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Lducation la sant vise aider chaque jeune sapproprier progressivement les moyens doprer des choix, dadopter des comportements responsables en matire de sant, pour lui-mme comme vis--vis dautrui. Elle permet ainsi de prparer les jeunes exercer leur citoyennet. Laction de lcole est alors de contribuer dvelopper
cette capacit dcider par soi-mme, prendre en main sa propre
sant. Dans cette perspective, lducation la sant nest pas laffaire
de spcialistes, mais relve de laction quotidienne des adultes en
charge de lducation des enfants et des adolescents.
Pour les enseignants des premier et second degrs, lducation
la sant prend place au sein dune multitude de missions. Leur
formation dans ce domaine ne peut donc se limiter organiser
des sances dinformation sur les diffrents thmes lis la sant.
Cest en articulation troite avec les autres dimensions du mtier
denseignant aujourdhui et en se situant au cur de la dynamique
de redfi nition du mtier denseignant que peut tre propose une
formation rellement adapte. Traiter, avec les tudiants et les
stagiaires, de telles questions vives de citoyennet est un moyen
de leur permettre de faire le lien entre les apports acadmiques et leur
exprience, et ainsi de se construire comme enseignant.
La fi nalit de cet ouvrage est de rendre explicites les diffrents cueils
gnrs par la pratique de la formation en ducation la sant et
doffrir au lecteur quelques-unes des cls disponibles pour les prendre
en charge.
Destin lensemble des acteurs de la formation, des professionnels
de diverses disciplines et dorigines institutionnelles varies, sa
rdaction a t pense dans le but daider lmergence dune
culture commune aux diffrents acteurs dans le cadre dun travail en
partenariat.
Institut national de prvention et dducation pour la sant42, boulevard de la Libration
93203 Saint-Denis cedex France Inpes
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ducation la santQuelle formationpour les enseignants ?
DIDIER JOURDAN
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ducation la santQuelle formation pour les enseignants ?
Didier Jourdan
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Direction de la collection Thanh Le Luong
dition Jean-Marc Piton
Institut national de prvention
et dducation pour la sant
42, boulevard de la libration
93203 Saint-Denis cedex France
LInpes autorise lutilisation et la reproduction des rsultats de
cet ouvrage sous rserve de la mention des sources.
Pour nous citer : Jourdan D.
ducation la sant. Quelle formation pour les enseignants ?
Saint-Denis : Inpes, coll. Sant en action, 2010 : 160 p.
ISBN 978-2-9161-9214-7
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Lauteur
Didier Jourdan, professeur des universits, IUFM dAuvergne, univer-sit Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II
Avec la collaboration de
Sandrine Broussouloux, charge de mission, dpartement Partenariat et dveloppement rgional, Direction du dveloppement de lduca-tion pour la sant et de lducation thrapeutique, Inpes
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Prface
Pour chaque individu, la sant reprsente une ressource quil
convient de maintenir et de protger. Pour y parvenir toutes
les dimensions de la sant doivent tre prises en compte ainsi
que lensemble de ses dterminants : biologiques, psychiques,
sociaux, conomiques, culturels et environnementaux. Cette
sant globale, qui peut tre apparente au bien-tre , la Charte
dOttawa a su montrer que les autorits sanitaires nen avaient
pas seules la responsabilit, mais que lensemble des institutions
et rglementations ayant une action sur le cadre de vie des popu-
lations devaient en prendre leur part de responsabilit. En tant
que lieu de vie, lcole participe pleinement au bien-tre et la
sant des enfants et des jeunes quelle accueille.
Les donnes de la littrature scientifi que internationale1 mettent
en avant limportance de lcole comme lieu de promotion de la
sant, non seulement parce quelle est frquente par toute une
classe dge pendant plusieurs annes, mais encore parce quont
t dmontrs les liens troits qui unissent sant et ducation.
La promotion de la sant des lves contribue amliorer la
1. Saint-Lger L., Nutbeam D. Les milieux 2 : la promotion de la sant lcole. In : Leffi cacit de la promotion de la sant : agir sur la sant publique dans une nouvelle Europe. Rapport de lUnion internationale de promotion de la sant et dducation pour la sant pour la Commission europenne. Bruxelles : Commission europenne, 1999 [chapitre 10] : p. 125-138.
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russite ducative : accrotre le niveau dducation contribue
amliorer la sant.
LInstitut national de prvention et dducation pour la sant a
pour mission de dvelopper lducation pour la sant en direc-
tion des milieux de vie et de dvelopper la formation en duca-
tion pour la sant sur lensemble du territoire.
Pour le milieu scolaire, lengagement de lInpes sest concrtis
par la signature dun accord de partenariat avec la Direction gn-
rale de lenseignement scolaire (DGESCO) ds 2003, et, en 2007,
avec la Confrence des directeurs dIUFM (CDIUFM). LInpes, par
son expertise et son savoir-faire, contribue dvelopper ldu-
cation la sant en milieu scolaire, notamment par llabora-
tion de nombreux documents et outils destination des coles
et des tablissements scolaires. Le partenariat entre lInpes et le
milieu scolaire ne se traduit pas uniquement par la diffusion de
documents en direction des personnels et des lves : il concerne
galement llaboration dune stratgie commune pour amliorer
et promouvoir la sant des lves.
La formation des enseignants lducation la sant est un
lment central de cette stratgie commune. En effet, lensemble
de la communaut ducative a un rle jouer pour promouvoir
la sant des lves et les enseignants, comme dautres, sont
appels participer la promotion de la sant des lves. Les
tudes2 sur le sujet indiquent que de leur formation va dpendre
en grande partie leur implication dans ce domaine. Cest pour-
quoi il a sembl important pour lInpes de se proccuper dun tel
sujet et de soutenir une publication en ce sens. Cest un expert du
champ, Didier Jourdan, professeur des universits, qui a rdig
cet ouvrage. Il a pour angle dapproche le point de vue des princi-
paux intresss et leurs reprsentations dans ce domaine. Cette
approche peut galement permettre de concourir une meilleure
comprhension des enjeux propres lInstitution scolaire par les
professionnels de la sant publique.
Je formule le vu quil constitue un lment de dialogue fruc-
tueux entre lensemble des professionnels uvrant la promo-
tion de la sant des lves.
Thanh Le LuongDirectrice gnrale de lInstitut national
de prvention et dducation pour la sant
2. Jourdan D., Piec I., Aublet-Cuvelier B., Berger D., Lejeune M., Laquet-Riffaud A., Geneix C., Glanddier P. ducation la sant lcole : pratiques et reprsentations des enseignants du primaire. Sant Publique, 2002, vol. 14, n 4 : p. 403-423.
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Prface
Quand lInpes et le rseau des IUFM mont demand de prfacer
louvrage crit par Didier Jourdan sur la formation des ensei-
gnants en ducation la sant en France, jai dabord hsit.
Mme si je navigue depuis plus de trente-cinq ans dans le
domaine qui, au Qubec, a successivement t dsign sous
les appellations ducation sanitaire puis Promotion de la
sant , la formation des enseignants ce domaine ne fait pas
proprement parler partie de mes champs dexpertise technique.
Comme Didier Jourdan ma soulign que davantage que le point
de vue dun expert technique, ctait le regard dune personne
extrieure la France au courant des grands enjeux auxquels est
confront un peu partout notre domaine quil souhaitait, alors
jai dcid de plonger. En effet, depuis les cours dHygine
et biensance qui ont marqu mon enfance lorsque jtais
lcole primaire dans les annes 1950, les occasions mont t
nombreuses dobserver, au Qubec et ailleurs, les dilemmes que
posent les interventions dducation la sant en milieu scolaire.
Depuis la fi n des annes 1980, jai observ avec intrt lvolu-
tion internationale du mouvement coles en sant impuls
par lOMS, en parallle avec une autre initiative visant promou-
voir les milieux en sant sur laquelle je fais de la recherche depuis
1986, Villes sant . Cela ma aussi remmor le fait que quand
jai commenc travailler en sant communautaire en 1974, une
de mes premires tches a t daider faire voluer le travail
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des infi rmires scolaires vers de nouveaux types de fonctions.1
Cest donc partir de ce regard que jai organis autour de trois
observations ce qui ma particulirement frapp dans louvrage
que vous avez entre les mains.
Premire observation, et lexpression mme ducation la
sant nous le rappelle de manire incontournable, lcole ce
lieu central de la fonction ducative dans toutes les socits est
invitablement interpelle lorsque lon veut systmatiquement
duquer la sant lensemble dune population. Qui plus est,
peu prs partout dans les pays du Nord comme dans ceux du
Sud o ltat est ou a t un acteur central de la dispensation de
services publics ses citoyens, les services de sant et ceux de
lducation ont accapar la belle part des budgets gouvernemen-
taux. De gigantesques systmes de sant et dducation ont ainsi
t mis en place la dimension de la plante qui, logique bureau-
cratique aidant, sont peu prs partout et toujours en mode de
confrontation plutt quen mode de collaboration. Il nest donc
pas tonnant que dans la premire partie de louvrage, le constat
de la diffi cult pour le monde de la sant en France dinteragir
avec le monde scolaire soit fait. Cest le contraire qui aurait t
tonnant. Paradoxe intressant pour un il tranger : ailleurs (au
Qubec, notamment), on a fait le choix de confi er dautres qu
des mdecins le soin de porter le fl ambeau de la sant en milieu
scolaire. Le fait davoir encore en France un corps de mdecins
scolaires participe peut-tre, notorit mdicale aidant, donner
au monde de la sant un accs plus grand au systme scolaire
que dans les pays o ce corps de mtier nexiste pas ou plus.
