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TRANSFORMATIONS ET DIVERSITÉS DU CAPITALISME Editions Esprit | Esprit 2009/11 - Novembre pages 17 à 27 ISSN 0014-0759 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-esprit-2009-11-page-17.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- « Transformations et diversités du capitalisme », Esprit, 2009/11 Novembre, p. 17-27. DOI : 10.3917/espri.0911.0017 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Editions Esprit. © Editions Esprit. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universidad de Valencia - - 147.156.224.57 - 06/12/2012 23h44. © Editions Esprit Document téléchargé depuis www.cairn.info - Universidad de Valencia - - 147.156.224.57 - 06/12/2012 23h44. © Editions Esprit

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robert boyer, entrevista Esprit

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  • TRANSFORMATIONS ET DIVERSITS DU CAPITALISME

    Editions Esprit | Esprit

    2009/11 - Novembrepages 17 27

    ISSN 0014-0759

    Article disponible en ligne l'adresse:--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    http://www.cairn.info/revue-esprit-2009-11-page-17.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Transformations et diversits du capitalisme , Esprit, 2009/11 Novembre, p. 17-27. DOI : 10.3917/espri.0911.0017--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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  • Transformations et diversits du capitalisme

    Entretien avec Robert Boyer*

    ESPRIT Lcole de la rgulation dont vous tes lun des fondateurs atoujours mis en avant la dimension historique de lconomie. Commentcomprendre cette crise de 2007-2008 que vous qualifiez de grandecrise ? Aprs avoir analys les ressorts du capitalisme fordiste delaprs-guerre, vous vous tes intress au capitalisme financier qui apris son essor aux tats-Unis la fin des annes 1970. Sommes-nousen train de vivre une crise de plus en forme de bulle ou une crise syst-mique qui signifierait que ce capitalisme financiaris sest littrale-ment cass ? Comment caractriser la sortie de ce rgime de croissancefinanciarise qui tait en place depuis vingt ans ?

    Robert BOYER Il faut effectivement inscrire la crise actuelle danslhistoire des transformations sociales institutionnelles et politiquesqui font suite la crise de 1929.

    Dans les recherches rgulationnistes, la crise de 1929 sinterprtecomme le conflit entre les perspectives ouvertes par la production demasse en matire de progression de la productivit et la permanencedune relation salariale concurrentielle. La conduite de la politiquemontaire amricaine vient aggraver la crise mais nen est pas lacause. Les efforts du New Deal en matire de constitution dune cou-verture sociale et dun service public rencontrent des obstacles poli-tiques tels que la crise nest surmonte qu lissue de la SecondeGuerre mondiale. En effet, cette occasion, on approfondit encore lespotentialits de la production de masse que lon convertit des biensdarmement aux biens durables. Le retour une forte croissance estsurtout le rsultat de deux compromis fondateurs de laprs-SecondeGuerre mondiale. Dune part, se noue un compromis entre entrepre-

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    *conomiste, il est notamment lauteur dUne thorie du capitalisme est-elle possible ?,Paris, Odile Jacob, 2004.

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    neurs progressistes et syndicats pour se partager les dividendes duprogrs, cest--dire dinstitutionnaliser une progression des salairesau prorata des gains de productivit. Dautre part, le GI Bill favoriselaccs de chaque jeune amricain lducation et luniversit, cequi prolonge le compromis fordiste.

    Ce systme va se diffuser au reste du monde et culminer jusquaudbut des annes 1970. Ce rgime ne manquait pas davantagespuisque lconomie amricaine pouvait simultanment financer laguerre au Vietnam, payer de bons salaires, intgrer la communautafro-amricaine et proposer un embryon de couverture sociale. Maisce modle rencontre ses limites du fait de son propre succs : ds lorsque se ralentissent les gains de productivit, les conflits concernantla rpartition des revenus saiguisent de sorte que lconomie amri-caine dbouche sur un rgime de croissance extensive, cest--diresans gain de productivit mais avec une accentuation des ingalitspuisque la fraction la plus privilgie de la population sapproprieune part croissante du revenu et de la richesse alors que les pluspauvres voient leur revenu stagner, voire chuter. Dans ce rgimeintermdiaire, les Amricains continuent bnficier dune crois-sance de la consommation denviron 2,5% par an mais cest au prixdune multiplication des personnes travaillant au sein du mmemnage, dun allongement de la dure du travail. Lorsque ces mca-nismes arrivent leurs limites, cest laugmentation permanente ducrdit quil revient de soutenir des revenus insuffisants. Les Amri-cains prennent lhabitude de jongler avec leurs nombreuses cartes decrdit et le plan de ladministration de George Bush concernant lac-cs au logement pour tous grce aux facilits de crdit vient couron-ner ce mouvement par un essor de la financiarisation. Cest lalumire de cet historique quil faut interprter la crise des prts sub-prime. En un sens, le laxisme du crdit apparat comme un substitut une couverture sociale en bonne et due forme.

