L’appropriation du pouvoir sur notre vie : Un processus d’engagement de la part de l’individu et de la collectivité
Se voir comme une PERSONNE et non
comme une maladie
Le savoir c’est le POUVOIR
Faire partie d’un GROUPE
Créer des ALLIANCES
Le contenu de ce document ne se veut pas complet et exhaustif à propos de l’appropriation du pouvoir dans le cadre des réunions; chaque thèmes abordés faisant l’objet d’un ouvrage de référence. Il a été élaboré dans l’optique d’offrir une base pour des ateliers formatifs et dans le but de susciter réflexions et questionnements au regard de l’actualisation des grands concepts du rétablissement et de l’appropriation du pouvoir dans l’organisation des services.
Mandaté et financé par l’Agence de santé et de services sociaux de la Capitale Nationale (ASSSCN).
Couverture: Préambule communication
Correction et mise en page: Séphanie Lavoie
Recherche : Josiane Lapierre et Luc Vigneault
Conception et rédaction : Josiane lapierre
L’appropriation du pouvoir dans le cadre des réunions : révision et correction 2008
TABLE DES MATIÈRES Les objectifs de la formation............................................................................... 3 Bref historique et éléments de contexte. ............................................................. 4
Les assises de la transformation des services de santé mentale et du principe de l’appropriation du pouvoir........................................................... 7
Des notions qui guident nos prises de décision .................................................11
La santé mentale : « Je suis une personne, pas une maladie »........................12 Le rétablissement ........................................................................................16 La citoyenneté .............................................................................................20 Les alliances................................................................................................22 La perception...............................................................................................23 L’appropriation du pouvoir ..........................................................................24 La participation ................................................................................................27
Savoir expérientiel .......................................................................................28 Étapes pour un discours collectif .................................................................29 Communication : comportement non verbal .................................................30 Savoir être : rôle, attitude et comportement..................................................32 La compétence technique..................................................................................35
Organisation des services du réseau de la santé ...........................................36 Les lieux d’influences : instances nationales, régionales et locales ................43 Les principes de fonctionnement d’une équipe .............................................45 Documentations et termes associés aux réunions ........................................49
L’estime de soi ..................................................................................................54
L’estime de soi selon la pyramide de Maslow ................................................55 L’effet thérapeutique....................................................................................56 Allégorie ......................................................................................................57 La conscience critique.......................................................................................60
De la participation à la conscience critique ..................................................61 Le groupe de travail – Ses enjeux .................................................................63 Les sources d’informations des dossiers.......................................................64 La « résolution de problèmes » à partir de l’approche centrée sur les forces ....65
Ma préparation.................................................................................................67
Les outils dont je dispose pour influencer les décisions et l’action ................68 Avant de dire « oui je le veux » pensez-y! .......................................................69 Avant/pendant/après une réunion ..............................................................70 Annexes ...........................................................................................................71
Texte de référence........................................................................................72 Références ........................................................................................................76 Bibliographie ....................................................................................................78
3
LLeess oobbjjeeccttiiffss ddee llaa ffoorrmmaattiioonn
Découvrir et intégrer des notions qui guident les décisions des représentants des personnes utilisatrices des services en santé mentale au sein d’ instances de concertation.
Comprendre les composantes du processus d’appropriation du pouvoir individuel et collectif.
Reconnaître ses connaissances et ses compétences acquises résultant de ses expériences personnelles.
Parfaire ou développer des moyens et des stratégies permettant de participer et d’intervenir efficacement dans les réunions.
Connaître l’environnement organisationnel, structurel et décisionnel du réseau régional et local de la santé et des services sociaux.
4
rreeff hhiissttoorriiqquuee eett éélléémmeennttss ddee ccoonntteexxttee
L’APUR (Association des personnes utilisatrices de services en santé mentale de la
région de Québec) est un organisme communautaire qui favorise la participation des
personnes vivant ou ayant vécu un problème de santé mentale pour représenter ses
pairs à tout débat public, commission, comité de travail, groupe d’étude, table de
concertation ou tout autre forum traitant des questions qui les concernent. Un de
ses mandats est de leur donner de l’information, de la formation et de les supporter
dans leur rôle de représentant. L’APUR engendre toutes ses réalisations sous les
vocables du rétablissement et de l’appropriation du pouvoir depuis sa création, en
1998.
À cette époque, des personnes en rétablissement militant contre la stigmatisation
afin d’être considérées comme des citoyens à part entière constatent et dénoncent
que : « Les personnes souffrant d’un problème de santé mentale n’ont pas accès aux
lieux de prises de décisions; peut d’utilisateurs peuvent exprimer leurs besoins et ceux
de leurs pairs et majoritairement, les non utilisateurs parlent en leur nom, sans
connaître leurs besoins réels. » À ce moment et depuis déjà plusieurs années, la
conscience sociale des Québécois à l’égard du système de santé mentale provoque le
changement, voire même le revirement de cette organisation. Conscients que les
problèmes des individus dépendent aussi de la façon dont la société est organisée,
une des étapes cruciales à ce virage est donc de redonner le pouvoir d’agir aux
personnes concernées. C’est dans cette optique et cet espoir que l’APUR voit le jour
afin de rassembler des personnes vivant ou ayant vécu un problème de santé
mentale autour d’une mission commune : actualiser les grands concepts du
rétablissement et de l’appropriation du pouvoir en s’associant et en collaborant avec
nombre d’acteurs sensibilisés. S’allier pour franchir des barrières et faire
reconnaître leur vécu comme une expertise essentielle. Un savoir expérientiel à
considérer pour améliorer la conformité des soins et des services en fonction des
principes du rétablissement. L’APUR est maintenant un véritable « par et pour »
unique dans la région et la province de Québec et c’est sans nul doute ce qui en fait
sa force.
BB
5
L’APUR est à ce jour une instance de consultation incontournable. Elle est la seule
structure régionale vouée à la promotion et la défense des intérêts des personnes
concernées, à l’expression de leurs besoins et à la promotion de leur participation.
Bien que cette association soit composée d’administrateurs et de travailleurs
permanents dévoués à la cause, elle ne peut exercer ses fonctions sans la
collaboration active et soutenue de ses partenaires et des personnes vivant ou ayant
vécu un problème de santé mentale. Cette fonction peut paraître exigeante, mais il
est de notre responsabilité d’exprimer nos préoccupations, de participer aux
décisions, de maintenir nos liens et de développer de nouvelles alliances avec des
partenaires qui croient au potentiel humain et à l’évolution des paradigmes sociaux.
Cette collaboration est essentielle pour assurer la réussite de ce « virage
rétablissement » et contrer la stigmatisation. Ce partenariat qui nous est offert
auprès des instances décisionnelles est une belle occasion de partager nos savoirs
pour la réussite d’un objectif commun : Des soins et des services orientés pour
soutenir le projet de vie de toute personne qui porte en elle l’espoir de se rétablir selon
ses propres volontés.
6
Biens que certains ont tendance à voir la maladie avant l’humain, sur la voie du
rétablissement, l’appropriation du pouvoir individuel et collectif, confère la force,
la richesse et la passion de l’individu !
Josyan
L'appropriation du pouvoir sur sa vie est un processus par lequel une personne
acquiert de plus en plus de maîtrise sur ses choix, ses capacités et son autonomie.
L'appropriation du pouvoir passe, entre autre, par la connaissance de soi et la
planification de la gestion autonome de notre vie.
Luc
« Les usagers démotivés sont ceux qui acceptent en silence la vision
des autres sur ce que devrait être leur vie. »
Judi Chamberlin
« Si depuis quelques temps nous sommes invités à prendre notre place,
à jouer un rôle au sein de l’organisation des services, peut-être devrions-nous
arrêter d’attendre que l’on nous dise où nous asseoir ! »
Membre de l’APUR
7
eess aassssiisseess ddee llaa ttrraannssffoorrmmaattiioonn ddeess sseerrvviicceess ddee ssaannttéé mmeennttaallee eett dduu pprriinncciippee ddee ll’’aapppprroopprriiaattiioonn dduu ppoouuvvooiirr
LLEESS MMOOMMEENNTTSS CCLLÉÉSS
Livre de Jean-Charles Pagé (1960)
« Les fous crient aux secours »
Rapport Bédard (1962)
Désinstitutionalisation
Rapport Harnois (1987)
Harmonisation des services
« Je suis une personne, pas une maladie ! »
Politique de santé mentale (1989)
Cette politique s’appuie sur le rapport Harnois et les travaux du Comité de la Santé
Mentale du Québec (CSMQ).
Des problèmes prioritaires
Absence du consensus sur la notion de santé mentale des personnes.
Interventions mal adaptées aux besoins des personnes.
Deux objectifs
Réponses adaptées aux besoins des personnes.
Maintien et développement de la santé mentale de la population.
Cinq orientations
Primauté de la personne.
Revendications des mouvements sociaux.
Droits des usagers.
Implication des proches et des familles.
Relation égalitaire intervenant/usager.
LL
8
Bilan d’implantation de la politique de santé mentale (1997)
Meilleure compréhension et adhésion aux orientations pour l’intégration des
services.
Réponses aux besoins fondamentaux des personnes (hébergement, soutien en
situation de crise, suivi thérapeutique et intégration dans la société).
Marginalisation : manque de respect quant à l’exercice des droits fondamentaux.
Plan d’action en santé mentale (1998-2002)
Principe mis de l’avant : l’appropriation du pouvoir.
Services aux enfants, aux jeunes et aux adultes souffrant de troubles mentaux :
soutien dans la communauté ;
intervention en situation de crise ;
logement ;
traitement ;
soutien aux proches ;
mise en place de réseaux locaux de services ;
assurer la formation des ressources humaines ;
garantir le financement de la transition.
Forum sur la santé mentale (2000)
État d’avancement des travaux de transformation des services en santé mentale.
Points de vue des personnes utilisatrices.
Nécessité de la participation active des usagers à tout ce qui les touchent.
Accentuation du plan d’action en santé mentale 1998-2002 (2001)
Guide pour le développement des compétences en santé mentale (2004)
« Guide pour une réflexion et un dialogue sur l’appropriation du pouvoir individuel et
collectif des personnes utilisatrices de services en santé mentale. »
9
Plan d’action en santé mentale 2005-2010 : « La force des liens » (2005)
LLEESS PPRRIINNCCIIPPEESS DDIIRREECCTTEEUURRSS ::
Le pouvoir d’agir : reconnaître la capacité des personnes souffrant d’un trouble
mental de faire des choix et de participer activement aux décisions qui les
concernent, et cela, en dépit de la présence chez elles de certains symptômes ou
handicaps. La participation des utilisateurs et des proches aux exercices de
planification des services de santé mentale découle de ce principe.
Le rétablissement : Le plan d’action réaffirme la capacité des personnes de
prendre le contrôle de leur vie et de participer activement à la vie en société et la
nécessité de contrer la stigmatisation. De plus, et cela est l’essentiel, le
rétablissement constitue la trame de fond de toute organisation de services.
L’accessibilité : Le plan d’action reconnaît l’importance d’offrir localement des
services de santé mentale de première ligne de qualité et d’assurer un passage
fluide vers des services spécialisés et sur-spécialisés lorsque cela est nécessaire.
La continuité : Le plan d’action met l’accent sur la nécessité de répondre aux
besoins des personnes en assouplissant les frontières qui balisent nos
interventions et en assurant les liaisons nécessaires afin de réduire les ruptures
dans la continuité des services.
Le partenariat : Le plan d’action soutient que le partenariat et la collaboration
entre les fournisseurs de services et avec les ressources de la communauté sont
nécessaires et qu’ils représentent des gages de qualité.
L’efficience : Le plan d’action vise une organisation des ressources disponibles
de nature à entraîner un rendement optimal.
10
CCOOMMIITTÉÉ DDEESS UUSSAAGGEERRSS
La loi 32 adoptée en novembre 2005 prévoit que : « Tout établissement doit mettre sur
pied un comité pour les usagers de ses services. Le comité des usagers se compose
d’au moins cinq membres élus par tous les usagers de l’établissement et d’un
représentant désigné par et parmi chacun des comités des résidents. »
11EERR CCOOLLLLOOQQUUEE DDEE LL’’AAPPUURR ((2006)
Dr André Delorme (Directeur à la direction de la santé mentale au MSSS) déclare :
« (…) Il y a des gens qui se sont levés dans la société et qui ont parlé pour les gens qui
sont sans voix. Il me semble qu’aujourd’hui en 2006, il est peut-être temps que les
« Sans-Voix » se lèvent et parlent pour eux-mêmes ! »
« Les personnes qui reçoivent les services sont les premières concernées par l’organisation des services de santé mentale. Elles sont des partenaires de premier niveau
et leur engagement doit être recherché et soutenu. »
(Plan d’action en santé mentale 2005-2010, p. 66)
11
eess nnoottiioonnss qquuii gguuiiddeenntt nnooss pprriisseess ddee ddéécciissiioonn
La santé mentale : « Je suis une personne, pas une maladie »
Le rétablissement
La citoyenneté
Les alliances
La perception
L’appropriation du pouvoir
DD
12
aa ssaannttéé mmeennttaallee :: «« JJee ssuuiiss uunnee ppeerrssoonnnnee,, ppaass uunnee mmaallaaddiiee »»
Les services de santé mentale ont connu plusieurs vagues de
« désinstitutionalisation » témoignant de transformations considérables au Québec
depuis le début des années 1960.
