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FÉCONDITÉ ET RÉVELOPPEMENT : RE QUELQUES THBORIES Ainadou NOUMBISSI INTRODUCTION La relation “causale” entre fécondité et développement a été pendant des décennies labasedela théorie de la transition de la fécondité ou tout simplement la base de la théorie de la transition démographique (l), tentative d’explication de l’évolution démographique des pays occidentaux. Cette théorie de la fécondité dite “classique” a été très vite généralisée aux pays en développement. Mais, avec le développement de la démographie historique et la diversité des situations dans le tiers monde, cette théorie, qui trouve l’origine de la baisse de fécondité dans les changements des structures socio- économiques, est remise en question depuis une quinzaine d’années dans nombre de publications et de débats. Pour essayer d’appréhender les contradictions de ces courants de pensée et de mettre en exergue les positions idéologiques qui les sous-tendent, nous tenterons de remonter à l’origine de la théorie désormais classique avant de chercher une formulation qui, dans un cadre analytique, résumera peut-être les points de vue de quelques uns de ses précurseurs. Ensuite, nous essayerons de passer en revue les Cléments qui ont permis et favorisé la remise en question de ladite théorie donnant ainsi lieu à de nouvelles propositions et reformulations. Enfin, nous nous demanderons quelle approche emprunter pour comprendre la réalitéafricaine d’aujourd’hui qui est celle des crises, de la misère et de “l’explosion démographique”. (1) La thiorie de la transition démographique a été avant tout une théorie de la transition de ficondit6 (Tabutin, 1980). 321

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FÉCONDITÉ ET RÉVELOPPEMENT : RE QUELQUES THBORIES

Ainadou NOUMBISSI

INTRODUCTION La relation “causale” entre fécondité et développement a été pendant des

décennies la base de la théorie de la transition de la fécondité ou tout simplement la base de la théorie de la transition démographique (l), tentative d’explication de l’évolution démographique des pays occidentaux. Cette théorie de la fécondité dite “classique” a été très vite généralisée aux pays en développement. Mais, avec le développement de la démographie historique et la diversité des situations dans le tiers monde, cette théorie, qui trouve l’origine de la baisse de fécondité dans les changements des structures socio- économiques, est remise en question depuis une quinzaine d’années dans nombre de publications et de débats.

Pour essayer d’appréhender les contradictions de ces courants de pensée et de mettre en exergue les positions idéologiques qui les sous-tendent, nous tenterons de remonter à l’origine de la théorie désormais classique avant de chercher une formulation qui, dans un cadre analytique, résumera peut-être les points de vue de quelques uns de ses précurseurs. Ensuite, nous essayerons de passer en revue les Cléments qui ont permis et favorisé la remise en question de ladite théorie donnant ainsi lieu à de nouvelles propositions et reformulations. Enfin, nous nous demanderons quelle approche emprunter pour comprendre la réalité africaine d’aujourd’hui qui est celle des crises, de la misère et de “l’explosion démographique”.

(1) La thiorie de la transition démographique a été avant tout une théorie de la transition de ficondit6 (Tabutin, 1980).

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Le souci de relier la f6eonditb aux conditions socio-Cconomiques d’une population donnda est probablement aussi vieille que l’histoire de l’humanit6. Mais, pour Ctre bref, nous remonterons seulement au IIe si8cle avec les Bcrits du pasteur anglican T.R. Malthus. 11 affirmait, son “Essai sur le Principe de la Population” (179 ), que e 6 k pouvoir m.sulfiplicateur de la popsslation est ~ ~ ~ n ~ ~ ~ ~ t ~ l ~ s gra el que lepouvoir p P a la terre de produire la subsisfanee de l’hhsmme”, que la taille d’une population humaine peut Ctre PimitCe par des freins preventifs (abstinence, cClibat vertueux) ou destructeurs (guerre, famine ’...), que les freins preventifs ne peuvent opirer efficacement qua s’il y a une menace da mis@re, Ctant donni que les meilleures conditions d’existence et la disponibilite alimentaire entraînent une multiplication gComCtrique de la population. 9; marquait ainsi l’ouverture d’un debat. 1’Cpoquc m$me de Malthus (aux lendemains de la revolution fransaise),

* at est d6jh houleux entre ceux que le penseur anglais appelle “le clan des rieiens abstraits”, les avocats de la perfectibilite de l’homme, et le clan

des avocats de l’ordre CtabbPi. Le premier clan a foi en l’intelligence de l’homme capable d’innovations face aux d&fis du moment et le second, dans lequel se range finalement althus, se veut rialiste et trouve sur la route du progrbs de grandes difficu insurmontables.

