dossier realise par le comite creusois du prix de la...

23
1 Concours national de la Résistance et de la Déportation 2015-2016 DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA RESISTANCE Résister par l’art et la littérature Document Guide Introduction (p 2) Censure et propagande en France sous l'occupation nazie (p3) Résister en sauvant des œuvres d’art (p6) Résister par les mots Exemple de Germaine Tillon (p8) Résister par les arts (p9) Résister dans les prisons et les camps Dessins de Ravensbrück (p12) Autres dessins (p 21 ) Conclusion (p23) Annexe Ecrire c’est jouer avec les mots ! L’émotion, le sentiment provoquent la création Devant la violence il faut résister Mais par l’intelligence et l’esprit ! Littérature comme arme contre la haine (p2) Lurçat (p3) Marcel Grommaire et Pierre Dubreuil (p8) Liste Otto (p11) Petits conseils à l’occupé (p 12) Poétesses de la Résistance (p 13) Poèmes (p14) Les imprimeurs de l’ombre (p 15)

Upload: others

Post on 21-Jul-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

1

Concours national de la Résistance et de la Déportation 2015-2016

DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA RESISTANCE

Résister par l’art et la littérature

Document Guide

Introduction (p 2)

Censure et propagande en France sous l'occupation nazie (p3)

Résister en sauvant des œuvres d’art (p6)

Résister par les mots Exemple de Germaine Tillon (p8)

Résister par les arts (p9)

Résister dans les prisons et les camps

Dessins de Ravensbrück (p12) Autres dessins (p 21 )

Conclusion (p23)

Annexe

Ecrire c’est jouer avec les mots ! L’émotion, le sentiment provoquent la création

Devant la violence il faut résister Mais par l’intelligence et l’esprit !

Littérature comme arme contre la haine (p2)

Lurçat (p3)

Marcel Grommaire et Pierre Dubreuil (p8) Liste Otto (p11)

Petits conseils à l’occupé (p 12) Poétesses de la Résistance (p 13)

Poèmes (p14) Les imprimeurs de l’ombre (p 15)

Page 2: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

2

Introduction

Dans le cadre du Concours National de la Résistance et de la Déportation, il n’est pas courant, lorsque s’expose la Résistance, d’en montrer prioritairement, le visage culturel. Dès l’instauration du régime nazi, l’Art est mis sous contrôle… en octobre 1933, l’organisation des journées de l’Art allemand souligne la mise au pas des artistes… en juin 1937, une campagne est lancée par les nazis contre l’art dit « dégénéré » ou « décadent », autrement dit l’art moderne ou contemporain. Parallèlement les nazis vantent les mérites d’un art académique et traditionnel, nazifié, mais qualifié d’art « allemand » ou « nordique », utilisé à des fins de propagande. Les créateurs ou les penseurs supposés cou réellement hostiles qui refusent cette idéologie pernicieuse du nazisme par rapport à l’ART, l’Art novateur et libre, sont victimes de mesures répressives, enfermés dans les prisons ou les camps de concentration. Entre 1940 et 1945, des hommes et des femmes vont résister pour libérer la France, pour vaincre le nazisme et le fascisme ou pour survivre dans les prisons ou les camps où on les avait enfermés. La création artistique fut pour les résistants une autre forme de leur combat face à la barbarie. Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou restés anonymes, se sont opposés au nazisme et à Vichy par les armes de l’esprit en créant des œuvres nouvelles. Que ce soit dans la France occupée, en France libre ou dans les prisons et les camps, les arts et la littérature seront des armes de résistance et permettront de continuer le combat e de survivre. En Creuse, ces formes de combats ne dérogèrent pas aux caractéristiques nationales. La Résistance a épousé tous les aspects de la vie en société. L’activité politique précoce et durable peut être constatée, dès 1940, par un premier document antivichyste rédigé à Pontarion et diffusé dans le département. Elle est également attestée par une déclaration commune de peintres et fabricants « pour le renouveau de la tapisserie et pour contribuer au relèvement du Pays » signée des frères Jean et André Lurçat, des peintres Dubreuil et Gromaire. Ainsi donc, on peut s’enorgueillir des activités artistiques dans notre département, certes plus discrètes, mais cependant de grande portée (poésies, chants, peintures…) A Londres, le creusois Pierre Bourdan se distinguera pour galvaniser les volontaires. Lui, homme de culture, mènera le combat idéologique. A la barbarie nazie qu’on croyait à jamais disparue répond aujourd’hui celle de Daech détruisant les trésors culturels de Syrie et d’Irak. Aussi est-il souhaitable encore de s’interroger sur les valeurs qui animaient les résistants.

