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Volume 25 - Novembre/DĂ©cembre 2012 - NumĂ©ro 6 Veille technique Veille implants cochlĂ©aires Les implants cochlĂ©aires : un passĂ© remarquable et un brillant avenir Emeric KATONA ActualitĂ©s / Annonces Interview Philippe ESTOPPEY par Arnaud COEZ Dossier Enseignement Post-Universitaire 2012 Presbyacousie 4 Ăšme Ăąge et surditĂ© MĂ©tier et Technique AudioprothĂšse et Conseil de l’Ordre Amandine BERTAUX ISSN 09803483 Veille acouphĂšnes Le counselling Philippe LURQUIN, Maud REAL, P. COTTON

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Volume 25 - Novembre/Décembre 2012 - Numéro 6

Veille techniqueVeille implants cochléaires Les implants cochléaires : un passé remarquable et un brillant avenir Emeric KATONA

Actualités / AnnoncesInterviewPhilippe ESTOPPEY par Arnaud COEZ

DossierEnseignement Post-Universitaire 2012

Presbyacousie 4Úme ùge et surdité

MĂ©tier et TechniqueAudioprothĂšse et Conseil de l’Ordre Amandine BERTAUX

ISS

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Veille acouphĂšnesLe counselling Philippe LURQUIN, Maud REAL, P. COTTON

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Sommaire

Les Cahiers de l’AuditionNov./DĂ©c. 2012 - Vol 25 - N°6

Liste des annonceurs Annuaire Français

d’Audiophonologie ‱ Oticon ‱ Phonak ‱ SMS Audio Electronique

Siemens ‱ Starkey ‱ Widex

3 Editorial Paul AVAN

5 Le mot du Président du CollÚge Eric BIZAgUET

6 Dossier Enseignement Post-Universitaire 2012 7 Facteurs pronostiques et éléments de prise en charge nécessaires

Ă  la rĂ©ussite de l’appareillage : analyse de la littĂ©rature Arnaud COEZ

11 StratĂ©gies d’adaptation : spĂ©cificitĂ©s du 3Ăšme et 4Ăšme Ăąge Alexandre gAULT, François LE HER

13 Eventail des choix de l’appareillage prothĂ©tique : gammes, rĂ©glages, limites, liaison endo-auriculaire Jean-Baptiste DELANDE, Xavier DELERCE

18 VĂ©rification du gain et de l’adapation prothĂ©tique par la mĂ©thode IN VIVO grĂ©gory gERBAUD, CĂ©line gUEMAS

24 Le bilan d’efficacitĂ© prothĂ©tique : interprĂ©tations et utilisation pour les rĂ©glages StĂ©phane LAURENT, Thomas ROY

28 Bilan vocal d’efficacitĂ© prothĂ©tique dans le silence : interprĂ©tations et utilisation pour les rĂ©glages Frank LEFEVRE

32 L’audiomĂ©trie vocale dans le bruit en douze questions Yves LASRY, Matthieu DEL RIO

36 Le Bilan Auditif Central : troubles centraux de l’audition et applications prothĂ©tiques Paul Edouard WATERLOT, Jean Louis COLLETTE

38 SynthÚse et cohérence des mesures Eric BIZAgUET

40 L’éducation prothĂ©tique François DEJEAN, Philippe THIBAUT

43 Implant cochléaire chez le sujet ùgé : amélioration des performances auditives, de la qualité de vie et des fonctions cognitives Isabelle MOSNIER

44 L’orthophoniste dans l’équipe pluridisciplinaire (la suite du bilan orthophonique) gĂ©raldine BESCOND

48 Prise en charge en institution : suivi et formation des personnels Arach MADJLESSI

50 Le grand ùge : les spécificités Eric HANS

54 Interview Philippe ESTOPPEY par Arnaud COEZ

56 MĂ©tier et technique AudioprothĂšse et Conseil de l’Ordre

Amandine BERTAUX

60 Notes de lecture François DEgOVE

64 Veille acouphĂšnes Les somato-acouphĂšnes

Philippe LURQUIN, Maud REAL, P. COTTON

68 Veille implants cochléaires Les implants cochléaires : un passé remarquable et un brillant avenir

Emeric KATONA

77 Veille technique Phonak - Siemens - SMS Audio Electronique - Starkey - Widex

88 Actualités et agenda

95 Annonces

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Les Cahiers de l’Audition, la revue du Collùge National d’Audioprothùse

Editeur CollĂšge National d’AudioprothĂšsePrĂ©sident Eric BIZAgUET LCA - 20 rue ThĂ©rĂšse 75001 Paris TĂ©l. 01 42 96 87 70 [email protected]

Directeur de la publication Christian RENARD 50, rue Nationale 59 000 LilleTĂ©l. 03 20 57 85 [email protected] RĂ©dacteur en chefPaul AVAN FacultĂ© de MĂ©decine Laboratoire de Biophysique 28, Place Henri DUNANT - BP 38 63001 Clermont Ferrand Cedex TĂ©l. 04 73 17 81 35 [email protected] RĂ©dacteur et responsable scientifique Arnaud COEZ LCA - 20 rue ThĂ©rĂšse 75001 Paris TĂ©l. 01 42 96 87 70 [email protected]

Conception et rĂ©alisation MBQ StĂ©phanie BERTET 32, rue du Temple 75004 Paris TĂ©l. 01 42 78 68 21 [email protected]

Abonnements, publicitĂ©s et annonces CollĂšge National d’AudioprothĂšseSecrĂ©tariat 20 rue ThĂ©rĂšse - 75001 Paris TĂ©l. 01 42 96 87 77 [email protected]

Dépot Légal à date de parution Nov./Déc. 2012 Vol. 25 N°6

Imprimé par Néo-typo - Besançon

Président 1er Vice Président

2e Vice Président

PrĂ©sidentd’honneur

Eric BIZAgUET

Frank LEFEVRE

Christian RENARD

Xavier RENARD

Membres du Collùge National d’Audioprothùse

Kamel ADJOUT

Patrick ARTHAUD

Jean-Claude AUDRY

Bernard AZEMA

Jean BANCONS

Jean-Paul BERAHA

Hervé BISCHOFF

geneviĂšve BIZAgUET

Jean-Jacques BLANCHET

Daniel CHEVILLARD

Arnaud COEZ

Christine DAgAIN

Ronald DE BOCK

Xavier DEBRUILLE

François DEgOVE

Jean-Baptiste DELANDE

Charles ELCABACHE

Robert FAggIANO

Stéphane gARNIER

ThierrygARNIER

grégory gERBAUD

Eric HANS

Bernard HUgON

JĂ©rĂŽme JILLIOT

Yves LASRY

Stéphane LAURENT

François LE HER

Maryvonne NICOT-MASSIAS

Benoit ROY

Claude SANgUY

Philippe THIBAUT

Jean-François VESSON

Frédérique VIgNAULT

Alain VINET

Paul-Edouard WATERLOT

Membres honoraires du Collùge National d’Audioprothùse

Jean-Pierre DUPRET

Jean OLD

georges PEIX

Membres Correspondants Ă©trangers du CollĂšge National d’AudioprothĂšse

Roberto CARLE

LĂ©on DODELE

Philippe ESTOPPEY

André gRAFF

Bruno LUCARELLI

Leonardo MAgNELLI

Carlos MARTINEZ OSORIO

Thierry RENgLET

Juan Martinez SAN JOSE

Christoph SCHWOB

Elie EL ZIRMembre Correspondant étranger associé

Le Collùge National d’Audioprothùse

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Editorial

Les Cahiers de l’AuditionNov./DĂ©c. 2012 - Vol 25 - N°6

« Ce dernier numĂ©ro de l’annĂ©e 2012est marquĂ© pour moi d’une Ă©motion particuliĂšre, car c’est le dernier dans lequel notre ami Jean-Louis COLLETTE sera auteur. A la tristesse d’avoir perdu brutalement un complice de longue date s’ajoute la perte d’un collaborateur parmi les plus rayonnants des Cahiers, dont il avait animĂ© plusieurs dossiers qui ont fait date. Le meilleur hommage que nous puissions lui rendre sera de publier courant 2013 un numĂ©ro qui lui aurait plu, sur les sujets qui allumaient toujours chez lui un feu d’artifice d’idĂ©es dans lequel tous ses collĂšgues se lais-saient prendre : l’éditorial du premier numĂ©ro spĂ©cial sur les neuropathies auditives pilotĂ© par Jean-Louis n’avait-il pas eu pour auteur Arnie STARR lui-mĂȘme ! DĂšs maintenant, je prĂ©fĂšre laisser deux de ses amis proches s’exprimer Ă  chaud, les Professeurs Lionel COLLET et John DURRANT, parce que par-delĂ  les anecdotes dont Jean-Louis Ă©tait friand, ils dĂ©crivent bien ses qualitĂ©s, si prĂ©cieuses aux Cahiers et plus gĂ©nĂ©ralement Ă  ses collĂšgues : le sens de la synthĂšse et de la mise en perspective, au service d’une curiositĂ© sans limites. » Paul AVAN

« Ma premiĂšre rencontre avec le Dr Jean-Louis COLLETTE eut lieu fin 1986 Ă  Paris. Il s’agissait d’un atelier organisĂ© par un industriel amĂ©ricain de l’électrophysiologie. La grande silhouette de Jean-Louis Collette prenait l’espace et ses propos traduisaient sa maitrise de l’audiologie. Praticien libĂ©ral mais ayant conservĂ© une activitĂ© hospitaliĂšre, il dĂ©veloppait avec talent ses compĂ©tences dans le domaine de l’exploration des surditĂ©s et des vertiges et suivait avec intĂ©rĂȘt et passion les avancĂ©es cliniques des derniĂšres dĂ©cennies : les potentiels Ă©voquĂ©s, les otoĂ©missions acoustiques, le renouveau des explorations d’audition centrale, les neuropathies auditives. Jean-Louis COLLETTE Ă©tait toujours Ă  l’affut des nouvelles orientations. Son souci de la mise Ă  jour des connaissances le conduisait Ă  assister aux congrĂšs inter-nationaux de l’IERASg. Sa maitrise des langues Ă©trangĂšres, dont l’anglais, facilitait ses contacts avec les homologues nord-amĂ©ricains et une complicitĂ© s’était nouĂ©e avec le Pr John DURRANT de Pittsburgh. Jean-Louis COLLETTE contribuait Ă  la diffusion en français d’articles didactiques afin de rendre les avancĂ©es accessibles aux professionnels parfois Ă©loignĂ©s des explorations. Homme de contact, son talent de pĂ©dagogue lui permettait de capter son auditoire et des enseignements lui Ă©taient confiĂ©s dans plusieurs universitĂ©s. Hormis le professionnel reconnu, Jean-Louis COLLETTE Ă©tait d’une grande culture. DĂ©vo-reur de livres et mĂ©lomane averti, il pouvait aussi bien intervenir sur la qualitĂ© sonore d’un violon que sur le style d’un grand auteur. Sa culture dĂ©passait le classicisme puisqu’il Ă©tait capable d’échanger en spĂ©cialiste avec des collĂšgues nord-amĂ©ricains sur la qualitĂ© de leurs Ă©quipes de football et la contribution de tel ou tel quaterback. C’est aussi un homme gĂ©nĂ©-reux qui nous a quittĂ©s une journĂ©e de novembre sur une route de Provence. Sa disparition est douloureuse pour les siens et ses amis. » Lionel COLLET

« Il me reste beaucoup d’images de Jean-Louis COLLETTE. Nous avons passĂ© beaucoup de bon temps ensemble. Le Jean-Louis que nous avons aimĂ© Ă©tait le professionnel par excel-lence, mais aussi un bon vivant, plein d’amitiĂ©s, un ‘Renaissance Man’, un homme familial dĂ©vouĂ©. Notre relation privilĂ©giĂ©e Ă©tait aussi pleine d’intĂ©rĂȘts communs--des arts, la musique, des langues, du ski, et du tourisme. Nous avons explorĂ© un peu du monde ensemble, de Utah Ă  Tenerife pour les congrĂšs de l’IERASg. Nous avons passĂ© de nombreuses belles soirĂ©es en famille au restaurant. Nous partagions aussi un intĂ©rĂȘt pour les sports -- Jean-Louis Ă©tait en fait un beau « fan » de foot amĂ©ricain, particuliĂšrement l’équipe de Pittsburgh (« Steelers »). MĂ©langĂ© Ă  tout se trouvait l’humour : Il aimait les casquettes sportives, mĂȘme un peu bĂȘtes, et toujours sources de plaisanteries, comme une coiffure drĂŽle que j’avais reçue comme un sorte de promotion de la part de l’équipe de baseball (Pittsburgh Pirates), et que je lui avais donnĂ©e. Nous avons Ă©changĂ© de nombreux objets comme cela depuis le dĂ©but de notre relation de plus de deux dĂ©cennies. Mais avec Jean-Louis il y a toujours quelque chose sous la surface, bien touchante, par exemple lorsqu’il m’a donnĂ© un cadeau vraiment spĂ©cial en Ă©change d’une casquette de « college football » de mon universitĂ©. Pour me remercier, il a cherchĂ© et m’a donnĂ© une casquette comme la sienne quand il Ă©tait un petit Ă©colier. Jean-Louis Ă©tait passionnĂ© de tous les domaines -- les affaires professionnelles et domes-tiques, les loisirs, et simplement la vie. C’est pour ça que je l’ai admirĂ© et aimĂ© comme un frĂšre. Il me manque profondĂ©ment, et son pĂšre Ă©galement. » John D. DURRANT

Paul AvAN

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5Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

LE MOT DU PRESIDENT DU COLLEgE

Eric BIZAGUETAudioprothésiste D.E.

PrĂ©sident du CollĂšge National d’AudioprothĂšse

LCA - 20 rue ThérÚse 75001 Paris

[email protected]

L’EPU 2012, dont la synthĂšse des confĂ©rences constitue ce numĂ©ro, a rassemblĂ© plus de 950 personnes Ă  La Villette. Il est devenu un moment fort de la formation continue et pourrait ĂȘtre un des Ă©lĂ©ments clĂ©s pour la formation continue obligatoire inscrite dans le plan HPST et dont le dĂ©cret d’application a Ă©tĂ© publiĂ©e dĂ©but 2012. Les premiĂšres rĂ©unions concernant les modalitĂ©s de sa mise en application ont eu lieu et ont permis de nommer Xavier RENARD Ă  la commission scientifique du DPC avec JĂ©rĂŽme JILLIOT comme supplĂ©ant, et Dominique MĂ©NĂ©TRIER Ă  l’organisme de gestion du DPC. Le cycle « Presbyacousie, 4Ăšme Ăąge et surditĂ© » commencĂ© en 2011 s’est conclu cette annĂ©e en donnant les clĂ©s du rĂ©glage, des mĂ©thodologies, de l’éducation auditive et pour finir des rĂ©sul-tats que les derniĂšres technologies peuvent faire espĂ©rer. Cette session a Ă©tĂ© ouverte par une minute de silence et de recueillement aprĂšs le dĂ©cĂšs accidentel le vendredi 16 Novembre 2012 de notre ami et fidĂšle confĂ©rencier, le Docteur Jean Louis COLLETTE. MĂ©decin ORL, il avait dĂ©couvert l’audiologie dĂšs 1973 Ă  la Compagnie Française d’Audiologie auprĂšs de M.J RAINVILLE. InstallĂ© en 1979 Ă  Paris, sa compĂ©tence dans le domaine des troubles de l’audition et de l’équilibre Ă©tait connue de tous. Du fait de son immense connaissance de l’Audiologie, Jean Louis COLLETTE Ă©tait impliquĂ© Ă  plus d’un titre dans les activitĂ©s d’Enseignement et de Recherche Clinique et Ă©tait un confĂ©rencier toujours apprĂ©ciĂ©. Il participait Ă  de nombreux congrĂšs oĂč il Ă©changeait avec les grands noms que sont JERgER, DOWNS, DAVIS, HIRSCH, BELLIS, DURRANT, KRAUS, COLLET, PERROT, DEMANEZ et bien d’autres. Il avait Ă©tĂ© appelĂ© il y a presque 15 ans par Bernard AZĂ©MA et Xavier RENARD pour l’organisation de la journĂ©e scientifique du congrĂšs des audiopro-thĂ©sistes. Ses nombreuses publications, dont l’une trĂšs rĂ©cente dans le Laryngoscope, illustrent sa rigueur scientifique et son souhait de divulguer les connaissances tant sur le plan pratique que thĂ©orique. Participant dĂšs sa crĂ©ation aux instances de la SociĂ©tĂ© Française d’Audiologie, co-auteur des guides de Bonnes Pratiques en audiomĂ©trie de la SFA, Jean Louis COLLETTE Ă©tait impliquĂ© dans la rĂ©daction du prochain Rapport de la SociĂ©tĂ© Française d’ORL consacrĂ© Ă  l’AudiomĂ©trie. Il devait aussi parti-ciper Ă  notre EPU aprĂšs avoir Ă©tĂ© co-rĂ©dacteur avec François DEgOVE de nombreuses publications des Cahiers de l’Audition.Un hommage lui sera rendu dans ce numĂ©ro et il sera le fil conduc-teur d’un numĂ©ro futur oĂč nous ferons le point sur les Ă©volutions et progrĂšs concernant les diffĂ©rents articles qu’il avait coordonnĂ©s au fil des ans dans les pages des Cahiers de l’Audition.2012 finit sur cette triste nouvelle et 2013 s’annonce comme une annĂ©e de grand bouleversement. Le contexte est celui d’une crise Ă©conomique, avec pour la premiĂšre fois l’évolution du nombre de prothĂšses adaptĂ©es en France stable, voire nĂ©gative. Cela doit nous faire rĂ©flĂ©chir pour le futur car seuls survivront ceux qui sauront s’adapter, avec une Ă©quation Ă  4 inconnues : le nombre d’audioprothĂ©sistes formĂ©s, le prix moyen d’un appa-reillage, la pression des rĂ©seaux fermĂ©s et des pouvoirs publics, et pour finir le nombre de patients pris en charge.La mise en place d’un numĂ©rus clausus national semble une solution cohĂ©rente pour adapter le nombre de professionnels formĂ©s aux besoins du marchĂ© et aux demandes des patients tout en restant intransigeant sur la qualitĂ© de la formation. S’interroger est Ă©vident quand un simple calcul montre que la profession passerait Ă  plus 4500 professionnels en 2022 si le pourcentage de nouveaux professionnels augmentait de 5 % par an (ce qui est le cas aujourd’hui) et Ă  plus de 8000 pour une augmentation de 10 % par an. La profession semble par ailleurs rĂ©ellement pour la crĂ©ation d’un numĂ©rus clausus national au

