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Éditionfrançaise:©2014ÉditionsFranciscaines9rueMarie-Rose75014Paris0145407351Mail:contact@editions-franciscaines.comwww.editions-franciscaines.comEANEpub:978-2-85020-476-0

Couverture:JJ.Prigent.VénarsalPhoto:Mosaïquedelachapellepalatined’Aix-la-Chapelle

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pourindiquerlemondeetlesfrèresou,chezLuc,unregardquinedoitnis’arrêtersurlesépulcre(24,5)nifixerlesnuées(Ac1,11).Doncunregardverslesautres.Soliditéd’uneperception,celledeselaisseremporter.On comprend un peu mieux ce que Paul expose aux

Corinthiens pris entre deux mondes pleins, l’un plein de lahantisedetrouverdessignesindubitableschezlesjuifset,pourlesGrecs,unmonde remplide laquêted’une sagesse assurée.Évidemment,cesdeuxmondesbénéficientd’unecompacitéquialiène ceux qu’ils emprisonnent (1 Co 1, 22). Devant eux, leCrucifié fend les rochers et déchire les voiles du Temple. Sacroixestuneépéequiscindelesséparationsetabatlesmurs(Ep2,14).Elleparaîtfragileethumiliante ;pourtantc’estellequinous libère, élargit l’espace et réunit les peuples qu’elleembrasse.Safaiblesseestnotreforceparcequ’ellelibère.

***

Lafois’appuienonpassurunesoliditéhumaine,maissurunrocher qui se déplace, un corps transpercé, un souffle quipasse…Lafoiestpleinedetrous.C’estpourquoielles’adresseà la libertéde lapersonne.«Si leFils vous libère, vous serezvraimentlibres»(Jn8,36):parconséquentlalibertéprouvelavérité qu’elle partage. Si hésitante qu’elle soit parfois, cetteliberté, avec les ambiguïtés de ses limites, rejoint plusréellement l’homme que les entassements de certitudes quil’opprimentetlesscintillementsdesillusoiresprojectionsquilefascinent.CarauCrucifiédénudénepeutcorrespondrequ’unefoi nue. Elle creuse en l’homme son propre chemin dedépouillement, en sorte que finalement se rencontrent deuxpersonnesenleurradicalité.Etencore!LeChrists’estvidédelui-même (Ph2,7)plusqu’unhommene le fera jamais, car il

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possède mieux sa propre personnalité que ne retiennent del’écumedelavielesmainshumainestropcourtespourensaisirl’ampleur. Et le Christ descend en ces enfers où s’égarel’humain. Il est plus humain que nous. La foi le perçoit, ledevine.C’estpourquoiellepeuts’élancerversleChrist,carenle rejoignant, l’homme se retrouve lui-même le plusréellement13.

6SaintAugustincommentelaréuniondesdeuxpeuplespourformerlademeuredeDieu.Pointdécisif:ilparled’écouterunepierre:«Vouslevoyez,lesunsviennentdupeuplede la circoncision, les autres du peuple de l’incirconcision, comme deux murs quis’avancentdecôtésdifférentsetquiseréunissentparlebaiserdepaixdansl’uniquefoi au Christ ; écoutons donc la voix de la pierre d’angle. » (Saint AUGUSTIN :«Homélie51surJean8»,BibliothèqueAugustinienne73B,1989,p.299).7 À la question de savoir à qui il donnerait sa confiance et ce que signifie cetteexpression, un jeune de 17 ans fournit cette réponse beaucoup plus profonde qu’unerevendication d’autonomie : « C’est la possibilité, si je le voulais, d’être ce que jeveux».8 «Dans cette relation qui va naître, s’attestera qu’il n’y a pas de rencontre del’altérité sans une certaine altération (une côte, un côté de l’homme)… Dans lamanièrequ’al’hommedeprétendrereprendrelamainenquelquesorte,enaffirmantunpeuvitequelafemmeestl’osdesesos,ilindiqueunedominancesurelle.Alorsqu’ellefut créée comme son vis-à-vis, prétendre que la femme ne viendrait que de lui, c’estdonner une place au serpent. » (V.MARGRONet F. POCHÉ : «L’échec traversé ».Paris,DescléedeBrouwer,2003,pp.142-143).9«Quanddoncs’est-il installéencemonde,quandya-t-il faithalte,quandya-t-ilreposésatête?‘Ilabondipourcourirsonchemin’(Ps18,6),il‘apasséenfaisantlebien’(Ac10,38), sansmêmeunnid,unantre,uneplacedans l’hôtellerie, jusqu’àceque,ayantachevé sonœuvrequ’ilavaitacceptée, ilaitméritéde recevoir l’ordredes’asseoir et d’entendre le Seigneur dire à mon Seigneur : ‘Siège à ma droite’ (Ps110/109,1)».GEOFFROYd’AUXERRE:«EntretiendeSimon-PierreavecJésus»,37,Paris,LeCerf,1990,S.C.364,p.189.10«Pierre,quivientdeconfessersonamourpourlatroisièmefois,reçoitl’ordredepaître les brebis et demourir pour elles.C’est pourquoi le Seigneur lui dit par troisfois : ‘Pais, pais, pais’, et non pas : ‘Tonds, tonds, tonds’. » (Saint ANTOINE dePADOUE : « Sermons pour les Dimanches et Fêtes », T 1. Paris, Ed. Saint Antoine,2005,p.378).THEODOREdeCYRajoutait:«…quetulesmènesaupâturagecommetu y esmené et que tume rembourses à travers [elles] la reconnaissance que tumedois»(Surlacharité,10,dans«HistoiredesmoinesdeSyrie»,31,T.2.Paris,LeCerf,1979,S.C.257,p.285).11L’immobilitéduChristfixéencroixsembleattesterlavictoiredelamort.Maisc’est

