armes, les chiffres, les devises ou lessymboles de leur propriétaire. Les livres auxarmes royales seraient les plus recherchéscomme témoins de la splendeur passée del’Ancien Régime. L’ouvrage de référence ence domaine reste le Manuel de l’amateur de re­liuresarmoriéesfrançaises,d’Olivier,HermaletRoton : 10 000 fers héraldiques répertoriéssur 30 volumes !

Livres rares et beaux ouvragescherchent femmes passionnées

Devenirbibliophilenesedécrètepasdujourau lendemain. Pour être capable de juger decequifaitlararetéd’unlivre,ilestpréférablede maîtriser un certain nombre de connais­sances concernant l’histoire, la littérature, lareliure, l’imprimerie et la gravure. Si l’oncomprendaisémentquelabibliophilieexigeunecertainematuritéetpasmaldetempsli­bre, on s’explique mal en revanche qu’elleintéresse si peu les femmes : sur 1 000 col­lectionneurs répertoriés sur son fichier,Mme la présidente du Slam ne compte quetrois collectionneuses ! La bibliophilie ré­

sistetantbienquemalàlatyrannieinternet.Un secteur y a laissé sa peau : la librairied’érudition, véritablement « massacrée »,pour reprendre le terme du libraire BenoîtFourgeot,parlamiseenligned’archiveshis­toriques. En matière de vente, plus questionde confidentialité, mais un système de com­paraison des prix brutal, qui profite rare­mentauprofane.Achetermoinschersurin­ternet, c’est souvent acheter moins bien. Lalibrairie demeure donc un point de passageobligé. « On peut venir plusieurs fois consulterl’objetdesondésir,lecompareràunautre,étudiermûrement les notices détaillées des catalogues,alors que sur internet, toutes les approximationssont permises », rappelle Anne Lamort.

La bibliophilie vous tente ? N’hésitezpas : il est encore possible de se constituerune collection originale à partir d’une cen­taine d’euros par ouvrage. Ultime conseil :

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BenoîtFourgeot,le passeurde livresL e recueil des pièces du procès de

Robert-François Damiens, qui tentad’assassiner Louis XV, aux armes

de sa favorite, la Pompadour ; l’uniquefascicule des Annales franco-allemandespublié par Karl Marx à Paris en 1844 ; unelettre-confession de Gauguin ; celle où unFlaubert de 20 ans confesse son désird’écrire… Si la librairie de Benoît Fourgeot,rue de l’Odéon, tient du cabinet d’amateurpour son décor, son fonds évoque plutôt

un inventaire à la Prévert : « Ma spécialitéest de ne pas en avoir ! », affirme ce natifde Bayonne devenu parisien par amourdu livre d’exception. « Je rêvais d’être soitmarchand de tableaux, soit journaliste,eh bien je n’ai pas trahi mes idéauxde jeunesse : je vends des ouvrages d’art,dans l’acceptation la plus large du terme,et certains d’entre eux m’entraînent dansde véritables enquêtes journalistiques ! »Formé chez Clavreuil, la célèbre librairiehistorique, puis chez Quentin, à Genève,Benoît Fourgeot traque les documentsautographes et ce qu’il appelle les « livrestémoins » : « Un livre ne m’intéresse paspour sa valeur vénale à proprement parler,je recherche l’exemplaire qui témoigned’un événement unique, d’ordre historique,littéraire ou intime. Je suis donc trèssélectif, avec toujours dans un coin de matête cette phrase de Flaubert : “Les perlescomposent le collier, mais c’est le fil qui lefait.” » Propos qu’il appuie en sortant untome des Mémoires d’outre-tombeappartenant à Chateaubriand lui-même !

Les archives d’écrivains commenouveau terrain de chasse

Son terrain de chasse ? Les collectionsprivées : « Ce sont des matières vivantes,qui évoluent avec les centres d’intérêt deleurs propriétaires. Le sel du métier estquand vous parvenez à établir une relationde confiance avec le collectionneur,sachant que la place du vendeur varie :tantôt c’est la vôtre, tantôt c’est lasienne. » Un interdit, toutefois : devenircollectionneur soi-même. « On n’est pas unbon marchand si l’on garde le meilleur poursoi. Ce qui me plaît, c’est d’être unpasseur. » Depuis quelques années, sesconnaissances d’expert s’exercent dans undomaine relativement peu connu du grandpublic : l’évaluation et la négociation desarchives d’écrivains. Il s’est ainsi occupédes archives de Guy Debord, acquises parla BNF, et des archives de Michel Foucault,classées trésor national. Pas d’exportationen vue, donc, pour le philosophe décédéen 1984. Le fichier de Benoît Fourgeotcompte pourtant quelques institutionsaméricaines. Aucun état d’âme à voir partirdes trésors nationaux ? « Non, pas quandil s’agit des bibliothèques américaines, cartout y est là-bas merveilleusementconservé et montré. Les livres, aussiprécieux soient-ils, doivent rester ce qu’ilssont : des ambassadeurs. » ■ É. B.

Benoît Fourgeot,bayonnais de souche, tient,au cœur du Quartier latin,un temple dédié à tous leslivres rares.

soyez amoureux, ne soyez pas spécula­teur. La charte du Slam recommanded’ailleurs à ses adhérents de ne pas mettreen avant l’argument spéculatif pour leursventes. La bibliophilie est un placementatypique, dont l’évolution reste extrême­ment lente et parfois désordonnée. Unevaleur­refuge, sans doute, sur le longterme, mais avant toute chose, une pas­sion. La plus intelligente peut­être.

■ ÉLISABETH BARILLÉC’est un espace de 600 mètres carrés qui accueillera, au sein duSalon du livre, les exposants d’Artsquare, du 22 au 25 mars, Portede Versailles. Parmi eux, au cœur de ce « Salon dans le Salon » inté-gralement dédié à la bibliophilie, des libraires, des relieurs, maisaussi le musée des Lettres et Manuscrits, qui présentera 20 ouvra-ges couvrant six siècles d’art du livre, des premiers incunables auxrécents livres d’artistes (Les Fables de La Fontaine par Oudry, L’En-cyclopédie de Diderot et d’Alembert, L’Après-Midi d’un faune deMallarmé, illustré par Manet, etc.).

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Gérard Arnold,le collectionne ur de merveillesPour s’offrir les merveilles qui lui

faisaient battre le cœur,Gérard Arnold aurait pu se

nourrir de pommes de terre à l’eau.Seulement voilà : quand on est richeseulement de sa jeunesse, l’orfèvreriedu XVIIIe n’est pas précisément unecollection accessible. L’éruditbellifontain doit se retrouver unenouvelle passion. Sa fièvrebibliophilique débute de manière assezpiquante : en tirant d’une poubelleremplie de livres à ras bord les deuxvolumes de l’édition originale de CésarBirotteau de Balzac ! C’est décidé, ilsera chasseur d’éditions originales,avec envois si possible. « Le mondedu livre étant trop vaste, chaquebibliophile délimite son propreterritoire, pour moi ce furent lespetites écoles littéraires qui ont fleurientre 1870 et 1920. Il y a quaranteans, cela n’intéressait personne, j’aiElle vit au quotidien entre la presse à per­

fusion et la cisaille comme l’aventurierentre l’oasis et la tente. Ses ailleurs tien­nent dans l’espace des manuscrits, des­

sins et livres auxquels elle offre des parures decuir, de papiers rares ou de verre, prouesses detechnique, d’inventivité, et de fantaisie. Véroni­que Sala­Vidal n’en manque pas. Avoir eu20 ans à l’époque du Palace ne s’oublie pas si fa­cilement. A part le goût de la lecture, cultivé enfamille, rien ne destinait cette petite brune éner­gique à la solitude enchantée du relieur. Etudesà l’Ecole nationale des arts décoratifs, puis àl’Ecolepiloteinternationaled’artetderecherchede la Villa Arson, à Nice. Une passion pour lesimages et les nouvelles techniques la lance surles rails de l’infographie. Une autre voie s’ouvreà elle quand le relieur d’art Daniel Mercher, amid’Aragon,quiluiconfiaitsesgrandspapiersàre­lier, l’initie à cet univers qui allie le visible et l’in­visible. Véronique comprend qu’elle sera re­lieuse,danslesrègles,certes,maisenn’enfaisantqu’à sa tête. En 1996, après une formation àl’école Estienne ainsi qu’auprès de grands re­lieurs comme Jean de Gonet et Sün Evrard, elle

Véronique Sala-Vidal,l’art de la reliure

estlauréateduConcoursnationaldesmétiersenbibliothèques avec une réalisation en box, veauverni et caoutchouc de synthèse destinée àl’œuvre Les Ziaux de Raymond Queneau. Tou­jours pour le père de Zazie, cette fois pour la bi­bliothèqueduHavre,elleimaginedesplatsbico­lores en verre acrylique habillés en buffleturquoiseetveauvertfluo.En2002,ellecompteparmi les sept relieurs sélectionnés pour l’expo­sition « La Reliure contemporaine » de l’Ucad.Auxreliuresclassiques,aussirigidesquelescor­setsvictoriens,sontravailopposeunerechercheobstinée du mouvement. Qu’elles soient poséesou debout, ouvertes ou fermées, ses reliures ap­pellent autant l’œil que la main. Des reliures vi­vantespourdeslivresquidoiventlerester,expli­que­t­elle. Des pièces uniques, évidemment, del’imposant habillage du Pater de Mucha, orné desymboles maçonniques, à l’exquis coffret enser­rant des carnets de Moebius. Les délais de fabri­cationsecomptentenplusieursmois.S’adresserà Véronique Sala­Vidal, c’est exercer une vertudevenue rare : la patience. ■ É. B.Véronique Sala-Vidal exposera ses œuvres sur un stand d’Artsquare.Vous pouvez aussi la contacter au 01.82.00.69.08.

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De formation classique,Véronique Sala-Vidal manieaussi bien le chagrinque le verre acrylique oule caoutchouc de synthèse.

Ils dénichent et soignent les ouvrages rares ou insolites ER

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L’envoi qui piqueou flatte est devenul’une des spécialitésde ce passionné,devenu bibliophilepar le plus grand deshasards.

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donc pu dénicher des raretés. » Cequi l’attire avant tout, ce sont lesenvois, ces hommages, piques ouflatteries, qui rendent un livrevéritablement unique. C’est laflagornerie des frères Goncourt àl’endroit de l’auteur de La Mare audiable sur un exemplaire desHommes de lettres (1860) :« A George Sand. Ses très humblesJ. et Ed. de Goncourt. » C’estl’ironie dont Jean Cau, auteur duTestament de Staline (1956),douche celui dont il fut lesecrétaire : « A Sartre, ratvisqueux, vipère lubrique,fossoyeur et voyou sans plate-forme politique. Son ami JosephStaline. » Qui lit aujourd’hui lepoète Jehan Rictus ? L’amid’Apollinaire fut pourtant unelégende du Montmartre bohèmecroqué par Steinlen. Que dirait

l’auteur des Soliloques du pauvre(1897) s’il apprenait que l’essentielde ses « grands papiers » fait lajoie d’un industriel à la retraite ?Quand une merveille longtempsconvoitée croise sa route, GérardArnold ne regarde pas à ladépense, mais trouver des pépitespour seulement quelques dizainesd’euros reste toujours possible. « Ilfaut être à l’affût et avoir un réseaubien à soi. » Son grand plaisir ?Acquérir un livre qui n’est jamaissorti en vente. Jamais d’achats surinternet donc : « J’auraisl’impression de ramasser lesmiettes… » Dernier conseil àl’intention du bibliophile en herbe :acheter à contre-courant de lamode, trouver un domaine encorepeu exploré. Et croire à sa chance.En bibliophilie, le miracle esttoujours possible ! ■ É. B.

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Du petit au grandécran, l’acteur affiche,avec la mêmeconstance, charmeet désinvolture. Il seraen avril au cinémaavec son nouveau film :« I Give It a Year ».

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Le mentalistse met au parfumElu comme l’un des hommes les plussexy de la planète, Simon Baker,l’acteur du feuilleton préféré desFrançais, a été choisi pour être l’am-bassadeur d’une nouvelle fragrancebaptisée Gentlemen Only. L’occasiond’aller le rencontrer à Los Angeles.PAR GUILLAUME CROUZET

Six heures du matin, unsamedi de novembre auxstudios Universal. Le filmpublicitaire du nouveaup a r f u m m a s c u l i n d eGivenchy se tourne ici endeux jours, avec l’acteurSimon Baker, vedette de

la série Mentalist. Dans le décor reconsti­tué d’une rue de New York, grues, camé­r a s , c a m i o n ­ c i t e r n e s o n t à p i e dd ’ œ u v r e : u n e é q u i p e d e p l u s d e100 personnes procède à des essais depluie. L’élément est important. C’est àcause de ce déluge préfabriqué que, toutà l’heure, devant la caméra du réalisa­teur Peter Lindbergh, Simon va pouvoirfaire preuve de son esprit aussi romanti­que que chevaleresque, offrant son pa­rapluie dans la rue à une belle inconnuesurprise par l’averse. Malgré l’horairematinal, en attendant de rejoindre le

plateau et de jouer les sauveurs pour lesbesoins de ce scénario, le bel acteur aus­tralien est déjà dans sa loge, prêt à rece­voir le journaliste français venu l’inter­viewer. Il n’a pas encore enfi lé lecostume sombre qui lui a été confec­tionné sur mesure pour le tournage (entrois exemplaires, s’il vous plaît !), et re­çoit « comme à la maison », en jean, che­mise à carreaux et petit blouson de toileblanche. C’est certain, il ne fait pas ses43 ans. Et même avec ses lunettes de vuesur le bout du nez, vous avez bien plusl’impression d’avoir en face de vous unétudiant australien en vacances qu’unpère de famille nombreuse. Ce qu’il estpourtant avec ses trois enfants. Sonsecret de jouvence ? Sans doute unebonne base génétique, mais aussi le faitd’avoir connu le succès sur le tard. Mal­gré quelques apparitions remarquées aucinéma (dans L. A. Confidential ou Le

diable s’habille en Prada), c’est en effet il ya quelques années seulement que le petitécran a fait de lui une star internatio­nale, quand il a commencé à incarnerPatrick Jane, dans la série policièreMentalist. Aussi charmeur que manipu­lateur, son personnage triomphe dans lemonde entier, et notamment en Franceoù, avec près de 10 millions de téléspec­tateurs, son feuilleton a été la fiction laplus suivie en 2012 à la télévision. Pourautant, cette réussite ne lui est pas mon­tée à la tête. Cet ancien champion de surfavoue même avoir été surpris « qu’unemaison française aussi aristocratique queGivenchy puisse penser à (lui) pour être l’am­bassadeur de son nouveau parfum ».Modestie feinte ou réelle ? Puisqu’il vaêtre l’incarnation d’une fragranceintitulée Gentlemen Only, c’était en toutcas le bon prétexte pour l’interviewersur le sujet… G. C.VE

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Le Figaro Magazine – Se comporter en gentleman, celasignifie quoi selon vous ? N’est-ce pas un terme démodé ?Simon Baker – Pas du tout. C’est une notion qui dé­passe les modes et les époques. Essayer de se compor­ter en gentleman, c’est un projet inspirant dans l’exis­tence. Mes parents m’ont élevé dans ce sens, enm’inculquant quelques fondamentaux tels que lacourtoisie, le respect des autres et, bien sûr, la déter­mination.Un proverbe anglais du XIXe siècle dit : « Un gentleman,c’est quelqu’un qui peut jouer de la cornemuse mais ne lefait pas. »Une bonne définition… et toujours valable. Ungentleman n’est pas un « frimeur », c’est au contrairequelqu’un qui fait preuve de retenue, quels quesoient ses talents, il ne les met pas en avant, il ne cher­che pas à capter l’attention.Adolescent en Australie, vous pratiquiez assidûment lewater-polo et le surf. Le sport est-il une bonne école pourdevenir un honnête homme ?Cela a le mérite de vous discipliner, mais je dois direque pour moi le surf, c’est avant tout de la récréation,bien plus que de l’éducation. On n’a besoin que d’uneplanche et l’on fait corps avec la nature. Où que j’aille,je surfe si j’en ai la possibilité. En France, je garde unbon souvenir de mes sorties à Hossegor, il n’y a pas silongtemps. Pour le reste, je compare plutôt la pratiquedu surf à celle de mon métier d’acteur. Dans les deuxcas, c’est une bonne décharge d’adrénaline, et l’obliga­tion de rester le plus souple et le plus naturel possiblesi l’on veut bien prendre la vague ou délivrer son texte.Votre père, Barry, était mécanicien, votre beau-père, Tom,était boucher. Etaient-ils pour autant des gentlemen ?Ajoutez à cela qu’ils sont tous deux australiens, etc’est certain qu’il y a un siècle et demi ils auraient eudu mal à être qualifiés ainsi (Il rit). Ce qu’il y a de bien,

Simon Baker

“Un acteur doitrester soupleet naturel...tel un surfeur”Australien de naissance, immigré de-puis de longues années aux Etats-Unis,etgrandamoureuxdelaFrance,ce comédien est un peu le cousingermain de notre Jean Dujardinnational :chaleureuxetauthentique.

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c’est que cette notion de gentleman a puissammentévolué depuis la reine Victoria. Cela fait un long mo­ment déjà que ce n’est plus une question de positionsociale ou de titre, c’est une façon d’approcher lemonde. Il ne s’agit pas de noblesse de sang, mais desentiments. Une manière de se conduire dans la viede tous les jours.C’est ce que vous inculquez à vos deux fils, Claude et Harry ?C’est peut­être un peu vieux jeu, mais oui, j’essaye deleur apprendre à respecter les autres. D’être à la foispolis et diplomates, ce qui ne veut pas dire obsé­quieux. Enfin je leur rappelle que la discrétion, quiest un vrai trait du gentleman à mes yeux, leur donneaussi une formidable indépendance vis­à­vis duregard d’autrui. Bref, je m’efforce simplement d’enfaire des types bien, et je me rappelle toujours de ceque m’a dit ma femme : « Je suis contente d’avoir eu deuxgarçons, parce que ce monde manque encore cruellementd’hommes de bonne volonté. »Diriez-vous que le personnage que vous incarnez dansMentalist, Patrick Jane, est un chic type ?Oh non ! Il est beaucoup trop bavard et égoïste. Maiscela n’a aucune importance, car j’adore jouer des rô­les de salaud. Dans mon prochain film au cinéma,I Give it a Year (sortie en France en avril, ndlr), le person­nage que j’incarne n’est pas non plus un ange, ce quiétait tout à fait jubilatoire…Quelestl’acteurquisymboliselemieuxàvosyeuxlegentleman ?Du côté anglo­saxon, le prototype, selon moi, c’est évi­demment Cary Grant. Rugueux et chic à la fois. Ducôté français, je pencherais pour Jean­Paul Belmondo,un acteur qui dégage à l’écran une incroyable solidité.Et Errol Flynn, cet acteur né en Tasmanie tout commevous ?Lui, c’est à la fois le gentleman et le diable… commetous les hommes natifs de Tasmanie !Quel est votre côté diabolique alors ? Quand perdez-vousvotre sang-froid ?Nous sommes tous humains et j’avoue que je suisparfois réactif de façon disproportionnée avec mesenfants, lorsqu’ils abusent de ma patience. Que vou­lez­vous, être parent c’est un challenge permanent.Vous avez maintenant 43 ans. Diriez-vous qu’en avançanten âge l’on devient plus gentleman ?Je dirais seulement que cela est alors plus facile de seconformer à l’idée que l’on s’en fait. Prenez déjà celacomme une bonne nouvelle…

■ PROPOS RECUEILLIS PAR GUILLAUME CROUZET

Une rue de New York reconstituée en plateau à Los Angeles,une équipe de 100 personnes et un directeur de la photo(Darius Khondji, au premier plan avec la casquette), qui a mis enlumière « Amour », de Michael Haneke et le dernier Woody Allen :Givenchy a sorti le grand jeu pour Simon Baker.Réinterprétation d’un parfum culte (ci-dessous) créé en 1975par Hubert de Givenchy, ce nouvel opus est un boisé profond, empreintde cèdre et de vétiver, le tout rafraîchi d’un zeste de mandarine.

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Une chambre spartiatedans une crique de rêve ?

Rendez-vous à la Tonnara diScopello, qui a conservé sonâme d’ancienne pêcherie au

thon. Elle a servi de décor auxfilms « Largo Winch » et

« Ocean’s Twelve ».

Envoûtante SicileEntre Palerme et Trapani se concentrent toutes les splendeursde l’île, magnifiées par une lumière intense : criques émeraude,nature intacte, temples sublimes et villes bien vivantes.PAR MAUD VIDAL-NAQUET (TEXTE) ET LAURENT FABRE (PHOTOS) POUR LE FIGARO MAGAZINE

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Filant dans la campagne, on se laisse happer

par le paysage...Quand le soleil est au zénith,les salines de Trapani déclinentun camaïeu de couleurs, les îlesEgades en toile de fond.

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C’est un petit coin de para­dis au nord­ouest de laSicile.Unhameauminus­cule aux portes de laréserve naturelle du Zin­garo. Rassemblé autourdesonbaglio,safermefor­tifiée, Scopello concentre

tous les charmes de la région, une pointe desagesse en plus. A la fin des années 1970, laconstruction d’une route devait détruire cebout de côte enchantée. Pour protéger cinqpetites criques aux eaux turquoise, une rarevariété de palmier nain et une poignée desentiers, la première réserve naturelle deSicile fut créée. Depuis, le village se déve­loppe à son rythme. Cela fait près d’un de­mi­sièclequeVitoytientl’uniqueépicerie.Ila aménagé des chambres dans sa belle pro­priété, suspendu des hamacs entre les oli­viersetoffredansdegrandspaniersenosierles fruits parfumés de son jardin… Encontrebas, l’ancienne tonnara, lapêcheriedethon, de Scopello occupe une crique mer­veilleuse,gardéepardemajestueuxrochersplantés dans l’eau translucide. Jusqu’en1984, elle vivait quatre mois par an aurythme de la pêche traditionnelle au thon.Chapelle,dortoirsdespêcheurs,petitpalais,garages à bateau… : « Tout le défi pour moi, entant qu’architecte, est de conserver l’esprit de celieu classé monument historique », expliqueLeonardo Foderà, qui est aussi l’adminis­trateur de l’endroit, ouvert désormais à lalocation. Le confort y est spartiate, on y loueses draps pour la nuit, et seule la brise ma­rine tient lieu d’air conditionné, mais labeauté du lieu reste époustouflante.

Des citrons qui brillentcomme autant de soleils

Palerme ne se trouve qu’à une heure deScopello. Chaotique, labyrinthique… laville déroute au premier abord. D’unrevers de la main, Jean­Paul Barreaud,guide conférencier gourmand et passion­nant, balaie nos premières impressions etdonne les clés pour la comprendre.Comme ce plan en croix chrétienne quiorganise le centre historique. Le premieraxe, qui suit la course du soleil, remonteaux Phéniciens. Le second fut taillé aucordeau par les Espagnols au temps de latoute­puissancedeCharlesQuint.Ilsdivi­sent le vieux centre en quatre quartierségaux, véritables médinas qui remontentà la domination arabe. C’est donc à piedqu’il faut visiter la ville. Sans crier gare, on

passe d’une rue sombre à un palais majes­tueux. D’un amoncellement de poubelles àunegrandeplaceoùsedresseuneégliseba­roque à l’exubérante façade ou un restau­rant branché façon movida. Les sens sontassaillis sur les marchés, véritables souksmillénaires. Le ventre de Palerme est lemarché Ballarò, le plus grand et le mieuxapprovisionné.Montagnesdecalamarslui­sants, petits poissons argentés encore fré­tillants et thons fraîchement tranchés, dontles nuances de rouge évoquent un Carpac­

cio, le peintre autant que le mets. « Tonno lo­calissimo » (thon hautement local), annonceun petit panneau planté dans le vif de lachair, invitation à savourer in situ le pois­son cru, arrosé de quelques gouttes decitron. Plus loin, entre les fruits et légumesgénéreux, on s’attend à voir surgir unvisage à la Arcimboldo : des cerises pul­peuses,desauberginesgonflées,descitronsqui brillent comme autant de soleils. Par­tout, dans ce temple vivant dédié à la streetfood, le passant est invité à goûter : dupanelle, petit beignet de pois chiches, auxarancini, boulettes de riz farcies.

