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Chapitre 1 :
Lenvironnement conomique dans
un
contexte international
Les mutations trs profondes du nouvel environnement conomique international,
particulirement, la mondialisation des conomies et la globalisation financire, lalibralisation accrue des conomies, linterdpendance des conomies, la formation des
blocs rgionaux (la triade) et les modifications rglementaires et technologiques, ont
offert aux entreprises de nouvelles options pour rorganiser la production et la
commercialisation en dehors des frontires travers linternationalisation.
Sur le plan du cadre institutionnel international, laprs seconde guerre mondiale
a t le thtre de la mise en place dun nouveau systme qui a favoris le rapprochement
des conomies des pays industrialiss en crant une dynamique de concurrence entre les
firmes mais labaissement des cots de transport, lamlioration des techniques de
communication ainsi que la mondialisation des marchs en imposant la baisse des tarifs
douaniers (GATT, OMC) et la libre circulation des personnes ont amen encore un
regain dintrt vis--vis de la stratgie dinternationalisation.
Or cette stratgie douverture linternational est aujourdhui remise en cause par
la crise financire internationale, qui a commenc en 2007 aux Etats Unis avec
lclatement de la bulle des subprimes1, et qui a dabord t une crise immobilire,
financire et bancaire, avant de devenir une crise conomique et sociale. Cettedgradation des conditions conomiques a t accentue par la formation, puis
lclatement dune bulle sur les matires premires2.
En effet, la mondialisation et linterdpendance des conomies ont favoris
linternationalisation de la crise financire internationale qui, aprs stre manifeste et
1Ce sont des crdits immobiliers taux dintrt variable et de niveau lev accords par les banques desmnages qui disposent en majorit de faibles revenus.2 Franois J., Jamet., Lirzin F., lEurope lpreuve de la rcession , Problmes conomiques, N 2969,avril 2009, p.3.
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propage dans les pays dvelopps, puis touch les pays mergents, et dans une troisime
vague, atteint les pays en dveloppement.
Les consquences de la crise sont plus importantes sur la dynamique des changes
extrieurs, notamment sur le commerce extrieur et les Investissements Directs Etrangers(IDE).
Selon lancien ministre des finances F Oulalou3, la crise financire est le produit
d'une "adhsion aveugle" l'idologie librale qui refusait tout contrle et toute
rgulation, a-t-il estim, ajoutant que la politique conomique amricaine a t btie au
cours des dernires annes sur une stratgie dendettement abusifs pour soutenir la
croissance.
Durant les trois dernires dcennies, cette stratgie "qui croyait aveuglment en
l'autorgulation" a t l'origine de la cration de multiples produits financiers qui
accompagnaient l'endettement des particuliers et des entreprises, avec les crdits
hypothcaires accords aux familles et garantis par des hypothques immobilires dont la
valeur a augment de faon dmesure, ce qui a conduit au surendettement de leurs
dtenteurs.
En outre, La crise actuelle a remis en cause le systme capitaliste dans son
ensemble. Les interventions multiples des Etats mettent en question la drglementationdes marchs, la solidit et la fiabilit des institutions financires actuelles et les bases du
systme capitaliste actuel appelant la libert du march .
3 Confrence au profit du club diplomatique marocain, sur le thme la crise financire et les transformations
en perspectives
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Section I : lconomie mondiale sous pression de la crise des subprimes
Durant ces trois dernires annes, le monde a connu une priode de crise qui a eu
des rpercussions immdiates sur les marchs de lconomie mondiale freine en cette
priode par les retombes de la crise immobilire et financire aux Etats-Unis et laflambe des cours du ptrole sur fond de dollar faible ayant marqu lanne 20074.
Aprs ces fortes perturbations, engendres par cette crise en 2008 au niveau
international, lanne 2009 sannonait comme lanne du redressement et de la reprise.
Un dcouplage entre la dynamique des conomies dveloppes et celles des conomies
mergentes a t signal la faveur des perspectives plus positives de croissance pour ces
dernires5.
I- De la crise des crdits hypothcaires la crise conomique mondiale :
Bien que la crise ait t dclenche par des vnements qui se sont produits sur le
march immobilier aux Etats-Unis dAmrique, elle constitue un srieux revers pour
lconomie mondiale, et qui sest dveloppe en trois phases: dune crise de crdit
hypothcaire (subprime), localise durant lt 2007, la finance mondiale a bascul dans
une crise systmique profonde, entranant le monde dans la pire rcession des 60
dernires annes.
1. Les prmices de la crise: un surendettement excessif dans un contexte de
drglementation financire :
Plusieurs chercheurs ont montr que les crises avaient une gense et une
gnalogie (Clair 1995, Pauchant et Mitroff 1992, Schwartz 1987, Schrivastava 1987), ils
en concluent que les crises ne sont pas le fruit du hasard mais la manifestation ultime
dune longue priode de gestation. Les crises seraient alors le rsultat dun processus
cumulatif et continu de dysfonctionnements organisationnels6.
Au lendemain de la crise des valeurs technologiques et des attentats du 11
septembre 2001, les Etats-Unis sont entrs dans une phase dexpansion montaire et
budgtaire sans prcdent dans le but de relancer linvestissement et de stimuler la
consommation. Lattractivit financire accrue des marchs amricains a permis de capter
lpargne mondiale, notamment en provenance des pays asiatiques et des pays du Golfe,
en qute de recyclage de leurs excdents commerciaux, contribuant, ainsi, financer sans
4 Rapport annuel sur les industries de transformation 2008, Ministre dindustrie et de commerce, p.5
5 Rapport dactivit 2009, Direction des tudes et des prvisions financires, Mot du directeur p.16 Roux-Dufort C., La gestion de crise : un enjeu stratgique pour les organisations , De Boeck, Paris,2000, p.19
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difficult le drapage continu du dficit du compte courant amricain. Par le biais de la
forte dynamique des importations amricaines, les changes mondiaux se sont acclrs,
profitant au monde entier et, en particulier, aux pays mergents forte croissance. Dans
un contexte de faible aversion au risque, le secteur financier des pays avancs,
drglement, dcloisonn et rgi par de nouvelles normes comptables, privilgiant lavaleur de march, a favoris lessor du crdit, y compris en faveur des segments de
clientle faible capacit de remboursement.
De plus, la hausse des prix de limmobilier, dans un contexte de baisse continue
des taux, a encourag le refinancement des prts hypothcaires et le maintien de la
dynamique de la consommation des mnages.
La dilution du risque a t rendue possible par des innovations financires et le
dveloppement de nouveaux produits plus complexes (titres subprime, assurance de risque
de crdit CDS...), en sappuyant sur des vhicules financiers peu rglements, tels que leshedge-funds et les paradis fiscaux7.
Trs gnralement, lhistoire des grandes spculations et des crises financires qui
en drivent montre quelles sont la consquence dinnovations affectant soit la finance
elle-mme, soit lconomie relle travers les innovations de produits comme de
processus. Dans la priode contemporaine, la libralisation financire a jou ce rle en
contraignant les banques des stratgies risques et surtout en diffusant des conomies
au systme financier fragile des innovations qui supposaient un fort degr de contrle et
de surveillance de la part des autorits publiques. Ainsi sexplique le contraste entre lasurprenante rsilience des conomies dancienne tradition financire et la multiplication
des crises dans les conomies les plus fragiles. On est galement frapp par le fait que
lampleur des dsquilibres rels suscits par lemballement spculatif de la nouvelle
conomie ait dbouch sur un repli certes important mais ordonn des cours boursiers8.
Tableau N1: Les innovations financires : sources de croissance ou de crises.
Fonction
Impact sur
La croissance Les crises1. Transfert derichesse dans letemps
Favorise linvestissement enliminant lirrversibilit deschoix.
Rend possible la cration dedroits en excs de la richesse
future.
2. Gestion desrisques
Permet des investissementsgrce la sparationfinancement/risque.
Accentue le risque, en raison dela mauvaise valuation lie ladivision du travail entre acteurs
financiers.3. Mise en Alloue mieux le capital. Favorise lmergence de bulles
7 Institut Royal des Etudes stratgiques, Le Maroc face la crise financire et conomique mondiale :
enjeux et orientations des politiques publiques , Mai 2009, Annexe 2 p.528 Boyer-Dehove-Plihon, Le rapport sur les crises financires , Conseil dAnalyse conomique,p.398www.cae.gouv.fr
http://www.cae.gouv.fr/http://www.cae.gouv.fr/http://www.cae.gouv.fr/ -
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commun desrichesses
et la mauvaise allocation ducapital en raison de la liquidit.
4. Cration et dissmination delinformation
Socialise les vues sur lavenir.Soutien le mimtisme, aussirationnel soit-il.
5. Organisationdes paiements
Un systme bancaire efficacefavorise la croissance.
Constitue la chambre dersonance des dsordres
financiers du cur des crisessystmiques.
Source : daprs Rajan et Zingales (2003)9
La dernire dcennie peut sinterprter comme la course du livre et de la tortue :
les agents financiers, dans le rle du livre, lancent le processus et cest aux pouvoirs
publics, dans le rle de la tortue, dabsorber les cots des crises financires qui en
drivent et de tenter den viter la rptition par une nouvelle stratgie et ventuellementun renouvellement des rglementations. Les marchs financiers qui taient censs
sautorguler sont en fait le lieu de crises souvent dramatiques pour lconomie et la
socit10.