Après 50 ans de révolution, notre système de santé mentale suit son continuum de
restructuration. Les objectifs de départ : humaniser les soins, améliorer l’accès aux
services dans la communauté, respecter et affirmer les droits des personnes
concernées sont toujours d’actualité. Divers groupes d'intérêt engagés dans le
secteur de la santé mentale s'entendent sur le principe de la désinstitutionalisation.
Jusqu'ici pourtant, ce mouvement s'est soldé par un succès mitigé. Plusieurs études
ont fait état de problèmes liés à la manière dont le virage s'est opéré1. La perception
de la maladie mentale et la conception des soins et des services qui en résulte évolue
au même rythme que s’effectuent les changements de paradigmes dans la société.
Elles sont le reflet des valeurs sociales soutenues par l’ensemble de ses membres et
surtout par la volonté, l’engagement et les priorités de ses représentants politiques.
Le leitmotiv de la Politique de santé mentale (1989) « Je suis une personne, pas une
maladie » touche tous les acteurs (usagers, proches, intervenants, instigateurs,
administrateurs, politiciens, etc.) oeuvrant de près ou de loin au sein du système de
santé mentale et des services sociaux, les invitant à s’engager et actualiser les
grands principes du rétablissement. Ce changement de paradigme concernant la
participation des utilisateurs de services détient une préoccupation plus large afin
de sauvegarder leurs intérêts spécifiques largement divergents de ceux des
professionnels, des administrateurs, des familles et des trusts pharmaceutiques. Il y
a là un défi touchant non seulement la prise de décisions concernant les besoins
individuels, mais aussi celle relatives aux changements requis dans le système qui
ne saurait être relevé adéquatement sans un appui de tous les acteurs concernés.
LL
13
Un important processus de transformation qui touche autant la démystification et la
déstigmatisation que la manière de gérer les ressources, de planifier, d’organiser et
d’offrir une large gamme de services intersectoriels indispensables pour favoriser le
pronostic et enclencher ou maintenir le processus de rétablissement des personnes
concernées dans le but de reconquérir leur pleine citoyenneté.
RRÉÉAADDAAPPTTAATTIIOONN PPSSYYCCHHOOSSOOCCIIAALLEE
Qu'on le veuille ou non, le handicap est construit socialement et renvoie aux
obstacles institués par la société. Le désavantage social ou le handicap tel que défini
par l'Organisation mondiale de la santé2 s'applique à une grande variété de
situations qui réduisent l'autonomie des individus qui ne répondent pas aux normes
biologiques, fonctionnelles et sociales habituelles. Une déficience, qu'elle soit
intellectuelle, psychique, motrice ou sensorielle n'entraîne pas toujours un
handicap. Quelqu'un qui est à même de vivre avec sa déficience n'est pas handicapé.
Le développement des connaissances sur les déterminants de la santé et des
progrès réalisés en réadaptation psychosociale a imposé l'idée qu'il fallait agir au-
delà des services. Les mesures intersectorielles (menées par plusieurs acteurs)
visent à favoriser l'intégration sociale et le maintien dans le milieu naturel. Parmi
ces mesures, l'accès au logement et à l'insertion professionnelle représente sans
doute les facteurs les plus importants d'intégration sociale.
LLEESS DDÉÉTTEERRMMIINNAANNTTSS DDEE LLAA SSAANNTTÉÉ
En somme, la façon dont une société stabilise l'emploi et les cycles économiques,
éduque ses enfants, assiste ses membres en cas de difficultés économiques ou
autres, met en place des stratégies contre la pauvreté, le crime et l'usage des
drogues et stimule la croissance économique et le progrès social ont une influence
au moins aussi grande sur la santé que la quantité et la qualité des ressources
investies dans le dépistage et le traitement de la maladie3. En d'autres mots, les
soins médicaux ne représentent qu'un des déterminants qui affecte la santé.
14
LL’’AACCCCÈÈSS AAUU LLOOGGEEMMEENNTT
Avoir une adresse, c'est acquérir une identité sociale. L'absence de logement
constitue un premier pas vers la marginalisation : on n'existe nulle part. Il s'agit
donc de mettre en place les conditions qui permettent à toute une catégorie
d’individus vivant avec des incapacités fonctionnelles d’exercer leur libre
citoyenneté. C’est la base d'une stratégie de prévention des réhospitalisations. Le
logement fait en effet partie intégrante des services nécessaires requis dans ce
passage progressif des pratiques de prise en charge institutionnelle à une volonté de
maintenir les personnes dans leur milieu naturel. Le logement constitue le point
d'ancrage de l'individu dans la société, la première étape d'une véritable
réintégration; c'est la nouvelle adresse qui rend possible la continuité du traitement.
C’est l’une des étapes cruciales pour se réapproprier un pouvoir d’action sur ses
conditions de vie.
LLEESS LLOOIISSIIRRSS
L’insertion sociale, c’est faire partie intégrante de la société. Une signification
beaucoup plus large que de s’intégrer que dans des milieux qui engendrent ses
réalisations sous le vocable de la santé mentale. Dans un processus de
rétablissement, il est conseillé et même souhaitable de créer des relations, de
partager des loisirs et des objectifs communs avec des gens provenant de différents
milieux avec ou sans difficulté fonctionnelle particulière. L’inclusion à des normes et
des valeurs consciemment choisies permet de s’éloigner de l’identité du patient ou
de l’usager dans lequel la personne est souvent confinée et de mettre en lumière sa
propre personnalité selon ses propres critères de « normalité » indépendamment de
ceux qui lui ont été que trop souvent imposés.
LL’’IINNSSEERRTTIIOONN PPRROOFFEESSSSIIOONNNNEELLLLEE
Actuellement, le travail, support par excellence de l'estime de soi et facteur
important de maîtrise de l'environnement social, constitue le véhicule principal de
l'inclusion dans la société. Son importance pour le maintien du bien-être
psychologique est reconnue depuis longtemps. Freud lui-même écrivait en 1930 : « Il
15
n’y a pas de moyen plus efficace pour ancrer la personne dans la réalité que de mettre
l’accent sur le travail, car le travail au moins lui donne une place sûre dans un
contexte réaliste, au sein de la communauté humaine. »
De plus, la réinsertion par le travail contribue à la croissance économique, diminue
les coûts de traitements et s’inscrit dans un continuum de services axés sur le
rétablissement permettant à la personne d’accéder à un emploi selon ses
compétences et ses capacités. Ces considérations accompagnent tout le mouvement
du Supported Employment4, qui va au-delà des ateliers protégés et des plateaux de
travail pour ouvrir la porte du travail régulier.
En général, on doit éviter de confondre manque d'habiletés et potentiel intellectuel
dans le cas des personnes ayant un problème de santé mentale. C'est le manque
d'expériences positives, le manque de confiance en soi, la crainte de l'échec et
surtout l'absence de suivi communautaire qui compromettent le retour au travail ou
aux études5. Comme le soutiennent plusieurs experts, pour conserver un emploi, les
personnes ayant des troubles mentaux doivent avoir accès rapidement à des
services de soutien qui renforcent les comportements appropriés et les habiletés
intra et interpersonnelles pendant un certain temps. Ce soutien doit idéalement
venir d'une personne de confiance qui connaît la situation de l'individu, son
fonctionnement, ses anxiétés et qui peut déceler les symptômes précurseurs. De
plus, le travail ne saurait être considéré isolément; ainsi, les échecs au travail sont
souvent causés par des événements qui se produisent hors du milieu de travail.
C'est pourquoi la coordination des services intersectoriels et un soutien continu sont
essentiels.
16
ee rrééttaabblliisssseemmeenntt 6 Le Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA), l’agence
fédérale responsable de la santé mentale aux États-Unis a produit un dépliant de
deux pages résumant les principales composantes d’une démarche de
rétablissement en dix points. Ces éléments ont fait l’objet d’un consensus auprès
d’un groupe de 110 experts provenant de différents milieux, y compris des
représentants d’utilisateurs de services et de familles.
LL
17
« Le rétablissement en santé mentale est un parcours de recouvrement et de
transformation permettant à la personne ayant un problème de santé mentale de vivre
une vie significative dans une communauté qu’il ou elle a choisi tout en s’efforçant
d’actualiser son plein potentiel. »
LLEE RRÉÉTTAABBLLIISSSSEEMMEENNTT EENN DDIIXX PPOOIINNTTSS :: AUTODÉTERMINATON
Les consommateurs mènent, contrôlent, exercent leurs choix et déterminent leurs
propres chemins conduisant au rétablissement en optimisant l’autonomie,
l’indépendance, et le contrôle des ressources pour accéder à une vie qu’ils
déterminent eux-mêmes. Par définition, le processus de rétablissement doit être
dirigé par la personne elle-même, qui définit son propre projet de vie et conçoit le
chemin unique qui y conduit.
INDIVIDUALISÉ ET CENTRÉ SUR LA PERSONNE
Il y a plusieurs chemins conduisant au rétablissement en s’appuyant sur les propres
forces de l’individu, sur sa capacité de résilience autant que sur ses besoins,
préférences, expériences (comprenant les traumatismes qu’il a vécus), son bagage
culturel et tout ce que cela représente en termes de diversité. Les personnes
définissent le rétablissement comme un cheminement continu et un résultat à
atteindre tout comme un paradigme d’ensemble permettant d’atteindre un mieux-
être et une santé mentale optimale.
POUVOIR D’AGIR (EMPOWERMENT)
Les consommateurs ont l’autorité de choisir parmi un éventail d’options, et de
participer à toute décision (y compris l’allocation de ressources) qui a une incidence
sur leurs vies, et sont formés et soutenus pour ce faire. Ils ont la capacité de se
joindre à d’autres consommateurs et de parler collectivement de leurs besoins,
volontés, désirs et aspirations. Par l’appropriation du pouvoir (Empowerment), la
personne acquiert le contrôle de sa propre destiné permettant d’influencer la
structure organisationnelle et sociétale dans laquelle elle vit.
18
HOLISTIQUE
Le rétablissement s’étend sur l’ensemble de la vie d’une personne, comprenant
l’esprit, le corps, la spiritualité et la communauté. Le rétablissement embrasse tous
les aspects de la vie d’une personne, incluant l’habitation, l’emploi, l’éducation, la
santé mentale, les services de santé, les médecines douces et complémentaires, les
services de toxicomanie, la spiritualité, la créativité, le réseau social, la participation
dans la communauté et le support aux familles, tels que déterminés par la
personne. Les familles, les intervenants, les organisations, les systèmes, les
communautés et la société jouent un rôle crucial en créant et en maintenant de
véritables opportunités permettant l’accès à ce soutien.
NON LINÉAIRE
Le rétablissement n’est pas un processus d’étape par étape mais se base sur une
croissance continue, marquée par des revers occasionnels, et la possibilité
d’apprendre de nos expériences. Le rétablissement commence par une étape initiale
de conscientisation où une personne réalise que des changements sont possibles.
Cette prise de conscience permet au consommateur d’avancer, de s’engager plus à
fond dans une démarche de rétablissement.
AXÉ SUR LES FORCES
Le rétablissement consiste à valoriser et à construire à partir des capacités
multiples, résilience, talents, habilités et de la valeur inhérente des individus. En
construisant sur ces forces, les consommateurs quittent les rôles stéréotypés dans
lesquels ils sont confinés et s’engagent dans de nouveaux rôles (Ex : partenaires,
aidants, amis, étudiants, employés). Le processus du rétablissement consiste à
avancer en interagissant avec les autres dans le cadre de relations soutenantes qui
reposent sur la confiance.
ENTRAIDE ENTRE PAIRS
Le support mutuel (comprenant le partage de connaissances, d’habilités
d’apprentissage social acquises par l’expérience) joue un rôle inestimable dans le
rétablissement.
19
Des consommateurs encouragent et incitent d’autres consommateurs au
rétablissement, ce qui procure à chacun un sentiment d’appartenance, des relations
soutenantes, des rôles sociaux valorisés, et la communauté.
RESPECT
La communauté, les systèmes, l’acceptation sociale et l’appréciation des
consommateurs, comprenant la protection de leurs droits et l’élimination de la
discrimination et la stigmatisation, sont cruciaux pour atteindre le rétablissement.
S’accepter et retrouver l’estime de soi est particulièrement vital. Le respect assure
l’inclusion et la participation active de la personne dans tous les aspects de sa vie.
RESPONSABILITÉ
Les consommateurs ont une responsabilité personnelle par rapport à s’occuper de
soi et à leur cheminement vers le rétablissement. Entreprendre des démarches afin
de réaliser leurs buts peut demander beaucoup de courage. Les consommateurs
doivent s’efforcer de comprendre et de donner du sens à leur expérience. Ils doivent
identifier les stratégies leur permettant de composer ainsi que le processus de
guérison qui favorise leur propre mieux-être.
ESPOIR
Le rétablissement fournit le message essentiel et motivant pour des lendemains
meilleurs : Que les personnes peuvent surmonter les barrières et les obstacles
auxquels elles sont confrontées. L’espoir est une qualité qui est intériorisée; mais
elle peut aussi être stimulée et alimentée par les pairs, les familles, amis,
intervenants et autres. L’espoir est le catalyseur d’une démarche de rétablissement.
