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Page 1: Dossier Rednecks
Page 2: Dossier Rednecks

Menu Edito page 3 Redneck un jour, redneck toujours page 4 Interview de Scott Von Doviak page 6 2000 Maniacs (1964) page 9 Straw Dogs (1971) page 11 Délivrance (1972) page 14 Massacre à la tronçonneuse (1974) page 18 La Colline a des yeux (1977) page 22 Détour Mortel (2003) page 24 2001 Maniacs (2005) page 27 Devil’s Rejects (2005) page 30 Wolf Creek (2005) page 34 La Colline a des yeux (2006) page 37 Massacre à la tronçonneuse: au commencement (2006) page 39 Détour Mortel 2 (2007) page 43

© Dossier CinemaFantastique.net : Mise en page et coordination : Gore Sliclez Articles : The Creeper, Mae Nak, Gore Sliclez, Damie n, Hellrick, Ursula.

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Page 3: Dossier Rednecks

Damien, redac’ chef Cinemafantastique.net

En ces temps de disette et de crise du pouvoir d’achat, l’homme voit son niveau de vie considérablement baisser. Une crise qui touche une majorité de la population. Le pauvre piqueur de bagnoles des banlieues n’a plus de quoi remplir le réservoir de la Merco qu’il vient de chouraver, la ménagère de plus de cinquante ans a dû faire une croix sur Questions pour un champion (saloperie d’EDF !) et le PDG de Total-Elf-Fina doit prendre des précautions supplémentaires afin que ses pétroliers ne soient victimes d’aucun nouveau naufrage (qui a eu l’idée de troubler l’or noir avec cette merdasse bleue ?). Où va le monde ? Si la situation persévère, les tanks des troupes américaines devront s’équiper de panneaux solaires et les enfants du Sahel n’auront plus la chance

d’admirer les courses effrénées du Paris-Dakar. Liée au réchauffement climatique, la situation financière pourrait causer de sacrés dégâts. Au point que nous pourrions nous retrouver, dans une dizaine d’années, vêtus de lambeaux, le chapeau de cow-boy vissé sur la tête, cherchant un coin d’ombre et quelques gouttelettes d’eau pour se désaltérer. De vrais rednecks, quoi ! Mais au fond, c’est quoi des rednecks, me demanderez-vous, ma bonne dame qui vous êtes égarée sur notre site par erreur (Dieu vous en garde) ? Hum, hum… Né au lendemain de la guerre de Sécession, le terme « redneck » désigne les populations blanches pauvres du Sud de l’Amérique généralement victimes de la guerre. Employé de manière péjorative, le terme englobe aujourd’hui les campagnards de la partie méridionale des Etats-Unis, du Canada ou d’Australie, rapidement taxés de consanguins, suspectés de s’adonner à la zoophilie, estampillés abrutis et étiquetés comme dégénérés. Le cinéma de genre, miroir sociologique par excellence, a tôt fait de reprendre ces êtres désabusés pour leur permettre d’abattre une main vengeresse sur ces populations urbaines qui les raillent et les méprisent continuellement, au point de les ghettoïser avec mépris. Occasion rêvée pour certains réalisateurs d’envoyer en éclaireurs des brassées d’embourgeoisés, adolescents si possible, dans ces contrées reculées afin de les voir lutter face aux monstres que la société elle-même a engendrés. Le genre survival en tête déverse son lot de rednecks, les transformant de temps en temps en freaks difformes, afin d’ajouter au dégoût moral qu’ils suscitent une répulsion physique. De Tobe Hooper à Wes Craven, de Herschell Gordon Lewis à Alexandre Aja, de Rob Schmidt à Greg McLean, nombreux sont les maîtres de l’horreur qui se sont escrimés à reproduire sur pellicule ces « expériences » (au sens littéral du terme) hors du commun. Nous vous avons concocté un florilège de ces « rednecks movies » qui se décline en une dizaine d’œuvres incontournables décryptées par nos soins. Vous retrouverez pour chaque métrage, une présentation de son contexte, une description des us et coutumes des rednecks qu’il contient, quelques savoureuses répliques émanant de leurs bouches édentées ainsi qu’une description de la scène culte du film. En vous souhaitant un bon voyage en terre méridionale…

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Le Redneck, littéralement « cou rouge », est une appellation méprisante pour désigner à l’origine ces habitants des anciens états confédérés des Etats-Unis. Colons écossais presbytériens portant un foulard rouge au cou en signe de dissidence face à l’église d’Angleterre, mineurs portant ce même foulard comme signe de reconnaissance entre eux ou encore travailleurs dans les plantations, le cou brûlé par le soleil aride du Dixieland, peu importe l’étymologie car une chose est certaine le Redneck n’a pas bonne image auprès des citadins de ces grandes villes, émanations de la pseudo civilisation contemporaine. Vivant dans l’isolement des petites villes et villages du American South, il n’en fallait pas plus pour que les urbains du Nord industriel extrapolent et déforment l’origine et le cliché de ces habitants condamnés à vivre en communauté souvent repliée sur elle-même. Héritiers de l’ultranationalisme affiché notamment durant la grande Guerre de Sécession par Jefferson Davis et les nombreux riches planteurs de coton, les Rednecks affichent souvent un racisme primaire et un radicalisme social qui les rendent hermétiques au dialogue et rapides à la gâchette. Confortés dans leurs préjugés, ils vouent une méfiance, voire une haine farouche, envers tout représentant de l’establishment qui symbolise à leurs yeux le pédantisme et la réussite sociale souvent trop ostentatoire pour nos ruraux béotiens forcés au chômage depuis le déclin de certaines industries du Sud. Dès lors la caricature est facile et dessine un Redneck portant la grosse casquette élimée, la salopette poussiéreuse et douteuse, les cheveux gras et la dentition gâtée. Pour certains d’entre eux, la consanguinité se voit indéniablement. Népotistes de par leurs origines traditionnelles celtiques (apologie du clan), politiquement apathiques, sales, incultes (Affreux, sales et méchants aurait dit Ettore Scola) et aimant porter la carabine de chasse en bandoulière, cet attardé du Sud ne peut se retenir dès qu’une jolie dame passe par chez lui. Le rire grivois et sonore (la Budweiser aidant…) peut faire place très vite à des propos à consonance vulgaire si la malheureuse victime ne daigne pas le moindre sourire de secours. Les bonnes manières ce n’est pas trop leur truc à nos amis…

Redneck un jour, Redneck toujours...…

Casquette négligemment vissée sur la tête cachant...le néant ?

Le bon chasseur Redneck, c’est un gars, il a un bon fusil, il voit un truc qui bouge, il tire…

I’m Joe and I approve this message...

La Budweiser, utile qua nd on rentre « brocouille ».

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Cette représentation ingrate et sans concession reste tenace et se voit même généralisée au fil des décennies à l’ensemble des populations retirées des States, des Appalaches aux Grandes Plaines, et des Rocky Mountains au voisin Canada. Le Nord est donc visé également et avec lui ses forêts gigantesques où résident quelques localités perdues dédaignant les essors intellectuels et sociaux des grandes villes. Désormais, la caricature a fait son chemin et traversé les océans pour désigner au bout du compte tous ces provinciaux du monde reculé, touchés par le chômage et vivant leur vie comme un fardeau. Désabusés, ils sont les premières victimes d’une société trop peu égalitaire, d’un struggle for life impitoyable et d’un Ultralibéralisme dangereux qui a façonné la société et créé des castes hermétiques au dialogue. Il n’en fallait évidement pas plus pour que ce personnage sociétal majeur aux USA devienne un phénomène récurrent du cinéma horrifique. Rarement sympathique, souvent malsain, le Redneck sur pellicule fait peur et n’encourage en rien les escapades nature dans les contrées reculées. Devenus émanations de l’échec social et de l’inculture américaine, ces personnages hors du commun n’en ont cure et préfèrent en rire entre eux voire pour certains se complaire dans la caricature. Miss Redneck, festivals, musique du cru, la redneck attitude deviendrait-elle « in » ? Une certaine fierté liée aux origines de cette classe ouvrière rurale blanche semble émaner désormais de certains coins des States…

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Scott Von Doviak vous êtes l'auteur du livre Hick Flicks: The Rise and Fall of Redneck Cinema. Pouvez-vous vous présenter au public français?

Je suis critique de films pour le Fort Worth Star-Telegram, un quotidien à Fort Worth, une des plus grandes villes du Texas, et suis également chroniqueur pour Screengrab, le blog consacré au cinéma de Nerve.com. Je vis à Austin dans le Texas.

Comment définiriez-vous le Redneck?

Le terme « redneck » se réfère à un stéréotype: un personnage habitant la campagne, généralement du Sud des Etats-Unis, mâle issu de la classe ouvrière, sans éducation et enfin souvent raciste (quand le terme est utilisé dans son sens péjoratif). Représentez-vous un homme gonflé à la bière avec un pick-up et un fusil de chasse, portant le jean et un t-shirt avec le drapeau confédéré dessus.

Quand est apparu pour la première fois le Redneck au cinéma?

Le « hillbilly » (montagnard), le précurseur du redneck, remonte déjà à l'époque du cinéma muet. Dans ces films, comme le Moonshine Molly de 1914, le hillbilly était présenté comme un simple d'esprit, un personnage comique. Ce type de personnage a persisté jusqu'à sa liberté retrouvée avec le film Thunder Road en 1958. Dans ce film, le traficant d'alcool Lucas Doolin (interprété par Robert Mitchum) transforme le personnage de l'idiot hillbilly en redneck; un homme dur, charmeur, anti-autoritaire, bref...un bon gars.

Pourquoi est-il si souvent représenté comme un être inculte, grossier et un peu simplet ?

