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Hisse et Ho!
fête ses 10 ans
LA LETTRE INTERNATIONALE DE FOI ET LUMIÈRE N° 39, MARS 2019
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Sommaire
Editorial
• "Hisse et Ho !" fête ses dix ans 3
Nouvelles de l'international
• Première réunion 4
du nouveau conseil d'administration
• Les délégués des Eglises 6
Reportages
• France : De retour de formation 8
• Italie : Fête de rentrée 9
• France : Plus comme avant 10
• France : Saint pour tous, tous des saints 11
• Syrie : Droit devant ! 12
• Belgique : Dans les pas de Jésus 13
Témoignages
• Le Fraternel 14
• Arlène 15
• Chez Jésus tout est petit 16
• En route vers l'avenir 17
• La belle province Kimata 19
• Café Joyeux, servi avec le cœur 20
Pour notre réflexion
• Un bonheur durable 22
Album de famille 24
Agenda international 26
Les Mystères de Foi et Lumière 26
La lettre de Marie-Hélène
• Notre enfant polyhandicapé 27
peut-il recevoir le Seigneur ?
Foi et Lumière international 3 rue du Laos 75015 Paris France
T. + 33 1 53 69 44 30 [email protected]
www.foietlumiere.org - http://fli-afoi.blogspot.fr/
Directeur de la publication : Raúl Izquierdo
Rédacteur en chef, mise en page : Corinne Chatain
3
I l y a dix ans tout juste sortait le premier nu-
méro de "Hisse et Ho !". Cette lettre de nou-
velles internationales était le rêve de Ghi-
slain, notre ancien coordinateur international.
Dès son élection, nous nous sommes mis au
travail pour réaliser ce rêve. (Marie-Hélène Ma-
thieu en raconte la naissance dans "Plus jamais
seuls" page 264.)
Ainsi, en dix ans, je crois que nous avons
parcouru le monde entier… Et nous avons sorti
quatre numéros hors-série. Le premier sur le
conseil des coordinateurs à Lourdes en 2011
qui lançait les deux années de pèlerinages à
travers le monde pour fêter nos 40 ans. Le deu-
xième sur la rencontre internationale de Leeds.
Le troisième sur la rencontre internationale des
jeunes à Guardamar. Merveilleuse rencontre
qui a fait souffler un vent de jeunesse sur notre
mouvement. Le quatrième enfin sur la ren-
contre internationale au Liban qui a vu le vi-
sage de Foi et Lumière changer avec un nou-
veau coordinateur international, une nouvelle
équipe de vice-coordinateurs internationaux et
un nouveau conseil d'administration.
Je me suis récemment replongée dans les
anciens numéros pour en extraire des témoi-
gnages. J'ai été très touchée par l'incroyable
diversité de notre mouvement et en même
temps par son incroyable unité. Très exacte-
ment 1416 communautés, réparties dans 86
pays, qui vivent, malgré les diversités cultu-
relles et religieuses, la même spiritualité, la
même amitié, la même fidélité, même si la
forme de la rencontre peut être différente. On
ne se réunit pas de la même manière en Eu-
rope, en Afrique, en Amérique ou au Moyen
Orient…
"Hisse et Ho !" est le miroir de ce beau vi-
sage de Foi et Lumière à travers le monde. Oui,
vous êtes beaux.
Merci pour vous. Je rends grâce à Dieu pour
chacune de vos communautés et chacun de
vous... Longue vie à "Hisse et Ho !".
"Hisse et Ho !" fête ses dix ans
Editorial
Corinne Chatain
Secrétaire générale
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F oi et Lumière est un trésor, c’est un mouvement missionnaire, beaucoup de gens ne le savent pas encore. C’est
avec ces mots si simples et si beaux que Jean
Vanier a accueilli le conseil d’administration
lors de sa première réunion à Trosly-Breuil du
16 au 18 novembre 2018. Marie-Hélène
Mathieu l’a reconfirmé aussi lors de sa
rencontre avec le conseil.
Voici notre mission pour les cinq ans à
venir. Rendre Foi et Lumière plus visible dans
le monde, aller vers ceux qui ne nous
connaissent pas et ceux qui nous attendent,
comme vous l’avez bien signalé dans les
priorités votées en juillet au cours de
l’assemblée générale au Liban. Je tiens encore
une fois à remercier l’équipe du Liban, le
secrétariat International, et le conseil sortant
pour le succès de cette assemblée.
L’élan et l’énergie créés lors de cette
assemblée ont été ressentis non seulement
dans les communautés, mais aussi dans le
conseil lors de cette première réunion à Trosly.
Tous ensemble nous avons réfléchi à la façon
de nous organiser, de sortir des sentiers
battus et penser grand afin de rendre Foi et
Lumière plus visible dans le monde, d’aller
vers ceux qui attendent la bonne nouvelle, de
créer de meilleurs liens d’abord avec les
communautés, mais aussi avec les
organisations qui œuvrent pour la dignité de
la personne ayant un handicap.
Gardant à l’esprit que le but de tout travail
ce sont les communautés, le conseil se veut un
lieu pour vivre en communauté. Pour cela,
nous avons décidé qu’à chaque réunion, nous
vivrons les quatre temps de Foi et Lumière, et
nous inviterons autant que possible une
personne handicapée à nous rejoindre.
Nous avons décidé aussi de vivre en union
avec la grande famille de Foi et Lumière.
Chaque mois, Foi et Lumière dans le monde
priera pour les provinces accompagnées par
l’un des douze vice-coordinateurs inter-
nationaux. A la fin de l’année, nous aurons prié
pour toutes les provinces.
En 2021, nous célébrons les 50 ans de Foi et
Lumière. Foi et Lumière en 2021 n’est plus le Foi et Lumière de 1971, comme nous l’a bien
dit Jean. Beaucoup d'idées ont été avancées
lors de cette réunion pour cette célébration,
une année jubilaire, un pèlerinage
international à Lourdes, des activités
provinciales et interprovinciales, des
marathons, des contacts avec les responsables
des Églises. Nous continuons à réfléchir.
Pour faire tout ce travail, et en partant des
priorités votées, le conseil a décidé de créer
des équipes projets en collaboration avec
l’équipe de coordination internationale. Nous
aurons besoin de vos talents et votre
disponibilité pour travailler la vision, la
communication, les finances, les activités de
2021, l'œcuménisme et la formation. Ne
Première réunion POUR LE NOUVEAU CONSEIL D'ADMINISTRATION
5
cachez pas vos talents, Foi et Lumière compte
sur chacun de nous.
L’équipe de coordination internationale se
forme aussi peu à peu. Un nombre de
nominations a été approuvé par le conseil
d’administration, et nous avons aujourd'hui
une équipe complète pour la réunion de mars
2019 à Salamanque. Nous remercions Angela
Grassi, Urszula Czyrnzcka, Marie-France
Violette, Elvira Gomero, Ann Emmott, Amgad
Edouard, Valérie Jacques, Helena Escribano et
Solange Ménage d'avoir accepté de prendre la
relève ou de renouveler leur mandat.
Le conseil a démarré, nous ferons de notre
mieux pour être à la hauteur de la tâche que
vous nous avez confiée. Pour cela, nous
comptons sur votre collaboration et surtout
sur vos prières.
Cordialement.
HODA ELTURK
Présidente
Philippe de la Chapelle, Céline Doudelle, Guénaël Reynaud, Gérard Chaurand, Alice Cabral,
Joséphine Yamaki, Maria-Silvia de Jesus Tavarez, Judex Violette, Corinne Chatain,
Père Isaac Martinez, Raúl Izquierdo, Marie-Hélène Mathieu, Hoda Elturk
6
N ous partageons avec l’Arche une orga-
nisation similaire vis-à-vis des Églises
chrétiennes. Quatre délégués représen-
tent ces Églises auprès de nos mouvements :
−
− un pour la Communauté fraternelle
d'Églises membres du Conseil Œcuménique
des Églises, désigné avec l'accord du Secré-
taire Général du Conseil Œcuménique des
Églises,
−
− un pour l'Église Catholique, désigné avec
l'accord du Conseil Pontifical pour les Laïcs
(aujourd’hui intégré dans le Dicastère pour
les laïcs, la famille et la vie).