Au­delà de Palerme, la petite Cefalù,véritable bijou balnéaire et médiéval, est àne pas manquer. D’un côté, elle se blottitcontre le rocher, de l’autre, ses maisonsanciennes se dressent sur le sable et lamer. Elle doit sa superbe cathédrale enpierres blondes aux Normands. Essuyantune terrible tempête alors qu’il croisait aularge, le roi Roger II promit à la Vierge delui dresser une église s’il en sortait vivant.

D’une rue sombre à un palais majestueux

L’organisation d’uneétape de la Coupe

de l’America a réveilléTrapani, capitale régionale

qui s’élance vers la mer.

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A la tombée du jour, quand le soleil doreles façades, c’est un véritable plaisir de flâ­nersurlemôleetd’embrasserduregardlaville couronnée par l’imposante Rocca.

RetouràScopello.Filantdanslacampagne,on se laisse happer par le paysage : les blésblonds qui ondulent sous le vent, la ramureargentée des oliviers et les sillons verdoyantsdes vignes. Le temple de Ségeste surgit danscetécrindenature:unmonumentauxlignesdoriques merveilleusement conservées, uni­quevestige,avecsonthéâtrevoisin,d’unecité

antique disparue. Plus au nord, Erice estaujourd’hui l’une des plus belles villes sici­liennes. Elle offre un panorama étourdissantsur toute la région. A nos pieds, les salinestendent leur miroir d’eau au ciel, tandis queTrapani, la capitale de la province, s’avancecomme une faucille dans la mer.

L’organisationd’uneétapedelaCoupedel’America lui a donné un coup de fouet.Autrefois décrépit, le vieux centre de Tra­pani s’est métamorphosé. Eglises et palaisont fait peau neuve, l’éclairage a été tra­

vaillé : désormais, le corso Vittorio Ema­nuele, l’épine dorsale de la vieille ville,accueille la passeggiata du soir avec ses barsà vin huppés. La cité est aussi la porte d’en­trée des îles Egades. Sur un coup de tête, onsaute dans un aliscafi, bateau rapide quirejoint en vingt minutes Favignana, l’îleprincipale, et son petit port rempli de bar­ques multicolores. Au fond de la baie sedresse fièrement l’ex­Stabilimento Florio,laplusgrande tonnaradeMéditerranée,en­tièrement restaurée en espace culturel. Ondéambule, stupéfait, dans les hangarsgéants dessinés par l’architecte GiuseppeDamiani Almeyda, qui a façonné laPalerme moderne. Pour se baigner, il fautenfourcherunvélo.Qu’il soit tandem,élec­trique ou pour enfant, il s’en loue à chaquecoinderue.Aprèsquelquestoursderoues,nous voilà plongeant dans l’eau turquoisede la Cala Rossa, spectaculaire criquetaillée dans une ancienne carrière de tufblanc. Jusqu’au bout, la Sicile occidentaleest un enchantement. ■ MAUD VIDAL-NAQUET

Vito distribueà ses hôtes les fruits

gorgés de soleilde son jardin.

Le temple de Ségestedans son écrin de naturetoute méditerranéenne.

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SICILE ~ LE CARNET de VOYAGE

AVANT DE PARTIROffice national italien detourisme (www.enit.it ;www.italia.it). Et une mine surla Sicile dévoilée par Jean-PaulBarreaud, guide conférencier(www.sicile.net).

Y ALLERVol direct Paris-Palerme avecTransavia (www.transavia.com)deux ou trois fois par semaine,à partir de 125 €.

ORGANISERSON SÉJOURAvec Terres de Charme(01.55.42.74.10 ;www.terresdecharme.com),un tour-opérateurspécialiste de la Sicile.Il propose un circuit « Palaisde Palerme, temples etmerveilles de l’Ouest » de9 jours, incluant 8 nuits dansles meilleures chambres de larégion, le vol et la locationd’une voiture.A partir de 1 862 € surla base de 2 personnes.

OÙ DORMIR ?A Scopello : Chez Vito(00.39.333.86.31.364),dans une propriété à lasortie du hameau. De petiteschambres et de grandsappartements dispersésdans un jardin enchanté.Simple et charmant,idéal avec des enfants.50 à 80 € pour deux.

La Tonnara di Scopello(00.39.339.30.71.970 ;www.tonnaradiscopello.com).Dans une crique de rêve,une quinzained’appartements patinés parle temps. A part la salle debains, confort spartiate etservices absents. Uneadresse atypique réservéeaux contemplatifs peuexigeants. A partir de 130 €.A Palerme : BB22, PalazzoPantelleria, Largo Cavalieridi Malta 22(00.39.091.61.11.610 :www.bb22.it). CeBed & Breakfast jouit d’unesituation en or pour plongerdans le charme du vieuxPalerme, à la fois chaotique,baroque et désormaistrendy. Style chic etcontemporain.A partir de 110 € pour deux.A Cefalù : Villa Palamara 1868(00.39.921.92.33.21 ;www.villapalamara1868.it).Le calme absolu entourecet ancien monastère quisurplombe la mer. Jardin plantéd’oliviers et de citronniers.Piscine. A partir de 100 € ladouble.

OÙ MANGER ?A Palerme, via Alloro aun°22, l’osteria Rosso Divino,photo ci-contre(00.39.091.61.70.863) pourson bon rapport qualité-prix,et au N°26, le PalazzoSambuca,(00.39.091.50.76.794), poursa cuisine d’une rare finesseet son décor contemporain.

COUP DE CŒURDe la villa épurée au palaisluxueux, Think Sicily(www.thinksicily.com/fr)propose à la location un grandchoix d’adresses haut degamme, remarquables par leursituation et les services offerts.A louer en couple ou en tribu.Une excellente manière pours’immerger en Sicile.

LA MEILLEURE PÉRIODELe printemps pour la natureresplendissante et lestempératures clémentes.La réserve naturelledu Zingaro est couvertede fleurs en avril et mai.

BÉMOLOn évitera le mois d’août oùles villages, même les pluscharmants, sont saturés demonde.

À LIRELes polars d’Andrea Camilleri,comme La Concession dutéléphone, Livre de Poche.Le guide fraîchement misà jour La Sicile, collectionEvasion, Hachette(mars 2013).

À RAPPORTERDu thon en boîte ou séchécomme du jambon, que l’ontrouvera par exemple à la petiteépicerie de Vito, à Scopello.A noter aussi, chaque matinsur la place du village, uncouple d’agriculteurs vendsa production, dont unesavoureuse huile olive.

M. V.-N.

Palerme

ScopelloCefalù

TrapaniIle

Favignana

10 km

Réservenaturelle

de Zingaro

Cala Rossa

Sicile

S I C I L E

Mer Méditerranée

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SALON DU TOURISME 2013Les grandes tendances

La 38eédition du Salon mondial du tou-risme se tiendra du 21 au 24 mars,Porte de Versailles à Paris dans le

hall4duParcdesexpositions.Commechaqueannée, le Salon explorera les grandes tendan-ces du voyage et des vacances avec plus de500 destinations représentées. La Nouvelle-Zélande, l’Inde, le Vietnam ou encore la Coréedu Sud font partie des grands favoris. A noterégalement l’intérêt pour les îles de Méditerra-née, l’archipel ionien et Rhodes, notamment,quifontleurentréedanslepavillongrec.Aprèslepavillonœnotourisme,déjàprésent l’ander-nier, l’espaceTourismeethandicapouencorele pavillon France, cette édition verra le déve-loppement de nouveaux espaces thémati-

ques. En vue des commé-morations du centièmeanniversairedelaPremièreGuerre mondiale, l’espaceTourisme de mémoire réu-niraainsilesdestinationsetsites de mémoire françaisqui connaissent un succèscroissant avec plus de6 millions de visiteurs en2010. Parmi les exposants,les régions et départe-mentsquiontété lethéâtredes grandes batailles de la« der des ders ». Une ani-mation spécifique consa-créeà laGrandeGuerreestau programme : elle offriraune immersion inédite

dans les champs de bataille tels qu’ils se pré-sentaient il y a bientôt un siècle.Autregrandetendance,levoyageitinérant,quisera décliné sous tous les angles sur l’espacedédiébaptiséLesRouesdel’aventure.Delavi-site d’une ville en gyropode à la traversée desEtats-Unis en Harley-Davidson, tout ce quiroule est toujours un bon prétexte pours’échapper ! Des agences de voyages et destour-opérateurs présenteront leurs meilleursitinéraires. Parmi eux, Thellier Voyages, spé-cialiste du voyage en camping-car dans lemonde entier, ou Arizona V-Twin Dreams, quiorganise des voyages à moto à travers lesEtats-Unis. GUILLAUME DE DIEULEVEULT

Le Salon mondial du tourisme (www.salonmondial-dutourisme.com). Ouvert de 10 h à 19 h. Tarif : 10 € parpersonne, gratuit pour les moins de 12 ans.

LAUR

ENT

FABR

E

Palerme a héritésa belle cathédraledes Normands.

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Ilfutuntempsoùilsétaientsurnom­més les «pâteux» ou les « mange­farine » : des sobriquets de bou­langequireléguaientlespâtissiersàl’anonymat des arrière­cuisines. NiGaston Lenôtre ni PhilippeConticini n’avaient encore moder­nisé la profession en revisitant des

classiques que l’on croyait confits dans la tra­ditionpourdesgénérations.C’étaitbienavantquePierreHerméaitl’audaced’acoquinerdessaveursinsolites–sonispahanàlarose,fram­boisesetlitchisestdevenuunclassique–,qu’ilait l’idée visionnaire de styliser ses créations.

Cannes, Paris, Cherbourg...

Les pâtissierssurréalistesJeunes, doués, imaginatifs, ils incarnent lerenouveau de la pâtisserie. Portraits detrois talents audacieux qui ont accepté decréer, pour « Le Figaro Magazine », undessert inédit.PAR LAURENCE HALOCHE (TEXTE) ET RÉMY CORTIN (PHOTOS)

En 1993, il lançait avec le designer culinaireYan Pennor’s l’artistique « cerise sur le gâ­teau » : une part géante de dacquoise graduéecomme une règle d’écolier. Chaque évolutiona ses excès. Ces quinze dernières années ontvu quelques vantards du cul­de­poule jouerles petits coqs en se glorifiant d’une pâtisseriede l’épate, monogrammée, compliquée etbourrée d’artifices. Une dérive qui ne doit enrienmasquerl’émergencedejeunestalentsca­pables d’intégrer les diktats des diététicienstout en dosant bon goût, créativité et sensibi­lité. Maîtrise de la technique, équilibre dessaveurs(sucré,salé,amer,acide),éveild’une

Jérôme de OliveiraLe fraisier fleurit en verrine

Pasdu genre à ramenersa fraise, et pour-tant . . . Jérôme de

Oliveira peut s’enorgueillird’avoir été, à 23 ans, le plusjeune champion du monde depâtisserie. De quoi rabattre lecaquet des médisants quivoyaient dans sa vocationprécoce la voie de garage d’un

cancre.Aprèscinqanspassésau Plaza Athénée, le jeuneh o m m e s ’ e s t i n s t a l l é àCannes*. Dans la vitrine d’In-tuitions by J s’exposentclassiques habilement revisi-tés et créations. Architecture,joaillerie, mode... Tout l’ins-pire.«Sic’estesthétique,bon,équilibré, il n’y a pas de limites

à l’imagination ! » L’envie deconvoquer l’été lui a donnél’idée de réinterpréter le frai-sier dans une verrine. Biscuitsàlacuillèreàlamenthe,crèmelégèreà lavanille,petitscubesà l’aloe vera, perles de sucrerouge... Ça fleure bon le soleil.* 22, rue Bivouac-Napoléon, 06400Cannes (04.63.36.05.07).

PAGES COORDONNÉES PAR MAURICE BEAUDOIN

T E N D A N C E

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Lardet haricotsrouges àla rescousse

émotion, fraîcheur et légèreté sont lesmaîtresmotsdecesartisans.Formésauxnou­velles techniques, ouverts aux cultures culi­naires étrangères, ils ont judicieusement inté­gré des ingrédients originaux comme leharicotrouge,lethématcha,leyuzuoulecom­bawa.DanslaboutiquedeChristopheAdam,L’EclairdeGénie,leclassiqueparfumchocolatest « dopé » par la présence de Peta Zeta : unsucrepétillantquiraviveunegourmandisedelycéen. L’enseigne de Jonathan Blot, AcideMacaron, abrite les expériences d’un farfeludegéniefierdefairedégusterdu«chocolard»– une ganache infusée avec du lard – à Chris­tophe Michalak, le chef pâtissier du PlazaAthénée toujours à l’affût de nouveautés. AStrasbourg, Thierry Mulhaupt propose cha­queweek­endune«tartefolle»quilaisselibrecours à son imagination. Mélanger chocolatdesCaraïbes,cèpesetgirollesn’apaseffrayésaclientèle. Il faut dire que les néo­pâtissiers sa­vent flairer l’air du temps n’hésitant pas,comme pour la mode, à créer des collectionssaisonnières ou thématiques dans le vent.Fondateurs de Hugo & Victor, Hugues Pou­get et Sylvain Blanc proposent ainsi des gâ­teauximaginésàpartirdepiècesiconiquesdela maison de couture Chloé. Longtemps ani­mée par le désir de devenir styliste, ChristelleBrua conçoit, au Pré Catelan, des desserts dé­tonnantsàl’exempledesapommeverteensu­cre soufflé d’une élégance rare. Choc visuel etgustatif garanti comme pour pour la tarte aucitron liquide de Thierry Marx, adepte de lacuisine moléculaire. Mises en avant dans lesémissions télévisées, brillantes dans lesconcours (l’équipe française cornaquée par lebrillantQuentinBaillyaremportélaCoupedumondedepâtisserie2013),lesstarsdelapocheàdouillesontdevenuesdesartistesderenom.Dans les palaces – Yann Brys (Dalloyau), Jé­rôme Chaucesse (Hôtel de Crillon), ClaireHeitzler (Lasserre), Alexis Bouillet (FourSeasons)… – ou dans leur boutique – Jérômede Oliveira, à Cannes, et Jean­François Fou­cher, à Cherbourg –, ils nous régalent. Les« mange­farine » sont devenus des rois !

■ LAURENCE HALOCHE

Vainqueur en 2005 de laCoupe du monde de pâ-tisserie, Christophe Mi-

chalak a su imposer avec brio sasignature. Parce qu’elles doiventlui ressembler, être originales, lescréations du chef pâtissier duPlazaAthénée*nesuiventpasles

tendances, elles les devancent.Tout est possible tant qu’est res-pectée la règle des quatre « e » :élégance, équilibre, émotion, effi-cacité. « Avant de créer son style,il faut se concentrer sur la techni-queet,petitàpetit, ladépasser.Encuisine, Alain Passard a fait ce

chemin du complexe au plus sim-ple...C’estçaladémarcheetladif-ficulté ! » Pas d’esbroufe chez cePicardqui,aprèsunséjourauBré-sil, a imaginé des tongs au choco-lat, parfumées au citron ou à l’es-sencederose.Unefaçonbienàluide ne pas marcher sur les plates-bandes des autres.* 25, avenue Montaigne, 75008 Paris(01.53.67.66.65).

Le régal des tongs à la roseChristophe Michalak

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Jean-François FoucherLe déroutant gâteau seringue

A vant d’ouvrir sa boutique àCherbourg *, Jean-FrançoisFoucher a travaillé chez des

chefs étoilés en France, puis a ba-roudé aux Antilles, aux Etats-Unis,en Argentine et au Japon. C’est unesprit vagabond, libre, qui imaginedes pâtisseries modernes dont la

première originalité est d’étonner, àl’exemple du gâteau seringue baptisé« Accro ! » Biscuit à la noix de coco,crémeux au coquelicot de Nemours,citron vert frais prolongent l’attraitvisuel en plaisir gourmand. Oser estle leitmotiv de ce franc-tireur que lesclassiques de la pâtisserie ennuient.

« J’aime les bousculer, créer desnouveautés, réaliser une pâtisseriede marché (fruits de saison de sonverger, fleurs…) préparée en fonc-tion du moment où elle sera dégus-tée. Ce qui me plaît est de faire bon enracontant une histoire, en suscitantémotions et nouvelles sensations. »Piqûre de rappel garantie !* 12, rue au Fourdray, 50100 Cherbourg(02.33.94.82.35).

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Hors normes. Impossibled’être à Saint­Etienne sans dé­couvrir l’une des 49 expositionsprésentées dans le cadre de la8e Biennale internationale dudesign. Coup de cœur pourl’expo « C’est pas mon genre ! ».Surlethèmetrèssérieuxdurap­portqueledesignentretientaveclesfemmes,desartistesontsuje­terunregardsouventhumoristi­que,àl’exempledelacréatricedebijouxMariePendariès.Réaliséeà partir de 29 pièces en porce­

laine de Limoges, « La Dot » (àgauche) stigmatise « le rêve de prin­cesse » des jeunes mariées paréespour l’avenir.Unritueldepoids.Hors cadres. Un autre regard.Une approche différente. LeFestival de la jeune photogra­phie européenne, « Circula­tion(s) », révèle, dans le parc deBagatelle et à la Galerie CôtéSeine, à Paris, les productionsd’une nouvelle génération dephotographes. Fasciné par lescoulisses du Musée d’histoire

naturelle, l’Autrichien Klaus Pi­chler y a saisi des scènes insoli­tes.Del’oursbrunquiempruntel’ascenseur au requin qui rejoueLes Dents de la mer en sous­sol (à droite), ce bestiaire naturalisé at­tire l’œil. On regarde de près cesmonstres sacrés moins mena­çants que menacés.Hors du temps. Il adessiné l’iconiquec h a i s e W a s s i l y ,construit le siège pari­sien de l’Unesco, créé

l’hôtelLesLindars,avecsescélè­bresfenêtresàcaissons…MarcelBreuerétaitdotéd’undoubleta­lent d’architecte et de designerde mobilier. La très belle exposi­tion qui lui rend hommage à laCité de l’architecture et du patri­moine, à Paris, est l’occasion de

mieux comprendrepourquoi les créationsde ce visionnaire fontdésormais partie desmeubles.

LAURENCE HALOCHE

VOTRE WEEK-END

Belle amusée, bête au musée

DR KLAU

SPI

CHLE

R/CI

RCUL

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DR

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★★★★ EXCELLENT ★★★ TRÈS BIEN ★★ BIEN ★ MOYEN ✖ À ÉVITER

★★★★ LE MONDE FANTASTIQUE D’OZ

Magi-stralQuasiment soixante­quinze ans après Le Magicien d’Ozde Victor Fleming, le studio Walt Disney et le réalisa­teur Sam Raimi (la trilogie Spider­Man des an­nées 2000) nous replongent dans l’univers créé parl’écrivain Frank L. Baum. Mais pas pour un bête re­make puisque Le Monde fantastique d’Oz raconte ce quis’estpasséavantlefilmoriginal,ens’attachantauxbas­quesnonpasdelajeuneDorothycampéeàl’époqueparJudy Garland, mais à celles du mythique magicien. Unpetit forain menteur et coureur de jupons qui, en atter­

rissantdanslepaysmerveilleuxd’Oz,vaseretrouverconfrontéàtroissorcières,etdevenir,malgrélui, l’élud’un peuple. Après avoir marqué au fer rouge le filmd’horreur, le thriller et le film de super­héros, SamRaimi s’essaye donc au blockbuster familial sans sedépartir de cet expressionisme sensitif qui est le sienmaisenl’adaptantforcémentàunpublicpluslarge.Ilen résulte un spectacle féerique haut de gamme, à lafois émouvant et prenant, à travers lequel le cinéasteenprofitepours’identifieràcemagicienvenudusys­tème D et du bout de ficelle (on pense au premier EvilDead, film d’horreur à petit budget tourné entre co­pains) et qui finit par devenir l’artisan d’une super­production enchanteresse. ARNAUD BORDAS

Déjà en salles.

★★★ QUEENOF MONTREUILCendreset braisesCOMÉDIE DRAMATIQUE, de Solveig Anspach, avec Florence Loiret-Caille, DiddaJonsdottir, Ulfur Ægisson... Chez Solveig Anspach, les veuvessont des reines de banlieue, desPrincesses de Clèves plutôtbohèmes qui luttent héroïquementcontre la tentation del’enfermement, du renoncement.Lorsque Agathe revient àMontreuil avec les cendres deson mari, mort dans un accidenten Asie, rien ne se passe commeprévu. Les circonstanceset sa spontanéité l’ont pousséeà héberger une mère et son filsrencontrés à l’aéroport :

des Islandais aussi sympathiquesque foutraques. Leur façondécomplexée de réagir et d’agirn’est pas sans conséquence sur ledeuil de la jeune femme. Peu àpeu, la vie s’invite à nouveau dansson quotidien. Il y a les copainsplus ou moins intrusifs, le voisinqui ose enfin lui déclarer saflamme, les gens du quartierhabitués à se sortir de toutes lessituations... Ce n’est pas le moindretalent de la réalisatrice quede réussir à imposer la présenced’une otarie sans que cela sembletotalement hors de propos. Queenof Montreuil est un petit bijoutragi­comique atypique porté pardes personnages attachants, justeset souvent très drôles. Mentionspéciale à Florence Loiret­Caille :une nouvelle fois d’une fragilitélumineuse. LAURENCE HALOCHE

En salles le 20 mars.

FANTASTIQUE, de Sam Raimi, avec James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz.

SACHEZ-LESchneider/Dewaere :le cru 2013Bérénice Bejo et Joey Starr,lauréats 2012 du prix RomySchneider/Patrick Dewaere,ont cédé la place cette semaineà Céline Sallette et Raphaël

Personnaz,adoubéspar un jury dejournalistes dansles salons del’hôtel Park HyattParis-Vendôme.Sorte de

Goncourt du 7e art, ce prixa récompensé, depuis 1981, dejeunes talents à leurs débuts telsThierry Lhermitte, GuillaumeCanet, Mathilde Seigner ouMarie-Josée Croze. Il y a piresaînés dans la profession. V. L.

DRAME, de Derek Cianfrance, avec Ryan Gosling, Bradley Cooper et Eva Mendes.Schenectady (prononcez« sque », comme squelette),située au nord de l’Etat de NewYork, est l’ossature du troisièmelong-métrage de DerekCianfrance, enfant chéri ducinéma indépendant. Dans cettepetite ville qui vit naître MickeyRourke, inspira Kurt Vonnegut etabrita en son temps la GeneralElectric d’Edison, tout peutarriver, même trois histoires quise succèdent comme autant desaisons. Entre celle de Luke,cascadeur à moto, celle d’Avery,

★★ THE PLACE BEYOND THE PINESTrois en un

policier un peu raide et cellede leurs deux rejetons, RyanGosling, passé au peroxyde,Eva Mendes, sublime, et BradleyCooper, inoxydable, tissentsur deux décennies une saga surla famille, la douleur et la mortqui souvent prend aux tripeset parfois paraît longuette. Maisles interprètes sont excellents.Alors... VALÉRIE LEJEUNE

En salles le 20 mars.