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le lieu d’où il se répand en un mouvement fécond : « Tu crois que le Christ restedurablementcommelapierreimmobile,luiqui,frappéparlejavelot,répandituneondegénéreuse et offrit aux siens le breuvage de sa sainte blessure. » (Saint AVIT deVIENNE:«Histoirespirituelle»,5,464-467,T.2.Paris,LeCerf,2005,S.C.492,p.201).12«Mesfrères,voyezlevent:QuandsonsoufflesemeutSacouleurnesevoit;Toutenserévélant,ilsegardecaché:Sansquerienl’enveloppe,Sanscausemanifeste,IlexistecachéEtsemontreensonsouffle»(SaintEPHREMdeNISIBE :«Hymnes sur leParadis», 15, 1. Paris,LeCerf, 1968,S.C.137,p.187).13Unhommequineprofessepasd’êtrecroyantnereniepastoujourscetattraitqu’exercele Christ. Ainsi Stendhal volontiers tenu pour impie. Un excellent connaisseur de cethommeetdesonœuvrenoteeneffet:«Jenelevoispasdutoutenbrebiségarée,qu’ilfaudraitàtoutprixrameneraubercail:missionimpossibleetd’ailleursmalhonnête.Je le vois comme un frère séparé par des gouffres, à qui me relient cependant despasserelles invisibles…Certains croient croire. D’autres croient ne pas croire.Maisc’estbeaucouppluscompliqué.»(PhilippeBERTHIER:«AvecStendhal».Paris,Éd.deFallois,2013,p.162).

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effetsdoiventrechercherunqualificatifspécifiquementchrétienenretournantàleurorigineesttoutautrechose.Osonsledire:lafoiavanceàfondsperdus.L’autonomiedesesfruitss’exprimepar leur influence : dans la pâte, le levain ne redevient pasfarine. Il n’exige aucun privilège, cette momification d’unpassé23.

***

L’échelledeJacobnetientcependantpasdanslevide,plaquéesurlesténèbres.Commentabordersaposition?Deuxexemplesmereviennentenmémoire,pristouslesdeuxaunordduSahara.Une route, qui plus est asphaltée, piquait droit vers le désert.Après quelques kilomètres de déshérence, faute d’utilisation,ellebutaitsurlelitd’unouedsurplombé,del’autrecôté,d’unemuraille abrupte. Pour continuer la route, il eût fallu un pontsuivi d’un tunnel… Obstacles rédhibitoires pour une trèsmodestevoiedestinéefinalementàneconduirenullepart.Nonloin de là, une véritable rivière, avec son courant vif et sespoissons, se perdait en quelques dizaines demètres, engloutiepar une dune de sable si rapidement qu’on se prenait à lachercherplusloin…L’obstacle et la perte : l’échelle du patriarche ne connaît ni

l’un ni l’autre. Elle va « vers la terre » sans s’y appuyer, s’yenfoncer ; et « vers le ciel » sans le percer ni s’y lier.Unpurentre-deux.Commentdécrire lesdeuxespacesquine sontpasde jonction mais d’approche et de visée, aux deux bouts del’échelle ? Peut-on imaginer une ligature, un accostage, ou unévanouissement,uneliquéfaction?L’imaginationresteinterdite.Unautrecasseprésenteàl’esprit,celui,bienconnu,duBuissonardent. Chacun sait qu’il ne brûle pas, alors qu’il devrait seconsumer. Un feu qui ne produit pas de cendres s’appelle un