Figure N1 :
la crise des subprimes rsulte de la conjoncture des innovations financires depuis les annes
quatre-vingt : sous-estimation et transfert gnralis du risque
9Boyer L., Une crise tant attendue leons dhistoire pour conomistes , Prisme N13 2008 p.1310Op.cit, p.21
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Source : Boyer Luc11
Le plus important, tant pour le crdit bancaire que sur les marchs financiers, tient
au caractre procyclique de la prise de risque : les agents ont tendance prendre dautant
plus de risques que la conjoncture est bonne. Un second facteur propage dun march
lautre les dsquilibres apparus sur lun dentre eux : cest la facilit daccs au crdit
qui affecte lallocation de la quasi-totalit des actifs, et explique la contagion dun march lautre travers un mcanisme de type acclrateur financier. tant donn
linterdpendance accrue des marchs financiers, les emballements spculatifs se diffusent
dun pays lautre, alors quils peuvent tre fort distants lun de lautre mais relis par
larbitrage des agents financiers. Enfin, les vidences historiques et empiriques suggrent
que les emballements spculatifs sont aggravs par les phnomnes de mimtisme, de
perte de mmoire des prcdents pisodes de crise ou encore dexcessive confiance en ses
propres choix par rapport aux autres acteurs du march, sans oublier laveuglement au
dsastre qui marque la fin des priodes spculatives12
.En somme, la situation de crise se caractrise dune part, par un bouleversement
tangible des activits dont on peut mesurer limpact, et dautre part, par un
bouleversement de lidentit organisationnelle qui force les acteurs questionner les
fondements de leurs actions et de leur lgitimit13.
Figure N2 :
Les trois dimensions de la nouveaut des crises financires
11 Ibid. p.32
12 Le rapport sur les crises financires, BOYER-DEHOVE-PLIHON Conseil dAnalyse conomiquewww.cae.gouv.frp.39713 Pauchant , Mitroff 1992p.12
http://www.cae.gouv.fr/http://www.cae.gouv.fr/ -
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Source : BOYER-DEHOVE-PLIHON 14
2. Mutation dune crise subprime localise une crise financire majeure
Chaque crise apparat spcifique car elle sinscrit dans un contexte diffrent et
combine de diverses manires un certain nombre de mcanismes gnraux. lorigine de
la plupart des pisodes de fragilit financire, se trouve un emballement du crdit qui
dclenche un mcanisme dacclrateur financier qui se propage diffrents marchs,
boursiers, immobiliers, des changes. Cette fragilit se convertit en une crise ouverte avec
une probabilit dautant plus forte quentrent en rsonance ces diffrents marchs
dactifs15.
Comme le remarquent Mishkin et White (2002), quelle que soit lorigine de la crise
dclin des fondamentaux ou explosion dune bulle spculative une rduction
importante et/ou durable de la valeur des actifs boursiers exerce une influence certaine
14Le rapport sur les crises financires, BOYER-DEHOVE-PLIHON Conseil dAnalyse conomiquewww.cae.gouv.frt,p.11615 Op.cit, p.11
http://www.cae.gouv.fr/http://www.cae.gouv.fr/http://www.cae.gouv.fr/ -
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sur lactivit conomique. Le choc peut tre transmis la consommation par le canal des
effets de richesse (Boone et al., 1998 et Ludvigson et Steindel, 1999), linvestissement
par le q de Tobin et le canal du crdit (Bernanke et Gertler, 1989 et Kyotaki et Moore,
1997) et nest pas sans consquence pour la stabilit financire (Mishkin et White, 2002).
Enfin, lvolution du march boursier affecte plus gnralement la confiance des mnagesetdes entrepreneurs (Caroll et al., 1994 et Poterba, 2000)16.
Le bouleversement du march immobilier amricain a conduit, dans un contexte
de durcissement de la politique montaire de la Rserve Fdrale (FED), une hausse
rgulire des taux de dfaut sur les prts hypothcaires (subprime en particulier) qui, en
provoquant des incidents de paiement non prvus, a mis en difficult de nombreux fonds et
banques.
Face la multiplication dannonces de pertes et lopacit sur la situation relle
des tats financiers des banques, une crise de confiance sest installe, progressivement,sur le march interbancaire alors quaugmentaient les besoins des banques en liquidits
pour renflouer les fonds propres.
Par le biais des mcanismes de titrisation des prts hypothcaires et leur transfert
dautres acteurs financiers, en dehors des Etats-Unis, lclatement de la bulle
hypothcaire a retenti sur lensemble des marchs financiers, contribuant par effet de
domino mettre en pril la solvabilit du systme bancaire des pays dvelopps 17.
Figure N 3 :Chronique dune crise annonce : lpisode des subprimes
16
Op.cit, p.37617Institut Royal des Etudes stratgiques, Le Maroc face la crise financire et conomique mondiale :enjeux et orientations des politiques publiques , Mai 2009, p.52-53.
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Source : Boyer L18.
Cest la conjonction qui explique lampleur et la gravit de la crise des subprimes.
Il suffit en effet que se manifeste laccroissement des retards ou des dfauts de paiement et
que cesse la flambe des prix de limmobilier, pour que le cercle vertueux antrieur setransforme en une spirale destructrice de la valeur des actifs (figure N2)19.
La crise a pris une nouvelle ampleur et bascul en une crise financire mondiale,
avec la faillite de la banque dinvestissement Lehman Brothers le 14 septembre 2008. En
raction ce signal fort, les banques ont brutalement arrt toutes les oprations de crdit
et dclench la propagation de la crise lconomie relle. Le montant total des actifs
passs en pertes, lchelle mondiale, est estim 4.000 milliards de dollars dont deux
tiers la charge des banques et le reste, la charge des compagnies dassurances, des
fonds dinvestissements et dautres intermdiaires (FMI 2009).Graphe N1 :
Dtrioration de lactivit conomique au niveau international
Evolution de la production industrielle Evolution du PIB trimestriel en glissement annuel
Source : Datastream20
3. Lampleur des effets rcessifs de la crise conomique
La crise de confiance entre les acteurs des marchs financiers et ses consquences
en termes de monte de laversion au risque ont conduit un blocage du crdit
18 Boyer L., Une crise tant attendue leons dhistoire pour conomistes , Prisme N13 2008 p.47.19 Op.cit20Bank AL-MAGHRIB LE MAROC FACE A LA CRISE ET A LAPRES-CRISE , M. Abdellatif JOUAHRI, novembre2009, p.7.
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interbancaire, au resserrement et au renchrissement du crdit aux mnages et aux
entreprises, dune part et la diminution de la valeur des actifs immobiliers et financier,
dautre part.
Cette crise conomique se caractrise par une svre chute de la demande prive,
la fois de la consommation et de linvestissement. Lintgration croissante des marchsfinanciers et le dveloppement du commerce international ont eu par le pass un effet
multiplicateur, qui a permis laccroissement mondial de lactivit conomique. Or ce
mcanisme fonctionne dornavant rebours, et la chute de la demande se diffuse travers
le monde, renforant le caractre ngatif du cycle conomique mondial21.
Selon les dernires prvisions du FMI davril 2009, lvolution du PIB mondial
devrait nettement flchir en 2009 pour stablir -1,3% avant de rebondir 1,9% en
2010. Ces chiffres sont en rupture par rapport lexpansion enregistre au cours de la
priode 2004-2007 o la production mondiale affichait des rythmes de progressionproches de 5%.
Graphe N2
Evolution du PIB mondiale
et du commerce mondiale
Source: FMI
Lampleur de la rcession dans les pays dvelopps est trs manifeste compte tenu
du flchissement de la demande intrieure et de leffondrement des exportations. Le PIBdes Etats-Unis se contracterait de 2,8% en 2009 tandis que celui de la zone euro se
replierait de 4,2%.
Les pays mergents ont t, dans leur majorit, labri de la crise financire, en
raison de leur intgration limite au systme financier mondial. Ils nont, toutefois, pas t
pargns par une propagation, mme tardive de la crise mondiale via la forte contraction
du commerce mondial de biens et services et du ralentissement des flux des capitaux
21 Dervis K., la crise conomique mondiale: enjeux et rformes , dossier I la crise : analyses et enjeux,2009, p.13
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privs. Ces pays afficheraient une nette dclration de leur rythme de croissance qui
passerait de prs de 8%, en moyenne, entre 2003 et 2007 1,6% en 2009.
Le cas de la Chine est trs rvlateur, ce titre. Ce pays, dont la croissance
stablissait deux chiffres sur les dernires annes, verrait, pour la premire fois, son
PIB emprunter un rythme de progression de 6,5% en 2009 et de 7,5% en 2010. Il en est demme pour lInde dont la croissance se situerait autour de 4,5% en 2009 et de 5,6% en
2010.
Le continent africain est plus vulnrable que la plupart des autres rgions, en
raison de son niveau de pauvret et de sa dpendance lgard des exportations des
produits de base. La progression de son PIB ressortirait 2% et 3,9%, respectivement en
2009 et 2010, soit des rythmes insuffisants pour voluer vers la voie de la ralisation des
Objectifs du Dveloppement du Millnaire, au moment o on devrait sattendre un
relchement du soutien financier de la communaut internationale au profit de lAfrique.La monte des incertitudes et le durcissement des conditions de crdit la
consommation ont fortement affect lactivit conomique, conduisant dimportantes
suppressions demplois dans des secteurs comme lautomobile, lindustrie mcanique et
lectrique, le textile, le tourisme, linformatique et llectronique ainsi que les
tlcommunications et le transport arien.
Selon lInstitut International dEtudes Sociales du BIT, la crise conomique
mondiale a occasionn une augmentation du nombre de chmeurs de 14 millions en 2008.
A lchelle mondiale, lacclration des pertes demplois dans plusieurs secteurs,conjugue au nombre croissant des nouveaux arrivants sur le march du travail (90
millions de nouveaux postes en 2009 et 2010) pourrait non seulement aggraver le dficit
actuel, mais conduire une rcession sur le plan social, avec dimportants risques sur la
stabilit densemble. Une telle situation est dautant proccupante que la reprise du
march du travail est dcale de quelques annes par rapport au dclenchement de la
reprise conomique.
De plus, les plans de relance mens par la plupart des pays penchent, largement,
en faveur du sauvetage des banques et des rductions dimpts plutt que la cration
demplois et la protection sociale. Les plans de relance budgtaire pour lconomie relle
sont, en moyenne, cinq fois plus faibles que les plans de sauvetage financier (BIT, 2009)22.