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88 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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Anticléricalisme, que de cri­mes artistiques commis enton nom ! Cette Religieuse deDiderot, par exemple. Derrière

une ode à la liberté de pensée et de conscience trèsXVIIIe, se cachait un de ces féroces pamphlets contre la vie mo­nastique qui fleurissaient un peu avant la Révolution. Sous laplumeduphilosophe,plusinspiréquandilécrivaitJacques leFata­liste, on découvrait dans ce roman lourdement démonstratif desnonnes méchantes, sadiques, perverses, manipulatrices et sui­cidaires. Faisant le futur bonheur des dessinateurs de CharlieHebdo, on y croisait mêmeune mère supérieureadepte de plaisirs saphi­ques et totalement dé­mente.Autantdirequetirerun film digne de ce nomd’uneœuvreaussisimplistesemblait aussi impossiblequ’imaginer les chefsd’Aqmi saluant l’élection dunouveau pape en libérantleurs otages au Sahel.Il ne faut jamais désespérerde l’homme ni perdre foi en lui. Guillaume Nicloux n’a certes pasexactement été touché par la grâce et n’a pas réalisé là Des femmeset des dieux, mais il a su arrondir les coins caricaturaux del’œuvre de Diderot. Il fait du cinéma et non de l’idéologie. Le des­tin douloureux de sœur Suzanne l’intéresse moins pour ce qu’ilest supposé dire sur l’aliénation religieuse que par la beauté es­thétique qu’il dégage – un peu comme dans Au­delà des collines,de Cristian Mungiu, dont il se rapproche parfois. A cette jeunefille forcée par sa famille à prendre le voile et cherchant par tousles moyens à échapper à son sort, rien n’est épargné : brimades,punitions, humiliations, crachats, coups, tortures… Sur ce che­min de croix parsemé de quelques rares fleurs charitables, leréalisateur ne s’appesantit pas. Ni maniérisme ni voyeurisme.L’image (magnifiquement éclairée par Yves Cape) suffit. Surtoutquand y évolue la jeune Pauline Etienne. Avec Virginie Efira etCécile de France, elle forme la sainte trinité cinématographiquebelge du moment. Avec un voile sur la tête, en haillons ou nue,les cheveux longs ou courts, muette, pleurant ou hurlant, de­bout, agenouillée ou allongée, volontaire, désabusée ou éva­nouie, elle crève l’écran. La Révélation, c’est elle.Post-filmum : né il y a 300 ans, Diderot est l’objet de deux biographies ce printemps : l’une,remarquable, est l’œuvre de Gerhardt Stenger (Diderot. Le Combattant de la liberté, Perrin) ;l’autre est signée Jacques Attali…

Crise de foi

Jean-ChristopheBuisson

LA RELIGIEUSE, de GuillaumeNicloux (en salles le 20 mars).

SYLV

IELA

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NON/

LEPA

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★★★ CLOUD ATLASLa tête dans les nuagesDRAME, de Lana et AndyWachowski et Tom Tykwer,avec Tom Hanks et Halle Berry.

Avec un titre qui laisse songeur, lenouvel ovni cinématographiqued’Andy et Lana Wachowskisoulève de nombreuses questionsphilosophiques intenses. La vieest­elle cyclique ? Notre existencen’est­elle qu’un écho se répercutantad vitam dans le temps ? Adaptédu roman de David Mitchell, CloudAtlas est une sorte de film choral.

Pendant 2 h 45, six histoires sedéroulant à six époques différentesvont s’entremêler – la tramede l’une ayant des conséquencesdans les suivantes. Emportépar l’imaginaire onirique du duode réalisateurs dont le talentpour adapter à l’écran des idéescomplexes n’est plus à prouver,le spectateur navigue du milieudu XIXe siècle jusqu’à l’an 2321. S’ilest audacieux, Cloud Atlas apporteparfois des réponses facileset grossières aux ambitieusesquestions qu’il soulève. Des écartsqu’on pardonne, notammentgrâce au casting remarquable(Tom Hanks, Halle Berry, HugoWeaving, Ben Whishaw, SusanSarandon, Hugh Grant…) ethabilement exploité : chaqueacteur allant jusqu’à jouer six rôlesdifférents. Le résultat estaussi surprenant qu’exaltant.

VINCENT JOLLY

Déjà en salles.

SACHEZ-LEVoilà LePrintemps !Avis aux cinéphiles :les 17, 18 et 19 mars,c’est Le Printempsdu cinéma ! Toutesles salles de Francesoldent les séances à3,50 euros. L’occasionde s’offrir desaventures hippiques(Jappeloup) ouféeriques (Le Mondefantastique d’Oz),des drames oniriques(A la merveille) ouanachroniques (CloudAtlas), des comédiesromantiques (20 ansd’écart) ou mystiques(Au bout du conte),des bijoux artistiques(L’Artiste et sonmodèle) oubritanniques (TheSessions). Magique !

C. G.

★ SOUS LE FIGUIERL’amour en héritageDRAME, d’Anne-Marie Etienne, avec Anne Consigny, Gisèle Casadesus, Jonathan Zaccaï…

Un trio le cœur envrac. Chef étoilé,Nathalie a renduson tablier. Entreson mari infidèle etsa fille, Joëlle perdles pédales etChristophe, père

célibataire, vient de se faire licencier. Réunisdans une maison de vacances, ils ont décidéde mettre leurs soucis de côté pour chérir leuramie Selma, 95 ans, gravement malade. Jouraprès jour, de souvenir en confidence, la vieilledame va leur faire le plus précieux descadeaux : l’enseignement d’une vie. Traitée defaçon légère, cette réflexion sur l’acceptationde la mort, des turpitudes de l’existence, peineà convaincre. Le scénario sans surprise estconvenu. Interprétés par des comédiens dequalité, les personnages manquent d’étoffe.Un film gentillet, sans plus. Dommage. L. H.

En salles le 20 mars.

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PAGES COORDONNÉES PAR CLARA GÉLIOT 15 MARS 2013 - LE FIGARO MAGAZINE • 89

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ENVIESS O R T I E S

MUSIQUE

Tête-à-têteau clavierSi Philippe Bianconi se fait plutôt rare dans noscontrées en raison d’un agenda internationalfourni, la musique française – et Debussy en par­ticulier – a toujours accompagné ce pianiste déli­cat et profond. Son retour, l’année dernière, futmarqué par son enregistrement des Intégralesdes Préludes de Debussy (Harmonia Mundi, LaDolce Volta), où son respect des indications dutexte, associé à une imagination poétique de tousles instants, a bouleversé la lecture. Convaincu dela nécessité de faire vivre ce qu’il définit comme« la quintessence de l’art debussyste », le musicien­poète relève le défi en concert. Et il a les moyensde ses ambitions. OLIVIER OLGAN

★★ DEBUSSY, par Philippe Bianconi,Théâtre de l’Athénée, Paris IXe, le 18 mars.

BERN

ARD

MAR

TINE

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DANS L’aGENDADU FIG MAG

Rock the ballet, de RastaThomas, à l’Olympiadu 15 aux 17 mars, puis

en tournée en France.Grâce à lui, la danse attire lesfoules. A la tête de ses Bad boys ofDance, Rasta Thomas est devenula coqueluche des adolescents :il le sait, il en joue ! L’ambiancede ses spectacles est survoltée. Ony crie, on y hurle, on applaudit ceclassique revisité par des musiquesde Colplay, Queen ou QuesnayWest… Peu importe si l’ensembleest un peu trop facile, un peu tropconvenu. L’énergie et l’efficacitél’emportent. Excellent danseur,Rasta a gagnéla médaille d’orde Varda aprèsêtre passé par leJeune ballet deFrance. La dansela plus classique,il la connaît, et c’est en parfaiteconscience qu’il y mêle acrobatiesou hip­hop. Un spectacle que l’onaurait tort de bouder. F. D.

★★★★ EXCELLENT ★★★ TRÈS BIEN ★★ BIEN ★ MOYEN ✖ À ÉVITER

EN SCÈNECoup de ballet à la différenceOn cite avec un mélange de respect et d’admirationcertaines compagnies de théâtre. Ainsi, L’Oiseau­Mouche. Depuis trente­cinq ans, cette troupe pro­poseàses23comédiensprofessionnelsde joueravecet à partir de leur différence. Car ces 23 comédienssont tous mentalement handicapés. Si, à ses débutsen 1979, elle s’est concentrée sur le théâtre de gestes,elle s’est ensuite essayée au verbe, demandant cha­que année à un nouveau metteur en scène de créerpour elle un nouveau spectacle. Cette saison, le cho­régraphe Christian Rizzo a relevé le défi de cette ren­contre entre deux univers, le nôtre, et le leur. Pourcela, il est revenu aux sources de la compagnie, etpropose une pièce qui exalte cette gestuelle du quoti­dien qu’il a toujours affectionnée.De quoi tenir jusqu’à l’ombreest un ballet de gestes, et les sixcomédiens qui l’interprètentnous font oublier qu’ils n’ont ja­mais été danseurs. ChristianRizzo leur a demandé de décom­poser leurs mouvements à l’ex­trême pour tracer, dans le vide,un éloge de la lenteur tout à faitsurprenant. On est dans le clair­obscur, entre chien et loup, entredeux univers : le réel et l’inattei­gnable. Les mouvements, sou­ventpoignants,sontappuyéspar

une musique originale réalisée par le groupe Cer­cueil. Suprême attention : ce spectacle est en audio­description pour les malvoyants. La préparation decepublicestuneleçondesens.Avantlespectacle,cesspectateurs viennent sur scène où on leur fait appré­henderl’espace,lesmatériaux,lerideau,lesaccessoi­res, qu’ils peuvent toucher. Ensuite, ils s’asseyent aupremier rang, et mettent un casque pour écouter ladescription tout à fait judicieuse de Valérie Castan,attentive à ne négliger aucun détail. Touslesvoyantsdevraientsuivreunefoisaumoinscet itinérairepourprendreconscience–ôcombien !–deladifférencedeperception. Au Garage, à Roubaix, où nous avons vuce spectacle, certains de ces spectateurs ont reconnu

avoir éprouvé des moments delégère angoisse à cause des silen­ces et de l’atmosphère qui leur asemblé pesante. Mais pour tous,l’émotion était présente dans celieu et ce moment où tous,voyants,aveuglesouhandicapés,partageaient leur attention auxautres et leur joie à avoir pu, unefois au moins, transmettre par lavoixetlesmotscequeladanseex­prime, quand seul le corps peutencore l’exprimer.Grande Halle de La Villette, du 19 au30 mars 2013.

PAR FRANÇOIS DELÉTRAZ

FRED

ERIC

IOVI

NO/C

IEDE

L’OIS

EAU

MOU

CHE

Festival européen latin et grec,université Lyon II,quai Claude­Bernard,du 21 au 24 mars.Contre la barbarie contemporaine(langue, mœurs, art de vivre, arts),quelle meilleure arme que nosbonnes vieilles humanités ? Lesvoici célébrées en beauté dansla capitale des Trois Gaules,Lugdunum. Pendant quatre jours,du latin au soir, seront proposés,dans le grand amphi de Lyon II,et hors les murs, expos (« Rome en3D »), pièces (Ovide, Aristophane...),concerts (Orphée de Gluck, maisaussi Téléphone dans la langue deCicéron !), conférences (AbrahamBengio, Georges Prevelakis, PaulMattéi, etc.), ateliers, jeux etprojections de films (le Faraonrestauré de Kawalerowicz). Un bonmoyen de rappeler d’où nousvenons, à défaut de savoir où nousallons. Ite ! MARIE ROGATIEN

www.festival-latin-grec.eu

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90 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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La RussieÀL'honneuR

Téléchargez l’applicaTion graTuiTe

On a toujours eu un faiblepour Alan Ayckbourn.Non content d’avoircommis près d’une

centaine de pièces, cet écrivain anglaisseptuagénaire n’a jamais écrit la même. Son imagination estd’une incroyable fertilité. Il invente des situations cocasses, voiretordues, il les mène à leur terme avec une habileté désarmante, sespersonnages ont toujours une couleur et la plupart d’entre eux sontdotés d’une énergie folle au service d’une grande force comique.3litspour8répondexemplairementàcesdéfinitions.C’est l’histoiredetroiscouplesamisréunispourunependaisondecrémaillèrequitour­neraaudrame.Situationboulevardièretout à fait banale. C’est compter sansAyckbourn qui place l’action de sacomédiedanstroischambresàcoucherjuxtaposées sur la scène. Il adore cegenre de scénographie, qui crée unmouvement irrésistible, les personna­gespassantsansrelâchesousnosyeuxd’une pièce à l’autre. Cette façon d’évi­ter le changement de décor est géniale. Les séquences s’enchaînentdanstroislieuxdifférentssansquelacontinuitédel’intrigueensouffre.Il faut un sacré talent de la construction théâtrale pour gagner ce pari.Etilyfautunmetteurenscènevirtuose,rompuàcetyped’exercicequiexigelerythme,lenerf,laprisederisque,toutesqualitésquinesontpasloin de la folie. Jean­Luc Moreau est de ceux­là. Son énergie est telle­ment puissante qu’elle semble le dépasser. Il est souvent au bord del’excès, qui donne à son instinct comique une nuance tragique. En lacirconstance, c’est très bien venu. Le comique de Ayckbourn est eneffet teintéd’absurde.Sespersonnagessonttoujoursunpeudéjantés,comme disloqués, rarement tout à fait normaux. Moreau rend trèsbien cela. Le héros de la pièce, celui par qui le désordre survient, quejouePierre­OlivierMornas,aquelquechosedesombredanssonahu­rissement.IdemchezJean­ChristopheBarc,quiauneviolenceinquié­tante, et chez l’excellent Dimitri Rataud.Et que dire des femmes ! Elles sont merveilleuses de drôlerie. Le nu­méro de Marie Montoya est inénarrable, la présence comique de Ju­liette Meyniac, savoureuse. Quant à Mathilde Penin, elle est à tomberde charme et de fraîcheur. On n’oubliera évidemment pas AnnickBlancheteau et Bernard Alane qui, au milieu de cette agitation, jouentlasagesseducoupledutroisièmeâgedépasséparlescirconstances.Lesvoir au lit est un plaisir. Décidément, on a beaucoup ri.3 lits pour 8, d’Alan Ayckbourn et Victor Lanoux, mise en scène de Jean-Luc Moreau, avec J.-Ch. Barc,P.-O. Mornas, M. Montoya… Théâtre Saint-Georges (01.48.78.63.47).

Déjantéet trépidant

PhilippeTesson

Ayckbourn possède un

superbetalent de la

construction théâtrale

Retrouvez Jean-Christophe Buisson chaque semaine dans l’émission« On refait le monde » présentée par Marc-Olivier Fogiel et BernardPoirette, du lundi au vendredi de 19 h 15 à 20 heures.

PAGES COORDONNÉES PAR JEAN-CHRISTOPHE BUISSON

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ENVIESL I V R E S

LE COUP de CŒURDU FIG MAG

Avec des si on mettrait Parisen bouteille. Passeulement. Que se serait­il

passé, par exemple, si « ce petitbarbichu râblé à gros croquenots » deLénine avait raté son train pourPetrograd en 1917 ? Mieux : si ledittrain avait déraillé ? Très simple : iln’y aurait pas eu de révolutionbolchevique, la Russie seraitdevenue une nation pacifiée, richeet prospère sans koulaks nigoulags. Mieux : en l’absence depéril communiste,l’Allemagnen’aurait pas cédéaux sirènesnational­socialisteset aurait nouéd’excellentsrapports politiques,économiques etculturels avec sa voisine orientale.Logique. Et Hitler ? Il serait restépeintre et aurait écrit Meine Kunst(« Mon art ») et non Mein Kampf.Une brigade démocratiqueallemande aurait mis fin aux rêvesde Franco pendant la guerred’Espagne, Mussolini, faute d’allié,aurait été renversé dès 1940 et laSeconde Guerre mondiale auraitépargné l’Europe, au contraire del’Amérique qui, épuisée par saguerre du Pacifique, eût étécontrainte d’accepter un planOrlov de reconstruction après­guerre... Le genre de « l’histoirealternative » inspire rarementles auteurs français. Il supposeune grande finesse d’esprit,une solide culture historiqueet de l’imagination en quantitéraisonnée. Burnier etMercadet possèdent toutes cesqualités, l’humour en plus.Leur uchronie est aussiamusante qu’étourdissante demaîtrise narrative etstylistique. JEAN-CHRISTOPHE BUISSON

Il est midi dans le siècle, de Michel-Antoine Burnieret Léon Mercadet, Robert Laffont, 211 p., 18,50 €.

D.R.

L’Histoireà l’envers

ROMAN ÉTRANGERLondresde chocOn confond parfois Joseph Connolly avecJohn, son homonyme irlandais, connu pour sespolars. Le terreau d’England’s Lane, qui doit sontitre à la rue commerçante du nord de Londresoù il s’ancre, aurait certes pu en inspirer un.Mais l’auteur de Vacances anglaises préfère leburlesque pour sonder les fragilités humaines.Derrière les vitrines coquettes, où l’on cancanejusqu’à pénurie de bière, il y a Stan Miller, confi­seur et buraliste qui se heurte au mutisme de safemme depuis qu’on a diagnostiqué la polio àleur fils. L’homme se pâme pour Millie Stam­mer, la femme de ce rustaud de quincaillier,dont le centre de gravité est son orphelin de ne­veu. Bien qu’elle n’ait jamais lu une ligned’Alina Reyes – son dada, c’est plutôt Jane Aus­ten –, elle en pince pour les costumes de dandydu boucher, Jonathan Barton, et sa manière sisubversive de vanter la « propreté » du sang.Plus que dans ses personnages aux motivationsobscures, la force de Connolly est dans sa pein­ture, entre nostalgie et effroi, d’une époque

(1959) où les mariages tiennent le coup malgréles erreurs de casting et où les devantures affi­chent sans complexe des messages éloquents :« Pas de gens de couleur, pas d’Irlandais, pas dechiens. » Délicieux, n’est­il pas ?

JEANNE DE MÉNIBUS

Flammarion, 417 p., 21 €. Traduit de l’anglais par Alain Defossé.

★★ ENGLAND’S LANE, de Joseph Connolly.

JULI

ENCH

ATEL

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DESSINSFaites en traits l’invitéQui aime bien châtie bien. Depuis2008, Jul taille la mine de soncrayon… et celle des invités de « LaGrande Librairie » (France 5). Jamaisdepuis Daumier, la littérature n’auraété aussi malmenée. Mais aussisaluée. En 400 caricatures insolentes

et subtiles – de Proustattendant son métro àl’arrêt Madeleine àRufin, « Ferrero sansrocher », en passantpar le « Temple del’ordre Sollers » ou « LeVoyage au bout de lanight » de Beigbeder –,l’auteur n’épargnepersonne. Pas même

François Busnel, qui, bon prince,préface toutefois l’ouvrage.Désacraliser les auteurs pour mieuxles (faire) aimer et les (faire) lire : laméthode Jul. MARIE ROGATIEN

LA GRANDE LIBRAIRIE,de Jul Delcourt, 265 p., 19,99 €.

★★★★ EXCELLENT ★★★ TRÈS BIEN ★★ BIEN ★ MOYEN ✖ À ÉVITER

POLAR

★★★ NE LÂCHE PAS MA MAIN, de Michel Bussi.Saint-Gilles-les-Bains,île de la Réunion.Une touriste disparaîtde sa chambre d’hôtel,entre deux séances debronzage au bord de lapiscine. Très vite, sonmari, fortement suspectépar la police, prendla fuite avec sapetite fille de6 ans. Commenceune frénétiquecavale…Michel Bussis’est récemmentimposé, grâceà deux polarsunanimementacclamés

(Nymphéas noirs etUnavion sans elle), commeun auteur machiavélique,tissant jusqu’à la dernièrepage des intriguesremarquablement bienficelées. Ne lâche pasma main est de cettetrempe. Mais le romanciern’oublie pas qu’il est aussiprofesseur de géographieet profite de ce palpitant

thriller pournous offrir enquatrième vitesseune vraie visiteguidée de l’île !Deux plaisirs pourle prix d’un, ensomme.

PHILIPPE BLANCHET

Presses de la Cité,380 p., 21 €.

Forfait découverte

D.R.DR

ENVIESL I V R E S

92 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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Dans ses carnets intimes,Sylvia Plath écrit : «Tandisquedansmondos,implacable,résonne le tic­tac moqueur :

une vie passe. Ma vie. » (Notes de Cam­bridge, 1956). Oriane Jeancourt Gali­gnani s’est lancé un défi : s’infiltrerdanscetteviepassée.Elledécritlesui­cide au gaz de la poétesse américaine, à Londresen1963,pen­dantquesesdeuxenfants,FriedaetNicholas,dormaientàl’étagesupérieur. Pour pondre un premier roman, il est sans doute ras­surant de se fixer un tel cadre biographique, mais la pression estrude. Jeancourt Galignani s’en sort en évitant l’usage de la pre­mière personne. Elle ne se prend jamais pour Plath, mais la re­

garde s’éteindre, accomplir ses derniers ges­tes,rangersesaffairesavantlegrandvoyage.On a envie de consoler ce personnage, de luidire que ça va s’arranger… de lui mentir.Les écrivains ont toujours été fascinés parleursconfrèresquitirentleurrévérence:«Ilsontchoisilanuit»,disaitJean­MarieRouarten1985 à propos de Gary, Drieu, Zweig,Hemingway, London… (il oubliait Plath, et

ne pouvait pas deviner qu’Yves Navarre, Hunter S. Thompson,Tristan Egolf et Edouard Levé rejoindraient bientôt sa liste noc­turne). Les auteurs qui s’accrochent à la vie nous semblent dé­nués d’orgueil. Ils pèsent de plus en plus lourd sur nos étagères,alors qu’un feu de paille les allège. Un écrivain qui se tue, c’estaussi un concurrent de moins. On peut s’apitoyer, le regretter, lesanctifier–unefaçonpoliedeleremercierd’avoirdéblayéleter­rain. A part deux enfants traumatisés, Sylvia Plath n’a presquerien laissé : un roman mélancolique (La Cloche de détresse, 1962),quelques nouvelles dans des revues et des poèmes posthumes(Ariel, 1965). Pourtant le son de sa voix est indélébile. OrianeJeancourtGalignaniatrouvélanotejustepoursonportrait :uneaquarelle délavée. Plutôt que d’imiter Plath, elle préfère citer enitaliques des vers qu’elle a retraduits elle­même, selon un mon­tage très élaboré, façon « cut­up ».Sylvia Plath avait été traitée aux électrochocs dans sa jeunesse,comme l’actrice Frances Farmer. C’était bien avant la crise pé­trolière: lespsychiatresnecherchaientpasàfairedeséconomiesd’énergie. Le chagrin de la jeune blonde est devenue dépressionbipolaire.SonmariagemalheureuxavecTedHughesn’arienar­rangé.Ilfallaitducourageetunpeudemasochismepourchoisirun sujet aussi triste. Le résultat est bluffant, oppressant. On es­père qu’Oriane Jeancourt Galignani ne s’identifiera pas de tropprès à son héroïne, car on a hâte de lire ses livres suivants.Mourir est un art, comme tout le reste, d’Oriane Jeancourt Galignani, Albin Michel, 181 p., 15 €.

La terreest Plath

D.R.

ESSAILes stratégiesd’Ariane★★★ LE LABYRINTHE DES JOURS ORDINAIRES,de Pierre Rosenstiehl.« A partir d’un certain niveaud’abstraction, la discipline qui serapproche le plus de la sciencemathématique est... la poésie. » Cetaphorisme de Pierre Rosenstiehl,grand mathématicien français,professeur à l’Ecole des hautesétudes en sciences sociales etmembre de l’OuLiPo, se vérifiepleinement dans cet essai en formede récit qui fait un peu figure detestament. Assez vulgarisé pourêtre accessible aux non­matheux,l’ouvrage décortique de façon

ludique comment la figuremythique du labyrinthe crétois etdu fil d’Ariane, avec toutes lesstratégies sages ou folles qui s’yappliquent, a abouti à nosmodernes ordinateurs remplis demicroprocesseurs. Mais il y aencore beaucoup d’autres choses– souvenirs d’enfance, secret defamille... – à découvrir dans ce livretrès cultivé et délicieusement...labyrinthique. THIERRY DERANSART

Seuil, 304 p., 21 €.

