Épisode confusionnel révélant une hyperthyroïdie : à propos d’un cas

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506 SFE Lyon 2014 / Annales d’Endocrinologie 75 (2014) 486–516 P670 Un risque évolutif rare d’une maladie de Basedow : la crise aiguë thyrotoxique L. Vanhove (Dr) , F. Defrance (Dr) , H. Topolinski (Dr) , C. Gillot (Dr) , H. El Hadj (Dr) , C. Lemaire (Dr) CH de Béthune, Béthune Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L. Vanhove) Introduction La crise aiguë thyrotoxique est une affection sévère, rare de nos jours, responsable d’une mortalité importante de l’ordre de 10 à 30 % malgré le traitement. Observation Nous rapportons le cas d’une patiente de 66 ans hospitalisée en réanimation pour choc dans un contexte d’incurie. Elle présentait des troubles de la conscience, le diagnostic de crise aiguë thyrotoxique avec pneumopathie d’inhalation était évoqué devant la mise en évidence quelques jours plus tôt d’une TSH effondrée sur volumineux goitre. Les autres paramètres cliniques comportaient une tachycardie à 165 bpm, une déshydratation avec hypernatré- mie et une hyperthermie à 38 . Le bilan biologique d’entrée confirmait la TSH effondrée avec FT4 > 100 pmol/L (N 9,8–18,8), FT3 > 45 pmol/L (N 3,3–6,1), et TBII à 116 UI/L (N < 1,5). L’échographie montrait un goitre multi-nodulaire basedowifié avec hypervascularisation thyroïdienne importante (Vitesse dans l’ATS > 400 cm/s). La prise en charge a consisté en un traitement d’attaque par cholestyramine 3 sachets/j et Propiothiouracile 600 mg/j, en association à une réhydratation. L’évolution a été marquée par une amélioration rapide du bilan thyroïdien dès 10jours puis évolution lentement favorable sous ATS à forte dose, progressivement adaptés puis secondairement diminués pour envisager une thyroïdectomie. Discussion Dans notre cas, le seul facteur déclenchant est l’incurie respon- sable d’un retard de prise en charge. Il s’agissait ici d’une récidive tardive d’une maladie de Basedow après une première poussée 30 ans auparavant. Il apparaît qu’il existe un bénéfice net de la cholestyramine à la phase aiguë pour réduire l’hyperhormonémie thyroïdienne. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2014.07.804 P671 Épisode confusionnel révélant une hyperthyroïdie : à propos d’un cas K. Medhaffar (Dr) , F. Mnif (Dr) , M. Mnif (Pr) , A. Chaâbane (Dr) , N. Charfi (Dr) , M. Abid (Pr) Service d’Endocrinologie et Diabétologie, CHU Hèdi Chaker, Sfax, Tunisie Auteur correspondant. Adresse e-mail : fut [email protected] (K. Medhaffar) Introduction La survenue de troubles mentaux, en particulier de l’humeur, au cours des affections thyroïdiennes est connue depuis plus d’un siècle. Réci- proquement, des manifestations psychologiques peuvent avoir un rôle dans la révélation de certaines endocrinopathies, comme l’hyperthyroïdie. Observation Patiente âgée de 32 ans, sans antécédents pathologiques parti- culiers a été admise aux urgences pour agitation psychomotrice. À l’examen, la patiente était obnubilée, désorientée sur le plan temporo-spatial, avec irritabilité excessive et perplexité anxieuse. Elle était tachycarde, polypnéique présentant une moiteur des mains, un tremblement fin des extrémités avec para parésie au niveau des membres inférieurs. L’examen du cou montre la présence d’un goitre modéré hétérogène élastique à limite inférieure palpable non vasculaire. Le scanner cérébral était sans anomalies ainsi que l’échographie abdominale. Le bilan thyroïdien a montré : TSH = 0,006 et FT4 = 36,66. La patiente a été donc hospitalisée dans notre service et l’évolution était favorable sous traitement adapté. Discussion La symptomatologie psychiatrique au cours de l’hyperthyroïdie est caractérisée par un syndrome dépressif agité, une anxiété et une confu- sion (plus ou moins