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Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
Napoléon et la Mer
Repères et documents Autour de l’exposition présentée du 10 mars au 23 août 2004
au musée national de la Marine Napoléon et la mer un rêve d’empire
▪ Le souverain français qui a le plus
navigué : 233 jours en haute mer de son
vivant et 50 jours pour sa dernière traversée,
depuis Sainte-Hélène et près de 80 jours de
navigation pour le voyage aller et retour vers
l'Égypte. Il est y habitué de par son origine
insulaire, cependant il souffre du mal de
mer…
▪ Dès l'arrivée de Bonaparte au pouvoir,
la Marine constitue l'une de ses principales
préoccupations : il entend construire une
flotte aux dimensions de l'Europe.
C’est bien d’une double histoire dont il s’agit :
celle de la volonté et de la ténacité de
Napoléon, et celle de la contribution des
marins à ce rêve impérial.
SOMMAIRE
▪ Un grand voyage :
L’expédition d’Égypte 1798-1799 p. 2
▪ Duels avec l’Angleterre p. 5
▪ La guerre sur mer et vie à bord p. 7
▪ Grandes batailles et prisonniers
des pontons p. 9
▪ La Marine de Napoléon p. 12
▪ Derniers voyages p. 15
▪ Bibliographie, sitographie : quelques
références p. 17
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Un grand voyage : l’expédition d’Égypte 1798-1799
En 1798, le général Bonaparte n'est pas encore l'Empereur Napoléon, mais son ambition politique inquiète ses rivaux. Le
Directoire lui confie le commandement d'une expédition lointaine, vers l'Orient dont les buts et la destination précise
sont tenus secrets. Bonaparte, sentant que le pouvoir n'est pas encore mûr, accepte cette mission où il pense y acquérir
un surcroît de gloire. Le voyage vers l’Égypte va durer deux mois…
Départ de l’expédition
Après des préparatifs complexes, l’expédition est composée
d’environ trente-cinq mille hommes emmenant une commission
des sciences et des arts de cent soixante-sept savants et artistes.
- Environ treize mille marins forment les équipages des navires
de guerre répartis sur treize vaisseaux, une dizaine de frégates,
trente-cinq bâtiments de guerre et trois cents navires de
transport. Trois mille membres d’équipage assurent les
manœuvres des navires de commerce du convoi.
- Le commandement de cette imposante flotte est confié au vice-
amiral F.P de Brueys d’Aigalliers. Le général L.A Berthier est le
chef d’état-major des forces militaires terrestres. Pour des
raisons stratégiques et logistiques, la destination finale est tenue secrète et le départ
s’organise principalement à partir de quatre grands ports méditerranéens :
* Toulon : Bonaparte sur le vaisseau-amiral l’Orient, avec Brueys constituent le gros de la
flotte. L’Orient, un trois ponts de 120 canons, est le dernier à quitter le port le 19 mai 1798
* Marseille : le général J-L Reynier et sa division, rallie la flotte et part le 19 mai 1798,
* Gênes : le général de division L. Baraguey d’Hilliers embarque sur soixante-treize bateaux
et rejoint en mer le 21 mai,
* Civita-Vecchia : le général L. Desaix prend la mer le 26 mai avec cinquante-six vaisseaux.
Océan, vaisseau de 118 canons dans son état de 1807, sur les plans de Jacques-Noel Sané. Ateliers de l’arsenal de Brest ©MnM/P. Dantec
Équipage des navires de commerce et composition des chargements des navires des différents convois de 1798
d’après les archives du Service Historique de la Défense (Toulon)
Buti Gilbert. Convois pour l'expédition d'Égypte in Cahiers de la Méditerranée, n°57, 1998.
* Lexique
- « Armé en flûte » : Un
navire de guerre,
transformé en navire de
commerce, mais
conservant une partie de
ses canons.
- Bombardes : navire à fond
plat, trois mâts. Destiné à
porter des mortiers pour
lancer des bombes
- Bricks et aviso : navires de
petit tonnage, assurant des
communications entre les
bâtiments d’une flotte de
guerre.
- Corvette : petit navire de
guerre léger et rapide
- Frégate : Vaisseau de taille
moyenne (15 à 40
canons), rapide et léger
- Tartane : Petit bateau de
pêche méditerranéen,
utilisé aussi pour le
transport de marchandise
- Vaisseau : Navire de guerre
de grandes dimensions
pouvant transporter entre
74 et 10 canons
La flotte
Les vaisseaux* : L'Aquilon, le Conquérant, le Franklin, le
Généreux, le Guerrier, le Guillaume Tell, l'Heureux, le Mercure,
l'Orient (120 canons), le Peuple Souverain, le Spartiate, le
Timoléon, le Tonnant (80 canons) Les frégates* : La Justice, la Diane, la Junon, l'Artémise, l'Alceste,
la Sérieuse.
Une corvette* : La Badine.
Navires « armés en flûte » * : Le Dubois, le Causse, la Sensible, la
Courageuse, la Carrère, la Muiron, la Leoben, la Mantoue, la
Montenotte)
Bombardes* : L’Oranger, la Portugaise, l'Hercule, l'Aglaé
Bricks et avisos* : La Salamine, le Lodi, le Corcyre, le Fortunatus,
l'Alerte, le Chasseur, le Pluvier, le Railleur...,
Six tartanes*, six chaloupes canonnières…
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Pendant la traversée
À bord, Bonaparte se substitue à l'amiral en prenant le
commandement.
- Il se plait à réunir les savants et provoque leurs disputes ; il se
range ordinairement à l'avis du plus absurde ou du plus
audacieux ; il s'enquiert si les planètes sont habitées, quand
elles seraient détruites par l'eau ou par le feu, comme s'il était
chargé de l'inspection de l'armée céleste.
- Cependant, depuis le départ de Toulon, la nourriture pour les
matelots ne se compose que d’un peu de riz. C’est après
plusieurs réclamations qu’ils obtiennent une livre de pain.
De plus, le scorbut et la dysenterie sévissent sur toute la flotte.
La prise de Malte : 12 juin 1798
Durant les préparatifs de l’expédition,
Bonaparte annonce que la prise de l'île de
Malte, alliée aux Anglais, est son premier
objectif stratégique.
- Le 9 juin, la flotte de l’expédition d’Orient
arrivée près du port de La Valette, demande
un réapprovisionnement en eau qui est refusé.
C’est le point de départ d’un siège qui dure
jusqu’au 11 juin 1798.
- Les chevaliers de l'ordre de Malte capitulent
le 12 juin et tous les habitants sont déclarés
citoyens français. Des réformes sont lancées,
l’ordre de Malte est supprimé et les chevaliers
expulsés.
- Le général C.H Belgrand de Vaubois est
nommé gouverneur militaire de l'île et Bonaparte repart le 19 juin vers l'Égypte.
L’Arrivée à Alexandrie : 1er juillet 1798
Le 1er juillet, l’escadre* arrive en vue des cotes d’Égypte, ne pouvant débarquer devant
Alexandrie, la manœuvre à lieu sur la plage du Marabout à quelques kilomètres. Quelques
temps avant, la flotte anglaise du contre-amiral H. Nelson, était passée très près des navires
français sans les découvrir.
Le départ et la prise de Malte par François-René de Chateaubriand
« Napoléon s'embarque : on dirait d'Homère ou du héros qui
enfermait les chants du Méonide dans une cassette d'or. Cet
homme ne chemine pas tout doucement : à peine a-t-il mis l'Italie
sous ses pieds, qu'il paraît en Égypte ; épisode romanesque dont il
agrandit sa vie réelle. Comme Charlemagne, il attache une épopée
à son histoire. Dans la bibliothèque qu'il emporta se trouvaient
Ossian, Werther, La Nouvelle Héloïse et Le Vieux Testament :
indication du chaos de la tête de Napoléon. Il mêlait les idées
positives et les sentiments romanesques, les systèmes et les
chimères, les études sérieuses et les emportements de
l'imagination, la sagesse et la folie. De ces productions
incohérentes du siècle, il tira l'Empire ; songe immense, mais rapide
comme la nuit désordonnée qui l'avait enfanté. »
Mémoires d'Outre-Tombe, 1850
Eau-forte, anonyme, après 1798 ©MnM/P. Dantec
Vue de la prise de l’isle de Malthe
Le 28 juin 1798, l’avant-veille du débarquement à Alexandrie, Bonaparte
s’adresse aux équipages et révèle enfin le but de l’expédition
« Soldats ! Vous allez entreprendre une conquête dont les effets sur la
civilisation et le commerce sont incalculables […] Les peuples avec
lesquels nous allons vivre sont mahométans […] Ayez pour les
cérémonies que prescrit l’Alcoran, pour les mosquées la même tolérance
que vous avez eue pour les couvents, pour les synagogues, pour la
religion de Moïse et de Jésus-Christ. Les légions romaines protégeaient
toutes les religions. Vous trouverez ici des usages différents de ceux de
l’Europe, il faut vous y accoutumer […] La première ville que nous allons
rencontrer a été bâtie par Alexandre. Nous trouverons à chaque pas des
souvenirs dignes d’exciter l’émulation des Français. »
Proclamation à l’armée de terre rédigée le 22 juin 1798 à bord de l’Orient.