Seconde observation, toujours dans la premire partie de
louvrage, lauteur indique et le sociologue en moi en est fort
aise la place de lducation la sant dans la mission gnrale
de lcole franaise et dans lvolution de cette mission au cours
du temps, avec les dbats quelle a suscits et quelle suscite
encore. Ce positionnement est fait non seulement en relation
avec la littrature franco-franaise pertinente, mais aussi en
utilisant de manire critique la littrature internationale de
pointe dans le domaine. Ceci est tout lhonneur de lauteur, car,
encore trop souvent, en promotion de la sant comme dans bien
dautres domaines, les productions provenant de lHexagone ont
tendance sy limiter, se privant ainsi des richesses incommen-
surables de ce qui est produit ailleurs et qui circule principale-
ment en anglais.
Troisime et dernire observation. Mme si je ne matrise pas
suffi samment les subtilits du systme franais de formation des
1. ONeill M. De la sant scolaire la sant des jeunes : vers un nouveau rle pour linfi r-mire en sant communautaire ? Linfi rmire canadienne, 1982, vol. 24, n 6 : p. 14-18.
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enseignants pour tre en mesure de poser un jugement totale-
ment clair sur le ralisme et l-propos des suggestions qui
y sont formules, trois choses mont frapp dans la seconde
partie de louvrage qui me semblent militer en faveur du succs
de cet ouvrage. Dabord et avant tout, le ton. Davantage quun
ton prescriptif proposant des solutions uniformes et btonnes
pour lensemble du territoire franais et pour toutes les situa-
tions possibles, des propositions mur mur , comme on les
nomme au Qubec en rfrence au tapis du mme nom, louvrage
demeure au contraire ouvert la diversit des situations et des
contextes. Pour un observateur externe habitu aux approches
trs centralises et au parigocentrisme qui ont souvent cours
en France, cela est particulirement rafrachissant et probable-
ment un gage apprciable de succs de lapproche propose. En
second lieu, comme pour ma seconde observation prcdente,
le recours la littrature internationale de pointe pour ancrer
les propositions daction de cette seconde section me semble
non seulement justifi , mais encore indispensable. Finalement,
un autre lment qui me semble en dire long : ces propositions
ont pass la rampe auprs de plus de 40 personnes, impliques
de prs dans la formation des enseignants en ducation la
sant dans plusieurs ministres et rgions de la France et, acces-
soirement, ltranger (Irlande et Liban). Ces personnes tant
nommes dentre de jeu au dbut de louvrage, il me semble
que le principe de la participation communautaire, si souvent
dmontr en promotion de la sant comme un gage de succs, a
t appliqu ici de manire fort convaincante.
En conclusion, jespre que vous lirez cet ouvrage avec autant
de plaisir que moi. Il est un exemple convaincant de ce que la
France peut produire dexcellent, quand elle regarde au-del des
limites de la capitale en se mettant au rythme de la plante et de
ses propres rgions.
Michel ONeill, Ph.D.Professeur titulaire en sant communautaire
et promotion de la sant
Universit Laval, Qubec, Canada
Membre du Conseil scientifi que de lInpes
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Sommaire
17 l Avant-Propos
23 l Mode demploi
27 l Le contexte de la formation des enseignants lducation la sant
28 l Du point de vue de lcole, une problmatique marginale ?
28 l Une question secondaire en regard des dfi s que lcole est appele affronter ?
30 l Une infl ation des missions confi es au systme ducatif
31 l Lducation la sant : une dimension priphrique de lactivit des enseignants mais
33 l Lducation la sant : un objet qui trouve diffi cilement sa place dans le champ scolaire
36 l Du point de vue de la sant publique, un enjeu central
36 l Le systme ducatif, acteur de sant publique 38 l Une diversit de faons denvisager lducation la sant
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42 l Le systme ducatif franais contribue lamlioration de la sant
42 l Un contexte favorable lducation la sant et lamlioration de la sant des populations
45 l Lcole contribue accompagner le dveloppement des lves
47 l Accompagner les mutations du systme ducatif 47 l Ds lorigine, deux lectures du rle de lcole 49 l Une approche de lducation la sant adapte aux spcifi cits du systme ducatif franais
51 l Assumer les tensions constitutives de lcole
55 l Le champ de lducation la sant en milieu scolaire
56 l Le cadre gnral. Crer les conditions de la russite scolaire et permettre aux lves dacqurir les comptences ncessaires des choix libres et responsables en matire de sant
56 l Une pluralit dapproches dans les textes institutionnels
58 l Une perspective mancipatrice : celle de la promotion de la sant
61 l Une dmarche base sur larticulation de la protection, de la prvention et de lducation
63 l Une approche adapte aux enjeux actuels
67 l Lducation la sant, une dimension de lducation la citoyennet
67 l La libert et la responsabilit comme fi nalits
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69 l Une action ducative relevant de la sphre publique
69 l Des contenus dfi nis en rfrence aux pratiques sociales
70 l La place des diverses thmatiques
74 l Les activits de classe visant dvelopper des savoirs, des capacits et des attitudes
74 l Sur quelles bases fonder les activits de classe ? 81 l Des savoirs, des capacits, des attitudes 83 l Lducation la sant dans les activits de classe en premier et second degrs
86 l Un exemple de progression au cycle 3
93 l Mettre en uvre les formations
94 l Enseigner, un mtier qui sapprend 94 l Une formation professionnelle en alternance 96 l Diffrentes approches de la formation
100 l Les fi nalits de la formation 100 l Une formation visant la professionnalisation 103 l Une formation laissant toute sa place une dmarche rfl exive
110 l La question de la formation ne se limite pas la dimension pdagogique
110 l La fonction politique 112 l La fonction technique 113 l La fonction pdagogique 114 l La fonction daccompagnement
115 l Les dterminants de lactivit de lenseignant en ducation la sant
116 l Lactivit de lenseignant nest pas la simple mise en uvre des programmes
116 l La formation ne peut se limiter la prescription de bonnes pratiques
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117 l Les poids respectifs des diffrents dterminants de lactivit de lenseignant
120 l Les fi nalits de lactivit de lenseignant en ducation la sant
124 l Des outils pour la mise en uvre des formations 124 l Des formations professionnelles dadultes 145 l La mise en uvre de la formation
157 l Conclusion
161 l Liste des tableaux et des fi gures
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LDUCATION LA SANT, UNE DES MISSIONS DE LCOLE
Dans notre pays, il ny a rien dvident ce que lcole, dont la
mission se cantonne la sphre publique, prenne en charge le
domaine de la sant qui relve dabord du priv, de lintime. Il
nexiste pas non plus de consensus sur la faon daborder les
questions de sant. A minima deux lectures mergent pour peu
que lon creuse largumentaire dvelopp dans les diffrents
discours. Il sagit de la rfrence la scurit, dune part, et
de la rfrence la promotion du bien-tre individuel et social,
dautre part. La premire se rfre lide durgence prven-
tive (si nous nagissons pas maintenant les consquences seront
terribles dans le futur et risquent de mettre en cause lqui-
libre mme de notre socit), la seconde renvoit des fi ns plus
larges (promouvoir le bien-tre social, prendre du pouvoir sur
sa sant et celle de la communaut). Si la premire a t long-
temps dominante, le double phnomne de lmergence dune
thique du bien-tre individuel et dune augmentation du degr
dexigence des individus vis--vis des tats providence a conduit
donner plus de place la seconde. Ces deux sources de lgiti-
mit coexistent dans le systme ducatif et conduisent ncessai-
rement des faons diffrentes de percevoir le rle de lcole et
des enseignants.
Avant-propos
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ducation la sant : Quelle formation pour les enseignants ?18
Cest dans ce contexte, au cur de tensions multiples, que le
systme ducatif, les professionnels qui le font vivre, comme ses
partenaires, sont appels contribuer lducation la sant. La
spcifi cit de laction de lcole tient au fait quelle est ncessai-
rement ordonne au projet dmocratique de notre pays. Comme
le rappelle larticle premier de la Loi dorientation sur lduca-
tion, Outre la transmission des connaissances, la Nation fi xe
comme mission premire lcole de faire partager aux lves
les valeurs de la Rpublique .1 Le fondement de la dmocratie
est la confi ance en la capacit du citoyen agir de faon libre
et responsable. Pour autant, cette capacit dcider soi-mme,
prendre du pouvoir sur son existence, nest pas inne. Cest
lducation qui permet de la construire. En matire de sant, le
rle de lcole, et des autres acteurs de lducation au premier
rang desquels la famille est ainsi daccompagner les lves
dans leur apprentissage de la libert et de la responsabilit. En
dautres termes, il sagit de donner aux citoyens les moyens de
dcider par eux-mmes et ainsi de ne pas laisser aux mdias, aux
marchands, aux gourous ou aux experts le soin de le faire leur
place.
Cette rfrence au projet de lcole a pour consquence
essentielle le fait que la sant ne saurait tre considre comme
une fi n en soi, comme le but ultime de lexistence. La sant, en
rgime dmocratique, ne peut se substituer aux valeurs dman-
cipation de chacun. Elle est une condition de possibilit de
lexercice plein et entier de la citoyennet, non un objectif.