C'est partiellement dû à l'attitude condescendante de ces citadins tirés à quatre épingles habitant Hollywood qui ont fait ces films. Il y a toujours eu un part de vérité dans ce stéréotype, mais les films d'Hollywood offrent souvent ce genre de caricature facile. Par exemple, les arabes sont souvent portraitisés comme des personnes fondamentalement et uniquement méchantes dans les films d'action actuels.

Interview : Scott Von Doviak

Rencontre sur le web avec le Texan Scott Von Doviak, journaliste et auteur d'un des rares livres consacrés au personnage redneck. Une somme journalistique qui s'articule autour de trois grands axes: la naissance du bon petit hillbilly (good Ol' Boy), trafiquant et cracker, le redneck On the Road et enfin le redneck dans le cinéma d'horreur. Autant dire que pour nous c'était une aubaine que de demander l'avis d'un expert et qui plus est habitant du Texas (vroum, vroum) sur notre personnage énigmatique et symbolique d'une certaine Amérique.

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Durant les années 70, deux communautés s'affrontaient : les hippies et les rednecks. Comment se déroulait cette cohabitation dans le cinéma ?

Ce phénomène était plus marquant dans la musique des années 70 (comme Willie Nelson par exemple) qu'au cinéma. Les relations entre hippies et rednecks sur grand écran ont commencé dans la méfiance (comme dans Easy Rider où un personnage redneck tue les héros hippies avec son fusil). C'est par la suite qu'ils eurent des choses en commun, notamment avec leur méfiance vis-à-vis de l'autorité.

En quoi la hixploitation (en référence à la blaxploitation), comme vous l'appelez, est un phénomène de contre-culture ?

La Hixploitation ne s'est jamais définie comme faisant partie de la contreculture. Le public cible était celui des drive-in, la population rurale, la classe ouvrière du Sud. Aujourd'hui, nous apprécions ces films comme des témoignages d'une époque ancienne, celle des années 70 et la population bobo prend maintenant beaucoup de plaisir à se moquer d'eux ironiquement à travers notamment la série humoristique culte Mystery Science Theater 3000.

Le redneck n'est-il pas l'objet d'une certaine condescendance du monde urbain et surtout des grandes villes américaines?

Oui, tout-à-fait comme je vous l'ai déjà expliqué mais il y a aussi une certaine appréciation de la culture plouc-redneck dans les villes. Par exemple, l'intérêt croissant pour la compétition NASCAR, un type de courses d'automobiles qui est un carrefour où se rejoignent le public redneck et un public fan très large venant d'horizons divers.

Nous avons deux visions cinématographiques différentes du redneck : d'une part l'humoristique Smokey and the Bandit et d'autre part les effroyables Deliverance et Chainsaw. Pourquoi cette différence ?

Telles sont les deux réactions les plus communes par rapport aux rednecks parmi les citadins et les personnes mieux éduquées: rire d'eux et être effrayés par eux. Le personnage du redneck s'adapte très bien au film de genre et notamment d'horreur en raison de son habitat très reculé et isolé. C'est une peur que nous avons tous que d'être prisonnier loin de chez nous, au milieu de nulle part et avec des personnes que vous ne comprenez pas.

Comment expliquez-vous la lente métamorphose du personnage en un être cruel et sanguinaire du cinéma d'horreur actuel?

En même temps que les films deviennent de plus en plus violents et extrêmes, les personnages aussi évoluent...

Où en est le phénomène Redneck actuellement ?

Aujourd'hui, les rednecks les plus connus sont Jeff Foxworthy, un acteur humoriste qui travaille uniquement sur le personnage du redneck (il faut voir le film Blue Collar Comedy Tour) et Larry the Cable Guy, un être particulièrement peu intellectuel et agressif (voir Witless Protection). Et puis, le personnage du redneck continue d'exister dans le cinéma d'horreur avec les films de Rob Zombie (The Devil's Rejects, House of 1000 Corpses).

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Le Redneck est-il international ?

Je suis certain que chaque pays possède son équivalent du redneck. En Australie, ils l'appellent le « ocker ». Récemment je parlais avec un journaliste de la radio canadienne qui suivait un événement consacré à des jeux redneck ( Canadian Redneck Games event), apparemment le Canada a aussi ses rednecks.

Quel est pour vous le meilleur film de Rednecks ?

Délivrance est peut-être le film le plus influent du genre. Songwriter (avec Willie Nelson) est un excellent mais méconnu film de redneck.

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Le film…

Au début des années 60, Hershell Gordon Lewis tente de percer sur le terrain du cinéma commercial. En compagnie du producteur David Friedman (plus tard coupable, entre autres, de ILSA LOUVE DES SS), il livre de nombreux petits films érotiques et récolte un certain succès mais, rapidement, la formule s'épuise. Muselé par des lois sévères, le duo ne peut aller très loin au niveau de la représentation à l’écran des actes sexuels. Incapable de rivaliser avec les gros budgets produits par Hollywood dans les autres genres populaires, le cinéaste se lance alors dans une aventure encore inédite, celle du gore. Inédit à l'écran, certes, mais pas sur les planches puisque le spectacle cinématographique proposé retranscrit les excès parisiens du Théâtre du Grand Guignol. A la sortie de BLOOD FEAST, en 1963, une partie des spectateurs quitte la salle mais d'autres répondent avec enthousiasme et le cinéma horrifique en sera transformé à jamais. Après ce très culte mais objectivement médiocre BLOOD FEAST, le second métrage horrifique du « Godfather of Gore » se révèle bien plus réussi. 2000 MANIACS procure une heure et quinze minutes de plaisirs pervers et s'appuie sur un scénario inventif, sorte de relecture horrible de Jeux sans frontières et du BRIGADOON de Minnelli. Un siècle après leur mort, deux milles sudistes, habitants de la charmante Pleasant Valley, reviennent venger un massacre commis par les Nordistes. Une vengeance détaillée de manière saignante et amusante, Lewis apportant au genre un nouvel élément clé: l'humour noir. Cet humour, une fois n'est pas coutume, est volontaire et la ringardise de l'ensemble, assumée par un Lewis très en verve, assure un spectacle rythmé et réjouissant. Une première victime a le bras tranché à coups de hache avant d'être passée à la broche; une jeune fille est écrasée par un rocher suite à un concours de lancer; un touriste finit écartelé entre des chevaux et un type, enfermé dans un tonneau clouté, est réduit en bouillie. Des scènes toujours très saignantes mais également fort drôles, aptes à ravir les fans. L'interprétation, elle, s'avère - au mieux - passable même si Thomas Wood (alias William Kerwin) et la pin-up Connie Mason reviennent effectuer un second tour de piste chez H.G. Lewis un an après BLOODFEAST. Les chansons country (dont un inévitable "The South will gonna rise again") complètement ringardes ajoutent au charme de l'ensemble. Au niveau sanglant, ce petit budget paraît aujourd'hui bien timide mais, malgré son amateurisme outrancier et une musique atroce, il demeure supérieur à bien des gore récents! En son temps, le film était certainement considéré comme insoutenable. Evolution ou décadence aidant, 2000 MANIACS serait sans doute classé, aujourd'hui, "accord parental souhaité". Mais la qualité et l'originalité du scénario, associés à un humour efficace, font toujours la différence même si le dernier quart d'heure, poussif, tourne à vide et gâche la bonne impression ressentie. Quoiqu'il en soit 2000 MANIACS reste un classique et tout amateur se doit de le posséder dans sa DVD-thèque.

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Les rednecks… Les habitants de Pleasant Valley, un bled perdu du Sud des Etats-Unis dirigé par le maire Buckman. Le maire Buckman est un personnage caricatural et sarcastique, l’image typique du bouseux raciste et stupide dissimulé sous une apparence faussement joviale…en réalité il est, comme tous les habitants du village, un fantôme / zombie, tous les habitants de Pleasant Valley ayant été massacrés par les Nordistes en 1865. Ils reviennent d’entre les morts pour se venger au son du banjo et sont persuadés qu’un jour ou l’autre le Sud va se relever !

Les répliques…. "je n'aimerais pas rater le barbecue" déclare une demoiselle à quoi un citadin cannibale réplique malicieusement "ne crains rien, tu y seras". « Ce centenaire célèbre une vengeance sanglante, ce qui veut dire que nous sommes ici pour être tués » déclare le héros soudain perspicace.

La scène culte… La victime écartelée par quatre chevaux au cours d’un barbecue célébrant à sa manière les principes de l’hospitalité sudiste. Un jalon important de l’histoire du cinéma gore marquant l’intrusion de l’humour noir au sein de l’horreur sanglante.

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Le film…

On l'a dit et répété, le phénomène « Redneck » allait s'expatrier un peu partout dans le monde car c'est connu maintenant, tout le monde a chez lui un petit village de rednecks qui résiste encore et toujours à l'envahisseur.

On savait que Sam Peckinpah était désireux de réaliser Délivrance avant que John Boorman n'acquière les droits. Pas de quoi le déstabiliser pour autant, son survival il l'aura! Pas en Géorgie mais en Angleterre, dans les Cornouailles plus précisément. David Sumner (Dustin Hoffman), mathématicien américain, émigre avec sa jeune épouse Amy (Susan George), native du coin, dans une délicieuse maison de campagne qu'ils doivent restaurer. Pour ce faire, ils demandent l'aide de quelques autochtones du coin pour refaire le toit. Malheureusement, parmi ceux-ci se trouve Charlie Venner, ancien petit ami d'Amy, qui en pince encore pour la donzelle et prend en grippe son mari. De tensions en tensions, Charlie et ses acolytes, dirigés par le patriarche Tom Hedden (Peter Vaughan) prennent d'assaut la ferme des Sumner qui ont reccueilli chez eux le bénêt du village soupçonné de meurtre. Formidable métamorphose d'un mathématicien pacifiste devenant, après moult brimades, une bête de combat, prenant son pied dans la soudaine violence de l'instant. Une explosion finale qui fera dire aux détracteurs du film que Peckinpah était un réal qui se complaisait dans la violence gratuite pour en faire l'apologie. Une vision libérale pour la défense de la propriété privée. Ne nous emballons pas, après tout le réal voulait simplement montrer que n'importe quel quidam pouvait dans une dérive psychologique puiser en lui une violence qui le surpasse et prendre goût à ce nouvel état de puissance ressenti.

