f. cumont: adonis et sirius

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258 . CUMONT

est expressément attesté par les historiens arabes (i). Le renseigne-ment qu'ils nous donnent doit être rapproché d'une indicationtrès précise que nous fournit un astrologue. Parmi les morceauxattribués dans les manuscrits grecs à Abou-Mashar (Apomasar),qui vivait à Bagdad au Ix e siècle, on trouve un chapitre intitulé« Sur la méthode des Harraniens ou le changement de l'annéecosmique » ( 2) et le texte expose que dans la nuit du 19 au 20 juillet,il faut, vers l'aurore, observer dans quel signe du zodiaque se trouvela lune. Suivant sa position, les pluies seront ou non abondanteset la récolte sera bonne ou mauvaise. Mais l'aspect du ciel révélait

à cet instant bien d'autres choses encore, les guerres, la famineles naufrages, les épizooties, la mortalité des vieillards et même lamultiplication des souris dans les champs.

Les présages tirés d'observations prises au lever héliaque duChien sont nombreux dans la littérature astrologique et l'on aété tenté de les faire remonter tous à des sources égyptiennes, àcause de l'importance qu'avait l'année sothiaque dans la religionde la vallée du Nu (s) . Certainement une partie des indicationsqui nous sont parvenues appartiennent à la divination sidérale del'Égypte, où l'on consultait le ciel le premier jour de cette annéepour apprendre ce qui se produirait au cours de ses douze mois ().

(i) Baudissin, Adonis und Esmun, Leipzig, 19x1, pp. III-121. En-Ncdim, dans lePihrist, donne comme date le milieu du mois de Tamrnouz, d'autres, le premier jourdc ce mois, Mais les habitants de Harrân avaient-ils conservé le vieux calendrierluni-solaire des Sémites avec un mois intercalaire ou, comme les villes syriennes,adopté le calendrier julien? Chwolsohn (Die Ssabier, I, p. 530 ss.) e donné des raisonsde se décider pour la première alternative. Mais le texte d'Apomasar semble impli-quer la seconde. Dans ce cas, le mois Tainmouz répondrait exactement au Panénxosdu calendrier syro-macédonien et au Juillet des Romains (Giuzel, ilandbuch deychron., III, P. 35) et l'indication d'En-Nediin coïnciderait avec la date des Adoniessous l'Empire.

(z) Cal. codd. astrol., IV, P. 525: He p?. 's-jç .ce06ou 'v XŒpxVTCVTO va) yçxotJ.xo rouç (pour cette expression, cf. Vettius Valeus, 1V, 9 : flepi xoisxo3

&zurol et infra note 4 Hermès Trism, : év 'roç xooi.uxo &ro&é'uccmv).Le chapitre est malheureusement mutilé, il n'indique les présages que pour le Bélieret le Taureau, c'est-à-dire deux signes sur douze. Le texte arabe, s'il existe, estencore inédit. - Ce chapitre est complété par le suivant, fiep?. 'tiç ol Kuvxt-co), etc. (p. 126) qui opère avec les jours de la semaine; cf. aussi Apomasar

hep?. &no're?a rcav xxr& lv 'roû Kuv?ç éivro?fr (Cal. codd. aslr., V, 1. P. zo,Cod. Angel, 2, f. 56, cap. p'), qui est encore inédit.

() Raimond Weil, Bases, méthodes de chronologie égyptienne, Paris 1926, P. 136 S.

() Le chapitre d'Héphaistion de Thèbes. 1,23, Ilepi oLtzor.i Ti 'ro Kuvè

&7vro)ç, certainement égyptien, est attribué à Pétosiris-Néchepso par Bouché-I4ecicrcq, Astrol. gr., P. 367, n. I et par Riess. Necheps. et Petuszr. frag., 12 .Cf. l'Astrologue de 379, Cal. codé. ast y., V, i, p- 204, iS : 'Epç &ypac' é' 'roiç xoasL-xot &oz?,za'i xrrp?. -- ro3 Kuvà; é1tLTo),ç. Vettius Valcus, 1, w (p. 2 7. 27 Kroll)KaOo?.x& ov 'roc 'rou x6pt0 1.' xa?. xo.uxv xivEcav o?. Trz).aLOi bc

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ADONIS ET SIRIUS 59

Mais les extraits d'Abou-Mashar nous montrent que la même valeurapotélesmatique était attribuée à l'apparition de Sinus par les.