« Le rétablissement est un processus, non pas un résultat ou une destination. Le rétablissement est une attitude, une manière d’approcher ma journée et les défis auxquels je fais face. Être en rétablissement signifie que je sais que j’ai certaines limitations et qu’il y a des choses que je ne peux pas faire. Mais plutôt que de laisser ces limitations devenir une occasion de désespérer et de renoncer, j’ai appris qu’en étant consciente de ce que je ne peux pas faire, je peux aussi m’ouvrir à toutes possibilités des choses que je peux réaliser. »
Patricia Deegan 25
20
aa cciittooyyeennnneettéé
LLAA FFOOLLIIEE CCIITTOOYYEENNNNEE 7
Il y a des gens qui se sentent condamnés. Et d’autres qui continuent de RÊVER et d’AGIR.
La vie, tel un voyage, est ponctuée d’anticipations, de peurs et de joies. Et pour
nous, la maladie mentale est aussi partie prenante de ce parcours. Celle qui porte la
honte, celle au nom de qui nombre d’humains a été emprisonnée à l’intérieur des
asiles, à l’intérieur d’eux-mêmes. Interdiction de pouvoir sortir, encore moins de s’en
sortir. C’est ainsi que trop de personnes ont vécu leur vie surmédicamentée, sous
l’emprise de la folie. À travers l’histoire, on peut aussi entrevoir le cheminement
d’hommes et de femmes qui ont résisté, qui ont voulu croire et se battre pour des
traitements plus humains. Puis, les asiles ont été vidés. Aujourd’hui, les gens vivent
dans la communauté et encore d’autres obstacles se dressent sur leur chemin :
incompréhension, préjugés, incapacité à trouver un emploi… Le « FOU » n’est plus !
Mais sommes-nous devenus pour autant des citoyens à part entière, reconnus dans
nos droits, renforcés dans notre capacité de travailler, de créer et de grandir ?
Avons-nous le droit de parole et surtout, nos opinions sont-elles entendues et prises
en compte ? La route de la folie à la citoyenneté est longue, mais elle est possible.
Des personnes vivant avec des diagnostics différents réussissent à s’en sortir et à se
tailler un chemin vers une identité renouvelée.
Étrange que ce voyage du combattant qui nous mène dans les détours de la maladie,
nous confronte à nos limites, et qui, paradoxalement un jour… se transforme en un
voyage permettant la rencontre de Soi. Cette rencontre est douloureuse et nous fait
vivre plusieurs émotions. Mais en même temps, cette démarche peut nous permettre
de nous recentrer sur l’essentiel, de choisir sa vie. C’est un rêve grandiose au début,
étant donné les fracas de la maladie, la condamnation et l’étiquette que représente le
diagnostic. Et ce, sans compter le néant qui sévit sur notre vie.
LL
21
Mais parfois, il faut aller au plus profond de soi et de la folie pour pouvoir rebondir.
Vivre après avoir connu le désarroi et avoir désiré la mort, c’est le triomphe de la
volonté sur la résignation, de l’espoir sur la condamnation. C’est la force de
mobiliser ses énergies, de s’entourer de personnes qui croient en nous, qui souvent
espèrent avant que l’on entrevoie la lumière.
On n’est plus jamais pareil quand on revient d’aussi loin, on est changé. Et cela
peut être pour le mieux. Combien de personnes se contentent de vivre et de laisser
s’écouler l’existence sans réellement y prendre part ? Nous sommes peut-être
meurtris par nos souffrances, mais en même temps elles nous permettent de réaliser
que nous sommes en vie. Ensuite, il est possible de prendre part à notre existence,
de faire des choix en accord avec notre volonté. Enfin, l’important à mes yeux, c’est
d’agir individuellement et collectivement pour faire du rétablissement et
l’appropriation du pouvoir un aller simple pour la vie vers la citoyenneté.
22
eess aalllliiaanncceess
Quand les oies volent en formation, elles se déplacent environ
70 % plus vite que lorsqu'elles volent seules.
Ce n'est pas toujours la même oie qui est leader. Quand l'oie meneuse
est fatiguée, elle fait un demi-tour pour s'insérer dans la formation
en “ V ” et une autre la remplace en tête de vol.
Les oies prennent soin de celles qui sont en difficulté. Si une oie faible
ou malade a du mal à suivre, au moins une autre oie reste
avec elle pour l'aider et l'accompagner.
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En créant des alliances, nous pouvons, nous aussi, accomplir
beaucoup plus, beaucoup plus rapidement !
La prochaine fois que vous verrez une volée d'oies, rappelez-vous que créer des
alliances est à la fois un enrichissement, un défi et un privilège. La collaboration
et le partenariat offre la possibilité de donner ou de solliciter des opinions,
de prendre des décisions, de partager des connaissances, des expertises
et les meilleurs pratiques, non seulement entre pairs, mais aussi
entre une organisation et ses partenaires. Ensemble,
nous multiplions notre pouvoir pour mieux naviguer
dans les dédales du système de santé mentale.
LL
23
aa ppeerrcceeppttiioonn
LLEE CCAASSSSEEUURR DDEE CCAAIILLLLOOUUXX
L’écrivain Charles Péguy arrive à Chartres pour un pèlerinage. Il voit un type
fatigué, suant, qui casse des cailloux. Il s’approche de lui :
- Que faites-vous monsieur ?
- Vous voyez bien, je casse des cailloux. C’est dur, j’ai mal au dos, j’ai soif, j’ai chaud.
Je fais un sous-métier, je suis un sous-homme.
Il continue et voit plus loin un autre homme qui casse des cailloux.
Lui n’a pas l’air mal.
- Monsieur, que faites-vous ?
- Eh bien, je gagne ma vie. Je casse des cailloux. Je n’ai pas trouvé d’autre métier
pour nourrir ma famille, je suis bien content d’avoir celui-là.
Péguy poursuit son chemin et s’approche d’un troisième
casseur de cailloux souriant et radieux :
- Monsieur, que faites-vous ?
- Moi, monsieur, dit-il, je bâtis une cathédrale.
__________________________________
Les soins dispensés aux personnes atteintes de troubles mentaux et du
comportement ont toujours reflété les valeurs sociales qui influencent la perception
de la maladie mentale dans la société8. Inversement, la perception des personnes
face à leur propre maladie influence à son tour les paradigmes de santé mentale de
la société dans laquelle elles évoluent. Chacun ayant la responsabilité d’exercer un
esprit critique envers ses propres perceptions et surtout d’en évaluer les
répercussions potentielles sur le processus de rétablissement des personnes
concernées.
LL
24
DDÉÉFFIINNIITTIIOONN L’appropriation du pouvoir est une notion diffusée dans plusieurs systèmes de la
santé d’ici et d’ailleurs. Plus ce concept prend de l’ampleur, plus il en découle de
multiples définitions selon la perception et la compréhension de celui qui se
l’approprie. Soucieux de transmettre les principes de bases qui soutiennent la
notion de l’appropriation du pouvoir individuel, nous vous proposons trois
définitions :
« Cette notion fait référence au processus permettant à la personne
de retrouver son autonomie et d’avoir une plus grande maîtrise de
sa vie. (…) travailler dans une perspective où l’on doit miser sur les
forces des individus demande que les praticiennes et les praticiens
adoptent une attitude de collaboration qui soit respectueuse des
droits des usagers (…) de permettre aux personnes concernées de
participer activement aux choix des services et des moyens qui les
aideront à atteindre leurs buts personnels. »9
« L’appropriation du pouvoir » est un terme qui est devenu populaire
dans les programmes de santé mentale, pourtant il n’existe pas de
définition claire de ce concept. Dans le cadre d’un projet de
recherche destiné à mesurer le niveau d’appropriation du pouvoir
dans les programmes gérés « par et pour » les utilisateurs de
services, nous avons entrepris de définir le concept de façon
opérationnelle. Des éléments clés de l’appropriation du pouvoir ont
été identifiés notamment l’accès à l’information, la capacité de faire
des choix, l’affirmation de soi et l’estime de soi. L’appropriation du
pouvoir a, à la fois, une dimension individuelle et une dimension
collective. »10
LL’’ aapppprroopprriiaattiioonn dduu ppoouuvvooiirr
25
« Pour le mouvement des usagers, l’appropriation du pouvoir
signifie que les personnes qui utilisent les services en santé
mentale exercent des choix, contrôle leur propre vie et assument la
responsabilité des choix et des décisions qu’elles prennent. Le
véritable pouvoir d’agir suppose un revirement des rapports de
pouvoir dans le système traditionnel de santé mentale, de sorte que
les personnes ne soient plus contraintes d’agir contre leur volonté.
(…) Le pouvoir d’agir est quelque chose qui se manifeste à partir de
la personne. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut donner à
quelqu’un d’autre, bien que nous puissions certainement aménager
un environnement qui en facilite l’expression. »11
MMAA DDÉÉFFIINNIITTIIOONN ___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
Nous constatons que le concept d’appropriation du pouvoir individuel est d’abord un
processus en soi, un cheminement qui permet à la personne d’acquérir le contrôle
de sa propre destinée, ce qui lui permet éventuellement d’exercer un pouvoir collectif
afin d’influencer la structure organisationnelle et sociétale dans laquelle elle vit.
26
CCOOMMPPOOSSAANNTTEESS DDUU PPRROOCCEESSSSUUSS GGÉÉNNÉÉRRAALL DD’’AAPPPPRROOPPRRIIAATTIIOONN DDUU PPOOUUVVOOIIRR DD’’AAGGIIRR 1122
Assistance muette
Participation aux discussions simples (droit de parole)
Participation aux débats (droits d’être entendu)
Participation aux décisions (aval (approbation)/ refus de consentement)
Acquisition de connaissances pratiques et techniques requises par l’action
Reconnaissance de la légitimité de l’identité propre
Reconnaissance de sa propre compétence
Reconnaissance de ses compétences par les autres
Conscience collective (la personne/la collectivité n’est pas seule à avoir un problème)
Conscience sociale (les problèmes individuels et collectifs sont influencés
par la façon dont la société est organisée)
Conscience politique
(la solution des problèmes d’ordre structurel passe par le changement social)
27
aa ppaarrttiicciippaattiioonn
Savoir expérientiel
Étapes pour un discours collectif
Communication : comportement non verbal
Rôles, attitudes et comportements des membres lors d’une réunion
La participation comporte deux volets. Le premier est d’ordre psychologique et se manifeste
par une progression qui évolue d’une assistance muette à l’exercice d’un droit de parole
(incluant le droit de la refuser), suivi par celui de se faire entendre et culminant par le droit
de participer aux décisions. L’exercice réel du pouvoir s’exprime dans les décisions, soit de
façon positive lorsqu’on donne son accord, soit de façon négative lorsqu’on refuse son
consentement. Le deuxième volet est d’ordre pratique et renvoie à la capacité croissante de
contribuer et d’assumer les conséquences de sa participation, ce qui implique la capacité
d’agir de façon rationnelle et la propension à s’engager.
LL
28
aavvooiirr eexxppéérriieennttiieell
Dans un processus de rétablissement, l’individu acquiert des connaissances
pertinentes afin d’établir un partenariat équitable dans l’organisation des services en
santé mentale. L’alliance du savoir scientifique et du savoir expérientiel permet de
soutenir les services afin que ceux-ci soient mieux adaptés et appropriés aux
besoins des utilisateurs. Ils sont indissociables, l’un ayant besoin de l’autre pour
actualiser les principes du rétablissement et de l’appropriation du pouvoir.
MMEESS AATTTTIITTUUDDEESS EETT MMEESS CCOOMMPPOORRTTEEMMEENNTTSS FFAAVVOORRAABBLLEESS
MMEESS AATTTTIITTUUDDEESS EETT MMEESS CCOOMMPPOORRTTEEMMEENNTTSS QQUUII DDEEMMAANNDDEENNTT VVIIGGIILLAANNCCEE
SS
29
ttaappeess ppoouurr uunn ddiissccoouurrss ccoolllleeccttiiff
De l’individuel au collectif 13 Du besoin de dire … À un pour tous, tous pour un !
1. Témoignage : besoin de dire son histoire, besoin d’être entendu peu importe le
sujet de discussion en cours.
2. Témoignage en lien avec l’ordre du jour pour illustrer le vécu, les
préoccupations, les obstacles rencontrés par la personne.
3. Témoignage mettant en lumière le processus, le cheminement de la personne, ce
qu’elle retire de son expérience. Les facteurs favorables et défavorables à son
processus de rétablissement.
4. La personne après avoir fait part de son vécu dégage des moyens, des solutions
afin de satisfaire en premier ses besoins personnels.
5. La personne en vient ultimement à dégager des moyens, des solutions pour ses
pairs, à s’informer, à développer sa conscience sociale et politique. C’est le bien
commun des usagers qui priment et parfois au détriment de ses propres
priorités comprenant que les grandes transformations s’effectuent étapes par
étapes, faisant usage de patience, de détermination et de persévérance envers
l’objectif ultime à atteindre.
ÉÉ
30
oommmmuunniiccaattiioonn nnoonn vveerrbbaallee 14
QQUUEELL PPEERRSSOONNNNAAGGEE VVOOUUSS RREEPPRRÉÉSSEENNTTEE ??
CC
31
LLEESS DDIIFFFFÉÉRREENNTTSS TTYYPPEESS DD''IINNTTEERRLLOOCCUUTTEEUURRSS 1155 Le bagarreur : Ne pas se laisser entraîner dans la bagarre. Utiliser la technique de
« l'angle mort », ignorer sa présence, utiliser le groupe, exemple : « Est-ce que
quelqu'un d'autre est de cet avis ? »
Le sage : On peut lui demander un avis et/ou une synthèse des débats. C'est la
personne compétente et écoutée, il est d'une aide précieuse.