Page 3: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

3

Censure et propagande en France sous l'occupation nazie

Entre 1940 et 1944, la France subit la double oppression de l'occupation nazie et du régime autoritaire de l'Etat français. Toute opinion critique à l'égard des autorités de fait y est sanctionnée dès qu'elle est exprimée publiquement - ou même en privé, s'il y a dénonciation. Hostiles à toute pensée indépendante et à toute forme d'expression originale, les nazis étouffent la liberté d'expression dans tous les domaines et particulièrement dans le domaine littéraire et artistique. Pour renforcer son pouvoir le régime hitlérien donne à la propagande d'Etat une ampleur inédite. Sans disposer de moyens équivalents, le pouvoir en place à Vichy développera comme rarement auparavant la censure et la propagande gouvernementales.

I Dès les débuts du régime hitlérien, la presse, la radio et la vie culturelle sont placées sous contrôle. Créé le 11 mars 1933, le « Ministère du Reich à l'Education du Peuple et à la Propagande », avec à sa tête Joseph Goebbels, a pour mission de contrôler l'ensemble du secteur culturel et des médias et de le mettre au service de la propagande nazie. Les postes récepteurs de T.S.F. ne permettent que l'écoute des radios gouvernementales.

Une « liste noire » des ouvrages « nuisibles » est établie: ils doivent être retirés des bibliothèques publiques et privées car, selon les nazis, « l'Allemand qui publie des idées contraires à l'esprit allemand est un traître ». Cette « action contre l'esprit non-allemand » vise principalement des écrivains juifs, marxistes, libéraux ou pacifistes. Le 6 mai 1933, les nazis organisent le pillage général des bibliothèques de prêt et des librairies. Le 10 mai, des autodafés sont organisés dans vingt-deux villes allemandes. A Berlin, devant l'Université, après un discours de Goebbels, 20 000 livres sont brûlés. Ils représentent les œuvres de 94 auteurs, allemands pour la plupart. Parmi les écrivains étrangers dont les ouvrages sont réduits en cendre figurent les Français André Gide, Marcel Proust, Romain Rolland, Henri Barbusse ainsi que les Américains Ernest Hemingway et Jack London. Jeté lui aussi au feu par les nazis, l'Allemand Heinrich Heine avait écrit de façon prémonitoire en 1821 (dans sa tragédie Almansor): « Ceci n'était qu'un prélude, là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes ».

« Art dégénéré » (en allemand Entartete Kunst): c'est la formule adoptée par le régime nazi pour interdire l'art moderne au profit d'un art officiel appelé « l'art héroïque ». L'idéologie raciste des nazis les conduit à considérer que les artistes modernes, en s'écartant des normes de la beauté classique, révèlent leur « infériorité raciale » et produisent donc des œuvres « dégénérées ».

Une grande exposition d' « art dégénéré » est organisée en 1937: 730 œuvres d'une centaine d'artistes sont présentées comme la production artistique « des bolcheviks et des juifs ». Plusieurs courants artistiques sont incriminés: fauvisme, cubisme, expressionnisme, abstraction...Presque tous les grands artistes du XXe siècle sont représentés: les Allemands Kirchner, Nolde, Beckmann, Dix, Grosz... les étrangers Kandinsky, Kokoschka, Munch, Picasso, Chagall...

Page 4: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

4

Après avoir été saisies, environ 5000 œuvres considérées comme « dégénérées » sont détruites ou bien vendues aux enchères en Suisse, d'autres encore étant récupérées...par des collectionneurs nazis (Goebbels par exemple!).

Le terme sera étendu à la musique: on rejette Schönberg, Bartok, la musique swing... En 1934 est publié un « Lexique des juifs en musique »: il comprendra jusqu'à 34 noms. Leurs œuvres ne peuvent être jouées. Mendelssohn et Mahler sont les plus célèbres d'entre eux…

Au cinéma, le même sort est réservé aux films de Max Ophüls, Fritz Lang, Billy Wilder...