regard d’un vote rĂ©alisĂ© auprĂšs des 750 participants prĂ©sents en amphi lors du dernier EPU et qui s’exprimaient Ă  une Ă©crasante majoritĂ© en faveur d’une telle dĂ©cision. Le numĂ©rus clausus doit cependant ĂȘtre rĂ©flĂ©chi et encadrĂ© dĂšs ses premiers pas pour ĂȘtre une rĂ©ponse efficace aux besoins rĂ©els de la profession et des patients avec une volontĂ© de service audioprothĂ©tique de haut niveau. Le prix moyen de l’appareillage est encore une inconnue difficile Ă  prĂ©dire car certains facteurs devraient le conduire Ă  augmenter (coĂ»t important de la recherche, complexitĂ© de l’appareillage, demande Ă©volutive des patients d’un haut niveau de rĂ©sultats et de service, obligation de formation, protocole imposĂ© de bonnes pratiques, etc.) alors que d’autres devraient le pousser Ă  baisser (pression des rĂ©seaux de distribution, diminution des frais de fabrication, programme d’aide Ă  l’appareillage, augmentation du nombre des gammes proposĂ©s, etc.).La pression des organismes complĂ©mentaires se concentre actuellement sur le coĂ»t financier de l’appareillage en crĂ©ant un rĂ©fĂ©rencement basĂ© surtout sur une baisse parfois importante du prix d’acquisition. Le nombre d’audioprothĂ©sistes ayant signĂ© des accords avec ces organismes augmente de façon rĂ©gu-liĂšre, et cela d’autant plus que la cohĂ©rence des propositions et contraintes permet de respecter un Ă©quilibre coĂ»t/qualitĂ© de la prestation. Cette dĂ©marche ne rĂ©pond cependant qu’à la frange de la population disposant de ce type de couverture complĂ©-mentaire, conduit Ă  une audioprothĂšse Ă  plusieurs niveaux et ne peut ĂȘtre une solution globale aux besoins de la population et aux risques de perte de chance que cela procure. La seule rĂ©ponse doit se construire entre les syndicats professionnels et les pouvoirs publics avec la proposition pour tout patient d’un appareillage Ă  un coĂ»t raisonnable alliant des prothĂšses auditives numĂ©riques, un service d’adaptation et de suivi de qualitĂ© et un remboursement cohĂ©rent. Cette dĂ©marche ne permettra Ă©videm-ment pas d’intĂ©grer des aides auditives de derniĂšre gĂ©nĂ©ration, mais correspondra parfaitement Ă  la possibilitĂ© pour tout malen-tendant de trouver une solution correspondant Ă  ses besoins, aussi bien au niveau rĂ©sultats qu’au niveau financier. Le nombre de patients nĂ©cessitant un appareillage pourrait quant Ă  lui ne pas suivre le pic prĂ©visible du papyboom. Seuls un dĂ©pis-tage et une prise en charge prĂ©coce pourraient conduire Ă  ce modĂšle, ce qui ne semble pas le cas aujourd’hui. De plus, la pression financiĂšre de la crise et les craintes sur les retraites vont compliquer l’entrĂ©e des dĂ©ficients auditifs dans le cycle vertueux de l’appareillage prĂ©coce et pourraient entrainer un retard supplĂ©mentaire par rapport Ă  ce qui existe aujourd’hui.Un seul moyen pour prĂ©parer cette future nĂ©gociation est de justifier la qualitĂ© de notre service en renforçant notre formation et en participant Ă  l â€˜Ă©laboration des critĂšres de l’évaluation des pratiques professionnelles que le plan HPST va nous imposer. Pour cela, 2013 devrait voir apparaĂźtre, comme nouvelle mission du CNA, la proposition d’une formation des maĂźtres de stage et de mĂ©moire pour formaliser l’encadrement des stagiaires. Cette formation d’une journĂ©e, organisĂ©e par le CollĂšge et rĂ©alisĂ©e dans le cadre de chaque Ă©cole d’audioprothĂšse en coopĂ©ration avec les directeurs d’enseignement, aura pour but de dĂ©finir le rĂŽle respectif du maitre et du stagiaire en leur donnant un canevas permettant de quantifier les acquis afin d’optimiser les appren-tissages. Organiser de façon rĂ©gionale cette premiĂšre annĂ©e, une formation nationale pourra Ă©ventuellement ĂȘtre discutĂ©e si le besoin s’en faisait sentir. Pour finir, je suis heureux de pouvoir, comme vous, prĂ©parer l’avenir et attends avec impatience de pouvoir vous prĂ©senter en Janvier 2014 un Ă©ditorial plein des succĂšs de 2013.

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6 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> E.P.U. 2012

Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

7 Facteurs pronostiques et Ă©lĂ©ments de prise en charge nĂ©cessaires Ă  la rĂ©ussite de l’appareillage : analyse de la littĂ©rature Arnaud COEZ

11 StratĂ©gies d’adaptation : spĂ©cificitĂ©s du 3Ăšme et 4Ăšme Ăąge Alexandre gAULT & François LEHER

13 Eventail des choix de l’appareillage prothĂ©tique : gammes, rĂ©glages, limites, liaison endo-auriculaire Jean-Baptiste DELANDE, Xavier DELERCE

18 VĂ©rification du gain et de l’adapation prothĂ©tique par la mĂ©thode in vivo grĂ©gory gERBAUD, CĂ©line gUEMAS

24 Le bilan d’efficacitĂ© prothĂ©tique : InterprĂ©tations et utilisation pour les rĂ©glages StĂ©phane LAURENT, Thomas ROY

28 Bilan vocal d’efficacitĂ© prothĂ©tique dans le silence : interprĂ©tations et utilisation pour les rĂ©glages Frank LEFEVRE

32 L’audiomĂ©trie vocale dans le bruit en douze questions Yves LASRY, Matthieu DEL RIO

36 Le Bilan Auditif Central : troubles centraux de l’audition et applications prothĂ©tiques Paul Edouard WATERLOT, Jean Louis COLLETTE

38 SynthÚse et cohérence des mesures Eric BIZAgUET

40 L’Education prothĂ©tique François DEJEAN, Philippe THIBAUT

43 Implant cochléaire chez le sujet ùgé : amélioration des performances auditives, de la qualité de vie et des fonctions cognitives Isabelle MOSNIER

44 L’orthophoniste dans l’équipe pluridisciplinaire (la suite du bilan orthophonique) gĂ©raldine BESCOND

48 Prise en charge en institution : suivi et formation des personnels Arach MADJLESSI

50 Le grand ùge : les spécificités Eric HANS

> Dossier Enseignement Post-Universitaire 2012

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7Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

E.P.U. 2012 <

1 Résumé

Pubmed, Web of Sciences, Scopus... sont des bases de donnĂ©es d’articles scientifiques consultables en ligne. Elles reprĂ©sentent une chance pour le professionnel de santĂ©. Elles lui permettent de connaĂźtre « l’état de l’art » dans son domaine d’exercice profes-sionnel, Ă  l’échelle mondiale. Le web permettrait Ă  tout un chacun d’organiser sa propre formation professionnelle continue. Nous avons effectuĂ© une analyse de la littĂ©rature pour repĂ©rer les facteurs qui permettent d’espĂ©rer la rĂ©ussite de l’appareillage auditif. Alors que le nombre de malentendants ne cesse d’augmenter du fait du vieillissement des populations des pays dĂ©veloppĂ©s, et que le degrĂ© de surditĂ© augmente avec l’ñge, le taux d’équipement des populations demeure bas. Ainsi, 55% des plus de 85 ans dĂ©clarent avoir des difficultĂ©s d’audi-tion. 59% de ceux-ci possĂšdent des aides auditives, et 12% ne les portent pas. La plupart des Ă©tudes sont beaucoup plus pessimistes : le taux d’équipement est de moins de 50% et la non utilisation des appareils auditifs concerne jusqu’à 30% des sujets appareillĂ©s. La raison principale semble ĂȘtre que le malentendant presby-acou-sique s’ignore malentendant, faute d’une politique de SantĂ© Publique

d’information et de dĂ©pistage qui Ă©viterait Ă  certains patients de s’installer dans le dĂ©ni de la surditĂ©.La dĂ©marche d’appareillage semble devoir s’inscrire dans un vĂ©ri-table programme de SantĂ© Publique et d’une prise en charge trĂšs personnalisĂ©e du patient. Le patient doit pouvoir consulter son audioprothĂ©siste autant de fois que nĂ©cessaire, jusqu’à obtention d’un port effectif quotidien des appareils auditifs.

2 Recherche bibliographique

Les bases bibliographiques sont une chance pour connaĂźtre ce qui se fait dans les autres pays en matiĂšre d’appareillage et de permettre Ă  l’audioprothĂ©siste français de se situer par rapport aux autres Ă©quipes internationales. On peut regretter une quasi absence des Ă©quipes françaises de ces bases de donnĂ©es qui peut laisser penser aux Ă©quipes anglo-saxonnes l’existence de pratiques obscures en France. Pourtant, les cahiers de l’audition, la revue du CollĂšge National d’AudioprothĂšse est rĂ©fĂ©rencĂ©e dans certaines bases de donnĂ©es. Nous ne pouvons qu’inciter la profession Ă  faire connaĂźtre ses pratiques en soumettant aux cahiers des articles ou des cas cliniques qui pourraient tĂ©moigner de notre professionnalisme et des rĂ©sultats que nous obtenons. Les cahiers permettent de s’affranchir de l’obstacle que peut reprĂ©senter la langue anglaise pour certains d’entre nous. Quand nous comparons nos rĂ©sultats Ă  l’analyse de la littĂ©rature internationale nous pouvons penser que nous avons des Ă©lĂ©ments Ă  faire valoir. Nous avons, de façon certaine, un savoir-faire qu’il mĂ©riterait de faire savoir.

3 La presbyacousie

Notre recherche porte sur la population des plus de 55 ans dite ‘senior’ qui reprĂ©sente en France en 2012, environ 33% de la popu-lation. Cette frange de la population est amenĂ©e Ă  augmenter dans les annĂ©es Ă  venir et elle atteindra probablement les 40% en 2050. La presbyacousie est dĂ©finie comme une perte d’audition liĂ©e Ă  l’ñge : plus l’ñge est important plus la perte auditive attendue est importante (Figure 1). La presbyacousie se caractĂ©rise par une perte d’audition symĂ©trique entre les deux oreilles, avec une atteinte plus importante des frĂ©quences aiguĂ«s que des frĂ©quences graves. Une origine gĂ©nĂ©tique est suspectĂ©e mais cette perte est probable-ment aggravĂ©e par d’autres facteurs : exposition aux bruits durant la vie, surditĂ©s brusques, etc.

NĂ©anmoins, les investisseurs y voient un eldorado : une population cible croissante et une pathologie liĂ©e Ă  l’ñge. Le credoc (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) y voit mĂȘme un moyen de relancer la consommation par les produits de santĂ© destinĂ©s aux seniors qui dans les pays industrialisĂ©s dĂ©tien-nent la richesse.

Facteurs pronostiques et Ă©lĂ©ments de prise en charge nĂ©cessaires Ă  la rĂ©ussite de l’appareillage : analyse de la littĂ©ratureArnaud COEZ AudioprothĂ©siste, Laboratoire de correction auditive E. Bizaguet, Paris

Figure 1. ReprĂ©sentation superposĂ©e de la perte d’audition (dB HL), de la prĂ©valence de la surditĂ© (%) et du nombre de personnes malentendantes par rapport Ă  l’ensemble des personnes de plus de 50 ans malentendantes (%) en fonction de l’ñge. On remar-quera que la prĂ©valence et que le degrĂ© de surditĂ© augmentent avec l’ñge mais que passĂ© 70 ans, le nombre de personnes malen-tendantes rapportĂ©e au nombre de malentendant de plus de 50 ans diminue (dĂ©cĂšs). La classe d’ñge des 90 ans la plus concernĂ©e par la surditĂ© (prĂ©valence la plus Ă©levĂ©e) est Ă©videmment la moins nombreuse en nombre d’individus survivants (adaptation Ă  partir des donnĂ©es de Chia et al, 2007) .

Page 10: Dossier - college-nat-audio.fr

8 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

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La perte auditive tonale peut donc augmenter avec l’ñge, mais la gĂȘne auditive Ă©prouvĂ©e dĂ©croĂźtre. Les besoins et les capacitĂ©s changent avec l’ñge : isolement, moindre capacitĂ©s praxiques, etc. La pĂ©riode charniĂšre semble se situer Ă  70 ans, pĂ©riode Ă  laquelle perte rĂ©elle et gĂšne ressentie semblent se rejoindre.

Alors qu’environ 9 personnes sur 10 ont une perte d’audition Ă  plus de 80 ans, au maximum 3 personnes sur 10 portent tous les jours des appareils auditifs. 40% des malentendants de cette tranche d’ñge possĂšdent des appareils, 78% les portent effectivement, c’est-Ă -dire que 22% ne les portent pas ce que l’on peut considĂ©rer ĂȘtre un Ă©chec d’appareillage. Ont-ils une perte de motivations ou de capacitĂ©s gĂ©nĂ©rales les empĂȘchant de les mettre ou de s’équiper ?

Alors que les 60-69 ans rapportent avoir des difficultĂ©s auditives et Ă©prouver une gĂȘne, seulement 23% de ceux qui ont une perte d’au-dition objectivĂ©e par une audiomĂ©trie tonale possĂšdent des aides auditives et seulement 73% les portent quotidiennement, soit 27% d’échec !

NĂ©anmoins, le taux d’équipement augmente avec l’ñge et les Ă©checs se rĂ©duisent avec l’ñge (Figure 3). Faut-il du temps pour ĂȘtre sensibilisĂ© aux problĂšmes auditifs, accepter l’appareillage, le dompter ? Ainsi, malgrĂ© une prĂ©valence Ă©levĂ©e de la surditĂ©, le taux de pĂ©nĂ©tration de l’appareillage auditif demeure faible (25%), avec une compliance au traitement (port des appareils) amĂ©liorable.Avant 70 ans, l’attente et les exigences sont-elles trop importantes par rapport aux possibilitĂ©s techniques et Ă  leurs aptitudes physiolo-giques ? (rappelons qu’ils sont plus nombreux Ă  Ă©prouver une gĂšne qu’à en avoir une !).Certes, le degrĂ© de surditĂ© augmente avec l’ñge. PassĂ© un certain degrĂ© de surditĂ©, le patient accepte (ou demande) d’ĂȘtre aidĂ© (gussekloo et al, 2003; Vuorialho et al, 2006a; Vuorialho et al, 2006b). PassĂ© 70 ans, ses attentes peuvent ĂȘtre moindre et le patient a fini par ĂȘtre correctement informĂ© sur la surditĂ©, ses consĂ©quences et son traitement. Par contre, des pathologies inter-currente, une moindre dextĂ©ritĂ© et/ou une adaptation des activitĂ©s sociales aux capacitĂ©s d’écoute peuvent retarder encore le moment de l’appareillage.

Pourtant, des Ă©tudes scientifiques montrent que les choses sont plus subtiles. Ainsi, une Ă©tude (Chia et al, 2007) montre que 10 Ă  15% des surditĂ©s sont unilatĂ©rales ! sur une population de 2956 partici-pants australiens de plus de 50 ans, dont la perte est supĂ©rieure Ă  25 dB. Ces Ă©tudes portent sur « la surditĂ© », passĂ© un certain Ăąge (plus de 50 ans) ou plus exactement sur toutes les formes de surditĂ© et non pas sur la seule « presbyacousie ». La presbyacousie isolĂ©e, simple Ă  prendre en charge, est malheureusement bien souvent associĂ©e Ă  d’autres formes de surditĂ©.

Il est nĂ©anmoins montrĂ© que la prĂ©valence de la surditĂ© augmente en fonction de l’ñge. Ainsi, il y a 88% de chances de trouver une surditĂ© chez une personne de plus de 80 ans et 65% de chances chez les 70-79 ans. Mais il n’y a plus que 36% de chances chez les 60-69 ans et 16% de chances dans la tranche des 50-59 ans (Figure 1). Il est important de remarquer que 88% des plus de 80 ans ne reprĂ©sentent que 9% des malentendants de plus de 50 ans, alors que les tranches 60-80 rĂ©unies reprĂ©sentent 67% des malen-tendants.

De plus, dans le groupe de plus de 80 ans, il existe un Ă©cart impor-tant entre le nombre de personnes qui ont une perte d’audition objectivĂ©e par une audiomĂ©trie tonale et ceux qui dĂ©clarent avoir une gĂȘne auditive ressentie (Figure 2). Seulement 77% des plus de 80 ans qui ont une perte dĂ©clarent en ressentir une. Ce ratio n’est plus que de 83 % dans la tranche 70-79. Inversement, la population 50-60 qui rapporte ressentir des difficultĂ©s auditives est 2,6 fois plus importante que celle qui a rĂ©ellement une perte d’audition tonale, phĂ©nomĂšne observable chez les 60-69 ans mĂȘme si le ratio n’est plus que de 1,25.

Le premier constat est qu’il peut exister une diffĂ©rence importante entre ce qu’une personne Ă©prouve et ressent et la perte d’audition tonale mesurĂ©e par le clinicien. Le risque est que clinicien et patient ne soient pas sur la mĂȘme longueur d’onde !

Figure 2. ReprĂ©sentation graphique superposĂ©e de l’augmen-tation du degrĂ© de perte d’audition tonale (variable y en dB HL) en fonction de l’ñge et du ratio (variable y en %) du nombre de personnes ressentant une gĂšne auditive (subjective) sur le nombre de personnes ayant effectivement une perte auditive tonale (objective). Les 55 ans ressentent des gĂšnes dans des situations de la vie quotidienne alors qu’ils n’ont pas de perte auditive tonale objectivĂ©e alors que les 85 ans ont une perte auditive objectivĂ©e mais ne ressentent pas nĂ©cessairement une gĂšne. Adaptation d’aprĂšs Chia, 2007.

Figure 3. ReprĂ©sentation graphique du ratio (variable y en %) de personnes malentendantes qui possĂšdent et portent quotidienne-ment leurs appareils auditifs sur le nombre de personnes malen-tendantes d’une tranche d’ñge. Ce ratio augmente avec l’ñge. Le ratio des personnes qui ont des appareils auditifs mais qui ne les portent pas diminue avec l’ñge. Adaptation d’aprĂšs Chia et al, 2007.

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Est-ce mieux au Royaume-Uni ?

Sur 32 656 personnes de plus de 75 ans Ă  qui il est demandĂ© si elles Ă©prouvent une gĂȘne auditive, seules 8% dĂ©clarent en avoir de trĂšs grandes et 50% dĂ©clarent ne pas en avoir (Smeeth et al, 2002).

Les difficultĂ©s ressenties augmentent par tranche d’ñge, 83% des plus de 90 ans en ont, mais 44% des 75-79 ans disent en avoir.

Sur 14 877 personnes de plus de 75 ans, en moyenne 28% Ă©chouent Ă  un simple test Ă  la voix chuchotĂ©e. Le taux d’échec Ă  ce test est multipliĂ© par 1.85 par tranche de 5 ans d’ñge, passant de 20% Ă  75 ans Ă  66% Ă  90 ans. Parmi ceux qui Ă©chouent, 50 % ne sont pas appareillĂ©s, 27% le sont et surtout 23% ont des appareils qu’ils ne portaient pas le jour du test ! 23% d’échec !

