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VOYAGE A CASABLANCA
DU 17 AU 19 JUIN 2013
Retour d’expérience
Pour la première fois depuis sa création, in SiTU a organisé un voyage hors des frontières européennes, chez
nos voisins marocains. Du 17 au 19 juin 2013, une douzaine d’étudiants, essentiellement des masters Stratégies
Territoriales et Urbaines (STU) et Governing the Large Metropolis (GLM) de Sciences po Paris, ainsi que des
anciens élèves se sont rendus à Casablanca, et brièvement dans l'agglomération de Rabat-Salé, pour découvrir
les enjeux de l’aménagement urbain et du développement économique en terre inconnue. Mis à part notre
guide, élève du master GLM ayant vécu 15 ans au Maroc, la quasi-totalité des participants ignoraient tout du
Maroc et de ses enjeux territoriaux.
Grâce à l’accompagnement d’un ancien étudiant du master GLM, Gabriel, en VIE à la Lydec (Lyonnaise des eaux
de Casablanca), nous avons découvert la manière de penser et travailler la ville et les territoires au Maroc. De
ce point de vue, le dépaysement était total : le Maroc a certes hérité des outils et du vocabulaire de
l’aménagement des territoires (organisation administrative, plans d’urbanismes, etc…) mais les jeux d’acteurs
et les mises en œuvre n’en restent pas moins très différentes de celles que nous connaissons en France.
Retour d’expérience.
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Rapport réalisé par Cyprien Butin et Céline Laval, revu et corrigé par les participants du voyage.
Il est la propriété exclusive de l’association in SiTU (insitu.asso.fr).
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Remerciements.
L’association in SiTU qui rassemble les étudiants et diplômés des masters d'Affaires Urbaines (Stratégies
Territoriales et Urbaines, STU en double-diplôme avec la London School of Economics and Political Science et
Governing the Large Metropolis) de Sciences Po, remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont
accepté de nous recevoir pendant ce voyage.
In SiTU et l’ensemble des participants du voyage remercient Abdelatif ADIDI, Directeur de l'Institut National
d'Aménagement et d'Urbanisme (INAU) qui nous a accueillis au sein de son institut. Nous remercions Jalal
CHIHOUB (Holding Al Omrane), Claude de MIRAS (Institut de Recherche pour le Développement - IRD), Aziz
IRAKI (INAU), Youssef DRAISS (Casa Transport en Site Aménagé), Othman el FERDAOUS (Association Marocaine
des Anciens élèves de Sciences Po), Monceyf FADILI (Programme des Nations-Unies pour les établissements
humains – ONU-Habitat), Khadir LAMRINI (Agence d'Urbanisation et de Développement d'Anfa - AUDA),
Youssef HAYAT (AUDA) et Olivier TOUTAIN (consultant urbaniste indépendant).
Un grand merci à tous les organismes qui nous ont accueillis au sein de leurs locaux et sur leurs sites : l’INAU, Al
Omrane, l'IRD, Casa Transport, le Café littéraire du musée de la Fondation Abderrahman Slaoui, AUDA et la
Lyonnaise des Eaux de Casablanca (Lydec).
Merci également à l'association Casamémoire pour ses visites et son regard culturel sur la ville de Casablanca, à
Anna Milliard qui nous a fait découvrir les anciens abattoirs et leur fabrique culturelle ainsi qu'à Marwa
BELGHAZI pour avoir organisé la rencontre avec les militants à Rabat.
Enfin, un merci tout particulier à Gabriel MIGUEZ et ses collègues à la Lydec: Rémi CLEMOT, Jahid BADREDDINE
et Saad AZZAOUI. Chargé du projet Villes de Demain, Gabriel nous a accueillis, renseignés et accompagnés tout
au long de notre voyage. Grâce à son organisation et à ses contacts, nous avons pu approcher au plus près les
enjeux urbains au Maroc et sans son aide, notre voyage n’aurait pas été une si belle aventure.
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INTRODUCTION. ............................................................................................................................................... 4
PROGRAMME DU VOYAGE. ............................................................................................................................... 6
I. ENJEUX ET DEFIS DU DEVELOPPEMENT URBAIN DURABLE A CASABLANCA ................................................. 7
« Casablanca est le monstre urbain du Maroc »................................................................................................. 7
Répondre aux problématiques sociales : les programmes nationaux.................................................................. 7
INDH : Initiative Nationale pour le Développement Humain ....................................................................... 8
PVSB : Programme Ville Sans Bidonvilles .................................................................................................... 8
Aménagement et services urbains à Casablanca .............................................................................................. 10
Le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme ............................................................................ 10
Marge de manœuvre et stratégie de la Lydec .......................................................................................... 11
Programme Ville de Demain .................................................................................................................... 11
II. LES GRANDS PROJETS URBAINS DE CASABLANCA ..................................................................................... 11
Casa-Anfa ....................................................................................................................................................... 12
Casa-transport ................................................................................................................................................ 13
III. ENJEUX CULTURELS ET PATRIMONIAUX DE CASABLANCA ................................................................... 15
Les Abattoirs : enjeu culturel ou foncier ?........................................................................................................ 15
Casamémoire .................................................................................................................................................. 16
Note d’étonnement. Par Roxanne le Failler ...................................................................................................... 17
Retour d’expérience. Par Cyprien Butin ............................................................................................................ 17
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INTRODUCTION. Par Cyprien Butin
Casablanca (en arabe « Dar el-Beïda ») est la capitale économique du Maroc. Regroupant plus de 4 millions
d’habitants (chiffres du recensement de 2010), c’est aussi la ville la plus peuplée du pays. Jadis un petit village
nommé Anfa, la ville fut rebaptisée Casablanca (“Maison Blanche”) lorsque des commerçants espagnols et
d’autres pays européens vinrent s’y installer au cours du XIXe siècle.