Correspondance de Napoléon 1er, Tome 4, publiée par ordre de l’Empereur
Napoléon, 1858-1859 (pièce 2710)
* Lexique
Escadre : groupe de
navires de ligne sous
les ordres d’un amiral.
Lettre du naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire au naturaliste Cuvier
(Les deux hommes étaient sur des vaisseaux différents)
« Voici comment je passe mon temps. À mon réveil, je vais sur
le pont m’informer de ce qui s’est passé durant la nuit et
m’instruire des manœuvres en mer et de toutes les parties du
vaisseau. Nous déjeunons puis vient le moment du
recueillement. Je travaille et je lis. Nous dînons à quatre
heures ; après le dîner, je jouis de la plus aimable conversation.
Quand le jour a cessé, je fais une partie de reversis* avec le
général de division Reynier, le général d’artillerie Manscourt
(…). Tous mes moments sont de cette manière si bien
employés que je n’éprouve aucun ennui. A la vérité, je jouis de
toutes les douceurs de la vie. »
Lettres écrites d'Égypte à Cuvier, Jussieu, Lacépède, Monge… et à sa
famille par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire ; recueillies et publiées avec une
préface et des notes, Théodore Hamy, 1901.
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- Bonaparte veut
débarquer
rapidement pour
l’effet de surprise
sans écouter
Brueys qui le met
en garde sur les
aspects maritimes.
Le débarquement
de 1500 hommes
se fait alors dans
la nuit. La mer est
mauvaise et
l’accès au rivage
difficile, 19 soldats
se noient.
- L’attaque d’Alexandrie est lancée au petit matin et le général J-B Kléber y est blessé d’une balle au front. La
ville se rend le jour même.
- Bonaparte organise la conquête puis il donne l’ordre à la flotte de guerre de s’abriter de Nelson. Les navires de
transport restent dans le Vieux-Port d’Alexandrie.
Retour d’Égypte sur la Muiron, 1799 Dès le début de la conquête, le 1er août
1798, Nelson surprend la flotte française
dans la rade d'Aboukir et la détruit presque
entièrement. La conquête de l’Egypte
s’avère difficile.
- Presque un an plus tard, Bonaparte
apprend qu’en France la situation politique
est critique et décide alors de rentrer. Il
s'embarque le 23 août 1799, laissant son
armée sur place, sous les ordres du
général Kléber.
- Il navigue sur la frégate Muiron, un
bâtiment qui porte le nom du colonel, mort
à Arcole, le 15 novembre 1796, en le
protégeant. Il réussit à passer malgré la
flotte anglaise qui surveille la Méditerranée
À son arrivée à Paris, il prend le pouvoir :
c'est le coup d'État du 18 Brumaire.
- En 1803, en souvenir de ce long voyage
qui a favorisé ses projets ambitieux,
Napoléon commande cette maquette de la Muiron. Il faudra deux ans pour la fabriquer, et c’est en 1805 que les
deux ouvriers qui en sont chargés viennent à Paris présenter l’œuvre terminée à l’Empereur. Ce dernier l'installe
dans son cabinet de travail au château de La Malmaison, où il aime se retirer.
Estampe, anonyme, après 1798 ©MnM/P. Dantec
Maquette de la Muiron, frégate de 44 canons, 1797
Jean Lille et Charles Mérier, ateliers de l’arsenal de Toulon, 1805 ©Musée national de la Marine/P. Dantec
Activités pour les élèves Expédition vers l’Orient en mai 1798
Transcription du texte de la gravure Bonaparte était parvenu à tromper la
vigilance de l’amiral Nelson, commandant
l’escadre anglaise envoyée à sa poursuite,
arriva le 3 juillet devant Alexandrie.
Malgré une mer très houleuse, le
débarquement se fit à une lieue et demie
de la ville.
Dès qu’il fut achevé, trois divisions sous
les ordres des généraux Bon, Menou et
Kléber, s’élancèrent au pas de charge
contre les trois points de la ville. Ces
attaques ayant réussi complètement, des
colonnes s’enfoncèrent dans les rues.
Elles n’y trouvèrent d’abord que quelques
Janissaires fuyant de toutes parts en tirant
des coups de fusil ; mais bientôt un feu
plus nourri, parti des fenêtres des maisons
tua un grand nombre d’hommes.
Cependant le gouverneur et ses troupes
s’étaient réfugiés dans le château du
phare. Bonaparte l’y fit investir, et en un
instant il fut réduit à demander quartier.
Bataille d’Alexandrie
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Duels avec l’Angleterre
Dans le duel avec l’Angleterre depuis la fin du XVIIIe siècle, les enjeux sont multiples : économiques,
idéologiques, scientifiques... En face de l'Angleterre, commerçante, puissance coloniale et industrielle, se
dresse une France agricole, pouvant vivre sur son sol sans dépendre du commerce avec ses voisins et qui
cherche à étendre son influence, sa domination sur l'Europe.
Le camp de Boulogne : envahir l’Angleterre
Dès 1801, Napoléon réfléchit à une invasion de l’île avec l’élite de son armée. Il choisit dans le nord de la
France, le port de Boulogne-sur-Mer, proche des côtes anglaises pour établir la base de ce « grand dessein »
Après la rupture du traité d’Amiens en 1803, l’empereur relance son projet et déploie, le camp de Boulogne,
dispositif militaire qui s’étend de Wissan à Étaples. En 1805, il abrite 60 000 soldats commandés par le maréchal
J. Soult et 15 000 marins commandés par l’amiral E.
Bruix.
- Un arrêté du 13 mars 1801 ordonne la concentration
de navires dans le port de Boulogne avec le
creusement de bassins permettant d’accueillir 2000
navires.
- Leur construction, entreprise sur tout le territoire, est
dirigée par les deux ingénieurs Pierre-Alexandre
Forfait et Jacques-Noël Sané. Des navires à fond plat,
d’une grande solidité et légèreté. Cette flottille est
composée de 25 prames*, 553 bateaux canonniers,
334 chaloupes canonnières, 329 péniches.
- En août 1801, deux attaques de la Royal Navy
n’aboutissent pas et ces échecs de Nelson expliquent
aussi l'attitude conciliante du gouvernement
britannique vers la paix d'Amiens, le 27 mai 1802.
- Le projet d’invasion reprend après la rupture de la
paix en 1803. Napoléon est très présent, il fait plusieurs visites sur le camp. Ces soldats sont les premiers à être
décorés de la légion d’honneur.
- En août 1805, la Grande Armée quitte Boulogne après deux ans de rude entrainement pour l’Allemagne du
sud. La défaite de Trafalgar le 21 octobre 1815 ruine les espoirs d’invasion de l’Angleterre.
Napoléon Ier visite le camp de Boulogne, juillet 1804, Jean-François Hué, 1804 © RMN-GP (Château de Versailles) / © F. Raux
Prame de la flottille de Boulogne, 1803
Maquette de bateau, atelier des arsenaux, début XIXe siècle ©MnM/A. Fux
Madame de Staël à propos du camp de Boulogne
« Ce fut pendant l’été 1803 que commença la Grande Farce de la Descente : des bateaux plats furent ordonnés d’un bout de la France à l’autre ; on en
construisit dans les forêts, sur les bords des grands chemins. Les Français, qui ont, en toutes choses, une assez grande ardeur imitative, taillaient planche sur
planche, faisaient phrase sur phrase : les uns, en Picardie, élevaient un arc de triomphe sur lequel était écrit : Route de Londres ; d’autres écrivaient : « À
Bonaparte le Grand : nous vous prions de nous admettre sur le vaisseau, qui vous portera en Angleterre et avec vous les destinées et les vengeances du
peuple français ». Ce vaisseau que Bonaparte devait monter, a eu le temps de s’user dans le port. D’autres mettaient pour devise à leurs pavillons dans la
rade : « Un bon vent et trente heures ». Enfin toute la France retentissait de gasconnades, dont Bonaparte seul savait très bien le secret. »
Madame de Staël et Napoléon, Revue des deux mondes, Tome 13, 1903
* Lexique
Prame :
embarcation dont
le fond plat est
destiné à s’échouer
pour constituer un
point d’appui
d’artillerie lors d’un
débarquement. 25
sont construites
entre 1794 et
1805, toutes
désarmées en
1815
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Nouvelle technologie au service de la guerre : le Nautilus de Fulton
Le Nautilus est le sous-marin mis au
point par l’ingénieur américain Robert
Fulton entre 1798 et 1803. Le projet
est proposé à Bonaparte comme une
arme absolue capable de détruire la
flotte anglaise.
