edition 10 octobre 2010
DESCRIPTION
Edition 10 octobre 2010TRANSCRIPT
RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
O c t o b r e 2 0 1 0 | N u m é r o 1 0
Ag
rosc
op
e |
OFA
G |
HES
A |
AG
RID
EA
| E
TH Z
üri
ch
Environnement La proximité entre sites de nidification et zones de butinage favorise la faune d'abeilles sauvages Page 360
Production animale Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservés Page 366
Production végétale Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier Page 378
Berner FachhochschuleHaute école spécialisée bernoiseSchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHLHaute école suisse d’agronomie HESA
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil
ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Department of agricultural and foodscience
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
SommaireOctobre 2010 | Numéro 10
Femelles de l’espèce Hoplitis adunca butinant des fleurs de vipérine commune (Echium vulgare). Les abeilles sauvages sont d’indispensables pollinisatrices de la flore sauvage et cultivée. Elles sont ainsi d’une grande utilité sur le plan écologique et économique. Cependant, la moitié environ des 600 espèces d’abeil les sauvages présentes en Suisse sont menacées. (Photo: Albert Krebs, Winterthur)
359 Editorial
Environnement
360 La proximité entre sites de nidification et zones de butinage favorise la faune d'abeilles sauvagesAntonia Zurbuchen, Andreas Müller et
Silvia Dorn
Production animale
366 Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservés Yves Arrigo
Environnement
372 Evaluation du risque des produits phyto-sanitaires pour l’écosystème aquatiqueKatja Knauer, Stefanie Knauert, Olivier Felix et
Eva Reinhard
Production végétale
378 Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier Christine Bosshard, René Flisch, Jochen Mayer,
Sonja Basler, Jean-Louis Hersener, Urs Meier et
Walter Richner
Production végétale
384 Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminéesJakob Troxler, Jean-Pierre Ryser, Jean-Paul
Pittet, Hélène Jaccard et Bernard Jeangros
Eclairage
392 Des nouvelles des programmes de recherche d’Agroscope Ueli Bütikofer, Anna Crole-Rees, Christian
Flury et Martin Lobsiger
396 Portrait
397 Actualités
399 Manifestations
Listes variétales
Encart Liste 2011–2012 des variétés recom-mandées de plantes fourragèresDaniel Suter, Hans-Ulrich Hirschi,
Rainer Frick et Mario Bertossa
Editorial
359Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 359, 2010
Avons-nous besoin de recherche en marketing agricole?
Chère lectrice, cher lecteur,
La recherche en marketing agricole est en plein boom. Tesco, quatrième
groupe de distribution mondial, a mis 25 millions de livres à disposition de
l’Université de Manchester pour les nouveaux projets de recherche dans le
domaine de la consommation durable. Les séminaires scientifiques sur ce
thème se succèdent : «Sustainability in the Food Sector» en juillet 2010 en
Italie ou «The Economics of Food, Food Choice and Health» en septembre
2010 en Allemagne. Ces manifestations sont l’occasion d’un échange intensif
entre les nombreuses chaires de marketing agricole. L’Université austra-
lienne de Monash décerne même chaque année un «Agribusiness Award»
pour une réussite particulière dans le domaine de la commercialisation
agroalimentaire.
Bien qu’elle ne participe pratiquement à aucune activité de ce type, la
Suisse ne reste cependant pas inactive dans le domaine. A Frick, des cher-
cheurs de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique, le FiBL, étudient
scientifiquement les questions de marketing des produits biologiques. Par
ailleurs, le réseau «Swiss Food Research» encourage l’innovation dans
le domaine de l’alimentation en impliquant de nombreuses organisations
de recherche agricole. Mais, dans ce cas, il s’agit surtout d’une recherche
fondamentale en sciences naturelles. En Suisse, la réalisation d’études de
marché, la recherche publicitaire ou la comparaison de différentes stratégies
de distribution sont des activités qui sont encore largement laissées sans
concurrence à de petites entreprises de conseil, tout au moins en dehors du
secteur bio.
On peut argumenter, à juste titre, qu’un pays aussi petit que la Suisse ne
peut pas être présent dans tous les secteurs de recherche. Dans le cas parti-
culier, il faudrait trouver des arguments pour justifier l’importance priori-
taire de la recherche en marketing agricole. En revanche, cette activité
deviendrait immédiatement une évidence si la Suisse conclut un accord de
libre-échange agricole avec l’Union européenne, puisqu’un tel accord ris-
querait d’accroître massivement la concurrence dans le secteur agroalimen-
taire. L’industrie agroalimentaire et les distributeurs suisses seraient nette-
ment plus à l’aise s’il existait au moins une chaire universitaire ou un groupe
de recherche pour étudier scientifiquement le marketing agricole. Avoir des
produits de qualité ne suffit pas, il faut aussi une communication profession-
nelle autour des prestations associées à ces produits, et de préférence basée
sur des arguments scientifiques.
Stefan Mann, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
360 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 360–365, 2010
E n v i r o n n e m e n t
Figure 1 | Femelles de l’espèce Hoplitis adunca butinant des fleurs de vipérine commune (Echium vulgare). Ces abeilles, inféodées à la vipérine, nourrissent leur couvain exclusivement avec du pollen ré-colté sur des plantes du genre Echium. Hoplitis adunca, qui vit dans plusieurs habitats, doit avoir accès à d’importantes ressources flo-rales à distance de vol de son nid.
I n t r o d u c t i o n
Outre Apis mellifera, l’abeille à miel bien connue, la
Suisse compte quelque 600 espèces d’apoïdes sauvages,
qui sont aussi d’importants pollinisateurs, pour la flore
sauvage comme pour les plantes cultivées. Ils contri-
buent ainsi à la conservation et à la stabilisation de
divers écosystèmes terrestres et de la diversité alimen-
taire. Cependant, au cours des cinquante dernières
années, le nombre d’espèces et les effectifs d’abeilles
sauvages ont fortement diminué en Europe centrale. En
Suisse, 45 % au moins de ces espèces sont menacées
(Amiet 1994). La plupart des abeilles nécessitent
plusieurs habitats, nidifiant dans l’un et butinant dans
d’autres. Elles construisent leur nid dans de petits bio-
topes, tels que bois mort, mur de pierres sèches ou cavi-
tés dans le sol à un endroit bien ensoleillé, tandis qu’elles
trouvent le pollen et le nectar nécessaires pour nourrir
leurs larves dans des champs de fleurs abritant de nom-
breuses variétés. Or, les abeilles ont besoin d’une très
grande quantité de pollen. Pour nourrir un seul descen-
dant, de nombreuses espèces doivent récolter le pollen
de plusieurs centaines de fleurs (Müller et al. 2006).
À cet effet, les femelles doivent, selon l’espèce, faire
entre deux et cinquante fois l’aller-retour entre le nid
et les zones d’alimentation (Neff 2008; Zurbuchen et al. 2010a).
Le recul des surfaces naturelles, la fragmentation du
paysage et l’intensification de l’agriculture engendrent
la diminution croissante des champs de fleurs et des
petits biotopes, ce qui nuit à la reproduction de nom-
breuses espèces d’abeilles. La disparition d’habitats
propres à la nidification et au butinage se traduit par
une modification de la distribution spatiale des res-
sources florales, forçant les abeilles à parcourir de plus
grandes distances entre leur nid et les zones de plantes
à fleur. Cet accroissement des distances de butinage
pourrait priver de ressources florales les abeilles à rayon
de vol limité, ce qui les obligerait à quitter leur site de
nidification. Dans de nombreux cas toutefois, elles
devraient, dans une certaine mesure, être capables de
s’adapter à de plus grandes distances de butinage, ce
qui, néanmoins, impliquerait des coûts d’adaptation
non négligeables (Williams et Kremen 2007).
Afin d’assurer la conservation des abeilles à long
terme et de favoriser leur développement, il est impor-
tant de savoir comment les différentes espèces d’abeilles
réagissent aux modifications spatiales de la ressource.
Un premier objectif de cette étude consistait donc à
découvrir quelle distance maximale les femelles Hoplitis
adunca et Hylaeus punctulatissimus peuvent parcourir
pour s’approvisionner en pollen et quelle doit être la
distance entre le nid et la source de nourriture pour
qu’un nombre considérable d’individus d’une popula-
tion donnée pollinise les plantes hôtes. Un second objec-
Antonia Zurbuchen, Andreas Müller et Silvia Dorn, EPF Zurich, Institut des sciences des végétaux, des animaux et
des écosystèmes agricoles, entomologie appliquée, 8092 Zurich
Renseignements: Antonia Zurbuchen, e-mail: [email protected], tél. +41 44 632 39 26
La proximité entre sites de nidification et zones de butinage favorise la faune d'abeilles sauvages
Phot
o: A
lber
t K
rebs
La proximité entre sites de nidification et zones de butinage favorise la faune d'abeilles sauvages | Environnement
361
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 360–365, 2010
Les abeilles sauvages sont d’indispensables
pollinisatrices de la flore sauvage et cultivée.
Elles sont ainsi d’une grande utilité sur le
plan écologique et économique. Cependant,
la moitié environ des 600 espèces d’abeilles
sauvages présentes en Suisse sont menacées.
L’exploitation continue des surfaces et
l’intensification de l’agriculture ont pour
conséquence une perte de milieux propices
à la nidification et au butinage. Les abeilles
doivent ainsi parcourir des distances de plus
en plus longues pour collecter le pollen et le
nectar. Le présent travail cherche à détermi-
ner la distance de butinage maximale que
peuvent parcourir certaines espèces
d’abeilles sauvages et à analyser l’impact de
l’allongement des distances de butinage sur
la reproduction. Des espèces strictement
inféodées à un genre de plante ont donc été
obligées à butiner dans un environnement
n’hébergeant aucune plante-hôte appropriée.
En guise de ressource florale, des pots de
fleurs ont été placés à diverses distances des
nids. Quelques individus des espèces Hoplitis
adunca et Hylaeus punctulatissimus ont
parcouru de longues distances, soit plus de
1000 mètres, entre le nid et les plantes
nourricières. Toutefois, la majorité des
individus a abandonné ses activités de
nidification lorsque la distance était de 100
à 300 mètres déjà. L’accroissement des
distances de butinage semble avoir des coûts
élevés. En effet, à partir de 150 mètres
supplémentaires, la performance de repro-
duction est substantiellement réduite, tant
chez Hoplitis adunca que chez Chelostoma
rapunculi. Ainsi, des distances courtes entre
les milieux propices à la nidification et ceux
propices au butinage pourraient contribuer
de manière notable à favoriser la diversité
des espèces et l’accroissement des popula-
tions d’abeilles sauvages.
tif était de déterminer l’impact de l’augmentation des
distances de butinage sur les temps de vol et de quanti-
fier expérimentalement les performances de reproduc-
tion de Hoplitis adunca et de Chelostoma rapunculi.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Aux fins de la présente étude, nous avons sélectionné
trois espèces d’abeilles sauvages de taille différente qui,
pour alimenter leur couvain, récoltent le pollen d’un
seul genre végétal : Hoplitis adunca (taille : 11 – 13 mm,
poids sec : 19,7 mg) (fig. 1), Chelostoma rapunculi
(8 – 10 mm, 8,6 mg) et Hylaeus punctulatissimus (6 – 8 mm,
5,3 mg). Hoplitis adunca est inféodée à la vipérine
(Echium), Chelostoma rapunculi butine exclusivement
les fleurs de campanule (Campanula) et Hylaeus punctu-
latissimus est spécialisé sur les oignons (Allium). Dans les
trois cas, il s’agit d’abeilles solitaires se reproduisant l’été
(juin à août) et nichant dans des cavités, ce qui facilite
l’utilisation de nids artificiels.
Des abeilles des trois espèces sélectionnées ont été
placées dans une zone agricole d’exploitation intensive
de la région de Selzach (SO), où aucune des trois plantes-
hôtes précitées n’était présente. À cet effet, nous avions
placé une année auparavant des nids d’abeilles dans des
tiges de bambou creuses, que nous avons ensuite dépo-
sées à divers emplacements la zone d’étude. Ces empla-
cements comportaient un grand nombre de galeries
artificielles, en l’occurrence des trous percés dans des
blocs de bois dur (fig. 2). Dans un rayon de 1600 mètres,
la seule source de pollen appropriée consistait en des
plantes en fleur des trois variétés concernées : vipérine
vulgaire (Echium vulgare), campanule raiponce (Campa-
nula rapunculus) et oignon (Allium cepa), préalablement
plantées dans des pots apportés sur place pour l’étude.
Dans un premier temps, nous avons placé les pots direc-
tement à côté des nids. À leur éclosion, les abeilles
femelles recevaient aussitôt une petite marque de pein-
ture de modélisme sur le thorax et l’abdomen corres-
pondant à différents codes de couleur.
Distances de butinage maximales
Afin de déterminer la distance de butinage maximale de
Hoplitis adunca et de Hylaeus punctulatissimus, les
pots de plantes-hôtes en fleur ont été placés à deux
endroits différents et progressivement éloignés des
nids. À chaque déplacement des pots, les abeilles avaient
une journée pour s’adapter au nouvel emplacement des
plantes. Après cette phase d’adaptation, nous faisions
l’inventaire deux heures durant de toutes les abeilles
marquées présentes sur les plantes-hôtes et dans les
nids, en considérant que les individus observés pendant
Environnement | La proximité entre sites de nidification et zones de butinage favorise la faune d'abeilles sauvages
362 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 360–365, 2010
ce laps de temps aussi bien sur les plantes-hôtes que
dans les nids – c’est-à-dire récoltant et rapportant le pol-
len – étaient en train d’approvisionner leur couvain en
parcourant la distance de butinage étudiée. Les pots de
fleurs étaient ensuite déplacés plus loin des nids. L’expé-
rience a été répétée maintes fois, jusqu’à ce que toutes
les abeilles abandonnent leurs activités de nidification.
Impact des distances de butinage sur la reproduction
Afin d’étudier l’impact d’une augmentation de la dis-
tance de butinage, les nids de Hoplitis adunca ont été
placés en deux et ceux de Chelostoma rapunculi en trois
endroits. Nous avons ensuite placé dans l’aire d’étude
un grand massif composé de pots de fleurs pour cha-
cune des deux espèces de sorte que, selon l’emplace-
ment des nids, les abeilles devaient parcourir des dis-
tances de vol différentes pour butiner les fleurs d’un
même massif, dans les mêmes conditions. On a modifié
la distance de butinage en déplaçant les massifs de pots
de fleurs. L’expérience a été répétée trois fois pour
chaque espèce d’abeille. Un observateur était posté près
de chaque nid afin de mesurer le temps de vol des
abeilles, après quoi la durée moyenne d’un vol de buti-
nage a été calculée pour chaque distance. Sur la base
des résultats d’une étude antérieure, qui avait montré
que la quantité de pollen transportée ne dépend pas de
la distance de vol, nous avons postulé que toutes les
abeilles d’une même espèce ont besoin d’effectuer à
peu près le même nombre de vols de butinage pour
récolter le pollen nécessaire à l’approvisionnement
d’une cellule larvaire. Le temps moyen nécessaire à l’ap-
provisionnement d’une seule cellule a donc pu être cal-
culé pour chaque distance de butinage en multipliant le
nombre moyen de vols de butinage, auparavant déter-
miné, par le temps de vol moyen.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Distances de butinage maximales
Avant de procéder à l’étude, nous avions postulé, sur la
base de travaux antérieurs qui avaient démontré une
relation positive entre la taille du corps et la distance de
butinage maximale (Gathmann et Tscharntke 2002;
Greenleaf et al. 2007), que la distance de butinage
maximale se situerait entre 400 et 600 mètres pour la
grande Hoplitis adunca et entre 100 et 250 mètres pour
la petite Hylaeus punctulatissimus. Les distances relevées
au cours de la présente étude étaient étonnamment
longues, avec 1400 mètres pour la première et
1100 mètres pour la seconde (fig. 3). Cependant, ces
distances de butinage n’ont été réalisées que par
Figure 2 | Des abeilles des trois espèces sélectionnées ont été pla-cées dans une zone agricole d’exploitation intensive de la région de Selzach (SO), grâce à l’installation de nids artificiels. Les plantes-hôtes butinées par les trois espèces sélectionnées n’étaient pas présentes naturellement sur le site. La seule source de pollen ad hoc était des pots de fleurs apportés sur place pour l’étude. Ces pots pouvaient être déplacés afin d’obliger les abeilles à collecter du pollen à une distance précise des nids.
Figure 3 | Proportion d’abeilles marquées à la peinture des espèces Hylaeus punctulatissimus et Hoplitis adunca observées pendant la deuxième année d’étude en train de butiner sur les plantes-hôtes à des distances croissantes. Les expériences ont été répétées à deux emplacements, avec différentes distances. Les données ont été relevées 32 jours durant pour Hylaeus punctulatissimus et 45 jours durant pour Hoplitis adunca (Zurbuchen et al. 2010b). Les nombres inscrits au-dessus des barres indiquent le nombre d’individus observés.
Phot
o: A
nton
ia Z
urbu
chen
Hoplitis adunca
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
1.0
Distance de butinage [m]
3
15
2829
14
4 4 4
31
2
10
21
2
24 15
13 12
64
3 3 2 20 0
2 1
11
10
6
00
Hylaeus punctulatissimus
0.00.10.20.30.40.50.60.70.80.91.0
<1 100 200 300 380 400 500 600 700 750 800 900 1100 1275
<1 75 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1270 1400 1600
Part
d’a
beill
esPa
rt d
’abe
illes
Emplacement A
Emplacement B
Hylaeus punctulatissimus
Hoplitis adunca
La proximité entre sites de nidification et zones de butinage favorise la faune d'abeilles sauvages | Environnement
363
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 360–365, 2010
temps de vol augmente de 9 à 12 minutes lorsque la
distance de butinage augmente de 400 ou 500 mètres
(tabl. 1). Pour approvisionner en pollen une seule cellule,
Hoplitis adunca doit effectuer en moyenne 46 vols de
butinage et Chelostoma rapunculi 19 (fig. 5). Au fur et à
mesure que la distance de butinage s’accroît, le temps
nécessaire à un vol de butinage – et par conséquent le
temps nécessaire à l’approvisionnement d’une cellule –
augmente considérablement, ce qui se traduit par un
nombre inférieur de descendants par période
reproductive. Le nombre de cellules approvisionnées par
quelques individus de chaque espèce, tandis que la
majorité des abeilles n’a parcouru que de courtes
distances. Ainsi, la moitié des femelles Hoplitis adunca
ont abandonné leurs activités de nidification dès que la
distance de butinage a atteint 300 mètres, tandis que la
moitié des abeilles Hylaeus punctulatissimus n’ont pas
parcouru plus de 225 mètres, la première année, et plus
de 100 mètres la deuxième année. La plupart n’ont plus
été observées butinant les plantes-hôtes, mais étaient
encore présentes à proximité des nids, ce qui montre
qu’elles n’ont ni été la proie d’un prédateur, ni perdu la
vie pour une autre raison. Il est probable que certaines
abeilles ayant cessé leurs activités de nidification ont
cherché un nouvel emplacement pour leur nid, à
proximité d’une autre source de pollen.
Les résultats de la présente étude montrent claire-
ment qu’en ce qui concerne les distances de butinage, il
y a des différences au sein même des espèces sauvages
étudiées. Cependant, la proportion d’abeilles approvi-
sionnant le couvain diminue fortement à mesure que la
distance de butinage augmente, ce qui, à long terme,
peut se traduire par de fortes diminutions d’effectifs sur
le plan local.
