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DÉVELOPPEMENT D'UN PROGRAMME DE GESTION DE L'ÉNERGIE DANS L'INDUSTRIE RAPPORT FINAL - Mars 2008 -

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DÉVELOPPEMENT D'UN PROGRAMME DE GESTION DE L'ÉNERGIE DANS L'INDUSTRIE

RAPPORT FINAL - Mars 2008 -

Agence de l’efficacité énergétique du Québec Développement d’un programme de gestion de l’énergie dans l’industrie

Rapport Final

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REMERCIEMENTS

Nous remercions toute l’équipe de Direction des secteurs transport, industrie et innovation technologique de l’Agence de l’efficacité énergétique pour son entière implication dans cette étude et son support en termes de documentation et de suggestions qui ont permis d’enrichir ce rapport. Nos remerciements s’adressent plus particulièrement à :

• Alain Daneau, Directeur Transport, Industrie et Innovation technologique, Agence de l’efficacité énergétique

• Benoît Légaré, Conseiller en efficacité énergétique, Agence de l’efficacité énergétique • Maude Chabot-Pettigrew, Économiste, Agence de l'efficacité énergétique.

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SOMMAIRE

Le Québec s’est doté d’une nouvelle stratégie énergétique en 2006. La stratégie s’est voulue plus agressive en revoyant à la hausse les efforts à accomplir par les structures gouvernementales et les distributeurs d’énergie pour permettre au Québec d’économiser annuellement environ 2,5 milliards de dollars sur sa facture énergétique et de réduire de 9,4 millions de tonnes les émissions de GES à l’horizon 2015. Les cibles d’économies d’énergie pour 2015 sont de 8 TWh pour l’électricité, 350 Mm3 pour le gaz naturel et 2 millions de tep pour les produits pétroliers. Dans le cadre de la réalisation de ces objectifs, l’Agence de l’efficacité énergétique (AEE) a reçu le mandat de bâtir le Plan d’ensemble visant à mieux utiliser l’énergie, en collaboration avec les distributeurs et les secteurs économiques les plus concernés.

La présente étude, qui entre dans le cadre des actions de l’AEE, vise à évaluer l’opportunité d’un programme de gestion de l’énergie dans le secteur industriel qui représente environ 39 % du bilan énergétique de la province. De façon spécifique, l’étude devrait permettre de : i) déterminer quel type d’outil de diagnostic de gestion utiliser, ii) définir les grandes lignes de l’éventuel programme et le situer par rapport aux programmes existants, iii) évaluer différentes approches pour la comptabilité de gestion, et iv) évaluer la valeur économique de l’éventuel programme.

La démarche adoptée a consisté à : i) la revue des programmes et systèmes de gestion d’énergie existants au Canada et dans d’autres pays tels que les États-Unis, la Hollande, la Suède, l’Angleterre, etc.; ii) l’analyse du marché global industriel du Québec; iii) la détermination du potentiel technico-économique du programme en se basant sur les expériences des autres pays; iv) la conception préliminaire du programme ainsi l’évaluation de sa rentabilité.

Normes et programmes de gestion de l’énergie

Les normes de gestion de l’énergie commencent à se répandre de plus en plus et se rattachent aux programmes d’efficacité énergétique existants. Dans la plupart des cas, cette mutation est guidée par les soucis de réduction de gaz à effet de serre et le Protocole de Kyoto. Par exemple, pour le Danemark, l’Irlande, la Suède et les États-Unis ayant une norme de gestion de l’énergie, le système a été développé pour être entièrement compatible avec le programme de gestion de la qualité d’ISO (ISO 9001:2000) et le programme de gestion environnementale ISO 14001. Dans les cas du Danemark, de l’Irlande et de la Suède, l’hypothèse est que les industries participantes à la certification ISO 14001 intégreront les exigences du standard dans leurs documents et procédures de gestion existants.

Deux programmes ont particulièrement mis l’accent sur le mesurage des résultats : le programme de mesurage et ciblage du Royaume Uni et le projet européen BESS1 avec l’analyse comparative. L’analyse comparative demande le traitement des performances énergétiques par sous-secteur

1 BESS: Benchmarking and Energy Management Schemes in SMEs

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industriel alors que le mesurage et le ciblage ne fait pas cette distinction hormis la séparation des grandes industries des PMI à cause de la différence des besoins.

Marché global du secteur industriel au Québec

Selon les chiffres publiés par l’Institut de la Statistique du Québec, il y avait 15 251 industries dans le secteur manufacturier du Québec en 2003, toutes sources d’énergie confondues. Les dépenses énergétiques (combustibles et électricité) se sont élevées à environ 4,3 milliards de dollars en 2005, représentant en moyenne 4,2 % du coût de production.

Du point de vue de l’énergie, le secteur industriel est généralement divisé en deux grandes catégories : la grande industrie (GI) et la petite et moyenne industrie (PMI). La GI, regroupant une infime fraction des entreprises manufacturières en nombre (+/-200), représente cependant près de 90 % de toute l’énergie consommée par le secteur industriel.

Plusieurs études commanditées par Hydro-Québec, Gaz Metro et l’AEE ont caractérisé le marché du secteur industriel et les potentiels technico-économiques liés aux trois sources d’énergie majeures (électricité, gaz naturel et mazout).

L’électricité est la source d’énergie la plus utilisée au Québec en particulier dans le secteur industriel, soit 48,2 % de la consommation énergétique de la province en 2004. Les clients de petite puissance représentent plus de 90 % de la clientèle affaire d’Hydro-Québec (10 900 GWh au total en 2004). Le potentiel technico-économique total des économies d’électricité dans les PMI est de 14,4 % de la consommation projetée de 20142. Dans les grandes industries, le potentiel technico-économique des mesures d’EE a été estimé à 2 084 GWh, soit des économies de 3,3 % sur la consommation totale3.

Le gaz naturel représentait 16,1 % de la consommation énergétique du secteur industriel du Québec en 2004, ce qui en fait la deuxième source d’énergie après l’électricité. Les GI représentent plus de 73 % de la consommation de gaz naturel du secteur industriel québécois. L’analyse faite sur une période de cinq ans (2005-2010) montre que le potentiel technico-économique des mesures d’EE dans le secteur industriel est de 12,7 % (366,9 Mm3) de la consommation totale du secteur en 20054 et se retrouve essentiellement au niveau des procédés.

En 2001, le secteur industriel représentait 11,83 % de la consommation totale de produits pétroliers de la province, soit 1 762 789 tep5. Comme pour les autres sources d’énergie, on distingue que les petites et moyennes industries qui sont plus importantes en nombre (93 %), mais représentent une consommation très faible (4 %) par rapport aux grandes industries. Dans les PMI, le potentiel d’économies d’énergie est en moyenne de 3,6 % pour un temps de retour de 1,3 an. Le potentiel est 2 Technosim inc. 2005, Annexe D - Potentiel technico-économique d’économies d’énergie électrique. Rapports des Experts

du Distributeur – Marché Petite et Moyenne industrie. Préparé pour Hydro-Québec 3 J. Harvey Consultant &Associés Inc 2005, Annexe E - Potentiel technico-économique d’économies d’énergie électrique.

Rapports des Experts du Distributeur – Marché Grandes Entreprises. Préparé pour Hydro-Québec 4 Technosim Inc. 2007, Évaluation du potentiel technico-économique d’économie d’énergie pour Gaz Métro - Marché

industriel 5 L’énergie au Québec édition 2003

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plus important dans les GI. En effet, le potentiel technico-économique établi pour des temps de retour de 2, 3 et 4 ans varie entre 10% et 50% dans les GI dépendamment du type d’industrie6.

Au Québec, certaines grandes industries ont de systèmes de gestion de l’énergie qui ne sont pour la plupart pas exploités au maximum de leur capacité. Il est à noter les initiatives de Hydro Québec qui vient de confier à la firme ENER21 des projets pilotes de mesurage et ciblage dans 10 usines à travers le Québec. L’approche d’externalisation de la gestion de l’énergie a été privilégiée à cause du manque de ressources humaines qualifiées au sein des usines visées.

Potentiel technico-économique de la gestion de l’énergie

Marbek Resource Consultants a démontré qu’il y a une corrélation entre les meilleures pratiques de gestion d’énergie et l’implantation des meilleures pratiques techniques7. Ainsi un programme de gestion de l’énergie peut permettre d’améliorer le degré de matérialisation des économies d’énergie de 30 % à 40 % comparativement à la situation courante sans bonne pratique de gestion de l’énergie. Les expériences hollandaise et européenne démontrent que la mise en œuvre de programme ou système de gestion de l’énergie au sein de l’entreprise permet de générer des économies d’énergie additionnelles de 3 % à 10 %.

Appliquée au potentiel d’économie par source, le système de gestion de l’énergie se traduira par : i) 4,3 % à 5,8 % et 1 % à 1,3 % d’économie d’électricité dans les PMI et GI respectivement, ii) 3,8 % à 5 % d’économie de gaz naturel et iii) 3 à 15% d’économie de mazout dans le secteur industriel.

Outil de diagnostic du niveau de gestion de l’énergie et comptabilité de l’énergie

L’outil de diagnostic couramment utilisé dans les programmes de gestion de l’énergie comprend des matrices qui aident les gestionnaires à évaluer le niveau de gestion de l’énergie dans l’entreprise. La plupart des systèmes de gestion de l’énergie sont structurées autour de six ou sept éléments clés. Dans le cas de l’atelier « le gros bon $ens » de RNCan, l’outil de diagnostic du niveau de gestion d’énergie des entreprises comprend six aspects caractéristiques: l’engagement de la direction; la planification des actions; l’organisation; le financement de projet; le mesurage et les rapports; et la communication.

Cet outil qui fait une évaluation plus qualitative ne donne pas toujours des résultats très objectifs à cause du risque de subjectivité des répondants. Les limites de la plupart des programmes sont liées au manque de données quantifiables permettant de mesurer de façon objective l’impact du programme en termes d’économies d’énergie.

Dans le cadre du programme éventuel de l’AEE, l’outil de diagnostic qui peut servir aussi d’outil de sensibilisation devra être couplé à un moyen de comptabilité permettant d’améliorer la gestion de l’énergie au quotidien. S’appuyer sur le mesurage et le ciblage pourrait représenter une option 6 SodeXpro. 2005. Potentiel techno-économique des mesures d’efficacité énergétique pour les utilisateurs industriels de produits pétroliers. Préparé pour l’Agence de l’efficacité énergétique 7 Marbek Resource Consultants Ltd. Management Best Practices

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efficace qui permet de savoir à tout instant les résultats de la mise en œuvre du programme en se basant sur un outil de comptabilité pouvant être géré de façon indépendante.

Au-delà de compteurs et sous compteurs d’énergie, le mesurage et ciblage apparaît comme l’outil idéal pour servir d’appui à la gestion de l’énergie. Le mesurage et ciblage permet de surmonter les insuffisances des autres outils de comptabilité de l’énergie. L’outil informatique et la flexibilité offerte par la possibilité de gérer un nombre important de paramètres de fonctionnement permettent de mesurer plus efficacement l’impact réel des actions entreprises. Cela permet d’obtenir un bilan ou des indicateurs presqu’instantanés pour aider à la prise de décision en temps réel afin de corriger les anomalies de fonctionnement d’un équipement ou d’un procédé.

Grandes lignes du programme

Le programme proposé devra être vu comme un tout à multiples volets et non pas comme différents programmes ponctuels pouvant être utilisés de façon indépendante par les PMI et les GI. La mise en œuvre s’appuie sur dix activités principales qui comprennent des actions spécifiques.

Le principe de base est de concevoir un programme volontaire dans lequel les entreprises participantes signeront des accords avec l’Agence de l’efficacité énergétique pour pouvoir bénéficier des subventions et autres avantages du programme sous certaines conditions. Certaines activités pourront être entreprises de façon concomitante.

La structure du programme comportera les différentes activités suivantes :

• A01 Nomination et formation d'une équipe de gestion de programme • A02 Design détaillé du programme • A03 Projets pilote de gestion d’énergie avec le mesurage et ciblage • A04 Sensibilisation au concept de gestion de l’énergie et engagement de la direction • A05 Formation du personnel responsable • A06 Appui à l’acquisition d’outils de collecte et d’analyses données • A07 Appui au processus de gestion en continue • A08 Validation des résultats obtenus dans le cadre du programme • A09 Reconnaissance pour les PMI et GI méritoires et diffusion des résultats • A10 Évaluation de programme.

Le détail des activités et des aides financières sont traités au chapitre 5 de ce rapport.

Rentabilité du programme

Cette analyse est très préliminaire; elle permet simplement de lancer les grandes pistes de réflexion sur l’éventualité d’un programme de gestion de l’énergie dans le secteur industriel. L’évaluation n’a pas fait de distinction entre PMI et GI; de plus l’ensemble des entreprises répertoriées dans l’activité industrielle ont été utilisées. Il est clair que les besoins des PMI et des GI sont différents et les coûts

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pouvant être absorbés pour la gestion de l’énergie dans ces deux catégories sont nécessairement différents.

Les hypothèses utilisées dans cette évaluation sont multiples. Il est estimé entre autres que 0,5 % des PMI et GI au Québec commenceront à participer au programme à chaque année. L’économie d’énergie due à la gestion de l’énergie utilisée est de 5 % par rapport à la facturation énergétique annuelle globale comme indice pour calculer l’impact en économie brute sur la facturation. Les principaux effets de distorsion ont été considérés pour mesurer la rentabilité de ce programme de gestion de l’énergie.

Les acteurs principaux du programme seront l’AEE à travers l’équipe de gestion du programme et les participants du secteur industriel. Les différentes activités devront donc être financées par l’Agence et partiellement par les participants.

L’apport de l’AEE couvrira : la mise en place de l’équipe de gestion du programme, le design détaillé du programme, la sensibilisation, la formation et les subventions à l’acquisition de compteurs et le système de mesurage et ciblage.

Le coût total du programme est évalué à environ 17 millions de dollars dont 7,7 millions à financer par les participants et 9,3 millions par l’AEE sur dix ans de déboursés. Les économies nettes d’énergie et les réductions d’émission de GES sont estimées respectivement à environ 3 400 TJ et 282 000 tCO2e sur dix ans.

Les résultats des différents tests se présentent comme suit.

Test Bénéfice Coût Ratio coût/bénéfice Soustraction

Test du coût total en ressources 36 500 000 $ 17 050 000 $ 0,47 19 450 000 $

Test du participant (gestion simple) 83 000 $ 27 000 $ 0,33 56 000 $

test du participant (mesurage et ciblage) 147 000 $ 46 200 $ 0,31 100 800 $

Test de neutralité tarifaire 33 840 000 $ 24 100 000 $ 0,71 9 740 000 $

De tous les intervenants, c’est le participant qui bénéficiera le plus du programme puisque son ratio coût/bénéfice est aussi bas que 0,33; comparé à 0,47 pour la société et 0,71 en moyenne pour le distributeur.

Pour cette première analyse, les chiffres globaux sont dérivés des données macro tout en sachant que dans une phase de design plus approfondie du programme, une analyse différenciée devra être menée pour refléter les besoins et les réalités de chaque catégorie d’industries et restreindre l’étude à un nombre d’industries ayant un seuil minimum de consommation d’énergie. De plus, une analyse détaillée sur les aides financières à être offertes aux différentes PMI et GI devra être établie par l’Agence pour une conception plus approfondie du programme.

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TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ................................................................................................................................ I SOMMAIRE ............................................................................................................................................ I ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES...................................................................................................VIII 1 CONTEXTE .................................................................................................................................. 1

1.1 Cadre politique, économique et environnemental ............................................................ 1 1.2 Contexte énergétique........................................................................................................... 2 1.3 Problématique ...................................................................................................................... 3 1.4 Objectifs de l’étude .............................................................................................................. 4

2 REVUE DE NORMES DE GESTION DE L’ÉNERGIE ................................................................. 5 2.1 Normes et programmes existants ...................................................................................... 5 2.2 Outil de diagnostic du niveau de gestion de l’énergie ................................................... 16 2.3 Principaux points à retenir ................................................................................................ 18

3 ANALYSE GLOBALE DU MARCHÉ INDUSTRIEL DU QUÉBEC............................................ 21 3.1 Segmentation du marché industriel ................................................................................. 21

3.1.1 Aperçu du secteur industriel québécois........................................................................ 21 3.1.2 Électricité...................................................................................................................... 23 3.1.3 Gaz naturel ................................................................................................................... 25 3.1.4 Le mazout et les autres sources d’énergie................................................................... 27

3.2 Environnement d’affaires .................................................................................................. 28 3.3 Analyse des risques........................................................................................................... 29

4 POTENTIEL TECHNICO-ÉCONOMIQUE DU PROGRAMME .................................................. 31 5 PROGRAMME DE GESTION DE L’ÉNERGIE .......................................................................... 33

5.1 Objectifs et contraintes du programme ........................................................................... 33 5.2 Activités du programme .................................................................................................... 33 5.3 Définition de l’Aide financière offerte............................................................................... 39 5.4 Évaluation de programme ................................................................................................. 41

5.4.1 Évaluation des différentes approches de comptabilité de gestion de l’énergie ............ 41 5.4.2 Outils d’évaluation de programme................................................................................ 42

5.5 Évaluation de la rentabilité du programme...................................................................... 46 ANNEXE 1 – MATRICES D’ÉVALUATION DE PROGRAMMES DE GESTION DE L’ÉNERGIE ANNEXE 2 – CARACTÉRISTIQUES DES PRINCIPALES NORMES EXISTANTES ANNEXE 3 – MESURAGE ET CIBLAGE

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ANNEXE 4 – CONTENU DU PROGRAMME DE FORMATION DE CINQ JOURS POUR LES GESTIONNAIRES DE L'ÉNERGIE (CEM) OFFERT PAR L’ASSOCIATION OF ENERGY ENGINEERS

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Consommation d'énergie secondaire et émissions de GES ................................................2 Tableau 2 : Consommation d'énergie secondaire par source d'énergie (2000-2004) ............................3 Tableau 3 : Statistiques de l'activité manufacturière pour le secteur de la fabrication..........................22 Tableau 4 : Segmentation du marché des grandes industries..............................................................23 Tableau 5 : Répartition de la consommation du gaz naturel par segment............................................26 Tableau 6 : Répartition de la consommation du mazout par segment..................................................27 Tableau 7 : Comparaison de quatre approches de comptabilité de la gestion de l’énergie..................41 Tableau 8 : Critères de calcul de la réussite de l’OEE..........................................................................43 Tableau 9 : Cadre logique d’évaluation du programme au niveau de l’agence ....................................45 Tableau 10 : Coût journalier de la main d’œuvre pour 2007.................................................................49 Tableau 11 : Calcul du prix moyen de l’énergie (tarif) économisée ......................................................50 Tableau 12 : Calcul du coût moyen de l’énergie économisée ..............................................................51 Tableau 13 : Calcul du facteur d’émission de GES ..............................................................................52 Tableau 14 : Coûts totaux du programme actualisés en 2008 et ventilés par activité ..........................54 Tableau 15 : Résultats du test du coût total en ressources ..................................................................55 Tableau 16 : Résultats du test du participant au programme de gestion simple ..................................55 Tableau 17 : Résultats du test du participant au programme de gestion..............................................55 Tableau 18 : Résultats du test de neutralité tarifaire ............................................................................56

LISTE DES FIGURES Figure 1 : Guide de gestion de l’énergie Energy Star ...........................................................................17 Figure 2 : Répartition de la consommation d’électricité dans les PMI ..................................................24 Figure 3 : Corrélation entre les bonnes pratiques techniques et les bonnes pratiques de gestion de l’énergie. ...............................................................................................................................................31

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ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES

AEE Agence de l’efficacité énergétique ANME Agence nationale de maîtrise de l’énergie ANSI American National Standards Institute BESS Benchmarking and Energy Management Schemes in SMEs CEM Certified Energy Manager CO2 Dioxyde de carbone CVC Chauffage, ventilation, climatisation DEA Danish Energy Authority DEFRA Department for Environment, Food and Rural Affairs DOE Department of Energy EE Efficacité énergétique EEBPP Energy Efficiency Best Practice Programme EMAS Eco-Management and Audit Scheme US EPA US Environment Protection Agency GES Gaz à effet de serre GI Grande industrie GWh Giga wattheure IEE Intelligent Energy – Europe ISO International Organization for Standardization kW Kilowatt LBNL Lawrence Berkeley National Laboratory LTA Long Term Agreement MSE Management System for Energy MtCO2e Million tonnes de CO2 équivalent M&T Mesurage et ciblage OEE L’Office de l’efficacité énergétique PDCA Plan - do - check - act PEEI Projet d’efficacité énergétique dans le secteur industriel PEEIC Programme d'économie d'énergie dans l'industrie canadienne PJ PetaJoule PMI Petite et moyenne industrie RNCan Ressources naturelles Canada SAVE Specific Actions for Vigorous Energy Efficiency SEI Sustainable Energy Ireland SME Small and medium enterprise TCT Test de coût total en ressource TJ Téra Joule TNT Test de neutralité tarifaire TP Test du participant Tep Tonne d’équivalent pétrole TWh Téra Wattheure

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1 CONTEXTE

1.1 CADRE POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL

Le Québec s’est doté en 2006 d’une stratégie énergétique qui se veut ambitieuse en utilisant l’énergie comme levier du développement durable de la Province. Outre la sécurité des approvisionnements, l’utilisation rationnelle de l’énergie représente un des six objectifs majeurs de la stratégie énergétique 2006-2015.