    Le postfordisme ou le double excs dpargne (chinois)et de crdit (amricain)

    En revenant sur le rgime de croissance fordiste de laprs-guerre pourcomprendre laprs-fordisme et la prpondrance du capitalisme finan-cier amricain, vous soulignez limportance du rapport salarial.

    En effet, le fordisme nest pas seulement une rvolution en matireproductive puisque cest aussi et surtout le rsultat dune nouvelleconfiguration des rapports sociaux et tout particulirement du rapportsalarial. En termes conomiques, le compromis salarial fordiste favo-rise la croissance et la stabilit de la consommation, ce qui stimulelinvestissement et permet le dveloppement de la production et des

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    profits correspondant sur le territoire national. Cependant, ce rgimevient buter dune part sur lacclration de linflation, lorsque sac-centuent les conflits sur la distribution du revenu, et dautre part larecherche des rendements croissants implique une progressive ouver-ture sur le march mondial. Au bout dune ou deux dcennies, lesentrepreneurs deviennent relativement indiffrents aux compromisdomestiques puisquils sont engags dans la recherche de dbouchsextrieurs et les salaires deviennent des cots plus que des compo-santes de la demande domestique. cet gard, on pourrait considrerque le wall-martisme a succd au fordisme. En effet, Wall-Mart, cegant de la distribution aux tats-Unis, mise sur linternationalisationpour faire baisser en permanence les cots tout en prvenant, par desstratgies antisyndicales, que ses salaris bnficient daugmenta-tions de leur rmunration. Au plan macroconomique, cela impliqueun tout autre rgime de croissance, fond sur la prcarisation dessalaris et la balkanisation des contrats de travail, au point que sedveloppe une couche de working poors qui ne bnficient plus dunecouverture sociale accorde par lentreprise.

    Ce nouveau cours du rapport salarial a une double consquence.En premier lieu, lconomie mondiale se recompose travers un duo-pole entre le dficit commercial des tats-Unis et lexcdent chinois.La Chine est devenue latelier du monde et ne cesse de faire baisserles prix des produits industriels, elle inonde le march et induit unedsindustrialisation de la plupart des autres conomies. En contre-partie, les autorits chinoises placent une grande partie de leursrserves en bons du Trsor amricain, ce qui contribue rduire letaux dintrt long terme pour lensemble de lconomie mondiale et modrer les tentations de protectionnisme du Congrs amricain.En second lieu, cette faiblesse des taux dintrt favorise une nou-velle stratgie de la finance : Prter aux pauvres pour financer leurssoins de sant, laccs luniversit de leurs enfants et lacquisitionde logement peut tre une source de profits considrables. En effet,comme ils prsentent des risques de non-paiement, les banques leurfont payer un taux dintrt plus lev. Tant que se poursuivent lacroissance et la flambe des prix immobiliers, cette stratgie rus-sit mais elle seffondre au printemps 2007 lorsque la conjonctureamricaine se retourne. Il faut noter quen Europe mme, certainsdirigeants, y compris sociaux-dmocrates, taient favorables lintro-duction de lquivalent des prts subprime, alors mme que la perma-nence dune couverture sociale tendue modrait grandement lesrisques de pauprisation des plus dmunis sur le march du travail.