Impact des distances de butinage sur la reproduction
L’accroissement de la distance de butinage de 150 à 600
mètres a une influence significative sur la durée
moyenne d’un vol de butinage (fig. 4; tabl. 1). Ainsi,
lorsque la distance augmente de 150, 200 ou 300 mètres,
le temps de vol de Hoplitis adunca augmente d’environ
8 à 12 minutes. Quant à Chelostoma rapunculi, son
Apoïde n Distances [m]tvol
[h:min:s]tcellule
[h:min]Cellules
par h
Réduction de la reproduction
[%]Statistique
Hoplitis adunca18 225 0:27:35a 21:09 0,047
17 375 0:35:51b 27:29 0,036 23 (375 m vs. 225 m) t-test, p<0,01
Hoplitis adunca9 100 0:18:27a 14:09 0,071
17 300 0:26:49b 20:34 0,049 31 (300 m vs. 100 m) t-test, p<0,01
Hoplitis adunca18 150 0:33:15a 25:30 0,039
25 450 0:44:50b 34:22 0,029 26 (450 m vs. 150 m) t-test, p<0,001
Chelostoma rapunculi
11 400 0:18:10a 5:42 0,174
6 500 0:15:04a 4:46 0,210 36 (1000 m vs. 400 m) ANOVA, p<0,05
6 1000 0:27:28b 8:41 0,114 46 (1000 m vs. 500 m) avec TukeyHSD
Tableau 1 | Réduction de la performance reproductive de Hoplitis adunca et de Chelostoma rapunculi selon la distance de butinage, toutes autres conditions égales par ailleurs. Sur la base de la durée moyenne mesurée d’un vol du butinage (tvol) et du nombre de vols nécessaires à l’approvisionnement d’une cellule (fcellule), le temps moyen nécessaire pour nourrir une cellule a pu être estimé (tcellule = tvol×Fcellule). Pour dé-terminer la réduction de la performance de reproduction, on calcule le nombre de cellules pouvant être approvisionnées en pollen au cours d’une unité de temps et l’on compare les résultats de différentes distances de butinage (Zurbuchen et al. 2010a). Si les lettres ne sont pas les mêmes, la différence est significative. n = nombre d’individus testés.
Figure 4 | Durée moyenne (± erreur type) d’un vol de butinage de Hoplitis adunca, pour six distances différentes. À chaque fois, deux distances étaient étudiées en parallèle, dans des conditions iden-tiques. Si les lettres ne sont pas les mêmes, la différence est signifi-cative (Zurbuchen et al. 2010a). t-tests: 225 m/375 m, p<0,01, n225=18, n375=17; 100 m/300 m, p<0,01, n100=9, n300=17; 150 m/450 m, p<0,001, n150=18, n450=25.
Duré
e m
oyen
ne (+
- ET)
d’
un v
ol d
e bu
tinag
e [s
]
Distance de butinage [m] Distance de butinage [m] Distance de butinage [m]
Hoplitis adunca
364
Environnement | La proximité entre sites de nidification et zones de butinage favorise la faune d'abeilles sauvages
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 360–365, 2010
Hoplitis adunca baisse d’environ 23, 31 ou 26 % lorsque
la distance de butinage augmente de respectivement
150, 200 ou 300 mètres. Pour Chelostoma rapunculi,
ces pourcentages sont d’environ 46 et 36 % pour une
augmentation de la distance de butinage de res-
pectivement 500 et 600 mètres. Par ailleurs, plusieurs
expériences ont montré qu’une activité de vol intense
accélère le processus de vieillissement des abeilles, et
donc réduit leur durée de vie (Torchio et Tepedino 1980 ;
Schmid-Hempel et Wolf 1988). Bien que le présent
travail ne tienne pas compte de ces aspects, on peut en
déduire que l’accroissement des distances de butinage a
en réalité un impact négatif encore plus grand sur
la reproduction. Il a en effet non seulement des
répercussions négatives sur la performance reproductive
des abeilles adultes, mais il augmente aussi la mortalité
des larves. En effet, plus longtemps un nid ouvert reste
sans surveillance, plus grande est la probabilité que les
cellules soient détruites par des prédateurs naturels
(Goodell 2003; Seidelmann 2006). Le succès de
reproduction effectif a été étudié, pour deux distances
de butinage différentes, dans le cadre d’un projet
portant sur Megachile rotundata en tenant compte du
processus de vieillissement ainsi que de l’influence des
parasites (Peterson et Roitberg 2006). Les abeilles qui
devaient parcourir 150 mètres pour récolter du pollen
ont produit environ 74 % de descendants viables en
moins que les abeilles dont les nids se trouvaient à
proximité immédiate des ressources florales.
C o n c l u s i o n s
•• Afin d’assurer la conservation des espèces d’abeilles
sauvages et de favoriser le développement de leurs
populations, la distance entre les milieux propices à la
nidification et les ressources florales ne devrait pas
excéder 100 à 300 mètres.
•• Des distances de butinage courtes augmentent
notablement la performance de reproduction des
abeilles sauvages, car les femelles collectant le pollen
peuvent utiliser les ressources florales de manière plus
efficace.
•• En prenant des mesures ciblées d’aménagement du
paysage, notamment en créant côte à côte des champs
d’une grande richesse florale et de petits biotopes,
l’agriculture pourrait contribuer de manière notable à
la conservation et au développement d’une riche
apifaune.
•• Or, une faune apicole comportant un grand nombre
d’espèces et d’individus garantit une bonne pollinisa-
tion de la flore sauvage et des plantes cultivées.
•• Le soutien apporté à ce travail de recherche par toutes
les exploitations sans exception de la région de
Selzach (zone protégée de Witi) montre clairement
que l’intérêt de l’agriculture pour une faune pollinisa-
trice abondante est grand. n
Remerciements
Ce travail a été soutenu financièrement par le Competence Centre Environment
and Sustainability (CCES).
Figure 5 | Nids ouverts de Chelostoma rapunculi (haut) et de Hopli-tis adunca (bas). Les photographies montrent les cellules, séparées les unes des autres par des parois en terre et remplies d’un mé-lange de pollen et de nectar servant de nourriture aux larves. Pour approvisionner une seule cellule, Hoplitis adunca doit effec-tuer en moyenne 46 vols de butinage et Chelostoma rapunculi 19.
Foto
s: S
teph
anie
Che
esm
an, ?
Phot
o: S
teph
anie
Che
esm
an
365
La proximité entre sites de nidification et zones de butinage favorise la faune d'abeilles sauvages | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 360–365, 2010
Bibliographie b Amiet F., 1994. Liste rouge des abeilles menacées de Suisse. In : Listes rouges des espèces animales menacées de Suisse. (Ed. P. Duelli). OFEV, Berne, 38 – 44.
b Gathmann A. & Tscharntke T., 2002. Foraging ranges of solitary bees. Journal of Animal Ecology 71,757 – 764.
b Goodell K., 2003. Food availability affects Osmia pumila (Hymenoptera: Megachilidae) foraging, reproduction, and brood parasitism. Oecologia 134, 518 – 527.
b Greenleaf S. S., Williams N. M., Winfree R. & Kremen C., 2007. Bee fora-ging ranges and their relationship to body size. Oecologia 153, 589 – 596.
b Müller A., Diener S., Schnyder S., Stutz K., Sedivy C. & Dorn S., 2006. Quantitative pollen requirements of solitary bees: Implications for bee conservation and the evolution of bee-flower relationships. Biological Conservation 130, 604 – 615.
b Neff J. L., 2008. Components of nest provisioning behavior in solitary bees (Hymenoptera: Apoidea). Apidologie 39, 30 – 45.
b Peterson J. H. & Roitberg B. D., 2006. Impacts of flight distance on sex ratio and resource allocation to offspring in the leafcutter bee, Megachile rotundata. Behavioral Ecology and Sociobiology 59, 589 – 596.
b Schmid-Hempel P. & Wolf T., 1988. Foraging effort and life-span of wor-kers in a social insect. Journal of Animal Ecology 57, 509 – 521.
b Seidelmann K., 2006. Open-cell parasitism shapes maternal investment patterns in the Red Mason bee Osmia rufa. Behavioral Ecology 17, 839 – 848.
b Torchio P. F. &. Tepedino V. J., 1980. Sex-ratio, body size and seasonality in a solitary bee, Osmia lignaria propinqua Cresson (Hymenoptera: Ma-gachilidae). Evolution 34, 993 – 1003.
b Williams N. M. & Kremen C., 2007. Resource distributions among habi-tats determine solitary bee offspring production in a mosaic landscape. Ecological Applications 17, 910 – 921.
b Zurbuchen A., Cheesman S., Klaiber J., Müller A., Hein S. & Dorn S., 2010a. Long foraging distances impose high costs on offspring produc-tion in solitar bees. Journal of Animal Ecology 79, 674 – 681.
b Zurbuchen A., Landert L., Klaiber J., Müller A., Hein S. & Dorn S., 2010b. Maximum foraging ranges in solitary bees: only few individuals have the capability to cover long foraging distances. Biological Conservation 143, 669 – 676.
Close neighbourhood of nesting sites and foraging
habitats enhances a diverse fauna of native bees
Native bees are essential pollinators of wild and crop
plants providing high ecological and economical
benefits. However, half of the 600 native bee species
of Switzerland are endangered. Ongoing soil sealing
and intensification of agricultural land use result in
fewer suitable nesting sites and foraging habitats,
which is expected to force female bees to cover
longer distances between nest and flower-rich
patches. In this study, maximum foraging distances
of selected solitary bee species were investigated
and the effect of increasing foraging distances on
their reproduction was analyzed. Bee species, which
restrict pollen foraging to a single plant genus, were
established in an agricultural landscape lacking their
specific host plants. Females were forced to collect
pollen on potted host plants at different distances
from their nests. Only few individuals of Hoplitis
adunca and Hylaeus punctulatissimus covered long
distances of more than 1000 m to collect pollen. The
majority of females already discontinued foraging at
a distance of 100 – 300 m, which indicates that long
distances between nesting sites and flower resources
impose high costs on reproduction. In fact, increased
distances by 150 m and more substantially reduced
the number of progeny produced by females of
Hoplitis adunca and Chelostoma rapunculi. Thus, a
close neighbourhood of nesting and foraging
habitats clearly contributes to a diverse native bee
fauna and to an increase of bee population sizes.
Key words: foraging distance, bee conservation,
fitness cost, habitat fragmentation.
Distanze brevi tra il luogo di nidificazione e le
zone di bottinatura favoriscono le api selvatiche
Le api selvatiche sono impollinatori indispensabili
della flora selvatica e coltivata. Esse ricoprono anche
un ruolo importante sul piano ecologico ed economico.
Circa metà delle 600 specie d’api selvatiche presenti in
Svizzera sono minacciate. Il crescente sfruttamento
delle superfici e l’intensificazione dell’agricoltura
riducono gli ambienti adatti alla nidificazione e alla
bottinatura. Le api devono quindi percorrere distanze
sempre maggiori per raccogliere nettare e polline.
Questo studio mira a determinare la distanza massima
che alcune specie d’api selvatiche riescono a percorrere
per la bottinatura e ad analizzare l’impatto delle cre-
scenti distanze sulla riproduzione. Delle specie d’api
selvatiche, strettamente infeudate a un genere di
piante, sono state poste in un ambiente privo di
appropriate piante ospite, inducendole a bottinare su
specie in vaso poste a diverse distanze dagli alveari.
Alcuni individui delle specie Hoplitis adunca e Hylaeus
punctulatissimus hanno percorso lunghe distanze,
superando i 1000 metri, tra il nido e la pianta nutritrice.
La maggior parte degli individui ha abbandonato
l’attività di nidificazione già quando la distanza era tra
i 100 – 300 metri. L’aumentare delle distanze di
bottinatura sembra quindi comportare costi elevati.
A partire da una distanza di 150 metri, la capacità ripro-
duttiva è sostanzialmente ridotta, sia per individui
della specie Hoplitis adunca che per quelli della specie
Chelostoma rapunculi. Distanze brevi tra il sito di
nidificazione e zone di bottinatura potrebbero
contribuire considerevolmente a favorire la diversità
delle specie e la crescita delle popolazioni di api
selvatiche.
366 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 366–371, 2010
P r o d u c t i o n a n i m a l e
influencées par la méthode de conservation (Dewhurst
et King 1998 ; Nada et Delic 1976). La plupart des études
évaluent les répercussions des AG du fourrage sur la MG
du lait (Morel et al. 2006a et b). Cet essai étudie la
variation des teneurs en MG et en AG des fourrages
conservés de différentes manières par rapport à celles de
l’herbe d’origine. Il termine le projet consacré aux
influences de la conservation sur les teneurs en acides
aminés (Arrigo 2006) et sur la digestibilité et les teneurs
en minéraux des fourrages conservés (Arrigo 2007).
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
De l’herbe a été récoltée à deux stades de développement
distincts de 30 jours, au premier cycle végétatif (2000 et
2002) et au troisième cycle (2001). L’herbe de la même
parcelle a été conservée par congélation (-20 °C), par
déshumidification (séchoir expérimental utilisant de
l’air à 30 °C avec moins de 45 % d’humidité relative); par
séchage en grange, par séchage au champ, par ensilage
à 30 % matière sèche (MS) et à 50 % MS (Arrigo 2006).
Les échantillons d’herbe ont été prélevés à la récolte
et ceux des conserves environ 200 jours plus tard. La MG
des échantillons a été analysée par extraction à l’éther
de pétrole. Les AG ont été déterminés par chromatogra-
phie en phase gazeuse à partir de la matière originale
des fourrages.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Les analyses botaniques effectuées lors de la fauche ont
confirmé l’homogénéité du fourrage de la parcelle ; les
fourrages étudiés étaient des mélanges de type équilibré
(E) pour le premier cycle précoce 2000 et un mélange
riche en graminées (G) pour le premier cycle tardif 2000.
En 2001, les troisièmes cycles se définissaient comme
fourrages riches en autres plantes (DF) et en 2002 les
premiers cycles étaient classés comme fourrage équilibré
dominé par le ray-grass (ER). Les analyses botaniques
des échantillons prélevés lors de la mise en conserve
révèlent une diminution des légumineuses et autres
plantes (jusqu’à 10 %) à l’avantage des graminées. Cette
différence est proportionnelle à l’intensité du travail
I n t r o d u c t i o n
Les acides gras (AG) libérés peuvent jouer un rôle sur les
caractéristiques chimiques, organoleptiques et diététiques
des denrées alimentaires d’origine animale (Morand-
Fehr et Tran 2001). La teneur en matière grasse (MG) et
les proportions en AG de l’herbe conservée peuvent être
Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservésYves Arrigo, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux
Renseignements: Yves Arrigo, e-mail: [email protected], tél. +41 26 40 77 264
Remplissage des caisses pour la déshumidification par air pulsé à 30 °C et moins de 40 % d’humidité.
Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservés | Production animale
367
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 366–371, 2010
Cet article se penche sur les différences de
teneurs en matière grasse (MG) et en acides
gras (AG) observées entre les fourrages
conservés et l’herbe d’origine. De l’herbe
d’une même parcelle a été récoltée à deux
stades différents (30 jours), pendant trois ans,
et conservée avec six procédés différents.
42 échantillons ont été analysés par
extraction à l’éther de pétrole pour la MG et
par chromatographie en phase gazeuse pour
les AG. Les teneurs en MG varient fortement
(11 à 40 g/kg MS), les fourrages précoces
ayant les teneurs les plus élevées (26 vs
20 g/kg MS, p < 0,01) et les repousses des
teneurs supérieures à celles des premiers
cycles (26 vs 21 g/kg MS, p = 0,03). Les
conserves ensilées possèdent les teneurs les
plus élevées (42 % de plus que celles de
l’herbe) et les conserves par séchage au sol
les plus faibles (30 % inférieures à l’herbe).
L’acide linolénique est l’AG dominant avec un
taux supérieur à 55 %. Les proportions en AG
sont influencées par le stade de maturité. Les
procédés de con servation par séchage
réduisent le taux d’acide linolénique. Un
fanage réalisé rapidement et en ménageant
le fourrage sauvegarde les teneurs en MG et
en AG.
requis pour la conserve et fait suite aux pertes en feuilles
des autres espèces dans le mélange fourrager. Ceci
souligne l’influence potentielle des phénomènes
survenant en aval du processus de conservation
proprement dit (fermentations, pertes de jus, etc.) sur la
valeur nutritive des fourrages conservés. Les résultats
d’analyses de la MG et des AG exprimés en pourcentage
des AG déterminés (C:8 à C24:1) sont exposés dans le
tableau 1.
Influence du cycle et du stade de développement des
plantes sur la matière grasse
L’herbe des repousses contient davantage de MG que les
premiers cycles (26,1 vs 21,2 g/kg MS, p < 0,05 ; tabl. 2).
Les teneurs en MG des fourrages récolté au stade précoce
étaient supérieures à celles des fourrages récoltés au
stade tardif (26,1 vs 19,6 g/kg MS, p < 0,001 ; fig. 1). Ces
résultats confirment les conclusions de Hawke (1963),
qui estimait que «la teneur en extrait éthéré des
fourrages verts est d’autant plus élevée qu’ils sont jeunes,
riches en feuilles et en lipides chloroplastiques».
Influence du mode de conservation sur la matière
grasse
Les teneurs en MG des fourrages étudiés varient
fortement: de 11,0 g/kg MS dans le foin tardif 2000 séché
au champ à 40,1 g/kg MS dans l’ensilage 30 % de MS
précoce 2000. Les teneurs en MG de l’ensilage 30 % de
MS dépassent (p < 0,001) celles de l’herbe d’origine et
des autres conserves (tabl. 3; fig. 2). Cette concentration
matière grasse
0
5
10
15
20
25
30
35
1er cycleprécoce
2000
1er cycletardif2000
g kg TS
g kg
MS
1er cycleprécoce
2002
1er cycletardif2002
3e cycleprécoce
2001
3e cycletardif2001
Figure 1 | Teneurs en matière grasse de l’herbe.
plus élevée en MG des ensilages humides pourrait
s’expliquer par la perte de nutriments hydrosolubles
dans les jus de silo ou dans les produits fermentaires,
concentrant ainsi la MG dans la MS. Les autres conserves
ne se distinguent qu’au stade précoce (p < 0,01), où le
séchage au champ a une teneur en MG inférieure à celle
de l’herbe (19,5 vs 27,4 g/kg MS). Les teneurs plus basses
en MG des fourrages secs par rapport à l’herbe d’origine
pourraient être dues à l’oxydation et à la polymérisation
des lipides polyinsaturés lors du fanage (Morand-Fehr et
Tran 2001) ou à la perte des feuilles, Dewhurst et al.
(2001) montrant l’importance de la proportion en
feuilles sur la teneur en AG en fonction du mois.
Production animale | Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservés
368 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 366–371, 2010
Herbefraîche
congelée déshu midifiéeséchée
en grangeséchée au
champensilée à 30 %
MSensilée à 50 %
MS
MG (g/kg MS)1
1c précoce 2000 24,9 19,6 23,7 21,1 18,0 40,1 30,2
1c tardif 2000 16,8 14,9 11,4 11,4 11,0 25,6 19,3
1c précoce 2002 27,4 23,7 24,2 20,9 17,8 35,1 28,1
1c tardif 2002 18,9 16,4 16,2 14,8 11,9 29,3 21,7
3c précoce 2001 30,0 30,0 25,2 23,6 22,8 36,2 26,4
3c tardif 2001 26,0 26,3 21,6 20,2 20,5 35,4 21,2
C16:0 % (∑FS)2
1c précoce 2000 14,1 16,1 19,2 20,1 20,4 14,8 14,9
1c tardif 2000 19,0 20,4 21,7 25,2 29,4 17,4 19,5
1c précoce 2002 12,8 14,7 17,5 18,2 20,4 15,4 16,6
1c tardif 2002 16,8 19,2 21,6 23,1 27,7 18,0 20,0
3c précoce 2001 13,8 15,0 17,4 16,9 18,3 15,0 16,8
3c tardif 2001 15,6 16,4 18,8 19,3 20,4 15,9 18,9
C18:0 % (∑FS)3
1c précoce 2000 1,4 1,8 2,5 2,3 2,4 1,3 1,5
1c tardif 2000 2,1 2,2 2,4 2,4 3,2 1,6 1,8
1c précoce 2002 1,4 1,7 1,9 1,9 2,0 1,5 1,6
1c tardif 2002 1,7 2,4 2,3 2,4 2,8 1,7 2,0
3c précoce 2001 1,1 1,4 1,6 1,5 1,5 1,2 1,5
3c tardif 2001 2,0 2,2 2,1 1,9 1,9 1,5 2,2
C18:1 % (∑FS)4
1c précoce 2000 2,8 3,0 3,3 3,2 3,2 3,1 2,8
1c tardif 2000 4,5 5,1 5,3 5,3 7,2 4,9 4,1
1c précoce 2002 2,4 2,4 2,5 2,7 2,8 2,5 2,9
1c tardif 2002 3,6 4,0 4,1 4,1 5,1 3,7 3,6
3c précoce 2001 2,7 2,0 2,1 2,1 2,4 2,3 2,3
3c tardif 2001 4,3 4,6 4,5 3,8 3,5 3,5 3,8
C18:2 % (∑FS)5
1c précoce 2000 16,7 15,7 18,1 18,1 17,7 16,8 17,2
1c tardif 2000 20,5 18,0 20,5 19,7 20,8 21,1 21,5
1c précoce 2002 16,0 14,1 18,2 17,8 18,2 16,9 18,7
1c tardif 2002 19,0 17,1 19,3 20,7 20,3 20,2 20,4
3c précoce 2001 14,2 12,6 15,8 14,7 15,6 16,0 15,4
3c tardif 2001 19,9 18,8 22,2 19,8 18,4 18,5 18,8
C18:3 % (∑FS)6
1c précoce 2000 64,4 60,5 52,9 53,7 54,8 63,4 61,8
1c tardif 2000 54,0 52,7 50,2 47,4 39,4 53,5 51,9
1c précoce 2002 65,4 65,5 58,1 57,3 55,5 61,4 57,9
1c tardif 2002 57,2 57,4 51,2 48,1 41,8 53,6 51,7
3c précoce 2001 67,5 67,2 61,0 63,8 61,2 64,9 62,5
3c tardif 2001 58,2 56,4 51,3 54,1 54,5 52,1 46,2
Tableau 1 | Teneurs en matière grasse (MG) et taux d’acides gras (%) dans les fourrages
1mS matière sèche ; 2 c16 :0 acide palmitique en pourcent des Ag ; 3 c18 :0 acide stéarique ; 4 c18 :1 acide oléique ; 5 c18 :2 acide linoléique ; 6 c18 :3 acide linolénique
Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservés | Production animale
369
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 366–371, 2010
et stades confondus, les conserves ne se distinguent pas
entre elles pour cet AG.
