5/11/2018 11 Octobre 2011 Aaron Curry Quotidien de Lart FR - slidepdf.com
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NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011 WWW.LEQUOTIDIENDELART.COM / 2 euros
L’Europe a-t-elle peur à ce point des étrangers qu’elle
ferme aujourd’hui ses frontières aux artistes ? Cette questionpeut légitimement se poser, même si les discours officiels necessent d’appeler les grands artistes des autres pays et con-tinents à venir s’installer et travailler sur notre sol, commel’appelait encore de ses vœux le ministre de la Culture FrédéricMitterrand dans notre édition d’hier. Pourtant, Chéri Samba,citoyen de la République démocratique du Congo, vient de sevoir refuser une nouvelle fois sa demande de visa. L’artiste estpourtant l’un des plus importants peintres africains actuels.En 1989, il a participé à Paris à l’exposition fondatrice les« Magiciens de la terre », au Centre Pompidou et à la Grande
Halle de la Villette. Avec cette manifestation, il a acquis unerenommée internationale qui l’a conduit à exposer dans les
plus grands musées et à entrer dans les collections les plus im-
portantes, en particulier la Contemporary African Art Collec-tion (CAAC) de Jean Pigozzi, ou la collection de la FondationCartier pour l’art contemporain. De nombreux collection-neurs lui ont aussi passé des commandes. C’est précisémentpour une nouvelle commande qu’il devait se rendre en France,à l’invitation de Louis Vuitton. Le géant du luxe souhaite eneffet que l’artiste congolais réalise une centaine de dessinspour illustrer l’un de ses carnets de voyage, une nouvelle col-lection qui doit être publiée en 2013. L’artiste était attendu cetété mais il a déjà dû faire face à trois refus de visas auprès dela maison Schengen de Kinshasa. « Nous avons tout fait dans
les règles. C’est tout à fait incroyable qu’on ne lui délivre passon visa », estime-t-on chez Louis Vuitton, qui
Chéri Samba, La vraie carte du Monde, 2011, 135 x 200 cm, Acrylique et paillettes sur toile, Courtesy : MAGNIN-A. © Florian Kleinefenn
* p.3 LE CENTRE POMPIDOU MOBILE S’INSTALLE À CHAUMONT
* p.6 MARTIN SZEKELY EN VEDETTE À PARIS * p.8 L’ART EN CALIFORNIE
Faitesdécouvrirce quotidien
à vos amis !
c l i q u e z - i c i
SUITE PAGE 2
Chéri Samba interdit de séjourP A R P H I L I P P E R É G N I E R
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ACTUALITÉLE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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02 Une nouvelle application
pour aider les amateurs d’art
Le collectionneur belge Alain Servais et son associé Jean-Fran-çois Picaud-Laethier viennent de lancer une application E.Art.T téléchargeable gratuitement sur tous les Smartphones pouraider les amateurs et collectionneurs dans leurs pérégrinationsculturelles à Paris, Londres, Munich. A partir de l’endroit oùl’on se trouve, on peut trouver l’adresse, et la localisation deslieux d’exposition, du plus proche au plus éloigné. La base dedonnées traite des lieux concernant l’art contemporain, l’artancien, les antiquités et le design. Elle indique par tranche dequinze jours le programme des vernissages, conférences et évé-nements temporaires. Cette application comporte un modulepayant permettant de pousser la recherche. Pour 14,99 eurospar an, l’amateur peut bénéficier d’un choix des meilleuresexpositions conseillées par les prescripteurs de la ville.www.e-reputation.org
GastonChaissac
P h o t o R e n é e B o u l l i e r
14 octobre - 19 novembre 2011
10, avenue de Messine, Paris 8
www.louiscarre.fr
Galerie Louis Carré & Cie
1940/1950
68, boulevard Malesherbes, Paris 8
www.gbl.fr
Brame & Lorenceau
1951/1964
Le Quotidien de l’Art--
Agence de presse et d’Édition de l’art 61, rue du Faubourg Saint-Denis 75010 Paris
* Contacts [email protected], [email protected] * Editeur : Agence de presse et d’édition de l’art, Sarl au capital de 10 000 euros 2, place du Maréchal Juin, 75017 Paris RCS Paris B533 871 331 * Principaux actionnaires : Mayeul Caire et Nicolas Ferrand * Directeur de la
publication : Mayeul Caire * Directeur de la rédaction : Philippe Régnier * Rédactrice
en chef adjointe : Roxana Azimi * Marché de l’art : Alexandre Crochet * Expositions,
musées, patrimoine : Sarah Hugounenq * Contributeur : Julie Portier * Maquette : IsabelleFoirest * Conception graphique : Ariane Mendez * Site internet : Dévrig Viteau
© ADAGP Paris 2011 pour les œuvres des adhérents
a déjà dû plusieurs fois annulerles places d’avion qu’elle avait réservé pour le peintre. Ce der-nier avait fait une demande d’un visa de longue durée pourplusieurs entrées, le travail sur le livre nécessitant environ unan de travail et de nombreux aller-retours entre la Républiquedémocratique du Congo et la France. Nous avons pu obtenirune copie du document officiel stipulant à Chéri Samba sonrefus de visa. Malgré la lettre d’invitation de Louis Vuitton etcelle de son galeriste André Magnin (Magnin-A, Paris), il est
Chéri Samba
interdit de séjour
précisé qu’il existe un « doute quant au but réel du voyage ».Parmi les motivations pour ce refus figurent : « Défaut de preu-ve de moyens personnels réguliers et suffisants transférables enFrance » et « Défaut pour la couverture financière pour la duréedu séjour ». Les fonctionnaires de l’espace Schengen ne sontvisiblement pas au fait de la cote de l’artiste sur le marché del’art. J’aime la couleur, une peinture de l’artiste datant de 2007et provenant d’une collection privée après avoir été acquiseauprès de Magnin-A, a ainsi atteint l’enchère de 98 500 dollarschez Phillips de Pury & Company le 15 mai 2010 à New York !Face à ce refus de visa, l’artiste, joint par téléphone à Kinsha-sa, manifeste son incompréhension. « Je voyage chaque année
vers l’Europe, je ne comprends pas, nous a-t-il déclaré. J’avais
des invitations demandées de Louis Vuitton et d’André Magnin,
mais j’ai essuyé plusieurs refus de visas. L’on met aujourd’hui
des barrières pour empêcher les artistes africains de venir en
France. Je ne comprends pas et cela m’énerve.... ». ❚ P.R .