II Sous l'occupation allemande en France la censure touche l'ensemble de la production culturelle. Le «Département de la Propagande en France » (Propaganda-Abteilung Frankreich) est dirigé par un officier venu tout droit du Ministère de la Propagande et qui reste sous les ordres de Goebbels. Il se subdivise en cinq groupes de propagande: « Groupe édition et presse écrite », « Groupe radiodiffusion » (avec Radio Paris), « Groupe cinéma », « Groupe culture » (ayant en charge théâtre, musique, beaux-arts, spectacles, variétés) et « Groupe publicité et discours publics ».

En zone occupée, la presse est fournie en papier par la Propaganda-Abteilung en fonction de sa docilité. Elle doit se conformer à l'ordonnance du 18 octobre 1940: pour fonder un journal, il faut fournir des preuves de son « aryanité » depuis au moins trois générations. Par l'ordonnance du 13 janvier 1943 est « défendue toute publication qui nuit au prestige du Reich allemand … qui est préjudiciable à l'ordre et au calme dans les territoires occupés ou qui met en danger les troupes d'occupation ».

L'édition de livres est soumise à une surveillance très stricte. Dès le début de l'occupation les Editions Denoël et les Editions Sorlot sont fermées à cause de leurs publications anti-nazies de l'avant-guerre. Une liste établie à Berlin énumère 143 ouvrages non désirables : c'est la « liste Bernhard » (du nom d'un journaliste et écrivain d'origine juive, opposant au nazisme, exilé d'Allemagne).Elle comprend des titres d'auteurs allemands anti-nazis (tels que Thomas et Heinrich Mann) ou d'auteurs français jugés « anti-allemands » (Aragon, André Malraux, Georges Duhamel, Paul Claudel, …). Sur la base de cette liste, le 27 août 1940, plus de 20 000 livres sont confisqués lors d'un raid de soldats allemands dans les librairies de Paris.

Un mois plus tard, la liste Bernhard est incluse dans la « liste Otto » (prénom de Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne en France). Etablie à Paris avec la collaboration du Syndicat des éditeurs français, elle recense 1060 titres interdits: livres critiquant l'Allemagne nazie ou le racisme, textes d'auteurs juifs, communistes ou anti-nazis (Heinrich Heine, Thomas Mann, Stefan Zweig, Max Jacob, Joseph Kessel, Sigmund Freud, Léon Blum, Karl Marx, Trotsky, Aragon, ... ) ainsi que « Mein Kampf » car Hitler ne voulait pas que les Français puissent lire ce que son livre disait sur leur pays! 700 000 livres sont saisis puis mis au pilon. En juillet 1941, on y ajoutera des noms d'auteurs anglais et américains.

Les éditions Calmann-Lévy et Ferenczi sont « aryanisées » et changent de nom.

Page 5: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

5

III En zone sud, le gouvernement de Vichy s'efforce de contrôler l'opinion. Pour savoir ce que pensent les Français, il sollicite les services des ministères de la Guerre (dont dépend le contrôle postal), de l'Information (avec les délégués à la Propagande) et de l'Intérieur (grâce aux rapports des préfets et des Renseignements généraux).

Paul Marion, membre du Parti populaire français, devient en 1941 Secrétaire général à l'Information et à la Propagande. Il veut contrôler l'information par l'orientation préalable: « les journaux et périodiques de toute nature devront (…) agir de telle sorte que le lecteur comprenne et approuve la politique (...) du gouvernement du Maréchal et ne soit pas livré aux influences extérieures qui s'exercent notamment par les radios étrangères » (circulaire aux chefs de la censure du 6 avril 1941). La loi du 28 octobre 1941 punit leurs auditeurs de 5 à 15 ans de travaux forcés. La radio de l'Etat français subit en effet la concurrence de la BBC, de Sottens (poste suisse)... et de Radio Paris. Pour appliquer ses consignes à l'égard de la presse, le régime dispose d'un arsenal répressif complet: avertissement, rappel à l'ordre, refus de visa, suspension.

Au cinéma, Paul Marion veille au contenu des Actualités et des films de propagande. Mais la Propaganda-Abteilung impose ses actualités mondiales dans toutes les salles, y compris en zone sud.