Ce fut le souhait de Jean Vanier de ne pas
avoir de statut nous liant à une Église plus qu’à
une autre. Pour être véritablement œcumé-
nique, il fallait rester neutre et à égale distance
de tous. Ce ne fut pas simple à expliquer et il a
fallu du temps pour que ce principe soit com-
pris et que des délégués puissent être dési-
gnés. Jean Vanier raconte dans l’avant-propos
du livre de Marie-Hélène Mathieu "Plus jamais
seuls" : Le Cardinal Ryłko, président du Conseil
pontifical pour les laïcs à Rome, a pu dire, de
nombreuses années après nous avoir connus :
Vous, à l’Arche et à Foi et Lumière, vous avez créé une véritable révolution copernicienne, ce n’est plus vous qui faites du bien aux per-sonnes qui ont un handicap, mais vous dites que ce sont elles qui vous font du bien ! Jean Vanier a vécu un moment particulière-
ment émouvant en 1998 au cours d’une réu-
nion du Conseil Œcuménique des Églises au
cours de laquelle une liturgie du lavement des
pieds a été organisée. Un évêque orthodoxe
s'est agenouillé et a lavé les pieds d'une femme
ministre baptiste américaine. En réfléchissant à
Les délégués des Eglises AUPRÈS DE FOI ET LUMIÈRE INTERNATIONAL,
QUI SONT-ILS ? QUE FONT-ILS ?
cet événement, Jean Vanier a pu dire que les gestes parlent parfois plus fort et plus durable-ment que les mots.
− veiller à ce que nous demeurions fidèles à
notre Charte,
− nous aider à bien vivre la dimension œcu-
ménique de notre spiritualité,
− aider les Églises qu'ils représentent à recon-
naître la spiritualité propre de Foi et Lu-
mière et à en bénéficier : témoigner que
pour confondre les puissants et les forts de
ce monde, Dieu choisit réellement les fous
et les faibles ; que ceux-ci invitent à la com-
munion des cœurs et sont source d'unité
entre les chrétiens.
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Une réunion doit avoir lieu tous les deux ans
pour cela. Mais malheureusement, une réu-
nion de ce type n’a pas pu avoir lieu depuis
pas mal de temps, faute de combattants…
− L’ancien délégué des Églises Ortho-
doxes, Monseigneur Georges Abou
Zakhem, qui avait été très accueillant pour
la réunion du Conseil International en 2004
en Syrie, n’a pas pu continuer quand la si-
tuation dans son pays a dégénéré… et il a
fallu quelques années pour lui trouver un
remplaçant ; et ce n’est que début 2017
que l’Archevêque Job de Telmessos, que
j’avais rencontré en novembre 2016, a pu
être désigné.
− L’ancien délégué de l’Église Catholique,
Monseigneur Guy Harpigny, évêque de
Tournai (Belgique), a été remplacé début
2015 par Monseigneur Michel Aoun,
évêque de Jbeil au Liban. J’avais pu en par-
ler avec le Cardinal Ryłko quelques mois
avant, et j’avais constaté par moi-même la
bienveillance qu’il avait pour notre mouve-
ment. Monseigneur Michel Aoun a partici-
pé – en voisin - à la rencontre internatio-
nale au Liban en juillet 2018.
− Monseigneur Patrick Rooke, nommé juste
avant la rencontre internationale de Leeds
en 2013 à laquelle il était présent, n’a pas
souhaité continuer à être le délégué de la
Communion Anglicane, même si le contact
avait été excellent et qu’il soit lui-même le
père de Susanna qui est trisomique. Il a été
remplacé tout récemment par Monsei-
gneur Mouneer, évêque d’un très grand
diocèse couvrant l’Égypte, l’Afrique du Nord
et la corne de l’Afrique. Il n’était pas présent
au Liban en juillet 2018, mais il avait envoyé
un délégué, le père Hamdy. Parmi les minis-
tères de son diocèse, il y a un centre éduca-
tif pour les enfants handicapés, le centre
Menara (le Phare), ce qui permet d’espérer
le démarrage de Foi et Lumière chez les An-
glicans égyptiens.
− La révérende Ruth Patterson partageait son
rôle de déléguée pour l’Arche et pour Foi et
Lumière. Lorsque je l’ai rencontrée en juin
2018 à la rencontre internationale de
l’Arche, elle m’a dit qu’elle ne pouvait plus
continuer à assurer les deux missions et
qu’il fallait que je lui trouve un remplaçant.
Par bonheur, Monseigneur Stein Reinertsen,
de l’Église Luthérienne de Norvège, récem-
ment nommé évêque référence pour Foi et
Lumière en Norvège, a participé à la ren-
contre du Liban et a bien voulu accepter de
remplacer Ruth Patterson. Le secrétaire gé-
néral a été un peu surpris que je lui de-
mande l’autorisation de le désigner alors
que Foi et Lumière ne fait pas partie du
Conseil Œcuménique des Églises, mais il a
vite compris ce que je lui demandais.
GHISLAIN DU CHÉNÉ
Mgr Mouneer Mgr Stein
Mgr Job Mgr Michel
8
tons déjà à sa résurrection
avec cette joie qui ne nous
quitte pas, qui nous habite,
nous transfigure et fait trans-
paraître la gloire de Dieu.
Oui, il nous faut continuer à
faire connaître Foi et Lumière
pour que l’Esprit puisse appe-
ler d’autres personnes à venir
nous rejoindre et faire l’expé-
rience du "plus jamais seuls" !!
DOROTHÉE PINON "L’Espérance", France Est Pétillant
C ette formation à Notre-
Dame du Chêne dans
la Sarthe, je l’attendais
avec impatience. Car si je fais
partie de la grande famille de
Foi et Lumière depuis 2006, je
ne suis coordinatrice de ma
communauté que depuis un
an... Et voilà qu’aux actualités
est annoncé le blocage des
routes par les gilets jaunes …
PAS GRAVE, je pars la veille.
Je ne suis pas seule à avoir
joué la carte de la prudence…
Ainsi, j’ai le bonheur de ren-
contrer, dès le vendredi soir,
des personnes merveilleuses.
De fait, ce sera le cas tout au
long du week-end car, à Foi et
Lumière, on ne demande pas
"Que fais-tu dans la vie ?" Mais
"Comment es-tu arrivé à Foi et
Reportage
Lumière", autrement dit : "Dis-
moi qui tu es…
Au cours de cette session,
Anne nous a rappelé la genèse
de notre mouvement, Solange
son fonctionnement, Ghislain
sa spiritualité… Tout est dans
le Kit du responsable répète
Evelyne inlassablement !!! Il
est important de revoir ces
fondamentaux pour rester
fidèles à l’esprit de notre mou-
vement. Nous avons beau-
coup chanté, dansé bien sûr,
prié aussi car nous puisons
nos forces dans la passion et la
résurrection du Christ. C’est
notre identité commune à
tous. OUI, nous traversons des
épreuves, parfois très doulou-
reuses, mais avec le Christ et
en communauté, nous goû-
De retour de formation NOTRE-DAME DU CHÊNE
La province
"France Est Pétillant"
compte 28 communautés.
Notre Dame du Chêne
9
M agnifique fête de dé-
but d'année à Saint-
Joseph de la paix à
Milan. Deux cents personnes
réunies pour redécouvrir que
Dieu fait toutes choses nou-
velles dans nos vies malgré les
fatigues et les difficultés dans
le quotidien et dans nos com-
munautés Foi et Lumière.
Toujours super les amis de
Pontelambro avec un mime
sur l'Évangile du grain de blé
et de la zizanie.