Acide oléique (C18:1) : la part en C18:1 dans les AG est
plus faible dans les fourrages précoces que dans les
tardifs (2,6 vs 4,4 % ; p < 0,001). Le mode de conservation
ne permet pas de différencier les taux de C18:1.
Acide linoléique (C18:2) : la part en C18:2 est plus basse
dans les fourrages précoces que dans les tardifs (16,4 vs
19,8 % ; p < 0,001). Les proportions les plus faibles sont
enregistrées, pour les deux cycles et les deux stades, dans
Influence du mode de conservation sur les acides gras
Seules les teneurs en AG palmitiques avec 2,2 ± 0,6 g/kg
MS, stéariques avec 0,2 ± 0,1 g/kg MS, oléiques avec 0,4 ±
0,1 g/kg MS, linoléiques avec 2,2 ± 0,7 g/kg MS et
linoléniques avec 7,4 ± 3,4 g/kg MS sont suffisantes pour
permettre des comparaisons; les autres AG présentant
des teneurs faibles (< 0,1g) ou en dessous des seuils de
détection. La somme des AG dans la MS représente en
moyenne 53,4 % de la MG, ce rapport étant plus faible
dans les fourrages tardifs (47,6 %) que dans les précoces
(58,8 %) (p < 0,001). Sauf dans l’ensilage à 30 % de MS,
les teneurs en acides gras des conserves sont inférieures
à celles de l’herbe d’origine (p < 0,001). Elgersma et al.
(2003) relèvent des teneurs inférieures à l’herbe d’origine,
particulièrement pour les acides oléique et linolénique,
dans des ensilages très préfanés (> 70 % MS). Cette
réduction serait due à l’action de micro-organismes ou
d’enzymes d’origine végétale pendant les processus de
fermentation. Il existerait une autre hypothèse, mais qui
n’a pas été confirmée, selon laquelle la réduction en
acides gras serait causée par une dégradation enzyma-
tique dès la coupe de l’herbe.
Acide palmitique (C16:0) : au stade précoce, la part de
C16:0 de l’herbe (13,6%) se distingue des parts des
conserves humides (15,3 – 15,1 %, p < 0,01), elles-mêmes inférieures à celles des fourrages séchés (> 18,1 %;
p < 0,01). Au stade tardif, seul le taux en C16 :0 du foin séché
au champ (25,9 %) dépasse celui des conserves humides
congelées et ensilées à 30 % de MS (<19,5%; p<0,01).
Acide stéarique (C18:0) : la part en C18:0 est la plus faible
des cinq AG retenus (1,9 %). Elle varie de 1,1 % dans
l’herbe du troisième cycle précoce à 3,2 % dans le foin
séché au champ du premier cycle tardif 2000. Tous cycles
1er cycle
3e cycle
Sx p précoce tardif Sx p
n: 28 14 21 21
MG 21,2a 26,1b 1,4 0,03 26,1a 19,6b 1,3 <0,01
AGtotaux 12,2 13,5 1,1 0,42 16,0a 9,3b 0,8 <0,001
C16:0 (%) 19,1 17,0 0,7 0,07 16,6a 20,2b 0,7 <0,001
C18:0 (%) 2,0a 1,7b 0,9 0,04 1,7a 2,1b 0,1 <0,001
C18:1 (%) 3,7 3,1 0,2 0,12 2,6a 4,4b 0,1 <0,001
C18:2 (%) 18,5 17,2 0,5 0,06 16,4a 19,8b 0,3 <0,001
C18:3 (%) 55,1 58,6 1,4 0,10 61,0a 51,6b 1,0 <0,001
Tableau 2 | Teneurs en matière grasse (MG) et acides gras totaux(AGtotaux) en g/kg MS et proportions des AG en % des AGtotaux selon le cycle ou le stade de développement
Les valeurs sur la même ligne portant un indice différent sont statistiquement différentes. Sx erreur standard de la moyenne
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Versuchsanlage Feldtrocknung Silage 30% TS Silage 50% TS
g / kg TS
herbe
fraîch
e
cong
élatio
n
sécho
ir exp
érim.
sécho
ir en g
range
séché
e au s
ol
ensilé
e 30 %
MS
ensilé
e 50 %
MS
g/kg
MS
1 cycle précoce 2000
Figure 2 | Teneurs en matière grasse de l’herbe et de ses conserves.
370
Production animale | Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservés
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 366–371, 2010
la conservation par congélation; au premier cycle
précoce, elle se différencie (p < 0,01) des autres conserves
mais pas de l’herbe. Les proportions les plus élevées
se retrouvent dans les fourrages séchés au champ,
déshumidifiés ou ensilés à 50 % de MS.
Acide linolénique (C18:3) : l’acide gras C18:3 constitue la
plus forte proportion des AG, avec 56,3 % en moyenne,
ce taux pouvant varier fortement de 39,4 % (foin tardif
séché au champ en 2000) à 67,5 % (herbe du troisième
cycle précoce 2001). Les taux de C18:3 des fourrages
tardifs sont inférieurs à ceux des précoces (51,6 vs 61,0 % ;
p < 0,01). Les fourrages séchés et l’ensilage à 50 % de MS
présentent à tous les cycles et à tous les stades des taux
légèrement inférieurs à ceux de l’herbe et des conserves
humides congelées et ensilées à 30 % de MS (p > 0,05).
C o n c l u s i o n s
•• Le stade et le mode de conservation jouent un rôle
plus important que celui du cycle sur la teneur en MG
et en AG.
•• Excepté pour les ensilages, les conserves réduisent
les teneurs en MG de l’herbe d’origine, ce qui a aussi
été démontré dans d’autres essais à ALP (Morel et al.
2006b).
•• Les proportions plus élevées en AG C16:0, C18:0, C18:1
aux dépens du C18:3 des conserves séchées par
rapport aux conserves humides ont été démontrées et
confirment que la durée du séchage influence ces
concentrations.
•• Afin de sauvegarder les teneurs en MG et AG insaturés
(C18:3) de l’herbe, le fanage doit être réalisé rapide-
ment tout en ménageant le fourrage pour conserver
les précieux nutriments contenus dans ses feuilles. n
Herbe CongélationDéshu-
midificationEn grange Au champ
Ensilage 30%
Ensilage 50%
Sx p
MS(g/kg)1 166d 175d 864a 890a 873a 280c 477b 2,1 <0,001
MG2 26,2bc 21,7cd 24,0bcd 21,0cd 17,9d 37,6a 29,2b 1,4 <0,001
AG totaux.3 19,9ac 17,0ab 13,6bc 11,6b 11,1b 22,1a 18,9ab 1,6 <0,01
C16:0 (%) 13,5b 15,4b 18,4a 19,2a 20,4a 15,1b 15,8b 0,7 0,002
C18:0 (%) 1,4 1,7 2,2 2,1 2,2 1,4 1,5 0,2 0,03
C18:1 (%) 2,6 2,7 2,9 3,0 3,0 2,8 2,8 0,3 0,92
C18:2 (%) 16,4ab 14,9b 18,1a 17,9a 18,0a 16,8a 18,0a 0,4 <0,01
C18:3 (%) 64,9a 63,0ab 55,5b 55,5ab 55,2ab 62,4ab 59,9ab 1,8 0,02
Tableau 3 | Teneurs en matière grasse (MG) et acides gras totaux(AGtotaux) en g/kg matière sèche et proportions des acides gras en % des AGtotaux selon la conserve aux 1ers cycles précoces, n: 2
1matière sèche, 2 matière grasse, 3 Acides gras totauxLes valeurs sur la même ligne portant un indice différent sont statistiquement différentes. Sx erreur standard de la moyenne
371
Matière grasse et composition en acides gras des fourrages conservés | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 366–371, 2010
Fat and fatty acids in preserved
forages
This article shows the difference in fat
and fatty acid levels between pre-
served forages and grass. Grass was
harvested from the same plot of land
at two different stages (30 days apart)
over three years and stored using six
different processes. 42 samples were
analysed by extraction using petro-
leum ether for fat and by gas chroma-
tography for fatty acids.
There was considerable variation in the
fat levels (11 to 40 g/kg dry matter
(DM)): fodder cut early showing the
highest levels (26 versus 20 g/kg DM
p < 0,01), and regrowth higher levels
than the first cycle (26 versus 21 g/kg
MS p = 0,03). Fodder stored as silage
had the highest fat level (42 % more
than grass content) and fodder dried
on the ground the lowest (30 % less
than grass content). Linolenic acid was
the most important fatty acid with >
55 %. Fatty acid proportions are
influenced by the stage of maturity
and dry conservation methods reduce
linolenic acid proportion. Grass
harvested quickly as well as careful
handling of the fodder maintain the
fat and fatty acid levels.
Key words : fat, fatty acids, preserved
forages.
Tenore in materia grassa e composi-
zione in acidi grassi di foraggio
conservato
Il presente articolo descrive in quale
misura i tenori in materia grassa (MG)
e acido grasso (AG) dei foraggi
conservati si differenziano da quelli
dell'erba d'origine. Per tre anni è stata
raccolta da una stessa particella erba a
due stadi di sviluppo diversi (30 giorni)
e in seguito conservata in base a sei
processi differenti. Sono stati analizzati
42 campioni mediante estrazione con
etere di petrolio per la MG e cromato-
grafia in fase gassosa per l'AG.
I tenori in MG variano fortemente
(11-40 g/kg MS): il foraggio precoce
presenta i valori più alti (26 vs. 20 g/kg
MS p<0,01); le piante al terzo taglio
hanno tenori superiori a quelle dei
primi cicli (26 vs. 21 g/kg MS p=0,03).
Ad avere i tenori più elevati sono gli
insilati (superiori del 42 % a quelli
dell'erba), mentre il foraggio essiccato
nei campi presenta quelli più bassi
(inferiori del 30 % a quelli dell'erba).
L'acido linolenico è l'AG dominante con
un tasso superiore al 55 per cento. Le
percentuali di AG sono influenzate
dallo stadio di maturazione, mentre
quelle di acido linolenico sono ridotte
dai processi di essicazione. Al fine di
conservare i tenori di MG e AG presenti
nell'erba, la fienagione deve essere
effettuata rapidamente e trattando
con cura il foraggio.
Bibliographie b Arrigo Y., 2006. Influence du cycle, du stade et du mode de conservation sur la teneur en acides aminés des fourrages. Rev. suisse Agric. 38 (5), 247 – 252.
b Arrigo Y., 2007. Influence du mode de conservation, du cycle et du stade sur la digestibilité et les teneurs en minéraux de l’herbe. Rev. suisse Agric. 39 (4), 193 – 198.
b Dewhurst R. J. & King P. J., 1998. Effects of extended wilting, shading and chemical additives on the fatty acids in laboratory grass silages. Grass and Forage Science 53, 219 – 224.
b Dewhurst R. J., Scollan N. D., Youell S. J., Tweed J. K. S & Humphreys M. O., 2001. Influence of species, cutting date and cutting interval on the fatty acid composition of grasses. Grass and Forage Science 56, 68 – 74.
b Elgersma A., Ellen G., van der Horst H., Muuse B. G., Boer H. & Tamminga S., 2003. Compararison of fatty acid composition of fresh and ensiled pe-rennial ryegrass (Lolium perenne L.), affected by cultivar and regrowth
interval. Animal Feed Science and Technology 108, 191 – 205. b Hawke J. C., 1963. Studies on the properties of New Zealand butterfat: the fatty acid compositon of the milk fat of cows grazing on rye - grass at two stages of maturity and the composition of rye-grass lipids. Journal of Dairy Research 30, 67 – 75
b Morand-Fehr P. & Tran G., 2001. La fraction lipidique des aliments et les corps gras utilisés en alimentation animale. INRA Productions Animales 14, 285 – 302.
b Morel I., Wyss U., Collomb M. & Bütikofer U., 2006a. Influence de la composition botanique de l’herbe ou du foin sur la composition du lait. Rev. suisse Agric. 38 (1), 9 – 15.
b Morel I., Wyss U., Collomb M. & Bütikofer U., 2006b. Influence de la com-position botanique de l’herbe ou de l’ensilage sur la composition du lait. Rev. suisse Agric. 38 (3), 115 – 120.
b Nada V., Delic I., 1976. The changes of lipids and amino-acids in leaves of wilting green alfalfa. Veterinaria 25, 137 – 140.
372 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 372–377, 2010
Site d’essais sur les mésocosmes de Syngenta à Stein (AG).
I n t r o d u c t i o n
Depuis des décennies, les évaluations de risques environ-
nementaux font partie de nombreux programmes de
protection de l’environnement. EIles sont un élément
obligatoire de toute homologation des produits phyto-
sanitaires (PPh) ou biocides et, depuis quelques années,
de l’appréciation des produits pharmaceutiques ainsi
que de l’inscription et de l’enregistrement des produits
chimiques industriels.
Les produits phytosanitaires contiennent des sub-
stances biologiquement actives qui peuvent avoir des
effets secondaires sur des organismes non cibles au-delà
de la protection souhaitée contre les organismes nui-
sibles. C’est pourquoi l’homologation implique l’apport
de la preuve de l’efficacité, mais aussi de l’innocuité
pour les organismes non cibles, moyennant des tests
onéreux. La base légale est fixée dans l’Ordonnance sur
les produits phytosanitaires (OPPh), qui spécifie les exi-
gences en matière de données et les principes relatifs à
l’appréciation de l’efficacité et à la protection de l’être
humain et de l’environnement. L’OPPh suisse corres-
pond dans ses grandes lignes à la législation européenne
(No 91/414/CE, à l'avenir, no 1107/2009/CE) sur les produits
Katja Knauer, Stefanie Knauert, Olivier Félix et Eva Reinhard, Office fédéral de l’agriculture, 3003 Berne
Renseignements: Katja Knauer, e-mail: [email protected], tél.: +41 31 323 11 34
Evaluation du risque des produits phytosanitaires pour l’écosystème aquatique
E n v i r o n n e m e n t
Phot
o: K
atja
Kna
uer,
Bâl
e
373
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 372–377, 2010
phytopharmaceutiques. Pour exclure les effets secon-
daires inacceptables des PPh sur l’environnement, l’ho-
mologation d’un produit peut être subordonnée à des
mesures spécifiques de réduction du risque (comme les
distances de sécurité par rapport aux eaux de surface ou
des restrictions concernant la durée d’utilisation).
L’évaluation des risques environnementaux selon
l’OPPh a pour objectif de protéger les écosystèmes tels
que les eaux, les sols et l’air, de manière à éviter les dom-
mages inacceptables pour les organismes qui y vivent.
S’agissant des risques pour le milieu aquatique, l’évalua-
tion se focalise sur la protection des organismes aqua-
tiques typiquement présents dans des ruisseaux et
petites rivières contigus aux terres agricoles. La protec-
tion des eaux de surface contre les effets nuisibles des
PPh est également traitée dans d’autres textes légaux,
tels que l’Ordonnance sur la protection des eaux (OEaux),
qui se base sur la loi sur la protection de l’environne-
ment. L’annexe 2, ch. 12, de l’OEaux contient l’exigence
quantitative suivante au sujet des PPh : «0,1 µg/l pour
chaque substance, sous réserve d’autres exigences fixées
sur la base de l’appréciation des différentes substances
dans le cadre de la procédure d’autorisation.»
M é t h o d e
L’évaluation des risques environnementaux se base sur
l’estimation des concentrations d’exposition et sur le
relevé des données écotoxicologiques. Ensuite, les
risques écologiques sont estimés en établissant une rela-
tion entre l’exposition potentielle et les effets possibles
(risque = exposition / effets). Afin que la même procé-
dure soit garantie au sein de l’UE lors de l’évaluation des
risques, les exigences concernant les données et la
manière de procéder ont été fixées dans diverses instruc-
tions, notamment dans le guide d’écotoxicité aquatique
(document SANCO/3268/2001 rév. 4).
Estimation de l’exposition
L’estimation de l’exposition requiert les données sur les
quantités utilisées, sur les propriétés des substances et
sur le comportement dans l’environnement des sub-
stances actives contenues dans le PPh. Elle se base le plus
souvent sur des modèles informatiques qui permettent
de calculer les concentrations prévues dans l’environne-
ment (CPE, voir glossaire). Dans les calculs, on considère
le pire scénario, concernant par exemple la dégradation
des substances et les conditions climatiques et pédolo-
giques, de manière à inclure les pics de concentration de
PPh dans les eaux dans l’évaluation des risques. En outre,
l’estimation de l’exposition inclut les différents types
d’apports dans les eaux de surface, tels que dérive, ruis-
L’évaluation des risques environnementaux a
pour objectif de protéger les écosystèmes
tels que les eaux, les sols et l’air, de manière
à éviter les dommages inacceptables pour les
organismes qui y vivent. L’évaluation des
produits phytosanitaires (PPh) dans les eaux
se concentre sur des ruisseaux et des petites
rivières en terres agricoles. Les évaluations
de risques se basent sur l’estimation des
concentrations d’exposition et sur la collecte
d’une multitude de données écotoxicolo-
giques. Lors de l’estimation de la toxicité
d’un PPh, les effets sur les individus, les
populations et les biocénoses sont observés
afin de déterminer les conséquences à court
et à long terme d’une pollution. Les évalua-
tions de risques sont absolument nécessaires
pour prendre des décisions de gestion de
l’environnement ; en effet, la récapitulation
des informations pertinentes pour l’environ-
nement permet de reconnaître les risques
potentiels et d’élaborer des stratégies
préventives de protection de l’environne-
ment. Il existe différentes possibilités
d’action pour maintenir le risque à un niveau
acceptable. Grâce à la prescription de charges
concrètes pour les PPh spécifiques, telles que
l’obligation de respecter des distances
déterminées par rapport aux eaux de surface
ou d’utiliser une technique réduisant la
dérive lors de l’application, une utilisation
sûre des PPh reste possible dans l’agriculture
et les effets inacceptables sur la biocénose
aquatique peuvent être évités dans une large
mesure.
Evaluation du risque des produits phytosanitaires pour l’écosystème aquatique | Environnement
Environnement | Evaluation du risque des produits phytosanitaires pour l’écosystème aquatique
374 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 372–377, 2010
sellement ou drainage. Lors d’une application par pulvé-
risation, le bouillie contenant des PPh peut contaminer
les eaux par dérive. En cas de pluie, notamment de forte
pluie, de pluie sur sol gelé ou durant la fonte des neiges,
les PPh peuvent parvenir ainsi dans les eaux de surface
par ruissellement. Les PPh peuvent également s’infiltrer
rapidement dans les drainages souvent aménagés dans
les sols agricoles, s’écouler et arriver dans les eaux de
surface voisines.
Estimation de la toxicité
L’estimation de la toxicité d’un PPh passe par l’examen
de son action sur les individus, sur les populations et sur
les biocénoses. Les données sur la toxicité sont générées
dans un processus par étapes (fig. 1).