En dehors des médias, Marion pense agir en s'appuyant sur la « Centrale de propagande pour la Révolution nationale », animée par un réseau de militants: les délégués à la propagande. Un délégué est nommé dans chaque département. Il a pour première tâche de constituer, en accord avec le préfet, un « Comité départemental de la propagande sociale du Maréchal », avec des notables pour cautionner et relayer, et des militants pour l'action. Chaque mois, les délégués départementaux sont réunis à Vichy pour faire le point, au cours d'une journée de formation et de débats.

Les délégués départementaux à la propagande organisent des réunions publiques pendant lesquelles on projette des films de propagande (par exemple, un court métrage de vingt minutes: « Images et paroles du maréchal Pétain »). Au cours de la première quinzaine de février 1941, trente réunions sont organisées dans le seul département de la Creuse.

La violation du secret de la correspondance est peut-être, de tous les moyens utilisés par le gouvernement de Vichy, celui qui lui a le mieux permis de connaître l'état de l'opinion. En 1941-1942, 350 à 370 000 lettres (représentant 2 à 3% du courrier) ont été ouvertes chaque semaine. On y découvre que les Français n'approuvent pas la collaboration avec l'occupant (ses partisans ne dépassent pas les 30%) et n'adhèrent pas à la Révolution nationale. A rebours de ce que rabâchent les médias sous contrôle, la germanophobie et l'anglophilie sont majoritaires.

Le contenu de la correspondance des Français révèle l'échec de la propagande officielle.

Page 6: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

6

Résister en sauvant des œuvres d’art

C'est le cas de Rose VALLAND (1898-1980), qui a contribué au sauvetage et à la récupération de milliers d'œuvres d'art volées par les nazis !

Après l'Ecole Normale de Grenoble, où ses professeurs – ayant remarqué ses dons en dessin – l'ont encouragée à continuer dans cette matière, elle suit les enseignements de l'Ecole Nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Reçue au concours du professorat à l'enseignement du dessin, elle suit les cours de l'Ecole du Louvre...

Puis elle se consacre entièrement à l'histoire de l'art ; prenant des cours au Collège de France et à l'Institut d'art et d'archéologie de l'Université de Paris, où elle obtient une licence spéciale..

En 1932, elle devient « attachée bénévole » au musée du Jeu de Paume (aux Tuileries), et s'occupe du catalogue des collections, puis travaille à la réalisation d'expositions internationales.

Pendant l'Occupation, les Allemands commencent un pillage systématique des œuvres d'art et des collections privées à travers la France. Ils utilisent le musée du Jeu de Paume comme dépôt central !

Pillage des œuvres d'art : Goering présente un tableau à Hitler

Page 7: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

7

Rose VALLAND dresse un inventaire précis des œuvres, et essaie de connaître leurs destinations, les noms des responsables des transferts, etc....

Elle remplit ainsi, pendant 4 ans des centaines de fiches.

Après la Libération de Paris, elle travaille comme membre de la Commission de récupération artistique en Allemagne, de 1944 à 1947 ; elle devient officier des beaux-arts dans la 1ère Armée Française.

Chef du service de protection des œuvres d'art en 1953, elle est nommée en 1955 Conservatrice des musées nationaux, consécration de sa carrière.

Ainsi, Rose VALLAND a sauvé de nombreuses œuvres d'art que l'ennemi avait voulu s'approprier : ce fut sa façon de résister !

Elle a reçu de nombreuses décorations, notamment la Légion d'Honneur et la médaille de la Résistance (en 1946).

Page 8: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

8

Germaine TILLION

Née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire), elle devient ethnologue et en 1934, elle part dans les Aurès enquêter sur la population berbère. Elle effectuera plusieurs missions en Algérie.

Pendant la guerre, elle participe à la création d'un réseau de résistance : le réseau du « Musée de l'Homme ». En 1943, Germaine Tillion est déportée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück en Allemagne.

En 1955, elle renoue avec l'Algérie. Elle analyse le dysfonctionnement de la société coloniale et enquête sur la torture.

Elle décède en 2008.

1907-2008

Le 27 mai 2015, elle entre au Panthéon en même temps que 3 autre Résistant(e)s.

