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1 Equipe régionale « Economie Prospective » COVID 19 Note de veille économique N°2 27 mars 2020 Cette synthèse résulte de la collecte d’informations de différentes sources, essentiellement celles des agents de la CRANA et des CDA de la région, qui font un remarquable travail en temps réel. Trois parties : 1. Messages forts (ci-dessous) 2. Synthèse par filière : Points essentiels et de vigilance (2 pages) 3. Analyse des retours et publications des correspondants / partenaires par filière 1. MESSAGES FORTS Le maintien de la chaîne logistique est essentiel. Une fois les besoins satisfaits dans le secteur de la santé, l'ensemble de la chaîne agriculture – agroalimentaire – distribution doit être prioritaire pour l'accès aux équipements de protection. Maintien de l'ouverture des marchés ouverts (au final, si précautions prises, meilleures garanties sanitaires qu'en GMS) et solution d'écoulement pour les producteurs et PME "transformation" ayant perdu les débouchés RHD et restauration commerciale. Appui aux systèmes de drive fermier / livraison Déséquilibre Offre / Demande sur les marchés. Intervention sur les marchés, par du stockage, de l'indemnisation de destruction de produit, pour des filières en forte tension (lait tous types / agneau / chevreau / …) Rappel de l'injonction aux GMS de "jouer le jeu" de la préférence aux produits français. Vérification à conduire sur le terrain. Nécessaire action de promotion des produits français / locaux, du "bien manger", excellent remède en temps de crise, axer le discours sur les produits de qualité. Cadrage précis des conditions d'emploi de la main d'œuvre en renfort sur les exploitations agricoles (cf. détail dans la note – lien : Vigilance_Travail).

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Equipe régionale « Economie Prospective »

COVID 19 Note de veille économique N°2

27 mars 2020

Cette synthèse résulte de la collecte d’informations de différentes sources, essentiellement celles des

agents de la CRANA et des CDA de la région, qui font un remarquable travail en temps réel.

Trois parties :

1. Messages forts (ci-dessous)

2. Synthèse par filière : Points essentiels et de vigilance (2 pages)

3. Analyse des retours et publications des correspondants / partenaires par filière

1. MESSAGES FORTS

Le maintien de la chaîne logistique est essentiel.

Une fois les besoins satisfaits dans le secteur de la santé, l'ensemble de la chaîne agriculture

– agroalimentaire – distribution doit être prioritaire pour l'accès aux équipements de

protection.

Maintien de l'ouverture des marchés ouverts (au final, si précautions prises, meilleures

garanties sanitaires qu'en GMS) et solution d'écoulement pour les producteurs et PME

"transformation" ayant perdu les débouchés RHD et restauration commerciale.

Appui aux systèmes de drive fermier / livraison

Déséquilibre Offre / Demande sur les marchés.

Intervention sur les marchés, par du stockage, de l'indemnisation de destruction de produit,

pour des filières en forte tension (lait tous types / agneau / chevreau / …)

Rappel de l'injonction aux GMS de "jouer le jeu" de la préférence aux produits français.

Vérification à conduire sur le terrain.

Nécessaire action de promotion des produits français / locaux, du "bien manger", excellent

remède en temps de crise, axer le discours sur les produits de qualité.

Cadrage précis des conditions d'emploi de la main d'œuvre en renfort sur les exploitations

agricoles (cf. détail dans la note – lien : Vigilance_Travail).

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2. SYNTHESE PAR THEME ET FILIERE : POINTS ESSENTIELS ET DE VIGILANCE

CONTEXTE GENERAL Poursuite et renforcement du confinement

Incertitudes fortes quant aux conditions sanitaires de sortie de crise (cf. cas de la Chine avec des foyers de reprise).

Fortes craintes relatives aux impacts macro-économiques et financiers (travaux du réseau Chambre en cours sous coordination APCA).

Incertitudes et flou autour de l'émergence d'un traitement efficace : impact négatif sur la population "espoir / désespoir".

CHAINE

ALIMENTAIRE Des difficultés logistiques : transport routier et Fret ferroviaire

(manque de main d'œuvre, de containers,…)

Flambée des tarifs de transport chez certains opérateurs.