En bref, lensemble des caractristiques de la crise, la fois macroconomiques et
micro-conomiques, assises sur une chute de la demande prive, une perte de repres
quant aux indications des systmes de prix, et une dimension globale ne dune intgration
conomique mondiale de plus en plus profonde, appellent des rponses politiques fortes et
coordonnes23 .
Tableau N2 : Dimensions et effets de la crise
22Institut Royal des Etudes stratgiques, Le Maroc face la crise financire et conomique mondiale :enjeux et orientations des politiques publiques , Mai 2009, P.53-55.
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Dimension de la
crise
Secteur institutionnel
St financireSt non
financiremnages Admin.public
Effets financiers
Moins-values sur
les actifs, risque de
liquidit, de
solvabilit,
rduction de la
titrisation, rvision
la baisse de
notations en
matire de crdit.
Perte de
patrimoines
financiers, moins-
values sur les biens
immobiliers non
rsidentiels,
rvision la baisse
de notations en
matire de crdit,
resserrement du
crdit
Perte de
patrimoines
financiers, moins-
values sur les biens
immobiliers non
rsidentiels,
resserrement du
crdit
Augmentation des taux de
transfert aux
tablissements financiers,
accroissement de la dette
public, renforcement de
la prsence
capitalistique de lEtat
dans les tablissements
financiers,
assouplissement de la
politique montaire
Effets
conomiques
Pertes des
revenues, baisse de
la demande et des
bnfices, attaques
contre certaines
monnaies et pertes
associes
Pertes des
revenues, baisse de
la demande et des
bnfices, recul de
linvestissement,
augmentation des
stocks, diminution
du commerce
extrieur, attaques
contre certaines
monnaies et
moins-values sur
certains actifs.
Pertes demplois,
pertes des revenus,
perte de confiance,
baisse de la
consommation,
diminution des
envois de fonds,
attaques contre
certaines monnaies
et moins-values sur
certains actifs.
Augmentation des
dpenses publiques
affectes aux oprations
de renflouement, aides
aux socits non
financires et aux
mnages, attaques contre
certaines monnaies et
pertes associes
23 Dervis K., la crise conomique mondiale: enjeux et rformes , dossier I la crise : analyses et enjeux,
2009, p.5
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Effets sociaux
Multiplication des
faillites, recul de
linnovation et de
linvestissement,
rgression de
lentreprenariat
Accentuation de la
pauvret, perte de
capital humain
spcifique aux
entreprises, plus
grande vulnrabilit
Accroissement des
transferts sociaux.
Effets ( long
terme) sur la
viabilit
Pertes de capital
conomique et
financier, perte de
confiance, moindre
attention accord
aux menaces
environnementales
et aux
investissements
verts et sociaux
Pertes de capital
conomique et
financier, perte de
confiance, perte de
capital humain
spcifique aux
entreprises,
relation plus
tendue entre
employeurs et
salaris.
Baisse des
dpenses
dducation, recul
de la tolrance et de
la confiance,
aggravation des
dysfonctionnements
Sociaux, moindre
attention accord
aux menaces
environnementales,
diminution des
dons aux
organismes
caritatifs.
Augmentation de la dette
publique et de
rendements obligatoires,
pressions en faveur dune
recomposition des
portefeuilles dactifs de
retraite, systme
publiques de retraite mise
rude preuve, baisse des
investissements en
infrastructures, moindres
attention accordes aux
menaces
environnementales,
diminution de laide
extrieur
Source : OCDE
II-De la crise la reprise : dans quels dlais et avec quelle vigueur ?
Malgr une amlioration gnrale de la conjoncture conomique et une longue
priode de rtablissement suite leffondrement de Lehman Brothers, la marche vers la
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stabilit financire mondiale a rcemment t perturbe. Les risques souverains dans
certaines parties de la zone euro se sont matrialiss et tendus au secteur financier. Ils
pourraient toucher dautres rgions et alimenter de nouveau une interaction ngative avec
lconomie. Dautres mesures rsolues doivent venir sajouter la riposte nergique
engage par les instances nationales et supranationales pour renforcer la confiance dansle secteur financier et assurer la poursuite de la reprise conomique24.
1. La marche vers la stabilit financire mondiale :
Lconomie mondiale a montr des signes croissants de stabilisation. Ainsi, la
contraction significative de lactivit est arrive son terme,Cette volution sexplique,
essentiellement, par lincidence croissante des mesures de politiques montaire et
budgtaire, par lattnuation du dstockage au niveau mondial et par lamlioration de laconfiance des consommateurs et des entreprises25. La reprise conomique progresse mieux
que prvu, mais des allures diffrentes timidement dans beaucoup de pays avancs et
vigoureusement dans la plupart des pays mergents et en dveloppement. Parmi les pays
avancs, les tats-Unis ont pris un meilleur dpart que lEurope et le Japon. Parmi les
pays mergents et en dveloppement, ce sont les pays asiatiques qui sont en tte, tandis
que beaucoup de pays mergents dEurope et quelques pays de la Communaut des tats
indpendants sont la trane. Il faut sattendre ce que cette reprise plusieurs vitesses
perdure.
Graphe N 3:
Evolution du PIB dans le monde (GA en %)26
24FMI, rapport sur la stabilit financire dans le monde : actualit des marchs , juillet 2010, p.1.25 HCP, point de conjoncture , institut national danalyse de la conjoncture, N17, octobre 2009, p.5.26 HCP, Note de Conjoncture institut national danalyse de la conjoncture, N16, Juillet 2010, p.9.
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Source :Banque mondiale juin 2010
Comme la reprise sest affermie, les risques pesant sur la stabilit financire
mondiale se sont amoindris, mais la stabilit nest pas encore assure. Nous avons rduit
nos estimations des pertes de valeur subies par les systmes bancaires des pays les plusprouvs par la crise jusqu 2010 inclus 2,3 billions de dollars EU, contre 2,8 billions
de dollars EU dans ldition doctobre 2009 du Rapport sur la stabilit financire dans le
monde27.
La croissance du commerce mondial sest sensiblement renforce depuis la mi-
2009, avec une augmentation annualise des volumes dchanges de plus de 10 % au
second semestre de lan dernier et au premier trimestre 2010. Malgr ce rebond, le
volume des changes dans le monde reste la fin du premier trimestre infrieur de
quelque 5-6% son sommet prcdant la crise28.
Graphe N 4 :
Echanges commerciaux mondiaux29
Source : Base de donnes des perspectives conomiques de lOCDE, N87, et calcul de
lOCDE.
Paralllement, lamlioration des perspectives de croissance dans un nombre de
pays mergents et le bas niveau des taux dintrt dans les grands pays avancs ont caus27 FMI, Perspectives de lconomie mondiale Avril 2010 , Etudes conomiques et financires, 2010,
p.xii28 OCDE, Evaluation gnrale de la situation macroconomique , p.1929 Op.cit, p.19.
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une rsurgence des flux de capitaux destination de certains pays mergents. Ces afflux
de capitaux saccompagnent toutefois de risques de tensions inflationnistes et de bulles des
actifs. On ne dcle pour linstant aucun signe de bulles systmiques, mais il y a quelques
points chauds et les risques pourraient samonceler longue chance. Le rebond des flux
financiers transfrontaliers a provoqu quelques mouvements de taux de change effectifsrels dprciation du dollar EU et apprciation des monnaies flottantes de divers pays
avancs et mergents. Ces mouvements ont toutefois t limits, et il est prvoir que les
dsquilibres des comptes courants mondiaux vont de nouveau saccrotre.
Tout cela souligne la ncessit dagir nergiquement pour tayer la reprise de
lconomie et du systme financier mondiaux. Le plan daction doit comporter plusieurs
lments importants.
Il est essentiel de rduire les facteurs de vulnrabilit souveraine. Dans nombre de
pays avancs, il est urgent dlaborer des stratgies crdibles de rquilibrage budgtaireet de les faire connatre. Il importe de fixer des horizons prcis pour la rduction moyen
terme des ratios endettement brut/PIB et dtablir des mesures durgence si la dgradation
des finances publiques est plus grave que prvu. Si lvolution macroconomique suit le
cours attendu, la plupart des pays avancs devraient entamer le rquilibrage de leurs
finances publiques en 2011.
Les autres enjeux ont trait la politique montaire accommodante, laquelle il
convient de mettre fin partout dans le monde, ainsi qu la gestion des flux de capitaux en
direction des pays mergents. Les grands pays mergents et certains pays avancsresteront en tte du cycle de resserrement montaire, puisquils connaissent une reprise
plus rapide et de nouveaux afflux de capitaux. Bien quil ny ait gure de signes de
tensions inflationnistes ni de bulles des actifs, la situation actuelle demande un suivi
attentif et une action prcoce. Dans les pays mergents dont les comptes extrieurs sont
relativement quilibrs, la parade contre lapprciation excessive de la monnaie doit
comprendre un ensemble de mesures macroconomiques et prudentielles.
La lutte contre le chmage est un autre enjeu majeur. Si le chmage reste lev
dans les pays avancs, il est craindre que les sans-emplois temporaires ne se
transforment en chmeurs de longue dure. En plus des mesures macroconomiques de
soutien la reprise court terme et de celles qui visent restaurer la sant des systmes
bancaires, des mesures spcifiques de promotion de lemploi pourraient aussi aider
limiter le recul du march du travail. Un systme appropri de prestations de chmage est
en particulier essentiel pour tayer la confiance des mnages et viter une pauprisation
grande chelle, cependant que lducation et la formation peuvent favoriser la rinsertion
des chmeurs30.
30 FMI, Perspectives de lconomie mondiale Avril 2010 , Etudes conomiques et financires, 2010,p.xiii.
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Il faut aussi asseoir durablement la stabilit financire sur des bases solides afin
que le stade suivant du processus dinversion de leffet de levier se droule sans heurt et
dbouche sur un systme financier plus sr, concurrentiel et dynamique. Il est crucial de
rgler rapidement le dossier des institutions qui ne sont pas viables et de restructurer
celles qui le sont. plus longue chance, il faudra convenir dun programme de rformede la rglementation financire. Lobjectif est clair une amlioration quantitative et
qualitative des fonds propres et une meilleure gestion des risques de liquidit , mais
lampleur des rformes effectuer fait dbat. Les dcideurs devront trouver le juste
quilibre entre deux impratifs : assurer la scurit du systme financier et faire en sorte
quil reste innovant et efficace.