Ce film, censuré en Angleterre pendant 18 ans, est également l'image d'un combat entre deux classes sociales et deux visions de la vie. D'une part des locaux vivant dans une structure patriarcale (le respect du clan et de ses codes) caractéristique de la pensée gaéllique mais aussi fervents catholiques et d'autre part ces étrangers américains venant avec un mode de vie plus libéral, athée et dont Amy semble être l'émanation. Avec ses mini-jupes, ses pulls moulant et ses humeurs festives, la belle surprend en plein coeur de ce village rural touché par le chômage. Et particulièrement ces rednecks gaellois, xénophobes et rustres, qui aimeraient se l'approprier, quitte à devoir passer par le viol qui sera alors montré via une scène insoutenable et filmée sans pudeur. Non, décidément nos autochtones n'ont rien à envier aux ricains... 11

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Les rednecks…

Tom Hedden (Peter Vaughan)

Le patriarche du clan. Homme craint et respecté dans le village de par sa stature imposante. L'homme est alcoolique, rustre, cache mal sa haine de l'étranger et voit d'un mauvais oeil l'arrivée de Sumner et son mode de vie ostentatoire. Image même du paysan celtique, c'est lui qui décide d'entreprendre la prise d'assaut de la ferme.

Charlie Venner (Del Henney)

Ex d'Amy, son amour pour la belle blonde se ravive quand il la revoit au village de retour des Etats-Unis. Pervers, profondément méchant, le beau gosse de la bande aime humilier David Sumner dans une partie de chasse factice comme pour mieux se venger de ce que celui-ci lui a pris. Rongé par sa passion d'Amy, il participe à l'assaut de la ferme plus pour reprendre de force sa belle que par jalousie sociale.

Henry Niles (David Warner)

L'homme de main de Cal Hockley dans Titanic (1997), David Warner interprète ici remarquablement le benêt du village sur lequel plane des suspicions de pédophilie. À la suite d'un malentendu dramatique et meurtrier, il se voit pourchassé par Tom Hedden et son clan jusque dans la maison des Sumner.

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La scène…

Nous aurions pu retenir la partie finale du film, véritable explosion de violence, dans laquelle un homme seul se bat, bec et ongles pour protéger sa propriété avec toutes les armes qui sont à sa portée. Mais le passage consacré à la chasse semble être le début d'un retournement et d'une prise de conscience de la part de David Sumner sur la moquerie dont il est victime et des intentions peu louables de ces locaux décidément peu accueillants.

David est invité par Charlie et ses potes à une partie de chasse. Emballé par la sympathique proposition, David ignore que l'objectif des Anglais est de se rendre à la maison des Sumner rendre visite à Amy en laissant David, seul dans la campagne attendant toujours un hypothétique signal des chasseurs déserteurs. Les minutes passent, voire les heures, et David, pathétiquement, attend, l'arme à la main. Sur son visage apparaissent lentement les premiers signes de la conscience retrouvée, celle qui lui fait comprendre que décidément il ne sera jamais accepté dans cette communauté très refermée sur elle-même. Ses appréhensions initiales deviennent réalité et semblent lui conférer une nouvelle attitude, plus décidée, plus ferme. Plus question de se faire avoir! Mais ce qu'il ne sait pas encore, c'est que là-bas dans la vieille ferme, Amy, son épouse, est en train de se faire violer...

« Les Cieux et la Terre ne sont pas humains, et regardent les gens comme des chiens de paille » (Lao-tzu).

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Le film…

Huit ans après le Two Thousand Maniacs de Herschell Gordon Lewis, le redneck refait surface du côté de la Géorgie, le long de la Cahulawassee River plus précisément. Inspiré du roman de James Dickey, Deliverance (1972) est d'abord et avant tout un hommage à la nature sauvage et hostile mise en danger par l'homme. Seul Lewis, chasseur rousseauiste et nietzschéen à la fois, semble encore entendre les échos désespérés d'une Nature à l'agonie. Celui-ci entraîne ses camarades, bourgeois de la Ville, dans une descente sportive de la rivière avant que celle-ci et sa vallée ne disparaissent sous les tonnes d'eau d'un lac artificiel. Le contact avec les autochtones est condescendant, moqueur. Il faut dire que l'image pittoresque (pitoyable dira maladroitement Bobby) de ces habitants en guenilles, crasseux, pouilleux et au regard salace n'altère en rien le cliché facile que ces citadins irrespectueux ont de ces populations isolées. Les commerces sont rares et les plus proches petites villes sont à des kilomètres. Un mode social qui s'articule autour de la débrouille dans une langueur intemporelle et monotone. Pas de mensonge sur cette vérité rurale, le réalisateur John Boorman choisit donc dans un souci de réalisme des figurants locaux pour interpréter les rednecks à l'instar de Billy Redden qui joue le rôle de Lonnie, enfant consanguin mais virtuose du banjo. Une scène culte où deux mondes s'affrontent et semblent vouloir prendre le dessus sur l'autre: l'enfant redneck, défiant, qui accepte le duel comme pour claquer le bec à ce citadin, Drew (Ronny Cox) déconcerté par son propre stéréotype anticipatif qu'il avait de ce gamin frondeur et surdoué. Et quand le old man lance « vous êtes un ignorant » à l'adresse de Bobby et son air morgue, il semble vouloir démontrer une nouvelle fois cet antagonisme cruel du monde moderne, ce fossé sociétal entre un certain univers rural parfois abandonné et la suffisance urbaine ostentatoire et vaniteuse.

Un message latent qui atteint son apogée dans une scène de viol abjecte et dérangeante. Dérangeante dans son altérité sexuelle (la victime est un homme) mais aussi dans la perversion et le rejet de la condition humaine démontrés par deux rednecks crétins et sanguinaires. Le cauchemar commence et, avec lui, le sentiment de survivance qui naît dans le coeur d'Ed, celui-là même qui fumait la pipe en bon bourgeois et qui se transformera de scène en scène en guerrier animal et instinctif.

Un film cliché, voire insultant envers une certaine communauté, facile diront certains mais magistralement dirigé par un John Boorman qui allait ainsi offrir au cinéma son survival de référence. « Il faut parfois pouvoir se perdre avant de trouver quelque chose » lança Lewis, il ne croyait pas si bien dire...

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Les rednecks…

Lonnie

méfiance et son désintérêt envers ces citadins irrespectueux. On retrouvera cette passivité du personnage lorsque les deux canoës de nos quatre aventuriers passent sous un pont sur lequel se trouve Lonnie. Au signe amical envoyé par Drew, l'enfant n'y répond pas et voit partir au loin ces hommes qui décidément l'intriguent. Une apathie qui déconcerte mais qui interpelle également et rend inquiétant ce voyage entrepris, comme une malédiction lancée.

À noter que Billy Redden, qui joue ce personnage, n'est pas du tout musicien à la base. Un angle de vue savamment choisi par le réal, un bras d'un véritable jeune joueur de banjo caché dans la chemise adaptée de l'enfant complètent l'illusion d'une prestation musicale hors norme. Cependant, Billy, au charisme naturel, sera engagé en 2003 par Tim Burton lui-même pour venir jouer dans son film Big Fish pour un sympathique cameo.

Adolescent, cet enfant au visage marqué par la consanguinité, incarne le redneck impassible, tapi dans l'ombre d'une terrasse et observant d'un regard morne l'univers qui l'entoure. Il gratte son banjo dont les sons résonnent dans le silence naturel environnant. Interpellé par Drew, il accepte le duel musical et démontre une virtuosité surprenante faisant vaciller le cliché de l'enfant attardé. Son duel gagné, il dédaigne son adversaire d'un détournement du regard comme pour marquer sa

Responsable de la seule station service du coin et à des kilomètres à la ronde, le vieil homme au chapeau mou et au pantalon trop court fait littéralement pitié. Au compliment hypocrite de Bobby « j'adore votre chapeau », c'est lui qui répondra ce cinglant « vous êtes un ignorant » au même Bobby interloqué. Que dire aussi de sa danse quelque peu ridicule interprétée sous les airs de banjo et faisant rire moqueusement les autres.

Old Man

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Mountain Man

Un des deux agresseurs et violeurs de Bobby. Une véritable tête de l'emploi pour interpréter la caricature même du redneck frapadingue. Casquette vissée sur la tête, chemise à carreaux de bûcheron, salopette d'apparat aux bretelles ridicules, le personnage fait honneur à la galerie.

Interprété par un Bill McKinney abonné du genre (2001 Maniacs, The Green Mile), l'Homme des montagnes est un être répugnant au regard salace et à la perversité sans limite. C'est lui qui sodomisera Bobby dans un simulacre zoophile, obligeant sa malheureuse victime à grogner comme une truie. Une obscénité choquante et révoltante qui avilit Bobby psychologiquement autant que physiquement. Ayant l'ascendant moral sur son compagnon c'est pourtant lui qui recevra dans le dos une flèche tirée sans hésitation par Lewis et mourra après une agonie quelque peu théâtrale. À ce jour, le Mountain Man reste un des rednecks les plus abjectes de l'histoire du cinéma...