Abattoirs : manque de personnel, instauration de quotas et reprogrammation des tueries.

Ralentissement des échanges de marchandises avec contrôles aux frontières.

Inquiétude grandissante des salariés par manque de protection individuelle.

Des tensions sur les approvisionnements en emballage, les achats UVCI / barquettes progressent fortement (fermeture de nombreux rayons "détail" / "à la coupe").

Fermeture des marchés de plein vent : demande unanime de la Profession pour la réouverture, variable selon les communes et postures des Préfets. Solution de Vente_Voie_Publique (lien) – développement de la vente en drive fermier et livraison.

BANQUE Aménagement des encours et report d'échéances

Mise en place de courts termes de trésorerie.

Objectif : éviter le blocage des paiements et maintien des flux financiers entre entreprises.

CONSOMMATION Après le "rush", phase de consommation sur stocks réalisés, cf. analyse Nielsen, lien :Conso_Crise_Covid_Nielsen

Consommation de crise avec baisse en gamme des achats.

MAIN D'ŒUVRE

EXPLOITATION Défaut de main d'œuvre saisonnière (absence des travailleurs

d'Europe de l'Est).

Des entreprises agricoles confrontées à des refus de dossier pour chômage partiel.

Appel du Ministre Guillaume pour un renfort de main d'œuvre : attention au respect des conditions d'emploi (couverture accident).

HORTICULTURE ET

PEPINIERE Blocage des ventes en établissements

Développement de la vente en drive

Déblocage en cours, selon les départements pour les plants de légume Décret_Plant_Potager_Creuse

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ASPERGES ET FRAISE Chute des ventes : pas d'élan de consommation dans un contexte de crise et perte des débouchés en RHD et restauration commerciale

Défaut de main d'œuvre pour les récoltes

VITICULTURE Baisse des ventes dans un contexte de crise

GRANDES CULTURES Craintes sur le maintien des outils logistiques.

Marché céréales haussier : mesures de protection des grands exportateurs (taxes à l'export en Russie).

Huiles : baisse des besoins en RHD et prix du pétrole mettent la filière biodiesel sous pression.

CHEVREAUX ET

AGNEAUX Pas de fêtes pascales en famille.

Fermeture des rayons "boucherie détail" en GMS : baisse en gamme des achats, les produits "label" sont en difficulté.

Des messages de promotion sont en cours et montent en puissance pour une préférence à l'origine "France".

Demande d'intervention par stockage pour rétablir équilibre offre/demande.

Demande de soutien aux engraisseurs de chevreaux.

BOVIN VIANDE Le marché français intra et export se tient mieux que dans le reste de l'UE.

L'Italie privilégie l'origine "France" ou territoire national (demande de qualité des consommateurs).

Nécessaire maintien de la logistique transport.

Consommation nationale : fermeture des rayons "boucherie détail" en GMS baisse en gamme et augmentation du haché, déséquilibre matière encore plus fort. Les produits "label" sont mal menés.

PALMIPEDES Pas de perspective de marché. Réduction des mises en place.

VOLAILLES Poulet : beaucoup de demande sur les premières semaines (achat de stockage). Expectative pour les jours à venir.

PORC Retour à la normale mais déséquilibre matière : forte demande sur le jambon, l'absence de RHD pèse sur l'écoulement des autres pièces.

LAIT Alerte sur l'appauvrissement de l'offre en produits "haut de gamme" / AOP. Les GMS resserrent leur offre sur Produits de Grande Consommation et grandes marques. L'impact de la fermeture des rayons "fromage à la coupe" et marchés ouverts a un impact fort.

Les laiteries appellent à une limitation de production tandis que nous approchons du pic de production.

POMMES Le marché se tient en intra.

L'activité "export" reste normale.