PAGES RÉALISÉES PAR NICOLAS UNGEMUTH

MAR

IANN

ERO

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ROMANLes âmes perdues★★★ LES SAINTES, de Fabrice Guénier.Certains amants incorrigibles supportent mal l’abandon. Pensant avoir trouvé l’unique faite pour les sauver, ils se retrouvent, la rupture venue, entièrement dévastés, les « os brisés », titubant à deux pas d’un gouffre. Les plus chanceux enfin éveillés par la douleur savent conclure : « On

marchait. Les yeux crevés. La figurede l’amour romantique n’était qu’unemanière de nous maintenir dans desdésirs de jardins de banlieue et decrédit à taux zéro. » Ainsi parle le narrateur des Saintes, premier roman de Fabrice Guenier, qui raconte les mille et une nuits d’un homme cherchant à travers les bordels du Sud­Est asiatique à exorciser un amour perdu. C’est une longue et chaotique plongée sous les parures et dans les chairs des prostituées locales ; refuges provisoires, lanternes magiques, poisons désirés, psychés cruelles. En une succession de courts chapitres tumultueux, hallucinants focus juxtaposés en une étourdissante rapsodie, l’auteur qui a trempé sa plume dans de l’amphétamine liquide jette sur la page avec une talentueuse violence les lambeaux d’une âme remise l’espace d’un roman entre les mains et les lèvres de ces femmes saintes parce que déchues. PAULIN CÉSARI

Gallimard, 364 p., 21 €.C.HE

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15 MARS 2013 - LE FIGARO MAGAZINE • 93

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ENVIESM O D E

Alerte orange… et rougeEn juin dernier, Massimiliano Giornetti était

le premier à mettre le feu aux poudres enprésentant une collection printemps­été

2013 pour Salvatore Ferragamo, où les rouges etorange montaient progressivement en puissance.Puis Frida Giannini en rajoutait avec tout un thèmeécrevisse sur le podium de Gucci. Les défilés sepoursuivaient, enfin, avec un costume en ouver­

ture, un blouson au détour d’un passage et, ici et là,une paire de souliers, un sac ou un petit accessoireécarlate qui passaient tout sauf inaperçus. Bref, il seprofilait peu à peu que cette couleur incendiairedevenait l’accent de bon ton dans le dressing mas­culin de la saison. Jusqu’à ce que le très sérieuxPaul Smith, qui clôture les défilés de Paris, s’ymette aussi. Et pas qu’un peu. ■

PHOT

OS:D

R

PAR FRÉDÉRIC MARTIN-BERNARD, AVEC CAROLINE LARRIVOIRE (SÉLECTION)

Blousonen cuiret nubuck,1 150 €, DieselBlack Gold(01.40.13.65.55).

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94 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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Les horizons philippins

Green ZoneL’Andalousie autrement, de Séville à Grenade au fil des rails…

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pilléessurplusde50kilomètrescarrés.Curiositégéologique née d’amas de coraux, les ChocolateHillsdoiventleurnomàlacouleurbrunâtredelavégétation qui les couvre à la saison sèche. Poursavourer cette évasion lointaine particulière­ment exotique (avec un peu de chance, les voya­geurspourrontallerobserverlestarsiers,minus­culesprimatesauxyeuxcommedessoucoupes),le voyagiste a sélectionné deux hébergementssur Bohol : l’un sur la presqu’île de Panglao,l’autre à Anda, plus tranquille et préservée.

Circuit de 12 nuits à partir de 3 335 € par personneen chambre double avec petits déjeuners, au dé-part de Paris, transferts inclus.

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Comptoir réserve son lotd ’ a d r e s s e s r a r e s e t d econseils avisés qui enrichi-ront et personnaliseront ladécouverte. A Sévil le, levoyageur est invité à flâner lesoir sur la rive droite du Gua-dalquivir, du côté du barrioTriana, l’ancien quartier gi-

tan qui vit naître le flamenco.A G r e n a d e , a p r è s a v o i rcontemplé depuis le miradorde la place San Nicolas le pa-norama sur l’Alhambra et laville au pied de la Sierra Ne-vada, le tour-opérateur sug-gère une fin d’après-miditout en douceur entre salonsde thé arabes et hammansdans les quartiers de SanMiguel Bajo et de la Caldeiranueva…

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BIEN-ÊTREZen à Val-d’IsèreSport et yoga font décidément bon ménage.Tandis que dans la capitale les organisateursde La Parisienne ont créé le Yogging(le yoga adapté à la course à pied),à la montagne, Charlotte Saint Jeana fondé Yogachezmoi.com, un siteinspiré de concepts américainsalliant ski et yoga. Installée depuisquinze ans à Val-d’Isère, Charlotteest l’initiatrice du premier Festivalde yoga, qui se tiendra au Palais descongrès de la station savoyarde du 5au 7 avril prochain. Le grand public pourradécouvrir tous les styles de yoga, du yin yoga,qui étire les ligaments et soulage les raideursdu corps, à l’anusara yoga, qui favorisel’attention par un travail sur le cœur.Au programme également : un concertde musique indienne, un marché de produitsbien-être, un café bio... Entrée (cours inclus) :195 € pour 3 jours ; 95 € la journée.Ou 35 € par cours.

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Festival de yoga : 06.03.10.63.95 www.valdisere.com

PAR BÉNÉDICTE MENU96 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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ENVIEST E C H N O

Retouche-à-toutUtilisant la technologie infrarougepour éliminer automatiquement lespoussières et les rayures, le scannerPlustek OpticFilm 8200i SE numériseles négatifs photo et les diapositives.Résolution de 7 200 dpi, 369 €.

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Papier jauni, couleurs déla­vées, taches, craquelures,déchirures… Les outrages

dutempssurlepatrimoinephoto­graphique familial sont multi­ples et inexorables. Souvententassés depuis de nombreusesannées dans un grenier ou unecave, ces documents, témoinsd’une époque révolue, apparais­sent en effet particulièrementsensiblesàl’humidité,à la lumièreet aux différences de tempéra­ture. La numérisation offre alorsune solution aisée pour les pro­téger. En utilisant un scannerautonome ou celui d’une impri­

mante « tout en un » (évitez lesmodèles portatifs qui risquentd’écorner les clichés), on trans­forme les souvenirs papier enfichiers numériques faciles àclasser, à échanger ou à impri­mer. Régulièrement sauvegardéssur des supports informatiques(disque dur, DVD), ils résisterontpratiquement éternellement auxassauts du temps.La deuxième étape, facultative,consiste à retoucher ces clichésabîmés sur ordinateur. Avecles logiciels Adobe PhotoshopElements (75 €), Magix Photo& Graphic Designer (60 €) ainsi

que les gratuits Gimp ou Picasa,on accède très simplement auxréglages de luminosité, decontraste, de colorimétrie et denetteté. Pour les craquelures oules parties manquantes, l’opéra­tion s’avère plus compliquée.Mieux vaut faire appel à l’unedes nombreuses sociétés spécia­lisées en restauration de photos(Restaurationphoto.fr, Photo­renaissance.fr, Restaurationpho­tos.com). Elles assurent la numé­risation, la réparation et le re­tour des éléments envoyés parLa Poste. « Nous tentons d’exploi­ter au mieux la matière graphique

présente pour restaurer les épreuvesoriginelles, explique DominiqueMuller, fondateur de Diaphoto­book.fr, quitte parfois à faireappel à des banques d’images pourun pied ou un vêtement effacés. »Livrés au client sous forme deDVD ou de livres photos, lesclichés (mais aussi diapositivesou films négatifs) retrouventavec bonheur leur fraîcheurd’antan. Toutefois, avec des tarifsoscillant entre 15 et 40 € laphoto selon l’ampleur du travailà effectuer, on réservera ce typede travail aux souvenirs les plusprécieux. ■

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PAR PASCAL GRANDMAISON98 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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ENVIESA U T O

Descendante d’une longue lignée de petites sporti-ves, la nouvelle Clio RS cible une clientèle plus large.

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Les bombinettes, ces citadi­nes transformées en peti­tes sportives, connaissent

un regain d’intérêt. Et d’après leprincipe selon lequel la demandese nourrit de l’offre, ces GTIn’ont jamais été aussi nombreu­ses. Pour continuer à peser surce marché qui représente prèsde 30 000 unités par an enEurope, Renault a complète­ment repensé sa Clio RS, issuede la quatrième génération appa­rue à l’automne dernier.Soucieuse d’élargir le socle de saclientèle, la firme au losanges’est attachée à développer uneRS beaucoup plus polyvalente.Exit donc l’architecture 3 portes.

Pour la première fois de son his­toire, la descendante de laR5 Alpine devient une berline5 portes. Elle en profite pourabandonner les traits spectacu­laires de sa devancière et misersur une discrétion de bon aloi.Si la tendance n’est plus à exhi­ber ses muscles, le bouclier et lebecquet arrière enveloppants,les projecteurs à leds, les tuyè­res d’échappement carrées et lediffuseur arrière ne peuvent dis­simuler les intentions sportivesde la nouvelle RS. A l’intérieur,les codes s’appuient sur des siè­ges baquets, un repose­piedsen alu et quelques touchesorange fluorescent.

Fiche techniqueMoteur : 4 cylindres turbo,1 618 cm3, 200 ch, 240 Nm.Transmission : double embrayage6 rapports.Dimensions (m) : L. 4,09, l. 1,73, h. 1,43.Consommation : 6,3 l/100 km.Emissions (CO2) : 144 g/km.Vitesse : 230 km/h.Prix : à partir de 24 990 €.

Sous le capot, la baisse de laconsommation et des émissionsde CO2 (de 195 à 144 g/km)passe par l’abandon du 2 litresatmosphérique au profit d’un1,6 l turbocompressé délivrantune puissance similaire et uni­quement associé à une boîteauto à double embrayage.La facilité d’utilisation au quo­tidien repose sur un châssisconstituant un judicieux com­promis confort/efficacité et étren­nant des amortisseurs à butéesde compression hydrauliques,des disques de frein avant venantde la Laguna V6, ainsi qu’un dif­férentiel électronique. Que lesadeptes de virées en circuit se ras­surent : Renault a reconduit laversion Cup (+ 600 €) abaisséede 3 mm et bénéficiant de régla­ges raffermis. ■

AMG ensorcelle ses compactes360 chevaux ? Ce niveau de puissance, réservé autrefois à l’élitedes coupés sportifs, prend désormais place sous le capot de bravesberlines familiales. C’est ainsi qu’AMG, la division sportivede Mercedes, va lancer en juin une Classe A métamorphoséepar l’adoption d’un 4 cylindres 2 litres turbo de 360 ch et 450 Nmde couple. Cette A45 AMG équipée de série de la transmission

intégrale, revendique un 0 à 100 km/hen 4,6 secondes. Le tarif n’excédera

pas les 50 000 €. La berlineCLA bénéficiera

aussi de cettemécanique.

L’automobile sous forme ludiqueJean Ragnotti, le plus facétieux et intrépide des pilotesfrançais, voit sa carrière et ses aventures revisitéesen bande dessinée par l’auteur­compositeur

Jérôme Cloup. Fous riresassurés dans les deux tomes(11 €, www.danslescloups.com).Pour passer un bon momenten famille, la société Gigamicpropose Le Monde de l’auto,

un jeu de société permettantde tester ses connaissances(35 €, de 2 à 6 joueurs).

SANS CONCESSIONL’habit ne fait pas le moineLes amateurs de petitessportives pures et durespourront être déboussoléspar ce qui ressemble à unvirage à 180 degrés. Certes,la RS a délaissé une partiede son caractère dans lasilhouette 5 portes et le moteurturbo très linéaire, mais c’estau profit d’une polyvalenced’usage plus élevée et d’uneexploitation plus facile.Son comportement très sainet précis s’accompagne d’uncomportement typé propulsionen jouant sur les trois modesde réglage des principauxparamètres. Dommage quela boîte traîne quelqueslenteurs lorsque l’on prendla main avec les palettes.

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Voie express

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Renault Clio RS

Le sport en famille

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PAR SYLVAIN REISSER 15 MARS 2013 - LE FIGARO MAGAZINE • 99

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ENVIESL ' O B J E T

Le souffle de MuranoLe 27 mars, au musée Maillol, s’ouvre une rétrospective qui rendhommage aux artisans vénitiens, stars de l’art verrier.

Emanation de la Romeantique, la verrerie véni­tienne apparut au Xe siècle

avant de faire autorité dès leMoyen Age : elle devient, dèslors, l’un des leaders industrielsde la Sérénissime, juste derrièreles chantiers navals de l’Arsenal.C’est d’ailleurs à cette époquequ’elle fut transférée à Murano.L’insularité a quelquefois du bon :elle permit un meilleur contrôlesur les fréquents incendies en­gendrés par les fours mais aussisur les maîtres verriers, alorssoumis à des règles drastiques.L’exportation de leur savoir­faireétait passible de la peine de mort !De la tradition muranaise, Marie

Brandolini n’a gardé que la par­tie la plus modeste et la moinsconnue. C’est en 1995 que cetteVénitienne d’adoption découvrepar hasard chez un antiquaire lesGoti, ces gobelets tous différentsqui révélaient toutefois un tourde main caractéristique. « Ilsétaient confectionnés en fin dejournée par les artisans de Muranoavec des chutes de verre refroidi,simple exercice d’improvisationdénué de style sortant au compte­gouttes du cercle très serré des uset coutumes de l’île. On les utili­sait pour boire le vin de l’apéritifou la bière, et ils finissaient souventà la casse. Je les ai tous achetés etme suis mise à étudier tout ce qui

touchait à leur origine », racon­tait la créatrice de Laguna B.Les créations touristiques quiroucoulent aujourd’hui dansles magasins de souvenirs fontparfois oublier la qualité et lasplendeur de ces objets sécu­laires confectionnés dans lesateliers de Murano. La sélec­tion présentée au musée Maillolrend compte de neuf sièclesd’excellence : des commandesréalisées pour les grandesfamilles italiennes et les courseuropéennes de la Renaissanceaux œuvres d’art imaginéespar une avant­garde contempo­raine internationale. Toutefois,il ne fut pas facile pour Marie

Brandolini de rentrer dans lesbonnes grâces des maîtres ver­riers. « La relation profession­nelle qu’un créateur noue avec unmaestro est par nature intime etpeut provoquer des étincellescomme des éclairs », confiaitcelle qui, en quelque sorte, adémocratisé une certaine idéedu luxe. Autant de pièces uni­ques dont elle revendique l’usagequotidien. Aujourd’hui, ses néo­Goti figurent en bonne placedans les concept stores les plusavisés. Depuis septembre 2012,le Conran Shop a adopté sacollection Berlingot. Des verresacidulés à prix doux.

■ PAULINE SIMONS

Verre à eau Berlingoten Murano, 6 coloris,75 € chez The Conran Shop(www.conranshop.fr).Exposition au musée Maillolà Paris jusqu’au 28 juillet.

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100 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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LE NUMÉRO POUR L’HISTOIRE

« Intronisé comme arche-vêque, en mai 1977, dansla cathédrale de Munich, ilavait surpris ses fidèles enleur expliquant qu’il n’étaitpas là pour prêcher ses

idées mais la foi de l’Eglise, qui venaitd’avant lui, lui survivrait, le dépassait.Devenu pape, il annonçait, au cours de samesse inaugurale, le 24 avril 2005 : « Monvéritable programme de gouvernementest de ne pas faire ma volonté, de ne paspoursuivre mes idées, mais, avec toutel’Eglise, de me mettre à l’écoute de laparole et de la volonté du Seigneur, et deme laisser guider par lui, de manière quece soit lui-même qui guide l’Eglise. »

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ENVIESS A V E U R S

EXOTISMEL’universdes dattes

Elle est le petit fruit charnudu palmier dattier quel’on trouve en abondance

en Egypte, Iran, Emirats arabesunis, Arabiesaoudite pourles plus grossesproductions. Fruiténergétique, richeen potassium,

calcium et fer, et en vitamines A,B et C. La datte se présente surl’arbre en régime. Fraîche, elleest fragile, c’est pour cette raisonqu’elle est séchée la plupart dutemps. A la fois riche en sucres,et peu hydratée, elle se gardeà température ambiantesans s’altérer. Mais on doitla maintenir au sec, à l’abri del’humidité, afin de la préserverd’un éventuel développement demoisissures. Plus de 300 sortesde dattes sont consommables,dans le monde, la plus connueétant pour les Européens la degletnour, une petite datte algérienne.Au Maroc c’est la mejhoul, plusgrosse et plus sucrée, la plusrépandue. La datte varie decouleur, et va du jaune pâle aumarron ébène, selon la variété.Revenant des Emirats arabesunis, nous avons dégusté troisdifférentes sortes de dattesgrosses et bien en chair,la rhutab, la tamr, et la rempli,ces trois différentes sortesde dattes font la différencepar leur excellencede goût et leur calibrage.Le saviez­vous? Il existe du jusde dattes pétillant, du mielde dattes, des confitures,de la crème de dattes,des conserves de dattes, et mêmedu vinaigre de dattes.Les épiceries fines vendentces différentes sortes de dattesséchées, mais la maison Bateellivre en France en vingt­quatre heures : [email protected]

VÉRONIQUE ANDRÉ

Rare : un menu à37€ à ne pas rater

S’asseoir derrière la table d’un restaurant pari­sieninconnuetserégalertoutaulongdurepas,c’est rare. Depuis près de quinze années, le chefPhilippe Excoffier officiait dans une maison

particulière. Pas n’importe laquelle : la résidence de l’am­bassadeur des Etats­Unis à Paris. Un bel entraînement, car au 18 de la rue de l’Expo­sition, à Paris, Philippe Excoffier est au point et sûr de lui. Sa cuisine est excellente,son rapport qualité­prix parfait, son menu­carte à 37 €, un exemple.Je commence par le dessert. Bien sûr, la carte propose mousse aux clémentines, sa­lade d’agrumes ; crêpes Suzette flambées ; mil­lefeuille aux marrons et Grand Marnier ; as­siette de sorbet, mais l’apothéose a nom « souf­flé au caramel ». Du bonheur à l’état pur. A luiseul, ce soufflé mérite le déplacement.D’autant que le petit restaurant tenu par M. etMme Excoffier est chaleureux dans sa simpli­cité. Bar­comptoir en entrant, prolongé d’étagè­resdeboisfoncé,salleenlongueurauxbanquet­tesetchaisesrougevif,desmiroirs.Ondécouvrelacuisineàtraversunimmenseœil­de­bœuf.Le patron en cuisine, sa femme en salle aidéed’un serveur excellent, voilà une formule« comme avant », mais en totale voie de dispari­tion. Enorme avantage : l’atmosphère chaleu­reuse.Delacuisine,lechefvoitsesclients.Ilpeutintervenir et, éventuellement, apporter le platdirectementàunetable.Etsonépouseal’œil.Le chef savoyard devrait ne pas avoir de mal àretenir rapidement une clientèle d’habitués.Sur l’ardoise : succulente terrine de lapin auxaromates, ravioles de langoustines, bouillon crémeux ; tatin d’artichauts, œuf miroiret bacon ; soufflé Suissesse, tuile au parmesan. Parmi les plats, épaule d’agneauconfite, mijoté de cocos et citrons ; vol­au­vent de ris de veau ; filet de canette aux épi­ces ; cabillaud rôti en croûte d’olives, purée d’aubergines ; coquille Saint­Jacques, jusde cresson ; bavette de bœuf, sauce marchand de vin, frites.Pour le vin, des bouteilles abordables et également certains vins au verre.Franchement, la cuisine inspirée de Philippe Excoffier, l’accueil, le rapport qualité­prix méritent un saut dans l’étonnante rue de l’Exposition.Philippe Excoffier, 18, rue de l’Exposition, 75007 Paris (01.45.51.78.08). Menu-carte : 37 € (sans boisson). Fermé dimanche etlundi. Parking tout près.

MauriceBeaudoin

MAN

OLO

MYL

ONAS

D.R.

Philippe Excoffieret son épouse :tout pour réussir.L’ancien chefde l’ambassadeurdes Etats-Unisa compris ce querecherchaientles Parisiens...

102 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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DU TEMPS

PAGE RÉALISÉE PAR LE SERVICE COMMERCIAL DU FIGARO MAGAZINE

L’AIR

Fini les chutes !Maison Vie & Santé est spécialisée dans les solutionspermettant aux seniors de gagner en autonomieet d’améliorer leur confort et leur sécurité auquotidien. Cette entreprise propose, entre autres,un concept de douche sur mesure : installationgarantie en seulement 24 heures incluant ledémontage de l’ancienne baignoire. Pour prévenirdes chutes, la douche qui est installée de plain-piedprésente une porte et des parois en verre Sécuritet dispose surtout d’une barre de maintien etd’un siège ergonomique relevable. Son accèspouvant être, le cas échéant, adapté pour unepersonne se déplaçant en fauteuil roulant.Pour retrouver confiance et sérénité, éviter l’accident,et mieux vivre chez soi, Maison Vie & Santés’impose de toute évidence.Maison Vie & Santé - Renseignements au N°Azur0 810 200 635 (Prix d’un appel local depuis un poste fixe)[email protected] - www.maisonviesante.fr

Esprit de conquêtePour séduire ou développer votre pouvoird’attraction, découvrez sans tarder la gammede produits pour hommes Axe Apollo.Les senteurs de la fougère, de la sauge et de fruitspétillants ainsi que des notes crémeuses et musquéescomposent une fragrance d’une fraîcheur incroyable,aussi irrévérencieuse que sophistiquée et addictive.Le parfum de la conquête a désormais un nom :Axe Apollo.Gamme de produits Axe Apollo – Gel douche (250 ml) :2,85 € - 2,95 € ; bodyspray (150 ml) : 4,45 € - 4,90 € ; shampooing (300 ml) : 3,99 € - 4,19 € ; Axe Deep Space geldouche (250 ml) : 2,85 € - 2,95 € (Prix Marketing Conseillés) - Renseignements au 09 69 32 00 82 (appel non surtaxé)

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AVANT

APRÈS

MagnétiqueIrrésistible, l’eau de toilette Guess SeductiveHomme Blue est assurément rafraîchissanteavec ses notes marines, toniques et vivifiantesconférées par des accords aquatiques. Cet orientalboisé associe les senteurs d’un caviar d’agrumes,de cardamome et de poivre noir au corail bleu etau géranium dans un sillage de bois de cachemireet de muscs. Follement sexy, ce parfum est aussiintense que la couleur de l’océan et qu’une caressede sable sur la peau…Eau de toilette Guess Seductive Homme Blue :le flacon de 30 ml : 38 € ; le flacon de 50 ml : 44 € ;le flacon de 100 ml : 62 € (prix publics conseillés)

Brassage de projetsChaque année, depuis maintenant quinze ans,la Fondation Kronembourg sélectionne quinzeà vingt projets d’associations parmi les plusinnovants et les plus créateurs de lien social,pour leur apporter son soutien financier ethumain. Qu’ils aient un rapport avec la culture,la nature ou bien la solidarité, les projets reçusentre le 1er mars et le 30 avril 2013 devront avoirobligatoirement la musique comme thème central.Un sujet qui a sans aucun doute le sens du rythme !L’appel à projets national de la Fondation KronembourgDate limite de dépôt de candidature : le 30 avril 2013Renseignements et demande de dossier de candidaturesur le site www.fondation-kronenbourg.com

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ENVIESV I N

C’est un sketch que nousconnaissons par cœur.Il se déroule dans les

restaurants dont l’une desspécialités est la démultipliée.Observons. Il y a là un directeurde salle, les bras dans le dos, la têtedans les nuages, calculant sesprimes et le prix de son costumesur mesure. Il est fort entouré :des maîtres d’hôtel, des commis,et puis quelques stagiaires sortantencore rosissants des bancs del’école hôtelière. C’est souventl’un de ces derniers que l’on envoieau front : « Souhaitez­vous prendreun apéritif ? » demande­t­il commeon le lui a appris. Parfois, cela faitdrôle lorsque c’est proposé àune personne seule.Comment trinquer ? Avec le potde fleurs, le verre d’eau, la colonnede marbre, le pied de sa chaise ?Non, répondez­vous. Entre­temps,

vous aviezdemandéla carte àce grandmonsieur quisommeillaitdans sasuffisance.Grave erreur,

celui­ci tressaute comme si onoffensait sa dignité. Il appelleun commis qui, lui, arrive avecla carte. Un maître d’hôtel surgitalors : « Vous a­t­on proposél’apéritif ? » Deux fois, c’est leservice minimum, logiquement letarif, c’est trois. Rarement quatreou alors c’est le directeur de salle,se réveillant de son coma, réalisantque le propriétaire le fliquaitdepuis le début du service. Il estrare au demeurant que ce derniervous propose l’apéritif. Ce qui estdommage, à la longue, on savoureles modulations des voix, la façond’interpréter cette phrase mythique.Curieusement, lorsqu’ondemande l’addition, celle­ciarrive comme un Frisbee…

Vousa-t-onproposél’apéritif ?