91 faut attendre 1 iècle, et des auteurs comme W. S . Thompson (1929) et pour avoir les bases d’une thCorie de la fCcondit6 qui recevra le label ‘6classique39. Ces auteurs seront suivis par F. Notestein (1945), K. Davis (1945), C.P. Blacker (1947) et par bien

res. A partir de l’obsewation des expiriences europCennes et B l’opposC althus, ils trouvent qu’il y a une relation inverse entre l’industrialisation

et la f6condité : la rCvolution industrielle a amCliorC le niveau de vie et a sur%out develo C une aspiration génerale vers plus de mieuxdtre qui, ii son

Pimitation de la proginiture. 1% convient de remarquer avec D. Tabutin (1980) que dans la littirature de l’ipsque9 les termes “industriali- sation”~ “progrbs”, “croissance industrielle”, “urbanisation”, “developpement socio-iconomiquey’, etc. sont parfois interchangeables et ne sont pas toujours, ni clairement, ni prCcisCment dCfinis. S.E. Beaver (1975) fera une synthèse de ces hypothkses et explicitera les facteurs qui interviennent dans la relation causale fCcondit6-dCveloppement.

Le cadre analytique de S.E. Beaver commence par dessiner le contour du terme “développement

socio-économique”. S’inspirant du modBle occidental, l’auteur Cnonce que

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“lepassage d’une société traditionnelle agraire à une société urbaine moderne comprend plusieurs aspects identifiables sur lesquels la plupart des scientifiques sont d’accord. Ainsi urbanisation, augmentation des niveaux de production et de consommation, émergence d’une kconomie monétarisée, progr& dans 1 ’instruction, importance grandissante des relations sociales et des institutions non familiales, sécularisation croissante sont autant d’aspects du développement. Chacun de ces aspects. est en lui-même un phénomène ; ils sont en relation entre eux et il apparaît un facteur commun qui rend le terme développement significatif: Une ou plusieurs dimensions de ce processus peut arriver indépendamment, mais finalement tout le reste doit suivre si la société doit changer et cette transformation est facilitée si tous les aspects évoluentplus ou moins ensemble. Si ces hypotht?ses sont admises, nous pouvons alors parler de développement socio-économique au sens large” (Beaver, 1975).

En se généralisant, l’urbanisation, l’instruction et les institutions non familiales entraînent des changements de comportement en matibre de procréation et ce à travers les Cléments suivants : - les facteurs sociaux : relâchement de la division sexuelle des rôles qui

pesait sur la femme, évolution du système familial, diminution de la valeur affective et sociale des enfants ;

- les facteurs économiques : diminution de l’importance du travail des enfants, coût croissant des enfants qui entrent en compétition avec les biens de consommation et poids économique du travail des femmes en dehors du foyer ;

- les facteurs psychologiques : diminution du fatalisme, croissance du matérialisme, de la rationalité et de la laïcisation. Tous ces facteurs sont intermédiaires entre le “développement socio-

éconornique” (considéré comme variable indépendante) et la “taille désirée ou idéale de la famille”. Cette dernière est aussi influencée par le niveau de mortalité qui prévaut dans la société. Le déclin de la fécondité est directement provoqué par le développement de la pratique du contrôle des naissances (y compris les pratiques d’abstinence sexuelle ou d’ajournement des mariages)? phénomène lui-même lié à la disponibilité des techniques contraceptives.

Le cadre conceptuel ainsi présenté n’est qu’un résumé des principales relations suggérées par les différentes versions successives de la théorie classique de la fécondité des années 1950 aux années 1970. Chaque série de variables pouvant être influencée par toutes les autres (avec des effets en retour). La seule implication claire de la théorie est la valeur prédictive selon laquelle le développement socio-économique conduira à une baisse de la natalité, qui se produira après une baisse majeure de la mortalité.