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éclat,une lumière,unesplendeur. Ilya tellementdebeautéence resplendissementque, fasciné,Moïseveut s’approcherpourmieuxvoir(Ex3,3).Pourcela,il luifautsedéchausser(v.5).Danscetacte,lesPèresdel’Égliseontlulefaitdesedépouillerdes vieilles peaux, de ce cuir de bêtes mortes dont onconfectionne les sandales, afin de s’offrir à la nouveauté (lescendres sont du vieux bois), disponible pour un départnouveau24.Moïserenaît.Il se passe quelque chose de semblable pour Jacob. Il était

réellement un fugitif, nu devant son frère, officiellement partipour se marier25. Derrière lui, la menace réelle d’un conflitfratricide.Saterrededépartsemontreincertaineetpérilleuse:ilnepeutpluss’appuyersurelle.Devantlui,uneroutedifficileetdesnomsinconnus:ilignoreoùleconduitsonchemin.La destination pointe vers son pays d’origine, mais elle

s’embrume d’ignorance. Le songe de l’échelle exprimeverticalementlecontenuexactdesoncheminementhorizontal.Cependantlerêveluiapprendcequ’ilnesavaitpas(28,16):

Dieu habite en ce lieu déshérité où Jacob ne trouve qu’unepierre pour reposer sa tête. Alors ce lieu resplendit. L’huileversée le rend étincelant à la lumière du jour. Jacob est unhommeneuf.Encematinnaissant, il sedépouilledescendresdupassé,ilselivreàunaveniràconstruire.Ilaapprisàvivrelavaleurduprésent;souslaprotectiondeDieu,avecLui,aupointque cequ’il promet ne concerne, pour son retour, que sa foi :« Le Seigneur deviendra mon Dieu » (v. 21). La stèle faitmémoiredecettepromesse.Abrahamétaitparti avec les siens,surlafoid’uneparole,versuneterresansnom.Jacobs’avanceseuldanslaprésencedeDieu.Féconditédelamarche.

***

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Envisager la foi àpartirdeces référencesbibliques se révèleplein d’enseignement. Les habitudes du langage opposentcroyants et incroyants. Elles distinguent entre elles plusieurssortes de foi par la divinité qu’elles vénèrent et les contenusqu’ellesinspirent.Bienentendu,lesincroyantsnesontpassansconvictions,etlesdiversesreligionssanspointscommuns.C’estd’ailleurs ce qui rend les dialogues possibles et souventenrichissants. Cette simplicité de langage n’est cependant passans certains inconvénients fâcheux. Le principal oublie quel’échellenepossèdenipiedni tête,etqu’àce titreonnepeutclairementladéfinir.Onn’envientpasaubout.Or, pour poser des distinctions claires et des contradictions

tranchées,ilfautd’abordtracerdesfrontièresnettes.Onnepeutsansdoutepasfaireautrementpouréviterconfusionetmélange.Ilconvient toutefoisdegarderprésentà l’espritqu’enagissantde lasorte,onenclot la foibibliquedansunsystèmeaisémentprésentableetclairementopposable.Ilsuffitdecouperpiedsettêtedenotreéchellepourobteniruneconstructionmanipulableentrelesmainsdesmécaniciensduspiritueletdesexposantsdel’apologétique. L’armée rangée en bataille nemanque d’aucunbouton de guêtre. Il ne lui reste plus qu’à désigner sesadversaires.Ceux-ci,d’ailleurs,semontrentassezrusésetbonsconnaisseurspourexciperdecequ’onleurprésentelesélémentsqu’onleurcache,pours’écrieretsoulignerlapartirrationnelleet ombreuse de la foi. En ces ténèbres qu’épaissit ledogmatisme, ils affirment voir l’essentiel d’une foi que sesadhérentsoccultentfrauduleusementetvéhémentementsouslesétendardsd’unereligion intelligible.UnefoienferméedansunsystèmeapparaîtalorscommelechevaldeTroiedelacrédulité.Ces conflits, peut-être moins ostensibles qu’hier, restent