Toothless Man

Compagnon de Mountain Man, « l'homme sans dents » est encore plus crétin que son condisciple. Armé d'un long fusil, il rigole stupidement en permanence découvrant une bouche édentée du plus bel effet. Sans doute jaloux, il aurait bien voulu se farcir Ed dont il trouvait la bouche « très jolie ». Le sort réservé à Mountain Man le découragera efficacement, préférant prendre ses jambes à son cou plutôt que de tomber sous les flèches de Lewis. Mais c'est sans compter sans sa ténacité et son désir de vengeance. Du haut des gorges de la rivière, il assassinera Drew avant d'obliger les autres à se réfugier au pied de la falaise. C'est Ed qui, transformé en chasseur (sachant chasser...) va enfin se débarrasser de ce redneck nous offrant par la même occasion une scène hilarante. En effet, s'inquiétant de voir le cadavre muni de toutes ses dents, Bobby demande à Ed si c'est bien lui le complice de son violeur. Paniqué d'avoir peut-être assassiné un innocent, celui-ci remue frénétiquement la bouche de Toothless Man découvrant alors... un dentier!

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Les répliques..

Découvrant la station d'essence miteuse et ne voyant personne:

Bobby: Des gens? Mais quels gens?

Plus loin...

Bobby: Quand on parle de dégénérescence on dit ça en l’air mais c’est pas beau à voir…

Un des locaux arrivant derrière lui: Nous au moins on sait jouer du banjo...

Juste avant la scène du viol:

Ed: Mais qu'est-ce que vous exigez de nous?

Moutain Man (moqueur): Ce que nous euh « e-xi-geons » c'est que vous amenez votre fichu cul dans ces bois...

La scène…

C'est LA scène qui va faire prendre un virage dramatique et cauchemardesque à Délivrance et plonger nos héros dans l'horreur pure, le survival ultime.

Bobby et Ed rejoignent en canoë la berge du fleuve pour une pause, Ils sont en avance par rapport à Lewis et Drew. Ils discutent un peu et entendent du bruit dans les feuillages: deux hommes se trouvent là à les regarder. Ils font preuve d'un sans-gêne provocateur vis-à-vis des

deux amis et on sent derrière leurs personnages une perversion dangereuse, malsaine. Bobby est mal à l'aise et semble être la victime choisie d'un des deux acolytes. Celui-ci l'oblige sous la menace de la carabine à se dévêtir totalement. Harcelé par les propos et les coups du redneck, Bobby se voit contraint par la menace de mimer le porc, se mettant à quatre pattes et grognant ridiculement. Enfin, l'homme des montagnes grimpe sur le malheureux et commence à le sodomiser dans une pantomime grossière et abjecte.

Une scène d'une rare crudité, jusqu'au-boutiste et sans concession par rapport à la censure. La scène, même filmée en contre-champ, est obscène et révoltante. Le film d'aventure se transforme soudainement en cauchemar et plonge le spectateur charmé jusqu'alors par la beauté bucolique des paysages dans l'incrédulité et le profond malaise. Un retournement de situation remarquablement abordé par John Boorman qui ne laisse rien présager du sort qu'il réserve à ses héros. Un viol forcément insoutenable et dont la victime, fait extrêmement rare dans le cinéma, est un homme, humilié (comme dans tous les viols forcément) dans sa condition humaine autant que dans sa chair. Le machisme affiché durant les premiers instants du film fait place alors à la réalité du drame et cloue de façon révoltante le bec d'un Bobby initial ouvertement moqueur et présomptueux.

Les cinéphiles se souviendront peut-être du téléfilm The Rape of Richard Beck (1985) dans lequel Richard Crenna interprétait lui aussi un macho pour qui les personnes violées étaient responsables en partie de leur drame avant... de se faire violer lui même, obligé lui aussi de mimer le cochon (mais pourquoi le porc ??).

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Le film…

Tobe Hooper n'était alors qu'un sombre inconnu lorsqu'il sortit, en 1974, Massacre à la tronçonneuse. Film à petit budget (83.500 dollars, environ 61.200 euros), son efficacité repose sur une atmosphère lourde et pesante. Présentée quasiment à la manière d'un documentaire, l'oeuvre doit son authenticité à son image (grain prononcé lié au passage 16 mm au 35 mm) et aux conditions extrêmes de son tournage. Cette histoire de serial-killer à la tronçonneuse fut inspirée par la véritable vie d'Ed Gein, profanateur de tombes et tueur de femmes. Totalement censuré dans bon nombre de pays, le film ne sortit qu'en mai 1982 en France tandis que les spectateurs anglais durent attendre sa sortie au cinéma jusque... 1999, soit 25 ans plus tard, événements qui ne manquèrent pas, outre sa thématique et son style particuliers, de propulser l’œuvre au statut de film-culte. Le film est donc inspiré à demi-mots de faits réels mais se place surtout dans un contexte historique bien particulier: en pleine guerre du Vietnam, les américains ont peur jusque dans leur foyer et plus encore pour cette Amérique profonde oubliée économiquement autant que socialement. Avec l'arrivée de ces jeunes hippies, citadins frivoles et insouciants, dans ces terres arides du Texas ce sont deux générations qui vont s'affronter. La vieille Amérique réac, puritaine, bien assise sur ses valeurs conservatrices et d'autre part une jeunesse dorée, soixante-huitarde, insouciante et qui n'a pas connu la guerre. Une vision pamphlétaire des Etats-Unis que nous balance un Tobe Hooper, génie apparu trop vite, trop tôt...

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Drayton « Cook » Sawyer

Tenancier d'une station service...où il n'y a plus d'essence, il paraît fort près de son portefeuille et ne néglige pas la moindre économie. Roublard, il s'attaque à des opposants de moindre force. Il est en commerce avec Hitchhiker, redoutable pilleur de tombes, afin d'assouvir ses pulsions cannibales. Aime faire mijoter des restes humains dans une grosse marmite et possède un vocabulaire peu châtié. On ne sait pas trop bien quel rôle il tient dans

Hitchhicker

Frère de Leatherface, il est complètement fou et ultra-violent. Blagueur à ses heures, l'homme ne lésine pas quand il s'agit de traumatiser de jeunes demoiselles ou de gros invalides. Pilleur de tombes, il s'adonne au cannibalisme avec grande joie et éprouve aussi du plaisir à s'auto-mutiler. Bref, le plus percé de la bande, dont la folie n'a d'égal que la laideur!

Leatherface

Amicalement appelé « Face de cuir » par son frère, il descend d'une grande famille de dépeceurs de bétail. Sa voie était donc toute tracée et il reproduit les gestes familiaux envers tout ce qui bouge! Profitant de la pénombre pour cacher sa défiguration, il fond sur ses proies à grande vitesse. Aime courir, la tronçonneuse à la main dans de grands espaces. Ne supporte pas l'échec. N'étant pas doué de parole, il émet des grognements et autres sons bestiaux. Il occupe une place centrale dans le récit de Hooper. Il s'agit en fait de l'ennemi le plus dangereux et le plus meurtrier du film. Dans la première partie, il enchaîne les dépeçages à une vitesse incroyable et, dans la seconde, il s'occupe de courser l'unique survivante. La plupart des plans conçus parle réal lors des séquences finales sont dédiées à sa course éperdue.

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Grandpa Ancien grand tueur d'animaux, il agonise lentement, n'ayant même plus la force de manger seul. Il ne crache néanmoins par sur du sang humain bien frais, sucé à même la blessure. Il est véritablement déifié par le reste de la famille. Personnage secondaire, il n'apparaît que dans la seconde partie du métrage. Son aspect cadavérique n'en reste pas moins impressionnant, ce qui lui permet d'avoir un certain impact lors de quelques séquences.

Citations…

« J'avais oublié d'couper la lumière. Au prix où est l'électricité, ça vous mène droit à la banqueroute » (Drayton à Sally, qu'il est en train d'enlever) « Tu le trouves pas beau mon frère? » (Drayton parlant de Leatherface) « Grand-père est bien le meilleur tueur qu'on ait jamais eu. Un seul coup lui a toujours suffi! » (Drayton)

La scène…

Le dîner : C'est l'heure du dîner pour la famille de Leatherface! Comme dans tout repas qui se respecte, on commence par les amuse-bouche. Mais il n'est nullement question ici de petits canapés au pâté préparés avec amour mais bien.... de sang humain pour mettre en appétit Grandpa! Ce sang est celui de Sally, dernière survivante du groupe de cinq jeunes venus visiter la région et décimés par la famille de tueurs. Hitchhicker et Leatherface descendent le fauteuil de Grandpa et le transportent jusqu'à une salle à manger glauque à souhait. La jeune fille est alors maintenue tandis qu'on lui entaille un bras à l'aide d'un couteau. La blessure est alors présentée à Grandpa qui suce allègrement le sang qui s'en écoule tandis que l'infortunée Sally se défend. La jeune fille s'évanouit et, lorsqu'elle se réveille, elle se retrouve assise à la même table que ses bourreaux. A leur vue, Sally hurle, ce qui provoque un éclat de rire général, sauf bien entendu dans le chef de Grandpa qui, comme à son habitude, est dans un état végétatif. L'impolitesse d'Hitchhiker, plus en forme que jamais, irrite quelque peu Drayton qui rappelle à tout le monde qu'après tout, « c'est une fête de famille! On est là pour s'amuser ».

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Les hurlements de la jeune victime ont malheureusement tôt fait d'agacer Drayton qui décide alors qu'il est temps tuer la sauvageonne. Il déclare alors vouloir laisser la tâche à Grandpa qui « a toujours été le meilleur tueur de la famille ». Tout le monde s'affaire à présenter au patriarche adoré une victime vulnérable: Sally est mise à genou à même le sol tandis que Drayton met un couteau dans la main de Grandpa. Ce dernier, incapable d'esquisser le moindre coup sur la nuque de la victime, se voit aidé (voire poussé) dans sa tâche par une famille qui l'encourage. Heureusement pour Sally, le vieillard est vraiment à bout de force et, face à la déconcentration de certains membres de l'assemblée (ce gros lourdeau de Leatherface dessert un peu son étreinte), elle parvient à s'échapper!