Merci à Liliana, la respon-
sable de la province "Fleuve
de Paix" et à don Mauro de
nous avoir raconté la ren-
contre internationale au Liban.
Merci aux jeunes de Fano qui
ont témoigné à quel point la
rencontre internationale des
jeunes à Guardamar les avait
transformés. Je suis fière de
ces magnifiques jeunes !!!
ANGELA GRASSI
Vice-coordinatrice internationale
Reportage
Fête de rentrée en Italie
TOUS LES ANS, LES COMMUNAUTÉS
D'ITALIE SE RETROUVENT EN DÉBUT
D'ANNÉE POUR PRÉSENTER LE
THÈME DU CARNET DE ROUTE ET
VIVRE UN TEMPS DE FÊTE EN-
SEMBLE ! CETTE FOIS-CI, LA FÊTE
ÉTAIT ÉMAILLÉE DE TEMPS DE TÉ-
MOIGNAGES SUR DES TEMPS IMPOR-
TANTS QUI ONT MARQUÉ NOTRE
HISTOIRE RÉCENTE.
Liliana Ghiringhelli,
coordinatrice de la province "Fleuve de Paix"
10
L es communautés Foi et
Lumière du Grand Est
Pétillant se sont retrou-
vées à Portieux dans les
Vosges pour leur retraite spiri-
tuelle annuelle. Elles ont été
accueillies par les sœurs de la
Providence de Portieux avec
qui elles ont des liens amicaux
et spirituels.
Quelle joie de se retrouver
à une cinquantaine de retrai-
tants, amis, familles et per-
sonnes ayant un handicap
pour vivre ensemble un temps
de spiritualité et de conviviali-
té autour du thème : "Cœur à
cœur : le Baiser d’amour de
Jésus".
A chaque jour son thème
pour nous faire approfondir
notre relation avec Jésus :
• jour 1 : Jésus est Parole ;
• jour 2 : Jésus se donne ;
Plus comme avant RETRAITE À PORTIEUX, FRANCE
Reportage
• jour 3 : Jésus est Chemin ;
• jour 4 : Jésus est Lumière.
L’Eucharistie vécue quoti-
diennement a été le pilier de
notre cœur à cœur avec Jé-
sus. Le sacrement de Récon-
ciliation permit à ceux qui le
souhaitaient, de célébrer plus
particulièrement la joie du
pardon. Le lavement des
pieds en groupes de partage
compléta ce beau moment.
Cette retraite a été une
parenthèse bienvenue dans
notre vie trépidante : les
chants, les veillées, la mu-
sique animée par la trom-
pette et les djembés, les
échanges, les fous-rires, les
ateliers créatifs qui ont mis
en valeur les talents de cha-
cun, l’amitié et la tendresse
des rencontres, l’accueil des
Sœurs, la beauté de leur jar-
din, la neige tombée en peu
en avance, ont été autant de
respirations nécessaires à
notre vie de retraitants.
Que de fruits savoureux, et
de semences pleines de pro-
messes jetées dans le mystère
des cœurs... Nous ne sommes
pas rentrés chez nous "comme
avant", mais pleins de joie et
d’espérance, sûrs que Jésus
nous aime tels que nous
sommes…
VÉRONIQUE THÉPOT Coordinatrice provinciale
11
P rofitant du pont de la
Toussaint 2018, où de
nombreuses person-
nes sont en vacances en
France, la province "Paris et
le Levant" a organisé une
grande retraite de quatre
jours à Orsay, dans la ban-
lieue Sud de Paris, avec un
titre évocateur : "Saints pour
tous…tous des Saints".
Vaste programme : en
s’appuyant sur l’Encyclique
du pape François, sur les
Béatitudes et sur des
exemples de vie de grands
saints de tous les âges
comme sainte Thérèse, saint
Martin ou sainte Mère Tere-
sa, les pères Gambart et de
Fombelle nous ont fait médi-
ter sur ce beau thème de la
Sainteté.
Tous les ingrédients étaient
réunis pour que chacun
parte un peu plus proche de
la sainteté qu’il n’était arrivé :
des enseignements, des
Saint pour tous, tous des saints !
RETRAITE À ORSAY
groupes de partage, un beau
temps de lavement des pieds
suivi du sacrement de réconci-
liation pour ceux qui le dési-
raient, du bricolage avec pour
chacun la confection de l’effigie
de son saint patron qui a servi
pour la procession de la messe
du Dimanche, un beau mime en
trois tableaux sur la vie de St
Martin de Tours, des chants ges-
tués et surtout le plein d’amitié
dans une belle atmosphère
d’entraide.
Cerise sur le gâteau : Marie-
Hélène Mathieu nous a honorés
de sa présence en nous rame-
nant à Paques 1971 avec l’orga-
nisation de cet incroyable pèle-
rinage à Lourdes, à l’origine de
notre mouvement et qu’elle ra-
conte si bien dans son livre "Plus
jamais seul". Le célèbre chant
"Amis chantons notre joie" a en-
core résonné dans la salle en
2018 et il n’y a pas de doute,
même après toutes ces années,
l’Esprit Saint continue de souf-
Reportage
fler non seulement à Paris,
en France, mais aussi sur les
cinq continents, comme
nous avons pu le constater
cet été au Liban.
VALÉRIE AMICE
Coordinatrice provinciale
La province
"Paris et le Levant"
compte 31 communautés.
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nous avons vécu des mo-
ments que nous n'oublierons
jamais (apprendre, prier, par-
tager...). Nous avons appro-
fondi l'appel de Foi et Lu-
mière et le vrai sens de l'ami-
tié dans la communauté.
Nous avons aussi réfléchi sur
les points positifs et négatifs
pour aider les communautés
à grandir.
CHRISTINE SAROUKHAN Secrétaire provinciale
D ROIT DEVANT était le
thème de notre ses-
sion de formation qui
a eu lieu du 11 au 14 octobre
2018 à Deir Mar Thoma à
Saidnaya, en Syrie. Elle
s'adressait aux nouveaux
amis dans les communautés
Foi et Lumière de Syrie.
Nous avons enfin pu nous
retrouver venant de toute la
Syrie (Damas, Daraa, Homs,
Hama, Alep, la côte, même
depuis Al-Hasaka). C'était la
première fois que nous pou-
vions le faire depuis dix ans et
le nombre total de partici-
pants était de 130 amis. Cette
formation a été organisée par
Alaa Khlaff (coordinateur de
la province Syrie), le père Ni-
cola Hadaa (aumônier provin-
cial) et l'équipe provinciale.
Ensemble avec le Saint-Esprit,
La province Syrie
compte
37 communautés
Reportage
En Syrie : Droit devant !
13
tiques. Talents des personnes
qui ont animé les prières, pré-
senté les différents mimes qui
nous ont remémoré, grâce à
ces pêcheurs d’hommes que
furent les apôtres, que Foi et
Lumière, nous a pêché un
beau jour pour intégrer notre
communauté et nous a per-
mis de devenir, à notre tour
pêcheurs d’Hommes et nous
invite à le demeurer ici… et
ailleurs.
Cet ailleurs, nous l’avons
vécu intensément grâce à ce
magnifique témoignage de
nos trois ambassadrices au
Liban. Grâce à une mise en
scène originale et à un récit
captivant, elles ont ouvert nos
cœurs sur l’immense famille
de Foi et Lumière répandue à
travers le monde. Les dis-
ciples d’Emmaüs nous ont
rappelé combien Jésus est
toujours là au milieu de nous
pour nous accompagner dans
les moments difficiles de nos
U n weekend inoubliable
qui restera gravé dans le
cœur de beaucoup.
Gratitude vis-à-vis de Caro-
line, Laurence et Kahina pour
la joie de partager ce qui les
anime et qui a étincelé comme
une bougie en fête en nos
cœurs.