Ceux qui trouvent que leurs appareils auditifs les aident les portent quotidiennement pour 86% d’entre eux, alors que ceux qui trouvent que les appareils auditifs ne les aident pas ne les portent pas dans 95% des cas. Ceux qui trouvent ĂȘtre un peu amĂ©liorĂ©s, ne sont que 44% Ă  les porter quotidiennement.

Ainsi, il y a une trĂšs forte corrĂ©lation entre bĂ©nĂ©fice perçu et le temps de port des appareils auditifs. Effectivement, quel serait l’intĂ©rĂȘt d’un appareillage auditif qui amĂ©liore l’intelligibilitĂ© mais qui n’est pas portĂ© ? Pourquoi porter un appareillage qui n’apporte aucun bĂ©nĂ©-fice ? Cette corrĂ©lation entre le nombre d’heures de port de l’appa-reillage et l’amĂ©lioration de l’intelligibilitĂ© et du degrĂ© de satisfaction (Roup and Noe, 2009; Taubman et al, 1999) est retrouvĂ©e dans de nombreuses Ă©tudes. Le nombre Ă©levĂ© d’heures de port de l’appa-reillage dĂ©note un degrĂ© Ă©levĂ© d’acceptation de la surditĂ©, une atti-tude positive face Ă  la rĂ©habilitation, des attentes avant l’adaptation prothĂ©tique, un confort (gopinath et al, 2011; Hartley et al, 2010; Jerram and Purdy, 2001).

Un temps de port de moins de 8 heures des appareils auditifs doit alerter l’audioprothĂ©siste qui doit tout mettre en Ɠuvre pour inverser la tendance. Les auteurs montrent que les services d’audiologie sont en 2002 dĂ©bordĂ©s au Royaume Uni et qu’il leur est difficile de mettre en Ɠuvre un suivi efficace. Les datalogging des appareils auditifs permettent en 2012 d’avoir une mesure du temps de port, et il est trĂšs rassurant de constater que le port des appareils est souvent supĂ©rieur Ă  10 heures par jour (donnĂ©es personnelles).

En SuĂšde ?

Suite Ă  une enquĂȘte Ă©pidĂ©miologique initiĂ©e en 2007 sur l’état de santĂ© (Ă©tat gĂ©nĂ©ral, capacitĂ©s cognitives, etc.) et les capacitĂ©s fonctionnelles (audition, etc.) de la population de plus de 85 ans (496 participants) de la ville de Linköping (Oberg et al, 2012), une Ă©tude complĂ©mentaire a Ă©tĂ© menĂ©e en 2009 pour connaĂźtre les raisons d’achat ou/et de non utilisation des aides auditives (346 participants). Les hommes sont plus enclins Ă  rĂ©vĂ©ler des difficultĂ©s auditives quand la question leur est posĂ©e, nĂ©anmoins 83% des sondĂ©s n’ont pas de difficultĂ©s Ă  comprendre en tĂȘte Ă  tĂȘte mais ils ne sont plus que 41% Ă  ne pas avoir de difficultĂ©s dans le bruit. Ils sont 39% Ă  ne pas avoir de perte d’audition (groupe 1), 36% Ă  avoir une perte d’audition appareillĂ©e (groupe 2) et 25% Ă  dire avoir une perte d’audition mais ne pas ĂȘtre appareillĂ©.

L’état gĂ©nĂ©ral du groupe 1 (pas de perte) s’est avĂ©rĂ© meilleur que l’état gĂ©nĂ©ral du goupe 2 (perte appareillĂ©e) lui-mĂȘme meilleur que le groupe 3 (perte non appareillĂ©e). Cette Ă©tude ne permet pas de savoir si le groupe 3 n’est pas appareillĂ© car il prĂ©sente un plus mauvais Ă©tat gĂ©nĂ©ral (et n’est plus Ă  mĂȘme Ă  utiliser des appareils auditifs) ou si il prĂ©sente un Ă©tat gĂ©nĂ©ral moins bon car il n’a pas pu ĂȘtre appareillĂ© assez tĂŽt.

D’autres Ă©tudes (Lin et al, 2011a) ont pu Ă©tablir qu’une augmen-tation de 25 dB de la perte d’audition Ă©quivaut Ă  l’impact d’un vieillissement prĂ©maturĂ© de 7 ans sur les scores de cognition et un risque de chutes multipliĂ© par 3 (Lin et al, 2011c). DĂ©mence et perte d’audition (Lin et al, 2011b) semblent Ă©galement liĂ©es : une surditĂ© faible multiplie ce risque de dĂ©mence par 2 (par rapport population entendante), par 3 en cas de surditĂ© moyenne, et par 5 en cas de surditĂ© sĂ©vĂšre.

Parmi les malentendants qui n’ont pas d’appareils, les motifs invoquĂ©s par les personnes sont qu’elles pensent : 1. Ne pas ĂȘtre assez mal-entendantes (38%), 2. Qu’avoir une perte d’audition est « normal » et n’empĂȘche pas une vie normale(19%), 3. Que personne ne leur a jamais demandĂ© de consulter un ORL (10%) ! 4. Avoir d’autres pathologies en cours (10%) ! 5. PrĂ©voit d’en faire l’acquisition (10%) 6. A trop mauvaise presse (5%), 7. Ne pas savoir comment s’en procurer (2%), 8. Que c’est trop cher (2%) alors que seules les piles sont payantes en SuĂšde...

Les motifs non invoquĂ©s sont le fait de peu communiquer, des diffi-cultĂ©s Ă  se dĂ©placer, l’aspect des appareils auditifs, le fait que les appareils auditifs ne ne seraient pas Ă  la hauteur de la pathologie.

Parmi les 14% qui ne portent pas leur appareil auditif, 30% évoquent des difficultés de manipulation, 30% sont déçus du résultat, 15% éprouvent un inconfort, 10% trouvent finalement ne pas entendre si mal enfin 15% trouvent entendre trÚs bien sans.

Les auteurs (Oberg et al, 2012) se fĂ©licitent de n’avoir que 14% d’échec, ce qui est effectivement un mieux par rapport aux autres Ă©tudes citĂ©es. La raison invoquĂ©e est une meilleure prise en charge et une disponibilitĂ© pour recevoir les patients mĂȘme pour des problĂšmes mineurs de manipulation mais qui peuvent s’avĂ©rer rĂ©dhibitoires pour la personne de plus 85 ans. Les raisons invoquĂ©es par le malentendant soulignent le rĂŽle essentiel de l’audioprothĂ©-siste pour limiter les Ă©checs liĂ©s au dĂ©ni de la surditĂ©. L’audiopro-thĂ©siste doit ĂȘtre conscient que le processus de prise de conscience de la surditĂ© et de son acceptation est un processus long pour le patient et que le dĂ©ni n’est jamais trĂšs loin. Ce dĂ©ni sera mieux maĂźtrisĂ© quand le malentendant aura eu la chance de rencontrer un corps mĂ©dical averti et soucieux de sensibiliser la personne Ă  la perte d’audition, Ă  ses consĂ©quences, aux enjeux et aux possibilitĂ©s de rĂ©habilitation. Cette prise de conscience est d’autant plus facile qu’une politique de santĂ© publique forte l’accompagne. L’audiopro-thĂ©siste devra continuer d’expliquer, d’expliquer encore et encore la perte d’audition, les possibilitĂ©s techniques des appareillages, les limites attendues. Il devra accorder un soin tout particulier Ă  l’édu-cation prothĂ©tique (manipulation des appareils), et ĂȘtre disponible Ă  de nombreuses reprises. Il devra montrer et expliquer les limites rencontrĂ©es avec l’appareillage mais aussi souligner les progrĂšs rĂ©alisĂ©s au cours du temps.

Les auteurs de conclure : le but premier pour le clinicien est de faire en sorte que les « seniors » prĂȘtent plus d’attention Ă  leur perte d’audition et aux moyens d’y remĂ©dier, de penser Ă  poser la question en consultation couplĂ© Ă  un test Ă  la voix chuchotĂ©e. Une informa-tion mĂ©dicale loyale sur les avantages de la rĂ©habilitation auditive est sĂ»rement une clĂ© Ă  la rĂ©ussite de l’appareillage futur. De plus, les personnes agĂ©es qui considĂšrent avoir une audition normale devraient pouvoir rencontrer des personnes qui tirent un bĂ©nĂ©fice de leur appareillage auditif et qui pourraient tĂ©moigner d’une amĂ©liora-tion de leur qualitĂ© de vie. Des personnes de mĂȘme Ăąge, qui pour-raient tĂ©moigner d’une expĂ©rience positive de l’appareillage peuvent avoir un impact plus fort que les cliniciens. Pour une prise de conscience la plus prĂ©coce avant que l’état gĂ©nĂ©ral ne se dĂ©grade

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en empĂȘche l’appareillage il est nĂ©cessaire de proposer des actions d’informations ainsi que des tests de dĂ©pistage Ă  certains moment clĂ©s de la vie (retraite, etc.).

Le facteur de rĂ©ussite demeure donc la gĂȘne Ă©prouvĂ©e.

Le bĂ©nĂ©fice attendu n’est pas nĂ©cessairement liĂ© au degrĂ© de perte d’audition mĂȘme si les besoins peuvent augmenter avec le degrĂ© de perte. Le bĂ©nĂ©fice dĂ©pend de l’intensitĂ© du besoin ressenti. L’efficacitĂ© peut ĂȘtre facilement Ă©valuĂ©e par le nombre d’heures de port des appareils auditifs. Les facteurs pronostiques sont positifs quand l’audioprothĂ©siste prend le temps d’explorer les raisons pour lesquelles un patient non motivĂ© ne l’est pas, fournir des informa-tions qui contrebalancent des croyances non rĂ©alistes, comprendre, formuler et reformuler et devancer les difficultĂ©s de son patient (du fait de sa perte d’audition), Ă  partir de l’anamnĂšse, du bilan d’orientation prothĂ©tique tonal et vocal des examens complĂ©men-taires (comme exposĂ©s lors de l’EPU 2011). Des techniques dites d’interview de motivation (Harvey, 2003) peuvent y contribuer en amĂ©liorant l’adhĂ©sion au projet d’appareillage et en amĂ©liorant l’observance au traitement. Le succĂšs de l’intervention est d’ĂȘtre capable de modifier favorablement l’état du patient et que le patient se soumette au traitement proposĂ© pour avoir une chance d’en tirer un bĂ©nĂ©fice.

Les patients sont avant tout des personnes rationnelles, qui prennent des dĂ©cisions dans leur intĂ©rĂȘt selon leurs connaissances d’un sujet et de leurs croyances, en contrebalançant les avantages attendus de l’action par les dĂ©savantages encourus. Elles attendent donc un bĂ©nĂ©fice qui doit ĂȘtre supĂ©rieur aux dĂ©sagrĂ©ments rencontrĂ©s du fait de leur surditĂ© ou du fait d’avoir Ă  porter un appareil auditif.

Un appareillage auditif demande donc une prise en charge Ă©levĂ©e, personnalisĂ©e, par une mĂ©thodologie centrĂ©e sur le patient, qui permette une mesure du service mĂ©dical rendu par des mesures quantitatives tonales, vocales, datalogs, des mesures subjectives (questionnaires de qualitĂ© d’écoute de qualitĂ© de service), des contrĂŽles rĂ©guliers pour s’assurer de l’observance et de l’efficacitĂ©. Ces mesures d’efficacitĂ©s sont nĂ©cessaires pour montrer au patient les progrĂšs rĂ©alisĂ©s, et expliquer les limites rencontrĂ©es.

La technologie des appareils auditifs aide Ă  atteindre ces objectifs mĂȘme si des limites inhĂ©rentes aux dysfonctions du systĂšme auditif en tempĂšrent le rĂ©sultat.

L’implant cochlĂ©aire est Ă  cet Ă©gard une rĂ©elle rupture technolo-gique qui permet de s’affranchir des distorsions trop importantes du systĂšme auditif quand le degrĂ© de surditĂ© augmente. Une Ă©tude montre que des difficultĂ©s auditives rĂ©siduelles avec appareillage auditif sur perte profonde ont une rĂ©percussion sur l’intelligibilitĂ© de la parole qui dĂ©pend de l’ñge de la personne. Chez les sujets ĂągĂ©s implantĂ©s, la comprĂ©hension ne dĂ©pend pas de l’ñge du sujet car la perception auditive est restituĂ©e sur l’ensemble de la bande passante audible (Steffens et al., 2012). De plus, les rĂ©sultats des tests des capacitĂ©s cognitives, les tests de mĂ©moire et d’attention redeviennent meilleurs dans le groupe implantĂ© que dans le groupe appareillĂ© conventionnellement.

37/1000 des plus de 74 ans ont une perte d’audition profonde. Ils seront 400 000 en 2050 (deux fois plus). Le rĂŽle de l’audio-prothĂ©siste est d’orienter le patient vers une Ă©quipe d’implantation cochlĂ©aire quand il sait qu’il rencontre ou va rencontrer une limite avec un appareillage conventionnel (moins de 50% d’intelligibilitĂ© aux listes dissyllabiques de Fournier) et avant que le patient n’ait des facteurs de comorbiditĂ© ou une altĂ©ration de son Ă©tat gĂ©nĂ©ral. Demain, l’audioprothĂ©siste pourra probablement exercer pleinement son mĂ©tier en assurant le choix, l’adaptation, le suivi immĂ©diat et

permanent et l’éducation prothĂ©tique du dĂ©ficient de l’ouie appa-reillĂ©, comme le prĂ©voit le code de SantĂ© Publique, car il est le seul Ă  ce jour Ă  disposer de la structure et du temps nĂ©cessaire permettant de rĂ©pondre aux attentes du patient sur son appareillage (dĂ©pannage, information, manipulation, Ă©ducation prothĂ©tique, etc.), facteurs source de succĂšs de l’appareillage auditif.

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1 Considérations

Qu’est-ce qu’une personne ĂągĂ©e ?Selon diffĂ©rents organismes et professions, nous pouvons estimer que les personnes ĂągĂ©es sont classifiĂ©es selon le tableau suivant :

En France, on parle plutÎt de « troisiÚme ùge » à partir de 65 ans et de quatriÚme ùge au-delà de 90 ans. On recense néanmoins plus de 2,4 millions de personnes de plus de 80 ans et ceci grùce à une meilleure hygiÚne et une meilleure qualité de vie.

Ces classifications ne sont que trĂšs thĂ©oriques car rĂ©pondre Ă  la question « A quel Ăąge est-on vieux ? » ne peut se faire que de maniĂšre subjective et ceci avec une variabilitĂ© interindividuelle : ce serait donc plutĂŽt un Ă©tat d’esprit. Le vieillissement est un processus physiologique inĂ©luctable, responsable de modifications de l’orga-nisme. Le vieillissement se met en Ɠuvre lentement et progressive-ment conduisant Ă  l’état de vieillesse ou de sĂ©nescence. Les effets du vieillissement sur l’organisme sont complexes et varient de façon importante d’un individu Ă  l’autre. Ce processus est observable au niveau de la baisse des capacitĂ©s sensorielles comme celles de l’ouĂŻe. Cette perte d’acuitĂ© auditive est d’ailleurs reconnue et normĂ©e (ISO 7029) dĂ©montrant qu’il n’y a malheureusement que trĂšs peu d’exception Ă  cette dĂ©tĂ©rioration progressive.

Qu’est-ce qu’un vieillissement rĂ©ussi ?Selon Rowe et Khan (1987), le vieillissement rĂ©ussi ou « de bonne santĂ© », qui se distingue par la rĂ©duction minimisĂ©e des capacitĂ©s ou de certaines d’entre elles, sans que l’on puisse attribuer cet amoindrisse-ment des fonctions Ă  une maladie, est opposĂ© au vieillissement patholo-gique (atteinte de la sphĂšre affective (dĂ©pression), cognitive (dĂ©mence), locomotrice, sensorielle, cardio-vasculaire). Le rĂŽle de l’audiopropthĂ©-siste est essentiel dans cette considĂ©ration car il se doit, dans la mesure de ses compĂ©tences, proposer les solutions nĂ©cessaires et individuelles pour minimiser au mieux les effets liĂ©s au vieillissement par le main-tien des capacitĂ©s fonctionnelles dans le but de : prĂ©server une vie quotidienne Ă©panouie, conserver une vie sociale, communiquer sans limite, rĂ©tablir la confiance en soi

2 Entendre, Ă©couter, comprendre et communiquer

Les quatre Ă©tapes du cheminement liĂ© au parcours auditif peuvent ĂȘtre rĂ©sumĂ©es par le schĂ©ma suivant.

Lors de l’anamnĂšse, l’audioprothĂ©siste recueille un ensemble d’in-formations basĂ©es gĂ©nĂ©ralement sur le ressenti du patient ou de son environnement, sans considĂ©ration rĂ©elle des dysfonctionnements intrinsĂšques Ă  la fonction en elle-mĂȘme. Finalement, la stratĂ©gie d’adaptation, permettant de rĂ©tablir cette fonction, est dĂ©finie par

ces informations mais aussi par les données annexes basées sur les évaluations audiologiques et audioprothétiques.

3 Le parcours de réhabilitation

Une structure ou cheminement dĂ©finissant le parcours de rĂ©habili-tation peut ĂȘtre Ă©tabli(e) et basĂ©(e) sur les travaux de Kiessling et al (2003). Ces travaux ont eu pour but de dĂ©finir un parcours norma-lisĂ© et construit par le biais d’un consensus regroupant les besoins et points de vue de l’ensemble des professionnels de l’audition. Le modĂšle Ă©tablissant les composants tels que l’évaluation, l’intĂ©gra-tion, la dĂ©cision, l’intervention ainsi que la mesure des bĂ©nĂ©fices, ne pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ© tel quel dans la profession audioprothĂ©tique française, car un ensemble d’élĂ©ments stratĂ©giques sont pris en compte dĂšs la session d’anamnĂšse. La stratĂ©gie d’adaptation ne se rĂ©sume pas nĂ©cessairement Ă  l’adoption d’une intervention type mais elle doit englober l’ensemble des Ă©lĂ©ments et Ă©tapes nĂ©cessaires au rĂ©tablissement optimal de la fonction en proposant une solution la plus en adĂ©quation avec le besoin. Cette considĂ©ration a donnĂ© lieu Ă  la schĂ©matisation du parcours comme dĂ©fini comme dĂ©fini ci-dessous :

Les motivationsDurant l’anamnĂšse, il est important d’ĂȘtre capable de dĂ©finir le profil du candidat afin de cibler au mieux ses attentes ou celles de son environnement proche et qui se rĂ©fĂšrent Ă  un besoin gĂ©nĂ©ral ou spĂ©cifique. Il faut donc ĂȘtre Ă  l’écoute des motivations afin de lister :les problĂšmes perçus, les effets sur la vie quotidienne, les activitĂ©s quotidiennes et l’impact de la surditĂ© sur ces activitĂ©s, les dĂ©faites, les souhaits.Et ces motivations permettent de connaitre les attentes du candidat :‱ Est-il favorable Ă  l’appareillage ? ‱ A-t-il un avis neutre ?‱ Est-il un opposant ? ‱ Est-il un revendicateur ?Tout en sachant que le patient est soit une personne technique (avoir accĂšs manuellement ou contrĂŽler selon sa volontĂ© Ă  de multiples fonctionnalitĂ©s et options de l’aide auditive) soit une personne simpliste (ĂȘtre le moins embĂȘtĂ© Ă  utiliser l’aide auditive).