toutefois présents de manière quasi-instinctive. Les rapports

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Apparemment,lesdiscipless’entirentbien.Ils se sortentmoins facilementde l’épisode suivant : pour le

coup, la nuit est tombée, la tempête se lève quand la barquetangue aumilieu de lamer. La symbolique de l’évènement estmanifeste(allonsaubut):àuneÉglisesecouéedetoutesparts,alorsqueleJésusterrestre(cf.2Co5,16)n’estplusavecelle(ilétait«lui,seul,àterre»:v.47)etqu’ellecraintdesombrer,lamarchesurleseauxmortellesdelamerannoncelaprésenceduRessuscitévainqueurdelamort.Ilneprononcequ’unmot:«C’estmoi»(v.50).Saprésenceexorciseleurpanique.Làoùl’hommemeurt,dans

l’eau, là vivent les poissons, ces signes de la Pâque duSauveur31.

Il resteàcomprendre le lienavec lamultiplicationdespains.Les apôtres, sauvés de l’inanition puis du naufrage, respirent.Mais leur cœur, loin de s’élargir, s’endurcit – tel celui dupharaon avant l’exode (Ex 8, 15). Par la multiplication despains, ils sontpromus :assurer l’ordrepuis ladistributiondespainslesmetplutôtenvaleurauxyeuxd’unefouledeconvives(ce qu’indique le terme de symposia, v. 39 : ils festoientensemble). Pédagogiquement, le Christ les arrache à leursatisfactiond’unemissionréussie(v.31a),d’avoirenfinmangé(v.31b)etbiengérécettemultitude.Il les«obligeàpartirenavantdelui»(v.45:c’estunenouvellemission:6,12).Etilles tire d’affaire une nouvelle fois. En tout cela, les disciplesrestentcentréssurleursort.Or la multiplication des pains représente le contraire :

«Donnez-leurvous-mêmesàmanger»(v.37).Acheters’avèreimpossible.Quereste-t-il?Lagénérosité,ledon.Pourcefaire,ilfautabandonnerlepeuqu’ona,cinqpainsetdeuxpoissons.Cette largeur du cœur fait vivre, elle humanise. En elle se

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dévoilelanatureprofondedeDieu:Celuiquisedonne,Celuiqui vivifie. Les évangélistes ne cessent d’insister sur cettedécouverte. Aux pèlerins d’Emmaüs, c’est la fraction du painquimontreleRessuscité(Lc24,35).PoursaintJean,leChristdonne son corps : il communique sa vie (6, 51).L’Eucharistielivresasignificationdanslafractionetlepartage.Alors on comprend ce que les textes indiquent : le Christ

demandeàsesdisciplesdefairedudon lachairde leurcorps.Dans ce but, il leur donne son propre corps livré. Il lestransformeenvivanteseucharisties.«Montrer»représentebienplusque fairevoir,queposer sous lesyeux.C’estunactequiengage à devenir ce qu’on voit, à s’engager dans le processusduquel émerge une réalité neuve, comme le calme des eaux etdes vents quand le Christ « monte auprès d’eux dans labarque»(v.51).Letémoinn’estpaslespectateuraléatoired’unévènement.Latransformationetlaconversion,qu’ilconnaîtenlui-même, le rendent sujet et acteur de ce que sa propre vieexprimeetrévèle.SaintPaulauxGalates:«IlapluàDieuderévélersonFilsenmoi»(1,16).Enlui,ilmontreunautrequelui:«Cen’estplusmoiquivis,c’est leChristquivitenmoi(Ga 2, 20). Alors le signe devient le manifeste d’une vienouvelle.

***

Faut-il attendre des famines et des tempêtes, des évènementsexceptionnels, pour avoir la chance de croire ? La foi neconcernait alors qu’unpetit nombred’élus, quand leChrist selivre«pourlamultitude»(Mc14,24).L’élitismeest laformealtièredusectarisme.À ce problème récurrent, le quatrième évangile apporte une