Merci à tous ceux qui ont
œuvré avec vous pour que ce
weekend se déroule au mieux
pour tous. Gratitude à la
Vierge des Pauvres qui nous
accueille en ce lieu de pèleri-
nage. Le chaleureux accueil
tout en musique par le groupe
Totem, cette marche dans les
pas de Jésus qui se collaient
parfois à nos semelles et la joie
de retrouver de nombreux
amis d’autres communautés
rencontrés grâce aux journées
régionales, à la retraite Arc en
Ciel, au réveillon et à bien
d’autres occasions…étaient
déjà porteurs d’une joie in-
tense dans les cœurs.
Que de talents découverts
tout au long de ces deux jour-
nées, à commencer par un
temps de gymnastique qui mit
en mouvement presque tous
les muscles avec une priorité
pourtant pour les zygoma-
chemins respectifs, et qu’il
nous invite à sa table tout
comme Lévi qui invite à sa
table pour fêter sa rencontre
avec Jésus. Là, Jésus nous rap-
pelle pour qui il est venu en
priorité : pour les malades, les
personnes ayant un handicap
et tous ceux qui souffrent !
En dehors de ces temps de
méditation, de prière, de célé-
bration et de communion, que
de talents se sont découverts
grâce aux différents ateliers et
activités proposées. Que de
profondeur, de naturel et de
spontanéité dans la médita-
tion autour de la terre, que
chacun a pu percevoir, pétrir,
modeler et exprimer un vécu,
un ressenti personnel.
Banneux 2018… un appel à
continuer à marcher dans les
pas de Jésus !
L’ÉQUIPE NAMUR-LUXEMBOURG Extrait de "Grand Large" N°15
Reportage
Dans les pas de Jésus UNE RENCONTRE PROVINCIALE À BANNEUX RASSEMBLE 300 PERSONNES
La Belgique
compte 31 communautés
14
C es quelques jours pas-
sés au Frat à Lourdes
semblent avoir été as-
sez fructueux. Des graines sont
semées, il n'y a plus qu'à laisser
le Seigneur les faire (ou lais-
ser ?) pousser !
Nous avons dû aussi témoi-
gner cinq fois pendant une
heure et demi devant des
groupes de cent jeunes ; pour
cela, nous commencions par la
Reportage
projection de "De ceux qui ne partent pas en pèleri-nage" (réalisée pour le pèleri-
nage Foi et Lumière de
"Rhône Loire Auvergne" en
2018). Les jeunes applaudis-
saient. Puis Claire témoignait
pendant 45 minutes de son
vécu, de ce qu'est le mouve-
ment et de ce qu'il apporte à
tous. Ce témoignage se termi-
nait par la vidéo "Je te donne" de Jean-Jacques Goldman
pour l'Arche à Marseille. A plu-
sieurs reprises, les jeunes ont
chanté et à chaque fois ap-
plaudit. Suivaient 45 minutes
de questions, parfois nom-
breuses, parfois moins, aux-
quelles Claire, Vincent et moi
répondions compte tenu de
notre complémentarité... Puis
nous leur faisions vivre l'esprit
de Foi et Lumière en leur fai-
sant chanter/gestuer "Par toi, par moi vit la communauté". La joie était là et les applau-
dissements aussi !
Des jeunes sont venus par
la suite nous poser des ques-
tions laissant entendre leur
besoin ou désir de rejoindre
une communauté sinon d'en
parler à un frère ou une sœur...
Une adulte accompagnateur
nous a rejoints lorsque nous
nous rendions à pied à la gare
pour le retour à Paris et nous a
exprimé en plus de remercie-
ments que si les jeunes étaient
silencieux durant le témoi-
gnage, c'est parce qu'ils se sen-
taient impressionnés par ce qui
était exprimé. Lors de ce retour
aussi, plusieurs groupes de
jeunes nous ont appelés de
loin, certains faisant de grands
cœurs avec les bras…
Il est vraiment bon de parler
de Foi et Lumière aux jeunes et
nous réfléchissons déjà pour
repartir témoigner au FRAT l'an
prochain.
Encore un grand grand mer-
ci au secrétariat international
pour vos idées, votre soutien,
vos documents…
DIDIER OVAZZA Vice-coordinateur provincial
"Ile de France Ouest"
Le Fraternel PRIER, RENCONTRER, CHANTER
CHAQUE ANNÉE EN FRANCE, LE
FRAT ORGANISE UN PÈLERINAGE
POUR LES JEUNES LYCÉENS DES AU-
MÔNERIES DE TOUS LES DIOCÈSES
DE FRANCE. EN 2018, IL A RÉUNI
ENVIRON 10 000 JEUNES PENDANT
QUATRE JOURS À LOURDES SUR LE
THÈME :"SOIS SANS CRAINTE, IL
T'APPELLE".
La province
compte 30 communautés.
15
Quand je suis arrivé en Californie en 2003/2004 avec ma famille, Arlene et moi sommes devenus amies, mon fils Alessandro étant autiste. Nous étions comme des sœurs. Cette catéchèse a eu un impact considérable sur notre groupe, même s'il a connu plusieurs transformations. Il s'est d'abord appelé "Josma", puis "Cercle des amis", et finalement, en 2012/2013, nous sommes devenus une com-munauté Foi et Lumière baptisée "Lighthouse" (Le Phare)1. Arlene a eu un cancer et son espérance de vie était de 7 mois. Par notre prière, le Sei-gneur a prolongé sa vie, et elle a vécu pleine-
Témoignage
ment et dans la joie pendant plus de cinq ans. Alors qu'elle était très malade, Linda Rapp et moi avons formé la communauté Foi et Lu-mière inspirée par l'intention première d'Ar-lene. Elle a participé à notre communauté et s’est nourrie du soutien de notre groupe. Notre amitié est devenue plus étroite que ja-mais et elle nous a enrichi avec son sens de l'humour unique. Beaucoup dans la commu-nauté pouvaient à peine croire qu'elle était malade, car elle était toujours prête à faire une farce ou une remarque amusante. La plupart des membres de notre communauté ne se doutaient pas qu'elle arrivait sortant d'un trai-tement d'immunothérapie et d'un long trajet en voiture depuis l'hôpital. . Elle nous a envoyé un courrier électronique le 8 novembre, s'excusant pour la réunion du lendemain, disant qu'elle était un peu fati-guée. Deux jours après, elle mourrait d'une crise cardiaque Elle est restée joyeuse jusqu'au dernier moment de sa vie. Ce fut un véritable choc pour beaucoup d'entre nous et nous con-tinuons à pleurer sa perte. Notre communauté s'appelle maintenant "Arlene's Lighthouse" Ce changement de nom est pour dire à Arlene toute notre reconnais-sance. Elle était le genre de sainte qui passe inaperçue, mais le monde est devenu meilleur grâce à elle.