Le « je sais tout » : Faire vérifier ses affirmations « Est-ce que vous avez les
principaux chiffres à ce sujet ? » Feindre de prendre ses affirmations pour des
questions.
L'absent : Il ne sait pas être à l'heure. Ne lui permettez pas d'interrompre la
réunion.
Le bavard : L'interrompre avec tact en se référant éventuellement au contrat passé
en début de réunion. Limiter son temps de parole.
Le timide : Lorsqu'une question vous est posée, vous pouvez essayer de la renvoyer
sur lui. II faut lui poser des questions faciles, lui donner le sentiment de sa valeur.
L'opposant systématique : Reconnaître sa valeur et l'inviter à en faire profiter
l'assemblée.
Le dormeur ou « roupilleur » : II ne s'intéresse pas à grand chose, sauf peut-être à
lui-même. L'interroger sur ses propres activités, ramener à donner des exemples.
Le grand seigneur : II est « au dessus de tout ça ». Ne pas le critiquer, utiliser la
technique du « oui, mais ... ».
Le rusé : Il essaie de prendre à défaut l'animateur. Lui retourner la question « bonne
question, quelle solution voyez-vous ? » II est vrai que ses questions sont souvent
meilleures que ses réponses. Vous ne rencontrerez pas l'une de ses caricatures mais
différents « cocktails ». À vous de vous adapter … et non pas d'aller à l'affrontement,
sans oublier l'humour nécessaire à tout animateur.
32
aavvooiirr êêttrree :: rrôôllee,, aattttiittuuddee eett ccoommppoorrtteemmeenntt
CCOONNSSEEIILLSS UUTTIILLEESS Exercer un rôle de collaborateur
Notre expertise d'utilisateur de services de santé mentale est une richesse essentielle
et complémentaire au savoir scientifique. Des savoirs profitables pour l’organisation
des services en santé mentale. Malgré que les différents acteurs proviennent souvent
de milieux professionnels distincts, autour de la table, nous avons tous et toutes le
même « chapeau », celui de partenaire et de collaborateur à une même cause ou un
même mandat. Allier nos connaissances et nos expertises permet de soulever des
solutions plus adaptés à la réalité et par conséquent, plus susceptibles de donner
les résultats escomptés et de répondre aux besoins de nos paires.
Exercer un rôle de représentant
Être représentant des personnes utilisatrices des services en santé mentale est à la
fois un privilège et une responsabilité envers nos pairs et l’association qui nous
supporte. En ce sens, il est toujours préférable de participer aux mécanismes de
consultation formels ou informels et aux formations offertes par notre milieu, afin de
prendre des décisions en fonction des enjeux prioritaires et de passer de la parole au
JE vers un discours au NOUS.
Consulter des personnes qui possèdent une expertise
Dans certains dossiers, le jargon politique et administratif peut parfois sembler
incompréhensible pour un profane. Certaines personnes possèdent l’art de
vulgariser les documents et rendre les propos plus accessibles. Ils ont la compétence
de donner une vue d’ensemble en peu de temps puisqu’ils connaissent bien les
rouages des dossiers politiques et administratifs. N’hésitez pas à aller demander
conseil auprès de ces personnes.
SS
33
Faire des compromis
Lors d’une collaboration entre différents partenaires, tous essayent de trouver des
solutions à partir de perceptions, de réalités, d’intérêts et d’obligations propres à
chacun. Inévitablement, dans le cadre d’un mandat commun, tous se doivent de
composer et de travailler à partir de points de vue différents. De ce fait, chacun se
doit d’accepter qu’un travail d’équipe engendre, de part et d’autre, des gains et des
pertes; néanmoins, dites-vous bien que tous les membres sont sur le même pied
d'égalité. Prendre le temps qu’il faut pour discuter de nos divergences d’opinion et
prendre le temps d’accueillir les propos de l’autre fait, dans la majorité des cas,
jaillir la lumière.
Se retirer au moment opportun
Dans les réunions, les personnes utilisatrices de services en santé mentale sont
confrontées à des dialogues, des échanges et des interventions qui ont souvent été
pour elles, des moments difficiles dans leur vie. Que nous discutions de plan
d’intervention, d’entrée à l’urgence ou de pratiques communes, ces sujets de
discussion, banals pour certains, ne sont que source d’angoisse et d’anxiété pour
d’autres. En ce sens, lorsqu’un discourt évoque un souvenir qui fais émerger un
sentiment douloureux et difficilement contrôlable, il est préférable de demander une
pause à l’animateur, de se retirer et de revenir lorsque l’émotion s’est dissipée. De
cette façon, on démontre un contrôle sur ses émotions, une connaissance de ses
limites et on se bâtit une crédibilité.
Intervenir calmement
Exercer ses droits sans renier ceux d’autrui et réagir calmement contre l’idée et non
contre la personne qui l’a émise permet d’entretenir de bonnes relations
interpersonnelles, sans lesquelles ils nous seraient difficiles de bâtir.
34
La confidentialité
Garder la confidentialité concernant le contenu, conformément au type de réunion,
mais aussi garder la confidentialité par rapport aux renseignements personnels
partagés par les membres.
La ponctualité
Arriver à l’heure et rester jusqu’à la fin de la rencontre afin de pouvoir participer aux
différents points inscrits à l’ordre du jour et pour éviter de retarder le déroulement
de la réunion. De plus, certaines décisions peuvent être prises en notre nom et celui
de l’association que l’on représente même en notre absence.
Le non-jugement
Tout est une question de perception. Le respect dans les valeurs et les croyances de
chacun favorise l’ouverture d’esprit et l’atteinte des objectifs visés.
La recherche d’information
Il est souvent bénéfique d’aller chercher des informations auprès de partenaires d’ici
ou d’ailleurs. Des informations pertinentes et des données probantes sont parfois
nécessaires pour s’assurer de la crédibilité de nos dires et pour faire profiter les
expertises déjà établies.
Prendre soin de sa santé
Quand notre santé mentale ou physique nous joue des tours, il est souvent
préférable d’aviser la personne concernée et de s’absenter pour prendre soin de soi.
Votre absence sera notée au procès-verbal comme « absence motivée ».
Avoir un bon sens de l’humour
Prendre son engagement au sérieux, mais ne pas se prendre au sérieux. Un bon
sens de l’humour aide à détendre l’atmosphère et à rendre la réunion plus agréable
et moins stressante.
35
Les compétences sont avant tout techniques, c’est-à-dire les connaissances et les
habiletés permettant, d’une part, la participation et d’autre part, l’exécution de
l’action. Elles peuvent se traduire tant par l’acquisition de nouvelles compétences
que par la réévaluation de celles déjà possédées.
aa ccoommppéétteennccee tteecchhnniiqquuee
Organisation des services du réseau de la santé
La hiérarchisation des services
Les lieux d’influences : instances nationales, régionales et locales
Les principes de fonctionnement d’une équipe
Documentations et termes associés aux réunions
LL
36
rrggaanniissaattiioonn ddeess sseerrvviicceess dduu rréésseeaauu ddee llaa ssaannttéé
LLAA RREECCOONNFFIIGGUURRAATTIIOONN DDUU SSYYSSTTÈÈMMEE DDEE SSAANNTTÉÉ EETT SSEERRVVIICCEESS SSOOCCIIAAUUXX 1166
Depuis plus d’une trentaine d’années, un immense chantier de transformation s’est
amorcé afin d’arriver à offrir à la population du Québec de meilleurs services de
santé et de services sociaux possibles en fonction des ressources disponibles. Le
chantier de reconfiguration des structures est maintenant arrivé à terme mais le
travail de finition intérieure demande à être complété.
Le système initial, de par sa configuration, induisait la fragmentation des services.
La logique fondamentale du système initial reposait sur un réseau d’établissement
offrant, souvent en compétition ou en totale ignorance des autres établissements,
des services à une clientèle à la recherche d’une réponse à ses besoins.
OO
37
En décembre 2003, le gouvernement du Québec adoptait la Loi sur les agences de
développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux. Cette
loi confiait aux agences la responsabilité de mettre en place un nouveau mode
d’organisation des services dans chaque région basé sur des réseaux locaux de
services (RLS). La création, en juin 2004, de 95 réseaux locaux de services à l’échelle
du Québec a pour objectif de rapprocher les services de la population et de les
rendre plus accessibles, mieux coordonnés et continus.
La reconfiguration actuelle du système concrétise le passage d’un réseau
d’établissements à un réseau de services. Les travailleurs du système ne doivent
plus se voir comme faisant partie d’un type d’établissement ou d’un autre, mais d’un
ensemble, d’une organisation publique qui s’adresse à toute la population.
LLEESS GGRRAANNDDSS PPAALLIIEERRSS DDEE LL’’AARRCCHHIITTEECCTTUURREE
La reconfiguration du réseau confie au palier local et de façon spécifique au Centre
de santé et services sociaux (CSSS), un rôle clé dans la nouvelle architecture du
système. C’est aussi à l’échelle locale, que la participation des citoyens est attendue
au sein des différents établissements ou organismes impliqués à titre de partenaire
du réseau local de services (RLS). L’organigramme du réseau de la santé et des
services sociaux identifie trois paliers de responsabilités distincts :
Palier local : Les établissements de santé et services sociaux
Palier régional : Les agences de la santé et des services sociaux (ASSS)
Palier central : Le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)
Chaque palier assume des mandats spécifiques et complémentaires aux autres et
est imputable au palier supérieur : les établissements sont imputables aux agences,
les agences sont imputables au MSSS et le MSSS, par son ministre, est imputable
au gouvernement et à l’Assemblée nationale.
38
9955 CCEENNTTRREESS DDEE SSAANNTTÉÉ EETT SSEERRVVIICCEESS SSOOCCIIAAUUXX ((CCSSSSSS)) AAUU CCŒŒUURR DDEE 9955 RRÉÉSSEEAAUUXX LLOOCCAAUUXX DDEE SSEERRVVIICCEESS ((RRLLSS)) 1177
Au cœur de chacun des réseaux locaux de services, on trouve un nouvel
établissement appelé centre de santé et de services sociaux (CSSS) né de la fusion
de centres locaux de services communautaires (CLSC), de centres d’hébergement et
de soins de longue durée (CHSLD) et, dans la majorité des cas, d’un centre
hospitalier. Le CSSS agira comme assise du réseau local de services assurant
l’accessibilité, la continuité et la qualité des services destinés à la population du
territoire local.
39
Les CSSS ont comme responsabilités de promouvoir la santé et le bien-être ;
accueillir, évaluer et diriger les personnes et leurs proches vers les services requis et
d’accompagner et soutenir les personnes vulnérables. En tant qu’établissements, ils
doivent également offrir une gamme de services généraux de santé et de services
sociaux et certains services spécialisés. Par ailleurs, afin de couvrir l’ensemble des
besoins de sa population qu’il ne peut combler à lui seul, le CSSS doit conclure des
ententes de services avec d’autres partenaires (organismes communautaires,
groupes de médecine familiale, centres jeunesse, centres de réadaptation, centres de
réinsertion professionnelle, hébergement, centres hospitaliers universitaires, etc.).
Pour la région de la Capitale Nationale, il existe 4 CSSS :
Vieille-Capitale
Québec-Nord
Portneuf
Charlevoix
AAGGIIRR PPOOUURR AAMMÉÉLLIIOORREERR LLAA SSAANNTTÉÉ EETT LLEE BBIIEENN--ÊÊTTRREE DDEE LLAA PPOOPPUULLAATTIIOONN :: LLAA RREESSPPOONNSSAABBIILLIITTÉÉ PPOOPPUULLAATTIIOONNNNEELLLLEE
Selon le Ministère de la Santé et des Services sociaux, la responsabilité
populationnelle signifie que les intervenants qui offrent des services à la population
d’un territoire local sont amenés à partager collectivement une responsabilité envers
cette population, en rendant accessible un ensemble de services le plus complet
possible et en assurant l’accompagnement des personnes dans le système de santé
et de services sociaux, tout en favorisant la convergence des efforts pour maintenir
et améliorer la santé et le bien-être de la population et des communautés qui la
composent.
Les différents partenaires d’un même territoire sont appelés à occuper leur place de
plusieurs façons. D’abord, ils doivent assumer conjointement la responsabilité
populationnelle. Cela veut dire que les partenaires ont le devoir de se sentir
concernés par les problématiques de santé et les problématiques sociales
importantes touchant la population du territoire.
40
Ainsi, ils devront collaborer à la détermination des cibles cliniques prioritaires du
territoire et à la mise en place de moyens pour atteindre les objectifs visés. Les
partenaires seront représentés par une personne qui siégera à la Table de
concertation territoriale (TCT), regroupant les partenaires du réseau local de santé et
de services sociaux.
LLAA HHIIÉÉRRAARRCCHHIISSAATTIIOONN DDEESS SSEERRVVIICCEESS 18
La hiérarchisation des services a pour but l’utilisation des ressources de façon
optimale. Dans une organisation hiérarchisée, l’équipe de première ligne sert à la
fois de porte d’entrée, de lieu de traitement et de lieu intégrateur des soins offerts à
un individu. Les services de deuxième ligne permettent de résoudre des problèmes
complexes et les services de troisième ligne s’adressent aux personnes présentant
des problèmes très complexes ou dont la prévalence est très faible.
