Agriculture urbaine : dynamiques et controverses
relativement au développement territorial
Résultats des travaux de Defrise et Dupuy Et du Projet LEGENDE –programme Inra & Cirad
Glofoods 2017-2019Productrices de cresson, quartier Antsahabe, Defrise L. mars 2017
Cressonnières au centre-ville de Tana , source : web
Evolution de la ville et place de l’agriculture urbaine : de nombreuses recherches depuis 50 ans à Antananarivo
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Positionnement du projet
• Répondre en partenariat à une question controversée et d’actualité
• Opportunités de :– poursuivre des recherches sur l’agriculture urbaine – interagir avec des projets de développement en cours – alimenter les réflexions des décideurs et opérateurs
• Financement INRA-Cirad
• Recherches en cours (début 2017- fin 2019)
Qu’est-ce qu’on entend par agriculture urbaine ?
Une agriculture (agriculture & élevage & pisciculture):
• au sein et en périphérie de la ville,
• qui entretient des liens fonctionnels avec la ville (dont approvisionnement alimentaire, protection contre inondations, valorisation des déchets urbains)
• professionnelle ou non, à temps plein ou partiel,
Question de recherche : quelles sont les évolutions de cette agriculture urbaine (périurbaine)?
2 sous questions :
• Actuellement, quelle importance a cette agriculture urbaine en termes d’occupation du territoire?
• Quelles évolutions ? Quels enjeux et réponses aux enjeux de développement du territoire ?
Identifier les controverses et alimenter le débat par des données systémiques
• Foncier : bati et infrastuctures // agriculture
• Priorité de développement et d’emploi : industries et services // agriculture
• Rôle environnemental : une agriculture polluée // qui atténue le changement climatique (moins de transport, gestion des déchets urbains, atténuer les inondations, etc)
• Rôle d’approvisionnement alimentaire : importer des autres parties du pays // produire localement
=> Pour aider à la décision / choisir ou non de l’accompagner, voire de la protéger.
Une méthodologie qui combine analyses quantitatives et qualitatives
QUANTITATIF
1/ Télédétection et analysed’images satellitaires à Suivi deschangements et cartesd’occupation des sols (2003 –2017) – TETIS
2/ Enquêtes ménages (600ménages dans 6 zones contrastéesdu Grand Tana)
11/12/2018 Tana-CIRAD 7
1/ Enquêtes de terrain auprèsd’acteurs de l’urbain et de l’agricole(+/- 200 enquêtes) sur thématiqueévolution des usages du sol et foncier
2/ Partage des résultatsintermédiaires avec acteurs clés del’AT à Tana pour faire évoluer/enrichirle diagnostic
Carte de la zone d’étude, Image satellite SPOT 6 janvier 2017, réalisation Defrise L.
Territoire de l’agriculture urbaine : l’agglomération = 38 communes du grand Tana
Territoire des filières.. vont parfois au-delà
Echelle d’analyse
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En 2017, près de la moitié (44 %) de la superficie du Grand Tana est cultivée (en vert) – 30,000 ha
Plus du 1/3 de la CUA est agricole
Précisions globales // indice de kappa : Niveau 1 : 95 % // 0,88
11Données V. Lebourgeois (Sen2Agri- TETIS- CIRAD) conception L. Defrise 2017
Ceinture agricole
Une proportion de terre agricole dans la ceinture de la ville 2 à 3 fois plus importante que dans le reste de la Région Analamanga
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En 2017, dans le Grand Tana les autres usages du sols principaux sont
• Espaces boisés, tanety, plans d’eau et espaces naturels plus =1/3 de la superficie de l’agglomération = 26,000 ha
• Les espaces artificialisés (bâti, routes, industrie, carrières) = 1/5 de la superficie de l’agglomération= 12,000 ha
Précisions globales // indice de kappa : Niveau 2 : 87 % // 0,83
Les cultures irriguées dominent l’espace agricole dans le Grand Tana
Niveau 4 Précisions globales // indice de kappa : 77 % // 0,74
• 2/3 de la superficie agricole est cultivée en riz
• les autres cultures majeures sont les cultures maraîchères (15 %) suivies du manioc (12 %) et des cultures arboricoles (2 %).
• Le cresson au centre ville
Des paysages agro-urbains s’organisent en fonction de la distance au centre ville et la topographie
Zone 1 : Cresson
(Riz)
Zone 2 Riz (Maraîchage)
Zone 3 Polyculture
élevage
Zone 1 : Cressonnières enclavées dans les bas-fonds du centre-ville
Zone 2 : Plaines rizicoles accolées à l’urbain
Une croissance démographique forte
• Des densités de population extrêmement fortes
• Une croissance – De 2 à 4 fois plus forte
que dans le reste du pays
– Plus importante en périphérie qu’au centre (voir cercles verts)
Source : Monographies communales, données INSTAT, projet TATOM
Cartographie des évolutions du bâti et de l’agricole entre 2003 et 2017
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è Travaux encore en cours de validation
2017
2003
20
Superficies agricoles dans la CUA en 2016 Superficies agricoles disparues entre 2002 et 2016 Source données ; Mollaret C.
IMV, Google Earth, OPMRéalisation : Defrise L.
Une diminution progressive mais faible au sein de la CUA en 15 ans
• 0,5% de disparition par an = 80 ha par an
• Si constant.. Il faudrait 80 ans pour faire disparaître l’agriculture de la CUA
• Mais loin d’être constant..
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Trois dynamiques agricoles contrastées dans le Grand Tana :
- Disparition de zones agricoles (rouge) (1) mais aussi …
- Maintien de zones agricoles (marron) (2) Et - Extension de zones agricoles (vert) (3)
è Travaux encore en cours de validation Dupuy S., Defrise L. Evolution des espaces agricoles dans la ville d’Antananarivo entre 2003 et 2017 (2018)
1
12
2
3
3
3
3
1 3
1. Priorité en termes foncier
• Centre ville / CUA : choix politique entre agricole / urbanisation et infrastructure
• Grand TANA : croissance parallèle bâti (sur les hauts et non sur les rizières) et croissance des terrains cultivés (extension et intensification)
Au détriment des tanety (moins d’élevage bovins // petit élevage)Et des espaces boisés?
135 000 ménages agricoles (estimation selon résultats cartographique) Þ30 % des ménages
• Pluriactivité
• Ménages différents profils (+/-vulnérables)
Peu d’alternatives d’emploi
=> Une population agricole qui augmente
Source : Andriamanga V et Defrise L. : enquêtes auprès des Communes, juin- août 2017
2. Priorité en termes d’emploi
Complémentarité entre secteurs avec un nb d’emplois considérables créés :- directs (production) même si pas à temps plein- et indirects (collecte et transport, commercialisation,
transformation)
THEME 3. PRIORITE DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL : ACHEMINER DES AUTRES REGIONS // PRODUIRE LOCALEMENT ?
Une augmentation des consommateurs et de la demande alimentaire
020406080
100120
RizFru
its
Légumes
Viandes-poiss
ons-volail
les
Lait e
t autre
s produits…
Légumineuses séchées
Tubercules
Urbain (kg/an)Rural (kg/an)
Source : EPM- 2010
Avec une forte demande urbaine pour les fruits et les légumes, les produits laitiers et la viande
Etal de rue à Antehiroka, Defrise L. avril 2017
=> transport contraint (pistes, routes et chaine du froid)
=>Une croissance de la production dans la ceinture de Tana avec des bassins de production +/-spécialisés
Juin à Août
Septembre - Octobre
Périodes de forte abondance des tomates selon les communes - Sources données PROFAPAN et CIRAGRI
Décembre-Janvier
Novembre- Décembre
Septembre –Décembre
AmbatondrazakaAoût- septembre
3. Priorité en termes d’organisation du territoire
Complémentarité d’approvisionnement entre territoires (temporalité / caractéristiques climatiques)
Et avantages en réduction coûts de transport et émission de CO2
Différences entre produits frais / riz
THEME 4. PRIORITE EN TERMES DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : APPROVISIONNEMENT EN QUANTITÉ ET DIVERSIFIÉ// DE QUALITÉ (POLLUTION/ENVIRONNEMENT)?