Regina Dell'Oro
Arlène
1 Manhattan Beach, Los Angeles, USA
16
C hez Jésus, tout est petit. J’ai entendu ces mots dans la bouche de Jean Vanier. Nos communautés Foi et Lumière vi-
vent cette petitesse au jour le jour. C’est pour cela que nous pouvons devenir comme des petites crèches dans le monde. Mais petit ne veut pas dire invisible. Dieu se rend visible dans la petitesse, il se rend vi-sible dans nos communautés. Ce qui est petit ne s’impose pas mais invite. Jésus dans la crèche et dans sa vie invitera tou-jours à la rencontre sans jamais s’imposer. Nos communautés ne sont pas appelées à être grandes et à avoir une grande visibilité aux yeux des hommes. Elles doivent continuer à interpeller le monde, à l’inviter à aimer, à l’inviter à retrouver le goût de la rencontre simple et de la joie qu’elle apporte. C’est ce trésor que porte en elle la personne avec un handicap mental. Elle nous invite à aimer et à nous laisser aimer sans arrière-pensées. Si nous avons la chance d’être, comme les ber-gers et les mages, capables de répondre à l’invitation, nous pourrons alors nous rappro-cher de Dieu, de l’Amour. C’est sur ce chemin d’amour qu’il nous ap-pelle à travers nos communautés. Un chemin sur lequel nous devons toujours accepter de changer notre cœur de nous laisser interpeler. Nous ne savons pas où ce chemin nous mène, le prendre nous invite à faire confiance. Comme les mages, suivons l’étoile de l’invita-tion à la rencontre en sachant que toute ren-contre demande de faire confiance au Sei-gneur plus qu’à nous-mêmes. Ce chemin est parfois parsemé d’obstacles que nous pourrions croire insurmontables mais chaque obstacle nous invite à oser repar-tir par une autre route que celle qui était pré-
Témoignage
Chez Jésus, tout est petit
vue ou planifiée. Les mages l’ont fait lorsqu’ils sont repartis par un autre chemin après avoir rencontré Jésus. Ils n’ont pas eu peur car ils savaient l’essentiel, ils n’étaient pas seuls, dé-sormais Dieu était avec eux, Dieu les accompa-gnait sur le chemin. Les chemins ne sont pas tout tracés à Foi et Lumière, il faut accepter l’imprévu, accepter de nous laisser déranger par les rencontres, par la vie, et oser faire confiance au Seigneur. Il est avec nous, il marche avec nous et nous fait confiance. Puissions-nous avoir la foi qui nous per-mettra d’inventer ce chemin de la rencontre tout au long de cette année 2019.
Père Xavier Nys Aumônier provincial, Belgique
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Témoignage
En route vers l’avenir
B onjour chères amies et chers amis de Foi et Lumière ! Comme vous, nous avons lu avec passion le n°37 de "Hisse et Ho !"
avec le magnifique témoignage sur Angelo ! Félicitations et un grand merci pour toute l’équipe de fabrication de cette revue et à ceux et celles qui nous font "goûter" la vie à travers le monde de notre grande famille avec beau-coup de communautés jeunes et actives, mais aussi avec plusieurs communautés qui existent depuis le premier jour ! "Cœur d’Europe" est le nom de notre pro-vince qui est composée des Pays-Bas, de l’Alle-magne, de l’Autriche et du Luxembourg et dont la plupart des communautés existent dé-jà depuis très longtemps. Beaucoup d’entre vous ont déjà rencontré Hetty Gommans, notre toute première coordinatrice de pro-vince. Elle a, entre autres, participé aux ren-contres internationales à Lourdes, à Leeds et à Varsovie. Elle nous a guidé pendant neuf ans avec beaucoup de sagesse, de charisme et avec un grand cœur. Elle va nous manquer, non seulement pour ses talents musicaux, mais aussi pour son amitié et sa volonté de parta-ger. Comme elle avait achevé son deuxième mandat, elle nous a demandé d’aller à la re-cherche d’un(e) remplaçant(e). Sa succession n’était pas évidente ! En oc-tobre 2017, notre comité de nomination s’est lancé à la recherche de personnes pour la suc-cession de Hetty. Lors d’une grande fête à Banneux, les communautés des Pays-Bas ont célébré leurs 25 ans d’anniversaire de Foi et Lumière, elles avaient invité les communautés d’Allemagne, d’Autriche et du Luxembourg pour fêter avec eux. A ce moment-là, notre espérance de trou-ver un successeur à Hetty était grande. À Ban-neux, nous avions reçu plusieurs noms et
toute l’équipe de nomination s’est mise en route pour contacter les gens proposés. Il y avait beaucoup de nominés très valables, mais après un temps de discernement et de prière, aucun d’eux ne se sentait en état de répondre à cet appel. Tous et toutes avaient de bonnes raisons pour renoncer. C’est ainsi que quelques semaines avant l’élection à Weisendorf, nous n’avions pas un seul nom sur la liste. L’équipe a beaucoup ré-fléchi et aussi prié pour que le Seigneur nous montre le chemin. Tout le monde commen-
Hetty
Sam et Bert
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çait à chercher des pistes nouvelles pour trou-ver un nouveau coordinateur pour notre pro-vince, mais en vain. Notre dernière espérance, une personne très valable, s'écroulait aussi. Alors, à ce moment-là, nous avons senti notre grande pauvreté et nous nous sommes posés la question : "Mais, que veut le Seigneur pour notre province ?" Pendant notre avant-dernière réunion télé-phonique, Georg a expliqué son Plan B : "Eh bien, Sam et Bert ! Nous n’avons trouvé per-sonne mais ne serait-ce pas une option, si vous, comme grands-parents, acceptiez de lais-ser vos noms sur la liste des personnes pour la succession de Hetty ?" Nous ne pouvions pas croire ce qu’il nous proposait. Sam était toute effrayée et moi, je secouais la tête. En effet, le statut dit qu’il n’est pas possible qu’un membre du comité de no-mination soit élu et que l’âge limite est de 70 ans, âge que j’avais déjà atteint. Nous étions stupéfaits, car, en plus, nous faisions partie du comité de nomination. Nous étions bouleversés. Sam était depuis longtemps d’avis que le temps était venu de ralentir notre engagement dans la province et réagissait spontanément avec un "non". Nous avons répondu de prier pour nous et de nous donner du temps pour discerner. Pendant trois semaines nous avons beau-coup réfléchi et parlé avec nos enfants, des amis de Foi et Lumière et des personnes de confiance. C’était un chemin difficile, surtout pour ma femme, qui avait peur de dire oui. Elle aurait préféré dire non mais, mariée de-puis presque 50 ans, elle a voulu continuer nos engagements en commun. Le jour du 1er juin l’assemblée générale de la province a été informée de toutes les dé-marches que le comité de nomination avait faites et du fait que le chemin normal de la procédure n’avait pas abouti. Tout le monde était très inquiet. Alors, Georg a dû effacer tous les soucis chez nos amis en leur présen-tant son "plan B ". Après une nuit de silence et de discerne-ment, nos responsables de communauté ont voté. Assis devant l’audience, main dans la
main, Sam et moi avons accepté, les larmes aux yeux, notre nomination. Soulagement pour nos membres, nouveau challenge pour nous deux. Le jour suivant, nous avons passé une nuit chez une de nos filles en Suisse pour continuer notre route vers la France. Notre fille a con-seillé de ne pas prendre l’autoroute directe-ment, mais de passer par des routes secon-daires pour arriver à Berne. Cependant, en sortant d'un village, un pompier nous a fait signe de faire demi-tour. Un peu vexés à cause de la route bloquée, nous avons pris une autre route secondaire. J’ai continué ma route au volant et Sam a con-templé le paysage. Tout à coup, un grand pan-neau au bord de la rue a attiré toute son atten-tion. Bouleversée, elle a lu ce qui était écrit sur un fond vert : "Fürchte dich nicht ! Die Bibel", (N’aie pas peur ! La Bible). Est-ce un signe du "Très haut" ? Nous ne pouvions pas en croire nos yeux ! Je crois et je l’espère, ou bien… j’es-père que j’y crois ! Continuons nos routes, car Dieu, est vrai-ment sur notre route, surtout aux moments difficiles quand nous ne l’attendons pas !
Sam et Bert Colyn-Sertyn Coordinateurs de "Cœur d’Europe"
Belle rencontre à Notre Dame du Laus (France) de Julie avec Mgr de Jong, évêque auxiliaire de Roremond. Deux grands amis de Hetty.