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Contexte général

Le pic de l’épidémie est encore devant nous. Les règles de confinement se renforceront. Selon nous,

il ne faut pas s’attendre à un retour à une situation « normale » avant mi-mai, avec de grosses

incertitudes sur la durée et les modalités de sortie du confinement et de reprises des activités, qui

dépendront :

Des capacités massives de testage et de la disponibilité des équipements de protection de la

population (gants, masques…) ;

De la durée de découverte et de diffusion d’un traitement préventif et/ou curatif ;

De l’ordre de priorité définie pour la reprise des activités jugées « non essentielles » ;

De la reprise des échanges internationaux pour rétablir les chaînes de valeur…

On notera les inquiétudes d'épidémiologistes chinois qui présagent une deuxième vague de covid

19 dans leur pays, en raison d'une reprise beaucoup trop rapide de l'activité économique et sociale :

https://www.courrierinternational.com/article/propagation-silencieuse-en-chine-une-seconde-

vague-depidemie-de-covid-19-semble-inevitable

Les marchés financiers restent fortement perturbés. Après avoir perdu un tiers de leurs valeurs

depuis un mois, les bourses mondiales ont rebondi de 10-15 %. Elles rechutent à nouveau

aujourd’hui, les espoirs sur les mesures de relance gouvernementales se heurtant à la propagation

continue de la pandémie de coronavirus, notamment aux Etats-Unis qui sont désormais plus

touchés que la Chine.

Le prix du blé est en hausse du fait des tensions logistiques dans les échanges internationaux, de la

mise en quarantaine de l’Argentine, de l’annonce par la Russie de l’instauration de taxes à

l’exportation des céréales et d’une semaine chômée pour l’ensemble des salariés du pays, afin de

lutter contre la propagation de l’épidémie. Les prix du maïs et de l’orge suivent dans le sillage. Celui

des oléagineux est plombé par la chute vertigineuse du prix du pétrole, passé de 68 à 26 $/baril (-

62 %) depuis mi-janvier.

Les principales difficultés rencontrées dans la chaîne alimentaire

Perturbation des échanges internationaux : le secteur de l'agro-alimentaire européen subit depuis

une semaine des « perturbations sévères » dans l'acheminement des marchandises, liées

notamment aux contrôles sanitaires pratiqués par certains pays aux frontières intérieures de l'UE

(+20 heures de délai à la frontière Pologne / Allemagne) pour tenter d'endiguer la pandémie de

Covid-19, mais aussi aux conditions de travail des routiers qui se dégradent fortement. Les

discussions sont en cours au niveau européen pour harmoniser les procédures et contrôles aux

frontières dans l’espace Schengen (22 Etats de l’UE et 4 Etats associés avec AELE). Les exportations

de céréales et les importations de soja rencontrent des difficultés logistiques au niveau de

l’approvisionnement des ports (le fret ferroviaire est réduit de moitié), ceux-ci fonctionnant

normalement suite à la mobilisation des dockers pour assurer les flux vitaux. A l’exportation, le

manque de containers accentue les difficultés.

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Relations économiques et commerciales : Système U, Intermarché et Carrefour ont annoncé des

mesures de soutien aux producteurs français, notamment ceux pénalisés par la fermeture des

marchés et des restaurants, comme par exemple les maraîchers et les pêcheurs : ainsi ont-ils décidé

de payer comptant les factures de tous les fournisseurs, TPE et PME, qui livrent les entrepôts afin de

soutenir leur trésorerie. Ce mouvement devrait être adopté par d’autres entreprises.

Banques :

A suivre. Les principales banques ont annoncé des reports d’annuités de 4 à 6 mois, soit de manière

systématique (CA), soit au cas par cas (CM, BP). Des prêts de trésorerie sont en cours de

préparation (1 à 2 mois de chiffre d'affaires) avec durée de remboursement sur 24 mois. Une

attention toute particulière est accordée au maintien des paiements par prélèvement, que certains

souhaiteraient suspendre par manque de chiffre d'affaires, afin d'éviter un effet "domino" qui

paralyserait les flux financiers.

Consommation :

Réaliser son approvisionnement alimentaire est confronté à des contraintes : dérogation de

déplacement / contrôles par les forces de l'ordre / limitation de distance.

Les consommateurs ne se limitent pas en quantité, mais le "cœur n'y est pas" : contraction de

consommation sur les produits à caractère plus festif ou plaisir, baisse en gamme (concentration sur

des produits essentiels).

Analyse de l'évolution des actes d'achat selon Nielsen sur cette crise :

Phase 1 : ruée pour tentative d'achat de masques et gels hydro alcooliques

Phase 2 (semaine 12) : achats massifs de produits de base (pâtes / riz / viande de grande

consommation (poulet / porc / bœuf) / sucre).