Au bout du compte, pour que lconomie mondiale puisse soutenir un rythme de
croissance lev moyen terme, il faudra rquilibrer la demande mondiale.
De mme que les monnaies des pays dficitaires se dprcient, celles des paysexcdentaires doivent logiquement sapprcier. Ce rquilibrage doit aussi tre tay par
des rformes du secteur financier et des mesures structurelles gnratrices de croissance
dans tous les pays, excdentaires comme dficitaires.
Les perspectives dvolution de lactivit demeurent inhabituellement incertaines et
des alas ngatifs lis la fragilit des finances publiques sont passs au premier plan. Il
est craindre en particulier que de nombreux pays avancs aient puis leur marge de
manuvre ou quelle soit dsormais beaucoup plus limite.
2. La reprise est menace :
La reprise de lconomie mondiale sest poursuivie au dbut de lanne 2010,
soutenue, en partie, par les mesures de relance montaire et budgtaire, ainsi que par un
cycle prolong des stocks. Lamplitude de cette reprise reste htrogne selon les zones:
forte en Asie mergente, soutenue Outre-Atlantique, elle peine samplifier en zone euro.
Au del de cette phase de rebond, le cycle conomique mondial ne parat pas encore mr
pour une vritable reprise, marque par une progression vive de linvestissement et de
lemploi.
Dautant plus que le niveau lev de la dette publique, svissant dans plusieurs
conomies avances, pourrait retarder le processus de sortie de crise. Pour sa part,
linflation sest renforce lchelle mondiale, principalement en raison du
renchrissement des matires premires, mais les tensions inflationnistes sous-jacentes
demeurent relativement contenues dans lensemble, en particulier dans les principales
conomies avances, refltant le faible taux dutilisation des capacits de production31.
31 HCP, Note de Conjoncture institut national danalyse de la conjoncture, N16, Juillet 2010, p.15.
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Les incertitudes entourant les prvisions demeurent substantielles malgr les
rsultats meilleurs que prvus au lendemain de la crise. Nombre de ces incertitudes sont
inter-lies, les rsultats plus favorables dans certains domaines compensant les risques de
dtrioration dans dautres.
De plus, les retombes de la croissance dynamique des pays dAsie pourraient treplus bnfiques, en particulier aux tats-Unis et au Japon. Cela tant, les risques de
dtrioration face ces volutions existent, tels que la hausse des prix des matires
premires en raison dune croissance excessivement forte dans des conomies non
membres et venant ajouter des tensions pourrait dclencher un resserrement brutal de la
politique montaire. Nanmoins, le principal risque de dtrioration a trait la monte
des inquitudes sur la soutenabilit de la dette publique dans certains pays. Les risques de
solvabilit et de liquidit correspondants ont considrablement perturb les marchs des
capitaux, et en Europe en particulier, avec des primes de risque leves et croissantespour les pays risque et des signes de contagion, ouvrant ainsi la perspective dune
instabilit plus gnrale si la confiance devait continuer de sroder, et ce en labsence de
plans de consolidation crdibles. Un autre risque de dtrioration pourrait galement
provenir dun dcrochage possible des anticipations dinflation long terme32.
La reprise conomique mondiale reste intacte malgr les progrs vers la stabilit
financire. Les tensions les plus aiges se sont quelque peu estompes, mais la confiance
des marchs demeure fragile. Les risques de march et de liquidit se sont aggravs enraison des retombes du secteur souverain sur le systme bancaire. Qui plus est, la
volatilit des prix des actifs financiers sest accentue et les investisseurs manifestent un
moindre apptit pour le risque. La menace dune interaction ngative avec lconomie
sen trouve donc accrue, mme si jusqu prsent elle reste latente.
Section II- lconomie marocaine face la crise
En un sicle et demi, le Maroc a connu des bouleversements considrables de son
conomie et de sa socit. Cependant, des squelles et des continuits tonnantes nont
cess de marquer le pays quelque soit la phase dvolution ou de bouleversement de ses
32 OCDE, Evaluation gnrale de la situation macroconomique , p.10
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structures socio-conomiques et politiques sur une profondeur historique de prs de deux
sicles33.
Depuis le dbut de ce sicle, le Maroc offre limage dun vaste chantier de rformes sur
les plans politique, conomique et social. En effet, la nouvelle sphre a ouvert de larges
perspectives en matire de transition vers le dveloppement sre modernisationdmocratique par lorganisation dlections libres et crdibles, llargissement du champs
de la participation et la garantie de son quit, la promotion des liberts publiques, la
modernisation de la justice, la promotion des conditions de la femme travers notamment
ladoption du Code de la famille34.
Durant ces dernires dcennies, la scne internationale a connu des
bouleversements financiers et conomiques conjugues par des dsquilibres
macroconomiques. Au niveau national, grce une dynamique de croissance soutenue et
des marges de manuvre suffisantes, lconomie marocaine a affich une bonne rsilienceface aux effets de la crise, confirme par toutes les grandes institutions internationales. Le
Maroc est parmi les pays qui ont le mieux rsist la crise financire mondiale avec une
croissance de 5,3% en 2009, un des meilleurs taux de la rgion.
Cependant, cette crise a rvl voire a accentu des fragilits structurelles lies
une diversification insuffisante des moteurs d'exportation, une fragilit potentielle de
certains moteurs domestiques, au faible niveau de productivit et de comptitivit. Des
points de vigilance et des actions stratgiques ont t dfini, afin de stabiliser la situation
conomique et financire, aussi favoriser la relance.
I- Les principales tendances de lconomie nationale
La premire dcennie de ce sicle acte de manire claire et incontestable une
priode importante de la marche du pays vers le renouveau, le progrs et la modernit.
Cest un grand moment de lhistoire du pays qui a permis de redfinir ses
ambitions, de se donner les moyens de les concrtiser et denregistrer des rsultats
probants qui confirment la justesse des choix et qui montrent que les dcisions retenues
sont ralisables.
La diversit des champs de rforme na aucun moment altr la dynamique du
changement : un mouvement ascendant et cumulatif semble tirer lensemble du pays vers
le haut et ouvre sans cesse de nouveaux horizons la rforme au meilleur service dune
33Naciri M., lvolution de lconomie marocaine en longue priode : crise des modles ou crise des lites ? ,critiques conomiques, N24, p.133.
34 Ministre de lconomie et des finances, La dcennie des rformes et du progrs, pour un Maroc moderne etsolidaire 1999-2009 , Direction des Etudes et des Prvisions Financires, Juillet 2009, p.4.
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socit dynamique appele lexpression libre de ses ambitions, la participation,
ldification dun Maroc nouveau sr de ses valeurs ancestrales et ouvert aux impulsions
du monde moderne : lirrversibilit des changements et les nouveaux horizons quils
ouvrent une nouvelle gnration des rformes est le meilleur gage pour fonder de
nouvelles expriences, lpanouissement des progrs conomique, social et culturel dupays pour inscrire dans la vie quotidienne des citoyennes et des citoyens dans toutes les
rgions du pays des acquis palpables la mesure de leur comptence, de leurs efforts et de
leurs ambitions lgitimes35.
1. La dynamique de lconomie marocaine avant la crise :
Lconomie nationale a t marque, au cours de ces dernires annes, par la
poursuite et lapprofondissement des rformes ce qui a permis, en dpit des mutationsrapides de lenvironnement international, de consolider les acquis et damliorer le niveau
de vie de la population sans pour autant compromettre la stabilit des quilibres
fondamentaux. En effet, et contrairement aux dcennies prcdentes o la croissance
conomique voluait en dent de scie et les phases dexpansion taient rapidement
interrompues, lactivit conomique nationale sest inscrite depuis lanne 2001 dans une
vigoureuse phase dexpansion et ce, en dpit des annes de scheresse et des perturbations
conomiques constates au niveau mondial36.
Notre conomie a connu dimportantes transformations au cours de ces dernires
annes, ce qui a permis daccroitre son attractivit. Elle est dsormais inscrite sur un
nouveau palier de croissance: la croissance du PIB hors-agriculture a t de 5% en
moyenne pour la priode 2004-2007 contre 3,9% pour la priode 1999-2003. Lconomie
nationale a ainsi dvelopp une capacit de rsistance aux chocs exognes travers la
consolidation des activits non agricoles et leur autonomisation relative vis--vis des
alas climatiques37.
Graphe N5 :
Nouveaux paliers de croissance38
35Op.cit.36
Op.cit, p.8.37
Ministre de lconomie et des finances : projet de loi de finance pour lanne budgtaire 2009 p.5638
http://www.finances.gov.ma/depf/depf.htm
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Source : http://www.finances.gov.ma/depf/depf.htm
Cette priode sest caractrise par une croissance plus leve et moins volatileque par le pass. La stabilit macroconomique a t consolide, en attestent la matrisetaux d'inflation pour se situer en dessous de 3%, Les finances publiques ont t assainies,comme en tmoignent la rduction continue du dficit budgtaire et la baisse du tauxdendettement extrieur de 26,4% du PIB en 2003 19,8% en 2007, le compte courantextrieur excdentaire de plus de 2,4% et les rserves de change en constante progression.Ce qui explique ainsi non seulement le renforcement de la vigueur de l'conomie maisgalement de sa capacit d'adaptation aux mutations mondiales39.
Graphe N 6 :
Evolution du taux dinflation au Maroc 1990-2008
Source : Ministre de lEconomie et des Finances
Graphe N 7 : Evolution du dficit budgtaire en % du PIB
39Ministre de lconomie et des finances, La dcennie des rformes et du progrs, pour un Maroc moderne etsolidaire 1999-2009 , Direction des Etudes et des Prvisions Financires, Juillet 2009, p.10.