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Témoignage
M es très chers amis, il y a quatre ans, j'ai reçu le don de devenir coordinateur de la province "Kimata", et ce mandat
vient d'arriver à son terme. Quand j’ai rencontré Angela Grassi (notre nouvelle vice-coordinatrice internationale, qui a succédé à Lucia que nous ne remercierons jamais assez pour son travail fructueux) pour parler de nous, la première chose que je lui ai dite est que Kimata est une belle Province. Quatre pays (Italie, Grèce, Chypre et mainte-nant Albanie), trois langues (italien, grec et Albanais), trois confessions (catholiques, or-thodoxes et quelques protestants d’Albanie), deux religions (des chrétiens et des membres des communautés musulmanes albanaises, sunnites et Bektashi), autant de communautés différentes (depuis les nombreuses commu-nautés de Rome jusqu'à la communauté nais-sante de Tirana) et de nombreuses personnes, avec des histoires incroyables derrière eux. Je ressens maintenant la province Kimata comme une grande famille composée de vi-sages, d'embrassades, de discussions, de joies et de peines. Même des malentendus, car c’est ce qui se passe dans chaque famille, avec beau-coup d’affection. C'est comme si on portait tous le même nom de famille. Kimata et plus généralement Foi et Lumière dans son en-semble, a été pour nous un don de Dieu et continue de l'être jour après jour. Mariangela Bertolini, notre fondatrice ita-lienne, dans l'un de ses écrits en 1979 (il y a près de quarante ans) expliquait que nous nous appelions "foi" parce que nous sommes tous aimés de Dieu tels que nous sommes et nous nous appelions "lumière" parce que ce sont les petits qui mettent en nous une lu-mière qui révèle notre vraie personne à la place du personnage que nous pensons être. Avec des phrases simples, la fondatrice de Foi et Lumière en Italie, décrit notre essence
même. Nous pouvons y trouver toute la joie d’être ensemble, toutes nos racines qui se trouvent dans les plus petits d'entre nous, dans nos communautés et en Jésus qui, comme par hasard, est entré dans nos vies comme un petit enfant dans une petite famille. Il a passé toute sa vie dans une petite communauté, avec douze personnes, très différentes les unes des autres, d'origines et de convictions diverses, et qui ont ensuite fait se répandre l’Eglise à tra-vers le monde. Quelques jours avant Noël, de nombreuses communautés ont déjà expérimenté la joie d'être ensemble. En attendant le 25 décembre, rassemblons-nous tous ensemble autour de ce petit Jésus qui vient chaque année nous rappe-ler qu'il nous aime tels que nous sommes. Il vient nous dire que nous ne devons pas rester dans nos frontières, mais nous transformer en un cadeau pour nos Eglises et pour le monde. Joyeux Noël, chers amis, à nous, à nos amis les plus petits et à nos familles. Je vous aime et vous embrasse chacun.
Pietro
La belle province Kimata Lettre de Pietro Vetro, coordinateur provincial
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Témoignage
I l y a sept ans, j’ai créé une fondation (Émeraude Voile Solidaire) et fait cons-truire un gros voilier afin d’embarquer à la
journée, une fois par semaine, des personnes différentes : handicapés, prisonniers, prosti-tuées. J’effectue donc environ soixante-dix sorties en mer par an au large de Dinard. Cette activité m’a fait connaître des gens ex-traordinaires qui m’ont étonné par leur géné-rosité. Les infirmières, médecins et toutes ces personnes qui travaillent sans relâche au ser-vice des autres m’ont donné envie d’aller plus loin. Lors d’une de ces sorties, j’ai aussi rencon-tré Théo, un jeune homme de 20 ans, autiste. Après la journée de navigation, il m’a interpel-lé : "Eh, Capitaine, tu n’aurais pas un boulot pour moi ?" Je lui ai d’abord répondu : "Non, hélas…" En colère, il m’a alors lancé : "Mais moi, je veux être utile dans cette société !" Son cri m’a interpellé. Pendant deux ans, je me suis demandé ce que je pouvais faire en tant qu’entrepreneur… Le monde du handicap souffre du chômage trois fois plus qu’ailleurs ! J’ai donc imaginé le premier café Joyeux à Rennes, car je suis bre-ton. L’idée consiste à employer des personnes handicapées selon leurs capacités en propo-sant des plats et boissons de bonne qualité au public.
On ne veut pas faire pitié, mais envie ! J’ai également recruté un assistant "joyeux" (qui est trisomique) à mon bureau. Il y travaille un jour par semaine. Et je vous jure qu’il met de l’ambiance. Quand il n’est pas là, il y a un vide. Le bilan de ce premier café-restaurant, ou-vert en décembre dernier en Bretagne, est su-per positif après plusieurs mois de fonction-nement. Une mère m’a affirmé que son fils handicapé était si content d’avoir un travail
Inspiré par Jean Vanier, après une première ouverture à Rennes (France) en dé-cembre 2017, Yann Bucaille Lanrezac, entrepreneur breton de 48 ans, a ouvert un deuxième café Joyeux à Paris. Particularité : il emploie des serveurs et cuisiniers atteints de divers handicaps.
Témoignage
Yann (à droite) avec son équipe "Joyeuse"
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qu’il courait le matin pour s’y rendre. Cela fait chaud au cœur même si je sais que ce n’est que le début et que tout n’est pas si simple. L’équipe de Rennes (composée de deux ma-nagers et de huit serveurs et cuisiniers) est soudée. L’entraide y est réelle. Et je constate que les employés donnent le meilleur d’eux-mêmes. Ils n’ont plus honte ou peur de dire que là, par exemple, ils ne savent pas faire… Et le restaurant ne désemplit pas. Mais il faut voir sur la durée. Le 21 mars dernier, premier jour du prin-temps, et aussi Journée mondiale de la triso-mie 21, un deuxième bistrot a ouvert dans la capitale. Les Bretons ont débarqué à Paris !Nous avons embauché vingt et un serveurs et cuisiniers "joyeux" encadrés par trois mana-gers. Mais ce n’est que le début de cette aven-ture parisienne et quelques réglages restent à faire. C’est comme une petite start-up montée avec des gens qui ont des capacités diffé-rentes : certains travaillent vingt-cinq heures par semaine, d’autres sont plus à l’aise avec quinze heures. On s’adapte aux possibilités de chaque personne. Déjà, les Parisiens répondent présents, et j’adore entendre sonner la clochette de l’éta-blissement qui indique si quelqu’un a laissé un pourboire. J’envisage d’ouvrir un autre café à Paris puis à Lyon, Lille et Bordeaux. Je sens bien qu’il y a une attente. Mais il faut le faire très progressi-vement. J’ai une lourde responsabilité envers mes nouveaux employés que je ne veux surtout pas décevoir. L’entreprise et l’enseigne sont détenues par ma fondation. Or, poursuivre cette aventure au cœur des grandes villes de l’Hexagone néces-site des partenaires et des investisseurs finan-ciers bienveillants. Au fond de moi, je suis un entrepreneur chrétien, je ne le cache pas. C’est ma foi qui m’anime. Elle brûle au plus profond de mon cœur. Et c’est dans la prière que je me res-source. Comme je le dis parfois, le héros, ce
n’est pas moi, ce sont tous ces différents ser-veurs qui m’émerveillent chaque matin. Leur envie, leur joie, leur détermination de travail-ler dans notre société me bouleversent…
Yann Bucaille Lanrezac "France Dimanche" septembre 2018
Rendez-vous sur le site : www.joyeux.fr/
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C hers frères et sœurs, Je me réjouis de vous rencontrer, sur-tout parce qu’en ces jours vous avez
affronté un thème de grande importance pour la vie de l’Eglise dans son œuvre d’évangéli-sation et de formation chrétienne : La caté-chèse et les personnes ayant un handicap. (…) Nous connaissons le grand développement qui a eu lieu au cours de ces dernières décennies à l’égard du handicap. La croissance dans la conscience de la dignité de toute personne, surtout des personnes les plus faibles, a con-duit à assumer des positions courageuses pour l’inclusion de ceux qui vivent avec diverses formes de handicap, pour que personne ne se sente étranger dans sa maison. Et pourtant, au niveau culture demeurent encore des expres-sions qui portent atteinte à la dignité de ces personnes parce qu’une fausse conception de la vie prévaut. Une vision souvent narcissique et utilitariste conduit, malheureusement, de nombreuses personnes à considérer les per-sonnes avec handicap comme marginales, sans saisir en elles leur richesse humaine et
spirituelle multiforme. Une attitude de refus de cette condition, comme si elle interdisait d’être heureux et de se réaliser soi-même, est encore trop forte dans la mentalité commune. La tendance eugénique à supprimer les en-fants à naître qui présentent quelque forme d’imperfection le prouve. En réalité, nous connaissons tous beaucoup de personnes qui, avec leurs fragilités, même graves, ont trouvé, même en peinant, le chemin d’une vie bonne et riche de signification. Comme d’un autre côté nous connaissons des personnes appa-remment parfaites et désespérées ! Par ail-leurs, c’est une erreur dangereuse de penser que l’on est invulnérable. Comme disait une jeune que j’ai rencontrée dans mon récent voyage en Colombie, la vulnérabilité appar-tient à l’essence de l’homme. La réponse est l’amour : non pas le faux, doucereux et bigot, mais le vrai, concret et respectueux. Dans la mesure où l’on est ac-cueillis et aimés, inclus dans la communauté et accompagnés pour regarder l’avenir avec confiance, on développe le vrai parcours de la vie et on fait l’expérience du bonheur durable. Cela – nous le savons – vaut pour tous, mais les personnes les plus fragiles en sont comme la preuve. La foi est une grande compagne de vie quand elle nous permet de toucher par la main la présence d’un Père qui ne laisse ja-mais ses créatures seules, dans aucune des conditions de leur vie. L’Eglise ne peut pas être “étouffante” ou “désaccordée” dans la défense et dans la promotion des personnes ayant un handicap. Sa proximité envers les familles les aide à dépasser la solitude dans laquelle elles risquent souvent de s’enfermer par manque d’attention et de soutien. Cela vaut encore plus pour la responsabilité qu’elle possède dans la génération et dans la forma-tion à la vie chrétienne. Les paroles et surtout
Pour notre réflexion
Dans un discours à l'occasion du 25ème anniversaire de la promulgation du Caté-chisme de l’Eglise catholique, à Rome, le pape encourage le témoignage des per-sonnes ayant un handicap.