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Le film…

Trois ans à peine après le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, Wes Craven prend une trajectoire similaire en signant son survival cinq ans après son dérangeant rape and revenge La dernière maison sur la gauche. Tirant son intrigue d’un fait divers morbide (une famille cannibale écossaise du 17ème siècle, terrée dans une grotte, dévorait les victimes qui tombaient entre leurs griffes), le métrage cravenien se politise, implantant son récit dans les étendues désertiques du sud de l’Amérique, plus spécifiquement dans une région ravagée par la sécheresse et la mainmise militaire de cette zone qui provoqua un exode ravageur. Une région rocheuse dominée par une équipée de rednecks sauvageons, consanguins, cannibales (à l’instar de la famille de Leatherface) et dégénérés qui subsistent en pillant les magasins de l’armée et en se sustentant de la chair des rares touristes qui s’aventurent dans le coin. Des rednecks à l’origine étrange qui sont les rejetons bâtards d’un monstre qui pesait 20 livres à la naissance et dont le corps gargantuesque déchira sa pauvre mère sur la table d’accouchement. Un monstre dégénéré laissé pour mort dans le désert par son père haineux envers ce rejeton qui lui a pris son épouse et sa fille chérie, un monstre qui a continué à errer dans les collines, perpétuant sa monstruosité en donnant naissance à une kyrielle de freaks tout aussi répugnants que lui. Le traitement documentaire de l’œuvre, sa description brute et visuelle de la violence quotidienne des monstres et l’aspect sociologique qui découle de sa peinture réaliste de la confrontation des civilisés et des barbares affuble l’œuvre d’une aura particulière, lui conférant du même coup un statut d’œuvre culte.

Les rednecks…

Papa Jupiter : Patriarche omnipotent, il déverse avec une grâce non feinte sa haine sur ses rejetons qu’il mène au doigt et à l’œil. Le nez tailladé, les joues mal rasées, Papa Jupiter commande toutes les opérations assassines de main de maître.

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Mars : Cheveux frisés graisseux et dents proéminentes, Mars est sans nul doute le personnage plus cruel de la famille, tuant tel une bête toute personne qui lui passe sous la main. Adore réprimander son jeune frère pour asseoir sa domination.

Pluton : Dégingandé, chauve et difforme, des ossements en guise de pendentifs, Pluton est le petit dernier de la famille. Sans cesse humilié par son aîné, il attend patiemment de pouvoir déflorer sa première conquête. A un sens de l’humour aigu.

Les répliques…. Mama à Ruby : « Pour moi, le chien c’est trop bon pour une fille propre à rien dans ton genre » Mercure, s’esbaudissant sur sa falaise, en imaginant le repas que constituera le bébé captif : « Je ferai comme la dernière fois, je lui boufferai les doigts de pieds. Qu’est-ce qu’on a rigolé ! » Pluton, donnant des conseils aux victimes par l’intermédiaire de la radio : « Ayez l’œil fixé sur l’ennemi et … mettez-vous un doigt dans le cul. Appelez aussi votre grand-maman et votre grand-père, ça nous fera du dessert »

La scène… Des hurlements transpercent le silence de la nuit désertique. Au dehors, un immense bûcher s’enflamme. Au centre du feu, Big Bob Carter, le père de famille s’embrase et hurle de douleur avant que Bobby et Doug ne viennent le secourir. Mais alors que le père agonise sur le sol, rendant son dernier souffle, des hurlements avertissent Bobby et Doug du traquenard dans lequel ils sont tombés. Faisant du brasier un excellent moyen de diversion, Pluton et Mars en ont profité pour investir la caravane familial afin d’y trouver quelque nourriture à se mettre sous la dent et quelques galbes féminins à caresser, ceux-là même qu’offre Bobby, jeune femme séduisante. Lors d’une lutte pour sauver son enfant, Lynne reçoit une balle tirée à bout portant par l’ignoble Mars. Pendant ce temps, Pluton s’enfuit avec pour butin… le corps fébrile du bébé enrubanné dans une couverture. 23

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Le film…

Réalisé par Rob Schmidt, Détour Mortel conte l’histoire de 6 jeunes gens se perdant sur une route traversant une sombre forêt dans laquelle sévissent trois rednecks ravis de voir arriver de nouvelles proies à chasser. Ici, pas de considérations sociales ou politiques, il s’agit de livrer un survival horrifique le plus efficace possible. Si le film se montre avare en séquences graphiques, au moins parvient-il à créer une certaine tension. En effet, les rednecks, exagérations physiques du personnage, apparaissent finalement très peu à l’écran et malgré le savoir faire reconnu de feu Stan Winston et sa compagnie d’effets de maquillages, les physiques disgracieux de nos dégénérés ne seront que parcimonieusement dévoilés. Pourtant, leur présence imposera la multiplicité de sons (bruit du moteur de leur camion, rire hystérique de l’un ) ou des figures indiscernables. Ce faisant, nos sauvages s’apparentent à une excroissance monstrueuse de cette forêt dense et mystérieuse. Comme souvent, les rednecks de Detour Mortel s’ingénient avant tout à riposter à l’invasion de leurs terres par ces étudiants. Sorte de version aseptisée du Délivrance de John Boorman mâtiné de Massacre à la tronçonneuse, Détour Mortel, sans être un chef-d’œuvre du genre, demeure réjouissant dans sa mise à mal des citadins.

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Les rednecks…

Etant peu présents à l’écran et de silhouettes similaires (cheveux longs et sales, salopettes) il faudra se contenter du générique de début pour avoir un aperçu de leurs faces ravagées. Celui-ci s’avère d’ailleurs assez remarquable puisque la succession de coupures de presse provoque un effet de réel (faits divers) tout en présentant des visages difformes du fait de la consanguinité et de mutations. Mais, telle celle de Massacre à la tronçonneuse, c’est définitivement la visite de leur maison qui définira le mieux ces sauvages : crade, décrépie et maculée de restes humains.

Les répliques…

Peu de dialogues à se mettre sous la dent, nos rednecks se montrant peu diserts mis à part quelques borborygmes et un rire sardonique. On se contentera d’une maigre réplique du propriétaire édenté de la station service dans laquelle un des étudiants après avoir consulté une carte conseille au vieux de prendre soin de lui, ce dernier répondant « C’est plutôt toi qui devrais faire attention »

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La scène…

L’arrivée de nos héros dans ce qui sert d’habitation pour nos rednecks monstrueux nous montre une vue d’ensemble d’une cabane minable au fonds des bois. Retour donc quelque peu « grossier » à l’imagerie traditionnelle du redneck bouseux vivant au fond de sa cambrousse dans un milieu hostile et un cadre d’un misérabilisme édifiant. Un parallélisme inévitable avec Délivrance aussi exagéré que les locaux eux-mêmes comme une extrapolation monstrueuse du film de John Booorman. L’atmosphère est tendue car les lieux eux-mêmes en imposent et le contraste avec nos quatre touristes « forcés » est surprenant. En plein cœur de l’Amérique, dans une de ses nombreuses forêts obscures, des citadins aisés se retrouvent plongés dans un environnement hostile, isolé, à la merci d’une population abandonnée, génétiquement malformée. Des rejetons ignorés par un pays n’aimant pas les loosers…

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Le film…

Réalisé en 1964, le 2000 MANIACS original de Hershell Gordon Lewis reste aujourd'hui encore le meilleur film du "godfather of gore". Quoique moins sanglant que BLOOD FEAST et moins ouvertement déjanté que GORE GORE GIRLS, le métrage possédait un scénario simple mais solide allié à un humour noir ravageur. Annoncés depuis longtemps, les suites et autres remakes des œuvres de Lewis voient finalement le jour au début des années 2000 avec les sorties de ce 2001 MANIACS, de BLOODFEAST 2 et de WIZARD OF GORE. Cette suite / remake reprend le concept initial mais augmente le nombre de victimes potentielles, à présent 8, en les expédiant à Pleasant Valley, cette petite ville du Sud profond peuplée de zombies revanchards décidés à laver l'affront subi lors de la Guerre de Sécession. Nos invités forcés, parmi lesquels un Noir, une Asiatique, un homosexuel et une demoiselle très délurée, vont donc connaître les joies de l'hospitalité sudiste et le bonheur des barbecues. Bref, les Rednecks se lâchent complètement et massacrent nos pauvres invités forcés avec délectation. Comme l'original, 2001 MANIACS prend son temps et sa première moitié s'apparente à une comédie de lycée, multipliant les vannes d'un goût douteux et les gags bien lourds, comme ce bouseux courant après sa chèvre le pantalon sur les genoux. Du pur AMERICAN PIE, quoi! Car Tim Sullivan opte pour le gros humour estudiantin en lieu et place de la satire plus noire de l'original, un choix discutable mais sans doute plus adapté à l'air du temps. Néanmoins, en ces périodes de politiquement correct, la charge vigoureuse de Sullivan s'avère rafraîchissante tant l'ensemble multiplie les blagues vulgaires, sexuellement chargées, et les répliques assassines à l'égard des minorités. En bons Sudistes bornés, nos zombies se lâchent complètement au niveau du racisme et de l'homophobie, retrouvant un ton déluré et une méchanceté oubliée par les nombreux "films d’horreur" consensuels et creux produits par les studios hollywoodiens. Soucieux d'en donner au spectateur pour son argent, Sullivan ne perd jamais, non plus, une occasion de dévêtir ses comédiennes aux formes généreuses. Et, bien sûr, il recrée certains moments cultes de l'original (pas la scène du tonneau clouté malheureusement) en proposant l'écartèlement d'une jolie nympho par quatre chevaux lancés à vive allure, sans oublier l'inévitable repas cannibale qui permet à toute la petite communauté de s’en donner à cœur joie. Les autres mises à mort sont tout aussi bien orchestrées: corps pulvérisé par une cloche ou broyé dans une presse, empalement par une broche géante et décapitation au fil barbelé, 2001 MANIACS ne lésine pas sur les passages sanglants, spectaculaires et humoristiques. Pour marquer sa parenté avec l'œuvre originale, Sullivan en reprend le thème musicale déjanté, "The South Will Gonna Rise Again…and Again!" et offre aussi quelques apparitions en forme de clin d’œil. 27

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Eli Roth apparaît dans une scène faisant référence à CABIN FEVER et on note également les caméos de Kane Hodder (interprète de Jason dans les VENDREDI 13 récents), du cinéaste Scott Spiegel et de Johnny Legend. En bref, ce petit produit certes mineur donnera le sourire aux inconditionnels du gore et, en dépit de ses défauts, 2001 MANIACS atteint son but.