Les priorités d’action définies pour atteindre les objectifs d’économies d’énergie comprennent : i) l’adoption de cibles d’économie plus ambitieuses pour toutes les formes d’énergie; ii) l’élaboration d’un plan d’ensemble pour toutes les formes d’énergie; iii) la réduction de la consommation de produits pétroliers principaux responsables des gaz à effet de serre; iv) l’utilisation efficace de l’électricité et du gaz naturel et v) le renforcement du leadership du secteur public8. Les résultats attendus se mesureront à plusieurs niveaux :

• sur le plan politique : le Québec vise à renforcer son leadership mondial en matière d’utilisation rationnelle de l’énergie en en s’appuyant sur les résultats encourageants obtenus dans la promotion des économies d’énergie, à partir de la stratégie d’efficacité énergétique adoptée il y a un peu plus de dix ans;

• sur le plan économique : il s’agit d’utiliser l’efficacité énergétique comme un moyen d’améliorer le niveau de vie et la compétitivité du Québec. En étant plus efficaces dans l’utilisation de l’énergie, les particuliers dégageront des ressources qui seront affectées à d’autres priorités, tandis que les entreprises seront plus concurrentielles sur les marchés où elles vendent leurs produits et leurs services. De plus, l’efficacité énergétique représente un marché permettant de générer des revenus pour toute l’économie québécoise par la naissance de l’industrie de l’efficacité énergétique;

• sur le plan environnemental : le secteur énergétique est responsable de plus 70 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec. La réduction de ceux-ci passe donc inévitablement par la promotion de l’efficacité énergétique, que ce soit au plan québécois, canadien ou à l’échelle du nord-est du continent eu égard au Protocole de Kyoto. Les émissions de GES du Québec sont d’environ 85 MtCO2e dont 24 MtCO2e pour le secteur industriel (50 % liés aux procédés et 50 % liés à la consommation d’énergie). Le Québec vise à demeurer le leader de la lutte contre les changements climatiques.

La stratégie s’est voulue plus agressive en revoyant à la hausse les efforts à accomplir par les structures gouvernementales et les distributeurs d’énergie pour permettre au Québec pour permettre au Québec d’économiser annuellement environ 2,5 milliards de dollars sur sa facture énergétique et de réduire de 9,4 millions de tonnes les émissions de GES à l’horizon 2015. Les cibles d’économies 8 Gouvernement du Québec, 2006, L’énergie pour construire le Québec de demain, La stratégie énergétique du Québec 2006-2015

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d’énergie pour 2015 sont de 8 TWh pour l’électricité, 350 Mm3 pour le gaz naturel et 2 millions de tep pour les produits pétroliers.

L’Agence de l’efficacité énergétique a reçu le mandat de bâtir ce Plan d’ensemble visant à mieux utiliser l’énergie, en collaboration avec les distributeurs et les secteurs économiques les plus concernés.

1.2 CONTEXTE ÉNERGÉTIQUE

Le Québec reste un important consommateur d’énergie, à l’échelle de la planète. En 2002, le Québec consommait moins d’énergie par habitant que l’ensemble du Canada et les États-Unis, mais deux fois plus que l’Union européenne et le Japon. Une partie des écarts est due à la structure industrielle et au climat.

La consommation de l’énergie secondaire totale du Québec était de 1832,7 PJ en 2004. Le secteur industriel est le principal secteur consommateur d’énergie avec une part de 38,9 % (713,5 PJ en 2004). Il est suivi des secteurs du transport (27 %), résidentiel (19,1 %), commercial (13,5 %) et agricole (1,5 %). Le Tableau 1 présente l’évolution de la consommation d’énergie secondaire et les émissions de gaz à effet de serre du secteur industriel du Québec de 2000 à 20049.

Tableau 1 : Consommation d'énergie secondaire et émissions de GES par industrie au Québec (2000-2004)

Consommation d’énergie par industrie (PJ) Émissions de GES par industrie (Mt CO2e) Types d’industries 2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004 Total 691,0 667,2 705,2 723,6 713,5 16,9 15,8 16,0 16,7 17,1 Construction 6,2 6,2 7,4 8,9 9,8 0,4 0,4 0,5 0,6 0,6 Pâtes et papiers 235,5 213,6 232,5 230,1 231,2 3,5 3,1 2,9 3,0 3,3 Fonte et affinage, non ferreux

172,8 189,3 197,9 206,2 189,8 1,9 2,0 1,8 2,0 2,0

Raffinage pétrolier 57,8 59,0 58,2 59,5 62,3 3,5 3,6 3,6 3,7 3,8 Ciment 10,9 10,7 10,2 10,2 11,2 0,7 0,7 0,7 0,7 0,7 Produits chimiques 25,0 24,8 24,9 26,4 27,5 0,4 0,3 0,4 0,4 0,4 Sidérurgie 32,2 16,8 17,7 23,9 23,6 1,1 0,3 0,4 0,6 0,7 Autres industries manufacturières

120,0 119,9 127,2 125,8 131,4 3,9 3,8 4,2 4,0 4,3

Exploitation forestière

4,1 4,1 4,2 6,4 6,9 0,3 0,3 0,3 0,5 0,5

Exploitation minière

26,6 22,9 25,0 26,2 19,7 1,2 1,0 1,2 1,2 0,8

Intensité en GES (tonnes/TJ)

- - - - 24,5 23,6 22,7 23,0 24,0

Source : RNCan, 2006

Les industries grandes consommatrices d’énergie accaparent, à elles seules, 70 % de la consommation d’énergie du secteur industriel. Il s’agit de l’industrie des pâtes et papiers, de la sidérurgie, de la fonte et de l’affinage, des produits chimiques et dans une moindre mesure les

9 Ressources naturelles Canada, 2006, Base de données complète sur la consommation d'énergie, 1990 et 1998 à 2004

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raffineries de pétroles. Les industries utilisant davantage de combustibles fossiles sont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre avec en tête de liste le raffinage de pétrole (22,2 %) et les pâtes et papiers (19,2 %).

Comme le montre le Tableau 2, l’électricité est la forme d’énergie la plus utilisée dans le secteur de l’industrie, avec 48,2 % de la consommation totale, suivie par le gaz naturel, avec 16,1 %. La biomasse et le mazout représentent respectivement 13,3 % et 8,6 % de la consommation énergétique.

Tableau 2 : Consommation d'énergie secondaire par source d'énergie (2000-2004)

Consommation d’énergie par source d’énergie (PJ) Source d’énergie 2000 2001 2002 2003 2004

Électricité 317,9 326,5 339,0 356,0 343,9Gaz naturel 136,3 106,5 121,4 109,2 115,2Carburant diesel, mazouts légers et kérosène

19,9 18,0 19,4 21,4 23,8

Mazouts lourds 54,3 56,2 47,8 63,8 61,6Charbon 14,7 15,5 14,0 13,5 17,1Coke et gaz de fours à coke 4,4 3,1 3,4 3,5 0,9Déchets ligneux et liqueur résiduaire

96,2 87,8 103,6 99,7 94,7

Autres (vapeur et combustibles résiduaires)

5,0 4,9 6,8 6,5 5,3

Total 691,0 667,2 705,2 723,6 713,5Source : RNCan, 2006

1.3 PROBLÉMATIQUE

Le secteur industriel accapare près de 38,9 % du bilan énergétique total de la province dont l’électricité, le gaz naturel, la biomasse et le mazout sont les principales sources. Du point de vue de l’énergie, le secteur industriel est généralement divisé en deux grandes catégories soit : la grande industrie (GI) et la petite et moyenne industrie (PMI). La GI regroupant une infime fraction des entreprises manufacturières en nombre (+/-200) représente cependant près de 90 % de toute l’énergie consommée par le secteur industriel.

Le potentiel d’économies d’énergie des systèmes et procédés industriels est souvent largement inexploité essentiellement parce qu’il se retrouve au niveau de l’opération et des pratiques de gestion que des technologies. L’optimisation des systèmes ne peut pas être atteinte seulement par les standards et l’étiquetage des équipements. Même si les ingénieurs et les équipes de production reconnaissent l’importance de l’optimisation de systèmes et identifient les projets d’optimisation, ils sont confrontés à des difficultés pour obtenir l’appui de la direction. Cette situation est due à deux raisons principales : i) les pratiques de gestion sont orientées sur la production en tant qu’activité principale et non sur l’efficacité énergétique, ii) l’existence d’une déconnexion budgétaire entre les projets à investissement (incluant l’achat d’équipement) et les dépenses de fonctionnement dans la gestion des entreprises industrielles.

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Au Canada et à travers le monde, des initiatives de promotion de la gestion de l’énergie dans le secteur industriel sont de plus en plus encouragées par les gouvernements. La corrélation entre l’intégration de la gestion de l’énergie dans les pratiques de gestion des entreprises et l’implantation des meilleures technologies ou mesures d’économies d’énergie semble être établie.

Pour atteindre les cibles de la Stratégie énergétique du Québec dans le secteur industriel et s’assurer de la pérennité des économies réalisées, il sera probablement nécessaire de trouver une manière d’inciter les entreprises à se doter de pratiques de gestion de l’énergie.

Dans les formations du « gros bon $ens » du gouvernement fédéral, un outil de diagnostic du niveau de gestion d’énergie des entreprises est utilisé pour évaluer les pratiques de gestion d’énergie des entreprises participantes. Dans cet outil, on peut constater que six aspects caractéristiques sont utilisés pour évaluer les compagnies: l’engagement de la direction; la planification des actions; l’organisation; le financement de projet; le mesurage et les rapports; et la communication.

Cet outil qui ressemble à plusieurs autres utilisés dans d’autres pays ne donne pas toujours des résultats très objectifs en fonction des répondants. En effet, au sein d’une même entreprise les réponses peuvent différer en fonction de la motivation et de l’interprétation des faits des répondants. Ainsi dans le cadre de plusieurs initiatives de promotion de gestion de l’énergie dans l’industrie, il est difficile d’évaluer l’impact des programmes mis en place parce qu’aucun outil de mesurage objectif n’est utilisé hors mis les vérifications de la mise en œuvre de certaines normes.

Un éventuel programme d’aide à l’implantation de pratiques de gestion de l’énergie devrait tenir compte des caractéristiques énumérées plus haut, mais aussi d’une manière de réduire la subjectivité des réponses. De plus, un meilleur suivi de la consommation d’énergie peut permettre de savoir lorsqu’un procédé est hors contrôle du point de vue de la consommation d’énergie, ce qui éventuellement peut se traduire par des économies d’énergie.

1.4 OBJECTIFS DE L’ÉTUDE

Dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie énergétique du Québec, l’Agence de l’efficacité énergétique souhaite évaluer l’opportunité de créer un programme d’aide portant sur la gestion de l’énergie dans l’industrie. Les principaux objectifs de cette étude sont :

• déterminer quel type d’outil de diagnostic de gestion utiliser; • définir les grandes lignes de l’éventuel programme et le situer par rapport aux programmes

existants; • évaluer différentes approches pour la comptabilité de gestion; • évaluer la valeur économique de l’éventuel programme.

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2 REVUE DE NORMES DE GESTION DE L’ÉNERGIE

2.1 NORMES ET PROGRAMMES EXISTANTS

Les normes sur les systèmes de gestion de l’énergie constituent une approche institutionnelle pour encourager l’efficacité énergétique dans les différents segments de marché dont celui de l’industriel. Ces normes visent à fournir des directives permettant aux industries d’intégrer l’efficacité énergétique à leurs pratiques de gestion et à augmenter le niveau d’efficacité global des entreprises visées.

Il existe de par le monde plusieurs exemples de programmes nationaux d’efficacité énergétique dans le secteur industriel. Ces programmes sont pour la plupart basés sur des accords volontaires entre le secteur industriel et les gouvernements pour mettre en œuvre des initiatives telles que : les standards et l’étiquetage des équipements consommateurs d’énergie, la promotion et la subvention des produits efficaces, la formation des différents acteurs, ainsi que des incitatifs financiers de tous ordres.

Sur le plan strictement de la gestion de l’énergie dans les entreprises, seuls quelques pays ont mis en œuvre des normes ou programmes de gestion de l’énergie pour mettre l’efficacité énergétique au même niveau que les tâches d’opération ordinaires.

Cette section vise à donner un aperçu de l’état de l’art en matière de gestion de l’énergie sur le plan international. Elle y présente des exemples de ce qui se fait dans plusieurs des pays les plus avancés en la matière (Canada, États-Unis, Danemark, Irlande, Suède, Hollande, Angleterre, Union européenne), et un exemple de programme qui a plutôt échoué (Tunisie). Cette analyse a pour but d’en tirer les éléments importants pour le développement d’un programme potentiel de gestion de l’énergie dans l’industrie québécoise.

Canada - Programme d’économie d’énergie dans l’industrie canadienne

Le Canada a mis en place depuis 1975 le (PEEIC)10, partenariat volontaire entre le gouvernement et le secteur industriel pour l’amélioration de la performance énergétique du tissu industriel canadien. A travers ce programme, plusieurs initiatives sont offertes :

• Innovateurs énergétiques industriels formés d’un réseau de plus de 1 000 industriels engagés à améliorer l’efficacité énergétique de leurs entreprises. Le gouvernement du Canada, à travers Ressources naturelles Canada (RNCan), offre une gamme d’incitatifs comprenant écoÉNERGIE Rénovation pour les petites et moyennes entreprises (incitatif financier pouvant représenter jusqu'à 25 % des coûts, pour un maximum de 50 000 $ par demande et 250 000 $ par entreprise), l’initiation d’études d’intégration de procédés industriels, etc.

• Les ateliers de gestion de l'énergie « le gros bon $ens » initiés depuis 1997 par l'Office de l'efficacité énergétique de Ressources naturelles Canada ont permis de former à ce jour plus

10 http://www.oee.nrcan.gc.ca/industriel/peeic.cfm

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de 11 000 représentants d'organisations des secteurs industriel, commercial et institutionnel au Canada;

• Analyses comparatives, Études de cas, guides techniques et bulletin bimensuel. L’analyse comparative de la consommation d'énergie définit les indicateurs quantitatifs et qualitatifs en recueillant et en analysant des données sur l'énergie et les pratiques de gestion de l'énergie. La publication d’indicateurs permet de comparer les consommations d'énergie, les émissions de gaz à effet de serre d’entreprises de même profil.

Le PEEIC rassemble des associations et des entreprises industrielles représentant plus de 98 % de toute l'utilisation d’énergie dans le secteur industriel au Canada. Grâce en partie aux efforts du Programme, ces entreprises ont réduit leur intensité énergétique globale de 9,1 % de 1990 à 2004, soit de 0,7 % en moyenne par an. Une meilleure gestion de l'énergie dans les entreprises canadiennes participantes a permis d'économiser environ 3,1 milliards de dollars d'énergie acquise au cours de l'année 2004 seulement, ce qui est suffisant pour chauffer 4,8 millions de foyers canadiens pendant une année 11.

Sur le plan de la gestion de l’énergie, il n’existe pas une norme particulière ou un programme structuré pour appuyer les entreprises dans la mise en place de telle initiative. L’atelier « le gros bon $ens » a un volet particulier qui permet aux gestionnaires de s’initier au concept de gestion mais n’offre aucun outil standardisé de mise en œuvre d’un programme de gestion de l’énergie au sein de l’entreprise, encore moins une obligation de résultats. Un outil extrêmement simple de diagnostic du niveau de structure de gestion de l’énergie des entreprises est proposé pour évaluer les pratiques de gestion interne dans ce domaine. Les éléments utilisés pour faire cette évaluation sont: l’engagement de la direction, la planification des actions, l’organisation, le financement de projet, le mesurage et les rapports, et la communication.

Toutefois, l’usage de cet outil ne donne pas toujours des résultats très objectifs en fonction des répondants. En effet, au sein d’une même entreprise les réponses peuvent différer en fonction de la motivation et de l’interprétation des faits des répondants. Il ne donne de plus aucun élément quantitatif quand à la performance ou non-performance de l’entreprise en matière de gestion énergétique.

Programme «Certification in Energy Excellence» de 360 Energy12

Une nouvelle initiative enregistrée au Canada est le programme de certification de la gestion d’énergie des entreprises canadiennes développé par la firme 360 Energy. Le programme « Certification in Energy Excellence» vise les entreprises et organisations qui ont réussi à intégrer une activité de gestion de l’énergie claire au cours des trois dernières années et disposant d’une structure opérationnelle pour l’amélioration continue de leur performance énergétique. La démarche proposée s’appuie sur un cycle de certification de trois ans et la reconnaissance des résultats obtenus.

11 http://oee.nrcan.gc.ca/industriel/opportunites/peeic/energie2007/index.cfm?attr=24 12 360 Energy. 2007. Certification in Energy Excellence Program www.360energy.net/index.asp

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Le processus est basé sur trois approches : i) lignes directrices volontaires sans validation indépendante à l’instar d’Innovateurs énergétiques industriels du PEEIC; ii) normes couvrant les procédures et systèmes en place, normalement certifiées par une structure indépendante; iii) les pratiques de gestion et les résultats (économies) sont révisés et certifiés par une structure indépendante.

Ce programme est similaire à ce qui a été utilisé dans d’autres pays tels que : la Hollande, la Suède, et le Royaume-Uni. Contrairement aux autres systèmes de gestion de l’énergie qui s’intègrent dans un programme public d’efficacité énergétique pour le secteur industriel, l’initiative de 360 Energy est purement privée et devra nécessiter pour sa pleine expansion l’existence d’industries ayant déjà adopté des pratiques de gestion de l’énergie.

Initiative de gestion de l’énergie d’Hydro-Québec

Au Québec, certaines grandes industries13 ont de systèmes de gestion de l’énergie qui ne sont pour la plupart pas exploités au maximum de leur capacité. Il est à noter les initiatives de Hydro Québec qui vient de confier à la firme ENER21 des projets pilotes de mesurage et ciblage dans 10 usines à travers le Québec. L’approche d’externalisation de la gestion de l’énergie a été privilégiée à cause du manque de ressources humaines qualifiées au sein des usines visées.

États-Unis – Management Standard for Energy (MSE)

Le «Georgia Institute of Technology (Georgia Tech)» a lancé en 2000 un standard en gestion de l’énergie dans l’industrie. Ce système de gestion de l’énergie a été exploité dans le développement des normes de plusieurs pays européens et sert actuellement de référence au programme chinois. Malgré l’adoption de ce standard par l’ «American National Standards Institute (ANSI)», le MSE a eu une faible audience et n’est donc pas largement utilisé aux États-Unis.

Cependant, les États-Unis ont développé plusieurs programmes majeurs pour l’introduction de l’efficacité énergétique dans les secteurs industriels :

• Le « Department of Energy» offre depuis 1993 un ensemble de formations techniques et de publications pour aider les industries à améliorer leur efficacité énergétique à travers un programme de bonnes pratiques. En octobre 2005, le Département national de l’énergie (US DOE) a initié un programme de démonstration d’évaluation d’économies d’énergie de systèmes à vapeur et chauffage de procédé dans 200 industries14. Les projets entrepris dans 71 industries ont démontré des économies de l’ordre 140 millions de dollars au cours des six premiers mois;

• En 2002, le « US Environmental Protection Agency (US EPA)» a démarré un programme volontaire dénommé « Climate Leaders» pour développer une stratégie à long terme sur les

13 La papetière Cascades par exemple 14 http://www1.eere.energy.gov/industry/bestpractices

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changements climatiques en partenariat avec les industries. Depuis 2003, l’US EPA dissémine des informations sur la gestion de l’énergie et l’analyse comparative à travers son programme « ENERGY STAR» dans le secteur industriel15. Le programme comprend aussi des indicateurs de performance énergétiques dans des sous-secteurs industriels pouvant être utilisés pour mesurer la performance de l’entreprise et se faire reconnaître.

Ces programmes encouragent les entreprises à gérer l’énergie, mais ne se réfèrent pas explicitement à l’utilisation d’une norme de gestion de l’énergie.

Néanmoins, le US DOE et le US EPA se sont associés pour développer récemment un programme commun pour la certification des industries qui implantent un standard de gestion de l’énergie basée sur une version améliorée du standard de Georgia Tech et ANSI. Ce programme vise à accroître l’utilisation du standard dans les industries américaines. L’adoption et l’implantation de ce programme restent toutefois entièrement volontaires au niveau des différents intervenants (gouvernement fédéral, gouvernement des états et industries).

États-Unis – «Superior Energy Performance Partnership»16

Le «Superior Energy Performance Partnership» est une initiative lancée en mi 2007 aux États-Unis visant à améliorer l’intensité énergétique du secteur industriel de 25 % sur une période de 10 ans. Ce partenariat associe plusieurs acteurs clés tels : l’Industrie américaine, ANSI, le DOE, l’EPA, le Programme « Energy Star » pour l’industrie et le Département du Commerce.

Ce programme vise ultimement la certification des industries qui implantent le standard de gestion de l’énergie basé sur une version améliorée du standard de Georgia Tech et ANSI.

Les composantes clés de ce programme sont : le lancement du programme « Save Energy Now Partner Plant », l’élaboration d’une norme de gestion d’énergie et d’un protocole d’évaluation, l’accompagnement à travers la formation, des outils de sensibilisation et des incitatifs, la certification des industries par rapport à l’application de la norme par des certificateurs accrédités par l’ANSI.

L’adoption et l’implantation de ce programme restent toutefois entièrement volontaires au niveau des différents intervenants (gouvernement fédéral, gouvernement des états et industries). Le programme devrait être complètement opérationnel à partir de 2010.

Danemark

La « Danish Energy Authority (DEA) » a mis en place plusieurs mesures pour encourager les secteurs industriels à investir dans l’efficacité énergétique. Ces mesures incluent les subventions, les engagements volontaires et les activités d’information.