prononcée). Fréquemment, les patients se plaignent d’une fatigabilité associée à une insomnie. Des troubles psychotiques d’allure confuso- délirants se rencontrent plutôt en cas de poussées aiguës ou de phases terminales d’hyperthyroïdies. Chez le sujet âgé, il existe en général une instabilité de l’humeur d’allure dysphorique anxieuse. Les symptômes neuropsychiatriques régressent habituellement sous traitement antithyroïdien. Cependant, des mani- festations psychotiques (nécessitant la prescription de neuroleptiques) ont parfois été rapportées au cours de traitements antithyroïdiens. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2014.07.805 P672 Fixation atypique sur une scintigraphie post-thérapeutique L. Demarquet a,, L. Ley a , M. Klein (Pr) b , J.C. Mayer (Dr) c a CHU Brabois, Nancy b CHU Brabois, service d’endocrinologie, Nancy c CHU Brabois, service de médecine nucléaire, Nancy Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L. Demarquet) Introduction La totalisation isotopique a pour but de détruire le tissu thy- roïdien restant afin de faciliter la surveillance, de traiter d’éventuels foyers tumoraux et de compléter le bilan d’extension par la scintigraphie post- thérapeutique. La scintigraphie post-thérapeutique peut parfois mettre en évidence des fixations originales, comme le prouve l’observation suivante. Présentation clinique Une patiente âgée de 46 ans subit une thyroïdectomie totale en juin 2013. L’anatomopathologie retrouve un carcinome papillaire classé pT3N1bMx. Elle bénéficie d’une irathérapie forte dose sous défreinage en sep- tembre 2013. Le balayage corporel total révèle une fixation cervicale et un foyer iodofixant au niveau du pouce droit, qui disparaît après un lavage soigneux des mains. Sept mois plus tard, devant une augmentation de la thyroglobulinémie, une nouvelle irathérapie forte dose est réalisée. Sur la scintigraphie corps entier, un seul foyer iodofixant est mis en évidence, à nouveau au niveau du pouce droit. Après discussion avec la patiente, cette dernière finit par avouer qu’elle se suce le pouce, habitude permettant d’expliquer cette contamination récidivante originale. Conclusion La scintigraphie post-thérapeutique peut révéler des fixations atypiques. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2014.07.806 P673 Les carcinomes médullaires de la thyroïde : expérience du service N.E. Haraj , A. Chadli , S. El Aziz , A. Farouqi (Dr) CHU de Casablanca, Casablanca Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Farouqi) Introduction Le carcinome médullaire de la thyroïde (CMT) représente 3 à 10 % des cancers thyroïdiens. Malgré sa rareté, il suscite un grand intérêt vu sa gravité particulière et son caractère héréditaire dans plus de 25 % des cas. Objectif Analyser les modes de présentation cliniques du CMT, la prise en charge et le suivi. Patients et méthodes 26 cas de CMT, colligés au service d’endocrinologie du CHU de Casablanca durant 17 ans de 1997 à 2014. Résultats une nette prédominance féminine (sex-ratio = 2,7), un âge moyen de 42 ans, avec un pic entre 41–50 ans (32 %). Le nodule thyroïdien unique était la présentation clinique initiale dominante (54,5 %), suivi du goitre multi- hétéronodulaire (41 %) et une métastase ganglionnaire (4,5 %). À l’échographie cervicale, tous les nodules étaient hypoéchogènes avec présence d’adénopathie dans 27 % des cas. La calcitonine préopératoire a été réalisée dans 03 cas. Nous avons retrouvé 64 % de CMT sporadiques et 36 % de forme héréditaire. Les métastases à distance dans 9 % des cas. Tous nos patients ont été opérés. Le taux de rémission jugé sur la normalisation de la calcitonine est de 50 %. La recherche de NEM 2 était positive dans 4 cas, dont 3 patients ont bénéficié d’une étude génétique montrant une mutation du gène RET.