Un bonheur durable
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les gestes pour rencontrer et accueillir les per-sonnes ayant un handicap ne peuvent pas faire défaut dans la communauté. Spéciale-ment la Liturgie dominicale devra savoir les inclure, pour que la rencontre avec le Sei-gneur Ressuscité et avec la communauté puisse être source d’espérance et de courage dans le chemin pas facile de la vie. La catéchèse, de façon particulière, est ap-pelée à découvrir et à expérimenter des formes cohérentes pour que toute personne, avec ses dons, ses limites et ses handicaps, même graves, puisse rencontrer Jésus sur son chemin et s’abandonner à Lui avec foi. Au-cune limite physique et psychique ne pourra jamais être un empêchement à cette ren-contre, parce que le visage du Christ resplen-dit dans l’intime de toute personne. En outre restons attentifs, spécialement nous, ministres de la grâce du Christ, à ne pas tomber dans l’erreur néo-pélagienne de ne pas reconnaître l’exigence de la force de la grâce qui vient des Sacrements de l’initiation chrétienne. Ap-prenons à dépasser la gêne et la peur qui par-fois peuvent être éprouvées à l’égard des per-sonnes ayant un handicap. Apprenons à cher-cher et aussi à “inventer” avec intelligence des instruments adéquats pour que le soutien de la grâce ne fasse défaut à personne. For-mons – avant tout par l’exemple ! – des caté-chistes toujours plus capables d’accompagner ces personnes pour qu’elles grandissent dans la foi et donnent leur contribution naturelle et originale à la vie de l’Eglise. Enfin, je sou-haite que les personnes porteuses de handicap puissent être elles-mêmes toujours plus caté-chistes dans la communauté, y compris par leur témoignage, pour transmettre la foi de façon plus efficace. (…) Je vous bénis de tout cœur. Et je vous de-mande, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi. Merci ! Pape François Traduction de Zenit, Anne Kurian
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Album de famille
Marianne Abrahamsson
Chers amis,
Je suis désolé de devoir vous
dire que Marianne est décédée
le 2 janvier au matin à Uppsala,
où elle vivait depuis de nom-
breuses années. Elle avait per-
du la mémoire au cours de ses
dernières années et je suis
triste qu'elle ne se soit pas sou-
venue de moi quand j'allais la
visiter.
La dernière fois que je l'ai vue,
c'était à un camp de Foi et Lu-
mière en Suède. Elle était déjà
différente de celle que je con-
naissais.
Marianne a fondé Foi et Lu-
mière en Suède il y a environ
40 ans. Elle a été responsable
nationale puis coordonnatrice
de zone pour l'Europe du Nord
(Angleterre, Écosse, pays de
Galles, Irlande, Danemark, Nor-
vège et Suède).
Nous nous souviendrons d'elle
avec gratitude et amour.
Berit Keszei
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Des naissances
Dans le dernier numéro de "Hisse
et Ho !", Ernestine nous annon-
çais la naissance de la commu-
nauté "Saint Charbel" à Douala
(Cameroun). Voici une photo de
leur deuxième rencontre.
Ernestine
• Deux nouvelles commu-
nautés à Lviv (Ukraine), "Le
puit de Jacob" et
"L'Amour".
• Une communauté en for-
mation à Buenos-Aires
(Argentine).
• La communauté "Enfants
de Marie" s'est multipliée. Il
y a maintenant "Les Enfants
de Marie" Nanterre et "Les
Enfants de Marie" Asnières
(Ile de France Ouest).
Vice-coordinatrices
Internationales
L'équipe de coordination in-
ternational est aujourd'hui au
complet. Solange Ménage
(France Ouest) succède à Lu-
dovic de la Quintinie. Elle ac-
compagnera les provinces du
sud ouest de la France.
Héléna Escribano (Espagne)
succède à Raúl Izquierdo. Elle
accompagnera les provinces
de la péninsule ibérique.
L'équipe est désormais com-
posée de Kirt Bromley (USA),
Elvira Gomero (Pérou), Uliana
Roy (Ukraine), Angela Grassi
(Italie), Valerie Jaques (Ma-
laisie), Amgad Edward (Egyp-
te), Urzula Czyrnecka (Polo-
gne), Ann Emmott (Angleter-
re), Dominique Pfeffer (France)
et Marie-France Violette
(Maurice).
Helena
Solange
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Agenda international
• 7-11 mars : assemblée provinciale "Croix du Sud" (Australie, Nouvelle Zélande), Camberra,
Australie.
• 11-19 mars : réunion de l'équipe de coordination internationale et du conseil
d'administration, Salamanque, Espagne
• 15-17 mars : session de formation pour les communautés de la province "Notre Dame de
Guadalupe" (Mexique), Mexico.
• 29-31 mars : retraite de Carême pour les communautés de la province "Pologne Nord",
Wiseła.
• 29-31 mars : session de formation pour les communautés de la province "Fleuve de
Paix" (Italie Nord, Galilée, Milan, Italie).
• 30 mars : assemblée générale de l'association provinciale "France Est Pétillant), Nancy.
• 5-8 avril : retraite pour les communautés du nord de la province "France Centre", abbaye St
Martin de Mondaye.
• 7-8 avril : retraite de Carême pour les communautés de la province "Pologne Sud", Cracovie.
• 13-14 avril : assemblée de la province "Lumière de l'Orient" (Corée du Sud, Hong Kong,
Japon, Taiwan), Busan, Corée du Sud.
• 11-12 mai : conseil de la province "Pologne Ouest", Poznam
• 24-26 mai : session de formation pour les communautés de la province "Notre Dame de
Guadalupe" (Mexique), Chihuahua.