- Les premiers essais ont lieu dans la
Seine le 13 juin 1800, au pied de la
colline de Chaillot. Le ministre de la
Marine, L. Forfait, y assiste et dans
une lettre à Bonaparte se montre
enthousiaste. D’autres essais suivent
en juillet au Havre, et l’année suivante
vers le port de Brest.
- Les différents essais n’ont pas été
concluants et le projet est abandonné.
Bonaparte est un homme pressé,
c’est la guerre, et il a besoin de
résultats immédiats.
- Robert Fulton retourne en Amérique et son travail trouve un prolongement industriel grâce à sa rencontre avec
Livingston, ambassadeur des États-Unis et détenteur d’un privilège pour la navigation à vapeur.
À la mort de Napoléon en 1821, il y a déjà 14 bateaux construits par les États-Unis sur les plans de Fulton. La
France ne possède son premier vapeur qu'en 1829 : le Sphinx.
Le blocus continental (1806-1813)
Par le décret de Berlin du 21
novembre 1806, Napoléon
instaure officiellement le
blocus continental : l’Europe
entière doit fermer ses ports à
l'Angleterre. Il se lance dans
des campagnes dans toute
l’Europe jusqu’en Russie pour
faire respecter le blocus.
- Le système doit être
hermétique et le douanier
devient un personnage
essentiel qui perçoit les
lourdes taxes, fait respecter les
interdictions d'importation, les
défenses d'entreposer…
- La contrebande est
encouragée par l'Angleterre,
qui installe des dépôts dans les
îles (Malte…) ou des ports à l'écart du système (Göteborg en Suède…).
- Après la bataille de Leipzig, « bataille des Nations » en 1813, les ports de l'Europe s'ouvrent à
nouveau. Le blocus accentue encore l'avance industrielle de l'Angleterre sur l'Europe et affermit sa vocation
maritime.
Bonaparte,
surnommé en
« Boney » en
Angleterre part à
l’assaut des côtes
anglaises dans son
bicorne. Face à lui,
« John Bull »,
surnom donné au
peuple anglais, est
hilare : « tu peux
toujours essayer de
bloquer la lune »
Napoléon déteste
ces caricatures et
en fait le reproche à
l’ambassadeur de
Grande-Bretagne
qui lui répond :
« Mais Sire, nous
ne pouvons rien
faire, chez nous la
presse est libre ! »
Swiley, N. Heideloff, 1806 © National Maritim Museum, Greenwich, London
Bonaparte bloquant « John Bull », caricature anglaise. 1806
Le Nautilus, sous-marin de Robert Fulton
Ce sous-marin
en cuivre à
hélice est
propulsé
manuellement en
plongée et à
voile en surface.
L'oxygène est
fourni par des
bouteilles
embarquées.
Le Nautilus (le premier bateau sous-marin) T. Obalski, in La Nature - Revue des sciences et de leurs
applications aux arts et à l'industrie - Vingt-neuvième année, 1901.
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La guerre en mer et la vie à bord
Le combat naval peut prendre deux dimensions : l’offensive des escadres (militaire) pour la domination
maritime et la guerre économique par la course (attaque des navires marchands). L'Angleterre, insulaire,
affecte tout son budget militaire à la constitution d’une flotte homogène et privilégie la guerre d'escadres
contrairement à la France. La guerre de course est pratiquée sur ordre du roi par des corsaires sur des
navires légers et rapides pour s’attaquer aux navires de commerce. La guerre d’escadre reste la plus
codifiée.
Le combat naval d’escadre : la ligne de file
Depuis la fin du XVIIe siècle, le combat naval prend principalement la forme de guerre d’escadre avec des
vaisseaux de ligne, puissamment armés.
- Sur le vaisseau de ligne de l'Empire, la voilure est
augmentée par les voiles de cacatois*, tout en haut des mâts,
au-dessus des perroquets*, qui deviennent fixes.
- Le vaisseau le plus apprécié des officiers est celui de 74 à
80 canons, à deux ponts, plus maniable que les 120 canons,
à trois-ponts. La frégate de 40 canons, légère, fait aussi partie
des escadres. Le nombre d'hommes d'équipage est évalué
sur la base de 10 hommes par canon. Ainsi un vaisseau de
deuxième rang, 78 à 84 canons, est manœuvré en temps de
guerre par 780 à 840 hommes.
- La puissance de feu en mer est très importante et les pièces
d'artillerie utilisées sont les canons, obusiers, caronades* et
mortiers tirant des boulets en fer ronds et pleins, des grappes
de raisins*ou des anges. Les exercices de tir sont quotidiens.
- Cependant la rapidité de feu des
équipages anglais est incomparable :
presque une bordée* par minute (il faut
trois fois plus de temps aux Français).
De plus, les Anglais pointent dans la
coque, « en plein bois » alors que les
Français s'entêtent à viser les mâts.
- Pour éviter que les navires d'une
même flotte ne se tirent dessus, le
combat de mer s'impose en ligne : les
vaisseaux d'une même escadre sont
rangés en file indienne, à environ 120
m les uns des autres, face au vent.
* Lexique
- Affût : Structure en bois ou en métal
supportant un canon et permettant de le
déplacer.
- Ange : Deux boulets reliés par une
chaîne tiré vers le gréement de l’ennemi.
- Bordée : Ligne de canons rangés sur
chaque bord d’un vaisseau.
- Cacatois : Mâts et voile tout en haut du
navire que l’on déploie par beau temps.
- Caronade : Créée en 1774 par les
Anglais. Canon court et léger fixé sur un
affût pivotant.
- Grappe de raisin : Assemblage de petits
boulets dans un sac de toile ficelé.
- Perroquet : Voile carrée juste en
dessous des cacatois.
- Sabord : Ouverture avec volet, pratiquée
dans la coque pour faire passer un
canon.
Maquette du Friedland, vaisseau 80 canons ,1810
Ateliers de l’arsenal de Rochefort, sur les plans de Jacques-Noel Sané. Bois, cuivre, os,
ébène, laiton, fibre végétale, 1810-1818 © MnM/P. Dantec
Caronade de 30 avec affût* et sabord*
La bataille de Copenhague, 2 avril 1801.Nicholas Pocock ©National Maritime Museum, Greenwich, London, Caird Collection
Maquette. Atelier des arsenaux de Brest, entre 1820 et 1829. Bronze, fer,
chanvre et bois © MnM/A. Fux
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La communication en mer pendant un combat
Il existe tout un langage de pavillons*, drapeaux représentant l’alphabet et les
chiffres de 0 à 9. Pour en réduire les nombres à hisser, les ordres de l’amiral à la
flotte sont envoyés selon un code associant chiffres et lettres. Ces combinaisons
signifient parfois des phrases entières.
- Au cœur des combats, les signaux par pavillons sont peu utilisés du fait de
l’épaisse fumée provenant des tirs d’artillerie. Les ordres sont plutôt donnés avant
l’engagement, chacun sachant ensuite ce qu’il a à faire.
- Un navire vaincu « baisse pavillon » c’est-à-dire le drapeau national. Il peut aussi
se rendre « pavillon haut ». Certains capitaines mortellement blessés font clouer le
pavillon à l’arrière du vaisseau : l’équipage ne peut plus se rendre, il est capturé.
La vie à bord d’un navire de guerre
À bord, les journées sont rythmées par la cloche marquant les quarts, les
tambours et le sifflet. La moitié de l'équipage travaille pendant que l'autre se
repose. Les marins nettoient les ponts, entretiennent l'artillerie, les voiles,
s’exercent aux manœuvres…
- Parmi les
exercices
quotidiens, le
tir au canon
requiert une
coordination
particulière.
Selon le
calibre de la
pièce, cinq à
treize
hommes sont
nécessaires à
la manœuvre : un chef de pièce et des « servants de pièce »*. Plusieurs
commandements permettent de roder les gestes et les emplacements de chacun
malgré la fumée qui envahit les batteries* et gêne la manœuvre.
- L’alimentation est exécrable. Les rations se composent de légumes secs, de
viande salée, de biscuits de mer souvent pourris. Le parc à bétail abrite des
animaux vivants pour procurer de la viande fraîche aux officiers. On boit du vin et
de l’eau généralement corrompue.