SUITE DE LA UNE
Exclusif : le document officiel motivant le refus de visa de Chéri Samba
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FRANCELE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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Le Centre Pompidou bat la campagne. Ou plutôt sonprésident, Alain Seban, lequel sillonnera de manière sym-bolique la « France d’en bas » pour conforter, à l’instar descandidats à la présidentielle, son renouvellement en avril pro-chain. L’établissement parisien inaugurera jeudi, le 13 octobre,à Chaumont (Haute-Marne), le Centre Pompidou Mobile.Cette capsule nomade d’une superficie de 650 m2 dessinéepar l’architecte Patrick Bouchain, abritera des pièces issues descollections du musée national d’art moderne. Cette premièreétape de trois mois sera suivie en 2012 par une itinérance àCambrai (Nord) et à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Enécho à l’enveloppe colorée conçue par Patrick Bouchain, cemusée nomade focalisera sur la couleur en présentant quinzeœuvres très chromatiques telles que Double métamorphose III-
Contrepoint et enchaînement , de Yaacov Agam ; Papa Gymnas-
tique de Jean Dubuffet ou encore le mobile Deux vols d’oiseaux
de 1954 d’Alexander Calder.Cette initiative d’un coût global de 2,5 millions d’euros
est certes louable car elle s’accompagne d’un travail de média-tion locale. Mais elle frise la condescendance en faisant fi detrente ans de décentralisation. La somme payée à chaque étapepar les collectivités - 200 000 euros - n’est-elle pas exagéréepour profiter d’à peine une quinzaine d’œuvres, ce d’autant
plus que la collection du Centre Pompidou fait partie d’un
patrimoine national que financent tous les contribuablesfrançais? Heureusement, le Centre Pompidou Mobile sembletenir compte de l’existant. Une collaboration devrait ainsi voirle jour à Boulogne-sur-Mer entre le Centre Pompidou mobile,le Fonds régional d’art contemporain (Frac) Nord-Pas-de-Cal-ais et le musée-château. Une telle synergie n’existe pas encoreen Lorraine entre le Centre Pompidou-Metz et les différentsacteurs locaux. Il était ainsi regrettable que le vernissage del’exposition Daniel Buren en mai dernier ait coïncidé avec lafermeture pour montage d’expositions au Fonds régional d’artcontemporain (Frac) Lorraine, au musée de la Cour d’Or et
à la Synagogue de Delme… ❚
Le Pompidou Mobile en campagneR O X A N A A Z I M I
Centre Pompidou Mobile © Patrick Bouchain
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H 122 x L 188
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FRANCELE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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Pour attirer les voix, les municipalités se sont emparéesde l’art contemporain. En 2001, la Ville de Paris a lancé laNuit Blanche, en injectant 1,2 million d’euros pour une seulesoirée. De quoi faire tiquer les institutions parisiennes, qui,
même si elles se prêtent à l’opération, souffrent de gravescarences en termes de sécurité, de personnel, sans parler desbudgets en berne pour les expositions. « Les musées récla-
ment la Nuit blanche, défend Christophe Girard, adjoint aumaire de Paris, chargé de la culture. L’événement coûte moins
cher que le prix d’un café par habitant, et il permet à beaucoup
d’artistes de montrer leur travail. Nuit Blanche fait partie de
l’histoire de Paris, ce n’est pas pour remplacer un musée, mais
c’est un complément. Cela n’aurait pas de sens de dire que l’on va
grignoter sur le budget de cette manifestation pour redistribuer
aux musées. Les musées eux-mêmes ne seraient pas d’accord. »
Pas sûr… De son côté, le festival Evento, organisé à Bordeauxjusqu’au 16 octobre sous la houlette de l’artiste Michelan-gelo Pistoletto, ne pioche pas dans le budget culture de lamunicipalité, mais dans une cagnotte spéciale allouée parle cabinet du maire Alain Juppé et complété par des apportsprivés et publics. Programmé initialement en 2009 dansl’idée de Bordeaux capitale européenne de la culture 2013,l’opération a tout d’une danseuse, coquette et gourmande,puisque qu’elle coûte la bagatelle de 4,2 millions d’eurospour seulement dix jours d’exposition. Soit plus que le budgetannuel du CAPC - Musée d’art contemporain de Bordeaux,
lequel ne dispose que d’environ 300 000 euros par an pourses expositions. Jusqu’à présent, l’empreinte sur les institu-tions de la ville était restée modeste. « Ce qui est intéressant,
c’est que Pistoletto a fait pour cette édition un énorme travail
avec le milieu associatif local », souligne Charlotte Laubard,directrice du CAPC. « L’événement est artistiquement positif ,
poursuit Thomas Bernard, directeur de la galerie CortexAthletico. Mais la question que je me pose, c’est : avons-nous
un environnement mature pour cela ? Les budgets culture sont à
la baisse, les organismes sont à la peine. Il faut voir comment un
événement pourrait être une courroie d’entraînement à la fois par
rapport au public, et par rapport à l’environnement profession-
nel. Il faudrait profiter de l’événement pour planter des racines.
