UNE HEURE AVEC... PHILIPPE MANŒUVRE

SON ACTU

> 1954. Naissance à Sainte-Ménehould (Marne).> 1972. Il débarque à Paris pour faire l’Ecole française des attachés de presse.> 1974. Il collabore à Rock & Folk suite à une lettre de protestation envoyée au courrier des lecteurs.> 1977. Rédacteur en chef du mensuel Métal Hurlant.> 1982. Il participe aux Enfants du rock sur Antenne 2.> 1993. Rédacteur en chef de Rock & Folk.> 2008. En même temps qu’il entre au jury de Nouvelle Star, il est fait chevalier des Arts et Lettres.

iens, vos Ray-Ban ne sont ni des Aviator, ni des Wayfarer !Exact ! C’est une réédition du modèle Caravan. En ce moment, j’hésite un peu : continuer

avec des Ray-Ban ou passer aux Chrome Hearts. Ce sera la décision la plus difficile de l’année ! Vous n’avez qu’à enlever vos lunettes noires pour vous balader incognito, non ?Oui… Mais vous savez, avec Nouvelle Star, je suis une célébrité à temps partiel : le 1er juillet, je n’intéresse plus personne…Les détracteurs qui disent que vous carburez à l’ego se trompent ?Les montagnes russes de la célébrité, je suis monté dessus à 28 ans, avec Les enfants du rock. Croyez-moi, on était fêtés comme des rock stars. En boîte, une nuit, un mec me dit : “ Baisez ma femme, ça me ferait plaisir !” Gainsbourg – alors au creux de la vague, donc pas dupe – nous avait vaccinés : ne pas se prendre au sérieux…Il figure parmi vos grands souvenirs d’interview ?Ah, oui ! A l’époque, c’était l’archétype de l’artiste incompris. Il m’avait dit de passer chez lui un mercredi. J’en suis sorti le samedi

avec 8,9 g dans le sang. Incapable de reconstituer ce qu’on avait fait… Heureusement, il restait les cassettes de l’entretien.Que dites-vous à ceux qui vous trouvent trop gentil à Nouvelle Star ?Je ne vois pas l’intérêt de casser. De jouer les adjudants-chefs de la pop.Il peut y avoir une pépite dans le tamis ! Je repense toujours au mec de Decca, Dick Rowes, qui avait refusé de signer les Beatles. Ça m’obsède.

Vous pensez vraiment pouvoir repérer le futur David Bowie ?Clairement, nous sommes là pour ça ! Les labels plongent, la copie les tue, ils n’investissent plus dans le développement. Le rock est le premier à en souffrir. Je suis super-fier que notre émission ait cassé la fatalité des variéteux Québécois. A part ça, il faut ouvrir les yeux : notre pop est d’un bon niveau. Sur des sites américains, on délire sur les BB Brunes et Julien Doré. Enfin ! Ça fait plaisir. Il n’y a pas des moments où vous vous demandez ce que vous faites là ?Si… Tout le temps même. Quel drôle de monde ! Je ne me reconnais pas trop dans ces marottes bobos de commerce équitable, de Vélib… Tenez, à propos de la Mairie de Paris, un truc qui m’a foutu en colère : l’autre jour, j’ai vu une de leurs affiches qui proposait une assistance juridique gratuite aux SDF. Putain, mais pour quoi faire ? Moi,

je suis un enfant de 1968 et ça me fait chier de voir l’acharnement de certains à fouler ses acquis au pied.Qu’est-ce qui vous met en colère ?Plein de trucs. Tout le temps, tous les jours ! J’en dresse la liste dans un petit calepin noir… J’en suis à 60 pages remplies serré !Vous pensez vraiment que le rock est de retour, donc qu’il était parti ?Oui, le rock a pris un coup terrible quand Kurt Cobain

s’est exécuté en 1994. Le premier album des Strokes marque sa renaissance en 2001. Un disque sorti la veille du 11 septembre ! En France, on a eu envie de rock’n’roll et il y a eu une explosion de groupes autour du Gibus, à Paris. Ça m’a tellement emballé que Rock & Folk s’est mis à présenter les concerts tous les week-ends… Trois ans à garder les gamins ! Quand les parents voyaient que j’étais au Gibus, ils partaient rassurés. “Ah, c’est vous qui vous occupez du truc ? Je vous laisse mon fils alors…” Pourtant, n’avez-vous pas l’impression d’avoir été parfois complaisant pour la trilogie “sexe, drogue et rock’n’roll” ?Je n’ai pas de jugement moral sur la drogue. Il faudrait passer à nos enfants des informations justes. J’ai expliqué à ma fille le prix que les drogues font payer. Certaines sont sympathiques, d’autres vous rendent voleur, menteur, puis mort… Dès qu’on diabolise tout,

les gamins ricanent. Ils n’ont pas tort…C’est l’alcool qui a failli vous coûter cher, non ?J’ai passé dix ans avec un démon contenu dans une bouteille à étiquette noire. Le Jack Daniel’s ! J’adorais ça. A un moment, j’ai dit stop et je m’en suis tiré seul. Un vrai décrochage à l’ancienne. Je ne pouvais dormir qu’en écoutant du Coltrane au casque. A la fin, j’étais sobre, mais j’ai traîné un acouphène à l’oreille gauche pendant deux ans !Y a-t-il une chose qui vous intéresse à part le rock ?Oui : littérature, cinéma, érotisme et occultisme. Vous faites du sport ?Aucun ! Jamais ! Pourquoi ? Ça fait mal, ce truc ! L’alcool m’avait fait grossir de vingt kilos. Je ne me supportais plus. J’ai fait beaucoup de piscine, de sport en chambre, bref, en 2009, je suis revenu au même poids qu’en 1969. Je devrais peut-être initier un club des vieux rockers qui n’ont pas de graisse ?Vraiment ?Bon, c’est vrai, nous, la génération Woodstock, on est obligé d’assumer une contradiction : on rêvait de la route et on se retrouve à 50-60 ans dans des apparts confort à empiler des disques. J’ai conscience que mes vinyles et mes livres sont une prison…Vous vivez dans la terreur d’être cambriolé ?Non. Là-dessus, eBay nous a tous rassurés ! On pensait posséder des pièces rarissimes : on s’est aperçu que des centaines de mecs les vendaient sur le Net ! Quelle musique aimeriez-vous pour vos obsèques ?Let it Be des Beatles, ça s’impose non? Propos recueillis par B. Rocher

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ManœuvrePhilippe

Le journaliste rock le plus célèbre de France fait aujourd’hui les beaux soirs de Nouvelle Star. Droit dans ses Ray-Ban.

Manœuvre en 7 étapes

“JE NE VOIS PAS L’INTÉRÊT DE CASSER. DE JOUER LES ADJUDANTS-CHEFS DE LA POP.IL PEUT Y AVOIR UNE PÉPITE DANS LE TAMIS !”

NOUVELLE STARLes mardis, à 20 h 40, sur M6.

© GR

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Il vient de là, il vient du bleu…

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