- La mort est omniprésente. Aux épidémies de typhus liées à la mauvaise hygiène
s’ajoute le scorbut, conséquence d’une carence en vitamines. Les accidents sont
fréquents : chutes depuis les vergues, écrasements par des pièces mal arrimées,
noyades... Seule une discipline sévère fait accepter ces dures conditions.
Le contre-amiral Horatio Nelson à ses capitaines,
12 jours avant la bataille de Trafalgar
« Je pense qu’il est presque impossible de ranger une flotte de 40
vaisseaux en ligne » […] Si les capitaines ne peuvent pendant le
combat apercevoir ou comprendre parfaitement les signaux de
leur amiral, qu'ils se rassurent : ils ne peuvent mal faire s'ils
placent leur vaisseau bord à bord d'un vaisseau ennemi. »
The Nelson Memorandum, Sir Horatio Nelson. 1805
Lettre de Villeneuve à ses capitaines, avant Trafalgar
« Si l'ennemi se présente au vent à nous et veut nous attaquer, nous
l'attendrons sur une ligne de bataille très serrée. Mais il ne se bornera pas
à se former sur une ligne parallèle à la nôtre. Il cherchera à entourer notre
arrière-garde, à nous traverser et à porter sur ceux de nos vaisseaux qu'il
aurait désunis des pelotons des siens pour les envelopper et les réduire. »
Lettre du vice-amiral P.C.S de Villeneuve, 1805, consultable au Service Historique de
la défense (S.H.D)
* Lexique
- Batterie : Lieu où sont placées les
pièces d'artillerie, sur chacun des
ponts (étages) d’un navire armé.
- Pavillon : Drapeau servant à
indiquer la nationalité, le rang ou la
qualité d’un navire.
- Servant de pièce : marin affecté à
la manœuvre du tir au canon.
Souvent appelé par leur numéro
pour simplifier les ordres.
Les manœuvres d’un vaisseau
rythmées par les tambours et le sifflet
« Conventions de tambour.
Les hamacs arrimés, l'officier en
second réunira les tambours1 sur
l'arrière du grand mât, et préviendra
l'équipage qu'il va faire exécuter les
différentes batteries* qui doivent
annoncer soit des mouvements
généraux, soit des mouvements du
service journalier. Il est à supposer
que les tambours les sauront toutes
(…) Au reste, elles sont assez
distinctes pour n'entraîner aucune
confusion (…)
1ere BATTERIE — La générale ; branle-
bas de combat : tous les tambours et
fifres réunis sur le pont du vaisseau en
font trois fois le tour. (…)
Conventions de sifflet.
Les conventions de tambour
entendues, l'officier en second fera
connaître à l'équipage les conventions
de sifflet.
Cinq coups de sifflet prolongés, suivis
de trois autres coups accélérés,
appelleront l'équipage sur le pont :
ces coups de sifflet seront répétés par
tous les maîtres de manœuvre
aussitôt qu'ils les entendront, dans
quelque partie du vaisseau qu'ils se
trouvent. (...)
1. L’officier en second désignera plus tard, parmi les
chefs de pièces, un tambour-maître, qui sera chargé
de la police des tambours, fifres et clairons, et de leur
direction dans les batteries d'ensemble. »
Organisation du personnel d'un vaisseau,
contre-amiral Casy, ouvrage dédié à son
altesse royale le prince de Joinville. 1840
*Batterie : ensemble de coup de baguettes sur un tambour formant
une phrase musicale. Ici correspondant à un code.
Exercice de tir au canon
Illustration de M. Morel-Fatio in La Marine, arsenaux, navires, équipages… E. Pacini, officier de la Marine royale, 1843© MnM
Activités pour les élèves À venir
9
Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
Abréviations cap. : capitaine c.a : contre-amiral v.a : vice-amiral
Grandes batailles et les prisonniers des pontons
En 1793, la France a déclaré la guerre à l'Angleterre et à la Hollande, interrompue momentanément par la
paix d'Amiens en 1802, le conflit reprend et se poursuit jusqu'en 1815, quand Arthur Wellesley, futur duc
de Wellington met fin aux campagnes napoléoniennes. Le lieu de l’affrontement de ces deux nations
restera la mer.
Aboukir ou la bataille du Nil, 1er-2 août 1798
Une flotte déjà éprouvée Après le débarquement d’Alexandrie, l’amiral Brueys choisi la baie d’Aboukir pour
protéger l’escadre de Nelson. Les vaisseaux peuvent y manœuvrer plus facilement.
- L’escadre reste dans la baie, non loin du rivage car les navires sont vieux, les
équipages principalement non marins et il est plus aisé de se ravitailler en eau et
vivres.
- L’état-major n’est pas unanime quant à la position de la ligne de vaisseaux qu’a
choisi Brueys jugeant sa flotte inattaquable. Mais la tête de ligne est trop éloignée de
la côte pour être soutenue par les canons de l’îlot d’Aboukir…
- En plus de la dysenterie qui ravage marins et soldats, l’insuffisance de préparation
des équipages, la vétusté des navires et leur position critiquable dans la baie, un
changement non prévisible de vent favorise Nelson…
Le choc du désastre
Nelson passe à
l’attaque La canonnade
anglaise débute à la tombée
de la nuit pour se poursuivre
sans discontinuer jusqu’au
petit matin.
- L’estimation des pertes
reste difficile. Environ 2000
morts français, 1500 blessés
et plus de 3000 prisonniers,
relâchés par Nelson,
incapable de les nourrir. Les
officiers pris restent
prisonniers.
La destruction de l'Orient au cours de la Bataille du Nil, 1er août 1798, Georges Arnal, 1825-1827© National Maritime Museum, Londres
Rapport du chef de division
Ganteaume au ministre de la Marine
Bruix, Aboukir, 9 juillet 1798
« Nos équipages sont très
faibles en nombre et en qualité
d’hommes. Nos vaisseaux sont
en général fort mal armés, et je
trouve qu’il faut bien du
courage pour se charger de
conduire des flottes aussi mal
outillées. »
Histoire des marins français sous la
République (1789 à 1803), Charles
Rouvier, lieutenant de vaisseau,
1868.
Les forces en présence, 1798
10
Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
- Parmi les victimes, le vice-amiral Brueys, les capitaines L.
Casabianca (l’Orient) et son fils de 10 ans, A. Thévenard
(l’Aquilon), A. Dupetit-Touars (le Tonnant).
Environ six vaisseaux ont été capturés, trois ont été détruits,
dont le Timoélon sabordé par son équipage pour ne pas être
pris.
- Du côté anglais, les pertes sont beaucoup moins importantes,
ce qui ajoute au complexe d’infériorité de la Marine française :
218 tués et 678 blessés avec seulement deux vaisseaux
endommagés. Deux frégates sont détruites et Alfred de Vigny
leur rendra hommage dans le poème La frégate la Sérieuse ou
la complainte du capitaine (1837)
- Le choc de cette attaque d’anéantissement est bien
l’explosion du vaisseau-amiral l’Orient. Un incendie s’est
propagé sur le navire de 120 canons, avec la poudre
nécessaire à cette artillerie. Les témoins notent qu’après cette
explosion, les combats ne sont stoppés pendant un quart
d’heure
- Les réactions et commentaires ont été très vifs sur cette bataille notamment sur les choix du contre-amiral
Brueys, tué au combat et la passivité de l’amiral P-C Villeneuve.
Trafalgar, 21 octobre 1805
La stratégie de Nelson En 1805, la flotte française aux ordres de
l’amiral Villeneuve quitte Toulon afin d’attirer les
Anglais vers les Antilles pour organiser l’invasion
de l’Angleterre. Poursuivi par Nelson, Villeneuve
rejoint Cadix. Lorsque la flotte franco-espagnole
quitte le port, les navires anglais se sont
regroupés. La rencontre se fait au large de
Trafalgar, sur le détroit de Gibraltar.
- La ligne des vaisseaux s'étend sur 12 km. Les
dix-huit vaisseaux français de 74 à 80 canons et
les quinze vaisseaux espagnols, dont un de 130
canons sont répartis en trois escadres. La flotte
anglaise, composée de vingt-huit vaisseaux,
accourt du sud-ouest.
- Afin de percer la ligne de file, l’amiral anglais
forme deux colonnes qui attaquent en même
temps : celle qu’il commande à bord du HSM
Victory vise, le Bucentaure de Villeneuve et le
Santissima Trinidad du contre-amiral B. Cisneros,
l'autre, conduite par le vice-amiral C. Collingwood
se dirige sur l’arrière-garde du vice-amiral P.