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réponse originale, car il déplace la question. De manièrespontanée et naïve, le sujet premier de l’acte de foi se trouveplacédanslapersonnequicroit.Elledit«jecrois»et,àpartirde ce« je», elledéveloppeensuiteuncontenuplusoumoinsconsistant et un degré d’adhésion variable. De là à ce qu’ellepenseêtreàl’originedesafoi,iln’yaqu’unpas.Pourunepart,cettepositionestjuste:c’estbienunsujetquicroit.LeChristlui-même pose la question : « Le crois-tu ? » demande-t-il àMarthe (Jn 11, 26). Cependant cette foi personnelle est uneréponseàunepropositionantécédente.En effet, l’initiative première vient de Dieu qui, par amour,

envoiesonFilsdanslemonde(Jn3,16).LareconnaissancedeJésusnesuffitpas,encorefaut-iladmettrequ’ilestl’EnvoyéduPère(Jn17,8).CroireauChristsupposedoncderemonterdelui à son origine « dans le sein du Père » (Jn 1, 18), sinons’arrêtersur luiseul lecouperaitdeson lienavec lePère.Unepremière connaissance de Dieu – quel que soit d’ailleurs lemode de cette connaissance – constitue un préalableindispensableàtouterelationauChrist.Quelqu’unquin’auraitaucuneidéedeDieu,commentpourrait-ilcomprendreque«LePèreetmoisommesun»(Jn10,30)?Cesmotsseraientpourlui vides de sens. L’épître auxHébreux rappelle ces « véritésfondamentales…foienDieu»(6,21).Ellesdonnentuneassise,uneterre,oùconstruirelafoi.Fort bien, mais chacun sait que des représentations du Père

peuventéloignerdeluietagirenrepoussoir.AvantleIIIesiècle,laBibleseméfiedutitredePère,tropaccoléàdescultesdelanatureetdelavie.Lemot«roi»estsiambiguqueJésuss’enécarte(Jn6,15).Mêmelequalificatifde«Créateur»recouvraitalorsdesacceptionsflouesvoiredangereuses.CesréservesvontsiloinqueJésusrétorqueauxresponsablesdesonpeuplequ’ils

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autreendroit :entre l’infra-humain(lamaladie, lamisère…)etladignitépropredel’homme.Àcettefemmequ’ilredresse,luipermettantdemarcherdroit,d’exerceruntravail,iln’enjointpasdedevenirdisciple.Il l’amèneàlasantémaislalaisselibrededevenircroyante.L’annoncedelafoi,lapropositiondelafoi,correspondentau

même objectif : montrer la gratuité de l’appel. Ce qu’apportel’envoyédel’Évangile,c’estuneparoleàentendre,cetteréalitélaplusfragileetlaplusvitale.Cetteparoleàentendre,etnonunordre à exécuter, ouvre un espace nouveau où le désir peuts’aventurer.AmeneràlafoisignifiedoncapporterlaParoleetlalaisser agir en l’homme. Il la travaille, elle le façonne. Cepétrissagenepeutêtrefaitqueparl’intéressé.Àuneconditiontoutefois : que cette propositionmontre sa bonté et prouve sacapacitédecréerdelavie.Paroleetsignesvontdepair(Mc16,20).Ilnefautdoncpasquelaviedes«témoins»démentelafoiqu’ilsannoncent.Sansles«actes»,sanslesmainsdeshommes,la Parole et l’Esprit de Dieu sont relégués dans un ciellointain…aumieux!QuandElieréanimelefilsdelaveuvedeSarepta, la mère s’écrie en recevant son fils vivant :«Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu et que laparoledeYahvédanstaboucheestvérité»(1R17,24).Restecependantunedernièreprécisionàapporterici.Dansle

Nouveau Testament et dans les sociétés d’hier, l’appartenanceaugroupeétaitpremière.Devenirchrétiencoïncidait avec« sejoindre aux disciples » (Ac 2, 41 ; 6, 7). Croire équivalait àpartagerlafoidel’Église.Cetteinscriptionpersonnelledansuncorpsdecroyantss’écartèleaujourd’huiettendàdevenir,dansunesociétéindividualisée,unerelationuniqueentreleconvertietJésusseul.Cefaitseconstatesouventchezlescatéchumènes.Ils découvrent le Christ, parfois avec force et un long

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cheminement.Ilssontbaptisés,trèsbien.Puisilsdisparaissent.Car la marque d’une foi adulte ne se constate pas dans uneadhésion privée à un Christ solitaire. Ce qui est fondamental,plus même que la personne qui fait découvrir le messagechrétien, ce qui rend la foi adulte grâce aux sacrements del’Église, c’est l’entrée dans la fraternité croyante et laparticipationàseséchanges.LorsqueJérémieannoncequ’« ilsn’aurontplusbesoind’instruirechacunsonprochain…carilsme connaîtront tous des plus petits jusqu’aux plus grands »(31,34),ildécritlestempsmessianiquesnonpascommeprivésde connaissances nimanquant d’instructeurs,mais commeunefraternitécroyanteoùlaviedefoiserapartagéeentretous.Cetenracinementdupartagedélivreledésirdesasolitude,opèrelaconversiondesoncaractèreindividuel.Ilélargitlechampdelafoiàladimensiondel’Églisequiest«mèredelafoi».