    Ainsi, dsquilibres internationaux, largissement des ingalits etfinanciarisation vont de pair. On comprend ds lors le caractre pro-mthen de la tche qui attend ladministration du prsident BarakObama. Il lui faut dabord restaurer la viabilit du systme financier

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    puis tenter dinstituer une couverture sociale, en particulier enmatire de sant, couvrant les laisss-pour-compte, et surtout trouverde nouvelles sources de croissance pour compenser leffondrementdes industries typiquement fordistes, au premier rang desquelles lin-dustrie automobile. Sans oublier le lancinant problme de la dpen-dance nergtique amricaine. Cest pourquoi il faut anticiper unelongue priode de stagnation, car il faut rsorber les excs dendette-ment passs (du priv) comme prsents (du public), traverse par unesuccession de priodes deuphorie ( la crise est derrire nous ) puisde retour du pessimisme ( lendettement public actuel nest pas sou-tenable ). On peut mettre le pronostic que le prsident George Bushpassera la postrit pour avoir sabord le modle amricain bti surla croyance que demain sera meilleur quaujourdhui et que lesenfants auront une meilleure position que leurs parents. La socitamricaine est loin daccepter lide de dcroissance, ce qui risquede rendre particulirement difficile laction des gouvernements.

    Ltat comme garant en dernier ressortdes erreurs du capitalisme financier

    Vous vous dites pessimiste, mais que pensez-vous des mesures prisesdans les diffrents pays touchs et au niveau international. Celles-ciont pour linstant plus favoris le monde de la finance que les pauvresdans le cas des tats-Unis.

    Pour rsumer, la crise est systmique puisque le systme financieramricain a failli seffondrer aprs la faillite de Lehman Brothers. Elleest structurelle car nous voyons sachever une croissance tire par lerenouvellement permanent dinnovations financires encourageant laconsommation. Elle est enfin globale car, tant donn la position delconomie amricaine, la rcession se transmet au reste du monde travers une chute sans prcdent du volume du commerce mondial.Aux tats-Unis, la priorit tait donc au soutien tous azimuts desbanques, afin de surmonter le blocage du crdit et du financement.Les financiers ont alors argu du caractre de bien public que consti-tue le systme de paiement et de crdit pour obtenir lessentiel dusoutien public et un accs illimit la liquidit. Par contraste, lescitoyens amricains qui perdaient leur logement du fait de leur inca-pacit rembourser leur crdit ont reu moins de 10% du volume glo-bal des fonds publics. Il aurait t pourtant logique denrayer labase la production de produits drivs toxiques en permettant unerengociation de contrats de crdits hypothcaires, parfois lonins.

    En dpit des rticences exprimes au Congrs et au Snat amri-cains, ce sont donc les banques, tant dinvestissements que commer-ciales, qui ont reu le soutien privilgi du Trsor amricain et de la

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  • FED. Comme cette socialisation des pertes ne sest pas traduite parune prise de contrle par les autorits publiques il est tabou auxtats-Unis de parler de nationalisation , ce soutien aux banques at aussi une contribution la rmunration des banquiers et des tra-ders dont pourtant la stratgie risque est lorigine directe de lacrise. Cest ainsi que la grande compagnie dassurance AIG a d ver-ser en 2009 des bonus consquents aux traders mmes qui ont prci-pit sa faillite. Plus gnralement, les holdings bancaires qui rsul-tent des fusions intervenues aprs lclatement de la crise ont puaisment reconstituer leurs profits grce un accs illimit et untaux quasi nul au refinancement de la Banque centrale sans pourautant accrotre leur offre de crdit lconomie. En effet, elles adop-tent maintenant une stratgie beaucoup plus prudente que par lepass, de sorte que, pour linstant, cest surtout le plan de dpensespubliques qui a permis denrayer une rcession amricaine qui san-nonait catastrophique. la lumire de lhistoire amricaine, onaurait pu imaginer que leffondrement de Wall Street suscite unvigoureux mouvement populiste qui aurait propos de rduire le pou-voir exorbitant de lquivalent des barons voleurs du pass. Diversesoppositions au plan de sauvetage de Wall Street se sont manifestesmais elles ne se sont pas concrtises par un nouveau cours de lapolitique amricaine qui continue tenir le plus grand compte desintrts de la finance.

    Cest toujours la finance qui tire lconomie, celle-ci reste souscontrainte de la finance.