Dans la première étape, on établit, en vue de l’appré-
ciation d’un risque potentiel pour les organismes aqua-
tiques, un jeu de données de base se fondant sur les
essais de laboratoire aigus ou chroniques portant sur les
algues, les daphnies et les poissons. Ces essais sont réali-
sés conformément aux directives harmonisées au niveau
international (OCDE, procédure d’essais selon BPL). Les
essais de courte durée portent sur des effets aigus tels
que la mortalité, alors que les essais de longue durée
permettent d’examiner les effets chroniques concer-
nant avant tout la reproduction. Sur la base des résultats
sont établies les valeurs écotoxicologiques telles qu’EC50
aigu (ou le NOEC chronique; voir glossaire).
Un facteur de sécurité (AF) est appliqué au résultat
de l’essai concernant l’espèce la plus sensible, pour tenir
compte des imprécisions qui sont inévitables lors de l’ex-
trapolation des résultats de laboratoire portant sur
quelques organismes peu nombreux aux conditions
réelles rencontrées dans les eaux. On obtient ainsi ce
qu’on appelle la valeur «PNEC » (PNEC = EC50/AF et PNEC
= NOEC/AF) (tabl. 1), soit une concentration à laquelle
aucun effet négatif n’est attendu sur l’écosystème aqua-
tique (fig. 2). Les PNEC sont calculées de manière à ce
qu’aucune détérioration prévisible des organismes
aquatiques ne survienne même en cas d’exposition à
long terme au pesticide.
Valeurs Organismes Tests Méthodes
PNEC = EC50 / AF Evaluations des données sur les espèces Etudes aiguës en laboratoire Courbe d’effets par dose
PNEC = NOEC / AF Evaluations des données sur les espèces Etudes chroniques en laboratoire Courbe d’effets par dose
HC5 * AF Distribution des sensibilités des espèces Etudes aiguës et études chroniques Evaluation probabiliste
NOEAEC * AFEvaluation des données sur les populations et les biocénoses
Données sur les microcosmes et les mésocosmes, écosys tèmes complexes
Courbes dose-réponse, indicateurs de biocénose, courbes dose-effet
EAC oder RAC Toutes les données disponibles Tous les tests Toutes les méthodes
Tableau 1 | Valeurs écotoxicologiques dans l’évaluation des risques environnementaux liés aux produits phytosanitaires
2
3
1
4
2
3
1
4
Simple(peu de données)
Complexe
Tests standard+ facteur de sécurité
(beaucoup de données)
Etudes supplémentaires+ distribution des sensibilités des espèces
Semi-études de terrain(microcosmes-macrocosmes)
Modèles d’effets Réaliste
Conservateur
Figure 1 | Manière de procéder par étapes dans l'appréciation des effets.
Evaluation des risques liés aux PPh dans les eaux de surface
Akuter T
Test aigu (EC50) Test chronique (NOEC)Espèce sensiblereprésentative des troisniveaux trophiques de
l’écosystèmeFacteur de sécurité
PNEC
Figure 2 | Evaluation des risques liés aux PPh dans les eaux de surface.
Evaluation du risque des produits phytosanitaires pour l’écosystème aquatique | Environnement
375
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 372–377, 2010
Si la comparaison des données de toxicité du 1er
niveau (PNEC) avec la concentration de l’exposition
(PEC) met en évidence un risque potentiel pour les orga-
nismes aquatiques, on passe au prochain niveau de
l’évaluation des risques (fig. 1; Daniel 2007). A ce stade,
il faut recourir à des études complémentaires pour
apprécier l’incertitude liée à l’extrapolation des résul-
tats de laboratoire à la situation réelle. On peut à cette
fin réaliser de nouveaux tests portant sur d’autres orga-
nismes du groupe sensible, des essais avec des exposi-
tions plus réalistes et des tests multi-espèces.
Pour évaluer les résultats (EC50 et NOEC) concernant
plusieurs organismes du groupe sensible, on peut appli-
quer des méthodes probabilistes permettant d’estimer
la mise en danger des organismes aquatiques. La valeur
significative du point de vue écotoxicologique établie à
partir de la distribution des sensibilités des espèces est la
concentration dangereuse (HC5, voir glossaire) (tabl. 1).
Dans les essais où l’on prend en considération des
scénarios d’exposition réalistes, on apprécie souvent
l’influence du sédiment sur l’action d’une substance ou
on simule la dégradation de la substance en phase aqua-
tique à la quelle on peut s’attendre dans les conditions
naturelles.
Pour les tests multi-espèces, toute une série de
modèles d’écosystèmes ont été développés, tels que des
microcosmes et des mésocosmes, qui permettent d’exa-
miner les effets de PPh sur les biocénoses aquatiques
complexes. Mis à part les effets directs, on étudie dans
ces systèmes la capacité de régénération, c’est-à-dire le
potentiel de reconstitution de populations et de biocé-
noses, et on la prend en considération dans l’évaluation
des risques. Les effets temporaires desquels les popula-
tions peuvent se remettre rapidement sont considérés
comme acceptables. En vue de ces tests multi-espèces,
on fixe les valeurs dites NOEAEC (voir glossaire).
Dans ces études «higher-tier» (de niveau supérieur),
on peut également prendre en compte des facteurs de
sécurité supplémentaires pour évaluer les risques réels.
Le niveau de ces facteurs dépend de la qualité et de la
quantité des études écotoxicologiques disponibles. Le
savoir et l’expérience des experts sont indispensables
pour décider quelle est la manière appropriée de procé-
der dans le cadre de l’évaluation des risques. Les guides
(documents) présentant les méthodes recommandées
pour la réalisation de tests complexes peuvent être utili-
sés (HARAP 1999 ; CLASSIC 2001). Une appréciation globale de l’ensemble des données
écotoxicologiques permet de fixer, dans la phase de
conclusion de l’évaluation des risques, une concentration
écologiquement acceptable (EAC) pour un PPh. L’EAC est
comparable au PNEC, qui est fixé au premier niveau de
Figure 3 | Le Seebach en terres agricoles dans le canton de Berne.
Phot
o: K
atja
Kna
uer,
Bâl
e
Glossaire
•• PPh : produit phytosanitaire
•• OPPh : Ordonnance sur les produits phytosanitaires
•• OEaux : Ordonnance sur la protection des eaux
•• PEC: predicted environmental concentration;
concentration prévue dans l’environnement
•• BPL: bonnes pratiques de laboratoire
•• EC50: effect concentration ; concentration efficace
à 50 %
•• NOEC : no observed effect concentration;
concentration sans effet observé
•• NOEAEC: no observed ecologically environmental
adverse effect concentrations; concentration sans effet
environnemental nocif observé
•• AF: assessement factor ; facteur d’extrapolation
•• PNEC: EC50/AF ou NOEC/AF
•• HC5: hazard concentration; concentration pour
laquelle 5 % des organismes testés présentent un effet
de 50 % ou ne présentent encore aucun effet
•• EAC ou RAC: ecologically environmentally acceptable
concentration, concentration écologiquement
acceptable, ou regulatory acceptable concentration,
concentration réglementaire acceptable.
376
Environnement | Evaluation du risque des produits phytosanitaires pour l’écosystème aquatique
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 372–377, 2010
l’évaluation des risques, et aussi souvent appelée
aujourd’hui «concentration réglementaire acceptable»
(RAC). Une évaluation des risques peut être d’autant
meilleure et d’autant plus fiable que les études dispo-
nibles sont nombreuses. Lorsque de nouvelles informa-
tions sont disponibles, les valeurs doivent être calculées
à nouveau pour que les conditions d’octroi de l’autorisa-
tion soient remplies (art. 21 OPPh). Le relevé des données
nécessaires à l’évaluation des risques est obligatoire pour
chaque substance active.
D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s
A quoi sert une évaluation des risques ?
Les évaluations de risques aquatiques sont indispen-
sables aux décisions ayant trait à la gestion de l’environ-
nement. Elles réunissent les informations qui ont une
pertinence pour l’environnement, de sorte à pouvoir
détecter les risques majeurs et identifier les lacunes dans
les connaissances. Sur la base de ces informations, il est
possible de fixer les conditions pour les PPh, telles que
les distances par rapport aux eaux de surface ou l’utilisa-
tion obligatoire d’une technique réduisant la dérive
pour l’application d’un produit particulier, afin d’exclure
dans une large mesure les effets inacceptables sur la bio-
cénose aquatique.
Quels sont les objectifs de l’OPPh en matière de
protection ?
L’OPPh a pour objectif d’assurer que les PPh se prêtent
suffisamment à l’usage prévu et qu’utilisés conformé-
ment aux prescriptions, ils n’ont pas d’effets secondaires
inacceptables sur la santé de l’être humain et des ani-
maux ni sur l’environnement (art. 1 OPPh).
Afin de garantir la réalisation de l’objectif de protec-
tion relatif à l’environnement, toute évaluation des
risques environnementaux doit fixer les critères d’éva-
luation spécifiques. D’une part, elle doit définir les
points finaux dont l’application permet de protéger les
indicateurs écologiques tels que la biocénose aqua-
tique ; d’autre part, il faut définir le niveau de protec-
tion et, ce faisant, établir quels effets sont tolérables et
quelle est l’incertitude acceptable en ce qui concerne la
prévision des effets.
Les prévisions faites dans le cadre d’une évaluation des
risques sont-elles appropriées ?
Selon l’OPPh, les valeurs écotoxicologiques telles que
PNEC, EAC ou RAC (tabl. 2) ne doivent pas être dépas-
sées. Dans la modélisation de l’exposition, on prend en
considération les différents types d’apports dans les
eaux de surface, tels que dérive, ruissellement ou drai-
nage. Il est ainsi garanti qu’aucun effet inacceptable sur
les biocénoses aquatiques n’est à prévoir. Ce n’est qu’à
cette condition qu’un PPh peut être autorisé. Dans le
cadre des campagnes ciblées de mesures destinées à
déterminer les concentrations de PPh dans les eaux de
surface, on vérifie l’exactitude de l’évaluation des risques
et de la décision d’homologation qui en découle, pour
prévoir, le cas échéant, une adaptation de l’homologa-
tion du produit. Cette comparaison, réalisable pour tout
PPh, permet d’estimer le risque potentiel pour les biocé-
noses aquatiques (Chèvre 2003). Le cas échéant, il faut
prendre les mesures destinées à réduire les apports de
PPh dans les eaux de surface. A cet égard, il convient,
dans un premier temps, de réduire les sources possibles
d’émissions, de contrôler le respect des restrictions d’uti-
lisation et de réexaminer la gestion des prescriptions
d’application. n
Substance active Valeurs (μg/l)
Beflubutamide 0,55
Bénalaxyl-M 3
Bifénazate 1,7
Clothianidine 10
Cyflufenamid 2,4
Etofenprox 0,0054
Flonicamide 310
Fluoxastrobine 0,63
Carbonate de potassium 7314
Iodure de potassium 57
Thiocyanate de potassium 27
Laminarine >1000
Mandipropamide 28
Mepiquat-chloride 260
Métrafénone 8,2
Oxardiagyl 0,09
Acide pélargonique 1190
Pethoxamide 0,5
Piclorame 55
Pinoxadène 44
Tembotrione 0,85
Triazoxide 0,78
Tritosulfuron 4,8
6-benzyladénine 205
Tableau 2 | Valeurs écotoxicologiques pour les pesticides dans les eaux de surface, calculées selon les dispositions de l’Ordonnance sur les produits phytosanitaires
377
Evaluation du risque des produits phytosanitaires pour l’écosystème aquatique | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 372–377, 2010
Pesticides risk assessment for aquatic
ecosystem
The analyse of environmental risks aims
to protect water, soils and the air so that
the organisms living in these ecosystems
do not suffer an unacceptable level of
damage. To analyse the effects of plant
protection products in rivers and streams,
the focus is typically on small waters
adjacent to farmland. Risk assessment is
based on an estimation of the exposure
and on various ecotoxicological data. In
order to estimate the toxicity of a plant
protection product, its effects on individu-
als, populations and communities are
investigated so that both short and
long-term consequences of an exposure
can be determined. Risk analyses are
essential for decisions concerning environ-
mental management, since a compilation
of environmental relevant informations
can lead to the identification of potential
risks and to the development of strategies
to avoid damage to the environment.
There are many ways of keeping risks to
an acceptable minimum. By introducing
compulsory practical conditions for
specific plant protection products, like the
utilisation at an obligatory distance from
surface waters, or the compulsory use of
technology to prevent spread, it will still
be possible to use such substances in
agriculture while unwanted effects on
aquatic organisms are largely avoided.
Key words: plant protection products,
risk assessment, surface water,
protection goals.
Valutazione dei rischi rappresentati dai
prodotti fitosanitari per l’ecosistema
acquatico
Le valutazioni dei rischi ambientali sono
finalizzate a proteggere ecosistemi come
le acque, il suolo e l'aria, onde poter
escludere danni inaccettabili agli organi-
smi che li abitano. Nella valutazione del
rischio rappresentato dai prodotti fito-
sanitari per i corsi d'acqua si analizzano
soprattutto ruscelli tipici e piccoli fiumi
confinanti con le superficie agricole,
stimando le concentrazioni d'esposizione
e rilevando un gran numero di dati
ecotossicologici. La stima della tossicità
di un prodotto fitosanitario verte sulla
rilevazione degli effetti dello stesso su
individui, popolazioni e cenosi allo scopo
di determinare le conseguenze a breve e
lungo termine. Le valutazioni dei rischi
sono imprescindibili per le decisioni in
materia di gestione ambientale, poiché la
raccolta di informazioni rilevanti per
l'ambiente permette di individuare rischi
potenziali e di sviluppare strategie
preventive adeguate per la sua tutela.
Vi sono varie opzioni operative per
mantenere il rischio a un livello accetta-
bile. Mediante l'imposizione di condizioni
concrete nei confronti di prodotti fitosani-
tari specifici, come ad esempio quella di
rispettare una determinata distanza dalle
acque superficiali o l'obbligo di ricorrere a
una tecnica di applicazione che riduce la
deriva, sarà possibile continuare a impie-
gare tali prodotti in agricoltura in maniera
sicura, escludendo in larga misura effetti
inaccettabili sulla cenosi acquatica.
Bibliographie b Campbell P. J., Arnold D. J. S., Brock T. C. M., Grandy N. J., Heger W., Heimbach F., Maund S. J. & Streloke M., 1998. Guidance document on Higher tier risk assessment for pesticides (HARAP). Proceedings from the HARAP workshop. SETAC pub. ISBN 90 – 5607 – 011 – 8.
b Chèvre N., 2003, 2006. Pestizide in Schweizer Oberflächengewässern, gwa 4: 297 – 307.
b Daniel O., Gandolfi M., Aldrich A., Baumann H. & Büchi R., 2007. Öko-toxikologische Risikobewertungen von Pflanzenschutzmitteln. Agrarforschung 14 (6), 266 – 271.
b Giddings J. M., Brock T. C. M., Heger W., Heimbach F., Maund S. J., Norman S. M., Ratte H. T., Schafers C. & Steloke M., 2001. Community –
Level aquatic system studies – interpretation criteria. Proceedings from the CLASSIC workshop. SETAC pub. ISBN 1 – 880611 – 49-x
b Ordonnance du 28 octobre 1998 sur la protection des eaux (OEaux) (RS 814.201). Règlement européen sur les produits phytopharmaceu-tiques (1107/2009/CE).
b SANCO/3268/2001 rev.4 (final) 17 October 2002. Working document, Guidance document on aquatic ecotoxicology in the context of the directive 91/414/EEC.
b Ordonnance du 18 mai 2005 sur la mise en circulation des produits phytosanitaires (Ordonnance sur les produits phytosanitaires, OPPh) (RS 916.161).
378 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 378–383, 2010
Essais en pots avec du maïs et du blé de printemps pour déterminer l’efficacité de l’utilisation de l’azote du lisier traité.
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Christine Bosshard1, René Flisch1, Jochen Mayer1, Sonja Basler2, Jean-Louis Hersener3, Urs Meier4, Walter Richner1
1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich2LZ Liebegg, 5722 Gränichen3Ingenieurbüro Hersener, 8542 Wiesendangen4Meritec GmbH, 8357 Guntershausen
Renseignements: Christine Bosshard, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 71 11
Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier
I n t r o d u c t i o n
Les engrais de ferme (lisier et fumier) jouent un rôle clé
pour nourrir les plantes dans les pratiques agricoles. Les
éléments nutritifs contenus dans les engrais de ferme
sont des facteurs de production non négligeables.
L’azote (N) notamment revêt une importance particulière
pour le rendement des cultures. Une partie de l’azote
des engrais sert à élaborer des produits végétaux et
animaux, tandis que le reste se fixe dans les matières
organiques du sol (immobilisation), s’évapore sous
forme de gaz ou se perd par lessivage. L’élevage des
animaux destinés à produire du lait ou de la viande
engendre des quantités considérables d’engrais de
ferme. Les excédents de N dus à une trop forte charge
d’animaux de rente dans certaines régions augmentent
le risque d’émissions de N. Les pertes d’azote non
seulement nuisent à l’environnement (acidification et
fertilisation excessive d’écosystèmes naturels, atteinte
aux eaux de surface et à la nappe phréatique,
renforcement de l’effet de serre), mais diminuent aussi
l’efficacité du système. Les plantes n’absorbent en
moyenne que 50 % environ de l’azote des engrais
minéraux, mais elles en utilisent encore moins et de
façon beaucoup plus variable lorsqu’il s’agit d’azote
provenant d’engrais de ferme (Dobermann 2005 ; Gutser
et al. 2005). Il faut donc augmenter l’efficacité de
l’utilisation de l’azote (EUA) des engrais de ferme et
réduire la perte des composés azotés pouvant influer sur
l’environnement. Les nouvelles technologies de
traitement des engrais de ferme, comme la fermentation
anaérobie (FA) du lisier pour la production de biogaz,
combinées avec les techniques de séparation
membranaire (ultrafiltration UF et osmose inverse OI),
promettent une amélioration de l’EUA du lisier. Le
traitement technique du lisier offre encore d’autres
Lisier non traité
Produit initial Méthode Produit intermédiaire Produit final
Séparationmécanique
Substances solidesLisier liquide
fermenté
Ultrafiltration Rétentat UF
Perméat UF
Osmose inverse Rétentat OI
Perméat OI
Lisier fermentéFermentation
anaérobie
Figure 1 | Etapes de traitement du lisier pour l’obtention des diffé-rents produits fertilisants. Seuls les produits en caractères gras ont été testés dans les essais en pots et au champ.
Phot
o: J
oche
n M
ayer
, AR
T
Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier | Production végétale
379
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 378–383, 2010
Les émissions d’azote des écosystèmes
agricoles dans l’atmosphère ont augmenté
ces dernières décennies en raison de
l’intensification de la production agricole.
L’agriculture est la principale source
d’émission de composés azotés, comme
l’ammoniac, les nitrates et le gaz hilarant, qui
peuvent avoir des effets négatifs sur
l’environnement. L’utilisation efficace de
l’azote des engrais et la réduction des
émissions d’azote sont donc des problèmes
urgents à traiter dans la plupart des pays
industrialisés. C’est pourquoi les nouvelles
technologies de traitement des engrais de
ferme, comme la fermentation anaérobie du
lisier, combinées avec l’ultrafiltration et
l’osmose inverse, peuvent intéresser
l’agriculture, car elles permettent d’optimiser
l’utilisation des éléments nutritifs, de réduire
le volume de lisier à transporter et de
produire une énergie renouvelable.
Au cours de cette étude, les propriétés du
lisier fermenté et de produits fertilisants ont
été étudiées en procédant à une séparation
membranaire (ultrafiltration et osmose
inverse) et l’efficacité apparente de
l’utilisation de l’azote a été déterminée par
méthode différentielle lors d’essais en pots
et au champ. Le traitement du lisier permet
d’augmenter la teneur en azote ammoniacal
dans les fertilisants traités, ce qui améliore la
disponiblilité de l’azote pour les plantes.
Mais comme le pH augmente aussi pendant
le traitement, le risque de pertes d’azote
gazeux suit cette même tendance pendant
l’entreposage et l’épandage. Les nouvelles
technologies de traitement, alliées à des
techniques d’épandage peu polluantes,
peuvent améliorer l’absorption de l’azote du
lisier et réduire les émissions d’azote dans
l’environnement.
avantages, comme la réduction du volume à transporter
et la production d’énergie renouvelable (biogaz).