Tout dépend à quelle profondeur on sème. Là, c’est proche du
semis de gazon ». ❚
Quand les villes se piquentd’événementiel
R O X A N A A Z I M I
Pascale Marthine Tayou, Poupées Pascale, 2008, Crystal, mixed media,dimensions variable
R.A. : Comment le public bor-delais peut-il réagir à votre édi-
tion d’Evento ?
M.P. : Les citoyens bordelais sontsur la réserve, ils ne croient pasvraiment que cela les regarde.Bordeaux se place plus ou moinscomme toutes les cités euro-péennes. Il y a une compétitionentre les villes pour être la MissFrance. Il faut aller plus loin.
R.A. : Plus loin comment ?M.P. : Le peuple n’est jamaisen condition de proposer, maisde s’opposer. Avec le Chantierdes savoirs partagés, les artistesse mettent en relation avec les différentes associations. Sinotre expérience à Cittadelarte [fondation créée par Pisto-letto sur le mode du laboratoire à Biella, en Italie, NDLR] aété productive et positive, elle le sera aussi pour Bordeaux.R.A. : Mais n’y a-t-il pas une contradiction entre votre
ambition d’ordre éthique et écologique, et l’ambition po-
litique de la ville ?M.P. : Si on n’amène pas quelque chose de différent, onreste dans la plate normalité. La particularité d’Evento, c’estde faire une ré-évolution. La révolution n’amène pas unecapacité d’organisation. Ré-évolution, ça veut dire changerles choses en sachant comment le faire. R.A.
Entretien avec
Michelangelo Pistoletto,
commissaire d’Evento
Michelangelo Pistoletto© F Deval mairie de bordeaux
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Martin SzekelyDESIGNER
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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ENTRETIEN
A.C. :En 1996, vous déclarez ne plus vouloir dessiner,
titre de cette exposition au Centre Pompidou. Qu’est-ce qui vous conduit à cette rupture ?
M.S. : Je continue à « prendre des notes » en dessinant.Mais je suis arrivé au constat qu’après avoir beaucoupdessiné, le dessin m’enfermait dans mon moi profond.
J’ai alors commencé à faire des objets en mettant de ladistance avec eux. Et pris en compte tout ce qui m’étaitextérieur : les origines d’une table, son histoire, son modede réalisation, sa destination… Mon but est d’arriver àdes objets tangibles, pas à des signatures graphiques.A.C. : L’auteur ne risque-t-il pas alors de disparaître
au profit de la fonction ?M.S. : Ce n’est pas de l’anonymat, sinon ce serait unjeu de dupes. Si la question de la signature, de l’auteurm’importe peu, il s’agit bien d’une exposition « MartinSzekely » ! Comme un chef d’orchestre avec les sons, jesynthétise des données.
A.C. : La discrétion du meuble, si l’on pense à la table
ML dont le plateau miroir absorbe l’espace environ-
nant, n’est-elle pas une ruse ?
M.S. : Invariant anthropologique partout dans le monde,la présence d’objets autour de nous est l’un de mes
principaux sujets d’étude. Dans le pire des cas, ils vousencombrent, dans le meilleur, ils vous accompagnentcomme des ombres. Mon rôle, c’est de rendre acceptablela présence des objets, ces prolongements de nos corpsnécessiteux. Ils soutiennent, contiennent et n’ont pasà s’exposer, contrairement aux œuvres d’art. Sans unecertaine distance propice à la contemplation, je n’auraispu les montrer au Centre Pompidou.A.C. : Quand on visite l’exposition, on est frappé par
la palette chromatique réduite…
M.S. : La couleur ne m’intéresse pas, je ne la mémorise
pas. On passe tout de même dans mon œuvre tour àtour du blanc, gris ou noir à un vert d’eau très naturel,assez présent. Mais la couleur ne rentre pas en ligne decompte pour moi.A.C. : Vous définiriez-vous comme artiste ou designer ?