    Un observateur extrieur aurait pu anticiper que lampleur de lacrise des prts subprime constituait une bonne occasion pour que lespolitiques disciplinent la finance en fonction des besoins de la socitet de lconomie. Or, alors mme que le rgime macroconomique tirpar le crdit est entr en crise, tous les efforts du gouvernement am-ricain visent relancer cette mme croissance par le crdit, dabordpublic que lon espre voir relay ensuite par le crdit priv. Com-ment expliquer la prudence du prsident Obama lgard de lafinance alors quil bnficie dune lgitimit dmocratique sans pr-cdent et que 49% des Amricains dclarent que Wall Street est plusnuisible que bnfique pour lconomie1 ? Cest que 37% continuent penser du bien de sa contribution la prosprit amricaine ! Toutse passe comme si lon esprait une sortie de crise grce une troi-sime bulle financire qui succderait celles de linternet et de lim-mobilier. cet gard, le plan de Timothy Geithner, actuel secrtaireau Trsor amricain, est clairant. Il vise crer un partenariatpriv/public pour racheter les produits drivs toxiques qui conti-

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    1.Business Week, no 21, 20 juillet 2009.

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    nuent peser sur le bilan des banques : cest le crdit public quiavance la quasi-totalit du capital, alors que les ventuels bnficessont partags galement. Comme la soulign Joseph Stiglitz dans unarticle vhment publi dans le New York Times, cest nouveau unexemple de privatisation des gains et de socialisation des pertes ouencore de socialisme pour les riches. Ainsi, la finance est tellementenracine dans la socit amricaine quelle semble inexpugnable. Cesont pourtant autant de financements qui ne vont pas la recherche, la formation professionnelle ou la rforme du systme de sant.Ltat est finalement le garant en dernier ressort de toutes les erreursdu capitalisme financier, du pass, du prsent comme du futur !

    Renouvellement et diversit des capitalismes

    Vous montrez les liens du capitalisme financier, indissociable de lacrise de 2007-2008, avec le capitalisme amricain. Faut-il entendreque le capitalisme financier lamricaine sest propag partout demanire identique ?

    La crise, ne aux tats-Unis, sest ensuite propage au reste dumonde travers trois canaux essentiels. En premier lieu, dautrespays que les tats-Unis ont adopt un modle de croissance tire parlinnovation financire et le crdit aux mnages. En deuxime lieu,nombre de pays se sont ouverts la finance globalise en bnficiantdentres de capitaux massives. Lorsque le march financier amri-cain se retourne, la prise de conscience dun risque majeur se diffuse lensemble de la plante de sorte que le crdit senraye mme dansles conomies qui ont jou sur dautres ressorts de la croissance quela finance. Enfin, lorsque le blocage financier se transmet lcono-mie, le commerce mondial seffondre et cest un second facteur dediffusion de la crise amricaine. Ces trois canaux se combinent fortdiffremment selon les diverses formes de capitalisme qui sont loindavoir, toutes, jou le pari de la financiarisation.

    Un certain nombre de pays ont adopt le mme modle que celuides tats-Unis, au premier rang desquels la Grande-Bretagne. Defait, la City de Londres joue un rle encore plus important pour lAn-gleterre que Wall Street pour lconomie amricaine, si lon en juge travers lampleur du secteur financier et des services aux grandesentreprises. Cest dailleurs pourquoi il est revenu Gordon Brown detrouver le moyen le plus efficace denrayer la course labme quisouvre avec la faillite de Lehman Brothers, savoir un soutien publicau capital des banques menaces de faillite.

    La contrepartie de la globalisation financire est que nombre depays souvrent la possibilit dun endettement croissant en devises

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    trangres sans quils sassurent que leurs recettes dexportationsoient suffisantes pour rembourser terme les prts correspondants.Les pays Baltes, la Hongrie et autres pays nouvellement rattachs lEurope ont ainsi renouvel lerreur des pays asiatiques qui conduit la crise de 1997. Le paroxysme est atteint avec leffondrement delIslande qui stait transforme en lquivalent dun Hedge Funds.

    Les pays rentiers, producteurs de matires premires, au premierrang desquelles le ptrole, font un retour remarqu sur la scne mon-diale. Arabie Saoudite, Russie, Venezuela, entre autres, acquirentainsi un pouvoir gopolitique certain. En effet, la menace dun pui-sement des ressources naturelles qui avait t voque ds le premierchoc ptrolier est devenue beaucoup plus crdible, au point de susci-ter une spculation sur le prix du ptrole, alors mme que la criseinternationale rduit transitoirement la demande de matires pre-mires. En accumulant des rserves considrables, ces pays jouentun rle dans lorganisation de lintermdiation financire mondiale,ne serait-ce qu travers la constitution de fonds souverains qui rin-vestissent une partie de leurs ressources dans des pays de vieilleindustrialisation. Ces tats sont plus rentiers que capitalistes et plusautoritaires et autocratiques que dmocratiques. Dans cette optique,il nest pas vident que la Russie se convertisse lconomie de mar-ch, ne serait-ce que parce que prvaut une fusion du politique et delconomique, au point que, du jour au lendemain, le gouvernementpeut redistribuer les droits de proprit dans des secteurs cls.

