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1" Mai-1 5 Septembre 1935
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LUMIERE D'AOLJTROMAN
Traduit de l'anglais et préfacé par MAURICE E. COINDREAU
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200 ex. sur alfa dans la collection DU MONDE ENTIER JO fr.
Un livre à faire lire à ceux qui ne connaissent qu'un visage de l'AmériqueNew-York et ses gratte-ciel, la Cinquième Avenue et ses millionnaires. DansLumière d'Août, William Faulkner s'est proposé de nous montter un toin inexploréjusqu'alors de l'âme américaine. Un homme, Joe Christmas, ignore s'il a du sangnoir. L'affreux doute, dans un pays où les préjugés de races sévissent avec inten-sité, emplit sa jeunesse des complexes les plus douloureux A l'instar du tradi-tionnel héros romantique, Joe devient l'inadapté, le hors la loi que le mondeblanc rejette et qui répugne à céder à l'étrange attraction du monde noir. De làune haine morbide pour tout ce qui est douceur, dévouement et tendresse. Lehasard le met en présence d'une vieille fille négrophile, Miss Burden, dont ilaccepte le corps mais refuse la sympathie. Les longues haines accumulées (aprèsune crise psychologique que M. Faulkner nous présente dans des pagesinou-bliables) poussent Joe Christmas à assassiner Miss Burden. C'est alors la chasseà l'homme, la capture, le procès et le lynchage, autant d'épisodes qui jettent surle problème des races une lumière externe, complément naturel à l'étude touteinterne de l'âme du héros.
Cette sombre tragédie, qui, on le voit, est beaucoup plus qu'un fait-divers, estcontée par M. Faulkner avec une suprême habileté. Sans renoncer à des procédésde composition qui ont fait sa nDtoriété, il a simplifié sa technique sans cependanten diminuer les effets. Le récit procède par bonds le plus souvent rétrogrades.Pour fouiller dans le passé de ses personnages, W. Faulkner a recours à des hérossecondaires à travers lesquels il développe ses analyses c'est Lena Grove, la fille-mère, abandonnée par son amant, Lucas Burch, associé de Joe Christmas c'estByron Bunch, le scieur de long, amoureux timide et constant c'est surtoutl'étonnant Révérend Hightower, pasteur disgracié, victime de ce que les freudiensappellent un cas de fixation (l'âme héroïque de son grand-père dont il ne peut sedéprendre) c'estenfin Doc Hines et sa femma, figures à la fois pathétiques etburlesques. Et tout le livre baigne dars la chaleur intense que déverse la Lumièred'Joi'tt sur cet état de Mississipi dont W. Faulkner connait tous les secrets terribleset ardents.
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SANCTUAIRE. Préface d'ANDRÉ MALRAUX. (Tr. de l'anglais par R. N. Raim-bault et Henri Delgove) 15 fr.
TANDIS QUE J'AGONISE. Préface de VALERY LARBAUD. (TV. de l'anglaispar Maurice Coindreau) 15 fr.
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25 exemplaires sur pur fil (en 2 vol.) 9O fr.
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Dès que l'on put lire les premières pages du Journal de Jules
Renard, ce ne fut qu'un cri d'admiration qui se prolongea
jusqu'à la fin. Jamais encore on n'avait donné de la vie intérieure
d'un grand esprit une image si fidèle, si émouvante, si pitto-
resque. Tout ce qui s'était passé pendant plus de vingt années
dans l'âme de Jules Renard, il nous le livrait avec une sincérité
absolue, avec une clairvoyance scrupuleuse. Le lecteur vivait
une vie supplémentaire, étonnamment curieuse, attachante, et
si riche en impressions Il nous permettait, ce journal intime,
d'ajouter à nos souvenirs toutes les sensations d'un être excep-
tionnel, à l'instant même où il les avait éprouvées. Et c'était
en même temps le récit anecdotique vibrant, abondamment fertile
en détails ignorés, de toute une génération.
