^edcaÇtio&c & zadmimilstrzatlomi - bm lyon

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' \^\-l/\l\^Ul\^ ^illlIV^. M ^aiii^ui i A nuvviiiL'iv- vwi Directeur 1 : FRANÇOIS COLLET ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi ». 8, RUE MULET. LYON 'Bureaux de Vente, 51, %ue Tupin SOMMAIRE DU 5 3 SAINT LÉONARD FRANÇOIS COLLET. LE « MONDE LYONNAIS » AUX PREMIE- RES , . CARLOS. AMOUR ET BLEUET, POÉSIE , RousTOtmiauB. A LA FACULTÉ DE MEDECINE D' Pic.1 CAUSERIE PARISIENNE. PAUL VIGNET. LES INDISCRÉTIONS DU BONHOMME POURQUOI LE EONHOMMB POURQUOI. NOS ILLUSTRATIONS. NÉCROLOGIE LYON- NAISE DE 1881. . STRAPONTIN". A M" EDOUARD LENOIR, SONNET . . . . EDWARD SANSOT. REVUE DES THÉÂTRES , . . OCTAVE D'HAULT-RÉMY. PHILINTË EAU DORMANTE (suite)' E. MEUNIER. CLUBS ET SOCIÉTÉS SAVANTES .... ARGUS. PROBLÈMES ET JEUX D'ESPRIT .... E. MEUNIER. ILLUSTRATIONS Portraits de M. APOLLINAIRE SICARD, par M. NICOLAS SICARD; de M. le docteur JULES GARIN, par JOB ; et de M. PHILIPPE FABISCH, par M. JO- SEPH FABISCH.

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Page 1: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

' \^\-l/\l\^Ul\^ ^illlIV^. M ^aiii^ui i A nuvviiiL'iv- vwi

Directeur 1: FRANÇOIS COLLET

^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi ».

8, RUE MULET. LYON

'Bureaux de Vente, 51, %ue Tupin

SOMMAIRE DU N° 5 3

SAINT LÉONARD FRANÇOIS COLLET.

LE « MONDE LYONNAIS » AUX PREMIE-

RES , . CARLOS.

AMOUR ET BLEUET, POÉSIE , RousTOtmiauB.

A LA FACULTÉ DE MEDECINE D' Pic.1

CAUSERIE PARISIENNE. PAUL VIGNET.

LES INDISCRÉTIONS DU BONHOMME

POURQUOI LE EONHOMMB POURQUOI.

NOS ILLUSTRATIONS. NÉCROLOGIE LYON-

NAISE DE 1881. . STRAPONTIN".

A M" EDOUARD LENOIR, SONNET . . . . EDWARD SANSOT.

REVUE DES THÉÂTRES , . . OCTAVE D'HAULT-RÉMY. PHILINTË

EAU DORMANTE (suite)' E. MEUNIER.

CLUBS ET SOCIÉTÉS SAVANTES .... ARGUS.

PROBLÈMES ET JEUX D'ESPRIT .... E. MEUNIER.

ILLUSTRATIONSPortraits de M. APOLLINAIRE SICARD, par M. NICOLAS SICARD; de M. le

docteur JULES GARIN, par JOB ; et de M. PHILIPPE FABISCH, par M. JO-

SEPH FABISCH.

Page 2: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

LA

REVUE LYONNAISEHistoire, biographie

Littérature, ^Philosophie, aAtchéologie, Sciences, 'Beaux-Arts

REVUE MENSUELLE DE LYON ET DE LA RÉGION

PARAISSANT PAR LIVRAISONS DE 80 PAGES DE TEXTE AU MOINS

SOUSLADIRECTION

'De M. FRANÇOIS COLLET, directeur du ({Monde lyonnais))

TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE TOME PREMIER

ALLMER, membre correspondant de l'Institut; Epi-

graphie lyonnaise.^ — E. AMAGAT, professeur à la

Faculté catholique des sciences de Lyon ; De la trans-

formation et de la conservation de l'énergie dans l'Uni-

vers. — H , BAUDRIER, président de chambre a la Cour

d'appel de Lyon: Bibliographie lyonnaise au XVe siè-

cle. — H. BEAUNE, avocat à la Cour d'appel de Lyon :

Claude de Rubys et la liberté de tester au XVle siècle.

Pierre BONNASSIEUX, archiviste aux archives nationa-

les: Saint -Martin par A. LECOY DE LA. MARCHE. —

C. : Compendium Lotharii. — Raoul de CAZENOVE,

président de la Société littéraire, historique et archéo-

logique de Lyon : Documents inédits. — L. CLÉDAT>

professeur à la Faculté des lettres'de Lyon : Fra Sa-

Uiubene, — Alphonse DAUDET: Une page de mémoiries.

— FERRA Z, professeur à la Faculté 'des -lettres de

Lyon: Du suicide; — D.. la recherche delà vérité,

par MALEBRANCHE, nouvelle éditiompar M. Francisque

ROUILLIER. — R. G. : Traité de médecine légale, par

A. S. TAYLOR, traduit de l'anglais par M. le docteut

Henri COUTAGNE. — Joseph GARIN, avocat à la Cour

d'appel de Lyon : Mémoires de l'Académie des sciences,

belles-lettres et arts de Lyon. — G. -A. HSINRICH, doyen

de la Faculté des lettres de Lyon : M. Paulin Paris ?

— Le monde où Von s'ennuie, par Edouard PAILLERON.

— Xavier LANÇON, avocat à la Cour d'appel de Lyon:

Du dernier receucement des Etats-Unis; de ses consé-

quences géographiques et économiques. — MOREL DE

VOLEINE : Souvenirs des premières guerres de la Répu-

blique. Extraits des lettres d'un lyonnais, officier

d'artillerie. — Jean de MOUSTELON : Madame de Main-

tenon, par François COPPÉE ; — Les artistes lyonnais au

Salon dciSSi. — Léopold NIEPCE. conseillera la Cour

d'appel de Lyon : Les statles et les boiseries de la^cathc-

drale de Lyon; — La bihliothèquc^ de l'ancienne abbaye

de Cluny. — Casimir PERTUS, président de l'Académie

des poètes: L* Parnasse français du Xle au XIXe siècle,

sonnets. — Nizier du PUITSPELU : Lettres de Galère ;

— Paul REGNAUD, maître de conférences à la Faculté

des lettres de Lyon : Une mystification scientifique. Lesourvages de M. Jacolliot sur VInde ancienne. — j. RE-

NARD: Eti.des bibliographiques. Nouvelles observations

sur les ouvrages imprimés du P. C. Fr. Ménestrier. —

P. SCIPION : Une nouvelle méthode géographique: Le

Jura, par M. E. F. BERUOUX. — J. SÉVANE: Histoire

judiciaire de Lyon et des départements de Saônc-ct-Loirc

et dit Rhône, depuis IJÇO, par M. SALOMON DE LA

CHAPELLE; —[Paravents et tréteaux, ;par Jacques NOR-

MAND. — Joséphin SOULARY : Les maîtres de céans,

sonnet. —A. PHILIBERT SOUPE, professeur à làFaculté

des lettres de Lvon ; Victor Hugo. — A STEYERT:

C.-A.-B. Sewrin et Soucicu; — Tanncguy du Châtel ; —

Pb. Lalyame, architecte et graveur ; — Topographie bis-

torique. L'ancien quartier des Capucins, lettre à M". Ver-

morel. — Ambroise TARDIEU, membre de l'Académie

de Clermont-Ferrand : Mission archéologique à Utique,

près de Tunis. — H. de TERREBASSE : Baltaçar de Vil-

lars, — A. VACHEZ, avocat àrïa cour d'appel de Lyon:

De Lyon à Genève au XVÎlc siècle. — Joseph VAESEN,

architecie-adjoint du département du Rhône : Tau/ie-

guy du Châtel. — V. de VALOUS: Documents inédits;

— Tanncguy du Châtel. — B. VERMOREL, ancien voyer

principal de la ville de Lyon: Les fortifications de Lyon

au moyen-âge. — Docteur de VILLENEUVE. : Les Anglais

dans l'Afrique occidentale. ;— Bibliographie des mois

de janvier, février et mars. — Chroniques mensuelles.

— Comptes-rendus des séances de l'Académie des'

sciences, belles-lettres et arts de Lyon, de la 'Société

littéraire, historique et archéologique, de la Société

nationale d'éducation, de la Société d'économie poli-

tique, de la Société de géographie et de la Société

d'agriculture, histoire naturelle, science et arts utile:.

rOME DEUXIÈME EN COURS IDE 'PUBLICATION

— Sommaire delà septième livraison. —— JUILLET 1881 —

A. PHILIBERT SoupÉ, professeur à la Faculté des let-

tres de Lyon ; Victor Hugo (fin). — DE LAPLANE : Le

mariage de Séverine (suite). — NIZIER DU PUITSPELU ;

Sur l'origine du nom de Bourg-Chanin. — JOSEPH

MAIRE: Souvenirsde Pondichéry. — GERMAIN PICARD:

Le Gaulois, poème. — ROGER VILLE : Les archives nota-

riales. — J. RENARD : Etudes bibliographilqucs. Nou-

velles observations sur les ouvrages imprimés du

P.C. Fr. Ménestrier (suite). —Intermédiaire lyonnais. —

Sociétés savantes, — Chronique.