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URBANISATION INSTRUCTION INSTITUTIONS NON

-r NIVEAUX DE CONSOMMATION

FACTEURS SOCIAUX (r81e des sexes, valeurs sociales des enfants, syst&me familial)

- FACTEURS ECONOMIQUES (valeur du travail des enfants et de la femme, coût des enfants en concurrence avec les biens de consommation, pr&S&rence et goats en g&n&d) FACTEURS PSYCHOLOGIQUES (non-fatalisme, mat&ialisme, rationalit&, secdarit&)

1 1

TECHNI&JES DU NAISSANCES (incluant l’ajournement CONTRQLE DES

TIQUE DU CONTR6LE DES

NAISSANCES des mariages ou l‘abstinence sexuelle)

Nous devons pr6ciser ici qu’il s’agit d’une thBorie “ta& 6vollutionniste” qui s’inscrit dans la PignBe des th6ories de la modernisation, ou de la convergence des sod6k6s industrielles des annees 50. &mme le dit D. Tabutin (1984) dans une analyse critique de cette vision, c61es soci6tk.s allaient se ressembler de plus en plus et le monde deversir de plus en plus komog2nc ; il y aurait em que e sorte une &vohtim communej dans une rn d’m point de &part (la tradition) h un point d’arrivke (la moderni fi), avec une rationalite! et WQ eficacitk) expbicitement ou non) de iype occide132tat9. Dans cette vision, les variables culturelles sont considCrêes comme secon- daires et chaque sociCt6 se trouve B une 6tape particuli$re, B une certaine phase de la transition.

Bien avant la formalisation de S.E. Beaver, les Nations h i e s (1963) avaient déjja quelque peu nuancé ]la trop grande gknéralisation de la thBorie classique aux pays ja revenus faibles. A partir d’une étude sur 125 pays, les auteurs ont confirmé l’hypothi5se selon laquelle la féeondit6 baisse avec le développement socio-économique. Mais, en ce qui concerne plus

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particulièrement les pays pauvres “l’amélioration de la situation économique et sociale n’aura une répercussion sensible sur la fécondité que lorsque sera atteint un certain niveau de développement” ; la fécondité entrera alors dans une phase de déclin. Ce point de vue est repris par R. Freedman (1979) qui mettra l’accent sur l’importance du développement social (santé, alimentation, réseau de communication) entraînant une amélioration minimale du bien-être social. C’est ce qu’on a appelé “la théorie des seuils”. Notons que ces auteurs ont aussi rejeté, par la même occasion, l’hypothèse selon laquelle la baisse de la fécondité serait la cause (et non la conséquence) du développement.

C’est probablement cette “vision économiste” qui a conduit certains auteurs et hommes politique à proposer le développement “comme étant la meilleure pilule” face aux adeptes du planning familial et autres “promoteurs” de techniques contraceptives. Ceci a donné lieu à des débats doctrinaux dont la Conférence Mondiale de la Population tenue à Bucarest en 1974 semble avoir été le point culminant. Avant d’évoquer les arguments idéologiques sous-jacents, notons que la théorie classique comporte bien des limites déjà soulignées par quelques auteurs.

Quelques limites de la théorie classique Nous ne soulignerons que les deux points les plus faibles de cette théorie :

les limites de la méthode d’analyse parfois utilisée et la confrontation même de la théorie avec les faits.

Puisqu’elle opère au niveau macro-sociétal, cette théorie ne peut être testée qu’à partir des données agrégées ou collectives. Cette façon de procéder entraîne le risque d’inférence fallacieuse : une relation positive observée au niveau agrégé entre fécondité et instruction par exemple peut ne plus l’être au niveau individuel. Cette critique, sur laquelle nous ne pouvons nous attarder ici, peut être adressée à l’étude des Nations Unies (1963), qui avait permis de valider la théorie des seuils.

En ce qui concerne la confrontation avec les faits, notons que la connais- sance de la situation démographique et socio-économique de l’Europe pré- transitionnelle s’est améliorée et est de mieux en mieux prise en compte par les théoriciens de la transition démographique. Parmi les grandes études, “le Projet de Fécondité Européenne de l’université de Princeton” a notamment permis de remettre en question l’explication de la baisse de la fécondité occidentale. Les auteurs comme A.J. Coale (1974)’ E. Van de Walle et J. Knodel (1980) ont trouvé que les pays européens connaissaient des situations sociales, économiques et même démographiques extrêmement