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Source : Ministre de lEconomie et des Finances
La dynamique de la croissance a t favorise notamment par la poursuite de
rformes sectorielles et structurelles visant libraliser davantage l'conomie marocaine,
faciliter sa mise niveau et amliorer sa comptitivit globale en vue dune meilleureinsertion dans l'conomie mondiale40. De mme, la coopration conomique et
commerciale a toujours constitu un important levier daction de la stratgie douverture
engage par le Maroc depuis son adhsion au GATT en 1987. De plus, un important
maillage daccords de libre-change a t dvelopp, visant aussi bien approfondir
lancrage du Maroc son voisinage immdiat qu renforcer ses liens conomiques avec
les deux principales locomotives de lconomie mondiale.
Si actuellement prs de 90% des changes extrieurs du Maroc seffectuent dans le
cadre du libre-change, le poids de lUnion Europenne demeure prpondrant.
Lvolution des relations du Maroc avec ce partenaire vers le statut avanc constitue un
gage supplmentaire pour crdibiliser les rformes luvre ainsi quun levier important
permettant de repositionner lconomie dans son espace sud-mditerranen41.
La nouvelle sphre de croissance sest accompagne par un amorcement dun
processus de transformation structurelle tendant vers une tertiarisation du tissu productif
national. Ainsi, la part des activits tertiaires dans la valeur ajoute totale, aux prix
courants, sest renforce en passant de 52,1% en 1998 59% en 2007 et 55% en 2008
alors que les activits secondaires ont connu une lgre amlioration de leur poids de
27,7% en 1998 30,3% en 2008. Quant la part de la valeur ajoute du secteur primaire
(agriculture et pche), elle a accus un repli en passant de 20,2% en 1998 14,6% en
2008. Ces rsultats tmoignent de la diversification des sources de croissance et de la
modernisation du tissu productif national42.
La structure de lconomie nationale sest progressivement diversifie au profit de
secteurs dynamiques, notamment les services qui sont devenus une force dattraction des
40 Ministre de lconomie et des finances : projet de loi de finance pour lanne budgtaire 2009 p.5541Ministre de lconomie et des finances : projet de loi de finance pour lanne budgtaire 2009 p.2542 Direction des Etudes et des Prvisions Financires : LA DECENNIE DES REFORMES ET DU PROGRES POUR UN MAROCMODERNE ET SOLIDAIRE 1999-2009 p.10
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IDE et un relais important du commerce extrieur, compensant partiellement la
dgradation quasi-structurelle de la balance commerciale.
Graphe N 8 :
Transformation structurelle fonde, en grande partie sur les activits du secteur
tertiaire
Source :http://www.finances.gov.ma
Le march intrieur a bnfici dune nouvelle dynamique, soutenue par la
croissance de la consommation des mnages et par leffort dinvestissement consenti aussi
bien par le secteur priv que public. Le taux dinvestissement, qui a nettement augment
ces dernires annes pour atteindre 30% du PIB, est ce titre significatif43.
Graphe N9 : Croissance davantage tire par la demande intrieure
Source : http://www.finances.gov.ma
Cette dynamique a eu un impact sur lemploi, car il a bnfici dune volution
favorablement durant la priode 2004-2008 suite aux efforts en matire de promotion de
43Institut Royal des Etudes stratgiques, Le Maroc face la crise financire et conomique mondiale : enjeux et
orientations des politiques publiques , Mai 2009, P.16.
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lemploi, aux sries de programmes IDMAJ , TAEHIL et MOUKAWALATI et
au dynamisme de lactivit conomique et notamment dans les secteurs porteurs tels le
BTP et les services. De ce fait, le taux de chmage a marqu une inflexion la baisse
revenant de 13,9% en 1999, au niveau national, 9,6% en 200844.
Lamlioration de la croissance et de lemploi sest traduite par une apprciation duniveau de vie des citoyens reflte par laugmentation du revenu national disponible brut
par habitant qui a augment de 6,9% par an durant la priode 2004-2008, passant de
18051 23948 DH45.
Aussi lIndice de Dveloppement Humain sest-il relativement amlior. Son taux
de croissance annuel moyen a atteint 1,6% entre 2000 et 2006 contre 1% entre 1995 et
2000.
Dans le mme sens, le taux de pauvret a t rduit de 6,3 points pour atteindre 9%
en 2007. En outre, la nette amlioration des revenus trouve appui dans les mesures prisesdans le cadre du dialogue social. Il sagit notamment de laugmentation du SMIG, de la
revalorisation du salaire des fonctionnaires, du renforcement de la couverture mdicale de
base ainsi que du ramnagement de lImpt sur le Revenu. Cet accroissement du revenu
est d galement au dveloppement du micro-crdit46.
2. La crise financire internationale : pourquoi le Maroc a t pargn ?
linstar des autres pays du monde, le Maroc sest trouv devant lanticyclone
financier qui a troubl les fondements macroconomiques internationaux, mais grce la solidit accrue de son systme bancaire et sa faible exposition aux marchs financiers
internationaux, le Maroc na pas t affect au dbut par la crise financire
internationale. En effet, lvaluation de la stabilit du systme financier (Financial System
Stability Assessment), ralise en novembre 2007, concluait que le systme bancaire
marocain tait stable, bien capitalis, profitable et rsistant aux chocs (FMI, 2008). Cette
valuation conforte la politique de consolidation du systme bancaire qui a notamment
consist en lalignement du cadre rglementaire sur les standards internationaux de Ble
II et en le redressement des banques publiques, dsormais assujetties au mme titre que lesbanques prives au respect des rgles montaires et prudentielles. Les investigations
entreprises par Bank Al-Maghrib, ds la manifestation des premiers signes de la crise
financire internationale, montraient que la part des actifs trangers dans le total des
actifs des banques marocaines demeurait marginale (moins de 4%) et que les banques ne
dtenaient pas dactifs toxiques dans leurs portefeuilles. En outre, selon les statistiques du
44 Ministre de lconomie et des finances, La dcennie des rformes et du progrs, pour un Maroc moderne etsolidaire 1999-2009 , p.1345 Op.cit.46 Ministre de lconomie et des finances, projet de loi de finance pour lanne budgtaire 2009 rapportconomique et financier p.56
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Conseil Dontologique des Valeurs Mobilires, la part des non-rsidents dans la
capitalisation boursire, hors participations stratgiques, stablissait moins de 1,8%
fin 200747(Jouahri A., 2008).
En outre, plusieurs facteurs de rsilience ont t la faveur de lconomie nationale :
Un chssis macroconomique sain
Lapprofondissement des rformes structurelles menes par notre pays au cours
des dernires annes a considrablement renforc les quilibres macroconomiques
fondamentaux, comme le refltent les donnes sur longue priode au plan de la croissance,
de la position budgtaire, de linflation et des comptes extrieurs. Ainsi, la croissance sest
nettement renforce et est devenue moins volatile et ce, grce au processus de
diversification de lconomie. Paralllement, la position budgtaire sest sensiblement
consolide grce au bon comportement des recettes fiscales et en dpit des dpensesimportantes de compensation, lies laugmentation du prix du ptrole. Le dficit
budgtaire en moyenne sur la priode 2000-2008 a ainsi reprsent 3,7% du PIB. Par
ailleurs, il est important de souligner lindpendance du budget de lEtat par rapport aux
recettes de privatisation au cours des dernires annes.
En ce qui concerne lvolution des prix, il est important de souligner que le Maroc
sest inscrit dans un mouvement dsinflationniste global. Ce qui a contribu notamment
prserver la valeur interne de la monnaie et empcher tout dsalignement du taux de
change effectif du dirham en termes rels.Dans le mme temps, le solde du compte courant de la balance de paiements a
dgag un excdent de lordre de 2% du PIB en moyenne entre 2001 et 2007 (avant de
devenir ngatif en 2008), tandis que les rserves de change se sont consolides pour
reprsenter environ 9 mois dimportation de biens et services au cours de ladite priode.
Enfin, lacclration des rformes structurelles et celles des secteurs pour lesquels
le Maroc dispose davantages comparatifs, ainsi que laugmentation significative de
linvestissement dans le domaine des infrastructures, ont contribu consolider de
manire significative la stabilit macroconomique48.
Un systme bancaire solide
Paralllement aux rsultats positifs des rformes adoptes par notre pays, la
solidit du systme bancaire et financier national a fortement contribu la rsilience du
Maroc par rapport la crise. Le secteur bancaire, qui en constitue la composante
essentielle, a t jug par la mission du FSAP, effectue en 2007 conjointement par la
47Institut Royal des Etudes stratgiques, Le Maroc face la crise financire et conomique mondiale : enjeux et
orientations des politiques publiques , Mai 2009, P.18.
48 Bank AL-MAGHRIB LE MAROC FACE A LA CRISE ET A LAPRES-CRISE , M. Abdellatif JOUAHRI,novembre 2009, p.14-16.
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Banque Mondiale et le FMI, comme stable, solide, et faisant preuve dune bonne rsilience
face aux volutions du contexte international.
Au niveau des crdits, alors mme que dans plusieurs pays on a assist
leffondrement du march interbancaire, ainsi qu linterruption des oprations de crdit
aux entreprises et aux particuliers, lactivit du crdit est demeure vigoureuse au Maroc.Ainsi, aprs avoir augment de 29% en 2007, les crdits bancaires en 2008 se sont inscrits
en hausse de 23% pour atteindre 519,3 milliards de dirhams, stimuls par la demande tant
des mnages que des entreprises et par une concurrence trs soutenue.
Cette forte hausse du crdit bancaire sest droule dans un contexte de matrise
des risques. En effet, le taux moyen des crances en souffrance a continu se rduire
pour ne plus reprsenter que 6% de lensemble des crdits, ce taux tant ramen 4,3%
pour les banques capital majoritairement priv. De mme, le taux de couverture des
crances par les provisions sest amlior de manire significative pour atteindredsormais 75,3% et le ratio de solvabilit sest tabli un niveau satisfaisant du point de
vue des normes internationales.