15 http://www.energystar.gov 16 http://www.superiorenergyperformance.net/

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Le Danemark a ainsi mis en place depuis 1992 une taxe CO2 sur toutes les sources d’énergie. Pour juguler l’impact de cette taxe sur la compétitivité du secteur industriel, le Danemark a introduit un programme d’engagements volontaires qui offre des crédits de CO2 aux industries ayant adopté les pratiques de gestion de l’énergie et mis en œuvre des mesures d’économies d’énergie. Ce programme vise les industries à forte intensité énergétique avec une taxe CO2 de plus de 4 % de la valeur ajoutée de l’entreprise au cours de l’année précédant l’accord.

Les industries participantes doivent implanter toutes les mesures d’économies d’énergie concernant les procédés lourds avec un temps de retour sur investissement de quatre ans ou moins. Pour les industries à intensité énergétique moindre, les mesures peuvent avoir des temps de retour allant jusqu’à six ans.

À l’issue de l’évaluation du programme d’engagement volontaire en 2002, la DEA a démontré que les entreprises participantes ont pu réduire leur consommation d’énergie de 20 % en moyenne.

Le programme d’engagement volontaire est à l’origine de l’introduction du programme de gestion de l’énergie comme un standard en 2001. La certification annuelle du système de gestion de l’énergie est devenue une obligation et a été intégrée au système de gestion environnementale. Les avantages cités par les entreprises participantes sont : l’amélioration de la qualité des produits, l’augmentation de la production, et l’engagement accru des employés. Les réductions des GES sont évaluées à 6 % sur la période 1996 - 2005 dont 60 % sont attribuées à la norme de gestion de l’énergie. Cependant, ces impacts ne sont pas confirmés par des données réelles.

Irlande

En Irlande, une norme de gestion de l’énergie a été introduite en 2005. Le « Sustainable Energy Ireland (SEI) » a mis en place une offre de programme intégré pour encourager les industries à utiliser le standard IS 39317. L’approche irlandaise se présente comme suit :

• les industries sont encouragées sur une base volontaire à devenir membre du réseau énergétique des grandes industries18 pour créer un cadre d’échange au cours de l’implantation de la norme de gestion de l’énergie;

• l’offre d’une session de trois jours de formation en gestion de l’énergie couvrant les points tels que : les objectifs de la gestion de l’énergie, l’analyse comparative, l’établissement d’indicateurs de performance énergétique, les opportunités d’amélioration de la consommation d’énergie avec un accent sur les moteurs électriques;

• les industries à forte intensité énergétique (dépenses énergétiques de plus de deux millions d’euros) sont sélectionnées pour participer à un contrat programme énergétique. Ce contrat programme conclu entre l’industrie et la SEI vise la mise en œuvre du standard IS 393 y compris la certification de la conformité par une tierce partie.

17 Sustainable Energy Ireland, Support for Business 2007, http://www.sei.ie/index.asp?locID=158&docID=-1 18 Large Industry Energy Network

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Le groupe cible est composé de 60 à 100 consommateurs du secteur industriel, particulièrement ceux visés par le schéma européen d’échange de crédit.

En janvier 2007, on dénombrait 24 entreprises participantes éligibles à un ensemble de services offerts par le gouvernement pour leur permettre d’établir et d’atteindre leurs objectifs de gestion de l’énergie. L’application de la norme est certifiée par des certificateurs agréés par l’ « Irish National Accreditation Board » sur la base d’un rapport sur la performance énergétique présentée par l’entreprise participante.

L’Irlande développe actuellement un autre programme pour les petites industries.

Suède

La Suède a mis en place un programme d’engagement volontaire depuis 1994, mais une norme de gestion de l’énergie (SS 627750) n’a été introduite qu’en 200319. Avant cette norme, l’engagement volontaire avait quelques incitatifs pour les participants mais les résultats du programme ne pouvaient pas être mesurés20.

En 2005, après que la Suède ait imposé une taxe sur l’électricité utilisée dans les procédés industriels, le programme d’amélioration de l’efficacité énergétique dans les industries énergivores a été lancé et géré par l’Agence suédoise de l’énergie21. Le programme offre des réductions de taxes aux entreprises qui introduisent et obtiennent la certification d’un système standardisé de gestion de l’énergie et qui mettent en œuvre des projets d’amélioration de l’utilisation de électricité. Le programme requiert un engagement initial de cinq ans avec des tâches spécifiques sanctionnées par un rapport au bout de deux ans comprenant :

• l’implantation du standard de gestion de l’énergie certifié par un organisme de certification accrédité;

• la réalisation d’un audit détaillé et l’analyse de la ligne de base et l’identification de mesures d’efficacité énergétique à soumettre à la « Swedish Energy Agency »;

• l’établissement de procédures d’acquisition d’équipements efficaces; • l’établissement de procédures de planification et d’exécution de projet.

À la fin de la période d’engagement de cinq ans, l’entreprise devra implanter les mesures d’EE retenues, démontrer la pérennité de la mise en œuvre du standard de gestion de l’énergie et évaluer les effets.

En contrepartie, le gouvernement a publié des manuels sur la gestion de l’énergie, les audits et analyses énergétiques, les procédures d’appel d’offre et de planification, les outils d’analyse de cycle de vie conformément aux exigences du programme. Les entreprises visées sont celles qui utilisent 19 Swedish Standards Institute, 2003, SS627750, Energy Management-Specification, Stockholm, Sweden 20 Linden et Carlsson-Kanyama, 2002 tel que cité dans Price 2005 21 Swedish Energy Agency, 2007, Programme for improving energy efficiency in energy-intensive industries http://www.energimyndigheten.se/WEB/STEMEx01Eng.nsf/PageGenerator01?OpenAgent&SearchType=1

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l’électricité dans leurs procédés avec les dépenses énergétiques représentant au moins 3 % de la valeur de la production ou au moins 0,5 % de la valeur ajoutée des taxes énergétiques et disposant de moyens économiques pour conduire le programme.

En Janvier 2007, 126 entreprises avaient déjà signé l’engagement pour participer au programme. Cela représente environ 50 % des industries utilisant l’électricité.

Hollande

La Hollande a lancé en 1990 le programme d’engagement volontaire « Long Term Agreements (LTA) » qui vise la réduction des gaz à effet de serre à travers l’efficacité énergétique dans les industries grandes consommatrices d’énergie. La première génération du LTA a vu la participation de 1 250 entreprises et organisations représentant environ 90 % de la consommation totale du secteur industriel. La seconde génération du LTA (LTA2) est prévue pour la période 2001 - 2012 avec la distinction entre les industries à forte intensité énergétique et les autres ayant pour exigence principale d’élaborer un plan d’action de conservation de l’énergie chaque quatre ans. Le LTA2 vise un large éventail de participants tels que les industries, les municipalités, les institutions, les écoles et l’extension à l’utilisation des énergies renouvelables et au développement de produits efficaces. Le programme devrait être volontaire de 2001 à 2004 (période pilote) avant de devenir obligatoire. Il inclut la liste des mesures, l’utilisation d’un logiciel développé par Senter Novem ( Lifecycle Energy System Scan (LESS) ), la mise en œuvre d’un système de gestion de l’énergie permettant d’évaluer les résultats obtenus.

L’Agence de maîtrise de l’énergie de la Hollande, «Senter Novem», a mis en place un système de gestion de l’énergie dans le secteur industriel sous l’approche « Plan Do Check Act »22 d’ISO 14001. Ce programme s’articule autour de cinq caractéristiques qui sont : la politique énergétique, la planification, l’implantation et l’opération, le contrôle, les actions correctives et l’évaluation de la gestion. Chaque caractéristique est traitée selon plusieurs spécifications permettant de mesurer le niveau de gestion de l’énergie. Les exigences du programme sont dérivées de la norme de gestion environnementale ISO 14001. Le système de gestion de l’énergie est une obligation du LTA.

Angleterre

Le gouvernement britannique a développé dans les années 90 un programme de bonnes pratiques en efficacité énergétique23 s’inscrivant dans les efforts de réduction de gaz à effet de serre exigés par le Protocole de Kyoto. C’est un programme participatif d’appui aux consommateurs et décideurs dans les secteurs industriel, commercial et des bâtiments publics. L’objectif était d’atteindre 12,5 % comme part de réduction de GES sur les engagements de l’Union européenne et de réduire les émissions au plan national de 20 % à l’horizon 2010 par rapport au niveau de 1990.

22 http://www.senternovem.nl/Energiezorg/english/index.asp 23 Energy Efficiency Best Practice Programme (EEBPP) - Monitoring and Targeting in Small and Medium-size Companies, 1998.

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Le programme s’est structuré autour de quatre éléments liés : i) les guides de la consommation de l’énergie pour aider les utilisateurs à établir leur performance énergétique en fonction de leurs données de consommation; ii) les guides de bonnes pratiques présentant des études de cas à succès; iii) projets de nouvelles pratiques avec le monitoring indépendant de nouvelles mesures d’efficacité énergétique; iv) appui R&D pour les pratiques à venir permettant les mesures de bonnes pratiques dans le futur.

Les grandes industries (facture énergétique supérieure à 250 000 livres par an) et les PMI ont été traitées séparément en prenant en compte leurs besoins spécifiques.

Dans le secteur industriel, deux guides ont été développés dans le cadre de ce programme, avec l’appui du programme européen SAVE24, pour montrer comment le ciblage et le mesurage25 (monitoring and targeting - M&T, en anglais) peuvent être utilisés pour mieux comprendre l’usage de l’énergie et réduire les coûts énergétiques dans les grandes industries26 et les PMI27.

Le M&T d’énergie consiste à collecter les données énergétiques et les paramètres importants, interpréter les résultats et produire un rapport d’information sur l’usage de l’énergie en utilisant l’outil informatique. En tant qu’élément essentiel de la gestion de l’énergie au sein de l’entreprise, le M&T permet de mesurer et de maintenir la performance et d’identifier les opportunités d’économies d’énergie et de réduction des dépenses énergétiques, avec un degré de détails assez élevé comparativement aux méthodes habituelles.

La différence entre les deux catégories se situe dans la démarche à suivre. Dix étapes sont recommandées pour l’implantation du M&T dans les PMI : identifier les coûts d’énergie, identifier les coûts liés au climat, examiner l’efficacité des équipements et les consommations par poste, mettre en place un système de mesurage, évaluer les besoins de chauffage et l’efficacité des procédés, établir un plan d’action et mettre en place l’équipe. Dans le cas des grandes industries, les composantes du M&T sont les suivantes : engagement des décideurs, assistance technique (interne ou à travers des consultants, la formation et les outils informatiques), la collecte de données comprenant l’acquisition automatique des paramètres et l’analyse des données incluant l’analyse comparative et le rapport destiné aux décideurs, utilisateurs et la communication.

Ce programme a démontré des économies liées à la gestion de l’énergie de 5 % à 15 %28.

L’approche utilisée a été reprise dans le manuel de comptabilisation énergétique du PEEIC, mais aussi copiée en Australie, en Nouvelle Zélande, en Chine et au Brésil.

24 SAVE: Specific Actions for Vigorous Energy Efficiency 25 On rencontre aussi l’expression système d’information sur la gestion de l’énergie (voir PEEIC) 26 Energy Efficiency Best Practice Programme (EEBPP) – Good Practices Guide 112 - Monitoring and Targeting in Large Companies, 1998. 27 Energy Efficiency Best Practice Programme (EEBPP) - Good Practices Guide 125 - Monitoring and Targeting in Small and Medium-size Companies, 1998. 28 CIET Energy Monitoring, Targeting and Reporting. 2002

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Tunisie

La Tunisie est reconnue en Afrique pour sa politique avant-gardiste en efficacité énergétique qui se fonde sur la décision présidentielle de 2001 et la Loi sur la maîtrise de l’énergie de 2004. La stratégie adoptée en Tunisie pour la promotion de l’efficacité énergétique comprend trois mesures : i) la réglementation comprenant l’audit obligatoire chaque cinq ans pour les consommateurs avec un seuil de consommation prédéfini, le contrat-programme instituant un plan d’action de mise en œuvre des mesures, et la réduction des taxes sur les équipements efficaces; ii) l’incitation dont le programme de mise à niveau du secteur industriel comprenant des incitatifs aux études et investissements, des avantages financiers dans le cadre de la maîtrise de l’énergie, la promotion des entreprises de services éconergétiques à travers le projet d’efficacité énergétique dans le secteur industriel (PEEI) qui prévoit en plus des incitatifs existants un fonds de garantie de l’efficacité énergétique et d’autres incitatifs financiers, et l’assistance pour la création de la fonction de « énergie responsable », la sensibilisation, et la création de comités interbranches.

Malgré cette batterie de mesures mise en place en Tunisie, les résultats sur le terrain ne sont pas probants. Les audits obligatoires chaque cinq ans pour les établissements assujettis ont juste permis de créer un marché pour les bureaux d’études et les consultants se spécialisant en audit énergétique. Quelques projets de démonstration ont été financés par l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME), mais très peu de projets implantés ont vu le jour dans le secteur industriel.

Selon une étude commanditée par l’ANME en 2005 sur la Stratégie de développement de l’utilisation rationnelle de l’énergie en Tunisie, l'évaluation de l'impact de l'efficacité énergétique est souvent difficile à cerner pour plusieurs raisons dont notamment : l’absence d’une ligne de base, l’absence de définition de paramètres d’influence, les évaluations imprécises des consommations sectorielles d'énergie et les difficultés à estimer l’impact de la sensibilisation. Les économies annoncées par cette étude de 1,8 Mtep entre 1987 et 2004 sont beaucoup plus dues à la promotion du gaz naturel dans les secteurs industriel, tertiaire, du transport et de la production d’électricité.

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Union européenne

«Benchmarking and Energy Management Schemes in SMEs (BESS)»

Le projet BESS est commandité par la Commission européenne sous le programme Intelligent Energy – Europe (IEE)29. L’objectif premier est de promouvoir la large utilisation des bonnes pratiques de gestion de l’énergie et des outils d’analyse comparative et d’améliorer l’efficacité énergétique dans les petites et moyennes entreprises notamment agroalimentaires. Le projet est implanté dans 11 pays pilotes30 sur la période 2005-2007. La norme de gestion de l’énergie telle que proposé par BESS s’appuie sur les mêmes éléments que l’approche hollandaise (le projet est coordonné par le «Senter Novem)» et dans une moindre mesure les standards danois, suédois et irlandais.

Le projet comprend des activités de gestion de l’énergie, de monitoring et d’analyse comparative, l’apprentissage en ligne, et la dissémination des résultats. Les différents outils développés ont été testés dans 53 projets pilotes dans les 11 pays participants. Les principales conclusions du projet sont : i) l’analyse comparative est un bon stimulant pour l’adoption de la gestion de l’énergie dans les entreprises et le mesurage des performances; ii) la gestion de l’énergie et de l’analyse comparative permet d’améliorer les économies de 3 à 10 %; iii) les outils développés permettent de surmonter les barrières à l’efficacité énergétique dans l’industrie31. Des propositions ont été faites pour intégrer ce schéma à l’Europe.

Eco-Management and Audit Scheme

Eco-Management and Audit Scheme (EMAS) est un outil de gestion utilisé au sein de l’Union européenne qui vise l'amélioration continue des performances en matière d'environnement tant au niveau des activités, des produits que des services. Par une démarche volontaire et transparente, l'organisme qui entend obtenir (et conserver) la certification EMAS s'implique dans un processus d’amélioration continue, s'appuyant sur un inventaire initial, des procédures de pilotage et un système d'audits réguliers. EMAS a des exigences allant au-delà de l'ISO 14001 dont : l’inventaire

29 http://www.bess-project.info/ 30 Les 11 pays sont : l’Autriche, l’Espagne, l’Irlande, la Suède, la Hollande, la Norvège, la Grèce, la Slovénie, la Finlande, la Lituanie, la Bulgarie. 31 Intelligent Energy – Europ. 2007. Benchmarking and Energy management Schemes in SMEs.Public Final Report.

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initial, la divulgation des programmes, et l’indication du niveau de performance. Quoique n’étant pas un outil de gestion de l’énergie EMAS peut considérer les aspects énergétiques par leurs impacts environnementaux.

Ce schéma était réservé, à son lancement en 1995, aux entreprises du secteur industriel. Depuis 2001, EMAS a été ouvert à tous les secteurs économiques incluant les services dans les secteurs public et privé. La crédibilité d’EMAS a été renforcée par l’intégration d’ISO 14001, la reconnaissance publique par l’adoption d’un logo indiquant l’enregistrement de l’entreprise participante sous EMAS, la prise en compte des effets indirects tels que les services financiers ou administratifs et les orientations.

Approche internationale de gestion de l’énergie dans l’industrie

Il n’existe pas actuellement une norme internationale pour la mise en œuvre de programme de gestion de l’énergie dans l’industrie. Cependant, plusieurs entreprises incluent, de plus en plus, les aspects de gestion de l’énergie dans la mise en œuvre des normes ISO 9000 et 14000, qui sont essentiellement des normes à application volontaire.

La norme ISO 9000 fournit un cadre d’amélioration continue de la qualité de l’opération et de la production d’une entreprise. Tandis qu’ISO 14001 permet aux organisations de réaliser et de démontrer leur engagement à une gestion environnementale responsable qui minimise les impacts de leurs activités sur l’environnement tant local que global. Ce cadre ne donne aucune spécification particulière et aucun moyen pour atteindre les objectifs fixés. Cependant, ISO 14001 définit une procédure d’audit pour vérifier que les stratégies mises en place par l’entreprise sont respectées.

Malgré le lien indéniable qui existe entre l’énergie et l’environnement, on ne doit pas accorder un trop grand rôle aux procédures et normes comme celles d’ISO dans l’amélioration de l’efficacité énergétique. Bien que le champ d’application d’ISO 14001 soit assez étendu pour couvrir l’efficacité énergétique, il peut négliger des aspects importants de la gestion énergétique. Par exemple, les achats stratégiques d’énergie en constituent un élément clé mais complexe dans un environnement déréglementé. L’objectif principal de la norme ISO 14001 est centré sur la conformité aux lois environnementales, et en tant que tel, cette norme n’offre aucune directive sur l’achat d’énergie qui n’est habituellement pas relié à la conformité32.

Pour prendre en compte certains aspects spécifiques de la gestion de l’énergie, une initiative internationale a été lancée pour développer une norme de gestion de l’énergie en s’appuyant sur les normes existantes notamment le MSE 2000 :2005, les expériences des pays nordiques et ISO. La première réunion s’est tenue en juillet 2007 sous l’égide du « US Department of Energy ». Le groupe de travail est placé sous la direction des États-Unis et s’inspirera du « Superior Energy Performance Partnership33 ».

32 Office de l’efficacité énergétique, 2003, Systèmes d’information sur la gestion de l’énergie 33 http://www.superiorenergyperformance.net/

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2.2 OUTIL DE DIAGNOSTIC DU NIVEAU DE GESTION DE L’ÉNERGIE

La politique énergétique d’une entreprise doit comporter des objectifs convenus et montrer l’engagement de la haute direction en la matière. La stratégie énergétique déployée à l’appui de cette politique doit donner un aperçu de plans précis axés sur l’amélioration du rendement.

Les systèmes de gestion du rendement visent à garantir la réalisation et le maintien d’améliorations grâce au contrôle, à l’analyse du rendement et à un système de rapports efficace à tous les échelons de l’entreprise.

S’il existe plusieurs initiatives de promotion de l’efficacité énergétique dans le secteur industriel, il n’existe par contre presque pas d’outils objectifs d’évaluation de l’effectivité des programmes de gestion de l’énergie au sein de l’entreprise.

La vérification des normes et autres programmes volontaires se mesure par l’appréciation qualitative de l’effectivité de la mise en œuvre du programme à travers une liste de contrôles ou la documentation exigée de l’entreprise. Il n’y a aucune exigence par rapport à l’utilisation de moyens quantitatifs, même si tous les programmes parlent de la quantité d’énergie économisée. Quelques outils accompagnant certains programmes ou normes sont présentés ci-dessous.

Le gros bon $ens du Canada

Dans les formations « le gros bon $ens » du gouvernement fédéral du Canada, un outil de diagnostic du niveau de gestion de l’énergie des entreprises est utilisé pour évaluer les pratiques de gestion d’énergie des entreprises participantes. Dans cet outil, on peut constater que six aspects caractéristiques sont utilisés pour évaluer les compagnies soit :

• l’engagement de la direction; • la planification des actions; • l’organisation; • le financement de projet; • le mesurage et les rapports; • la communication.

La réalisation des six aspects caractéristiques est évaluée selon quatre niveaux d’atteinte : aucune action, faible, moyen et élevé.

D’autres outils d’évaluation proposent une cotation à cinq niveaux de 0 à 4, la cote 0 équivalant à aucune action et la cote 4 au niveau d’atteinte élevé. Des critères de calcul de la réussite et des facteurs de pondération sont aussi élaborés pour donner une cote à chaque caractéristique. Des tableaux de calcul de critères et d’évaluation de programme de gestion d’énergie d’une entreprise sont mis en annexe 1.

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Programme Energy Star des États-Unis

Le programme Energy Star de US EPA a développé une matrice d’évaluation de la gestion de l’énergie au sein des industries et bâtiments similaire à celle utilisée par le programme « le gros bon $ens ». Cet outil aide les organisations et les gestionnaires d’énergie à évaluer leurs pratiques de gestion de l’énergie en les comparant à celles incluses dans le guide de bonnes pratiques d’Energy Star.

La matrice met en évidence les principales activités et sous-activités identifiées dans le guide de gestion de l’énergie d’Energy Star en donnant une appréciation qualitative de leur niveau d’implantation selon une cotation de trois niveaux : faible ou pas d’évidence, partiel et totalement réalisé.

