Les Carbapénèmases
Didier Tandé Laboratoire de Bactériologie
CHRU Brest [email protected]
Une étape de plus vers l’ère post antibiotique ?
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‘’Au lieu d ’éliminer l’infection, les microbes apprendront à résister à la pénicilline et
les microbes résistants seront transmis d’un individu à un autre jusqu’à ce qu’ils
provoquent chez l’un ou chez l’une d’eux une pneumonie ou une septicémie que la
pénicilline ne pourra plus guérir ‘’
Fleming New York Time 26 Juin 1945
A méditer
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Les raisons de tout ça ?
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Toute prescription d’antibiotique, même la plus justifiée, s’accompagne d’une augmentation de la résistance
Nécessité ‘’absolue’’ de limiter les prescriptions inappropriées/inadaptées
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Une catastrophe annoncée Les résistances chez les bacilles gram négatifs
Années : 60 … 70 … 80… 90 … 2000… 2010 … 2020 …
E.Coli : Sauvage Pénicillinase BLSE Carbapénèmases
Faible niveau KPC NDM
Fort niveau OXA-48
SHV / TEM CTX-M
Amoxicilline Augmentin Ceftriaxone Imipénème …
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Une vieille histoire qui dure …
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Les conséquences sont très claires
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The review on Antimicrobial Resistance
Jim O’Neill Décembre 2014
Réduction du PIB en 2050
coût : 100 trillons US Dollars
‘’ However for the majority of people, including in leading policy and business circles around the globe, the threat of drug resistance might seem a distant and abstract risk, if it is known at all. ‘’
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Le prix à payer …
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Forum de Davos 2013 : le plus grand risque sanitaire actuel !
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Et en France en 2015 !
Etude BURDEN-BMR INVS 2015 : évaluation de la morbidité et de la mortalité
de la résistance. Utilisation des ratios de la littérature
158 000 ( 127 000 à 245 000) cas d’infections liées à des BMR par an. 16 000
infections invasives. SARM et entérobactéries responsables de 103 000
infections
12 500 (11 500 à 17 500) décès par an, dont 2800 liées à des infections
invasives.
SARM, E.coli C3G R, Pseudomonas carbapénèmes R : 88% des décès
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Du classique … FR d’infection à EPC :
Hospitalisation en particulier en ICU
Cathétérisme veineux
Ventilation mécanique
Comorbidités +++
Transplantation : ➚ du risque d’infection si déjà colonisé à EPC 26 à 39%
Traitements large spectre (Carbapénèmes + 145% entre 2000 et 2013)
Colonisation à EPC : 9% d’infections dans un sous groupe avec FR
Mortalité souvent > 40% Et même ≥ 60% chez des transplantés
Kontopidou F, Clin Microbiol Infect 2014; 20: O117–23. Girmenia C, Bone Marrow Transplant 2014 Tumbarello M, Clin Infect Dis 2012;55: 943–50. Schechner V, Clin Microbiol Infect 2013; 19: 451–6. Zarkotou O, Clin Microbiol Infect 2011; 17:1798–803.
207 unités de soin
1309/1745 pts microbio positive avec entérobactérie (75%) dont 773 BLSE (59%) DESC 2016 15
Y a mieux à faire !
Durée moy = 8 jours 31,4% > 10 jours dont 60% pour urines/ poumons / digestif
risque de résistance lié au portage en hausse des BLSE Mais peu des colonisés font une infection à BLSE
Pour les ttt empriques (53%) : 17% pas de prélèvement et 31,3% stériles Pas de différences de durée avec ceux qui ont de la microbio
Empirique : 1299 pts ; 504 avec BGN dont 365 Sensibles autres molécules : 177 dé-escalades Après bactério : 1109 pts ; 933 avec BGN dont 397 Sensibles autres molécules : 59 dé-escalades
☛ devraient ou pourraient être raccourcies !
☛ Utilisation inappropriée des carbapénèmes
☛ Que fait le consultant (déclaré) et la ré-évaluation (assurée) ?
