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scène nationale bar-le-duc le Théâtre, 20 rue Theuriet réservation : 03 29 79 73 47 Fiche Pédagogique / Danse / Musique / Cirque ACB SAISON 2012 2013 Jeudi 17 et vendredi 18 janvier 20h30 L’ART DE LA FUGUE compagnie Yoann Bourgeois © Christophe Manquillet

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scène nationale bar-le-ducle Théâtre, 20 rue Theurietréservation : 03 29 79 73 47

Fiche Pédagogique / Danse / Musique / Cirque

ACBSAISON20122013

Jeudi 17 et vendredi 18 janvier20h30

L’ART DE LA FUGUEcompagnie Yoann Bourgeois

© Christophe Manquillet

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Nathalie HAMENProfesseur de LettresCollège TheurietBAR LE DUC

L’ART DE LA FUGUEcompagnie Yoann Bourgeoisconception et mise en scène Yoann Bourgeoisen collaboration avec Marie Fonteregard extérieur Vincent Weberinterprètes Marie Fonte et Yoann Bourgeoispianiste Célimène Daudetmusique Die Kunst der Fuge, Jean-Sébastien Bachscénographie Gourycréation lumières Caty Olivecréation son Antoine Garrycostumes Ginettedirection technique Pierre Robelinconstruction décor Techniscène et Ateliers de construction du CDNA

I – L’ŒUVRE

« Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte » Rimbaud, Illuminations

- Il y a sur scène, un immense cube en bois et un piano. Il y a deux acteurs, un homme et une femme et un pianiste, une femme. Il y a la musique de Bach portée à son point définitif et absolu dans L’Art de la Fugue. Il y a, par derrière ou par en haut, la voix de Gaston Bachelard qui conju-gue philosophie et poésie.

- L’Art de la Fugue présente la déconstruction d’un bloc de matière monolithique par deux dan-seurs circassiens, parallèlement à l’interprétation, en vis-à-vis, de l’œuvre éponyme de Bach jouée sur scène par la pianiste.

Ce spectacle virtuose, d’une rare élégance et d’une rigueur extrême est un poème visuel et so-nore qui établit un pont entre la musicalité du geste et la musique de Bach. Le propos de Yoann Bourgeois est de chercher une analogie entre le motif musical et la figure du cirque et de proposer une nouvelle écriture circassienne pour s’émanciper de la tyrannie toute puissante de l’exploit spectaculaire.

II – LA COMPAGNIE

- Yoann Bourgeois est acrobate, acteur, jongleur, danseur. A l’école du Cirque Plume, il découvre les jeux de vertiges. Il sort diplômé du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Cham-pagne (CNAC) qu’il aura traversé en alternance avec le Centre national de Danse Contemporaine d’Angers (CNDC). Il travaille avec Maguy Marin sur Umwelt, MayBe. A 28 ans, il implante sa com-pagnie à Grenoble où il est né. Il crée sa première pièce Cavale.Il se lance ensuite dans un vaste chantier d’écriture de petites pièces de cirque, danses spec-taculaires d’un homme et un objet appelées Les Fugues sur L’Art de la Fugue de J.S. Bach. Le développement de cette recherche donne fin 2011 le spectacle L’Art de la Fugue, son dernier spectacle comprenant 3 personnes (lui-même, Marie Fonte et la pianiste Célimène Daudet).

- Marie Fonte est danseuse grenobloise. Elle rejoint le CNDC d’Angers. C’est là bas qu’elle ren-contre Yoann Bourgeois.Elle travaille pendant 4 ans avec J.C. Gallota. Son expérience sollicite en elle le désir de défendre la danse comme matière musicale où le travail du rythme permet l’émergence du sens et en 2010, elle s’engage dans la compagnie de Yoann Bourgeois.

III – L’ART DE LA FUGUE, J.S. BACH

Bach (1685 – 1750) écrit une œuvre immense illustrant les genres en honneur au 18ème siècle dans le domaine instrumental et religieux : œuvres vocales (cantates, motets, passions, magnificat, messes) ; œuvres instrumentales (suites, concertos, sonates, symphonies). Il publie une œuvre ma-jeure : Le Clavecin Bien Tempéré (fugues et préludes). Sa dernière œuvre, L’Art de la Fugue (1749) marque l’apogée de son art. Bach est en avance sur son temps, il initie toute la modernité. Glenn Gould a dit qu’après avoir joué Bach, il ne pouvait passer qu’à Stockhausen.

IV – FOCUS SUR LE CONTREPOINT

Dans L’Art de la Fugue, Bach est celui qui a monté au plus haut la complexité de cette écriture du contrepoint.

1) Définition du contrepointEn musique, le contrepoint est une discipline d’écriture musicale classique qui a pour objet la superposition organisée de lignes mélodiques distinctes. La fugue répond à des principes de com-position très stricts à plusieurs parties. Elle est basée sur le principe de l’imitation dans laquelle un thème principal et un ou plusieurs thèmes secondaires semblent fuir sans cesse de voix en voix. La plus grande œuvre jamais écrite sur le contrepoint est sans conteste L’Art de la fugue.