Disons-le clairement, il nous semble illusoire de tenter davancer
sur la question de la formation des enseignants en ducation la
sant en faisant comme si tout relevait de lvidence et que les
seuls obstacles taient lignorance (ils ne savent pas que laffaire
est grave, il suffi t de le leur dire pour quils en soient convaincus),
la bonne volont des acteurs (sils ne le font pas, alors cest quils
rsistent pour de mauvaises raisons, comprenons la nature des
diffrents verrous pour tre en mesure de les faire sauter) et le
manque de temps (il y a dautres priorits cest vrai, mais il faut
agir pour que la sant remonte dans la liste). La premire tape
dun travail de formation est sans doute constitue par lluci-
dation de ce qui est en jeu. Cest ce que nous tenterons de faire
succinctement dans cet ouvrage.
1. Loi n 2005-380 du 23 avril 2005 dorientation et de programme pour lavenir de lcole.
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1919Avant-propos
LDUCATION LA SANT DANS LA FORMATION DES ENSEIGNANTS
Le cahier des charges de la formation des enseignants2 accorde
une place signifi cative aux questions lies la sant. Il prcise
que la formation des matres (1.2 du cahier des charges) doit
sinsrer dans un cadre commun national et sappuyer sur les
textes officiels prcisant les engagements ducatifs de lIns-
titution scolaire, notamment lducation la sant et lduca-
tion lenvironnement pour un dveloppement durable . Les
questions de sant et de prvention relvent des comptences
professionnelles des matres (3 du cahier des charges), la fois
comme objet denseignement avec lensemble des ducations
et comme constitutives de la mission du fonctionnaire (agir
de faon thique et responsable) pour le reprage des diffi -
cults des lves dans le domaine de la sant et des compor-
tements risque et pour la prise en charge des lves en
situation de handicap . Enfi n, la question du partenariat, centrale
en ducation la sant, est mise en avant : il sagit de travailler
en quipe et de cooprer avec les parents et les partenaires de
lcole (notamment les personnels mdicosociaux, les services
de ltat). Dune faon plus gnrale, le cahier des charges
souligne la dimension ducative de lexercice professionnel des
enseignants et met en avant les capacits inscrire sa pratique
professionnelle dans laction collective de lcole ou de ltablis-
sement, ainsi qu communiquer avec les lves et leurs parents.
Aussi, ne conduit-il pas lmergence dun nouveau domaine de
formation. loppos dune logique de superposition, la forma-
tion en ducation la sant est en fait appele constituer un
ciment dans la formation. Tous les enseignants sont confronts
aux questions poses par les conduites risque et sinterrogent
sur la nature de la mission de lcole (doit-elle contribuer la
chasse aux fumeurs ou la stigmatisation des gros ? Doit-elle
contribuer ce mouvement vers lidalisation du corps telle que
nos socits individualistes tendent le promouvoir ? Doit-elle
au contraire renoncer tout discours sur la sexualit, la violence
ou la drogue ?) et sur la leur (en quoi puis-je, dois-je, contri-
buer lducation des lves sur ces objets qui, bien que fonda-
mentaux, se situent la frontire de la sphre publique et de la
sphre prive ? Que dois-je dire un lve qui consomme du
cannabis ou prsente des signes de mal-tre ? Comment agir sur
lalination gnre par les strotypes en ce qui concerne la
2. Ministre de lducation nationale. Cahier des charges de la formation des matres en institut universitaire de formation des matres. Arrt du 19 dcembre 2006, BOEN, n 1, 4 janvier 2007.
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ducation la sant : Quelle formation pour les enseignants ?20
ligne , lalcool, la sexualit ?). La ralit de la vie quotidienne
des tablissements est telle que lenjeu premier est toujours la
gestion de crise, mais la question de la prvention et de lduca-
tion dans ce domaine se pose rapidement par la suite. Traiter,
avec les tudiants et stagiaires, de telles questions vives de
citoyennet est un moyen de leur permettre de faire le lien entre
divers apports tant acadmiques (scientifi ques, historiques, juri-
diques, dontologiques) quissus de leur exprience, et ainsi de
se situer comme enseignant. Lducation la sant est lun des
lments de la culture commune tous les enseignants du
primaire comme du secondaire.
PRENDRE EN COMPTE LES DIFFRENTES DIMENSIONS DE LA FORMATION
Dans le domaine de lducation la sant comme dans tous les
autres, lactivit des enseignants ne consiste pas en la simple
mise en uvre de circulaires ou de programmes. Ce qui la condi-
tionne est beaucoup plus complexe. Elle est dpendante, certes de
paramtres institutionnels (prescriptions lies aux programmes,
circulaires, projets dtablissement), mais aussi personnels
(nature des reprsentations de lenseignant quant sa mission
dans le champ de lducation la sant, histoire personnelle) et
lis au public (les lves, leurs besoins, leurs attentes). La forma-
tion se doit de laisser une place ces trois aspects compl-
mentaires. Cela ne signifi e pas que chaque module ou chaque
sance doive conduire les travailler tous, mais quil faut veiller
ce quils soient pris en compte. En effet, mettre en uvre une
formation ne peut ainsi se limiter prner des bonnes pratiques.
Il sagit daccder la comprhension des contradictions inh-
rentes au mtier denseignant entre les exigences des appren-
tissages des lves et celles de lexercice rel du mtier, pour
offrir une formation rellement adapte3. Lenseignant, comme
tout professionnel, nagit pas sous laction de prescriptions, mais
est un sujet pris dans un ensemble de contraintes de larticu-
lation desquelles va merger son mode dexercice de lactivit
professionnelle. De la maternelle au lyce, les enseignants
prennent quotidiennement de multiples dcisions dans bien
dautres buts que de favoriser les apprentissages des lves : par
exemple pour prserver laffection que ceux-ci leur portent, pour
ne pas les mettre en chec , pour maintenir la paix sociale
dans la classe, pour entretenir leur propre motivation ou pour
3. Goigoux R. Un modle danalyse de lactivit des enseignants. ducation et didactique, 2007, vol. 1, n 3 : p. 47-70.
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2121Avant-propos
conomiser leurs forces. Tous sefforcent de trouver en classe
un bien-tre suffi sant pour tenir chaque jour ou durer
toute une carrire4 .
Le fait de se situer dans un champ marginal de lactivit ensei-
gnante rend ncessaire la prise en compte des diffrents dtermi-
nants de lactivit en ducation la sant, mais aussi de travailler
sur larticulation de lducation la sant aux autres dimensions
du mtier, car elle nest pas au cur de lidentit professionnelle
des enseignants.
Ainsi, la formation des enseignants en ducation la sant ne
se limite-t-elle pas organiser des sances dinformation sur les
diffrents thmes lis la sant. Cest en articulation troite avec
les autres dimensions du mtier denseignant, aujourdhui, et en
se situant au cur de la dynamique de redfi nition du mtier que
cette question peut avancer.
Didier JourdanProfesseur des universits
IUFM dAuvergne
Universit Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II
4. Ibidem.
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2323
Mode demploi
Si je veux russir
accompagner un tre vers un but prcis,
je dois le chercher l o il est
et commencer l, justement l.
Sren KIERKEGAARD1
Cet ouvrage propose une rfl exion approfondie sur la problma-
tique de la formation en ducation la sant en milieu scolaire.
Son objectif est de mettre au jour les diffrentes dimensions
de la question et de les clairer grce aux apports de quelques
cadres thoriques et notre exprience de formateur. Sa voca-
tion premire est llucidation de ce qui est en jeu. Il ne sagit
donc ni de proposer une recette miracle ni de lire cette probl-
matique travers le prisme dune thorie unique. Les repres
proposs offrent diffrentes grilles de lecture pour penser la
formation. La fi nalit de ce livre est ainsi de rendre explicites les
diffrentes tensions gnres par la pratique de la formation en
ducation la sant et doffrir au lecteur quelques-unes des cls
disponibles pour les prendre en charge.
Destin lensemble des acteurs de la formation des ensei-
gnants, il ne prtend pas pour autant clairer le problme partir
1. Cit dans Britt-Mari B. Le savoir en construction. Former une pdagogie de la comprhension. Paris : ditions Retz, 1993 : p. 175.
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ducation la sant : Quelle formation pour les enseignants ?24
de tous les angles dattaque possibles. Le regard quil propose est
un regard situ, puisquil se place du point de vue de lcole et
des structures de formation. Dautres sont tout aussi lgitimes,
notamment si lon aborde la question partir des problmatiques
de sant publique.
Cest aussi un guide contextualis. Son contenu na pas voca-
tion avoir une validit universelle. Il nest pas transposable
directement dautres contextes de formation pour lesquels les
publics, les missions, les cadres institutionnels et thiques sont
diffrents.
Il est possible de lutiliser de faon ponctuelle dans le but de
rpondre une question pose par la pratique, dapprofondir
un point particulier ou de rechercher les fondements thori-
ques. Il peut bien videmment aussi tre abord comme un tout,
puisquil propose un cheminement cohrent.