☛ Pas ‘’assez’’ de dé-escalades DESC 2016 16
Les voyages forment la jeunesse …
In conclusion, we show that MRE acquisition during travel to tropical regions is very frequent but relatively short-lived. The possible presence of MRE should thus be taken into account when prescribing empiric antibiotic therapy for infections that occur in travelers having returned from the tropics < 3 months previously.
Epidémiologie Due to the rapid and worldwide dissemination of
carbapenemases, it is essential for all clinicians to be aware of
this major public health threat and be prepared to manage
patients infected or colonized with these pathogens …
Giske
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Carbapénèmases Classe A / 2f
KPC :
de KPC-1 à KPC-10 début des années 2000
Klebsiella pneumoniae
☛ Et depuis chez Escherichia coli, Enterobacter cloacae, Salmonella, P.aeruginosa …
les plus fréquentes
plus ou moins sensibles à l’acide clavulanique (plutôt moins !)
sensibles à l’action de l’acide boronique
endémiques côte Est des USA, en Grèce et en Israël puis Am Sud, Chine et Italie
Epidémie de souches clonales ST258
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Carbapénèmases Classe B / 3 Métallo ß-lactamases
Spectre large : hydrolyse des C3G, des carbapénèmes mais pas l’aztréonam
Activité zinc-dépendante inhibée par l’EDTA et l’acide dipicolinique
Insensible à l’acide clavulanique
Les plus fréquentes chez P. aeruginosa
IMP en 1988 au Japon : IMP-1 à IMP-26
VIM (Verona imipenemase) en 1999 : VIM-1 à VIM-24 (P.aeruginosa puis Kp
+++)
SPM (Sao Paulo imipenemase) en 2002
GIM (German imipenemase) en 2002
NDM (New Dehli metallo-β-lactamase) en 2009
� épidémie de gènes au sein de souches variées
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Diffusion des NDM
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Carbapénémases de Classe D Oxacillinases
Pas ou peu sensibles à l’action de l’acide clavulanique ni aux autres inhibiteurs !
Sensibilité aux C3G mais souvent associée à des BLSE
Nombreux types dont ceux à activité carbapénèmase
Chez Klebsiella pneumoniae et Escherichia coli
OXA-48
Bas niveau de résistance aux carbapénèmes
Maghreb, Turquie, Egypte, Israël
☛ Epidémie d’un plasmide hyper-conjugatif
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En résumé …
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En Europe Plus près de nous …
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21% 10%
28,7%
Ce qui pousse à utiliser des carbapénèmes
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Ce qui pousse à utiliser des carbapénèmes
11%
3,5%
13,8%
19,7%
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72,5%
29,6%
56,5%
74,8%
Ce qui pousse à utiliser des carbapénèmes
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Ce qui pousse à utiliser des carbapénèmes
56,8%
23,8%
44%
63,3%
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Et là du Napalm …
62,3%
0,5%
32,9%
31,5%
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93,2%
2,5%
89,9%
81%
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42,9%
18,7%
25,1%
58,5%
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La situation en France
Consommation et Voyage ….
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KPC / VIM
NDM
KPC
OXA-48
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Episodes d’EPC, France, 2004 – 2015, par mois de signalement Bilan au 4 septembre 2015 (N= 2 026 épisodes)
2009 : 10, 2010 : 28, 2011 : 113, 2012 : 233, 2013 : 401, 2014 : 650, 2015 : 582 DESC 2016 37
* 2 entérobactéries ou plus avec le même mécanisme de résistance impliquées dans 331 épisodes ** Total supérieur à 100% car plusieurs bactéries associées dans 331 épisodes
Episodes d’EPC, France, 2004 – 2015, par bactéries Bilan au 4 septembre 2015 (N= 2 026 épisodes)
* 2 mécanismes de résistance associés dans 63 épisodes ** Total supérieur à 100% car deux mécanismes de résistance associés dans 63 épisodes
Episodes d’EPC, France, 2004 – 2015, par mécanisme Bilan au 4 septembre 2015 (N= 2 026 épisodes)
978 épisodes (48%)
Episodes d’EPC, France, 2004 – 2015, lien avec un pays étranger*, bilan au 4 septembre 2015 (N= 978 épisodes)
* Hospitalisation ou voyage sans hospitalisation du cas index à l’étranger
2004 – 2015, principaux pays impliqués et type de carbapénémases Bilan au 4 septembre 2015 (N= 978 épisodes)
Données du CNR 2013
Les problèmes du Bactériologiste Et donc les vôtres ….