M.S. : Je ne me définis pas. J’emprunte
ANTI ZAHA HADID DU DESIGN, MARTIN SZEKELY A BÂTI UNE ŒUVRE MINIMALISTE ETDISCRÈTE CENTRÉE SUR L’USAGE, À DÉCOUVRIR D’URGENCE AU CENTRE POMPIDOU
ET À LA GALERIE KREO. ENTRETIEN.
Martin Szekely sur le bureau Heroic Carbon, fibres de carbone,
édition limitée à 8 ex. + 2 EA + 2 prototypes, h. 115 x 226 x 75 cm
galerie kreo, 2010. © photo : Fabrice Gousset
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au travail de l’ingénieur, del’anthropologue et du scientifique et de l’artiste…queje ne suis pas.A.C. : De quels designers français vous sentez-vous
proche ? M.S. : Peu de Starck et Matali Crasset, qui fonctionnentcomme des marques. Sans jugement de valeur, mon rôleà moi est de poser des questions à travers des objets. Jesuis très attentif au travail des frères Bouroullec, d’unegrande qualité. A celui de Marc Newson, qui a beaucouptravaillé en France, de l’Allemand Konstantin Grcic oude Pierre Charpin. Mon œuvre n’existe qu’en réaction,parce que les autres font un travail différent. Mais madémarche n’est ni un dogme, ni un manifeste.A.C. : Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
M.S. : Sur des œuvres encore inédites : une série sur lesfaux, avec une variante sur le clonage. Une table quisemble en bois est en fait du métal recouvert ; un tabo-uret en pierre se soulève d’une main car il est évidé. J’aienvie, grâce aux possibilités technologiques actuelles,de bousculer notre perception et nos acquis culturels. ❚
PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE CROCHET
ENTRETIEN
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Deux expositions
parisiennes pour Szekely Né en 1956 dans une famille d’artistes, menuisier
formé à l’école Boulle, Martin Szekely expose au
Centre Pompidou une anthologie en quarante
pièces, de la chaise longue Pi (1983) en cuir, acier
et aluminium, à l’Heroic Carbon Desk (2010), en
passant par de nombreux produits industriels. Au
degré zéro du design – la primauté de l’usage – fait
écho le degré zéro de la scénographie. L’écriture
minimaliste à la finition délibérement inachevée du
designer a séduit Karl Lagerfeld, François Pinault oule milliardaire et collectionneur Peter Brant, pour
qui il a réalisé une bibliothèque. On la retrouve à la
galerie Kreo, soutien de longue date, du 15 octobre
au 23 décembre, avec de nouvelles pièces baptisées
« Unit shelves » et « Unit towers ». Ces éléments
modulables dans l’esprit utopique des années 1950
sont réalisés dans un matériau inédit à base de plâtre.
Des séries limitées en 8+2+2 exemplaires, « à partir
d’environ 1 000 euros », précise le directeur de la
galerie parisienne, Didier Krzentowski.
www.centrepompidou.frwww.galeriekreo.fr
« MARTIN SZEKELY, NE PLUS DESSINER », du 12 octobre 2011
au 2 janvier 2012, Centre Pompidou, Paris, www.centrepompidou.fr,
tous les jours sauf mardi 11h-21h
SUITE DE LA PAGE 6
Marin Szekely, des plats, verre, dimensions variables, édition limitée à 21 ex.+ 4 EA, réalisation Cirva, Marseille - collection Cirva Marseille,
galerie kreo, 1999-2000© photo : Christoph Kicherer
Martin Szekely, Rangement Cork 3, simple boxes liège, corian, nylonh. 120 x 99,5 x 49 cm
édition limitée à 20 ex. + 2 EA + 2 prototypesgalerie kreo, 2009 collection Centre Georges Pompidou, Paris
© photo : Fabrice Gousset 13
LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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ART CONTEMPORAINLE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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Sous le soleil d’automne de Los An-geles était inauguré fin septembre le fes-tival « Pacific Standard Time ». Pensée etfinancée par le Getty Museum, cette am-bitieuse manifestation fédère de manièreinédite une soixantaine d’institutions dusud de la Californie autour d’un projetque James Cuno, directeur du Getty,présente comme une véritable aventurescientifique au-delà de l’événement :écrire l’histoire de l’art de la Californie.En préparation depuis dix ans, il a eneffet donné lieu à une réévaluation sansprécédent de sources qui assurent à cesexpositions une qualité et une perti-nence notables, prolongées par des édi-tions qui comptent parmi les nouveauxouvrages de références. D’une exposition à l’autre, levisiteur doit emprunter les longues routes bordées depalmiers qui mènent des villas de stars aux ghettos,
d’Hollywood à Venice Beach, comme s’il fallait traverserce territoire tout en contradictions – une allégorie dumonde contemporain à lui seul – pour entendre cettehistoire singulière.