Ce n’est cependant qu’au siècle suivant que la ville acquit de l’importance, suite à l’établissement du protectorat
français sur le Maroc (1912-1956). Elle commença alors une croissance spectaculaire, passant de 20 000 à
700 000 habitants entre 1900 et 1952, pour atteindre plus de 2 millions trente ans plus tard ! Parallèlement, la
ville s’étendit au-delà des anciens remparts de la Médina (la vieille ville) et devint progressivement, sous
l’impulsion d’Henri Prost, un laboratoire d’expérience urbanistiques et architecturales pour le Maroc, comme en
témoignent aujourd’hui ses bâtiments de style Art déco et néoclassique.
Territoire actuel du "Grand Casablanca" (en blanc), à comparer avec celui de la municipalité (en jaune)
Aujourd’hui, comme nombre de villes cherchant à acquérir une image à vocation internationale, Casablanca
est en profonde reconfiguration. D’importants projets de renouvellement urbain, fortement soutenus par la
monarchie et le gouvernement y sont ainsi mis en place. Parmi eux, on peut noter:
Le Morocco Mall ouvert en 2011 et qui constitue le plus grand centre commercial jamais construit en
Afrique.
Le projet de Casablanca Marina, qui a totalement transformé le front de mer de la ville, au profit
d’une clientèle aisée et cosmopolite.
Enfin, la première ligne de tramway de la ville, qui a été inaugurée en décembre dernier et symbolise
la première étape d’un vaste programme de développement urbain (PDU) prévoyant d’ici 20 ans la
construction de quatre lignes de tram, une ligne de métro et un RER.
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Par ailleurs, dans un contexte d’accroissement des inégalités sociales, les attentats de 2003 à Casablanca
furent un facteur décisif dans la décision du Roi de lancer en 2004 un vaste programme intitulé « Villes sans
bidonvilles ». Aujourd’hui, si environ 52% des bidonvillois ont ainsi été relogés à Casablanca, c’est bien souvent
à la périphérie de la ville, d’où des phénomènes de ségrégation spatiale.
En outre, Casablanca est pionnière au Maroc dans la délégation ou la privatisation de services publics. Dès
1996 la gestion de l'eau, de l'assainissement et de l'électricité a ainsi été concédée à la Lyonnaise des Eaux de
Casablanca, filiale du groupe français Suez Environnement. Puis quelques années plus tard, le système de
transports a été privatisé à un consortium nommé M'dina Bus associant des investisseurs locaux et la Régie
Autonome des Transports Parisien (RATP).
Place Mohammed V dans le centre-ville
Dans un tel contexte, la gouvernance de Casablanca est en pleine mutation. Suite à l'adoption d'une Charte
Communale en 2002, le premier «maire» de Casablanca, Mohammed Sajid, a été élu en 2004 et réélu en 2009
avec le soutien du Parti de la justice et du développement (PJD, de référentiel islamiste). Cette élection
apparaît comme une première étape vers l'émergence d'un pouvoir local fort au Maroc, même si l'État reste
encore, financièrement et politiquement, le principal acteur du développement urbain de la ville, au travers
d'institutions telles que le Wali, équivalent du préfet français, les départements des ministères de l’intérieur
et de l’urbanisme, les filiales de banques d’investissement publiques comme la CDG-Développement.
Au final, les transformations actuelles de Casablanca soulèvent des problèmes en termes de développement
économique, de pauvreté, de logement, d’eau, d’électricité, de transports, d’inégalités, de démocratie, de
développement durable etc. Sachant que de nombreux acteurs participant à ce processus de gouvernance – par-
delà les acteurs gouvernementaux – de nombreuses opportunités (professionnelles) existent et se créent dans
les différentes institutions contribuant au développement urbain de la ville.
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PROGRAMME DU VOYAGE.
Du dimanche 17 au mercredi 19 juin 2013
LUNDI
1) Rencontre/débat sur le thème des « enjeux politiques en matière de développement urbain à Casablanca
et au Maroc » à l’Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme (INAU) avec la participation de :
Abdelatif ADIDI, Directeur de l'INAU pour l'introduction.