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L'ŒIL CLAIR 12 fr.
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Comédie en trois actes suivie de
DONOGOOUn prologue, trois, parties et un épilogue
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30 exemplaires numérotés sur-vélin pur fil Lafuma-Navarre. 50 fr.
Les deux comédies que j'ai réunies dans ce volume ont été créées la même année, à quel-ques semaines de distance, l'une à Pigalle, l'autre à l'Odéon. C'était la saison où ayant eu,bien par hasard, quatre pièces jouées en même temps sur les scènes parisiennes, je provoquaides craintes d'accaparement, qui, je l'espère, se sont dissipées depuis.
Donogoo, pièce, procède, on le sait, de Donogoo -Tonka, conte cinématographique, écrit etpublié onze ans plus tôt. A cette époque j'avais songé à l'écran, à la fois parce que je mefaisais sur les ressources et l'avenir du cinéma des illusions tenaces, que l'expérience n'a pasencore réussi à détruire, et parce qu'aucun théâtre n'aurait pu réaliser la diversité de lieuxet les changements rapides que comportait mon récit. Onze ans plus tard, je disposais d'unescène admirable, malgré quelques défauts, ainsi que d'une rencontre d'amitiés et de dévoue-ments divers, auxquels je ne songe pas sans émotion.
Du point de vue de la technique, Boën et Doiwgoo sont à l'opposé l'un de l'autre. L'unest tout simple de structure, et réclame aussi peu de prouesses de mise en scène que l'autreen est avide.
Cette opposition ne fut guère moins marquée du côté du succès. Boën n'a franchementréussi qu'en province et à l'étranger. L'accueil, à Paris, fut tout juste honorable. Donogooa été un très grand succès.
Faut-il en chercher la raison, ou une raison, dans le rapport qu'ils présentaient l'unet l'autre avec l'époque ?
Conçu en 1919, Donogoo était, non sans quelque prescience, la Comédie de la Prospérité,et de la prospérité mondiale. Il en montrait, d'avance et joyeusement, les ressorts, la jubi-lation, l'imposture (peut-être nécessaire). Joué en automne 1930, il coïncidait avec le premierdéclin de cette Prospérité, mais s'il faisait mine de l'enterrer, c'était assez gaîment.Boënprenait la chose par l'autre bout, et d'une façon plus âpre. C'était la comédie de la Possessiondes Biens, de l'amertume des Biens, de la Pauvreté, du dépouillement. Les gens de Paris,encore tout garnis de chéquiers, de Royal Dutch, et de perles, eurent froid dans le dos.D'ailleurs, comme Dieu aime bien faire les choses, le ministère de la Prospérité tomba lejour même de la générale de la pièce.
Je ne suis pas fâché que mes contemporains quelques-uns lisent ou relisent, enl'automne T9;5,5, ces deux comédies de l'automne 1930. Ils y trouveront, je l'espère, matièreà réflexions, dans tel ou tel ordre. JULES Romains.
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UN VOLUME in-i6jésus 8 5 fr.3o exemplaires numérotés sur pur fil Lafuma Navarre 3O fr.
120 exemplaires numérotés suralfa. 35 fr.
Les livres de Robert Francis suscitent de grandes amitiés ou de noirs ressen-timents. Ils ne peuvent rester indifférents. On se souvient encore de l'accueilenthousiaste que fit la critique .française, anglaise et américaine, à La Grange auxTrois Belles, puis à La Maison de Verre et au Bateau-Refuge. Tandis que M. EugèneMarsan, analysant « l'art francisien », félicitait l'auteur d'avoir été « son propreclassique », au lendemain du Prix Fémina, M. François Mauriac reprochait au« lauréat magicien » de peindre les apparences avec « un incontestable talent » sansécouter assez « le silence d'un cœur qui bat ».