2) Le contrepoint d’après Yoann Bourgeois« Le jeu au niveau mécanique, c’est l’espacement, l’espace entre deux pièces... Il faut qu’il y ait un écart pour que ça joue. La forme contrapuntique travaille, elle, directement cette question de l’écart : qu’est-ce qui se passe entre des voix ? Et cela m’intéresse énormément pour ça. Et des fois, je sens qu’au niveau des deux acteurs, l’homme et la femme, il fallait une sorte de différence fondamentale. On est le contrepoint l’un de l’autre au niveau de l’humanité. Cela, s’est important aussi. J’aimerais que tout soit à contre-point. Visuellement aussi, le piano sera d’un côté, la structure qui sera de l’autre. La voix de Bachelard qui vient par derrière par rapport à la musique devant. J’aimerais bien que les choses jouent entre elles. En même temps, en assumant vraiment leur endroit ».

V – NOTES D’INTENTION de Yoann Bourgeois

1. « Nous serons deux. Accompagnés d’un pianiste. Trois.Les contrepoints seront joués dans leur ordre original, celui proposé par Bach. Le plus important étant que le contrepoint # 1 soit joué en premier puisqu’il sert de base à tout le reste de l’œuvre. Dans l’agencement de ces éléments abstraits et mobiles, des impressions de paysage apparais-sent, disparaissent. C’est d’un poème visuel qu’il s’agit, sorte d’architecture constructiviste cher-chant à matérialiser le temps, donnant une dimension éternelle de l’éphémère. »

2. « Le cirque que nous défendons se trouve à l’extrémité-limite des jeux de vertiges et des jeux de simulacres. Notre démarche aborde les questions de présence par certaines notions d’équilibre, ou de risque. Nous cherchons par nos jeux cette limite ténue où la fiction (ce décollement du réel) devient possible et dévoile une «dimension».

Les matières circassiennes mettent en relation le corps avec les forces physiques (la gravité, la force centrifuge …) et recèlent un potentiel suggestif, imaginaire, infini lorsqu’on les laisse parler. Débarrassés de ces codes traditionnels, c’est donc d’un cirque dépouillé qu’il s’agit dont la propen-sion à de nouvelles formes de théâtralité est immense.En tant que grands joueurs, nous voulons expérimenter tous les espaces pour revivifier ce qu’on nomme communément, représentation.

3. « Nous nous sommes attaqués à L’Art de la fugue comme on s’attaque à un bloc de matière ; par différents angles. On a déconstruit petit à petit ce bloc, et cette déconstruction a été pour nous source d’inspiration. (…) Il s’agit, à travers l’action, de défigurer le sens et d’accéder à ce point de polysémie qui est pour moi la base du poétique.Si nous avons une préférence pour les supports musicaux plutôt que textuels, c’est parce qu’ils nous semblent plus aptes à ouvrir la question du sens. Mon écriture, ainsi, est basée sur une dra-maturgie du déploiement.Il me semble que le propre du baroque est de porter le pli à l’infini. La musique ne se contente pas de s’étirer dans le temps, d’étirer le temps, elle s’y plie, s’y replie. La musique est comme un pli du temps, un origami de durées. »

VI – D’UNE ŒUVRE A L’AUTRE

En musique- A tribute to Bach, Célimène Daudet, 2011, Arion- L’Art de la fugue de JS Bach : versions de Glenn Gould ou de Pierre-Laurent Aimard- Le clavier bien tempéré de JS Bach, version de Glenn Gould

En littérature- L’air et les songes, G. Bachelard- Harmonie du soir, Baudelaire, Les Fleurs du Mal- Délires et rêves dans la Gradiva de Jensen, S. Freud

En peinture

En film- Le rôle du piano dans le cinéma muet : par exemple, Steamboat Bill Junior de B. Keaton- Documentaire sur Glenn Gould, B. Monseingeon

Annonciation, S. Botticelli Le plongeur de Paestum Le Château des PyrénéesR. Magritte

Photographies de P. Ramette

VII - EN DEBAT : PISTES PEDAGOGIQUES ET LUDIQUES

1. Que regarder ? Que peut-on observer face au jeu corporel ? Comment un mouvement peut-il émouvoir ? (vitesse d’exécution, flux continu ou saccadé, amplitude,tonicité contractée ou relâ-chée, visibilité de l’effort…)

2. Choisissez dans votre panthéon d’œuvres picturales, un de vos tableaux favoris et essayez de lui associer une musique que vous aimez et qui serait, d’après vous, « en correspondance ».

3. Inversement, choisissez un morceau de musique que vous aimez et associez lui des images (reproductions de tableaux, photos personnelles, images découpées de magazines, etc…).

4. Après avoir vu le spectacle, réfléchissez à 10 mots que vous suggère celui-ci. Notez-les en vrac. Utilisez ces 10 mots dans un texte court, soit qui parle du spectacle, soit de tout autre chose.

5. Choisissez une œuvre de Philippe Ramette qui vous semble en rapport avec les thèmes de L’Art de la fugue de Yoann Bourgeois (apesanteur, vertige, risque, poésie, émergence d’un autre univers) et écrivez un texte court sur / à partir de cette image.

6. Visionnez Steamboat Bill Junior de Buster Keaton. Les façades des maisons tombent et met-tent en scène différents mécanismes de la chute qui peuvent être analysés et comparés avec les mécanismes présents dans L’Art de la fugue.

« J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse ». Arthur Rimbaud, Illuminations

Renseignements et réservations Charlyne La Duca au 03 29 79 42 78