M. Monceyf Fadili, Conseiller ONU-Habitat – Programme des Nations-Unies pour les
établissements humains. Le champ d’action de l'ONU-Habitat.
M. Aziz Iraki, Architecte-géographe, Professeur à l’INAU. De nouvelles intermédiations liées à
l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH).
M. Claude de Miras, Economiste, Directeur de recherche de l’Institut de Recherche pour le
Développement (IRD). L’évolution des politiques d’accès aux services urbains.
M. Olivier Toutain, Architecte-urbaniste, Consultant indépendant. La résorption des bidonvilles et
les ambitions métropolitaines.
2) Visite du site de recasement de Karyan el Oued à Salé, qui fait partie du Programme Villes Sans
Bidonvilles mis en œuvre par le Holding d’Aménagement Al Omrane avec Jalal Chihoube, Chef de projet de
l'agence de Salé.
3) Rencontre informelle avec des jeunes militants politiques (mouvement du 20 février) dans un café du
centre-ville de Rabat.
MARDI
1) Conférence sur les enjeux de métropolisation et la gestion des services de base par la Lyonnaise des
Eaux de Casablanca (Lydec) avec :
M. Saad Azzaoui, Directeur du Patrimoine
M. Gabriel Miguez, Chargé du projet Ville de Demain
M. Rémi Clémot, Ingénieur Planification
2) Visite du chantier du Système Anti-Pollution Ouest avec M. Jahid Badreddine, Ingénieur
3) Visite du quartier Art-Déco avec l’association Casamémoire
4) Visite des anciens abattoirs de Casablanca avec Anna Milliard de la fabrique culturelle des anciens
abattoirs
MERCREDI
1) Rencontre au sujet des problématiques de transports et la nouvelle ligne de tramway à Casablanca avec le
Directeur Général de Casa Transport S.A., M. Youssef Draiss.
2) Rencontre avec M. Khadir Lamrini, Directeur de l’Agence d’Urbanisation et de Développement d’Anfa
(AUDA) et visite du projet urbain de transformation de l’ancien aéroport.
3) Afterwork avec des membres de l’Association Marocaine des Anciens élèves de Sciences Po (AMASP) au
café littéraire du musée de la Fondation Abderrahman Slaoui.
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I. ENJEUX ET DEFIS DU DEVELOPPEMENT URBAIN DURABLE A
CASABLANCA
« CASABLANCA EST LE MONSTRE URBAIN DU MAROC »
Si Casablanca est nommée ainsi aujourd'hui, c'est qu'une grande rupture intervient dans le processus de
développement de Casablanca dans les années 1980. Alors que la ville était jusqu’à présent un modèle voire un
« mythe » d’urbanisation et de planification, elle connait une période d’exode rural provoquant un étalement
urbain considérable. La difficulté à gérer cet afflux massif de nouveaux arrivants conduit d’une part à de
grandes famines et d’autre part à la constitution de quartiers informels et en particulier de bidonvilles.
Le terme de bidonville a d'ailleurs été employé pour la première fois à Casablanca dans les années 1930 pour
nommer les baraques construites par les ruraux dans la périphérie de la ville à l’aide de matériaux de
récupération. En 2003, des attentats perpétrés par des kamikazes issus du bidonville de Sidi Moumen
produisent un grand choc et le traitement de la question sociale est prise à bras le corps par le Roi Mohammed
VI avec le soutien d'organismes internationaux dont l'ONU-Habitat. L’"habitat digne" prôné par le Roi se traduit
par la politique nationale des villes sans bidonvilles (PVSB) et par le développement massif de l’habitat social,
l’amélioration des conditions de vie de la population la plus vulnérable trouve son écho à travers l’initiative
nationale de développement humain (INDH). Ces deux programmes sont présentés plus en détails ci-après. Par
ailleurs, le développement durable s’invite dans les réformes en cours1 (Casablanca 2030).
En parallèle, les grandes villes marocaines sont font l’objet d’une métropolisation intense. L’objectif est d’en
faire les vitrines de la modernité du pays et le moteur de sa croissance et de son développement. Le Grand
Casablanca est à ce titre une métropole emblématique de cette stratégie d’attractivité au travers notamment,
de ses grands projets urbains qui voient le jour depuis quelques années (présentés ci-après). En chiffres, le
Grand Casablanca représente aujourd’hui 50% des unités de production du pays, 60% du PNB, 80% du fret
aérien de marchandises et 40% des investissements. C'est aussi la deuxième place financière en Afrique après
Johannesburg.