INNOVATION FORMELLE. Si l’événement a la voca-tion de revaloriser la scène artistique de la West Coast(Côte Ouest) dans l’histoire de l’art moderne et con-temporain, l’exposition « Crosscurent in L.A. Paintingand sculpture, 1950-1970 » au Getty Museum s’y em-ploie sur le mode du « digest », dans un parcours qui
met en avant les innovations nées dans le berceau duPacifique. L’exposition énumère à coup de pièces ma-jeures les différents mouvements caractéristiques de la« Bay », à l’exemple de la céramique monumentale oude la peinture minimaliste « hard edge », avant de ren-dre hommage aux grandes figures de l’assemblage. Maispour en mettre plein les yeux, l’accrochage se risque àcontrarier la rétine, comme dans la salle consacrée aurenouveau de la peinture où le fameux tableau A BiggerSplash (1967) de David Hockney est audacieusementencadré par deux autres chefs d’œuvres d’Ed Rusha, The
Los Angeles Country Museum on Fire (1968) et Stan-dard Station, Amarillo, Texas (1963), aux diagonalessévères et à dominante noir et rouge. Cette promiscuitésied cependant aux œuvres rattachées au courant « lightand space » qui achèvent le parcours en apothéose. Dansle Red Concave Circle (1970) de De Wain Valentine se
reflètent quelques joyaux emblématiques des expéri-mentations menées entre autre par Larry Bell ou CraigKauffman sur les matériaux synthétiques pour ouvrir leshorizons de la perception.
Ces innovations formelles témoignent d’une én-ergie artistiqueindomptable etmultidirection-nelle, indiffér-ente aux légiti-mat ions de la
c r i t i que new- yorkaise, qui a
longtemps relégué la production californienne au rangd’art « provincial ». C’est aussi cette insoumission quiqualifierait le « Californian way ». Mais il apparait dansle discours de plusieurs commissaires de l’événementque l’intrépidité qui caractérise les artistes de la « WestCoast » pour exister en tant que tels est à rapprocher desluttes politiques et sociales dans lesquelles beaucoup sesont impliqués. La protestation des minorités noires ouChicanos et les mouvements féministes ont constitué le
terreau de nouvelles pratiques. C’est une des hypothèsesde Kellie Jones, commissaire de l’exposition « Now Dig
This. Art & Black Los Angeles 1960-1980 » au Ham-mer, une brillante réévaluation de la place des artistesafro-américains sur la scène californienne. L’hypothèsese vérifie dans l’incontournable rétrospec-
La californie remetles pendules à l’heure
J U L I E P O R T I E R
Asco, Instant Mural, 1974, photographie, Courtesy Harry Gamboa, présen-tée au LACMA à Los Angeles dans l’exposition «Asco: Elite of the Obscure»
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Il a en effet donné lieuà une réévaluation
sans précédent de l’art californien
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ART CONTEMPORAINLE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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09tive consacrée à Asco au LACMA. Cegroupe révolutionnaire d’artistes Chicanos a développédes stratégies artistiques multiples, performances dansl’espace public, défilés et danses macabres, tags, mail-art, dans une entreprise critique à l’égard de la sociétéaméricaine et des discriminations dont les membresd’Asco étaient également victimes dans le monde de l’art.
HUMOUR PINCE SANS RIRE. L’histoire de l’art de lacôte Ouest (et d’ailleurs), même dans ses aspects les plusconceptuels, ne peut se lire qu’au regard de l’histoire avecun grand H. Ainsi Paul Schimmel signe-t-il une excellenteexposition au Museum Of Contemporary Art (MOCA)sous le titre – emprunté à une chanson punk – « Bigblack sun ». Celle-ci propose d’explorer les fondementsde la postmodernité dans la période charnière de 1974 à1981, entre la démission de Richard Nixon et l’électionde Ronald Reagan, alors que l’écroulement du rêve améri-cain donne lieu à une série de remises en questions quis’expriment dans ce parcours dense, à travers les thé-matiques de l’identité, de la morale, de la religion, dela guerre, etc. Mais c’est aussi l’humour pince sans rire,ou parfois carrément potache qui semble ici caractéri-
ser un certainesprit « Westcoast », qui adu moins l’artde dénoncer
gravement surun ton i ro-n ique . L ’on
pense à ce titre à la campagne électorale loufoque deLowell Darling en 1978, au remake de l’assassinat deKennedy par T.R. Utho et le groupe Ant Farm – quandla mythification confine à la mascarade – à l’hommagerendu, après dégustation, au poulet frit nommé Blinky par Jeffrey Valence exposant les reliques de la volailledans un dispositif qui rappelle celui adopté par les artistesconceptuels. La déconstruction du langage prend encore
une forme joyeuse dans les pièces de théâtre de Guy deCointet, l’ensemble de photographies empruntées au ci-néma hollywoodien légendées par John Baldessari, Virtuesand Vices (for Giotto) (1981), ou peut-être l’entreprisedonquichottesque (à l’issue funèbre) de Bas Jan Ader, Insearch of miraculous (1975), réponse la plus poétique àl’ère de la dystopie.Enfin, pour saisir le contexte de ce renouveau artistiquevenu de l’Ouest, il ne faudra pas manquer l’expositiondocumentaire organisée par l’institut de recherche duGetty, « Greeting from L.A. : artists and publics », et
l’exposition très réjouissante qui se tient au 18th StreetArt Center à Santa Monica sur les « artist spaces », afinde mesurer le rôles des galeries, des écoles d’art et surtoutdes lieux alternatifs créés par les artistes eux-mêmes, oùle mode d’apparition de l’œuvre et son rapport au publicont été profondément réinventés. ❚
SUITE DE LA PAGE 8