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differentes au moment où la fkonditb entrait dans la phase de declin. . la fCconditC a commene6 1 dCcliner dans la France rurale 3 partir de

dans la Hongrie rurale et pauvre du debut du sii?.de, ce avant l’Angleterre d6jh trbs industrialide 2 la mCme Cpoque. C mples suffisent amplement pour infirmer la th6orie classique et l’antêriorit6 des changements des structures socio-Cconomiques sur la baisse de la fCcondit6. Ces exemples contredisent également l’id& d’une antCrioritC de la baisse de la le d&collage Cconomique et industriel. A c que les pays de l’Europe occidentale - au la m8nc &volution scient$que, bchniqu sur le plan de la population. Mais, contrairement 5 toute attente, au plan r

Cesnomique l’augmentation du niveau de vie a $t$ nettement lus faible dans les pays oG la natalit6 &ait en baisse : %es Hollandais, tous 2 population croissante Ctaient et mieux log& que les Rangais dont la population Ctaient pourtant quasi stationnaire jusqu’i la deuxibme guerre.

A cBt6 de ces exemples européens et historiques, il y a lieu de mentionner l’apparition des situations nouvelles dans les pays dits en d6veloppement. Dans le tiers monde aujo~rd~hui , il existe des situations fort diversifibes. Certains pays Cconomiquement pauvres selon les critbres de la Banque Mondide, comme l’Inde, 1’Ele Maurice, le Sri-Lanka, 1’Indsnêsie connaissent depuis quelques annCes des dêclins de fCcondité. 11 en existe aussi 2 forte croissance Cconsmique qui, avec l’action conjuguêe de l’ouverture vers

’ l’occident et I’efficacitC du planning familial9 ont connu une baisse trks rapide de leur f~csnditC.Il s’agit par exemple de Taiwan, de la CorCe du Sud et partieulibrement de Hong Kong et de Singapour. Cuba se trouve aujourd’hui parmi les pays B fCeondité basse; Signalons en passant que ce dernier pays a adopte une politique de dCveloppement particulière bas& sur des objectifs 1.

sociaux. C’est le lieu de mentionner le cas de certains pays qui connaissent plut& une stagnation, voire une rCgression 6conomique en même temps qu’une stagnation de la f6conditC. Ceci est en gCn6ral accompagnk d’une certaine baisse de la mortalit6 entraînant alors dans ces pays un rythme de croissance de la population jamais egalCe dans l’histoire. C’est prCcisCment la situation de l’Afrique ob les pays ont p sque tous des taux d’accroissements naturels voisins de 3 % ; au Kenya par mple, ce taux Ctait, jusqu’en 1985, de l’ordre de 4 96 (Frank, McNicoll, 1987), il en est de même du Rwanda et de la CBte-d’Ivoire. On y enregistre même parfois des lCg&res hausses de la f6condit6, comme au Zaïre où l’enquCte EDOZA a permis d’observer une certaine augmentation de la f6conditC avec une variable sociale comme l’instruction.

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Parallèlement à cette explosion démographique, ces pays sont confrontés à une situation économique de plus en plus catastrophique. La multiplication de ces situations particulières a fourni aux chercheurs de nouveaux champs d’investigation leur permettant de produire de nouvelles théories de fécondité.

VERS DE NOUVELLES THÉORIES QUI RÉFUTENT ou COMPLÈTENT LA THBORIE CLASSIQUE.

En vue de compléter ou de réfuter la théorie classique de fécondité, beaucoup de thèses ont été développées. Ces thèses sont tantôt à fondement culturel et/ou anthropologique, tantôt à fondement socio-politique (Chesnais, 1986). Il ne s’agit pas pour nous de suivre l’évolution de ces différentes thèses à partir de leur origine, mais de tenter d’en faire une synthèse avant de présenter les grands enjeux actuels autour de la question.

Signalons d’abord qu’en 1963, J. Leasure soulignait déjà, à partir de l’étude du déclin de la fécondité en Espagne, l’importance des facteurs culturels dans la compréhension des différences dans le début du déclin de la fécondité en Europe. En approfondissant l’analyse, A.J. Coale (1974) dira qu’il existe des conditions au démarrage de la baisse :

la fécondité doit être le fruit d’un choix raisonné : les parents doivent considérer comme acceptable le mode de pensée et de comportement selon lequel l’on doit peser les avantages et les inconvénients avant de décider d’avoir un enfant ; réduire la fécondité doit être avantageux au niveau individuel compte tenu des conditions sociales et économiques ; les techniques efficaces de contrdle de naissance doivent être disponibles.