Phase 3 (semaine 13) : baisse des achats car les réfrigérateurs et celliers familiaux sont

pleins, consommation sur stock.

Phase 4 (semaine 14 – après ce Week-End) : volumes moindre qu'en semaine 12, mais

hausse de la demande pour réassort.

Difficultés logistiques : dans une interview le 24/03 sur France Inter, le Président de Système U

(11 % de la distribution alimentaire en France) a indiqué qu'il n'y aurait « pas de pénurie brutale »

dans les magasins de la grande distribution alimentaire mais qu'il y a « un certain nombre de

ruptures » dans la chaîne d'approvisionnement (œufs, pâtes…). La brutale modification des régimes

alimentaires avec le confinement (environ 10 % de l’alimentation selon nos estimations, à

expertiser) suppose une modification des segments alimentaires et de leur conditionnement, ce qui

fait apparaître des difficultés, a priori ponctuelles et résolvables à court terme. L'équarrissage

connaît des difficultés pour l'incinération des farines C1 avec la fermeture des cimenteries.

Pénurie de main d’œuvre saisonnière : les récoltes de fruits et légumes et les travaux de printemps

dans les vignes, horticultures… vont très rapidement manquer de main d’œuvre (45.000 personnes

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en avril, 80.000 en mai et 80.000 en juin). Les frontières du Maroc sont fermées et des pays ont

rapatrié leurs populations : polonais, roumains, etc. Pour y remédier, Interfel a proposé au Ministre

de l’Agriculture de faire appel au personnel des jardineries et pépiniéristes en situation de chômage

technique dû au coronavirus. La « loi d’urgence sanitaire » a introduit des souplesses dans le code

du travail qui concernent des accords de branches pour appliquer 6 jours ouvrables de congés payés

durant la période de confinement.

Un site Internet, Desbraspourtonassiette, a été créé pour faire le lien entre l’offre et la demande.

Les agriculteurs ont négocié avec le gouvernement le fait que les volontaires puissent cumuler leur

chômage partiel et la rémunération de saisonnier, proche du SMIC. Ils comptent sur la disponibilité

des particuliers dont l’activité s’est arrêtée. Déjà, au sein du secteur agricole, les horticulteurs ont

dû cesser le travail et leurs employés pourraient donc prêter main-forte pour les cultures de fruits

et légumes. Le personnel de la restauration pourrait également fournir un réservoir précieux de

main-d’œuvre, alors que la quasi-totalité des restaurants a baissé le rideau.

Point de vigilance travail:

Couverture des citoyens qui veulent donner un "coup de main" ou travailler sur les exploitations.

Entraide entre exploitants agricoles : chacun se couvre.

Hors de cette situation : pas de réglementation => travail dissimulé.

Pas ou peu de produit assurantiel pour couvrir cela du côté des différentes compagnies.

Attention, l’affirmation comme quoi l'assurance privée de l'aidant couvrira est fausse. Se

faire piétiner par une vache ne passe pas en "garantie accident de la vie".

Pour qu'un travailleur soit couvert, il faut que des cotisations sociales soient payées =>

déclaration d'embauche et salaire.

Tolérances limitées sur les ascendants.

Sauf à avoir une adaptation rapide de la MSA, suite aux propos du Ministre : vigilance ! la

responsabilité des exploitants est engagée, en cas d'accident grave il n'y a plus d'amitié qui compte.

Chômage partiel : beaucoup de producteurs se sont vus refuser les demandes de chômage partiel

pour leurs employés (vente de produits horticoles, transformation de denrées destinées à la RHD

qui a stoppé ses commandes,…). Semble-t-il un pré tri automatisé sur le code NAF rejette les

demandes issues du secteur agricole, considéré dans sa globalité comme toujours en autorisation

d'activité (production primaire).

Des OP d'aval s'inquiètent des baisses de commande et ne savent pas si elles vont pouvoir

maintenir l'emploi et s'inquiètent du défaut d'accès au chômage partiel.