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Du bactério au clinicien
� Détection : ne pas passer à coté
� Fournir les bonnes données CMI
Antibiotiques supplémentaires
� Alerte / Communication
� Réaction DESC 2016 44
La règle du CA SFM
☛ C’est : vous rendez ce que vous voyez en fonction du diamètre ou de la CMI ☛ Le fait de trouver un mécanisme ne change plus le résultat
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CMI 2012
Un problème …
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Vous allez tout comprendre …
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Qu’est ce que l’ECOFF ?
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Sauvage Avec un mécanisme ?
R I S
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Vasoo AAC 2015
La situation peut encore empirer …
Giacobe CMI 2015 : the overall 30-day crude mortality was 51% (73/142) versus 39.4% (112/284)
for ColR and ColS cases, respectively (p 0.02).
Colistine Tygécycline
Détection sur des prélèvements cliniques
J0 J1 J2 J3
• Tests phénotypiques = 18-24 h (Inhibiteurs, CMI)
• CARBA NP test < 2 h
• Spectro de masse à la ‘’brestoise’’ < 30min
• PCR = 3 à 5 heures
• CARBA NP test < 2 h
• Spectro de masse < 30min
• biomol
Tests phénotypiques
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Détection du portage
J0 J1 J2
• Tests phénotypiques = 18-24 h
• CARBA NP test < 2 h
• Spectro de masse à la ‘’brestoise’’ < 30min
• PCR = 3 à 5 heures
PCR
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Et en clinique ?
Rien de très clair …
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Goff, Pharmacotherapy 2012
☞ Fournir des résultats dans un délai qui peut avoir un impact sur la prise en charge
Une chose est très claire !
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Et une autre est encore plus claire …
• Étude prospective, randomisée et contrôlée : 743 patient en 3 groupes
• 617 inclus
• Processus normal : 207 pt FA BCID : 198 pt FA BCID + ASP : 212 pt
• Equipe Infectiologie disponible 24/24 …
• 81% de microorganismes présents dans le panel
• parmi les 410 patients avec FA BCID et Culture classique discordants (3,2%)
• Hémocultures multimicrobiennes (6)
• Résistances non détectées (4)
• Discordance vraie (3) DESC 2016 56
Diminution des ATB non nécessaires (conta non traitées ou moins de 24 h)
Diminution des ATB Large Spectre : Tazo, Vanco
Diminution du délai d’adaptation : escalade et désescalade
Pas de différence mortalité et coûts
14 h
19 h
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Because of the paucity of convincing clinical data, the choice of treatment
for infections with CPE is controversial. The extensive use of combination
therapy is under debate, as well as the optimal choice of drugs when
combinations are used.
Current clinical evidence is based on retrospective, observational studies
and case reports of patients with severe infections with KPC- or VIM-
producing strains. The results from these studies have been inconsistent,
probably due to variations in patient populations, illness severity, type of
infections and causative bacteria amongst other factors.
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Pourquoi pas un Carbapénème ?
Taux d’échec important avec les monothérapies :
La colistine La tygécycline Les aminosides La fosfomycine
Certes fonction des types d’infection et de la gravité
Avec des difficultés de gestion : doses, toxicité, résistances, …
Si utilisation ‘’massive’’encore plus de carbapénèmases ? ☛ Cf : Controverse Tascini vs Tumbarello JAC 2015
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Revue de 15 études rapportant des infections à Kp KPC : 55 patients
Pourquoi pas un Carbapénème ?
Pourquoi pas un Carbapénème ?