Les services de première ligne Le premier niveau d’accès aux services est celui des services de première ligne. Les
services de première ligne sont des services universellement accessibles qui servent
à promouvoir la santé, à prévenir les maladies et à offrir des services diagnostics,
curatifs et de réadaptation à toute la population. Les services de première ligne en
santé mentale sont de deux ordres : des services généraux offerts à toute la
population et des services de première ligne spécialement destinés à la santé
mentale. Ces services (services médicaux et sociaux généraux) sont offerts par :
les CSSS ;
les cliniques médicales ;
les groupes de médecine de famille (GMF) ;
les psychologues en milieu scolaire ou en cabinet privé ;
certains organismes communautaires ;
et pour les cas urgents, par les centres hospitaliers.
41
Les services de deuxième ligne Le deuxième niveau de services regroupe les services de deuxième ligne qui
soutiennent les services de première ligne. Sauf exception, les personnes qui
accèdent à ces services devraient y avoir été dirigées par un intervenant des services
de première ligne. Les services de deuxième ligne font appel à une expertise
spécialisée. Ils doivent soutenir les équipes de première ligne et traiter les personnes
qui ne peuvent recevoir un traitement adéquat à ce niveau. L’évaluation et le
traitement spécialisés, l’hospitalisation et le suivi intensif sont des services (services
médicaux et sociaux spécialisés) offerts par :
les CSSS ;
certains organismes communautaires ;
et par tous les centres hospitaliers qui offrent des services psychiatriques.
Les services de troisième ligne Le troisième niveau d’accès, soutenant le premier et le deuxième niveau, est celui
des services de troisième ligne. Ces services sont offerts dans un nombre limité
d’endroits et sont accessibles seulement aux personnes qui sont orientées à partir
d’un autre niveau de services. Ils s’adressent à des personnes ayant des problèmes
de santé très complexes, dont la prévalence est faible ou dont la complexité requiert
une expertise qui ne peut être offerte par les services de deuxième ligne.
Les services de troisième ligne (services médicaux et sociaux surspécialisés) sont
déterminés par le MSSS, identifiés par les réseaux universitaires de santé (RUIS) et
offerts par certains centres hospitaliers affiliés aux réseaux universitaires : centres
hospitaliers universitaires (CHU), centres affiliés universitaires (CAU) et centres
hospitaliers psychiatriques (CHPSY).
42
RÉPARTITION DES SERVICES HIÉRARCHISÉS
Répartition des services
70%
29%
1%
Première ligne
Deuxième ligne
Troisième ligne
LLEE GGUUIICCHHEETT DD’’AACCCCÈÈSS Le guichet d’accès est le lieu où s’effectue l’évaluation des patients par l’équipe de
première ligne. Les professionnels travaillant au guichet d’accès ont pour mandat de
déterminer si les personnes qui s’y présentent ou qui y sont dirigées devraient
retourner dans les services généraux ou les services de première ligne d’où elles
arrivent (dans ce cas, certains conseils pourraient être prodigués aux intervenants
qui les ont dirigés), si elles bénéficieraient plus avantageusement des services de
l’équipe de première ligne de santé mentale ou si elles doivent rapidement accéder
aux services de deuxième ligne. À la différence d’un module d’évaluation liaison, le
guichet d’accès fait partie des services de première ligne.
43
eess lliieeuuxx dd’’iinnfflluueenncceess :: iinnssttaanncceess nnaattiioonnaalleess,, rrééggiioonnaalleess eett llooccaalleess
Le développement et le maintien de l’appropriation du pouvoir collectif requièrent un
environnement qui le permet, c’est-à-dire un lieu permettant la participation aux
décisions, la mise en valeur des compétences, la croissance de l’estime de soi et le
raffinement de la conscience critique. Cet environnement est généralement celui
d’une communauté, c’est-à-dire d’un lieu collectif à l’intérieur duquel chaque
personne possède un sentiment d’appartenance.
L’APUR assure la liaison entre les usagers et les différentes instances de
concertation de la Capitale Nationale :
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)
Sur invitation de la direction de la santé mentale
Agence de la santé et des services sociaux (ASSS)
Forum de la population
Tables et comités de concertations régionales
Centre de santé et services sociaux (CSSS)
Comités d’usagers, comités de résidents
Conseil d’administration (CA),
Hôpitaux, hébergements, CLSC,
Tables territoriales et comités
Centres hospitaliers soins généraux et psychiatrique
Ressources non-institutionnelles en santé mentale (RNI)
Centres universitaires
Tous autres partenaires du domaine de la santé mentale qui favorisent et soutiennent la
participation des usagers au regard du mandat qu’ils assument.
LL
44
Groupe de défense d’intérêts Nationale : Les portes voix du rétablissement
Groupe de défenses de droits régionaux
AGIR (Alliance des groupes d’intervention sur le rétablissement en santé
mentale)
Organismes communautaires en santé mentale
Groupes communautaires tous acabits de la région de la Capitale Nationale
(regrouper sous ROC 03)
Milieu de traitement/réadaptation
(généralement affilier à Centre hospitalier ou un organisme communautaire)
Regroupements national en santé mentale ou autre
(ex. : AQRP, AGIDD-SM, RRASMQ)
Milieu de vie (comité de citoyens, comité logement sociaux, etc.)
Députés
Parties politiques, etc.
45
eess pprriinncciippeess ddee ffoonnccttiioonnnneemmeenntt dd’’uunnee ééqquuiippee
Un bon participant connaît son rôle, il sait écouter, il sait participer à un débat et il
sait comment intervenir et travailler en commun pour parvenir à prendre une
décision claire. Un bon participant s’efforce d’exprimer son désaccord de manière
constructive.
LLEE RRÔÔLLEE DDEESS MMEEMMBBRREESS 19
1. L’équipe, la rencontre ou la réunion sont la propriété des membres. Son efficacité
est fonction de la contribution de tous et chacun à tous les plans :
celui de la tâche ;
celui des relations entre les personnes ;
et celui de l’entretien des deux premiers plans.
Au cours d’une réunion, les membres peuvent jouer plusieurs rôles. Ils peuvent
ainsi prendre une part active au déroulement de la rencontre, jouer un rôle plus ou
moins consciemment ou encore assister en tant qu’observateur. Ce qu’il faut
garder en tête, c’est que les résultats de la rencontre sont souvent fonction des
rôles joués par l’ensemble des personnes présentes.
2. Les membres de l’équipe sont responsables d’arriver à une décision à laquelle
tous participent et qui est le produit de tous.
3. Les membres de l’équipe conviennent ensemble des méthodes de travail, de
l’assignation des tâches et des fonctions, du plan d’action et ses objectifs et
s’aident mutuellement à obtenir les résultats escomptés.
4. Toutes difficultés survenant dans l’équipe sont envisagées et résolues à
l’intérieur de celle-ci par les membres. Lorsque la confiance se développe parmi
les membres, il est plus facile pour un individu de découvrir et reconnaître les
façons par lesquelles ses comportements dérangent l’équipe.
LL
46
5. La dimension émotive et les conflits sont reconnus par les membres comme des
réalités légitimes demandant une attention aussi sérieuse que celle à l’égard de
la tâche. Les membres en viennent à réaliser que les besoins, les aspects émotifs
et les attentes de tous doivent être considérés de sorte qu’une conscience d’être
en équipe se forme et que l’équipe évolue dans son développement.
Le pouvoir de chacun des membres est respecté et mis à profit dans
l’accomplissement de leur mandat. Tout le monde veut du pouvoir et l’exercer,
mais la multiplication des pouvoirs est un levier plus puissant que s’il est exercé
par une seule personne. Ainsi, des partenaires qui possèdent des qualifications et
des compétences différentes, des informations et des connaissances
complémentaires, des relations sociales diversifiées peuvent créer des alliances et
accroîtrent leur pouvoir commun.
LLEESS RRÈÈGGLLEESS DDEE LL’’ÉÉCCOOUUTTEE Le premier atout du participant est la pratique de l’écoute. Les deux défauts les plus
courants de l’écoute sont l’inattention et le dépassement. L’écoute peut être
transformée en habitude par une pratique constante. L’inattention constitue le plus
grand des handicaps. Voici les règles de l’écoute :
rencontrer fréquemment le regard de l’animateur ou de l’interlocuteur ;
écouter afin de retenir l’essentiel des idées exposées – éviter de se concentrer sur
les termes utilisés ;
chasser ses pensées qui sont sans rapport avec la réunion – se ramener vers
l’essentiel et le moment présent ;
s’entraîner à accroître son temps d’attention ;
prendre note des mots-clés au cours des débats de manière à fixer son attention
sur ce qui se passe à la réunion ;
négliger les erreurs de logique qui n’entravent pas la compréhension du
message.
47
IINNTTEERRVVEENNIIRR AAUU MMOOMMEENNTT OOPPPPOORRTTUUNN
Éviter de s’arrêter sur les détails insignifiants – se concentrer sur les objectifs à
atteindre.
Patienter pour introduire une proposition nouvelle – ne pas interrompre un
orateur au milieu d’une phrase.
Intervenir lorsque l’idée ou la proposition à ajouter est pertinente au débat - ne
pas oublier qu’une réunion n’est pas le moment des anecdotes, des souvenirs,
des descriptions détaillées ou des discours creux.
Commencer par poser des questions avant d’énoncer ses propositions pour
s’assurer d’avoir bien compris.
Analyser ses propositions afin de s’assurer qu’elles sont praticables.
Exposer les principaux avantages de sa présentation - indiquer ses faiblesses,
mais montrer que les avantages l’emportent sur les inconvénients.
Se préparer à défendre ses idées - prévoir les points qui risquent d’être défendus
et imaginer les réponses aux questions qui peuvent être posées.
CCOOMMPPOORRTTEEMMEENNTTSS FFAACCIILLIITTAANNTT LLAA CCOOLLLLAABBOORRAATTIIOONN Comportement de solidarité - aident au maintien ou à la cohésion du groupe.
Encourager : complimenter, donner son accord, son adhésion, montrer de
l’affection, de la cordialité, comprendre et accepter les autres.
Harmoniser les différences : entre les participants et les sous-groupes.
Rechercher et favoriser les compromis : mettre de l’eau dans son vin, transiger,
admettre ses erreurs, accepter d’avoir des pertes et des gains.
Faciliter la participation des autres : faire parler les silencieux, canaliser les
bavards, ouvrir la communication.
Proposer un idéal : auquel le groupe puisse aspirer.
Observer le groupe et faire des commentaires : concernant la démarche et non la
personne.
Suivre les autres volontairement ou passivement : attention cela signifie son
accord aux décisions.
48
Comportements reliés à la tâche - aide à maintenir le groupe sur le sujet donné.
Stimuler le groupe : proposer des idées nouvelles, faire des suggestions, voir
comment on peut surmonter les obstacles, etc.
Demander des informations ou des opinions : demander de clarifier les
suggestions, rechercher des faits en rapport direct avec le problème posé.
Offrir ses opinions personnelles : dire ce à quoi on croit.
Donner des informations : en tant qu’expert ou d’après son expérience
personnelle.
Orienter et définir les positions du groupe : par rapport à ses buts en résumant
ou posant des questions sur la direction que prend le groupe, sur sa tâche.
Reformuler : expliciter, élaborer par des exemples, des suggestions.
Résumer : coordonner les relations entre les idées et les suggestions.
S’occuper de la procédure : en faisant des choses pour le groupe, s’occuper de
l’arrangement matériel des choses, des chaises, de l’air, de la lumière, de la
distribution des documents, de l’enregistrement, des repas, etc.
ÀÀ ÉÉVVIITTEERR
Agresser le groupe : attaquer le groupe et ce qu’il fait, déprécie les autres.
Bloquer, s’opposer, résister plus que de raison : être toujours contre, ramène un
problème déjà tranché ou dépassé.
Chercher à attirer l’attention sur soi : vante, raconte ses exploits, croire que ses
idées sont supérieures.
Utiliser le groupe comme un auditoire : pour exposer ses sentiments, ses
opinions, ses idées personnelles.
Manifester un manque d’intérêt : nonchalance, cynisme, bouffonnerie.
Monopoliser le groupe en demandant de l’aide ou de la sympathie, soit par
insécurité, soit par manque d’estime personnelle.
Dominer le groupe : dans la lutte pour le pouvoir, essaie de manipuler le groupe
par des flatteries, une demande d’attention, l’interruption des autres, etc.
49
ooccuummeennttaattiioonnss eett tteerrmmeess aassssoocciiééss aauuxx rrééuunniioonnss
LLAA CCOONNCCEERRTTAATTIIOONN EETT LLEE PPAARRTTEENNAARRIIAATT 20
Le partenariat est souvent erronément perçu comme une dynamique à l’intérieur de
laquelle des individus et des groupes aux intérêts différents tentent d’arriver à des
consensus ou à des compromis sur des projets communs. Ce qui précède décrit
davantage la concertation que le partenariat. La distinction entre la concertation et
le partenariat est significative et elle pourrait se résumer comme suit :
la concertation constitue un processus volontaire, plus ou moins formel et
décisionnel, de mise en commun d’analyses et de solutions à des problèmes
reconnus, rassemblant des acteurs sociaux qui cherchent un consensus fondé
sur une problématique commune, en vue d’élaborer et de mettre en œuvre des
stratégies, des politiques et des pratiques économiques et sociales;
le partenariat correspond à un projet commun fondé sur un engagement
contractuel entre différents acteurs sociaux dont la mission, les objectifs, les
moyens et la durée sont précisément définis.