Marchés de plein vent : suite aux dernières annonces du gouvernement, "fermeture des marchés

ouverts sur le territoire national. Les Préfets peuvent néanmoins, sur demande des Maires, déroger à

cette règle sous couvert du respect d’une stricte sécurité et après appréciation du contexte

entourant ledit marché et notamment de la nécessité de le conserver ouvert".

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Cela pose un souci majeur tant pour plusieurs filières agricoles qui perdent une solution majeure de

mise en marché, que pour des consommateurs habitués à s'approvisionner sur ces lieux (zones

rurales sans GMS / quartiers de centre-ville / …), souvent des personnes âgées sans moyen de

locomotion.

De nombreux producteurs qui travaillent avec la RHD ont perdu leurs débouchés (fermeture de la

majorité des cantines et des restaurants), ils pensaient pouvoir écouler leurs produits en vente

directe sur marché. Cette solution s'efface.

Les agriculteurs habitués à commercialiser en marchés ouverts ont également préparé et ont en

stock des volumes de produits conséquents qu'il est nécessaire d'écouler.

Des artisans bouchers / charcutiers / traiteurs / boulangers / pâtissiers / … acheteurs de matières

premières aux agriculteurs perdent aussi une (voire leur unique) solution de vente.

Pisciculture et ostréiculture sont également touchées après avoir perdu le débouché de la

restauration.

Solution envisageable : si l'objectif de l'interdiction est de limiter les regroupements de population,

on pourrait proposer aux maires, qui ne voudront, a priori, pas prendre le risque d'ouvrir des

marchés, de donner des autorisations de vente sur voie publique ou espace privé à des producteurs,

en veillant à ce que les lieux de distribution soient disséminés sur l'ensemble du territoire de la

commune, évitant ainsi tout rassemblement concentré de population. Aujourd'hui, de nombreux

parkings d'entreprise sont vides, ils pourraient être utilisés à cet effet, de même pour des places de

village, zone de station-service, etc.

Mobilisation des articles L. 2213-6 et L. 2215-4 du Code général des collectivités territoriales "ventes

sur voie publique".

Point de vigilance : certains consommateurs ont été verbalisés par les forces de l'ordre après s'être

approvisionnés en direct chez des producteurs, au motif "d'un déplacement trop éloigné de leur

domicile, sachant que des solutions plus proches étaient disponibles".

Productions saisonnières et/ou périssables (maraîchage, horticulture…) : Productions saisonnières

et/ou périssables (maraîchage, horticulture…) : l’APCA expertise avec le MAA comment les pertes

de ces activités seront prises en charge dans le plan de soutien aux petites entreprises que met en

place le Gouvernement. Il en est de même pour les productions destinées à la RHD, de gré à gré ou

via la passation de marchés publics. Pour les productions horticoles, le syndicalisme a demandé, aux

différents ministères concernés, que les plants de légumes / fruits / aromatiques puissent être

ajoutés à la liste des produits de première nécessité. Ceci permettrait de rouvrir, a minima, les

ventes au travers des retraits de commande via Drive ou les livraisons. Cela répond également aux

besoins exprimés par une frange de la population qui pratique une forme d'autarcie "légumière et

fruitière" (le plus souvent population âgée et famille à forte sensibilité écologique).

A noter : forte tension au sein de la profession horticole orientée sur la vente aux détails. Son

activité de commercialisation est suspendue, alors que le printemps s'annonce, la météo conjuguée

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aux mesures de confinement est des plus favorable à la pratique du jardinage, et constat est fait

que les GMS maintiennent ouverts leurs rayons "jardinerie". La concurrence est déloyale sur ce

point, avec perte de chiffre d'affaires et captation de clientèle. Les Préfets ont été alertés mais

arguent que l'arrêté du 18.03 n'impose pas aux supérettes / GMS / magasins de bricolage de limiter

leurs ventes aux seuls produits de première nécessité…

Déblocage en cours sur vente des plants : cf. décret Préfecture 23 :

Vous avez interpellé mes services sur la cohérence des mesures prises concernant la

commercialisation des semences et plants dans le contexte de l'application du Décret n° 2020-293

du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-

19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.