Dumanoir de Pelley. La bataille se transforme en
de multiples combats singuliers.
Le combat du Redoutable et la mort de Nelson
- Au milieu de la bataille le vaisseau amiral de Nelson, veut se glisser entre le Bucentaure et le Redoutable, un 74
canons, commandé par le capitaine J-J Lucas qui force la marche et aborde le vaisseau de Nelson.
L’explosion du vaisseau-amiral l’Orient relatée d’après un témoignage
« À dix heures trois quarts, l'explosion eut lieu. On ne peut se faire
une idée de la sublime horreur d'un pareil spectacle.
L'immense gerbe de feu qui s'élança des flancs du vaisseau
embrasé, avec un bruit cent fois plus terrible que celui du
tonnerre, sembla s'élever jusqu'au ciel, en éclairant tout l'horizon.
À cette éblouissante clarté, à cette épouvantable détonation,
succédèrent une obscurité profonde et un silence plus effrayant
peut-être. Ce silence ne fut interrompu d'abord que par la chute
des mâts, des vergues, des canons, et des débris de toute
espèce, lancés à une hauteur prodigieuse, et qui retombèrent les
uns après les autres dans la mer avec fracas. Les vaisseaux
environnants coururent les plus grands dangers. De tous ces
objets qui pleuvaient autour d'eux, les uns pouvaient les défoncer
et les couler à fond, les autres les incendier. Des morceaux de fer
rouge, des tronçons de bois et de cordages enflammés,
tombèrent à bord du Franklin, et mirent, pour la quatrième fois, le
feu à ce vaisseau ; cette fois encore on parvint à l'éteindre.
L'espèce de stupeur dans laquelle l'explosion de l'Orient avait
plongé les deux escadres, dura environ un quart d'heure, après
lequel le feu qui avait cessé de toutes parts en ce moment
recommença. Le combat, qui jusqu'alors avait été peu de chose à
l'arrière-garde, y devint plus vif. »
Batailles navales. Imprimé à Metz par P. Wittersheim, 1836
Dernière phase de la bataille de Trafalgar
Guerres maritimes sous la République et sous l’Empire, E. Julien de la Gravière, 1879 © MnM
11
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Dossier pédagogique
* Lexique
Ponton :
vieux
vaisseau à
deux ou trois
ponts,
démâté et
amarré utilisé
comme
prison
flottante.
Ambroise-Louis Garneray, 1814©NLA
Ambroise-Louis Garneray (1783-1857)
marin, corsaire, peintre et écrivain.
Prisonnier des Britanniques pendant 9 ans.
« Que l'on se figure une génération de morts
sortant un moment de leurs tombes, les yeux
caves, le teint hâve et terreux, le dos voûté, la
barbe inculte, à peine recouverts de haillons
jaunes en lambeaux, le corps d'une maigreur
effrayante. [...] Les harengs saurs étaient
ordinairement d'une si détestable qualité que
nous ne pouvions, quoique tombant d'inanition,
nous décider à les manger ; nous les vendions à
raison de deux sous aux fournisseurs qui les
gardaient pour nous les représenter la semaine
suivante. Je suis persuadé que certains harengs
furent servis pendant plus de dix ans de suite. »
Voyages de Louis Garneray, Aventures et combats...
Le Panthéon populaire, 1851
- Les français balayent le
navire à coups de mousquets.
Nelson est mortellement
blessé par une balle venant
du Redoutable, au moment où
le HSM Temerarious anglais
vient se placer à sa poupe, le
réduisant à l’état de ponton
par ses caronades. On
dénombre 463 morts et Lucas
et son équipage sont faits
prisonniers. - À bord du Victory, Nelson
est atteint à la colonne
vertébrale. Il sait avant de mourir que l'Angleterre a remporté une totale victoire. Ses
dernières paroles : « Grâce à Dieu, j'ai fait mon devoir… » sont restées légendaires.
Désastre franco-espagnol
- Les pertes humaines sont lourdes : côté français 3 400 tués ou noyés, 1 200 blessés, 7 000 prisonniers et 13
vaisseaux capturés ou perdus. Côté espagnol : 1 000 sont tués, 2 500 blessés et 9 vaisseaux pris. Côté anglais :
450 tués dont Nelson, 1 250 blessés et aucun navire pris même s'ils sont tous en très mauvais état.
- Villeneuve, sur le Bucentaure, est fait prisonnier et emmené en Angleterre. Rapatrié après six mois de captivité
et sur le point de passer devant un conseil de guerre, il se suicide pour ne pas affronter la colère de l'empereur.
Celui-ci décide de minimiser le combat de Cadix : « Les tempêtes nous ont fait perdre quelques vaisseaux après
un combat imprudemment engagé. »
Les prisonniers des pontons*
À la chute de Napoléon, les anglais
retiennent prisonniers 122 000 marins
français pris durant les vingt années de guerre.
Ils sont enfermés sur des pontons dans les
ports de Portsmouth, Plymouth, Chatham,
Gillingham ou Dartmoor.
- Six à huit pontons ancrés à la file, chacun
contenant environ 900 hommes sont amarrés
au milieu des vases fétides et stagnantes que
découvrent les marées. Cette atmosphère
humide et putride contribue à détruire la santé
des prisonniers.
- Les détenus, autorisés à
travailler pour des fabricants
anglais, peuvent ainsi s’acheter
des rations de nourriture, tabac
ou alcool. Une grande activité
règne dans ce cloaque : petite
menuiserie, ouvrages en paille,
en os bouillis récupérés des
cuisines, maquettes de bateau.
Les outils sont improvisés à
partir de clous d'écrous, de
vieux ressorts de montre.
Travail de ponton
L’effet décoratif
voulu explique la
surabondance de
détails. Un an est
nécessaire à la
construction
d'une maquette.
Le travail se fait
en équipe, sur
une même
maquette.
Chacun apporte
sa contribution.
Les pontons dans le port de Portsmouth, 1814
Vaisseau à deux ponts en forme de chariot à roues.
Bois, laine, verre, début XIXe siècle © MnM/A.Fux
Au Salon de 1806, le mot
« Trafalgar » résonne en
France comme une défaite. On
ne le prononce pas et c'est
uniquement la mort de Nelson
qui est mise en avant, comme
une véritable victoire. Dans le
livret du Salon, le titre officiel
du tableau de Crépin est : «
Combat du 29 vendémiaire an
14. Le Redoutable, de 74
canons, commandé par M.
Lucas, contre les vaisseaux
anglais le Victory et le
Téméraire, de 110 canons.
Nelson qui montait le vaisseau
le Victory, y fut tué par la
mousqueterie du vaisseau le
Redoutable (l'auteur a fait
campagne sur ce vaisseau) »
Le Redoutable à Trafalgar
Louis-Philippe Crépin, 1806©MnM/P. Dantec
Activités pour les élèves À venir
12
Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
Tambour et matelot vers 1810
La Marine de Napoléon
Avec la Révolution, la Marine est devenue celle de la République. Mais le difficile recrutement de marins
qualifiés, l’exil de nombreux officiers issus de la noblesse et la vétusté de navires bien conçus, mais ayant
déjà livré de nombreuses batailles mettent en évidence l’infériorité de la marine française face à sa rivale
anglaise. Après le désastre de Trafalgar, Napoléon s’implique dans la structuration de la Marine.
Depuis 1792 : des marins de moins en moins nombreux et inexpérimentés
La solidité d’un encadrement intermédiaire que sont les officiers mariniers ne
compense pas un grand déficit de bons matelots formés sachant manœuvrer
les voiles, entretenir et réparer un navire.
- Depuis les guerres révolutionnaires, les temps de paix sont trop courts pour
former de nouvelles recrues, officiers comme matelots. Le « réservoir
d’hommes » s’épuise et les équipages sont composés de marins de plus de
cinquante ans et de jeunes inexpérimentés.
- Pour combler ces manques, les services de la Marine incorporent des
prisonniers noirs déportés de Saint-Domingue, des ouvriers des arsenaux et
surtout à des soldats de l’armée de terre. Lors des grandes batailles d’Aboukir
et de Trafalgar, plus du tiers des équipages français sont des soldats de
l’infanterie.
- Le manque d’entraînement en pleine mer est accentué par l’impossibilité d’y
accéder en exercice car la flotte anglaise bloque la plupart des ports.
L’instruction se fait alors dans la rade.
Si les équipages sont endurants et courageux, il leur manque cette expérience
de navigation de combat qui fait la supériorité des anglais.