Cette façon de voir n’est pas très loin de la théorie de Caldwell qui puise ses arguments dans des études anthropologiques menées dans certains pays du tiers-monde. Ce dernier trouve comme préalable à une baisse durable de la fécondité l’inversion de la direction du flux des richesses et des biens entre les générations qui doit désormais aller des parents vers les enfants. Cet auteur pense que, dans les pays du Sud, cette inversion est provoquée par ce qu’il appelle “occidentalisation” ou le programme “caché” de “la scolarisation à grande échelle” (Caldwell, 1979).

Le débat n’est pas clos et certains auteurs trouvent à l’origine du déclin de la fécondité en Europe, la révolution culturelle et politique (qui est d’ailleurs à l’origine de la révolution industrielle). L‘affaiblissement de l’église, la laïcisation, l’émergence des doctrines matérialistes et socialistes, etc. sont autant de facteurs qui ont favorisé la modification des schémas de nuptialité

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a% des structures familiales et le dCclin da la f6csndit6 apparaît alors comme une “partie d’un large processus d’bmancipatiow socide” ou une partie du changement social ou encore ce que %. Roussel (1987) appelle la “d6sirmsti- tutiomalisation”. C’est ce qui a probablement amen6 R. ksthaeghe et

lson (1982) B dire “qu’ilfaut nuancer l’analyse en termes de facteurs &conorniques et introduire des variables telles que la religioz et la politique”.

Les auteurs se rCclamant du courant marxiste participent Cgalement B cette holution de la th6orie. On enregistre chez ces derniers une certaine 6volution dans leur fason de conceptualiser la relation existant entre fbconditb et d6velopgement : du courant matCridiste qui Cnongait une dependance uni- voque et irr6versible des phCnom&nes d&nographiques aux ph$nom&nes 6conomiques (“‘chaque m0de historique de production psssdde sa loi sp&c$que e ~ ~ ~ 0 ~ ~ l a ~ i ~ ~ z ~ ’ selon D.D. Cordell et Pr. Pich$, 199S), on en est maintenant B lier la compr6hension des changements dCmographiques aux transformations dans les structures de production. Dans cette dernière approche, on insiste sur la nêcessitC de concevoir toute intervention elCrno- graphiqucdans une vision systemique.

La situation d6mo-êconomique de la grande majorit6 des pays du tiers- monde (absence de dCveloppernent socio-Cconomique et explosion dCrno- graphique) fournit glus que jamais des arguments aux courants nCo- malthusiens. Postulant qu’une forte croissance de %a population entrave tout effort de d6veloppement, des organisations internationales et des gsuverne- ments encouragent et implantent des politiques de planification familiale. 11 convient de remarquer qu’B l’exception es politiques coercitives (comme en Chine par exemple), la plupart des pro ammes bien conps ont connu des essoufflements et des Cchees retentissants.

3

L’engouement pour la baisse de la fécondit6 dans le Tiers-Monde repose actue%lement sur ce qu’il convient d’appeler “l’id6ologie du planning familia’l’”. Pour comprendre les vbritables fondements d’une telle idCologie, il nous semble nbcessaire de remonter jusqu’h ses origines.

Ayant fait sienne la pensCe de‘ Malthus selon laquelle la mis&re trouve son origine dans le principe de population, certains contemporains et disciples du c6lbbre pasteur trouvent que les solutions preventives (mariage tardif, cêlibat vertueux, abstinence, ...) ne sont pas suffisantes pour faire obstacle à la croissance exponentielle de la population. Ils s’engagent dans la diffusion

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des méthodes contraceptives jugées plus fiables : ainsi naît en Angleterre dans les années 1800, le courant de pensée dit néo-malthusien dont l’objectif avoué est la démocratisation des techniques efficaces du “birth control’’ (2). L‘un des premiers militants est F. Place qui sera relayé dans les campagnes et propagandes destinées aux couches pauvres de la société, entre autres par C. Bradlaugh, A. Besart, J. Sutter (1950). Ces véritables propagandes utilisent alors les meilleurs moyens psychologiques pour convaincre les pauvres - dont la croissance numérique inquiète le plus - que l’amélioration de leur sort et l’élevation de leur niveau de vie passent par la pratique du “birth control”.