DEPORTATION

En octobre 1943, Germaine Tillion est déportée à Ravensbrück avec un statut d'opposante dangereuse.

1 – Sa première résistance consiste à décrypter, grâce à ses connaissances d'ethnologue que le camp répond à une logique économique rationnelle où les déportées, grâce à leur travail forcé, enrichissent les nazis dont le chef des S.S (Schutzsataffeln) qui sont les troupes de protection d'Hitler. Germaine Tillion livre toutes ces informations à ses camarades du camp dans des conférences clandestines, qui ont lieu dans les sanitaires, afin de comprendre et mieux résister.

2 – Germaine Tillion résiste également en composant, lorsqu'elle se cache, une opérette sur un ton comique « LE VERFÜNGBAR AUX ENFERS » (A votre disposition aux enfers), dans le but de décrire le camp et faire rire ses camarades.

Page 9: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

9

Résister par les arts Dès les années 20, certains peintres ont cherché à rapprocher l’art du peuple. Ce courant de « l’art pour tous » a privilégié la réaction à l’événement (ainsi Guernica de Picasso en 1937) plutôt que l’individualisme source supposée du génie artistique. L’engagement de certains artistes peintres durant l’occupation montre que ce courant est toujours vivant. Picasso, officiellement censuré, continue de peindre à Paris. André Fougeron anime un comité du mouvement de résistance le « Front National de Lutte pour l’indépendance de la France », il transforme son atelier en imprimerie clandestine et un journal « L’art Français » paraît régulièrement. En juin 1944 le comité édite un album « Vaincre » de 12 planches lithographiques de différents auteurs, vendu au profit des Francs Tireurs et Partisans.

« A mort la bête » « Pierre Laval en lithographie Bougnaparte », attribuée au peintre lithographie de André Fougeron. Pierre Montagnac.

Des œuvres de Boris Taslitsky, peintre confirmé (ancien élève des « Beaux-arts », adhérent au parti Communiste et déjà inquiété en 1935 à cause d’une peinture célébrant une manifestation populaire, intitulée « le défilé du Père Lachaise ») sont dans cet album. Mobilisé en 1939, Boris est fait prisonnier mais parvient à s’évader. Il rejoint Jean Lurçat, replié à Aubusson, qui lui fournit un certificat de travail et un certificat de logement. Tous deux collaborent à la renaissance de la tapisserie, tout en ayant une action clandestine (fabrication de papiers de propagande anti-Pétain). Il participe au « Travailleur de la Creuse », journal clandestin dont le premier numéro paraît en janvier 1941. C’est un de ses dessins, sous forme de stencil, qui est la cause de son arrestation le 13 novembre 1941. Arrêté, condamné, il connaîtra différentes formes d’enfermement (prison de Riom, camp de Saint Sulpice la Pointe près de Toulouse, déportation à Buchenwald le 31 juillet 1944). De chacun de ces lieux il ramènera des dessins. L’expression artistique est un acte de témoignage. Il faut écrire ou dessiner pour, le moment venu, être en mesure de raconter et de montrer. Camp de Saint Sulpice la Pointe Autour du poêle, dessin à la plume exécuté en 1943

Page 10: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

10

Prison de Riom Détenu souffrant de malnutrition, dessin à la plume réalisé en 1942

Camp de Buchenwald Pendant une alerte, crayon sur papier fait en 1944 L’expression artistique est aussi une forme de résistance pour continuer la lutte, aider les codétenus et garder sa dignité. A Saint Sulpice la Pointe, avec des moyens de fortune, Boris peindra, dès son arrivée, sur les parois en bois des baraques, sept gigantesques fresques exaltant l’amour aussi bien humain que patriotique. Il n’en reste que quelques photos car elles ont été détruites avec les baraquements du camp d’internement. Fresque inspirée par le poème d’Aragon « la ballade de celui qui chantait sous les supplices », dédié à Gabriel Péri fusillé au Mont Valérien entonnant l’Internationale après avoir chanté la Marseillaise.