De gauche à droite : Claude de MIRAS, Abdelatif ADIDI et Cyprien BUTIN dans la salle de conférences de l'INAU
1 IAU, « Le Maroc s’ouvre au 21ème siècle », web : http://www.iau-idf.fr/detail/etude/le-maroc-souvre-au-21e-siecle.html
http://www.iau-idf.fr/detail/etude/le-maroc-souvre-au-21e-siecle.htmlhttp://www.iau-idf.fr/detail/etude/le-maroc-souvre-au-21e-siecle.html
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REPONDRE AUX PROBLEMATIQUES SOCIALES : LES PROGRAMMES NATIONAUX
INDH : INITIATIVE NATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN Pour résorber les problèmes sociaux à Casablanca mais également sur l’ensemble du territoire marocain, le Roi
a lancé une Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) le 18 mai 2005. Il s’agit d’un grand
programme de financement des actions visant l’amélioration des conditions de vie des habitants dont le
soutien aux activités génératrices de revenus, le développement des capacités (« empowerment »)
l'amélioration des conditions d'accès aux services et infrastructures de base (éducation, santé, culte, route, eau
et assainissement, protection de l’environnement etc.) le soutien aux personnes en grande vulnérabilité etc…
L'INDH permet d'instaurer une dynamique en faveur du développement humain, cohérente avec les objectifs
du millénaire (OMD) des Nations Unies. Ces actions sont censées respecter les principes de bonne gouvernance
et favoriser les partenariats et la participation des habitants.
Ce qui ressort des recherches menées par Aziz Iraki, c'est que, sauf à de rares exceptions près, l'INDH n'a pas
relayé les pratiques et les mobilisations qui existaient auparavant de façon "informelle". Des objectifs
quantitatifs ont bien été remplis (le Maroc a été promu à l’occasion d’Istanbul +5) mais l’organisation locale
préexistante n’a pas été mise en valeur ou accompagnée à l’occasion de ce programme. On peut alors
considérer que cette méthode a davantage contribué à la création de nouvelles intermédiations à travers
lesquelles l'Etat marocain et le Makhzen3 ont renforcé leur emprise sur le territoire.
Aziz Iraki nous a présenté l'INDH (locaux de l'INAU)
PVSB : PROGRAMME VILLE SANS BIDONVILLES Le Programme Ville Sans Bidonvilles, lancé en 2004 par le Roi s’inscrit dans le cadre des objectifs de l’INDH ainsi
que la déclaration du millénaire des Nations-Unis. Il vise la résorption totale des bidonvilles dans 85 villes du
Maroc. Il concerne plus de 348 000 ménages dans 1000 bidonvilles. Le programme s’organise autour de
contrats passés entre le ministère de l’habitat, les collectivités locales et différents partenaires. Des
conventions de financement et de réalisation à caractère plus opérationnel sont également signées entre l'Etat
et l'opérateur en charge de la réalisation du programme.
A Casablanca, les habitants des bidonvilles représentaient 13% de la population au début du programme. En
2012, 52% avaient été « recasés ». Cette évolution est moins impressionnante que la moyenne nationale car les
bidonvilles y sont particulièrement peuplés et historiquement ancrés. Les relogements des bidonvilles se font
3 Selon Abdellah Ben Mlih, d’un point de vue institutionnel, le terme Makhzen est le bras armé, fiscal et
administratif de l’Etat sultanien. Dans la mémoire collective au Maroc, il symbolise le pouvoir royal et son caractère intrinsèquement lié à l’appareil étatique.
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en majorité vers les périphéries de la ville et, avec le temps, apparemment en raison de la hausse du coût du
foncier, de plus en plus loin du centre.
Voici deux photos qui présentent les nouveaux lieux de vie des personnes « recasées » dans le cadre du
programme PVSB. Elles ont été prises lors d’une visite de terrain que nous avons effectué sur le site de
recasement de Karyan el Oued à Salé, ville située à proximité de la capitale du Maroc, Rabat. Nous avons été
accompagné par Jalal Chihoube, Chef de projet à l'agence de Salé du holding d’aménagement Al Omrane qui
est l'opérateur public en charge de la mise en œuvre du PVSB au Maroc ainsi que d'autres projet d'habitat privé
et social..
Le site de recasement de Karyan El Oued à la périphérie de Salé
Le programme produit donc inévitablement une l’inégalité socio-spatiale assimilée à une force centrifuge de
déplacement des populations. Même si les conditions de vies s’améliorent grâce aux nouveaux logementx, la
qualité de l’habitat est détériorée. En effet, il y a une absence d’équipements et de services publics ou de
moyens pour les faire fonctionner alors que c’est la frange population relogée qui en est le plus dépendante.