Nous ne le concevons pas comme un manuel, car la nature de
lactivit professionnelle des formateurs ne les place pas en
situation dexcution de protocoles dcids par les autres. Le
professionnel de la formation est appel runir les comp-
tences du concepteur et celles de lexcutant : il identifie le
problme, le pose, imagine et met en uvre une solution, assure
son suivi. Il ne connat pas davance la solution des problmes
qui se prsenteront dans sa pratique2 . Cet ouvrage pourra
ainsi prendre place parmi de multiples sources dinformation que
le formateur a lhabitude de mettre contribution pour orienter
son action et nourrir un retour rfl exif sur sa pratique.
La nature mme de la formation en ducation la sant en fait un
domaine commun une large diversit dacteurs. Cet ouvrage a
ainsi t conu comme un objet partager entre professionnels
de diverses disciplines et dorigines institutionnelles varies. Il
ne constitue pas un guide du bon formateur que chacun,
quelle que soit sa position, serait invit mettre en applica-
tion, mais plutt un support pour un travail commun. Sa rdac-
tion a, en tout cas, t pense dans le but daider lmergence
dune culture commune aux diffrents acteurs dans le cadre
dun travail en partenariat. Les lments qui le constituent ne
manqueront pourtant pas dtre reus diffremment selon que
les personnes soient enracines dans des universits, des inspec-
tions dacadmie, des rectorats, dautres services de ltat ou
des collectivits territoriales, des mutuelles ou des associations.
Pour peu quelles soient impliques dans un travail commun (la
prparation dun plan de formation, la rdaction de documents
ou lorganisation dun module par exemple), lexpression de
2. Perrenoud P. Dvelopper la pratique rfl exive dans le mtier denseignant. Paris : ESF diteur, coll. Pdagogies, 2006 : 227 p.
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2525Mode demploi
ces regards diffrents sera propice llucidation de ce qui se
joue dans la formation. Cest le fait que les changes aient lieu
en situation , dans un groupe tendu vers un but commun, qui
ouvre la voie lmergence dune culture commune aux acteurs
prsents dans ce contexte prcis.
Il convient de prciser ici que ce guide est directement compl-
mentaire de deux documents publis par lInpes destination
des professionnels du champ. Il sagit de louvrage ducation la
sant en milieu scolaire : choisir, laborer et dvelopper un projet
de S. Broussouloux et N. Houzelle-Marchal et de celui coordonn
par M. Bantuelle et R. Demeulemeester, Comportements risque
et sant : agir en milieu scolaire.
Il propose une dmarche en trois tapes. La premire est
centre sur la mise en vidence du contexte dans lequel se dve-
loppe la formation des enseignants dans ce domaine spcifi que
des ducations . Dans la seconde sont dfi nis le champ
de lducation la sant lcole et le rle des enseignants. La
dernire porte sur les cadres thoriques susceptibles daider
rendre explicite ce sur quoi sont fonds les modules de formation
et les conditions de mise en uvre concrte de la formation des
enseignants en ducation la sant. Les rfrences thoriques
proposes fonctionnent comme des grilles de lecture de lexp-
rience. Sans permettre de tout prvoir et de tout contrler, elles
aident rendre explicite ce sur quoi est base laction, donner
du sens, formuler des hypothses interprtatives.
Enfin, nous avons rdig des fiches de synthse. Elles sont
places la fi n de chacun des chapitres. Le lecteur pourra, sil le
souhaite, sy reporter directement et nentreprendre la lecture
du texte que pour prciser tel ou tel point. Certaines ides-
cls sont dlibrment reprises au fi l du document de faon
permettre cette lecture autonome des chapitres.
Expliciter ce qui se joue, offrir des pistes de rfl exion, tmoigner
de la faon dont les uns et les autres ont gr les tensions pour
permettre aux acteurs, dans les contextes spcifi ques qui sont
les leurs, de tracer leur propre chemin, tels sont les objectifs de
cet ouvrage et de loutil de formation auquel il est galement
intgr3. Souhaitons quil contribue soutenir les profession-
nels dans leur action au service de lducation et de la sant
publique.
3. Cet ouvrage fait partie de loutil de formation Profdus dit par lInpes et lIUFM dAuvergne et compos galement dun DVD-Rom, dun photoformation complet et de nombreuses fi ches thmatiques qui guident lintervenant dans sa dmarche formative.
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Cette premire partie a pour objet de rendre explicite la faon dont se pose la ques-
tion de la formation des enseignants dans le domaine de lducation la sant.
En effet, cet ouvrage prend place dans un contexte bien spcifi que tant en ce qui
concerne les attentes sociales, le cadre institutionnel, les reprsentations et prati-
ques des acteurs, que le public ou les problmatiques de sant publique Puisquil
existe plusieurs faons danalyser le contexte, il est ncessaire de spcifi er ici celle sur
laquelle cet ouvrage a t labor. Le regard est port du point de vue de lcole.
En tout tat de cause, il nous faut tenir ensemble les diffrentes contraintes de la
formation des enseignants ici et maintenant. Il sagit de se situer entre utopie bate
et ralisme conservateur1. Il serait, en effet, bien peu pertinent de dfi nir une forma-
tion beaucoup trop en avance sur lvolution du mtier dans les tablissements en
faisant comme si lducation la sant tait une proccupation quotidienne pour
tous les acteurs de lcole. Il serait tout aussi inadapt de coller de trop prs la
situation prsente en limitant la formation lducation pour la sant aux ensei-
gnants qui, de par leur discipline dappartenance, transmettent des connaissances
relatives la sant. Les enseignants en formation initiale aujourdhui doivent pouvoir
traverser, en les matrisant, les transformations probables du mtier auxquelles ils
seront confronts au cours de leur cycle de vie professionnel, soit entre 2009 et au
minimum 2049 Il sagit de penser le mtier pour aujourdhui comme pour demain
et de tenter didentifi er ce sur quoi les enseignants pourront sappuyer pour contri-
buer la russite scolaire et la sant de leurs lves.
1. Perrenoud P. La formation des enseignants entre thorie et pratique. Paris : LHarmattan, 1994 254 p.
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Le contexte de la formation des enseignants lducation la sant
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UNE QUESTION SECONDAIRE EN REGARD DES DFIS QUE LCOLE EST APPELE AFFRONTER ?
Lcole doit faire face en permanence de multiples sollicitations. Elle consitue un lieu de convergence des principales proccupations de la socit. Parmi la multitude de missions qui lui sont confi es, comment situer la place de lducation pour la sant ? Il est ais de montrer que la problmatique de lducation la sant nest pas sans lien avec les principales questions poses lcole aujourdhui, quelle est en fait lune des expressions des mutations en cours au sein de notre systme ducatif [1]. Lducation la sant, pour peu quelle ne soit pas pense comme la transmission de rgles intangibles, se rvle tre un excellent support pour rendre explicites les tensions existant entre les dimensions potentiellement antagonistes de lactivit des profes-seurs et explorer les faons de les rduire.Lducation la sant est, en fait, constitutive de toute ducation humaine. Dans le patrimoine transmis par toutes les civilisations, les prescriptions rela-tives la sant tiennent une place importante. Ceci est valable pour notre socit et, ds son origine, lcole rpublicaine sest situe comme acteur de sant publique [2]. Lide selon laquelle cest pendant lenfance que peuvent tre acquis des comportements positifs vis--vis de la sant a conduit les auto-rits politiques lui assigner une mission de prvention. Des leons de morale sur lhygine, la tuberculose ou lalcoolisme de la fi n du sicle dernier lin-tgration de lducation la sant dans les programmes, le socle commun de connaissances et de comptences ou les thmes de convergence, lcole
Du point de vue de lcole, une problmatique marginale ?
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29Du point de vue de lcole, une problmatique marginale ?
a toujours t un des principaux lieux de prvention et dducation la sant [encadr 1]. Pour autant, lexpression de cette ducation dans le champ de la sant a pris des formes diffrentes au cours du temps et doit sans cesse tre renouvele.
ENCADR 1Extrait de louvrage Cours dhygine coles normales (fi lles) troisime anne publi en 1920 chez Nathan. Lcole et les enseignants y sont des instruments de sant publique1. Lhygine doit tre catchise lcole primaire comme lcole normale ; cest lcole et par lcole quelle pntrera rellement dans les murs.
En France, ce nest que depuis 1902 que nous possdons une loi sur la protection de la sant
publique et sur lorganisation sanitaire, et il est prmatur de dire quelle fonctionne compl-
tement lheure actuelle. Dans les grands centres, des bureaux dhygine ont t crs pour
veiller la salubrit publique ; mais, dans les petites villes et les campagnes, tout reste encore
faire. Presque partout lopinion publique est encore clairer, et ce nest que lorsque, de sa
propre initiative, elle secondera les prescriptions administratives, que celles-ci ne resteront
pas lettre morte et que les principes hyginiques entreront rellement dans les murs !
Les prescriptions hyginiques sont parfois gnantes pour le gros public en ce quelles
lobligent rompre avec des habitudes sculaires ; aussi est-il ncessaire quelles soient bien
comprises pour tre acceptes au lieu dtre subies.
Il ne suffi t pas en effet, comme le dit le professeur Vidal, de promulguer une loi dhygine,
il faut assurer son application. Sa bonne excution ncessite leffort individuel de chaque
citoyen ; il faut donc commencer par faire comprendre cette loi. On ne peut arriver ce
rsultat quen initiant les jeunes gnrations aux principes fondamentaux qui servent de base
aux prescriptions hyginiques, principes qui doivent tre parmi les premires empreintes qui
frappent le cerveau de lenfant. Lhygine doit tre catchise lcole primaire comme
lcole normale ; cest lcole et par lcole quelle pntrera rellement dans les murs.