Fresque reprenant les mots de Victor Hugo « Mes fils soyez contents, l’honneur est où vous êtes »

Page 11: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

11

Les détenus de la baraque 7 demandent à Boris « d’embellir leur chambrée ». Il peint une barricade d’insurgés accompagnée des vers : « par delà ces fusillades la liberté nous attend » L’expression artistique aide à survivre et à tenir moralement, elle peut même être résistance collective. Ainsi Boris Taslitsky ramènera quelques 200 croquis, dessins et même aquarelles de Buchenwald grâce à la complicité d’autres détenus. Selon son propre témoignage : « … Le don de papier était organisé, il s’agissait de verso vierge des circulaires S.S. Je recevais les crayons de la même façon. J’ai également eu une bouteille d’encre de Chine, volée au bureau S.S. Mes dessins représentent donc une œuvre collective…. » Pour les nazis, les déportés ne sont pas vraiment des hommes, tout est fait pour leur faire perdre jusqu’à leur identité. Aussi créer (ou aider un créateur) c’est affirmer, envers et contre tout son humanité, cela devient un moyen symbolique d’évasion du quotidien.

De jeunes français venant d’arriver à Petit camp en février 1945 Buchenwald (peint juste après la libération de Buchenwald)

Page 12: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

12

Résister dans les prisons et les camps

LES DESSINS DE RAVENsbkück

France AUDOUL

« Le Kommando tragique »

«La résistance de l'esprit: tout dans le système concentrationnaire, était organisé pour rendre cette résistance impossible. Suppression de tout objet personnel (livre, papier, crayon). Interdiction de parler pendant l'appel, le travail. Vie quotidienne exténuante, entassement dans les blocs, lutte pour la survie qui prend toutes les forces. Et cependant la résistance de l'esprit s'est manifestée comme elle a pu, selon ce que chaque concentrationnaire pouvait apporter ».

Geneviève de Gaulle-Anthonioz

La résistance « artistique » au camp de concentration de Ravensbrück, se manifesta de manières diverses : chorales clandestines, livres fabriqués avec du papier et des crayons volés par les déportées qui travaillaient dans les bureaux, poèmes récités et recopiés comme un « trésor » et bien sûr les croquis et les dessins et même une opérette !

C'est ce témoignage au travers des dessins que nous allons découvrir de plus près à travers quelques exemples car il est bien entendu impossible, dans ce travail, de s'intéresser à tous. D'abord parce qu'ils n'ont certainement pas tous été inventoriés - nous verrons que parfois les déportées ne souhaitaient pas les faire connaître à leur retour – et d'autre part il est probable que beaucoup d'autres n'ont pas survécu, soit perdus lors de la libération du camp ou le retour, soit malheureusement que leur auteur soit décédée et que personne n'ait pu les ramener.

Page 13: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

13

Il ne faudra jamais perdre de vue le fait que la réalisation de ces dessins ou croquis était rigoureusement interdite, et que dans la grande majorité des cas, leur découverte conduisait à l'exécution immédiate.

Plusieurs déportées françaises réalisèrent des dessins qui nous sont parvenus après la libération du camp. Citons, entre autres, France Audoul, Violette Lecoq, Jeanne Lherminier ou Eliane Jeannin-Garreau. Mais il y eut aussi la hollandaise Aat Breu Hibma ou la hongroise Edit Ban Kiss.

A noter qu'à Auschwitz , des femmes firent également des dessins ou des croquis de l'enfer qu'elles vivaient et que dans presque tous les autres camps – notamment à Buchenwald – nombreux furent les hommes qui eurent une atitude artistique donc résistante, similaire.

Car la réalisation de ces œuvres fut avant tout une forme de résistance, et les nazis le comprirent très vite.

• France AUDOUL

« France Audoul en appelait à quelques bouts de papier volés aux S.S et à de minuscules bouts de crayon, consignant au gré des fugitives opportunités pleines de risques les scènes plus ou moins étranges »

Dessin de France Audoul

Page 14: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

14

Née à Lyon, le 13 septembre 1894, France AUDOUL suit une formation à l'Ecole des Beaux-Arts de cette ville et débute sa carrière artistique à Paris.

Entrée dans la Résistance dans la région de Toulouse, elle est arrêtée et déportée à Ravensbrück en 1943. Elle va en rapporter plusieurs croquis exécutés sur le vif. Après son retour, elle publiera un ouvrage illustré avec ses dessins consacrés à la Déportation « Ravensbrück, 150 000 femmes en enfer ». L'un de ses dessins est conservé au Musée de l'Armée.