Sommaire de la huitième livraison.— AOUT 1 S 8 1 —

DE LAPLANE : Le mariage de Séverine, (suite), —

NIZIER DU PUITSPELU : Un chapitre de l'histoire de ta

construction lyonnaise. Benoit Poncet et sa part dans

les grands travaux publics de Lyon ; — Addition à

l'article « Sur l'origine du nom de Bourg-Chanin ». —

JEAN DE MOUSTELON : La légende d'Œdipe. — CASIMIR

PERTUS, président de l'académie des poètes et direc-

teur de la Revue de la poésie : Le Parnasse français

du xi" au xixe siècle, portraits-médaillons. — LÉOPOLD

NIEPCE, conseiller à la Cour d'appel de Lyon : Le

cabinet des antiques et les médailiers de l'ancien collège

delà Trinité et de l'hôtel de ville de Lyon. — V. DE VA-

LOUS : Documents inédits: Lettres de provision de

l'office de lieutenant général du Lyonnais. — J. RE-

NARD : Etudes bibliographiques, nouvelles observa-

tions sur les ouvrages imprimés du P. C. Fr. Ménes-

trier (suite). — Intermédiaire lyonnais. — Sociétéssavantes. — Chronique.

Sommaire de la neuvième livraison.— SEPTEMBRE 1881 —

H. HIGNARD, professeur à la Faculté des lettres

de Lyon : La bible et la science. Essai d'un commen-

taire scientifique de la Genèse, par A. de Chambrun

de Rosemont. — De LAPLANE : Le mariage de Séverine,

(suite). NIZIER DU PUITSPELU : Un chapitre de l'histoire

de la construction lyonnaise, Benoit Poncet et sa part

dans les giands travaux publics de Lyon (suite). —

XAVIER MARMIER, membre de l'Académie française :

Ju-venilia, poésies. —- LÉOPOLD NIEPCE, conseiller à la

Cour d'appel de Lyon : Le cabinet des antiques et les

médailliers de l'ancien collège de la Trinité et de l'Hôtel

de ville de Lyon (suite). — RAOUL de CAZENOVE, prési-

dent de la Société littéraire, historique et archéologi-

que de Lyon : Bibliographie. — J. RENARD : Etudes

bibliographiques. Nouvelles observations sur les ou-

vrages imprimés du P. C. Fr. Ménestrier (suite). "

Intermédiaire lyonnais. —Chronique.

.ABONNEMENTS A LA REVU E LYONN AISE' LYON Et LA FR ANGE

CORSE, ET ALGÉRIR COMPRISES

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Six mois 1 ' . . . . . , . . . 10 x»1 ' I. A LIVRAISON 2 F R .

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Six mois, ,.......• ' 2 *

RÉDACTION ET ADMINISTRATION, AUX BUREAUX DU Monde lyonnais

- Lyon. — êj nié Mulet, — Lyon

On s'abonne à Lyon aux Bureaux du Mmtde limais et de la Revue Lyonnaise, 8, rue Mulet ; àTimprimerie PITRAT, 4, rue Gentil jet chez tous les Libraires.

LHS ABONNEMENTS DU DEHORS SONT REÇU» C«*Z LES PRINCIPAUX E,BRA IR ES DE FRANCE ET DE L>ETRANCER ET DANS TOUS LES BUREAUX DE POSTE

Page 3: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

Deuxième année. — Numéro 53. Samedi 12 Novembre 1881

LE MONDE LYONNAISREVUE HEBDOMADAIRE

DES LETTRES ET DES ARTS

SO£MMAI%ESAINT LÉONARD FTANÇO:S COLLET.

LE « MONDE LYONNAIS » AUX PREMIE-

RES CARLOS.

AMOUR ET BLEUET, POÉSIE ROUSTOUBIQUE.

A LA FACULTÉ DE MÉDECINE D' Pic!

CAUSERIE PARISIENNE PAUL VIGNET.

LES INDISCRÉTIONS DU BONHOMME

POURQUOI LE BONHOMME POURQUOI.

NOS ILLUSTRATIONS. NÉCROLOGIE LYON-

NAISE DE l88l STRArONTIN.

y M"' EDOUARD LENOIR, SONNET. . . . EDWARD SANSOT.

REVUE DES THÉÂTRES OCTAVE D'HAULT-RÉMY. PHILINTE.

EAU DORMANTE (suite) E. MEUNIER.

CLUBS ET SOCIÉTÉS SAVANTES. . . . ARGUS.

PROBLÈMES ET JEUX D'ESPRIT E. MEUNIER.

•HY*

ILLUSTRATIONSPortraits de M. APOLLINAIRE SICARD, par M. NICOLAS SICARD ; de M. le

docteur JULES GARIN, par JOB; et de M. PHILIPPE FABISCH, par M. Jo-

SEI'H FABICCH.

^Mp<3^0us n'êtes pas sans avoir parcouru plus ou

Wmf/0) moins la vallée de la Saône. Pour peu que

!S%s<î\ vous l'ayez remontée jusqu'à Couzon, vous

avez pu voir, au pied des fameuses carrières d'où

sont sortis les trois quarts des murs de Lyon, une

grande. maison jaune, sur une des façades de laquelle

se détachent en lettres colossales ces deux mots :

« Saint Léonard. »

Or, savez-vous ce que c'est que Saint Léonard ?

Lorsqu'un homme a commis un crime, il est tra-

duit devant unecourd'assises, où il se voit condamné,

suivant l'étendue de sa faute, soit à mort, soit aux

travaux forcés ou à la réclusion, et ce pour tout le

reste de sa vie ou seulement pour un nombre d'an-

nées- déterminé.

S'il est condamné à mort, sa tête tombe peu de

temps après. C'est alors affaire entre Dieu et lui ; les

hommes n'ont plus rien à y voir.

S'il est privé de sa liberté pour toujours, on lui

donne de bons geôliers, on l'enferme entre quatre

solides murailles, et tout est dit.

Mais si sa peine n'est que temporaire, quelque lon-

gue qu'elle doive être, un jour viendra nécessaire-

ment où elle sera finie. Ce jour-là, le gardien de la

prison ou du bagne mettra à son pensionnaire une

blouse sur les épaules et une casquette sur la tête, et

le poussera dehors.

On a beau être un forçat libéré, il n'en faut pas

moins vivre. Problème difficile quand on n'a rien.

Car vous ne vous dissimulez pas qu'il est extrême-

ment rare de voir un gentleman retrouver, au sortir

du bagne, un honte confortable, où l'attendent les

ressources et la considération que donnent à un

homme vingt-cinq mille livres de rente.

La plupart du temps, le pauvre diable n'a pas le

premier liard, pour se taire servir le repas le plus

élémentaire chez le moins exigeant des Matossi de

faubourg.

Le redoutable « io be or not to be » d'Hamlet

s'échappe de ses lèvres sous sa forme la plus laconi-

que et la plus expressive : « De l'argent !

De l'argent !

Page 4: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

6*4 LE WIO^DE LYONNAIS 12 itovémbri 1SS1

11 y a deux manières de se procurer de l'argent.

La première est de voler celui de son prochain.

Ce moyen est prévu par le Code, en vertu duquel

deux gendarmes vous mettent la main au collet et

vous réintègrent en prison.

Le problème de l'existence est donc doublement

résolu, puisque le produit de votre vol vous a permis

de diner, premièrement, et qu'en second lieu son ré-

sultat est de vous assurer de nouveau, pour un

temps plus ou moins long, le gite et le couvert aux

frais des contribuables.

Le second expédient est-de travailler pour gagner sa

vie. .

Travailler.

Les gens qui ne font rien s'imaginent qu'il n'y a

rien de plus facile que de travailler. .

Un homme de bonne volonté se présente.dans un

atelier et demande de l'ouvrage. Neuf fois sur dix,

on l'envoie promènera première vue. La dixième, on

-l'engagea revenir. Cependant, on prend des rensei-

gnements, et quand il revient, la réponse est qu'il

n'y a pas de place dans la maison pour un repris de

justice.

Il n'y a plus alors que deux partis. Redevenir dé-

finitivement un chenapan, ou se résigner à mourir

de- faim.

Mais non, il y en a un troisième.

. Au lieu de chercher inutilement à rentrer dans

cette société qui le repousse, le libéré va à Saint

Léonard.

Là il trouve des vêtements à sa mesure, un lit

tout prêt qui l'attend, une place à la table commune

et une à l'atelier.

Il'achève. par le. travail et la bonne conduite la pu-

rification commencée par le châtiment subi.

Sur le produit de son travail, on lui abandonne

dix pour cent, plus quarante centimes par semaine

pour acheter du tabac. Le reste a la prétention de

servir à payer son logement et sa nourriture.

Quand il y a un déficit, et il y en a toujours, on

tire une traite sur la caisse du Bon Dieu,- et, plus

heureuse que les quittances du Monde lyonnais, elle

ne rentre jamais impayée.

Les libérés font de l'agriculture, du jardinage, de

la menuiserie. Ils fabriquent de la chaussure, par

quantités fabuleuses, plusieurs milliers de paires de

souliers par semaine.

A certaines époques de l'année, on leur offre de

petites fêtes. Les plus littéraires d'entre eux, chamar-

rés de velours et d'or, jouent sur un théâtre impro-

visé des comédies, des drames qui ont le privilège

non seulement de les amuser énormément, eux et

leurs camarades, mais encore d'attirer à Saint Léo-

nard une foule considérable venue de tous les vil-

lages environnants, et dont la satisfaction se manifeste

sous forme de piles de gros sous, quand l'heureux

organisateur de la fête passe le plat pendant le pre-

mier entr'acte.

Naturellement ces pièces ne comportent pas de

rôles de femmes. La plupart sont écrites pour la cir-

constance. Nous en avons entendu une de M. l'abbé

Alexis Boulachon, aumônier des prisons, qui est

vraiment composée avec beaucoup de tact.

De temps en temps aussi une distribution de vête-

ments ou de bons sur la caisse de Saint Léonard aux

libérés qui se sont fait remarquer par leur assiduité

au travail stimule le zèle de ces ouvriers impro-

visés.

Ce qu'il y a. de merveilleux, c'est que le digne

directeur de cet établissement, si singulièrement

peuplé, se trouve constamment seul, avec un autre

ecclésiastique, quelquefois, et trois ou quatre pau-

vres religieuses, en face de soixante ou soixante-cinq

libérés. Et non seulement il maintient parmi ses

pensionnaires la discipline la plus rigoureuse, mais

il se fait aider par eux dans les diverses branches de

son administration. C'est un libéré, par exemple, qui

remplit les délicates fonctions de caissier, et si l'on a

observé que caisse et caissier avaient toujours disparu

simultanément, on a pu constater du moins que le

cas s'était très rarement présenté.

Il est vrai d'ajouter que l'excellent abbé Villion,

dans son zèle à faire le bien, ne laisse guère à son

coffre-fort le temps de se remplir, et que l'emploi de

caissier à Saint Léonard est souvent une sinécure.

La plupart des pensionnaires de la maison ne pas-

Page 5: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

j 2 novembre 1SS i LE -fMOiïÇDE LYONNAIS

sent laque six mois. Au bout de ce temps, on les

place dans quelque atelier.

Plusieurs se marient, et font souche d'honnêtes

gens.

D'autres préfèrent se fixer définitivement dans la

maison, où ils s'efforcent de se rendre utiles.

Le nombre d'individus que Saint Léonard arrache

ainsi chaque année au crime, d'où ils sortent à peine,

et dans lequel ils seraient infailliblement retombés,

est véritablement prodigieux.

Nous ne disons rien de plus du digne abbé Villion,

son directeur depuis quinze ans. Sa modestie ne

nous pardonnerait pas si nous faisions de lui le quart

des éloges qu'il mérite. Mais nous espérons bien

trouver quelque jour l'occasion de reparler à nos

lecteurs de cet établissement, à la fois si religieux et

si philanthropique, une des plus belles œuvres con-

sacrées par la charité chrétienne au soulagement des

misères humaines.

FRANÇOIS COLLET.

LE (MONDE LYOZhÇNzAIS <AUX TRE(MIÈ%ES

ODÉON : Marie Toucbet, drame en un acte, en vers, par M. Gustave Rivet ; Le

Dîner de Pierrot, comédie en un acte, en vers, par M- Bertrand Millanvoye.

— THÉÂTRE DES NOUVEAUTÉS : Le Jour et la Nuit, opérette en trois actes,

-paroles de MM. Vanloo et Leterrier, musique de M. Charles Lecoq.

Paris, 9 novembre I88I. P

hr~***^y ÉCIDÉMENT l'Odéon a un faible pour les reines de la

fw pR jC main gauche, qui me paraissent cependant inspirer

%j 1&J\ d'une façon médiocre les auteurs dramatiques. Après

s HMW3£&1V: Madame de Maintenon, de M. Coppée, voici Marie

Toucbet de M. Gustave Rivet. La première de ces deux pièces

n'avait guère obtenu qu'un succès d'estime, je doute que celle

qu'on nous offre aujourd'hui soit plus favorisée.

La donnée de ce. drame peut se résumer ainsi. Nous. sommes

dans la nuit de la Saint-Barthélémy. Marie Touchet est à sa fenêtre,

écoutant avec terreur les coups de feu. Elle attend son amant

qu'elle ne connaît que sous le nom de Charles, et elle appréhende

les dangers qu'il peut courir dans un semblable moment. On

frappe à la porte, mais ce n'est point Charles qui se présente,

c'est Saint-Bris, un huguenot, un ancien ami de Marie Touchet.

Blessé, fuyant les assassins, il vient demander 'asile et protec-

tion. Bientôt Charles lui-même arrive. Saint-Bris reconnaît le

roi, le roi reconnaît un hérétique. Saint-Bris, qui avait juré de

tuer Charles IX, lui fait grâce.; mais le fils de Catherine n'a pas

autant de magnanimité, et livre le huguenot à ses soldats qui le

mettent à mort sur-le-champ. Marie Touchet, en'proie à l'indi-

gnation et à l'épouvante, chasse le roi en lui signifiant qu'il ne

la reverra jamais, non plus que son enfant.

La pièce est courte, trop courte même, car rien n'est suffisam-

ment expliqué. Il est bien invraisemblable que Marie Touchet

ait vécu si longtemps avec le roi sans connaître son rangi et on se

demande pourquoi Charles IX se souille, devant sa maîtresse, du

sang d'un homme blessé et qui vient défaire preuve de grandeur

d'âme.

M,le Defresne joue Marie Touchet. Albert Lambert, qui prend

une place de plus en plusyniportante à l'Odéon, est excellent

dans Saint-Bris. Quant à Rebel, qui représente Charles IX, il faut

absolument sortir pour lui le fameux cliché qu'il a l'air d'un

portrait descendu de son cadre.

M. Bertrand Millanvoye s'est passé la fantaisie de remettre à

la scène les vieux types de Pierrot et de Colombiiïfe. M. Millan-

voye est un parnassien : ses rimes sont d'une richesse et d'un

imprévu à faire pâmer M. Théodore de Banville.

Pierrot est vert encore, mais il est revenu des ardeurs folles de

la première jeunesse. Aujourd'hui, ce qu'il veut, c'est une vie

bien réglée, confortable et exempte de soucis. II est furieux contre

sa femme Colombine qui lui fait attendre le dîner. Colombine

préférerait un autre tête-à-tête à celui de la table, mais Pierrot

fait la sourde oreille et obtient enfin le dîner qu'il dévore avec

entrain. Bientôt les mets succulents, le vin vieux changent le

cours des idées de Pierrot. A son tour de solliciter, d'être auda-

cieux, à celui de Colombine de se défendre et de faire la prude.

Inutile de vous dire qu'elle ne la fait pas longtemps. Le rideau

baisse, sans doute à la grande satisfaction de Pierrot qui as pire

à ce que Mûrger appelait la solitude à deux. M"eChartier dit avec

brio et esprit, il faudrait ajouter à cela un grain de fantaisie.

Rorel varie peu ses effets, mais il est toujours amusant.

Allons! malgré l'insuccès des Deux Roses, il y a encore de

belles soirées pour l'opérette qui, lorsqu'elle est signée Charles

Lecoq, mériterait plutôt le nom d'opéra-comique. -

Don Braseiro, noble Portugais qui exerce un commandement

militaire sur là frontière, a été aussi souvent veuf que Barbe-

Bleue, sans employer pour cela les moyens répréhensibles de ce

dernier. Par exemple, il a une singulière méthode pour remplacer

les défuntes. Au lieu de choisir lui-même comme nous ferions

vous ou moi, il délègue ce soin à un sien cousin, Don Dégo-

mez, maigre à faire croire qu'il prend pension dans latourd'Ugo-

lin. Il attend avec impatience la nouvelle épouse que doit lui

amener ce parent, ancêtre de M. de Foy, mais voyez le contre-

temps! Les Espagnols attaquent les Portugais, et voilà' Don Bra-'

seiro obligé de partir en guerre, de laisser Vénus pour Mars. Il

s'éloigne en soupirant, et confie sa maison à Miguel, son jeune'

intendant. A peine a-t-il tourné les talons qu'une fillette arrive

effarée. C'est Manola, la fiancée de Miguel. Elle est poursuivie par

le prince Picrates, premier ministre du roi de Portugal. Comment

soustraire une pauvre paysanne à un aussi puissant seigneur? En

la faisant passer pour la baronne, femme de Braseiro. Effective-

ment le ministre entre et se confond en excuses. Tout irait bien

si on ne voyait arriver coupsur coup Don Braseiro, qui s'est débar-

rassé des Espagnols, et Don Dégomez escorté de Béatrix, la véri-,

table baronne. Pour ne pas perdre Manola, Béatrix consent à ne

rien dire pendant le séjour que Picrates compte faire au château

de Braseiro. Le soir venu, elle prend la place de Manola dans la

Page 6: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

636 LE (MO^DE LYONNAIS 12 novembre J,Ç,?J

chambre nuptiale, sans que Braseiro s'aperçoive de la superchere.

Vous voyez, la situation, elle se prolonget assez heureusement

pendant trois actes. A la fin, on découvre tout à Braseiro, et Pi-

crates, révoqué par le roi, ne peut se venger de la rusée Manola.

M. Charles Lecoq a été parfaitement inspiré. Sa nouvelle par-

tition est digne de ses aînées, les qualités maîtresses en sont tou-

jours la gaîté, l'harmonie, l'originalité. Je citerai les couplets :

On était prêt, on n'est plus prêt, dits avec infiniment d'esprit par

Berthelier (Don Braseiro), ceux de : Passe^,ma belle, de l'intendant

Miguel (Montau bry), et l'ensemble Au Parasol, à la fin du deuxième

acte. M"e Marguerite Ugalde, la fille de la célèbre artiste de ce

nom, qui a fait un si brillant début à l'Opéra-Comique dans les

Contes d'Hoffmann, joueManola. Cettejeune fille n'est pas complè-

tement encore maîtresse de sa voix, mais elle a le temps de tra-

vailler, et sa méthode est excellente. Elle est déjà comédienne

remarquable. Sa chanson : Y avait un'fois un militaire! a été bissée,

ainsi que le duo du rossignol et de la fauvette, une des plus jolies

choses de la pièce, qu'elle dit avec M"" Darcourt, charmante sous

les traits de Béatrix. N'oublions pas le morceau explicatif de la

fin : C'est le jour et la nuit, délicieusement dit par Mlles Ugalde

et Darcourt et par Berthelier et du plus heureux effet.

M. Brasseur, qui a fait de Pieratès une de ces ganaches dont il

a le secret, tient comme directeur un vrai succès. Il a monté le

jour et la Nuit avec un goût exquis. Décors, costumes, mise en

scène, tout est irréprochable. On ne peut que le complimenter et

le féliciter.