StratĂ©gies d’adaptation : spĂ©cificitĂ©s du 3Ăšme et 4Ăšme ĂągeAlexandre GAULT, François LE HER AudioprothĂ©sistes, Annecy et Rouen

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Malheureusement le praticien est souvent tentĂ© d’appliquer naĂŻve-ment des procĂ©dures d’appareillage automatiques et devra revoir son patient trĂšs rĂ©guliĂšrement avant d’obtenir un rĂ©sultat accep-table ; alors qu’une adaptation consciencieuse et planifiĂ©e d’un commun accord avec le patient aurait Ă©tĂ© sans doute plus efficace et peut ĂȘtre moins chronophage. La stratĂ©gie est donc basĂ©e sur une mĂ©thode Ă©tablie par diffĂ©rentes Ă©tapes structurĂ©es et catĂ©gorisĂ©es afin que chacun des facteurs d’adaptation soit convenablement prise en compte au moment de la prise en charge du patient. Les varia-bilitĂ©s interindividuelles pourraient donc rĂ©sulter d’une pondĂ©ration de ces facteurs que l’audioprothĂ©siste aura pour charge d’estimer.

4 Démarche stratégique

Comme Ă©noncĂ© prĂ©cĂ©demment, une dĂ©marche stratĂ©gique est l’établissement d’une liste de critĂšres/actions Ă  prioriser. Cette liste peut ĂȘtre catĂ©gorisĂ©e en se basant sur une sĂ©quence d’adaptation dont les Ă©tapes peuvent ĂȘtre les suivantes :1- Fonction, 2- Optimisation, 3- Confort, 4- Liaison, 5- AccessiblitĂ©Ces catĂ©gories peuvent ensuite ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e comme ci-dessous :

Cette matrice dĂ©finie ainsi une sĂ©quence d’adaptation suffisamment dĂ©taillĂ©e offrant une ligne conductrice priorisĂ©e et valorisant chacune de ces sous-catĂ©gories. Ceci met aussi en Ă©vidence une discordance entre la dĂ©marche factuelle de l’audioprothĂ©siste et l’offre de produits ce qui nous amĂšne Ă  nous poser certaines questions :‱ Les solutions des fabricants rĂ©pondent-t-elles aux solutions que

nous devons proposer en tant qu’audioprothĂ©siste? ‱ Les critĂšres d’adaptation unilaterale et bilatĂ©rale sont ils convena-

blement considĂ©rĂ©s ?Et finalement, il est intĂ©ressant de se demander s’il existe rĂ©ellement des gammes de produits ou bien s’il s’agit d’une diffĂ©renciation basĂ©e sur un comportement stratĂ©gique de commercialisation des produits dĂ©finie uniquement par les fabricants.

Bibliographie Candidature for and delivery of audiological services: special needs of older people; Kessling et al. 2003Considerations in hearing aid fitting for older adults & overcoming the hearing aid barrier, Jenstad 2011Effectiveness of International Counseling on Acceptance of hearing loss among older adults, Rawool 2009Crafting protocols : selection and fitting issues for older adults, Griffing 2009Related hearing aid use to well being amond older adults, Bridges & Bentler 1998

Facteurs audiologiquesCette Ă©tape de collecte de facteurs audiologiques est tout aussi essentielle mais reste objective face aux yeux du candidat. Elle permet « d’asseoir » les dysfonctionnements de la fonction qui sera l’élĂ©ment pilier Ă  restaurer. Il faudra donc Ă©valuer les conditions audiologiques (anatomie, prĂ©sence de cĂ©rumen, etc.), mais aussi les performances auditives (liminaires, supraliminaires) et ceci sans nĂ©gliger les facteurs annexes. Il sera tout aussi important de considĂ©rer le fait que les performances puissent ĂȘtre biaisĂ©es car le patient peut ĂȘtre difficile-ment en mesure d’apporter un rĂ©el jugement ou un niveau de perfor-mances car les tests d’évaluation gĂ©nĂšrent une perception hors des limites tolĂ©rables, comparativement Ă  l’écoute quotidienne.

Facteurs prothĂ©tiquesL’étape d’évaluation des facteurs prothĂ©tiques permet d’analyser la corrĂ©lation entre les donnĂ©es collectĂ©es et la gĂȘne et le handicap perçus. Ceci a pour effet de dĂ©finir les rĂ©els objectifs du rĂ©tablisse-ment de la fonction tout en dĂ©finissant les besoins annexes, tels que les mĂ©canismes technologiques potentiellement Ă  mettre en place pour rĂ©tablir l’écoute, la comprĂ©hension et la communication.

La stratĂ©gieL’élĂ©ment primordial de la mise en place de la stratĂ©gie d’adap-tation est de confirmer le besoin, en apportant une analyse des Ă©lĂ©ments collectĂ©s et mesurĂ©s mais aussi, si besoin, en dĂ©montrant les raisons des incohĂ©rences entre la solution nĂ©cessaire Ă  mettre en Ɠuvre et les besoins estimĂ©s par le patient.L’audioprothĂ©siste est effectivement responsable de proposer une solution adĂ©quate mais qui rĂ©pond aux besoins rĂ©els de l’utilisa-teur (rĂ©tablissement de la fonction) et non Ă  des besoins annexes uniquement. Ce qui est essentiel est que le patient doit se sentir en confiance. L’audioprothĂ©siste doit pour cela dĂ©montrer qu’un parte-nariat se met en place solidement, et qu’une solution d’adaptation doit rĂ©sulter d’un commun accord entre le candidat et l’audiopro-thĂ©siste. Cette solution ne doit pas nĂ©cessairement ĂȘtre l’obligation d’une adaptation mise en place Ă  la suite d’une anamnĂšse mais elle peut tout Ă  fait ĂȘtre planifiĂ©e davantage Ă  moyen terme : Les parte-naires (patient - professionnel) doivent dĂ©cider quand intervenir afin que l’adaptation soit un succĂšs et que ce succĂšs soit rĂ©ciproque.Ainsi, derriĂšre chaque patient se cache une problĂ©matique particu-liĂšre. A la suite du bilan audioprothĂ©tique prĂ©alable, l’audioprothĂ©-siste doit ĂȘtre Ă  mĂȘme d’identifier les sources des anomalies ayant pour consĂ©quence une dĂ©tĂ©rioration de la fonction dont la baisse de l’intelligibilitĂ© en est une des consĂ©quences.Si l’on examine le choix de la mĂ©thode d’appareillage en fonction de l’ñge, il est trĂšs important de considĂ©rer les caractĂ©ristiques de la perte auditive. La plupart d’entre nous sont familiers de la presbyacousie et cette affection peut ĂȘtre, Ă  tort, considĂ©rĂ©e comme facile Ă  traiter. C’est bien malheureusement lĂ  que rĂ©side le piĂšge qui conduit souvent l’audioprothĂ©siste Ă  ne pas considĂ©rer de façon mĂ©thodique :‱ Le mode d’appareillage (monophonique, stĂ©rĂ©phonique, bimodal)‱ La mĂ©thodologie d’adaptation (liminaire ou supraliminaire)‱ Les non-linĂ©aritĂ©s du traitement de signaux

- Traitements temporels- Comportement des réducteurs de bruits

‱ Le type de jonction auriculaire‱ Le recouvrement spectral‱ Le type d’aide auditive

Par exemple, les changements liĂ©s au traitement temporel de l’information, le recouvrement spectral ou bien les rĂ©ducteurs de bruits, ne sont pas nĂ©cessairement convenablement pris en compte voire mĂȘme nĂ©gligĂ©s car la plupart du temps incompris.

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et les sons difficiles à entendre. Les patients sortant souvent du bilan ORL ont du mal à comprendre qu’il faut tout refaire, et plus.

L’adaptation prothĂ©tique des patients ĂągĂ©s va donc devoir intĂ©grer tous ces paramĂštres, dĂšs le bilan prothĂ©tique : nous travaillerons avec des gens qui peuvent avoir une disponibilitĂ© limitĂ©e, une moti-vation faible, un temps de privation sensorielle (auditive) long et une praxie dont il va falloir tenir compte car elles peuvent avoir une grande importance dans l’échec d’une adaptation, plus que pour toute autre catĂ©gorie d’ñge.

2 Notion de Gamme

Existe t-il un vieillissement de la fonction auditive caractĂ©ristique au sujet ĂągĂ© qui nĂ©cessiterait des prĂ©cautions particuliĂšres d’appa-reillage ?

Souvent, et certainement de maniÚre inconsciente, nous, audiopro-thésistes, faisons un « pré-choix » pour ces patients en fonction de ce que nous croyons 1 : ils ont une vie simple, une dextérité limitée, ils entendent mal depuis longtemps. Nous pourrions avoir tendance à leur réaliser un « appareillage protecteur » en quelque sorte, ou bien une aide auditive de technologie « basique ».

Est-ce une bonne solution ?

Les industriels nous proposent aujourd’hui des aides auditives rĂ©el-lement performantes, rapides, prĂ©sentant, en dehors de leurs algo-rithmes qui nous sont inaccessibles, des possibilitĂ©s de rĂ©glages quasi illimitĂ©es. Certains fabricants peuvent proposer en entrĂ©e de gamme des aides auditives Ă  quelques canaux, d’autres au triple de canaux pour la mĂȘme utilisation affichĂ©e : « des aides auditives simples pour des gens aux besoins auditifs limitĂ©s ».

Qui a raison ? Les patients ĂągĂ©s peuvent-ils se contenter d’aides auditives simples car leurs besoins sont limitĂ©s ? Ou au contraire, sur ces patients Ă  surditĂ© ancienne, faut-il utiliser des moyens tech-nologiques plus poussĂ©s ?

3 SĂ©lectivitĂ© frĂ©quentielle et canaux d’une aide auditive

Une premiĂšre rĂ©ponse peut ĂȘtre apportĂ©e par l’étude de la perte de sĂ©lectivitĂ© frĂ©quentielle. La perte des CCE (quand ce n’est pas des CCI) entraĂźne une augmentation considĂ©rable de la largeur des filtres auditifs. Ces filtres auditifs, les « bandes critiques » (Zwicker) ou les ERB (Moore et al.) 2, dĂ©finissent la capacitĂ© d’un sujet Ă  discri-miner des sons de frĂ©quences proches. Deux sons de frĂ©quences proches tombant dans une mĂȘme ERB ne seront pas diffĂ©renciĂ©s. Plus ces filtres sont Ă©troits, meilleure est la rĂ©solution frĂ©quentielle. Que devient cette rĂ©solution frĂ©quentielle avec la perte auditive ? Peut-on baser notre choix prothĂ©tique sur ce critĂšre psychoacoustique ?

1 Introduction

Les patients ĂągĂ©s dĂ©cidant de se faire appareiller pour la premiĂšre fois constituent la clientĂšle quotidienne de l’audioprothĂ©siste. Ces appareillages, souvent dĂ©licats, reprĂ©sentent une partie importante de notre travail, mais il n’est pas Ă©vident d’obtenir des donnĂ©es prĂ©cises sur le primo-appareillage du sujet ĂągĂ©. Les principales donnĂ©es accessibles sur la pyramide des Ăąges de l’appareillage auditif sont fournies par les Ă©tudes EuroTrak, mais mettent indiffĂ©-remment dans une mĂȘme catĂ©gorie les renouvellements et primo-appareillages Ă  partir d’une assez large catĂ©gorie d’ñge « 74+ ».Toutes les Ă©tudes que nous pouvons lire annoncent l’arrivĂ©e massive d’une gĂ©nĂ©ration de « baby boomers » vers l’appareillage et un rajeunissement de l’ñge moyen du premier appareillage auditif. Ne trouvant pas de statistiques sur l’appareillage des patients au-delĂ  de 80 ans, nous avons analysĂ© l’ñge du premier appareillage sur les trois derniĂšres annĂ©es d’un centre rural (Figure 1).Les 80 ans et plus reprĂ©sentent plus de 40% de la clientĂšle adulte en premier appareillage. On peut raisonnablement penser que cette proportion est moins importante en zone urbaine, mais il s’agit certainement d’un quart de nos patients qui dĂ©cide, tardivement, de se faire appareiller, etc. On imagine donc une dĂ©cision longtemps reportĂ©e. La surditĂ© de ces patients ĂągĂ©s est vraisemblablement ancienne, leur motivation est peut ĂȘtre faible ; les trajets nĂ©cessaires pour venir chez l’audioprothĂ©siste peuvent ĂȘtre apprĂ©hendĂ©s ou dĂ©pendre d’un tiers, ce qui rend ces patients moins disponibles et autonomes pour les rendez-vous d’adaptation prothĂ©tique.

Le bilan prĂ©-prothĂ©tique prĂ©cis souvent assez long, peut ĂȘtre inter-prĂ©tĂ© comme un aveu de handicap. Les mots sont difficiles Ă  rĂ©pĂ©ter

Eventail des choix de l’appareillage prothĂ©tique : gammes, rĂ©glages, limites, liaison endo-auriculaireJean-Baptiste DELANDE AudioprothĂ©siste D.E., Annecy Xavier DELERCE AudioprothĂ©siste D.E., Mont de Marsan

Figure 1. Histogramme Ăąge du premier appareillage d’un centre rural - 2009/2012 - DonnĂ©es X. DELERCE

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Analysons ce graphique : il s’agit de deux reprĂ©sentations (courbes verte et bleue) d’une sĂ©lectivitĂ© frĂ©quentielle non-altĂ©rĂ©e, mesurĂ©e chez des sujets jeunes sans perte auditive. Les bandes critiques sont un peu plus larges dans les aigus que les ERB. Dans les hautes frĂ©quences, les bandes critiques ou les ERB s’élargissent, marquant une diminution naturelle de la sĂ©lectivitĂ© frĂ©quentielle dans cette zone frĂ©quentielle.

Sur l’exemple donnĂ© ici, Ă  2000Hz, une bande critique a une largeur de 300Hz environ, et une ERB de 240Hz environ (pour un sujet prĂ©sentant une audition normale).

Il est communĂ©ment admis qu’un sujet avec une baisse d’audition peut prĂ©senter un Ă©largissement de 2 Ă  4 fois plus important que la normale de ces ERB ou BC 3 (voire plus avec le degrĂ© de la perte).

Simulons un patient qui prĂ©senterait un Ă©largissement de ses filtres auditifs d’un facteur 2 Ă  3,5 sur la zone frĂ©quentielle appareillable, ce qui semble plausible. Dans la zone 2000Hz, sa sĂ©lectivitĂ© frĂ©quentielle est par exemple plus de deux fois moins bonne que la normale (600Hz environ) et Ă  4000Hz ses filtres cochlĂ©aires peuvent ĂȘtre de 1500Hz de large (3,5 fois la normale).

Analyse du signal par une aide auditive Ă  6 canaux : certes, ce n’est pas l’aide auditive qui fait la sĂ©lectivitĂ© frĂ©quentielle, c’est l’oreille en dernier ressort. On peut cependant imaginer une certaine perte de finesse dans les informations dĂ©livrĂ©es en fond de conduit, mĂȘme pour un patient prĂ©sentant une diminution consĂ©quente de sa sĂ©lec-tivitĂ© frĂ©quentielle.

Analyse du signal par une aide auditive Ă  15 canaux : la gĂ©nĂ©ralisa-tion de ce genre de genre d’aides auditives ces derniĂšres annĂ©es, souvent mĂȘme proposĂ©es en entrĂ©e de gamme aujourd’hui, explique certainement en grande partie un taux de satisfaction en hausse des porteurs d’aides auditives rĂ©centes, par un travail plus fin de l’au-dioprothĂ©siste, une efficience plus grande des traitements du signal ainsi qu’une meilleure correspondance avec les filtres cochlĂ©aires.

Attention toutefois Ă  ne pas faire de raccourci trop rapide: le nombre de canaux seul ne suffit pas Ă  amĂ©liorer le rapport Signal/Bruit Ă  la sortie de l’aide auditive. Il faut pour cela un couplage nombre de canaux et algorithmes de traitement du signal comme nous le verrons plus loin.

4 Enveloppe temporelle du signal

L’importance de l’enveloppe temporelle du signal est dĂ©montrĂ©e depuis quelques annĂ©es dans l’intelligibilitĂ© des patients malen-tendants 4, 5. Le message vocal peut se dĂ©composer en une struc-ture appelĂ©e temporelle fine, changements trĂšs rapides de phase, porteuse des informations frĂ©quentielles; et une variation plus lente contenant ces variations rapides : l’enveloppe temporelle.

Il a Ă©tĂ© prouvĂ© que si la perte auditive condamne l’accĂšs aux infor-mations vĂ©hiculĂ©es par la structure fine (perte de rĂ©solution tempo-relle), notamment dans le bruit, l’ñge Ă©galement, dans une moindre mesure, diminue cette capacitĂ© 6.

Les informations vĂ©hiculĂ©es par l’enveloppe temporelle du signal prennent alors une grande importance. Et justement, les audiopro-thĂ©sistes peuvent agir sur cette enveloppe, pour le meilleur ou le pire.

5 Traitements du signal

Quels sont aujourd’hui les choix technologiques dont nous sommes certains qu’ils vont avoir un impact positif sur le port d’une aide auditive ?

Un patient ĂągĂ©, pour de multiples raisons que nous allons dĂ©tailler, peut se dĂ©courager trĂšs vite du port de son appareillage auditif. L’in-confort en situations bruyantes est un facteur important d’abandon du port d’une aide auditive. Le micro directionnel prĂ©sente aujourd’hui un des meilleurs bĂ©nĂ©fices potentiels d’amĂ©lioration de l’intelligibilitĂ©.

Une Ă©tude du NAL publiĂ©e en 2010 7, rĂ©alisĂ©e sur des milliers de patients dĂ©taille l’amĂ©lioration avec une aide auditive directionnelle ou directionnelle adaptative. (Figures 3 et 4)

Pour des niveaux de surditĂ© moyenne et moyenne/sĂ©vĂšre, les rĂ©sul-tats de la directivitĂ© microphonique sont les plus importants : 30% d’amĂ©lioration en moyenne constatĂ©e dans des situations de bruit qui peuvent aboutir Ă  un abandon ou un port Ă©pisodique de l’appa-reillage lorsque l’appareillage n’apporte aucun bĂ©nĂ©fice. Ceci Ă©qui-vaut Ă  une amĂ©lioration de 2 Ă  4dB du S/B.

> DOSSIER

Figure 3. X. DELERCE 2012 - Reprise données NAL 2010.Figure 2. Zwicker (BC - 1961), Glasberg et Moore (ERB - 1990) - Autres données : X. DELERCE - 2012.