LE MOULIN àparPOIVRE

François SimonJean-Louis et Natacha Malard :du sport au champagneFondée en 1996, la jeunemaison d’Aÿ officie dansles grands et premierscrus.

Jean­Louis et Natacha Ma­lardformentuncoupled’an­ciens sportifs. Lui a été rug­byman et elle, native de Kiev,

en Ukraine, fut internationale devolley­ball. Ce qui ne veut pas direpour autant que leurs champa­gnes sont, avant tout, musclés etcharpentés. L’un et l’autre prê­chent, au contraire, en faveur du« style frais, élégant et équilibré » dessept vins de leur gamme issus es­sentiellement de premiers et degrandscrus.Cechoixélitiste,Jean­Louis Malard l’a mis en pratiquedès 1996 lors de la création de samaison, l’une des plus récentes delaChampagne.Enfant,àlafois,duballon ovale et de la bulle, il a fina­lement opté, le moment venu,pour la seconde orientation.D’abord avec une société de pro­duction puis, très vite, il a satisfaitson envie d’avoir un champagne àson nom.Pas de vignes mais un solide ré­seau de copains vignerons ren­contrés sur les bancs du collège etdu lycée. L’amitié et la confiance,rien de tel pour nouer des rela­tions durables et conclure descontrats d’approvisionnement dequalité. Ainsi les trois grands crusde sa gamme Excellence (un blancde blancs, un blanc de noirs et unmillésimé) sont­ils de la plus nobleextraction, qu’il s’agisse des villa­ges de la Côte des Blancs (Avize,Cramant, Oger, Chouilly) ou deceux de la Montagne de Reims(Bouzy, Ambonnay, Mailly). Enmoins de vingt ans, la jeune mai­son a conquis ses lettres de no­blesse, avec une production de1,3 million de bouteilles, un siègesocial à Aÿ, la cité historique de

l’effervescence, et un outil de pro­duction de 5 000 mètres carrésaménagé dans le village d’Oiry. Ici,dans ce fief du chardonnay coté100 %, ont été regroupés une cu­verie de 8 000 hectolitres, unparc de gyropalettes pour le re­muage, une chaîne d’habillage etdes caves de vieillissement.

Le prestigede la cuvée LadyStyle

CarJean­LouisMalardn’apasl’in­tention d’en rester là. C’est ainsique, cette année, ses efforts vontporter sur un meilleur ancrage dela marque sur les marchés étran­gers. En 2012, la grande affaire dela plus jeune maison de champa­gne d’Aÿ aura été le lancement dela cuvée de prestige qui lui man­quait jusqu’à présent. Baptisée La­dyStyle, elle se veut, avant tout,« un champagne féminin destiné auxfemmes ». Un vieux rêve caressépar les Champenois depuis que labulle a été inventée. Mais il n’estpas interdit aux hommes ! La con­ceptrice, on s’en doute, n’est autreque Natacha Malard, la blonde et

éléganteépousedeJean­Louisqui,avant d’arriver en France à l’âge de21 ans, a été mannequin pour laplus grande agence de son paysd’origine. De là à dire que la modea influencé ses choix au momentde concevoir la nouvelle cuvée, iln’y a qu’un pas que l’on franchiraaisément car la nouvelle Champe­noise avoue elle­même que « pas­sionnéeparlamodeetledesign»elleavoulu « insuffler à LadyStyle les va­leurs de la haute couture ».Leflaconesttendanceavecsonéti­quette épurée, habillée de pythonnoiretdelettresrouges(50euros),mais son assemblage, rigoureuse­ment classique, est sans conces­sion : 50 % de chardonnay, 30 %depinotnoir,20%demeunier.Et,surtout, ce champagne dosé à 5g/lseulement, est un extra­brut dontla finesse, la fraîcheur et la puretés’affichentsanscomplexe.Unstylede base adopté par la jeune mai­son et que l’on retrouve, en parti­culier, dans le Brut Premier Cru(22 euros), une belle réussite dansune catégorie qui reste le mètreétalon de la Champagne et qui,dans ce cas de figure, offre enprime un excellent rapportqualité­prix. ■ ROGER POURTEAU

D.R.

PAGE COORDONNÉE PAR MAURICE BEAUDOIN

Jean-Louis Malard : à Oiry,un outil de production de 5 000 m2.

104 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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Jean-Pierre Wallezqui sera entouré de :Maria Kliegel, BrunoFontaine, SophieLemonnier Wallez,Mayumi Kameda etJean-Jacques Balet,Satu Niiranen

Des concertsorchestrés par :

Des conférencesanimées par :

Alain Duault,Journalisteet écrivain

André LarquiéPrésident du CentreChorégraphiquede Lorraine et dela Cité internationaledes Arts

Et en présence de :Alexis BrézetDirecteurdes rédactionsdu Figaro

Un ballet donné par :la Compagnie de Julien Lestel

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D A N S L A T Ê T E D EVLADIMIR COSMA

Il nous reçoit dans le somp­tueux appartement quijouxte son bureau. La table

de travail est envahie de parti­tions, de disques d’or, et quatrepersonnes s’affairent autourpourrépondreauxdemandesdecompositions ou d’emprunts aucatalogue de Vladimir Cosma.L’ancien exilé roumain arrivé enFranceavecjusteunviolonetungros cahier de musique bourréd’idées a prospéré en signantquelques­unes des bandes origi­nales les plus populaires ducinéma. Il savoure aujourd’huiavec simplicité la reconnais­sance dont il bénéficie, lui qui aconnu le dédain des composi­teurs. Et veille désormais à ceque ses thèmes musicaux aientune vie propre, loin des formatsminutésducinéma,danstouteladimension qu’ils méritent.

Ses 300 partitions defilms – de « RabbiJacob » à « Diva » –appartiennent à notremémoire musicale. Alorsque s’ouvre, le 19 mars,l’exposition « Cinémaet musique » de la Citéde la musique, il s’ap-prête à diriger les« Suites »inspirées deses œuvres (les 23 et24 mars) au Grand Rexà Paris. JE

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Cinéma et musique, est-cevraiment le mariage du siècle ?Bien entendu. Le cinéma réunittous les arts (pas seulement lamusique) et l’union fait la force.Qu’attendez-vous d’un metteur enscène ?Qu’il me fasse le cadeau d’unbeau film en me faisantconfiance.Et lui, que vient-il chercher ?Ma créativité au service de sonfilm.Le secret d’une bonne musique defilm ?Etre une bonne musique toutsimplement, en fusion avec lefilm.Ce qui distingue votre travail de lamusique hollywoodienne ?J’essaie d’écrire une musiquemoins descriptive, parfoismême en décalage avec l’image.Une partition de film que vousauriez pu écrire gratuitement ?Toutes ! En France, on écritgénéralement gratuitement,puisque ce sont les droitsd’auteur qui nous rémunèrent.Une partition que vous gommeriezbien de votre CV ?J’assume tout.

Vos conseils à de jeunescompositeurs ?Restez vous­même, sansessayer de faire mieux que vosmodèles.Votre musicien préféré ?Maurice Ravel, magicien de lamusique et personnageoriginal, hors du commun.

Un autre quevousadmirez ?FranzLiszt,

compositeurnovateur,

virtuose horspair, séducteur

et… abbé !La musique qui vous fait pleurer ?Bill Evans en trio.Celle qui vous apaise ?L’aria de la Suite en ré de Bach.Celle qui vous tombe desoreilles ?La Walkyrie de Wagner.Premier souvenir musical ?A Bucarest, à 7 ans, j’ai étéenvoûté par la couleurorchestrale et par l’expressionimpressionniste de Shéhérazadede Rimski­Korsakov.

Et le plus beau souvenird’enfance ?Le sentiment de sécurité dansles bras de mon père ou de mamère quand ils couraient versun abri pendant la guerre.Une bonne raison de resteroptimiste ?Il n’y a pas de problèmespuisqu’il n’y a pas de solutions !Un livre de chevet ?Les Mémoires de Berliozcomprenant ses voyages.Par qui aimeriez-vous être attendulà-haut ?Par Yves Robert et toutel’équipe de Nous irons tous auparadis.Et que vous diraient-ils ?« Salut l’artiste ! »

Un artiste quivous manque ?Louis deFunès.Votre filmculte ?

Laura d’OttoPreminger, avec

la musique de David Raksin.Un regret ?Ne pas avoir enregistré dedisque avec Stan Getz.

Votre luxe ?Ma piscine.Un hôtel où vous pourriez vivre ?Le Sofitel de Marseille, àquelques mètres du Cercle desnageurs marseillais, où l’onpeut nager en pleine mer.Un paysage cinématographique ?

La plage et le fort de SarahBernhardt, à Belle­Ile­en­Mer.Le défaut que vous avez du mal àpardonner ?Le snobisme.Votre dernière colère ?Quand on m’a annoncé qu’ilfallait construire une passerelleau­dessus de l’orchestresymphonique pour contenir, enplus, 80 choristes sur la scènedu Grand Rex ! Depuis, celas’est arrangé.Une devise ?La musique doit être populaireet savante.

■ À L’ÉCOUTE, OLIVIER OLGAN

Musicienpanoramique

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TENE

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106 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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Ideesmag DÉBATS,POINTS DE VUE,LIBRES OPINIONS...POUR ALLERPLUS LOIN

Quels enjeuxpour

le nouveaupape ?

Jean-Pierre DenisNicolas Diat

Nicolas Diat estspécialiste du Saint-Siège.Chroniqueur du siteinternet Atlantico(www.atlantico.fr),il prépare une biographiede Benoît XVI à paraîtreen octobre 2013aux Editions Albin Michel.

Jean-Pierre Denis,journaliste et écrivain, est

directeur de la rédaction del’hebdomadaire chrétien

« La Vie ». Il est l’auteur de« Pourquoi le christianisme

fait scandale. La nouvellecontre-culture », aux

Editions du Seuil (2010).HELE

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POUR

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PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICE DE MÉRITENS

A l’heure où nous mettions sous presse, aucunefumée blanche ne s’était encore échappée de lachapelle Sixtine. Ce qui ne dispense nullementd’effectuer un tour d’horizon de l’actualité duVatican : comment faut-il analyser le départde Benoît XVI ? Quel a été son bilan ? Quelssont les enjeux du nouveau pontificat ? Pouren discuter nous avons réuni deux observa-teurs éclairés : Jean-Pierre Denis, directeur dela rédaction de l’hebdomadaire « La Vie », etle vaticaniste Nicolas Diat.

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Ideesmag

Commentqualifier ledépartdeBenoîtXVId’unpoint de vue sémantique ?Jean-Pierre Denis – L’Eglise catholiqueaime à s’exprimer avec des termes parti­culiers, d’où le choix du mot « renoncia­tion » pour le pape, à la différence d’une« démission » que l’on remettrait à quel­qu’un, distinguo subtil qui ne me paraît

pas pour autant nécessaire. Le départ de Benoît XVI estavant tout un acte spirituel et évangélique posant la ques­tiondupouvoir:faut­il levoircommeunserviceoucommeunrocherauquelons’accroche ?C’estaussiunacterévolu­tionnaire, qui met un point final à deux cycles historiques :celui de Vatican I, où les papes se sont consolés de la pertedesEtatspontificauxetdeleursouverainetétemporelleparunesorted’hypertrophiedeleursouverainetéspirituelle,etcelui de Vatican II. Benoît XVI est le quatrième et ultimesouverain pontife à avoir participé au dernier concile. Ilm’est arrivé de croire, notamment lors de l’affaire William­son, qu’il avait pour objectif de l’enterrer. J’avais tort. Sondépartvolontaire,grandactethéologique,prouvequ’envé­rité il l’a parachevé.NicolasDiat–«Renonciation»demeurepourmoilemotjustesurlequeliln’estpasquestiondeprojeternospropresdésirs.Yvoirunacterévolutionnaireserait luiconférerunedimen­sion politique alors que précisément, durant huit ans, on afait lereprocheàBenoîtXVIdenel’êtrepasassez. Ils’agitdela décision en conscience d’un homme qui, de son aveumême, n’avait plus la force physique nécessaire pour faireavancerlabarquedel’Eglise.L’acted’humilitédeBenoîtXVIappelleenfaitunevolontédevoirlapapautéserenforcer.Dé­partnullementpolitiquedontjetrouvelapreuvedanslesdé­clarations du pape lors de sa dernière lectio avec les sémina­ristesdeRomeoùilacloslui­mêmelapolémiquemontéeparLaRepubblicaàproposd’unprétendu«complotdulobbyhomo­sexuel au sein de la Curie ». D’un point de vue chronologique,noussommesàlafind’uncyclehistorique,assurément,maisje doute qu’il s’agisse d’un quelconque parachèvement deVatican II, l’idée d’un retrait du pape ayant déjà été agitée aucours du dernier siècle. En 1977, soit quelques années aprèsleconcile,PaulVIaététentéd’ycéder,orc’estsonentourage« progressiste » en la personne du cardinal Benelli, archevê­que de Florence, qui l’a adjuré de n’en rien faire de peur queles « conservateurs » ne l’emportent ! Ironie de l’Histoire,Paul VI est décédé un an plus tard…Jean-PierreDenis–RestequeledépartdeBenoîtXVIaquel­quechosedeprofondémentdéstabilisantpourlemondeca­tholique,surtoutpoursapartielaplusconservatrice,etque

“Le départ deBenoît XVI, acte

évangélique, pose laquestion du pouvoir”

JEAN-PIERRE DENIS

latentationestgrandedeminimisercetévénementpournepas voir combien il désacralise la fonction pontificale. Quele pape, perdu dans le ciel, revienne paradoxalement surterre dire qu’il est enfin libre pour un face­à­face avec leChristn’estpassansjeteruncertaintrouble,c’estencesensque je parle de révolution. Face aux dérives d’une certainesursacralisation, la perspective ratzingérienne revient à deplus justes proportions.Nicolas Diat – La désacralisation, vieux fantasme de l’aileprogressiste depuis Vatican II… D’autant que Benoît XVI aété le promoteur ardent d’un nouveau mouvement de sa­cralisation,dela liturgieenparticulier,qui lui futbeaucoupreproché.Jean-Pierre Denis – Rassurez­vous,jeneveuxpasquelepapesoitréduitaurôledeprésidentd’unconseild’administration !Quel jugement portez-vous sur le bilan de ce pontificat ?Nicolas Diat – Jepensequ’ilresteracommeunpontificatd’ap­profondissement,lecontraired’unrègnedetransition,mêmes’il y a aujourd’hui quelque chose d’inachevé. Benoît XVI nes’estrésoluàpartirqu’àcaused’unenettedégradationdesonétat de santé depuis quelques mois. La preuve du caractèreimprévu de ce départ, je la vois notamment dans la non­pu­blication de l’encyclique sur la foi que Benoît XVI avait com­mencéàécrireetqu’iln’apaseuletempsdeconclure.Pourcequi est de son bilan, il est évident qu’il est l’héritier de Vati­canII.Maisdèsledébutdesonpontificat,endécembre2005,il a opposé l’herméneutique de la discontinuité et de la rup­ture à celle de la réforme dans la continuité, son action ayanttoujours tendu à ce que l’Eglise divisée, au visage défiguré,prenne un nouveau chemin. Le dialogue avec la FraternitéSaint­Pie X a été un exemple du désir d’unité de Benoît XVIquiconnaîtmieuxquequiconqueleproblèmedesintégristespour avoir négocié dès 1988 avec Mgr Lefebvre. Malgré demultiplesouverturesdesapart–etaurisqued’êtrelui­mêmemisenporte­à­faux–,iln’apuréussirdanscetteentreprise…Pour ce qui est du pontificat lui­même, j’observe une sorted’ambivalence : une grande élévation intellectuelle et spiri­tuelle – l’enseignement d’un docteur de l’Eglise, digne desplus grands penseurs chrétiens, dont les textes resterontlongtemps, notamment celui des Bernardins, du Bundestag,deWestminsterHall,oubienencoredeRatisbonnesurlafoiet la raison (lorsque l’écume des choses se sera reposée) –avec, en contrepoint, une incapacité à s’entourer et donc àgouverner.LechoixducardinalBertonefutàcetégarddésas­treux. Sans doute ce prélat a­t­il de grandes qualités humai­nes, mais sa propension à une gouvernance de « combinai­sons » doublée d’une évidente naïveté – je pense ici à la lettrequ’il adressa à un juge d’instruction pour défendre les salé­siens englués dans des affaires financières, lettre qui se re­trouva trois semaines plus tard dans la presse –, tout cela aabouti à une sorte de naufrage politique. Pendant ces cinqdernières années, c’est le pape qui protégeait la Curie, alorsque par définition, la mission de la Curie romaine est d’aiderle pontife dans sa mission, et non le contraire…Jean-Pierre Denis – Tout pape a deux visages, l’un spirituel,l’autrepolitique.Surleplanspirituel, lebilandeBenoîtXVIest important, peut­être même exceptionnel. Il a constam­ment amené les chrétiens à se tourner vers le Christ et à re­chercher toujours la vérité dans un monde relativiste. C’estun pontificat de ressourcement intellectuel, théologique etliturgique. Le bilan politique est plus incertain. Prenez, parexemple, le rapprochement avec la Fraternité Saint­Pie X.

J.-P. Denis/N. Diat Quels enjeux pour le nouveau pape ?

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J.-P. Denis/N. Diat Quels enjeux pour le nouveau pape ?

“Un pontificat de docteur de l’Eglise, mais avec une incapacitéàgouverner”

NICOLAS DIAT

Jean-PierreDenis–Ilexisteunénormedécalageentrecertai­nes attentes des sociétés occidentales et ce que veulent lescardinaux. L’idée que le successeur de Benoît XVI doiveêtre « moderne » en sacrifiant aux canons de l’ultralibéra­lisme et aux caprices des sociétés sécularisées me paraîtcomplètement décalée. Le premier enjeu reste de gouver­ner l’Eglise. Le nouveau pape devra faire acte d’autorité. Illuifaudrareprendrelecontrôled’unvéhiculeétrange,fonc­tionnantavecunestructuredegouvernementultralégère–la Curie reste une toute petite administration – mais auxvelléités ultracentralisatrices et aux pratiques parfois obs­cures. Gouverner artisanalement une structure de dimen­sion industrielle (1,2 milliard de catholiques) n’a rien d’évi­dent.Orgouverneravecautorité,c’estencorerépondreàuneinjonction contradictoire, car il faudra en même temps met­tre de l’oxygène dans une Eglise où tout ne peut plus venird’enhaut.Ledeuxièmeenjeuestderépondreàlaquestiondelasécularisation.BenoîtXVIachoisideconcentrerseseffortssurleraffermissementdelafoidupetitnombredescatho­

Je l’ai pour ma part critiqué, précisément car on ne sauraitse réconcilier sur une ambiguïté, et cette ambiguïté, c’esttout simplement l’acceptation ou pas du concile Vatican II.Reste que l’hypothèque est désormais levée. Benoît XVIpeut partir avec sa conscience pour lui : le pape a tendu unemain que les lefébvristes n’ont pas voulu saisir.Nicolas Diat – C’est parce que Benoît XVI considérait queVatican II n’était pas l’an zéro de l’Eglise catholique qu’il aouvert le dialogue avec eux. Le concile n’était pas pour luiun socle absolu, mais une partie d’une histoire continue,c’est d’ailleurs pour cela que la Fraternité Saint­Pie X a ac­cepté son approche. Cela étant, il n’a vraiment pas été aidépar une certaine Curie qui n’a jamais cessé de tirer en senscontraire durant les trois années de dialogue.Jean-Pierre Denis – Certes…Toujourssurlevoletpolitique, lepontificats’achèveparunecrisedegouvernance.Enfin, lors­qu’on compare avec l’époque de Jean Paul II, il semble aussiquel’Eglisesesoitquelquepeuretiréedesaffairesdumonde.La diplomatie du Saint­Siège paraît aujourd’hui diminuée.Nicolas Diat – On l’a particulièrement vu en octobre dernieraumomentdusynodepourlanouvelleévangélisationavecl’achoppement de la mission d’intercession politique descardinauxenSyrie.Annoncéeurbietorbiparlaplushauteautorité politique et diplomatique du Saint­Siège en la per­sonne du cardinal Bertone, cette mission s’est réduite pourde vagues questions de sécurité à la visite d’un unique pré­lat, le cardinal Sarah, président du Conseil pontifical CorUnum, qui traite des questions caritatives.Jean-Pierre Denis – La diplomatie n’ayant pas constitué unepriorité du pape, le crédit de l’Eglise a baissé. Ce n’est pasirrémédiable. Elle peut regagner le terrain perdu. Ce seral’un des enjeux du nouveau pontificat.De quel souverain pontife avons-nous besoin ?

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28 février 2013.Benoît XVI salue lesfidèles, pour la dernièrefois en tant que pontife,du balcon du palaisde Castel Gandolfo.

15 MARS 2013 - LE FIGARO MAGAZINE • 109

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Ideesmag

“L’Eglise peutêtre écoutéeà condition

qu’elle écoute”JEAN-PIERRE DENIS

liques convaincus. Est­ce la bonne démarche pour l’ave­nir ? Ce sera l’objet d’un véritable débat.NicolasDiat–Lenouveaupapeaurasursonbureauledossierd’une enquête commandée en avril dernier par Benoît XVIà trois cardinaux en pleine affaire Vatileaks. Cet audit in­ternequifaitlepointsurl’ensembledesproblèmeshumains,financiers et de gouvernance de l’Eglise et du Vatican, Rat­zingern’apasvoululecommuniquerauxcardinauxpourleconclave. Son successeur se trouvera confronté à ces600 pages dont sans doute il ignorera beaucoup… Plusglobalement, il faut un pape qui s’inscrive dans une sorte detriptyqueaprèsJean­PaulIIetBenoîtXVI,pourêtredanslacontinuitédesdeuxpontificats,continuitéspirituelle,théolo­gique,quasidesensibilité,maisavecungrandchantier:celuidelagouvernance.Pourrépondreplusprécisément, jevou­drais me situer à la suite de la réflexion du théologien Ursvon Balthasar, pour qui l’Église reposait sur un carré apos­

J.-P. Denis/N. Diat Quels enjeux pourle nouveau pape ?