    Un quatrime groupe de pays est constitu de ceux qui, comme leJapon, lAllemagne, la Sude et le Danemark, ont bti leur croissancesur le dynamisme de linnovation et du secteur exportateur. Beaucoupde ces conomies sont social-dmocrates au sens o laccs lduca-tion, la formation, la sant est trs largement socialis et vise formerdes citoyens capables de trouver leur place tant dans la socit quedans lconomie mondiale grce la mallabilit de leurs comp-tences. Tous ces pays sont entrans dans la crise du commerce inter-national mais long terme, ils jouissent dun avantage considrable :ils peuvent vendre aux conomies en forte croissance, telles la Chineet lInde, des biens dquipement spcialiss et des biens durablesemblmatiques qui sinscrivent dans le rgime de croissance de cespays. Le compromis fondateur ne comporte pas le soutien de lafinance mais plutt lalliance entre entreprises et salaris comme entmoignent tant le plan allemand de subvention au maintien de lem-ploi que la mobilisation de la flex-scurit par exemple au Danemark.

    Les conomies-continents dfinissent encore un autre modle quiparat promis un bel avenir. En effet, Inde, Chine et Brsil, bnfi-cient dune taille du march interne considrable de sorte que lesexportations ne sont quun complment plus que le ressort de la crois-sance. On peut douter que la Chine appartienne ce modle compte

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    tenu de limportance de son secteur exportateur et du rle quy jouentles multinationales. Pourtant lessentiel de la croissance de ce paysest tir par linvestissement des entreprises chinoises qui visent conqurir des parts de march tant lchelle domestique quinterna-tionale. Lampleur et la vivacit de la rponse des autorits chinoises la chute des exportations tmoignent des marges dautonomie dontbnficient ces conomies-continents. En outre, des degrs divers,ces trois pays disposent dun autre atout : celui de navoir pas suc-comb aux charmes du consensus de Washington et davoir aucontraire dvelopp des thories conomiques et des modles dinter-vention publique qui prennent en compte les spcificits des rela-tions sociales propres ces pays. La finance y demeure sous contrlede la collectivit, en dpit mme des pressions rptes de la commu-naut financire internationale pour y promouvoir une complte dr-glementation.

    Dans un dernier groupe de pays, en particulier latino-amricains,de longue date, linsertion internationale a provoqu une dsarticula-tion des formes dorganisation et des institutions domestiques. Onsonge en particulier lArgentine. La crise actuelle prend une formespcialement dramatique dans des pays tels que le Mexique devenutrs dpendant des tats-Unis en matire dexportation, de finance,dinvestissement et mme de migration.

    Ces diverses configurations sont devenues interdpendantes, maiselles savrent plus complmentaires quen concurrence frontale. Laglobalisation avait dj accentu la diffrenciation des capitalismes,la crise actuelle renouvelle cette diversit. La finance est loin davoirconquis la totalit de lespace mondial et lon peut imaginer que seconstituent des zones dintgration rgionale visant assurer une cer-taine stabilisation financire, en particulier des taux de change, dontles mouvements brutaux dstabilisent des spcialisations cono-miques forges au fil des dcennies.

    Il y a des annes que lon voque une rgulation mondiale par le haut.Comment jugez-vous les mesures issues du G20 ? Les avances sont-elles perceptibles ?

    la lumire de lanalyse qui prcde on devrait conclure quil estde lintrt de la communaut internationale, dans son ensemble, dediscipliner la finance car elle a apport beaucoup plus de cots et dedsquilibres quelle na contribu la stabilisation de lconomiemondiale. Ce nest pourtant pas ce qui se dgage des trois runionsdu G20 qui se sont respectivement tenues Washington, Londrespuis Pittsburg. En effet, nont t dfinis que des principes trs gn-raux concernant le relvement des exigences en capital des banques,les rgles prudentielles plus strictes et la rmunration des agents dela finance car deux groupes de pays se sont opposs. Ceux qui,