Ainsi, la concertation s’apparente davantage à une négociation s’accompagnant de
marchandage, on cède en retour de quelque chose et impliquant, inévitablement,
des compromis de la part de tous les acteurs participants. Il s’ensuit que la
dynamique est à la fois coopérative et conflictuelle. Quant au partenariat,
l’engagement est contraignant, avec des responsabilités précises, des mandats, des
ressources et des structures organisationnelles pour les réaliser.
DD
50
DDOOCCUUMMEENNTTSS
Procès-verbal
Le procès-verbal (PV) est, malgré son nom, un acte écrit qui relate officiellement ce
qui a été discuté et décidé au cours d’une séance, d’une assemblée, d’une réunion.
Son objectif est, en quelque sorte, d’être un « témoin » et de servir de référence dans
l’avenir. Le procès-verbal se distingue du compte rendu surtout par son caractère
officiel.
La rédaction d’un procès-verbal est souvent une obligation officielle ou
réglementaire, soumise à une présentation formelle particulière. Après son adoption
il doit être signé par le président et/ou le secrétaire. Dans un procès-verbal de
réunion ou d’assemblée, on donne le nom des personnes présentes, des personnes
absentes, ainsi que celui des personnes invitées (le ou la secrétaire peut faire
circuler une liste sur laquelle les participants inscrivent leur nom pour éviter les
erreurs); le lieu, la date et l’heure de la réunion y sont rappelés. Puis, chacun des
points à l’ordre du jour est repris et, le cas échéant, on y fait état de l’essentiel des
discussions et des décisions, ainsi que des engagements, nominations, instructions
et résolutions adoptées par les personnes participantes. Le procès-verbal se termine
généralement par la mention de la date, du lieu et de l’heure de la prochaine réunion
puis de l’heure à laquelle la séance a été levée.
Note : Pour qu'une décision soit légale et entre en vigueur, il faut une « résolution », c'est-à-
dire une décision prise avec la volonté de la respecter, votée et adoptée par la majorité des
administrateurs.
Compte-rendu
Le compte rendu (C-R) ne présente pas un caractère aussi officiel que le procès-
verbal. C’est une forme de rapport complet mais succinct, moins détaillé et moins
rigide que le procès-verbal et à caractère plus informatif que juridique. Comme tout
écrit administratif, il doit être rédigé avec exactitude, clarté, objectivité et concision.
Lorsqu’il porte sur le déroulement d’une réunion, le compte rendu se présente, de
manière générale, comme le procès-verbal. On y rappelle d’abord le lieu et l’endroit
51
de la réunion ainsi que le nom des personnes participantes. Puis on annonce le
contenu de l’ordre du jour. Suit l’essentiel des discussions présenté
chronologiquement ou par thème suivant un ordre logique. S’il n’y a pas d’ordre du
jour, on énumérera les thèmes abordés avant de les reprendre un à un pour en faire
la synthèse. Le compte rendu n’exige pas de coller aussi étroitement aux échanges
que le procès-verbal. Il s’agit de résumer les discussions et les décisions qui ont été
prises pour chacun des sujets qui ont été traités. Chacun des points discutés fait
l’objet d’un paragraphe. Enfin, on termine le compte rendu par la mention de l’heure
à laquelle a pris fin la réunion. Le nom de la personne qui l’a rédigé figure au bas du
document.
Ordre du jour
L’ordre du jour est un document faisant partie de différents types de réunions. Il
permet de structurer le contenu afin et d’atteindre les objectifs. C’est un document
généralement acheminé avant une réunion, au même moment que le compte-rendu
ou le procès-verbal, dans le but de permettre la préparation des participants.
Les points à l'ordre du jour :
1. Mot de bienvenue : Fait par la personne qui préside ou qui anime la réunion.
2. Lecture et adoption de l'ordre du jour.
3. Adoption du procès-verbal ou du compte-rendu du (date de la dernière réunion).
4. Suivi du procès-verbal ou du compte-rendu du (date de la dernière réunion) : ce
point est essentiel car il facilite la poursuite de la réflexion ou le passage à
l’action, permet de coordonner les activités, d’évaluer l'évolution du ou des
dossiers et de vérifier l’exécution conformément à la demande.
5. Lecture ou dépôt des correspondances reçues : Si une correspondance
importante a été reçu, l’animateur devras l'inclure dans l'ordre du jour pour être
traitée avec l’ensemble des membres.
6. Un point important pour une prise de position ou pour prendre une résolution.
7. Un autre point important et ainsi de suite.
52
8. Un point d'information ou une synthèse des activités ou des tâches assignées: ce
point est aussi essentiel pour assurer la transparence des travaux en cours. Il
donne des informations utiles pour éventuellement prendre position et adopter
une résolution.
9. Date de la prochaine réunion : les dates de réunion pour l'année en cours sont
discutées lors de la première rencontre. Toutefois, ce point reste à l'ordre du jour
à toutes les réunions pour d’éventuelles modifications.
10. Varia ou questions diverses : ce point est l'endroit pour inscrire des informations
de dernière minute. Il peut, selon la volonté des membres, rester « ouvert », c’est-
à-dire dire qu'il est possible d'y inscrire un sujet même quand l’ordre du jour est
adopté, ou être « fermé », ce qui signifie qu’un sujet ne peut y être inscrit après
l'adoption de l'ordre du jour.
11. Levée de l'assemblée ou fin de la rencontre : contrairement à un compte-rendu,
une levée d’assemblée doit être dûment adoptée dans un procès-verbal.
Note : Cet ordre du jour est à titre indicatif seulement. Toutefois, l'essentiel des points devrait
s'y retrouver.
TTEERRMMEESS
L’animateur
Le rôle d’animation est généralement joué par le président, mais l’animateur peut
également être un membre désigné par le groupe ou être joué à tour de rôle par
chacun des participants. Cette personne assurera le lien entre les membres afin de
rendre le groupe efficace. Elle aidera aussi à atteindre les objectifs de la manière la
plus satisfaisante possible pour les membres du groupe, compte tenu des conditions
matérielles à l’intérieur desquelles le groupe travaille et des limites de temps qui lui
sont imposées. Elle peut s’adjoindre un « chronométreur », c’est-à-dire un des
membres du groupe qui vérifie la durée des interventions et des discussions.
53
Il existe quatre principaux rôles dévolus à l’animateur :
• DDyynnaammiisseeuurr : faire s’exprimer les participants, donner envie au groupe de
progresser et de produire.
• MMéétthhooddiiqquuee : aider à définir la méthode de travail, à bien poser le problème;
appeler les règles.
• SSyynntthhééttiiqquuee : proposer des synthèses de la discussion, aider à en clarifier le
contenu.
• FFaacciilliittaatteeuurr : aider le groupe à surmonter ses tensions, éviter les blocages.
Le secrétaire
Le rôle de secrétariat peut se jouer à tour de rôle par les participants. Le travail de
secrétariat, après la réunion, consiste en la rédaction du compte-rendu ou du
procès-verbal. Le secrétaire assure aussi le suivi des décisions en les communiquant
aux personnes ou aux organismes concernés.
Au cours de la rencontre, le secrétaire a pour tâches :
llaa pprriissee ddee nnootteess : dont tout particulièrement le raisonnement qui conduit à une
décision, la décision elle-même et les mesures à prendre pour la mettre en
vigueur ;
llaa ssyynntthhèèssee :: qu’il est recommandé de faire de temps à autre sans attendre à la
toute fin. Elle aide le groupe dans son cheminement et facilite la prise de notes ;
llee rrééssuumméé : qui ne retient que l’essentiel des informations reçues ;
llaa ggeessttiioonn dduu tteemmppss : ce qui aide l’animateur ;
llaa ccllôôttuurree ddee llaa rrééuunniioonn : notamment dans la vérification de l’assignation des
tâches et de la clarté des mandats attribués aux participants.
54
L’estime de soi désigne la transformation psychologique qui annule les évaluations
négatives antérieures intériorisées et incorporées dans l’expérience de développement de
l’individu et par laquelle il arrive à être satisfait de lui-même (amour de soi), à évaluer ses
qualités et ses défauts (vision de soi) et à penser qu’il est capable d’agir de manière
adéquate dans les situations importantes (confiance en soi). Ceci amène l’individu à se
percevoir comme possédant une capacité d’agir (auto-reconnaissance de sa propre
compétence) lui permettant d’atteindre des objectifs personnels ou collectifs, selon le cas,
bien qu’il requiert la valorisation de sa contribution, aussi minime soit-elle, par d’autres
personnes (reconnaissance de sa compétence par les autres) et de préférence, par ses
pairs.
eessttiimmee ddee ssooii
L’estime de soi selon la pyramide de Maslow
L’effet thérapeutique
Allégorie
LL’’
IIMMPPOORRTTAANNTT
Le contenu proposé dans cette section vise essentiellement à
favoriser la réflexion des participants en regard de l’importance
accordée au développement de l’estime de soi dans les soins et
les services de santé mentale dispensés aux personnes
concernées. L’espoir et l’estime de soi étant primordiales pour
favoriser le pronostic et enclencher ou maintenir le processus de
rétablissement. L’APUR dispose d’un ensemble d’exercices mis à
la disposition du formateur en fonction des besoins des
participants.
55
LL’’eessttiimmee ddee ssooii sseelloonn «« llaa ppyyrraammiiddee ddee MMaassllooww 21 »
56
eeffffeett tthhéérraappeeuuttiiqquuee
L’homme ne cesse d’être grand
même dans sa faiblesse. Jean-Paul II
LL’’EESSTTIIMMEE DDEE SSOOII :: UUNNEE TTHHÉÉRRAAPPIIEE EENN SSOOII
Tout le monde connaît cet adage populaire « Pour réaliser ses rêves et ses objectifs et
jouir de ses réalisations, on doit penser et agir de façon positive ». Cependant
beaucoup de gens semblent incapables de penser et d’agir de cette façon. Qu’est-ce
qui fait que même si on s’efforce d’avoir une attitude positive quotidiennement on
n’arrive pas à l’intégrer à soi ? C’est que l’estime de soi est à la base de toute vie
heureuse, de toute accomplissement et réalisation de sa valeur personnelle.
Nous vous proposons, ici, quelques moyens pour bâtir ou maintenir l’estime de soi :
S’ENGAGER DANS UNE ORGANISATION STIMULANTE DE SA COMMUNAUTÉ
SE LANCER DANS UN PROJET CRÉATIF
PRENDRE SOINS DE SON APPARENCE
CHOISIR UN DÉFI ET LE RELEVER
SAVOIR RECEVOIR
ARRÊTER DE RÊVER – SE FIXER DES OBJECTIFS
GARDER LE FOCUS SUR SA STRATÉGIE POUR ATTEINDRE SON OBJECTIF
NOURRIR SON CORPS, SANS OUBLIER SON ESPRIT
ÊTRE UN NON-CONFORMISTE POSITIF ET CRÉATIF
Nous sommes naturellement portés à se définir à travers les autres, à travers les
principes et les valeurs de notre société. Être un non-conformiste positif et
créatif, c’est tourner son regard vers l’intérieur de soi. C’est se définir à travers
ses propres valeurs, ses propres couleurs et ses propres convictions. C’est
prendre le temps de parcourir notre prairie, et d’y récolter, au fil du temps, le
plus beau des bouquets : SOI.
LL’’
57
llllééggoorriiee
CCÉÉLLEESSTTEE,, LLAA PPEETTIITTEE ÉÉTTOOIILLEE MMÉÉLLAANNCCOOLLIIQQUUEE 2222
OOBBJJEECCTTIIFF
Voir ses échecs comme une étape vers la réussite ;
persévérer malgré les difficultés; croire en ses capacités
et en ses rêves ; favoriser la confiance en soi. ____________________________________________________________________________________________
J’ai beaucoup mieux à faire que m’inquiéter de l’avenir.
J’ai à le préparer. Félix-Antoine Savard
Il était une fois, dans cet univers immense, une petite étoile qui s’appelait Céleste.
C’était une jeune étoile plutôt timide, silencieuse et réservée mais elle avait un grand
rêve : accéder à la galaxie des Étoiles Filantes. En effet, chaque soir, blottie dans son
nuage, elle regardait ses superbes étoiles très lumineuses qui se promenaient
gracieusement dans le firmament. Elle était prête à tout faire pour se joindre à elles
un jour, mais malheureusement elle se trouvait beaucoup trop terne et affreuse. Elle
se disait que jamais elle ne pourrait les rejoindre, car elle n’était pas assez
intelligente ni assez scintillante.
Chaque nuit, cependant, elle trimait fort à l’école de la galaxie des Petites Étoiles.
Elle faisait aussi beaucoup d’efforts pour se faire remarquer par les étoiles qui
venaient recruter de jeunes astres pour remplacer ceux devenus trop vieux. Les
autres étoiles de l’école lui répétaient que jamais elle ne serait choisie parce qu’elle
n’était pas assez audacieuse. Chaque fois, elle retournait chez elle davantage
déprimée et de plus en plus certaine qu’elle ne réaliserait jamais son rêve.
Une nuit, alors qu’elle était très concentrée sur ses études, Luna la lune, la grande
responsable de la galaxie des Étoiles Filantes, se présenta dans sa classe. Comme il
y avait quelques étoiles qui devaient être remplacées, elle venait en chercher de
nouvelles pour les amener briller dans le ciel de sa galaxie. Pendant toute la
AA
58
semaine, elle observa la classe et finalement fit son choix. Céleste souhaitait plus
que tout être sélectionnée, mais Luna nomma Cristelle, Brillantine et Soline. Encore
une fois, Céleste fut triste et très déçue. Au moment où elle quittait la classe,
Brillantine la regarda et osa même lui dire : « Tu vois, jamais tu ne deviendra une
étoile filante. Tu n’es pas assez intelligente ni assez jolie. Tu n’as même pas réussi à
te faire remarquer par Luna. Tu passeras ta vie à me regarder briller et filer dans la
galaxie des Étoiles Filantes.»