Par cette cotation, l’organisation auto évalue à travers des indicateurs sept activités clés : i) l’engagement de sa direction à améliorer continuellement la performance énergétique; ii) la performance et la recherche d’opportunités d’économie d’énergie; iii) la détermination des objectifs de performance; iv) la définition d’un plan d’action; v) la mise en œuvre du plan d’action; vi) l’évaluation des progrès obtenus; vii) la reconnaissance interne et externe des réalisations par les distinctions du personnel et de l’entreprise par une tierce partie.

Cette évaluation peut être utilisée pour identifier les actions correctives afin d’être conforme aux directives du guide d’Energy Star, mais n’offre concrètement aucun moyen pour la réalisation des objectifs fixés par un programme gouvernemental.

Figure 1 : Guide de gestion de l’énergie Energy Star

Programme hollandais et BESS

L’outil de diagnostic utilisé dans le programme hollandais est basé sur une liste de contrôle34 qui mesure la qualité du système de gestion de l’énergie implanté dans l’entreprise en vérifiant les spécifications satisfaites et les efforts d’amélioration restant à faire. La liste de 34 Senter Novem, 2004, Energy Management System Specification with Guidance for Use

Résultats Classe Description 181 – 200 points A Haut niveau de gestion de

l’énergie

102 – 180 points B Niveau acceptable avec possibilité d’amélioration

51 – 101 points C Ne satisfait pas encore aux spécifications du système de gestion de l’énergie

0 – 50 points D Système de gestion d’énergie inexistant ou d’importantes difficultés.

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contrôle consiste en une liste de points formulés sous forme de questions dont la réponse à certaines sont obligatoires alors que d’autres sont volontaires. Le résultat maximum qu’une entreprise peut obtenir est de 200. Ce résultat sert de base à la classification du système de gestion de l’énergie de A à D; la classe A étant la plus performante.

Le projet BESS utilise par contre une version condensée de la liste du système hollandais. Il s’agit ici d’une liste de 40 questions en établissant des priorités d’action (19 de priorité 1, 7 de priorité 2 et 14 volontaires). La liste de contrôle est présentée sous forme de fichier Excel et donne le niveau de gestion de l’énergie selon le pointage de chaque question.

Normes

Tout comme les programmes, les normes de gestion de l’énergie sont pour la plupart de type volontaire actuellement. Le seul impact du respect ou non d’une norme au niveau de l’entreprise est la reconnaissance nationale ou internationale comme une entreprise avec une qualité de gestion énergétique. De ce fait, aucun outil de mesure des réalisations n’est prescrit à part les procédures et documentations exigées.

Cependant, les normes qui s’appuient sur des programmes contraignants sont pour la plus part plus productives en termes d’impacts. Elles sont pour la plupart reliées aux taxes sur le CO2. Par exemple, le Danemark et la Suède appliquent des pénalités pour non respect de la norme grâce à la mise en œuvre des taxes CO2 qui existent dans ces deux pays depuis 1992 et 2005 respectivement.

2.3 PRINCIPAUX POINTS À RETENIR

Cette revue non exhaustive montre qu’il existe plusieurs programmes et normes de gestion de l’énergie et outils d’évaluation de ces programmes. Les incitatives qui sont derrière ces programmes et normes sont purement publiques et sont bâties autour d’un partenariat volontaire avec le secteur industriel, même si des clauses contraignantes sont parfois utilisées.

Programme d’efficacité énergétique dans le secteur industriel

Le succès réel des programmes d’accords volontaires dépend grandement des exigences qui les définissent. Alors que certains sont complètement volontaires, d’autres le sont partiellement en contenant des clauses contraignantes.

Plusieurs programmes complètement volontaires n’atteignent pas les objectifs fixés ou ne permettent pas d’évaluer suffisamment les économies pour déterminer si les objectifs sont atteints. Comme le montre le cas de la Tunisie, le succès d’un programme ne dépend pas des subventions et autres incitatifs offerts. Selon la revue effectuée par Lynn Price de LBNL35, les résultats de la Suède, par 35 Price, 2005, Voluntary Agreements for Energy Efficiency and GHG Emissions Reduction in Industry: An Assessment of

Programs Around the World in Proceedings of the 2005 ACEEE Summer Study on Energy Efficiency in Industry, Lawrence Berkeley National Laboratory

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exemple, ne pourraient pas être mesurés (Linden and Carlsson-Kanyama, 2002). En Finlande, on rapporte que le programme n’a pas été conduit avec une volonté d’action et il était impossible d’évaluer les résultats du programme en termes d’économies d’énergie à cause de la faiblesse du mesurage (Hansen and Larsen, 1999; Lahti-Nuuttila, 1998). Parmi les programmes complètement volontaires, le PEEIC du Canada apparaît comme l’un des plus réussis, probablement grâce à la couverture extensive de ses différents composants (The Canadian Chamber of Commerce, 2002).

Par contre les programmes comportant des aspects contraignants ou de mise en œuvre de réglementations ou taxes ont eu en général plus de succès en termes d’atteinte des objectifs. Aux Pays Bas, le « Long Term Agreements » a réalisé une amélioration de l’efficacité énergétique de 22.3 % entre 1989 et 2000, surpassant l’objectif de 20 % (Gerrits and Oudshoff, 2003). Aux Royaumes Unis, les économies réelles étaient presque trois fois supérieures à l’objectif en 2002 (DEFRA, 2003). Ces programmes qui sont mis en place dans le cadre d’une réglementation ou d’une taxe se mesurent par les outils prévus dans les processus de réglementation.

Le seul programme qui s’oriente exclusivement vers le mesurage et le ciblage est celui développé par le Royaume Uni qui met à la disposition des industries notamment cet outil d’aide aux bonnes pratiques de gestion énergétique et d’amélioration continue de l’efficacité énergétique.

Normes de gestion de l’énergie

Les normes de gestion de l’énergie commencent à se rependre de plus en plus et se rattachent aux programmes d’efficacité énergétique existants. Dans la plupart des cas, cette mutation est guidée par les soucis de réduction de gaz à effet de serre et le Protocole de Kyoto. Pour les quatre pays (Danemark, Irlande, Suède, États-Unis)36 ayant une norme de gestion de l’énergie, le standard a été développé pour être entièrement compatible avec la norme de gestion de la qualité d’ISO (ISO 9001:2000) et la norme de gestion environnementale ISO 14001. Dans les cas du Danemark, de l’Irlande, et de la Suède, l’hypothèse est que les industries participantes à la certification ISO 14001 intégreront les exigences du standard dans leurs documents et procédures de gestion existants.

Deux programmes ont particulièrement mis l’accent sur le mesurage des résultats : le programme de mesurage et ciblage du Royaume Uni et le projet BESS avec l’analyse comparative. L’analyse comparative demande le traitement des performances énergétiques par sous-secteur industriel alors que le mesurage et le ciblage ne fait pas cette distinction hors mis la séparation des grandes industries des PMI à cause de la différence des besoins.

Mesurage des impacts

En matière d’évaluation d’impact et d’établissement de la ligne de base des différents programmes, peu d’information existe. Cependant, la constante est que la plus part des programmes ont ciblé une certaine catégorie et un certain nombre d’industries et l’évaluation des impacts est limitée à ces

36 Voir Annexe 2 pour les détails et le contexte de ces normes

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entreprises participantes et non sur l’amélioration de l’efficacité énergétique globale des pays. Les objectifs sont donc fixés par rapport aux entreprises participantes, généralement moins de 200 industries, qui représentent tout de même plus de 90 % de la consommation énergétique du secteur industriel. L’impact à déduire sur l’échelle nationale peut donc être important.

Les normes de gestion de l’énergie comprennent des matrices qui aident les gestionnaires à évaluer le niveau de gestion de l’énergie dans l’entreprise. A quelques différences près, ces matrices se ressemblent presque toutes, mais l’usage qui est fait des résultats est différent.

La plupart des systèmes de gestion de l’énergie sont structurées autour de six ou sept éléments clés. L’un de ces éléments est l’évaluation des progrès qui comprend le mesurage, le suivi et l’aide à la décision. Un meilleur mesurage et suivi de la consommation d’énergie peut permettre de savoir lorsqu’un procédé est hors contrôle du point de vue de la consommation d’énergie et de prendre les décisions appropriées pour corriger les disfonctionnements.

Pour certains pays, la validation des résultats est réalisée par une structure indépendante et les entreprises sont classifiées selon leur pointage.

Par contre, pour d’autres pays, l’exercice demeure une formalité sous forme de rapport présentant les résultats obtenus. Cette approche ne donne pas toujours des résultats très objectifs en fonction des répondants; l’évaluation étant beaucoup plus qualitative que quantitative. En effet, l’appréciation faite peut être biaisée selon le degré de compréhension du répondant. Au Canada, par exemple, le rapport de Marbek37 identifie comme principales insuffisances : la subjectivité, la prise en compte des petites et moyennes industries, le suivi, la vérification et la communication des résultats et la réévaluation des objectifs.

Un programme d’aide à l’implantation de pratiques de gestion devrait tenir compte des évaluations qualitatives des paramètres, mais devrait aussi être accompagné d’un outil de mesurage et de suivi de l’impact du programme. Le projet BESS de l’Union Européenne s’est donné les moyens de ce mesurage en utilisant l’analyse comparative et un rapport annuel systématique. Au Royaume Uni, le programme de mesurage et ciblage a permis aux industries de cerner en temps réel les améliorations à apporter pour réduire leur consommation d’énergie. Les économies réalisées au Royaume-Uni sont typiquement de l’ordre de 5 à 15 %38.

37 Marbek Resource Consultants Ltd. Management best practices 38 CIET Energy Monitoring, Targeting and Reporting. 2002.

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3 ANALYSE GLOBALE DU MARCHÉ INDUSTRIEL DU QUÉBEC

3.1 SEGMENTATION DU MARCHÉ INDUSTRIEL

3.1.1 Aperçu du secteur industriel québécois

Selon les chiffres publiés par l’Institut de la Statistique du Québec, il y avait 15 251 industries dans le secteur manufacturier du Québec en 2003, toutes sources d’énergie confondues.

Le Tableau 3 récapitule les statistiques économiques de chaque sous-secteur industriel surtout en ce qui concerne les coûts de production et les coûts de l’énergie (électricité et combustibles fossiles).

En général, le coût de l’énergie représente une infime part du coût de production, en moyenne 4,2 % pour tous les secteurs confondus. Cette faible part du coût de l’énergie est une raison importante de la négligence de la mise en place d’un mécanisme de gestion de l’énergie dans les entreprises. Cependant pour certaines industries particulières, les factures énergétiques constituent un poids important. Il s’agit notamment des pâtes et papiers (16,3 %), des minéraux non métalliques (9,8 %) et de la transformation des métaux (8 %).

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Tableau 3 : Statistiques de l'activité manufacturière pour le secteur de la fabrication39

Code SCIAN Sous-secteur Nombre

(2003) Valeur de la production

(2005)

Coûts énergie (2005)

Coût de production

Part des coûts

énergie k$ k$ k$

311 Fabrication d'aliments 1 416 15 559 568 308 370 11 883 614 2,6 %312 Fabrication de boissons et de

produits du tabac 85 3 310 969 58 929 1 176 711 5,0 %

313 Usines de textiles 331 2 004 110 82 034 1 451 807 5,7 %314 Usines de produits textiles 258 939 402 21 317 622 420 3,4 %315 Fabrication de vêtements 1 560 3 532 738 41 520 2 432 585 1,7 %316 Fabrication de produits en cuir et

de produits analogues 133 323 042 5 012 228 791 2,2 %

321 Fabrication de produits en bois 1 131 8 430 417 226 680 6 209 061 3,7 %322 Fabrication du papier 252 10 639 004 1 263 259 7 773 067 16,3 %323 Impression et activités connexes

de soutien 1 247 3 342 105 50 305 2 079 462 2,4 %

324 Fabrication de produits du pétrole et du charbon

83 14 113 599 185 160 12 513 518 1,5 %

325 Fabrication de produits chimiques

643 10 197 154 361 211 6 754 035 5,3 %

326 Fabrication de produits en caoutchouc

637 6 652 738 160 095 10 151 691 1,6 %

327 Fabrication de produits minéraux non métalliques

531 3 197 113 178 646 1 817 755 9,8 %

331 Première transformation des métaux

186 16 150 236 903 541 11 357 956 8,0 %

332 Fabrication de produits métalliques

1 938 7 346 675 119 307 5 002 827 2,4 %

333 Fabrication de machines 1 069 5 534 933 61 050 3 766 671 1,6 %334 Fabrication de produits

informatiques et électroniques 433 7 659 627 30 253 5 565 438 0,5 %

335 Fabrication de matériels, d'appareils et de composantes électriques

306 3 843 285 40 147 2 665 695 1,5 %

336 Matériels de transport 512 15 818 092 83 063 10 416 554 0,8 %337 Fabrication de meubles et de

produits connexes 1 397 4 015 439 55 609 2 671 227 2,1 %

339 Activités diverses de fabrication 1 103 2 323 304 28 649 1 511 045 1,9 % Total 15 251 144 933 550 4 264 157 102 349 981 4,2 %

39 Institut de la statistique du Québec - Statistiques principales de l'activité manufacturière pour le secteur de la fabrication,

par sous-secteur du SCIAN, Québec, 2002-2005

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3.1.2 Électricité

L’électricité est la source d’énergie la plus utilisée au Québec en particulier dans le secteur industriel, soit 48,2 % de la consommation énergétique de la province en 2004.

La détermination du potentiel technico-économique des économies d’énergie électrique est basée sur les études entreprises pour Hydro-Québec en 2002 puis actualisées en 2005. Hydro-Québec considère deux types de clients industriels : les petites et moyennes entreprises, et les grandes entreprises. Les petites et moyennes industries regroupent les clients de petite puissance (tarif G moins de 100 kW souscrits) et les clients de moyenne puissance (tarif M, puissance souscrite comprise entre 100 et 5 000 kW). Les grandes entreprises souscrivent au tarif L de Hydro-Québec avec une puissance appelée de 5 MW et plus.

On comptait 182 grandes entreprises (de puissance appelée supérieure à 5 MW) en 2003. Ces entreprises sont dominées par les secteurs de la métallurgie, de l’industrie pétrolière et du bois en termes de consommation d’énergie. Ces 182 entreprises industrielles consommaient 62 727 GWh/an en 2003, année de référence utilisée pour l’évaluation du potentiel technico-économique par J. Harvey Consultants et Associés40.

Tableau 4 : Segmentation du marché des grandes industries

Secteurs industriels Grandes industries

Activités industrielles Nombre de clients

Consommation du Secteur en 2003

(GWh/an) Bois Pâtes et papiers, scieries et panneaux de

bois 58 19 629

Chimie et pétrochimie Chimie et pétrochimie 24 6 833 Fabrication Activités manufacturières, alimentaires,

pharmaceutiques et autres 55 2 712

Métallurgie Métallurgie 28 30 906 Mines Mines et traitement du minerai, cimenteries

et mines d’amiante 17 2 647

Total général 182 62 727

Les clients de petite puissance représentent plus de 90 % de la clientèle affaire de Hydro-Québec. Selon l’étude de Technosim, les PMI ont consommé 10 900 GWh en 2004 pour un total de 13 500 abonnés dont 76 % au tarif G41. La répartition de la consommation d’électricité des PMI par usage est présentée à la figure ci-dessous.

40 J. Harvey Consultant &Associés Inc 2005, Annexe E - Potentiel technico-économique d’économies d’énergie électrique.

Rapports des Experts du Distributeur – Marché Grandes Entreprises. Préparé pour Hydro-Québec 41 Technosim inc. 2005, Annexe D - Potentiel technico-économique d’économies d’énergie électrique. Rapports des Experts

du Distributeur – Marché Petite et Moyenne industrie. Préparé pour Hydro-Québec

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Figure 2 : Répartition de la consommation d’électricité dans les PMI

La force motrice de procédé représente l’usage prédominant des PMI. Cet usage est particulièrement important dans les secteurs des mines (86 %), des papiers (77 %), du bois (73 %), du pétrole et du charbon (70 %). L’éclairage intérieur est un usage assez important dans le secteur du tabac, du vêtement et du cuir tandis que le CVC est aussi important dans les secteurs des appareils électriques, du matériel de transport et des meubles42.

L’étude a déterminé le potentiel technico-économique d’économies d’énergie dans le secteur industriel. Il s‘agit de comparer le coût unitaire des mesures d’économies d’énergie proposé au coût évité de la source d’énergie du point de vue du distributeur. Au niveau des PMI, le potentiel a été évalué par usage sur des périodes cinq ans et dix ans.

Le potentiel technico-économique total des économies d’électricité dans les PMI est de 14,4 % de la consommation projetée de 201443.

Dans les grandes industries, le potentiel technico-économique des mesures d’EE a été estimé à 2 084 GWh, soit des économies de 3,3 % sur la consommation totale, pour un potentiel technique de 2 242 GWh/an sur un horizon de dix ans (2005 à 2014) 44.

42 Technosim inc. 2002, Évaluation du potentiel technico-économique d’amélioration de l’efficacité énergétique au Québec :

ensemble des PMI du marché industriel. Préparé pour Hydro-Québec 43 Technosim inc. 2005, Annexe D - Potentiel technico-économique d’économies d’énergie électrique. Rapports des Experts

du Distributeur – Marché Petite et Moyenne industrie. Préparé pour Hydro-Québec 44 J. Harvey Consultant &Associés Inc 2005, Annexe E - Potentiel technico-économique d’économies d’énergie électrique.

Rapports des Experts du Distributeur – Marché Grandes Entreprises. Préparé pour Hydro-Québec

Autres procédés

10%CVC15%

Force motrice de procédé

53%

Eau chaude sanitaire

1%

Éclairage extérieur

1%

Réfrigération4%

Éclairage intérieur

16%10 900 GWh

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3.1.3 Gaz naturel

Le gaz naturel représentait 16,1 % de la consommation énergétique du secteur industriel du Québec en 2004, soit la deuxième source d’énergie après l’électricité.

Il existe très peu de documentation détaillée sur la consommation énergétique du secteur industriel. Cependant, des travaux d’évaluation du potentiel technico-économique des mesures d’économies d’énergie dans le secteur ont été réalisés par Gaz Métro, à l’instar de celles effectuées par Hydro-Québec45.

La segmentation du marché présentée dans ce rapport repose sur ces études antérieures.

Dans le cas de l’utilisation du gaz, il ressort de l’étude de Gaz Métro que le parc industriel est dominé par les petites et moyennes industries en nombre. Sur les 5653 industries étudiées en 2005, 95 % sont des PMI et 5 % sont des grandes industries. Pour Gaz Métro, la grande industrie est définie à partir d’une consommation de gaz naturel de 1 000 000 m3. Cependant, en termes de consommation énergétique, les GI représentent plus de 73 % de la consommation.

45 Technosim Inc. 2007, Évaluation du potentiel technico-économique d’économie d’énergie pour Gaz Métro - Marché

industriel

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Tableau 5 : Répartition de la consommation du gaz naturel par segment

Types Segments Nombre Consommation totale typique

(m3/an)

Consommation totale (Mm3)

Sidérurgie (Ferreux) 5 85 392 842 427 Pâtes et papiers 53 6 375 224 338 Aliments et boissons 42 3 436 549 144 Fonte et affinage (non ferreux) 17 12 969 389 220 Produits chimiques 16 12 054 651 193 Raffineries de pétrole 21 10 509 571 221 Produits métalliques 14 9 593 245 134 Autres industries 11 6 729 047 74 Minéraux non métalliques 19 7 129 877 135 Textiles 32 2 471 814 79 Bois 6 6 146 871 37 Agriculture et forêts 8 1 239 519 10 Divers 40 2 491 717 100

Gra

ndes

indu

strie

s

Sous-total GI 284 - 2 113 Sidérurgie (Ferreux) 95 103 268 10 Pâtes et papiers 92 300 713 28 Aliments et boissons 639 306 628 196 Fonte et affinage (non ferreux) 79 504 031 40 Produits chimiques 199 216 220 43 Raffineries de pétrole 27 106 969 3 Produits métalliques 675 98 528 67 Autres industries 855 105 849 91 Minéraux non métalliques 160 147 488 24 Textiles 358 136 432 49 Bois 256 108 931 28 Agriculture et forêts 484 106 147 51 Divers 1 450 102 635 149 Pe

tites

et m

oyen

nes

indu

strie

s

Sous-total PMI 5 369 - 777 Total 5 653 - 2 890

La segmentation du marché présentée dans le document indique les sous-secteurs industriels, le nombre d’industries de chaque segment et la consommation totale typique d’une entreprise du segment. L’analyse de Technosim montre que moins de 100 clients du secteur de la grande industrie représentent approximativement 42 % de la consommation totale de gaz naturel de tout le secteur industriel. Les sous-secteurs dominant, en termes de consommation d’énergie, sont la sidérurgie, les raffineries de pétrole, la fonte et l’affinage, les pâtes et papiers.

Le potentiel technique total est déterminé pour des coûts unitaires inférieurs ou égaux aux coûts évités du côté de Gaz Métro. L’analyse faite sur une période de cinq ans (2005-2010) montre que le potentiel technico-économique des mesures d’EE dans le secteur industriel est de 12,7 % (366,9

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Mm3) de la consommation totale du secteur en 200546 et se retrouve essentiellement au niveau des procédés. Les principales mesures touchent surtout l’amélioration des conditions d’opération des appareils au gaz naturel, soit en optimisant le rendement des appareils ou par un contrôle optimal des procédés utilisant ces appareils. L’utilisation d’appareils à plus haut rendement est également une mesure significative.