1. On retrouve cette ide dans de nombreux textes, par exemple le rapport Flageolet (Mission au profi t du gouvernement relative aux disparits territoriales des politiques de prvention sanitaire, avril 2008) sur cette question. Lcole est donc le premier vecteur public et collectif de sant. Des connaissances sanitaires, adaptes aux ges pertinents, doivent tre inculques, notamment par les professeurs des coles. Il est, en effet, indispensable de faire assimiler des messages relatifs la prservation du patrimoine sant qui permettront, par la suite, de replacer dans leur contexte les messages de la culture du risque (infec-tions sexuellement transmissibles, contraception, addictions) diffuss partir du collge. (p. 52) et Cependant, pour diffuser une culture de la sant pour tous et amener les esprits sapproprier lide de la gestion par chacun de son patrimoine sant, il est ncessaire dutiliser de nombreux vecteurs et de rpter inlassablement un mme message cohrent. Il sagit de permettre aux personnes, quel que soit leur ge, dintgrer dans leur schma de pense les avances en matire de sant. Cest pourquoi il convient de sappuyer sur ce que les personnes ont de plus cher pour multiplier le message en leur direc-tion avec une meilleure chance datteinte. Cest ce quont bien compris les publicitaires qui utilisent les enfants pour faire acheter les produits quils promeuvent. (p. 53)
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30 ducation la sant : Quelle formation pour les enseignants ?
UNE INFLATION DES MISSIONS CONFIES AU SYSTME DUCATIF
Quest-ce qutre enseignant ? Aujourdhui, cest peu dire que lidentit ensei-gnante est en crise1. La rfrence exclusive la transmission nest plus de mise Comme le souligne Philippe Meirieu [3], lcole est cartele entre des fonctions multiples et contradictoires : enseigner la matrise des langages tradition-nels et initier aux nouvelles technologies, transmettre un patrimoine et permettre la comprhension des situations contemporaines, prendre en compte les diffrences et garantir une culture commune, faire russir aux examens et apprendre les rgles de la vie en socit, former au respect de lenvironnement et la scurit routire, duquer la sant, prvenir le sida, informer sur les dangers des toxicomanies et bien dautres choses encore . Il y a bien une infl ation des missions confi es lcole. Il nest pas raisonnable de penser la prise en compte de la sant lcole sur le modle de lajout dune mission supplmentaire. La question principale laquelle nous sommes confronts est celle de la cohrence de lensemble de ces dimensions au sein dune dfi nition renouvele du mtier denseignant [4]. Promouvoir la sant2 lcole cest dabord permettre que les acteurs se situent dans un contexte institutionnel suffi samment favorable pour quils puissent assumer pleinement leur mission ducative.En premier lieu, il convient donc de penser la place de ces questions dans la vie de lcole et le mtier des enseignants. Il importe aussi de sinterroger sur la faon dont la formation peut contribuer aider les enseignants se construire une identit professionnelle qui leur permette dtre en mesure de faire face aux dfi s daujourdhui et de demain. Cela signifi e videm-ment que la perspective dans laquelle nous nous situons ne consiste en rien qumander pour obtenir quelques heures pour un module de formation, mais plutt de montrer quen synergie avec dautres ducations (envi-ronnement, droit, mdia, conomie, consommation), la vise dune duca-tion citoyenne adapte aux enjeux de ce temps se situe au cur du mtier de tous les enseignants.La place de lducation la sant lcole ne se pose donc pas en terme dempilement de domaines de savoirs, mais bien comme un moyen de
1. Le fait que la profession enseignante soit en crise ne signifi e pas que nous ayons faire une situation exception-nelle. En 1899 dj, dans son Enqute sur lenseignement secondaire, rapport gnral la chambre des dputs, H. Ribot crivait : Nous avons recherch avec la plus grande sincrit les causes du malaise de lenseignement secondaire. De la mme manire, dans son introduction, le rapport de L. Joxe, La fonction enseignante dans le second degr. Rapport au ministre de lducation nationale, publi en 1972, soulignait : On ne saurait aborder les problmes poss par le malaise des enseignants, et plus gnralement par la crise de lenseignement, sans poser dabord les lments quan-titatifs de ces problmes. Ces deux citations proviennent du Livre vert sur lvolution du mtier denseignant rdig sous la prsidence de Marcel Pochard remis au Premier ministre le 4 fvrier 2008 qui tente danalyser les ques-tions poses aujourdhui et propose des pistes politiques pour y rpondre. Sans doute peut-on mettre lhypothse selon laquelle la position de lcole au cur des tensions sociales et dans un cartlement perptuel entre ce qui est et ce qui devrait tre conduit des rajustements permanents qui ne sont pas sans consquences sur les personnels.2. La promotion de la sant est le processus qui confre aux populations les moyens dassurer un plus grand contrle sur leur propre sant et damliorer celle-ci. Cette dmarche relve dun concept dfi nissant la sant comme la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut, dune part, raliser ses ambitions et satisfaire ses besoins, et, dautre part, voluer avec le milieu ou sadapter celui-ci. Elle sera dfi nie au chapitre Du point de vue de la sant publique, un enjeu central , p. 36.
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31Du point de vue de lcole, une problmatique marginale ?
rinterroger le mtier denseignant et de renforcer la colonne vertbrale de lcole : lducation du citoyen. En dautres termes, il sagit de viser ce que lducation la sant contribue soutenir les forces centriptes au service dune vision unifie de la mission de lenseignant plutt que les forces centrifuges gnratrices dmiettement.
LDUCATION LA SANT : UNE DIMENSION PRIPHRIQUE DE LACTIVIT DES ENSEIGNANTS MAIS
Pour autant, ce travail de mise en lien se heurte au fait que bien des profes-sionnels de lcole ne sont pas demandeurs dune rfl exion relative lduca-tion la sant. Force est de constater que limplication dans des dynamiques collectives dducation la sant reste minoritaire, notamment en second degr [5]. Pour limmense majorit des acteurs de lcole, lducation la sant reste une activit qui ne fait pas partie du cur de la mission dont ils se sentent investis. Comment les en blmer quand la plupart des concours de recrutement denseignants naccorde quasiment aucune place ces aspects et quand la majorit des acteurs en place sur le terrain aujourdhui na bnfi ci daucune formation.Plus fondamentalement encore, il est ici question de reprsentation sociale des mtiers. Un jeune tudiant en sciences physiques qui tente aujourdhui dobtenir le Capes a-t-il les moyens didentifi er que sa tche de professeur dpasse de loin la transmission de savoirs disciplinaires ? Ces quelques lments soulignent limportance dun rel travail sur ce qui fonde lidentit professionnelle des enseignants.De plus, lanalyse des reprsentations des acteurs montre linfl uence majeure de leur formation initiale, de leurs missions et de leur statut sur la perception quils ont de lducation la sant en milieu scolaire. Des travaux sur ce sujet ont t conduits auprs des enseignants du primaire [6] et des professeurs dduca-tion physique et sportive (EPS) du second degr [7]. La premire tude souligne que le fait davoir reu une formation a un impact signifi catif sur la mise en uvre dun travail en ducation la sant. La seconde montre que lidentit professionnelle des acteurs constitue le prisme travers lequel ils forgent leurs propres reprsentations de lducation la sant et de leur rle dans ce domaine. Chez les professeurs dEPS, cest une conception de lducation la sant la fois lie la fonction cardiaque, leffort, lendurance et la prparation cet effort qui domine. tre en bonne sant (et sy prparer), cest tre un sujet en action, en quelque sorte nergtiquement en action.Un enjeu fort se dessine ici. Les formations ne peuvent faire limpasse sur cette diversit. Il importe de prendre en compte les spcifi cits individuelles, mais aussi collectives des reprsentations de la mission de lcole dans le domaine de lducation la sant. Il sagit de prendre les personnes l o elles sont , didentifi er ce qui peut constituer un support la construction de comptences et donc orienter les contenus et les mthodes de formation. En tout tat de cause, la nature mme de lobjet ducation la sant en milieu scolaire conduit accepter la coexistence de diffrentes lectures lgitimes de
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32 ducation la sant : Quelle formation pour les enseignants ?
lobjet ayant leur consistance propre. Lobjectif nest pas darriver une unifor-misation des faons de voir le rle de lcole dans ce domaine, mais plutt de rendre explicites les diffrentes lectures. Pour cela, il sagit de permettre aux diffrents professionnels de partager une culture commune leur permettant dexpliciter leur contribution et de la rendre lisible pour les autres acteurs. Dans cet esprit, la premire fi nalit de la formation initiale est de permettre aux tudiants et aux stagiaires didentifi er que les ducations font partie du contrat et quils ont un rle spcifi que jouer dans ce domaine.Tenir compte de ce qui structure cette identit, cest aussi accepter une diver-sit dangles dattaque pour les formations en ducation la sant, cest consentir dabord parler la langue de ceux que lon prtend accompa-gner dans leur progression. Si, pour des professeurs des coles, un travail sur la prise en compte globale de lenfant lcole est susceptible dtre mobili-sateur, ce nest pas le cas, dans un premier temps au moins, pour des ensei-gnants du second degr pour qui lentre disciplinaire est prpondrante. Pour eux, cest plutt lactivit de classe dans ses dimensions didactique (discipli-naire) et pdagogique (plus gnrale : motivation des lves, gestion de classe, lien entre bien-tre scolaire, sant et russite scolaire) qui peut constituer un support. Ceci est encore diffrent pour les autres professionnels du milieu scolaire. Pour les chefs dtablissements ou les conseillers principaux ddu-cation (CPE), les entres concerneront plus particulirement la prvention des conduites risque, le climat dtablissement, le dveloppement dun travail collectif Du ct des personnels de sant et sociaux, il sagit sans doute den-raciner la formation sur le dveloppement de comptences relatives la fonc-tion de conseillers techniques qui est la leur dans le domaine de la promotion de la sant. En ce qui concerne les personnels de service, cest leur contribu-tion un environnement physique favorable au bien-tre et la sant de tous qui peut constituer un angle dattaque pertinent.
Dans tous les cas, cest bien partir des reprsentations que se font les
acteurs de leur mission dans le domaine de lducation la sant quun travail
de formation pourra tre entrepris.
Ceci tant, il convient de souligner que mme si lducation la sant nest
pas un objet central dans lactivit professionnelle de lcole, elle nest pas
pour autant absente du paysage. Une tude rcente conduite auprs de 207
personnes travaillant dans cinq collges a montr que 89 % des professionnels
se sentaient impliqus dans lducation la sant. Ils se situent essentiellement
en tant quducateurs dans le quotidien de la vie de ltablissement. La fraction
des personnels qui prennent part, mme trs modestement, des dmarches
collectives est, quant elle, limite 23 % [8]. En tout tat de cause, que lon
sarrte sur le fait que moins dun quart des professionnels contribuent dune
faon ou dune autre une action identifi e en ducation la sant, ou que lon
mette en avant que neuf acteurs sur dix se positionnent comme ducateurs
dans ce domaine, on ne peut considrer lcole comme un terrain vierge quil
sagirait de conqurir.
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33Du point de vue de lcole, une problmatique marginale ?
Permettre chacun des acteurs de lcole de percevoir que travailler indivi-duellement et collectivement lducation la sant dans les tablissements scolaires est bien constitutif du cur de leur mission est un enjeu majeur pour la formation initiale et continue. Encore faut-il, pour cela, accepter de concevoir lducation la sant comme visant lmancipation des lves (leur donner les moyens de choix libres et responsables en matire de sant) et la cration des conditions de possibilit de la russite de tous les lves (via le dveloppement des comptences personnelles et sociales et la cra-tion dun environnement scolaire favorable), plutt que comme un moyen de transmettre de linformation sanitaire.
LDUCATION LA SANT : UN OBJET QUI TROUVE DIFFICILEMENT SA PLACE DANS LE CHAMP SCOLAIRE
Aujourdhui, lducation la sant reste, pour nombre de professionnels, un objet priphrique. Il est diffi cile en effet de tenir ensemble une rfrence aux savoirs acadmiques et lacte denseignement, dune part, et lappel une implication dans des dynamiques qui transcendent tant les disciplines que les modes de travail habituels, dautre part. Lducation la sant nest pas une discipline , cest un objet mouvant , rsistant toute transmission descendante. Ce que Jean-Louis Martinant qualifie ( propos de lducation lenvironnement) de forme scolaire non disciplinaire3 . Ces formes se fondent sur une morale provisoire construire et non sur des connaissances universelles. Il sagit ainsi dagir en contexte dincertitude, ce que la sant publique a lhabitude de faire mais pas le systme ducatif puisquil est bas sur la rfrence des savoirs univer-sels. Lducation la sant remet lHomme au centre du dbat, alors quune grande part des disciplines a t construite en se dcentrant de la question de lHomme pour aller vers luniversel. En tout cas, il ny a pas un corpus univoque de connaissances et de mthodes quil suffi rait de transmettre un enseignant, un chef dtablissement, un infi rmier, un mdecin, un assistant social ou un partenaire de lcole pour lui permettre de devenir acteur dduca-tion la sant. Comme le souligne la circulaire relative lducation la sant de 998 [9], les dispositifs de formation continue sont toujours fonds sur la globalit de lducation la sant et plus largement de laction ducative . La formation ne peut faire limpasse sur cette complexit et se doit de lintgrer.
3. Nous entendons par formes scolaires, un ensemble dactivits menes par les enseignants et leurs lves repra-bles parmi dautres formes dactivit, en particulier en raison de leurs vises ducatives, rpondant aux exigences offi -cielles et faisant lobjet dune organisation spcifi que sinscrivant dans le curriculum scolaire des lves . Martinand J.-L. Sminaire de travail conjoint IUFM de Versailles-UIMM. Paris, 2003.
Lducation la sant nest ainsi pas en soi , un objet nouveau mais plutt
une forme scolaire non disciplinaire qui, aujourdhui, trouve diffi cilement
sa place dans les enseignements [10].
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34 ducation la sant : Quelle formation pour les enseignants ?
Ce qui fait dbat, ce nest pas tant lobjet sant en lui-mme (personne ne conteste lide selon laquelle lcole a jouer un rle dans ce domaine) que sa place dans le champ scolaire et la nature de la contribution des acteurs. La priode au cours de laquelle le matre dcole transmettait un savoir univoque, montrait la voie du Bien (une vie saine) et la voie du Mal (une vie de dbauche) au cours des leons de morale est maintenant rvolue. Il est vident que la question se pose diffremment aujourdhui de la faon dont elle mergeait en cette fi n du XIXe sicle marqu par lhyginisme. Dans le monde contempo-rain o le paratre tient une place grandissante, peut-on souhaiter que lcole contribue la promotion dun unique mode de vie sain , voire lidalisation du corps ? En un temps o il est essentiellement question dintrt particulier, peut-on attendre de lcole quelle se transforme en pourvoyeuse dinforma-tions sanitaires au gr des modes et de leffi cacit de telle ou telle campagne de communication ? Non, duquer la sant lcole aujourdhui cest conduire chacun se construire en rfrence aux conduites risque (drogues illgales, alcool, tabac, prise de risque routier, violence), tre capable de prendre soin de soi et de respecter les autres (dans les domaines de la nutrition, des addic-tions ou de la sexualit par exemple). Pour lcole du XXIe sicle, duquer la sant, cest permettre aux lves de faire des choix clairs et responsables, de garder leur libert vis--vis des drogues mais aussi des strotypes ou de la pression des mdias et des pairs.
Ainsi lducation la sant nest pas laffaire de spcialistes, elle relve
de laction quotidienne des adultes en charge de lducation des enfants,
au premier rang desquels les parents et les enseignants. Les experts,
notamment ceux issus du secteur de la sant, sont au service du projet
ducatif port par les parents et les enseignants.
Bibliographie
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Paris : ESF diteur, 2006 : 160 p.
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LE SYSTME DUCATIF, ACTEUR DE SANT PUBLIQUE
Lorsquil sagit de lgitimer laction de lcole en matire de sant, les argu-ments viennent rarement de la sphre ducative. Lide selon laquelle ldu-cation la sant est une dimension de lducation la citoyennet, qui vise accompagner les lves vers la libert et la responsabilit en matire de sant, est donc peu voque. Ce sont plus gnralement des justifi cations issues du champ de la sant publique qui sont avanes Aussi, les argumentaires sont btis en rfrence soit lide durgence prventive (si nous nagissons pas maintenant, les consquences seront grandes dans le futur), soit des fi ns plus larges (promouvoir le bien-tre social, prendre du pouvoir sur sa sant et celle de la communaut). Lcole constitue lun des milieux de vie des enfants et des adolescents ; elle est donc appele contribuer, comme la famille ou la communaut (quartier, village), lamlioration de leur sant [fi gure 1].Plus gnralement, trois approches sont reconnues comme pertinentes pour promouvoir la sant [1]. Elles sont cibles sur des populations (population gnrale, personnes ges, enfants, personnes atteintes de maladie chro-nique, sportifs de haut niveau, etc.), des thmes (addictions, obsit, scurit, etc.) ou des milieux de vie (monde du travail, lieux de soin, quartier, milieu
Du point de vue de la sant publique, un enjeu central
Lappel la prise en compte de la sant lcole mane plus souvent de
sources externes au systme ducatif plutt que de sources internes.
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37Du point de vue de la sant publique, un enjeu central
scolaire, etc.). Lcole est au carrefour de toutes ces approches et apparat donc comme un acteur privilgi des stratgies de sant publique :
lcole est le lieu o tous les individus dune mme classe dge sont runis ;
lcole est le lieu o des dmarches de prvention centres sur des thmes spcifi ques sont mises en uvre ;
lcole constitue en soi un milieu de vie spcifi que.