En effet, les dispositions de ce décret prévoient que :

- sont autorisés les déplacements pour effectuer des achats de fournitures nécessaires à l'activité

professionnelle et des achats de première nécessité dans des établissements dont les activités

demeurent autorisées par l'article 8 du présent décret ;

- les établissements relevant des catégories mentionnées par le règlement pris en application de

l'article R. 123-12 du code de la construction et de l'habitation figurant ci-après ne peuvent plus

accueillir du public jusqu'au 15 avril 2020 : - au titre de la catégorie M : Magasins de vente et

Centres commerciaux, sauf pour leurs activités de livraison et de retraits de commandes.

Les mesures prises actuellement pour lutter contre le COVID-19 visent à limiter les contacts entre les

personnes pour faire baisser la pression virale tout en préservant l'alimentation pour l'ensemble de

la population. La suppression totale de la vente aux particuliers des plants et semences limite certes

les contacts au moment de l'acte d'achat, sauf si ceux-ci sont réalisés conjointement avec des achats

alimentaires, mais accroit dans le temps les contacts du fait que les particuliers qui disposent d'un

jardin seront contraints de continuer leurs achats alimentaires alors qu'ils auraient pu bénéficier

d'une ressource personnelle.

Pour cette raison, et compte tenu des dispositions en vigueur, il est autorisé dans le département de

la Creuse ce qui suit :

- la commercialisation des semences et plants pour les activités professionnelles, pour l'ensemble des

semences et plants (Fourniture nécessaire aux exploitations agricoles, mentionnée à l'annexe du

décret précité),

- la commercialisation des plants potagers à visée alimentaire (légumes, petits fruits, aromatiques)

sous divers modes :

* sur les marchés ouverts autorisés par dérogation en vertu des dispositions de l'article 8 point

III du décret précité,

* via des dispositifs de type drive,

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* via la vente dans les rayons de jardineries déjà ouvertes car ayant une activité animalerie, ou

plus généralement par tout établissement autorisé à recevoir du public pour les activités figurant en

annexe du décret précité.

Pour toute difficulté dans la mise en œuvre de ces dispositions, n'hésitez pas à me contacter, ou mes

collaborateurs en copie de ce message.

Cas des asperges et des fraises : les ventes se sont écroulées depuis une semaine. La GMS s'est

engagée à mettre en avant l'origine France pour écouler la production. "Les asperges et les fraises

souffrent le plus. Ce sont des produits de fête, des produits du printemps, mais aujourd'hui avec ce

qui se passe avec l'épidémie, les gens n'ont pas le cœur à ça", explique à l'AFP William Mourier du

magasin de fruits et légumes Champ de Florette, à Pont-de-Crau.

C'est aussi vrai en Nouvelle-Aquitaine. Il y a une semaine, les producteurs d’asperges tiraient la

sonnette d’alarme. « La saison avait pourtant bien commencé, précoce cette année, aux environs

du 10 février. Le marché était très équilibré et puis, soudain, avec l’annonce du confinement et le

rush dans les supermarchés, l’asperge n’était plus prioritaire. Ni pour les Français qui stockaient

pâtes et pommes de terre ni pour les distributeurs. Sans compter la fermeture des restaurants. Nos

ventes ont chuté de moitié. Nous sommes obligés de laisser des asperges dans les champs et de

réduire notre production d’autant », raconte David Ducourneau, producteur d’asperges à Saint-

Martin-d’Oney (Landes).

Même son de cloche du côté des producteurs de fraise. « Nous sommes entrés en pleine production

de la gariguette. Or, la restauration représente 20 % à 30 % de notre clientèle et les Français se sont

détournés de ces produits frais. Nos ventes ont été réduites de moitié. La situation est complexe »,

témoigne Xavier Mas, producteur dans le Lot-et-Garonne et président de l’Association

d’organisations de producteurs (AOP) fraises de France. Il tente toutefois de relativiser, car la saison

de ce fruit rouge ne fait que commencer et durera jusqu’à l’été.

Viticulture : les ventes en France chutaient déjà et les exportations plongeaient : la pandémie du

coronavirus, avec ses restaurants fermés et ses consommateurs confinés, accentue la crise du

monde viticole bordelais, tandis que se profile un manque de main d'œuvre pour les travaux de

printemps.