3.1.4 Le mazout et les autres sources d’énergie

En 2005, l’Agence de l’efficacité énergétique du Québec a commandé une étude sur le potentiel technico-économique des mesures d’efficacité énergétique pour les utilisateurs de produits pétroliers du secteur industriel47. Les usages visés étaient le chauffage de bâtiments et les procédés industriels.

Les données disponibles sur la consommation de produits pétroliers dans le secteur industriel au Québec datent de 2001. Ce secteur comptait pour 11,83 % de la consommation totale de produits pétroliers de la province, soit 1 762 789 tep48. Comme pour les autres sources d’énergie, on distingue que les petites et moyennes industries qui sont plus importantes en nombre (93 %), mais représentent une consommation très faible (4 %) par rapport aux grandes industries. Le Tableau 6 donne la distribution du nombre d’entreprises parmi les PMI en fonction de leur consommation de mazout estimée à un total de 261 675 kilolitres en 2004.

Tableau 6 : Répartition de la consommation du mazout par segment

Plage de consommation (x1000 litres/an)

Consommation moyenne (kilolitres/an)

Nombre d’entreprises

Consommation totale (kilolitres)

0 – 50 25 1 886 47 150 50 – 99 75 337 25 275 100 – 199 150 132 19 800 200 – 349 275 89 24 475 350 – 499 425 35 14 875 500 – 999 750 28 21 000 1 000 – 2 400 1 700 23 39 100 2 500 et plus 3 500 20 70 000 Total 2 550 261 675

Selon les analyses contenues dans l’étude de SodeXpro, en 1991, 85 % des PMI ont utilisé le mazout 2 et la surface moyenne des bâtiments était de 24 416 pi2. Les entreprises du secteur papier représentaient le tiers de la consommation totale de mazout des PMI, suivies du secteur des produits chimiques avec 16 % de la consommation pour le mazout.

46 Technosim Inc. 2007, Évaluation du potentiel technico-économique d’économie d’énergie pour Gaz Métro - Marché

industriel 47 SodeXpro. 2005. Potentiel techno-économique des mesures d’efficacité énergétique pour les utilisateurs industriels de

produits pétroliers. Préparé pour l’Agence de l’efficacité énergétique 48 L’énergie au Québec édition 2003

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Les mesures d’efficacité énergétique répertoriées dans les PMI comprennent l’utilisation de chaudières efficaces, le contrôle de température de l’eau chaude, l’amélioration de l’efficacité de combustion, l’utilisation de thermostats programmables et l’entretien. Le potentiel technico-économique des mesures d’EE dans l’ensemble des PMI est évalué à 3,6 % pour un temps de retour de 1,3 an.

Au niveau des grandes industries, la consommation de produits pétroliers a été de 1 334 237 kilolitres en 2004. Le rapport de SodeXpro a noté une évolution des habitudes de consommation des produits pétroliers au niveau des GI qui est différente de ce qui est observé au niveau de la PMI. Selon l’étude de SodeXpro, les prix de l’énergie électrique et du gaz naturel ont freiné l’utilisation de ces types d’énergie pour le chauffage et pour les procédés industriels; ce qui a favorisé l’utilisation du mazout 6 dont le coût n’a pas été affecté par la flambée des prix.

Le rapport de SodeXpro indique qu’il y a eu une chute de la consommation de produits pétroliers d’environ 2 % de 1991 à 2001 malgré les augmentations de capacité de production des usines. Cette diminution de la consommation énergétique serait attribuable à la modernisation des procédés en utilisant d’autres sources d’énergie dont la biomasse, aux efforts d’économie d’énergie et aussi à des fermetures d’usines à haute intensité énergétique. Selon l’étude, le nombre des grandes entreprises répertoriées est passé de 204 en 1991 à 181 en 200449.

Les mesures identifiées dans les GI comprennent l’augmentation de l’efficacité des chaudières, l’optimisation de la combustion, les économiseurs, le contrôle de l’excès d’air, la récupération de chaleur sur les purges ainsi que la gestion des opérations d’ensemble de chaudières. Le potentiel technico-économique dans les GI a varie entre 10 et 50 % pour des temps de retour de 2, 3 et 4 ans. Les plus forts potentiels se retrouvent dans l’industrie du papier (50 %), des aliments et boissons, du textile, et de la chimie (30 %).

3.2 ENVIRONNEMENT D’AFFAIRES

Le secteur industriel du Québec a toujours été sensible à ses coûts de production, tout comme l’est de façon générale l’ensemble du secteur industriel de par le monde. Toutefois, les faibles prix de l’énergie au cours des dernières décennies au Québec ont toujours été vus par les industriels comme un atout concurrentiel. De ce fait, il y avait peu d’incitatif ou de volonté à s’investir de façon massive dans les projets en efficacité énergétique.

Le tout a changé dans le début des années 1990, avec la venue de programmes importants de subvention de la part d’Hydro-Québec et, dans une moindre mesure, de Gaz Métro. Bien des dirigeants d’entreprises industrielles ont voulu profiter de ces subventions et plusieurs ont investi plus ou moins fortement dans le remplacement d’équipements par d’autres plus efficaces. La fin de programme d’Hydro-Québec en 1996 a mis un frein à cette tendance et le marché de l’efficacité

49 SodeXpro. 2005. Potentiel techno-économique des mesures d’efficacité énergétique pour les utilisateurs industriels de produits pétroliers. Préparé pour l’Agence de l’efficacité énergétique

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énergétique dans le secteur industriel est resté plutôt limité jusqu’au milieu de la présente décennie. Aujourd’hui, le marché de l’efficacité énergétique dans le secteur industriel est encore une fois stimulé par les programmes de subvention, principalement par ceux d’Hydro-Québec. Toutefois, l’augmentation plus importante des coûts énergétiques des dernières années, combinée avec l’augmentation de la sensibilité environnementale collective au Québec poussent un plus grand nombre de dirigeants d’entreprises à s’investir dans ce secteur d’activité.

Il demeure toutefois que le marché de l’EE dans le secteur industriel est actuellement bien orienté sur le remplacement d’équipements inefficaces par ceux efficaces, le tout stimulé par la méthodologie d’octroi de subvention des fournisseurs d’énergie. La grande industrie a partiellement senti le besoin de s’investir dans le domaine de la gestion énergétique afin de maximiser les bénéfices de ses investissements et de les conserver dans le temps, mais cela ne s’est pas encore rendu au niveau des PMI.

En se basant sur notre expérience du marché québécois, il existe très peu d’offres en outils de gestion énergétique, actuellement au Québec, outre le logiciel Hélios qui se limite à la gestion de la facturation énergétique. Il existe par le fait même peu d’offres de services en gestion de l’énergie, les acteurs du marché (bureau d’ingénieurs conseils, entreprises de services éconergétiques), se concentrant essentiellement sur la mise en œuvre de projets d’investissements.

Le contexte d’affaires au Québec est donc mûr pour la mise en place d’offre de services et d’outils en gestion de l’énergie. L’augmentation de coût des différentes sources énergétiques, l’augmentation de la conscience environnementale axée entre autre sur les changements climatiques, ainsi que les nombreux programmes de support à la mise en place d’équipements efficaces sont tous des éléments qui créent un climat favorable pour la mise en place de projets structurés en gestion de l’énergie. En contre partie, le manque de projets de référence dans ce secteur d’activité et l’absence presque complète d’offre de service et de produits pouvant appuyer une telle démarche constituent des barrières qui devraient être adressées dans un programme à être mis en place par l’Agence.

3.3 ANALYSE DES RISQUES

La mise en place d’un programme multi-énergie portant sur l’appui à l’introduction d’un concept de gestion de l’énergie en industrie, soit via le développement d’une culture entrepreneurial, d’une offre de services externes ou du développement d’un marché de produits répondant à un tel besoin, ne comporte pas de risque apparent pour l’Agence.

D’une part, un tel programme n’entre pas en compétition avec aucun programme actuel des distributeurs d’énergie ou des autres acteurs du marché (ex. l’OEE actuellement). D’autre part, l’implantation d’une activité en continue de gestion de l’énergie dans les PMI et la GI viendra renforcer les programmes actuels en place visant à faire la promotion de l’utilisation de produits efficaces car il permettra de garantir une pérennité dans ces projets. Il devrait également permettre une plus grande conscientisation des bénéfices des projets en efficacité énergétique au niveau des utilisateurs finaux,

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ou encore de permettre aux acteurs du marché d’évaluer à leur juste valeur les résultats de leur programme.

Aucun risque technique relié à la mise en place d’un tel programme n’est également perçu, compte tenu des faibles coûts et des importants bénéfices d’une telle démarche dans les entreprises, la bonne connaissance technique de l’approche à mettre en place afin d’obtenir les succès escomptés et la présence sur le marché international de produits existants et éprouvés pour appuyer une telle démarche.

Le principal risque d’un programme à mettre sur pied sera le temps alloué à faire la démonstration de ses bénéfices et du besoin important de dissémination d’information de l’approche auprès de la clientèle cible qui est souvent difficile de rejoindre pour un ensemble de facteurs propre à ce marché.

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4 POTENTIEL TECHNICO-ÉCONOMIQUE DU PROGRAMME

Le potentiel technique d’économies d’énergie est défini comme étant l’ensemble des mesures techniquement faisables sans tenir compte de la rentabilité. Par contre, le potentiel technico-économique prend en compte la faisabilité technique et la rentabilité économique des mesures d’EE sans pour autant considérer l’acceptation des mesures préconisées par la clientèle visée. Défini comme tel, le potentiel technico-économique des mesures d’économies d’énergie ne considère pas l’acceptation des consommateurs qui est un facteur clé dans la mise en œuvre effective de la mesure. La mise en œuvre réelle des mesures va dépendre de plusieurs facteurs dont la sensibilité des décideurs à l’efficacité énergétique, la réglementation du pays, l’investissement initial, la place de la gestion d’énergie dans les priorités de l’entreprise.

Marbek Resource Consultants Ltd. a démontré qu’il y avait une corrélation entre les meilleures pratiques de gestion d’énergie et l’implantation des meilleures pratiques techniques50. La Figure 3 montre la corrélation entre les bonnes pratiques techniques et les bonnes pratiques de gestion de l’énergie.

Figure 3 : Corrélation entre les bonnes pratiques techniques et les bonnes pratiques de gestion de l’énergie

Lorsque le niveau de gestion de l’énergie au sein de l’entreprise est élevé, cela se répercute sur le niveau d’économies d’énergie réalisées par rapport au potentiel technique ou technico-économique existant. L’étude de Marbek indique qu’avec de bonnes pratiques de gestion de l’énergie, la 50 Marbek Resource Consultants Ltd. Management Best Practices

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transformation du potentiel existant en économies d’énergie concrètes peut être améliorée de 30 % à 40 % comparativement à la situation courante sans bonne pratique de gestion de l’énergie.

En plus de l’influence des pratiques de gestion de l’énergie sur la réalisation des mesures d’efficacité énergétique, l’expérience hollandaise montre que la mise en œuvre de programme ou système de gestion de l’énergie au sein de l’entreprise permet de générer des économies d’énergie additionnelles de l’ordre de 3 %51.

Le projet BESS de l’Union européenne a démontré que grâce au système de gestion de l’énergie, les économies d’énergie peuvent s’accroître de 3 % à 10 %52.

Le programme de mesurage et ciblage du Royaume-Uni démontre qu’il est possible de réaliser des économies de 5 % à 15 % rien que pour l’implantation d’un système de gestion de l’énergie efficace53.

En somme, un système de gestion de l’énergie peut permettre d’améliorer le degré de matérialisation des projets de 30 % à 40 %. Ce qui se traduira par des économies d’énergie concrètes additionnelles de 3 % à 10% par rapport à un simple programme de promotion de l’efficacité énergétique ne s’appuyant pas sur un système de gestion de l’énergie.

En partant des conclusions de Marbek, la simple application des bonnes pratiques de gestion de l’énergie pourrait permettre de réaliser une économie d’énergie substantielle sur le potentiel existant dans le secteur industriel québécois. La section 3.1 a présenté les potentiels technico-économiques par source d’énergie. Le système de gestion de l’énergie peut permettre de réaliser les économies d’énergie suivantes:

• Électricité : Le potentiel technico-économique dans les PMI est de 14,4 % alors qu’il est de 3,3 % dans le GI. Les économies dues à la gestion de l’électricité peuvent s’évaluer à 4,3 % à 5,8 % dans les PMI et à 1 % à 1,3 % dans les GI.

• Gaz naturel : Sur un potentiel technico-économique des mesures d’EE dans le secteur industriel de 12,7 %, le système de gestion de l’énergie pourrait permettre d’économiser de 3,8 % à 5 % sur la consommation actuelle de gaz naturel.

• Mazout : le potentiel technico-économique sur le mazout est de 3,6 % pour les PMI et 10 à 50 % pour les GI. Cela revient à des économies de 3 % à 15 % pouvant être liées à la gestion de l’énergie.

51 Senter Novem http://www.senternovem.nl/Energiezorg/english/index.asp 52 Intelligent Energy – Europe. 2007. Benchmarking and Energy management Schemes in SMEs. Public Final Report. 53 Energy Efficiency Best Practice Programme (EEBPP) – Good Practices Guide 112 - Monitoring and Targeting in Large Companies, 1998.

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5 PROGRAMME DE GESTION DE L’ÉNERGIE

5.1 OBJECTIFS ET CONTRAINTES DU PROGRAMME

L’objectif global du programme est d’augmenter la pénétration du concept de gestion de l’énergie auprès des PMI et des GI au Québec.

Une activité de gestion de l’énergie en entreprise se définit comme un processus par lequel :

i) la consommation énergétique est un poste budgétaire contrôlable et dont une personne ou un groupe responsable de l’entreprise devient imputable

ii) la consommation de l’énergie est mesurée et analysée afin de bien comprendre son utilisation détaillée et d’éviter la surconsommation/mauvaise utilisation dans le cadre des activités de l’entreprise

iii) la dépense énergétique est gérée non pas comme étant non contrôlable mais comme étant contrôlable et gérable.

Le programme proposé à l’AEE afin d’introduire ce concept au Québec et de s’assurer d’en retirer tous les bénéfices individuels et collectifs possibles doit couvrir l’ensemble des objectifs spécifiques suivants :

• Faire la promotion du concept de gestion de l’énergie auprès des PMI et GI • Permettre une démonstration des bénéfices pouvant être obtenus par l’application de la

démarche proposée • Faciliter la formation et l’acquisition d’outils permettant de faire, de façon structurée et

optimisée, une bonne gestion de l’énergie en entreprise.

De plus, le programme développé devrait être bâti selon les caractéristiques suivantes :

• s’adresser à toutes les sources d’énergie • être complémentaire aux programmes actuels des fournisseurs d’énergie et autres acteurs du

marché • générer des économies non -générées actuellement dans le marché des PMI et GI et/ou

optimiser/pérenniser les économies réalisées par les programmes actuels. • utiliser les fonds publics de façon la plus efficace possible sans créer de dépendance chez les

bénéficiaires.

5.2 ACTIVITÉS DU PROGRAMME

En se basant sur les expériences recensées et évaluées dans les autres pays analysés dans le présent mandat, et en l’absence d’une volonté ou d’une capacité de légiférer afin de rendre obligatoire une réduction de la consommation énergétique dans les PMI et GI qui engendrerait éventuellement la mise en place d’un système de gestion de l’énergie dans ces organisations, il est possible de conclure

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que la mise en place d’un programme volontaire de gestion de l’énergie dans les PMI et GI est la façon la plus appropriée d’introduire un tel concept au Québec dans le contexte actuel.

En se basant sur ces mêmes expériences, il est proposé que le programme comporte les différentes activités suivantes :

• A01 Nomination et formation d'une équipe de gestion de programme • A02 Design détaillé du programme • A03 Projets pilote de système de gestion d’énergie incluant le mesurage et ciblage • A04 Sensibilisation au concept de gestion de l’énergie et engagement de la direction • A05 Formation du personnel responsable • A06 Appui à l’acquisition d’outils de collecte et d’analyses données • A07 Appui au processus de gestion en continue • A08 Validation des résultats obtenus dans le cadre du programme • A09 Reconnaissance pour les PMI et GI méritoires et diffusion des résultats • A10 Évaluation de programme.

Ces activités sont brièvement présentées dans les paragraphes suivants.

A01 Nomination et formation d’une équipe de gestion de programme

Cette activité consiste au choix et à la mise en place d’une unité de travail constituée d’ingénieurs, d’économistes et de spécialistes en marketing au sein de l’AEE.

Le tableau ci-dessous présente le nombre de spécialistes et le profil à rechercher pour l’équipe de gestion du programme.

Profil de la ressource interne Nombre Responsabilités

Ingénieurs - 15 ans d’expériences 1 Responsable de l’équipe et du programme, gestion du programme

Ingénieur - 5 ans d’expériences 1 Assistant au responsable

Économiste ou marketing - 15 ans d’expérience 1 Responsable de l’analyse et gestion des subventions, stratégie de communication et de marketing du programme

Économiste ou marketing - 5 ans d’expérience 1 Assistant au responsable économiste

Personnel de soutien 2 Soutien à l’équipe : service à la clientèle, administration, etc.

Cette équipe de gestion pourra être redimensionnée/renforcée en fonction du personnel déjà disponible à l’AEE, des besoins réels pour chaque année et phase et des possibilités de couplage qu’offrent d’autres programmes de l’agence.

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En plus, la mise en œuvre du programme nécessitera certainement des ressources externes. Cela sera surement le cas pour les activités telles que le marketing et la formation des industriels, la mise en œuvre des outils de collecte de données, l’appui à la gestion continue dans les entreprises et la validation des résultats, l’implantation des projets pilotes.

L’approche du « faire faire » devra être privilégiée sous la supervision de l’équipe de gestion du programme.

A02 Design détaillé du programme

Le travail consistera en une étude de marché, la définition plus détaillée de chacune des activités, l’établissement d’un cadre logique de réalisations contenant des indicateurs et seuil de réussite, un calendrier précis pour les deux premières années de réalisation, le raffinement du calcul des coûts et de l’analyse financière, la préparation de l’activité d’évaluation en continue du programme, plan de formation de l’unité de gestion de programme, etc.

A03 Projets pilotes de gestion de l’énergie

Les projets pilotes de gestion de l’énergie visent à démontrer la faisabilité et la rentabilité des systèmes de gestion de l’énergie. Ils seront basés essentiellement sur le mesurage et ciblage. Le mesurage et ciblage permet de mesurer et de maintenir la performance et d’identifier les opportunités d’économies d’énergie et de réduction des dépenses énergétiques, avec un degré de détails assez élevé comparativement aux méthodes habituelles. Par conséquent, le mesurage et ciblage est un niveau supérieur de raffinement de la gestion de l’énergie et représente à la fois un surcoût et un gain supplémentaire en terme de potentiel d’économies.

Les outils à utiliser devront être adaptés à la taille des entreprises visées par le programme pour refléter les besoins réels selon les différents profils énergétiques du secteur industriel.

Les projets pilotes pourraient être implantés juste après le design détaillé ou concomitamment afin de générer des informations pour le raffinement du design détaillé et servir aussi d’éléments pour la sensibilisation. Les projets pilotes s’étaleront sur une période de deux ans. Les premiers projets devront générés sur une courte période (dès 2009) des résultats devant servir au recadrage du programme.

Le programme identifiera une vingtaine d’entreprises au sein desquelles tout le programme de gestion de l’énergie sera testé en suivant toutes les étapes retenues lors du design détaillé.

A04 Sensibilisation au concept de gestion de l’énergie et engagement de la direction

Cette activité se fera sous forme d’ateliers de sensibilisation et promotion du concept à travers les intervenants naturels du marché et de mise en place de documents de référence,

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Ce volet visera à sensibiliser principalement les décideurs des entreprises visées sur les bénéfices d’une activité structurée de gestion de l’énergie multisource, les coûts et les étapes à suivre pour mettre en place ce processus dans leur entreprise.

Le tout se fera essentiellement par la promotion et la distribution de matériel promotionnel, la tenue d’événements courts mais très ciblés dans le cadre d’activités existantes regroupant les décideurs des PMI et GI, et en utilisant les véhicules existants offerts par les acteurs du milieu (fournisseurs d’énergie, entreprises à but non lucratif et entreprises privées) pouvant faire la promotion du programme.

La grille de diagnostic du niveau de gestion de l’énergie pourra servir à assurer la sensibilisation. Sous formation de formation général, on visera un nombre élargi des cadres et dirigeants des entreprises en s’appuyant sur la grille de diagnostic telle que celle du « gros bon $ens ». Cette sensibilisation donnera un aperçu global à tous les acteurs au sein de l’entreprise afin de situer les responsabilités.

Cette activité devra aboutir à un engagement de la direction des entreprises participantes dans le système de gestion de l’énergie. Cet engagement se traduira par l’élaboration d’une politique de gestion de l’énergie au sein de l’entreprise accompagnée d’une stratégie et d’un plan d’action et d’investissement pour l’économie d’énergie. Par cet engagement, la gestion de l’énergie devra apparaître comme une pratique de gestion quotidienne intégrée aux procédures de gestion habituelle.

A05 Formation du personnel responsable de l’implantation et de la gestion

Cette activité consiste en la formation du personnel devant être responsable de l’implantation et de la gestion d’un tel programme en entreprise.