Cet appel la mobilisation du systme ducatif est pleinement lgitime. Ceci est dautant plus vrai que lcole est lun des outils la disposition de ltat pour mettre en uvre ses politiques et notamment sa politique de sant publique. La Nation dfi nit sa politique de sant selon des objectifs plurian-nuels La dtermination de ces objectifs, la conception des plans, des actions et des programmes de sant mis en uvre pour les atteindre ainsi que lva-luation de cette politique relvent de la responsabilit de ltat. La loi est claire : La politique de sant publique concerne entre autre linformation
FIGURE 1
Les principaux facteurs conditionnant la sant des enfants et des adolescents1
Servicesprventifs
cole
Famille
CommunautCompor-tementsresponsables
Habitudesde vie
Comptencespersonnelles, sociales et civiques
Services ducatifs complmentaires dont les services de sant et les services sociaux
Environnement physique (amnagement) Environnement social (climat) Environnement pdagogique (gestion de classe, dveloppement de comptences)
Conditions de vie Pratiques ducatives Qualit des relations Rapports avec lcole
Valeurs et normes Conditions de vie Culture Politiques Services et ressources
Perception de soi, de ses comptences propres, de son apparence Satisfaction personnelle
Capacit : Rsoudre des problmes Se fixer des buts et les atteindre Avoir des relations sociales positives Communiquer Cooprer
Activit physique Alimentation Comportements face lalcool, au tabac et aux drogues Hygine dentaire Sommeil
Sur le plan sexuel Dans les loisirs et les sports Lors des dplacements routiers et pitonniers
ENVIRONNEMENTAUX INDIVIDUELS
Enfants et
adolescents
1. Modifi daprs Martin C., Arcand L., cole en sant. Guide lintention du milieu scolaire et de ses parte-naires. Comit national dorientation du Qubec, 2005. En ligne : http://www.mels.gouv.qc.ca/dfgj/csc/promotion/pdf/19-7062.pdf [dernire consultation le 08/01/2010].
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38 ducation la sant : Quelle formation pour les enseignants ?
et lducation la sant de la population1 . Le systme ducatif est lun des acteurs au service de cette politique de sant publique.
UNE DIVERSIT DE FAONS DENVISAGER LDUCATION LA SANT
Les diffrentes sollicitations qui parviennent lcole en matire de sant publique ne sont pas neutres et renvoient des fi nalits comme des visions de lducation la sant diffrentes. Pour peu que lon porte un regard critique sur les appels la mobilisation de lcole sur les questions de sant, il appa-rat clairement que les sources de motivation sont multiples. Elles peuvent sinscrire dans des projets de changement social comme de normalisation des comportements, viser la rduction des dpenses de sant, voire rpondre des intrts catgoriels. Plus gnralement, elles senracinent dans des para-digmes diffrents. la suite de Jacques Fortin, il nous parat pertinent de les rendre explicites. Pour cet auteur de rfrence que nous reprendrons ici, les modles en ducation pour la sant sinscrivent dans des paradigmes duca-tionnels plus ou moins complexes qui traduisent des valeurs : celle dune rationalit effi cace appuye sur la connaissance scientifi que, celle de libert conue comme autonomie de penser, dagir, de dcider dans une fi nalit de ralisation de soi, celle de responsabilit collective et personnelle dun tre social, celle de ralisation globale dun tre cosmique dont le dveloppement personnel est intimement li celui de son environnement. [2]
Le paradigme rationnel ou lHomme tel quil devrait tre
Le paradigme rationnel dune pdagogie classique, acadmique, verticale, o le matre dispense un savoir prdtermin llve qui coute et obit, a inspir une pratique de lducation la sant centre sur un apport de connaissances consi-dres comme objectives, extrieures au sujet auquel elles devraient simposer comme instigatrices de ses conduites. Ce paradigme inspire le discours mdical de conseil et de prvention des maladies et risques pour la sant. Lobjet prime sur le sujet, la maladie sur le malade. Linformation dlivre par lexpert est vrit et constitue le socle de conduites prescrites indistinctement tous, selon un schma linaire de causalit : pour tre en bonne sant, il faut et il suffi t de mettre en pratique les directives, cest--dire supprimer toute conduite suscep-tible dentraner un dommage. Toute autre attitude ne peut tre querreur de jugement, faute, manquement conduisant inexorablement la maladie.
Le paradigme humaniste ou le libre bien-tre
Dans ce paradigme, ct dobjectifs cognitifs, lducation prend en compte les dsirs, les motions et les perceptions de la personne. Le sujet participe
1. Loi n 2004-806 du 9 aot 2004 relative la politique de sant publique.
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activement la construction de ses savoirs quil enrichit de son vcu et de son exprience. Lducateur est en interaction avec le sujet quil accompagne dans son cheminement singulier, et il assume la part de subjectivit rci-proque qui nourrit lapprhension des connaissances. La ralisation de soi est revendique comme but ducatif et se confond ici avec la dfi nition de la sant en tant qutat de complet bien-tre physique, psychique et social. Le dveloppement de la confi ance, de lestime et de laffi rmation de soi est un objectif essentiel dans ce modle. Lautonomie du sujet est une fi nalit reven-dique et se conjugue avec une libert conquise travers le perfectionnement de soi.
Le paradigme de la dialectique sociale
Le paradigme de la dialectique sociale dpasse le dveloppement personnel pour questionner les rapports permanents de lHomme son environne-ment et interroger son degr de libert au sein du groupe social. En termes de sant, cest bien la capacit de lhomme matriser son existence et exercer un contrle sur son environnement qui est mise en question. Lenseignant, lducateur part do sont les lves, les personnes, du point de vue cognitif, motionnel et social ; il a une fonction daccompagnement dans une dmarche qui part de lmergence dattentes individuelles motivant des demandes gres collectivement Le concept complexe dempowerment employ aujourdhui de manire extensive sinscrit dans ce paradigme. Ce processus vise, dune part, lacquisition de pouvoir par un sujet et des groupes sociaux travers loptimi-sation de leurs savoirs et comptences, et, dautre part, la reconnaissance et lexercice effectif de ce pouvoir.
Le paradigme cologique
Cette approche est de nature systmique. Lcologie de lducation sintresse ltre humain et aux interrelations entre celui-ci et les diffrents milieux (cosystme) dont la rsultante est son dveloppement et ses apprentissages. Les principaux axes de ce paradigme sont la dmocratisation totale de ldu-cation, le dveloppement intgral de la personne, cest--dire de toutes ses potentialits, la personnalisation de lenseignement, cest--dire son adap-tation aux besoins distincts des duqus, et une ducation dun tre total, cest--dire faire en sorte que la personne se dveloppe de faon optimale au regard de lensemble de ses aspects et de ses potentialits. Ce processus systmique reprend des lments des paradigmes prcdents en leur appor-tant la fois la dimension dynamique qui leur manque et une dimension contextuelle essentielle. Le concept dcole promotrice de sant est issu de cette rfl exion.
Cette prsentation constitue une grille de lecture des dmarches ou des dispo-sitifs mis en uvre dans le domaine de lducation la sant. Elle contribue rendre explicite ce qui est sous-jacent aux diffrentes approches.
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Les quelques lments qui viennent dtre proposs permettent de mesurer la complexit de la question. Les sollicitations dont lcole est lobjet ne sont pas toutes de mme nature et ninteragissent pas avec le projet ducatif de lcole de la mme manire.Il ne peut donc sagir dintgrer toutes les propositions au cursus des lves. Lcole apparat ainsi souvent comme tranant les pieds , comme peu engage dans la lutte contre tel ou tel fl au. Il sagit en fait :
darticuler ladaptation ncessaire de lcole aux ralits sociales et la prennit de ce quelle transmet au-del des effets de mode et des urgences du moment ;
de prendre en compte des questions sanitaires spcifiques et la rsistance linstrumentalisation ;
de transmettre des informations sur les comportements et de prendre en compte la diversit sociale et culturelle ;
de simpliquer dans les politiques sanitaires et de respecter le cadre lac de lcole ;
de prendre en compte lventail des problmatiques de citoyennet et de refuser une ducation se limitant lempilement dapports successifs
Dune faon gnrale, il nest possible davancer sur la question de lduca-tion la sant lcole qu la condition de prendre conscience, dune part, de la complexit de lacte ducatif qui rsiste tous les raccourcis et toutes les recettes miracles et, dautre part, du fait que la mission premire de lcole nest pas de lutter contre tel ou tel fl au social, mais bien de former les citoyens de demain et de permettre la russite de tous.
Lcole se doit donc de travailler la faon dont ces questions sociales et/ou sanitaires peuvent tre prises en compte dans lducation de la personne. Les enjeux ducatifs voluent constamment. Lcole doit ncessairement adapter ses programmes, ses contenus, ses mthodes, ses modes daccueil des lves. Faire changer les programmes scolaires, les mthodes denseignement, la formation des acteurs de lcole dans le but de rpondre aux enjeux ducatifs actuels dans le domaine de la sant nest pas du mme ordre qutre la cour-roie de transmission dun message sanitaire. Lide cl est celle de mdiation. En effet, lcole ne peut ni tre le relais pur et simple dune politique de sant ni tre totalement hermtique aux sollicitations sociales. Elle est appele les tenir distance, exercer une mdiation en rfrence sa mission et aux condi-tions relles dapprentissage.
On ne peut penser lducation la sant lcole qu partir de larticulation
des problmatiques ducatives et des enjeux de sant publique.
Llucidation de la demande sociale comme lexplicitation des missions
du systme ducatif dans ce domaine reprsentent ainsi des pralables
incontournables.