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Une compression rapide et importante, Ă  chaque variation du signal vocal, aura tendance Ă  diminuer le gain, donc Ă  lisser les crĂȘtes, d’autant plus que le rapport signal sur bruit sera favorable (situations Ă  bruit faible). (Figures 5 et 6)ConsĂ©quence : alors que la situation Ă©tait favorable (peu de bruit et voix Ă©mergente), le rapport signal/bruit en sortie de l’aide auditive est dĂ©gradĂ©. Au delĂ  d’un facteur de compression de 2, cette dĂ©gra-dation du S/B atteint 3 Ă  5dB, alors que amĂ©liorer un microphone directionnel
Les Ă©tudes actuelles confirment l’importance des informations d’enveloppe temporelle avec la dĂ©gradation des seuils et le vieillis-sement du systĂšme auditif. Vouloir protĂ©ger par une compression du signal excessive notre patient qui vient nous voir aprĂšs des annĂ©es d’hĂ©sitations nous semble la meilleure façon de restaurer la meil-leure intelligibilitĂ© possible.

7 Couplage endo-auriculaire

Le rĂ©glage des aides auditives, s’il a considĂ©rablement Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es, n’est pas le facteur unique de succĂšs ou d’échec dans l’appareillage du sujet ĂągĂ©.Alors qu’un patient plus jeune jugera de l’efficacitĂ© de son appa-reillage auditif sur la qualitĂ© de son amplification, un patient ĂągĂ© sera Ă©galement influencĂ© dans le port rĂ©gulier de son aide auditive par d’autres facteurs. Parmi ceux ci, l’adĂ©quation physique entre l’aide auditive et son porteur est d’une grande importance. Toutes les Ă©tudes suggĂšrent qu’une correction, si bonne soit elle, est trĂšs rapidement inutilisable si le patient ne sait pas manipuler correcte-ment son appareil et son couplage auriculaire 9,10.

Le microphone directionnel reste donc Ă  ce jour un des moyens les plus sĂ»rs d’amĂ©lioration de l’intelligibilitĂ© en milieux sonores adverses, a fortiori pour des patients ĂągĂ©s dont les seuils peuvent ĂȘtre bas.

6 Surprotection et dĂ©gradation de l’enveloppe temporelle

Il est possible qu’inconsciemment, nous ayons tendance Ă  associer grand Ăąge et besoin de protection. Lors du bilan prĂ©-prothĂ©tique, certaines personnes ĂągĂ©es ayant plusieurs annĂ©es de baisse d’audi-tion non-compensĂ©e, peuvent donner des rĂ©ponses en recherche d’inconfort assez prĂ©coces, nous faisant envisager des compres-sions assez importantes, rĂ©ducteurs de bruits trĂšs efficients, etc.

Vouloir rétablir la meilleure intelligibilité possible et vouloir protéger sont-ils compatibles ? Est-ce une bonne idée ?

Les aides auditives actuelles sont capables d’une analyse extrĂȘ-mement rapide du signal. On parle mĂȘme dans certains cas de compressions « phonĂ©miques » capable de s’enclencher dans des temps de l’ordre de quelques millisecondes. En parallĂšle, il n’est pas rare de pouvoir proposer des taux de compression allant jusqu’à un facteur 5 (AgCi).

Il est aujourd’hui possible d’analyser en sortie d’une aide auditive le rapport signal/bruit, alors qu’on le fait varier Ă  l’entrĂ©e de maniĂšre connue et prĂ©cise.

Une Ă©tude de 2009 8 a testĂ© le rapport signal sur bruit en sortie de diverses aides auditives en faisant varier ce rapport Ă  l’entrĂ©e afin d’analyser les rĂ©glages qui, en dehors des algorithmes utilisĂ©s (dĂ©sactivĂ©s ici), influencent nĂ©gativement le rapport signal sur bruit en sortie de l’aide auditive. Dans quelle mesure un audiologiste ou un audioprothĂ©siste peuvent dĂ©grader le rapport signal sur bruit en sortie d’une aide auditive ?

La parole prĂ©sente des fluctuations d’intensitĂ© trĂšs importantes, de l’ordre de 30dB SPL. Un bruit de fond (plusieurs voix, moteur, etc.), beaucoup moins. Le facteur de crĂȘte (diffĂ©rence entre son niveau moyen et son niveau de crĂȘte) d’un bruit de fond de type « cocktail » est plus faible que celui de la parole. C’est un moyen efficace pour une aide auditive de diffĂ©rentiation qualitative des signaux.

Figure 4. X. DELERCE 2012 - Reprise données NAL 2010. Figure 6. Naylor, Johannesson - JAAA - 2009.

Figure 5. Naylor, Johannesson - JAAA - 2009.

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patients avaient manifestement des difficultés à placer leur couplage auriculaire ou à estimer si le placement était correct.

DĂ©faut d’apprentissage, mauvaise habitude, perte de sensibilitĂ©, etc. : les causes de ces erreurs de placement peuvent ĂȘtre diverses.

Pour chacun de ces 9 patients arrivant avec un couplage auricu-laire mal positionnĂ©, une mesure in-vivo a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en insĂ©rant la sonde dans l’espace libre entre la peau et le couplage, sans toucher Ă  la mise en place. Sans toucher ensuite Ă  la sonde, le couplage a Ă©tĂ© correctement replacĂ©, une MIV a Ă©tĂ© refaite. Ces deux mesures ont Ă©tĂ© comparĂ©es afin de dĂ©terminer l’impact d’un mauvais place-ment sur la correction initialement prĂ©vue. En gĂ©nĂ©ral, on estime qu’un couplage endo-auriculaire mal mis provoque un effet d’évent.

Les effets d’évents sont connus, pratiquement normalisĂ©s selon leur Ă©quivalent en diamĂštre et la profondeur d’insertion du couplage. On considĂšre qu’ils ont un impact principalement jusque dans les mĂ©diums (env. 1500Hz). Rien au-delĂ  ? (Figures 7 et 8)

Analysons maintenant les mesures réalisées sur ces patients. Le réglage initial (couplage endo-auriculaire correct) est symbolisé par la ligne zéro : au-dessus il y a sur-correction, en dessous, perte de puissance par rapport au réglage initial.

Certes, nous retrouvons bien la perte de puissance dans les graves, caractĂ©ristique d’un effet d’évent liĂ© Ă  une augmentation virtuelle du diamĂštre de l’aĂ©ration du conduit. On retrouve Ă©galement des pics de rĂ©sonance dans les mĂ©diums (effet Helmoltz), mais plus surpre-nant, une perte ou une augmentation de puissance assez nettes Ă  partir de 2000Hz, quand bien mĂȘme les effets d’évents sont censĂ©s ĂȘtre trĂšs limitĂ©s dans cette zone frĂ©quentielle.

Explication: les systĂšmes anti-larsen de plus en plus performants se mettent en fonction et diminuent le gain dans la zone, ou a contrario, ne s’enclenchent pas et il se produit une instabilitĂ© dans la zone de risque de larsen, crĂ©ant une suramplification.

On aboutit alors Ă  des Ă©carts importants par rapport au rĂ©glage initial. Avec pour consĂ©quences, sur- ou sous-corrections, rĂ©so-nances et effets mĂ©talliques. Sans parler de la perte d’efficacitĂ© des systĂšmes Ă  microphones directionnels 14.

Ceci pourrait dĂ©boucher sur un port d’appareil nettement moins confortable ou efficace, donc faible.

Il est connu depuis longtemps que certains types d’aides auditives sont mieux manipulĂ©s que d’autres par les sujets ĂągĂ©s 11. Les intra-conduits et les intra-conduits sont les plus simples Ă  insĂ©rer. Les tubes fins ou cĂąbles d’écouteurs dĂ©portĂ©s restent souvent dĂ©licats Ă  bien manipuler pour des patients Ă  la dextĂ©ritĂ© mĂ©diocre ou prĂ©sen-tant des difficultĂ©s praxiques.

Quelle que soit la correction apportée, les aides auditives les plus faciles à placer pour le patient lui donneront une sensation de plus grande efficience de son appareillage 12. Mais le placement peut aussi influencer la correction, comme nous le verrons plus loin.

Une Ă©tude trĂšs rĂ©cente met en Ă©vidence l’importance en amont (lors de la conception) 13 de l’étude ergonomique des aides audi-tives. En majoritĂ©, les boutons poussoirs de 2mm de dĂ©bord permet-tent les prĂ©hensions ou appuis les plus efficaces. Certains types de boutons sont systĂ©matiquement prĂ©fĂ©rĂ©s Ă  d’autres. De maniĂšre surprenante, il n’y a pas de gros Ă©carts entre les sujets jeunes et ĂągĂ©s dans la manipulation, et l’arthrose ne semble pas dĂ©tĂ©riorer significativement les capacitĂ©s de manipulation.

Un patient ĂągĂ© a qui on donnera la possibilitĂ© de manipuler un bouton de contrĂŽle de son aide auditive, et qui aura des difficultĂ©s Ă  le faire, risquera d’estimer son appareillage comme moins efficace, quand bien mĂȘme les rĂ©glages sont corrects.

Le temps d’apprentissage du patient ĂągĂ©, mais surtout le temps que nous consacrons Ă  lui apprendre Ă  se servir de son aide auditive, sont essentiels.

A delĂ  du simple effet esthĂ©tique (l’aide auditive est mal placĂ©e), un apprentissage mal acquis ou une aide auditive non adaptĂ©e Ă  la dextĂ©ritĂ© du patient, des difficultĂ©s de praxie mal Ă©valuĂ©es, vont avoir potentiellement un effet important sur le rĂ©glage initial et donc sur le confort et le port Ă  long terme de l’aide auditive.

A l’heure actuelle de trĂšs nombreuses options de formes existent. Des Ă©tudes datant d’une dizaine d’annĂ©es montraient une manipu-lation (mise en place) beaucoup plus aisĂ©e des intra-auriculaires en gĂ©nĂ©ral (et de l’intra-conque en particulier). Les contours d’oreille Ă©taient jugĂ©s plus difficiles Ă  mettre par les patients les plus ĂągĂ©s. Il serait intĂ©ressant d’étendre cette Ă©tude aux nouvelles formes d’appareillages : tubes fins, cĂąbles, dĂŽmes souples.

Plusieurs patients ùgés venant en RDV ont été sélectionnés. Ces

Figure 7. X. DELERCE, 2012. Données F. KUK 2010.Figure 8. X. DELERCE, 2012. Ecarts par rapport au réglage de réfé-rence, coulages endo-auriculaires mal placés.

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5. Hopkins, Moore (2011) – The effects of age and cochlear hearing loss on temporal fine structure sensitivity, frequency selectivity, and speech reception in noise – J Acous Soc Am, 130, 334-349.

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7. Mild Hearing Loss is Serious Business – PrĂ©sentation NAL – 2010.

8. Long-Term Signal-to-Noise Ratio at the Input and Output of Ampli-tude-Compression Systems. Naylor, Johannesson, J Am Acad Audiol 20:161–171 (2009).

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14. Hearing Aids – Harvey Dillon – Thieme, 2nd Ed, 2012.

8 Conclusion

L’appareillage du sujet ĂągĂ©, on le voit, n’est pas fondamentalement diffĂ©rent de celui de sujets plus jeunes. Plusieurs Ă©tudes suggĂšrent que les audiologistes ou audioprothĂ©sistes intervenant auprĂšs de ces patients peuvent ĂȘtre influencĂ©s par leur a priori concernant ces personnes, entraĂźnant un choix prothĂ©tique, technologique, ou des rĂ©glages qui peuvent ĂȘtre inappropriĂ©s.

Il faut cependant, dans le cas d’un premier appareillage, ne pas perdre de vue l’anciennetĂ© de la perte auditive et l’apprĂ©hension, justifiĂ©e ou non, qu’on ces patients vis Ă  vis d’un nouvel apprentis-sage. Le temps d’adaptation, des explications claires et graduelles, une dĂ©dramatisation de l’appareillage et des objectifs rĂ©alistes, sont plus que jamais de mise dans cette prise en charge spĂ©cifique.

L’audioprothĂ©siste devra faire preuve d’une certaine « Ă©cologie prothĂ©tique » : agir en douceur sur un systĂšme auditif « fragile », ne pas exagĂ©rer en protection ou correction, bien Ă©valuer en amont les possibilitĂ©s et attentes

9 Bibliographie

1. Diffusion models of the flanker task: Discrete versus gradual atten-tional Selection. Cognitive Psychology Volume 63, Issue 4, December 2011, Pages 210-238.

2. BCJ Moore – An Introduction to the Psychology of Hearing – 6th Ed. – Emerald – 2012.

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> E.P.U. 2012

Aujourd’hui nous disposons des matĂ©riels de plus en plus sophisti-quĂ©s dans la prise en charge des patients atteints de dĂ©ficit auditif. Les mĂ©thodes d’exploration de la perte auditive, au travers des aides auditives, permettent ainsi de vĂ©rifier avec plus de prĂ©cisions la perte auditive du patient grĂące Ă  l’audiomĂ©trie IN SITU. C’est une mesure subjective mais qui est rĂ©alisĂ©e directement dans le CAE du patient donc avec plus de prĂ©cisions qu’une audiomĂ©trie conven-tionnelle au casque.

Dans le mĂȘme esprit pour la vĂ©rification du gain des aides auditives on peut rĂ©aliser une simple audiomĂ©trie prothĂ©tique en champ libre et en rester lĂ . Pourquoi ne pas pratiquer rĂ©guliĂšrement la mesure IN VIVO complĂ©mentaire de l’audiomĂ©trie tonale prothĂ©tique pour vĂ©rifier le gain des aides auditives et ainsi confirmer une adaptation prothĂ©tique de qualitĂ©.

Aujourd’hui la mesure IN VIVO est la seule mesure objective rĂ©alisĂ©e sur le patient, et capable de mettre en Ă©vidence le gain prothĂ©-tique. Elle permet de prendre en compte les propriĂ©tĂ©s acoustiques personnelles dues Ă  la morphologie anatomique de chacun, comme les effets d’ombre de la tĂȘte, les effets de rĂ©sonance de la conque et du conduit auditif de chacun. On rĂ©alise ainsi une vĂ©ritable empreinte digitale de l’oreille du patient. Ensuite nous relĂšverons grĂące Ă  cette mesure les effets d’amplification de l’aide auditive.

Nous essaierons de vous prĂ©senter comment rĂ©aliser simplement ces mesures, et ainsi vous permettre de vĂ©rifier le gain apportĂ© par l’appareillage, en fonction de cibles prĂ©cises en un temps limitĂ©.

On peut souvent penser que cette mesure reste difficile Ă  pratiquer au quotidien, en raison du placement de la sonde, du manque Ă©ven-tuel de reproductibilitĂ© de la mesure. Il suffit d’un peu de pratique afin de parvenir Ă  une routine quotidienne qui ne prend en fait que quelques minutes.

1 La mesure IN VIVO ou IN SITU

Souvent dans notre pratique au quotidien nous entendons frĂ©quem-ment l’utilisation des termes IN VIVO ou IN SITU.

La terminologie IN VIVO vient du latin « au sein du vivant ». C’est une expression latine qualifiant des recherches ou des examens prati-quĂ©s sur un organisme vivant. Les essais cliniques sont une forme de recherche IN VIVO, en l’occurrence sur des humains.

Quand Ă  IN SITU d’aprĂšs le dictionnaire Larousse, c’est une locution adverbiale qui signifie « dans l’endroit mĂȘme ».

En audioprothÚse, le terme mesure IN SITU est utilisé lorsque les mesures sont réalisées dans le Conduit Auditif Externe (CAE) ; alors que le terme IN VIVO est utilisé en remplacement de IN SITU pour parler de mesures au niveau de la cavité résiduelle.

2 La mesure IN VIVO

Le but de cette mesure est d’apporter des informations sur le niveau de pression acoustique enregistrĂ© au niveau du tympan. Cette mesure objective permet ainsi d’optimiser l’adaptation prothĂ©tique du dĂ©ficient de l’ouĂŻe et ainsi vĂ©rifier le gain apporter par l’appa-reillage. Les variations individuelles que sont le volume, la longueur et le diamĂštre du CAE, entraĂźnent des effets sur les niveaux de pres-sions obtenus en fond de CAE car les charges acoustiques sont modifiĂ©es.

De telles variations au niveau de la pression acoustique de sortie sont facilement mises en Ă©vidence grĂące Ă  cette mesure. Mais quelques rĂšgles doivent ĂȘtre respectĂ©es (Shaw A.E.g, 1974; Dirks D. D. & coll. 1987; Hawkins D. B., 1988; DodelĂ© L.; 1990; Morucci J.P., 1992; gĂ©lis C., 1993.., etc.)

3 Le matériel

Nous disposons tous de chaßnes de mesures qui permettent de réaliser des mesures en temps réel ou REM (Aurical, Affinity, Unity, etc.).

Elles comprennent toutes :

- un systĂšme de haut-parleur en champ libre,

- un micro de référence pour étalonnage de signal émis par le haut-parleur,

- un micro sonde calibrĂ© muni d’un tube trĂšs fin permettant d’effec-tuer les mesures en fond de CAE.

4 Reproductibilité des mesures

Sur le marchĂ© français, nous disposons actuellement principalement de trois chaĂźnes de mesures que sont Affinity de Interacoustics, Aurical de Madsen Electronics et Unity 2 de Siemens. Une mesure IN VIVO n’a d’intĂ©rĂȘt que si elle est reproductible.

Nous nous sommes donc attachĂ©s, dans un premier temps, Ă  vĂ©rifier cette reproductibilitĂ© en relevant sur mannequin le gain d’insertion sur les trois chaĂźnes de mesures prĂ© citĂ©es. Les chaĂźnes de mesures sont parfaitement calibrĂ©es. L’appareil utilisĂ© est de type contour numĂ©rique open avec un dĂŽme tulipe. Les traitements du signal sont dĂ©sactivĂ©s. La sonde est calibrĂ©e par rapport au microphone de rĂ©fĂ©rence suivant les prescriptions du constructeur. Le mannequin est placĂ© Ă  50cm de la source sonore situĂ©e azimute 0° (notons que Killion et Revit en 1987 ainsi que Dillon en 2001 prĂ©conisent une source Ă  45° qui limite les variations liĂ©es aux mouvements de la tĂȘte du patient et Ă©vite les sources d’erreur Ă  6kHz).

VĂ©rification du gain et de l’adapation prothĂ©tique par la mĂ©thode IN VIVOGrĂ©gory GERBAUD AudioprothĂ©siste D.E., Reims

Céline GUEMAS Audioprothésiste D.E., Carhaix-Plouguer

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La sonde est placée à 4 mm du tympan. Le signal est de type bandes de bruit filtré. La mesure est répétée trois fois pour chaque chaßne de mesures.

a) Affinity

b) Aurical

c) Unity

Les rĂ©sultats obtenus nous permettent de considĂ©rer que les mesures de gain d’Insertion (gI) sont reproductibles, quel que soit la chaĂźne de mesures utilisĂ©e. Dans le cadre d’un travail portant sur le gain naturel de l’oreille datant de 2001, DALMARD conclut que

lorsque les mesures sont rĂ©alisĂ©es de la mĂȘme façon et dans les mĂȘmes conditions, les Ă©carts entre gain Naturel de l’Oreille (gNO) d’une mĂȘme oreille sont trĂšs faibles.