Le secteur bancaire national reste, par ailleurs, particulirement rentable,
confirmant par l sa solidit et son adaptation dans un environnement international
difficile et en constante mutation. Quant lexposition du secteur bancaire sur ltranger,
les rsultats des investigations menes par Bank Al Maghrib ds le dclenchement de la
crise sur le plan international ont montr que cette exposition aux facteurs de risques ainsi
que les canaux de contagion purement financiers de la crise sont trs limits. La part desactifs trangers est faible, les banques ne dtiennent pas de produits dits toxiques et les
risques sur les contreparties trangres sont matriss.
Un march financier faiblement expos sur linternational
En ce qui concerne lactivit sur les marchs de capitaux, le march financier a
fait lobjet dune multitude de rformes et plusieurs textes rglementaires ont t adopts.
Ces rformes conjugues une conjoncture conomique favorable ont favoris une
importante progression de lactivit boursire. Lindice de la place casablancaise a
enregistr des performances remarquables de lordre de 71% et de 34% respectivement en
2006 et 2007. Autre dveloppement considrable, celui de la gestion dactifs avec un actif
net des OPCVM dpassant fin 2008 les 160 milliards de dirhams et un nombre dacteurs
sur le march en constante progression (260 fonds en activit en 2008 contre 22 en 1996).
Aprs cinq annes successives de performances exceptionnelles, le MASI a, en
effet, accus un repli de 13,5% en 2008 et enregistr une volatilit accentue au titre des
neuf premiers mois de lanne 2009. A cet gard, les analystes attribuent ce repli des
facteurs psychologiques plutt qu' un signe de faiblesse de la place marocaine. La place
boursire de Casablanca, la diffrence dautres marchs, na pas connu de mouvements
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de ventes erratiques. Les fondamentaux des socits cotes sont solides avec de relles
perspectives de croissance, tandis que le poids des investisseurs trangers dans le march
boursier, limit 2,3% fin 2008, demeure globalement insignifiant. Cette phase de
baisse correspond davantage un mouvement de correction du march provoqu par un
rajustement aprs les niveaux de valorisation prcdents anormalement levs et endconnexion totale avec lvolution des fondamentaux des entreprises cotes.
Concernant le secteur des assurances, celui-ci n'est pas non plus impact par la
crise financire, dans la mesure o il s'agit d'un march essentiellement domestique et
faiblement expos sur l'extrieur, ajoutant, dans ce cadre, que la rglementation limite
5% la part du total des actifs des assurances qui peuvent tre placs l'tranger.
Un compte capital partiellement ferm
Les autorits ont privilgi une ouverture graduelle du compte capital. Les
principales mesures adoptes en 2007 ont concern lautorisation accorde aux OPCVM
et aux compagnies dassurance de placer une part de leurs actifs ltranger sous rserve
de certaines conditions ainsi que lassouplissement des conditions de placement des
banques ltranger.
Les autres mesures sont relatives :
Llargissement des instruments de couverture contre les risques de change qui doivent
permettre aux exportateurs et importateurs de simmuniser contre toute fluctuationindsirable du taux de change,
La possibilit pour les entreprises dinvestir librement jusqu' 30 millions de dirhams
par an dans des projets productifs lis leur secteur dactivit.
La possibilit pour les importateurs de rgler par anticipation jusqu 40% de la valeur
des importations pour des biens et 20% pour des services.
La possibilit pour les exportateurs doctroyer des crdits qui peuvent atteindre jusqu
85% du montant convenu au profit de leurs clients.
La hausse de la part des recettes dexportation pouvant tre conserves dans les comptes
en devises ou en dirhams convertibles de 20% 50%.
Il est important de souligner ce niveau que la rsilience de lconomie marocaine
dans cette phase de crise est attribuable pour une large part au maintien du rgime de
change fixe et la faible exposition en devises des agents conomiques. Dans ce domaine,
le Maroc a opt pour une approche prudente et progressive49.
En revanche, le Maroc se trouve, comme des autres pays mergents, affect par le
retournement de lconomie mondiale depuis le second semestre 2008. Le taux de
croissance pour lanne 2008 reflte globalement cet impact, en raison de la
49 Bank AL-MAGHRIB LE MAROC FACE A LA CRISE ET A LAPRES-CRISE , M. Abdellatif JOUAHRI,novembre 2009, p. 16-23.
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synchronisation de son cycle conomique avec celui de ses principaux partenaires
conomiques, notamment la France et lEspagne50.
II- Limpact de la rcente crise sur lconomie marocaine
Le Maroc, linstar des pays mergents, a subi depuis le second semestre 2008 les
rpercussions de la crise mondiale qui ont t ressenties principalement travers le canal
macroconomique, le systme financier, du fait de sa faible exposition aux marchs
financiers internationaux, ayant t relativement pargn par les effets de la crise. Les
canaux rels de propagation ont impact essentiellement les exportations de biens et
services, les recettes du tourisme, les transferts de fonds des Marocains rsidant
ltranger et les investissements directs trangers51.
1. Les secteurs touchs par la crise au Maroc :
Le systme financier marocain na pas pti de la crise financire pour deux raisons
essentielles. La premire a trait au cadre rglementaire et marqu par le strict respect des
rgles prudentielles de Ble II. La deuxime est lie sa faible intgration dans la finance
mondiale. La part des actifs trangers dans le total des actifs des banques marocainesreprsente moins de 4% et la part des non-rsidents dans la capitalisation boursire, hors
participations stratgiques, tait infrieure 1,8% fin 200752.
La sphre relle, quant elle, a ressentie limpact de la rcession que connaissent
les principaux partenaires conomiques du Maroc, notamment la France et lEspagne.
Quatre principaux domaines ont t directement impacts par la crise: les changes
commerciaux, lactivit touristique, les transferts des MRE et les flux de capitaux dont les
IDE.
En 2009, le commerce international a rgress de 11,9% en volume et la demande
mondiale adresse au Maroc de 10%. Cette volution a engendr un recul des
exportations marocaines de biens et services de 13,1% en volume.
Graphe N 10 :
Evolution de la balance commerciale
(en milliards de dirhams)
50Institut Royal des Etudes stratgiques, Le Maroc face la crise financire et conomique mondiale : enjeux et
orientations des politiques publiques , Mai 2009, P.18.51Bank AL-MAGHRIB LE MAROC FACE A LA CRISE ET A LAPRES-CRISE , M. Abdellatif JOUAHRI, novembre2009, p.3.52Haut-commissariat au plan IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LECONOMIE MAROCAINE ,p.1
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Source :Bank Al-Maghrib
Pour ce qui du secteur du tourisme, il semble tre moins touch par la crise. Et
bien que les arrives de touristes de sjour aient enregistr, en 2009, une lgre
augmentation (2%), les nuites dans les tablissements dhbergement classs ont rgress
de 1,4% et les recettes touristiques ont diminu de 5%. Nanmoins, avec 53 milliards de
DH gnrs en 2009, ce poste continue de reprsenter le principal pourvoyeur de devises.
Graphe N 11 :Evolution des recettes des voyages
(En glissement annuel)
Source :Bank Al-Maghrib
Du ct du compte capital, le repli des revenus nets en provenance du reste du
monde, notamment les transferts des MRE a t lorigine du ralentissement de la
croissance du revenu national brut disponible qui a enregistr une hausse de 4,6% en
2009 contre 10,9% en 200853. En matire de transferts effectus par les marocains
rsidents ltranger, il est noter que sur la priode 2002-2007, ils ont enregistr un
53Haut-commissariat au plan IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LECONOMIE MAROCAINE ,p.3
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taux daccroissement annuel moyen de 7,4% pour atteindre 55 milliards de dirhams en
2007. La rcession qui a frapp les principaux pays daccueil, particulirement lEspagne,
la France et lItalie, a commenc se faire sentir sur ces transferts partir du quatrime
trimestre de 2008. Globalement ils ont rgress de 3,5% en 2008 et de 5,4% en 2009
contre une hausse de 15% en 2007.
Graphe N 12 :
Evolution mensuelle des recettes des MRE
Source : Office des Changes
En ce qui concerne les IDE, le Maroc est considr comme une des premires
destinations en Afrique et dans la zone MENA. Durant les annes 2000, il a bnfici de
lessor remarquable de ces flux au niveau mondial, et ce grce un cadre institutionnel
favorable, la stabilit macroconomique et une politique de dveloppement
volontariste. La crise financire mondiale na pas manqu dinverser cette tendance,
entranant de fortes rgressions des IDE de 26,3% en 2008 et 29,2% fin septembre 2009.
Ce repli a concern les principaux pays metteurs en loccurrence la France (-26,1%),
lEspagne (-57,2%) et le Royaume-Uni (-47,1%). Bnficiant du 1/3 des IDE raliss au
Maroc, le secteur du tourisme a t le plus touch par la compression de ces derniers,
accusant une chute de 54% en 2008. En dpit dun lger essoufflement de son activit, le
secteur immobilier continue, en revanche, de drainer les investissements trangers malgr,
les IDE quil a attirs ont augment de 17,6% en 200854.
54Haut-commissariat au plan IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR LECONOMIE MAROCAINE ,p.2
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Graphe N 13 :
Evolution des IDE au Maroc
(En millions de dirhams)
Source : Office des Changes
Toutefois, les effets de cette crise sur les activits ouvertes sur le reste du monde
ont t ngatifs sur un solde extrieur dj dficitaire. Ceux-ci demeurent relativement
limits sur la croissance qui na accus quun lger ralentissement (5,6% en 2008 et 4,9%
en 2009) la faveur de la bonne tenue de la demande intrieure et des bons rsultats dusecteur agricole. La croissance du PIB agricole a t de lordre de 16,3% en 2008 et de
30,6% en 2009.