Sémites et nous soupçonnons dès lors que les pronostics fondéssur les cours de cette grande étoile ont en partie une origine« chaldéenne ».

Abou-Mashar, dira-t-on, est un auteur trop récent pour auto-riser une pareille conclusion. Mais le peu qu'il nous offre se rattacheà une tradition fort ancienne dans les pays sémitiques et dont ilnous reste des témoignages considérables.

Franz Boil a publié, en ico8, des Hp cùarx& nivoç attribués àEudoxe (i), dont les douze paragraphes, relatifs à chacun dessignes du zodiaque, se divisent en deux parties bien distinctesla première contient des présages tirés d'observations faites le14 juin, quand Orion se lève, la seconde offre d'autres prédictions,où est appliquée la même méthode que dans le chapitre d'Abou-Mashar, celle qui se fonde sur la position zodiacale de la lune«'le 20 juillet quand point le jour » ('Iou),tou x'&Œp voiOr, Boll a démontré que si les premières sections, purement météo-rologiques, peuvent vraiment avoir pour auteur le célèbre astro-

nome contemporain de Platon (2), les secondes ont une originedifférente. Des raisons intrinsèques, tirées du caractère des pro-nostics, indiquent que ces morceaux ont été rédigés, non, commeon aurait pu le croire, en Égypte, mais en Syrie (s). Leur contenules rattache aux « dodecaétéricles chaldaïques » c'est-à-dire à unsystème de prédictions pour une suite de douze années, placéeschacune sous la domination d'un des signes du zodiaque. Cc texteoffre en particulier d'indéniables affinités avec une « dodecaétérideqie le calendrier employé prouve avoir été rédigée en Syrie àl'époque d'Auguste (4).

V0uLvlaç 'ro3 OO ',-ro (ÏvOsv y&p r-hv &'-?iv vo ouç &7oi.Œvro),9uaLTEpov 8è o roX; Cf. IV, ri (p. 175, 3) et Théophile d'Edesse,Gai. codd. ast y., I, p. 129.

(z) Boil dans Cat. eodd. asfrol., VII, p. 158 E S.

(2) Bezold et Boli., Reflexe eslro, KeUin.schrifien dans Sitzungsb. Akad. Hedel.berg, 1911, p. s .

() J'en avais fait la remarque à Praoz Boit, lorsqu'il m'avait communiqué sesépreuves, et il s'est rangé à cette opinion en la confirmant (II. ce,).

() Cal. asti'., II, P. 139 sa. - Bien que le système suivi soit différent et quel'astrologie qui l'inspire soit enfantine, un autre extrait encore doit être rapprochédes précédents. Il achève de montrer quelle valeur même le savoir vulgaire attribuaiten Syrie au lever de Sinus. Dans cette KceOo)ax appayeia LSpou (Cal. Asti'., I,P. 171 cl. P. 131 : Eàpou '1va), les observations prises le zq juillet valent pour lemois d'octobre, le premier de l'année syro-macédonienne, celles du 20 pour novem-

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De ce qui p récède, no us p o uvo ns conclure que le lev e r héliade Sinus ayant été fixé au 19 juillet du calendrier Julien, on avaitcoutume en Syrie, comme en Égypte, et quelle que fut la latitude'd'observer l'état du ciel le matin du 20, afin d'en tirer des pronos-tics valables pour toute la durée de l'année sothiaque, ou, pouréviter ce terme proprement égyptien, de l'année caniculaire,dite )(O}LLXV groq.

Cette constatation permet d'élucider avec sûreté un passagede Maniius (i), que certains interprètes récents ont mal compris.Le poète latin nous montre les prêtres du Taurus observant d'une

cime élevée le lever héliaque de la Canicule (Sinus)Hc€nc qui sur gentem, primo cum redditur ortu,Zfontis ab excelso speculantur vertice Tauri,Eventus frugum varios et temora dicunt,Quae que valet udo veniat, concordia quanta;Bella facit, pacemque refert, varie que revertensSic niovet, ut vidit, mundum vultu que gu bernat.