Le nouveau roman de Robert Francis, Les Mariés de Paris, marque sans douteune étape importante dans le développement de son œuvre. Abandonnant aveccourage les développements brillants qui lui valurent pourtant beaucoup de succès,l'auteur s'est efforcé de décrire, avec une acuité parfois surprenante, les plusintimes drames du cœur. « Dans le décor parisien le plus finement et le plus âpre-ment dessiné, Robert Francis a su faire vivre ses personnages, écrit M. PhilippeAmiguet. Sa plume s'apparente au pinceau de Renoir. Mêmes teintes vaporeuses, mêmemélange Je réalisme et de rêve. Un grand livre. »
On retrouvera dans ce roman ce mélange de poésie et de réalisme qui, dèsson premier livre, a assuré à R. Francis l'audience d'un très vaste public. Seule-ment, cet art subtil qu'il nommait lui-même féerie s'applique ici à la plus quoti-dienne, à la plus tragique réalité. A chaque instant, après l'émerveillement d'unedescription ou d'une scène, le lecteur s'écriera « Comme tout cela est vrai »Féerie,sans doute, mais féerie de chaque jour voilà le secret du succès de Robert Francis.
En décembre dernier, le jour du Prix Fémina, comme on félicitait Francis dusuccès de ses livres, il répondit seulement « Le travail continue ».
L'auteur ne croit pas aux « réussites géniales ». C'est par un travail incessantqu'il s'efforce de conserver ou de gagner l'approbation de ses lecteurs et de sesjuges. « Avec lui, écrivait Edmond Jaloux, dans Les Nouvelles Littéraires, les per-sonnages sont toujours dans la chambre ». Ils sont vivants, humains, souffrants oujoyeux comme nous.
« Je vous remercie, écrivait une lectrice des trois premiers volumes de sonHISTOIRE D'UNE FAMILLE SOUS LA TROISIÈME RÉPUBL1QUE,d'avoir mis tant de poésie dans ma vie. Après avoir lu vos livres, je ne peux resterla même femme ».
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Je pense qu'il est bien peu de romanciers de notre temps qui n'aient rôdé autour desreportages réunis en volumes, qui n'aient senti que se préparait là une forme nouvellede roman, et qui n'aient assez vite abandonné leur espoir. Le reportage continue pour-tant une des lignes les plus fortes du roman français, de Balzac à Zola l'intrusion d'unpersonnage dans un monde qu'il nous découvre en le découvrant lui-même.
Déjà, en Russie, en Amérique, la fiction devient de moins en moins puissante. Elle adominé le xixe siècle à tel point qu'on a pu voir dans la transcendance ou l'évasion duréel l'idée même de l'art on a donné des mémoires pour des romans, alors que Retz ettant d'autres mettaient des romans dans leurs mémoires et la volonté de vérité retrouvesa force artistique depuis qu'on voit comment l'artiste peut employer le monde réel,depuis qu'à l'art qui reposait sur la métaphore se substitue sourdement l'art qui reposesur l'ellipse.