Le LACMA présente Five car stud, et c’est un événement.Achevée en 1972, cette installation parmi les plus
ambitieuses d’Edward Kienholz est montrée pour la
première fois à la « Documenta V » de Cassel grâce
à l’obstination d’Harald Szeemann et malgré le coût
faramineux de son transport. Presque aussitôt après,
la pièce monumentale rejoint une collection privée au
Japon où elle reste stockée près de quarante ans. Ainsi
Five car stud est-elle pour la première fois dévoilée
outre-Atlantique, dans le musée même qui consacra sa
première exposition à l’artiste en 1966, sous les hués
du public. Sculpture, mise en scène ou décor ? Five carstud est la reconstitution à échelle réelle d’un fait divers
tristement banal dans l’Amérique des années 1960 :
le lynchage d’un homme noir par six hommes blancs
s’apprêtant à lui infliger le supplice de la castration
dans la lumière éblouissante des phares des voitures
et sous l’œil des témoins, dont celui du visiteur. Car la
puissance esthétique et la force critique de l’œuvre réside
dans cette implication ambigüe. Même si la facture
grossière de ces personnages masqués les tient à l’écart
du réalisme, les visiteurs ont le sentiment d’avoir franchi
l’écran de cinéma et de figurer dans cette sombre fresquehistorique. Ainsi, en sortant de l’œuvre, se débarrasse-
t-on du sable sur ses chaussures comme on essuie les
traces de sa culpabilité : la preuve que la violence que
dénonçait Kienholz sommeille encore dans le refoulé du
monde égalitaire. J.P.
Five car stud, la
resurrection
Edward Kienholz, Five Car Stud 1969-1972, Revisited. Installation view.Photo: Tom Vinetz. ©Kienholz. Collection of Kawamura Memorial Mu-seum of Art, Sakura, Japan. Courtesy of L.A. Louver, Venice, CA and The
Pace Gallery, New York.
L’écroulement du rêveaméricain donne lieu àune série de remises en
questions
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Aaron Curry chez les Rosenblum
R O X A N A A Z I M I
COMMANDELE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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Depuis l’ouverture de leur espace en octobre 2010
dans le 13e arrondissement, à Paris, les collectionneursSteve et Chiara Rosenblum ont donné le ton de leurambition : passer commande une fois par an à de jeunesartistes. Cette année, dans le cadre de leur exposition« WYSIWYG », organisée à partir du 20 octobre, ils ontdonné carte blanche à une jeune artiste de Los Angeles,Aaron Curry, né en 1972 et représenté par la galerie DavidKordansky (Los Angeles). Cette installation dont nousvous dévoilons l’un des éléments en exclusivité, se dé-ploiera dans l’espace occupé l’an dernier par l’artiste LorisGréaud. Le plasticien californien l’a habillé entièrement
du sol au plafond avec des cartons sérigraphies. « Cet ha-billage crée un étrange sentiment d’être transporté dansune scène imaginaire, où nos repères ont disparu, confieSteve Rosenblum. Des sculptures abstraites très coloréeshabitent l’espace et convoquent un sentiment de joie, touten nous projetant dans un futur lointain. » A l’instar de
son ami le sculpteur Thomas Houseago, Aaron Curry es-
sore les tropismes modernistes, emprunte à Calder, Mirò,Picasso et Salvador Dalì. Ses œuvres très « flashy », oscil-lant entre deux et trois dimensions, font aussi penser auPop art et à la société de consommation, tandis que sasignature, très visible sur le socle des sculptures, relève dela culture du tag. Cette manière d’osciller entre plusieurstendances est assez emblématique de l’art de Los Angeles,une ville elle-même très ambivalente. L’installation com-mandée par les Rosenblum se trouve en dialogue avecune autre commande, confiée quant à elle à l’AllemandMatthias Bitzer. Deux approches se font ainsi face, entre
le Nouveau Monde, conquérant dans ses couleurs acides,et le Vieux Continent, empreint de mémoire et de lit-térature. ❚
ROSENBLUM COLLECTION & FRIENDS, 183 rue du Chevaleret,
75013 Paris, www.rosenblumcollection.fr
Aaron Curry, Yeahnt , 2011, 315x287x121,9 cm
Aaron Curry, Yeahnt, 2011, 315x287x121,9 cm
5/11/2018 11 Octobre 2011 Aaron Curry Quotidien de Lart FR - slidepdf.com
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La galerie Schleicher+Langeouvre à Berlin
R O X A N A A Z I M I
GALERIELE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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S’il faut du cour-age pour inaugurer unegalerie à Paris, il en fauttout autant pour ouvrir àBerlin. Chasse gardée dequelques enseignes ber-linoises qui défendentjalousement, et parfoisférocement, leur pré car-ré, Berlin n’est pas uneville aussi cool et léni-fiante qu’elle paraît. Lemarché y étant petit, unepoignée d’enseignes y tiennent le haut du pavé.Le 17 septembre, le quo-tidien allemand Tagesspiel a d’ailleurs publié uneenquête édifiante sur le« cartel » artistique qui
a noyauté la capitale. Cecontexte délétère n’a pasinquiété outre mesure la galerie Schleicher + Lange, qui
y ouvrira en novembre ou janvier prochain une nouvellevitrine, après s’être inscrite en 2004 dans le paysage pa-risien. « Aussi bien Julia [Schleicher] que moi-même, nous
venons de Berlin. Mais à l’époque, nous avions préféré ouvrir
à Paris, car la ville connaissait de grands changements, notam-
ment d’ordre générationnel. Paris avait un grand potentiel, et
nous nous sommes demandés : Pourquoi être une petite galerie
parmi d’autres à Berlin ? Pourquoi ne pas faire partie à Paris
de quelque chose de nouveau ? Mais aujourd’hui, la galerie a7 ans, et c’est le moment de se poser des questions, de prendre
du recul, et de mettre à plat les choses », explique AndreasLange.