Elle est décédée en 1977.

• Jeanne LETOURNEAU

Née à Angers le 13 novembre 1895, Jeanne Letourneau après des études de dessin à Paris, devient professeur de dessin au collège de jeunes filles Joachim du Bellay d'Angers

Arrêtée le 13 mai 1943, elle est déportée à Ravensbrück où elle arrive le 27 avril 1944. En février 1945, elle est envoyée au kommando de Rechlin puis revient au camp central en mars 1945. Libérée le 5 avril, elle revient à Angers.

Elle va écrire le récit de sa déportation à Ravensbrück, « Clichés barbares » qu'elle va illustrer avec ses dessins.

Plusieurs d'entre eux sont conservés au musée d'Angers.

« Le dessin a été pour moi un heureux dérivatif au camp quoique un peu dangereux, mais je n'y pensais pas ».

Jeanne Letourneau

le bloc 27 de Ravensbrück

Page 15: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

15

• Jeanne LHERMINIER

Née à Nouméa le 15 octobre 1907, elle est la sœur du Commandant Lherminier qui avait réussi à quitter Toulon après le sabordage de la flotte et à rejoindre la France Libre .

Elle-même, membre du réseau de résistance « Buckmaster », elle est arrêtée par la Gestapo à Paris, le 19 septembre 1943 pour avoir caché un aviateur américain, ce qui lui vaudra la déportation à Ravensbrück.

Dans le camp, elle effectue des croquis de ses camarades, qu'elle embellit pour les montrer telles qu'elles auraient dû être. Elle a ainsi réalisé plus de 150 dessins sauvés grâce à la complicité notamment d'Elisabeth Barbier qui sortira la plupart des dessins du camp. La plupart d'entre eux seront confiés en 1987 au Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon et au Musée de l'Ordre de la Libération à Paris. Les dessins de Jeanne Lherminier ont par ailleurs fait l'objet d'un mémoire de maîtrise à l'Université de Franche-Comté (Claire Vionnet).

« Lucienne Idoine et sa bible sauvée de la fouille »

Page 16: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

16

Dessin réalisé dans le wagon lors du retour en France

24 mai 1945

Avec les conférences de Germaine Tillion, les dessins de Jeanne Lherminier vont donner des raisons de vivre et d'espérer malgré les conditions de détention inhumaines.

A noter, les déportées sans visage : Jeanne Lherminier disait ne pas savoir les dessiner .

• Violette LECOQ

Née en 1912 à Paris, elle s'engage dans la Croix-Rouge et accompagne l'armée française dans sa déroute. Elle est arrêtée à Angoulême en juin 1940. Aussitôt libérée, elle part pour Compiègne où elle crée un hôpital militaire. Elle en profite pour organiser l'évasion de prisonniers, puis elle intègre le réseau de renseignements « Gloria ». En août 1942, elle est arrêtée par la Gestapo et déportée au camp de Ravensbrück en octobre 1943.

Au camp, dérobant de quoi dessiner, comme les autres « artistes », elle témoigne de l'horreur quotidienne. La plupart de ses dessins sont réalisés alors qu'elle est au Revier (infirmerie). Elle est libérée par la Croix-Rouge le 22 avril 1945.

En 1948, elle réunit tous ses croquis dans un album « Ravensbrück, 36 dessins à la plume »

Au procès de Ravensbrück à Hambourg, après la guerre, ses dessins sont considérés par les Alliés comme des documents témoignant de l'horreur du camp.

Page 17: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

17

Dessins de Violette Lecoq : l'horreur de Ravensbück au quotidien

La gamelle de soupe renversée....

Page 18: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

18

• Edith BAN KISS

Page 19: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

19

Elle est née le 21 novembre 1905 dans une famille de la bourgeoisie juive de Budapest. Artiste, elle fera des études en Hongrie et en Allemagne et voyage beaucoup. Souvent dépressive, elle se confie peu et ses œuvres (peintures et sculptures) sont peu nombreuses et ne sont connues que de sa famille.

En octobre 1944, les fascistes hongrois et les Allemands reprennent le pouvoir au régent Horty. Tous les juifs de Budapest encore libres sont arrêtés et parmi eux, Edith Ban Kiss.