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    comme les tats-Unis et lAngleterre, vivent de lintermdiationfinancire internationale nentendent pas se voir imposer des rglescontraignantes par un organisme supranational. loppos, les paysdEurope continentale, Allemagne et France par exemple, mais aussile Japon, ont intrt ce que ne se renouvellent pas des bulles finan-cires qui dstabilisent leur insertion internationale. Sur ce pointessentiel la crise actuelle est celle de la finance drglemente ,les rsultats du G20 ne sont, pour linstant, pas trs convaincants,dautant plus que sactivent les lobbies de Wall Street et de la Citypour quune ventuelle re-rglementation ne nuise en rien aux profits exorbitants de la finance travers des produits plus dangereux lesuns que les autres, comme le fut la titrisation des prts subprime. Parcontraste, le renouveau des droits des salaris mriterait de retenirlattention des gouvernements et des organisations internationales,car leur faiblesse, pas seulement en Chine, continue faire peser lamenace de dsquilibres majeurs.

    Si pourtant on se place dans lhistoire longue des relations interna-tionales, la cration du G20 peut initier une grande bifurcation. Ilressort que lOrganisation des Nations unies nest pas parvenue res-taurer son autorit face la crise et que par ailleurs le G 7 puis le G 8ne reprsentaient plus la totalit des acteurs pertinents lchellemondiale. Le G20 cre le forum grce auquel on peut imaginer quese dgage progressivement lchelle dune ou deux dcennies unsuccesseur au systme de Bretton Woods. Mais, compte tenu ducaractre devenu multipolaire de lconomie mondiale, il ne sera pasais de trouver une configuration viable pour la gouvernance interna-tionale. Il est par contre hautement probable que le XXIe sicle ne soitplus celui de la domination inconditionnelle des tats-Unis.

    Limpratif cologique

    La crise aura eu le mrite (!) de remettre au premier plan le dfi colo-gique. Alain Lipietz, qui est galement lun des acteurs de lcole de largulation, na pas ignor le problme. Comment abordez-vous de votrect les impratifs lis cet puisement des matires premires et auconstat que nous vivons sur une Terre unique dont il faut assurer lave-nir possible.

    Les crises cologiques, si souvent annonces, sont maintenantdevenues hautement probables et sopre une prise de conscience dela ncessit dun pacte incorporant les diverses facettes de lcologie.Mais il ne faut pas dissimuler les trois obstacles une stratgie de croissance verte . En premier lieu, un ventuel compromis colo-gique concerne les gnrations futures qui, par dfinition, ne sont pas

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    prsentes pour nouer lquivalent dun compromis capital-travail outat-conomie. En deuxime lieu, le temps de lconomie nest pascelui de lcologie. Les Amricains par exemple sont persuads quele systme des prix fournira des signaux annonciateurs de la crise desorte quil sera toujours possible par un regain dinnovations de pr-venir une crise majeure lie leffondrement de lenvironnement. Or,compte tenu du temps long du changement climatique, lorsquappa-ratront ces signes prcurseurs, il sera trop tard pour agir. On peutdonc redouter que le traitement du rchauffement climatique soitplus ex post quex ante avec les consquences que lon peut imaginerpour nombre de pays pauvres. Enfin, il ne faut pas sous-estimer lesconflits dintrt nationaux concernant larbitrage entre amliorationdu niveau de vie et proccupations cologiques. Les pays en voiedindustrialisation rapide ne veulent pas tre brids par des contrain-tes cologiques imposes par des organisations internationales et, parailleurs, les tats-Unis ont longtemps frein la prise en compte delimpratif cologique dans la rorganisation de leur propre cono-mie. Do un pronostic pessimiste : une crise cologique majeure nepourra sans doute pas tre vite.

    Propos recueillis par Olivier Mongin et Francesco Delfini

    Lcole de la rgulation

    Plus dun an aprs le dclenchement de la crise financire, reprendrelanalyse de la situation conomique avec les fondateurs de lcole de largulation, cest voir comment cette approche de lconomie politique aide penser lconomie de nos socits et rend intelligibles les transformations ducapitalisme et la nature des crises qui lui sont inhrentes.