Cette idéologie gagnera les Etats-Unis en 1833 où elle sera remodelée et prendra des formes insoupçonnées. Très vite des voix. de protestation se lèvent et s’organisent pour devenir de véritables oppositions au “birth control” devenu “planning familial”. En dépit des réticences de l’église et de l’Etat, ce courant d’idée évolue et s’internationalise. Après la fondation de la ligue pour la régénération humaine en France en 1896 par P. Robin, Paris abrite, en 1900, la première Conférence Internationale Néomalthusienne. Parallèle- ment, le mouvement s’intensifie et s’enrichit de nouveaux thèmes. Ainsi, M. Sanger, devenue chef du mouvement en 1910, introduit “l’émancipation de la femme” comme nouvel argument en faveur du planning familial. Elle fonde en 1914 la revue “The Woman Rebel” suivie de la “Birth Control Review’’ en 1917. Sous cette pression, les Etats et les Eglises finissent, les uns après les autres, par laisser faire : aux Etats-Unis en 1923, les Etats du Connecticut et de New York seront les premiers à légaliser l’enseignement du “birth control” et la même année, l’église anglicane anglaise prend position en faveur de celui-ci. En 1926, la chambre des Lords vote une loi légalisant l’enseignement du “birth control” dans les “Welfare Centers”. Quelques années plus tard, des organisations de défense et de diffusion du “birth control” à vocation internationale verront le jour : - la “Family Planning Association” est créée en Angleterre en 1930 ; - la “Planned Parenthood Federation’’ succède à 1”’American Birth League’’ ; - l’“International Planned Parenthood Federation” est fond6e en 1952 sous

la houlette de M. Sanger, des suédoises E. Ottesen et Jensen et de l’indienne Dhavanti Rama Rau.

En moins d’un siècle, l’idéologie du “Birth Control” a gagné tous les pays développés, ses objectifs avoués étant l’amélioration du bien-être économique des populations pauvres et la libération de la femme. Mais ne perdons pas de vue la hantise de la catastrophe mise en évidence par Malthus, père-fondateur de la doctrine : les pauvres sont de trop et si rien n’est fait pour les limiter,

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ils viendront perturber la tranquillite du “banquet des riches”. Remarquons ici que, dans tous ces pays, malgrd la tenacite de ses militants, cette doctrine n’a jamais fait partie integrante d’une politique Ctatique ou nationale en matibre de population. Elle est rest6e l’oeuvre des organismes privCs aujourd’hui devenus non gouvernementaux. 11 en sera different dans le Tiers- monde.

La r6v6lafion du phCnom8ne de la croissance dernographique dans les pays en dCveloppement a introduit une nouvelle dimension dans la problb matique du planning familial. La question de la croissance elhographique est dCsormais pergue i 1’Cchelle mondiale et les clivages entre pays riches et pays pauvres alimentent la controverse autour du planning familial. La montCe en nombre des populations pauvres du tiers-monde face aux popula- tions riches du nord au rythme de croissance de plus en plus faible suscite dans les pays dCveloppCs des phobies de l’invasion et de la deterioration du niveau de vie. Cette dCtQioration risulterait d’une trop grande domination numerique, politique et culturelle des populations des pays du sud (3).

Pour se faire entendre, les id6ologues du planning familial tirent leurs arguments de la relation qui existerait entre croissance dernographique et d6veloppement. Leurs principales hypo%k&ses sont qu’une forte croissance de la population : - entrave les investissements en faveur du d6veloppement 6conomique et

social ; . . - occasionne une trop forte pression sur les ressources naturelles disponibles

et sur l’environnement, occasionnant h long terne une dCt6rioration des conditions de vie ;

- entraine des problbmes sociaux telle que la montie du chdmage.

En marge des arguments teonomiques, il y a lieu de signaler 19exp%oitation des “droits de 1’homme’’ pour lkgitimer la diffusion du planning familial. Les apologistes du planning familial l’6rigent en droit de l’homme et soutiennent leur position jusque dans les forums internationaux. De nouveaux ClCments sont actuellement ajoutes ii la liste des arguments : les prCoccupations de sant6 de la m&re et d’6quiiibre familial sont de plus en plus affiches. Ces nouveaux objectifs permettent de justifier les appellations donnCes aux

(2) WCpudiant les solutions prkvventives et morales de contraception précenisees par Malthus, les adeptes du “birth control” trouvent tous les procCd6s et techniques anticonceptionnels (y compris l’avortement et la stirilisation) bons (Sutter, 1950). L‘invention du diaphragme occlusif en 1838 ouvre 1’8re des techniques modernes et efficaces. Pour plus de dCtails, lire aussi J. Lestapis (1958) et A. Bergues (1960).