Grandes cultures :

Les mesures prises pour lutter contre la propagation du covid19 laissent craindre des perturbations

logistiques et des pays comme la Russie pourrait restreindre les exportations de certaines matières

premières. En France, les difficultés logistiques et le manque de main d’œuvre tirent les prix

physiques du blé à la hausse alors que les exportations sont soutenues. Les exportateurs multiplient

les mesures de protection, différentes suivant les pays avec des menaces de grèves de dockers

comme au Brésil.

Les difficultés logistiques et les effets secondaires du confinement renchérissent les prix du soja, et

surtout du tourteau. En effet, les usines de triturations tardent à se faire approvisionner, la baisse

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du prix du pétrole compromet le débouché du biodiesel et la consommation d’huile alimentaire

baisse du fait de la chute de la restauration collective.

Chevreaux et agneaux : Sur les marchés de l’agneau et du chevreau, il est bien difficile d’y voir clair.

Pâques est dans trois semaines. Certes, il n’y a pas d’importation mais les Français consommeront

ils le traditionnel gigot si les fêtes de famille n’ont pas lieu ? A ce jour, aucune précommande pour la

période pascale. Les abatteurs se sont engagés à collecter les chevreaux des engraisseurs mis en

place jusqu'à Pâques en respectant certaines conditions de taille de lots notamment.

Les fêtes pascales sont compromises et les rassemblements familiaux interdits. La

commercialisation des agneaux produits pour cette période sera très limitée. La filière communique

pour une préférence d'achat à l'origine "France", mais cela ne suffira pas. Ce type de viande ne peut

attendre pour être consommée. Ainsi, des producteurs s'organisent pour l'écouler en direct mais

leur organisation peine à se mettre en place (défaut de logistique et de main d'œuvre) et la

fermeture des marchés de plein vent limite les solutions. Les organisations de producteurs

évoquent la solution de la congélation, reste à savoir si les capacités seront au rendez-vous.

Bovin Viande :

Après des expéditions et abattages (+3,6 % - source Interbev) plus importants qu'à l'accoutumée sur

la semaine dernière (n°12), le marché marque le pas en ce début de semaine.

Certains opérateurs annoncent des volumes de commande divisés par 5.

Afin de gérer une pénurie de main d'œuvre les GMS tendent à fermer leurs rayons "boucherie

traditionnelle". La vente se reporte sur le libre-service et les plats préparés. De même les produits

hachés ont un peu plus le vent en poupe (les enfants mangent à domicile). Source Interbev : les

entreprises de préparation de viande-ingrédient et fabrication de plats cuisinés confirment le

dynamisme des commandes pour les plats préparés à base de viande, non seulement pour la GMS,

mais également pour les secteurs de la RHD dont l’activité reste dynamique, l’hôpital et l’armée en

particulier.

Par ailleurs, l'annonce de la fermeture des marchés de plein vent (sauf dérogation, sur décision

circonstanciée et présentée au Préfet par les Maires) va impacter les ventes au détail.

Tous ces éléments orientent à la baisse la demande en animaux de qualité qui sont le propre de la

production de notre région.

Le marché est donc marqué par une demande baissière et une très faible visibilité qui induit des

phénomènes de commande / décommande au dernier moment.

Les prix, que ce soit sur les vaches de qualité bouchère ou les jeunes bovins mâles sont sous

pression.

Volailles et palmipèdes : l’arrêt des ateliers de gavage entraîne la destruction des œufs de canard

dans le Centre-Ouest (44-49-79-85), qui assure 30 % de la production nationale.

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La demande en poulet a été très importante sur les premiers jours de confinement avec un

mouvement de stockage. Cette semaine, la demande s'abaisse quelque peu, les foyers vivant sur les

stocks constitués.

Porcs : ci-dessous le dernier commentaire quotidien du marché du porc breton (MPB). A noter que

la cotation du porc "sud-ouest" est corrélée avec une bonification qualité et label.