La force virtuelle du reportage tient à ce qu'ilrefuse nécessairement l'évasion, à cequ'il trouveraitsa formela plus élevée toutcommele roman deTolstoï dansla posses-sion du réel par l'intelligence et la sensibilité, et non dans la création d'un univers ima-ginaire (univers destiné parfois, lui aussi, à la possession du réel). Un reporter, dans un art
dont la métaphore est l'expression essentielle, ne peut être qu'un manoeuvre; le poète,le romancier, seront toujours plus grands que lui si l'objet de l'art est de détruire lefait, le reporter est battu mais si cet objet peut être le rapprochement elliptique, nonde deux mots, mais de deux faits, cinéaste et reporter retrouvent leur force, et c'est lamême. Encore que la référence à la vérité soit plus importante dans le reportage que lavérité même il est clair qu'Albert Londres créait ses personnages de plusieurs rencontresassemblées, tout comme un romancier. Mais je crois qu'Albert Londres, qui fut l'un desmeilleurs reporters français, marque moins le début que la fin d'une technique. Et ce quime retient dans le nouveau journalisme, dans ce livre d'Andrée Viollis, dans ceux deKisch, dans certains articles d'Ehrenbourg, c'est qu'il ne s'agit plus d'y chercher des per-sc;tnages mais des choses. Et lorsque Andrée Viollis nous montre le directeur de la prisonde Saigon qui appelle bienveillamment et stupidement « Sale gosse n, en lui tapotantla joue, le jeune Annamite condamné à mort, ce trait ne prend son sens que par ceux quil'entourent, que par ce qu'il implique. S'il y a ici un grand roman à l'état brut, c'estque toute nouvelle forme d'art implique une volonté, c'est que le reportage est faible enFrance dans la mesure où il ne veut rien. Balzac a créé le roman moderne en donnant
à chacun de ses personnages principaux sa dimension épique, en donnant à Grandet, àBirotteau, à Popinot, l'intensité qui eût été la leur si le destin avait contraint quelqueBonaparte à leur profession misérable. Ce que donna au roman d'alors cet a agrandis-sement» des individus, c'est la lucidité qui le donne aux faits du reportage. ChezEhrenbourg et chez tous les soviétiques comme chez Kisch, c'est la protestation révo-lutionnaire qui a cristallisé l'information éparse et créé.la possibilité de l'œuvre d'art.L'inventaire plastique du monde d'après guerre terminé, le décor est devenu dérisoiredepuis qu'on entend la voix des machinistes, et parfois leurs cris l'argent est avecl'acceptation des reporters, mais leur talent est avec leur refus.'
J'entends bien qu'on peut choisir d'autres faits. Mais ils ne s'opposent pas à ceux-ci.Un reporter nationaliste devra voir d'abord que ces atrocités ne sont nullement la rançonde l'œuvre française qu'il défend, et que les faits qui nous sont donnés ici interdisent laconfusion entre les nécessités d'une colonisation, même si on l'accepte, et les sottises qui seréclament d'elle. L'Indochine est loin ça permet d'entendre mal les cris qu'on y pousse.
Extraits de la préface a" André MALRAUX.DU MÊME AUTEUR
SEULE EN RUSSIE, de la Baltique à la Caspienne.
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Un matin d'avril, je me trouvais sur une place, en avance aurendez-vous que m'avait fixé un ami. Près de moi, contre unarbre, se tenaient deux hommes pauvrement vêtus, qui discutaientavec un accent faubourien. Je prêtai l'oreille à leurs paroles.
Moi, la semaine prochaine, je vais dans les bois cueillir dumuguet.
Faut que tu ailles loin de Paris pour que ça en vaille lapeine.
Je prendrai le train. Et puis si je peux pas me le payer, jem'en fous, j'irai à pied 1
Mon ami survenant, je n'en entendis pas davantage. Mais, detout le jour, je me rappelai cette conversation. Le lendemain, lesouvenir de ces deux hommes ne m'avait pas quitté (ni certainespréoccupations qui, depuis longtemps, me donnaient le désird'écrire ce livre).
Je me pius à choisir un de ces hommes, je lui prêtai un nom,un passé, et le lançai sur la route il traversa la zone grise quientoure Paris, s'avança à travers cette grande banlieue, zone verteque Paris ronge lentement comme il a rongé l'autre et lesoir venu s'arrêta à un carrefour, dans une auberge, en bordured'une forêt. Peut-être, en chemin, l'avais-je chargé de toutes mesinquiétudes et de mes pensées ? Au matin, mon homme setrouvait en présence de personnages inconnus il s'égarait dans laforêt, se voyait seul au milieu des champs, face au ciel. C'estalors qu'il retrouva un beau monde perdu et que commencèrentpour lui les joies, les découvertes, les aventures. E. D.
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