Avec le relogement, les habitants perdent aussi leur réseau économique et social ce qui accroît leur sentiment
d’isolement et de marginalisation. Dès lors, le bilan qualitatif de la politique de recasement est mitigé alors
même que le bilan quantitatif est mis en valeur par les organismes internationaux : 70% des objectifs
accomplis, 62 villes déclarées sans bidonvilles. « D'après Jean Yves Barcelo, conseiller inter-régional à l'ONU-
Habitat, le Maroc est classé deuxième à l'échelle mondiale en terme de taux de réduction de la population des
bidonvilles, soit 45,8% pour la période 2000-2010. »4
Au final, qu’il s’agisse du programme INDH ou du PVSB, il semblerait que des objectifs quantitatifs soient
atteints. Pour autant les méthodes adoptées par le pouvoir marocain ne s’inscrivent pas dans une logique
d’accompagnement des formes d’organisation locales préexistantes (souvent informelles, issus de « la
débrouille » mais proches des besoins et des attentes des populations). Malgré une volonté politique affirmée et
des actions fortes, la mise en œuvre de ces politiques publiques ne correspond pas aux « bonnes pratiques »
participatives et démocratiques de gouvernance urbaine.
4 "'Villes sans bidonvilles' : le Maroc deuxième au niveau mondial", Au fait, 30 septembre 2011, [en ligne]
http://www.aufaitmaroc.com/actualites/economie/2013/9/30/le-maroc-deuxieme-au-niveau-mondial_215579.html#.UsrR7PTuI0E
http://www.aufaitmaroc.com/actualites/economie/2013/9/30/le-maroc-deuxieme-au-niveau-mondial_215579.html#.UsrR7PTuI0Ehttp://www.aufaitmaroc.com/actualites/economie/2013/9/30/le-maroc-deuxieme-au-niveau-mondial_215579.html#.UsrR7PTuI0E
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Olivier TOUTAIN (à g) et Monceyf FADILI (à d) qui, sous un angle différent, nous ont tous deux présenté le PVSB
AMENAGEMENT ET SERVICES URBAINS A CASABLANCA
LE SCHEMA DIRECTEUR D’AMENAGEMENT ET D’URBANISME A Casablanca, les années 2000 ont été marquées par une profonde transformation dans la manière de
concevoir l'aménagement urbain qui s'explique par une évolution des priorités gouvernementales. En effet, si à
la suite de révoltes populaires en juin 1981, avait été commandé au Cabinet de l'architecte Michel Pinseau un
Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) pour renforcer le contrôle de l'Etat sur le territoire
casablancais selon un impératif sécuritaire, dans les années 1990, l'ouverture politique, les tentatives (limitées)
de décentralisation et les recommandations d'organisations internationales telles que la Banque Mondiale
amènent le gouvernement marocain a concevoir un nouveau SDAU pour renforcer la compétitivité de l'aire
métropolitaine et sa "bonne gouvernance". Ce dernier sera réalisé par l'Agence urbaine de Casablanca en
partenariat avec l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la région Ile-de-France (IAU-Idf) en 2005.
Ses grandes orientations sont de délimiter l’extension polycentrique de la ville par une rocade, d'organiser
l’urbanisation autour de 9 pôles périphériques, de dessiner 3 axes pour l'industrie les services et le tourisme, et
enfin, de lancer plusieurs grands projets pour rééquilibrer la métropole (Casa City Center, Marina, Anfa, Villes
nouvelles etc...). Ces grands projets viennent en parallèle de contrats de délégation dans le domaine des
services publics – eau, électricité et transports en particulier – afin de renforcer leur fonctionnement.
Gabriel MIGUEZ nous présentant les enjeux de la métropolisation de Casablanca à la Lydec
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MARGE DE MANŒUVRE ET STRATEGIE DE LA LYDEC A Casablanca, la gestion de l'eau, de l'assainissement et de la distribution de l'électricité a été concédée en
1996 à la Lyonnaise des Eaux de Casablanca, aujourd'hui filiale de Suez Environnement. C'est au plus haut
sommet de l'Etat qu'une telle politique a été promue. Aujourd'hui, alors que Lydec est installée depuis plus de
15 ans, celle-ci doit faire face à de nombreuses contraintes pour assurer sa "mission".
Parmi elles, on peut noter: la difficulté à mobiliser le foncier, la difficulté à anticiper l’urbanisation, la mise en
œuvre des projets et l’absence de solution de préfinancement. Dans ce domaine en effet, le contrat de
concession prévoit que les recettes du service de l'électricité qui sont importantes, compensent les recettes de
l'eau qui sont plus limitées. Cependant ce modèle ne fonctionne plus, ce qui fait dire qu'il y a besoin que les
parties prenantes à la gestion de la ville s’emparent des enjeux de services urbains pour permettre leur gestion
de manière plus intégrée. Il y a là un enjeu de gouvernance, dû à un manque de coordination des acteurs qui
aggrave la problématique de financement et d’optimisation des projets.
Photo de l'équipe lors de la visite du Système Anti-Pollution Ouest de la Lydec
PROGRAMME VILLE DE DEMAIN "Ville de demain " est le nom du projet dont Gabriel Miguez est en charge à la Lydec. Celui-ci tente de répondre
aux problématiques de gouvernance externe susmentionnées. C'est un mélange d'études universitaires et de
propositions pour améliorer la position de Lydec dans cette collaboration, notamment sur la perception de
Lydec comme un exécutant.