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tolique : Pierre fonde l’institution, Paul est le grand mission­naire,Jeanlegrandmystique,etJacques, l’évêquedeJérusa­lem, incarne la tradition. Jean­Paul II et Benoît XVI ontmagnifiquement assuré l’équilibre de ces quatre côtés ducarré. Le successeur ne pourra pas être ailleurs.Faut-il s’attendre à des débats doctrinaux concernant la contra-ception, l’avortement, le mariage des prêtres, ou bien encorel’ordination des femmes ?Jean-Pierre Denis – Il y a le fond et le ton. Sur des questionscomme l’avortement, le ton est seul en jeu. On ne peut pas eneffetimaginerqu’unnouveaupapechangedepointdevueendéclarantquel’avortementestundroit.Enrevanche,ilyadéjàeuuneinflexionavecBenoîtXVIquiestpassédeladénoncia­tion moralisatrice de Jean­Paul II à un discours plus compas­sionnel.L’Eglisepeutêtreécoutéeàconditionqu’elleécoute,etqu’ellenesoitpassuspectéedesesituerau­dessusdelasociété.Il sera intéressant de voir dans quelle direction ira le succes­seur de Benoît XVI. Reviendra­t­il à un discours de condam­nationouadoptera­t­iluneattitudequi,sansrienlâchersurlesconvictions, sera plus pastorale et plus à l’écoute du réel ?Silaquestiondel’ordinationdesfemmesdemeuredel’ordrede la science­fiction, celle de l’accès d’hommes mariés à laprêtriseestdéjàlà,quoiquedemanièresouterraine.Certainscardinaux y sont favorables. La première étape serait juste­ment de poser la question publiquement. C’est vrai pourd’autres problèmes. Alors même que Joseph Ratzinger étaitun intellectuel ouvert à la discussion, il est dommage quecertainsratzingérienssesoientmontréspluspapistesqueluienvoulantclorenombredesujetsdediscussion.Lepremieracte salutaire serait de parler librement dans l’Eglise sansêtre aussitôt suspecté de ne plus être catholique.Nicolas Diat – Vous vous placez dans une perspective trèsfermée,aveclestenantsdelalibertéd’uncôtéetlesmauvaisobscurantistesdel’autre…Jevousrejoindraicependantsurla dimension de pédagogue de Benoît XVI, notammentlorsqu’il a abordé la question du préservatif dans son livreLumière du monde. Ilyaaussi lesaléasdelacommunication.Lorsqu’ilestrevenusurcesujetaucoursd’uneconférencedepresselorsd’unvoyageenAfrique, ilaprononcéunephrasequi a enflammé le monde entier. Son propos est devenu uneaubaine pour les médias, qui l’ont tronqué et surinterprété.L’Eglise se retrouve sans cesse dans des corners, des chaus­se­trapes d’où elle n’arrive pas à se sortir, car elle n’est pascomprise:ilyal’enseignementdespapes,quiestconstantet,parallèlement,untravailàfairesurlaforme,ainsiquesurlesdébats eux­mêmes, lesquels doivent être maîtrisés.La sécularisation ne sera-t-elle pas pour les décennies à venir unproblème majeur pour l’Eglise ?NicolasDiat–Assurément.LeproblèmedeJean­PaulIIaétéle matérialisme, le structuralisme athée des régimes com­munistes. Benoît XVI a déplacé le curseur en évoquant « ladictature du relativisme », où tout se vaut, avec une formed’agressivité contre les faits religieux et, particulièrement,l’Eglise catholique en Occident. Le prochain pape sera celuidelaréflexionsurlesécularisme,pournepasdiredelaluttecontre le laïcisme agressif.Jean-Pierre Denis – C’est une tendance préoccupante, maisil ne faudra pas s’enfermer dans le complexe d’une mino­rité persécutée. Mieux vaut l’affirmation de la foi que le re­pli sur soi. Or, dans le grand panorama de la société sécu­lière où tout est possible, le changement majeur est que lafoi n’est plus reçue, mais choisie. Le pape est là pour la dé­

Vatican. PlaceSaint-Pierre.

Le 27 février 2013,lors de la dernière

audience de Benoît XVI.

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J.-P. Denis/N. Diat Quels enjeux pourle nouveau pape ?

Saint Flaubert,prophèteet martyr

Alain-GérardSlama

“Le nouveau papesera celui de la réflexion sur le sécularisme”NICOLAS DIAT

fendre, l’enseigner,etannoncerl’Evangile,mais larespon­sabilité du 1,2 milliard de catholiques est désormais indivi­duelle. Cette prise de conscience change la donne. Elle estvisible dans les sociétés occidentales, en particulier chezles jeunes, et c’est la raison pour laquelle je suis assez opti­miste sur l’avenir du catholicisme.Quid de la montée de l’islam ?Jean-Pierre Denis – Le discours de Ratisbonne fut un actemanqué en ce sens qu’il a laissé entendre qu’il fallait entrerdans une forme de confrontation avec l’islam – ce qui n’étaitnullement la volonté de Benoît XVI, comme on l’a vu par lasuite. Vis­à­vis de cette question, deux lignes s’affrontent auseinducollègedescardinaux.Onl’avuparticulièrementlorsdusynodesurlanouvelleévangélisation.Certainsentendentdénoncer la menace qui pèse sur les chrétiens persécutés.D’autres veulent au contraire miser sur la coexistence. Toutdépendra donc du choix opéré par le nouveau pape…

Nicolas Diat –JenepensepasqueBenoîtXVIaitchoisiuneli­gne à proprement parler à l’égard de l’islam, c’est d’ailleurspeut­êtreunreprochequ’onpeutluifaire.EtjenevoispasenRatisbonne un acte manqué, mais un grand discours sur lafoi et la raison dans lequel il a parlé de l’islam en l’appelant àrejoindre le schéma d’une foi dialoguant avec la raison.Quant à la visite de la mosquée Bleue, en Turquie, je n’y voisaucun geste marketing de rattrapage. Benoît XVI a admisplusieurs fois non pas s’être trompé, mais mal fait compren­dre. Au­delà, le grand défi sera celui des évangélistes, quiresteplusquejamaisleproblèmecentraldel’EgliseenAmé­rique latine mais aussi en Afrique. Le successeur deBenoît XVI devra se pencher sur ce dossier : le pourcentagedes catholiques au Brésil est passé de 95 % au début des an­nées 1980 à 65 % aujourd’hui au profit des évangélistes.Jean-Pierre Denis – Le cas brésilien est symptomatique dupassage d’un catholicisme reçu à un catholicisme choisi.L’époqueoùl’onétaitcatholiqueparcequ’onnaissaitdepa­rents catholiques est révolue. Plus l’Eglise catholique lecomprendra tardivement, plus dur sera le réveil…Nicolas Diat – Ilyaunefortedistorsiondanscepaysentre leszonesurbainesetsocialementfavorisées,oùeffectivementlesbases de la transmission s’effondrent, et un catholicisme po­pulairedontlesbasess’écroulentparcequedesEglisespente­côtistes nées en Amérique du Nord sont venues se greffersans aucun scrupule sur une certaine misère. Avant distinc­tionentrefoireçueetchoisie,j’observeuneproblématiqueso­ciologique.Ilestévidentquel’Eglisecatholiquenepourrapasfairel’économied’uneréflexionsurceterrain­là.Lesprochai­nes JMJ de Rio, l’été prochain, seront une réponse.

■ PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICE DE MÉRITENS

D e même qu’il existe unedroite et une gauche,des libertins et descroyants, des mondainset des bourrus, des littéraires et des scientifiques, des

politiques et des experts, on peut soutenir sans exagération quel’humanité est partagée en deux familles, presque deux espèces, quirecoupent en gros deux conceptions du roman : les stendhaliens etlesflaubertiens.Iln’existe,dechacunedecesfamilles,aucunedéfini­tion satisfaisante, si ce n’est qu’elle est antinomique de l’autre.Aujourd’hui comme hier, l’allergique à Flaubert fait volontiers sienle portrait, brossé par Sartre, du médecin manqué, du névrosé exis­tentiel,durentiertémoindelamauvaiseconscienceetdelamauvaisefoibourgeoise ;et làoùFlaubertsesauveparsonsensmiraculeuxdece qu’on appellerait aujourd’hui le « vécu » de ses personnages, dontleplusillustreestEmmaBovary, làoùleromancierparvientàtrans­cendersonpartiprisd’objectivitéen émotion esthétique grâce à labeautédelaforme,lestendhalienlui reproche son manque despontanéité et le conflit jamaisrésolu entre son intelligence etses pulsions. L’incroyable abon­dance des ouvrages, essais, thè­ses, témoignages consacrés àl’homme et à son œuvre s’ex­plique par cette contradiction.Thibaudetenarecherchélesclefsdanssesromans ;Sartrel’aéclairéeà la lumière de Marx et de Freud ; plus près de nous, Pierre­Marc deBiasi s’est concentré sur le style. L’audace avec laquelle MichelWinock renouvelle sa lecture, après avoir tout lu de lui et sur lui, etle situe dans son temps, et par là même dans le nôtre, dans un stylelimpide et précis, avec une empathie digne de son modèle, estd’autant plus saisissante que l’on croyait, à propos de Flaubert, quetout avait été dit *. Le biographe ne balaie aucune des faiblesses del’homme, mais il montre que l’énorme effort consacré par Flaubert àfaire parler les faits, sans psychologie ni idéologie, son effort de titanpour trouver un style capable de rendre la substance des êtres et deschoses, sa capacité de reconnaître dans des caractères singuliers destypes universels, et même le nihilisme avec lequel il s’acharne à met­tre à nu la bêtise, comme sur les tables de dissection de l’Hôtel­Dieude Rouen où travaillait son père, tout cela a fait de ce Viking bourrulepeintreleplusraffiné,etsouventprophétique,denotrecivilisation.Ce nostalgique paradoxal de la décadence de l’Empire romain a res­senti de l’intérieur, avec une violence que n’a égalée aucun de sescontemporains,lesconséquencesliberticidesdel’égalitarismedémo­cratique et de la culture de masse. En ce sens, il est le plus modernede nos antimodernes. Pour le stendhalien, son vrai point faible res­tera d’avoir anticipé une des pires constantes de la culture politiquefrançaise : la propension de l’intellectuel à disqualifier la politique enjugeantcelle­ciàl’aunedel’Absoluqu’ilchercheàatteindredansl’art.* Michel Winock, Flaubert, Gallimard.

L’humanité est divisée

en deux espèces, stendhaliens

et flaubertiens

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Ideesmag Histoire

Un “Château”, 24 locatairesDe Louis-Napoléon Bonaparte à François Hollande, la France a connu 24 présidents de laRépublique à l’Elysée. Maxime Tandonnet raconte leur histoire. PAR RÉMI SOULIÉ

Sans doute n’imagi­ne­t­on pas, aujour­d’hui, combien laConst i tut ion de1958 et l’élection duprésident de la Ré­

publique au suffrage universeldirect, voulue en 1962 par le gé­néral de Gaulle, constituèrentune véritable révolution pourles consciences républicaines.Dans son Histoire des présidentsde la République *, Maxime Tan­donnet en souligne même le« caractère hérétique » tant, de­puis la Révolution de 1789, lesfantômes des 40 rois qui ontfait la France hantent la tradi­tion démocratique française.Pour exorciser ces revenants,rien ne vaut un « roi fainéant »qui « inaugure les chrysanthè­mes ». C’est en tout cas ce queprévirent les institutions desIIIe et IVe Républiques enconfiant aux assemblées et auprésident du Conseil l’essentieldes pouvoirs.

Il n’en reste pas moins, notel’auteur,que«lafonctiondechefdel’Etat telle que nous la connaissons(…) a été forgée par les hommes quil’ontoccupéeplusqueparleschange­ments constitutionnels », ce donttémoignent, dans ce livre, lesportraitsàlafoisphysiques,psy­

chologiqueset,bienentendu,po­litiques des vingt­quatre hom­mes qui occupèrent cetteéminente fonction, depuisLouis­Napoléon Bonaparte, en1848, jusqu’au Président nor­mal, en 2012.

Billard l’après-midipour Jules Grévy

Cette promenade historique,certes, mais aussi sociologique lelong de la rue du Faubourg­Saint­Honoré est l’occasion dedécouvrir les petites habitudesdes différents locataires du« Château », leurs ambitions ar­chitecturalespourcehautlieuouencore le rôle des « premièresdames » et de leur progéniture.

Ainsi Jules Grévy (1879­1887),surnommé « le Président deslapins », goûte­il par­dessus toutles sorties vers son Jura natal, oùil peut pêcher et chasser à saguise. Austère, réputé pingre, ilrejette toute personnalisation dupouvoir, en cela fidèle à la strictedoxa républicaine. Ses journéescommencent par une longuepromenadedansleparcdel’Ely­sée,avantunematinéedetravail.Il consacre une partie de sesaprès­midi aux échecs et aubillard, se délecte aussi de la lec­ture de Chateaubriand. « Tout en

sagesse et en pondération, observeTandonnet, personnage consen­suel, l’homme rassure, avec sonimage de force tranquille. »

Son successeur, Sadi Carnot(1887­1894), prise en revancheles mondanités et se montreprodigue. Bals, réceptions etdîners s’enchaînent, auxquelsson épouse, la «pétillanteCécile»,prête la main avec naturel etentrain.

Félix Faure (1895­1899), le« Président­Soleil », se montrequant à lui très sourcilleux enmatière de protocole et déploreque Casimir­Perier, auquel ilsuccède, ne soit pas venu au­de­

vant de lui pour le reconduire,comme le veut l’usage. Il s’atta­cheégalementàrénoverl’Elysée,couvrant les murs de tapisserieset de fresques. « Je me déshonore­rais, déclare­t­il, en n’utilisant pasles moyens que la République met àma disposition. » Il passe ses di­manches et une partie de l’étédans la résidence présidentielledu château de Rambouillet ;danslesenvirons, ilorganisedesbattues grandioses où se pressela haute société. L’une de sesfilles, Lucie, gagne le surnom de«GrandeMademoiselle»car,seloncertains observateurs, c’est elle« qui mène le train à l’Elysée ».

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Ce qui surprend toujours, avec Jeanne d’Arc, c’estqu’on ne cesse d’apprendre du nouveau sur elle.

Le livre d’Olivier Bouzy en est l’illustration parfaite.Ce médiéviste, qui s’appuie sur une connaissance duXVe siècle aux mailles étroites et solides, nous faitainsi revisiter la vie de la Pucelle dans le contextecontradictoire et confus de l’époque. Les « voix »qu’elle aurait entendues sont passées également au

fintamisdel’historien.OnconstateaussiqueJeanned’Arceutunede­vancière et qu’elle fit au moins une émule. La première, au pont deCommynes, en 1382, s’appelait Getrud Trysse. L’autre, en armure, sefit tuer en 1453, lors de la bataille de Gavre. Toutes les deux affrontè­rentlesFrançaisàlatêtedeFlamandsrévoltés !Ensonsiècle, lafigureétrangedeJeannenetombedoncpasducielcommeunemétéorite.Laguerre avec l’Angleterre, nous dit également Olivier Bouzy, est peut­être avant tout une guerre entre princes français. JEAN-MARC BASTIÈRE

Jeanne d’Arc en son siècle, d’Olivier Bouzy, Fayard, 318 p., 20 €.

Jeanne en son temps

Le dandy collaboN é à Sienne, en 1901, de parents français artis­

tes, Jean Luchaire avait du brio. Il suivait lesmodes, en créait d’autres. Des convictions ?Aucune, si ce n’est, après la grande boucherie de14­18, la vague idée d’un gouvernement des éliteseuropéennes éclairées. Pour penser l’entre­deux­guerres, le bagage était mince, et les garanties mo­rales, inexistantes. Le journalisme mondain de Lu­

chaire, bientôt père d’une actrice en vue, Corinne, coûtait cher.Quand les fonds secrets du ministère français des Affaires étrangè­res ne suffirent plus, ceux, plus secrets, de l’Allemagne hitlériennevinrent à la rescousse. De cette dépendance financière à la collabo­ration active, le pas fut vite franchi, comme le raconte Cédric Me­letta, dans une biographie qui décrit la plongée d’un personnagepris dans la toile de ses relations politiques et personnelles. Un gâ­chis qu’aucune fin, fût­elle courageuse face au peloton d’exécution,en 1946, ne pourra racheter. RÉMI KAUFFER

Jean Luchaire. L’enfant perdu des années sombres, de Cédric Meletta, Perrin, 450 p., 24,90 €.

EDIT

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C’était Diên Biên PhuI lyabientôtsoixanteans, laFrancelivrait,àDiên

Biên Phu, la dernière bataille rangée de son his­toire. L’armée française, malgré des combatsacharnés, ne réussit pas à juguler un ennemi supé­rieur en nombre. Officier, historien, spécialiste dela chose militaire, Ivan Cadeau retrace, étape parétape, le déroulement de la tragédie. Et liste les rai­sons de l’échec. Le débat sur ce point n’est pas près

de s’éteindre. Est­ce la décision de faire de Diên Biên Phu un campretranché ? Les dissensions au plus haut niveau du commande­ment militaire ? Le choix, contesté, du général Navarre, qui neconnaissait pas l’Indochine auparavant ? L’aide chinoise à l’Arméepopulaire du Vietnam, alors que l’aide américaine à notre égardétait parcimonieuse ? Ou, plus profondément, l’indifférence de laMétropole et l’absence d’objectifs précis de la part des politiques ?Une chose est sûre : les soldats auront, une fois de plus, payé au prixfort les tergiversations du pouvoir. CHARLES-HENRI D’ANDIGNÉ

Diên Biên Phu, d’Ivan Cadeau, Tallandier, 206 p., 17,90 €.

TALL

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Lectures

L’atavisme royal serait­ildonc irréductible ? La prési­dence d’Alexandre Millerand(1920­1924), dit « le Sanglier »,marque de ce point de vue­làune évolution sensible. Loin des’effacer, il préside le Conseildes ministres d’une manière si« active et autoritaire » qu’Aris­tide Briand, président duConseil, est contraint de dé­missionner sans avoir pourautant été mis en minorité.Précurseur et visionnaire, no­tamment sur le plan institu­tionnel, il annonce, non sansgrandeur, la suprématie dupouvoir exécutif que le généralde Gaulle (1959­1969) allait in­carner, et dont François Mit­terrand (1981­1995), quoiquecontempteur des institutionsde la Ve République et du« coup d’Etat permanent »,userait en artiste virtuose.

Nicolas Sarkozy,« hyperprésident »

L’«hyperprésidence»deNicolasSarkozy (2007­2012), bienqu’exercée sur un mode et dansun style très différents, s’inscritd’évidence dans une telle lignée.La description qu’en donneMaxime Tandonnet est d’autantplus précieuse que, haut fonc­tionnaire, il fut également un

proche conseiller du Présidentpour l’immigration et la sécurité.

« Affamé d’action », passionné, àla fois conservateur et libéral, cethomme politique hors normes’attacheàbousculerlesidéesre­çues et à faire bouger les lignes,peut­être trop parfois. « Le volon­tarisme du chef de l’Etat, remarquel’auteur,setraduitparunevéritablesuractivité » et une accumulationde réformes : mise en place d’unservice minimal dans les trans­ports, défiscalisation des heuressupplémentaires, réduction del’impôt sur l’héritage, suppres­sion de la taxe professionnelle,autonomie des universités, Gre­nelle de l’environnement, grandempruntnationalde35milliardspour financer les investisse­mentsd’avenir,reportdel’âgededépartàlaretraitede60à62ans,multiplicationdesdéplacementsenprovinceetàl’étranger,omni­présence… Las : l’« hyperprési­dent » est accusé de désacraliseret de banaliser la fonction.

François Hollande, enfin, « re­noue avec la tradition de la déclara­tion d’investiture sous les IIIe etIVe Républiques » consacrée à ladéontologie présidentielle et à lapromessederespecterl’équilibredes institutions. A l’instar desJules Grévy, Emile Loubet, Ar­mand Fallières, « Gastounet »Doumergue, Vincent Auriol etJacques Chirac, ce radical dansl’âme compte parmi les Prési­dents jugéssimplesetsympathi­ques. Ne s’est­il pas exclamé de­vant des enfants empressés : « Jesuis plein de bisous, hein, moi, je suisle Président des bisous ! » ? Prépa­rons­nousdoncàtendrelesdeuxjoues… ■

* Histoire des présidents de la République,de Maxime Tandonnet, Perrin, 540 p., 25 €.

Les institutions de la Ve Républiqueont passé le cap de l’alternance politique(à gauche, François Mitterrand)ou de l’adoption du quinquennat(ci-contre, Nicolas Sarkozy).

Des présidents sans pouvoir.Sous la IIIe République, lesattributions du chef de l’Etat sontlimitées. On dit qu’il « inaugure leschrysanthèmes ». A gauche, FélixFaure. A droite, Raymond Poincaré.

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Certains jugeaient le dos­sier refermé. Qu’il nefaudrait pas remettre lecouvert avant quelquesannées et que les mesu­res impopulaires se­raient pour les autres.Las. Le Conseil d’orien­

tation des retraites (COR) est venu dou­cher leurs espoirs en décembre. Quelleque soit la façon de prendre le problème,

l’évidence s’impose : il va falloir une nou­velle réforme des retraites. Et pas une cos­métique. Non, une bonne grosse réformeparamétrique, touchant tous les régimes,danslaveinedecellede2010,poursauverle système de la faillite.

Alors que la réforme Woerth de 2010assurait l’équilibre du système en 2018(mais pas au­delà, contrairement à ce quemartèlent les socialistes), le retournementqui frappe la France a avancé l’échéance.

« On pensait se prendre le mur après 2018,mais on s’en rapproche plus vite », décrypteun parlementaire de l’opposition. A causede la crise, la réforme de 2010 n’aura ré­duit que de moitié le besoin de finance­ment en 2020. Et l’ardoise à combler estlourde : entre 20 et 25 milliards d’euros,qu’il va donc falloir trouver pour éviteraux régimes la banqueroute. Le recul pro­gressif de l’âge de départ en retraite à62 ans, voté à l’automne 2010 et amendé

Pourquoi une nouvelle réforme est indispensable

Moins de cotisants,plus de retraitésA cause de l’aggravation de la crise, François Hollande va êtreobligé de réformer cette année le système des retraites. Laquestion d’un nouveau report de l’âge de départ est posée.DOSSIER COORDONNÉ PAR CAROLE PAPAZIAN ET GHISLAIN DE MONTALEMBERT

La commission des retraites installéepar Jean-Marc Ayrault fin févrierdoit faire des propositions pour équilibrerl’économie du système.

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l’été dernier par François Hollande, vacertesramener20milliardsparandanslescaisses à terme, mais le compte n’y est pas.La raison est simple. L’espérance de viecontinue de progresser de deux mois paran et le rapport entre cotisants et retraitéscontinue en parallèle sa lente plongée. Encinquante ans, il est passé de 4 à un peuplus de 1… D’où le trou, toujours abyssal, àcombler.

L’allongement de la duréede cotisation sera examiné

Le gouvernement socialiste n’a dès lorsplus beaucoup de solutions. Parce qu’il y aurgence, il va lui falloir remettre le chan­tier sur le tapis, et plus tôt qu’il ne le pen­sait. Dès cet été. Et le correctif à apporterdevra être de grande ampleur. Ce quicontrecarre ses plans. Dans son pro­gramme – promesse 18 –, François Hol­lande a pris l’engagement de lancer une« négociation globale dès l’été 2012 avec lespartenaires sociaux afin de définir, dans uncadre financier durablement équilibré, l’âge dedépart à la retraite, la prise en compte de lapénibilité, le montant des pensions et l’évolutiondes recettes indispensables à la pérennité denotre système de retraite solidaire ». Une foisencore, le principe de réalité et la confron­tationauxindicateursmacroéconomiques,

implacables,ontramenélespiedssurterreau chef de l’Etat. Non seulement il y auraune réforme d’envergure, mais elle por­tera moins sur les corrections des injusti­ces du système (pénibilité, polypension­nés, carrières courtes, femmes…) que surles recettes, nécessaires à trouver, poursauver l’ensemble des régimes.

D’ailleurs, Najat Vallaud­Belkacem arécemment parlé un peu vite en tentant deminimiser l’ampleurdelatâcheetenaffir­mant que la réforme Ayrault ne compor­teraitpasdebaissedespensions.Ouquelegouvernement excluait d’augmenter ladurée d’activité. La ministre s’est mêmelaissé aller à affirmer que le passage à unsystème par points, en vigueur dans lespays nordiques et cher à la CFDT, suffiraità rééquilibrer financièrement les régimes.« Passer à un système par points ne résoudrarien, confirme un collaborateur du Pre­mier ministre, plus au fait du dossier quela ministre. Il y aura une réforme paramétri­que et on posera peut­être les bases d’uneréforme systémique, mais pour le long terme. »Jean­Marc Ayrault est en outre assezréservé sur une désindexation des pen­sions du régime de base, dans la foulée decelles des régimes complémentaires.« C’est une décision politique lourde, ad­met­on encore à Matignon. Les retraitésvont déjà être sanctionnés financièrement parles mesures arrêtées par les partenaires sociauxsur les complémentaires. »

Reste donc l’option, politiquement dan­gereusepourlamajoritédegauche,quis’yétait opposée en 2010, d’un nouvel allon­

gement de la durée d’activité. Soit par lebiais d’un nouveau report de l’âge de dé­part légal, soit par la hausse de la durée decotisation pour bénéficier d’une retraite àtaux plein, soit un mix des deux. « C’est leseul paramètre qui permet en peu de tempsd’engranger beaucoup de recettes », reconnaîtEric Woerth, l’ex­ministre du Travail quia donné son nom à la réforme. La droite,d’ailleurs, revient régulièrement à lacharge sur l’âge de départ. Xavier Ber­trand, qui a succédé à Eric Woerth fin2010 Rue de Grenelle, fait deux proposi­tions dans ce sens. Primo, accélérer le pas­sage de la retraite à 62 ans et le rendreeffectif en 2015 et non en 2017 (le députéPSJean­MarieLeGuenlepréconiseégale­ment). Et, secundo, le porter à 65 ans en2025. L’ex­Premier ministre FrançoisFillon est sur la même ligne, comme Lau­rence Parisot, la présidente du Medef.