    Ces conomistes que lon qualifie encore paradoxalement d htro-doxes , ont toujours considr que les sciences conomiques taient forte-ment imbriques dans les autres sciences sociales historiques, sociologiques,politiques, juridiques et que lconomie ntait pas autonome par rapportaux autres champs du savoir.

    Les rflexions approfondies que nous livrent Michel Aglietta, AlainLipietz et Robert Boyer1 se situent dans le prolongement de leurs travauxthoriques sur lconomie politique des formes et des logiques de dploie-ment, de fonctionnement et de rgulation du capitalisme.

    Loriginalit de leur approche rside dans leur capacit articuler unerflexion historique de longue priode, une connaissance fine de lhistoirede la pense conomique avec une analyse critique du rle fondamental quejoue lconomie dans les formes et modes dorganisation, de mdiation, decohsion dune socit.

    Ds leurs premiers travaux, et notamment le livre fondateur de MichelAglietta sur lconomie amricaine, ils mettent en vidence et analysent les

    1.Voir galement la contribution dAndr Orlan dans 3.Enqute , infra p. 182-184.

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    formes institutionnelles qui, selon eux, structurent lconomie marchandecapitaliste : le rapport salarial, le rgime montaire, les formes de la concur-rence, la nature de ltat et linsertion internationale dune conomie.

    Ainsi le rapport salarial, sur lequel Robert Boyer a consacr de nom-breux travaux, dsigne lensemble des dispositifs, des procdures, des insti-tutions qui codifient et encadrent le travail, ses conditions et sa rmunra-tion (droit du travail, droit social, ngociations collectives, rgimes deprotection sociale).

    Le rgime montaire rend compte, quant lui, du lien social primordialque reprsente la monnaie dans une conomie marchande. La monnaie,lorganisation, les rgles et les politiques montaires sont au cur du cycleconomique dans ses phases de croissance, de retournement et de crise.

    Ils accordent ces rapports constitutifs de la socit salariale uneplace privilgie dans la description et la comprhension des transforma-tions du capitalisme en insistant sur leurs relations, leur interdpendance etleur hirarchie spcifiques qui modlent les rgimes historiques de crois-sance et de rgulation du capitalisme.

    En renonant au postulat dune conomie comme systme autorguldquilibre gnral, cette cole pense la socit comme construction histo-rique, vritable imbrication de rapports conomiques et sociaux fondamen-taux qui se cristallisent dans des formes institutionnelles en devenir perma-nent.

    De ce point de vue, la notion de rgulation nest pas le terme de rf-rence ou la formule magique la mode que reprennent aujourdhui en curles conomistes et les politiques en mal dimagination ou dsempars par lacrise quils nont pas vu venir, quils ont du mal comprendre ou encoremoins matriser.

    La rgulation dont on parle depuis la crise est en effet plutt un retourde la rglementation qui succde aujourdhui la phase antrieure de dr-glementation (deregulation en anglais). Ce que ces auteurs entendent par rgulation est plutt un ensemble de rgles et dinstitutions qui permetau capitalisme de fonctionner en surmontant ses contradictions. Le mode dergulation est ainsi un ensemble de rgles, de routines et dinstitutions quiagit sur les comportements de manire concilier les intrts privs et lesconditions collectives de la vie en socit . Cette conception est loignedune notion de rgulation rduite lactivit rglementaire de ltat qui,selon les conomistes orthodoxes, devrait se limiter compenser les faillesdans les ajustements de march en vue de poursuivre un optimum collectif.

    Lapproche de la rgulation est une alternative globale la thorie delquilibre gnral qui cherche tablir des lois conomiques abstraites, a-historiques. Depuis sa cration la fin des annes 1970, son ambition rsideau contraire dans ltude des transformations des rapports sociaux qui sontinduites par la dynamique du capital.

    Au travers de lanalyse dveloppe par ces trois conomistes de la rgula-tion, on peroit mieux lampleur des enjeux conomiques, financiers,sociaux et cologiques qui sont les dterminants des typologies de sortie decrise auxquels nous pourrions tre confronts.

    Et pour reprendre les termes de Robert Boyer, au-del de la crise cest un vritable basculement du monde auquel on assiste et ce basculementlaisse entire la question des rapports de force politiques qui simposerontdans la recomposition du capitalisme national, europen et mondial.

    Francesco Delfini

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