Rappelons d’autre part les travaux de LĂ©on et David DODELE sur ce mĂȘme sujet oĂč nous apprenons que la mesure du gNO est relati-vement reproductible et que pour la mesure du gI, le 250 Hz et le 6kHz sont les frĂ©quences les moins reproductibles. En rĂ©sumĂ©, la reproductibilitĂ© de la mesure IN VIVO est acceptable Ă  condition que le testeur soit rigoureux dans sa dĂ©marche et conscient des erreurs de mesures qui peuvent apparaĂźtre.

5 La mesure IN VIVO, placement de la sonde et limites de la validité de la mesure

Avant de procéder à la mesure nous devons vérifier la calibration de la sonde positionnée en fond de CAE.

La calibration

On positionne pour des raisons acoustiques la sonde IN VIVO à proximité du micro de référence le tout à moins de 45cm du haut-parleur source.

Voici le résultat obtenu pour un niveau à 70dB SPL :

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D’aprùs Dirks D. D. & Kincaid g. E. on peut mesurer de fortes varia-tions des niveaux de pression obtenus entre 2.1 à 3.8Khz et peuvent provoquer des variations de plus ou moins 8dB.

Impact de l’ñge sur la frĂ©quence de rĂ©sonance du CAE

On prĂ©cisera qu’il est prĂ©fĂ©rable de positionner la sonde entre 2 et 4mm du tympan, soit entre 25 et 30mm d’insertion par rapport au mĂ©a auditif (valable uniquement chez l’adulte ou l’enfant Ă  partir de 3 ans : Kruger B. 1987). On retrouve une belle corrĂ©lation entre le gNO chez un enfant agĂ© de 37 mois et un adulte.

DĂ©termination de la longueur du CAEPour Ă©viter les erreurs et confirmer nos rĂ©sultats on peut dĂ©terminer oĂč se situera le pic de rĂ©sonance du CAE ou dĂ©terminer la longueur du conduit. On peut grĂące Ă  la loi du quart de l’onde dĂ©terminer la longueur moyenne du CAE en fonction de la rĂ©ponse en frĂ©quence du pic de rĂ©sonance du CAE :

Loi du Πonde (Dirks, 1987)

Le positionnement de la sondeDans le CAE, le positionnement de la sonde IN VIVO a beaucoup d’importance (Shaw A.E.g, 1974; Dirks D. D. & coll. 1987, etc.), nous conseillons d’utiliser un miroir de Clar afin d’avoir les deux mains libres et de positionner la sonde au plus prùs du tympan.

Vue de la sonde IN VIVO pour la mesure du gNO

Ne nĂ©gligeons pas les limites de la validitĂ© de la mesure IN VIVO en fonction du positionnement de la sonde dans le CAE, de l’impĂ©dance tympanique, de l’ñge du patient, et de la tĂȘte par rapport Ă  la source.

Le positionnement de la sonde quel impact?La distance de la sonde par rapport au tympan doit ĂȘtre comprise en 2 et 6mm. Nous devons faire attention Ă  la situation de la sonde par rapport au tympan car sinon nous aurons des effets dĂ©lĂ©tĂšres sur les relevĂ©s effectuĂ©s entre 4 et 8 KHz (Dirks D. D. & Kincaid g.E., 1987).

Cette reprĂ©sentation graphique (Dirks D. D. & Kincaid g.E., 1987) met en Ă©vidence l’impact du positionnement de la sonde en fonction du tympan qui pourrait aller jusqu’à 12dB sur La frĂ©quence 8KHz.

L’impĂ©dance tympanique et la profondeur d’insertion de la sonde par rapport au tympan (Dirks D. D. & Kincaid G.E., 1987) jouent un rĂŽle dans la courbe du GNO

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Modification des relevĂ©s des niveaux de pression au tympan en fonction de l’élĂ©vation de la source par rapport Ă  la tĂȘte fixe dans un plan horizontal (SHAW AEg : 1974).

Plus la source est haute plus il existe une augmentation de la rĂ©so-nance dans les frĂ©quences aigĂŒes de 5 Ă  9KHz.

6 IntĂ©rĂȘt de l’IN VIVO au travers de deux cas diffĂ©rents

Incidence de l’effet de l’évent sur le gain d’insertion du 1er patientNous nous sommes attachĂ©s Ă  dĂ©montrer l’intĂ©rĂȘt de la mesure IN VIVO dans notre pratique quotidienne. Aussi avons-nous dĂ©cidĂ© de relevĂ© le gain d’insertion Ă  quatre reprises en faisant varier le diamĂštre de l’évent. L’appareil de correction auditive utilisĂ© est de type Ă©couteur dĂ©portĂ©. Il est prĂ©-rĂ©glĂ© via le logiciel fabricant. Nous ne pouvons en effet pas envisager, aujourd’hui, de nous passer d’une mĂ©thode de choix prothĂ©tique qui prĂ©dĂ©termine de maniĂšre plus ou moins complĂšte les paramĂštres caractĂ©risant l’amplification. Il est admis qu’une mĂ©thode ne permet qu’une prĂ©dĂ©termination de l’amplification. La vĂ©rification du gain et de l’adaptation prothĂ©-tique par la mesure IN VIVO renforce les rĂ©sultats obtenus par le calcul mathĂ©matique de la cible. L’objectif est toujours d’optimiser l’audibilitĂ© ainsi que l’intelligibilitĂ© de la parole, d’éviter les niveaux inconfortables et de fournir une bonne qualitĂ© sonore. Notons que le nombre de spĂ©cialistes utilisant des mesures objectives ou subjec-tives de contrĂŽle des performances audioprothĂ©tiques a diminuĂ© ces derniĂšres annĂ©es (Kirkwood, 2003).

Les audioprothĂ©sistes s’appuieraient de plus en plus sur le logiciel d’appareillage pour faire automatiquement les rĂ©glages qui convien-draient Ă  chaque patient individuel. Hors, les rĂ©glages de gain et de sortie simulĂ©s affichĂ©s par le logiciel d’appareillage ne s’appliquent qu’à des oreilles moyennes, les valeurs calculĂ©es des gains d’inser-tion dĂ©passent souvent les valeurs mesurĂ©es et impactent la satis-faction des utilisateurs ainsi que leur bĂ©nĂ©fice prothĂ©tique (Hawkins et Cook- 2003). Ainsi, les donnĂ©es dans l’étude du marchĂ© de l’au-dioprothĂšse MarkTrack VIII dirigĂ©e par Sergei Kochkin, soulignent que la satisfaction du malentendant vis-Ă -vis des ses aides auditives est dĂ©pendante, des tests rĂ©alisĂ©s lors de l’adaptation Ă  proprement parlĂ©e, du nombre de tests rĂ©alisĂ©s (plus ils sont nombreux, plus la satisfaction augmente) et de la rĂ©alisation de la mesure IN VIVO.

- Détermination longueur CAE pour une fréquence de pic de réso-nance à 3400Hz.

- λ=CT ou λ=C/F

- C=Vitesse du son 340m/s

- T=Période en seconde « S »

- F=Fréquence en Hertz « Hz »

- λ /4 = L= Longueur du CAE « m »

- Longueur CAE : L=C/4F

- L=340/(4*3400)=0.025m soit 25mm

Qu’est-ce que le GNOLe gain Naturel de l’Oreille est le rĂ©sultat de la somme des rĂ©so-nances induites par les effets de la tĂȘte, du cou, du torse, du pavillon, de la conque, et du conduit auditif externe (SHAW A.E.g. : 1974).

Exemple d’une petite fille de 3 ans

3 courbes sont représentées en rouge dans la CONQUE, en rose au MEA et en noir la sonde est au fond du CAE.

Que se passe -t-il si la source se dĂ©place vers le haut par rapport Ă  la tĂȘte qui reste fixe ?

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> E.P.U. 2012

La mĂ©thode Nal Nl1 est utilisĂ©e comme cible pour le premier exemple Nal Nl2 n’étant pas implĂ©mentĂ© dans la chaĂźne de mesure utilisĂ©e. Notons tout de mĂȘme que Nal Nl1 et Nal Nl2 prescrivent un gain d’insertion basĂ© sur le seuil pour diffĂ©rents niveaux d’entrĂ©e.

Nal-Nl2 utilise des versions amĂ©liorĂ©es de la formule de l’indice intelligibilitĂ© de la parole ainsi que de nouvelles donnĂ©es de percep-tion de la parole (nombreux paramĂštres psychoacoustiques). Nal-Nl2 prend en compte l’expĂ©rience du patient avec une aide auditive, son Ăąge, son sexe, sa langue. L’objectif est de maximiser l’intelligibilitĂ© de la parole dans le niveau d’écoute prĂ©fĂ©rĂ© par l’utilisateur. L’intel-ligibilitĂ© est supposĂ©e ĂȘtre maximale lorsque toutes les bandes de la parole sont perçues comme ayant le mĂȘme volume (Ă©galisation sonore). Tous les traitements de signal sont dĂ©sactivĂ©s. Le signal est envoyĂ© Ă  65dB SPL. Ce signal est de type speech noise gĂ©nĂ©rĂ© par Aurical Plus. Nal Nl1 est choisie comme formule dans la configura-tion du prĂ© rĂ©glage fabricant et le diamĂštre de l’évent est renseignĂ©. Puis nous relĂšverons le gI et changerons la taille de l’évent pour passer de IROS (courbe noire) Ă  3mm (courbe rose), 2mm (courbe verte) et enfin 1mm (courbe rouge).

Ceci est un exemple parmi d’autres ! Nous aurions tout aussi bien pu relever un pic Ă  une autre frĂ©quence; tout dĂ©pend des carac-tĂ©ristiques du couplage « Ă©couteur - cavitĂ© rĂ©siduelle - tympan ». Ce couplage peut ĂȘtre revu dans le temps : lorsque nous passons d’un dĂŽme ouvert Ă  un dĂŽme fermĂ© par exemple ou Ă  l’occasion d’un renouvellement d’embout. Seule la mesure IN VIVO nous donne une image globale et cohĂ©rente de la courbe de rĂ©ponse d’une aide auditive dans un conduit auditif externe. Cette mesure demeure le moyen le plus simple de mesurer le niveau sonore et le gain au tympan, et ce, indĂ©pendamment des logiciels des fabricants et de la participation active du patient.

Exemple au travers d’un autre cas pratique Cette patiente ĂągĂ©e de 64 ans, prĂ©sente une surditĂ© moyenne de type 1, symĂ©trique avec un inconfort statistiquement normal. Nous utiliserons pour le rĂ©glage de son appareillage la mĂ©thode du PrĂ©-RĂ©glage de Xavier RENARD.

Nous rappellerons que cette mĂ©thodologie consiste Ă  transfĂ©rer, par le gain de la prothĂšse auditive, le milieu de la dynamique statistique de l’audition de l’entendant au milieu de la dynamique rĂ©siduelle de l’audition du patient.

Deux points essentiels sont Ă  respecter :

Ne permettre Ă  aucun signal amplifiĂ© d’atteindre et Ă  fortiori de dĂ©passer les valeurs du seuil d’inconfort,

RĂ©guler dans la dynamique rĂ©siduelle les Ă©nergies diffĂ©rentielles d’un son faible Ă  fort.

1/ Comme pour tous les patients nous réaliserons dans un 1er temps une calibration, puis la mesure du gNO.

2/ Aprùs la mise en place de l’embout et de la sonde on effectue les mesures du gain d’insertion.

grĂące Ă  la programmation par David et LĂ©on DODELE de la mĂ©thode du PrĂ©-RĂ©glage dans le module REM, nous pourrons ainsi facilement mesurer les gains d’insertion nĂ©cessaires pour diffĂ©rents niveaux d’entrĂ©e.

PrĂ©sentation de la fenĂȘtre de programmation (D&L DodelĂ©)

On rĂ©alise ensuite la mesure du gain d’insertion pour diffĂ©rents niveaux d’entrĂ©e et nous ajustons les algorithmes des aides auditives afin de s’approcher des courbes cibles.

NIVEAUX D’ENTREE A 60 – 70 – 80 ET 90dB

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E.P.U. 2012 <

DodelĂ© L. (1990) Mechanical and acoustic modifications to the frequency response of a hearing instrument. Les Cahiers de l’Audition.

Harford E. R. (1984) The use of real-ear measures for fitting wearable amplification; The Hearing Journal

Hawkins D. B. (1988) Some opinions concerning real ear probe tube measurements; Hearing Instruments, Vol 39, N° 7.

Hawkins and Cook (2003). Hearing aid software predictive gain values: How accurate are they? The Hearing Journal Vol. 56 No. 7

Killion M.C. Revit L.J. (1987). Insertion Gain Repeatability versus Louds-peaker Location : You Want me to put my loudspeaker Where ? Ear and Hearing, Vol 8 No 5

Kirkwood DH (2003). Survey of dispensers finds little consensue on what is ethical practice. Hearing Journal, 56 (3): 19-26

Kochkin (2009). MarkeTrak VIII: 25-Year Trends in the Hearing Health Market. Hearing Review

Kochkin S, Beck DL, Christensen LA, et al.: Hearing Revue 2010;17(4):12-34.

Kruger B. (1987) An update on the external resonance in infants and young children; Ear and Hearing, Vol 8, N°6.

Kruger B. and Ruben R. J. (1987) The acoustic properties of the infant ear ; Acta Otolaryngol 103: 578-585.

Kurt T. (1988) Real ear measurements: individualizing fittings; Hearing Instruments, Vol 39, N°7.

PrĂ©cis d’audioprothĂšse tome III - Le contrĂŽle d’efficacitĂ© prothĂ©tique – Chapitre II , 46-54.

Renard Xavier (1983) La mĂ©thode du PrĂ©- rĂ©glage pour le choix de l’ap-pareillage auditif – Librairie Arnette.

Renard Xavier (1999) PrĂ©sentation dĂ©taillĂ©e du PrĂ©-rĂ©glage – Tome II PrĂ©cis d’AudioprothĂšse, chapitre VIII, 207-438, Ă©dition CNA.

Romanow FF. (1942) Methods for measuring the performance of hearing aids. J Acoust Soc Am; 13:194-204.

Shaw E. A. G. (1974) Auditory System, Anatomy and Physiology (Ear), The External Ear, Springer-Verlag ; Chapter 14, 455-485.

On obtient ainsi la confirmation des niveaux de gain d’insertion grñce à la mesure IN VIVO.

7 Conclusion

« On peut considĂ©rer une aide auditive comme un systĂšme de trans-mission sonore qui s’interpose entre la source sonore et l’oreille de la personne qui Ă©coute. On peut donc juger de ses performances en comparant tout d’abord le son qui parvient Ă  l’oreille via la trajectoire de l’air, puis via l’aide auditive ».

Cette citation a 60 ans ! ROMANOW, dans sa « MĂ©thodes de mesure des performances de l’aide auditive » posait ainsi les bases de ce qui allait devenir la mesure IN VIVO. Il a fallu attendre prĂšs de 40 ans pour que cette mesure soit rĂ©alisable dans les laboratoires d’audio-prothĂšses grĂące au module REM (Real Ear Mesurement) des chaĂźnes de mesures.

La mesure du gain d’insertion au travers de la mesure IN VIVO et une mesure objective complĂ©mentaire de l’audiomĂ©trie tonale et vocale prothĂ©tique.

Cette mesure est rapide, environ quelques minutes et demande seulement que l’on respecte certaines rĂšgles essentielles selon une dĂ©marche rigoureuse.

C’est un outil au service de l’audioprothĂ©siste qui permet ainsi d’affiner l’adaptation prothĂ©tique. Cet examen peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© Ă  diffĂ©rents moments dans notre pratique au quotidien, Ă  la dĂ©livrance de l’appareillage, ou en contrĂŽle prothĂ©tique lors du changement d’un coupleur auriculaire, etc.

8 Bibliographie

Abbagnaro L. A. and coll. (1975) Measurements of diffraction and inte-raural delay of a progressive sound wave caused by the human head; JASA, Vol 58, N°3

Dave Fabry, PhD (Focus 32). Mesures in situ et aides auditives numé-riques: Réalités, mythes et techniques de mesurage

Dempster J. H. and Mackenzie K. (1990) The resoance frequency of the external auditory canal in children; Ear and Hearing, Vol 11, n° 4.

Dillon H. (2001). Hearing Aids, Boomerang Press, chapitres 4 et 9

Dillon H. & coll (2011).The NAL-NL2 Prescription Procedure. Focus 40. National Acoustic Laboratories

Dirks D. D. and Kincaid G. E. (1987) Basic acoustic considerations of ear canal probe measurements; Ear and Hearing, Vol 8, N°5.

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24 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> E.P.U. 2012

Toute rĂ©habilitation auditive repose sur un mĂȘme principe actif : apporter de l’énergie acoustique aux tympans. Quelles que soient les aides auditives, les pratiques professionnelles de l’audioprothĂ©-siste, au final, le patient appareillĂ© aura un bĂ©nĂ©fice Ă©nergĂ©tique qui – et c’est l’objet de toutes nos actions ! – devra entrainer une meil-leure perception qui elle-mĂȘme produira un supplĂ©ment de comprĂ©-hension de la parole pour, en dĂ©finitive, amĂ©liorer la qualitĂ© de vie ! Comme une molĂ©cule sera l’élĂ©ment thĂ©rapeutique de base d’un mĂ©dicament, l’énergie sonore est celui de la correction auditive. Nous avons ainsi toute lĂ©gitimitĂ© pour dĂ©crire les multiples outils mis Ă  notre disposition afin de mettre en Ă©vidence cette Ă©nergie sonore : gain prothĂ©tique, mesure in vivo, Ă©chelles de sonie, audio-mĂ©trie in situ, etc., sans omettre son imbrication complexe dans tout le processus d’appareillage (Figure 1). Mais ces outils ne sont rien sans interprĂ©tation et encore faut-il savoir les diffĂ©rencier dans leurs finalitĂ©s et usages. Sont-ils redondants, complĂ©mentaires, contradictoires ? AmĂšnent-ils forcĂ©ment Ă  une modification poten-tielle de rĂ©glage ou suggĂšrent-ils une maniĂšre de parler diffĂ©rente? Et surtout comment les patients et les accompagnants jugent-ils nos actions Ă  travers eux ? Commençons par dresser une liste des diffĂ©rents moyens d’évaluation quantitative de la correction auditive.