Trois mois pour élaborerles pistes d’une réforme

Gênéeauxentournures, lamajoritéest ten­tée d’augmenter les prélèvements – et no­tamment les cotisations employeurs –,sous la pression de ses alliés du Front degauche,quiveulentendécoudreaveclepa­tronat. Mais la coupe n’est pas loin d’êtrepleine, et quelques points de taxation sup­plémentaire ne changeraient pas grand­chose à l’équation finale. « Le compte n’y se­rait pas, sauf à avoir la main très lourde, et ceserait aller contre la compétitivité que le gouver­nementacherchéàrelancerenFrance»,assureun expert. Les élus de gauche pourraientaussi décider d’élargir l’assiette de cotisa­tion–entaxantnotammentunpeupluslesrevenus du capital –, mais là encore lecompte n’y serait pas.

Aucune décision ne devrait être arrêtéeavant la fin de l’année. Un comité desSages, composé d’une dizaine d’experts delamatièresociale–maispastousdesretrai­tes–etprésidéparl’ex­présidenteduCOR,Yannick Moreau, a été installé fin févrierpar le Premier ministre. Sa mission ? Ela­borersoustroismoisdespistesderéforme.Une large concertation, notamment avecles partenaires sociaux, sera ensuite enga­gée pour parvenir au cours du second se­mestre, indique­t­onàMatignon,à« une ré­formejusteetéquilibrée».Etcepourundébutd’applicationen2014.D’ici là, lacroissancesera peut­être revenue et la facture, bienqu’inéluctable, peut­être un peu moins sé­vère qu’annoncé… ■ MARC LANDRÉ

Yannick Moreau doit proposer d’ici à juin plusieursscénarios pour sortir de l’impasse.

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SPÉCIAL RETRAITE

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Quel sera le montant de ma retraite ?La question préoccupe de plus enplus les ménages, conscients queleurs revenus baisseront significati­

vement lorsqu’ils auront cessé de travailler.Dans les faits, les cadres ou les professionslibérales touchent entre 40 et 60 % du brutde leurs derniers salaires : cette moyennepermet de calculer la retraite de base verséepar la Caisse nationale d’assurance vieillesse(Cnav) et qui est plafonnée. Les fonctionnai­res sont en revanche mieux lotis, ils peuventprétendre à 75 % de leurs derniers salaires.

Tous les salariés ne sont donc pas égauxdevant la retraite, loin s’en faut. Toutefois,ces pourcentages cachent souvent d’agréa­blessurprisespourlesfutursretraités.« Carlespensionsderetraitesupportentprèsdetroisfoismoins de charges que les salaires », soulignePascale Gauthier, du cabinet Novelvy. Fortlogiquement, les retraités ne cotisent pluspour la retraite et l’assurance chômage. Etleurs cotisations d’assurance­maladie sontégalement très réduites. Résultat, le salairebrut à partir duquel est calculée la pensionde retraite n’est plus amputé que de 8 % en­

viron de chargessociales,alorsquependantla vie active, ce même salaire supporte entre20 et 25 % en moyenne de cotisations socia­les et salariales. Un cadre à qui on prédit untauxderemplacement(pensionparrapportau salaire) de 46% aura en fait 54 % de sesrevenus précédents en tenant compte descotisations plus faibles qu’il supportera.« Souvent, les particuliers sous­estiment beau­coup le montant de leurs pensions », constateainsiEmmanuelGrimaud,présidentfonda­teur de Maximis Retraite.

Les hommes qui ont pris leur retraite en2012 ont touché une pension moyenne ver­sée par la Cnav (hors complémentairesAgirc­Arrco) de 1 162 euros par mois. Lesfemmes, qui ont souvent des carrières plusheurtées et des revenus moins importantsont, elles, perçu 955 euros. Un montantmoyen en hausse toutefois de 4 % par rap­port à la génération précédente.

Pourvousaideràyvoirplusclairsurvotrefuture retraite, et donc à mieux la préparer,nous avons demandé à Maximis Retraite desimuler ce que percevraient un cadre, unmédecin et un fonctionnaire, tous trois rele­vant de régimes de retraite différents.

■ LES CADRES PEUVENT PERDRELA MOITIÉ DE LEURS REVENUSMme Dupont, 62 ans, est cadre supérieur,g a g n a n t 9 3 6 0 0 e u r o s n e t p a r a n(120 000 euros brut). Ayant eu une carrièrelinéaire et cotisé pendant quarante ans et untrimestre, elle peut prétendre à une retraite àtaux plein. « Cette dame touchera 60 % de son

salaire net, soit 56 160 euros net », calculeEmmanuel Grimaud.

Biensûr,uncadrequiauraiteuunecarrièreplus heurtée avec une période de travail àtemps partiel (ce qui est fréquent pour lesfemmes) ne pourra pas toujours prétendre àun taux de remplacement de son dernier sa­laire de 60 %. « Généralement, la pension de re­traite d’un cadre supérieur correspond à 50 à60 % de son dernier salaire. Les cadres ayant desrevenus moins importants peuvent prétendre à60 %, voire 70 % s’ils ont eu un salaire élevé trèstôt », précise Emmanuel Grimaud.

■ LE MÉDECINDOIT COMPTER SUR LUI-MÊMEM. Durand, médecin généraliste de 65 ans,gagne88000eurosnetparanenfindecar­rière. Lorsqu’il cessera de travailler, il netouchera plus que 39 % de ses revenus, soit34 625 euros net par an selon les calculs deMaximis Retraite. Ce qui fait une énormedifférencederevenus.Pourfairefaceàcettechute, les médecins, tout comme les arti­sans, commerçants et autres membres deprofessionslibéralessontnombreuxàsous­crire des contrats de retraite complémen­taire Madelin. Les médecins libéraux,comme toutes les professions libérales, sontseuls à cotiser pour leurs vieux jours,contrairement aux salariés et fonctionnai­res, que leur employeur épaule en cotisantlui aussi pour leur retraite. Pour éviter demauvaises suprises aux professions libéra­les,lespouvoirspublicslesobligentàcotiserdavantage pour leurs retraites complémen­taires depuis 2003.

■ HEUREUX FONCTIONNAIRESCe sont les mieux lotis. Leur pension repré­sente en effet 75 % des six derniers mois desalaire. Une aubaine. « On constate souventque les fonctionnaires sont promus quelquesmois avant de prendre leur retraite », notent,perfides, les spécialistes de la retraite.« Toutefois, jusqu’en 2004, leurs primesn’étaient pas prises en compte dans le calcul deleur pension de retraite, qui ne représentait que60 % de leur dernier salaire », tempère Pas­cale Gauthier. Depuis 2004, les primessont prises en compte, mais il faudra dutempspourquelesystèmeproduisepleine­ment ses effets. Finalement, un professeurgagnant 50 000 euros brut par an, bénéfi­ciera d’une retraite à taux plein de28 525 euros net, représentant donc 70 %de son dernier salaire, selon les calculs deMaximis Retraite. ■ DANIÈLE GUINOT

Les retraites des Françaisne sont pas toutes calculéesde la même façon. Certainssont plus favorisés qued’autres. Décryptage derégimes à plusieurs vitesses.

Les calculs à faire, que vous soyezcadre dans le privé, médecin ou professeur

Ce que vouspercevrez vraiment

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toutes les chances de s’apprécier davantage àmoyen terme », estime Philippe Crevel,secrétairegénéralduCercledesépargnants.

Un avis partagé par les gestionnairesfinanciers, convaincus que le moment estvenu pour les actions de prendre leurrevanche. « Les dix prochaines années de­vraient être positives sur les marchés boursiers.Les entreprises européennes profitent de lacroissance mondiale, et augmenteront leurs

profits même si l’économie européenne est enpanne », affirme Michael Barakos, respon­sable de la gestion actions européenneschez JP Morgan AM. Certes, le bilan de ladernière décennie a de quoi refroidir lesardeurs des épargnants. « Mais seulementparce qu’ils se concentrent sur les actions euro­péennes », tempère Yves Maillot, directeurdu pôle d’expertise actions européennesdeNatixisAM.«Uninvestisseurquiaprivilé­gié les Etats­Unis ou les Bourses émergentes s’enest mieux sorti. » D’où l’intérêt des sicavdiversifiées, multi­actives et flexibles, sus­ceptiblesd’investirsurtouslesmarchésenfonction des opportunités. Elles sont pro­posées dans un nombre croissant decontrats d’assurance­vie, justementcomme une solution clés en main pourinvestirà longterme.Etellesplaisentaussiaux épargnants qui jugent encore tropdangereux d’investir dans une sicav uni­quement en actions.

« Les prochaines années vont être compliquéespour l’économie de la zone euro, et donc pour laBourse. L’évolution de la fiscalité, elle aussi, estplus que jamais incertaine. La chose la plusintelligenteàfairedanscetenvironnement,c’estde diversifier le plus possible ses placements »,résume François­Xavier Serraz, directeurde la gestion privée de la BESV.

L’assurance-vie a été préservéedes tours de vis fiscaux successifs

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sont pas imposés jusqu’à 4 600 euros paran(ledoublepouruncouplemarié).Maiscetabattement n’a pas été revalorisé depuisquinzeans.S’iln’estpasmajoréaucoursdesprochaines années, il aura perdu beaucoupdesonintérêtquandviendral’heuredelare­traiteet lemomentdepuiserdans lecontrat.Au­delà, les gains retirés sont soumis à l’im­pôt sur le revenu ou bien à une taxe forfai­taire de 7,5 %. Mais les rumeurs vont tou­joursbontrainsurunepossiblemodificationdecesavantagesfiscaux.«Aujourd’hui, l’assu­rance­vie garde un attrait fiscal. Mais pour unplacement boursier, le plan d’épargne en actionsest plus intéressant », estime François­XavierSerraz. Le PEA offre une exonération totaled’impôt (hors prélèvements sociaux) sur lesgains réalisés cinq ans seulement après sonouverture. Des avantages qui n’ont jamaisété remis en cause.

Le Perp échappeau plafond des niches fiscales

Un autre placement retraite a lui aussiéchappé à la chasse aux économies budgé­taires : le Perp (plan d’épargne retraitepopulaire).Lescapitauxquiysontinvestissont déductibles du revenu imposabledans la limite d’un plafond, certes, maisqui est généreux. L’économie d’impôt quecela procure aux contribuables les pluslourdement taxés est même plus élevéequ’avant, depuis l’instauration de la nou­velle tranche du barème de l’impôt sur lerevenu, à 45 %. « De plus, les sommes versées

sur le Perp n’entrent pas dans le nouveau pla­fond des niches fiscales, ramené cette année à10 000euros.Etàcertainesconditions,ellesnesont pas prises en compte non plus pour l’ISF,pas plus que la rente qui sera versée le momentvenu », souligne Vincent Dupin, responsa­ble du département des techniques patri­moniales de l’UFF, qui entend dorénavantcommercialiser plus activement ceproduit. « Nous ne serons pas les seuls »,promet­il.

Mais le Perp n’a pas jusqu’à présentconquis les Français, en raison de sescontraintes, et notamment de la touteconfiance qu’il suppose d’avoir à long

terme dans son assureur. Les sommes pla­cées sur le plan sont en effet bloquées jus­qu’à la retraite (sauf cas de force majeure,comme la fin des allocations chômageaprès un licenciement, etc.) avant d’êtreconverties en une rente viagère, gérée elleaussi par le même assureur. Il faut doncque celui­ci fasse l’effort de bien rémuné­rer les capitaux... pendant longtemps. « Enoutre, les frais de gestion des Perp sont élevés. Ilne faut pas hésiter, au moins, à les négocier »,conseille Philippe Crevel. Mais, à l’avenir,il n’est pas interdit d’espérer voir le carcans’assouplir.Déjàaétéintroduitelapossibi­lité de retirer jusqu’à 20 % du capital àl’heure de la retraite. « Et la fiscalité sur ceretrait est légère : 7,5 % seulement, après unabattementde10%»,ajouteVincentDupin.

Le Perp ressemble beaucoup à un autreproduit d’épargne retraite, réservé auxindépendants (commerçants, artisans,professions libérales) : le contrat Madelin,créé en 1994. En 2011, le nombre de cescontrats a bondi de 29 % et les cotisationsversées, de 33 %. Preuve que, malgré lescontraintes, un produit d’épargne avecune sortie en rente viagère peut trouverson public. ■ ANNE BODESCOT

De bons plans dans l’entreprise

L es « VIF », nouveauxconcurrents du Perp ? Denombreux cadres qui pro-

fitent d’une retraite d’entreprise(proposée dans 30 % des socié-tés) vont découvrir les « verse-ments individuels facultatifs ».Sur leur contrat de retraite d’en-treprise, ils font déjà des verse-mentsobligatoires,complétésparl’employeur, afin de constituer uncapital qui leur donnera droit à

une rente à vie. Mais, depuis l’andernier, s’ils souhaitent arrondirun peu plus vite ce pactole, ilssont libres de verser davantage, àtitre personnel. Ces versementssupplémentaires sont déducti-bles de leur revenu imposable,comme sur un Perp. « C’est inté­ressant, car souvent, les frais degestion de ces contrats retraitessont plus faibles que ceux des Perp,remarque Solenn Queau chez

Sciaci Saint-Honoré. Cette prati­que pourrait se généraliser si lesentreprises décidaient en plusgrand nombre d’intégrer cettenouvelle possibilité. »Un autre outil, proposé dans unnombre croissant d’entreprises, abeaucoup d’attrait : le Perco. Surcepland’épargneretraitecollectifpour la retraite, les salariés accu-mulent un capital grâce à leursversements, souvent abondéspar l’employeur, ce qui dope im-médiatement larentabilitédupla-

cement. Un pactole dans lequelils pourront puiser à leur guise àl’heure de la retraite ou qu’ilsconvertiront en rente viagère.Mais, surtout, il est possible, sil’entreprise l’a prévu, d’alimenterce plan en y versant sa participa-tion, son intéressement et mêmeses jours de RTT ou de congésnon utilisés, accumulés, parexemple, sur le compte épargnetemps, et « monétisés », c’est-à-dire convertis en argent sonnantet trébuchant. A. B.

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La pierre, l’investissementchéri des FrançaisAcheter de l’immobilier permet aux retraités de compen-ser la baisse de leurs revenus et de faire face aux aléas dela vie. Pour éviter les déconvenues, mieux vaut toutefoisdiversifier ses placements.

L a pierre a toujours occupé une placeà part dans le patrimoine des Fran­çais, très attachés à transmettre desbiens à leurs enfants et petits­en­

fants. Au fil des ans, l’immobilier est aussi devenu un outil incontournable de la pré­paration à la retraite, permettant de com­penser la baisse des revenus et de faire faceaux aléas de la vie. « L’immobilier offre une vé­ritable sécurité, pendant la phase de retraite quidureentrevingtetvingt­cinqansenmoyenne.Cequi est long et source d’incertitudes. Car on peutfacilement imaginerquependantcettepériodedenombreuses choses changeront, tant sur le planfiscal que financier », souligne Laurent Mo­net,responsabledel’offrechezBNPParibasBanque privée. Dans ce contexte chan­geant, « la pierre permet aussi de se prémunircontre le risque d’inflation, qui pourrait reveniret peser sur les pensions de retraite », pour­suit­il.

En achetant leur résidence principale, lesménages réalisent souvent, sans le savoir, leur premier placement retraite. Le jour venu, lorsque leurs revenus diminueront, 

ils paieront ainsi moins de charges qu’un locataire.Cequiestappréciableetpermet,lecas échéant, d’éviter de déménager pour unlogement plus petit au loyer moins impor­tant. « Mieux vaut acquérir son premier loge­mentdèsledébutdelavieprofessionnelle, l’objec­tif étant de ne plus avoir de mensualités à payerà la retraite », conseille Eric Pompon, direc­teur de l’immobilier chez Meeschaert Gestion privée.

Pensez d’abord à l’emplacement,ensuite à l’avantage fiscal

L’investissement locatif présente aussi, bien sûr, de nombreux avantages. Les se­niors l’ont d’ailleurs bien compris. En 2012,plus d’un quart (25,5 %) des nouveaux pro­priétaires bailleurs étaient retraités, selon Century21.«Maisilesttoutdemêmepréférablede commencer à réaliser ce type d’investissementaumoinsquinzeansavantdeprendresaretraite.Decette façon, les loyersperçuspaient l’emprunt,qui peut être souscrit aujourd’hui à des taux trèsbas », explique Eric Pompon. « Le retraitépourra ensuite vendre le bien, en réalisant éven­

tuellement une plus­value, ou utiliser les loyerscomme complément de revenus », poursuit­il.

Les formules d’investissement ne man­quent pas : immobilier ancien ou neuf, en directouviadesSCPI,oudesdispositifs fis­caux d’aide à l’investissement locatif. Depuis peu, le dispositif Duflot ouvre droità une réduction d’impôt de 18 % étalée surneuf ans et l’investissement est plafonné à 300 000 euros. Toutefois, l’investisseur devra respecter des plafonds de loyers infé­rieurs à ceux du marché. « L’avantage fiscalnedoitpasêtreleseulmoteurd’uninvestissementimmobilier, il doit seulement être la cerise sur legâteau », rappelle Gilles Etienne, membre du directoire de Cyrus Conseil. « L’investis­seur doit avant tout acheter un logement de qua­lité, situé dans un quartier où la demande loca­tive est importante et qui pourra être facilementrevendu, ce qui n’est pas toujours le cas des im­meubles neufs, souvent construits à la périphériedes villes », nuance­t­il. Les appartements anciens, situés dans les centres­villes et achetés avec ou sans travaux déductibles des revenus fonciers, ont souvent la faveurdes gestionnaires de patrimoine.

Diversifiez vos placements,ne misez pas tout sur un bien

Ceux qui ne veulent pas gérer eux­mêmesleursbiensimmobilierspourrontacheterdespartsdeSCPI,parexemple.Cesfondsimmo­biliers, généralement investis en bureaux eten commerces, offrent des rendements res­tant attractifs malgré des frais de gestion éle­vés (frais d’entrée pouvant atteindre 10 %).D’autres miseront aussi sur les résidencesavec services (étudiantes, de tourisme ou deretraite, Ehpad) procurant une réductiond’impôt de 11 % (limitée à 300 000 euros).Mais attention à bien choisir l’exploitant quise chargera de la gestion et de l’occupationdes appartements. « Nous préférons les résiden­cesétudiantes,carencasdedéfaillancedugestion­naire, l’investisseur pourra soit l’occuper soit larevendre facilement », avance Eric Pompon.

Si l’immobilier garde une place à part dansunestratégied’épargneretraite,notammentparce qu’il permet de se constituer un patri­moine à crédit, il doit être manié avec pré­caution. En effet, les risques d’impayés deloyers sont très pénalisants. « Il est préférablede diversifier les investissements immobiliers »,conseille Gilles Etienne. Tout miser sur lapierre n’est pas sans danger. « L’immobilier locatifnedoitpasreprésenterplusde50%desonpatrimoine hors résidence principale », estimeLaurent Monet. ■ DANIÈLE GUINOT

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122 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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Londres et New York sont les villes préféréesdes grandes fortunes. Selon le dernier WealthReport de Knight Frank, c’est là que préfèrentvivre et investir ceux dont le patrimoine dé­passe 30 millions de dollars, ceux que lesbanques privées qualifient de high net worthindividuals. Pour cette enquête, KnightFrank a interrogé des conseillers en gestionde patrimoine représentant 15 000 clientsdont la fortune cumulée dépasse 1 000 mil­liards de dollars. Selon l’étude, qui a aussiévalué l’évolution des prix des biens de luxe,la hausse la plus forte se situe en Indonésie :à Jakarta, les prix ont bondi de 38 % en un an,et à Bali, de 20 %, poussés par le boom desclasses moyennes aisées. Et bien que la Chine

tente de freiner l’envolée des prix, ils ont en­core augmenté fortement à Guangzhou etShanghaï.Optimiste sur la santé de l’immobilier deluxe, Knight Frank estime que le nombre despersonnes détenant plus de 30 millionsdedollarsvaaugmenterde 50%aucoursdes

dix prochaines années. « La demande des in­vestisseurs en propriétés de luxe ne se tarit pas,leurs valeurs ne semblent pas vouées à diminuerpuisque les high net worth individuals cher­chent toujours à investir dans des biens tangi­bles, comme les propriétés de luxe dans les villesles plus influentes du monde », observe LiamBailey chez Knight Frank.Dans le Monopoly mondial, New York de­meure un pôle d’attraction. Alors que le mar­ché immobilier américain repart, Manhattanreste un cas à part qui fascine toujours. « AManhattan, les ventes de maisons individuellesontbondide42%l’andernier»,observeCharlieAttias chez Corcoran. Parmi les ventes « tro­p h é e s » d u m a r c h é , B a r n e s c i t e l e s90 millions de dollars déboursés pour unpenthouse de 993 mètres carrés dans UpperWestSide(69 700euroslemètrecarré).«Lesinvestisseurs internationaux sont de plus en plusprésents à New York. Cette demande, le faible ni­veau des stocks et l’amélioration de l’économieaméricaine vont contribuer à la croissance dumarchéimmobiliercetteannée»,estimeBarnes.

■ CAROLE PAPAZIAN

New York est une des villes où lesplus fortunés préfèrent vivre etinvestir, selon Knight Frank.Alors que l’économie américainedame le pion à l’Europe, l’immo-bilier repart à Manhattan.

ÉRIC

MAR

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AZIN

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P A T R I M O I N E

FISCALITÉ

Bientôt un PEA pour aiderles PME ?

La création d’un PEA PME, destiné à drainer desfinancements vers les petites entreprises françai­ses, se fait attendre. François Hollande l’avaitévoqué en septembre, et l’idée avait été reprisedans le Pacte national pour la croissance. Mais ilsemble impossible de mettre d’accord les profes­sionnels sur la forme de cette nouvelle enveloppefiscale. Ses défenseurs espèrent une bonne nou­velle aux Assises de l’entrepreneuriat, au moisd’avril. En attendant, les discussions continuent.PME Finance, une association qui regroupe lesprofessions du financement des PME (entrepre­neurs, investisseurs en capital, conseils…), plaidepour un clone parfait du PEA actuel, avec sonplafond élevé (132 000 euros) et son exonérationd’impôt à la sortie, pour tous les gains réalisés.Les épargnants pourraient y détenir des actionsou des obligations de PME, cotées ou non. « Cettenouvelle enveloppe pourrait in­téresser les Français qui ontdéjà rempli leur PEA “classi­que”. S ’ i l s y invest i ssent25 000 euros, cela apporteraitau total 2,5 milliards d’eurospar an aux PME », estime JeanRognetta, le président de l’as­sociation. Pour d’autres, lemontant de l’enveloppe de­

vraitêtreplusfaibleetelledevraitêtre limitéeauxPME cotées. A l’origine, la naissance du PEAPME devait coïncider avec celle d’une Bourse desPME, censée faciliter l’introduction des petitessociétés sur le marché. Un projet au point mort.Mais la principale incertitude concerne… l’appétitdes épargnants pour un tel produit. L’investisse­ment dans les PME est risqué, de longue haleine,

etmêmelesfondsquioffrentencontrepartie une réductiond’impôt sur le revenu ou d’ISFséduisent de moins en moins.Or,lePEAestincompatibleavecces avantages fiscaux. La pers­pective de défiscaliser à la sortied’hypothétiques plus­valuessera­t­elle suffisante ?