Elle est déportée à Ravensbrück puis au kommando de Genshagen.

De retour à Budapest en 1945, elle commence très vite à travailler. En 2 mois, elle peint 30 gouaches sur ce qu'elle a vécu. Ces œuvres sont aujourd'hui régulièrement exposées, certaines à Paris. Mais longtemps, Edith Ban Kiss restera ignorée, bien qu'elle ait sculpté un certain nombre d'œuvres à Casablanca, à Londres (elle loge chez Anna Freud) et à Paris. Son nom passera à la postérité bien des années plus tard.

Edith Ban Kiss se suicide à Paris le 27 octobre 1966.

Dans son atelier à Budapest en 1946

Certaines de ses

gouaches sont vues par Germaine Tillion qui ne

reconnaîtra pas ce qu'elle a vu à Ravensbrück :

« attitudes trop relâchées, rangs pas assez serrés, détenues ayant encore

leurs cheveux etc.. mais, précise-t'elle, « c'est un kommando de travail

(Genshagen) , un camp externe ce qui explique

des images impensables à Ravensbrück ».

Kommando de travail de Genshagen

Page 20: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

20

• Maria HISZPANSKA-NEUMANN

Elle est née le 28 octobre 1917 à Varsovie, d'une famille d'un célèbre maître cordonnier. En 1935, elle étudie à l'académie des Beaux Arts de Varsovie.

Pendant l'occupation nazie, son père est membre d'un groupe de résistance où il sera tué par les Allemands. Elle-même est arrêtée le 19 juin 1941 puis emprisonnée à Radom.

Le 10 avril 1942, elle est déportée à Ravensbrück, puis au kommando de Neubrandenburg. Pendant sa déportation, elle va réaliser de nombreux dessins. Elle réussit à s'évader lors d'une marche d'évacuation en avril 1945.

Rentrée à Varsovie à l'été 1945, elle crée beaucoup de gravures sur bois, puis dans les années 1950, elle va dessiner à nouveau sur la vie dans les camps. Certains de ces dessins sont exposés au musée de Ravensbrück.

Après avoir séjourné en Bulgarie puis en Egypte, elle se consacre à partir de 1965 à la peinture de murs d'édifices religieux.

Elle décède à Varsovie le 12 janvier 1980.

Page 21: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

21

• D'AUTRES DESSINS....

Le block de punition de Ravensbrück

Page 22: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

22

Page 23: DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA ...cache.media.education.gouv.fr/file/Actions... · Des artistes et des écrivains, confirmés ou simples amateurs, connus ou

23

Conclusion

« Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre », sentence attribuée au philosophe américain Santayana. De tous les Résistantes et Résistants, internés, déportés, chacun a vécu ses propres pages de cette histoire collective que fut la seconde guerre mondiale. Mais les uns et les autres ont eu à lutter pour conserver leur dignité et n’ont conservé comme seules richesses que leurs « richesses intérieures », selon la formule de François Wetterwald, dé&porté à Mauthausen. Plus que jamais il faut rester vigilant. Après l’effroyable seconde guerre mondiale, le procès de Nuremberg pointa du doigt l’inhumanité essentielle du projet génocidaire ; cette dénonciation fut légitimée au plan mondial par les principes de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948, laquelle postule que l’avenir se construit sur l’indivisibilité des droits politiques et sociaux. Car l’homme, certes, ne vit pas que de pain, mais son humanité devient aléatoire lorsqu’il s’en voit privé. Aujourd’hui, alors que les conditions historiques sont totalement renouvelées, c’est toujours en recherchant l’alliance entre le progrès social, la promotion de l’égalité et la défense des droits pour tous qu’il nous faut redonner sens à la notion d’avenir, redonner force aux valeurs de la République. Il est de notre devoir de le rappeler er de le faire vivre. Jean Ferrat, auteur compositeur, en 1963, dans sa chanson « Nui et Brouillard » a rendu hommage aux victimes de la déportation et plus particulièrement aux résistants, à leur combat, a leur dignité : « ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux ». toutefois le chanteur élargit son propos en exprimant un devoir de mémoire où il convie les générations suivantes à se souvenir : « …pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez ».