^edcaÇtio&c & zadmimilstrzatlomi - bm lyon
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' \^\-l/\l\^Ul\^ ^illlIV^. M ^aiii^ui i A nuvviiiL'iv- vwi
Directeur 1: FRANÇOIS COLLET
^EDcAÇTIO&C & zADmimilSTRzATlOmi ».
8, RUE MULET. LYON
'Bureaux de Vente, 51, %ue Tupin
SOMMAIRE DU N° 5 3
SAINT LÉONARD FRANÇOIS COLLET.
LE « MONDE LYONNAIS » AUX PREMIE-
RES , . CARLOS.
AMOUR ET BLEUET, POÉSIE , RousTOtmiauB.
A LA FACULTÉ DE MEDECINE D' Pic.1
CAUSERIE PARISIENNE. PAUL VIGNET.
LES INDISCRÉTIONS DU BONHOMME
POURQUOI LE EONHOMMB POURQUOI.
NOS ILLUSTRATIONS. NÉCROLOGIE LYON-
NAISE DE 1881. . STRAPONTIN".
A M" EDOUARD LENOIR, SONNET . . . . EDWARD SANSOT.
REVUE DES THÉÂTRES , . . OCTAVE D'HAULT-RÉMY. PHILINTË
EAU DORMANTE (suite)' E. MEUNIER.
CLUBS ET SOCIÉTÉS SAVANTES .... ARGUS.
PROBLÈMES ET JEUX D'ESPRIT .... E. MEUNIER.
ILLUSTRATIONSPortraits de M. APOLLINAIRE SICARD, par M. NICOLAS SICARD; de M. le
docteur JULES GARIN, par JOB ; et de M. PHILIPPE FABISCH, par M. JO-
SEPH FABISCH.
LA
REVUE LYONNAISEHistoire, biographie
Littérature, ^Philosophie, aAtchéologie, Sciences, 'Beaux-Arts
REVUE MENSUELLE DE LYON ET DE LA RÉGION
PARAISSANT PAR LIVRAISONS DE 80 PAGES DE TEXTE AU MOINS
SOUSLADIRECTION
'De M. FRANÇOIS COLLET, directeur du ({Monde lyonnais))
TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE TOME PREMIER
ALLMER, membre correspondant de l'Institut; Epi-
graphie lyonnaise.^ — E. AMAGAT, professeur à la
Faculté catholique des sciences de Lyon ; De la trans-
formation et de la conservation de l'énergie dans l'Uni-
vers. — H , BAUDRIER, président de chambre a la Cour
d'appel de Lyon: Bibliographie lyonnaise au XVe siè-
cle. — H. BEAUNE, avocat à la Cour d'appel de Lyon :
Claude de Rubys et la liberté de tester au XVle siècle.
Pierre BONNASSIEUX, archiviste aux archives nationa-
les: Saint -Martin par A. LECOY DE LA. MARCHE. —
C. : Compendium Lotharii. — Raoul de CAZENOVE,
président de la Société littéraire, historique et archéo-
logique de Lyon : Documents inédits. — L. CLÉDAT>
professeur à la Faculté des lettres'de Lyon : Fra Sa-
Uiubene, — Alphonse DAUDET: Une page de mémoiries.
— FERRA Z, professeur à la Faculté 'des -lettres de
Lyon: Du suicide; — D.. la recherche delà vérité,
par MALEBRANCHE, nouvelle éditiompar M. Francisque
ROUILLIER. — R. G. : Traité de médecine légale, par
A. S. TAYLOR, traduit de l'anglais par M. le docteut
Henri COUTAGNE. — Joseph GARIN, avocat à la Cour
d'appel de Lyon : Mémoires de l'Académie des sciences,
belles-lettres et arts de Lyon. — G. -A. HSINRICH, doyen
de la Faculté des lettres de Lyon : M. Paulin Paris ?
— Le monde où Von s'ennuie, par Edouard PAILLERON.
— Xavier LANÇON, avocat à la Cour d'appel de Lyon:
Du dernier receucement des Etats-Unis; de ses consé-
quences géographiques et économiques. — MOREL DE
VOLEINE : Souvenirs des premières guerres de la Répu-
blique. Extraits des lettres d'un lyonnais, officier
d'artillerie. — Jean de MOUSTELON : Madame de Main-
tenon, par François COPPÉE ; — Les artistes lyonnais au
Salon dciSSi. — Léopold NIEPCE. conseillera la Cour
d'appel de Lyon : Les statles et les boiseries de la^cathc-
drale de Lyon; — La bihliothèquc^ de l'ancienne abbaye
de Cluny. — Casimir PERTUS, président de l'Académie
des poètes: L* Parnasse français du Xle au XIXe siècle,
sonnets. — Nizier du PUITSPELU : Lettres de Galère ;
— Paul REGNAUD, maître de conférences à la Faculté
des lettres de Lyon : Une mystification scientifique. Lesourvages de M. Jacolliot sur VInde ancienne. — j. RE-
NARD: Eti.des bibliographiques. Nouvelles observations
sur les ouvrages imprimés du P. C. Fr. Ménestrier. —
P. SCIPION : Une nouvelle méthode géographique: Le
Jura, par M. E. F. BERUOUX. — J. SÉVANE: Histoire
judiciaire de Lyon et des départements de Saônc-ct-Loirc
et dit Rhône, depuis IJÇO, par M. SALOMON DE LA
CHAPELLE; —[Paravents et tréteaux, ;par Jacques NOR-
MAND. — Joséphin SOULARY : Les maîtres de céans,
sonnet. —A. PHILIBERT SOUPE, professeur à làFaculté
des lettres de Lvon ; Victor Hugo. — A STEYERT:
C.-A.-B. Sewrin et Soucicu; — Tanncguy du Châtel ; —
Pb. Lalyame, architecte et graveur ; — Topographie bis-
torique. L'ancien quartier des Capucins, lettre à M". Ver-
morel. — Ambroise TARDIEU, membre de l'Académie
de Clermont-Ferrand : Mission archéologique à Utique,
près de Tunis. — H. de TERREBASSE : Baltaçar de Vil-
lars, — A. VACHEZ, avocat àrïa cour d'appel de Lyon:
De Lyon à Genève au XVÎlc siècle. — Joseph VAESEN,
architecie-adjoint du département du Rhône : Tau/ie-
guy du Châtel. — V. de VALOUS: Documents inédits;
— Tanncguy du Châtel. — B. VERMOREL, ancien voyer
principal de la ville de Lyon: Les fortifications de Lyon
au moyen-âge. — Docteur de VILLENEUVE. : Les Anglais
dans l'Afrique occidentale. ;— Bibliographie des mois
de janvier, février et mars. — Chroniques mensuelles.
— Comptes-rendus des séances de l'Académie des'
sciences, belles-lettres et arts de Lyon, de la 'Société
littéraire, historique et archéologique, de la Société
nationale d'éducation, de la Société d'économie poli-
tique, de la Société de géographie et de la Société
d'agriculture, histoire naturelle, science et arts utile:.
rOME DEUXIÈME EN COURS IDE 'PUBLICATION
— Sommaire delà septième livraison. —— JUILLET 1881 —
A. PHILIBERT SoupÉ, professeur à la Faculté des let-
tres de Lyon ; Victor Hugo (fin). — DE LAPLANE : Le
mariage de Séverine (suite). — NIZIER DU PUITSPELU ;
Sur l'origine du nom de Bourg-Chanin. — JOSEPH
MAIRE: Souvenirsde Pondichéry. — GERMAIN PICARD:
Le Gaulois, poème. — ROGER VILLE : Les archives nota-
riales. — J. RENARD : Etudes bibliographilqucs. Nou-
velles observations sur les ouvrages imprimés du
P.C. Fr. Ménestrier (suite). —Intermédiaire lyonnais. —
Sociétés savantes, — Chronique.
Sommaire de la huitième livraison.— AOUT 1 S 8 1 —
DE LAPLANE : Le mariage de Séverine, (suite), —
NIZIER DU PUITSPELU : Un chapitre de l'histoire de ta
construction lyonnaise. Benoit Poncet et sa part dans
les grands travaux publics de Lyon ; — Addition à
l'article « Sur l'origine du nom de Bourg-Chanin ». —
JEAN DE MOUSTELON : La légende d'Œdipe. — CASIMIR
PERTUS, président de l'académie des poètes et direc-
teur de la Revue de la poésie : Le Parnasse français
du xi" au xixe siècle, portraits-médaillons. — LÉOPOLD
NIEPCE, conseiller à la Cour d'appel de Lyon : Le
cabinet des antiques et les médailiers de l'ancien collège
delà Trinité et de l'hôtel de ville de Lyon. — V. DE VA-
LOUS : Documents inédits: Lettres de provision de
l'office de lieutenant général du Lyonnais. — J. RE-
NARD : Etudes bibliographiques, nouvelles observa-
tions sur les ouvrages imprimés du P. C. Fr. Ménes-
trier (suite). — Intermédiaire lyonnais. — Sociétéssavantes. — Chronique.
Sommaire de la neuvième livraison.— SEPTEMBRE 1881 —
H. HIGNARD, professeur à la Faculté des lettres
de Lyon : La bible et la science. Essai d'un commen-
taire scientifique de la Genèse, par A. de Chambrun
de Rosemont. — De LAPLANE : Le mariage de Séverine,
(suite). NIZIER DU PUITSPELU : Un chapitre de l'histoire
de la construction lyonnaise, Benoit Poncet et sa part
dans les giands travaux publics de Lyon (suite). —
XAVIER MARMIER, membre de l'Académie française :
Ju-venilia, poésies. —- LÉOPOLD NIEPCE, conseiller à la
Cour d'appel de Lyon : Le cabinet des antiques et les
médailliers de l'ancien collège de la Trinité et de l'Hôtel
de ville de Lyon (suite). — RAOUL de CAZENOVE, prési-
dent de la Société littéraire, historique et archéologi-
que de Lyon : Bibliographie. — J. RENARD : Etudes
bibliographiques. Nouvelles observations sur les ou-
vrages imprimés du P. C. Fr. Ménestrier (suite). "
Intermédiaire lyonnais. —Chronique.
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RÉDACTION ET ADMINISTRATION, AUX BUREAUX DU Monde lyonnais
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On s'abonne à Lyon aux Bureaux du Mmtde limais et de la Revue Lyonnaise, 8, rue Mulet ; àTimprimerie PITRAT, 4, rue Gentil jet chez tous les Libraires.
LHS ABONNEMENTS DU DEHORS SONT REÇU» C«*Z LES PRINCIPAUX E,BRA IR ES DE FRANCE ET DE L>ETRANCER ET DANS TOUS LES BUREAUX DE POSTE
Deuxième année. — Numéro 53. Samedi 12 Novembre 1881
LE MONDE LYONNAISREVUE HEBDOMADAIRE
DES LETTRES ET DES ARTS
SO£MMAI%ESAINT LÉONARD FTANÇO:S COLLET.
LE « MONDE LYONNAIS » AUX PREMIE-
RES CARLOS.
AMOUR ET BLEUET, POÉSIE ROUSTOUBIQUE.
A LA FACULTÉ DE MÉDECINE D' Pic!
CAUSERIE PARISIENNE PAUL VIGNET.
LES INDISCRÉTIONS DU BONHOMME
POURQUOI LE BONHOMME POURQUOI.
NOS ILLUSTRATIONS. NÉCROLOGIE LYON-
NAISE DE l88l STRArONTIN.
y M"' EDOUARD LENOIR, SONNET. . . . EDWARD SANSOT.
REVUE DES THÉÂTRES OCTAVE D'HAULT-RÉMY. PHILINTE.
EAU DORMANTE (suite) E. MEUNIER.
CLUBS ET SOCIÉTÉS SAVANTES. . . . ARGUS.
PROBLÈMES ET JEUX D'ESPRIT E. MEUNIER.
•HY*
ILLUSTRATIONSPortraits de M. APOLLINAIRE SICARD, par M. NICOLAS SICARD ; de M. le
docteur JULES GARIN, par JOB; et de M. PHILIPPE FABISCH, par M. Jo-
SEI'H FABICCH.
^Mp<3^0us n'êtes pas sans avoir parcouru plus ou
Wmf/0) moins la vallée de la Saône. Pour peu que
!S%s<î\ vous l'ayez remontée jusqu'à Couzon, vous
avez pu voir, au pied des fameuses carrières d'où
sont sortis les trois quarts des murs de Lyon, une
grande. maison jaune, sur une des façades de laquelle
se détachent en lettres colossales ces deux mots :
« Saint Léonard. »
Or, savez-vous ce que c'est que Saint Léonard ?
Lorsqu'un homme a commis un crime, il est tra-
duit devant unecourd'assises, où il se voit condamné,
suivant l'étendue de sa faute, soit à mort, soit aux
travaux forcés ou à la réclusion, et ce pour tout le
reste de sa vie ou seulement pour un nombre d'an-
nées- déterminé.
S'il est condamné à mort, sa tête tombe peu de
temps après. C'est alors affaire entre Dieu et lui ; les
hommes n'ont plus rien à y voir.
S'il est privé de sa liberté pour toujours, on lui
donne de bons geôliers, on l'enferme entre quatre
solides murailles, et tout est dit.
Mais si sa peine n'est que temporaire, quelque lon-
gue qu'elle doive être, un jour viendra nécessaire-
ment où elle sera finie. Ce jour-là, le gardien de la
prison ou du bagne mettra à son pensionnaire une
blouse sur les épaules et une casquette sur la tête, et
le poussera dehors.
On a beau être un forçat libéré, il n'en faut pas
moins vivre. Problème difficile quand on n'a rien.
Car vous ne vous dissimulez pas qu'il est extrême-
ment rare de voir un gentleman retrouver, au sortir
du bagne, un honte confortable, où l'attendent les
ressources et la considération que donnent à un
homme vingt-cinq mille livres de rente.
La plupart du temps, le pauvre diable n'a pas le
premier liard, pour se taire servir le repas le plus
élémentaire chez le moins exigeant des Matossi de
faubourg.
Le redoutable « io be or not to be » d'Hamlet
s'échappe de ses lèvres sous sa forme la plus laconi-
que et la plus expressive : « De l'argent !
De l'argent !
6*4 LE WIO^DE LYONNAIS 12 itovémbri 1SS1
11 y a deux manières de se procurer de l'argent.
La première est de voler celui de son prochain.
Ce moyen est prévu par le Code, en vertu duquel
deux gendarmes vous mettent la main au collet et
vous réintègrent en prison.
Le problème de l'existence est donc doublement
résolu, puisque le produit de votre vol vous a permis
de diner, premièrement, et qu'en second lieu son ré-
sultat est de vous assurer de nouveau, pour un
temps plus ou moins long, le gite et le couvert aux
frais des contribuables.
Le second expédient est-de travailler pour gagner sa
vie. .
Travailler.
Les gens qui ne font rien s'imaginent qu'il n'y a
rien de plus facile que de travailler. .
Un homme de bonne volonté se présente.dans un
atelier et demande de l'ouvrage. Neuf fois sur dix,
on l'envoie promènera première vue. La dixième, on
-l'engagea revenir. Cependant, on prend des rensei-
gnements, et quand il revient, la réponse est qu'il
n'y a pas de place dans la maison pour un repris de
justice.
Il n'y a plus alors que deux partis. Redevenir dé-
finitivement un chenapan, ou se résigner à mourir
de- faim.
Mais non, il y en a un troisième.
. Au lieu de chercher inutilement à rentrer dans
cette société qui le repousse, le libéré va à Saint
Léonard.
Là il trouve des vêtements à sa mesure, un lit
tout prêt qui l'attend, une place à la table commune
et une à l'atelier.
Il'achève. par le. travail et la bonne conduite la pu-
rification commencée par le châtiment subi.
Sur le produit de son travail, on lui abandonne
dix pour cent, plus quarante centimes par semaine
pour acheter du tabac. Le reste a la prétention de
servir à payer son logement et sa nourriture.
Quand il y a un déficit, et il y en a toujours, on
tire une traite sur la caisse du Bon Dieu,- et, plus
heureuse que les quittances du Monde lyonnais, elle
ne rentre jamais impayée.
Les libérés font de l'agriculture, du jardinage, de
la menuiserie. Ils fabriquent de la chaussure, par
quantités fabuleuses, plusieurs milliers de paires de
souliers par semaine.
A certaines époques de l'année, on leur offre de
petites fêtes. Les plus littéraires d'entre eux, chamar-
rés de velours et d'or, jouent sur un théâtre impro-
visé des comédies, des drames qui ont le privilège
non seulement de les amuser énormément, eux et
leurs camarades, mais encore d'attirer à Saint Léo-
nard une foule considérable venue de tous les vil-
lages environnants, et dont la satisfaction se manifeste
sous forme de piles de gros sous, quand l'heureux
organisateur de la fête passe le plat pendant le pre-
mier entr'acte.
Naturellement ces pièces ne comportent pas de
rôles de femmes. La plupart sont écrites pour la cir-
constance. Nous en avons entendu une de M. l'abbé
Alexis Boulachon, aumônier des prisons, qui est
vraiment composée avec beaucoup de tact.
De temps en temps aussi une distribution de vête-
ments ou de bons sur la caisse de Saint Léonard aux
libérés qui se sont fait remarquer par leur assiduité
au travail stimule le zèle de ces ouvriers impro-
visés.
Ce qu'il y a. de merveilleux, c'est que le digne
directeur de cet établissement, si singulièrement
peuplé, se trouve constamment seul, avec un autre
ecclésiastique, quelquefois, et trois ou quatre pau-
vres religieuses, en face de soixante ou soixante-cinq
libérés. Et non seulement il maintient parmi ses
pensionnaires la discipline la plus rigoureuse, mais
il se fait aider par eux dans les diverses branches de
son administration. C'est un libéré, par exemple, qui
remplit les délicates fonctions de caissier, et si l'on a
observé que caisse et caissier avaient toujours disparu
simultanément, on a pu constater du moins que le
cas s'était très rarement présenté.
Il est vrai d'ajouter que l'excellent abbé Villion,
dans son zèle à faire le bien, ne laisse guère à son
coffre-fort le temps de se remplir, et que l'emploi de
caissier à Saint Léonard est souvent une sinécure.
La plupart des pensionnaires de la maison ne pas-
j 2 novembre 1SS i LE -fMOiïÇDE LYONNAIS
sent laque six mois. Au bout de ce temps, on les
place dans quelque atelier.
Plusieurs se marient, et font souche d'honnêtes
gens.
D'autres préfèrent se fixer définitivement dans la
maison, où ils s'efforcent de se rendre utiles.
Le nombre d'individus que Saint Léonard arrache
ainsi chaque année au crime, d'où ils sortent à peine,
et dans lequel ils seraient infailliblement retombés,
est véritablement prodigieux.
Nous ne disons rien de plus du digne abbé Villion,
son directeur depuis quinze ans. Sa modestie ne
nous pardonnerait pas si nous faisions de lui le quart
des éloges qu'il mérite. Mais nous espérons bien
trouver quelque jour l'occasion de reparler à nos
lecteurs de cet établissement, à la fois si religieux et
si philanthropique, une des plus belles œuvres con-
sacrées par la charité chrétienne au soulagement des
misères humaines.
FRANÇOIS COLLET.
LE (MONDE LYOZhÇNzAIS <AUX TRE(MIÈ%ES
ODÉON : Marie Toucbet, drame en un acte, en vers, par M. Gustave Rivet ; Le
Dîner de Pierrot, comédie en un acte, en vers, par M- Bertrand Millanvoye.
— THÉÂTRE DES NOUVEAUTÉS : Le Jour et la Nuit, opérette en trois actes,
-paroles de MM. Vanloo et Leterrier, musique de M. Charles Lecoq.
Paris, 9 novembre I88I. P
hr~***^y ÉCIDÉMENT l'Odéon a un faible pour les reines de la
fw pR jC main gauche, qui me paraissent cependant inspirer
%j 1&J\ d'une façon médiocre les auteurs dramatiques. Après
s HMW3£&1V: Madame de Maintenon, de M. Coppée, voici Marie
Toucbet de M. Gustave Rivet. La première de ces deux pièces
n'avait guère obtenu qu'un succès d'estime, je doute que celle
qu'on nous offre aujourd'hui soit plus favorisée.
La donnée de ce. drame peut se résumer ainsi. Nous. sommes
dans la nuit de la Saint-Barthélémy. Marie Touchet est à sa fenêtre,
écoutant avec terreur les coups de feu. Elle attend son amant
qu'elle ne connaît que sous le nom de Charles, et elle appréhende
les dangers qu'il peut courir dans un semblable moment. On
frappe à la porte, mais ce n'est point Charles qui se présente,
c'est Saint-Bris, un huguenot, un ancien ami de Marie Touchet.
Blessé, fuyant les assassins, il vient demander 'asile et protec-
tion. Bientôt Charles lui-même arrive. Saint-Bris reconnaît le
roi, le roi reconnaît un hérétique. Saint-Bris, qui avait juré de
tuer Charles IX, lui fait grâce.; mais le fils de Catherine n'a pas
autant de magnanimité, et livre le huguenot à ses soldats qui le
mettent à mort sur-le-champ. Marie Touchet, en'proie à l'indi-
gnation et à l'épouvante, chasse le roi en lui signifiant qu'il ne
la reverra jamais, non plus que son enfant.
La pièce est courte, trop courte même, car rien n'est suffisam-
ment expliqué. Il est bien invraisemblable que Marie Touchet
ait vécu si longtemps avec le roi sans connaître son rangi et on se
demande pourquoi Charles IX se souille, devant sa maîtresse, du
sang d'un homme blessé et qui vient défaire preuve de grandeur
d'âme.
M,le Defresne joue Marie Touchet. Albert Lambert, qui prend
une place de plus en plusyniportante à l'Odéon, est excellent
dans Saint-Bris. Quant à Rebel, qui représente Charles IX, il faut
absolument sortir pour lui le fameux cliché qu'il a l'air d'un
portrait descendu de son cadre.
M. Bertrand Millanvoye s'est passé la fantaisie de remettre à
la scène les vieux types de Pierrot et de Colombiiïfe. M. Millan-
voye est un parnassien : ses rimes sont d'une richesse et d'un
imprévu à faire pâmer M. Théodore de Banville.
Pierrot est vert encore, mais il est revenu des ardeurs folles de
la première jeunesse. Aujourd'hui, ce qu'il veut, c'est une vie
bien réglée, confortable et exempte de soucis. II est furieux contre
sa femme Colombine qui lui fait attendre le dîner. Colombine
préférerait un autre tête-à-tête à celui de la table, mais Pierrot
fait la sourde oreille et obtient enfin le dîner qu'il dévore avec
entrain. Bientôt les mets succulents, le vin vieux changent le
cours des idées de Pierrot. A son tour de solliciter, d'être auda-
cieux, à celui de Colombine de se défendre et de faire la prude.
Inutile de vous dire qu'elle ne la fait pas longtemps. Le rideau
baisse, sans doute à la grande satisfaction de Pierrot qui as pire
à ce que Mûrger appelait la solitude à deux. M"eChartier dit avec
brio et esprit, il faudrait ajouter à cela un grain de fantaisie.
Rorel varie peu ses effets, mais il est toujours amusant.
Allons! malgré l'insuccès des Deux Roses, il y a encore de
belles soirées pour l'opérette qui, lorsqu'elle est signée Charles
Lecoq, mériterait plutôt le nom d'opéra-comique. -
Don Braseiro, noble Portugais qui exerce un commandement
militaire sur là frontière, a été aussi souvent veuf que Barbe-
Bleue, sans employer pour cela les moyens répréhensibles de ce
dernier. Par exemple, il a une singulière méthode pour remplacer
les défuntes. Au lieu de choisir lui-même comme nous ferions
vous ou moi, il délègue ce soin à un sien cousin, Don Dégo-
mez, maigre à faire croire qu'il prend pension dans latourd'Ugo-
lin. Il attend avec impatience la nouvelle épouse que doit lui
amener ce parent, ancêtre de M. de Foy, mais voyez le contre-
temps! Les Espagnols attaquent les Portugais, et voilà' Don Bra-'
seiro obligé de partir en guerre, de laisser Vénus pour Mars. Il
s'éloigne en soupirant, et confie sa maison à Miguel, son jeune'
intendant. A peine a-t-il tourné les talons qu'une fillette arrive
effarée. C'est Manola, la fiancée de Miguel. Elle est poursuivie par
le prince Picrates, premier ministre du roi de Portugal. Comment
soustraire une pauvre paysanne à un aussi puissant seigneur? En
la faisant passer pour la baronne, femme de Braseiro. Effective-
ment le ministre entre et se confond en excuses. Tout irait bien
si on ne voyait arriver coupsur coup Don Braseiro, qui s'est débar-
rassé des Espagnols, et Don Dégomez escorté de Béatrix, la véri-,
table baronne. Pour ne pas perdre Manola, Béatrix consent à ne
rien dire pendant le séjour que Picrates compte faire au château
de Braseiro. Le soir venu, elle prend la place de Manola dans la
636 LE (MO^DE LYONNAIS 12 novembre J,Ç,?J
chambre nuptiale, sans que Braseiro s'aperçoive de la superchere.
Vous voyez, la situation, elle se prolonget assez heureusement
pendant trois actes. A la fin, on découvre tout à Braseiro, et Pi-
crates, révoqué par le roi, ne peut se venger de la rusée Manola.
M. Charles Lecoq a été parfaitement inspiré. Sa nouvelle par-
tition est digne de ses aînées, les qualités maîtresses en sont tou-
jours la gaîté, l'harmonie, l'originalité. Je citerai les couplets :
On était prêt, on n'est plus prêt, dits avec infiniment d'esprit par
Berthelier (Don Braseiro), ceux de : Passe^,ma belle, de l'intendant
Miguel (Montau bry), et l'ensemble Au Parasol, à la fin du deuxième
acte. M"e Marguerite Ugalde, la fille de la célèbre artiste de ce
nom, qui a fait un si brillant début à l'Opéra-Comique dans les
Contes d'Hoffmann, joueManola. Cettejeune fille n'est pas complè-
tement encore maîtresse de sa voix, mais elle a le temps de tra-
vailler, et sa méthode est excellente. Elle est déjà comédienne
remarquable. Sa chanson : Y avait un'fois un militaire! a été bissée,
ainsi que le duo du rossignol et de la fauvette, une des plus jolies
choses de la pièce, qu'elle dit avec M"" Darcourt, charmante sous
les traits de Béatrix. N'oublions pas le morceau explicatif de la
fin : C'est le jour et la nuit, délicieusement dit par Mlles Ugalde
et Darcourt et par Berthelier et du plus heureux effet.
M. Brasseur, qui a fait de Pieratès une de ces ganaches dont il
a le secret, tient comme directeur un vrai succès. Il a monté le
jour et la Nuit avec un goût exquis. Décors, costumes, mise en
scène, tout est irréprochable. On ne peut que le complimenter et
le féliciter.
CARLOS.
tA(MOU% ET BLEUET
-» A Mme »** .j_
lAve^-vous quelquefois cueilli, bonne Amélie,
Cette étoile des champs qui se nomme un bleuet?
Son pâle açur me porte à la mélancolie;
J'éprouve, en le voyant, comme un chagrin secret.
Si vous me demande^ pourquoi, douce Madone,
Mon cœur vous répondra qu'il n'en [sut jamais rien.
A-t-on'jamais connu-comment l'amour se donne?
Comment pousse la fleur, qui de nous le sait bien?.
' Or, la fleur et l'amour ont même destinée.
Ils germent tous les deux dans le sillon humain.
Otc{ l'une a sa lige: elle est bientôt fanée.
A l'autre ôteç l'espoir: il sera mort demain!
Rou STOUB 1QUE,
^ LA FACULTÉ DE (MÉDECINE
^EN^W N événement vient de se produire à la Faculté de Mé-
JiyfÇSl 'v decine, qui ne peut manquer d'avoir de fâcheuses
{( rafl H conséquences: M. Desgranges a donné sa démission
c&^Z&iM, de professeur de clinique chirurgicale.
Son nom est trop connu à Lyon pour que nous ayons à rap-
peler avec quelle autorité il a occupé la chaire dont il vient de
descendre. Nous tenons cependant à dire bien haut qu'il emporte
dans sa retraite toutes les sympathies des étudiants. Les internes
ont eu à cœur de le lui prouver, et lui ont adressé une pétition,
pour le prier de revenir sur une détermination aussi regrettable,
Et cette adresse, ils l'ont envoyée autant par sympathie pour
leur maître, que par appréhension de l'avenir. Quel est, en effet,
celui qui recueillera la succession de l'illustre professeur? Ne se
laissera-t-on pas guider, dans le choix que l'on va être appelé à
faire pour pourvoir à son remplacement, par d'autres considéra-
tions que celles du mérite et des titres scientifiques? A tort ou à
raison, on le craint, et ces craintes seraient parfaitement justifiées
si la chaire de clinique venait à échoir à un autre qu'à un chi-
rurgien des hôpitaux.
Un nom circule tout bas dans le public médical ; nom qui,
grâce à des influences dont je n'ai pas à m'occuper ici, réunirait,
lors du vote, la majorité. Le candidat en question se trouve
précisément dans les conditions que nous venons d'indiquer;
c'est-à-dire que jamais il n'a eu de service hospitalier en qualité
de chirurgien. Nous aimons à croire qu'il n'y a là rien de sérieux,
et que personne n'aura la prétention de poser sa candidature, s il
n'appuie sa demande de son brevet de chirurgien major. Au reste,
si, par impossible, on venait à sacrifier à une question de per-
sonne les intérêts de tous; si les étudiants se voyaient imposer
un professeur de clinique, pris en dehors du corps des chirur-
giens des hôpitaux, ils se chargeraient de montrer à qui de droit
que l'on ne brave pas impunément l'opinion publique. Les
chaires, il est vrai, sont bien un peu créées pour les professeurs,
mais elles le sont surtout, on en conviendra, pour les élevés.
Ceux-ci ont donc le droit d'élever la voix lorsqu'il s'agit de choi-
sir un titulaire, et l'on ne saurait trouver mauvais qu'ils vou-
lussent fermer la porte de la salle de cours à tel professeur dont-
la nomination serait un désastre pour la Faculté.
pr Pic.
!2 novembre JSSI LE (MOOfDE LYONNAIS 637
CAUSERIE TtAKJSlENdiELa Toussaint. — Feu l'exposition d'électricité. — Numa Roumestan. — Le
Voltaire et la Faustin. — Français et argot. — Pauvre Gill ! — Le million de
M. Richepin.Paris, 9 novembre 1881.
|/SJ-«&S^OVEMBRE, la Toussaint, la rentrée: quels clichés pour
M &?§]% un chroniqueur bien pensant! Nous avons les feuilles
M K(4 qui tombent ' à l'usage du reporter qui n'a vu de.isdeKJSl feuilles qu'au Luxembourg et aux Tuileries. Le départ
des hirondelles fournit un pleur à qui n'a jamais suivi le vol des
hirondelles. Le début du charbonnier va de pair avec le début du
marchand de marrons. Ce dernier industriel n'est pas sans être
apprécié d'une certaine classe de la population parisienne. « Mar-
rons de Lyon! » Ces mots ont une magie pour le gamin qui se
sauve de l'école, pour l'ouvrière qui fourre dans son manchon
ses menottes rougies par les premiers froids. La fête des morts
fournit bien aussi quelque émotion au plumitif qui n'en tient
guère. La piété des Parisiens visitant une fois l'an leurs cime-
tières, cela vient opportunément, après une tirade sur leur scep-
ticisme invétéré. La badauderie, il est vrai, montre son nez là
. comme partout. Que de promeneurs à côté de parents soucieux
d'honorer leurs chers morts ! Car la foule est moutonnière. Ra-
belais lui doit son immortel Panurge. On va déposer une cou-
ronne sur la pierre d'Héloïse et d'Abélard, parce que c'est l'habi-
tude. Que, par un miracle non désirable, les deux amants res-
suscitent, bras dessus bras dessous, sur la place de la Bastille : i
« Oh ! c'te tête ! » s'écriera Gavroche, et Gavroche aura raison.
Aujourd'hui, Fulbert passerait pour unoncle'peu délicat. Un cha-
noine aussi rageur n'aurait de succès qu'à la cour d'assises, après
l'acquittement d'une Héloïse au vitriol ou au revolver.
L'exposition internationale d'électricité a fermé ses portes. Paix
à la défunte, dont la vertu fut incontestable, car, en dehors d'un
cercle de connaissances, elle fit peu parler d'elle. Pour le profane
elle eut une particularité: elle fut si belle qu'on n'y comprenait
rien. Le Salon représentait une collection d'images appréciée du
visiteur dominical. Ici, rien que des appareils compliqués et lu-
mineux, des globes laiteux, des bougies, des lampes. Cela fulgu-
rait presque autant que l'avenue de l'opéra. Tout à l'électricité,
l'éclairage et le chauffage, la cuisine et les sonnettes. Horreur! le
piano électrique dressait çà et là sa boîte à supplice. Dilettante,
il ne vous répugnait pas d'ouïr une cavatine à trois kilomètres
de M. Vaucorbeil. Vous releviez le col de votre paletot, vous for-
miez un anneau d'une queue interminable, serpentant autour
de galeries glacées. Au bout de six quarts d'heure, vous perceviez
au bout d'un double-''téléplrone la rumeur confuse d'un chœur
à'Hamlct. Le contralto de M""5 Richard vous donnait l'illusion
d'une levrette sur la patte de laquelle on aurait marché. Le creux
de Giraudet caressait votre tympan comme une porte de cave
roulant sur ses gonds. Ensuite il ne vous restait plus qu'à vous
jucher sur l'impériale d'un tramway stii generis. Le véhicule n'en-
viait rien à celui des Cordeliers. Comme le premier venu, il
broyait l'imprudent égaré sur son passage. Un écrasement élec-
trique ! O progrès! tu n'es pas qu'un nom, toi.
Grande presse autour des étalages de Marpon et Flammarion.
Numa Roumestan voit sa couverture fripée par les mains du pas-
sant qui se paie une littérature courante, après déjeuner. Mon
confrère Alphonse d'Asq a reçu à la campagne ce bruyant méri-
dional. D'un chalet, non encore balayé par les autans du Dau-
phiné, il vous a fait part de ses nouvelles. Le cornac du bon-
homme Daudet crie à trente et un mille le nombre de ses ava-
tars. Tant mieux: à l'heure où le chiffre est tout, un bon chiffre
a bien son éloquence.
Par exemple, ce qui blesse mon regard, c'est que la Faustin,
une gaillarde, affiche son nom sur une bande plus rouge que
l'affiche de Brasseur. Cette réclame de cirque se balance sur
deux poteaux, près du grand-hôtel; et c'est ce qu'il ne faudrait
pas pour la gloire d'un gentilhomme de lettres comme M. Ed-
mond de Goncourt. Le Voltaire a tout fait, circonstance insuffi-
samment atténuante. A la place du romancier, je protesterais,"
avec la grâce qui me caractérise, auprès d'un lanceur trop. zélé.'
L'histoire serait celle d'une tragédienne aussi encombrante que
Numa Roumestan. Nous connaissions Sarah Bemhardt peintre
sculpteur, écrivain, bête de l'apocalypse pour les clergymen
transatlantiques. On nous présente Sarah héroïne de roman.
Que demain on la proclame la déesse Raison ou la République,
nous n'en serons pas étonnés, tant l'apothéose de la grande artiste
est à l'ordre du jour. Il ne lui manquera plus que de se marier,
comme feu la grande duchesse. Quant à la Faustin, que le livre
soit un chef-d'œuvre, nous le dévorerons. Mais le Voltaire et sa
publicité dé saltimbanque ne seront pour rien dans notre plaisir,
qu'il se le dise.
Un livre qui n'a pas été tambouriné, et qui fera son chemin
quand même, c'est le Dictionnaire d'argol, par M. Lucien Rigàud.
Vous esquissez un sourire, vous avez tort. Ce lexique a sa philo- '
sophie. L'argot envahit tout : le comptoir, le café, le boulevard, le
théâtre. Une langue nouvelle se substitue peu à peu à l'autre, et
une grammaire de cette langue grossira bientôt le langage clas-
sique de nos neveux. Aujourd'hui, un homme n'est plus ivre : il
est poivrot. Un garçon de Matossi n'essuyé plus un marbre, il
donne un coup de cachemire. Il importe que la jeune génération
soit initiée à ces délicatesses. Les vieux parleront français, le
meilleur moyen d'être compris.
Cependant la Folie tient toujours sa nuit suspendue sur nos
crânes. Sa dernière victime est un joyeux du crayon, le carica-
turiste Gill. Celui-là avait conquis sa place au soleil, dès l'em-
pire, qu'il harcela de charges drolatiques. Alors Gill créait la Lune,
collaborait à la Rue, dont Vallès était le balayeur en chef. Le
pauvre garçon gagnait de l'argent dans les démolitions. Mainte-
nant qu'il n'y a plus rien à démolir, les maçons étant rois comme
tout le monde, l'artiste avait des loisirs, et reproduisait sur une
638 LE (MO&CDE LYONNAIS novembre )SSi
toile les traits farouches de son ex-patron. Au moins, dans son
malheur, il a eu l'aide et la pitié de chaudes affections. Natu-
tellément Vallès a regretté que son ami ne se fût pas fait tuer
pour la Commune. M. Richepin a demandé pour le pauvre fou
une liste civile d'un million. A ce prix, bien des gens accepte-
raient Charenton, sous la réserve d'en sortir au plus vite. Que le
public souscrive seulement le dixième de la somme, et Gill est à
l'abri du besoin. Il n'aura plus qu'àguérir, et à remercier M. Val-
lès de son enterrement de première classe. Les virtuoses du
crayon sont assez rares pour qu'un homme vive de la caricature.
La caricature durera autant que les ridicules, autant que l'hu-
manité.
Un million plus authentique est celui dont M. Richepin s'est
fait le prôneur dans le Gil Blas, le million que tout artiste perte
dans le cerveau, s'il a du talent. 11 s'acquiert par le travail,
la veille intelligente, l'étude soutenue et désintéressée, quand
d'autres brocantent leur temps, parfois leur dignité, à des opé-
rations positives ou aléatoires. Ne pas aller au café, se cloîtrer
dans la famille, abaisser le chapeau de sa lampe sur un labeur
caressé avec amour, le passe-temps a son charme, voire même
son utilité, car toute nation vit d'idéal en même temps que de
pain... M. Richepin aurait pu ajouter qu'entre les sottises du
célibat et les vulgarités du ménage, il y a place pour la solitude,
l'inspiratrice des belles œuvres; la solitude, cette austère maî-
tresse, par laquelle l'homme se suffit à lui-même et à ses pen-
sées, Là est le vrai million, parce que là est le vrai bonheur.
PAUL VIGNET.
LES IUXDISCT{ETIO^(S DU 'BONHOMME TOUROUOI '
c^s^gy) SARCEY, grand Sarcey, prince de la critique, grand
\f\RrlilS' exécuteur des hautes œuvres de l'opérette, quelle joie
i*i Wè) D V0L1S éprouveriez, si votre myopie légendaire vouss^ii^l permettait devoir un peu ce qui se passe dans notre
province! A Lyon, la seconde ville de France, et presque la pre- •
mière, comme disait le poète Jasmin, l'opérette est proscrite de
tous nos théâtres. Jamais nous n'avons eu autant de scènes ouver-
tes au grand art, jamais nous n'avons dépensé autant d'argent
pour aller au spectacle, et nous nous plongeons dans le drame,
l'opéra, la comédie, l'opéra-comique, le vaudeville, voire même
le monologue, mais d'opérette point! O Sarcey, soyez heu-
reux! Aussi, vous allez voir combien avant peu nous serons
moralises, tous de petits saints comme vous. Fi de la mère Angot
et de sa fille, des Cloches de Corneville, de la Petite Mariée, de la
Mascotte et de toutes ces vilenies d'opérettes! Rien que le grand
art.,. On dit, ô Sarcey, que votre éloquence feuilletbnniste a
su captiver M. Campo-Casso, notre nouveau directeur, et qu'il a
fait serment, en s'asseyant sur le fauteuil directorial des théâtres
subventionnés de Lyon, de bannir à jamais l'opérette de son ré-
pertoire... O Sarcey, soyez heureux!... Ainsi-soit-il.
LE BONHOMME POURCLUOI-
— Nécrologie lyonnaise de 1881 —
^TOLLI^AITiE SICzATlT)
^Trlr^? ANS le domaine si étendu de la peinture. M. Apol-
M fe®J j| linaire Sicard a su se faire dans son genre une
$~^g$§. place à part où son nom restera.
M. Apollinaire Sicard naquit à Lyon le 6 avril 1806. Il
fit ses études artistiques à l'École des beaux-arts du palais
Saint-Pierre, où il eut pour maîtres Revoil et Berjon. Ber-
jon, surtout, dont les leçons devaient si bien lui profiter,
et avec lequel il lutta plus tard pour la beauté et l'éclat de
ses fleurs, la transparence et le velouté de ses fruits. 11 fut
le condisciple de cet autre grand peintre lyonnais, Saint-
Jean, qui avait à peu près le même âge que lui.
Lorsque laSociétédes Amis des Arts, nouvellement cons-
tituée, organisa à Lyon sa première exposition, qui fut en
même temps une des premières de la province, Sicard y
prit une part active en qualité d'exposant. C'était en 1836.
Depuis, il a envoyé de nombreux tableaux aux différentes
expositions artistiques qui se sont ouvertes à Paris, à
Lyon et dans d'autres villes de province.
Il s'adonna de bonne heure au pastel, dans lequel il ne
tarda pas à faire de tels progrès qu'il négligea bientôt tous
les autres genres de peinture, pour se consacrer exclusive-
ment à celui-là.
De fait, Sicard était arrivé à tirer du pastel un parti
extraordinaire. Jusqu'à lui, le pastel avait été employé
surtout pour le portrait. Il passait pour bien rendre les
chairs et les délicatesses de peau du visage. On ne son-
18 8 1
LE DOCTEUR GAR1NDessin de JOB, d'après une photographie de M. DOURO
APOLLINAIRE SICARDs
PEINTRE LYONNAIS
Dessin de M. NICOLAS SICARD
PHILIPPE FABISGHSTATUAIRE LYONNAIS
Dessin de M. JosErn FABISCH, d'après une photographie de M. AMBRUSTM
PHOTOGRAVURE DE M. j\. ^ERNIQJJE, A PARI:
640 LE (MO&ÇDE LYONNAIS 12 novembre >SSi
geait guère à l'employer à autre chose. Sicard, rompant
avec toutes les traditions, s'en servit pour peindre des
fleurs, des fruits et des natures mortes. Avec quel bonheur,
le Monde lyonnais a eu l'occasion de le dire, quand il a rendu
compte à ses lecteurs de l'intéressante exposition des
œuvres du maître, organisée peu de jours après sa mort par
M. Nicolas Sicard, son fils et son élève, dans son vaste et
bel atelier de la rue Saint-Georges.
La ville de Lyon a tenu à voir figurer le nom de Sicard
dans la galerie des peintres lyonnais. Elle a acquis pour ,1e
musée deux des quatre médaillons des Saisons, exécutés au
pastel par Sicard avec une vigueur de touche, une justesse
de couleur et un fini dans l'exécution qui en font une des
œuvres lesplusremarquables de l'exposition posthume dont
nous venons de parler. Nous ne comprenons pas pourquoi
on a fait un choix dans les différentes parties d'un tout qui
ne devait pas être divisé. Sicard avait peint les quatre sai-
sons. Ce n'est pas deux mais quatre saisons que la ville de-
vait acquérir. A-t-elle donc peur que son musée, devienne
trop riche? ou si c'est elle qui ne l'est pas assez ?
S'il fallait absolument faire un choix, nous eussions pré-
féré Y Automne au Printemps. Celui de l'Hiver est irrépro-
chable.
Depuis, la ville de Nîmes a acheté, pour son école de
dessin appliqué à l'industrie, un autre pastel de fleurs qu 1
avait également figuré dans l'exposition.
Les autres tableaux ont été acquis par de riches amateurs
lyonnais qui se sont empressés d'en orner leur galerie.
M. Apollinaire Sicard est mort le 3 mai dernier. Il
était, par conséquent, âgé de soixante et onze ans. Il laisse
à Lyon un nom dont M. Nicolas Sicard, son fils, sait conti-
nuer la tradition artistique. Nous sommes heureux de saisir
cette occasion pour rendre hommage à son talent, aujour-
d'hui dans toute sa maturité, et le remercier d'avoir bien
voulu tracer avec sa plume ferme et alerte le beau portrait
de son père que nous offrons aujourd'hui à nos lecteurs.
LE -DOCTEVR JULES G^1T{/J^
fjp^îgSH É à Lyon le 23 novembre 181 5, Jules Garin fit
é) iM\ljt toutes ses classes au lycée de Lyon, où, suivant
.MrJlS! l'excellent usage très répandu à cette époque, il
redoubla sa philosophie. L'abbé Noirot, son professeur, très
content de lui, l'engageait à entrer dans l'enseignement,
où il lui prédisait un brillant avenir : « Dans dix ans, lui
disait-il, vous serez recteur. »
En dépit de ces encouragements, Garin ne se fit pas
professeur. Il commença, quoique sans vocation bien
arrêtée, ses études de médecine. En 1837, nous le trouvons
interne des hôpitaux de Lyon. En 1844, il prenait son
doctorat à Paris. Sa thèse fut trouvée neuve. Il la soutint
brillamment. Un de ses . examinateurs lui dit en pleine
séance qu'il avait fait « une thèse de génie ».
Ce compliment sembla porter bonheur au jeune docteur.
De retour à Lyon, il est chargé de services médicaux à
l'hôpital militaire et dans les prisons. Bientôt, il devient
membre de la Société de médecine. Àmédée Bonnet, l'il-
lustre chirugien lyonnais, se l'attache comme secrétaire,
et l'engage à l'étude et à la pratique de la chirurgie, en lui
faisant entrevoir la possibilité de lui succéder dans son
poste de major à l'Hôtel-Dieu.
Mais le prochain concours devait être un concours de
médecine. Garin, pressé d'arriver, se présente. Il est reçu.
Amédée Bonnet, qui n'avait pas renoncé à son idée, l'en
félicite en lui adressant des compliments de condoléance.
Dès lors toute difficulté était aplanie. Garin occupe
bientôt à Lyon une place honorable dans le monde médi-
cal. A l'instigation de ses amis qui reconnaissent en lui de
sérieuses qualités d'administrateur, et poussé par le souve-
nir de ses anciens succès littéraires, il prend en main la
Galette médicale.