En revanche, les secteurs du secondaire (BTP, industrie de transformation, mines
et nergie) ont accus, globalement, une baisse de lordre de 4,7% en 2009 aprs une
croissance de 3,6% en 2008 et de 6,6% en 2007. La cause principale de cette volution est
attribue au secteur minier qui a ptit de la rgression de la demande mondiale sur les
phosphates. De leur ct, les industries de transformations ont eu une croissance trs
modeste en liaison, notamment, avec la rgression de lactivit des industries de
transformation des phosphates, du textile, des biens dquipements et de lautomobile,
alors que la demande intrieure a soutenu la croissance des industries agroalimentaires.
Bien quil soit en lger ralentissement par rapport aux rsultats des dernires
annes, le secteur tertiaire a pu maintenir son rythme de croissance de 3,9%, grce la
consolidation des services marchands, autres que le tourisme.
Ainsi, les effets de la crise ont t attnus grce la demande intrieure. La
formation brute de capital fixe a augment de 2,5% en volume en 2009 la faveur de la
hausse de linvestissement du secteur public de 24,4% en terme nominal, qui a permis de
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compenser le recul des IDE reus ainsi que le ralentissement de linvestissement priv
national.
Pour ce qui est de lvaluation des effets de la crise sur lconomie marocaine
lhorizon de 2015, lvolution future des transferts des MRE et de la demande mondiale
adresse au Maroc, est prise en compte sur la base des perspectives de lconomiemondiale telles qutablies par les institutions internationales, notamment le Fonds
Montaire International (FMI). Ainsi, les transferts des MRE et la demande trangre
adresse au Maroc, tributaires de lactivit conomique mondiale sont supposs connatre
une reprise partir de 2010. En consquence, les effets de la crise sur lconomie
marocaine commenceront sattnuer partir de 2010 pour disparatre quasiment en
201255.
Tableau N 3:
Les effets de la crise sur les principales variables macroconomique56
2008 2009 2010 2011 2012
En taux de
croissance
Consommation
Investissement
PIB
Exportations
importations
-1.42
-1.01
-0.86
-1.01
-1.74
-3.12
-3.57
-2.46
-4.34
-5.08
-2.15
-3.72
-1.54
-3.42
-4.54
-0.95
-1.94
-0.62
-2.43
-3.04
0.26
-0.11
0.32
-0.86
-0.95
En diffrence Population en chmage
Emploi
24594
-36020
81655
-119590
71356
-
104510
39088
-57250
-1933
2830
Ecart en % du
PIB
Dficit budgtaire
Dficit commercial
-0.21
0.44
-0.70
0.69
-0.78
0.68
-0.45
0.28
-0.15
-0.10
Source :Haut-commissariat au plan
Le Maroc, aprs avoir t pargn dans un premier temps par la crise financire, grce la solidit de son systme bancaire et sa faible exposition aux marchs financiers
internationaux, subit depuis le deuxime semestre 2008 les rpercussions de la crise
conomique mondiale par le biais des secteurs exportateurs, en loccurrence le secteur du
textile-habillement occupant une position de premier plan et fortement intgr dans
lconomie internationale57.
55HCP, Impact de la crise mondiale sur lconomie marocaine 56 Op.cit, p.4.
57Mhamdi M., Limpact de la crise conomique internationale sur le secteur des industries de textile ethabillement au Maroc , p.2
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2. Les stratgies de prparation de laprs-crise
Le paysage mondial a t profondment boulevers par les dgts causs par la
crise financire, en effet, elle a rvl des malaises profonds au niveau du systme
conomique. Sur le plan financier, des dysfonctionnements latents continuent decaractriser les marchs. Au niveau rel, cause du flchissement drastique de la
demande, lappareil productif a t mis mal, causant la faillite de nombreuses
entreprises et bloquant lactivit conomique. En mme temps, lintermdiation financire
a t lourdement entrave. Dans presque tous les pays, les sommes colossales dbourses
par les Etats pour venir en aide leur conomie ont alourdi les charges pesant sur les
finances publiques58.A ce niveau, le rle de lEtat est dterminant puisquil a vocation non
seulement les prvenir mais surtout savoir les grer en leur apportant des solutions
pragmatiques et durables59.
a- Les mesures stratgiques compatibles au nouveau cadre mondiale :
Il est important de relever que la crise na pas forcment que des effets ngatifs,
elle peut aussi avoir un effet salvateur qui pousse aller de lavant, dpasser les
blocages, trouver des issues et procder des ajustements dans tel ou tel secteur. A ce
titre, elle peut tre lorigine dun vaste mouvement de reconstruction et de
transformation. De ce point de vue, la rforme doit gnrer des ides nouvelles, inciter la rflexion, laction et linnovation. Il ny a pas de crise subies, mais seulement des
crises mal gres, mal prvues, toutes les organisations publiques peuvent tre rsilientes,
quelque soit le contexte dans lequel elles se trouvent60.
La ncessit pour le Maroc de se positionner trs tt pour laprs-crise mondiale
relve dun parti pris tant optimiste que prvoyant. Il dcoule aussi de trois
considrations majeures:
Dans la gestion lchelle nationale des consquences de la crise, les mesures
durgence et les dcisions visant le moyen terme sont interdpendantes et doivent tre
menes de manire cohrente et complmentaire ;
Le Maroc na commenc sentir les effets de la crise mondiale quavec un certain
retard par rapport ses principaux partenaires. Il est ainsi fort probable quil continue
subir encore la crise au moment o ses partenaires sen seront dj sortis ;
Le Maroc a vu arriver la crise mondiale alors quil tait sur un sentier prometteur
de croissance et quil venait de lancer des stratgies sectorielles volontaristes, lesquelles
58 Bank AL-MAGHRIB LE MAROC FACE A LA CRISE ET A LAPRES-CRISE , M. Abdellatif JOUAHRI,
novembre 2009, p.29.59 Sedjari A., Gouvernance, rforme et gestion du changement , LHarmanttan, 2008, p.25-26.60 Op.cit
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devraient tre aujourdhui rajustes ou acclres, en fonction notamment des
perspectives post-crise61.
Cest pourquoi, il est capital de mener sur le mme front aussi bien la gestion de la
crise que la prparation de laprs-crise, en uvrant avec tous les moyens possibles, pour
que le Maroc soit prt poursuivre sa dynamique de croissance et de dveloppement lasortie de la crise.
Au-del des rponses conjoncturelles, il sera tout aussi capital de rsoudre les
problmatiques structurelles qui sont antrieures la crise et que cette dernire a plus que
jamais mises en exergue. Pour ce faire, le Maroc devrait apporter une rponse audacieuse
et globale, apprhendant la cartographie de tous les risques probables et ordonnanant,
avec intelligence, le dploiement des mesures et laffectation des moyens62.
En revanche, Les stratgies de prparation de laprs-crise pourraient emprunter
cinq voies majeures, savoir : lexigence dune meilleure concertation au niveau international : cette stratgie
se traduirait par une collaboration troite en matire de politiques mises en uvre. Les
effets de la crise ont t attnus grce aux mesures conjointes prises dans le cadre de
cette collaboration. La mise en place de plans de relance budgtaire associe aux mesures
prises par les banques centrales ont permis de rtablir la confiance dans le systme
financier et de soutenir la production.
Cette collaboration est rendue dautant plus ncessaire durant cette priode de laprs
crise pour assurer une croissance forte et quilibre. Elle devrait notamment statuer pourdterminer lopportunit propice pour retirer les mesures de soutien adoptes pour faire
face la crise. Elle est galement utile pour promouvoir une intgration financire accrue
mais solide et saine, compte tenu de linterdpendance entre les diffrents marchs et
acteurs financiers.
lamlioration des systmes de rgulation, la ncessit de pallier aux insuffisances
de la demande prive : Le Maroc a entreprisdimportantes rformes structurelles qui lui
ont permis damliorer ses fondamentaux macroconomiques et de progresser sur la voie
de la modernisation de ses structures conomiques et institutionnelles. Ces rformes
mritent dtre poursuivies pour accrotre la comptitivit de lconomie nationale, saisir
les opportunits nes de la crise et dvelopper un march intrieur mme de constituer
un vritable relais de croissance en cas de crises. Il faudrait ainsi maintenir le cap sur ce
double pari: asseoir un quilibre de croissance qui approfondit le march intrieur tout en
tirant pleinement partie de louverture63.
61Institut Royal des Etudes stratgiques, Le Maroc face la crise financire et conomique mondiale : enjeux et
orientations des politiques publiques , Mai 2009, P.37.62 Op.cit, p.3863 Opcit, p.41
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le renforcement du systme montaire international : La consolidation de la
stabilit financire doit se poursuivre avec la convergence des normes applicables au
secteur bancaire vers les standards internationaux. Par ailleurs, il est urgent de procder
une bancarisation plus pousse de la population. La pntration des services financiers
demeure extrmement modeste et en de de son potentiel, et doit constituer dans lesannes venir un objectif majeur pour le secteur bancaire.
Pour ce qui est de la modernisation du march financier, il est important que la
Bourse de Casablanca recouvre son dynamisme pour quelle puisse remplir efficacement
son rle dans lconomie. Les rgles dintgrit et de transparence doivent tre galement
renforces. Enfin, des projets de loi importants tels que la complte autonomie des
autorits de rgulation (CDVM et DAPS) ainsi que la cration dun march terme de
produits financiers doivent tre rapidement adopts.
Le besoin dune meilleure intgration des pays en dveloppement : La crise
actuelle rappelle le caractre dcisif de lancrage des ensembles rgionaux solides et
intgrs. Si elle conforte notre pays dans ses choix stratgiques dintgration rgionale,
elle invite nanmoins aujourdhui le Maroc intensifier ses rapports de partenariat avec
le voisinage maghrbin et africain64. Il convient de capitaliser sur les avances
accomplies pour renforcer lattractivit de notre pays et assurer le succs de sa
transformation en plateforme financire internationale.
Par ailleurs, compte tenu des faibles perspectives de croissance dans la Zone euro,le Maroc aurait avantage sacheminer vers lintgration des espaces rgionaux qui
comme le montre lexprience internationale en la matire, sont susceptibles dagir plus
largement. A cet gard, lintgration maghrbine pourrait constituer un vecteur efficace
de croissance pour lensemble des pays. A court terme, des rapprochements au plan
financier avec certains pays pourraient reprsenter une premire phase dvelopper65.