Modèles : In vitro et animaux
infection de la cuisse de souris neutropénique traitées par Méro (Craig)
Pour des CMI de 1 à 16 mg/l : la résistance de type KPC n’a pas d’influence sur le % T >CMI
Modèle in vitro (Bulik)
Simulation de la pharmacocinétique humaine du Méropénème : 2gr/8h en perf de 3 heures
Activité bactéricide sur des Kp KPC de CMI = 2 mg/l
Pas n’importe quel Carbapénème : il faut de la stabilité sur la période d’infusion
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2 4 8
But : %T>CMI ≥ 50% ou pour patients graves ≥ 75% du temps
100%
69%
93%
100%
Pourquoi pas un Carbapénème ?
Pourquoi pas un Carbapénème ? Expériences cliniques : (Daikos : Clinical Microbiology and Infection, 2011)
Recherche Medline : 22 études avec EPC (K.pneumoniae)
Extraction de 44 patients traités par monothérapie de carbapénème
n succès
32 CMI ≤ 4 69%
4 CMI = 8 60%
7 CMI > 8 29%
22 CMI ≤ 0,5 73% = contrôles
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Tumbarello M
Plus c’est grave plus il y a un bénéfice à la combinaison
Cohorte rétrospective dans 5 CHU Italiens : 661 patients avec infections à EPC 67,6% de bactériémies 344 à Haut Risque et 103 à Bas risque 307 monothérapies vs 354 combinaisons
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Tumbarello M
Condition CMI ≤ 8
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Tumbarello M
Quelles options ? Supériorité des combinaisons de bi ou tri thérapies sur les monothérapies
suggérée pour les infections graves colistine/tigécycline,
colistine/carbapénème
colistine/aminoglycoside
carbapénème/aminoglycoside
colistine/carbapénème/tygécycline
Carbapénème ok mais quand CMI ≤ 4 ou 8 mg/l
2gr / 8h et perfusion de 3 heures
Ou à épargner pour certains quand on peut !!! Hirsch EB, J Antimicrob Chemother 2010; 65: 1119–25. Tumbarello M, Clin Infect Dis 2012;55: 943–50. Qureshi ZA, Antimicrob Agents Chemother 2012; 56: 2108–13. Zarkotou O, Clin Microbiol Infect 2011; 17:1798–803. Tzouvelekis LS, Clin Microbiol Rev 2012; 25: 682–707. Sbrana F, Clin Infect Dis 2013; 56: 697–700.
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Et pourquoi pas 2 Carbapénèmes ?
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Contrôle de l’épidémie Tous sur le pont …
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Pas de temps à perdre ! Eurosurveillance Mai 2014
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En résumé Un bon clinicien Un bon bactério Un bon binôme clinicien –bactério Un bon hygiéniste
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N°11 Klebsiella pneumoniae OXA48
CF CTX TZP
AMX
FEP FOX
TIC AMC
PIP
CAZ
TCC
ATM
IMP ETP MOX MEM
15mm 18mm 17mm
IPM : 4 - 6
MEM : 16 - 24
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n°10 : Klebsiella pneumoniae OXA-48 + CTX-M-15
CF CTX TZP
AMX
FEP FOX
TIC AMC
PIP
CAZ
TCC
ATM
IMP ETP MOX MEM
20mm 24mm 25mm
IPM : 1,5
MEM : 1
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CF CTX TZP
AMX
FEP FOX
TIC AMC
PIP
CAZ
TCC
ATM
IMP ETP MOX
MEM
n°5 : Klebsiella pneumoniae KPC
IMP : >32
MEM : >32
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n° 1 : Klebsiella pneumoniae NDM-1 + BLSE
CF
CTX
TZP
AMX
FEP FOX
TIC AMC
PIP
CAZ
TCC
ATM
IMP ETP MOX
MEM
13mm 17mm 18mm
IMP : 2 ou 4
MEM : 6 à 24 ?
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n°13 : Klebsiella pneumoniae BLSE + imperméabilité
CF
CTX TZP
AMX
FEP
FOX
TIC AMC
PIP
CAZ
TCC
ATM
IMP ETP MOX MEM
13mm 24mm 20mm
IMP : 3
MEM : 6
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N°2 P.aeruginosa VIM-2
CF CTX TZP
AMX
FEP FOX
TIC AMC
PIP
CAZ
TCC
ATM
IMP ETP
MOX MEM
IMP : >32
MEM : >32
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