Il apporte à cette tâche nouvelle un tel acharnement
qu'au bout d'un an il avait donné à la Galette médicale une
autorité qu'elle n'avait pas eue jusque là, et doublé le nom-
bre de ses abonnés ; mais, épuisé par cet effort, il est obligé
de prier son a.mi,M. ledocteur Diday. de lui succéder dans
sa direction.
En 1867, Garin fait partie d'une commission nommée
par la Société de médecine pour étudier les questions de
police sanitaire. Il compose sur ces matières à la fois mé-
dicales et administratives un mémoire complet qui le fait
charger par la Société de médecine de la représenter con-
curremment avec M. le docteur Rollet au congrès univer-
sel de médecine qui a lieu à Paris la même année. En même
temps la préfecture du Rhône, approuvant les conclusions
de son mémoire, le nomme médecin en chef du service
, sanitaire.
A partir de cette époque, le docteur Garin se retire peu à
peu de la vie active de médecin pratiquant. Son ancien
goût pour les études littéraires et philosophiques, aux-
quelles il consacrait tous ses loisirs , se réveille en lui
avec violence. Il s'enferme dans son cabinet et y mène une
vie modeste et retirée qui convient d'ailleurs à son carac-
tère porté au recueillement et à la mélancolie.
Au milieu de ces études qui le passionnent, il est sur-
pris par la maladie, et il meurt, après de cruelles souffran-
ces, le 26 septembre 1881.
12 novembre iSSi LE (MOU^DE LYONNAIS .641
Cette nuance de misanthropie et cet amour invincible
pour la retraite expliquent pourquoi le docteur Jules Garin
n'a pas joué à Lyon un rôle aussi en vue que la hauteur
de son esprit et la sûreté de ses connaissances semblaient
devoir l'y pousser.
STRAPONTIN
Vabondance des matières nous oblige à renvoyer à notre prochain numéro
la notice très étendue que nous avons consacrée à M. PJnlippe FABISCH.
.A (M"' c ÉT>OUA%D LE^(Ol%
-* Sur ses Fleurs de cyprès -s~
Je l'ai cent fois relu ce livre,
Ce livre écrit avec des pleurs,
Je le lis toujours, et m'enivre
- Du parfum de vos douces fleurs.
j'aime à pleurer, j'aime à vous suivre,
J'aime à partager vos douleurs ;
Je dis qu'il est triste de vivre
Apres tant de cruels malheurs !
Je vous l'avoue, ô pauvre mère,
J'aime de votre lyre amere
Les poignants et touchants accords.
Je veux surtout relire encore
Le beau chapitre qui déplore
La perle de vos petits morts !
EDWARD SANSOT.
i^evtie: Dg£ T^éHa^ei^
^j-^y-x^ L est bien sûr que je m'attendais à dire le plus grand
jPfe] \\%Jl bien de la représentation de Mireille. Je l'espérais
(wi VÊê" tellement que j'avais d'avance vendu cette peau,
à\r<K>\!> avant même d'être parti à la chasse. Hélas! cet es-
poir s'est éyanoui dans les brouillards q.u ' empêchent Mlle Che-
vrier de venir chanter sur les bords du Rhône.
Je ne sais vraiment quel vent marécageux souffle son haleine
empestée du côté du Grand-Théâtre : c'est le vent qui passe sur
les étangs morbifères des plaines de Camargue. Et quels sont les
Carthaginois qui peuvent donner à notre nouvel imprésario des
conseils aussi à rencontre de ses intérêts?
On a rompu avec toutes les bonnes traditions delà scène lyon-
naise. On n'a plus aucun égard pour la presse, ce qui esfbien
naturel, puisqu'on lui demande des services et non des conseils.
Mais encore on traite le public, notre, maître à tous, avec un
sans-gêne qui ne serait de mise sur aucune des Canebières du
monde. »
Il y avait une occasion de se montrer aimable, prévenant,
j'ajouterais peut-être même poli, en invitant la presse, les abon-
nés, quelques personnes de choix à la répétition générale de Mi-
reille, un ouvrage inconnu des Lyonnais, et la première partie
lyrique que la nouvelle direction jouait devant le public.
De plus, le directeur est un metteur en scène de talent, et il y
a vraiment plaisir, je peux vous l'affirmer, à lui voir diriger une
répétition générale. Il fallait donc ne pas briser avec une tradi-
tion respectable, et saisir avec joie cette occasion de se mettre
en communication avec les amateurs du'théâtre. Mais bagatelle!
on a répété à huit-clos, et on a donné la répétition générale
devant tout le monde. Cela évite des politesses, et cela fait une
recette. Double bénéfice.
Le négociant éclipse l'artiste, et encore une fois, de plus, ceci
tuera cela.
On dirait vraiment que notre directeur n'a qu'un objectif,
celui de ressembler le plus possible à cet empereur dujapon qu'on
ne peut jamais voir, et qui reçoit les hommages de ses adorateurs
à travers un voile épais.
La représentation de Mireille n'était, du reste, pas même une
bonne répétition, et je comprends, après le spectacle, pourquoi
l'on a pas osé nous inviter à une aussi pitoyable exécution.
On me rendra cette justice que, depuis le commencement de la
campagne, je n'ai négligé aucune occasion de casser un encen-
soir sur le nez du nouveau directeur et de son administration.
Mais je ne rencontre plus que des occasions de faire le con-
traire, ou si quelque petite occasion fait voir le bout de son nez,
elle est plus chauve que le crâne d'un membre de l'Académie des
Inscriptions, qui n'aurait pas déchiffré un hiéroglyphe.
Quand M1'8 Baux et M. Queyrel ont chanté leur duo du troi-
sième acte des Huguenots et que la même Mlle Baux a soulevé le
parterre avec M. Salomon, au quatrième acte du même ouvrage,
n'ai-je pas embouché la trompette héroïque?
Lorsque j'ai entendu M. Salomon, M'le Baux, troisfois nommée,
et M. Queyrel, au troisième et au cinquième acte de Robert,
n'ai-je pas remis de l'encens sur le charbon de mon encensoir?
Enfin, au premier acte de la Juive, pour M. Queyrel, au
deuxième acte, pour M. Salomon et toujours la même M)le Baux,
n'ai-je pas commandé une deuxième paire de pipeaux rustiques,
pour chanter les louanges du directeur, de son habileté, de son
talent démise en scène, de son énergie, applaudissant les chœurs,
criant bravo à la figuration, et me pâmant devant l'orchestre?
Mais de combien de douzaines de clefs (clés) forées, n'aurai-
je pas dû faire l'acquisition, si je songe à une quantité de choses
que je ne veux pas avoir la cruauté de rappeler? Mireille a mis
le comble à tout ce médiocre et à tout ce mauvais.
Aussi suis-je fondé à refuser mon obole à la souscription même
d'un simple buste, en l'honneur de l'habileté du nouvel impré-
sario.
Berlioz disait souvent que c'était avec les pierres que l'on
642 LE WÎOO^.DE LYONNAIS 12 novembre iSSt
•jetait aux grands hommes méconnus, que l'on formait la pre-
mière assise du piédestal destiné à supporter leur statue.
'M. le directeurade la marge et il peut commander du bronze.
La deuxième représentation a moins mal marché que la pre-
mière, il faut'le reconnaître, et^après même deux ou trois répé-
tition? payées devant le public, on pourra sans souffrir aller en-
tendre cet adorable idylle de Gounod, qui a failli sombrer à
cause de l'interprétation.' M. Engel seul doit être exempt de ce
blâme, mais ses efforts personnels n'ont pu sauver: l'ouvrage du
naufrage. »
MIle Dalmont, chanteuse légère en tous genres, a débuté dans
Robert, joué deux fois Eudoxie de la Juive, et failli faire un se-
cond début dans Lucie. Les étudiants en querelle avec le direc-
teur ne l'ont pas permis.
Je n'ai pas qualité pour parler du différend qui s'est élevé entre
ces messieurs et le directeur.
Mais il serait regrettable que cette querelle ait pu contribuer,
par l'effet ordinaire de la réaction, à faire recevoir notre nou-
velle chanteuse.
Assurément, M"e Dalmont a bien des qualités: elle est jeune
encore, et a 'le temps d'acquérir celles qui lui manquent. Elle
vocalise fin et phrase avec légèreté.
Mais le volume de sa voix est si faible, qu'on ne l'entend pas du
tout dans les ensembles.
Le chant est correct, mais le style est froid comme toute la
personne.
Si la chanteuse est inexpérimentée, la comédienne lui rend
des points sur ce chapitre. Dans ces conditions, et dans l'inté-
rêt même de l'artiste, il faudrait lui conseiller de résilier avant
son troisième début. Elle trouvera sans peine, sur des scènes plus
petites, l'occasion défaire applaudir un talent à son aurore.
Et .je crois l'artiste assez intelligente pour mettre ce conseil à
profit.