Le plus grand défi d’un programme de gestion de l’énergie en entreprise est le besoin fondamental d’avoir en place les ressources humaines compétentes afin de collecter et gérer l’information requise. Cette formation devrait pouvoir se faire sur la base d’un programme structuré et reconnu dans le marché. Une base de qualifications communes devrait être exigée des partenaires qui voudront vouloir bénéficier du programme. Elle visera le responsable de la gestion quotidienne de l’énergie. Une alternative est de faire assurer cette fonction par une ressource externe. La formation devra offrir assez de flexibilité pour s’adapter au besoin spécifique de chaque entreprise.

A titre d’exemple, le programme de Gestionnaire de l’énergie Certifié « Certified Energy Manager » (CEM) est la première certification professionnelle mise en place par l’Association of Energy Engineers et la plus largement diffusée mondialement avec plus de 6 600 professionnels certifiés dans 30 pays. Pour plusieurs entreprises et agences gouvernementales, le titre de “Gestionnaire de l’énergie Certifié” constitue un atout pour les professionnels désireux d’œuvrer dans un poste relié à la maîtrise de l'énergie. Cette certification est un préalable pour obtenir des emplois dans le domaine de la gestion de l’énergie chez de nombreux employeurs aux États-Unis. Se mériter cette reconnaissance permet d’ajouter les initiales CEM au nom de la personne ayant réussi sa qualification. Cette certification s’obtient par la validation des compétences acquises et la réussite d’un

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examen. L’Association offre un cours de formation d’une durée de cinq jours qui permet de se préparer à l’examen du CEM. Les personnes qui réussissent cet examen, mais qui ne répondent pas aux autres exigences de certification, peuvent faire une demande pour obtenir la certification "Gestionnaire de l’énergie en formation” (Energy Manager in Training (EMIT). Une description du contenu de ce cours est présentée en annexe.

La formation à offrir pourrait l’être par un ou des organismes reconnus dans le milieu de la formation et/ou de l’efficacité énergétique. Le rôle de l’Agence pourrait se limiter à valider le contenu des cours offerts, subventionner son développement, et en accréditant les personnes ayant reçu la formation et ayant réussi les examens. Cette approche cadrera avec la politique de faire faire préconisée par l’agence dans le cadre de sa politique actuelle.

Cette certification est différente de celle qui est offerte aux entreprises. La certification des entreprises s’obtient à travers la mise en œuvre de la démarche de gestion de l’énergie et sur la base des performances réalisées.

A06 Appui à l’acquisition d’outils de collecte et d’analyse de données

Cette activité consiste en l’appui à l’acquisition d’outils requis pour effectuer la collecte et l’analyse d’information pertinente pour en faire la gestion.

Un des éléments de base de tout programme de gestion est l’acquisition de données. Dans le cadre d’un programme en gestion de l’énergie, cela passe par le mesurage et le sous-mesurage de la consommation énergétique, permettant d’identifier les profils de consommation énergétique dans le temps ainsi que d’identifier où la dépense énergétique se fait dans l’industrie. Les résultats obtenus doivent pouvoir être archivés et compilés d’une façon à être interprétables par les gestionnaires mandatés à cette fin. Parmi les exemples de données devant être disponibles aux gestionnaires pour accomplir leurs tâches il y a : des analyses comparatives dans le temps, des données statistiques reliant la consommation énergétique au niveau réel de production, et l’association de ces consommations avec les prix réels de l’énergie, La principale barrière à l’accès à cette information est le coût d’achat et d’installation de compteurs, coût qui doit être amorti dans le temps et dont le coût initial peut-être important par rapport au coût annuel de gestion de l’information.

Le programme à mettre en place par l’Agence devrait prévoir soit une subvention à l’installation de tels compteurs (jusqu’à concurrence de montant maximum relié à un pourcentage du coût énergétique annuel de l’entreprise) permettant une lecture en continue des points d’entrées principaux de consommation énergétique ainsi qu’un sous-mesurage stratégique des différents secteurs de l’industrie. Un mode de financement complémentaire à la subvention accordée pourrait également être considéré à cette étape, dans la mesure où les phases de gestion subséquentes seront bien mises en place.

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A07 Appui au processus de gestion en continue

L’activité principale du programme à mettre en place sera le support à l’activité de gestion de l’énergie, à être réalisée par un expert ayant participé au programme de formation ou sanctionné par l’Agence et ayant mis en place des outils adaptés de collecte et d’analyse d’information. Il devrait toutefois être admis que toutes les PMI et GI ne pourront pas nécessairement se permettre d’avoir à l’interne une ressource ayant les compétences requises pour implanter un tel programme. Une approche d’externalisation pourrait être tout aussi acceptable pour permettre d’adhérer au programme. L’externalisation devrait néanmoins être faite à des firmes pouvant mettre à la disposition des industries des experts ayant les qualifications requises dont la formation exigée par l’Agence.

La subvention offerte devrait être disponible sur une base multiannuelle (trois à cinq ans), mais obtenue annuellement sur la base de démonstration d’atteinte de résultats concrets année après année.

A08 Validation des résultats obtenus dans le cadre du programme

Il sera important dans le cadre de ce programme d’effectuer la validation des résultats obtenus dans le cadre des interventions du programme et rétroaction dans le milieu. La section 5.4 traite plus en profondeur les outils de validation des résultats obtenus par les entreprises participantes.

Dans le cadre du support offert aux PMI et GI participantes au programme, un processus de validation obligatoire sur la mise en place des différentes composantes (équipe de gestion, formation, acquisition d’outils, appui à la gestion) sera effectué par des demandes de comptes rendus des actions posées, et de la démonstration des résultats obtenus. Des visites aléatoires dans différentes industries participantes pourront aussi être réalisées afin de constater sur place les actions réalisées et de discuter avec les gestionnaires de leurs projets futures et des problèmes rencontrés.

A09 Reconnaissance pour les PMI et GI méritoires et diffusion des résultats

L’Agence devrait intégrer dans son programme un volet de reconnaissance pour les entreprises ayant atteint un certain niveau de performance. Ce processus pourrait avoir différents volets soit :

• Des reconnaissances bronze, argent et or, pour les entreprises ayant réussi à réduire leur consommation énergétique d’un certain pourcentage annuellement ou ayant réussi à maintenir leurs acquis après un certain nombre d’années de succès

• Une reconnaissance platine annuellement pour les entreprises s’étant particulièrement démarquées dans le cadre du programme.

• Une composante de certification des entreprises performantes pourra être intégrée au programme.

Il sera important pour cette reconnaissance de ne pas mêler les résultats obtenus par l’application d’un bon processus de gestion de l’énergie et ceux obtenus grâce à un programme d’investissement ponctuel.

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Cette activité comprendra aussi la diffusion des résultats (succès et mais aussi les leçons à tirer des cas d’échec) par des canaux appropriés : fiches de projets à poster sur le site Internet de l’AEE avec une page spéciale, de l’OEE et d’organismes tels que le « Centre for Analysis and Dissemination of Demonstrated Energy Technologies » (CADDET), bulletins d’information à diffuser dans les PMI et GI et galas pour la remise des prix. L’AQME pourra servir de vecteur d’information.

Le succès et l’impact des programmes dépendent grandement du degré de publicité et de promotion. En plus des activités de sensibilisation à mettre en œuvre au démarrage du programme, les résultats concrets obtenus dans les premières années devront faire l’objet de large diffusion afin de susciter de nouvelles participations.

A10 Évaluation de programme

L’équipe de gestion d’implantation du programme aura pour tâche d’assurer une évaluation en continue permettant de s’ajuster au marché et de pousser toujours plus loin la pénétration de la pratique de gestion de l’énergie dans les PMI et les GI.

En plus de cette évaluation en continue, menée par l’équipe de gestion, le programme sera l’objet d’une évaluation de la part d’une tierce partie pendant les dernières années prévues d’implantation du programme. Entre autre, les exécutants de cette évaluation auront pour but de vérifier les résultats obtenus de l’équipe d’implantation en termes d’impact du programme par rapport à la ligne de base.

Les méthodes d’évaluation de programme et les indicateurs à utiliser sont traités à la section 5.4.2.

5.3 DÉFINITION DE L’AIDE FINANCIÈRE OFFERTE

Une analyse détaillée sur les aides financières à être offertes aux différentes PMI et GI devra être établie par l’Agence pour une conception détaillée du programme. Toutefois, quelques balises peuvent être avancées ici afin de permettre d’évaluer les possibilités à être considérées par l’Agence :

• Les économies pouvant être générées uniquement par une bonne gestion de l’énergie dans les entreprises sont évaluées à 5 %, économies qui devraient être conservées annuellement tant que le programme de gestion restera en vigueur;

• La mise en place d’un programme de gestion de l’énergie permet d’optimiser les économies à être générées par des projets d’investissement et peut aussi s’assurer de pérenniser les gains acquis;

• Les cours de formation à offrir dans le marché québécois devraient l’être au coût du marché et seul leur coût de mise en place (développement, adaptation, traduction) devrait être subventionné par l’Agence, ce qui devrait représenter un montant marginal du programme;

• Un programme de subvention des outils d’acquisition et d’analyse de données pouvant aller jusqu’à 100 % des coûts d’achat, jusqu’à concurrence de 5 % à 7,5 % du coût énergétique annuel de l’entreprise;

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• Un programme de subvention dégressif, pouvant couvrir jusqu’à 50 % du coût d’un gestionnaire de l’énergie (interne ou externe) pour la première année. Une subvention pourrait être reconduite pour les années subséquentes, mais sous une forme réduite. Ainsi, un montant de 35 % pour la deuxième année et de 25 % pour la troisième année, le tout avec un maximum de 5 % du coût énergétique annuel pour chacune des PMI et GI.

• Chacun des projets pilotes de gestion de l’énergie coûtera, par hypothèse, environ 100 000 $. Ils seront subventionnés à 80 %, le restant devant être payé par le participant. Il y en aura 20 à implanter sur une période de deux ans.

Le programme proposé devra être vu comme un tout à multiples volets et non pas comme différents programmes ponctuels pouvant être utilisés de façon indépendante par les PMI et les GI. Ainsi, il est proposé que :

• Une entreprise industrielle ne pourra pas obtenir de support à l’acquisition d’outils de collecte de d’analyse de données sans qu’une ressource interne de l’entreprise ait été formée dans le cadre du programme sanctionné par l’Agence, ou d’avoir donné un mandat de support à une firme externe pouvant mettre à la disposition de la PMI ou de la GI une telle ressource.

• Une entreprise industrielle ne pourra pas obtenir une aide pour appuyer l’implantation d’un programme de gestion de l’énergie si des outils de collecte et d’analyse de données ne sont pas installés de façon stratégique dans les installations de la PMI ou de la GI. Ces outils peuvent comprendre des compteurs et sous compteurs conventionnels, des fiches de relevés de paramètres de production ou un système plus pointu tel que le mesurage et ciblage utilisant de multiple sous compteurs tant pour l’énergie que pour les paramètres de production et les facteurs influençant la consommation d’énergie et la productivité.

• Une entreprise industrielle ne pourra bénéficier d’une aide pour une deuxième ou troisième année consécutive que si une réduction de la consommation énergétique soit rapportée grâce aux efforts fournis dans les années précédentes ou qu’une conservation des acquis ait pu être démontrée.

• L’Agence offre des aides financières ponctuelles pour chacune des composantes du programme dans la mesure où les règles présentées précédemment auront été respectées. Cette offre touchera aussi les programmes cadres qui pourraient regrouper l’ensemble des volets du programme pour une seule entreprise industrielle, dans la mesure où les règles énoncées précédemment auront été respectées

• Au niveau de l’entreprise, la participation au programme devra comprendre les éléments identifiés dans « le gros bon $ens » et le Guide Energy Star : engagement de la direction, évaluation de la performance et identification de mesures d’économies d’énergie, la définition d’un plan d’actions avec des objectifs de performance; mise en œuvre du plan d’action; évaluation des progrès obtenus par l’adoption du mesurage et ciblage et communication des résultats à valider par une tierce partie désignée par l’Agence.

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5.4 ÉVALUATION DE PROGRAMME

5.4.1 Évaluation des différentes approches de comptabilité de gestion de l’énergie

La revue des outils d’évaluation de la gestion d’énergie effectuée à la section 2.2 du présent rapport se résume aux approches suivantes :

• Évaluation qualitative utilisant une matrice à pointage des différentes activités prescrites à la pratique de gestion de l’énergie dans l’entreprise. Ce type d’évaluation est utilisé dans « le gros bon $ens » et le programme Energy Star

• Évaluation basée sur une liste de contrôle de 20 à 40 questions. Elle est une approche plus précise que la précédente par le niveau de détails.

• Évaluation combinant une liste de contrôle et l‘analyse comparative. • Mesurage et ciblage utilisant l’outil informatique et les nouvelles technologies de

communication.

La comparaison entre ces différentes approches d’évaluation de l’impact de la gestion de l’énergie est présentée de façon qualitative dans le tableau ci-dessous. Les critères de comparaison retenus sont basés sur les produits livrables d’un système de gestion de l’énergie établis par l’OEE.

Tableau 7 : Comparaison de quatre approches de comptabilité de la gestion de l’énergie

Facteurs Matrice et liste de contrôle détaillée

Liste de contrôle + analyse comparative

Mesurage et ciblage

Détection rapide d’un mauvais rendement

Peu efficace Procédure usuelle d’opération

Efficace si indicateur analysé régulièrement

Très efficace En temps réel

Soutien au processus décisionnel

Délai important (bilan annuel, évidence d’une défectuosité)

Délai important (bilan annuel ou plus régulièrement, évidence d’une défectuosité)

En temps réel, Nombre important de paramètres d’aide à la décision

Rapport sur le rendement Peu efficace, Trop assujetti au gestionnaire

Nécessité de mise à jour des indicateurs dans le sous-secteur

Très efficace, presqu’instantané, suivi de plusieurs paramètres à la fois

Détermination et justification des projets

Moins précis pour la détermination de la ligne de base et le suivi

Précision acceptable basée sur des indicateurs pouvant s’avérer être non-judicieux pour le projet

Très précis avec mesures de paramètres pour l’établissement de la ligne de base et le suivi

Preuve de réussite Difficile à démontrer, subjectivité

Difficile à démontrer, subjectivité

Mesure très détaillée Objectivité

Budgétisation et comptabilité de gestion

Factures et compteurs usuels retenus par le

Factures, compteurs et sous-compteurs

Factures, multiples sous-compteurs, indicateurs,

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Facteurs Matrice et liste de contrôle détaillée

Liste de contrôle + analyse comparative

Mesurage et ciblage

gestionnaire ordinaires, indicateurs pouvant être subjectifs

ordinateurs à distance

Coût Moindre Élevé Plus élevé

À la lumière du tableau comparatif, l’évaluation des résultats fait partie intégrante d’un programme global de gestion de l’énergie. Les approches utilisant une matrice ou une liste de contrôle visent à évaluer les différentes composantes du programme en laissant une place aux indicateurs chiffrés de la réussite ou l’échec du programme. Cette approche d’évaluation du niveau d’atteinte des objectifs de chaque composante est souvent subjective même si des données ou indicateurs de consommation d’énergie sont fournis. En effet, les outils couramment utilisés sont les compteurs principaux et secondaires ou des indicateurs de consommation dans le même sous-secteur. Les paramètres d’ajustement des impacts sont difficilement pris en compte et le niveau de détail pouvant être obtenu ne permet pas souvent de savoir de façon précise les actions et facteurs qui ont eu un impact négatif ou positif sur les économies d’énergie. Ces informations sont utilisées annuellement ou à intervalles de temps importantes pour juger de la performance de l’industrie. Entre deux évaluations, il est impossible de détecter un mauvais rendement en dehors des opérations de maintenance courantes.

Par contre, le mesurage et ciblage permet de surmonter les insuffisances des autres outils de comptabilité de l’énergie. L’outil informatique et la flexibilité offerte par la possibilité de gérer un nombre important de paramètres de fonctionnement permettent de mesurer plus efficacement l’impact réel des actions entreprises. Les informations peuvent être disponibles aux 15 minutes dépendamment du degré de détails visés et l’interface Internet permet d’externaliser facilement l’acquisition des données tout en favorisant des échanges en temps réel. Cela permet d’obtenir un bilan ou des indicateurs presqu’instantané pour aider à la prise de décision en temps réel afin de corriger les anomalies de fonctionnement d’un équipement ou d’un procédé.

Le principal désavantage attribué au mesurage et ciblage est le coût plus élevé que les systèmes ordinaires. Cependant, rapporté au degré de précision et à la flexibilité offerte, un système de mesurage et ciblage présente un ratio coût/bénéfice avantageux (voir Annexe 3 pour plus d’information sur le mesurage et le ciblage).

Le principal handicap de la plupart des programmes existants est le défaut d’information fiable et vérifiable sur leurs impacts réels. Pour l’AEE, s’appuyer sur le mesurage et le ciblage représente une option efficace qui permet de savoir à tout instant les résultats de la mise en œuvre du programme en se basant sur un outil de comptabilité pouvant être géré de façon indépendante.

5.4.2 Outils d’évaluation de programme

Deux types d’évaluation seront nécessaires au cours de l’exécution de ce programme : l’évaluation de la mise en œuvre de la gestion de l’énergie au niveau des industries participantes et l’évaluation de l’atteinte des objectifs globaux du programme au niveau de l’Agence.

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Au niveau de l’entreprise

En ce qui concerne l’évaluation des résultats atteints au niveau des PMI et GI participantes, les outils développés par l’OEE peuvent servir de base pour mesurer le degré de réalisation. Cela pourra comprend la matrice utilisée dans « le gros bon $ens » avec l’évaluation du niveau de réalisation de ses six composantes : l’engagement de la direction, la planification des actions, l’organisation, le financement de projet, le mesurage et les rapports et la communication.

Il faut rappeler que la plupart des programmes utilisent ce format à quelques variances près. Le tableau qui suit montre l’exemple de critères d’évaluation développé par l’OEE. Il s’agira de rendre ce genre de grille de notation moins subjective ou d’ajuster les facteurs de pondération selon l’importance que l’équipe d’implantation voudra donner aux critères.

Tableau 8 : Critères de calcul de la réussite de l’OEE54

L’équipe d’implantation du programme devra développer des outils, tels que des matrices Excel, un modèle de rapport type ou tout autre document générique, pour aider à cette évaluation. En plus des rapports à soumettre par les entreprises, les résultats pourront être vérifiés et validés par une tierce

54 Office de l’efficacité énergétique, 2003, Systèmes d’information sur la gestion de l’énergie

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partie sur un échantillon des entreprises participantes et non participantes. Cette évaluation entre dans le cadre de l’activité A08.

Au niveau des entreprises ayant adopté le mesurage et le ciblage, il sera possible d’obtenir des données mesurées sur les améliorations obtenues. L’annexe 3 donne de plus amples détails sur la contribution efficace du mesurage et ciblage dans la gestion de l’énergie.

Au niveau du programme

Le programme de gestion de l’énergie pris au niveau de l’Agence devra être évalué sur la base des objectifs globaux et spécifiques initialement fixés. Cette évaluation peut inclure les trois principaux éléments décrits ci-dessous:

• L’évaluation du processus. Le but de la composante d’évaluation du processus est de comprendre la conception du programme et ses processus d’opération dans le marché, afin de l’améliorer et d’en augmenter l’efficacité et/ou la performance. Le fonctionnement du programme et son influence sur les différents acteurs du marché seront évalués en utilisant des composantes qualitatives et quantitatives. La composante quantitative inclut le nombre de subventions émis depuis le début du programme ou le nombre de clients participants et non-participants. La composante qualitative inclut les commentaires et point de vue des acteurs du programme sur son succès et son impact.

• L’évaluation du marché : L’objectif de l’évaluation du marché est d’identifier les sources de satisfaction/insatisfaction des participants, de comprendre l’état présent du marché et les changements qui ont eu lieu et d’évaluer la transformation du marché à long terme. Ces sujets seront évalués par des sondages quantitatifs visant les acteurs principaux du marché notamment les industries participantes.

• L’évaluation des impacts : Cette activité produit des estimations de l’impact des économies d’énergie brutes et nettes, annuelles et cumulatives, sur la durée de vie utile des mesures appuyées par le programme. Les résultats de l’évaluation de la théorie et de marché seront pris en compte pour passer des économies brutes aux économies nettes. Les résultats de ces évaluations permettront d’identifier, entre autre, certains effets de distorsion réelle devant être inclus dans l’évaluation des économies nettes.

Il faut noter que les difficultés à évaluer convenablement les résultats d’un programme sont souvent liées à l’inexistence d’une ligne de référence de base claire et fiable surtout sur le plan macroéconomique. C’est pourquoi toutes les hypothèses réalistes de la ligne de référence devront être établies dans la phase de conception détaillée du programme. Le raccourci souvent utilisé est d’évaluer l’impact par rapport aux industries participantes et non au niveau du pays.

En résumé, au cours de l’évaluation du programme, les résultats escomptés seront comparés aux réalisations réelles à mi-parcours et en fin de programme et les impacts à long terme seront projetés. Pour cela un cadre logique doit être établi dans la phase de conception du programme pour établir les objectifs spécifiques, les indicateurs de mesure de la performance réalisée et les critères de niveau de réussite.

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Le tableau suivant présente les grandes lignes du cadre logique global pouvant servir d’outil d’évaluation du programme. Les activités et indicateurs pourront être répartis au niveau des trois composantes de l’évaluation dans la phase de conception détaillée.