■ ANNE BODESCOT

Un nouveau plan d’épargne en ac-tions pourrait être créé pour inciterl’épargne à s’investir dans les PME.

PhilanthropieLa fiscalité des dons pour l’étranger menacée

20milliardsC’est la somme nécessaireau financement des PMEet ETI (entreprises de tailleintermédiaire) selonJean-Hervé Lorenzi.

ÉPARGNEJouer l’eaugrâce aux sicavL’eau est la grande cause del’année 2013 pour les Nationsunies, et une Journée mondialelui est même dédiée le 22 mars.Pour Erik Orsenna, c’est une« rareté paresseuse », uneressource devenue rare, fauted’investissements. La financel’a bien compris. Une poignée defonds spécialisés (BNP Paribas,Pictet, Sarasin, Robeco…)misent en Boursesur les sociétés de traitementde l’eau, ou encore le « BTP del’eau », ces entreprises quicréent les infrastructuresindispensables. « Les besoinssont criants dans les paysémergents, mais aussi dansles pays développés, où denouveaux polluants, comme lesmédicaments, apparaissent et oùcertaines infrastructures datentde la fin du XIXe siècle », noteEric Borremans, responsabledu développement ISR de BNPParibas IP. Aux Etats-Unis,le réseau de distribution d’eauenregistre ainsi 250 000 fuitespar an. Les fonds « eau » lesplus performants ont gagné35 à 45 % en trois ans, et plusde 25 % en deux ans. A. B.

Mardi, 27 lots seront vendusau profit des Petits princes,une association qui réaliseles rêves d’enfants etd’adolescents atteints decancers et de certaines

maladiesgénétiques.L’opérationest menéeen

partenariat avec Toys R Us.Ces lots font partie de la venteUne histoire d’homme. Parmieux, figure un dessin au crayonet feutre de la pantouflede verre de Cendrillon parChristian Louboutin(21 x 29,5 cm)qui a été donné par WaltDisney France (notre photo).Il est estimé entre 600et 800 euros. C. P.

« C’est comme si une machine folle était lancéeet que nul ne pouvait plus l’arrêter. » FrancisCharhon, le directeur général de la Fondation deFrance, ne mâche pas ses mots. Une instructionfiscale de Bercy envisage, en effet, de réduire lesdons au titre desquels particuliers et entreprisespeuvent bénéficier d’une réduction d’impôts. Sacible : les dons qui soutiennent certaines actionsdes ONG à l’étranger. « Certainssecteurs ne seraient pluséligibles, notamment l’éducation,la santé, le parrainage d’enfants,l’agriculture et le microcrédit »,explique Francis Charhon. Unrapport a été remis récemmentpar la commission Bachelier,mais au ministère du Budget,rien ne filtre. Actuellement,

20 % des dons collectés en France financent desactions à l’étranger. « Le souci légitime d’éviterdes dérives ne doit pas conduire à la mise enœuvre de dispositions exagérément restrictives,qui pourraient être contre-productives », note laFondation de France. Elle souhaite que le champdes dons soit le même en France et à l’étranger.« Alors que le président de la République a

réaffirmé le rôle essentiel desONG dans le rayonnement de laFrance, cette instruction vaassécher leurs ressources etleurs actions à l’étranger.Pourtant, par exemple, au Mali,après le conflit, il faudra aider lesfamilles, soutenir l’agriculture…elles vont avoir beaucoup àfaire », ajoute-t-il. C. P.

ENCHÈRESUne vente caritativepour les Petits princes

RUBRIQUE COORDONNÉE PAR CAROLE PAPAZIAN

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126 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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cogedim.com* Dans le cadre du dispositif Duflot 2013, le non-respect des engagements de location entraîne la perte des incitations fiscales. La Loi Duflot permet une réduction d’impôts égale à 18% du prix de revient d’au plus deux logements,retenu dans la limite de 300 000 € par contribuable et pour une même année d’imposition, et d’un plafond de prix de 5 500 € par m² de surface utile. Cette réduction s’étale sur 9 ans minimum, représentant une réductionmaximale de 6 000 € par an, par contribuable, dans le cadre d’un plafond annuel des niches fiscales de 10 000 € pour 2013. La location, qui doit être consentie à usage de résidence principale et ne peut l’être à un ascendant,un descendant ou à un membre du foyer fiscal de l’acquéreur, doit respecter les conditions applicables au dispositif Duflot sur les plafonds de loyer mensuel par m² fixés selon 3 zones (A bis, A et B1) et variables en fonction de lasurface du logement, et sur les plafonds annuels de ressources des locataires fixés par le Décret no 2012-1532 du 29 décembre 2012.

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S U D O K U

Les astuces de la diabolique du numéro précédent

La diabolique de la semaine de Bernard Gervais Ingénieur et ancien professeur de mathématiques, spécialiste du Su Doku en France.

Société du Figaro SAS. Siège social : 14, boulevard Haussmann, 75009 Paris. Président : Serge DASSAULT. Directeur Général, directeur de la publication : Marc FEUILLÉE.Directeur des rédactions : Alexis BRÉZET. Directeur de la rédaction du Figaro Magazine : Guillaume ROQUETTE. Directeur délégué de la rédaction : Jean­René Van der PLAETSEN.Directeurartistique:JosephMAGGIORI.Secrétairegénéraldelarédaction:ThierryDERANSART.Conseilleréditorial:Anne­SophievonCLAER.Rédactionenchef:Jean­ChristopheBUISSON(Culture),Guillaume CROUZET (Tourisme, Art de vivre), Cyril DROUHET (Photos, Reportages, iPad), Carl MEEUS (France). Rédacteur en chef relations extérieures : François DELÉTRAZ.FRANCE : Véronique GROUSSET, Sophie ROQUELLE (rédactrices en chef), Martine BETTI­CUSSO, Ghislain de MONTALEMBERT (chefs de service), Christophe DORÉ (grand reporter),Raphaël STAINVILLE. Chroniqueurs : François d’ORCIVAL, Eric ZEMMOUR. REPORTAGES : Jean­Marc GONIN (rédacteur en chef), Pierre FLIECX (chef de service), Claudie BARAN,Olivier MICHEL, Jean­Louis TREMBLAIS (grands reporters). CULTURE : Véronique PRAT (rédactrice en chef Art), Laurence HALOCHE, Nicolas UNGEMUTH (chefs de service),ValérieLEJEUNE(grandreporter),ClaraGÉLIOT.Chroniqueurs:FrédéricBEIGBEDER,PhilippeTESSON.TOURISME:GuillaumedeDIEULEVEULT,BénédicteMENU(grandsreporters).Chroniqueur : Frédéric TADDEÏ. ART DE VIVRE : Laurence LACONTRE (chef de service), Pauline SIMONS (grand reporter), Pascal GRANDMAISON, Frédéric MARTIN­BERNARD,Sylvain REISSER. Chroniqueurs : Maurice BEAUDOIN, Philippe BOUVARD, François SIMON. IDÉES-MAG : Patrice de MÉRITENS, Jean SÉVILLIA (rédacteurs en chef adjoints).Chroniqueur : Alain­Gérard SLAMA. PATRIMOINE : Carole PAPAZIAN. iPAD : Cyril HOFSTEIN, Nathalie JÉRÔME. Rédactrice en chef SR-révision : Sylvie MARCOVITCH.Service Photo : Marie­Sylvie DEMAREST (chef de service), Isabelle DUREUIL, Jean­François GUERRI, Wanda SCHMOLLGRUBER. Documentalistes : Annick CHAPPELLIER,Anne SOLLIER. Service Maquette : Cyril DELABARRE (chef de studio), François CACHELOU, Sandrine KAUFMANN, Corinne LAGUERRE, Philippe RAILLIER,Bruno SIGNORINO. Chef d’édition : Philippe LACOUDRE. Secrétariat de rédaction : Véronique TRÉBOUTTE (1re SR), Véronique DEQUATREMARD, Régina FERREIRO,Hélène FRONI. Révision : Anne CADET, Pierre ILIAS, Marina PETROSSIAN, Nathalie SCAPEL, Laurent UHLER. Infographie : André de CHASTENET, Olivier CAILLEAU.

Editrice:SofiaBENGANA.EditeurAdjoint:RobertMERGUI.Directeurgénéraladjoint:MauriceBEAUDOIN.Administrateurdelarédaction:NathalieHERVO.Directeurcommercial:Franck­DavidLECOCQ.Directeur de la production : Sylvain COUDERC. Responsable technique : Philippe JAUNEAU. Production : Sylvaine POUVREAU. Chef de fabrication : Marc DELALANDE, avec Gaëlle OUILLON.Directeur de la communication : Virginie TEISSIER. Relations presse : Marie MULLER.Droits de reproduction : Valérie THEVENIAUD­VIOLETTE, Valérie SAUNIER, Virginie LE TRIONNAIRE, syndication­[email protected] paritaire n° 0416C83022 (édition nationale) et n° 0113C82655 (édition internationale).

Société du Figaro SAS : siège social : 14, boulevard Haussmann, 75009 Paris. Rédaction : 14, boulevard Haussmann, 75438 Paris Cedex 09. Tél. : 01.57.08.50.00. Publicité : FIGAROMEDIAS.Président-directeur général : Pierre CONTE, 9, rue Pillet­Will, 75430 Paris Cedex 09. Service promotion et partenariats : 01.57.08.50.76. Service abonnements : Tél. : 01.70.37.31.70. Fax : 01.55.56.70.11. Courriel : [email protected]:www.lefigaro.fr,rubriqueAbonnez­vous.Impression:ROTOFRANCEIMPRESSION(77185LOGNES)etSEGO(95150Taverny).Numérod’impression:13M1690.ISSN0184­9336.ImpriméenFrance/PrintedinFrance.

Rappel des règles du Su Doku : une grille est composée de 81 cases,soit 9 carrés (9 blocs de 9 cases). Le joueur doit compléter la grille avec deschiffres allant de 1 à 9. Chaque chiffre ne peut être utilisé qu’une fois, et uneseule, dans chaque ligne, dans chaque colonne et dans chaque carré.

LA SOLUTION... OU JUSTE UN INDICE ? Pour obtenir immédiatement la solution de ladiabolique de la semaine et de toutes les grillesdéjà parues:Appelez par téléphone le 0892 701 666Ou envoyer par SMS:DIABOLIQUE au 71111

Pour ne dévoiler que 9 cases choisissez la Zoneà révéler (schéma ci-dessous) puis:Appelez par téléphone le 0892 701 666

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71111: 0,50€ + Coût d’un SMS0892 701 666: 0,34€/mn

Ou envoyer par SMS:DIABOLIQUEZx au 71111x: la zone à révélerExemple: envoyer DIABOLIQUEZ6au 71111 pour recevoir la zone 6de la grille

1 2 3

4 5 6

7 8 9

Z

Difficulté : ✰✰✰✰✰B2=7,I4=3,C5=2,I5=4,I7=2.Les relations topologiques sim­ples ne fournissent aucun pla­cement certain. Il faut passer lavitesse supérieure. Bien aucentre, on voit le couple binaireE5­F6 = 7­9 (voir C4­G4 etD3­D7). Pas de placementinduit.Aprèscecouplebinaire,un triplet : D1­D8­D9 = 4­5­6(G2­I2­C6interdisentD2etE6­F5­E4 interdisent D4 et D6),par différence, D2­D4­D6 estun triplet = 1­2­8 qui montreD4 = 2 (A2 et G6 valent 2), maislaisse encore le Sudoku bloqué.Suite logique de la découverteprécédente, le couple binaireE8­F8 = 2­3 se dévoile. Ce qui

implique A8­B8­D8­H8 = 1­4­6­9. Il y a un 1 en A4­A5­A6à cause de B1, ce qui montreH8 = 1 certain suivi de I9 = 9.Enfin le placement séquentieltopologiqueI1=8(un6enD1ouF1) complète la solution. H2 = 9,H1 = 7, G5 = 7, G3 = 1, G1 = 3,I3 = 6, I6 = 1, D2 = 1, A3 = 3,F4 = 1, A5 = 1, D6 = 8, F6 = 7, etc.

128 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

Page 129: FM_1621.03.2013

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LA GARENNE COLOMBESVILLA VIVIANA

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ST CLOUDLES VILLAS MONTRETOUT

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SURESNESVILLA VICTORIA

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PUTEAUXVILLA CÉLINA

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1503_MAG_FRANCO SUISSE_P2:X_Gabarit Page Fig Mag.qxd 8/03/13 10:56 Page 1

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1 • LE FIGARO MAGAZINE - SAMEDI 16 MARS 2013

Problème n°295 : Précipitation de saison

Les enchères, Sud donneur, personne vulnérable  :

Sud O N E3♠ passe 6♠

Dans le bridge d’aujourd’hui, il est impensable de ne pas ouvrir de 3♠,non vulnérable, la main de Sud. Du coup, Nord n’explore pas le grandchelem, trop lointain.

Entame  : 6 de ♣.

Il est logique de fournir le Valet du mort, qui vous procure immédiatementla douzième levée s’il tient. Hélas, Est fournit la Dame… Ph. C.

♠ A D♥ A D 9♦ A 8 7 5 2♣ A R V

0♠ R V 10 9 8 7 2♥ 5 4♦ 9 6 4 3♣ -

Solution du problème n°294  : Une pression trop forteContrat  : 6SA.Entame  : 10 de ♦.

Vous possédez onze levées de tête (l’As de ♠ , trois ♥, quatre ♦ et trois ♣).Il ne vous manque donc qu’un seul pli. Vous ne pouvez le trouver qu’à ♣,seule couleur susceptible de vous offrir une levée supplémentaire. Dans l’absolu, le meilleur maniement pour quatre levées est de tirer entête, en espérant la chute du Valet. Mais, dans certains cas de figure, il sera préférable de faire l’impasse au Valet. Pour obtenir le maximumde renseignements, commencez par donner un coup à blanc à ♠ (petit ♠des deux mains). En dégageant l’As de ♠ ultérieurement et en encaissantvos ♥ et vos ♦, vous comprendrez peut-être que l’impasse au Valet est lemeilleur jeu. Ou, comme ici, Ouest se trouvera-t-il compressé entre ses ♠ et ses ♣, dans l’impossibilité de conserver, à quatre cartes de la fin,un ♠ maître et quatre cartes à ♣.

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HORIZONTALEMENT1. Protectrice des lettres. Grosbouquet de fleurs.2. Si on ne s’en fait pas, on ne s’enfait pas. Grande amoureuse dudésert. Bennett ou Crawford àHollywood.3. Chiffons de papier. Prussienneet dramatiquement sartrienne.Fait reculer.4. Envoyé spécial américain. Lesvols y sont très fréquents.5. Casque. Mouvement de ter­rain.Malignemaispasforcémentmauvaise.6. Fief de cheval. Orateur quidonnait des cours par correspon­dance.Poétiquementblanc.Note.7. Est sur la paille. Monté sur pi­les. Toujours très personnel.8. Est loin d’être parmi les pre­mièresenlettresgrecques.Prépo­sition. Poulets à l’américaine.9. Trois points. Ne laissaient pastomber. A l’envers : circule en fût.10. Courses non chronométrées.Seperdentparfoisdanslacampa­gne. Mis au parfum.11. Belle étoile. Réchauffent ourefroidissent.12. A trop d’appétit. Raccourcira.On s’y repose longtemps.13. Doit bien bouffer. Haut del’Italie. Tasse à l’envers. Chasseurprofessionnel.14. Parfumeur. Ceinture reli­gieuse. Manifestation d’intérêt.15. Saint bien noté. Jeune fille. Pa­risien de l’Ile­de­France.16. Pays de Saint­Pol. A toujoursl’air gai. Fondant. Lie.17. Préposition. Avait toujoursl’air doux. Ne donnait pas l’airdoux. Faire disparaître.18.Filsdefamillequiaeudesmal­heurs.Embarras.Prisesencharge.19. Ne laissa pas tomber. Tou­jours en panne des sens.20. Ramassa une bûche. Ancien.Refoulée. Hors paire.

VERTICALEMENT1. N’apprécient pas les rondes.Compter sur l’avenir.

2. Retourné chez Euripide. Ca­fard. Chose cassée.3.Baisseraleniveau.Combattantes­pagnol. Se bourre avec des craques.4. ArrivetroisièmechezBeethoven.Avancent des preuves.5. On le préfère gros. Lettres deShakespeare. Huile de peintre.En matinée. Ne change pas si onest fidèle.6. Porte­parole. Indicateur.Point marqué.7. Tête d’ahuri. Guide. Maincourante.8. Eminence romaine. Revenue

en Sologne en 1943. Terre d’ori­gine. Pas elles.9. Espaces compris entre deux ri­deaux. N’a pas sa place dans lamusique classique.10.Généralementgénéral.Brette.Difficile à avaler.11. Se sont mis tardivement à ta­ble. Ne donne pas l’air gai. Avaitl’air vache.12.Faim sans fin. Bureau de pla­cement.13. Règle. Conjonction. A de quoiréfléchir. Pot cassé.14. Réserve féminine. Le vol de

l’aigle. Poule commune.15. Est sur le même plan. Retour­née en 17. Partie de Grèce.16.Baisselesonàlaradio.Jeuxdelettres.17. Remise plus ou moins impor­tante. Condensés.18. Prend des formes. Séances derepassage. N’a pas voulu se servirde son droit.19. Sont à leurs pieds. Au bord dela mer. Les limites de Napoléon.20. S’est tiré sans tirade. Préposi­tion. Couche dans un lit. A perdusa place.

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Le bloc-notes deBouvardPhilippe

A yant réussi à économiser20 euros, vous avez décidéd’acheter un livre avec l’arrière­pensée de passer un bon mo­ment.Cataloguedesprécautionsàprendre.–Sivousavezvul’auteuràlaté­lévision, essayez de vous souve­

nir si sa bedaine n’explosait pas son veston. La graissedel’hommevaparfoisdepairavecl’obésitédubouquin.– Examinez l’épaisseur du produit. Au­delà de 500 pa­ges, méfiez­vous d’un pavé qui, en cas d’endormisse­ment,passeradouloureusementdesmainsauxpieds.–Pournepasvoustromperdansvotrechoix,consultezla liste des meilleures ventes. Si l’ouvrage est mauvais,voustrouverezunréconfortàpenserquevousn’êtespasleseuldéçu.– Feuilletez les suppléments littéraires en éliminanttous les volumes publiés par des journalistes et dontd’autres journalistes disent le plus grand bien avecl’espoir d’un renvoi d’ascenseur. Il ne restera plus enlice que ceux signés moitié par des notables, moitiépar des inconnus.–Proscrivezlesnotablesquipublientchaqueannéelemêmelivre.–S’agissantdes inconnus,nevousfiezpasàla«quatrièmedecouver­ture » où un tâcheron payé au smic vante les qualités d’un texte qu’ona oublié de lui communiquer.–Passezoutredelamêmefaçonsic’estune«écrivaine»,carl’affreuxmotrenvoie davantage au balai de crin de la sorcière qu’à la plume d’oie de lamarquise de Sévigné. Si la dame apparaît sur la couverture dans la poselascivequ’elledoitadoptersouslesdraps,nevouslaissezpasprendreautraquenardmontépoursubtiliservos20euros.–Sileportraitdel’auteurtrahitsonanciennetéparletiragesépia,appré­hendezlerefusdevieilliretlapropensionàtruquerlaréalité.– Si l’auteur fait partie d’une académie ou a reçu dans le passé un prixlittéraire majeur, craignez que le talent l’ait quitté tandis que lui venaitle cholestérol.– Selon l’exposition du livre – à la place d’honneur dans la vitrine, sur lacaisse,surdesrayonsinaccessibles,voiredansdespaquetspasdéballés–vous savez déjà si vous pourrez vous targuer d’avoir découvert un nou­veauBalzacousivousvouscontentezdesacrifieraupanurgismeculturel.– Le prix de vente, plus important que le prix Goncourt, peut quand ilest fixé à 20 euros descendre, pour des raisons de marketing, jusqu’à19,90€.Avantd’opterpourlemoinscher,sachezquelapiècede10cen­timesquelelibrairevousrendranevousserapasd’ungrandusage.– Si un bandeau ceinture le bouquin, déduisez­en que le titre n’étantpas assez commercial, l’éditeur pense à récupérer son à­valoir.– Si certaines pages ne sont pas coupées et que vous êtes paresseux,choisissez plutôt la BD.– Pour faire pleinement votre religion, ouvrez le livre. Ob­servez les caractères d’imprimerie avant de vous intéresseraux caractères des personnages. Plus les lettres sont grosses

et moins l’auteur a quelque chose à raconter.– Arrêtez­vous à la rubrique « du même auteur ». Au­delà de 20 titres, on n’a plus droit qu’à des resucées.Laisseztomber.–Sil’auteuradédiésonchef­d’œuvreàsavieillemèreouà son épouse bien­aimée, redoutez qu’il ait consommémoinsd’encrequed’eauderose.– Les formules placées en exergue sont toujours révéla­trices, qu’elles émanent de l’auteur lui­même, qui serange ainsi d’autorité parmi les grands penseurs, ou re­courentàunecitationdephilosopheallemandindiquantqu’avantd’écrireunpeu,lesignatairealubeaucoup.– Si le livre commence par une préface, de deux cho­ses l’une : ou bien le préfacier est beaucoup plusconnu que l’auteur et on compte sur lui pour attirer leclient, ou bien le responsable du propos liminaire estun ami de l’éditeur, qui essaie de le consoler du refusde son dernier manuscrit.– Lisez, avant même de vous être dessaisi de votre pré­cieuxbillet,lapremièrephrasedupremierchapitre.L’in­cipitestlabande­annoncedustyle.Silapremièrephraseremplit toute la première page et une partie de ladeuxième,attendez­vousàunmanquedeconcisionpré­

judiciableaurythmedelalecture.–Sivouspensezquel’écritureestuneactivitésolitaire,n’encouragezpaslesauteursqui,parincompétenceouparparesse,sesontbornésàrépon­dreauxquestionsd’untiers.– Si le chapitre est numéroté à l’aide d’un simple chiffre romain, il y a20eurosàparierquel’auteurneprendpasdecheminsdetraverseetvaàl’essentiel.–Si le titredeschapitresestdugenre « Où le lecteur découvre que le héros enpince moins pour l’héroïne que le homard pour sa femelle », vous avez affaire àunhumoristechenu.– Si l’auteur a multiplié les chapitres et les pages blanches, inséré un ca­hierphotosdefamilleentredeuxbordéesdeclichésromanesques,vousêtesmenacédenepasenavoirpourvotreargent.–Sil’auteurmontretropdecomplaisanceàl’égarddelui­même,n’ouvrezpas votre porte­monnaie. S’il pratique l’autodérision, pensez qu’il estpeut­êtrelucideetrenoncezégalementàl’emplette.–Localisezlesfautesdefrançais:ignoranceouméprisdelaconcordancedes temps, de l’imparfait du subjonctif et de l’accord des participes. Sivous ne connaissez pas certains mots, prévoyez un budget supplémen­tairepourundictionnaire.– Côté annexes, si la bibliographie occupe plus de cinq pages, vous ris­quezd’acquérirunlaborieuxrecopiageplutôtqu’uneœuvreoriginale.–Siàlafindel’ouvragefigureunindexdesnomscités,assurez­vousquecescélébritésn’ontpasdéjàtrouvérefugedansuncaveaudefamille.– Si l’auteur remercie une dizaine de personnes, interrogez­vous sur lapartquelesignataireatenuepersonnellementdanssarédaction.–Demandez­vousceque,unefoislalectureachevée,vousferezdulivre.Si vous préférez le mettre à la poubelle plutôt que de le placer dans la bi­bliothèque,abstenez­vousouattendezlaparutiondulivredepoche.

30 conseils avant de dépenser20 euros pour un livre

L’incipit est la

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138 • LE FIGARO MAGAZINE - 15 MARS 2013

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