Les rednecks…

Le maire Buckman

A présent incarné par l’immense et ricanant Robert Englund, reste le chef de la communauté et ne se prive pas de commentaires libidineux et d’allusions salaces ponctuées de réflexions racistes. Nos rednecks veulent toujours se venger et s’accompagnent à nouveau d’un banjo pour chanter « The South will gonna rise again ». Buckman mène donc les cérémonies avec son visage barbu et son bandeau sur l’œil gauche orné d’un très joli drapeau confédéré.

Grand maman Boone

Jouée par Lin Shaye, notre mamy n’en est pas moins une redoutable femme bien décidée à offrir aux touristes une fête mémorable. Elle écrase par exemple une jeune danseuse sous la cloche du village.

Peaches

Une belle demoiselle aux dents très pointues adeptes des fellations tranchantes sur les Nordistes obsédés.

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Les répliques… "J’aime l’odeur de la bouse de vache au petit matin » « Une dernière requête ?», demande le maire à son prisonnier black qu’il s’apprête à exécuter, « Oui, baise mon cul noir ». « Pleasant Valley…ça ressemble davantage à la Vallée de la mort ». « Cette Chinoise a réellement des tripes »…nous apprend une habitante de la ville devant sa victime étripée.

La scène culte… Toutes les mises à mort sont mémorables mais, comme dans l’original, c’est la nymphomane en tenue suggestive qui décroche la palme en étant écartelée par quatre chevaux.

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Le film…

Hard-rockeur bourré jusqu’à la gueule de pellicules horrifiques, Robert Cummings, alias Rob Zombie déverse sur les écrans étatsuniens après deux années de tourment (les pressions de la prod’ et l’abandon de la pelloche risquent plus d’une fois de faire avorter le projet) le métrage que les nostalgiques du cinoche seventies n’osaient plus espérer. La Maison des 1000 morts, hommage patent au Massacre à la tronçonneuse hooperien (bourré de références comme la scène du dîner ou la confection de masques humains), est un terrifiant train-fantôme qui plonge dans les affres d’une folie innommable, celle de la famille Firefly, bande de dégénérés adorateurs de Satan (et de son toubib, le docteur Satan) et collectionneurs de carcasses humaines. Des Firefly qui prennent un panard sans pareil à torturer une bande de cheerleaders peu motivées (« Donnez-moi un B… Donnez-moi un A… Donnez-moi un B… Donnez-moi un Y ») et les trouducuteux qui parcourent de long en large l’oncle Sam pour y découvrir les lieux insolites pour frappadingues illettrés (autant dire qu’avec les Firefly, ils sont servis, niveau attractions). Outre l’édification de son spectacle grand-guignolesque, l’œuvre de Zombie marque les esprits par son réinvestissement personnel de l’esthétique des 70’s via une photographie délavée, une profusion de couleurs vives saturées, la vacuité inimitable de ses dialogues et l’intrigue qui met aux prises deux populations antagonistes de l’Amérique : citadins jeunots crétins d’une part et lie sociétale embourbée dans un ethnocentrisme primaire d’autre part. Surtout, La Maison des mille morts permet aux films de rednecks de se refaire une santé grâce à sa galerie de barjos, composée d’un rejeton freaks (Zombie, fils de forain, allons donc ?), d’une pute sur le retour, d’une salope en devenir, d’un clown timbré et d’un messie diabolique aux traits christiques, sans oublier le grand-père motherfuckeur ! Si les références au film-culte de Hooper sont légion (ce ne sont pas les seules), La Maison révolutionne le film du genre en quittant son victimo-centrisme pour un barjocentrisme des plus détonnant. Ne prévalent plus ces chairs à canon potentiellement moribondes dès l’entame (bien que le réal se plaise à leur laisser un espoir sans bornes). Au contraire des habituels survivals qui se servent des victimes comme de cobayes livrés en pâture à des assassins dans le seul but de mettre en ostentation leur instinct de survie, la pellicule de Zombie s’acharne à se détacher de ses figures inintéressants pour se concentrer davantage sur les rejetons du diable.

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Des rejetons qui seront réembarqués pour une vraie/fausse séquelle deux ans plus tard, suite officielle et officieuse qui réinvestit chacun des freaks du premier métrage en leur adjoignant un nouveau compagnon, le shérif Wydell, incarnation du pouvoir de la milice du sud du pays. Personnage omnipotent aux méthodes abruptes, le shérif entend remettre la main sur l’équipée de foldingues afin de venger la mort de son frère torturé par les mains de ces rebuts du diable. Au-delà de l’affrontement de deux camps et de deux Amériques distinctes, Zombie met en avant dans The Devil’s Rejects le combat de coq entre deux forces destructrices. Et le réal d’éradiquer toute possibilité de symbolisme manichéen en attirant l’empathie sur sa horde de barbares et en diabolisant le « représentant de la loi ». Tour de force symptomatique du génie bouillonnant d’un créateur en plein essor, les Firefly glissent provisoirement du statut de bêtes cruelles amorales à celui, pas plus enviable, d’humains doués de sentiments et capables de souffrir viscéralement dès qu’une attaque est amorcée à l’encontre de leur tribu (la mort de la mère sonne le glas de l’armada). Moins grandguignolesque que son prédécesseur, The Devil’s Rejects visite l’envers du décor (juste après que le Capitaine Spaulding a essuyé son maquillage et qu’il est redevenu Jimmy Cutter) et se plonge plus profondément encore dans les personnages esquissés dans le premier opus. Zombie, d’une main de maître, propose avec ce diptyque une révolution du film de rednecks. De son étal réactualisateur à cette introspection poétiquement sauvage, le réal a phagocyté et recréé de toutes pièces le genre particulier, le dotant au passage d’une aura grindhouse. Les rednecks…

Capitaine Spaulding

Grimée en bleu et blanc, les dents proéminents ornées de plaques noirâtres peu ragoutantes, le Capitaine Spaulding revêt quotidiennement son costume rapiécé de clown pour tenter de faire subsister son musée miteux consacré aux assassins les plus notoires et mythiques. Son physique ingrat le contraint à jeter son dévolu sur des pachydermes aux filiations féminines peu convaincantes (comme il plaît à s’en persuader : « Plus c’est rembourré, plus y a à bourrer »). Paternel plus qu’absent, il profite son pignon sur rue pour dévoyer gentiment les ados en quête de sensation forte vers la baraque familiale afin qu’ils subissent le supplice de la lame… 31

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Otis Artiste dans l’âme, ce crapuleux meurtrier qui adule Antoine dont il singe l’apparence en arborant une tignasse longuette et une barbe broussailleuse, s’amuse avec les carcasses de ses victimes pour les transformer en œuvre d’art contemporain (la plus célèbre, l’homme poisson). Réfutant l’adage de Johnny « cheveux longs, idées courtes » adressé en son temps au même Antoine, Otis se présente sans conteste comme l’intellectuel de l’équipée, n’hésitant jamais à partir dans de longues tirades sur la complexité de la vie et ses origines modestes (« T’as déjà travaillé, toi ? ») devant le public qui est à sa portée. Joyeux drille et adorateur de Leatherface, il s’amuse à confectionner des masques avec le visage de ses moribonds.

Baby

Incroyablement sexy, le jeans au ras de la fente, Baby adore se faire désirer en titillant l’endroit où le corps ressemble à la lune et prend son pied à draguer les mâles en rut. Entretient une relation fusionnelle avec sa maman pour qui elle est « sa princesse » ou « son petit ange ». Incroyablement vicieuse, Baby joue à de nombreux jeux avec les butins qu’elle ramène, ceux-ci oscillant du « cours, lapin, cours » au « deviner ou scalper ».