Au cours de cette étude, divers produits fertilisants
obtenus par traitement du lisier (FA, UF, OI) ont été tes-
tés dans des essais en pots et au champ dans le but de
contribuer à améliorer l’EUA et à réduire les pertes de N.
Nous avons également étudié en quoi le traitement
pouvait influencer les propriétés du lisier de porc.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Fermentation anaérobie combinée au procédé de
séparation membranaire
Les différentes étapes du traitement sont présentées à la
figure 1. Le lisier de porc est d’abord fermenté en milieu
anaérobie, puis travaillé mécaniquement afin de séparer
la substance solide du lisier liquide. Dans une deuxième
étape, le lisier liquide fermenté est traité par séparation
membranaire (UF et OI). Lors de l’ultrafiltration, le lisier
liquide est filtré par pression à travers une membrane
semi-perméable. Les substances de poids moléculaire
élevé (bactéries, protéines, macromolécules etc.) sont
retenues par la membrane (fig. 2). Il en résulte un débit
partiel concentré, le rétentat UF. La membrane laisse
passer un débit partiel moins concentré de substances à
faible poids moléculaire (p. ex. les ions), le perméat UF.
Dans une dernière étape, le perméat UF est encore traité
par osmose inverse (fig. 3). En appliquant une pression
supérieure à la pression osmotique, le liquide plus
fortement concentré passe par la membrane semi-
perméable en direction de la solution moins concentrée
(le contraire de l’osmose [fig. 2]). Les substances à faible
Ultrafiltration0,1 – 0,01 μm
Osmose inverse< 0,001 μm
Séparation> 100 μm
Fibres& particules
IonsComposésà faible poidsmoléculaire
Moléculesd‘eau
Colloïdes
Bactéries
Virus
ProtéinesMacro-molécules
Substances solides
Rétentat UF Rétentat OI Perméat OI
© MERITEC GmbH
Figure 2 | Séparation de la matière par filtration et passage à travers une membrane semi-perméable (ultrafiltration UF et osmose inverse OI) durant le traitement du lisier.
Production végétale | Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier
380 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 378–383, 2010
poids moléculaire qui traversent encore la membrane
lors de l’ultrafiltration sont alors retenues sous forme de
rétentat OI et concentrées une nouvelle fois. Les
molécules d’eau, par contre, peuvent passer par la
membrane et aboutir dans le perméat OI. Hormis les
substances solides et le perméat OI, tous les produits
intermédiaires et finaux résultant du traitement du lisier
(fig. 1) ont été caractérisés et leur EUA a été déterminée
dans des essais en pots et au champ.
Essais en pots et au champ
Les essais en pots ont été réalisés avec du blé de
printemps (Triticum aestivum L. var. Fiorina) et du maïs
(Zea mays var. Delitop) dans la halle de végétation d’ART;
les essais au champ ont eu lieu sur deux sites (Zürich-
Affoltern et Oensingen) avec du blé d’automne (Triticum
aestivum L. var. Zinal). Un dispositif en blocs com-
plètement randomisé a été choisi, avec quatre répétitions
pour chaque produit fertilisant.
Les procédés de fertilisation analysés sont les suivants:
•• Lisier de porc non traité (produit initial)
•• Lisier de porc fermenté
•• Lisier liquide fermenté
•• Rétentat UF
•• Perméat UF
•• Rétentat OI
•• Sulfate d’ammonium obtenu par stripage de
l’ammoniac (seulement pour les essais en pots)
•• Engrais minéral (nitrate d’ammonium)
•• Procédé témoin dans les cultures non fertilisées.
La fumure comptait au total 1 g d’azote minéral par pot
(0,038 m²) pour le blé de printemps et 1,3 g pour le maïs.
Cette quantité était de 135 kg N/ha dans les essais au
champ avec le blé d’automne.
CalculsL’efficacité apparente de l’utilisation de l’azote dans les
divers produits fertilisants a été calculée à l’aide de la
méthode différentielle (Muñoz et al. 2004):
EUA (%) = [(absorption de Nfertilisée –
absorption de Nnon fertilisée)/total de Nfertilisée] x 100
où l’absorption de Nfertilisée (g/pot ou kg/ha) correspond à
l’absorption d’azote par la biomasse aérienne dans une
culture fertilisée avec de l’azote et l’absorption de
Nnon fertilisée (g/pot ou kg/ha) équivaut à l’absorption
d’azote par la biomasse aérienne dans une culture non
fertilisée. Le total de Nfertilisée (g/pot ou kg/ha) représente
la quantité totale d’azote épandu. L’absorption de N par
les plantes dans les cultures non fertilisées correspond à
la quantité totale d’azote prélevé dans le sol. La
différence d’absorption d’azote entre les cultures
fertilisées et non fertilisées correspond donc à la quantité
d’azote prélevé dans les engrais en question.
Analyse statistique
Une analyse de variance a été réalisée avec le programme
SYSTAT 11 (logiciel Systat Inc., USA). L’effet sur l’EUA des
fertilisants analysés a été vérifié à l’aide du «General
Linear Model» (GLM) sur la base du dispositif d’essai en
«blocs» complètement randomisés. En cas d’effet
significatif, le test HSD de Tukey a été réalisé avec un
niveau de signification de P ≤ 0,05. Les pourcentages ont
été transformés en arcsin pour l’analyse de variance.
Figure 3 | Installation de traitement par osmose inverse.
Produit fertilisant
MSpH
(H2O)Ntot
NH4-N
Part de NH4-N du N total
(%) (g/kg MS) (%)
Lisier de porc non traité
2,8 8,26 4,6 3,1 67,4
Lisier de porc fermenté
1,9 8,30 3,9 3,4 87,2
Lisier liquide fermenté
1,9 8,52 4,0 3,4 85,0
Rétentat UF 4,6 8,53 6,0 3,8 63,3
Perméat UF 1,1 8,68 3,4 3,3 97,1
Rétentat OI 3,7 8,81 7,8 7,6 97,4
Tableau 1 | Caractéristiques (matière sèche [MS], valeur pH, N total [Ntot], azote ammoniacal [NH4-N]) de divers produits fertilisants obtenus par traitement du lisier
Phot
o: J
ean-
Loui
s H
erse
ner,
W
iese
ndan
gen
Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier | Production végétale
381
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 378–383, 2010
UF, tandis que les ions (comme le NH4+) traversent la
membrane et aboutissent dans le perméat UF. La
transformation de l’azote fixé organiquement en NH4-N
pendant le traitement a fait augmenter la teneur en N
directement disponible pour les plantes contrairement
au lisier non traité. La libération de l’azote provenant
du lisier traité devient ainsi plus prévisible, ce qui permet
une utilisation plus précise du lisier azoté. Mais comme
le pH du lisier augmente en même temps que
l’accroissement de la teneur en NH4-N, le risque de
pertes de NH3 est plus élevé pendant le stockage et
l’épandage.
Bilan de masseIl ressort du bilan de masse que la concentration du lisier
tout au long de la chaîne de traitement (FA, UF et OI)
permet d’extraire une importante part d’eau de ce
substrat. Le volume de rétentat OI a pu être réduit
d’environ 60 % par rapport au lisier non traité (données
non indiquées).
EUA des produits fertilisants issus du traitement du lisier
Essais en pots
Dans les essais en pots avec le blé de printemps et le maïs,
les produits fertilisants issus du lisier traité ont
généralement une meilleure EUA que le lisier non traité
(tabl. 2). Le rétentat UF et partiellement aussi celui de
l’OI y font exception. Comme nous l’avons déjà
mentionné, et comme on le voit au tableau 2, les
composés de l’azote organique s’accumulent dans le
rétentat pendant l’UF, car ils ne peuvent pas passer à
travers la membrane. Avec plus de 60 % de N directement
disponible pour les plantes par rapport au N total, le
rétentat UF était comparable au lisier non traité (tabl. 1).
Par contre, le lisier fermenté, le perméat UF et le rétentat
OI présentaient un taux de NH4-N du N total nettement
supérieur, soit 87 %, resp. 97 % (tabl. 1). L’EUA était ainsi
significativement plus élevée avec ces fertilisants qu’avec
le rétentat UF ou le lisier non traité (tabl. 2). Malgré ce
taux de 97 % de N directement disponible pour les plantes,
l’utilisation de l’azote du rétentat OI par le maïs était
modeste (tabl. 2), ce qui n’était pas le cas dans les essais
en pots avec le blé de printemps. Il est possible que
l’utilisation de N par le maïs – sensible au sel – ait été
inhibée à cause de la forte concentration en sels dans le
rétentat OI (données non indiquées).
Le lisier fermenté et les produits fertilisants issus de
l’UF et de l’OI ont une EUA significativement plus basse
que l’engrais minéral (nitrate d’ammonium [tabl. 2]).
Seul le sulfate d’ammonium obtenu par stripage de
l’ammoniac a atteint une EUA semblable à celle de l’en-
grais minéral (tabl. 2).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Influence du traitement sur les propriétés du lisier
Teneur en matière sèche
La fermentation anaérobie a réduit la teneur en matière
sèche (MS) du lisier (tabl. 2). Cette réduction diminue la
viscosité du lisier et améliore ainsi sa fluidité (Chatigny
et al. 2004). Dès lors, le lisier s’écoule plus rapidement sur
les plantes et pénètre plus vite aussi dans le sol, ce qui
réduit les pertes d’azote gazeux. L’ultrafiltration et
l’osmose inverse augmentent la teneur en MS dans les
rétentats (tabl. 1).
Valeur du pH
Comme une partie de l’azote fixé organiquement se
transforme en carbonate d’ammonium pendant la
fermentation anaérobie, le pH du lisier augmente en
général (Kirchmann et Witter 1992). Au cours de cette
étude, le pH du lisier fermenté n’était cependant que
légèrement supérieur à celui du lisier non fermenté, ce
qui pourrait s’expliquer par le niveau du pH déjà
relativement élevé dans le lisier non traité. La suite du
traitement avec l’UF et l’OI a encore fait augmenter le
pH dans le perméat et les rétentats (tabl. 1). A partir
d’un pH de 7, l’équilibre de dissociation entre
l’ammonium (NH4) et l’ammoniac (NH3) se décale en
direction de concentrations de NH3 plus élevées. Cela
augmente le risque de pertes de NH3 pendant le stockage
et l’épandage (Pötsch et al. 2004). Les fertilisants à haute
concentration de NH4 doivent dont être incorporés dans
le sol immédiatement après l’épandage.
Teneur en azoteLe processus de fermentation ne devrait modifier que
légèrement – ou même pas du tout – la teneur absolue
en N total, car seule une faible part de N peut être
transférée dans le biogaz. Il n’a pas été possible
d’expliquer clairement pourquoi la teneur en N total du
lisier a diminué de 15 % après la fermentation (tabl. 1).
La matière organique se dégrade pendant la
fermentation. L’azote fixé organiquement est alors
transféré par les micro-organismes en azote disponible
pour les plantes, si bien que la teneur en NH4-N
augmente tandis que celle en N organique diminue
dans le lisier (Gutser et al. 2005). L’UF et l’OI ont encore
fait augmenter la teneur en NH4-N, notamment dans le
rétentat OI, alors que dans le rétentat UF, la part de
NH4-N par rapport au N total était comparable à celle du
lisier non traité (tabl. 1), probablement parce que,
pendant l’UF, les composés de l’azote organique (comme
les protéines) ne peuvent pas passer par la membrane
semi-perméable et s’accumulent ainsi dans le rétentat
382
Production végétale | Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 378–383, 2010
Essais au champ
Lors des essais au champ, l’EUA de la plupart des produits
fertilisants issus de la fermentation anaérobie, de l’UF et
de l’OI, ne se différencie pas statistiquement de celles du
lisier non traité et de l’engrais minéral (tabl. 2). Cela
pourrait être dû au fait que la variabilité constatée dans
les essais au champ était plus élevée que dans les essais
en pots. Toutefois, le blé d’automne tend à mieux utiliser
l’azote des produits traités que celui du lisier non traité.
C o n c l u s i o n s
•• Il résulte des essais en pots et au champ que les
produits fertilisants issus d’un traitement (rétentat UF,
perméat UF, rétentat OI) se prêtent à la fumure
agricole.
•• Les nouvelles technologies de traitement du lisier,
comme la fermentation anaérobie combinée avec
l’ultrafiltration et l’osmose inverse, offrent la
possibilité de rendre l’utilisation de l’azote du lisier
plus efficace et de réduire les émissions d’azote dans
l’atmosphère, pour autant que les produits de
traitement soient stockés dans les règles de l’art et
peu polluants à l’épandage (en utilisant par exemple
une rampe à pendillards).
•• Avec leur forte proportion d’azote directement
disponible pour les plantes, notamment dans le
perméat issu de l’ultrafiltration et dans le rétentat
provenant de l’osmose inverse, ces produits peuvent
remplacer les engrais minéraux, en partie tout au
moins.
•• En réduisant le volume de lisier à transporter, il est
possible d’atténuer le problème des excédents
régionaux d’azote (transport facilité dans des régions
ayant besoin d’azote). n
Bibliographie b Chatigny M. H., Rochette P., Angers D. A., Massé D. & Côté D., 2004. Ammonia volatilization and selected soil characteristics following application of anaerobically digested pig slurry. Soil Science Society of America Journal 68, 306 – 312.
b Dobermann A., 2005. Nitrogen use efficiency – state of art. Paper présente au IFA International Workshop on enhanced-efficiency fertilizers, Frankfurt, Deutschland, 28 - 30 juin 2005.
b Gutser R., Ebertseder T., Weber A., Schraml M. & Schmidthalter U., 2005. Short-term and residual availability of nitrogen after long-term application of organic fertilizers on arable land. Journal of Plant Nutrition and Soil Science 168, 439 – 446.
Produit fertilisant
Essais en potsEssai au champ de Zürich- Affolterna
Blé de printemps Maïs Blé d’automne
EUA (%)
Lisier de porc non traité
30,9 (4,3) d 28,0 (3,8) ce 37,1 (8,0) b
Lisier de porc fermenté
48,3 (4,3) c 52,6 (4,5) b 55,9 (11,3) ab
Lisier liquide fermenté
50,9 (4,2) bc 46,8 (2,3) b 56,3 (6,9) ab
Rétentat UF 36,8 (7,3) d 21,7 (1,2) e 42,9 (1,3) b
Perméat UF 58,2 (3,3) b 47,7 (2,6) b 53,7 (8,4) ab
Rétentat OI 50,1 (2,8) bc 36,6 (2,0) c 54,6 (7,3) ab
Sulfate d’ammoniumb 77,0 (4,9) a 62,0 (4,7) a n.u.
Engrais minéralc 67,8 (15,5) a 69,9 (4,7) a 63,3 (9,0)
Tableau 2 | Efficacité apparente de l’utilisation de l’azote (EUA) de divers produits fertilisants étudiés lors d’essais en pots et au champ (déviation standard entre parenthèses ; n = 4)
b Kirchmann H. & Witter E., 1992. Treatment of solid animal manures: Identification of low NH3 emission practices. Nutrient Cycling in Agroecosystems 52, 65 – 71.
b Muñoz G. R., Kelling K. A., Powell M. J. & Speth P. E., 2004. Comparison of estimates of first-year dairy manure nitrogen availability or recovery using nitrogen-15 and other techniques. Journal of Environmental Quality 33, 719 – 727.
b Pötsch E. M., Pfundtner E., Resch R. & Much P., 2004. Stoffliche Zusam-mensetzung und Ausbringungseigenschaften von Gärrückständen aus Biogasanlagen. In: Biogasproduktion – alternative Biomassenutzung und Energiegewinnung in der Landwirtschaft, 10. Alpenländisches Experten-forum, Irdning, Österreich.
a Résultats du site de Zürich-Affoltern seulement, car il n’existe pas de différence signifi-cative entre les deux sites et pas d’interaction site x fertilisants dans les deux sites.
b obtenu par stripage d’ammoniac.c nitrate d’ammonium.n.e. non examiné.
Les moyennes comportant différentes lettres dans une colonne présentent des dif-férences significatives selon le test de comparaison multiple de Tukey (P ≤ 0,05).
Remerciements
Les auteurs remercient l’OFAG ainsi que les cantons d’Argovie, d’Appenzell Rho-
des-Extérieures et de Schaffhouse pour leur soutien financier.
383
Traitements pour améliorer l’efficacité de l’azote du lisier | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 378–383, 2010
Migliorare l’efficacia dell'azoto del liquame
attraverso la sua lavorazione
Le emissioni atmosferiche di azoto degli
ecosistemi agricoli sono aumentate nell'ultimo
decennio, a seguito dell'intensificazione della
produzione agricola. L'agricoltura è la princi-
pale fonte di emissioni di composti azotati
quali ammoniaca, nitrati e protossido d'azoto
che possono avere un impatto negativo
sull'ambiente. Nella maggior parte dei paesi
industrializzati l’utilizzo efficace dell’azoto
contenuto nei concimi e la riduzione delle
emissioni dannose per l'ambiente sono
dunque dei problemi urgenti da trattare. Le
nuove tecnologie per la lavorazione dei
concimi aziendali, quali ad esempio la fermen-
tazione anaerobica del liquame, in combina-
zione con l'ultrafiltrazione e l'osmosi inversa,
possono rappresentare una soluzione allet-
tante per l'agricoltura, in quanto potenzial-
mente in grado di ottimizzare l'impiego delle
sostanze nutritive, ridurre i volumi di liquame
da trasportare e generare energia rinnovabile.
Nel presente studio sono state analizzate le
proprietà di liquame fermentato e concimi
ottenuti mediante membrane di ultrafiltra-
zione e osmosi inversa nonché la rispettiva
efficienza apparente dell'azoto in base al
metodo differenziale in prova in contenitori e
sul campo. Attraverso la lavorazione del
liquame il tenore in azoto ammoniacale dei
concimi ottenuti aumenta, così come la
quantità di azoto nel liquame disponibile per
le piante. Siccome vi è pure un aumento del pH
durante la lavorazione il rischio di perdite di
azoto allo stato gassoso durante lo stoccaggio
e lo spandimento segue la medesima ten-
denza. Le nuove tecnologie di lavorazione, se
combinate con tecniche di spandimento a
basso carico di emissioni, possono migliorare
la gestione dell'azoto del liquame e ridurne le
emissioni nell'ambiente.
Improving Nitrogen Efficiency via Slurry
Treatment
Over the last few decades, intensified agricul-
tural production has greatly increased fluxes
of nitrogen (N) between different compart-
ments of the biosphere, and more specifically,
emissions of N compounds from agroecosys-
tems. Agriculture is one of the main emitters
of N compounds (e.g. ammonia, nitrate,
nitrous oxide) with negative impacts on the
environment like greenhouse-gas emissions
and contamination of surface and ground
water. Greater efficiency in N-fertiliser use and
the reduction of environmentally harmful N
losses are therefore still urgent matters of
concern for most industrial countries. New
technologies such as anaerobic fermentation
(AF) of slurry combined with subsequent
ultrafiltration (UF) and reverse osmosis (RO)
can be attractive options for agriculture,
potentially enabling to optimise nutrient
management, reduce volumes of transported
slurry, and generate renewable energy. In this
study, anaerobically fermented pig slurry and
fertilizer products from the subsequent
mechanical separation (UF and RO) were
characterised and their apparent N-use
efficiency determined in pot and field experi-
ments by means of the difference method.
Treatment of pig slurry with AF, UF and RO
increased the ammonium N concentration,
which improved plant N availability. Since the
pH value also increases in parallel during
treatment, the risk of gaseous losses during
storage and application also rises. Neverthe-
less, new slurry-treatment technologies
coupled with low-emission application
techniques (e. g. spreader with trailed hoses)
can potentially both increase the N efficiency
of slurry and reduce N emissions to the
environment.
Key words: anaerobic fermentation, nitrogen
use efficiency, pig slurry, reverse osmosis,
ultrafiltration.
384 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 384–391, 2010
Les risques de pertes en éléments fertilisants sous un pâturage ont été évalués en lysimètres : différentes quantités de bouses et de pissats y ont été déposées.
I n t r o d u c t i o n
Sur un pâturage exploité intensivement, les vaches
déposent en moyenne une à deux bouses ou pissats par
m² au cours d’une saison de pâture. Comment les
quantités importantes d’éléments fertilisants contenus
dans ces déjections sont-elles valorisées par les plantes?