II. LES GRANDS PROJETS URBAINS DE CASABLANCA Afin de renforcer l’attractivité de la métropole casablancaise, l’Etat met en place de nombreux « grands projets
urbains » parmi lesquels le projet de réaménagement de l’aéroport, et le Tramway que nous avons pu visiter in
situ. Ces projets controversés dans un pays aux problématiques sociales encore lourdes (inégalités sociales
croissantes) sont pourtant révélateurs d’une vraie capacité pour le Maroc à s’inscrire dans la compétitivité
internationale des villes.
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CASA-ANFA
Mercredi 19 juin après-midi, Khadir LAMRINI, Directeur général de l’Agence d’Urbanisation et de
Développement d’Anfa (AUDA), et Youssef Hayat, responsable communication, nous accueillent dans leur
locaux pour nous présenter l’un des projets les plus ambitieux dans la métropole casablancaise : la
transformation d’un site de 350 hectares accueillant l’ex-aéroport d’Anfa en un centre financier et résidentiel.
Dès les premières années de son développement, Casablanca est une ville inscrite dans l’imaginaire
international. L’aéroport d’Anfa est par exemple le premier terminus de l’aéropostale. Cette image est
renforcée par la sortie en 1943 du film américain « Casablanca », ainsi que le patrimoine architectural « art-
déco » de son centre-ville.
Pour ce qui est de l’aéroport proprement dit, celui-ci était, au début des années des années 2000
complètement encerclé par l’urbanisation. De plus, il n’accueillait plus que des avions militaires et civils légers
depuis la création de l’aéroport Mohammed V à Nouaceur (banlieue de Casablanca). Son déclassement en
2007 a laissé la voie ouverte à la transformation du site.
Ce site est stratégique parce qu’il se trouve au milieu de la ville de Casablanca, parce que sa superficie est
importante (350 ha) enfin parce qu’il appartient au domaine privé de l’Etat ainsi qu’aux militaires (et non au
privé ce qui limite les procédures d’expropriation). A l’origine, plusieurs réflexions ont été menées, notamment
par les ateliers de Cergy-Pontoise en 20065 et de l’IAU Ile-de-France6. Celles-ci ont formé la matrice du futur
cahier des charges, dont l’ambition est de créer le nouveau centre-ville dont Casablanca a besoin, un centre-
ville exemplaire pour rehausser le niveau urbanistique et économique de la métropole.
Image de synthèse de l'aménagement de Casa-Anfa
Pour mener à bien ce projet, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) a été mobilisée, car c’est le seul acteur
marocain qui s’est trouvé capable de lever les fonds nécessaires et de combiner un rôle d’intérêt public et
d'aménageur.
5 Le rapport final est accessible à partir de ce lien : http://www.ateliers.org/casablanca-amenagement-urbain-
de-l 6 Voir le numéro 154 des Cahiers de l’IAU Ile-de-France : http://www.iau-idf.fr/detail/etude/le-maroc-souvre-au-21e-siecle.html
http://www.ateliers.org/casablanca-amenagement-urbain-de-lhttp://www.ateliers.org/casablanca-amenagement-urbain-de-lhttp://www.iau-idf.fr/detail/etude/le-maroc-souvre-au-21e-siecle.htmlhttp://www.iau-idf.fr/detail/etude/le-maroc-souvre-au-21e-siecle.html
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La première mission, toujours en cours, a été de procéder à la libération du site, occupé par des acteurs de
différents statuts, certains squatteurs qui ont bénéficié de lots de recasement par l’intermédiaire d’Idmaj
Sakan7 et du Fond de Solidarité pour l’Habitat (FSH), d’autres étaient légalement installés. Parallèlement, un
concours international d’urbanisme a été lancé. Il a été remporté par l’agence TER de l’architecte français
Robert Fredhl, devenu urbaniste en chef du projet. Enfin, la première phase des travaux d’aménagement,
portant sur la période 2010-2016, a été lancée.
A terme, le site sera ainsi doté d’un réseau conséquent de parcs et de jardins, une façon de remédier à la
carence d’espaces verts dans la métropole marocaine. Il sera facilement accessible par les transports collectifs,
notamment la ligne 1 du tramway. Ce projet sera aussi rattaché à son environnement immédiat, il doit
diminuer l’enclave des quartiers situés aux alentours et permettre une mixité fonctionnelle et sociale des
espaces publics. En matière économique, le site doit attirer des institutions financières internationales, des
multinationales et des entreprises de services à travers des incitations fiscales.
L'équipe dans les locaux de AUDA; Khadir LAMRINI (à gauche) et Youssef HAYAT (à droite).
CASA-TRANSPORT
Inauguré le 12 décembre 2012 par le roi Mohammed VI, en présence du premier ministre français, Jean-Marc
Ayrault, le tramway de Casablanca est la première infrastructure de transport de masse de la métropole
marocaine. Le tramway fait partie de ces « grands projets urbains » déjà cités et essentiels dans la stratégie
d'attractivité de la ville.