Les répliques… Otis à une victime attachée à une chaise en train de gémir : « Ecoute-moi bien, espèce de sale petite Barbie friquée de mes deux. J’essaie de bosser moi ! T’as déjà bossé, toi ? T’as sûrement vendu des glaces à tes copines de merde pendant les vacances ! Maintenant, je vais enlever ton bâillon, mais si tu fais le moindre pépiement, je t’étripe comme un porc et je te fais bouffer les intestins, pigé ? » (Maison des 1000 morts)

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Baby à une victime courant habillée en lapin dans la prairie : « Viens, jeune fille, dit le lapin. Assieds-toi sur ma queue et viens avec moi dans mon clapier » (Maison des 1000 morts) Baby, s’adressant au chanteur de country qui a serré la main de Johnny Cash : « J’adore les gens célèbres. Ils sont plus super que les gens ordinaires » (Devil’s Rejects) Otis, à une victime qui veut jouer au héros en s’interposant : « Mon gars, le prochain mot qui sortira de ta bouche a intérêt à être plus chouette que du Mark Twain parce que c’est ce qu’on va graver sur ta tombe, ok ? »

La scène…

Arrivés dans un motel pour échapper aux flicaillons qui les poursuivent, Otis et Baby tentent de trouver une planque adéquate. Baby s’attaque à Roy, chanteur country paumé en le draguant ouvertement. Stratagème qui permet au tandem de prendre Roy comme otage et d’investir sa chambre dans laquelle se reposent Gloria et Adam devant le poste de télé pendant que Wendy, la femme d’Adam, prend sa douche dans la salle de bains. Pointant leurs flingues sur les quatre victimes, Otis et Baby prennent un malin plaisir à en faire leurs jouets, Otis humiliant la virilité de Roy en demandant à sa femme de déblatérer des phrases salaces pendant qu’Otis lui caresse le mont de Vénus à l’aide du canon de son arme. Dans la chambre, deux Amériques s’affrontent. Celle libertine de la génération hippie aux relents country (sud oblige) de ces adultes affranchis de toute prérogative liberticide qui parcourent le pays à l’écart de la morale religieuse prégnante (la longue discussion concernant les seins de Gloria durant le show de la veille), des citadins libérés qui dénigrent les populations banlieusardes engoncées dans leurs coutumes débilisantes (le pamphlet dressé par Adam à l’égard de ces « bouseux qui se baisent entre eux et se tapent leurs animaux »). L’autre Amérique, profonde, symbolisée par ces rebuts du Diable, sous-produits d’une société en perte de repères qui génère des brassées de désoeuvrés et de rejetés, obligés de se débrouiller pour survivre, qui a fait de la « loi du plus fort » une prérogative à laquelle il est impossible de déroger, prenant du plaisir à exacerber cette omnipotence en humiliant les enfants du pays. Déstabilisante et extrêmement tendue, cette scène s’avère révélatrice de cette confrontation perpétuelle entre les rednecks locaux et les usurpateurs urbains. Un antagonisme encore davantage creusé par l’un ou l’autre détail fondamental (Baby obnubilée par la veste ringarde du mec à la télé alors qu’elle est censée prendre en otage les deux couples).

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Le film…

En l’espace d’un film, Greg McLean s’impose comme un des plus talentueux cinéastes émergents. Décrié pour son rythme atypique, Wolf Creek est tout bonnement un chef-d’œuvre du genre. Car ce qui le distingue définitivement n’est pas seulement Mick Taylor le premier redneck australien de l’Histoire mais bien l’emprise de ce dernier sur tout le métrage. Et d’abord envers les trois étudiants (deux filles, un garçon) décidés à visiter les beautés naturelles australes, Ben le natif de Sidney servant de guide aux demoiselles britanniques. Leur rencontre avec le redneck est loin d’être fortuite. Justifiée par le récit, elle est avant tout l’occasion pour le réalisateur de confronter violemment deux conceptions d’existence. Et si le tournage en DV est aussi un choix économique, McLean utilise à merveille la lumière naturelle afin d’accentuer l’âpreté de panoramas d’abord magnifiques puis cauchemardesques pour nos citadins. Jouant avec les attentes des spectateurs, les premiers autochtones rencontrés dans le bar sont peut-être rustres mais inoffensifs au contraire de Taylor dont la serviabilité cache de noirs desseins. Mais ce qui rend ce film si singulier est la maîtrise formelle de McLean qui envisage Mick Taylor comme une émanation physique d’une nature préservée et hostile à ces étrangers. L’enjeu n’est plus seulement de survivre mais se mue en une guerre de territoire. Surgissant de nulle part, il vit en plein bush australien qu’il sillonne à la recherche de proies tel un véritable prédateur. A l’image du dernier plan montrant le chasseur s’en retourner sur fond de soleil couchant, il en vient à se confondre avec ces paysages à la beauté sauvage.

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Page 35: Dossier Rednecks

Le redneck…

Mick Taylor

Ici, pas de consanguinité ayant ravagé son cerveau ou de déchets toxiques l’ayant défiguré. Mick Taylor, alias tonton Mick, est d’un aspect plutôt commun pour la région (chapeau de cow-boy, chemise à carreaux, bottes), affable et non dénué d’humour, ce qui rendra ces actes d’autant plus terrifiants. Physiquement bien présent, McLean laissera entrevoir une nature intangible, notamment dans un plan magnifique où il semble se matérialiser littéralement derrière le siège de Liz afin de la poignarder (filmé de l’extérieur, nous verrons le reflet de son visage sur le pare-brise).

Les dialogues…

Alors qu’il les a ramenés à son campement, Mick va s’adonner à un florilège de dialogues à double-sens.

- Ben : « Où est-ce que vous habitez ? » - Mick : « Oh, ici ou là. Je sors quand on ne m’attend pas . » - Ben : « Qu’est-ce que vous faites au juste maintenant ? » - Mick : « Si je vous le dis, faudra que je vous tue »

A propos des kangourous qu’il élimine : - Mick : « Il y en a vraiment partout. Comme les touristes ! » Enfin, lors des sévices infligé à Kristie : - Mick : « T’as pas à t’en faire, je mets toujours une capote quand je vous baise ! »

Montrant son couteau de chasse à la Crocodile Dundee, tonton Mick ne peut s’empêcher de nous lancer un génial : - Mick : « ça c’est un couteau ! »

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La scène…

La scène du repas autour d’un feu de camp nous présente de façon flagrante l’antagonisme social et générationnel entre Mick Taylor et nos trois touristes. Située sur l’emplacement d’une ancienne exploitation minière isolée et perdue, l’antre du redneck « aussie » inquiète au plus haut point. Mais la bonhomie de tonton Mick rassure les jeunes amis qui acceptent donc ce repas inopiné. L’australien nous explique que de nombreux endroits comme celui-là existent dans le désert et les gens n’en s’en rappèlent même plus. Une ville a disparu dans les années 40 sous une tempête de sable qui dura six mois, les gars se perdaient sur leur propre propriété. L’homme se confie : il est chasseur occasionnel, engagé pour se débarrasser de « toutes sortes de vermines » comme il dit, « ils se servent de poison maintenant au lieu de les abattre ». Les regards des citadins en disent long sur ce qu’ils pensent de cet homme aux mœurs plutôt barbares, loin de leur civilisation bobo et de la mode du végétalien. Nathan pense faire le malin en le comparant à Crocodile Dundee et son grand couteau ce qui lui vaut un regard étrange et inquiétant du redneck. Et comme cela ne suffisait pas voilà nos joyeux lurons se lançant dans un concours de rots et de pets du plus bel effet choquant presque notre bouseux du coin. Une scène qui fait la part belle aux clichés et opposent deux mondes, deux visions bien différentes de la société. Le cauchemar peut alors commencer…

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Le film… Le redneck est au ciné de genre ce que la pleine lune est au loup-garou, le révélateur. Charge contestataire, ce remake se réapproprie le scénar et la dramaturgie de Wes Craven avec une méticulosité impressionnante, mais il diverge sur l’utilisation du redneck. Dégénéré consanguin, vivant dans des grottes chez Craven, il devient chez Aja l’incarnation du rêve américain dévoyé. Irradiée par des essais nucléaires gouvernementaux dans le nouveau Mexique, la tribu de « cous rouges » est le contre-produit de la grande société idéale à l’Américaine, le sale revers de la médaille, la famille honteuse. Dès le générique, fait d’images d’archives d’explosions atomiques et de monstres humains, Aja emmène son spectateur à découvrir la dégénérescence d’un monde familier. La portée de ses tarés n’est donc pas seulement l’exploitation d’une image d’Epinal (sympa mais parfois creuse) mais bien la critique d’un pays qui engendre ses pires cauchemars. Voila qui justifie pleinement la présence de ce film dans ce hit parade. Comme à l’accoutumé, là où le slasher est un solitaire, le redneck, lui est un convivial. Nous est dès lors présentée une famille haute en couleurs, un clan hiérarchisé où, il faut déplorer que les femmes ne soient jamais présentées comme dangereuses.

Les rednecks

Jupiter dit « Papa Jupiter » : Le patriarche, monstre à la Elephant Man, immobile sur son fauteuil dirige sa petite famille de main de maître depuis son talkie walkie. Ruby : une fillette, légèrement difforme (mais ne provoquant clairement pas le dégoût), sorte de petit chaperon rouge cherchant à échapper à son destin, incarnation de la rédemption possible de sa lignée.

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Les répliques…

Personnages peu prolixes, les rednecks ont parfois quelques saillies bien senties,

brutales.

Papa Jupiter: “O say, does that Star-Spangled Banner yet wave, O'er the land of the free and

the home of the brave?”

Politiquement incorrecte, la présence de l’hymne américain dans la bouche du pervers

dégénéré en chef est sans aucun doute le passage le plus transgressif du film.

Goggle : « Cette pute va saigner comme un porc ». De la poésie, de la finesse dans ce

monde de brutes !

Une des scènes clé se déroule dans un village test nucléaire (décidément très

cinématographique, comme on l’aura aussi vu dans Indiana Jones IV), où Doug, un des

protagonistes survivant nous embarque. Là, on découvre le quotidien de la « famille »,

reproduisant parfaitement les codes de nos sociétés. On découvre ainsi un monstre

chauve matant des émissions de trash TV, des enfants jouant. Cette séquence

absolument terrifiante de mimétisme se clôt par une scène de fight bestiale ; des murs

sont pulvérisés, on se bat à la hache, le sang coule à flot .Caméra à l’épaule, Aja nous

propose une apocalypse visuelle, l’un des plus percutants combats dans un film de

genre depuis longtemps. La puissance, la rage sont palpables et franchement

jouissives. Malgré l’étiquette remake, La Colline a des yeux n’en est pas moins une

appropriation originale d’un grand classique de l’horreur.