Tableau 9 : Cadre logique d’évaluation du programme au niveau de l’agence

# Activités Indicateurs de performance Source des données

A01 Nomination et formation d'une équipe de gestion de programme

• Mise en place de la cellule de gestion • Nombre de ressources humaines • Ressources financières et matérielles

• AEE

A02 Design détaillé du programme • Documents de conception approuvés • AEE

A03 Projets pilotes de gestion de l’énergie/mesurage et ciblage

• Réalisation des projets pilotes • Économie supplémentaire réalisée

• Rapport d’évaluation des projets

A04 Sensibilisation au concept de gestion de l’énergie et engagement de la direction des entreprises

• Nombre de dirigeants engagés • Élaboration de politique et stratégie de

gestion de l’énergie • Nombre d’entreprise ayant un plan

d’action et d’investissement • Nombre de séminaires et ateliers • Publications et publicité dans les médias

• Sondage et rapports

A05 Formation du personnel responsable • Nombre de personnes formées • Nombre d’industries exposées • Nombre d’accréditation

• Rapport d’activités • Sondage de terrain

A06 Appui à l’acquisition d’outils de collecte et d’analyses données

• Compteurs d’énergie installés • Disponibilité de données énergétiques

mesurées

• Rapport des entreprises

• AEE

A07 Appui au processus de gestion en continue

• Affectation effective de personnes • Reconnaissance et motivation du

personnel • Rapport de suivi

• Rapports • Sondage

A08 Validation des résultats obtenus dans le cadre du programme

• Nombre d’entreprises participantes • Niveau de pratique de la gestion de

l’énergie • Rapports reçus • Énergie économisée

• Rapports d’évaluation des entreprises

A09 Reconnaissance pour les PMI et GI méritoires et diffusion des résultats

• Nombre d’entreprises ayant atteint le seuil minimum d’économie

• Nombre d’activités de reconnaissance

• Rapports des entreprises

• AEE

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# Activités Indicateurs de performance Source des données

• Diffusion des résultats par divers canaux

A10 Évaluation de programme • Rapport d’évaluation • AEE

5.5 ÉVALUATION DE LA RENTABILITÉ DU PROGRAMME

Les différentes hypothèses sur lesquelles se basent les évaluations de la rentabilité du programme ont été présentées dans ce chapitre. Ensuite ont été présentés les résultats des évaluations pour les trois tests de rentabilité pertinents, soit le test de coût total en ressource (TCTR), le test de neutralité tarifaire (TNT), et le test du participant (TP).

L’évaluation n’a pas fait de distinction entre PMI et GI; en plus l’ensemble des entreprises répertoriées dans l’activité industrielle ont été utilisées. Il est clair que les besoins des PMI et des GI sont différents et les coûts pouvant être absorbés pour la gestion de l’énergie dans ces deux catégories sont nécessairement différents. Pour cette première analyse, les chiffres globaux sont dérivés des données macro tout en sachant que dans une phase de design plus approfondie du programme, une analyse différentielle devra être menée pour refléter les besoins et les réalités de chaque catégorie d’industries et restreindre l’étude à un nombre d’industries ayant un seuil minimum de consommation d’énergie.

De toutes les hypothèses à considérer pour calculer la rentabilité du programme, certaines portent sur les éléments suivants :

• le calendrier d’implantation; • l’impact du programme de gestion de l’énergie; • les coûts du programme; • les coûts et tarifs de l’énergie; • la facturation totale énergétique du secteur industriel; • les gaz à effet de serre; • les paramètres financiers.

Chaque élément est présenté dans l’ordre dans les paragraphes suivants.

Hypothèse sur le calendrier d’implantation

Pour fin d’évaluation de rentabilité du programme, un calendrier d’implantation hypothétique a été établi comme ci-dessous :

• 2008 : design détaillé, ententes de financement, et formation de l’équipe d’implantation de programme,

• 2009 - 2016 inclusivement : activité de communication (sensibilisation, promotion du programme),

• 2009 : activité d’adaptation de la formation de gestionnaire de l’énergie,

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• 2009 - 2010 inclusivement : subvention pour les projets pilotes de gestion; • 2010 - 2014 inclusivement : subvention pour l’installation de système de sous-mesurage, • 2011 - 2015 inclusivement : subvention du coût annuel de gestion de l’énergie pour trois ans • 2017 : les derniers paiements, ceux des ententes d’aide financière conclues en 2015, auraient

lieu cette année-là.

Hypothèses sur l’impact de la mesure d’économie d’énergie

Un taux de pénétration du marché par le programme de 0,5 % par année a été utilisé. Par conséquent, on suppose que 0,5 % des PMI et GI au Québec commenceront à participer au programme à chaque année. Le nombre d’entreprises participantes sera cumulatif, il s’agit d’une simplification car, en réalité, le taux de pénétration augmentera au fur et à mesure que le programme progressera. Cependant, la simplification facilitera les calculs; ce qui convient à un design préliminaire. À titre informatif, selon l’Institut de la statistique du Québec il y avait 15 251 PMI et GI au Québec en 2003 (voir Tableau 3). Par conséquent, il devrait y avoir 76 nouveaux participants s’ajoutant au programme à chaque année, et ce sur cinq ans (2010-2014).

La littérature sur l’impact de l’instauration de gestion de l’énergie dans l’industrie indique un impact de 3 % à 10 % d’économie55 sur la facturation dû à l’application de la gestion de l’énergie. Nous avons donc choisi d’utiliser 5 % par rapport à la facturation énergétique annuelle globale comme indice pour calculer l’impact en économie brute sur la facturation.

Du 5 % de potentiel d’économie, il a été décidé de considérer qu’il y a 10 % de cette économie qui est dû exclusivement à l’examen de la facturation : optimisation tarifaire, négociation de contrat d’approvisionnement, et vérification de factures. Donc 0,5 % (5 % x 10 %) par rapport à la facturation globale sera économisé sans qu’il n’y ait aucune économie technique. Cela sera pris en compte au moment du calcul de la valeur de l’énergie économisée.

En ce qui concerne les projets pilotes de gestion de l’énergie, il a été pris pour hypothèse qu’ils généreront 2,5 % de plus d’économie brute par année par rapport à la facturation actuelle du participant.

Pour les principaux effets de distorsion de ce programme de gestion de l’énergie, les hypothèses suivantes ont été posées :

55 Intelligent Energy – Europe. 2007. Benchmarking and Energy management Schemes in SMEs. Public Final Report.

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• Effet croisé: 0 % par rapport à l’économie brute de facturation. Il est non pertinent parce que par définition, l'indice utilisé pour calculer l'économie générée par cette mesure (5 % par rapport à la facturation globale) considère toutes formes d'énergie confondues.

• Effet cumulatif: 0 % par rapport à l’économie brute de facturation pour la même raison que l’effet croisé.

• Effet de reprise: 0 % par rapport à l’économie brute de facturation. L’effet de reprise est non-pertinent parce que par définition, ce programme est, en soit, un effet de reprise.

• Effet d'opportunisme: - 20 % par rapport à l’économie brute. Ce gain est dû à certaines entreprises, surtout les GI qui pratiquent la gestion de l’énergie avec ou sans le programme.

• Effet de bénévolat: + 20 % par rapport à l’économie brute de facturation parce que cela semble raisonnable compte tenu qu’à terme ce programme changera le marché au point où il ne sera plus nécessaire de subventionner pour que les PMI et GI se dotent de systèmes de gestion de l’énergie.

• Effet d'entraînement: + 30 % parce que cette mesure a pour effet d’inciter les entreprises à investir en efficacité énergétique.

• Effet d'effritement: - 30 % par rapport à l’économie brute de facturation de trois ans avant. Autrement dit, 30 % des participants abandonneront cette pratique de gestion dès lors que la subvention arrêtera.

• Effet de renouvellement: 0 % par rapport à l’économie brute puisque cet effet est tenu en compte dans l'évaluation de l’effritement.

À noter que la nomenclature des effets de distorsion est telle que spécifiée par l’AEE du Québec56. Bien entendu, l’économie nette est calculée en faisant le bilan de l’économie brute et des effets de distorsion.

Il a été pris pour hypothèse que certaines sources d’énergie, comme le coke et le gaz de fours à coke, les déchets ligneux, la liqueur résiduaire, et les autres (vapeur et combustibles résiduaires), ne seront pas économisés grâce à cette mesure étant donné leur faible coût.

Hypothèses sur les coûts du programme

Les coûts d’installation d’un système de gestion de l’énergie ont été calculés par rapport au seuil maximum de la subvention, c'est-à-dire 5 % de la facturation énergétique annuelle de chacune des entreprises industrielles participantes. Il a été pris pour hypothèse qu’en moyenne, la subvention s’élèvera à 90 % du montant d’aide financière maximum alloué. Il a été pris pour hypothèse, que puisque certaines subventions ne suffiront pas pour couvrir les investissements initiaux totaux, en

56 Ménard, R., Description des tests, Agence de l’Efficacité Énergétique du Québec, Juin 2007, Québec, Canada

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moyenne les participants auront un coût de 20 % par rapport au montant d’aide financière maximum alloué.

Les frais de gestion de l’énergie des entreprises industrielles participantes devraient être gardés bas : en moyenne 2 % de leur facturation énergétique par année. Ces frais de gestion seront subventionnés pendant trois ans : la première année la subvention s’élèvera à 50 % du montant total des frais, la deuxième année à 35 % et la troisième année à 25 %. À chaque année seront choisis aléatoirement 25 % des participants pour vérification de leurs activités de gestion de l’énergie.

Les coûts de main d’œuvre ont été calculés en utilisant les taux journaliers présentés au tableau suivant. Ces taux sont des valeurs moyennes déterminées sur la base l’Enquête sur la rémunération globale au Québec en 2005 réalisée par l’institut de la Statistique du Québec57.

Tableau 10 : Coût journalier de la main d’œuvre pour 2007

Profil de la main d’œuvre Coûtant pour consultant, ou coût de l'employé par jour

(CAD)

Consultant - Profil ingénieur - 15 ans d’expérience 850

Consultant - Profil ingénieur - 5 ans d’expérience 680

Consultant - Profil économiste ou marketing - 15 ans d’expérience 750

Consultant - Profil économiste ou marketing - 5 ans d’expérience 600

Personnel interne - Profil ingénieur - 15 ans d’expérience 476

Personnel interne - Profil ingénieur - 5 ans d’expérience 381

Personnel interne - Profil économiste ou marketing - 15 ans d’expérience 420

Personnel interne - Profil économiste ou marketing - 5 ans d’expérience 336

*Tous ces taux sont ajustés et incluent salaire, infrastructure, bénéfices sociaux et, quand applicable, profit du consultant. Voir quelques détails dans le chiffrier Excel.

Les hypothèses sur le temps nécessaire à la réalisation de chacune des tâches sont trop nombreuses pour être présentées dans ce rapport. Chacune de ces hypothèses, prise isolément, a une influence mineure sur le résultat final des tests de rentabilité.

En ce qui concerne les projets pilotes de gestion de l’énergie par mesurage et ciblage (M&T), il a été pris pour hypothèse que chaque projet coûtera 100 000 $ qui seront financé à 80 % par l’aide financière du programme. Le nombre de projets pilotes de cette nature sera limité à 20 dont la moitié

57 Institut de la Statistique du Québec, 2005. Travail et rémunération : Rapport de l’enquête sur la rémunération globale au Québec en 2005

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sera implantée en 2009 et l’autre moitié en 2010. L’hypothèse a été faite que les 10 projets pilotes en 2010 (deuxième année) seront déduits du nombre total de participants de cette année où débutent l’octroi de la subvention financière pour l’ensemble du programme.

Hypothèses sur les coûts et tarifs de l’énergie

Puisque les économies du programme seront calculées dans un premier temps en termes d’économie de facturation, toute forme d’énergie confondue, il est nécessaire de déterminer un tarif moyen de l’énergie en $ par GJ pour déterminer l’économie technique compte tenu d’une économie monétaire.

Pour se faire, il a été pris pour hypothèse que la ventilation de l’économie d’énergie (technique) générée par le programme par type (électricité, gaz, mazout, etc.) sera identique à la ventilation de l’énergie par type utilisés dans le secteur industriel; ventilation calculée en excluant les sources d’énergie à bas coût ou aucun coût. Cette ventilation est calculée à l’aide des données du Tableau 2, excluant le coke et gaz de fours à coke, les déchets ligneux et liqueur résiduaire, et les autres (vapeur et combustibles résiduaires).

Il faut tenir compte du fait que moins de données sont disponibles pour le charbon au Québec. Les hypothèses pour le charbon sont donc plus imprécises. Cela ne devrait pas avoir de conséquence majeur sur la précision générale du calcul parce que le charbon a une contribution mineure au mélange énergétique des industries au Québec.

En se basant sur cette hypothèse, il est possible de calculer un tarif moyen de l’énergie en $ par GJ en faisant la moyenne pondérée telle que présentée dans le tableau suivant.

Tableau 11 : Calcul du prix moyen de l’énergie (tarif) économisée

Type d’énergie Unité Prix l'unité*

Facteur de conversion**

(GJ/unité)

Prix de l’énergie

($/GJ)

Ventilation hyp. des

économies ***

Prix x Ventilation

($/GJ)

Électricité (industriel) kWh 0,0394 $ 0,0036 10,94 $ 61 % 6,70 $ Gaz naturel (industriel) m3 0,4285 $ 0,0383 11,19 $ 21 % 2,29 $ Mazout lourd (industriel) Litre 0,3590 $ 0,0429 8,38 $ 11 % 0,92 $ Mazout léger et diesel Litre 0,8845 $ 0,0383 23,09 $ 4 % 0,98 $ Charbon tonne 0,0410 $ 0,0295 1,39 $ 3 % 0,04 $ Total (Moyenne Pondérée) 10,94 $ * Selon Ressources naturelles et Faune Québec, pour 2005 Charbon : Energy Information Administration USA, Table 7.8 Coal Prices 1949 - 2006, 41 CAD la tonne d’anthracite en 2005. ** ASHRAE Fundamentals 2005 Chapitre 18, Ressources naturelles et Faune Québec, Statistiques Canada, Office nationale de l’énergie. Conversion énergétique du charbon valeur typique pour l’anthracite. *** Voir Tableau 2, excluant le coke et gaz de fours à coke, les déchets ligneux et liqueur résiduaire, et les autres (vapeur et combustibles résiduaires)

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Le prix moyen de l’énergie pour les participants est donc, par hypothèse, de 10,94 $/GJ.

Puisqu’il faut transformer les économies techniques en coût de l’énergie pour la société – et pour le distributeur - il a été nécessaire de calculer un coût moyen en $ par GJ pour tous les types confondus d’énergie économisée. Les coûts évités de l’énergie tirés de différents rapports récents réalisés pour Hydro-Québec et Gaz Métro et les prix de produits pétroliers publiés par la Régie de l’énergie ont été utilisés. La même méthode de moyenne pondérée a été appliquée.

Tableau 12 : Calcul du coût moyen de l’énergie économisée

Type d’énergie Unité Coût évité de l’unité*

Facteur de conversion**

(GJ/unité)

Coût évité de l’énergie

($/GJ)

Ventilation hyp. des

économies ***

Coût x Ventilation

($/GJ)

Électricité (industriel) kWh 0.0800 $ 0,0036 22,22 $ 61 % 13,61 $ Gaz naturel (industriel) m3 0.3500 $ 0,0383 9,14 $ 21 % 1,87 $ Mazout lourd (industriel) Litre 0,3537 $ 0,0429 8,25 $ 11 % 0,91 $ Mazout et diesel Litre 0,6000 $ 0,0383 15,67 $ 4 % 0,66 $ Charbon tonne 0.0335 $ 0,0295 1,14 $ 3 % 0,03 $ Total (Moyenne Pondérée) 17,09 $

* Électricité : Hydro-Québec Distribution, Annexe D Potentiel Technico-économique d’économies d’énergie électrique, , Septembre 2005, tableau « Coûts évités utilisés ». Valeur moyenne, 5 ans. Gaz naturel : Gaz Métro, Évaluation du potentiel technico-économique d’économie d’énergie pour Gaz Métro Marché industriel, Avril 2007, tableau 9, 3 ans. Mazout et diesel : par hypothèse le coût évité est le prix de vente à la rampe publié par la Régie de l’énergie, 2005. Charbon : par hypothèse le ratio coût par rapport au prix de vente est identique à celui pour le gaz naturel. ** ASHRAE Fundamentals 2005 Chapitre 18, Ressources Naturelles et Faune Québec, Statistiques Canada, Office Nationale de l’Énergie. Conversion énergétique du charbon valeur typique pour l’anthracite. *** Voir Tableau 2, excluant le coke et gaz de fours à coke, les déchets ligneux et liqueur résiduaire, et les autres (vapeur et combustibles résiduaires)

Le coût moyen de l’énergie pour les distributeurs et la société est donc, par hypothèse, 17,09 $/GJ.

Hypothèses sur la facturation totale énergétique du secteur industriel

Selon l’Institut de la statistique du Québec, la facturation totale énergétique des GI et PMI au Québec en 2005 s’élevait à 4 264 000 000 $ (voir Tableau 3) incluant les combustibles (gaz, mazout, diesel et autres) et l’électricité. Les économies d’énergie seront prises par hypothèse sur cette facture. Le charbon, le coke et le gaz de fours à coke, les déchets ligneux et liqueur résiduaire, et les autres (vapeur et combustibles résiduaires) seront négligés dans la facturation totale. Ils ont un apport négligeable dans le mélange énergétique global – sauf pour certains secteurs industriels bien entendu – et sont des sources d’énergie à bas prix.

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Hypothèses sur les gaz à effet de serre

Pour calculer la réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES) due à la mesure en partant d’une économie d’énergie technique en GJ, il est nécessaire de développer un facteur d’émission de GES.

Pour se faire, il a été pris pour hypothèse que la ventilation de l’économie d’énergie (technique) générée par le programme par type (électricité, gaz, mazout, etc.) sera identique à la ventilation de l’énergie par type utilisé dans le secteur industriel; ventilation calculée en excluant les sources d’énergie à bas coût ou aucun coût. Cette ventilation est calculée à l’aide des données du Tableau 2, excluant le coke et gaz de fours à coke, les déchets ligneux et liqueur résiduaire, et les autres (vapeur et combustibles résiduaires). En se basant sur cette hypothèse, il est possible de calculer un facteur en termes de tonne de dioxyde de carbone équivalent (tCO2e) par GJ économisé en faisant la moyenne pondérée, tel que présenté dans le tableau suivant.

Tableau 13 : Calcul du facteur d’émission de GES

Type d’énergie Ventilation

hypothétique des économies*

Facteur d'émission** (tCO2e/GJ)

Ventilation x Facteur

(tCO2e/GJ)

Électricité 61 % 0,0961 0,05885 Gaz naturel 21 % 0,0497 0,01020 Mazout lourd 11 % 0,0748 0,00820 Carburant diesel 4 % 0,0700 0,00297 Charbon 3 % 0,0939 0,00286

Total (facteur 'émission) 0,08308 * Voir Tableau 2, excluant le coke et gaz de fours à coke, les déchets ligneux et liqueur résiduaire, et les autres (vapeur et combustibles résiduaires) ** Tiré de RETScreen, modèle CHP version 3, incluant CH4 et N2O, les données de RETScreen proviennent du GIEC. Le facteur d’émission de l’électricité est celui utilisé par le MDDEP (0,346 tCO2e/MWh)

Pour donner une valeur monétaire aux bénéfices liés à la réduction d’émission de GES, le prix de 15 $ par tCO2e a été utilisé. Cette valeur est le prix plafond implicite instauré par le gouvernement canadien dans son plan d'action pour réduire les GES et la pollution atmosphérique, c'est-à-dire la contribution réglementaire par tonne d’émission non-réduite à verser au « Fonds technologique pour lutter contre les changements climatiques » de 2009 à 2018. La valeur monétaire des bénéfices liés à la réduction d’émission servira pour le TCTR.

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Rapport Final

Econoler 53

Hypothèses sur les paramètres financiers

Une inflation du coût de la vie moyenne annuelle 2 %58 pour les dix prochaines années a été utilisée et se reflétera sur les coûts d’opération du programme. Un taux d’escalade du coût de l’énergie de 2 % par année pour les dix prochaines années a été utilisé pour représenter l’augmentation à prévoir des bénéfices du programme.

Pour le TCTR et le TNT, toutes les dépenses de même que les économies ont été actualisées pour l’année 2008 avec un taux de 6 %, prenant pour hypothèse que ça serait le rendement requis par le gouvernement sachant que l’inflation a été prise en compte. Les dépenses des participants ont été aussi actualisées avec 6 %.

La période d’actualisation doit être déterminée par la durée de vie du programme de gestion de l’énergie. Il est difficile d’évaluer la durée de vie de ce programme, c'est-à-dire la gestion de l’énergie, parce qu’il ne s’agit pas d’un équipement, par exemple, sur lequel peut être appliqué un test de demi-vie. Il s’agit de l’implantation d’une bonne pratique de gestion durable. Il est toutefois réaliste que cette pratique de gestion durera en moyenne 10 ans avant d’être remplacée par une autre pratique de gestion plus à la mode ou tout simplement abandonnée à cause d’un changement d’administration ou d’une restructuration.

Par conséquent, l’actualisation des coûts et des économies nécessaires aux tests TCTR et TNT faite sur 10 ans à partir de la première année d’implantation de système par un participant : les coûts et les économies de 2008 à 2018 inclusivement. Il faut savoir qu’il n’y a pas d’économies avant 2010 (en partant sur la base d’un bilan annuel), c’est-à-dire l’année suivant les premières implantations de système de gestion de l’énergie (mesurage et sous-mesurage).

Pour le TP, le test a été fait de 2009 à 2018 inclusivement; 2009 étant l’année de la première implantation de système par un participant (projets pilotes) et 2010 à 2018 les 9 années d’économies.