Les commentateurs dont nous parlions font remarquer qu'aumilieu de juillet la récolte était terminée en Cilicie. Il s'agiraitdonc, suivant eux, non du lever matinal de Sinus, mais de sonlever vespéral (acronyque), qui se produit vers le début de jan-vier (2). Seulement, alors que le premier phénomène est, dans

bre. du zi po ur décembre et ainsi de suite, LeSyrus ici no mm é n'est pas un no md'auteur, mais un S yrien quelconq ue. C'est ce que pro uv e la présence d'un mo rceauanalogue dans un traité syriaque de m édecine; cf. Gundel,1?ealene,, s. y . « SinusP. 346.

(i) M anilius I, 401-4 06 . - O u a rapproché depuis long temps ce passage deM anilius d'une donnée que Cicéro n(De divin., I, 57, § 3 0 , emprunte à Posidonius,qui la devait lui-même à Héradide le Pontique Ceos orlum Caniculae diligenterquoannis solere servare, coniecturam que ce pare salubrisne an peslilens annus fulurussit. Si l'étoile était obscurcie et com me embrumée, elle indiquait l'épaississement etla pestilence de l'air, si elle brillait de tout so n éclat, de la pureté du ciel o n co ncluaità la salubrité des saiso ns. Co mm e le remarque Gi mdel(Realenc., s. y ,, inus »,P. 3 4 7), ce n'est là qu'une astrolo gie rudimentaire, qui ne s'o ccupe que de phéno-mènes atmosphériques; au contraire la source de Manilius embrassait dans ses pré-v isio ns les év énements humains. Ceci est le pro pre de l'astrolo gie o rientale, - Il yavait dans l'île de Céos un temple co nsacré à Sinus (Gundel,loc. cit. , P . 3 3 6 ), mais ilest difficile de savo ir si la div ination qu'o n y pratiquait remonte à la viei lle religio nindigè ne o u est due à une influence étrangère. Elle est to ut à fait exceptio nnelleen Grèce.(z) Breiter, Manu., II, P. i; Van Wagcningen, CotnmenÉerius in Man. Asty.,1921, P

. 70. L'opinio n de ses dev anciers a induit en erreur même un érudit aussibien informé de l'astro log ie que Ilousman(Manu. lib. I, P

. 39; cf. encore les addi-tions à ce passage, t. V (io ).P . 126).

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une quantité de textes, pris comme point de départ d'une infinité

de prédictions, l'observation du second serait sans autre exemplee n astro lo gie. La difficulté se réso ud autreme nt que ne l'ont sup p o séces exégètes : l'année pour laquelle les présages étaient notés,n'était point l'année solaire mais l'année caniculaire. Les devinsdu Taurus révélaient quels seraient les fruits de l'automne, larécolte du printem p s, la tem p érature de s s aiso ns, mais ils étendaientaussi leurs prédictions aux maladies, aux alliances des peuples, à lague rre et à la p aix. Et to ut ceci es t p réciséme nt ce que no us trouvo nsdans les « dodecaéterides chaldaïques » en général et en particulierdans un morceau dont nous allons parler dans un instant.

Que les pronostics auxquels fait allusion Maniius dérivent del 'astrologie « chaldéenne », ne peut faire aucun doute. Mais les payslimitrophes du Taurus, la Cilicie et la Cappadoce, avaient étécolonisés par les Perses. Des communautés de mages ou commeon les appelait, d'un nom sémitique, de « maguséens » ( liŒyoxZoL)s'y étaient établies, et ces contrées avaient subi fortement l 'influencereligieuse du mazdéisme (i). C'est de là que les mystères de

Mithra so nt arriv és d'abord aux Ro mains. On p e ut donc se dem an-der si le s croyances iraniennes n'ont pa s e u une p art dans la vénéra-tion superstitieuse dont était l'objet « la plus éclatante des étoilesqui se plongent dans l'océan ou qui sortent de ses ondes pourrevisiter le ciel (2) ».