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Page 1: Épisode confusionnel révélant une hyperthyroïdie : à propos d’un cas

506 SFE Lyon 2014 / Annales d’Endocrinologie 75 (2014) 486–516

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Un risque évolutif rare d’une maladie deBasedow : la crise aiguë thyrotoxiqueL. Vanhove (Dr) ∗, F. Defrance (Dr) , H. Topolinski (Dr) , C. Gillot (Dr) ,H. El Hadj (Dr) , C. Lemaire (Dr)CH de Béthune, Béthune∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (L. Vanhove)

Introduction La crise aiguë thyrotoxique est une affection sévère, rare de nosjours, responsable d’une mortalité importante de l’ordre de 10 à 30 % malgré letraitement.Observation Nous rapportons le cas d’une patiente de 66 ans hospitalisée enréanimation pour choc dans un contexte d’incurie. Elle présentait des troublesde la conscience, le diagnostic de crise aiguë thyrotoxique avec pneumopathied’inhalation était évoqué devant la mise en évidence quelques jours plus tôtd’une TSH effondrée sur volumineux goitre. Les autres paramètres cliniquescomportaient une tachycardie à 165 bpm, une déshydratation avec hypernatré-mie et une hyperthermie à 38◦. Le bilan biologique d’entrée confirmait la TSHeffondrée avec FT4 > 100 pmol/L (N 9,8–18,8), FT3 > 45 pmol/L (N 3,3–6,1),et TBII à 116 UI/L (N < 1,5). L’échographie montrait un goitre multi-nodulairebasedowifié avec hypervascularisation thyroïdienne importante (Vitesse dansl’ATS > 400 cm/s). La prise en charge a consisté en un traitement d’attaque parcholestyramine 3 sachets/j et Propiothiouracile 600 mg/j, en association à uneréhydratation. L’évolution a été marquée par une amélioration rapide du bilanthyroïdien dès 10 jours puis évolution lentement favorable sous ATS à fortedose, progressivement adaptés puis secondairement diminués pour envisagerune thyroïdectomie.Discussion Dans notre cas, le seul facteur déclenchant est l’incurie respon-sable d’un retard de prise en charge. Il s’agissait ici d’une récidive tardive d’unemaladie de Basedow après une première poussée 30 ans auparavant. Il apparaîtqu’il existe un bénéfice net de la cholestyramine à la phase aiguë pour réduirel’hyperhormonémie thyroïdienne.

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration deconflits d’intérêts.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2014.07.804

P671

Épisode confusionnel révélant unehyperthyroïdie : à propos d’un casK. Medhaffar (Dr) ∗, F. Mnif (Dr) , M. Mnif (Pr) , A. Chaâbane (Dr) ,N. Charfi (Dr) , M. Abid (Pr)Service d’Endocrinologie et Diabétologie, CHU Hèdi Chaker, Sfax, Tunisie∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : fut [email protected] (K. Medhaffar)

Introduction La survenue de troubles mentaux, en particulier de l’humeur,au cours des affections thyroïdiennes est connue depuis plus d’un siècle. Réci-proquement, des manifestations psychologiques peuvent avoir un rôle dans larévélation de certaines endocrinopathies, comme l’hyperthyroïdie.Observation Patiente âgée de 32 ans, sans antécédents pathologiques parti-culiers a été admise aux urgences pour agitation psychomotrice. À l’examen, lapatiente était obnubilée, désorientée sur le plan temporo-spatial, avec irritabilitéexcessive et perplexité anxieuse. Elle était tachycarde, polypnéique présentantune moiteur des mains, un tremblement fin des extrémités avec para parésieau niveau des membres inférieurs. L’examen du cou montre la présence d’ungoitre modéré hétérogène élastique à limite inférieure palpable non vasculaire.Le scanner cérébral était sans anomalies ainsi que l’échographie abdominale. Lebilan thyroïdien a montré : TSH = 0,006 et FT4 = 36,66. La patiente a été donchospitalisée dans notre service et l’évolution était favorable sous traitementadapté.Discussion La symptomatologie psychiatrique au cours de l’hyperthyroïdieest caractérisée par un syndrome dépressif agité, une anxiété et une confu-sion (plus ou moins prononcée). Fréquemment, les patients se plaignent d’unefatigabilité associée à une insomnie. Des troubles psychotiques d’allure confuso-délirants se rencontrent plutôt en cas de poussées aiguës ou de phases terminalesd’hyperthyroïdies. Chez le sujet âgé, il existe en général une instabilité de