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41Du point de vue de la sant publique, un enjeu central
Bibliographie
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Du fait de lampleur de certains enjeux sanitaires, la tentation est grande, du ct des acteurs de la prvention, de lducation la sant ou de la promo-tion de la sant, dappeler un changement radical dans lattitude des ensei-gnants vis--vis des questions de sant. Pour certains, lcole serait incapable de promouvoir la sant, de prvenir les conduites risque puisquelle est impermable aux dispositifs dintervention quon lui propose, puisque les enseignants sont sourds lvidence de la ncessit de contribuer au dvelop-pement personnel des lves et se referment sur les savoirs quils ont trans-mettre Il importe dtre vigilant aux dangers que reprsentent les appels la conversion des enseignants dautres pratiques plus promotrices de sant dun ct ou plus prventives de lautre. La premire tape est sans doute dabord de prendre en compte ce qui existe et didentifi er les limites de laction du systme ducatif.
UN CONTEXTE FAVORABLE LDUCATION LA SANT ET LAMLIORATION DE LA SANT DES POPULATIONS
Le systme ducatif franais, tel quil fonctionne aujourdhui, joue un rle dterminant dans la promotion de la sant. En effet, lducation en soi contribue lamlioration de la sant [1, 2]. Elle permet lacquisition dune large gamme de comptences chez les enfants et les adolescents et ainsi infl uence leur sant [3]. Le fait de savoir lire, dtre capable de rechercher et de trier des informations, de disposer de connaissances sur le corps et la sant telles quelles sont transmises lcole primaire, au collge et au lyce
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43Le systme ducatif franais contribue lamlioration de la sant
sont autant dlments qui permettent chacun de prendre en charge sa propre sant. Des travaux ont montr par exemple que, lorsque lenfant dve-loppe des comptences linguistiques et mathmatiques, le risque de dcro-chage scolaire diminue ainsi que le risque dapparition de diffi cults dans le domaine de la sant psychologique [4].Si lcole nagit pas sur tous les dterminants de la sant (biologiques, socio-culturels, environnementaux, comportementaux, lis au systme de soin), elle est en interaction avec la majorit dentre eux. Son action passe la fois via les enseignements dispenss et la vie dans ltablissement (ce quon appelle souvent le curriculum cach) [fi gure 1].
Laccs de la quasi-totalit des enfants1 lducation dans notre pays rend moins lisible limpact de la scolarisation sur les pratiques de sant. Mme si dautres paramtres lis aux ingalits sociales jouent un rle dterminant, il suffi t, pour sen convaincre, de regarder du ct des pays pour lesquels la scolarisation nest pas systmatique. Au Sngal, par exemple, la connais-sance dun endroit o se procurer des prservatifs est positivement associe au niveau dinstruction des fi lles : 32 % pour celles sans niveau dinstruction, contre 52 % pour celles ayant un niveau primaire et 78 % pour celles du niveau secondaire et plus [5]. Chez les femmes adultes, lutilisation dune mthode contraceptive concerne 29,7 % de celles ayant un niveau scolaire secondaire ou suprieur, 8 % un niveau primaire et 6 % pour celles qui nont jamais frquent lcole. Dans ce pays, une autre tude [6] a montr que plus de la moiti des adolescents ne connat pas de lieu pour se procurer des conseils ou des soins en matire de sexualit. Cette connaissance est fortement lie au fait davoir suivi des cours dducation la vie familiale puisque ceux qui
1. Le taux de scolarisation en France est de 100 % lentre au primaire et de 97 % la fi n de la scolarit obligatoire 16 ans. 90 % des lves sont scolariss pendant quinze ans, alors que dans lensemble des pays de lOCDE la quasi-totalit des jeunes est scolarise en moyenne douze ans. OCDE. Regards sur lducation, 2006. En ligne : http://www.oecd.org/dataoecd/51/25/37392770.pdf [dernire consultation le 07/01/2010].
FIGURE 1
Lcole est susceptible dagir sur plusieurs dterminants de la sant des enfants et des adolescents via le vivre ensemble et les enseignements
Lcole
Des facteurs :
biologiques, socioculturels, environnementaux, comportementaux, lis au systme de soin.
Le vivre ensemble lcole
Les enseignements
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44 ducation la sant : Quelle formation pour les enseignants ?
en ont bnfi ci au cours de leur scolarit sont 78,7 % connatre un tel lieu, alors que les autres ne sont que 39,2 %.Par ailleurs, lcole est, avec la famille et les mdias, une source dinformation sanitaire de premier plan pour les enfants. titre dexemple, une tude ralise en 2004 par questionnaire sur 883 lves de cycle 3 (CE2, CM, CM2) permet de situer la contribution de lcole du point de vue des lves [tableau I]. Enfi n, mme sil est vident que le milieu scolaire gnre du mal-tre pour
certains lves, il reste un lieu dpanouissement pour une trs large majorit dentre eux. Globalement, prs des deux tiers des lves franais de collge dclarent aimer lcole (beaucoup : 2,7 % ; un peu : 43,8 %). Les fi lles signi-fi cativement plus que les garons (beaucoup : 25,9 % des fi lles versus 7,3 % des garons ; un peu 45,6 % versus 4,9 %). Si cette impression globale posi-tive est nuancer (un lve sur dix dclare linverse ne pas aimer du tout lcole et on note une altration du got pour lcole avec lavance en ge), il nest pas pertinent de donner de la qualit de vie lcole une vision excessive-ment ngative [7]. En primaire, au cycle 3, la relation lcole est encore plus positive. la question Comment trouves-tu ton cole ? , seuls 4,5 % des lves portent un jugement ngatif (gniale : 44,2 %, bien : 43,7 %, moyenne : 7,4 %, pas terrible : 3,3 %, nulle : ,2 %). De la mme faon, les relations avec les matres sont massivement juges positives : trs bonnes (49,3 %), bonnes (39,5 %), moyennes (8,6 %), pas trs bonnes (,6 %), mauvaises (0,7 %), sans rponse (0,2 %)2. Cest sur une vision nuance (une majorit dlves qui
2. tude AMVE cycle 3, mme chantillon que celui partir duquel ont t produites les donnes prsentes dans la fi gure 2, p. 45.
TABLEAU I
Rponses dun chantillon de 883 lves dans le cadre du dispositif Apprendre mieux vivre ensemble lcole (donnes initiales 2004) une srie de questions formules de la faon suivante As-tu eu des informations sur ? Taux de retour 95,7 %, chantillon compos de 35,6 % de CE2, 35,4 % de CM1, 27,9 % de CM2 et 1,1 % en CLIS et de 52,9 % de garons pour 47,1 % de filles
Ils ont reu des informations sur lcole En famille Par leurs lectures Par la tlvision
Le fonctionnement du corps (oui 86,3 %) 77,8 % 42,8 % 33,9 % 38,6 %
La sexualit (oui 57,1 %) 40,1 % 42,5 % 30,8 % 52,2 %
Lalimentation (oui 90,3 %) 78,2 % 47,9 % 28,1 % 63,1 %
Le sommeil (oui 57,0 %) 42,1 % 54,9 % 27,8 % 38,4 %
Les rgles de vie lcole (oui 92,8 %) 91,2 % 36,8 % 14,5 % 19,5 %
La violence (oui 80,7 %) 63,7 % 47,3 % 17,1 % 62,0 %
Lalcool (oui 74,4 %) 26,3 % 56,8 % 17,5 % 72,5 %
Le tabac (oui 85,8 %) 28,0 % 55,1 % 18,3 % 79,0 %
Les drogues (oui 72,1 %) 18,7 % 46,5 % 14,8 % 82,3 %
La scurit routire (oui 90,5 %) 50,6 % 53,1 % 25,5 % 66,2 %
Les gestes durgence (oui 76,0 %) 41,4 % 55,3 % 25,2 % 60,4 %
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45Le systme ducatif franais contribue lamlioration de la sant
vivent bien lcole et une minorit pour lesquels il y a des diffi cults relles) quil convient de sappuyer pour penser la formation. On ne peut, en tout tat de cause, se satisfaire ni de langlisme (tout va bien), ni dune dramatisation excessive (lcole broie les lves)3. En formation initiale comme en formation continue, travailler partir dune vision raliste et donc sur les limites, mais aussi les points forts de laction de lcole et des enseignants est la seule faon de mobiliser rellement les acteurs.
LCOLE CONTRIBUE ACCOMPAGNER LE DVELOPPEMENT DES LVES
Symtriquement cette mise en avant de laction de lcole en matire de sant, il convient aussi de la relativiser. En effet, la sant dune personne est essentiellement infl uence par des facteurs externes lcole : caractristi-ques individuelles, famille, enracinement socioculturel, mdias ou pairs. Le milieu scolaire nest pas un lieu de faonnage ou de conditionnement des individus ; elle contribue accompagner leur dveloppement. Son infl uence peut tre quantifi e. Les diffrentes tudes disponibles convergent pour situer entre 8 et 5 % la part de la variance des scores des lves explique par les diffrences entre coles [8]. Dans le domaine plus spcifi que de la promotion de la sant, on retrouve des donnes comparables. Le climat au sein de lta-blissement scolaire est reconnu comme tant lun des dterminants tant de la russite scolaire que de la sant des lves [9]. Une tude ralise sur le score de bien-tre dlves de cycle 3 (CE2-CM-CM2) montre que les variables lies linstitution ninfl uent que pour 8 % dans la variabilit du score [fi gure 2].Cest donc sa mesure que lcole contribue lducation la sant des lves. Elle ne constitue en rien une baguette magique quil suffi rait dactiver effi cacement pour changer massivement les comportements individuels, la complexit de lhuma