58 Economist Intelligence Unit, Canada’s Economic data, Nov 7th 2007, UK

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Econoler 54

Coût du programme ventilé par activité

Les coûts actualisés du programme pour 2008 sur les 10 ans de déboursés sont présentés dans le tableau ci-dessous et ventilés par activité. Compte tenu des coûts des participants, le programme au complet coûtera environ 17 million $ à la société.

Tableau 14 : Coûts totaux du programme actualisés en 2008 et ventilés par activité

Numéro de

l'activité Description courte de l'activité

Coût en services

externalisés, fixes

(développement et promotion)

Coûts internes de l'agence

d'implantation, frais fixes

(développement et promotion)

Coûts internes de l'agence

d'implantation, frais variables

(inspection, analyse de

dossier)

Coût de main

d'œuvre total

Aide financière

aux participants

Coûts des participants

Coût totaux

Pourcentage du coût de

projet

A01 Nomination et formation d'une équipe de gestion de programme 9 000 $ 12 000 $ 0 $ 21 000 $ 0 $ 0 $ 21 000 $ 0.1%

A02 Design détaillé du programme 150 000 $ 62 720 $ 0 $ 212 720 $ 0 $ 0 $ 212 720 $ 1.2%

A03 Projets pilotes de gestion de l'énergie 0 $ 0 $ 185 000 $ 185 000 $ 1 454 000 $ 363 000 $ 2 002 000 $ 11.7%

A04 Sensibilisation au concept de gestion de l’énergie et engagement de la direction de l'entreprise

275 000 $ 85 000 $ 0 $ 360 000 $ 0 $ 0 $ 360 000 $ 2.1%

A05 Formation du personnel responsable 200 000 $ 7 000 $ 0 $ 207 000 $ 0 $ 0 $ 207 000 $ 1.2%

A06 Appui à l’acquisition d’outils de collecte et d’analyse de données 0 $ 0 $ 837 000 $ 837 000 $ 3 481 000 $ 774 000 $ 5 092 000 $ 29.9%

A07 Appui au processus de gestion en continue 0 $ 0 $ 159 000 $ 159 000 $ 1 519 000 $ 6 515 000 $ 8 193 000 $ 48.1%

A08 Validation des résultats obtenus dans le cadre du programme 0 $ 0 $ 436 000 $ 436 000 $ 0 $ 0 $ 436 000 $ 2.6%

A09 Reconnaissance pour les PMI et GI méritoires et diffusion des résultats 0 $ 0 $ 201 000 $ 201 000 $ 0 $ 0 $ 201 000 $ 1.2%

A10 Évaluation de programme 257 000 $ 68 000 $ 0 $ 325 000 $ 0 $ 0 $ 325 000 $ 1.9%

TOTAL 891 000 $ 234 720 $ 1 818 000 $ 2 943 720 $ 6 454 000 $ 7 652 000 $ 17 049 720 $ 100.0%

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Econoler 55

Les résultats des tests de rentabilité sont présentés et interprétés dans les paragraphes et tableaux suivants. À noter que ces tests ont été réalisés en suivant la méthodologie et la nomenclature tel que spécifié par l’AEE du Québec59. Les principales hypothèses ayant mené à ces résultats ont été présentées et justifiées dans les pages précédentes de ce rapport.

Test du coût total en ressources

Les résultats du TCTR démontrent que ce programme est rentable pour la société. Les résultats sont présentés au tableau suivant :

Tableau 15 : Résultats du test du coût total en ressources

Bénéfice Coût Ratio coût/bénéfice Soustraction

36 500 000 $ 17 050 000 $ 0,47 19 450 000 $

À noter que ces résultats sont actualisés en 2008, année prévue de conception de programme, et sur 10 ans. Les bénéfices intègrent les réductions de gaz à effet de serre. Le ratio coût/bénéfice sans le bénéfice environnemental serait de 0,51. Le programme permettra d’économiser environ 3 400 TJ et d’éviter 282 000 tCO2e sur dix ans.

Tests du participant

Deux TP ont été effectués : le premier pour un participant type adhérant seulement à la gestion de l’énergie; et le second adhérant à la gestion de l’énergie avec l’option de mesurage et ciblage (projet pilote). Les résultats des deux TP effectués démontrent que ce programme est rentable pour les PMI et GI québécoises dans les deux cas. Les résultats sont présentés aux tableaux suivants :

Tableau 16 : Résultats du test du participant au programme de gestion simple

Bénéfice Coût Ratio coût/bénéfice Soustraction

83 000 $ 27 000 $ 0,33 56 000 $

Tableau 17 : Résultats du test du participant au programme de gestion et de mesurage et ciblage

Bénéfice Coût Ratio coût/bénéfice Soustraction

147 000 $ 46 200 $ 0,31 100 800 $

59 Ménard, R., Description des tests, Agence de l’Efficacité Énergétique du Québec, Juin 2007, Québec, Canada

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Econoler 56

Ces tests ont été réalisés pour des participants types adhérant au programme dès 2010; qui sera donc l’année de leur investissement dans le nouveau système de gestion. Dans le cas du participant aux projets pilotes de gestion de l’énergie, il faut noter qu’il y aura un investissement supplémentaire à ce projet pilote. Les résultats sont actualisés en 2009 et sur dix ans. Les deux participants types réaliseront une économie annuelle récurrente sur leur facturation énergétique grâce à la mesure de gestion à partir 2010 et 2011 la gestion avec M&T et pour gestion simple respectivement. Le participant qui implantera le mesurage et ciblage réalisera une économie supplémentaire.

Test de neutralité tarifaire

Les résultats du TNT démontrent qu’en moyenne ce programme est rentable pour les distributeurs. Les résultats sont présentés au tableau suivant :

Tableau 18 : Résultats du test de neutralité tarifaire

Bénéfice Coût Ratio coût/bénéfice Soustraction

33 840 000 $ 24 100 000 $ 0,71 9 740 000 $

À noter que ces résultats sont actualisés en 2008, année prévue de conception de programme, et sur 10 ans. Par hypothèse, les investissements des distributeurs d’énergie sont nuls parce qu’il ne s’agit pas d’un programme de gestion de la demande énergétique implanté par eux; mais par une unité de travail au sein de l’AEE. Donc pour le TNT, les coûts pour les distributeurs se limitent aux pertes de vente.

Les résultats du TNT ont été présentés sur une base agrégée pour tous les distributeurs. Étant donné que les coûts marginaux de production de l’énergie sont beaucoup plus élevés pour le distributeur d’électricité (voir même plus élevé que le prix de vente) que pour les distributeurs de combustibles fossiles, il est à prévoir que ce programme sera rentable pour le distributeur d’électricité mais pas pour les distributeurs de combustibles fossiles. Il est, par hypothèse, prévu que 61 % de l’économie d’énergie sera de type électrique, et de ce fait, en moyenne ce programme est rentable du point de vue du distributeur.

De tous les intervenants, c’est le participant qui bénéficiera le plus du programme puisque son ratio coût/bénéfice est aussi bas que 0,33; comparé à 0,47 pour la société et 0,71 en moyenne pour le distributeur.

ANNEXES

Econoler A1-1

ANNEXE 1 – MATRICES D’ÉVALUATION DE PROGRAMMES DE GESTION DE L’ÉNERGIE

Matrice d’évaluation d’un programme de gestion de l’énergie dans l’industrie (Energy Star)

Little or no evidence Some elements Fully implemented Next Steps

Energy Director No central or organizational resource Decentralized management

Central or organizational resource not empowered

Empowered central or organizational leader with senior management support

Energy Team No company energy network Informal organization Active cross-functional team guiding energy program

Energy Policy No formal policy Referenced in environmental or other policies

Formal stand-alone EE policy endorsed by senior mgmt.

Gather and Track Data Little metering/no tracking Local or partial metering/tracking/reporting

All facilities report for central consolidation/analysis

Normalize Not addressed Some unit measures or weather adjustments

All meaningful adjustments for organizational analysis

Establish baselines No baselines Various facility-established Standardized organizational base year and metric established

Benchmark Not addressed or only same site historical comparisons

Some internal comparisons among company sites

Regular internal & external comparisons & analyses

Analyze Not addressed Some attempt to identify and correct spikes

Profiles identifying trends, peaks, valleys & causes

Technical assessments and audits Not conducted Internal facility reviews Reviews by multi-functional team of professionals

Determine scope No quantifiable goals Short term facility goals or nominal corporate goals

Short & long term facility and corporate goals

Estimate potential for improvement No process in place Specific projects based on limited vendor projections

Facility & organization defined based on experience

Establish goals Not addressed Loosely defined or sporadically applied Specific & quantifiable at various organizational levels

Define technical steps and targets Not addressed Facility-level consideration as opportunities occur

Detailed multi-level targets with timelines to close gaps

Determine roles and resources Not addressed or done on ad hoc basis Informal interested person competes for funding

Internal/external roles defined & funding identified

Create a communication plan Not addressed Tools targeted for some groups used occasionally

All stakeholders are addressed on regular basis

Raise awareness No promotion of energy efficiency Periodic references to energy initiatives All levels of organization support energy goals

Build capacity Indirect training only Some training for key individuals Broad training/certification in technology & best practices

Motivate No or occasional contact with energy users and staff

Threats for non-performance or periodic reminders

Recognition, financial & performance incentives

Track and monitor No system for monitoring progress Annual reviews by facilities Regular reviews & updates of centralized system

Measure results No reviews Historical comparisons Compare usage & costs vs. goals, plans, competitors

Review action plan No reviews Informal check on progress Revise plan based on results, feedback & business factors

Provide internal recognition Not addressed Identify successful projects Acknowledge contributions of individuals, teams, facilities

Get external recognition Not sought Incidental or vendor acknowledgement Government/third party highlighting achievements

Make Commitment to Continuous Improvement

ENERGY STAR® Energy Management Assessment Matrix

Evaluate Progress

Recognize Achievements

Implement Action Plan

Create Action Plan

Set Performance Goals

Assess Performance and Opportunities

Econoler A1-2

Matrice d’évaluation d’un programme de gestion de l’énergie d’une entreprise (OEE, 2003)

Econoler A2-1

ANNEXE 2 – CARACTÉRISTIQUES DES PRINCIPALES NORMES EXISTANTES

Caractéristiques des normes de gestion de l’énergie existantes60

Contexte programmatique des normes existantes

60 Aimee Mckane. 2007. Industrial Energy Management : Issues Paper. LBNL, UNIDO

Econoler A3-1

ANNEXE 3 – MESURAGE ET CIBLAGE61

Introduction

Le mesurage et ciblage d'énergie est une technique d’efficacité énergétique fondée sur l’axiome de norme de gestion qui dit que « vous ne pouvez pas gérer ce que vous ne pouvez pas mesurer ». Les techniques de M&C fournissent aux gestionnaires d’énergie, une rétroaction sur les pratiques de fonctionnement, des résultats de projets de gestion d'énergie, et donnent un aperçu de la consommation d’énergie attendue pour une période donnée.

Déterminer la relation entre la consommation énergétique et certains indicateurs de performance (production, température, etc.) accorde un certain nombre d’avantages aux gestionnaires d’entreprise:

• Reconnaître et expliquer une hausse ou une baisse de la consommation énergétique • Constater les tendances de consommation énergétique (hebdomadaires, saisonnières, opérationnelles,

etc.) • Décider de l'utilisation énergétique future lors de la planification de modifications à l’entreprise • Diagnostiquer les zones de gaspillage d'énergie • Observer les réactions passées de l’entreprise à certains changements • Développer des cibles de performance pour des programmes de gestion énergétique • Gérer leur consommation énergétique, plutôt que de l’accepter comme un coût fixe sur lequel ils n’ont

aucun contrôle.

Le but ultime du M&C est de réduire les coûts énergétiques par le biais d’une efficacité et d’une gestion énergétique améliorée. D’autres avantages comprennent généralement une efficacité des ressources accrues, un meilleur contrôle du budget de production et une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Histoire

Le M&C est une technique établie qui a fait ses preuves. D’abord un programme national en Grande-Bretagne en 1980, la technique s’est répandue en Europe et sa réputation s’étend graduellement en Amérique.

Objectifs et avantages

Un certain nombre d’avantages ont été rencontrés de façon systématique dans les divers projets implantés depuis 1980 :

• Économie des coûts d’énergie : variant en général entre 5 % et 15 % de la facture totale d’énergie • Réduction des émissions de GES : une consommation moins élevée d’énergie aide à réduire les

émissions • Financement : mesurer vos réductions énergétiques permet d’obtenir du financement pour des projets

d’efficacité énergétique • Plus grande facilité à déterminer le prix coûtant des produits et services : le comptage divisionnaire

permet de fractionner la facture énergétique en fonction des différents opérations d’une industrie, et ainsi de s’en servir pour calculer les coûts de production

• Budget amélioré : les techniques de M&C aident à prévoir les dépenses énergétiques; par exemple, lors de modifications dans l’entreprise

• Réduction du gaspillage : aide à constater tout gaspillage d’énergie dans les processus technique.

61 Tiré du site d’ENER21 : www.ener21.com

Econoler A3-2

Principes de base

Les techniques de mesurage et ciblage reposent sur trois principes de base qui forment un cycle de rétroaction continue, permettant d’améliorer le contrôle de l’utilisation d’énergie.

Mesurage

Le mesurage est la collecte régulière d’information sur l’utilisation d’énergie, afin d’établir une base pour la gestion énergétique et expliquer les écarts par rapport au modèle établi. Le but premier est de maintenir le modèle en question en fournissant toutes les données nécessaires concernant la consommation énergétique et certaines variables clés ainsi identifiées au cours de l’investigation préliminaire (production, météo, etc.).

Ciblage

Le ciblage consiste à définir le niveau de consommation énergétique souhaitable, selon la direction. Les cibles sont établies à partir de connaissances préalablement acquises au cours de l’étape de mesurage ainsi que d’une connaissance étroite de l’entreprise. Ce sont des objectifs à atteindre; en conséquence, devant représenter un défi tout en demeurant atteignables.

Compte-rendu

Le dernier principe est celui-là même qui permet un contrôle continu de l’utilisation d’énergie, de l’atteinte des cibles et de la vérification des économies : des rapports doivent être produits pour la direction. Ceci permet ensuite la prise de décisions et d’actions concrètes afin d’atteindre les objectifs, de même que la confirmation ou la dénégation de l’atteinte des objectifs.

Procédures

Avant d’implanter les mesures de M&C proprement dites, quelques étapes préparatoires sont nécessaires. D’abord, il faut trouver les principaux consommateurs d’énergie sur le site. En général, la plus grande consommation d'énergie d'un site provient d'un petit nombre de procédés, comme le chauffage ou certaines pièces d’équipement. Ceci nécessite généralement une étude détaillée de l’édifice afin de pouvoir estimer le niveau de consommation énergétique des différents processus.

Il est aussi nécessaire de déterminer quelles autres mesures devront être prises pour analyser correctement la consommation. Ces données seront mises en relation avec la consommation énergétique : ce sont les facteurs qui influencent la consommation, généralement la production (pour des processus d’industrie) ou la température extérieure (pour des processus de chauffage), mais cela peut inclure encore toute une variété d’autres facteurs. Une fois que toutes les variables ont été établies et que les compteurs nécessaires ont été installés, il est possible de commencer les procédures de M&C.

1- Mesurer

La première étape consiste à compiler les données des différents compteurs. Ceci se fait généralement par informatique, bien qu’il soit possible de le faire manuellement, avec un nombre restreint de compteurs. La fréquence à laquelle les données sont compilées varie en fonction de la précision désirée, mais peut aller d’une fois par jour à une fois toutes les 15 minutes. Certaines mesures sont relevées directement du compteur, d’autres doivent être calculées. On les appelle parfois des « canaux ».

2- Définir la ligne de base

Les données compilées sont ensuite reportées sur un graphique afin de déterminer la ligne de base générale de la consommation. On dessine un graphique en nuage de points, représentant les taux de consommation en fonction d’une des autres variables préalablement déterminées, et on définit la meilleure ligne possible. Ce graphique illustre la performance énergétique moyenne de l’édifice, et on peut en soutirer beaucoup d’information :

Econoler A3-3

• Le segment sur l’axe des "y" indique la consommation minimale en l’absence de l’autre variable (aucune production, zéro degré-jour, etc.). C’est la charge de base du système, la consommation minimale lorsqu’il ne fonctionne pas.

• La pente représente la relation entre la consommation et la variable préalablement identifiée. Ceci illustre l’efficacité du processus.

• La dispersion des points sur le graphique illustre le degré de variabilité de la consommation avec des facteurs opérationnels.

La pente n’est pas utilisée très souvent en M&C. Un segment élevé sur l’axe des y, par contre, peut signifier qu’il y a un défaut dans le système qui lui fait consommer trop d’énergie même sans rendement, à moins que le procédé ait certaines caractéristiques particulières qui entraînent une charge de base élevée. Des points très dispersés, pour leur part, peuvent illustrer que d’autres facteurs significatifs que celui initialement mesuré influencent la variation de la consommation énergétique, mais peuvent également démontrer un manque de contrôle sur le procédé.

3- Contrôler les variations

La prochaine étape consiste à mesurer et surveiller les différences entre la consommation attendue et la consommation réelle mesurée. Un des outils les plus couramment utilisés est le CUSUM, (carte à somme cumulée). Ceci consiste à calculer d’abord la différence entre les performances réelles et attendues (la ligne de base déjà identifiée et les points eux-mêmes).

Le CUSUM peut ensuite être représenté graphiquement en fonction du temps, ce qui fournit de nouvelles informations aux spécialistes de l’efficacité énergétique. Des différences près de zéro signifient que le procédé opère normalement. Des variations marquées, une augmentation ou une diminution constante reflète une modification dans les conditions du procédé.

Dans le cas du graphique CUSUM, la pente devient très importante, puisqu’elle constitue l’indicateur principal des économies réalisées. Une pente qui diminue de façon constante indique des économies constantes. Toute variation dans la pente indique une modification du procédé. Par exemple, dans le graphique ci-contre, la première section n’indique aucune économie. Toutefois, en septembre (début de la ligne jaune), une mesure d’efficacité énergétique doit avoir été implantée, puisqu’on commence à voir des économies. La ligne verte indique une augmentation des économies (puisque la pente devient plus abrupte), tandis que la ligne rouge doit refléter une modification dans le procédé au cours du mois de novembre, puisque les économies ont légèrement diminué.

4- Identifier les causes

Les spécialistes de l’efficacité énergétique, en collaboration avec les gestionnaires d’édifice, déchiffrent le graphique CUSUM afin d’identifier les causes des différentes variations de consommation. Ces causes peuvent être une modification dans les comportements, le procédé, des conditions extérieures différentes, etc. Ces modifications doivent être surveillées attentivement et les causes doivent être identifiées afin de promouvoir et améliorer les bons comportements, tout en décourageant les mauvais comportements.

Econoler A3-4

5- Établir des cibles

Une fois que la ligne de base est établie, il est temps d’établir des cibles pour le futur. Avec toute l’information que nous avons maintenant en main, les cibles seront plus réalistes puisqu’elles sont fondées sur la consommation réelle de l’édifice.

Une bonne cible initiale est la ligne de base identifiée à l’étape 2. Cette ligne représente la performance moyenne historique. En l’occurrence, parvenir à maintenir toute consommation sous ou égale à la moyenne historique est une cible réalisable, mais demeure un défi puisqu’elle implique l’élimination des hauts sommets de consommation. Certaines compagnies, lorsqu’elles améliorent leur consommation énergétique, peuvent même décider de tenter de ramener leur consommation moyenne à leur meilleure performance historique. Ceci constitue une cible beaucoup plus ambitieuse.

6- Surveiller les résultats

Ceci nous ramène à l’étape 1 : mesurer la consommation. Une des caractéristiques du M&C est que c’est un processus continu, qui nécessite une rétroaction constante afin d’améliorer sans cesse la performance. Une fois que les cibles sont établies et que les mesures sont implantées, toute la procédure est recommencée depuis le début afin d’assurer que la direction est au courant du succès ou de l’insuccès des différentes mesures, et afin de pouvoir décider des actions futures.

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ANNEXE 4 – CONTENU DU PROGRAMME DE FORMATION DE CINQ JOURS POUR LES GESTIONNAIRES DE L'ÉNERGIE (CEM)

OFFERT PAR L’ASSOCIATION OF ENERGY ENGINEERS

À propos du cours

Ce cours de cinq jours couvre de façon détaillée les plus récentes stratégies et techniques de réduction des coûts énergétiques. Il vise le perfectionnement des professionnels par une combinaison de théorie de d’exercices de résolution de cas types d’implantations de mesures et de projets d’efficacité énergétique.

L'examen CEM débutera à 11:00, le jour 5. Les participants qui en auront fait la demande et se seront inscrits à l'avance pourront passer l'examen de certification en gestion de l'énergie.

Aperçu du cours

• L’importance de la gestion de l'énergie • Réalisation d'une étude énergétique • Instrumentation utilisée pour une étude énergétique • Codes et normes en énergie • Consommation d'énergie et efficacité énergétique des bâtiments • Comptabilisation de l'énergie dans les bâtiments et installations • Structures tarifaires de l'énergie • Structures tarifaires de l'électricité • Analyse économique des possibilités d'investissement • Financement innovateur • Récupération de l'énergie • Établissement des coûts du cycle de vie • Approvisionnement en combustible et remplacement des hydrocarbures • Gestion de l'électricité • Éclairage • Moteurs et entraînement électrique à vitesse variable • Systèmes CVC • Commandes et gestion de l'énergie • Isolation • Chaudières et production de vapeur • Cogénération • Entretien

Econoler A1-2

160, rue Saint-Paul, bureau 200, Québec (Québec) G1K 3W1 Tél. : (418) 692-2592 Télec. : (418) 692-4899

www.econoler.ca