l’humeur d’allure dysphorique anxieuse. Les symptômes neuropsychiatriquesrégressent habituellement sous traitement antithyroïdien. Cependant, des mani-festations psychotiques (nécessitant la prescription de neuroleptiques) ontparfois été rapportées au cours de traitements antithyroïdiens.

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration deconflits d’intérêts.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2014.07.805

P672

Fixation atypique sur une scintigraphiepost-thérapeutiqueL. Demarquet a,∗, L. Ley a, M. Klein (Pr) b, J.C. Mayer (Dr) c

a CHU Brabois, Nancyb CHU Brabois, service d’endocrinologie, Nancyc CHU Brabois, service de médecine nucléaire, Nancy∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (L. Demarquet)

Introduction La totalisation isotopique a pour but de détruire le tissu thy-roïdien restant afin de faciliter la surveillance, de traiter d’éventuels foyerstumoraux et de compléter le bilan d’extension par la scintigraphie post-thérapeutique. La scintigraphie post-thérapeutique peut parfois mettre enévidence des fixations originales, comme le prouve l’observation suivante.Présentation clinique Une patiente âgée de 46 ans subit une thyroïdectomietotale en juin 2013. L’anatomopathologie retrouve un carcinome papillaire classépT3N1bMx. Elle bénéficie d’une irathérapie forte dose sous défreinage en sep-tembre 2013. Le balayage corporel total révèle une fixation cervicale et un foyeriodofixant au niveau du pouce droit, qui disparaît après un lavage soigneux desmains. Sept mois plus tard, devant une augmentation de la thyroglobulinémie,une nouvelle irathérapie forte dose est réalisée. Sur la scintigraphie corps entier,un seul foyer iodofixant est mis en évidence, à nouveau au niveau du poucedroit. Après discussion avec la patiente, cette dernière finit par avouer qu’elle sesuce le pouce, habitude permettant d’expliquer cette contamination récidivanteoriginale.Conclusion La scintigraphie post-thérapeutique peut révéler des fixationsatypiques.

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration deconflits d’intérêts.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2014.07.806

P673

Les carcinomes médullaires de la thyroïde :expérience du serviceN.E. Haraj , A. Chadli , S. El Aziz , A. Farouqi (Dr) ∗CHU de Casablanca, Casablanca∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (A. Farouqi)

Introduction Le carcinome médullaire de la thyroïde (CMT) représente 3 à10 % des cancers thyroïdiens. Malgré sa rareté, il suscite un grand intérêt vu sagravité particulière et son caractère héréditaire dans plus de 25 % des cas.Objectif Analyser les modes de présentation cliniques du CMT, la prise encharge et le suivi.Patients et méthodes 26 cas de CMT, colligés au service d’endocrinologie duCHU de Casablanca durant 17 ans de 1997 à 2014.Résultats une nette prédominance féminine (sex-ratio = 2,7), un âge moyende 42 ans, avec un pic entre 41–50 ans (32 %). Le nodule thyroïdien uniqueétait la présentation clinique initiale dominante (54,5 %), suivi du goitre multi-hétéronodulaire (41 %) et une métastase ganglionnaire (4,5 %). À l’échographiecervicale, tous les nodules étaient hypoéchogènes avec présence d’adénopathiedans 27 % des cas. La calcitonine préopératoire a été réalisée dans 03 cas. Nousavons retrouvé 64 % de CMT sporadiques et 36 % de forme héréditaire. Lesmétastases à distance dans 9 % des cas. Tous nos patients ont été opérés. Letaux de rémission jugé sur la normalisation de la calcitonine est de 50 %. Larecherche de NEM 2 était positive dans 4 cas, dont 3 patients ont bénéficié d’uneétude génétique montrant une mutation du gène RET.