Différentes études ont montré que les déjections
bovines avaient des effets sur la production d’herbe, mais
aussi sur les pertes en éléments fertilisants (Decau et al.
2004; Smith et al. 2002; Stout et al. 1997; Cuttle et Bourne
1993). Afin de préciser ces effets dans nos conditions, un
essai a été mis en place dans des lysimètres à Changins. Dans
un premier article, Troxler et al. (2008) ont décrit l’effet des
déjections bovines sur la croissance et la teneur en éléments
fertilisants d’un gazon de graminées. L’application de pis-
sats a conduit à une nette augmentation du rendement en
matière sèche. Les bouses ont eu un effet beaucoup moins
marqué, plus tardif et plus durable que les pissats.
Le but de ce deuxième article est de caractériser l’ef-
fet des bouses et des pissats sur les pertes en éléments
fertilisants par lixiviation et d’en déduire des recomman-
dations pratiques pour minimiser les risques de pertes et
d’atteintes à l’environnement.
Jakob Troxler, Jean-Pierre Ryser, Jean-Paul Pittet, Hélène Jaccard et Bernard Jeangros,
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1
Renseignements: Bernard Jeangros, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 38
Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Phot
o A
CW
Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées | Production végétale
385
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 384–391, 2010
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
L’essai a été réalisé à Changins de 1997 à 2000 dans 19
lysimètres remplis d’un sol prélevé sur le domaine de
Changins (pH: 8,1, matière organique: 1,4 %, argile:
27 %; Troxler et al. 2008). Le gazon était composé de
95 % de ray-grass anglais (Lolium perenne, var. Arion) et
de 5 % de pâturin des prés (Poa pratensis, var. Monopoly).
L’essai comprenait dix procédés (tabl. 1). Le témoin sans
déjection et les huit procédés avec déjections ont été
répétés dans deux lysimètres, mais pas le procédé «Sol
nu» sans végétation ni apport. Les huit procédés avec
déjections ont été obtenus en combinant deux types de
déjections (bouses ou pissats, tabl. 2), deux époques
d’application (uniquement en automne ou au printemps
et en automne) et une application simple (1 bouse de
2 kg ou 1 pissat de 2 l) ou double (2 bouses ou 2 pissats).
Les bouses et les pissats ont été appliqués en 1997 et
1998 et les arrière-effets mesurés jusqu’à fin 2000. Une
fertilisation minérale identique (6 × 20 kg/ha N, 16 kg/ha
P, 27 kg/ha K et 20 kg/ha Mg) a été appliquée de 1997
à 2000 dans tous les procédés, sauf dans le procédé
«Sol nu». Pour simuler la pâture, les graminées ont été
fauchées toutes les 4 semaines (8 coupes/an). Les
quantités d’eau de drainage et ses teneurs en éléments
fertilisants totaux (N, P, K et Mg) ont été régulièrement
mesurées selon les méthodes du laboratoire Sol-Conseil
à Nyon. Au total, 22 séquences ont été analysées dès
l’application des premières déjections (15.05.97) jusqu’à
décembre 2000 (15.12.00).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Pertes en azote
Les pertes en azote total par lixiviation mesurées de 1997
à 2000 varient beaucoup d’un procédé à l’autre (fig. 1).
Nettement inférieures à 100 kg/ha en l’absence de
déjection (témoin) ou avec 1 à 2 bouses par année
(procédés 1Ba, 2Ba et 2Bpa), elles atteignent près de
500 kg/ha dans le procédé à 4 pissats par année (4Ppa).
Les pertes en azote sont en moyenne 3 fois plus élevées
dans les procédés avec pissats que dans ceux avec bouses,
les pertes les plus importantes étant enregistrées dans
les procédés avec 2 pissats en automne (2Pa et 4Ppa).
Deux pissats répartis au printemps et en automne (2Ppa)
engendrent moins de pertes que deux pissats en
automne (2Pa). Cela s’explique en bonne partie par une
meilleure croissance du gazon et des prélèvements plus
importants d’azote dans le procédé 2Ppa (tabl. 1).
Diverses études confirment que plus la date d’appli-
cation d’urine est tardive, plus la quantité d’azote
retrouvé dans le sol est grande (Cuttle et Bourne 1993;
Des bouses et des pissats de bovins ont été
appliqués pendant deux ans, à deux époques
de l’année et en quantité simple ou double,
sur un gazon de graminées cultivé en
lysimètres afin d’évaluer les pertes en
éléments fertilisants par lixiviation. Les
pertes en azote total ont varié de 18 à 226
kg/ha/an. Inférieures à 50 kg/ha/an dans les
procédés sans déjection ou avec bouses, elles
dépassaient nettement 100 kg/ha/an dans les
procédés avec 2 pissats par m² en automne.
Les pertes en phosphore total ont été
négligeables, toujours inférieures à 1 kg/ha/
an. Malgré un bilan apparent (apports –
exportation par les huit récoltes annuelles)
très variable selon le procédé, les pertes en
potassium total n’ont guère été influencées
par les déjections. Très souvent proches de 30
kg/ha/an, elles ont atteint 49 kg/ha/an dans
le procédé avec le bilan K le plus
excédentaire (+716 kg/ha/an avec 4 pissats
par année). Les pertes en magnésium total
s’élevaient en moyenne à 70 kg/ha/an.
Toujours supérieures au bilan, elles ont été
peu influencées par les déjections. Pour
limiter les risques de pertes au pâturage,
surtout en azote, une répartition homogène
des déjections doit être favorisée par une
disposition et un nombre de parcs adaptés,
une courte durée de séjour par parc et un
rythme de pâture régulier durant toute la
saison. En automne, la pâture intégrale
devrait être évitée.
Production végétale | Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées
386 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 384–391, 2010
Stout et al. 1997). Si la végétation n’absorbe pas cet
azote, les risques de lixiviation augmentent considéra-
blement. Vertes et al. (1997) ont observé un lessivage
d’azote de 48 kg/ha après émission d’un pissat au mois
de mai, contre 127 kg/ha pour le même pissat émis en
septembre.
Une analyse plus fine de la figure 1 montre que la
majorité des différences entre les procédés se sont pro-
duites à la fin du premier hiver (mesure du 27.02.98) et
surtout du deuxième (mesure du 26.03.99). Les pertes
importantes observées en fin d’hiver 1998/99 s’expli-
quent en partie par les fortes précipitations des mois de
février et mars 1999 (200 mm, contre 35 mm pour la
même période en 1998). A partir du 15.04.99, soit 6 mois
après la dernière application de déjections, les pertes en
azote par lixiviation diminuent considérablement et les
différences entre les procédés se stabilisent. Jusqu’au
27.02.98, c’est dans le procédé «Sol nu» que sont appa-
rues les pertes les plus importantes. Ces pertes provien-
nent essentiellement de la minéralisation de la matière
organique puisqu’il n’y a eu aucun apport, ni d’engrais
minéral, ni de déjection.
Procédé Témoin 1Ba 2Ba 2Bpa 4Bpa 1Pa 2Pa 2Ppa 4Ppa Sol nu
Type de déjection – Bouse Bouse Bouse Bouse Pissat Pissat Pissat Pissat –
Application au printemps1 – – – 1 2 – – 1 2 –
Application en automne2 – 1 2 1 2 1 2 1 2 –
Azote (N)
Apport fertilisation minérale 120 120 120 120 120 120 120 120 120 0
Apport déjections3 0 71 142 130 260 144 288 268 536 0
Déposition atmosphérique 25 25 25 25 25 25 25 25 25 25
Exportation par les récoltes3 85 81 105 94 106 111 126 177 235 0
Bilan apparent4 60 135 181 181 299 178 307 236 447 25
Pertes par lixiviation5 18 20 26 26 46 91 144 87 226 147
Phosphore (P)
Apport fertilisation minérale 16 16 16 16 16 16 16 16 16 0
Apport déjections3 0 25 50 42 83 0 0 1 1 0
Exportation par les récoltes3 18 16 21 19 21 20 22 29 33 0
Bilan apparent4 -2 25 45 39 79 -4 -6 -13 -16 0
Pertes par lixiviation6 0,14 0,15 0,30 0,20 0,33 0,21 0,15 0,20 0,18 0,26
Potassium (K)
Apport fertilisation minérale 27 27 27 27 27 27 27 27 27 0
Apport déjections3 0 21 42 48 96 252 504 495 990 0
Exportation par les récoltes3 115 106 125 117 133 143 165 231 301 0
Bilan apparent4 -88 -58 -56 -42 -10 135 365 291 716 0
Pertes par lixiviation6 24 23 33 28 26 30 31 28 49 23
Magnésium (Mg)
Apport fertilisation minérale 20 20 20 20 20 20 20 20 20 0
Apport déjections3 0 18 35 30 60 4 8 6 12 0
Exportation par les récoltes3 10 9 11 10 11 13 13 19 22 0
Bilan apparent4 10 29 44 40 69 12 15 8 10 0
Pertes par lixiviation6 70 68 66 67 70 70 82 76 74 67
Tableau 1 | Quantités annuelles (kg/ha/an) d’azote, de phosphore, de potassium et de magnésium apportées (fertilisation minérale + déjec-tions), exportées par les récoltes et perdues par lixiviation (moyennes de 2 lysimètres, sauf pour le procédé «Sol nu»)
1 Application à mi-mai, 1= application simple, 2 = application double2 Application à mi-septembre, 1= application simple, 2 = application double3 moyenne 1997 – 1998
4 Somme des apports – exportation par les récoltes d’herbe, moyenne 1997 – 19985 (Somme des pertes du 15.05.97 au 15.04.99)/26 (Somme des pertes du 15.05.97 au 17.04.00)/3
Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées | Production végétale
387Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 384–391, 2010
Les quantités d’azote lessivées dans cet essai sont
conformes aux observations de Laurent et al. (2000) et
de Vertes et al. (1994 et 1997). Les pertes plus élevées
provoquées par des pissats que par un apport d’engrais
minéral ou par des déjections sous forme de fèces ont
déjà été décrites (Decau et al. 2004; Stout et al. 1997).
L’urine contient plus d’azote que les bouses (tabl. 2) et
cet azote est surtout présent sous forme uréique. Un pis-
sat génère de fortes concentrations d’azote, largement
supérieures aux capacités d’absorption du couvert végé-
tal et de réorganisation par la voie microbienne (Laurent
et al. 2000). D’autre part, l’urine s’infiltre immédiate-
ment dans le sol où l’urée est hydrolysée et nitrifiée,
devenant ainsi sujette à la lixiviation. A l’opposé, l’azote
des bouses se trouve en grande partie sous forme orga-
nique et doit d’abord être minéralisé avant de s’infiltrer
dans le sol.
En cas de pâture intégrale à basse altitude, on peut
compter en moyenne 1,3 bouses et pissats par m² et par
saison (observations personnelles). Ainsi, les pertes
d’azote par lixiviation sous un pâturage dominé par le
ray-grass anglais et recevant une fumure minérale de
120 kg/ha/an peuvent être estimées à environ 50 kg/ha/
an lorsque la répartition des déjections est régulière.
Dans les zones à forte concentration de pissats, les
pertes peuvent être beaucoup plus importantes. Cette
situation peut être évitée par une bonne conduite de la
pâture: disposition et nombre des parcs adaptés, courte
Le tableau 1 donne le bilan apparent de l’azote
(apports – exportation par les récoltes d’herbe) en
moyenne des années 1997 et 1998. Ce bilan est positif
dans tous les procédés avec un gazon de graminées (de
+60 à +447 kg/ha/an), en partie parce que celui-ci n’a pas
très bien poussé dans les lysimètres (Troxler et al. 2008).
En 1997 et 1998, les pertes annuelles en azote par lixivia-
tion ont varié entre 18 et 226 kg/ha/an. La comparaison
des bilans apparents et des pertes annuelles par lixivia-
tion révèle une très bonne relation si les procédés avec
bouses et ceux avec pissats sont pris séparément (fig. 2).
Chaque kilogramme d’azote contenu dans les déjections
qui n’est pas prélevé par la végétation et exporté par les
récoltes entraîne une augmentation des pertes en azote
de 0,53 kg pour les pissats et de seulement 0,12 kg pour
les bouses.
MS MO Ntot P K Mg
Bouses 112,1 89,5 3,25 1,04 1,21 0,75
Pissats 53,0 22,7 6,70 0,01 12,38 0,15
Tableau 2 | Teneur moyenne en éléments fertilisants (g/kg) des bouses et des pissats appliqués dans les procédés avec déjections en 1997 et 1998 (moyenne de 4 analyses)
mS: matière sèchemo: matière organique
0
100
200
300
400
500
600
Témoin 1Ba 2Ba 2Bpa 4Bpa 1Pa 2Pa 2Ppa 4Ppa Sol nu
Stickstoffv
erluste
(kg/ha)
15.12.0016.11.0025.10.0006.09.0011.07.0017.04.0002.03.0014.10.9916.08.9916.06.9915.04.9926.03.9914.10.9816.09.9816.07.9815.06.9814.04.9827.02.9817.11.9711.09.9714.07.9715.05.97
Pert
es e
n az
ote
(kg/
ha)
Figure 1 | Pertes en azote total par lixiviation du 15.05. 97 au 15.12.00 (22 séquences) pour différents apports de bouses et de pissats (légende des procédés, voir tabl. 1).
Production végétale | Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées
388 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 384–391, 2010
durée de séjour par parc et rythme de pâture régulier
durant toute la saison. Les risques de pertes sous les pis-
sats déposés en automne étant particulièrement élevés,
une pâture intégrale devrait être évitée en fin de saison.
Enfin, une utilisation sous forme de fauche en alter-
nance avec la pâture peut largement contribuer à
réduire les pertes en azote (Laurent et al. 2000).
Pertes en phosphore
Les pertes en phosphore total mesurées dans l’eau de
drainage de 1997 à 2000 sont très faibles, comprises
entre 0,5 à 1,3 kg/ha (fig. 3). Elles sont légèrement plus
marquées dans les procédés avec 2 bouses en automne
(2Ba et 4Bpa). Dans tous les procédés, l’essentiel des
pertes en P s’est produit tardivement, en fin d’hiver
1998/99 (mesure du 26.03.99) et surtout en fin d’hiver
1999/00 (mesure du 2.03.00) marqué par de fortes
précipitations en février (122 mm).
Le bilan apparent annuel du phosphore est légère-
ment négatif dans le témoin sans déjection et dans les
procédés avec pissats (tabl. 1). Il est positif dans les
quatre procédés avec bouses, ces dernières contenant
beaucoup plus de phosphore que les pissats (tabl. 2).
Bien que les pertes annuelles en P par lixiviation soient
très faibles, celles-ci sont partiellement liées au bilan
apparent (R2 = 0,60).
Les faibles pertes en P total observées dans cet essai
confirment les observations de Sinaj et al. (2002). Ces
auteurs ont montré que la plupart des sols avaient un
pouvoir de fixation du P élevé et que, même en cas de
forte concentration de cet élément dans la solution du
sol et d’écoulements préférentiels dans le profil, les
risques de lixiviation étaient faibles.
Pertes en potassium
Les pertes en potassium total mesurées de 1997 à 2000
sont assez importantes (fig. 4). Neuf des dix procédés
révèlent des pertes proches de 100 kg/ha. Seul le procédé
4Ppa se distingue par des pertes plus élevées (174 kg/ha).
Les pertes en K se répartissent assez régulièrement sur
toute la période d’essai et les pics de fin d’hiver ont été
beaucoup moins marqués que pour N et P.
Le bilan apparent annuel du K est négatif pour le
témoin et pour les procédés avec bouses, très largement
positif dans les procédés avec pissats où les apports de
K par les déjections sont très importants (tabl. 1). A
l’exception du procédé 4Ppa, les pertes annuelles par
lixiviation dans les procédés avec pissats ne sont toute-
Bilan apparent de l‘azote (kg/ha/an)
Stickstoffverluste (kg/ha/Jahr)
Pert
es e
n az
ote
(kg/
ha/a
n) R² = 0,97y = 0,53x - 16,4
y = 0,12x + 6,1 R² = 0,88
0
50
100
150
200
250
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Stickstoffverluste (kg/ha/Jahr)
Témoin
Pissats
Bouses
Linear (Pissats)
Linear (Bouses)
Figure 2 | Relation entre le bilan apparent de l’azote et les pertes d’azote par lixiviation (moyenne des années 1997 et 1998; symbole rouge = témoin sans déjection, symboles bleus = procédés avec pissats, symboles verts = procédés avec bouses; trait continu = régression sur le témoin sans déjection et les pro-cédés avec pissats; traitillé = régression sur le témoin sans déjection et les pro-cédés avec bouses).
Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées | Production végétale
389
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 384–391, 2010
Le bilan apparent annuel du Mg est positif dans tous
les procédés, légèrement plus dans les procédés avec
bouses que dans ceux avec pissats (tabl. 1). Les pertes en
Mg par lixiviation dépassent toujours le bilan et ne sem-
blent guère influencées par ce dernier. Dans les procé-
dés avec pissats, les pertes sont 5 à 10 fois plus élevées
que le bilan apparent.
Les pertes en Mg mesurées dans cet essai sont éton-
namment élevées si on se réfère au bilan apparent ainsi
qu’aux quelques valeurs de la littérature. Elles trouvent
probablement leur origine dans les caractéristiques du
sol utilisé dans cet essai et doivent être généralisées avec
prudence.
fois pas plus élevées que dans le témoin et dans les pro-
cédés avec bouses (environ 30 kg/ha/an). Pour autant
que le bilan apparent ne dépasse pas +400 kg/ha/an, les
pertes en K par lixiviation ne semblent donc guère
influencées par les déjections.
Les quantités de K perdues par lixiviation dans notre
essai sont légèrement inférieures à celles observées par
Alfaro et al. (2004) et par Kayser et al. (2007). Ces der-
niers ont observé que les pertes sont favorisées par des
apports importants et tardifs de K, que ce soit sous
forme d’engrais minéral ou d’urine. Nos résultats indi-
quent que le sol utilisé dans notre essai est doté d’un
bon pouvoir de rétention du potassium.
Pertes en magnésiumLes pertes en magnésium observées de 1997 à 2000 sont
élevées, du même ordre de grandeur que celles en azote.
Ces pertes sont assez proches dans tous les procédés, à
peine plus faibles dans le témoin et dans les procédés avec
bouses ou «Sol nu» (comprises entre 237 et 249 kg/ha)
que dans les procédés avec pissats (entre 249 et 285 kg).
Les pertes en Mg les plus importantes ont été obser-
vées à la fin de chaque hiver (mesures des 27.02.98,
26.03.99 et 2.03.00).
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
1.2
1.4
Témoin 1Ba 2Ba 2Bpa 4Bpa 1Pa 2Ppa 2Ppa 4Ppa Sol nu
Phosphorverluste (kg/ha)
15.12.0016.11.0025.10.0006.09.0011.07.0017.04.0002.03.0014.10.9916.08.9916.06.9915.04.9926.03.9914.10.9816.09.9816.07.9815.06.9814.04.9827.02.9817.11.9711.09.9714.07.9715.05.97
Pert
es e
n ph
osph
ore
(kg/
ha)
Figure 3 | Pertes en phosphore total par lixiviation du 15.05. 97 au 15.12.00 (22 séquences) pour différents apports de bouses et de pissats (légende des procédés, voir tabl. 1).
390
Production végétale | Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 384–391, 2010
C o n c l u s i o n s
•• Dans les conditions de notre essai, les pertes annuelles
moyennes par lixiviation ont atteint environ 50 kg N,
30 kg K et 70 kg Mg par ha et par an. Les pertes en
phosphore ont été pratiquement nulles (inférieures à
1 kg/ha/an).
•• Les pissats ont nettement augmenté les risques de lixi-
viation d’azote. Les pertes étaient proportionnelles au
bilan apparent de l’azote (apports – exportation par
les récoltes) et dépassaient 100 kg/ha/an dans les pro-
cédés avec 2 pissats par m² en automne.
•• Les pertes en potassium et en magnésium ont été peu
influencées par les déjections bovines.
•• Les résultats obtenus dans cet essai ne peuvent pas
être généralisés sans tenir compte des caractéristiques
de la végétation, du sol et du climat (précipitations).
•• Pour limiter les risques de pertes par lixiviation au pâ-
turage, des pratiques favorisant une répartition ho-
mogène des déjections sur toute la surface du pâtura-
ge sont toujours recommandées: disposition et
nombre de parcs adaptés, courte durée de séjour
par parc et rythme de pâture régulier durant toute la
saison. En automne, la pâture intégrale devrait être
évitée.