OCTAVE D' H AULT-RÉMY.
r-"5w^^îcN TEMENT ) très lentement, les débuts et les rentrées se
B|/f| continuent au théâtre des Celestins, Notre habile
M IzQÇP directeur ne se décide qu'avec peine à soumettre au
^^^a^J L jugement du public les artistes engagés. Eparpiller
les débuts, a été de tout temps un excellent système pour voiler
les faiblesses de l'ensemble, et l'intelligence même de M. Campo-
Casso, à laquelle tout le monde rend hommage, lui commandait
le système auquel il paraît obéir. Dès à présent, on peut se faire
tuie idée de notre troupe de comédie et de vaudeville. Elle scr.i
d'une honnête médiocrité. M. Campo-Casso a eu la chance de re
trouver disponibles un certain nombre d'artistes déjà connus
du public. C'est ainsi que l'admission de MM. Dalbert, Çerberf,
et de M"« Leriche n'a été qu'une formalité bien viteremplie. La
rondeur, l'entrain et la simplicité de jeu de M. Dalbert justifient
les sympathies du public. Elles seraient plus méritées, si M. Dal-
bert affinait un peu sa bonhomie. M. Gerbert est toujours le
premier rôle consciencieux et travailleur. 11 l'est trop au dire de
quelques-uns. A force de soigner sa prononciation, il la rend
affectée, et l'excès de son parisianisme, le rapproche de la pro-
vince. Dans le rôle du marquis de Presle, il lui a manqué un je
ne sais quoi d'aristocratique que les nécessités du rôle lui impo-
saient. Mais ce sont là des imperfections de détail, que seule la
distinction ordinaire de l'acteur rendait perceptibles. Quant à
Mlle Leriche, elle a toujours la note vraie, juste, du personnage
qu'elle représente; elle phrase bien, sans minauderies, sans 'pré-
ciosité, et surtout s'habille avec un goût exquis, appropriant ses
costumes à ses rôles.
M. Esquier et Mlk Rambert seront pour notre scène deux bon-
nes, acquisitions. Mais M. Esquier a besoin de revoir encore de
très près son rôle de Prosper Bloch, dont [certaines nuances lui
échappent. Je l'ai entendu deux fois, et deux fois cet artiste m'a
paru manquer de gradation, quand il passe pour Suzanne de la
raillerie à l'amour, de la plaisanterie à l'émotion.
Le sceptiqueProsper ne doit pas se métamorphoser en un coup
de baguette, etla maladresseévidente del'auteur doit êtresauvée
par le jeu de l'acteur. Quant à M'le Rambert, elle me paraît don-
ner, pour un avenir très prochain, les plus légitimes espérances.
Un peu écrasée par le rôle d'Antoinette, dans celui de Suzanne
elle reprend tous ses avantages. Voix chaude, colorée, harmo-
nieuse; distinction depatricienne ; prononciation correcte, accen-
tuée parfois par un roulement sourd à la Fargueil, dontM"e Ram-
bert est peut-être l'élève. Cette artiste me permettra deux légères
critiques: trop d'indécision dans les jeux de scène, trop de préci-
pitation dans le débit. Ce sont là des vétilles que l'intelligence
de Mlle Rambert corrigera aisément.
Quand j'aurai parlé des toilettes ravissantes et vraiment pari-
siennes de Mlle Berhhardt, conseillé à M.James de rester dans les
comiques grimes où il sera excellent, félicité sincèrement M. Ho-
wey, j'aurai achevé ma tâche, en oubliant un certain nombre d'ar-
tistes qui me sauront sans doute gré de mon oubli. Je fais une
exception pour M. Fort, que j'ai la faiblesse de. trouver très
amusant, et sur le jeu duquel je reviendrai en temps et lieu.
En résumé, les emplois secondaires sont évidemment remplis
par des artistes insuffisants. Or, M. Campo-Casso doit savoir que
telle n'est pas la tradition lyonnaise. Je- ne demande pas des
artistes de génie pour des rôles inférieurs; je les veux seulement
passables; persuadé- qu'à eux seuls, quand ils sont mauvais, ils
peuvent, malgré le talent des principaux interprètes, détruire
l'harmonie d'une représentation. M. Campo-Casso est trop habile
pour ne pas comprendre la valeur de cette réflexion.
P H I L I N T E .
EzAU T> O i\M A [PUT E— ESQ.UISSE PROVINCIALE —
— Suite (1) —
|CÇ^|s®Ç u même instant la porte s'ouvrit,- et des cris
fê\ M) perçants se firent entendre :
$£&&ftk!) « Au secours !.. à l'assassin ! . » beuglait Mi:c
Théodora. •
« Mon beau-père et deux employés montèrentdu maga-
(1) Voir le Monde l rennais des 29 octobre et 5 novembre 1881.
novembre iSSî LE (MOU^DE .LYONNAIS 643
sin. A la vue de Corinne inanimée et baignant dans son
sang, il y eut un tumulte indescriptible.
« Deux sergents de ville passaient en ce moment dans la
rue. Attirés par les cris de tout ce monde, ils accoururent
et, grâce aux exclamations désordonnées de MUe Théodora,
m'arrêtèrent incontinent.
« Toute cette scène s'était passée avec une telle rapidité
qu'aujourd'hui encore je me demande si je n'ai pas été le
jouet d'un songe. La chambre seule que j'habite me ramène
à l'affreuse réalité. Maintenant, que résultera-t-il de cette
accusation absurde d'avoir voulu attenter aux jours de ma
femme? Dieu le sait ! , ..
« Mon ami, vous savez tout à cette heure, voulez- vous
toujours me défendre? Je ne puis croire à une condamnation.
Cependant, si je dois en subir une, puissent les juges m'in-
flig-er la déportation ! Ne riez pas, mon cher Henri, dans
ma détresse, je 'regarderais l'exil comme une faveur, tant
j'aj hâte de quitter ces lieux maudits !
« A l'aide, mon ami, je compte sur vous ! .
« LÉON RAVENOL. »
Du même au même
, « Pourquoi êtes-vous parti si tôt, mon ami? Pourquoi
vous dérober à l'expression de ma reconnaissance? Dans le
seul instant où je vous ai parlé, je n'ai pu vous l'exprimer.
Mon érnotion était trop forte!... Mais, croyez-le bien; je
n'oublierai jamais que c'est à votre éloquence persuasive
et convaincue que je dois mon acquittement.
« Maintenant, j'attends avec impatience la notification
du jugement qui me déclarera séparé de corps et de biens
d'avec ma femme! Aussitôt délivré de ce côté, je pars, je
touche barre à Paris, pour vous serrer encore une fois dans
mes bras. Puis, je, file sur le Havre, où je m'embarque sur
un paquebot à destination de New-York, j'emporterai pour
toute fortune les six mille francs que j'ai économisés pen-
dant les deux années où j'ai été l'associé de monsieur
Papottôn. Dussé-je, là-bas, être portefaix, ma vie sera plus
douce, moralement s'entend, qu'elle ne l'a été depuis
mon mariage. A bientôt donc, mon cher et excellent ami.
« LÉON RAVENOL. »
DEUX ANS PLUS TARD
Henri Lob.eau à Léon Ravenol .
MON CHER AMI,
«Je n'emploierai pas, les circonlocutions et les préam-
bules cocasses du page de Malbrough venant annoncer la
mort de son maître à la très noble épouse du vaillant
guerrier; et je vous dirai tout brutalement :
« Mon cher Ravenol, hâtez-vous de revenir. Vous êtes
libre ; et de plus, la fortune, peut-être le bonheur, vous
attendent ici !
« Voici comment la chose est arrivée.
« Depuis votre départ, monsieur Papottôn avait confié la
tenue de ses livres et la garde de sa caisse à un nommé
Flicot dont vous devez avoir souvenance. Cet intrigant
personnage, non content de vous succéder dans les affaires,
parvint, île vous émoustillez pas trop, à vous remplacer
dans le cœur de votre aimable épouse, où, soit dit entre
nous, vous n'étiez jamais entré bien avant. La somno-
lente Corinne devint donc une sorte de madame Flicot,
-moins, le nom, puisqu'hélas ! vous aviez dû lui laisser
le vôtre, et moins le sacrement, qui ne se fourvoie pas
dans ces vilaines choses. Tout se passait à la sourdine et
aurait pu durer longtemps, si mon gaillard de Flicot, que
le cumul des fonctions n'effrayait pas, et qui eût volontiers
passé de la brune à la blonde, et vice versa, ne s'était avisé
de courtiser Mlle Théodora. Une scène terrible eut lieu. La
maîtresse en titre de. monsieur Flicot allajusqu'à souffleter
sa chère marraine, et la menaça de lui faire passer la porte.
La vindicative, mais prévoyante demoiselle, durant sa Ion--
gue administration de la maison Papottôn, avait trouvé
moyen d'y gratter une petite fortune, qui la mettait à l'abri
de toute éventualité. Aussi déclara-t elle qu'elle partirait
immédiatement. Et elle le fit comme elle l'avait dit. Mais
auparavant la venimeuse créature instruisit le père de
Corinne de ce qui se passait d'irrégulier sous son toit. », .
E. MEUNIER.N {La fin' au prochain numéro).
CLUBS ET SOCIÉTÉS SAVANTES:
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE LYON. —; Séance dit 3 nov2mbre 1SS1. — La
Société de Géographie de Lyon a tenu jeudi dernier, 3 novembre, sa
séance de rentrée dans son local ordinaire, 25, "quai de Retz.
Cette séance a été remplie par la lecture d'un compte rendu du congrès
de Venise, pat M. Ganneval.
Les séances de la Société de Géographie de Lyon ont lieu une fois par
mois.
SOCIÉTÉ ('D'AORICULTURF.J HISTOIRE NATURELLE, SCIENCES ET ARTS UTILES
DE LYON. — Séance du 4 novembre 1SS1 . — Séance de rentrée. Après
trois mois d'absence, on est heureux de se retrouver en aussi grand nombre
644 LE (MO&CDE LYONNAIS 12 novembre )8Si
autour du tapis vert, Malheureusement, durant ses vacances, la Société
a perdu l'un de ses membres, M. Péricaut de la section d'agriculture.