CARLOS.

tA(MOU% ET BLEUET

-» A Mme »** .j_

lAve^-vous quelquefois cueilli, bonne Amélie,

Cette étoile des champs qui se nomme un bleuet?

Son pâle açur me porte à la mélancolie;

J'éprouve, en le voyant, comme un chagrin secret.

Si vous me demande^ pourquoi, douce Madone,

Mon cœur vous répondra qu'il n'en [sut jamais rien.

A-t-on'jamais connu-comment l'amour se donne?

Comment pousse la fleur, qui de nous le sait bien?.

' Or, la fleur et l'amour ont même destinée.

Ils germent tous les deux dans le sillon humain.

Otc{ l'une a sa lige: elle est bientôt fanée.

A l'autre ôteç l'espoir: il sera mort demain!

Rou STOUB 1QUE,

^ LA FACULTÉ DE (MÉDECINE

^EN^W N événement vient de se produire à la Faculté de Mé-

JiyfÇSl 'v decine, qui ne peut manquer d'avoir de fâcheuses

{( rafl H conséquences: M. Desgranges a donné sa démission

c&^Z&iM, de professeur de clinique chirurgicale.

Son nom est trop connu à Lyon pour que nous ayons à rap-

peler avec quelle autorité il a occupé la chaire dont il vient de

descendre. Nous tenons cependant à dire bien haut qu'il emporte

dans sa retraite toutes les sympathies des étudiants. Les internes

ont eu à cœur de le lui prouver, et lui ont adressé une pétition,

pour le prier de revenir sur une détermination aussi regrettable,

Et cette adresse, ils l'ont envoyée autant par sympathie pour

leur maître, que par appréhension de l'avenir. Quel est, en effet,

celui qui recueillera la succession de l'illustre professeur? Ne se

laissera-t-on pas guider, dans le choix que l'on va être appelé à

faire pour pourvoir à son remplacement, par d'autres considéra-

tions que celles du mérite et des titres scientifiques? A tort ou à

raison, on le craint, et ces craintes seraient parfaitement justifiées

si la chaire de clinique venait à échoir à un autre qu'à un chi-

rurgien des hôpitaux.

Un nom circule tout bas dans le public médical ; nom qui,

grâce à des influences dont je n'ai pas à m'occuper ici, réunirait,

lors du vote, la majorité. Le candidat en question se trouve

précisément dans les conditions que nous venons d'indiquer;

c'est-à-dire que jamais il n'a eu de service hospitalier en qualité

de chirurgien. Nous aimons à croire qu'il n'y a là rien de sérieux,

et que personne n'aura la prétention de poser sa candidature, s il

n'appuie sa demande de son brevet de chirurgien major. Au reste,

si, par impossible, on venait à sacrifier à une question de per-

sonne les intérêts de tous; si les étudiants se voyaient imposer

un professeur de clinique, pris en dehors du corps des chirur-

giens des hôpitaux, ils se chargeraient de montrer à qui de droit

que l'on ne brave pas impunément l'opinion publique. Les

chaires, il est vrai, sont bien un peu créées pour les professeurs,

mais elles le sont surtout, on en conviendra, pour les élevés.

Ceux-ci ont donc le droit d'élever la voix lorsqu'il s'agit de choi-

sir un titulaire, et l'on ne saurait trouver mauvais qu'ils vou-

lussent fermer la porte de la salle de cours à tel professeur dont-

la nomination serait un désastre pour la Faculté.

pr Pic.

Page 7: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

!2 novembre JSSI LE (MOOfDE LYONNAIS 637

CAUSERIE TtAKJSlENdiELa Toussaint. — Feu l'exposition d'électricité. — Numa Roumestan. — Le

Voltaire et la Faustin. — Français et argot. — Pauvre Gill ! — Le million de

M. Richepin.Paris, 9 novembre 1881.

|/SJ-«&S^OVEMBRE, la Toussaint, la rentrée: quels clichés pour

M &?§]% un chroniqueur bien pensant! Nous avons les feuilles

M K(4 qui tombent ' à l'usage du reporter qui n'a vu de.isdeKJSl feuilles qu'au Luxembourg et aux Tuileries. Le départ

des hirondelles fournit un pleur à qui n'a jamais suivi le vol des

hirondelles. Le début du charbonnier va de pair avec le début du

marchand de marrons. Ce dernier industriel n'est pas sans être

apprécié d'une certaine classe de la population parisienne. « Mar-

rons de Lyon! » Ces mots ont une magie pour le gamin qui se

sauve de l'école, pour l'ouvrière qui fourre dans son manchon

ses menottes rougies par les premiers froids. La fête des morts

fournit bien aussi quelque émotion au plumitif qui n'en tient

guère. La piété des Parisiens visitant une fois l'an leurs cime-

tières, cela vient opportunément, après une tirade sur leur scep-

ticisme invétéré. La badauderie, il est vrai, montre son nez là

. comme partout. Que de promeneurs à côté de parents soucieux

d'honorer leurs chers morts ! Car la foule est moutonnière. Ra-

belais lui doit son immortel Panurge. On va déposer une cou-

ronne sur la pierre d'Héloïse et d'Abélard, parce que c'est l'habi-

tude. Que, par un miracle non désirable, les deux amants res-

suscitent, bras dessus bras dessous, sur la place de la Bastille : i

« Oh ! c'te tête ! » s'écriera Gavroche, et Gavroche aura raison.

Aujourd'hui, Fulbert passerait pour unoncle'peu délicat. Un cha-

noine aussi rageur n'aurait de succès qu'à la cour d'assises, après

l'acquittement d'une Héloïse au vitriol ou au revolver.

L'exposition internationale d'électricité a fermé ses portes. Paix

à la défunte, dont la vertu fut incontestable, car, en dehors d'un

cercle de connaissances, elle fit peu parler d'elle. Pour le profane

elle eut une particularité: elle fut si belle qu'on n'y comprenait

rien. Le Salon représentait une collection d'images appréciée du

visiteur dominical. Ici, rien que des appareils compliqués et lu-

mineux, des globes laiteux, des bougies, des lampes. Cela fulgu-

rait presque autant que l'avenue de l'opéra. Tout à l'électricité,

l'éclairage et le chauffage, la cuisine et les sonnettes. Horreur! le

piano électrique dressait çà et là sa boîte à supplice. Dilettante,

il ne vous répugnait pas d'ouïr une cavatine à trois kilomètres

de M. Vaucorbeil. Vous releviez le col de votre paletot, vous for-

miez un anneau d'une queue interminable, serpentant autour

de galeries glacées. Au bout de six quarts d'heure, vous perceviez

au bout d'un double-''téléplrone la rumeur confuse d'un chœur

à'Hamlct. Le contralto de M""5 Richard vous donnait l'illusion

d'une levrette sur la patte de laquelle on aurait marché. Le creux

de Giraudet caressait votre tympan comme une porte de cave

roulant sur ses gonds. Ensuite il ne vous restait plus qu'à vous

jucher sur l'impériale d'un tramway stii generis. Le véhicule n'en-

viait rien à celui des Cordeliers. Comme le premier venu, il

broyait l'imprudent égaré sur son passage. Un écrasement élec-

trique ! O progrès! tu n'es pas qu'un nom, toi.

Grande presse autour des étalages de Marpon et Flammarion.

Numa Roumestan voit sa couverture fripée par les mains du pas-

sant qui se paie une littérature courante, après déjeuner. Mon

confrère Alphonse d'Asq a reçu à la campagne ce bruyant méri-

dional. D'un chalet, non encore balayé par les autans du Dau-

phiné, il vous a fait part de ses nouvelles. Le cornac du bon-

homme Daudet crie à trente et un mille le nombre de ses ava-

tars. Tant mieux: à l'heure où le chiffre est tout, un bon chiffre

a bien son éloquence.

Par exemple, ce qui blesse mon regard, c'est que la Faustin,

une gaillarde, affiche son nom sur une bande plus rouge que

l'affiche de Brasseur. Cette réclame de cirque se balance sur

deux poteaux, près du grand-hôtel; et c'est ce qu'il ne faudrait

pas pour la gloire d'un gentilhomme de lettres comme M. Ed-

mond de Goncourt. Le Voltaire a tout fait, circonstance insuffi-

samment atténuante. A la place du romancier, je protesterais,"

avec la grâce qui me caractérise, auprès d'un lanceur trop. zélé.'

L'histoire serait celle d'une tragédienne aussi encombrante que

Numa Roumestan. Nous connaissions Sarah Bemhardt peintre

sculpteur, écrivain, bête de l'apocalypse pour les clergymen

transatlantiques. On nous présente Sarah héroïne de roman.

Que demain on la proclame la déesse Raison ou la République,

nous n'en serons pas étonnés, tant l'apothéose de la grande artiste

est à l'ordre du jour. Il ne lui manquera plus que de se marier,

comme feu la grande duchesse. Quant à la Faustin, que le livre

soit un chef-d'œuvre, nous le dévorerons. Mais le Voltaire et sa

publicité dé saltimbanque ne seront pour rien dans notre plaisir,

qu'il se le dise.

Un livre qui n'a pas été tambouriné, et qui fera son chemin

quand même, c'est le Dictionnaire d'argol, par M. Lucien Rigàud.

Vous esquissez un sourire, vous avez tort. Ce lexique a sa philo- '

sophie. L'argot envahit tout : le comptoir, le café, le boulevard, le

théâtre. Une langue nouvelle se substitue peu à peu à l'autre, et

une grammaire de cette langue grossira bientôt le langage clas-

sique de nos neveux. Aujourd'hui, un homme n'est plus ivre : il

est poivrot. Un garçon de Matossi n'essuyé plus un marbre, il

donne un coup de cachemire. Il importe que la jeune génération

soit initiée à ces délicatesses. Les vieux parleront français, le

meilleur moyen d'être compris.