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Amadou Noumbissi

organismes et filiales opérant dans certains pays : la plupart s’intitulent “associations de bien-être familial” pour éviter les rejets que pourrait provo- quer le terme de “planification familiale” (Locoh, 1989).

Cette propagande n’est plus laissée à la seule initiative privée. Bien que les organisations privées (celles citées ci-dessus auxquelles il faut ajouter les fondations Ford et Rockefeller, Milbank Memorial, etc.), continuent à oeuvrer pour “leur cause”, les organisations multilatérales se mêlent de la partie : - en 1946,l’Q.N.U. crée la Commission de la Population au sein du Conseil

- en 1967, le FNUAP est créé. Parmi ses missions, figure en première ligne Economique et Social ;

l’assistance aux Etats en matière de planning familial.

Dans le Tiers-Monde aujourd’hui, on est assuré que nombre de pays, sous la pression internationale, suivront l’exemple de la Chine, de l’Inde, des Philippines, du Costa-Rica, de Singapour, ... dans l’implantation des politiques de population qui se réduisent à des programmes de planning familial parfois coercitifs et draconiens. Par la déclaration de Kilimandjaro, publiée par la Commission Economique pour l’Afrique lors de sa deuxième Conférence sur la population en 1984 à Arusha et par celle d’Harare, adoptées en 1986 lors de la conférence panafricaine sur la population et le développement, l’Afrique entre par le haut, conduite par ses plus hauts dirigeants, dans l’ère, mieux la mode du Planning Familial. Désormais, “politique dhographique et planning familial sont synonymes” (Cordell, Pich6,1990) et sont considérés comme préalables au développement.

Quelle approche adoptée ? Tout ce qui précède met en doute l’existence d’une quelconque relation

causale, précise et prédictive entre fécondité et développement. En outre, il n’existe aucun argument historique prouvant qu’une croissance généralisée de la population entraîne une régression de niveau de vie. Toutes les mesures de la liaison entre la croissance de la population et la croissance de niveau de vie - à partir des données relatives au passé des pays aujourd’hui développés - conduisent toutes à nier l’existence d’un effet dépressif de la population sur l’économie (4). Certains auteurs ont plutôt tenté de montrer qu’une population croissante dispose d’une forte proportion de jeunes or la jeunesse est

(3) Lire 2 ce sujet C. Meillassoux, 1990 : 23. (4) Pour une synthèse de la question lire J. Véron (1989 : 14).

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synonyme de dynamisme (Sauvy, 1986), garant du progrbs. D’autres ont affirm6 qua la pression dCmographique favorise I’innovation technologique rendant possible la crêation de nouvelles ressources (Boserup, 1975-1976). Il y a lieu da se demander pourquoi ces hypothbses, que semblent confimer le passe des pays occidentaux, ne se vêrifient pas dans le cadre du tiers-monde d’aujourd’hui et en particulier dans le contexte africain.

La revue des diffêrentes “th6o~ies’~ et hypothbses effectnee ci-dessus nous m$ne 2 considerer la f6condit6 comme un ph6nom&ne dont 1’6volution s’inscrit dans un processus global de changement social complexe. Il nous semble plus intêressant de placer la relation ~êconditb-dCveloppement (ou plus g&n$ralement populatiasn-dCveloppemen~~ dans ]le cadre du processus de changement social qui conduit 19homme ii une meilleure maîtrise de la nature, en tant qu’environnement physique et Bcologiqua (sol, sous-sol, climat, vêgbtation, etc.), afin de disposer des meilleures conditions d’exis- tence. Pour sa vie, sa survie et son plein Bpanouissement, l’homme est ~0ndamn6 i une lutte peqbtuelle d’adaptation et de transformation. Dans cette lutte, la Econdit6 apparaît tour B tour, au miveau individuel, comme une strategie ou un moyen de survie (donc nêcessaire), ou comme un simple besoin de r6alisation sociale pouvant entrer en csmpCtition avec les autres. Dans cette optique, la population cesse d’Ctre un simple param&tre macro- 6conomique que le planificateur ou le “dBcide~r’~ intbgre ou cherche h intCgrer dans “ses g6n6reux” objectifs de ““dveloppeur” ; elle retrouve sa veritable place de moteur mQme da tout changement. Et on peut penser que, derribre foute r6volution industrielle et $conornique, tout comme derriCre tout changement naturel de feconditC, il y a une ~Cvolution culturelle, une rêvolution des mentalitCs, On trouve 1% une cause produisant deux effets et l’hypoth@se B analyser et B tester devient alors la suivante : l’apparition d’une volonte tenace d’un groupe ou d’une population 5 maitriser la nature dans laquelle il vit et B amdliorer par ses propres efforts son bien-gtre (aussi bien matbriel qu’affectif) am&ne aussi l’homme ii maîtriser la procrCation lorsque cette dernibe cesse d’Ctre un moyen et entre en compCtition avec les autres besoins de xdalisation sociale. Notons que cette volsnt6 endoghe d’am6liorer les conditions de vie est indispensable a tout progrbs (y compris le progrCs technique, outil du développement). C’est certainement la non prise en compte de cette volont6 endog&ne (qui se trouve aussi en amont de toute innovation), qui a donne tort au Pasteur T.R. althus. Ce dernier pr6disait la catastrophe aux pays occidentaux : une augmentation effrBn6e et incontrhlêe de la population entraînant famine et missre plongeant le monde dans un cercle vicieux. Force est de constater que dans cette partie du monde nous assistons plut3 B un phénomhe inverse : surproduction alimentaire et