34 En3, 36, il précisemême le cas de «qui refuse de croire auFils ». AuXIIIèmesiècle, un juif converti écrit : « Il faut observer qu’il ne dit pas : ‘S’il n’a pas étébaptisé,ilneserapassauvé’.Eneffet,sanslebaptême,unhommepeutêtresauvé,sic’est lanécessitéquil’aempêchéd’êtrebaptisé» (GuillaumedeBOURGES:«LivredesguerresduSeigneur»,1,145-148,Paris,LeCerf,1981,S.C.288,p.253).35Cf.cettephraseduPseudo-Denys:«Celuimêmequidésirelapiredesvies,entantqu’ilnedésirequevivre,etd’uneviequiluisemblelameilleure,parsondésirmême,parsondésirdevivre,parsatendanceverslameilleuredesvies,ilapartlui-mêmeauBien.»LesNomsdivins,20.Paris,Aubier,1943,p.114.36 On ne peut que se référer au développement fameux de Pascal : «L’homme n’estqu’unroseau, leplus faiblede lanature,maisc’estunroseaupensant…» (Fragment347del’éditionBrunschvicgdesPensées).37CerepliementdudésirestainsiperçuparMauriceZUNDEL:«Nousnepéchonsqueparmanqued’ambition,nousnepéchonsqueparcequenosdésirssonttroppetits,nousnepéchonsqueparcequenousnevoulonspasl’infini».ConférenceàBeyrouth,1963,dans : « Présence deMaurice Zundel », Janvier 2014, n° 85, p.6. Ainsi le désir estbeaucoupplusunmouvementqu’uncontenu.38Laréplétudeest,ausensfiguré,l’étatdeceluiquisecroitcomplet,plein.39Cf.Rousseau:«carl’impulsionduseulappétitestesclavage,etl’obéissanceàlaloiqu’ons’estprescriteestliberté»DuContratSocialI,8.40Letextecomportenonleverbe,maislapréposition«eis»,vers.OnrejointLuc4,1:

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«Jésusestconduitaudésert».

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OnpenseaimerleChristOnaimeplussouventl’idée

qu’ons’enfait.Commecescouplesqui,disent-ils,

n’ontpasvuletempspasseretsontpassésàcôtédutempsdel’autre,àcôtédesjoursdepossiblesespérances.

Ilsontvieillicôte-à-côte:cequin’estpassansvaleur,maisquinégligel’étonnement

deladécouverte.Selaisseraimer,

nerienamasser,pasmêmelesjours,pourguetteraupremierdétour

duchemindesterresinconnues,lasurprisegratuite

etl’émerveillementd’unamouràjamaisnouveau.

Ons’habitueetonnevoitplusrien.Carl’autren’estjamaissaisisansrisquedeleperdreoudes’habitueràlui,

àcequ’onsaitdéjàdelui,àsesréactionsprévisibles,cellesquiirritent,agacent

oufontsourire.L’autreintégréàsoi,

alorsqu’oncampedansl’antichambredumystère,

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àl’entréed’unjardinsecretdontonn’estquel’humblegardien,lemendianttendudedésir,àlaporte.

Caronnaîtvieuxetilnousfautapprendrelajeunessecommeundonimméritéquiouvre

levantaildelademeure,ets’engageraubordduseuilsansoutrepasserlamarche

paruneincarnationrespectueusedel’autre,uneattentefaitechair,

uneespérancedanssonacted’offrande.

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TABLEDESMATIÈRES

Couverture4èmedecouvertureCopyrightTitre

ACCUEIL

Chapitre1LEROCHERQUIMARCHE

Chapitre2ENTRE-DEUX

Chapitre3L’ÉCHELLEDEJACOB

Chapitre4MONTRERETDÉMONTRER

Chapitre5LEDÉSIRETL’OBÉISSANCE

Chapitre6ILESTGRANDLEMYSTÈREDELAFOI

LemurmureetlasourceL’EucharistiedelafoiLestracesdelafoiLepainpartagéPasseulementdebellesâmes,maisunmondenouveau

TABLEDESMATIÈRES

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