PLUS DE 100 M2. En général, la deuxième étape con-siste à s’agrandir, car après deux ou trois expositions, unartiste peut se lasser d’un espace qu’il connaît par cœur.Surtout, une énième exposition parisienne ne va sansdoute pas faire avancer sa carrière. Il est aussi frustrantde ne pas pouvoir déployer d’œuvres monumentales. « On
ne voulait pas soudain payer un loyer énorme qui impose unecontrainte à notre programmation, poursuit Andreas Lange.Très vite, l’idée de Berlin s’est imposée. On y va sans naïveté.
On est conscient du risque, mais rester immobile est un risque
encore plus grand, tout comme se lancer dans une logique
économique qui nous est étrangère. » Installée non loin
de la galerie Carlier-Gebauer, cette antenne berlinoisedisposera d’une surface de plus de 100 m2, permettantde déployer des pièces monumentales, notamment cellesrécentes de Timo Nasseri. Dans la configuration future,il est vraisemblable que la vitrine parisienne revêtira unedimension plus expérimentale de laboratoire.
Avant Schleicher + Lange, une autre jeune galerie parisi-enne avait pris le pari d’ouvrir à Berlin. Associé à Alex-ander Koch et Nikolaus Oberhuber, le galeriste Jocelyn
Wolff y a créé enseptembre 2009la galerie KOW.« Nous avons été
très bien accueil-
lis, à ma grande
surprise . I l e s t
vrai que l’aspect
peu commercial de la programmation a probablement aidé,tout comme le fait que la galerie apporte quelque chose qui
n’existait pas dans le paysage berlinois, souligne JocelynWolff. Nous avons toujours fait attention à construire par
nous-mêmes plutôt qu’essayer de récupérer une situation
construite par d’autres. » ❚
La nouvelle galerie Schleicher+Lang Berlin
On est conscient du risque,mais rester immobile est un
risque encore plus grand
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LE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011GALERIE
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BORDEAUX. La galerie Cortex Athletico, à Bordeaux, a misen place depuis juin dernier un système d’abonnementsannuels de l’ordre de 10 000 euros, répartis en versementsmensuels, destiné aux jeunes collectionneurs de la région
bordelaise. Nom de guerre, le Cercle 1870, en hommageau collectionneur bordelais Gabriel Frizeau, né à Bordeauxen 1870, et qui fut l’un des premiers acheteurs de PaulGauguin ou Odilon Redon. « L’abonnement nous permet
d’être dans un système où on peut lisser un chiffre d’affaires et
anticiper. L’idée est aussi de faire entrer des gens dans une his-
toire et de construire avec eux un regard », explique ThomasBernard, directeur de la galerie. La vingtaine d’abonnésactuels sont pour la plupart des gens qui n’ont jamaisacheté d’œuvres d’art à ce jour. Grâce à ces versements,ils disposent d’un crédit pour l’achat de pièces. Dans
le même temps, la galerie ouvrira un deuxième espaced’environ 700 m2 dans une ancienne usine de pâtes situéeà proximité de la gare de Bordeaux. Un endroit qui serviraà la fois de stockage, de show-room tout en accueillantdes artistes. ❚R.A.
Cortex Athleticoprend des
abonnements ets’agrandit
Eva Hober s’agrandit
PARIS. La galer ieEva Hober inau-gurera le 18 octobreune nouvelle ensei-gne au 35-37, rue
Chapon, en face desgaleries Sémiose etZ ü r c h e r . A p r è sa v o i r i n a u g u r érue Saint-Claude,puis migré rue desArquebus i e r s , l aga l e r i s t e f a i t unbond conséquenten s’installant dans140 m2. Un démé-
nagement qui lui a permis d’attirer de nouveaux ar-tistes, notamment Damien Cadio. L’inauguration sefera toutefois avec Jérôme Zonder, le premier artisteà avoir rejoint sa galerie. « Cet espace va me permettre
d’accompagner davantage les artistes, de monter de vraies
expositions construites. On pourra avoir plusieurs salles
d’exposition, présenter des grandes installations de Nicolas
Darrot. Pendant deux ans, rue des Arquebusiers, je n’ai pas
pu le montrer » , explique la jeune galeriste. Et d’ajouter : « J’ai décidé de ne plus faire de foires. C’est très utile quand
on est une jeune galerie, ou une galerie qui existe depuis
trente ans. Je pense que si je m’équipe d’une bonne galerieoù je présente de bonnes expositions, les gens vont venir.