La militarisation de la Marine
Après les pertes durant la bataille de Trafalgar, l’incorporation
d’hommes ne faisant pas partie de l’inscription maritime* se
généralise : les départements littoraux doivent fournir des jeunes
hommes tirés au sort en fonction d’un nombre déterminé, très
rapidement formés
En 1808 : cinquante bataillons de la Marine impériale sont formés à
partir ceux du Consulat créés en 1803 pour envahir l’Angleterre.
- La militarisation du corps de la Marine s’effectue progressivement.
Cela passe par la constitution d’un uniforme commun dès 1804 : « les
officiers mariniers, matelots, novices et mousses auront, tous, veste et
Napoléon Ier et L'impératrice Marie-Louise assistant au défilé de l'escadre de L'amiral Troude le 30 mai 1811 en rade de Cherbourg. Louis-Philippe Crépin, début XIXe siècle © musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau
Dessin d’Henri Boisselier, vers 1930©MnM
* Lexique
Inscription
maritime :
Enregistrement par
les services de la
Marine de
professionnels de la
mer pouvant être
appelés à servir sur
les navires de
guerre royaux puis
impériaux.
Le ministre de la Marine et des colonies
Denis Decrès répond à l’Empereur
sur l’instruction des conscrits
« Ce que des novices apprennent dans
des canots ou des péniches n’est rien. Le
marin ne se forme que dans les
tempêtes. Il est facile de manier un
aviron, il ne faut pour cela qu’un exercice
facile et une main calleuse ; mais pour
serrer une voile dans un coup de vent,
pour prendre un ris dans la même
circonstance, il faut savoir courir sur les
vergues qui bondissent en quelque sorte
avec les flots, il faut connaître la corde à
saisir, s’y attacher fortement et
cependant conserver son agilité et sa
force. Il faut surtout avoir l’estomac et la
tête libre de l’effet de la mer […]. Tout
cela, Sire, ce ne sont pas les règlements
qui peuvent le donner, c’est l’usage seul
de la mer et son usage le plus habituel. »
Correspondance de Napoléon Bonaparte avec
le ministre des colonies, Services historiques de
la Défense (SHD)
13
Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
Napoléon Ier et Marie-Louise assistent au lancement du vaisseau Le Friedland dans le port d'Anvers, 1810
pantalon bleus, le bouton de corne timbré également d’une ancre croisée de deux sabres, gilet rouge, chapeau
rond et cravate noire », décret paru dans le journal militaire officiel du 5 mai 1804 (15 Floréal, An XII)
- Cette volonté illusoire de transformer en quelques semaines de simples jeunes conscrits en marins efficaces à
perdurer pendant longtemps dans cette vision d’un renouvellement rapide de la Marine par Napoléon
La reprise du haut-commandement
La « lenteur » de la construction navale, de la formation gens de mers, et les
aléas de la navigation ne répondent pas aux objectifs de conquête rapide et de
contrôle total des opérations de Napoléon.
Il entreprend cependant des réformes et construction visant à accroître
l’efficacité de la Marine
- Le 27 avril 1800, Bonaparte alors Premier consul crée le corps des préfets
maritimes, représentants du gouvernement dans six arrondissements : Anvers,
Le Havre, Brest, Lorient, La Rochelle et Toulon. Ces hauts fonctionnaires,
choisis parmi les officiers généraux ou les administrateurs civils, qu’il connaît
personnellement, ont en mains tous les services.
- Le renouvellement du haut commandement s’avère difficile et des officiers de
corps inférieurs de l’ancienne Marine royale ou marchande ont été promus
amiraux. Souvent nostalgiques de la Royale de Louis XVI et peu enclin aux
innovations techniques ou tactiques, ils restent cependant de bons
professionnels, capable de rivaliser avec les britanniques.
- L’amiral Decrès, ministre de la Marine et des colonies, ne permettra pas une
réelle réorganisation des effectifs, des commandements et des stratégies, préférant « les intrigues de cour ».
Ports de guerre et arsenaux aux dimensions de l’Europe
De 1807 à 1812, Napoléon cherche toujours à améliorer ses ports de guerre, dans un contexte où la paix n’est
que de courte durée. Les résultats doivent être rapides.
- Aux anciens ports de Brest, Lorient, Rochefort et Toulon, sont ajoutés de nouveaux, rendus nécessaires par les
besoins et le contrôle des côtes du Grand Empire : un réseau de bases navales autour de trois pôles, Anvers, La
Spezia (Cinque Terre, Italie) et Cherbourg. La création d’arsenaux sur tout le littoral du Grand Empire exprime
cette volonté d’unification et de contrôle.
- Les travaux privilégiés sont ceux de défense, comme les digues et les forts, ou d’accroissement de l’espace
comme le creusement de nouveaux bassins à Cherbourg. La politique des grands travaux fourni du travail à des
milliers d’ouvriers dans ces pays soumis au blocus. Napoléon imagine des projets grandioses, comme
l’agrandissement du
port d’Anvers.
- Dans les arsenaux,
seuls quelques
bâtiments
indispensables à la
flotte impériale sont
réalisés.
En 1810, le vaisseau
de 80 canons,
Friedland, du nom de
la victoire contre la
Russie, est lancé
dans le port d’Anvers
devant Napoléon et
Marie-Thérèse
Les ministres de la Marine et des
Colonies du Consulat et de l’Empire Consulat
- 1799-1801 : Laurent Forfait, ingénieur de
construction navale. Préfet maritime du Havre
après sa démission en 1801, jusqu’en 1804.
- 1801-1802 : Denis Decrès,
Officier de marine, s’est illustré pendant la
guerre d’Indépendance américaine, à la bataille
d’Aboukir de 1798. Préfet maritime de Lorient.
Bonaparte, Premier Consul
- 1802-1804 : Denis Decrès
Veille au rétablissement de l’esclavage dans les
colonies.
Napoléon Empereur et pendant les Cent-Jours
- 1804-1815 : Denis Decrès
Il organise la formation des marins en rade de
Cherbourg, malgré le blocus des ports par les
anglais.
Mathieu-Ignace Van Bree. Huile sur toile, 1810 © collections du château de Versailles/RMN
14
Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
Le Canot de l'Empereur, Ateliers des Capucins à Brest.
Visite de Napoléon III à Brest, 11 août 1858
Le faste impérial pour le lancement du Friedland : le canot de l’Empereur
La construction a été décidée dans le plus grand secret au printemps 1810, lorsque l'Empereur proposa de se
rendre à Anvers pour visiter l’arsenal, dont il avait ordonné la création quelques années plus tôt.
- L’ingénieur Guillemard fournit les plans
du canot, tandis que le maître Théau,
originaire de Granville, en supervise la
construction. Les sculptures décoratives
sont confiées à un artiste anversois, Van
Petersen.
- En 21 jours seulement l’embarcation
est prête. Elle mesure plus de 18 mètres
de long : le tiers arrière est dominé par
un rouf richement décoré, tandis que les
rameurs occupent tout le reste de
l'espace, jusqu'à la majestueuse figure
de Neptune.
- Le 30 avril 1810, le canot d’apparat fait
une entrée remarquée dans Anvers :
Napoléon et la jeune impératrice Marie-
Louise sont à bord, accompagnés du
maréchal Berthier, du ministre de la
Marine D. Decrès et de l’amiral E-T de
Burgues comte de Missiessy,
commandant l’escadre de l’Escaut ; un
véritable cortège naval les entoure.
Pendant plusieurs jours le canot assure
les déplacements de l’Empereur qui
visite le vaisseau amiral le Charlemagne, assiste au lancement spectaculaire du Friedland et inspecte l’ensemble
de sa flotte.
© MnM / J-Y Besselièvre
La décoration est mise
au goût du jour en
1858 pour accueillir
Napoléon III et
l’Impératrice Eugénie.
C’est de cette époque
que datent les
éléments sculptés
actuels, notamment la
figure de proue, le
groupe arrière avec les
armes impériales et,
surmontant le rouf, une
grande couronne
soutenue par quatre
angelots. Même les
rames sont ornées de
somptueux motifs
peints.
Auguste Meyer. Huile sur toile, 1859 © MnM/A. Fux
15
Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
Départ pour l'Île d'Elbe
Derniers voyages
L’île d’Elbe, l’exil à Sainte-Hélène, puis en 1840 l’ultime voyage avec le retour des cendres de l’Empereur
sont les derniers voyages, entre gloire et défaite.
L’île d’Elbe 1814-1815
Le traité de Fontainebleau de 1814 entérine
l’abdication de Napoléon. Il choisit de se retirer à
Portoferraio, capitale de l’île d’Elbe où le traité lui
accordait la propriété et la souveraineté.
- Il y séjourne du 4 ma 1814 au 26 février 1815, date à
la quelle il trompe la surveillance des Anglais pour
revenir en France. C’est le 1er mars qu’il débarque à
Golfe-Juan pour marcher sur Paris.