La consolidation des rformes des politiques sociales : Au plan social,
lorientation stratgique consistera consolider le lien social par le biais dune refonte
profonde des politiques sociales. Pour cela, une rorganisation du paysage national des
acteurs de dveloppement social doit tre entreprise. Cette rorganisation se traduirait
par plusieurs actions.
Tout dabord, il sagit de consolider le lien social et mettre laccent sur le
dveloppement humain, sans lequel aucune croissance conomique nest viable long
terme. Les actions de lutte contre la pauvret et la prcarit doivent tre considrablement
renforces. A cet gard, le Maroc a organis sa stratgie de politique sociale dans le
cadre de lINDH. Il est ncessaire dapprofondir ces programmes sociaux, notamment au
64 Opcit, p.4465 Bank AL-MAGHRIB LE MAROC FACE A LA CRISE ET A LAPRES-CRISE , M. Abdellatif JOUAHRI,novembre 2009, p.31.
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moyen de laccs aux services sociaux et de meilleure qualit, de lacclration du rythme
de cration demplois et dune valuation rgulire des programmes afin didentifier et de
pallier aux insuffisances constates.
Ensuite, les politiques sociales devraient tre rformes en profondeur travers
une valuation de lefficacit des programmes de dveloppement humain et une refonte dusystme de compensation en vue dassurer une meilleure quit sociale en faveur des
couches les plus dfavorises et les plus vulnrables. Enfin, il est ncessaire dacclrer et
dapprofondir les rformes en matire dducation nationale et de justice66.
b- Dfis relever en termes dune comptitivit durable :
Aussi profonde qu'elle puisse tre, la rforme institutionnelle ne peut aboutir que si
elle est taye par des rformes structurelles ou complmentaires qui devraient nous
permettre de renforcer nos atouts conomiques et sociaux, en donnant une nouvelle
impulsion aux secteurs cls, notamment ceux de l'enseignement, de l'agriculture, de
l'nergie, de l'eau, et du dveloppement industriel67.
Au Maroc, ds lapparition des premiers effets de la crise, les autorits ont mis en
uvre, de manire concerte et rapide, les mesures ncessaires pour venir en aide aux
secteurs affects. Mais au-del de lenclenchement de la reprise, il sagit dores et dj de
mettre en uvre et dacclrer les stratgies de sortie de la crise destines remdier aux
insuffisances structurelles de lconomie que la crise a contribu mettre en exergue, demme assurer lavenir une croissance forte et durable68.
Plusieurs dfis nous attendent dans les annes venir. Il sagit tout dabord et sans
plus attendre de mettre en place les rformes indispensables une acclration de la
croissance sur une base durable. Ces rformes qui accusent dj un certain retard dans
leur mise en uvre sont rendues dautant plus ncessaires et urgentes que la crise a mis en
vidence les problmes structurels dont souffre lconomie marocaine.
Un autre dfi concerne la gouvernance et lefficience des politiques conomiques
dans notre pays. La crise a, en effet, bien montr limportance des mcanismes de
coordination et de mise en cohrence des politiques conomiques, ainsi que la ncessit de
dispositifs efficients de suivi-valuation. A cet gard, le risque le plus important consiste
assurer une cohsion dans les diffrentes politiques publiques. La multiplication des
approches sectorielles ne doit pas prendre le pas sur la vision macroconomique69.
En dpit de la conclusion de plusieurs accords de libre change, le commerce
extrieur marocain na pas connu une modification profonde en termes de diversification
66 Op.cit, p.3567
Extrait du discours adress la Nation par Sa Majest le Roi Mohammed VI l'occasion de la Fte du Trne le 30
juillet 200868 Op.cit,69 Op.cit, p.32
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des produits et des dbouchs extrieurs et de relvement de la qualit de loffre. Ce
constat exige une action forte pour redresser la comptitivit de loffre exportable. Ce
faisant, le Maroc gagnerait prendre rapidement le train de linnovation et des mutations
technologiques.
En outre, la crise actuelle met clairement en vidence la pertinence des stratgiesde croissance fondes de manire quilibre aussi bien sur la conqute de marchs
extrieurs que sur un march intrieur dynamique, entrain par une classe moyenne
largie et un tissu dentreprises nationales comptitives.
Pour pouvoir profiter pleinement de la dynamique de laprs-crise, une vigilance
accrue devra tre porte sur le court terme aux rserves en devises pour ne pas descendre
en-dessous du plancher de 6-7 mois dimportations, la gestion des finances publiques et
au rythme des rformes structurantes70.
Chapitre II : la gouvernancedentreprise et la lutte
contre la rcente crise
La bonne gouvernance est le chemin le plus sur pour en finir avec la pauvret et
soutenir le dveloppement (good governance is the single most important way to end
poverty and support development .
70Institut Royal des Etudes stratgiques, Le Maroc face la crise financire et conomique mondiale : enjeux et orientations despolitiques publiques , Mai 2009, P.50
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KOFI Annan
La gouvernance dentreprise ne aux USA, Europe, Japon, sest dveloppe ces
dernires annes notamment la suite de grands scandales financiers ayant affect un
actionnariat important, des fonds de pension et plus gnralement la crdibilit desmarchs financiers.
Lintrt de dvelopper ce concept se justifie par la prsence dune volont affich
par les diffrents intervenants tant publics que privs pour faire de cette thmatique une
priorit nationale. Il se justifie aussi parce que nous pensons que la bonne gouvernance
est une composante de la mise niveau de lconomie mondiale dune part, et pourra
constituer une tactique dfensive contre les crises systmiques et les turbulences
financires qui caractrisent le cycle capitaliste dautre part.
La gouvernance dentreprise a t dfinie par lensemble des mcanismes
organisationnels qui ont pour effet de dlimiter les pouvoirs et dinfluencer les dcisions
des dirigeants, autrement dit, qui gouverne leur conduite et dfinit leur espace
discrtionnaire , ainsi elle se proccupe des rgles (lois , textes, contrats...) et
mcanismes (march et contrepouvoirs) qui rgentent laction et le comportement des
dirigeants dans les relations internes et externes de lentreprise avec les diffrentes parties
prenantes (actionnaires, tat et collectivits, salaris, partenaires externes) appels
stakeholders . En effet, la gouvernance dentreprise a pour but dinstaurer laconfiance partenariale, Dvelopper et consolider la comptitivit de lentreprise, Faciliter
laccs au financement et aux systmes de garantie ouverts, et Attirer des ressources
humaines efficientes.
Limportance de la gouvernance est aujourdhui comprise par les pays qui
sengagent de plus en plus amliorer leur profil de gouvernance. Gnralement, les pays
cherchent se rfrer aux principes labors et adopts par lOCDE en 1989. Ces
principes ont t rviss en 2004 pour tenir compte des volutions des contextes et des
proccupations exprimes par les pays.
Section I Les fondements thoriques du dveloppement de la
gouvernance dentreprise
Depuis quelques annes, la suite des nombreuses affaires qui ont agit les
milieux conomiques dans la plupart des pays dvelopps et de dysfonctionnementsvidents du systme conomique , de nombreux dbats se sont ouverts concernant les
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prises de contrle, les rmunration des dirigeants, les responsabilits des dirigeants et
des administrateurs, la composition et le rle du conseil dadministration, linformation et
le rle des actionnaires , le rgime de la faillite. Tous ces aspects mettant en cause la
rpartition des pouvoirs dans lentreprise relvent dun mme champ dinvestigation, la
corporate gouvernance, traduit de faon approximative et contestable par gouvernement de lentreprise 71.
La crise qui sest pleinement rvle en 2008 affecte en profondeur le mode de
fonctionnement des dirigeants en charge de la gouvernance de leur entreprise. La crise est
unique par sa globalit et aucune activit ni territoire ny chappe. Elle lest aussi par son
caractre systmique dont les enchanements fragilisent les constructions
entrepreneuriales, tatiques et rglementaires. Elle se caractrise par la destruction
massive de la capitalisation boursire et par la conjonction de la crise financire et de la
crise conomique. Dans cette crise touchant tous les acteurs, les notions de rle,dquilibre des postures et des registres dintervention des dirigeants volent en clats. Il
ne sagit pas dune crise circonscrite qui aurait appel une gestion technique et des
actions de communication ad hoc, mais dune crise qui bouscule trs substantiellement le
rle des dirigeants72.
I- Le cadre conceptuel de la gouvernance dentreprise :
71 Charreaux G., gouvernement de lentreprise , Encyclopdie de gestion, article 84, p.165272 Gouvernance dentreprise : une vision globale de management , p.58
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Depuis lapparition dun vaste mouvement de prise de pouvoir sur le march
amricain pendant les annes 1980, la littrature conomique et financire a trouv un
grand intrt dans ltude dun champ nouveau, celui de la gouvernance dentreprise.
Figure N14 : Le cadre conceptuel de la gouvernance
Source : Franois BROUARD
1. La gense dun concept novateur :
La forte mdiatisation de la gouvernance dentreprise pourrait laisser imaginer
quil ne sagit que dun effet de mode. On peut considrer que les pratiques relevant de la
gouvernance d'entreprise ont des origines anciennes dans la mesure o elles sont
indissociables du concept mme d'entreprise. En effet, la gouvernance d'entreprise faisait
dj problme au XVIIIe sicle. Adam Smith posait ainsi ds 1776, dans la Richesse des
nations, le problme de la sparation des intrts entre les dirigeants et les propritaires
dans les compagnies par action. Cette interrogation prendra une tournure nouvelle avec
l'apparition, en 1807 en France puis en Angleterre avec le Company Act et un peu plus
tard encore aux Etats unis, de la socit anonyme73.
73Mbaye Fall D., La creation de valeur dans l'entreprise: le rle de la gouvernance et des leviers financiers ,Thse Master
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Dsormais, la gouvernance des entreprises apparat sans conteste comme un d