1 Liste des procĂ©dĂ©s de mesure de l’efficacitĂ© tonale

Le gain prothĂ©tiqueA tout seigneur tout honneur, le gain prothĂ©tique a encore de beaux jours devant lui, mĂȘme s’il interroge de plus en plus. Et si les traite-ments de signal modernes le rendaient caduque ? Nous aborderons ce point un peu plus loin mais, disons-le immĂ©diatement, le gain prothĂ©-

tique conserve ses vertus ! Notamment lorsqu’il s’agit de communi-quer au patient ou aux autres personnels soignants l’apport des appa-reils, mais avec prĂ©cautions. Des dĂ©fauts le gain prothĂ©tique ? Il ne teste que quelques frĂ©quences, est subjectif, potentiellement « ruinĂ© » par le traitement de signal, mais il reste populaire et dĂ©mocratique. On aura Ă  ce propos, en audioprothĂšse, une double lecture : (1) les seuils atteints, soit la perception liminaire rendue possible grĂące Ă  l’amplifi-cation et (2) l’apport, le changement, la diffĂ©rence avant/aprĂšs, autre-ment dit le gain prothĂ©tique lui-mĂȘme.

La mesure in vivo (MIv), gain d’insertion et REAR

Le gain d’insertion reprĂ©sente l’énergie sonore fournie par l’aide auditive au tympan. Il est donc fondamentalement trĂšs proche du gain prothĂ©tique ! A ceci prĂšs que la participation du patient n’est pas nĂ©cessaire. De la mĂȘme maniĂšre que l’on peut s’intĂ©resser soit aux seuils avec appareils en champ libre soit au gain prothĂ©tique, il est possible de mesurer les dĂ©cibels apportĂ©s par l’appareil (gain d’insertion) ou au niveau de pression acoustique dĂ©livrĂ© par l’ap-pareil au tympan (REAR). A noter que la MIV donne une image de l’énergie apportĂ©e Ă  toutes les frĂ©quences.

L’audiomĂ©trie in situDevenue incontournable chez la plupart des fabricants, que penser de cette audiomĂ©trie rĂ©alisĂ©e via les appareils ? Est-ce un rĂ©el moyen d’évaluation d’efficacitĂ© prothĂ©tique ou une simple Ă©tape dans le processus d’appareillage ? On discutera surtout de son caractĂšre liĂ© au logiciel fabricant.

Les courbes des logiciels fabricantsUtilisĂ©es par de nombreux audioprothĂ©sistes, les courbes proposĂ©es par les logiciels de rĂ©glage n’ont parfois qu’un rapport trĂšs Ă©loignĂ© avec la rĂ©alitĂ© sonore qui rĂšgne au tympan. C’est une visualisation dite indirecte.

Le coupleur 2ccLe coupleur 2cc n’a thĂ©oriquement pas pour vocation de tĂ©moi-gner d’une efficacitĂ© tonale de l’aide auditive. C’est aussi un moyen d’évaluation indirecte en ce sens que l’énergie enregistrĂ©e sur un volume de 2cc ne reflĂšte pas l’apport Ă©nergĂ©tique du mĂȘme appareil sur une oreille particuliĂšre.

Les seuils de confort et d’inconfortToute correction auditive vise en premier lieu les niveaux sonores faibles et moyens, qui correspondent aux situations oĂč le malen-tendant souhaite progresser. Pourtant, ce dernier sera par la suite baignĂ© dans un environnement sonore hasardeux oĂč toutes les

Le bilan d’efficacitĂ© prothĂ©tique : interprĂ©tations et utilisation pour les rĂ©glagesStĂ©phane LAURENT AudioprothĂ©siste, Responsable pĂ©dagogique Ecole de FougĂšres Thomas ROY AudioprothĂ©siste, Rouen

Figure 1. Les visualisations de l’énergie au cƓur du processus d’appareillage.

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niveaux pourront potentiellement ĂȘtre rencontrĂ©s. Il s’agira donc de s’assurer d’une certaine compatibilitĂ© avec ces niveaux, en testant la sonie avec appareils, pour des niveaux moyens Ă  forts.

La procĂ©dure APAMĂ©lange d’évaluation de la localisation spatiale et de la sonie, la procĂ©dure APA est aussi originale et novatrice dans les propositions de modification de la correction auditive qui en dĂ©coule. On la quali-fiera volontiers de synthĂ©tique tant les aspects de l’audition Ă  ĂȘtre explorĂ©s sont nombreux.

2 CritĂšres de classement

IntrinsĂšque/extrinsĂšqueQu’est ce qui distingue principalement une audiomĂ©trie en champ libre avec appareil d’une audiomĂ©trie in situ ? Et une mesure in vivo des courbes logiciels ? L’appartenance stricte Ă  un logiciel de rĂ©glage d’aides auditives ou la totale indĂ©pendance de ces logiciels nous semble ĂȘtre digne d’intĂ©rĂȘt et de rĂ©flexion.

La capacitĂ© de l’audioprothĂ©siste Ă  accumuler de l’expĂ©rience dĂ©pend considĂ©rablement de ce type de pratique. S’il n’utilise aucun Ă©lĂ©ment extrinsĂšque, bien difficile de gĂ©nĂ©rer une base de donnĂ©es fiable et utile quelle que soit l’aide auditive sĂ©lectionnĂ©e. Il s’agit Ă  notre sens d’un axe majeur de progrĂšs professionnel.

Quelques exemples : courbes logiciels, audiométrie in situ, sont des moyens de visualisation intrinsÚques. Mesure in vivo, gain prothé-tique sont des procédés extrinsÚques.

Direct/IndirectUn test direct est effectuĂ© sur le patient lui-mĂȘme ou avec sa partici-pation. Exemples : mesure in vivo, gain prothĂ©tique, procĂ©dure APA. Un test indirect est une visualisation dĂ©portĂ©e de la rĂ©alitĂ© mĂȘme du patient. Exemples : courbes logiciels, coupleur 2cc. A noter que les courbes logiciels peuvent devenir un procĂ©dĂ© direct si l’on complĂšte par l’audiomĂ©trie in situ, rĂ©alisĂ©e sur le patient.

Objectif/subjectifVoilĂ  un critĂšre de distinction qui semble Ă©vident pour tous : le gain prothĂ©tique par exemple requiert la participation du sujet alors que la mesure in vivo ne la requiert pas. Mais l’opposition objectif/subjectif ne doit pas laisser penser que l’un est supĂ©rieur Ă  l’autre. La parti-cipation du sujet peut ĂȘtre un avantage et un inconvĂ©nient, notam-ment lorsqu’il s’agit de 4Ăšme Ăąge. Les tests d’audition par exemple (champ libre), peuvent ĂȘtre un point de dĂ©part subjectif indispen-sable mais, comme Ă©tape intermĂ©diaire, une mesure objective (MIV) peut permettre d’atteindre plus vite un objectif de seuils subjectifs avec aides auditives. Entre les deux, pas besoin de faire appel aux capacitĂ©s de concentration du patient.

Applicatif/dĂ©monstratifUn test peut avoir des applications intĂ©ressantes et n’ĂȘtre pas pĂ©da-gogique, ne pas transmettre clairement au sujet ou son entourage ce que le professionnel mesure. C’est le cas de la mesure in vivo au dĂ©part. On parlera d’un test applicatif. La mesure in vivo peut devenir dĂ©monstrative si elle est expliquĂ©e au sujet. De nombreux

tests subjectifs ont Ă©galement la vertu d’ĂȘtre dĂ©monstratifs : ils signalent au sujet ce que l’on Ă©value dans son audition. L’audio-gramme avec aides auditives en est le meilleur exemple, puisque le patient constate facilement que l’on Ă©value son audition de la mĂȘme maniĂšre qu’au dĂ©part. Il est de plus capable de lire le graphique. L’aspect dĂ©monstratif n’est pas neutre, car il vĂ©hicule un message sur l’acte prothĂ©tique et sur l’éducation prothĂ©tique. Le patient se sait pris en charge, Ă©valuĂ©, il sait que l’audioprothĂ©siste cherche Ă  quantifier son bĂ©nĂ©fice.

3 Interprétations et utilisation pour les réglages

Projet court terme/long termeQuelle que soit la pratique d’un professionnel de la correction audi-tive, un premier rĂ©glage provient de l’élaboration mentale d’un projet Ă  court terme et, parfois, Ă  long terme. Ce projet prend inĂ©vitablement la forme d’une image issue d’un moyen de visualisation quelconque. Cela peut ĂȘtre un logiciel fabricant, un gain prothĂ©tique, une courbe au coupleur 2 cc ou un gain d’insertion. Remarquons en toute luci-ditĂ© que nous sommes trĂšs souvent influencĂ©s par ces « courbes idĂ©ales », ces cibles de gain, cet audiogramme plat, etc. Attention Ă  complĂ©ter ses explorations par d’autres tests qui viendront nuancer, « censurer », la premiĂšre intention peut-ĂȘtre trop idĂ©aliste.

ComplĂ©mentaritĂ©Prenons un 1er exemple pour montrer la complĂ©mentaritĂ© entre deux tests qui, globalement, signifient la mĂȘme chose sur le plan physique, mais dont les utilisations prothĂ©tiques sont assez diffĂ©-rentes : le gain prothĂ©tique et le gain d’insertion. Ces deux tests rĂ©vĂšlent l’apport d’énergie au tympan. Mais l’un est objectif l’autre subjectif, l’un est applicatif l’autre dĂ©monstratif.

En premier lieu le gain prothétique, pour refléter le plus de fréquences sur les deux oreilles implique les opérations suivantes :

1) champ libre oreilles nues2) oreille gauche + masquage oreille droite3) oreille droite + masquage oreille gauche4) oreille gauche appareillĂ©e5) oreille droite appareillĂ©eSoit, en testant 250, 500, 750, 1k, 1,5k, 2k, 3k et 4 kHz : 40 mesures ! Alors que le gain d’insertion, rĂ©sultat lui aussi de deux mesures (ON et avec ACA), ne prendra que deux minutes Ă  l’opĂ©ra-teur expĂ©rimentĂ©.

Figure 2

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Bien souvent on rĂ©alise donc la dĂ©termination des seuils en champ libre avec appareil, cĂŽtĂ© aprĂšs cĂŽtĂ©, en le comparant Ă  l’audiomĂ©-trie tonale liminaire au casque, ce qui pose Ă©videmment quelques problĂšmes de prĂ©cision. On fait Ă©galement le choix, chez le sujet ĂągĂ©, de ne tester que les frĂ©quences sĂ©parĂ©es d’une octave, lĂ  encore le gain d’insertion montrera toute la plage frĂ©quentielle traitĂ©e, notam-ment les rĂ©sonances potentielles parfois prĂ©sentes Ă  une frĂ©quence bien prĂ©cise (Figure 2).

ComplĂ©mentaritĂ© toujours, lorsque le gain d’insertion montre un gain nul Ă  certaines frĂ©quences (4 kHz par exemple), oĂč il sera bien inutile de vouloir la tester (temps perdu et dĂ©monstration d’inefficacitĂ© Ă  l’entourage). Et, si le projet est de corriger cette zone frĂ©quentielle, on reviendra Ă  la partie technique (gain, embout, etc.) en rĂ©pĂ©tant la mesure jusqu’à obtenir un effet (Figure 3).

Et, enfin, lorsque le projet est d’amĂ©liorer un audiogramme en champ libre avec appareil, le gain d’insertion prend le relai et permet de visualiser l’obtention de l’augmentation voulue, sans la participa-tion du patient (Figure 4).

Au final, le gain prothĂ©tique offre un aspect dĂ©monstratif indĂ©niable et trĂšs utile dans la lisibilitĂ© pour le patient et son entourage de la dĂ©marche d’appareillage, alors que le gain d’insertion permet une application immĂ©diate en terme de modification de rĂ©glage, dans le but d’atteindre une perception donnĂ©e. Mais le gain prothĂ©tique, de par l’utilisation de sons purs modulĂ©s en frĂ©quence, pose ques-tion quant aux traitements de signal des aides auditives de derniĂšre gĂ©nĂ©ration.

Sons purs modulĂ©s et traitement de signalDans le cadre du bilan d’efficacitĂ© tonal, que cela soit en audiomĂ©-trie conventionnelle en champ libre ou pour l’utilisation de mesure in vivo, se pose le problĂšme du matĂ©riel acoustique utilisĂ© pour la rĂ©ali-sation de ses mesures. En effet, comme nous allons le voir, certains signaux utilisĂ©s classiquement en audiomĂ©trie, sont susceptibles de rentrer en conflit avec diffĂ©rents traitements numĂ©riques du signal prĂ©sents dans les aides auditives actuelles. Ces traitements tentent, en amĂ©liorant le contraste entre signal vocal pertinent et bruit perturbant, de favoriser l’intelligibilitĂ© de la parole dans le bruit pour des oreilles dont la sĂ©lectivitĂ© frĂ©quentielle est gĂ©nĂ©ralement altĂ©rĂ©e. Il convient alors pour ces algorithmes, par une analyse des caractĂ©ristiques de la courbe d’enveloppe dans chaque canal, de diffĂ©rencier prĂ©cisĂ©ment parole et bruit, et pouvoir alors moduler les paramĂštres d’amplification. Les signaux classiques comme des sons purs, des sons vobulĂ©s ou des bandes de bruit filtrĂ©s, prĂ©sen-tent des caractĂ©ristiques d’enveloppe proches de celles du bruit et

sont alors considĂ©rĂ©s par les aides auditives comme des signaux perturbants Ă  rĂ©duire ou Ă©liminer. La rĂ©alisation du gain prothĂ©tique tonal avec ces signaux, sans dĂ©sactivation des rĂ©ducteurs de bruit, conduira ainsi Ă  des erreurs de mesures pouvant aller jusqu’à 15 dB pour certaines frĂ©quences. Dans le mĂȘme esprit, la directivitĂ© auto-matique des microphones, par une modification de leurs courbes polaires, va pouvoir entrainer une majoration significative du seuil prothĂ©tique tonal conduisant Ă  une discordance avec le gain prothĂ©-tique vocal.

Les systĂšmes dynamiques comme l’expansion, sont eux dans une dĂ©marche plus volontaire, utilisĂ©s pour offrir une attĂ©nuation de l’en-semble des signaux de faible intensitĂ© sans distinction entre parole et bruit. La mesure du seuil liminaire oreille appareillĂ©e, en tonale comme en vocale dans le silence en sera directement affectĂ©e. Ces seuils liminaires ne seront plus l’éventuel reflet de la correc-tion prothĂ©tique dĂšs lors qu’il sera tout Ă  fait possible de n’observer aucun gain au seuil en tonale et en vocale dans le silence tandis qu’une amĂ©lioration significative de l’intelligibilitĂ© dans le bruit sera prĂ©sente compte tenu du caractĂšre supraliminaire de cette mesure.

Une autre famille de traitement numĂ©rique du signal, de plus en plus prĂ©sente dans les aides auditives actuelles, est la modifica-tion de la perception de la hauteur tonale, par la compression ou la transposition frĂ©quentielle. Ces deux algorithmes vont diriger vers une zone plus basse du spectre frĂ©quentiel, des frĂ©quences qui ne pourraient rĂ©pondre Ă  une amplification traditionnelle compte tenu de la profondeur de la perte d’audition ou de la limite de bande passante des transducteurs. La frĂ©quence Ă©mise par l’opĂ©rateur lors de l’audiomĂ©trie prothĂ©tique ne sera pas celle perçue par le malentendant, ce qui est susceptible de poser des problĂšmes d’interprĂ©tations lors de l’utilisation de mĂ©thodes supraliminaires comme le PrĂ©-RĂ©glage de X. RENARD ou la mĂ©thode C.T.M. de F. LE HER par exemple. Ces deux mĂ©thodes proposent entre autre, de normaliser par l’amplification et pour chaque frĂ©quence, une courbe de rĂ©fĂ©rence propre Ă  la mĂ©thode, qui pourra ĂȘtre respectivement la MĂ©diane ThĂ©orique de la Dynamique (M.T.D. de X. Renard) ou le Niveau Limite du Champ Auditif Conversationnel (N.L.C.C. de F. Le Her). Il conviendra alors de connaitre prĂ©cisĂ©ment la frĂ©quence de destination issue de la compression ou transposition frĂ©quentielle, de chaque frĂ©quence testĂ©e en audiomĂ©trie. La frĂ©quence 4000 Hz par exemple, Ă©mise par l’audiomĂštre et transposĂ©e d’une octave par l’appareil correspondra Ă  la frĂ©quence 2000 Hz au tympan de notre patient. Les valeurs de gain cibles seront bien celles issues de la comparaison entre le N.L.C.C. du patient et le N.L.C.C. de rĂ©fĂ©rence Ă  la frĂ©quence 2000 Hz et non Ă  la frĂ©quence 4000 Hz comme affichĂ© sur l’audiomĂštre.

Figure 3 Figure 4

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Pratiquer l’évaluation de sonieUne correction auditive vise souvent les sons de faibles niveaux ou de niveaux moyens, avec Ă©videmment comme ambition d’amĂ©liorer l’audibilitĂ© de la parole et donc son intelligibilitĂ©. Mais les patients appareillĂ©s Ă©volueront dans des environnements complexes, imprĂ©-visibles et de niveaux sonores potentiellement beaucoup plus Ă©levĂ©s. La correction auditive ainsi Ă©laborĂ©e doit donc ĂȘtre compatible avec tous ces environnements, Ă  dĂ©faut d’atteindre un rĂ©sultat en terme de comprĂ©hension parfait.

Pour y parvenir, la mĂ©thode la plus courante est l’évaluation clinique aprĂšs essai en milieu rĂ©el, puis corrections progressives. De nombreuses Ă©tudes proposent nĂ©anmoins d’affiner la correction auditive par Ă©valuation de la sonie avec appareils pour des sons moyens Ă  forts, voire d’évaluer l’inconfort. On renverra le lecteur Ă  la procĂ©dure APA de LĂ©on DODELĂ© qui propose un test innovant de localisation spatiale et de sonie, les deux Ă©tant Ă©videmment liĂ©s. Si l’APA Ă©value la sonie de faible Ă  fort pour des signaux RASTI (bruits en bande Ă©troite modulĂ©s en amplitude), d’autres Ă©tudes prĂ©co-nisent la mesure du seuil subjectif d’inconfort, notamment dans la bande 1500 Hz, semble-t-il assez bien corrĂ©lĂ© avec le confort ressenti globalement.

LĂ  aussi, on peut noter la complĂ©mentaritĂ© de la mesure in vivo et de l’APA : comme pour le gain prothĂ©tique, on privilĂ©giera l’APA dans la zone de frĂ©quence oĂč le gain d’insertion est le plus important.

Consentement mutuel et cohérence du discours

Quoi qu’il en soit, une bonne maitrise de ces Ă©lĂ©ments de visua-lisation (logiciels, gain prothĂ©tique, seuils de confort, in vivo, etc.) doit amener l’audioprothĂ©siste Ă  tenir un discours adaptĂ© au patient. AdaptĂ© au sens oĂč les mots de l’audioprothĂ©siste doivent « coller » au mieux aux futures perceptions du patient et au projet. L’état d’es-prit de ce dernier ne sera pas le mĂȘme si la prĂ©paration Ă  entendre est conforme Ă  ce qu’il perçoit les premiers jours. Rien de tel qu’un processus de visualisation de l’énergie forgĂ© par l’expĂ©rience. Certains utiliseront la mesure in vivo Ă  plusieurs niveaux d’entrĂ©e, d’autres des tests de confort et d’inconfort avec appareils, voire les deux. Mais l’usage de ces moyens extrinsĂšques affinera peu Ă  peu le langage adressĂ© au patient pour le prĂ©parer Ă  ses premiĂšres sensa-tions auditives. La confiance y gagnera.