0
25
50
75
100
125
150
175
200
Témoin 1Ba 2Ba 2Bpa 4Bpa 1Pa 2Pa 2Ppa 4Ppa Sol nu
Kaliumverluste (kg/ha)
15.12.0016.11.0025.10.0006.09.0011.07.0017.04.0002.03.0014.10.9916.08.9916.06.9915.04.9926.03.9914.10.9816.09.9816.07.9815.06.9814.04.9827.02.9817.11.9711.09.9714.07.9715.05.97
Pert
es e
n po
tass
ium
(kg/
ha)
Figure 4 | Pertes en potassium total par lixiviation du 15.05. 97 au 15.12.00 (22 séquences) pour diffé-rents apports de bouses et de pissats (légende des procédés, voir tabl. 1).
391
Influence des déjections bovines sur les pertes par lixiviation sous un gazon de graminées | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 384–391, 2010
Influenza delle deiezioni bovine sulle perdite
da lisciviazione sotto un prato di graminacee
Sull’arco di due anni sono state applicate
delle deiezioni bovine di sterco e urina in
2 periodi dell’anno e in quantità semplice
e doppia, su di un prato di graminacee
coltivato in lisimetri, per valutare la perdita
di sostanze nutritive da lisciviazione. Le
perdite di azoto totale da lisciviazione
variavano tra i 18 ed i 226 kg/ha/anno. Nei
processi senza deiezioni o con solo sterco,
le perdite erano inferiori ai 50 kg/ha/anno,
superando invece nettamente i 100 kg/ha/
anno nei processi con 2 apporti d’urina / m²
in autunno. Le perdite totali in fosforo sono
state trascurabili, sempre inferiori a 1 kg/ha/
anno. Nonostante un bilancio apparente
(contributi - esportazioni dagli otto raccolti
annuali) molto variabile a seconda del
procedimento, le perdite totali in potassio
non sono state influenzate dalle deiezioni.
Molto spesso vicine ai 30 kg/ha/anno, hanno
raggiunto i 49 kg/ha/anno nel processo con il
K bilancio più eccedente (+ 716 kg/ha/anno
con 4 apporti d’urina all'anno). Le perdite in
magnesio totale sono pari ad una media di
70 kg/ha/anno. Sempre superiori al bilancio
sono state poco influenzate dalle deiezioni.
Per contenere il rischio di perdite al pascolo,
in particolare in azoto, dovrebbe essere
favorita un’equa distribuzione delle deiezioni
attraverso una disposizione, un numero
adatto di parchi, una breve durata di sosta
per parco e un ritmo di pascolo regolare
durante tutta la stagione. In autunno il
pascolo integrale dovrebbe essere evitato.
Effect of cattle excreta on leaching losses
under a grass sward
Urine and dung of dairy cattle have been applied
for two years at two periods of the year and in
single or double quantity on a grass sward to
assess nutrients losses by leaching. The total
nitrogen losses varied from 18 to 226 kg/ha/year.
Treatments without excreta or with dung applica-
tions led to N losses under 50 kg/ha/year, while
losses exceeded clearly 100 kg/ha/year in the
treatments with 2 urine applications in autumn.
The total phosphorus losses were negligible,
always under 1 kg/ha/year. For potassium, the
apparent balance (input - export by the eight
annual harvests) varied very much depending on
the treatment, but K losses were hardly influ-
enced by cattle excreta. K losses were very often
close to 30 kg/ha/year and reached 49 kg/ha/year
in the treatment with the largest K surplus (+716
kg/ha/year with 4 urine applications per year).
The total magnesium losses averaged 70 kg/ha/
year. They exceeded always the apparent balance
and were little influenced by cattle excreta. To
limit the risk of leaching losses during grazing,
particularly of nitrogen, an even distribution of
cattle excreta should be promoted by an ade-
quate design and number of paddocks, a short
length of stay per paddock and a regular pace
throughout the grazing season. In autumn, full
grazing should be avoided.
Key words: cattle excreta, grass sward, leaching
losses, nitrogen, phosphorus, potassium.
Bibliographie b Alfaro M. A., Jarvis S. C. & Gregory P. J., 2004. Factors affecting potassium leaching in different soils. Soil Use and Management 20, 182 – 189.
b Cuttle S. P. & Bourne P. C., 1993. Uptake and leaching of nitrogen from artificial urine applied to grassland on different dates during the growing season. Plant and soil 150, 77 – 86.
b Decau M. L., Simon J. C. & Jacquet A., 2004. Nitrate leaching under grassland as affected by mineral nitrogen fertilisation and cattle urine. Journal of Environmental Quality 33, 637 – 644.
b Kayser M., Müller J. & Isselstein J., 2007. Potassium leaching from cut grassland and from urine patches. Soil Use and Management 23, 384 – 392.
b Laurent F., Vertès F., Farruggia A. & Kerveillant P., 2000, Effets de la con-duite de la prairie pâturée sur la lixiviation du nitrate. Propositions pour une maîtrise du risque à la parcelle. Fourrages 164, 397 – 420.
b Sinaj S., Stamm C., Toor G. S., Condron L. M., Hendry T., Di H. J. Cameron K. C. & Frossard E., 2002. Phosphorus exchangeability and leaching losses from two grassland soils. J. Environ. Qual. 31, 319 – 330.
b Smith K. A., Beckwith C. P., Chalmers A. G. & Jackson D. R., 2002. Nitrate
leaching following autumn and winter application of animal manures to grassland. Soil Use and Management 18, 428 – 434.
b Stout W. L., Fales S. A., Muller L. D., Schnabel R. R. & Priddy W. E., 1997. Nitrate Leaching from Cattle Urine and Feces in Northeast USA. Soil Sci. Soc. Am. J. 61, 1787 – 1794.
b Troxler J., Ryser J.-P. & Jeangros B., 2008. Influence des déjections bovines sur un gazon de graminées cultivé en lysimètres. Revue suisse Agric. 40 (6), 259 – 265.
b Vertès F., Simon J. C. & Le Corre L., 1994. Nitrate leaching under pastu-res: study of the soil-plant system in a lysimeter experiment. Grassland and society. Proc. 15th General Meeting of the European Grassland Fede-ration, 466 – 470.
b Vertès F., Simon J. C., Le Corre L. & Decau M. L., 1997. Les flux d’azote au pâturage. II- Etude des flux et de leurs effets sur le lessivage. Fourrages 151, 263 – 280.
392 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 392–395, 2010
La recherche au service d'une production alimentaire économiquement rentable et écologiquement optimale.
Après deux ans et demi d’existence, les programmes de
recherche d’Agroscope lancés en 2008 dégagent tou-
jours plus de résultats au niveau des différents projets.
Parallèlement, les projets incorporés dans les pro-
grammes engendrent leurs premiers produits de syn-
thèse. Outre les activités de recherche en cours, le déve-
loppement des programmes se poursuit en phase avec
le Programme d'activité 2012 – 2013.
Avec les programmes de recherche AgriMontana, Nutri-
Scope et ProfiCrops, Agroscope a défini trois impor-
tantes priorités en matière de recherche pour le dévelop-
pement de l’agriculture suisse. Profi-Lait vient les
compléter pour le domaine de la production laitière. Les
expériences enregistrées jusqu’à présent, de même que
l’intérêt que portent des institutions de recherches
nationales et internationales à cette forme de pro-
Ueli Bütikofer1, Anna Crole-Rees2, Christian Flury3 et Martin Lobsiger1
1Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 3003 Berne;2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil;3Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen
Renseignements: AgriMontana: Christian Flury, e-mail: [email protected], tél. +41 52 368 32 36;
NutriScope: Ueli Bütikofer, e-mail: [email protected], tél. +41 31 323 84 82;
ProfiCrops: Anna Crole-Rees, e-mail: [email protected], tél. +41 44 783 61 58;
Profi-Lait: Martin Lobsiger, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 73 47
Des nouvelles des programmes de recherche d’Agroscope
E c l a i r a g e
Phot
o: A
RT
Des nouvelles des programmes de recherche d’Agroscope | Eclairage
393Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 392–395, 2010
grammes de recherche indiquent en principe que nous
avons choisi la bonne voie. Il existe néanmoins un poten-
tiel d’amélioration: au premier plan, une meilleure mise
en réseau des projets et une plus forte collaboration
entre les projets au sein d’Agroscope. En même temps,
les points forts thématiques doivent être concentrés.
Parallèlement au développement des programmes dans
la perspective du Programme d'activité 2012 – 2013
d’Agroscope, les travaux de recherche se poursuivent
comme prévu. Ce bref rapport présente un aperçu de
résultats et travaux choisis.
A g r i M o n t a n a
Le programme de recherche AgriMontana s’occupe du
développement de l’agriculture de montagne et cherche
des solutions pratiques pour son avenir. La priorité est
donnée par exemple au maintien du paysage ouvert et à
son entretien ou à l’orientation de la production des
exploitations agricoles en région de montagne. Agri-
Montana a présenté ces thèmes à l’occasion de deux
manifestations.
Exploitation minimale: (auc)une stratégie pour le main-
tien des terres ouvertes?
L’abandon croissant de surfaces agricoles utiles et des
pâturages alpestres met en question l’exploitation
future des régions de montagne. La conférence Agri-
Montana «Agriculture de montagne: exploitation mini-
male partie intégrante de la multifonctionnalité» a per-
mis de débattre de différents aspects du maintien des
terres ouvertes. La conférence montre que, pour conser-
ver les prestations multifonctionnelles liées à l’exploita-
tion des surfaces, il faut trouver un cocktail de différents
procédés d’exploitation. Les procédés minimaux, comme
p. ex. le mulchage, sont intéressants en termes de coûts,
mais présentent des inconvénients écologiques. Néan-
moins, il est indispensable de trouver des procédés peu
onéreux et surtout peu exigeants en main-d’œuvre afin
de préserver un paysage rural ouvert et de conserver les
sols cultivables.
La conférence est arrivée à la conclusion que la forêt
continuerait probablement à gagner du terrain. Avec le
changement structurel que connaît l’agriculture et le
recul de la main-d’œuvre agricole qui va de pair, il est
légitime de se demander qui assurera le maintien des
surfaces ouvertes à l’avenir.
Agriculture bio: abandonnée malgré son succès??L’agriculture biologique a pris une importance considé-
rable en Suisse depuis le début des années 90. Depuis
2005, l’évolution structurelle s’est tassée et le nombre
d'exploitations biologiques commence à baisser. L’éva-
luation des données structurelles des exploitations de
montagne présentée dans le cadre de la 5e journée d’in-
formation sur la recherche biologique «Quoi de neuf sur
le bœuf bio» montre que, entre 2005 et 2008, les remises
d’exploitations ou les abandons ne sont plus compensés
par les nouvelles exploitations bio et celles qui passent
des PER à la production bio (fig. 1).
Une enquête de la station de recherche Agroscope Rec-
kenholz-Tänikon ART auprès de plus de 3400 exploita-
tions agricoles montre que ce sont surtout les raisons
économiques, les directives sévères et changeantes et les
problèmes d’approvisionnement en concentrés appro-
priés qui expliquent l’abandon de l’agriculture biolo-
gique. Pour la conversion au bio, des arguments comme
les paiements directs plus élevés, la possibilité d’amélio-
rer le revenu et la perspective de meilleurs prix ont joué
un rôle essentiel. Or, ces attentes liées à l’agriculture bio-
logique semblent souvent ne pas avoir été satisfaites.
D’autres informations sur ces deux thèmes et sur le pro-
gramme de recherche AgriMontana sont disponibles
sous www.agrimontana.admin.ch
N u t r i S c o p e
Dans le programme NutriScope, la recherche porte sur l’en-
semble de la chaîne de valeur ajoutée, de la culture au pro-
duit de consommation, en mettant l’accent sur la sécurité
et l’amélioration de la qualité des denrées alimentaires
suisses. Deux travaux de thèse sélectionnés parmi les nom-
breux travaux de recherche sont brièvement présentés ici.
NutriChip
Depuis cette année, Agroscope coopère avec les Ecoles
polytechniques fédérales de Lausanne et de Zurich, l’uni-
versité de Bâle et le Nestlé Research Center dans le cadre
du projet Nano-Tera (www.nano-tera.ch/projects/403.php).
-77
-112
-70
-63
31
21
54
38
56-178
-200 -175 -150 -125 -100 -75 -50 -25 0 25 50 75 100
2005–2006
2006–2007
2007–2008
Conversion de l’agriculture Bio aux PER Cessation d’exploitation
Nouvelles exploitations Bio Conversion des PER à l’agriculture Bio
Diminution des exploitations Bio au total Augmentation des exploitations Bio au total
Source: dépouillement des données AGIS; Office fédéral de l’agriculture
Figure 1 | Evolution du nombre d’exploitations bio en montagne.
Eclairage | Des nouvelles des programmes de recherche d’Agroscope
394
Figure 2 | Répartition des polyphénols chez différentes variétés de pommes.
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 392–395, 2010
Ce projet a pour objectif le développement d’un système
rapide et efficace destiné à analyser les effets des den-
rées alimentaires, en particulier des produits laitiers (lait,
crème, fromage, yogourt, etc.), sur le système immuni-
taire de l’homme. A cet effet, les chercheurs disposent
d’un processus de digestion des denrées alimentaires in
vitro couplé à un modèle de culture cellulaire pour simu-
ler la résorption gastro-intestinale des composants. Les
composants biodisponibles des denrées alimentaires
sont analysés avec des techniques modernes issues de la
protéomique et de la métabolomique et testés ensuite
quant à leurs effets immunomodulateurs dans les cel-
lules sanguines de personnes en bonne santé et de
patients souffrant d’inflammations chroniques. Parallè-
lement, ce système sera miniaturisé sous la forme d’une
NutriChips.
Polyphénols dans les pommes
Les denrées végétales, en particulier les fruits et les
légumes, contribuent largement à la prévention de
diverses maladies dites de civilisation. Cette action pré-
ventive provient surtout des composants végétaux
secondaires, constitués de milliers de molécules diffé-
rentes, dont le très important groupe des polyphénols.
A l’occasion d’un travail de thèse, des méthodes d’ana-
lyse destinées à quantifier les polyphénols dans les
pommes ont été optimisées. Ces méthodes ont permis
d’analyser l’influence des facteurs de pré-récolte sur la
teneur en polyphénols de diverses variétés de pommes
suisses. La teneur et le profil de polyphénols ont montré
une très grande variabilité dans plus de 80 variétés de
pommes de table et à cidre (fig. 2). L’influence de la
méthode de production – biologique ou intégrée – s’est
révélée faible. Dans les jus de pommes, la teneur en
polyphénols n’était plus que de 25 à 50 %. La teneur en
polyphénols peut être influencée par les conditions
d’entreposage. Le 1-MCP (1-méthylcyclopropène) appli-
qué au début de l’entreposage dans les entrepôts réfri-
gérés inhibe les récepteurs d’éthylène, une hormone
produite naturellement par de nombreux fruits et qui
active leur maturation. Le traitement au 1-MCP permet
de conserver de nombreuses sortes de pommes dans un
état très proche de celui de la récolte (fermeté de la chair,
teneur en acidité). En outre, il semble que ce traitement
influence la concentration en polyphénols.
Beaucoup d’autres publications et exposés intéressants
figurent sur le site www.nutriscope.ch
P r o f i C r o p s
Le but du programme ProfiCrops est de contribuer
à garantir un avenir à la production végétale dans
un contexte économique largement libéralisé. Pour
répondre à ce défi, la recherche, comme les acteurs de
l’ensemble du secteur, doit viser une production nova-
trice et efficiente, le renforcement de la confiance des
consommateurs dans les produits suisses ainsi que des
conditions cadres adéquates. Innovation, Efficience,
Consommateurs et Conditions cadres sont les quatre
0
20
40
60
80
100
120
140
Gala
Empir
e
Jonag
oldMair
ac
Green S
tar
Jonag
ored
Jonag
old va
n der
Poel
Winekis
tTo
paz
Graven
steine
r
Maigold Diw
a
Katzen
grind
ler
Alter E
nglän
der
Redfie
ld
mg/
100
g
0
50
100
150
200
250
300
350
400
Phén
ol to
tal m
g/10
0 g
Quercetin-Rhamnosid
Rutin
Quercetin-Galactosid/GlucosidPhloretin-Xyloglucosid
Phloridzin
p-Coumaroylchinasäure
Chlorogensäure
Procyanidin B2
Procyanidin B1
Epicatechin
Catechin
Folin
Des nouvelles des programmes de recherche d’Agroscope | Eclairage
395Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 392–395, 2010
Optimisation des coûts en production laitière
Lancé l’hiver passé, le projet «Optimisation des coûts en
production laitière» a rencontré un franc succès. Durant
cette opération soutenue par les producteurs suisses de
lait PSL, les organisations laitières régionales, AGRIDEA,
Forum la Vulg Suisse FVS, les offices cantonaux de consul-
tation et Profi-Lait, un instrument de calcul des coûts a
été développé pour Internet et une large campagne
d’information et de vulgarisation a été mise sur pied
pour les producteurs de lait. A travers des manifesta-
tions, des articles spécialisés et des cours de vulgarisation,
les producteurs de lait ont été sensibilisés au problème
des coûts. «Connaître les coûts et les réduire», c’est sous
cette devise que les agriculteurs étaient encouragés à
calculer leurs coûts de production laitière, à les comparer
et à prendre des mesures pour les réduire. Cette cam-
pagne, qui a touché plus de 4000 agriculteurs, a été qua-
lifiée d’exemplaire par tous les participants, dont 420
ont ensuite décidé d’analyser leurs coûts à l’occasion
d’un cours de deux jours.
Le projet «Optimisation des coûts en production laitière»
durera trois ans. Vous trouverez des informations plus
détaillés sous www.swissmilk.ch/calculs-lait.
Avec ce type d’action, Profi-Lait désire rassembler les
forces de ses partenaires pour créer des synergies et exa-
miner ensemble les problèmes importants de la produc-
tion laitière.
UFA SA, nouveau supporter de Profi-Lait
Le groupe d’organisations responsables de Profi-Lait
accueille UFA SA, dans un premier temps pour deux ans.
Ainsi, Profi-Lait est aujourd’hui soutenue financièrement
par les producteurs suisses de lait PSL, l’OFAG, Swissge-
netics et UFA SA. Les autres partenaires de la recherche
et du développement (Agroscope, HESA, EPF), de la vul-
garisation (AGRIDEA, services cantonaux) et les organi-
sations (Union suisse des paysans USP, ASR, ADCF) ali-
mentent le réseau Profi-Lait par leurs prestations
spécifiques. n
modules de recherche interdisciplinaires et inter-sta-
tions de ProfiCrops. Cinq projets intégrés, avec des
thèmes spécifiques, complètent le programme.
Module ConsommateursCoordination: Anna Bozzi et Christine Brugger,
Agroscope Changins-Wädenswill ACW
Pour maintenir la part de la production végétale indi-
gène dans les achats des consommateurs suisses, le sec-
teur doit connaître les préférences des acheteurs et valo-
riser le capital «production de qualité suisse», en général
plus chère que les produits importés. Ce sont les deux
objectifs de ce module.
Les éléments de différenciation des produits sont analy-
sés selon les aspects agronomiques, régionaux, légaux,
analytiques, économiques, écologiques, éco-bilans, etc.
Une «carte» des produits suisses avec leur valeur ajoutée
est visée. Des résultats de recherche obtenus dans le
cadre d’un projet Européen sur les pommes donnent de
précieuses indications1: 92 à 98 % des pommes consom-
mées dans notre pays sont d’origine suisse, alors même
que les prix payés aux producteurs en Suisse dépassent
de 50 % ceux des pays avoisinants. Plus de 90 % de la
production se fait en mode PER. Les exploitations arbori-
coles contribuent au maintien du paysage et au dévelop-
pement rural, sur de petites surfaces et avec des activités
très diversifiées: 92% des exploitations ont moins de 10
hectares de pommes, contre moins de 70 % en Hollande
et en France. Dans leur grande majorité, les producteurs
de pommes ont des exploitations mixtes; 60% sont actifs
en production horticole, végétale et animale. Seules
30 % des exploitations en Suisse sont spécialisées en
arboriculture fruitière alors qu’en Hollande et en Alle-
magne plus de 70 % des producteurs cultivent exclusive-
ment des fruits. Plus de 80 variétés sont produites et
commercialisées en Suisse, dont des anciennes variétés.