Aussi, avec l’exposition « La Belle peinture » est derrière
nous, j’avais une solution alternative, de production et de
commissariat. » ❚R.A.
Eric Touchaleaume rêve
d’un centre d’art dans les
calanquesMARSEILLE. Le marchand de design des années 1950Éric Touchaleaume, qui a racheté une friche industri-elle de trois hectares aux portes des Calanques de Mar-seille, rêve d’ouvrir en mai 2013 un centre d’art dédié àl’architecture légère et à l’écologie. « J’imagine lancer, par
exemple, un concours sur le thème du cabanon et faire un
parc de sculptures Land Art, confie-t-il. Je veux un projet
modeste, mélange du cabanon marseillais et du jardin Zen
dans l’esprit de Noguchi. Je voudrais quelque chose de poé-
tique. La Méditerranée est une synthèse contraire au chaos
de notre époque. » ❚R.A.
Vu du nouvelle espace de la galerie Cortex Athletico
Eva Hober
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Mise en scène pompéienneS A R A H H U G O U N E N Q
EXPOSITIONLE QUOTIDIEN DE L’ART / NUMÉRO 2 / MARDI 11 OCTOBRE 2011
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Cela faisait plus de quinze ans qu’aucuneexposition n’avait été montée à Paris sur Pom-péi. Cette absence est aujourd’hui réparée par lareconstitution d’une villa de Pompéi au MuséeMaillol.
Basé sur le principe d’« aires fonction-nelles », le parcours présente successivement l’es-pace public (atrium, cuisine, triclinium…) et aupremier étage du musée, l’espace privé (chambresà coucher, balneum, jardin privé…). Cette recons-titution pièce à pièce convie le visiteur à entrerdans l’intimité d’un habitant lambda de Pompéi.Si l’explication scientifique des pièces est souventminimale, la présentation ne tombe pas pour au-tant dans le spectaculaire ni le mimétisme d’unerestitution fallacieuse. Fresques, bronzes, verrerie,bijoux ou marbres sont autant de manifestationsd’une vie moderne et confortable sous tous ses as-pects. Plus de deux cents œuvres venues pour moi-tié du musée national de l’archéologie de Napleset du site de Pompéi reflètent le quotidien raffinéde la Rome antique, loin de l’histoire officielleimpériale. Si les pièces choisies n’appartiennent
pas aux fastes des grands de l’Empire, elles n’ensont pas pour autant rustiques ou grossières. Aucontraire, l’élégance et la minutie s’affichent aumoindre détail de chaque objet, depuis une lampeà bec avec tête de nubien aux traits incroyablementfins et naturalistes, à une œnochoé en forme de tête defemme incrustée de fines lamelles d’argent et de cuivre,reflet de la subtilité des artisans.
EFFONDREMENT. Cette présentation de la modernitéet du faste de la vie pompéienne intervient moins d’un
an après les effondrements qui étaient intervenus sur lesite. Si l’exposition passe entièrement sous silence ces dé-gradations, l’accent est mis sur la dette de l’Europe enversl’héritage culturel de Pompéi au moment des premièresfouilles, au XVIIIe siècle. « Une chose est la conservation
du site, une autre est de rappeler l’importance de Pompéi au
niveau européen. Ce deuxième point est une contribution mo-
rale », explique Stefano DeCaro, directeur général ho-noraire du patrimoine ar-chéologique italien et com-
missaire de l’exposition.S u r f o n d d e r e -
cherches de nouveaux fi-nancements privés pourrelancer la campagne derestauration, dans un par-
tenariat entre le ministère des Biens et des activités cultu-relles italien et notamment l’Unesco, Patrizia Nitti, di-rectrice artistique du Musée Maillol, estime que « cette
exposition va être un moment de sensibilisation du grand
public face aux financements colossaux dont a besoin ce site » .Pourtant, l’on pourra regretter que ne soient pas plus ex-plicitement exposées les menaces qui pèsent sur cette citéfigée il y a deux mille ans au témoignage archéologique
inestimable. ❚
POMPÉI, UN ART DE VIVRE, jusqu’au 12 février 2012, Fondation
Dina Vierny, Musée Maillol, 59-61 rue de Grenelle, 75007, Paris.
www.museemaillol.fr. Catalogue sous la direction de Patrizia Nitti. Coed.
Musée Maillol/Gallimard. 224 p.39 euros. ISBN 978207013522
Fresques du triclinium de Carmiano, fresque divers panneaux : H. 264 ;L. max. 478 cm, inv. 63685 Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici
COMMISSARIAT AValeria Sampaolo, Directrice
du Museo Archeologico Nazionale
di Napoli,Antonio Varone, Directeur
des fouilles de Pompéi,
Stephano De Caro, Directeur
général honoraire du Patrimoine
archéologique, professeur à
l’Université Federico II di Napoli
Un moment de sensibilisation du grandpublic face aux financements colossaux
dont à besoin ce site