Sa réalisation résulte d’un ambitieux Plan de Déplacement Urbain (PDU) élaboré en 2008, lui-même une
déclinaison du Schéma directeur d’aménagement urbain (SDAU) de 2005. Comme le suggère le schéma ci-
contre, le PDU prévoit de doubler la part des transports en commun dans les déplacements à l'horizon 2019, et
7 Société créée dans le cadre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH)
Mode de
transport2008% 2019%
Véhicule
Privé14,5 18,5
Transports en
Commun10,3 21
Petit taxi 10,3 6,8
Taxi 5,2 3,2
Deux Roues 4 2,5
Marche 53 48
Figure 1 : part des déplacements par mode à Casablanca (en 2008, et prévu en 2019)
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ce à travers la création de quatre lignes de tramway ou bus à haut niveau de services (BHNS), d'un métro et
d'un RER comprenant un tunnel de 9 km sous le centre-ville. Cela prend place dans un contexte où le nombre
de voitures immatriculées a triplé entre 2001 et 2011 ce qui nous fait mesurer l'ambition de ce projet.
Le réseau de transport prévu par le PDU à Casablanca: en jaune, la ligne T1 qui vient d'être inaugurée
Pour le mettre en œuvre une société anonyme à capitaux majoritairement publics été créée en 2008. Parmi ses
actionnaires, on compte: l'Etat, la Communauté urbaine de Casablanca, la Région du grand Casablanca, le
Conseil préfectoral, le Fonds Hassan 2, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), l'Office National des Chemins de
Fer Marocains (ONCF) et la Banque Populaire. Ce qui ressort de la distribution actionnariale c'est que l'Etat
marocain reste très présent, et que cela se fait au détriment de la commune qui, par la création de cette
société, s'est privé d'une partie de ses attributions en matière de transport.
Le tramway dans le centre-ville de Casablanca (à gauche), l'équipe en voyage (à droite)
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III. ENJEUX CULTURELS ET PATRIMONIAUX DE CASABLANCA
LES ABATTOIRS : ENJEU CULTUREL OU FONCIER ?
Mardi 19 juin soir, nous avons visité les anciens abattoirs de Casablanca, un magnifique bâtiment de style art-
déco construits en 1912 par Georges Ernest Desmaret et modernisés en 1922 par Henri Prost.
Les abattoirs de Casablanca se situent en périphérie Est du centre-ville et du port (à environ 800 mètres du
port). D’une architecture originale, mélange d’Art Déco et de style hispano mauresque encore dénommée
"Arabisiance", ils occupent une emprise de 5,5 hectares en bordure d’un faisceau de voies ferrées.
Les bâtiments représentent 2,2 hectares de surface couverte.
Après avoir été agrandis en 1951, ils ont été désaffectés en 2002 à la suite de l’ouverture des nouveaux
abattoirs en périphérie de Casablanca. Ruche grouillante, à l’apogée de leur utilisation ils ont occupé
quotidiennement jusqu’à 5 000 personnes in situ. Ils faisaient vivre tout un quartier (artisanat, métiers de
bouches, etc…) et représentaient un des pôles d’activités les plus importants de Casablanca.
La fermeture a eu un effet désastreux sur l’économie du quartier qui est devenue une zone sinistrée de
Casablanca. Les abattoirs demeurent un lieu emblématique de la ville de Casablanca grâce à l’action des
associations à vocation culturelle – une vingtaine d’associations très ancrées dans la vie du quartier et
impliquant les habitants qui se regroupés en 2008 au sein d'un collectif – et avec l’appui de la municipalité, le
site a pu être sauvegardé (il a été inscrit à la liste du patrimoine national en 2003).Actuellement orienté vers
des activités culturelles, le site présente un gros potentiel pour la redynamisation du quartier autour d’une
vocation à la fois économique, sociale, culturelle et environnementale, ce qui lui donne une forte légitimité à
s’inscrire dans une démarche de développement durable. Il peut s’inscrire dans le cadre d’une démarche
d’aménagement de l’aire métropolitaine de Casablanca et, par sa renommée, offre des perspectives fortes de
rayonnement du niveau local au niveau international.9
Quelques photos valent mieux que de longs discours pour montrer le potentiel artistique et foncier des lieux.
9 ERGAPOLIS, « Etude autour de la réhabilitation des anciens abattoirs de Casablanca », web : http://ergapolis.fr/projets/casablanca-saison-3/casablanca-en-savoir-plus/
http://ergapolis.fr/projets/casablanca-saison-3/casablanca-en-savoir-plus/
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CASAMEMOIRE
Nous avons eu la chance d'être accompagné par un
membre de l'association Casamémoire qui milite
pour la promotion et la préservation du patrimoine
exceptionnel du centre-ville de la métropole
marocaine, construit par les français dans les
premières années du protectorat (1920-1930).