La scène…

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Le film…

Le mythe Massacre à la tronçonneuse a connu quelques suites et de nombreuses modifications au fil des années. Alors que trois séquelles officielles ont vu le jour en 1986, 1990 et 1994, un remake de l'oeuvre originelle de Tobe Hooper sortit en 2003. Si les trois suites apportèrent leur lot de nouveaux personnages et de meurtres en tous genres, c'est avec le Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel (2003) que le Shérif Hoyt naquit! Forte de ce personnage haut en couleur, représentatif à lui seul de « l'âme redneck », la préquelle de Liebesman, Massacre à la tronçonneuse: Au commencement (2006), fait preuve d'un état d'esprit assez novateur. Alors que l'oeuvre originale faisait la part belle à l'aspect documentaire et réaliste, celle de Liebesman retient surtout l'attention par des dialogues foutrement bien achalandés et des personnages typiquement ancrés dans la redneck attitude, à l'image du véritable mouvement créé par Rob Zombie avec sa Maison des 1000 morts et sa terrible suite, The Devil's Rejects. Bien au-delà de ces considérations artistiques, l'ancrage même du scénario de Liebesman est propice au redneck. Un peu comme l'avait fait Hooper, le réalisateur met en présence une jeunesse frivole et irréfléchie et une famille redneck particulièrement conservatrice et violente. Désabusée par la fermeture des abattoirs et par la mort économique annoncée de leur région, les rednecks haïssent tout particulièrement toute forme de vie étrangère, xénophobie qui trouve un alter ego dans leur patriotisme profond. Voilà donc l'occasion pour Liebesman d'ancrer son récit dans le contexte de la guerre du Vietnam et de mettre ainsi en avant l’amour de la nation des campagnards torturant ces « lâches de jeunes ».

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Sherif Hoyt:

Depuis qu'il a tué le dernier shérif du coin, il s'est attribué ce rôle. Nerveux de la gâchette, il aime sa patrie, Dieu et, plus encore, sa région qu'il ne voudrait quitter pour rien au monde. Il déteste la ville, les motards et les hippies et s'en prend violemment à eux, dans le but de ramener de la viande à sa famille. Central dans le récit de Liebesman, il est à la fois le cerveau de la famille, mais aussi son élément le plus meurtrier. Ses répliques truculentes ajoutent encore au personnage haut en couleurs qu'il constitue. Si Liebesman a voulu créer le redneck le plus complet, c'est réussi!

Luda Mae Hewitt:

Alors qu'elle fait les poubelles, elle trouve un bébé qu'elle appellera Thomas. Ce dernier est en fait Leatherface, avec qui elle agit en bonne mère de famille. Elle dispute régulièrement Hoyt pour ses « écarts de conduite » mais est très heureuse de disposer d'une nouvelle source de nourriture (viande humaine). Bref, une mamy joviale mais complètement inconsciente qui prend soin de ses « invités ». Luda Mae est perçue tout au long du métrage comme la protectrice de « ses petits agneaux ». Liebesman lui offre une aura grandissante au fil du film où résonnent peu à peu ses berceuses. Son personnage, bien qu'assez secondaire, a un impact considérable sur la folie générale baignant l'œuvre.

Les rednecks…

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Thomas Brown Hewitt, alias Leatherface:

Trouvé à la naissance dans une poubelle par Luda Mae, Leatherface est défiguré. Obnubilé par son apparence, il se confectionne des masques avec le visage de ses victimes. Très impulsif quand on lui parle de son physique, il tranche à tout-va. Sa rencontre avec une tronçonneuse symbolise le début d'une grande histoire d'amour. Fort marqué par la fermeture des abattoirs, il passe le plus clair de son temps enfermé à la cave pour désosser les cadavres ramenés par Hoyt. Fort consciencieux, il ne rechigne jamais à la tâche, se montre appliqué et obéit au doigt et à l'œil à son frère. Bien qu'un peu dans l'ombre d'un Hoyt toujours plus volubile, Leatherface prend à son compte la quasi totalité des séquences gores. Liebesman se plaît à détailler un peu plus son mode de vie, dans l'espoir d'offrir une certaine profondeur psychologique à son personnage. Le réal le rend aussi bien plus rusé qu'à l'habitude même si, à certains moments, Thomas Hewitt peut paraître être un pantin à la solde de Hoyt.

Citations…

« Merde, j'viens d'abattre le dernier shérif du coin mon gars! » (Hoyt) « Jamais on n'abandonnera la ville où qu'on est nés! » (Hoyt) « Tronçonne-le, ce gros con! » (Hoyt) « Je me demande à qui elle était cette langue-là. » (Luda Mae) « Parle pas avant que j'aie fini de dire les grâces, connasse! » (Hoyt)

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La scène…

C'est l'heure du dîner chez les Hewitt. Après les événements éprouvants de la journée (notamment l'amputation d'Oncle Monty), quoi de mieux que de se retrouver à table en famille? Et, pour l'occasion, pourquoi ne pas inviter deux délicieuses futures victimes apeurées à sa table, histoire de rire un peu? C'est ce que mettent en pratique les Hewitt, Luda Mae commençant avant toute chose par rafraîchir quelque peu l'une de ses invitées, dont la coupe de cheveux n'est visiblement pas à son goût. La belle blonde, Bailey, jouit donc d'une coupe gratuite et d'une jolie berceuse, à même la table de la salle à manger, tandis que le shérif Hoyt commence à s'activer pour préparer le repas. Après avoir fait tomber quelques conserves de restes humains par terre (« Oh, Luda, heureusement que tu nettoies souvent! », proclame d'ailleurs à juste titre Hoyt), le chef de famille (en ce qui concerne les mauvais coups tout au moins) proclame qu'il est l'heure de se mettre à table. Leatherface est appelé à table tandis qu’Oncle Monty est poussé jusque-là, le pauvre étant « 30 centimètres trop court maintenant! ». Tandis que la pauvre Bailey paraît complètement hagarde, l'autre victime, Chrissie chahute, tentant en vain de se libérer de ses liens. Ceci a le don d'énerver profondément Hoyt qui était en train de dire les grâces et de remercier le Seigneur car « grâce à lui, la famille n'aura plus jamais faim ». Hoyt insulte donc Chrissie avant de terminer ses grâces et d'entamer le repas. Luda Mae essaie alors de donner la béquée à Bailey mais cette dernière, dont toutes les dents ont été arrachées, souffre le martyr et ne peut rien avaler. Luda y va alors d'un « Libère-la » qui en dit long et, dans la seconde même, Hoyt saisit un couteau, se faufile derrière la victime et l'égorge, en bon garçon bien obéissant qu'il est. Chrissie hurle d'effroi, ce qui agace profondément Leatherface, qui se jette sur la dernière survivante et l'emmène à toute vitesse dans sa cave en vue d'un petit démembrement. Le calme revient alors à table où Hoyt peut continuer son repas pendant que Luda Mae donne la béquée à Oncle Monty comme si de rien n'était.

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Le film…

Les détraqués de la forêt revienent « persécuter du citadin » dans cette suite réalisée par Joe Lynch. Un Direct To Dvd qui ne se soucie plus de préserver l’image de teen-star de Eliza Dushku (héroïne du précédent épisode et qui à l’époque jouissait d’une gloire toute relative suite à la série Tru Calling) et se montre donc bien plus démonstratif dans les nouveaux sévices. Certes plus gore que le premier, le film ne verse pourtant pas dans l’outrance sanguinolente ou le second degré, rendant le produit beaucoup plus acceptable que La Colline a des yeux 2 de Martin Weisz. De retour dans la forêt de l’enfer donc mais cette fois-ci pour les besoins d’un jeu de télé-réalité type « Survivor ». L’occasion de se moquer gentiment de ces émissions-poubelles et de ses participants. La menace bien réelle de cette famille de freaks s’imposera avec une réelle violence à des protagonistes stéréotypés. Plus généreuse, plus malsaine, cette séquelle se montre également plus inventive dans sa manière de mettre à mal l’individualisme forcené de proies obligées de réagir conjointement si elles veulent espérer survivre. Le jeu mettait en exergue la volonté individuelle, nos rednecks imposeront avec force les vertus de la collaboration. Le film se pare même d’un fond écologique avec l’évocation d’une catastrophe ayant entraîné le déversement de produits toxiques dans la rivière traversant la forêt.

Les rednecks…

Comme dans l’opus précédent, la caméra s’attardera peu sur eux. Néanmoins, on constate que la famille s’est agrandi puisque nous ferons la connaissance de la mère enfantant sur la table de la cuisine le dernier dégénéré, d’un frère et d’une sœur supplémentaires et semble-t-il assimilé à des ados et le patriarche qui s’avère être le pompiste du premier film. Leur cabane ayant explosé, ils vivent désormais dans les hangars abandonnés de l’usine chimique ayant causé leurs mutations.

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Les répliques… Une fois encore, pas de dialogues mémorables. On retiendra les paroles du père des rednecks au sergent ramboïde du jeu : « Ne me tue pas. Je suis un bon chrétien ». Mais la pauvreté verbale nous permet de nous intéresser plus avant aux scènes cultes.

Les scènes… Ou plutôt leur enchaînement. En effet, tout débute par le plus jeune frère se masturbant devant le spectacle d’une concurrente tapant la bronzette (après s’être tapé le réalisateur de l’émission !). Puis, sa sœur, énervé face à son comportement, dévalera la pente pour défoncer la tête de la donzelle dans un pur acte de jalousie barbare. Et finalement, nos tourtereaux incestueux s’enverront en l’air dans les bois, la sœur coiffée du scalp de la malheureuse participante, satisfaisant ainsi le fantasme du frère, sous le regard dubitatif et goguenard des spectateurs et des autres concurrents accourus suite aux cris proférés !

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