- Ils sont des milliers à le soutenir à son arrivée à
Grenoble pour continuer jusqu’à la capitale et obtenir le
ralliement de certains de ces maréchaux. L’aventure
des Cent-Jours va du 20 mars au 22 juin 1815.
- La coalition européenne se reforme pour mettre
Napoléon au ban de l’Europe. La guerre est à nouveau
inévitable et la terrible défaite de Waterloo du 22 juin
1815 amène la seconde abdication de l’Empereur.
L’exil à Sainte-Hélène
Napoléon se rend aux Anglais, le 15 juillet 1815. Lord Bathurst,
ministre de la Guerre et des Colonies réussit à convaincre les
membres du gouvernement de mettre l'Empereur hors la loi. Il faut
trouver un endroit pour l'exil et Wellington, le vainqueur de Waterloo,
propose Sainte-Hélène en plein cœur de l’Atlantique. L'île
appartient à la Compagnie des Indes orientales qui rétrocède ses
droits à la couronne britannique pour la durée de la détention.
- Napoléon arrive le 3 juillet à Rochefort puis il débarque sur la
petite île d’Aix, au large de Rochefort, et s’en remet aux Anglais.
- Il monte à bord du Bellérophon qui se dirige vers le port anglais de
Torquay et y reste quelques jours. Dans des canots, plusieurs
habitants, piqués par la curiosité s’approchent du navire pour
apercevoir l’Empereur déchu.
Napoléon à bord du Bellophoron. William Quiller Orchardson, vers 1880 © collection of de Tate Britain
Anonyme. Estampe, 1814 © MnM/A.Fux
Napoléon, à propos de son incarcération à Sainte-Hélène,
octobre 1815
« À quel infâme traitement ils nous ont réservés ! Ce
sont les angoisses de la mort ! À l’injustice, à la
violence, ils joignent l’outrage, les supplices prolongés !
Si je leur étais si nuisible, que ne se défaisaient-ils de
moi ? Quelques balles dans le cœur ou dans la tête
eussent suffi ; il y eut du moins quelque énergie dans ce
crime ! » […]
« J'en appelle à l'Histoire. Elle dira qu'un ennemi qui fit
vingt ans la guerre au peuple anglais, vint librement
dans son infortune chercher un asile sous ses lois.
Quelle preuve plus éclatante pouvait-il donner de son
estime et de sa confiance ? Mais comment répondit-on
en Angleterre à une telle magnanimité ? On feignit de
tendre une main hospitalière et, quand il se fut livré de
bonne foi, on l'immola. »
Le mémorial de Sainte-Hélène, Emmanuel de Las Cases, 1824
16
Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
Modèle de la Belle Poule, frégate de 1er rang, 1834
Ensemble de sept aigles ayant orné
la chaloupe de frégate la Belle-
Poule, telle qu'elle se présentait à
Sainte-Hélène lors du transfert des
cendres de l'empereur Napoléon Ier,
le 15 octobre 1840. Ces aigles ont
orné aussi la chapelle ardente
installée à bord de la Belle Poule.
- Il arrive ensuite au port de Plymouth où il apprend qu’il sera exilé à Sainte-Hélène, malgré ses protestations.
Napoléon embarque sur le Northumberland, et quitte les eaux britanniques le 9 août. Après un voyage de
plusieurs mois, il arrive à Sainte-Hélène le 15 octobre 1815.
- Pendant ces six années d’exil, Napoléon, qui pour les Anglais n'est que le général Bonaparte, a droit aux
égards dus à ce rang. En compagnie de quelques fidèles, il lutte contre l'ennui, contre l'oubli, et contre son
geôlier, le lieutenant Sir Hudson Lowe, que même Wellington tient pour « borné ».
- Sa mort, survenue le 5 mai 1821, puis la publication des confidences à Las Cases sous le titre de Mémorial de
Sainte-Hélène le font entrer dans la légende.
L’Ultime voyage : le retour des cendres*
En 1840, le prince de Joinville, troisième fils du roi Louis-Philippe, est
chargé de rapporter de Sainte-Hélène les restes de Napoléon Ier. Jeune
officier de marine, il prend le commandement de la frégate, la Belle-Poule
accompagnée de deux corvettes, La Favorite et L’Oreste.
- L'expédition part le 18 octobre de Sainte-Hélène et arrive dans le port
militaire de Cherbourg le 30 novembre après cinquante jours de traversée. La
chapelle funéraire et le cercueil sont installés à l’entrepont.
- Le 8 décembre, le cercueil est transbordé à bord du vapeur Normandie qui
remonte lentement la Seine. Le temps glacial n’empêche pas de nombreuses
manifestations populaires.
-Transbordé de nouveau sur la Dorade, le cercueil arrive à Courbevoie le 15
décembre. Le reste du chemin, jusqu’aux Invalides se fait par voie de terre.
- Devant une foule immense et après une cérémonie solennelle, le cercueil est
porté jusqu’à une chapelle du Dôme. La crypte ne sera aménagée qu’en 1861.
Atelier de modèles des arsenaux de Cherbourg, sur les plans de Mathurin Boucher, après 1830 © MnM/A. Fux
La coque est doublée de cuivre, comme c’est l’usage depuis la fin
du XVIIIe siècle afin de protéger le bois.
Le haut de la coque est entièrement réalisé en ébène, car la frégate
a été peinte en noir pour ce voyage, couleur qu’elle conserva
jusqu’à son désarmement, en souvenir de cette fonction funèbre.
Cette maquette a été sûrement construite en 1844 à l’initiative du
prince de Joinville, qui était resté très attaché à cette frégate. Il
l’installe dans son cabinet de travail au palais des Tuileries jusqu’à
la révolution de 1848. Elle a ensuite intégré les collections du
musée de la Marine.
Sculpteur anonyme, XIXe siècle © MnM/P.
Dantec
* Lexique
Les « cendres » : Au XIXe siècle, c’est la
façon noble d’évoquer les restes d’un corps.
Victor Hugo à propos de la cérémonie du retour
des cendres de Napoléon 1er
« Oui, c'est une fête ; la fête d'un cercueil
exilé qui revient en triomphe […]
L’attention redouble. Voici la voiture noire
à frise d’argent de l’aumônier de la Belle-
Poule, au fond de laquelle on entrevoit le
prêtre en deuil ; puis le grand carrosse de
velours noir à panneaux-glaces de la
commission de Sainte-Hélène, quatre
chevaux à chacun de ces deux
carrosses. »
Choses Vues, « les funérailles de Napoléon », le
15 décembre 1840
Aigle impérial. Élément de décor
de la chaloupe de La Belle Poule
17
Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
Bibliographie, Sitographie : quelques références
Généralités sur la Marine et l’Empire
▪ Ouvrages imprimés
- Catalogue d’exposition, Napoléon et la mer, un rêve d’Empire, coédition musée national de la Marine/Ed. du Seuil, 2004
- Catalogue d’exposition, Les maquettes de la Marine impériale, coédition Château de Versailles/Musée national de la
Marine/Snoeck, 2014
- BOUDON Jacques-Olivier (dir.), La Marine sous le premier et le second empire, SPM, collection de l’institut Napoléon, 2017
- LEVEQUE Pierre, Histoire de la Marine, du Consulat et de l’Empire, Librairie historique Teissèdre, 2003
- LE MAO Caroline, Les arsenaux de la Marine du XVIe siècle à nos jours, Presses universitaires de la Sorbonne, 2021
- MONAQUE Rémi, Une histoire de la marine de guerre française, Perrin, 2016
- THOMAZI Auguste, Les marins de Napoléon, Taillandier, 2004
▪ Documents sources
- Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l'Empereur Napoléon III, Tome 4 (Expédition Egypte), 1858-1868
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6332764q
▪ Ressources numériques
- Musée de la Marine : programme multimédia sur l’exposition « Napoléon et la mer » de 2004
http://www.musee-marine.fr/content/anciens-programmes-multimedia
- Musée de l’Armée : Conférence de Michèle Battesti (Inserm) « Napoléon et la mer ». Mars 2013
Cycle de conférences autour de l’exposition « Napoléon et l’Europe » (27 mars -- 14 juillet 2013) au musée de l'Armée, en
partenariat avec l'Université permanente de la ville de Paris.