Céleste perdit tout espoir de faire partie de la constellation tant désirée. Elle était
certaine qu’elle avait tout gâché et qu’elle n’avait pas les capacités pour atteindre ses
buts. Elle décida donc de quitter son univers pour la galaxie des Étoiles Oubliés car,
de toute façon, elle n’était bonne à rien et s’était le seul endroit qui lui convenait.
Elle prit son petit baluchon au fond de son nuage et partit vers sa nouvelle
destination en sanglotant et en se demandant ce qu’elle allait devenir.
Tout à coup, au détour d’un arc-en-ciel, une vieille étoile qui dégageait une lueur de
sagesse l’interpella : « Bonjour petite étoile, tu m’as l’air bien triste. Ne devrait tu pas
être en train de t’amuser avec tes amies au lieu de te promener en pleurant ainsi avec
ton baluchon ?
- Non ! Je m’en vais vers la galaxie des Étoiles Oubliés, car je ne suis pas assez bien
pour rester ici et encore moins pour accéder à la galaxie des Étoiles Filantes. Je n’ai
pas été sélectionnée. Je ne suis pas assez performante et je ne le serai jamais. Même
les autres étoiles le disent, répond Céleste.
- Je comprends, mais écoute-moi ! Il y a quelques années, j’étais dans une situation
semblable à la tienne. Plusieurs étoiles étaient sélectionnées pour participer au Ballet
des Perséides mais moi, je n’étais jamais choisie. Toutes mes amies riaient de moi et
me disaient que j’étais nulle, terne et laide. J’étais désespérée quand, un jour, j’ai
rencontré quelqu’un qui m’a dit quelque chose de très important et, aujourd’hui, c’est à
mon tour de te le dire : « Il faut toujours croire en soi et en ses rêves. Tu dois te
faire confiance et penser que tu as le potentiel nécessaire. Si tu fournis les
efforts voulus, tu peux toi aussi devenir une étoile filante. Crois en toi! Tu
verras, tout ira bien et, si tu le veux vraiment, tu accéderas à tes rêves. » Un
59
bon truc que je peux te donner, c’est d’imaginer, chaque soir, dans ta tête, que tu
accéderas un jour prochain à la galaxie des Étoiles filantes.»
Sur ce, la veille étoile s’enfuit, laissant Céleste à ses pensées.
(On pourrait, ici, prendre un temps d’arrêt pour imaginer la fin de cette l’histoire, soit en
l’écrivant, en la racontant ou en l’illustrant.)
Après avoir réfléchi aux propos de l’ancêtre, Céleste décida de tenter sa chance à
nouveau. Elle retourna à l’école et fit tous les efforts exigés. Lorsque les autres
tentaient de la décourager, elle se rappelait ce que la vieille étoile avait dit et se
visualisait comme une gagnante. À la fin de la semaine, Luna la lune revint à l’école.
Céleste était confiante et se disait que, cette fois, ce serait sûrement son tour. Elle
était positive et se répétait qu’elle avait autant de chance que les autres d’être
choisie car elle avait bien travaillé. Le cœur faillit lui sortir de la poitrine lorsque
Luna prononça son nom pour remplacer Brillantine qui devait retourner sur les
bancs de l’école afin de refaire ses classes. Comme elle était heureuse! Comme elle
était fière d’elle ! Depuis ce jour, Céleste vit au pays des Étoiles Filantes. Elle est
même devenue l’une des plus scintillantes, des plus lumineuses et des plus rapides
de la galaxie. Souvent, on la cite en exemple.
Prolongement proposé
Si Céleste était devant vous maintenant,
que pensez-vous qu’elle vous dirait ?
60
La conscience critique comprend le développement d’une conscience collective
(l’individu n’est pas seul à avoir un problème), d’une conscience sociale, ce qui
permet la réduction de l’autoculpabilisation (les problèmes individuels ou
collectifs sont influencés par la façon dont la société est organisée) et finalement
d’une conscience politique et l’acceptation d’une responsabilité personnelle pour
le changement (la solution des problèmes d’ordre structurel passe par le
changement social, c’est-à-dire par l’action politique dans le sens non partisan du
mot). (…)
aa ccoonnsscciieennccee ccrriittiiqquuee
De la participation à la conscience critique
Le groupe de travail – ses enjeux
Les sources d’informations des dossiers
La « résolution de problèmes » à partir de l’approche centrée sur les forces
LL
61
ee llaa ppaarrttiicciippaattiioonn àà llaa ccoonnsscciieennccee ccrriittiiqquuee
CCHHAAQQUUEE CCOOMMPPOOSSAANNTTEE DDUU PPRROOCCEESSSSUUSS DD’’AAPPPPRROOPPRRIIAATTIIOONN DDUU PPOOUUVVOOIIRR EESSTT MMUULLTTIIDDIIMMEENNSSIIOONNNNEELLLLEE 23
La participation comporte deux volets. Le premier est d’ordre psychologique et
se manifeste par une progression qui évolue d’une assistance muette à l’exercice
d’un droit de parole (incluant le droit de la refuser), suivi par celui de se faire
entendre et culminant par le droit de participer aux décisions. L’exercice réel du
pouvoir s’exprime dans les décisions, soit de façon positive lorsqu’on donne son
accord, soit de façon négative lorsqu’on refuse son consentement. Le deuxième
volet est d’ordre pratique et renvoie à la capacité croissante de contribuer et
d’assumer les conséquences de sa participation, ce qui implique la capacité d’agir
de façon rationnelle et la propension à s’engager.
Les compétences sont avant tout techniques, c’est-à-dire les connaissances et
les habiletés permettant, d’une part, la participation et, d’autre part, l’exécution
de l’action et elles peuvent se traduire tant par l’acquisition de nouvelles
compétences que par la réévaluation de celles déjà possédées.
L’estime de soi désigne la transformation psychologique qui annule les
évaluations négatives antérieures intériorisées et incorporées dans l’expérience de
développement de l’individu et par laquelle il arrive à être satisfait de lui-même
(amour de soi), à évaluer ses qualités et ses défauts (vision de soi) et à penser
qu’il est capable d’agir de manière adéquate dans les situations importantes
(confiance en soi). Ceci amène l’individu à se percevoir comme possédant une
capacité d’agir (auto-reconnaissance de sa propre compétence) lui permettant
d’atteindre des objectifs personnels ou collectifs, selon le cas, bien qu’il requière
la valorisation de sa contribution, aussi minime soit-elle, par d’autres personnes
(reconnaissance de sa compétence par les autres) et de préférence, par ses pairs.
DD
62
La conscience critique comprend le développement d’une conscience collective
(l’individu n’est pas seul à avoir un problème), d’une conscience sociale, ce qui
permet la réduction de l’autoculpabilisation (les problèmes individuels ou
collectifs sont influencés par la façon dont la société est organisée) et finalement
d’une conscience politique et l’acceptation d’une responsabilité personnelle pour
le changement (la solution des problèmes d’ordre structurel passe par le
changement social, c’est-à-dire par l’action politique dans le sens non partisan
du mot). (…)
Les composantes de l’empowerment (appropriation du pouvoir) individuel
s’entrelacent à l’image d’un câble confectionné de quatre cordes qui se renforcent
mutuellement. (…) Bien que ne soit pas claire la façon dont les composantes
agissent les unes sur les autres, on peut penser que c’est l’interaction des
composantes qui caractérise l’empowerment, car chacune semble jouer un rôle
précis à l’intérieur du processus. Il en découle que l’absence d’une composante
aurait pour effet de réduire sinon d’annuler la portée de l’empowerment. Par
exemple, sans conscience critique, un individu pourra en toute probabilité agir là où
il participe, mais il éprouvera du mal à en faire autant ailleurs. (…) De plus, puisque
ses différentes composantes sont en interaction et en mutation continuelles,
l’empowerment individuel s’avère un éternel renouveau.
63
ee ggrroouuppee ddee ttrraavvaaiill –– SSeess eennjjeeuuxx
Diversité et multiplicité des intérêts
Politiques
Financiers
Associatifs
Professionnels
Corporatistes
Syndicaux
Populationnels
Personnels
Contrôle
Des ressources
Des services
De la prise de décision
Résistance aux changements
Transformation des pratiques professionnelles
Habitudes et coutumes du réseau de la Santé et des Services sociaux
LL
64
eess ssoouurrcceess dd’’iinnffoorrmmaattiioonn ddeess ddoossssiieerrss
L’APUR (Association des personnes utilisatrices du réseau de la santé mentale)
Courriel : [email protected] Site Internet : www.apurquebec.org AGIR (Alliance des Groupes d’intervention pour le Rétablissement en Santé Mentale)
Courriel : [email protected] Site Internet : www.agirensantementale.ca MSSS (Ministère de la Santé et des Services sociaux)
Site Internet : www.msss.qc.ca ASSSCN (Agence de la santé et des services sociaux de la capitale nationale)
Site Internet : www.msss.gouv.qc.ca Plan d’action en santé mentale 2005 - 2010 – La force des liens
Site Internet : www.msss.qc.ca, cliquez sur publication Hôpital Louis - H. Lafontaine; plusieurs liens utiles
Site Internet : www.hlhl.qc.ca/liens_suivi_intensif.htm L’organisation mondiale de la santé Site Internet : www.who.int/fr/ Centre de documentation au sein de ressources communautaire Journaux et/ou Archives Bibliothèque Partenaires dans les différences instances de concertation Etc.
« Plus on a de savoir, plus on a de pouvoir ! »
LL
65
aa «« rrééssoolluuttiioonn ddee pprroobbllèèmmeess »» àà ppaarrttiirr ddee ll’’aapppprroocchhee cceennttrrééee ssuurr lleess ffoorrcceess 2244
L’adhésion au concept d’appropriation du pouvoir par les divers paliers de services
en santé mentale s’inscrit dans un mouvement plus grand inspiré des usagers de
services de santé mentale des États-unis des années 1980. Au Québec, c’est depuis
les années 1990 que ce changement de perspective professionnelle est mis de
l’avant. Désormais, nous tentons de passer d’un système axé sur les problèmes des
individus à une approche centrée sur les forces des personnes. Par exemple, on met
en valeur les options à la place des contraintes, les possibilités plutôt que les
problèmes. C’est pourquoi, au lieu de vous présenter le traditionnel processus de
résolution de problèmes, nous vous faisons part d’une méthode « axée sur les
forces » pour faire face à des situations problématiques.
Identifiez le besoin (la situation problématique).
Décrivez les résultats désirés, l’objectif.
Identifiez ce qui a été tenté auparavant.
Ce qui a fonctionné
Ce qui n’a pas fonctionné
Divisez l’objectif en petits buts (les étapes de réalisation).
Formulez des buts :
Réalistes Mesurables De façon positive (au lieu de : « ne plus couper la parole aux autres », dîtes :
« laisser aux autres le temps de s’exprimer »)
Traduisez les buts en termes de comportement si possible.
Placez les buts/comportements sur un échéancier par ordre de priorité.
Mettez en valeur les caractéristiques des personnes et du milieu en termes de
ressources et de forces (les solutions : au départ, ne vous censurez pas. Il sera
temps plus tard de les hiérarchiser selon leur réalisme).
LL
66
Passez à l’action (l’application).
Évaluez l’atteinte de l’objectif, la réalisation des résultats (la satisfaction/
l’insatisfaction).
Cette méthode nous amène à prendre conscience du pouvoir que nous possédons
dans certaines situations. Et rappelez-vous : « résoudre des problèmes nous ramène
à un certain équilibre, alors qu’exploiter nos forces et possibilités favorise la
croissance ».
67
aa pprrééppaarraattiioonn
Les outils dont je dispose pour influencer les décisions et l’action
Avant/pendant/après une réunion
Avant de dire « oui je le veux » pensez-y !
MM
68
eess oouuttiillss ddoonntt jjee ddiissppoossee ppoouurr iinnfflluueenncceerr lleess ddéécciissiioonnss eett ll’’aaccttiioonn
EEXXEERRCCIICCEE
MOI
MON ENVIRONNEMENT
LL
69
vvaanntt ddee ddiirree «« oouuii jjee llee vveeuuxx »»,, ppeennsseezz--yy !!
Des informations à considérer afin de prendre une décision éclairée avant de
m’engager :
Sur le mandat et les personnes participantes :
Quel est le mandat de ce type de réunion ?
Quels sont ses responsabilités et ses objectifs ?
Quel est le rôle des personnes utilisatrices ?
Quels sont le rôle, la provenance et l’influence des autres membres du groupe ?
Y-aura-t-il des représentations à faire ? Auprès de qui ?
Comment le lien se fera entre le représentant, ses pairs et l’association qui le soutien ?
Sur l’organisation :
Qu’est-ce que cela implique comme temps, énergie et déplacement ?
À qu’elle fréquence se tiendrons les réunions ?
Comment circule l’information ? De façon formelle ou informelle ?
La personne doit-elle assumer certaines fonctions dans le groupe ?
Si oui, est-ce qu’il y a des outils et des alliés pour la supporter ?
L’emplacement de la salle et son espace sont-ils accessibles ?
Sur les conditions de participation :
Une rencontre préparatoire est-elle prévue ?