Après le dépouillement d'une énorme correspondance^, le président
Marnas fait part à la Société d'une grave et triste nouvelle ; le conseil
général du département du Rhône, saisi d'un formidable accès d'économie,
a décidé dans sa dernière session de réduire de 4,000 fr. l'allocation an-
nuelle qu'il faisait à la Société. Pareille mesure est pour elle un arrêt de
mort. Comment lui sera-t-il possible de publier désormais, avec les 1,000 fr.
qui lui restent, ses magnifiques annales ? Une discussion s'engage sur les
mesures à prendre en présence d'un pareil événement. Fière d'un illustre
passé, la Société ne veut point se laisser abattre. Elle nomme une com-
mission composée de ses membres les plus influents et lui confie la délicate
mission d'étudier les voies et moyens pour parer un coup aussi terrible.
M. E. Pélagaud expose ensuite le compte-rendu de la session du congrès
tenu pendant les vacances à Bologne par les géologues du monde entier,
dans le but d'arriver à l'unification de la nomenclature et des signes con-
ventionnels employés en géologie. M. Pélagaud constate le bienveillant
accueil reçu par tous, Français et étrangers. Il proclame les rapides pro-
grès faits par les Italiens dans l'étude des sciences naturelles. Quant au
Congrès, il n'a en quelque sorte fait que poser de premiers mars utiles
jalons. Il doit se réunir à nouveau en 1884 à Berlin pour poursuivre une
œuvre si sage et si utile.
CLUB ALPIN FRANÇA'S, SECTION LYONN «SI-:. — Séance du S novembre iSSi.
—- La section lyonnaise du Club Alpin français tenait mardi dernier,
dans son local habituel, 6, quai de Retz, sa deuxième séance mensuelle
de l'année.
A huit heures et demie, le nombre des alpinistes présents s'élevant à
une trentaine, M. Mitai s'empare du fauteuil présidentiel et déclare la
séance ouverte.
Selon l'usage, le procès-verbal de la précédente séance lu et adopté à
l'unanimité, M. Aniel, archiviste de la section, rend compte des accroisse-
ments apportés depuis un mois à la bibliothèque, accroissements dûs en
grande partie à des échanges avec les différentes sections ou avec les clubs
alpins étrangers, et à des dons.
Quelques membres nouveaux sont admis sur la recommandation de leurs
parrains.
M. Mitai donne alors lecture aux clubistes d'une relation d'un voyage
de Courmayeur à Zermatt, écrite en italien par M. Gonella, membre du Club
Alpin italien, section de Turin, 'et ̂ traduite en français par M. L. Magenty.
On voit ce qu'une telle relation peut offrir d'intérêt.
Courmayeur, admirablement situé au pied du massif du Mont-Blanc,
à l'entrée. de la vallée d'Aoste, qu'il domine à une grande hauteur ; Zermatt
perché à 1620 mètres d'altitude, 570 mètres plus haut que Chamounix, à
l'extrémité du val de Saint-Nicolas, qui débouche à Viège dans la grande
vallée du Rhône, sont certainement dignes d'être choisis comme points de
départ et d'arrivée d'une excursion dont les étapes sont Aoste, Valpelline
et, en dernier lieu, l'immense étendue de glaciers au milieu desquels se
dressent les cimes gigantesques du mont Cervin, du Breithorn et du mont
Rose.
La traduction de M. Magenty est écrite avec beaucoup de clarté et
d'entrain. Aussi la lecture de M. Mitai excite-t-elle des marques unanimes
de vive satisfaction.
Nous remarquons parmi les clubistes M. le professeur Berlioux, dont
la sympathie à la cause alpiniste ne peut qu'avoir les meilleurs effets pour
l'avenir de la section,
On se sépare à neuf heures et quart, en se donnant rendez-vous pour le
moi; suivant. Les séances de la section lyonnaise du Club Alpin. français
ont lieu régulièrement, pendant la saison, le premier mardi de chaque
mois.
ARGUS.
PROBLEMES Sr JEUX D'ESP%IT
ACROSTICHE DOUBLEoblctne n° 58.
On prétend que ce général
Etait superbe à la tribune,
Et que du parti libéral
Il avait suivi la fortune.
Malheureusement il est mort...
Mais son nom vit dans plus d'une âme,
Et, sans qu'il m'en coûte un effort,
En mon cœur brille cette flamme.
« En votre ccçur? — En vérité,
Vous ignorez l'anatomie !
Car c'est d'un tout autre côté
Qu'on voit cet organe, ma mie !
— Pour clore la discussion
Sur un mot qui renferme un piège,
J'émets la proposition
D'aller le chercher dans l'Ariége. »
E. MEUNIER.
SOLUTIONS
Problème n» 57, acrostiche double. — Les mots sont ;
NABAB
ARABE
P L E U R
O P F R A
LIMON
ÉTANG
N J G F. R
Les premières et les dernières lettres de ces sept mots, lues dans le
sens vertical, donnent deux mots nouveaux : Napoléon et Béraugcr.
Ont envoyé la solution complète du problème n° 57, Mme Constance
Mazoy'er; Mlle Sans-Nom; MM. Collet-Mont-Thé; Ant. J.-B.-V. de Besse-
ray ; Eiinemond Quinophile ; Duc O'Pahut.
Nous donnerons dans notre prochain numéro la solution du problème
n» 58.
Toutes les communications concernant les Problèmes et jeux d'esprit
doivent être adressées à M. le secrétaire de la rédaction du Monde lyonnais,
8, rue Mulet, Lyon.
Les solutions devront nous parvenir au plus tard le jeudi, à midi. Celles
qui arriveront passé ce délai ne seront pas insérées.
Nous accueillerons avec plaisir tous les problèmes nouveaux qne nos
lecteurs voudront bien nous .-.tresser.
Le Gérait: : CHARLES DAMEY
LYON. — 1MP. Pli RAI AINE, 4, RUE GENrlI
Caractères elzéviriens de la fonderie Mayeur.
SVECTzACLES T>E LA SEMAINE
G RAND-THÉATRE (théâtre muni-ci
pal), place de la Comédie. —- Directeur :
M. Campo-Casso. — M. Trélesky, régisseur
général; M. Teysseyre, secrétaire général, régis-
seur; M. Alexandre Luigini, premier chef d'or-
chestre; M. Couard, deuxième chef d'orchestre.
— Grand opéra, opéra-comique, ballet. Représen-
tation les dimanche, lundi, mercredi, jeudi etsamedi.
PRIX DES PLACES. — Avant-scènes de
rez-de-chaussée, 8 fr. ; fauteuils d'orchestre, fau-
teuils de première galerie et loges, 6 fr. ; premières
galeries, 4 fr. ; deuxièmes galeries, 2 fr. ; par-
terre, 2 fr. ; troisièmes galeries, fr. 1.25 ; qua-
trièmes galeries, fr. 0.60.
En location, 1 fr. en sus, pour les places numé-
rotées, et fr. 0.25 pour les places non numéro-tées.
Le bureau de location est ouvert tous les jours,de 1 1 heures du matin à 5 heures du soir,
—6-3—
T HÉÂTRE DES CE LEST IN S
(théâtre municipal), place dès Célestins. —
Directeur : M. Campo-Casso. — Spectacle tousles soirs.
-~e~3~
T HKATRE BELLE COUR, 85,
rue de la République, — Directeur:
' M. Simon. — Du mercredi 16, au jeudi 24 no-
vembre courant, les représentions données par
Mmc Judic et sa troupe, composée d'artistes de
Paris, la Mascotte, Ninicbc et la Femme à Papa.
I—&3—
T HÉÂTRE DU GYMNASE, 30
quai Saint-Antoine. — Clôture.
—8-3—
T HÉÂTRE DES VARIÉTÉS,
39, cours Morand. — Clôture.
I
-«— -
C ASINO, 79, rue de la République. —
Directeur : M. C. Guillet ; régisseur ; M. N.
Vital. — Tous les soirs, à 8 heures, spectacle
varié. Orchestre complet sous la direction de
M. Leone. M. Moullot, sous-chef.
PRIX DES PLACES. — Sans consomma-
tion : Fauteuils, fr. 1,50; loges, fr. 1,50 la place.
La première série de consommations ; parterre
I fr.; première galerie fr. 0,75; deuxième galerie
fr. 0,50. Renouvellement: le bock fr. 0.25.
--6*-
QCALA-BOUFFES, 20, rue Thomas-
^3 sin. — Tous les soirs à 7 h. et demie,
spectacle varié. Orchestre d'élite sous la direc-
tion de M. Lefèvre.
-•€-3~
F OLIES-BERGÈRES, 55 et 57,
avenue de Noailles. — Dimanche 25 sep-
tembre, réouverture du Skating-Rink.
- _^3~
T HÉÂTRE DELILLE, cours du
Midi, côté Rhône, à côté de la station des
tramways. — Tous les soirs, de 8 h. à 10 h. 1/2,
spectacle varié. Le dimanche et le jeudi, repré-
sentation à 3 h.
PRIX DES PLACES. — Chaises, 2 fr. ;
banquettes, 1 fr. 50 ; deuxièmes galeries, 1 fr. ;
troisièmes galeries, o fr. 50.
—&3—
K IOSQUE DE BEL LE COUR,
place Bellecour. —Tous les soirs de 2 à 3 h.
concert donné par les musiques militaires.
Prix des chaises sur la promenide, fr. 0,05 ;
fauteuils, fr. o, 10.
- -ê-3-r .
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