https://www.youtube.com/watch?v=6o-xKGGhU48
Un grand voyage : L’expédition d’Égypte 1798-1799
▪ Sources numérisées sur Gallica
- Cinquante références sélectionnées et mises en thèmes par la fondation Napoléon
https://www.napoleon.org/wp-content/uploads/2016/04/egypteexpedition_bibliographie_gallica_fr-1.pdf
▪ Ouvrages imprimés et articles
- MURAT Laure, WEILL Nicolas, L'Expédition d'Égypte. Le rêve oriental de Bonaparte. Coll. Découvertes Gallimard (n° 343),
Gallimard, 1998
- Témoignage : LAPORTE Joseph, Mon voyage en Égypte et en Syrie : Carnets d'un jeune soldat de Bonaparte, PUF, 2011
- Catalogue d’exposition, Il y a 200 ans, les savants en Égypte, Museum d’Histoire Naturelle/Nathan, 1998
- Catalogue d’exposition, Bonaparte et l’Égypte, feu et lumières, Editions Hazan/Institut du Monde Arabe, 2008
- NAKACHE Karen, Des marins français à Aboukir : témoignages, in Cahiers de la Méditerranée, n°57, 1998.
https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1998_num_57_1_1234
- BUTI Gilbert, Convois pour l'expédition d'Égypte, in Cahiers de la Méditerranée, n°57, 1998.
https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1998_num_57_1_1233
▪ Pages et sites internet
- Histoire par l’image : Alain GALOIN, Napoléon Bonaparte et l'Égypte
http://histoire-image.org/fr/etudes/napoleon-bonaparte-egypte
- Fondation Napoléon : Bonaparte en Égypte. 2e partie : avec 160 savants ! (Fiche « jeune historien »)
https://www.napoleon.org/jeunes-historiens/napodoc/bonaparte-en-egypte-2eme-partie-avec-160-savants/
MILLELIRI Jean-Marie, Le rôle du service de santé pendant l’expédition d’Égypte, 1998-1999
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/le-role-du-service-de-sante-pendant-lexpedition-degypte/
Duels avec l’Angleterre
▪ Pages et sites internet
- Fondation Napoléon : CHARRIER PIERRE, Davout et ses soldats au camp de Bruges. Un corps d’armée au camp de Boulogne,
2005
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/davout-et-ses-soldats-au-camp-de-bruges-un-corps-darmee-au-
camp-de-boulogne/
- Musée de la Légion d’honneur : Histoire de la légion d’honneur
https://www.legiondhonneur.fr/fr/page/fondements-et-histoire/103
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Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
- Cité de la mer de Cherbourg : Fiche sur le sous-marin de Fulton
https://mediathequedelamer.com/wp-content/uploads/la-cite-de-la-mer-fiches-colleges-nautilus.pdf
- Histoire des sciences à travers les revues scientifiques : le sous-marin de Fulton
https://sciences.gloubik.info/spip.php?article1522
▪ Vidéo
- Le camp de Boulogne : reportage de France 3 Hauts de France.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/2013/11/06/la-memoire-du-nord-pas-de-calais-napoleon-et-le-camp-
de-boulogne-1803-1805-352937.html
La guerre sur mer et la vie à bord
▪ Ouvrages imprimés
- AUMONT Michel, Les corsaires de Granville, une culture du risque maritime (1688-1815), Presses univ. de Rennes, 2013
- APPRIOU Daniel, BOZELLEC Erwan, L'Alcide corsaire de Saint-Malo, la guerre de course et l'histoire d'une corvette de 1745 à
nos jours, Coop Breizh, 1998
- DELITTE Jean-Yves, HERON Jean-Benoît, À bord des frégates, Glénat 2020
- PLATT Richard, BIESTY Stephen, À bord d’un vaisseau de guerre : une bataille navale vers 1800, Gallimard jeunesse, 2009
- Témoignage : GARNERAY Louis, Corsaire de la République : Aventures et combats, Phébus, coll. Libretto, 2001
▪ Ressources numériques
- Musée de la Marine : programme multimédia sur « la vie à bord d’un 74 canons »
http://www.musee-marine.fr/content/anciens-programmes-multimedia
- Réseau Canopé : Échapper au scorbut et à la teigne
https://www.reseau-canope.fr/hermione/echappez-au-scorbut-et-a-la-teigne/seances-1-et-2.html
Grandes batailles et prisonniers des pontons
▪ Ouvrages imprimés et articles
- BATTESTI Michèle, La bataille d’Aboukir 1798 : Nelson contrarie la stratégie de Bonaparte, Economica, 1998
- MASSON Philippe, Les sépulcres flottants. Prisonniers français en Angleterre sous l’Empire, Ouest France Université, 1992
- MONAQUE Rémi, Trafalgar, 21 octobre 1805, Passés composés, 2021
- Témoignage : GARNERAY Louis, Mes pontons, Payot et Rivages, 2006
- DELITTE Jean-Yves, BECHU Denis, Les grandes batailles navales : Trafalgar, Glénat, 2017
- CHASSAIGNE Philippe, L’Angleterre, ennemie héréditaire ? Revue historique des armées N°264, 2011
http://journals.openedition.org/rha/7313
▪ Pages et sites internet
- Fondation Napoléon : BATTESTI Michèle, La bataille d’Aboukir : ses implications stratégiques
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/la-bataille-daboukir-ses-implications-strategiques/
Dossiers thématiques : Trafalgar, 21 octobre 1805 : une tragédie navale
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/dossiers-thematiques/trafalgar-21-octobre-1805-une-tragedie-navale/
- Histoire par l’image : Denoël Charlotte, La bataille de Trafalgar
(Tableau d’A. Meyer, Scènes de la bataille de Trafalgar, 1836) http://histoire-image.org/fr/comment/reply/5843
▪ Pages et sites internet sur l’archéologie sous-marine
- Institut européen d’archéologie sous-marine (IEASM) Les sites en Égypte : la flotte de Bonaparte
https://ieasm.institute/egypt.php#
- UNESCO : projet de musée sous-marin. Aboukir.
http://www.unesco.org/new/fr/culture/themes/underwater-cultural-heritage/museums-and-tourism/alexandria-museum-
project/
- Sciences et avenirs : IGNASSE Joël, Coulée lors de la bataille de Trafalgar, l'épave du Fougueux découverte au large de
Cadix, 2016
https://www.sciencesetavenir.fr/espace/exploration/les-restes-du-fougueux-coule-pendant-la-bataille-de-trafalgar-retrouves-
grace-aux-maths_108452
- Site de la BBC (en anglais) : Nelson's captured French Tricolour flag displayed again « Le drapeau tricolore français capturé
par Nelson est à nouveau présenté » au musée de Norfolk. Archéologie sous-marine.
https://www.bbc.com/news/uk-england-norfolk-38984685
▪ Vidéo
- Nota Bene : Les conflits les plus meurtriers de l’Histoire (Trafalgar). https://www.youtube.com/watch?v=i1zOsn9p8Z8
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Napoléon et la mer Repères et documents
Dossier pédagogique
La Marine de Napoléon
▪ Ouvrages imprimés et articles
- LEVEQUE Pierre, La marine française au 18 Brumaire, in Annales historiques de la Révolution française, oct.-déc. 1999
http://journals.openedition.org/ahrf/289
- ARNAUD Bernard, Napoléon et la Marine ou l'histoire d'un malentendu in Napoleonica, N°8, 2010
https://www.cairn.info/revue-napoleonica-la-revue-2010-2-page-53.htm
- Collectif, Histoire des troupes de marine au travers de l’uniforme (1622-2020), Histoire et Collection, 2020
▪ Documents sources
- Pour l’inscription maritime, voir le Service Historique de la Défense (S.H.D)
- Les archives numérisées des départements littoraux
Exemple : Amirauté de La Rochelle
https://archives.charente-maritime.fr/consulter-documents-numerises
Derniers voyages
▪ Ouvrages imprimés et articles
- VIAL Charles Eloi, Napoléon à Sainte-Hélène, l’encre de l’exil, Perrin, 2018
- POISSON Georges, L'Aventure du retour des cendres, Taillandier, 2004
- HOMET Jean-Marie, Napoléon : le retour des Cendres in L’Histoire N° 272, 2003
https://www.lhistoire.fr/napol%C3%A9on-le-retour-des-cendres
▪ Pages et sites internet
- Fondation Napoléon : MACE Jacques, Faire revenir Napoléon en France : reportage exclusif à bord de la Belle Poule en 1840
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/articles/faire-revenir-napoleon-en-france-reportage-exclusif-a-bord-de-la-
belle-poule-en-1840/
- Histoire par l’image : BENOIT Jérémie, Le retour des cendres de Napoléon (ensemble de trois tableaux)
https://histoire-image.org/fr/etudes/retour-cendres-napoleon?to=animation
▪ Vidéo
- Centre des monuments nationaux : 15 décembre 1840, le retour des Cendres de Napoléon
https://www.youtube.com/watch?v=y9LkTw8jXP8