"La demande intérieure demeure soutenue bien que les récentes décisions gouvernementales

perturbent les traditionnels circuits de distribution. Les ventes de jambons explosent alors que

d’autres pièces habituellement dirigées vers la consommation hors domicile sont plus difficiles à

écouler. D’autre part, les besoins de la Chine se maintiennent à un haut niveau associés à de

possibles achats anticipés des chinois qui craignent que l’UE et les Etats-Unis ne parviennent pas à

assurer les commandes. Après 2 semaines de baisse de cours liée à la panique que la pandémie du

Coronavirus a généré sur les marchés, le retour à la normale s’est traduit dans le Nord de l’Europe

par une stabilisation des cours car la demande y est aussi très forte et les offres en baisse. En

revanche, en Italie, durement frappée par l’épidémie, l’activité des abattoirs s’est fortement réduite

de 30 à 40% avec des répercussions négatives sur les prix".

Filières laitières : la chaîne de production et de transformation du lait suppose des flux

extrêmement tendus : cela concerne le lait lui-même et la chaîne du froid, mais aussi des

fournitures ou services indispensables en permanence (alimentation animale, énergie, vétérinaires,

réparateurs, frigoristes…). Il est crucial que les salariés puissent circuler et travailler. Le CRIEL de

Nouvelle-Aquitaine a demandé que les salariés de la filière puissent accéder aux gardes d’enfants

organisées par l’Education Nationale.

Il y a des difficultés logistiques pour toutes les entreprises alors que la filière entre dans le pic de

collecte : absence de personnel (-5 % dans l'ouest à -30 % dans l'est de la France), problèmes

d'approvisionnement en emballage. La filière réfléchit aux moyens à mettre en œuvre pour

modérer la production.

Les reports de consommation sont importants : forte demande pour le beurre, la crème, les

fromages pour enfants mais une chute pour les fromages AOP. Selon le Conseil national des

appellations d’origines laitières (CNAOL), « l’appauvrissement alimentaire guette les rayons des

grandes surfaces. Les transformateurs laitiers de toutes les régions de France notent une baisse très

importante des commandes ». Le CNAOL « appelle à la responsabilité des distributeurs et de

l’administration pour permettre une pluralité de l’offre et le maintien de la diversité des produits

laitiers AOP dans les rayons. » Les AOP Laitières sont peu présentes en dehors des marques

distributeurs sur les Drive des grandes surfaces. 38% des fromages AOP sont commercialisés au

rayon coupe. Or, ces rayons sont fortement réduits, voire fermés. « Les mesures d’urgence prises

par la distribution pour protéger les salariés comme les clients sont totalement justifiées. Toutefois,

cette nécessaire réorganisation ne doit pas conduire à la disparition de la plupart des AOP laitières

des magasins. » Le CNAOL « invite les grandes surfaces à protéger les vendeurs en installant le

matériel nécessaire à la protection de sa santé. »

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Il y a des difficultés pour les PME qui n’ont plus de débouchés pour certains produits, entraînant la

saturation des capacités de stockage. Des réflexions sont en cours pour y remédier : dons de lait,

diminuer le pic de collecte, réorientation des plans de communication prévus par le CNIEL vers les

produits « abandonnés » par les consommateurs, etc. L'enjeu est de contribuer à la mise en relation

des PME et acteurs de la distribution (réorientation des produits).

Pomme Limousin

Sur les semaines précédentes (n°12 et ante), la demande en pomme a été forte avec des achats de

couverture (stockage) à l'instar d'autres produits (viandes).

Par contre, a contrario de ces derniers dont la demande faiblit fortement depuis ce début de

semaine, les flux de pommes du Limousin restent dans la normal pour la période.

L'export se maintient. Pas de souci majeur de logistique.

Les prix restent soutenus.

Les opérateurs avals souffrent d'un manque de personnel (absence au motif de garde d'enfants).

Perspectives sur la récolte future : peu de fleurs sur les arbres, une année d'alternance (après forte

production 2019) qui s'annonce marquée.

Les producteurs craignent des épisodes de gel, les végétaux étant un peu trop avancés.

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Pour information, certaines zones du Sud Est ont été touchées la nuit dernière. Post Facebook d'un

collègue de la CA de la Drome ci-dessous :

Bertrand DUMAS - Frank MICHEL Christine NAVAILLES ARGENTAA

Equipe régionale « Economie Prospective »

de la Chambre Régionale d’Agriculture de Nouvelle Aquitaine

Olivier PAGNOT

Chambre d’agriculture de la Vienne

27 mars 2020