P l a t e - f o r m e P r o f i - L a i t
Les organisations et institutions les plus importantes de
la recherche, de la vulgarisation et de la pratique laitière
participent à Profi-Lait. Créé il y a déjà 10 ans, ce projet
favorise la diffusion des connaissances et la collabora-
tion entre les acteurs de la production laitière.
1 Pour plus de renseignements concernant cette recherche ainsi que pour les réfé-rences, s’adresser à esther Bravin, Agroscope AcW changins-Wädenswil.
396
P o r t r a i t
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 396, 2010
Aux journées portes ouvertes d’Agroscope Changins-
Wädenswil, Anna Crole-Rees demandait au public:
«Pourra-t-on bientôt faire pousser des mangues en
Suisse?». Cette question trahit bien la passion qu’elle
porte à ce fruit – de même qu’au changement et au
développement que cette Suissesse d’origine anglaise
cherche à promouvoir autour d’elle. Son rêve de jeu-
nesse était de travailler pour un monde où les enfants ne
souffriraient plus de la faim. Ce rêve l’a guidée pendant
ses études d’agronomie à l’EPF Zurich. «Je voulais aller
en Afrique. Pas pour y amener de la nourriture, mais
pour aider les gens à avancer», précise Anna Crole-Rees,
qui a grandi au nord de l’Allemagne et en Suisse
romande et a toujours pris soin d’adapter la transmis-
sion de son savoir à la situation rencontrée. Elle ajoute,
avec conviction: «Nous nous sommes développés, pour-
quoi les Africains n’auraient-ils pas la possibilité de le
faire, à leur manière?»
Active sur quatre des cinq continents
Après ses études, Anna Crole-Rees s’est immédiatement
proposée pour un poste en République du Niger. Mais le
continent africain où l’on cultive effectivement la man-
gue, originaire de l’Inde, n’a pas voulu ouvrir ses portes à
cette jeune fille débordante d’énergie. Son rêve a failli
partir en fumée, se rappelle-t-elle: «Pour une femme, il
était difficile d’obtenir une autorisation de travail en
zone rurale africaine, au milieu des années 80». Après
quatre ans de pratique dans la vulgarisation agricole
dans le canton de Vaud, une année d’études en Angle-
terre et un travail de doctorat à l’EPF Zurich, sa ténacité
est récompensée et elle est mandatée comme consul-
tante internationale indépendante en agriculture par
l’ONU et plus d’une vingtaine d’institutions dans le
domaine de la collaboration économique et du dévelop-
pement. Ses mandats la conduisent notamment au Mali,
au Burkina Faso, au Mozambique, au Bénin et en Côte-
d’Ivoire. Des pays d’Asie centrale, d’Amérique et d’Eu-
rope viendront ensuite s’y ajouter. Anna Crole-Rees a
voyagé en tout dans quarante pays, dont la moitié dans
le cadre de son travail. Elle a également travaillé dans la
mangue, au Burkina Faso, au Mali et en Afrique du Sud.
Mais c’est sur d’autres fruits, les légumes, les céréales ou
encore le coton qu’elle s’est focalisée. Une des plus belles
réussites de ses activités de consultante a été d’amener le
ministère du commerce d’un pays d’Asie centrale à chan-
ger sa stratégie d’exportation de fruits et de légumes.
Mission: avenir de la production végétale suisse
«Chaque jour devrait être différent du précédent. C’est
pourquoi j’aime tant voyager», relève Anna Crole-Rees.
Son nouveau défi, elle l’a finalement trouvé pratique-
ment sous son nez – à Agroscope. Au sein du programme
de recherche interdisciplinaire ProfiCrops, elle est char-
gée d’assurer l’avenir de la production végétale helvé-
tique au sein d’un marché largement libéralisé – une
mission sur mesure pour elle dont le credo est le change-
ment et le développement, qui aime voyager et travailler
avec les gens. En tant que cheffe de ProfiCrops, elle
entend tisser des contacts avec les agriculteurs, les cher-
cheurs et les consommateurs dans toute la Suisse afin de
les aider à relever les défis du 21e siècle. Anna Crole-Rees
y voit un parallèle avec ses missions à l’étranger. «Les
contacts personnels sont importants pour moi, dans
chaque pays, car des changements ne peuvent s’amorcer
que si l’on arrive à convaincre les gens». Et seuls les cher-
cheurs convaincus sont prêts à discuter leurs résultats
dans le contexte d’une agriculture compétitive et écolo-
gique. Et, qui sait, peut-être étudiera-t-on bientôt la
possibilité de cultiver la mangue au Tessin..?
Carole Enz, Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil
Une agronome passionnée de mangues et de voyages
Anna Crole-Rees, cheffe du programme ProfiCrops, s’engage pour l’avenir de la production végétale helvétique.
397
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 397–399, 2010
Rapport ART 724
Après une synthèse ap -
profondie de la littéra-
ture, ART a testé l’effet
de différentes faucheuses
et des étapes du proces-
sus d’exploitation des
prairies sur les orthop-
tères, les chenilles et des
leurres en cire.
L’étude sert de base à l’exploitation mécanique des
prairies «protégées» et des surfaces de compensation
écologique dans le respect de la faune qu’elles abritent.
Les expériences ont permis de classer les différentes
techniques de fauche par ordre décroissant, quant à leur
impact négatif: faucheuse rotative avec conditionneur >
faucheuse à deux essieux équipée d’une rotative > fau-
cheuse rotative sans conditionneur ou tracteur avec
barre de coupe > motofaucheuse. Les roues du tracteur
participent significativement à l’impact négatif des
machines. Le fanage et l’andainage du foin qui suivent
ainsi que le bottelage et le chargement entraînent cha-
cun des taux de mortalité aussi élevés que la fauche. Ces
étapes de la récolte, effectuées avec un tracteur après la
fauche, peuvent presque annuler les dégâts limités de
la fauche réalisée à l’aide d’une motofaucheuse. Sur
l’ensemble de la récolte, l’emploi d’un conditionneur
conduit aux taux de mortalité les plus élevés.
Dans l’ensemble, peu d’animaux survivent aux tech-
niques de récolte habituellement employées aujourd’hui.
ART a étudié si les orthoptères pouvaient se réfugier
dans des zones non fauchées pendant la récolte. Les
résultats ont montré que, dans de tels refuges, la densité
d’orthoptères était deux à trois fois plus élevée à la fin
de la récolte qu’au début. Il est donc recommandé de
préserver des zones non fauchées pour faciliter la survie
de la faune habitant les prairies. D’autres recommanda-
tions sont données pour préserver la faune lors de la
récolte de l’herbe.
Jean-Yves Humbert, Nina Richner, Joachim Sauter et Thomas Walter,
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Ghazoul Jaboury, EPF Zurich
Rapport ART 725
Les arbres disparaissent à vue d’oeil du paysage suisse.
L’agroforesterie peut combattre cette tendance en plan-
tant des arbres sur les surfaces qui servent aussi aux
cultures agricoles annuelles destinées à la production de
denrées alimentaires, d’aliments pour animaux ou à la
pâture.
Que signifie le terme d’agroforesterie? D’une part,
il recouvre des systèmes connus comme les vergers tradi-
tionnels d’arbres à haute-tige ou les pâturages boisés, à
terme menacés de disparition. D’autre part, il englobe
également des systèmes modernes comme la produc-
tion de bois d’oeuvre dans les prairies ou sur les parcelles
cultivées (fig. 1). Ce rapport présente différents sys-
tèmes d’agroforesterie moderne adaptés aux conditions
suisses. Leur productivité et leur rentabilité sont compa-
rées à celles des monocultures. Les calculs montrent que
les systèmes agroforestiers sont plus productifs que les
monocultures et pourraient s’avérer intéressants sur le
plan économique s’ils sont subventionnés.
Alexandra Kaeser, Firesenai Sereke, Dunja Dux et Felix Herzog,
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Impressum
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Auteurs
Humbert Jean-Yves, Richner Nina, Sauter Joachim et Walter Thomas, ART
Ghazoul Jaboury, ETH Zürich
Rapport ART 724
Effets sur la faune des processus de récolte des prairies
Août 2010
Fig. 1: Efficacité des zonesnon fauchées dans le rôle de refuges pour les orthoptères. Démonstration sur le terrain pour la CI Nature et Agriculture, canton d’Argovie (4.7.2009; Photos: Jean-Yves Humbert, ART).
Après une synthèse approfondie de la lit-térature, ART a testé l’effet de différentes faucheuses et des étapes du processus d’exploitation des prairies sur les orthop-tères, les chenilles et des leurres en cire. L’étude sert de base à l’exploitation méca-nique des prairies «protégées» et des «sur-faces de compensation écologique» dans le respect de la faune qu’elles abritent. Les expériences ont permis de classer les différentes techniques de fauche par or-dre décroissant, quant à leur impact néga-tif: faucheuse rotative avec conditionneur > faucheuse à deux essieux équipée d’une rotative > faucheuse rotative sans condi-tionneur ou tracteur avec barre de coupe > motofaucheuse. Les roues du tracteur par-ticipent significativement à l’impact néga-tif des machines. Le fanage et l’andainage du foin qui suivent ainsi que le bottelage/le chargement entraînent chacun des taux de mortalité aussi élevés que la fauche.
Ces étapes de la récolte, effectuées avec un tracteur après la fauche, peuvent pres-que annuler les dégâts limités de la fau-che réalisée à l’aide d’une motofaucheuse. Sur l’ensemble de la récolte, l’emploi d’un conditionneur est responsable des taux de mortalité les plus élevés.
Dans l’ensemble, peu de petits animaux survivent aux techniques de récolte gé-néralement employées aujourd’hui. C’est pourquoi ART a étudié si les orthoptères pouvaient se réfugier dans des zones non fauchées pendant la récolte. Dans de tels refuges, la densité d’orthoptères était deux à trois fois plus élevée à la fin de la récolte qu’au début. Il est donc recommandé de préserver des zones non fauchées pour faciliter la survie de la faune habitant les prairies (fig. 1). D’autres recommandations pour une récolte de l’herbe respectueuse de la faune sont également explicitées.
Rapport ART 725
Agroforesterie moderne en Suisse
Vergers novateurs: productivité et rentabilité
Auteurs
Alexandra Kaeser, Firesenai Sereke, Dunja Dux, Felix Herzog, [email protected]
Impressum
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7568
Juillet 2010
Fig. 1: Production de bois d’œuvre avec des merisiers dans un champ de céréales en France (F. Liagre, France).
Les arbres disparaissent à vue d’œil du paysage suisse. L’agroforesterie peut com-battre cette tendance puisqu’elle consiste à planter des arbres sur les surfaces qui servent aussi aux cultures agricoles an- nuelles destinées à la production de den-rées alimentaires, d’aliments pour animaux ou à la pâture.Que signifie le terme d’agroforesterie? D’une part, il recouvre des systèmes connus comme les vergers traditionnels d’arbres à haute tige ou les pâturages boisés qui cou-rent de plus en plus le risque de disparaî-tre. D’autre part, il englobe également des
systèmes modernes comme la production de bois d’œuvre dans les prairies ou sur les parcelles cultivées (cf. fig. 1).
Le présent rapport décrit différents systè-mes d’agroforesterie moderne qui entrent en ligne de compte pour la Suisse. Leur productivité et leur rentabilité sont com-parées à celles des monocultures. Les calculs montrent que les systèmes agrofo-restiers sont plus productifs que les mono-cultures et qu’ils peuvent aussi être inté-ressants sur le plan économique dans la mesure où ils sont subventionnés.
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Effets sur la faune des processus de récolte des prairies
Agroforesterie moderne en SuisseVergers novateurs:
productivité et rentabilité
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
Actualités
398
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 397–399, 2010
22.09.2010 / ARTLe réseau des champignons Zurich a été déclarée capitale des champignons en Suisse.
Aujourd’hui, la première collection nationale de champi-
gnons à mycorhizes arbusculaires souterrains a ouvert
ses portes à la périphérie de la ville. Les filaments mycé-
liens relient les éléments de la vie sur terre. En effet, ils
fournissent aux arbres, aux graminées et aux plantes les
éléments nutritifs essentiels. Etant donné leur impor-
tance énorme pour les écosystèmes, la station de
recherche agricole Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
a ouvert aujourd'hui les portes de la première collection
nationale de champignons à mycorhizes arbusculaires.
19.09.2010 / HNS Equus helveticus – deuxième édition réussie pour un festival du cheval suisse Durant quatre jours, du 16 au 19 septembre 2010, le fes-
tival Equus helveticus a attiré 20 000 personnes à
Avenches et a remporté un grand succès. Familles, cava-
liers, meneurs et éleveurs venus de toute la Suisse et de
l’étranger ont pu admirer plus de 1000 chevaux. Entre
épreuves d’élevage et sportives, courses, jeux et stands
didactiques, Equus helveticus aura été la fête de tous les
superlatifs.
16.09.2010 / ART Sur les traces de l’ammoniac dans les étables Les stabulations libres sont des sources importantes
d’émissions d’ammoniac. Des mesures montrent que les
émissions d’ammoniac sont particulièrement élevées
durant l’été. Les vaches produisent une grande quantité
d'excréments et d'urine qui restent souvent pendant
plusieurs heures sur le sol des aires d'exercice et émet-
tent de l’ammoniac. L'agriculture perd ainsi une grosse
quantité d'engrais azotés précieux qui se volatilisent lit-
téralement dans l'air. L'ammoniac présent dans l'atmos-
phère retombe ensuite sur terre avec la pluie et dérègle
les écosystèmes sensibles en leur apportant de l'azote.
13.09.2010 / ACW Agroscope ACW évalue 120 variétés d’abricot récoltées entre juin et septembre ! Du 6 au 8 août 2010, la Fête de l’abricot à Saxon a rassem-
blé des milliers de personnes. Dans ce cadre, une Jour-
née d’information a été organisée conjointement par
l’Office cantonal d’arboriculture du Valais et la Station
de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW. Lors
de ces conférences, parmi les nombreux sujets d’actua-
lité abordés, de nombreuses variétés d’abricots ont pu
être présentées. Agroscope ACW évalue actuellement
sur son site de Conthey 120 variétés d’abricots, qui se
récoltent du 15 juin à fin septembre.
09.09.2010 / ART Puce d’identification à l’oreille Les marques auriculaires électroniques pourraient assu-
rer à l’avenir une traçabilité de la vie des porcs, de la
naissance à l’abattage. La technologie utilisée doit
encore être perfectionnée.
31.08.2010 / ART Les revenus agricoles baissent en 2009 En 2009, la situation économique des exploitations agri-
coles a été moins bonne qu’en 2008. Le revenu agricole
par exploitation et le revenu du travail par unité de
main-d’œuvre familiale ont baissé, comme le montrent
les résultats définitifs du Dépouillement centralisé des
données comptables de la station de recherche Agros-
cope Reckenholz-Tänikon ART. En 2009, le revenu agri-
cole a atteint 60 300 francs par exploitation contre
64 100 francs l’année précédente (-6,0 %). Le revenu du
travail moyen par unité de main-d’œuvre familiale a
baissé de 1,3 % par rapport à 2008 (passant de 41 700
francs à 41 200 francs).
www.agroscope.admin.ch/communiques
L i e n s I n t e r n e t
Actualités
399
Géoportail de la Confédération
www.geo.admin.ch
geo.admin.ch est la plate-forme dédiée aux informa-
tions, aux données et aux services géolocalisés de l’admi-
nistration fédérale. Ceux-ci sont mis à disposition par des
organes officiels et accessibles à tous par Internet sur
geo.admin.ch. Les données d’une région peuvent être
obtenues sous forme de coodonnées, de noms de lieux,
d’adresses postales et d’autres critères. Le géoportail de
la Confédération est gratuit.
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
Novembre 2010
24.11.2010Ökobilanzen in der Landwirtschaft, ein Wegweiser zur Nachhaltigkeit – Abschlusstagung Projekt ZA-ÖBAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Reckenholz
25. – 29.11.2010Agroscope à l’AGRAMA«Analytique pour une agriculture saine»Stations de recherches Agroscope ACW, ALP et ART Berne
29.11. – 03.12.2010WinterbesuchswocheAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Reckenholz
Décembre 2010
02.12.2010Bioforschungs-InfotagAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Yverdon
09.12.2010Bioforschungs-InfotagAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Arenenberg
09.12.2010Aktuelles aus der AromaforschungAgroscope Liebefeld-Posieux ALP Liebefeld
Janvier 2011
13. – 16.01.2011Agroscope à Swiss'Expo 2011Stations de recherches Agroscope ACW, ALP et ART Lausanne
M a n i f e s t a t i o n s
Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 397–399, 2010
Novembre – Décembre 2010 / Numéro 11 – 12
•• Production de microtubercules de pomme de terre
in vitro, C. L. Lê et D. Thomas ACW
•• Cicatrisation de la tranche carrée en viande bovine:
une cause de ce défaut de qualité mise en évidence,
P.-A. Dufey et V. Gremaud ALP
•• Pratiques phytosanitaires dans un réseau
d’exploitations de grandes cultures de 1992 à 2004,
J. Dugon et al. Agridea et ACW
•• Coefficients du produit standard pour l’agriculture
suisse, D. Schürch et D. Schmid ART
•• Ajustement des normes de fumure azotée en
grandes cultures, W. Richner ART
•• Guerre chimique entre champignons: un arsenal de
molécules bioactives, S. Schürch et al. ACW
•• Détection automatique des chaleurs chez les bovins,
S. Kohler et al. HESA
•• Liste suisse des variétés de pommes de terre 2011,
R. Schwärzel et al. ACW et ART
Le laboratoire de biotechno-logie d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW conserve, régénère et multiplie in vitro un grand nombre de plantes cultivées. (Photo: CRAFFT Kommunikation AG)
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
Mittwoch, 24. November 2010
Ökobilanzierung landwirtschaftlicher BetriebeAbschlusstagung des Projekts Zentrale Auswertung von Ökobilanzenlandwirtschaftlicher Betriebe
Worum geht es?Die Schweizer Landwirtschaft unternimmt seit 15 Jah-ren wichtige Anstrengungen, um die Produktion bes-ser mit der Umwelt in Einklang zu bringen. WeitereFortschritte erfordern eine verstärkte individuelleGestaltung der einzelbetrieblichen Massnahmen. Es istsomit zentral, dass der Landwirt eine Rückmeldungüber die Umweltwirkung seines Betriebes erhält undsie im Gesamtkontext einordnen kann.Das vom BLW und ART getragene, mehrjährige Pro-jekt «Zentrale Auswertung von Ökobilanzen landwirt-schaftlicher Betriebe» (ZA-ÖB) hat die Umweltwirkungvon rund 100 Schweizer Landwirtschaftsbetrieben er-mittelt und sie zusammen mit der wirtschaftlichenLeistung ausgewertet. Dabei wurde der Einfluss zahl-reicher Faktoren wie Betriebstyp, Produktkategorieund -menge, Landbauform, Region, Dünger, Energie-träger oder Pestizide untersucht. Die daraus gewonne-nen Ergebnisse dienen sowohl den teilnehmendenLandwirten (individuelle Rückmeldung), als auch derÖffentlichkeit.
Anmeldung / Detailprogramm und AuskunftAnmeldungen bis zum 31. Oktober 2010.Detailprogramm unter www.agroscope.ch >Veranstaltungen
Themen• Wie erfolgt eine betriebliche Ökobilanzierung?• Was sind die ökologischen Auswirkungen der unter-suchten Betriebe?
• Welches sind die bestimmenden Faktoren für ein-zelne Produkte und Betriebstypen?
• Wie kann der Landwirt die Ökobilanzergebnisse inseinem Management integrieren?
• Gibt es einen Zusammenhang zwischen wirtschaftlicher und ökologischer Leistung?
•Welche Schlussfolgerungen lassen sich für die Schwei-zer Landwirtschaft ziehen?
ZielpublikumEntscheidungsträger aus Verwaltung und Privatwirt-schaft, Akteure aus der Wissenschaft und der land-wirtschaftlichen Beratung, interessierte Landwirte.
Ort und ZeitForschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTVortragssaalReckenholzstrasse 191, CH-8046 ZürichMittwoch, 24. November 2010, 9.00 bis 16.45 Uhr
www.agroscope.ch
ins_oekobilanz_d_A4.indd 1 31.08.2010 17:14:56