Or, les Geoponica nous o nt conservé so us le nom de Zo roastreune série d'extraits qui sont à cet égard d'une importance décisive..Le plus remarquable débute par les mots « Le lever du Chien seproduit quand le vingtième jour de juillet commence à poindre(3 ) s

et il offre une suite de prédictions sur les phénomènes naturels etles événements politiques, telles qu'elles fournissent pour ainsi direun commentaire perpétuel des vers de Maniius. La méthode

(i) Cf. mesReligions orientales 4, P. 13 3Sa. ; mo n MysI. de Mithra, I, pp. 9 as..2 3 4S., 240, 244, il. 3 .

(2) M anilius 1,410 : E Cetera vincuntur specie, nec clarius astrutn Tingulturo ceano, caeluinve rev isit ab undis. »

() Geop., I, 8 'H -m5 Kuvç &woX- yÉvctxt &xp vo?Ja; cxocnç 'oi3'IoWÉou v6q. Chap. IX, 15 la date donnée est le xç juillet il n'y a pas là de -

Co ntradictio n, cf,supra, p. 260. Ce chapitre se retrouve en dehors des Geo'o-iea, comme un bloc erratique, dans divers recueils byzantins (p. ex. Paris.iz, f. 16; 2286, f. 1o9 ). Fait plus notable, il est attribué dans un ma. de N aples.à Antiochus d'Athènes, qui vécut au i' ou au plus tard au n 8siècle de no tre ère(Cal. asir., IV, p. 154 sa.). S'il n'y a pasici une simple erreur d'attributio n, Antio chusdoit av o ir copié Zo roastre, ce qui fo urnirait unterminus amie quem.

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suivie est exactement la même que dans Abou-Mashar et dans le

texte publié par Boil, c'est-à-dire qu'elle se fonde sur la positionde la lune dans chacun des douze signes du zodiaque. Seulementl'ordre selon lequel sont énumérés ces signes est différent: le premiern'est plus le Bélier, comme on l'admettait communément, maisle Lion, où le soleil entrait au milieu de juillet, et le dernier le Cancer,la constellation du solstice de juin. C'est-à-dire que le pseudo-Zoroastre a gardé la succession des mois de l'année caniculaire.

Mais les références à l',rroX Kuv6, ne se limitent pas à cetextrait. Ce moment fatidique entre tous est pris en considérationdans un chapitre du même Zoroastre sur la signification du premiercoup de tonnerre de chaque année, cette année commençant, bienentendu, quand la Canicule se lève sur l'horizon (i), et dans

un autre morceau encore, toujours du même auteur, qui y préditquelles semences parviendront à maturité (z).

Évidemment Zoroastre est ici un nom apocryphe. On cher-cherait vainement dans les livres sacrés du mazdéisme un ori-ginal zend ou pehlvi dont nos textes grecs seraient traduits. ?vLiis

on a eu le tort de trop négliger ces extraits zoroastriens des ('o-onica; ils ne sont point dépourvus de toute valeur. Nous mon-trerons ailleurs qu'ils proviennent d'un ouvrage en quatre livresSur la Nature (Hep't paroç), attribué à Zoroastre dès la périodehellénistique (s). Si le réformateur religieux de l'Iran s'est méta-morphosé en un astrologue, c'est que les mages qui se réclamaientde lui avaient subi en Babylonie l'ascendant de la science « chal-déenne». L'astrologie, que le zoroastrisme orthodoxe a généralementproscrite, fut accueillie avec faveur par les « maguséens » d'Asie-Mineure et de Syrie, comme par les prêtres de Mithra, qui sontleurs successeurs directs (d).

Toutefois en attribuant une valeur éminente à Sinus dans leursspéculations divinatoires, ils restaient fidèles aux traditions dumazdéisme. Plutarque nous apprend que selon les mages « Oromasdès(Ahoura-Mazda) a établi un seul astre, Sinus, à la tête de tous les

(i) Geo-p., T, 'o 'Exctvv x pr'i povrv 'rtaOm <cO' xnov r'r?v vrov 'rot3 Ku' tvo1éviv.

(2) Geop., lI, 55.() L'auteur des Geoponica s noté les dates d'après le calendrier romain. Le

Pseudo-Zoroastre a dû se servir du calendrier syro-macédonien, où Panémnsrépond à Juillet celui-ci équivaut dans le vieux calendrier sémitique au mois deTamouz, cf. supra P. 258, fl. I,

(ji) Relirions Orieniales4, p. 536; 275, note 33.