• 20.000 tonnes de cresson /an soit 90 à 100% des besoins de la ville
• 90 % des œufs et 80 % poulets de chair
• 53.000 tonnes de riz par an soit 20 % des besoins de la ville
Quantité : l’agriculture urbaine est une source approvisionnement majeur de la ville, notamment en produits frais
Récolte du cresson à Andravoahangy et parcelles de riz à Antehiroka, Defrise L. avril 2017
Sources : analyse des résultats cartographiques et enquêtes
Diversité : Des capacités d’innovation des ménages agricoles
Þ Développement de nouveaux systèmes de production : maraîchage (chou fleur, brocoli, asperge)
Þ élevage (poulet, œuf)
Etal de rue à Antehiroka, Defrise L. avril 2017
Qualité ? Une densification des relations villes agricultures source d’opportunité et/ou de contraintes selon les lieux Þ Pluriactivité & investissements Þ Pression phytosanitaire, risques
financiers, diversité des revendeurs d’intrants => recours accru aux produits chimiques – antibiotiques de manière +/- appropriée
Elevage de poules pondeuses en batterie, Ankadikely Ilafy, Defrise L. février 2017
Qualité ? Une densification des relations villes agricultures source d’opportunité et/ou de contraintes selon les lieux
Þ Eaux usées et qualité des eaux (hot spot) => apports d’éléments fertilisants et régularité de apports d’eau mais problèmes éventuels de santé
Origine Sources de contamination
Contaminants probables
Eaux usées
DOMESTIQUES
Eaux-vannes (Mélange d’eaux composées de
fèces et d’urine, eaux de cuisine, eaux de
douche…)
Coliformes fécaux Nitrates, Phosphates
Huiles et graisse
Eaux usées
ARTISANALES
Effluents des garages, des ateliers de peinture, lavoir , marché, station
essence, agriculture
Nitrates, Phosphates, Sulfates
Hydrocarbures Métaux lourds
Eaux usées
INDUSTRIELLES
Effluents des usines : Colorants chimiques, agents de nettoyage, lubrifiants, acides et solvants organiques
Nanoparticules, Surfactants,
Hydrocarbures, Phénols, Métaux lourds, Sels dissous, composés
tensio-actifs
4. Priorité en termes de sécurité alimentaire
Un apport majeur pour l’approvisionnement en produits frais (quantité, diversité) .. Des interrogations sur la qualité ?
Un apport stratégique pour l’approvisionnement en riz (20% de la conso de la ville, autoconsommation).. + Importance des rizières pour gestion des inondations..
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Zone 1 (2) : - Pression du bâti et remblais
Zone 2/ 3 : - Dérèglement hydraulique dû aux carrières
de brique (15 % de l’espace urbanisé)
=> Participent aux INONDATIONS
Schéma directeur et plan d’aménagement => 15 millions de m3 à stocker
ÞDes bassins de rétention (13 * marais masay)Þ des terres agricoles qui jouent le rôle de tampons (combien
d’hectares)
Options ? Terres agricoles Þ (faiblesse) Faible respect / contrôle des règles d’aménagement du
territoire (interdiction de remblais, etc) Þ (force) des collectifs et des ménages qui gardent l’agriculture (sources
de revenus en l’absence d’alternatives, patrimoine familial, volonté de prévenir les inondations)
Bassins de rétention : Þ (faiblesse) Coût d’investissement Þ (force) infrastructures durables (quelle que soit la gouvernance) avec
des usages agricoles possibles (pisciculture?)