L’association regroupe des membres réunis autour
de valeurs communes : préservation de la
spécificité de Casablanca, valorisation du patrimoine
architectural, du tourisme culturel et de la mémoire
collective : ce sont principalement des architectes.
Ci-contre, photo d'un bâtiment prise par nos soins,
qui n'est pas représentative de la richesse du
patrimoine casablancais !
En darija (arabe marocain): venez regarder [un film]
à l'abattoir
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NOTE D’ETONNEMENT. PAR ROXANNE LE FAILLER J’ai vraiment été interpellée par ce voyage qui, mine de rien, marque le milieu de mon cheminement
universitaire au sujet des “affaires urbaines”. En même temps que cela vient confirmer notions et schémas
étudiés, il m’a présenté la réelle complexité de la gestion urbaine et ses enjeux concrets ayant lieu aux
différents niveaux institutionnels et sociaux.
J’en retiendrai que l’importance culturelle, voire même générationnelle (pour une société en mutation), prend
tout son sens à Casablanca, que la transparence et la reddition de comptes sont des principes qu’il convient
d’essayer d’affirmer et de réaffirmer chaque jour, que les défis urbains engendrent, bien souvent, beaucoup
plus de conséquences que prévu, et enfin, qu’une ville est avant tout le lieu de vie de milliers de familles
méritant d’avoir le choix de la vie qu’elles veulent mener.
RETOUR D’EXPERIENCE. PAR CYPRIEN BUTIN Ces quatre jours de découverte de Casablanca et Rabat nous ont permis d’avoir un aperçu plutôt diversifié des
politiques urbaines au Maroc. Au final, il est frappant de constater la place des politiques qui sont directement
impulsées par l’État et bien souvent à l'initiative du Makhzen. C’est le cas pour les grands projets de
développement urbain tel quel le tramway de Casablanca, la transformation de l’aéroport d’Anfa mais aussi
des politiques sociales comme le programme Villes Sans Bidonvilles. Ce caractère « top-down » des politiques
publiques me semble d’ailleurs comparable à ce que nous avions perçu lors du voyage d’études à Istanbul
organisé pour les étudiants du master GLM en janvier 2013 et où une institution comme TOKi était directement
pilotée par le cabinet du premier ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan.
A côté de cela, on ne peut nier l’importance des investissements français au Maroc que ce soit à travers des
concessions (pour ce qui est de la LYDEC appartenant au groupe français Suez-Environnement) ou des contrats
de maîtrise d’ouvrage ou de maîtrise d’œuvre signés avec des entreprises telles que Alstom et Systra pour ne
citer que les plus connues. Cette « exception marocaine » – pourrait-on dire – a indéniablement permis de
belles réussites, le tramway de Casablanca étant un exemple souvent mis en avant. Cependant, et de manière
générale, cette présence française semble critiquée car souvent assimilée à une forme de dépossession des
marocains de la gestion de leurs propres politiques publiques.
A cela s’ajoute le fait que la participation, des habitants cette fois, semble bien limitée. On n’a pu constater cela
dans le cadre du projet de réhabilitation des anciens abattoirs de Casablanca, encore que la décision de les
transformer en fabrique culturelle n’ait pas été confirmée ainsi que, toujours dans le domaine culturel, à
travers l’action de l’association Casamémoire pour la préservation du patrimoine architectural du centre-ville
de Casablanca.
Au final, à la lumière de nos trois jours de rencontres et visites de terrain dans la métropole marocaine, une
question semble toujours en suspens : est-ce que les projets et autres programmes mis en œuvre ont pu
améliorer la qualité de vie des casablancais ? Sachant que nombre de ces politiques publiques n’ont pas été
achevées, ou viennent de l’être, il semble difficile de donner une réponse tranchée. Cependant, et se basant
sur les réalisations actuelles, le bilan est en demi-teinte. On voit cela avec deux projets ayant clairement un
volet « social ». Ainsi, si le programme Villes Sans Bidonvilles a indéniablement permis d’améliorer la salubrité
des logements de nombres de marocains et casablancais, cela s’est fait au détriment de l’accessibilité aux
services publics (notamment le transport). Cela dénote d’ailleurs une certaine volonté de « cacher la misère »
des bidonvilles. De même, à Casa Transport S. A., le tramway de Casablanca nous était plus présenté comme un
moyen de transport moderne pour relier les différents « pôles de modernité » que sont Casamarina, Casanfa,
Casanearshore etc., et moins comme un moyen de désenclaver les quartiers périphériques de la capitale
économique. De plus, la question de la gentrification induite par le passage du tramway et la probable
relégation des ménages les plus modestes habitants à proximité de celui-ci n’est, semble-t-il, pas prise en
compte.
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CYPRIEN, CLARISSE, SANDRA, ROXANNE, ANDRES, FELIX, DAVID, LUCAS ET ÉMILIE (+ CELINE QUI PREND LA PHOTO).