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autres comme gardien et surveillant » (i) et l'Avesta confirme cetémoignage grec « Nous sacrifions à Tishtrya, étoile magnifiqueet glorieuse qu'Ahoura-Mazda a établi maître et surveillant detoutes les étoiles... », chante le Yasht consacré à ce dieu sidéral (2).Cet hymne, dont la partie ancienne paraît remonter à l'époque (lesAchéménides (3), permet de saisir le caractère essentiel de cettedivinité stellaire. Tishtrya est l'auteur de la pluie, l'adversaire dudémon stérile de la sécheresse. Quand la terre brûlante est altérée,Tishtrya descend dans l'Océan et en soulève les eaux, qui montentdans les airs; elles s'y transforment en nuées, lourdes d'humidité

que les Ve nts chasse nt au lo in au-des sus de toutes les contrées p o urles arroser (). Lorsqu'Ahoura-Mazda voulut détruire la corrup-tion de la terre par un déluge, Tishtrya fit pleuvoir trente jourset trente nuits, jusqu'à ce que l'inondation atteignît la hauteurdes hommes (5). Mais ce cataclysme est un épisode exceptionnelde la vie du monde. D'ordinaire Tishtrya est un dieu propice;distributeur des eaux amicales et guérissantes (6), producteur detoute fertilité (i). Quand il fait tomber les ondées fécondantes« sur toute la terre, les plantes poussent comme les cheveux surla tête des hommes (8) «.Nous voici, semble-t-il, bien loin d'Adonis et cependant celong détour nous a ramenés vers lui. Car ses fêtes sont essentielle-ment de vieux rites agraires destinés à assurer l'abondance deseaux et la richesse de la récolte future, au moment où le soi roussiet durci se fendille sous la morsure du soleil la germination rapidedes « jardins d'Adonis » devait présager et favoriser le réveil de la

(i) Plutarque, De Iside, 47 : "Evce tx 7 r p 6 rôv oto 9').sxce zat irpo6tv&v.rrne 'r6s elov; cf. Teukros le Babylonien: Ku' &yv0V,6 TL xa(Xcov- ' cv l'astre royal des 36 décatis), dont Bol] (SJ1aers, p. 209) rapprocheHorapollon, I, 3 : o',cz c iv iùv épc.

(2) Yasht VIII, 44 (t. II. P . 126 Darm.) cf. Mainog.-i-Khirad, C 219 (WestPahlavi Tex[s, iII, p. go). 0f the stars which are in the sky, the iirst star iaTishtar,which is said to be great and good, more valuable and more glorious '. Au contraire,selon le Boundahish, II. 7, dans l'armée des étoiles, celles du Levant ont seules pourchef Tishtar, celles des autres points cardinaux ont trois commandants différents.

() Sur la composition et la date de ce Vasht, cf. Christensen, Études sur lezoroastrisme (dans Danske l'indeask. Selskab, XV, 2). Copenhague, 1928, P . 7. Cf. aussiBenveniste, The persian Religion, 1929, P. 98 es.

() Yasht VIII, 32 n,; 45 as. cf. Darmesteter, Avese, t. II, P. 412.

() Boundahish., VII, i as. (p. aô tr. West).(6) Yasht VIII, 47.() Mainog.-i-Khirad, ,g, 6. t, Prosperity of evcry kind and the fertility of the

ivorld are in the path of Tishtar. »(8) Boundahisli, IX, 2.

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végétation flétrie et grillée; en précipitant une figurine du dieudans les so urces o u dans la mer, o n es p érait p ar un charme mag iqassurer la chute de la pluie fertilisante (i). Quel jour pouvait êtreplus apte à produire un pareil effet que celui où réapparaissaità l'aube Sinus, l'adversaire puissant de la sécheresse perverse,celui qui appelait les nuages pour abreuver la glèbe assoiffée et lafaire reverdir?

IsEpLovOX&'rr XZ'OV 'X() &vo\rrŒput '. i vŒ)c pu?Jt6»ax (2).

F. CtJMONT.

(I) Cf. Syria. t. VIII, P. 335, 337.(2) Aratus, V. 332.