• 25-30 mai : réunion de la province "Jésus, Lumière des Andes" (Chili, Colombie, Equateur,
LES "MYSTÈRES DE FOI ET LUMIÈRE"
Ghislain du Chéné, ancien coordinateur in-
ternational, nous propose de méditer seul
ou en communauté ces cinq "Mystères de
Foi et Lumière". Une invitation à suivre Jésus
sur les chemins de l'Evangile, à être toujours
debout au pied de la croix, proches des cru-
cifiés de notre monde. Explications…
"En participant à une veillée de prière et de méditation sur la Passion du Christ à Notre-Dame de Paris, j'ai été étonné de méditer la Passion pendant le temps de l'Avent. Pour-quoi, en ce temps de veille et d’attente de la naissance du Sauveur, se rappeler les souf-frances du Christ ? Quel est le "lien mysté-rieux" qui relie l’Immaculée Conception à la Croix ? En poursuivant ce temps de réflexion, j’ai associé à ce "lien mystérieux" les membres de nos communautés : les personnes ayant un handicap mental, les papas, les mamans,
les amis, tous se retrouvant au pied de la Croix avec Saint Jean et Marie. Les Mystères de Foi et Lumière sont une invitation à prier tous ensemble, à apprendre à suivre Jésus sur les chemins de l’Évangile, à être toujours debout au pied de la croix, proches des cru-cifiés de notre monde.
Format de poche (A6), 0,50 €
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"O mbres et Lumière" me demande
de revenir sur une question essen-
tielle concernant les personnes
ayant un handicap mental surtout lorsqu'il est
très profond : Peuvent-elle recevoir l'Eucharis-tie ? Ainsi, une maman estime que pour sa fille
très gravement limitée, la question ne se pose
pas. Elle a un cœur pur. C'est un petit ange." D'autres parents nous écrivent : Notre fille Jeanne, baptisée et confirmée, est polyhandi-capée, incapable de quelques connaissances et ne peut en aucun cas distinguer le Pain sa-cré du pain ordinaire. Depuis plus d'une cinquantaine d'années,
la question s'est posée au fur et à mesure que
les professionnels découvraient "l'éducabilité"
des enfants appelés à l'époque "déficients" ou
"débiles mentaux" et des moyens de commu-
niquer avec ceux qui semblaient les plus pro-
fondément atteints. Des progrès similaires se
faisaient dans l'Eglise. Le Père Henri Bissonnier
suscitait la catéchèse spécialisée (en France)
L'Arche et Foi et Lumière voyaient le jour. On
constatait les capacités spirituelles de ces per-
sonnes. Pour beaucoup d'entre elles, s'ouvrait
l'accès aux sacrements en particulier l'Eucharis-
tie. Celle-ci était envisagée et encouragée par
on nombre d'évêques qui s'exprimaient à titre
personnel ou collectivement.
Du côté du Saint Siège, Paul VI et Jean Paul
II, tout en témoignant leur prédilection mar-
quée d'amour et de confiance pour les per-
sonnes handicapées mentales, ne se pronon-
cèrent pas au sujet de l'Eucharistie. Cependant,
Jean Paul II manifesta publiquement sa pen-
sée. A Rome en 1987, devant huit mille per-
sonnes rassemblées pour la messe, il donna la
communion à Sabina qu'il savait aveugle et
atteinte d'un handicap mental profond. Fran-
cesco et Olga, ses parents, affirmaient : Au-jourd'hui, nul ne pourra plus jamais dire que les personnes comme Sabina ne sont pas ca-pables de recevoir l'Eucharistie. CAPABLES D'UNE RELATION D'INTIMITÉ
En 2005, une étape importante ! Le synode
sur l'Eucharistie, puis en 2007, la parution d'un
document de Benoit XVI "Le sacrement de
l'amour", exhortation apostolique sur l'Eucha-
ristie. Le pape y reprenait une des cinquante
propositions présentées par les évêques et
écrivait : La communion eucharistique doit être assurée, autant que possible, aux handi-capés mentaux, baptisés et confirmés : ils re-
La lettre de Marie-Hélène
Notre enfant polyhandicapé
peut-il recevoir le Seigneur ?
Marie-Hélène au Synode sur l'Eucharistie
28
çoivent l'Eucharistie dans la foi également de leur famille ou de la communauté qui les ac-compagne. (Proposition 58)1
C’était donc la première fois que l’Eglise,
avec son autorité, donnait un document offi-
ciel sur l’Eucharistie et les personnes handica-
pées mentales, et cela sans limites concernant
la gravité du handicap.
Il faut s’en réjouir et ne pas s’en étonner.
Cette décision semble tellement répondre au
désir de Jésus, lorsqu’il rabroue les disciples
qui, par respect pour Lui, leur Seigneur et
Maître, voulaient écarter les petits enfants. Il
ordonne à ses disciples : Laissez venir à moi les petits enfants. Ne les en empêchez pas. Ail-
leurs, Jésus confirme sa préférence : Père, je te bénis d’avoir caché tes mystères aux sages et aux savants et de les avoir révélés aux tout pe-tits. Un grand mystère d’amour, où personne
n’est exclu. Un amour qui se communique non
par l’intelligence et les exposés théologiques,
mais par le cœur et même le corps.
La privation de parole et de tout moyen
d’expression chez une personne très grave-
ment handicapée ne peut l’empêcher de vivre
de la vie même de Dieu, d’être en relation in-
time avec Lui, enfant de Dieu depuis son bap-
tême, appelé à partager éternellement sa
gloire. Et pour que cette vie soit nourrie, Dieu a
choisi ce moyen si humble de l’Eucharistie.
DANS QUELLES CONDITIONS ?
Cependant, l’Eucharistie n’est pas un rite
magique. Elle requiert normalement la foi de
celui qui la reçoit. Lorsque cet acte explicite lui
est difficile ou impossible en raison de ses li-
mites intellectuelles, il y faut, nous dit le Saint-
Père, la foi également de sa famille ou de la
communauté qui l’accompagne. En évoquant
cette démarche, le Pape emploie l’expression :
autant que possible. Que peut-elle signifier ?
Je suggérerai trois pistes :
Que les parents, premiers éducateurs de
l’enfant, soient appelés eux-mêmes à dis-
cerner avec le prêtre et la communauté la
plus proche (paroisse, Foi et Lumière, caté-
chèse spécialisée...) sur le moment oppor-
tun pour suggérer une première commu-
nion 2.
Que la personne handicapée reçoive une
préparation en fonction de ses capacités.
L’éveil de la foi se fait d’abord en famille
par le climat d’amour et de prière, spécia-
lement celle du soir avec la lumière du
cierge, l’icône ou la statue de la Vierge, un
chant de louange ou d’intercession, la lec-
ture d’un passage de l’Evangile…
Que la paroisse, communauté de foi, ac-
cueille avec joie la personne handicapée,
quelles que soient ses limites, comme un
membre particulièrement précieux de sa
famille. Ce n’est pas un individu isolé, mais
un membre du Corps du Christ. On peut
même dire un membre indispensable de
ce Corps à qui nous devons rendre le
maximum d’honneur, comme nous le dit
saint Paul. La préparation à recevoir Jésus,
ce sont aussi les célébrations liturgiques,
pleines de joie et de ferveur. C’est aussi la
manière dont les fidèles reçoivent dans un
profond recueillement "Jésus-Hostie". Leur
attitude, bien mieux que des mots, vient
dire qu’il ne s’agit pas d’une nourriture
ordinaire, mais d’une rencontre de per-
sonne à personne, d’un cœur à cœur avec
quelqu’Un d’invisible, mais bien présent.3
1 NDLR : Proposition formulée par Marie-Hélène Ma-
thieu, membre du synode sur l'Eucharistie.
2 Parfois juste par une parcelle d’Hostie ou quelques
gouttes du précieux Sang. Savoir respecter ceux qui
semblent manifester un refus. Croire à la part de liber-
té qui est la leur.
3 Extrait d'Ombres et Lumière N°186