Si besoin, est-ce possible d’être accompagné ?
Est-ce que de l’argent est réservé pour ses frais de déplacement ? Gardiennage ?
Le lieu est-il accessible en transport commun ? Sinon, y a-t-il des possibilités de
covoiturage ou autre ?
A-t-elle l’information nécessaire pour bien se préparer ?
AA
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vvaanntt//ppeennddaanntt//aapprrèèss uunnee rrééuunniioonn
Me préparer :
Retour sur le contenu de la dernière réunion : mes notes, compte-rendu, procès-verbal, etc.
Me documenter concernant les sujets à l’ordre du jour de la prochaine réunion.
Enrichir ma réflexion en consultant mon association ou des personnes de références.
Développer ma pensée critique par l’acquisition de nouvelles connaissances.
Consigner les dates et lieux des rencontres dans un agenda.
Planifier si j’ai besoin d’être accompagné.
Me fixer un objectif personnel.
Participer activement :
Arriver tôt à la réunion.
Prendre un temps pour connaître d’avantage les participants.
Être à l’affût des alliances possible.
Oser clarifier ses interrogations par rapport au mandat, aux objectifs, au plan d’action.
S’assurer que les actions se définissent en fonction des besoins et des intérêts des personnes concernées.
En cas de doute, en prendre note et informer mon association.
Lors de débat, s’assurer d’être en mesure d’intervenir et d’être ouvert aux compromis, sinon il est préférable de s’abstenir et de noter les points sur lesquels je désire intervenir.
Faire des interventions structurées selon les enjeux ciblés.
Faire le suivi :
Remplir le compte-rendu afin d’assurer le transfert d’information avec mon
association; ex : l’APUR.
Donner suite aux engagements que j’ai pris à la réunion.
AA
71
ANNEXES
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eexxtteess ddee rrééfféérreennccee
Ce texte est un extrait du document intitulé : La transformation des services de
santé mentale : la représentation des personnes utilisatrices de services, les enjeux et
le processus d’intégration. Il a été écrit par Madame Francine Dorion qui a été
membre du Groupe d’appui à la transformation des services de santé mentale du
Ministère de la santé et des services sociaux du Québec (MSSS) de 1998 à 2002.
Elle a principalement écrit ce document à partir de son expérience de collaboration
comme personne utilisatrice de services en santé mentale au sein du Groupe
d’appui réunissant des experts et des expertes des divers milieux de la santé
mentale.
L’expérience à partager, celle à acquérir et à affiner.
(…) Si j’avais à définir, à ma manière, la vision que j’ai des personnes vivant des
problèmes de santé mentale, j’utiliserais le terme : maturité. Par rapport à ce que
j’ai connu il y a vingt ans, dix ans et maintenant, il est clair que, pour moi et mes
semblables, tout a changé. Je ne me sens plus comme une extraterrestre n’ayant
rien en commun avec « le monde », mais bien comme une personne à part entière,
différente simplement. Ma perception de moi et des autres se distinguent par des
lunettes teintées d’une couleur unique, mais non inappropriée à ma situation ou
complètement « folle », absurde, inadéquate, comme je le sentais autrefois. Ma
différence, je la vois comme celle qu’ont « les artistes » par rapport au reste du
monde, et ils vivent très bien. En général, les artistes sont bien acceptés, qu’ils
vivent ou non au diapason de la société, à leur rythme, avec leurs opinions et
actions. Moi, je me sens comme cela, ma vie est différente de celle du commun des
mortels. Malgré les tabous et les préjugés, ainsi que la menace constante d’une
crise, je me crois en droit de dire : je suis un être humain et, en tant que tel, je
désire que la société m’accepte comme citoyenne à part entière. J’ai un bagage, des
idées, de l’imagination, une opinion, des expériences et des richesses à partager.
TT
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À cause de ma différence, ma vision se distingue de celle des autres, et je crois qu’à
cause de cela, elle peut enrichir la vision globale de l’ensemble. J’aimerais vraiment
pouvoir dire un jour : voici notre vision commune! Les mots « intégration sociale »
prendraient un tout autre sens, deviendraient inutiles en fait, car cette société, j’y
aurais ma place a priori. Il faut bien rêver, quoi!
(…) La route est longue, car nous partons de loin. Avez-vous envie de tenter
l’expérience commune ? Moi, je sais que j’ai envie d’essayer, je le fais d’ailleurs
depuis plusieurs années et c’est pourquoi j’essaie de baliser le passage pour mes
pairs, car j’y crois.
Pour ajouter à la compréhension de ce que je peux vivre, à certains moments, je
dirais que, plus proche je suis d’une situation problématique discutée en réunion,
plus véhémentes sont mes paroles, plus émotives sont mes réponses, et plus proche
est la porte que je risque de franchir en la claquant. C’est ma réalité. Je le sais, et en
conscience, par la pratique, j’ai appris à me donner des moyens de « faire baisser la
pression ». Quelquefois, je parle tout simplement de l’émotion qui monte, me libérant
du fardeau et cherchant la compréhension et l’appui des autres. Habituellement,
les gens se montrent réceptifs à ces interruptions de l’ordre du jour, à condition que
je les respecte, qu’ils ne se sentent pas menacés ou jugés, et que j’arrive à
m’exprimer assez succinctement dans le temps. Quelquefois, quand je me sens
incapable de dire quoi que ce soit, je sors prendre l’air en compagnie d’une
cigarette… Après, il m’est parfois possible de parler, ou c’est devenu inutile. J’ai été
obligée de quitter les lieux à quelques reprises, les émotions étant trop fortes : on
m’a respectée aussi dans ce choix, et c’était d’autant plus important que je craignais
d’avoir perdu de la crédibilité par ce geste, de m’être montrée incapable d’assumer
ma place au sein du Groupe d’appui. Le temps me montre que c’est plutôt le
contraire : éviter les éclats, en perte de contrôle, invite justement les autres à me
faire confiance, a ne pas avoir peur de moi, à comprendre mes limites. Comme le
signal d’alarme ne retentit qu’en moi, sans un plâtre pour indiquer la blessure, je
suis seule juge de ma force à résister au mal ou à cesser d’envenimer les choses.
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Il n’y a que l’expérience qui a pu me montrer ces voies, et je sais que bien d’autres
peuvent développer (s’ils ce n’est déjà fait !) ces capacités, cette connaissance de soi
permettant « l’égal à égal » (…). C’est aussi pourquoi les personnes réclament d’être
au minimum deux à siéger. Ainsi, je peux me valider auprès de l’autre, verbaliser
des choses que je ne saurais dire au commun des mortels, et diminuer la pression
relative à ma qualité de « représentante » des personnes. Le fait d’être deux me
permet d’être moins vigilante pour ne rien perdre de ce qui se dit, car l’attention
exigée en réunion demande un effort considérable, surtout une journée entière, alors
que mon heure habituelle de lever est midi ! Enfin à deux, c’est plus facile de se
préparer, on peut faire un retour ensuite. (…)
À travers les mécanismes que j’ai développés pour me sentir « adéquate » dans un
groupe de travail, il y a les questions et l’humour. Quand tout va vite, que je n’arrive
plus à suivre, j’ose demander qu’on me resitue, ou bien j’attrape un mot et le tourne
autrement pour faire rire les autres, interrompant le rythme qui redémarre
généralement plus lentement, me permettant de m’ajuster. Il n’y a pas longtemps
que j’ai pris conscience de ces éléments, mais les considère comme une force, ils me
permettent de suivre. Chaque personne a ses propres mécanismes d’adaptation,
pour peu qu’elle ait libre champ d’expérimenter. Tout revient à cela, et aussi à
l’accueil de ses méthodes. Quelquefois, je dérange –non, non, ne dites pas le
contraire, je le sens. Avec quelqu’un du groupe à qui j’ai fait part de cela, nous
avons convenu qu’elle me ferait signe si elle considérait que je « flyais ». J’ai pris
mon temps avant d’en parler, ai choisi cette personne avec soin, car je ne voulais
surtout pas me sentir dévalorisée par cette aide. Je sais seulement que, quelquefois,
après une réunion, je regrettais d’avoir agi ainsi, peut-être à tort mais maintenant je
me sens rassurée. Ce moyen m’appartient, il ne doit pas être imposé mais venir
d’une demande claire et arrêtée au moment où la personne le juge opportun. C’est le
piège des exemples que j’illustre ici, et je ne répéterai jamais assez que chaque
personne a ses propres moyens d’adaptation et qu’on doit les respecter.
Il est bien évident que tout cela n’a pas été de soi, quand j’ai commencé à
m’impliquer dans des groupes de travail. Je vous ai parlé de mon premier conseil
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d’administration : il m’a suffi à décider que ce serait le dernier… Mais il y a eu une
suite, on ne m’a pas laissée ainsi désemparée. J’ai reçu des explications, ai pu
exprimer mes incertitudes et même dire que j’aurais aimé être préparée à l’avance.
Pour moi, quand on disait MSSS, j’entendais "mess", le CHRDI était une planète
inconnue, etc. Je ne sais pas pourquoi, mais je perçois des sourires… Serait-ce que
cette expérience vous est familière ? Tout néophyte qu’on soit, il faut une base
commune de vocabulaire, pour se comprendre, et comme le répertoire de chaque
région est différent, il faudra bien que chaque région enseigne ce savoir aux non-
initiés.
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RÉFÉRENCES
1. MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX (1997). Défis de la reconfiguration des services en santé mentale; Québec.
2. OMS (Organisation mondiale de la santé) (1980). International Classification of Impairments, disabilities
and handicaps; Genève.
3. RENAUD, M. (1994). Expliquer l'inexpliqué : L'environnement social comme facteur clé de la santé, Interface, Association canadienne–française pour l'avancement des sciences (ACFAS), p. 15–25.
4. idem 1
5. AQRP (1996). Document d’orientation à propos de l’intégration au travail et de la sécurité du revenu des
personnes aux prises avec des troubles sévères et persistants, par V. Jobidon, AQRP, 23 p. et annexes; Montréal.
6. National Empowerment Center and the Recovery Consortium, Voices of transformation: Developping
Recovery-Based Statewide Consumer/Survivor Organisation, 2006 (PDF). Traduction RICE, C., AGIR en santé mentale; nov. 2006.
7. BIZIER, Véronique. (2008). Ce texte a été publié dans le dépliant d’appel de communications pour le
XIVe Colloque de l’AQRP et de ses partenaires.
8. OMS (Organisation mentale de la santé) (2001). Rapport sur la santé mentale dans le monde – La santé mentale : Nouvelle conception, nouveaux espoirs.
9. MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUÉBEC (1999). Transformation des
services de santé mentale ; page 7
10. LE PARTENAIRE (1997), AQRP (Association Québécoise pour la Réadaptation Psychosociale). Volume 20, numéro 4, printemps 1997.
11. LE PARTENAIRE (AQRP) (2007). Le rétablissement : cadre théorique et savoir expérientiel, deuxième
partie, vol. 15, no 2; pages 12-13.
12. NINACS, William A. (1995) « Empowerment et service social : approches et enjeux ». Services social, vol 44 (1); pages 69-93.
13. Source : BIZIER, Véronique, Agente de recherche, A.P.U.R., 11 mars 2008.
14. Source : Ministère de l'Éducation Nationale française
15. Source : MIGNOT, Philippe, Chargé de mission formation Les Francas A.D. 38
16. ENAP (École nationale d’administration publique) (2007). Les administrateurs des établissements : les
acteurs clés de la gouvernance de système sociosanitaire québécois; Québec.
17. idem 16
18. MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUÉBEC (2005). Plan d’action en santé mentale 2005-2010, La force des liens, Québec; pages 23-25.
19. Source : Le Groupe CFC - Cégep Lévis-Lauzon 1993.
20. NINACS, William A. (2002). Colloque sur l’accessibilité universelle : « Un arrondissement accessible, une
fierté à partager ». La coopérative de consultation en développement (La Clé). Victoriaville : Québec, 3 décembre 2002; pages 7-8.
21. Source : http://www.time-management.be/tsOutilsNon.htm
22. DUFOUR, Michel. (2006). Allégories : Amour de soi, Amour de l’autre; Chicoutimi, Les éditions JCL inc.
77
23. NINACS, William A. (2003). Empowerment : Cadre conceptuel et outil d’évaluation de l’intervention sociale
et communautaire. La coopérative de consultation en développement (La Clé). Victoriaville : Québec, 6 novembre 2003; pages 3-5.
24. Charles, Noémie. (2007). Inspirée du document Le modèle de soutien communautaire axé sur les forces
des individus pour les personnes souffrant de troubles mentaux graves (cahier du participant), conçue par le Regroupement des ressources non-institutionnelles en santé mentale de Québec (2006).
25. Instigatrice du mouvement de défense des droits des personnes psychiatrisées aux États-Unis dans les
années soixante-dix, Judi Chamberlin, ex-usagère de services, a inspiré plusieurs groupes communautaires œuvrant en défense des droits. Elle est l’auteure du livre culte On Our Own : Patient-Controlled Alternatives to the Mental Health System publié en 1978, et de plusieurs publications sur le thème de l’entraide et des alternatives en santé mentale. Elle est associée au Center for Psychiatric Rehabilitation de l’Université de Boston et au « Empowerment Center » à Lawrence au Massachusetts. Elle a prononcé des conférences dans plusieurs pays et fut de passage à Québec en 1997 sur l’invitation de Folie/Culture et du RRNISMQ.
78
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