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industrielle cohabitent avec une implosion démographique (la fécondité est au plus bas niveau et certaines populations ont commencé à vieillir et à décroître, comme celle de la République Fédérale d’Allemagne avant la réunification).

Il s’agit dès lors de sortir du système démo-économique où la population “n’est considér6e que sous l’angle de la consommation de richesse et du détournement d’une partie de 1 ’investissement du secteur productif vers le secteur social” (Véron, 1989). Car dans cette optique, 1’Etat est perçu comme l’exclusif garant des besoins de la population : il doit fournir les infrastructures sanitaires, Cducatives, l’emploi, ... Les choses se compliquent davantage lorsque 1’Etat étouffe et inhibe (à travers un programme éducatif mal pense, par exemple) les initiatives individuelles et la créativité, lorsqu’il produit la pensée collective au lieu de la susciter. Limité dans les moyens et incapable d’établir une adéquation entre les besoins d’une population croissante et les ressources disponibles, le pouvoir public et les institutions spécialisées se résignent à agir sur les phénomènes démographiques et en particulier sur la fécondité (comme l’illustre le schéma ci-dessous). C’est ainsi que des énergies de plus en plus importantes sont orientées vers les campagnes de planning familial au détriment des véritables problèmes de développement.

1

Phénomhes démographiques

A .r Systhmes de valeurs et croyances A A

Crkativitk de la population

-

ÉTAT

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Bien que n’ayant pas fait le tour complet de la question, il nous semble que beaucoup reste .3 faire si on veut comprendre avec certitude les conditions d’une baisse de la f6conditC. En outre9 il n’existe aucun fait historique permettant de dire que pour 6viter la mis&re d’une nation, il suffit d’inflechir le rythme de la f6conditC. Dans le contexte africain aux prises avec tous les maux et menaces lies parfois i la survie m&m, il nous sembla que les efforts devraient Ctre consentis 2 la recherche des voies et moyens par lesquels on pourrait susciter et encourager la creativitk (9) au sein de la population (au lieu de considCm cette demi&re uniquement comme un agrCgat macro- 6conomique). Il s’agit lb d9um mentalit6 promouvoir & travers le systbme Cducatif “revu et corrig6” et tout au long du processus de socialisation. Elle appara3t comme %a seul moyen qui peut encourager les comportements capables de soutenir un dbveloppement endogène 3 travers la volontê de maitriser le progrbs technique n6cessaire a la satisfaction des besoins croissants. En outre, cette mentalit6 aura des effets sur les phinomènes .d6mographiques (la f6conditB en particulier) A travers les nouveaux comportements et surtout g r k e B la mutation des valeurs et stratCgies : au niveau individuel, la ficondit6 entrera en cornpitition avec les nouve%les valeurs et strategies de rtalisation. De par l’espoir dont elle est porteuse, nous pensons qu’il s’agit ici d’une piste h explorer rapidement avant que l’Afrique ne sombre dans une misBre totale, en dCpik de toutes les campagnes de planning familial et de bien-$tre familial actuellement en cours.

(5) Par crEstivit6, “nous entendons la capacite! de penser par soi-mgme, de r&fl$ehir sur sesproblehes et d’y trouver des solutions ea comptantprinciaalemet sur ses propres forces au lieu d’imiter mkaniquemenf l’ext&rieur” (Lê Thanh WIÔi, 1984).

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