Cependant la Folie tient toujours sa nuit suspendue sur nos

crânes. Sa dernière victime est un joyeux du crayon, le carica-

turiste Gill. Celui-là avait conquis sa place au soleil, dès l'em-

pire, qu'il harcela de charges drolatiques. Alors Gill créait la Lune,

collaborait à la Rue, dont Vallès était le balayeur en chef. Le

pauvre garçon gagnait de l'argent dans les démolitions. Mainte-

nant qu'il n'y a plus rien à démolir, les maçons étant rois comme

tout le monde, l'artiste avait des loisirs, et reproduisait sur une

Page 8: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

638 LE (MO&CDE LYONNAIS novembre )SSi

toile les traits farouches de son ex-patron. Au moins, dans son

malheur, il a eu l'aide et la pitié de chaudes affections. Natu-

tellément Vallès a regretté que son ami ne se fût pas fait tuer

pour la Commune. M. Richepin a demandé pour le pauvre fou

une liste civile d'un million. A ce prix, bien des gens accepte-

raient Charenton, sous la réserve d'en sortir au plus vite. Que le

public souscrive seulement le dixième de la somme, et Gill est à

l'abri du besoin. Il n'aura plus qu'àguérir, et à remercier M. Val-

lès de son enterrement de première classe. Les virtuoses du

crayon sont assez rares pour qu'un homme vive de la caricature.

La caricature durera autant que les ridicules, autant que l'hu-

manité.

Un million plus authentique est celui dont M. Richepin s'est

fait le prôneur dans le Gil Blas, le million que tout artiste perte

dans le cerveau, s'il a du talent. 11 s'acquiert par le travail,

la veille intelligente, l'étude soutenue et désintéressée, quand

d'autres brocantent leur temps, parfois leur dignité, à des opé-

rations positives ou aléatoires. Ne pas aller au café, se cloîtrer

dans la famille, abaisser le chapeau de sa lampe sur un labeur

caressé avec amour, le passe-temps a son charme, voire même

son utilité, car toute nation vit d'idéal en même temps que de

pain... M. Richepin aurait pu ajouter qu'entre les sottises du

célibat et les vulgarités du ménage, il y a place pour la solitude,

l'inspiratrice des belles œuvres; la solitude, cette austère maî-

tresse, par laquelle l'homme se suffit à lui-même et à ses pen-

sées, Là est le vrai million, parce que là est le vrai bonheur.

PAUL VIGNET.

LES IUXDISCT{ETIO^(S DU 'BONHOMME TOUROUOI '

c^s^gy) SARCEY, grand Sarcey, prince de la critique, grand

\f\RrlilS' exécuteur des hautes œuvres de l'opérette, quelle joie

i*i Wè) D V0L1S éprouveriez, si votre myopie légendaire vouss^ii^l permettait devoir un peu ce qui se passe dans notre

province! A Lyon, la seconde ville de France, et presque la pre- •

mière, comme disait le poète Jasmin, l'opérette est proscrite de

tous nos théâtres. Jamais nous n'avons eu autant de scènes ouver-

tes au grand art, jamais nous n'avons dépensé autant d'argent

pour aller au spectacle, et nous nous plongeons dans le drame,

l'opéra, la comédie, l'opéra-comique, le vaudeville, voire même

le monologue, mais d'opérette point! O Sarcey, soyez heu-

reux! Aussi, vous allez voir combien avant peu nous serons

moralises, tous de petits saints comme vous. Fi de la mère Angot

et de sa fille, des Cloches de Corneville, de la Petite Mariée, de la

Mascotte et de toutes ces vilenies d'opérettes! Rien que le grand

art.,. On dit, ô Sarcey, que votre éloquence feuilletbnniste a

su captiver M. Campo-Casso, notre nouveau directeur, et qu'il a

fait serment, en s'asseyant sur le fauteuil directorial des théâtres

subventionnés de Lyon, de bannir à jamais l'opérette de son ré-

pertoire... O Sarcey, soyez heureux!... Ainsi-soit-il.

LE BONHOMME POURCLUOI-

— Nécrologie lyonnaise de 1881 —

^TOLLI^AITiE SICzATlT)

^Trlr^? ANS le domaine si étendu de la peinture. M. Apol-

M fe®J j| linaire Sicard a su se faire dans son genre une

$~^g$§. place à part où son nom restera.

M. Apollinaire Sicard naquit à Lyon le 6 avril 1806. Il

fit ses études artistiques à l'École des beaux-arts du palais

Saint-Pierre, où il eut pour maîtres Revoil et Berjon. Ber-

jon, surtout, dont les leçons devaient si bien lui profiter,

et avec lequel il lutta plus tard pour la beauté et l'éclat de

ses fleurs, la transparence et le velouté de ses fruits. 11 fut

le condisciple de cet autre grand peintre lyonnais, Saint-

Jean, qui avait à peu près le même âge que lui.

Lorsque laSociétédes Amis des Arts, nouvellement cons-

tituée, organisa à Lyon sa première exposition, qui fut en

même temps une des premières de la province, Sicard y

prit une part active en qualité d'exposant. C'était en 1836.

Depuis, il a envoyé de nombreux tableaux aux différentes

expositions artistiques qui se sont ouvertes à Paris, à

Lyon et dans d'autres villes de province.

Il s'adonna de bonne heure au pastel, dans lequel il ne

tarda pas à faire de tels progrès qu'il négligea bientôt tous

les autres genres de peinture, pour se consacrer exclusive-

ment à celui-là.

De fait, Sicard était arrivé à tirer du pastel un parti

extraordinaire. Jusqu'à lui, le pastel avait été employé

surtout pour le portrait. Il passait pour bien rendre les

chairs et les délicatesses de peau du visage. On ne son-

Page 9: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

18 8 1

LE DOCTEUR GAR1NDessin de JOB, d'après une photographie de M. DOURO

APOLLINAIRE SICARDs

PEINTRE LYONNAIS

Dessin de M. NICOLAS SICARD

PHILIPPE FABISGHSTATUAIRE LYONNAIS

Dessin de M. JosErn FABISCH, d'après une photographie de M. AMBRUSTM

PHOTOGRAVURE DE M. j\. ^ERNIQJJE, A PARI:

Page 10: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

640 LE (MO&ÇDE LYONNAIS 12 novembre >SSi

geait guère à l'employer à autre chose. Sicard, rompant

avec toutes les traditions, s'en servit pour peindre des

fleurs, des fruits et des natures mortes. Avec quel bonheur,

le Monde lyonnais a eu l'occasion de le dire, quand il a rendu

compte à ses lecteurs de l'intéressante exposition des

œuvres du maître, organisée peu de jours après sa mort par

M. Nicolas Sicard, son fils et son élève, dans son vaste et

bel atelier de la rue Saint-Georges.

La ville de Lyon a tenu à voir figurer le nom de Sicard

dans la galerie des peintres lyonnais. Elle a acquis pour ,1e

musée deux des quatre médaillons des Saisons, exécutés au

pastel par Sicard avec une vigueur de touche, une justesse

de couleur et un fini dans l'exécution qui en font une des

œuvres lesplusremarquables de l'exposition posthume dont

nous venons de parler. Nous ne comprenons pas pourquoi

on a fait un choix dans les différentes parties d'un tout qui

ne devait pas être divisé. Sicard avait peint les quatre sai-

sons. Ce n'est pas deux mais quatre saisons que la ville de-

vait acquérir. A-t-elle donc peur que son musée, devienne

trop riche? ou si c'est elle qui ne l'est pas assez ?

S'il fallait absolument faire un choix, nous eussions pré-

féré Y Automne au Printemps. Celui de l'Hiver est irrépro-

chable.

Depuis, la ville de Nîmes a acheté, pour son école de

dessin appliqué à l'industrie, un autre pastel de fleurs qu 1

avait également figuré dans l'exposition.

Les autres tableaux ont été acquis par de riches amateurs

lyonnais qui se sont empressés d'en orner leur galerie.

M. Apollinaire Sicard est mort le 3 mai dernier. Il

était, par conséquent, âgé de soixante et onze ans. Il laisse

à Lyon un nom dont M. Nicolas Sicard, son fils, sait conti-

nuer la tradition artistique. Nous sommes heureux de saisir

cette occasion pour rendre hommage à son talent, aujour-

d'hui dans toute sa maturité, et le remercier d'avoir bien

voulu tracer avec sa plume ferme et alerte le beau portrait

de son père que nous offrons aujourd'hui à nos lecteurs.

LE -DOCTEVR JULES G^1T{/J^

fjp^îgSH É à Lyon le 23 novembre 181 5, Jules Garin fit

é) iM\ljt toutes ses classes au lycée de Lyon, où, suivant

.MrJlS! l'excellent usage très répandu à cette époque, il

redoubla sa philosophie. L'abbé Noirot, son professeur, très

content de lui, l'engageait à entrer dans l'enseignement,

où il lui prédisait un brillant avenir : « Dans dix ans, lui

disait-il, vous serez recteur. »

En dépit de ces encouragements, Garin ne se fit pas

professeur. Il commença, quoique sans vocation bien

arrêtée, ses études de médecine. En 1837, nous le trouvons

interne des hôpitaux de Lyon. En 1844, il prenait son

doctorat à Paris. Sa thèse fut trouvée neuve. Il la soutint

brillamment. Un de ses . examinateurs lui dit en pleine

séance qu'il avait fait « une thèse de génie ».

Ce compliment sembla porter bonheur au jeune docteur.

De retour à Lyon, il est chargé de services médicaux à

l'hôpital militaire et dans les prisons. Bientôt, il devient

membre de la Société de médecine. Àmédée Bonnet, l'il-

lustre chirugien lyonnais, se l'attache comme secrétaire,

et l'engage à l'étude et à la pratique de la chirurgie, en lui

faisant entrevoir la possibilité de lui succéder dans son

poste de major à l'Hôtel-Dieu.

Mais le prochain concours devait être un concours de

médecine. Garin, pressé d'arriver, se présente. Il est reçu.

Amédée Bonnet, qui n'avait pas renoncé à son idée, l'en

félicite en lui adressant des compliments de condoléance.

Dès lors toute difficulté était aplanie. Garin occupe

bientôt à Lyon une place honorable dans le monde médi-

cal. A l'instigation de ses amis qui reconnaissent en lui de

sérieuses qualités d'administrateur, et poussé par le souve-

nir de ses anciens succès littéraires, il prend en main la

Galette médicale.

Il apporte à cette tâche nouvelle un tel acharnement

qu'au bout d'un an il avait donné à la Galette médicale une

autorité qu'elle n'avait pas eue jusque là, et doublé le nom-

bre de ses abonnés ; mais, épuisé par cet effort, il est obligé

de prier son a.mi,M. ledocteur Diday. de lui succéder dans

sa direction.

En 1867, Garin fait partie d'une commission nommée

par la Société de médecine pour étudier les questions de

police sanitaire. Il compose sur ces matières à la fois mé-

dicales et administratives un mémoire complet qui le fait

charger par la Société de médecine de la représenter con-

curremment avec M. le docteur Rollet au congrès univer-

sel de médecine qui a lieu à Paris la même année. En même

temps la préfecture du Rhône, approuvant les conclusions

de son mémoire, le nomme médecin en chef du service

, sanitaire.

A partir de cette époque, le docteur Garin se retire peu à

peu de la vie active de médecin pratiquant. Son ancien

goût pour les études littéraires et philosophiques, aux-

quelles il consacrait tous ses loisirs , se réveille en lui

avec violence. Il s'enferme dans son cabinet et y mène une

vie modeste et retirée qui convient d'ailleurs à son carac-

tère porté au recueillement et à la mélancolie.

Au milieu de ces études qui le passionnent, il est sur-

pris par la maladie, et il meurt, après de cruelles souffran-

ces, le 26 septembre 1881.

Page 11: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

12 novembre iSSi LE (MOU^DE LYONNAIS .641

Cette nuance de misanthropie et cet amour invincible

pour la retraite expliquent pourquoi le docteur Jules Garin

n'a pas joué à Lyon un rôle aussi en vue que la hauteur

de son esprit et la sûreté de ses connaissances semblaient

devoir l'y pousser.

STRAPONTIN

Vabondance des matières nous oblige à renvoyer à notre prochain numéro

la notice très étendue que nous avons consacrée à M. PJnlippe FABISCH.

.A (M"' c ÉT>OUA%D LE^(Ol%

-* Sur ses Fleurs de cyprès -s~

Je l'ai cent fois relu ce livre,

Ce livre écrit avec des pleurs,

Je le lis toujours, et m'enivre

- Du parfum de vos douces fleurs.

j'aime à pleurer, j'aime à vous suivre,

J'aime à partager vos douleurs ;

Je dis qu'il est triste de vivre

Apres tant de cruels malheurs !

Je vous l'avoue, ô pauvre mère,

J'aime de votre lyre amere

Les poignants et touchants accords.

Je veux surtout relire encore

Le beau chapitre qui déplore

La perle de vos petits morts !

EDWARD SANSOT.

i^evtie: Dg£ T^éHa^ei^

^j-^y-x^ L est bien sûr que je m'attendais à dire le plus grand

jPfe] \\%Jl bien de la représentation de Mireille. Je l'espérais

(wi VÊê" tellement que j'avais d'avance vendu cette peau,

à\r<K>\!> avant même d'être parti à la chasse. Hélas! cet es-

poir s'est éyanoui dans les brouillards q.u ' empêchent Mlle Che-

vrier de venir chanter sur les bords du Rhône.

Je ne sais vraiment quel vent marécageux souffle son haleine

empestée du côté du Grand-Théâtre : c'est le vent qui passe sur

les étangs morbifères des plaines de Camargue. Et quels sont les

Carthaginois qui peuvent donner à notre nouvel imprésario des

conseils aussi à rencontre de ses intérêts?

On a rompu avec toutes les bonnes traditions delà scène lyon-

naise. On n'a plus aucun égard pour la presse, ce qui esfbien

naturel, puisqu'on lui demande des services et non des conseils.

Mais encore on traite le public, notre, maître à tous, avec un

sans-gêne qui ne serait de mise sur aucune des Canebières du

monde. »

Il y avait une occasion de se montrer aimable, prévenant,

j'ajouterais peut-être même poli, en invitant la presse, les abon-

nés, quelques personnes de choix à la répétition générale de Mi-

reille, un ouvrage inconnu des Lyonnais, et la première partie

lyrique que la nouvelle direction jouait devant le public.

De plus, le directeur est un metteur en scène de talent, et il y

a vraiment plaisir, je peux vous l'affirmer, à lui voir diriger une

répétition générale. Il fallait donc ne pas briser avec une tradi-

tion respectable, et saisir avec joie cette occasion de se mettre

en communication avec les amateurs du'théâtre. Mais bagatelle!

on a répété à huit-clos, et on a donné la répétition générale

devant tout le monde. Cela évite des politesses, et cela fait une

recette. Double bénéfice.

Le négociant éclipse l'artiste, et encore une fois, de plus, ceci

tuera cela.

On dirait vraiment que notre directeur n'a qu'un objectif,

celui de ressembler le plus possible à cet empereur dujapon qu'on

ne peut jamais voir, et qui reçoit les hommages de ses adorateurs

à travers un voile épais.

La représentation de Mireille n'était, du reste, pas même une

bonne répétition, et je comprends, après le spectacle, pourquoi

l'on a pas osé nous inviter à une aussi pitoyable exécution.

On me rendra cette justice que, depuis le commencement de la

campagne, je n'ai négligé aucune occasion de casser un encen-

soir sur le nez du nouveau directeur et de son administration.

Mais je ne rencontre plus que des occasions de faire le con-

traire, ou si quelque petite occasion fait voir le bout de son nez,

elle est plus chauve que le crâne d'un membre de l'Académie des

Inscriptions, qui n'aurait pas déchiffré un hiéroglyphe.

Quand M1'8 Baux et M. Queyrel ont chanté leur duo du troi-

sième acte des Huguenots et que la même Mlle Baux a soulevé le

parterre avec M. Salomon, au quatrième acte du même ouvrage,

n'ai-je pas embouché la trompette héroïque?

Lorsque j'ai entendu M. Salomon, M'le Baux, troisfois nommée,

et M. Queyrel, au troisième et au cinquième acte de Robert,

n'ai-je pas remis de l'encens sur le charbon de mon encensoir?

Enfin, au premier acte de la Juive, pour M. Queyrel, au

deuxième acte, pour M. Salomon et toujours la même M)le Baux,

n'ai-je pas commandé une deuxième paire de pipeaux rustiques,

pour chanter les louanges du directeur, de son habileté, de son

talent démise en scène, de son énergie, applaudissant les chœurs,

criant bravo à la figuration, et me pâmant devant l'orchestre?

Mais de combien de douzaines de clefs (clés) forées, n'aurai-

je pas dû faire l'acquisition, si je songe à une quantité de choses

que je ne veux pas avoir la cruauté de rappeler? Mireille a mis

le comble à tout ce médiocre et à tout ce mauvais.

Aussi suis-je fondé à refuser mon obole à la souscription même

d'un simple buste, en l'honneur de l'habileté du nouvel impré-

sario.

Berlioz disait souvent que c'était avec les pierres que l'on

Page 12: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

642 LE WÎOO^.DE LYONNAIS 12 novembre iSSt

•jetait aux grands hommes méconnus, que l'on formait la pre-

mière assise du piédestal destiné à supporter leur statue.

'M. le directeurade la marge et il peut commander du bronze.

La deuxième représentation a moins mal marché que la pre-

mière, il faut'le reconnaître, et^après même deux ou trois répé-

tition? payées devant le public, on pourra sans souffrir aller en-

tendre cet adorable idylle de Gounod, qui a failli sombrer à

cause de l'interprétation.' M. Engel seul doit être exempt de ce

blâme, mais ses efforts personnels n'ont pu sauver: l'ouvrage du

naufrage. »

MIle Dalmont, chanteuse légère en tous genres, a débuté dans

Robert, joué deux fois Eudoxie de la Juive, et failli faire un se-

cond début dans Lucie. Les étudiants en querelle avec le direc-

teur ne l'ont pas permis.

Je n'ai pas qualité pour parler du différend qui s'est élevé entre

ces messieurs et le directeur.

Mais il serait regrettable que cette querelle ait pu contribuer,

par l'effet ordinaire de la réaction, à faire recevoir notre nou-

velle chanteuse.

Assurément, M"e Dalmont a bien des qualités: elle est jeune

encore, et a 'le temps d'acquérir celles qui lui manquent. Elle

vocalise fin et phrase avec légèreté.

Mais le volume de sa voix est si faible, qu'on ne l'entend pas du

tout dans les ensembles.

Le chant est correct, mais le style est froid comme toute la

personne.

Si la chanteuse est inexpérimentée, la comédienne lui rend

des points sur ce chapitre. Dans ces conditions, et dans l'inté-

rêt même de l'artiste, il faudrait lui conseiller de résilier avant

son troisième début. Elle trouvera sans peine, sur des scènes plus

petites, l'occasion défaire applaudir un talent à son aurore.

Et .je crois l'artiste assez intelligente pour mettre ce conseil à

profit.

OCTAVE D' H AULT-RÉMY.

r-"5w^^îcN TEMENT ) très lentement, les débuts et les rentrées se

B|/f| continuent au théâtre des Celestins, Notre habile

M IzQÇP directeur ne se décide qu'avec peine à soumettre au

^^^a^J L jugement du public les artistes engagés. Eparpiller

les débuts, a été de tout temps un excellent système pour voiler

les faiblesses de l'ensemble, et l'intelligence même de M. Campo-

Casso, à laquelle tout le monde rend hommage, lui commandait

le système auquel il paraît obéir. Dès à présent, on peut se faire

tuie idée de notre troupe de comédie et de vaudeville. Elle scr.i

d'une honnête médiocrité. M. Campo-Casso a eu la chance de re

trouver disponibles un certain nombre d'artistes déjà connus

du public. C'est ainsi que l'admission de MM. Dalbert, Çerberf,

et de M"« Leriche n'a été qu'une formalité bien viteremplie. La

rondeur, l'entrain et la simplicité de jeu de M. Dalbert justifient

les sympathies du public. Elles seraient plus méritées, si M. Dal-

bert affinait un peu sa bonhomie. M. Gerbert est toujours le

premier rôle consciencieux et travailleur. 11 l'est trop au dire de

quelques-uns. A force de soigner sa prononciation, il la rend

affectée, et l'excès de son parisianisme, le rapproche de la pro-

vince. Dans le rôle du marquis de Presle, il lui a manqué un je

ne sais quoi d'aristocratique que les nécessités du rôle lui impo-

saient. Mais ce sont là des imperfections de détail, que seule la

distinction ordinaire de l'acteur rendait perceptibles. Quant à

Mlle Leriche, elle a toujours la note vraie, juste, du personnage

qu'elle représente; elle phrase bien, sans minauderies, sans 'pré-

ciosité, et surtout s'habille avec un goût exquis, appropriant ses

costumes à ses rôles.

M. Esquier et Mlk Rambert seront pour notre scène deux bon-

nes, acquisitions. Mais M. Esquier a besoin de revoir encore de

très près son rôle de Prosper Bloch, dont [certaines nuances lui

échappent. Je l'ai entendu deux fois, et deux fois cet artiste m'a

paru manquer de gradation, quand il passe pour Suzanne de la

raillerie à l'amour, de la plaisanterie à l'émotion.

Le sceptiqueProsper ne doit pas se métamorphoser en un coup

de baguette, etla maladresseévidente del'auteur doit êtresauvée

par le jeu de l'acteur. Quant à M'le Rambert, elle me paraît don-

ner, pour un avenir très prochain, les plus légitimes espérances.

Un peu écrasée par le rôle d'Antoinette, dans celui de Suzanne

elle reprend tous ses avantages. Voix chaude, colorée, harmo-

nieuse; distinction depatricienne ; prononciation correcte, accen-

tuée parfois par un roulement sourd à la Fargueil, dontM"e Ram-

bert est peut-être l'élève. Cette artiste me permettra deux légères

critiques: trop d'indécision dans les jeux de scène, trop de préci-

pitation dans le débit. Ce sont là des vétilles que l'intelligence

de Mlle Rambert corrigera aisément.

Quand j'aurai parlé des toilettes ravissantes et vraiment pari-

siennes de Mlle Berhhardt, conseillé à M.James de rester dans les

comiques grimes où il sera excellent, félicité sincèrement M. Ho-

wey, j'aurai achevé ma tâche, en oubliant un certain nombre d'ar-

tistes qui me sauront sans doute gré de mon oubli. Je fais une

exception pour M. Fort, que j'ai la faiblesse de. trouver très

amusant, et sur le jeu duquel je reviendrai en temps et lieu.

En résumé, les emplois secondaires sont évidemment remplis

par des artistes insuffisants. Or, M. Campo-Casso doit savoir que

telle n'est pas la tradition lyonnaise. Je- ne demande pas des

artistes de génie pour des rôles inférieurs; je les veux seulement

passables; persuadé- qu'à eux seuls, quand ils sont mauvais, ils

peuvent, malgré le talent des principaux interprètes, détruire

l'harmonie d'une représentation. M. Campo-Casso est trop habile

pour ne pas comprendre la valeur de cette réflexion.

P H I L I N T E .

EzAU T> O i\M A [PUT E— ESQ.UISSE PROVINCIALE —

— Suite (1) —

|CÇ^|s®Ç u même instant la porte s'ouvrit,- et des cris

fê\ M) perçants se firent entendre :

$£&&ftk!) « Au secours !.. à l'assassin ! . » beuglait Mi:c

Théodora. •

« Mon beau-père et deux employés montèrentdu maga-

(1) Voir le Monde l rennais des 29 octobre et 5 novembre 1881.

Page 13: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

novembre iSSî LE (MOU^DE .LYONNAIS 643

sin. A la vue de Corinne inanimée et baignant dans son

sang, il y eut un tumulte indescriptible.

« Deux sergents de ville passaient en ce moment dans la

rue. Attirés par les cris de tout ce monde, ils accoururent

et, grâce aux exclamations désordonnées de MUe Théodora,

m'arrêtèrent incontinent.

« Toute cette scène s'était passée avec une telle rapidité

qu'aujourd'hui encore je me demande si je n'ai pas été le

jouet d'un songe. La chambre seule que j'habite me ramène

à l'affreuse réalité. Maintenant, que résultera-t-il de cette

accusation absurde d'avoir voulu attenter aux jours de ma

femme? Dieu le sait ! , ..

« Mon ami, vous savez tout à cette heure, voulez- vous

toujours me défendre? Je ne puis croire à une condamnation.

Cependant, si je dois en subir une, puissent les juges m'in-

flig-er la déportation ! Ne riez pas, mon cher Henri, dans

ma détresse, je 'regarderais l'exil comme une faveur, tant

j'aj hâte de quitter ces lieux maudits !

« A l'aide, mon ami, je compte sur vous ! .

« LÉON RAVENOL. »

Du même au même

, « Pourquoi êtes-vous parti si tôt, mon ami? Pourquoi

vous dérober à l'expression de ma reconnaissance? Dans le

seul instant où je vous ai parlé, je n'ai pu vous l'exprimer.

Mon érnotion était trop forte!... Mais, croyez-le bien; je

n'oublierai jamais que c'est à votre éloquence persuasive

et convaincue que je dois mon acquittement.

« Maintenant, j'attends avec impatience la notification

du jugement qui me déclarera séparé de corps et de biens

d'avec ma femme! Aussitôt délivré de ce côté, je pars, je

touche barre à Paris, pour vous serrer encore une fois dans

mes bras. Puis, je, file sur le Havre, où je m'embarque sur

un paquebot à destination de New-York, j'emporterai pour

toute fortune les six mille francs que j'ai économisés pen-

dant les deux années où j'ai été l'associé de monsieur

Papottôn. Dussé-je, là-bas, être portefaix, ma vie sera plus

douce, moralement s'entend, qu'elle ne l'a été depuis

mon mariage. A bientôt donc, mon cher et excellent ami.

« LÉON RAVENOL. »

DEUX ANS PLUS TARD

Henri Lob.eau à Léon Ravenol .

MON CHER AMI,

«Je n'emploierai pas, les circonlocutions et les préam-

bules cocasses du page de Malbrough venant annoncer la

mort de son maître à la très noble épouse du vaillant

guerrier; et je vous dirai tout brutalement :

« Mon cher Ravenol, hâtez-vous de revenir. Vous êtes

libre ; et de plus, la fortune, peut-être le bonheur, vous

attendent ici !

« Voici comment la chose est arrivée.

« Depuis votre départ, monsieur Papottôn avait confié la

tenue de ses livres et la garde de sa caisse à un nommé

Flicot dont vous devez avoir souvenance. Cet intrigant

personnage, non content de vous succéder dans les affaires,

parvint, île vous émoustillez pas trop, à vous remplacer

dans le cœur de votre aimable épouse, où, soit dit entre

nous, vous n'étiez jamais entré bien avant. La somno-

lente Corinne devint donc une sorte de madame Flicot,

-moins, le nom, puisqu'hélas ! vous aviez dû lui laisser

le vôtre, et moins le sacrement, qui ne se fourvoie pas

dans ces vilaines choses. Tout se passait à la sourdine et

aurait pu durer longtemps, si mon gaillard de Flicot, que

le cumul des fonctions n'effrayait pas, et qui eût volontiers

passé de la brune à la blonde, et vice versa, ne s'était avisé

de courtiser Mlle Théodora. Une scène terrible eut lieu. La

maîtresse en titre de. monsieur Flicot allajusqu'à souffleter

sa chère marraine, et la menaça de lui faire passer la porte.

La vindicative, mais prévoyante demoiselle, durant sa Ion--

gue administration de la maison Papottôn, avait trouvé

moyen d'y gratter une petite fortune, qui la mettait à l'abri

de toute éventualité. Aussi déclara-t elle qu'elle partirait

immédiatement. Et elle le fit comme elle l'avait dit. Mais

auparavant la venimeuse créature instruisit le père de

Corinne de ce qui se passait d'irrégulier sous son toit. », .

E. MEUNIER.N {La fin' au prochain numéro).

CLUBS ET SOCIÉTÉS SAVANTES:

SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE LYON. —; Séance dit 3 nov2mbre 1SS1. — La

Société de Géographie de Lyon a tenu jeudi dernier, 3 novembre, sa

séance de rentrée dans son local ordinaire, 25, "quai de Retz.

Cette séance a été remplie par la lecture d'un compte rendu du congrès

de Venise, pat M. Ganneval.

Les séances de la Société de Géographie de Lyon ont lieu une fois par

mois.

SOCIÉTÉ ('D'AORICULTURF.J HISTOIRE NATURELLE, SCIENCES ET ARTS UTILES

DE LYON. — Séance du 4 novembre 1SS1 . — Séance de rentrée. Après

trois mois d'absence, on est heureux de se retrouver en aussi grand nombre

Page 14: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

644 LE (MO&CDE LYONNAIS 12 novembre )8Si

autour du tapis vert, Malheureusement, durant ses vacances, la Société

a perdu l'un de ses membres, M. Péricaut de la section d'agriculture.

Après le dépouillement d'une énorme correspondance^, le président

Marnas fait part à la Société d'une grave et triste nouvelle ; le conseil

général du département du Rhône, saisi d'un formidable accès d'économie,

a décidé dans sa dernière session de réduire de 4,000 fr. l'allocation an-

nuelle qu'il faisait à la Société. Pareille mesure est pour elle un arrêt de

mort. Comment lui sera-t-il possible de publier désormais, avec les 1,000 fr.

qui lui restent, ses magnifiques annales ? Une discussion s'engage sur les

mesures à prendre en présence d'un pareil événement. Fière d'un illustre

passé, la Société ne veut point se laisser abattre. Elle nomme une com-

mission composée de ses membres les plus influents et lui confie la délicate

mission d'étudier les voies et moyens pour parer un coup aussi terrible.

M. E. Pélagaud expose ensuite le compte-rendu de la session du congrès

tenu pendant les vacances à Bologne par les géologues du monde entier,

dans le but d'arriver à l'unification de la nomenclature et des signes con-

ventionnels employés en géologie. M. Pélagaud constate le bienveillant

accueil reçu par tous, Français et étrangers. Il proclame les rapides pro-

grès faits par les Italiens dans l'étude des sciences naturelles. Quant au

Congrès, il n'a en quelque sorte fait que poser de premiers mars utiles

jalons. Il doit se réunir à nouveau en 1884 à Berlin pour poursuivre une

œuvre si sage et si utile.

CLUB ALPIN FRANÇA'S, SECTION LYONN «SI-:. — Séance du S novembre iSSi.

—- La section lyonnaise du Club Alpin français tenait mardi dernier,

dans son local habituel, 6, quai de Retz, sa deuxième séance mensuelle

de l'année.

A huit heures et demie, le nombre des alpinistes présents s'élevant à

une trentaine, M. Mitai s'empare du fauteuil présidentiel et déclare la

séance ouverte.

Selon l'usage, le procès-verbal de la précédente séance lu et adopté à

l'unanimité, M. Aniel, archiviste de la section, rend compte des accroisse-

ments apportés depuis un mois à la bibliothèque, accroissements dûs en

grande partie à des échanges avec les différentes sections ou avec les clubs

alpins étrangers, et à des dons.

Quelques membres nouveaux sont admis sur la recommandation de leurs

parrains.

M. Mitai donne alors lecture aux clubistes d'une relation d'un voyage

de Courmayeur à Zermatt, écrite en italien par M. Gonella, membre du Club

Alpin italien, section de Turin, 'et ̂ traduite en français par M. L. Magenty.

On voit ce qu'une telle relation peut offrir d'intérêt.

Courmayeur, admirablement situé au pied du massif du Mont-Blanc,

à l'entrée. de la vallée d'Aoste, qu'il domine à une grande hauteur ; Zermatt

perché à 1620 mètres d'altitude, 570 mètres plus haut que Chamounix, à

l'extrémité du val de Saint-Nicolas, qui débouche à Viège dans la grande

vallée du Rhône, sont certainement dignes d'être choisis comme points de

départ et d'arrivée d'une excursion dont les étapes sont Aoste, Valpelline

et, en dernier lieu, l'immense étendue de glaciers au milieu desquels se

dressent les cimes gigantesques du mont Cervin, du Breithorn et du mont

Rose.

La traduction de M. Magenty est écrite avec beaucoup de clarté et

d'entrain. Aussi la lecture de M. Mitai excite-t-elle des marques unanimes

de vive satisfaction.

Nous remarquons parmi les clubistes M. le professeur Berlioux, dont

la sympathie à la cause alpiniste ne peut qu'avoir les meilleurs effets pour

l'avenir de la section,

On se sépare à neuf heures et quart, en se donnant rendez-vous pour le

moi; suivant. Les séances de la section lyonnaise du Club Alpin. français

ont lieu régulièrement, pendant la saison, le premier mardi de chaque

mois.

ARGUS.

PROBLEMES Sr JEUX D'ESP%IT

ACROSTICHE DOUBLEoblctne n° 58.

On prétend que ce général

Etait superbe à la tribune,

Et que du parti libéral

Il avait suivi la fortune.

Malheureusement il est mort...

Mais son nom vit dans plus d'une âme,

Et, sans qu'il m'en coûte un effort,

En mon cœur brille cette flamme.

« En votre ccçur? — En vérité,

Vous ignorez l'anatomie !

Car c'est d'un tout autre côté

Qu'on voit cet organe, ma mie !

— Pour clore la discussion

Sur un mot qui renferme un piège,

J'émets la proposition

D'aller le chercher dans l'Ariége. »

E. MEUNIER.

SOLUTIONS

Problème n» 57, acrostiche double. — Les mots sont ;

NABAB

ARABE

P L E U R

O P F R A

LIMON

ÉTANG

N J G F. R

Les premières et les dernières lettres de ces sept mots, lues dans le

sens vertical, donnent deux mots nouveaux : Napoléon et Béraugcr.

Ont envoyé la solution complète du problème n° 57, Mme Constance

Mazoy'er; Mlle Sans-Nom; MM. Collet-Mont-Thé; Ant. J.-B.-V. de Besse-

ray ; Eiinemond Quinophile ; Duc O'Pahut.

Nous donnerons dans notre prochain numéro la solution du problème

n» 58.

Toutes les communications concernant les Problèmes et jeux d'esprit

doivent être adressées à M. le secrétaire de la rédaction du Monde lyonnais,

8, rue Mulet, Lyon.

Les solutions devront nous parvenir au plus tard le jeudi, à midi. Celles

qui arriveront passé ce délai ne seront pas insérées.

Nous accueillerons avec plaisir tous les problèmes nouveaux qne nos

lecteurs voudront bien nous .-.tresser.

Le Gérait: : CHARLES DAMEY

LYON. — 1MP. Pli RAI AINE, 4, RUE GENrlI

Caractères elzéviriens de la fonderie Mayeur.

Page 15: ^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi - BM Lyon

SVECTzACLES T>E LA SEMAINE

G RAND-THÉATRE (théâtre muni-ci

pal), place de la Comédie. —- Directeur :

M. Campo-Casso. — M. Trélesky, régisseur

général; M. Teysseyre, secrétaire général, régis-

seur; M. Alexandre Luigini, premier chef d'or-

chestre; M. Couard, deuxième chef d'orchestre.

— Grand opéra, opéra-comique, ballet. Représen-

tation les dimanche, lundi, mercredi, jeudi etsamedi.

PRIX DES PLACES. — Avant-scènes de

rez-de-chaussée, 8 fr. ; fauteuils d'orchestre, fau-

teuils de première galerie et loges, 6 fr. ; premières

galeries, 4 fr. ; deuxièmes galeries, 2 fr. ; par-

terre, 2 fr. ; troisièmes galeries, fr. 1.25 ; qua-

trièmes galeries, fr. 0.60.

En location, 1 fr. en sus, pour les places numé-

rotées, et fr. 0.25 pour les places non numéro-tées.

Le bureau de location est ouvert tous les jours,de 1 1 heures du matin à 5 heures du soir,

—6-3—

T HÉÂTRE DES CE LEST IN S

(théâtre municipal), place dès Célestins. —

Directeur : M. Campo-Casso. — Spectacle tousles soirs.

-~e~3~

T HKATRE BELLE COUR, 85,

rue de la République, — Directeur:

' M. Simon. — Du mercredi 16, au jeudi 24 no-

vembre courant, les représentions données par

Mmc Judic et sa troupe, composée d'artistes de

Paris, la Mascotte, Ninicbc et la Femme à Papa.

I—&3—

T HÉÂTRE DU GYMNASE, 30

quai Saint-Antoine. — Clôture.

—8-3—

T HÉÂTRE DES VARIÉTÉS,

39, cours Morand. — Clôture.

I

-«— -

C ASINO, 79, rue de la République. —

Directeur : M. C. Guillet ; régisseur ; M. N.

Vital. — Tous les soirs, à 8 heures, spectacle

varié. Orchestre complet sous la direction de

M. Leone. M. Moullot, sous-chef.

PRIX DES PLACES. — Sans consomma-

tion : Fauteuils, fr. 1,50; loges, fr. 1,50 la place.

La première série de consommations ; parterre

I fr.; première galerie fr. 0,75; deuxième galerie

fr. 0,50. Renouvellement: le bock fr. 0.25.

--6*-

QCALA-BOUFFES, 20, rue Thomas-

^3 sin. — Tous les soirs à 7 h. et demie,

spectacle varié. Orchestre d'élite sous la direc-

tion de M. Lefèvre.

-•€-3~

F OLIES-BERGÈRES, 55 et 57,

avenue de Noailles. — Dimanche 25 sep-

tembre, réouverture du Skating-Rink.

- _^3~

T HÉÂTRE DELILLE, cours du

Midi, côté Rhône, à côté de la station des

tramways. — Tous les soirs, de 8 h. à 10 h. 1/2,

spectacle varié. Le dimanche et le jeudi, repré-

sentation à 3 h.

PRIX DES PLACES. — Chaises, 2 fr. ;

banquettes, 1 fr. 50 ; deuxièmes galeries, 1 fr. ;

troisièmes galeries, o fr. 50.

—&3—

K IOSQUE DE BEL LE COUR,

place Bellecour. —Tous les soirs de 2 à 3 h.

concert donné par les musiques militaires.

Prix des chaises sur la promenide, fr. 0,05 ;

fauteuils, fr. o, 10.

- -ê-3-r .

>

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