Tests multifactoriels : demain ?Dans le prolongement de ce que propose la procĂ©dure APA de LĂ©on DODELĂ©, il est envisageable d’imaginer des tests multifactoriels. Un exemple : une procĂ©dure APA qui en mĂȘme temps donne lieu Ă  une visualisation du spectre sonore dĂ©livrĂ© au tympan. Ou un test ATEC de Frank LEFĂšVRE mĂȘlant identification de phonĂšmes, jugement de sonie, visualisation in vivo en niveau de sortie et en percentiles (dynamique). L’intĂ©rĂȘt est de croiser les qualitĂ©s diverses de ces tests, d’avoir une visualisation objective (in vivo) tout en requĂ©rant l’avis du patient (subjectif) selon une ou deux dimensions (intelligibi-litĂ© et sonie par exemple).

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Le principal enjeu du bilan vocal d’efficacitĂ© prothĂ©tique dans le silence est de vĂ©rifier l’efficience de la correction auditive pour percevoir la parole, non seulement lors de l’appareillage, mais aussi longitudinalement dans le temps. Cet enjeu a d’autant plus d’am-pleur chez la personne du quatriĂšme Ăąge qui ne saura pas toujours exprimer prĂ©cisĂ©ment son ressenti, ainsi que par rapport Ă  l’en-tourage pour l’aider Ă  comprendre les limites de l’appareillage et comment communiquer avec le sujet appareillĂ©.

Nous aborderons le bilan vocal d’efficacitĂ© prothĂ©tique dans le silence en trois Ă©tapes : d’une part l’incidence de la nature du test vocal utilisĂ© sur les mesures effectuĂ©es, d’autre part le protocole de mesures nous paraissant le plus pertinent, enfin comment inter-prĂ©ter les rĂ©sultats et quelle conduite Ă  tenir pour modifier l’appa-reillage.

1 Nature du test utilisé et conséquences

Il existe diffĂ©rents Ă©tages du dĂ©codage cortical de la parole. Quatre Ă©tages sont classiquement dĂ©crits. Le premier d’entre eux, la dĂ©tection de la parole, consiste Ă  reconnaĂźtre qu’il s’agit de sons de parole qui sont Ă©mis, et qui sont susceptibles de monopoliser l’attention. Vient ensuite l’étage de discrimination qui permet d’iden-tifier les syllabes prononcĂ©es et donc les phonĂšmes les constituant. Le troisiĂšme Ă©tage est l’identification du mot, c’est l’intelligibilitĂ© qui dĂ©pend directement du rĂ©pertoire lexical acquis par le sujet testĂ© : la supplĂ©ance mentale entre en jeu et permettra de potentiellement

reconstruire une syllabe incorrectement perçue dans le mot. Vient enfin la compréhension qui concerne les phrases, les histoires, les discours. La cognition, et donc la suppléance mentale, y joue un rÎle majeur.

Habituellement, ces quatre Ă©tages interagissent les uns entre les autres en permanence. Pour Ă©couter quelqu’un parler, il s’agit Ă  tout moment de faire un choix syllabique (donc phonĂ©tique), un choix lexical, un choix syntaxique, ainsi qu’un choix sĂ©mantique. A un moment donnĂ©, le choix sĂ©mantique pourra influencer le choix lexical ou le choix phonĂ©tique par exemple, le sens de la phrase pouvant guider la perception. La prosodie vĂ©hicule la mĂ©lodie et d’intonation avec un certain rythme, comme en musique. Elle joue un rĂŽle Ă  ce stade et interagit Ă©galement, puisqu’elle dĂ©livre notamment des informations d’attitude ou d’émotion. Au plan cognitif, la mĂ©moire immĂ©diate est aussi sollicitĂ©e au cours de la prononciation d’une phrase, car il s’agit de stocker provisoirement les mots prononcĂ©s pour qu’un ensemble de mots finisse par faire une phrase.

Ainsi, les tests vocaux peuvent ĂȘtre classĂ©s en diffĂ©rentes catĂ©gories selon les Ă©tages de dĂ©codage cortical qu’ils sollicitent.

Un premier groupe de tests sollicitera les Ă©tages de dĂ©tection et de discrimination (choix phonĂ©tique), empĂȘchant l’action de la supplĂ©ance mentale. Il s’agit des tests constituĂ©s de listes de loga-tomes (mots non porteurs de sens), par exemple :

- Le test d’identification phonĂ©mique par logatomes de BERAHA (traits acoustiques)

- Le test de logatomes de DODELE : « eufan, ussai, euché, ainva, aizau, ajon, ipa, aiti, euké, iban, eudeu, euguain, oman, ainou, iwa, aré, ilou »

- Le test syllabique : « gégégé, chau, ti, fan, pain, vou, sa, deu, bon, lu, mi, cou, zo, nain, gué, pu, gan, ceu, von, ma »

Le deuxiĂšme groupe de tests vocaux utilise des mots appartenant au lexique de la langue. Les Ă©tages corticaux de dĂ©tection, de discri-mination (choix phonĂ©tique) et d’intelligibilitĂ© (choix lexical) sont sollicitĂ©s. Ce sont par exemple :

- le test cochléaire de LAFON

- les listes de mots monosyllabiques de FOURNIER

- les listes de mots dissyllabiques de FOURNIER

- les listes de mots dissyllabiques pour enfant de LAFON

Les tests de phrases reprĂ©sentent le troisiĂšme groupe de tests vocaux. Interviennent les Ă©tages de dĂ©tection, de discrimination (choix phonĂ©tique), d’intelligibilitĂ© (choix lexical), de comprĂ©-hension (choix syntaxique, choix sĂ©mantique), de prosodie et de mĂ©moire Ă  cours terme. La cognition est alors particuliĂšrement solli-citĂ©e. Ces tests de phrases sont par exemple :

- FOURNIER : « Le gamin est parti Ă  l’école. » (9 syllabes)

- HINT : « Les enfants jouent dans le sable. » (7 syllabes)

- COMBESCURE : « Vous lui défendez de jouer sur cette route le soir. » (12 syllabes)

Bilan d’efficacitĂ© prothĂ©tique dans le silence : interprĂ©tations et utilisations pour les rĂ©glages Frank LEFEvRE AudioprothĂ©siste, Rennes

Figure 1. Graphique vocal normalisĂ© de l’Aurical. L’abscisse en bas est graduĂ©e en dĂ©cibels SPL. Les deux courbes de rĂ©fĂ©rence correspondent Ă  deux tests vocaux diffĂ©rents Ă©tablis statistiquement chez le normo-entendant dans le silence. Celle de gauche correspond Ă  un test de mots dissyllabiques, celle de droite Ă  un test de logatomes. Ces derniers sont donc plus difficiles Ă  reconnaĂźtre, impliquant une sensibilitĂ© d’un test de logatomes plus Ă©levĂ©e.

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dissement controlatĂ©ral dans les cas particuliers d’appareillage mono-stĂ©rĂ©ophonique.

Revenons tout d’abord sur le type de dĂ©cibel vocal utilisĂ©. Le dĂ©cibel SPL vocal prĂ©sente deux avantages majeurs. Le premier est qu’il n’y a pas d’ambiguĂŻtĂ© avec ce type de dĂ©cibel. Le deuxiĂšme avantage est que le dB SPL de la vocale est celui qui se rapproche le plus du dB HL de la tonale qui prĂ©sente de faibles pondĂ©rations entre 500 et 4000 Hz, zone frĂ©quentielle capitale pour la perception de la parole : il est bien plus cohĂ©rent de comparer directement des dB HL de la tonale avec des dB SPL de la vocale, plutĂŽt que de comparer des dB HL de la tonale avec des dB HL de la vocale parce que ces deux derniers types de dB n’ont rien en commun. Le mieux aurait Ă©tĂ© de comparer des dB SPL de la tonale avec des dB SPL de la vocale, mais la pratique gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la tonale s’effectue malheureusement en dB HL. Rappelons que le dB HL vocal ne rĂ©pond pas Ă  une norme de pondĂ©ration diffĂ©renciĂ©e en fonction des frĂ©quences comme le dB HL tonal, mais Ă  des normes qui appliquent une pondĂ©ration identique quelle que soit la frĂ©quence. Historiquement, plusieurs normes de dB HL vocal ont vu le jour, diffĂ©renciant des conditions de casque ou de champ libre, de mesure monaurale ou binaurale, de rĂ©fĂ©rence situĂ©e Ă  50% d’intelligibilitĂ©, Ă  100% d’intelligibilitĂ©, de mots mono ou dissyllabiques, etc. On finit tout simplement par s’y perdre. Ceci est d’autant plus inquiĂ©tant que des diffĂ©rences peuvent parfois atteindre 25 dB entre dB SPL vocal et dB HL vocal. Le praticien non conscient de cette problĂ©matique peut ĂȘtre amenĂ© Ă  gĂ©nĂ©rer sans le savoir une liste vocale Ă  105 dB SPL alors qu’il a affichĂ© 80 dB sur son audiomĂštre ! Conclusion : en vocale, seul le dB SPL permet de s’y retrouver facilement.

Le signal vocal sera gĂ©nĂ©rĂ© par un haut-parleur face au patient. Tous les algorithmes de traitement du signal activĂ©s pour la vie courante doivent ĂȘtre en fonction dans les appareils de correction auditive.

Rappelons qu’en orientation prothĂ©tique, les objectifs de l’audiomĂ©-trie vocale dans le silence sont d’une part d’évaluer l’altĂ©ration de la discrimination, de l’intelligibilitĂ© ou de la comprĂ©hension, et d’autre part de dĂ©pister d’éventuels troubles cognitifs afin d’envisager un bilan orthophonique et de mieux prĂ©ciser le pronostic de rĂ©sultat audioprothĂ©tique. En contrĂŽle d’efficacitĂ© prothĂ©tique, l’objectif est diffĂ©rent puisqu’il s’agit de mesurer l’amĂ©lioration de la perception de la parole avec l’appareillage. Comme les diffĂ©rences peuvent ĂȘtre parfois minimes, il est indispensable d’utiliser un test sensible, reproductible et pas trop long : test cochlĂ©aire de Lafon, test de logatomes de DodelĂ© ou test syllabique sont les trois meilleurs choix.

Pour Ă©tablir le gain prothĂ©tique vocal, il est nĂ©cessaire d’établir une courbe vocale avec appareils auditifs ainsi qu’une courbe oreilles nues, ces deux courbes Ă©tant mesurĂ©es de prĂ©fĂ©rence dans la mĂȘme sĂ©ance car chacune de ces deux courbes peut se modifier dans le temps sous l’effet de l’acclimatation Ă  la correction auditive.

Dans le cas d’un appareillage mono-stĂ©rĂ©ophonique, les chances de mettre en Ă©vidence un gain prothĂ©tique vocal sont rĂ©duites si la bonne oreille et l’oreille appareillĂ©e sont testĂ©es en mĂȘme temps. Masquer la bonne oreille permet de dĂ©voiler un gain vocal beaucoup plus important. Il suffit pour cela d’envoyer par un demi-casque un bruit de 20 dB supplĂ©mentaire par rapport au signal pour ĂȘtre sĂ»r d’obtenir un rapport signal sur bruit de -20 dB dans l’oreille non testĂ©e et donc de respecter le critĂšre d’efficacitĂ©. Dans la presque totalitĂ© des cas, ce bruit rĂ©glĂ© tel quel ne pourra retentir sur l’oreille testĂ©e.

Le choix du test vocal a donc un impact direct sur sa sensibilitĂ©. Rappelons que la sensibilitĂ© est l’aptitude d’un test Ă  montrer une baisse des scores d’autant plus grande que l’atteinte auditive est importante, quantitativement et qualitativement, par rapport aux statistiques de ce test obtenues chez les normo-entendants. Plus la supplĂ©ance mentale intervient, moins la sensibilitĂ© du test est importante. Chez les sujets sans troubles cognitifs pathologiques, l’ordre de la sensibilitĂ© de la plus Ă©levĂ©e Ă  la plus faible est : loga-tomes, mots monosyllabiques, mots dissyllabiques, mots multisylla-biques, phrases. Cette diffĂ©rence de sensibilitĂ© selon le test vocal est illustrĂ©e par la Figure 1.

La sensibilitĂ© et la reproductibilitĂ© sont les deux critĂšres de performance d’un test. Le terme de « reproductibilitĂ© » est souvent employĂ© au lieu de « rĂ©pĂ©tatibilitĂ© » qui est l’aptitude d’un test Ă  donner le mĂȘme rĂ©sultat s’il est rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois dans le mĂȘme lieu et dans les mĂȘmes conditions de mesures par le mĂȘme opĂ©ra-teur. La reproductibilitĂ© est directement liĂ©e au nombre d’items testĂ©s par liste : les listes cochlĂ©aires de LAFON et les listes de logatomes de DODELE comportent 51 items dans chaque liste, le test syllabique 40 items, le test de mots dissyllabiques de FOUR-NIER et les tests de phrases 10 items par liste. Comme l’a dĂ©montrĂ© Marie LEgRAND en 2009, les 40 items testĂ©s par liste du test sylla-bique permettent une mesure reproductible de scores de phonĂšmes reconnus avec une seule liste. En revanche, la reproductibilitĂ© ne peut ĂȘtre obtenue avec 10 items testĂ©s par liste, comme les tests de phrases ou les mots dissyllabiques de FOURNIER. Ce dernier auteur en avait bien conscience comme l’illustre la figure 2.

Pour conclure cette partie, les qualitĂ©s d’un test sont sa sensibilitĂ©, sa reproductibilitĂ© et sa rapiditĂ© Ă  ĂȘtre rĂ©alisĂ©. Il peut ĂȘtre dĂ©coura-geant de l’utiliser s’il ne rĂ©unit pas ces trois aspects.

2 Protocole de mesures dans le silence

Il est nĂ©cessaire d’utiliser un audiomĂštre bicanal avec en entrĂ©e des listes enregistrĂ©es et en sortie, dans une cabine insonorisĂ©e aux normes, un champ libre ainsi qu’un casque pour rĂ©aliser un assour-

Figure 2. Figure extraite du livre « L’audiomĂ©trie vocale » de 1951. Sachant la non reproductibilitĂ© d’une seule liste de mots dissyl-labiques pour faire une mesure, FOURNIER employait jusqu’à quatre listes pour mesurer un score Ă  une seule intensitĂ© donnĂ©e. Cette courbe a Ă©tĂ© tracĂ©e en employant 18 listes. Pour une seule intensitĂ©, les scores peuvent varier de 0 Ă  50% d’intelligibilitĂ© (55 dB) ou 40 Ă  70 % (60 dB).

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le supporter : il est parfois prĂ©fĂ©rable d’abandonner l’appareillage

d’une telle oreille. Mesurer les scores à 60 dB des deux oreilles

appareillĂ©es, puis de l’oreille droite appareillĂ©e seule puis de l’oreille

gauche appareillĂ©e seule peut permettre d’objectiver ce phĂ©nomĂšne

d’interfĂ©rence : les scores avec appareillage stĂ©rĂ©ophoniques seront

alors moins bons par rapport Ă  ceux de la meilleure oreille appa-

reillée.

Classiquement chez un patient en cours d’acclimatation, le gain

prothĂ©tique vocal peut Ă©voluer dans le temps, et ceci mĂȘme sans

changer les réglages de la correction. Un gain vocal faible ou nul

constatĂ© immĂ©diatement aprĂšs l’appareillage peut ĂȘtre un phĂ©no-

mĂšne normal, et ce gain peut devenir tout Ă  fait significatif aprĂšs

plusieurs semaines d’acclimatation. Cela s’explique par le fait

qu’une privation sensorielle mĂȘme partielle engendre une rĂ©organi-

sation cĂ©rĂ©brale auditive : si le cerveau ne s’occupe plus de quelque

chose (les aigus par exemple), il se rĂ©organise pour aller s’occuper

d’autre chose, et surtout il perd la compĂ©tence de ce qu’il savait

faire, analyser les aigus pour discerner les syllabes prononcées

autour de lui. Cette compétence perdue peut demander un certain

temps avant qu’elle soit de nouveau acquise.

L’analyse des confusions phonĂ©tiques oreilles appareillĂ©es peut

permettre de mettre en évidence des réglages inappropriés. Une

compression d’entrĂ©e rĂ©glĂ©e avec des taux excessifs peut engen-

drer des confusions supplémentaires liées à une sous-évaluation

auditive de contrastes d’enveloppes temporelles, ce qui peut ĂȘtre

mesurĂ© avec une analyse ATEC (comparaison audiologique d’enve-

loppes temporelles des syllabes) appliquĂ©e au test syllabique. L’ana-

lyse de traits acoustiques incorrectement perçus peut aussi apporter

des prĂ©cisions sur l’acuitĂ© temporelle et l’acuitĂ© frĂ©quentielle de

l’audition corrigĂ©e.

4 Conclusion

En contrĂŽle d’efficacitĂ© prothĂ©tique comme en orientation prothĂ©-

tique, l’audiomĂ©trie vocale dans le silence est justifiĂ©e et donc

nĂ©cessaire. Se passer des informations qu’elle dĂ©livre peut amener

Ă  ne pas comprendre les raisons d’un rĂ©sultat audioprothĂ©tique

rĂ©duit. Elle permet aussi d’informer le patient de ses scores et des

progrùs de ses scores en cours d’acclimatation : ce sont des chiffres

qui l’intĂ©ressent au plus haut point et qui contribuent Ă  l’encourager

lui et l’entourage dans la dĂ©marche d’appareillage. Il n’en reste pas

moins vrai que les aspects cliniques restent indispensables pour

optimiser la correction au cours du temps.

3 Interprétation des résultats

Il existe des liens entre les trois catĂ©gories d’élĂ©ments suivants :

- l’audiomĂ©trie tonale qui comprend les seuils liminaires, la dyna-mique auditive rĂ©siduelle, le gain prothĂ©tique tonal ;

- l’audiomĂ©trie vocale oreilles non appareillĂ©es et gain prothĂ©tique vocal ;

- le gain d’insertion.

Le pronostic du gain prothĂ©tique vocal et du score vocal maximum oreilles appareillĂ©es dĂ©pend directement des Ă©lĂ©ments mesurĂ©s dans ces trois catĂ©gories. Normalement, le gain vocal mesurĂ© est infĂ©rieur au gain d’insertion et au gain prothĂ©tique tonal. Les possi-bilitĂ©s de gain prothĂ©tique vocal peuvent ĂȘtre rĂ©duites par une faible dynamique auditive rĂ©siduelle ou par des zones mortes. Face Ă  un gain vocal faible, augmenter la correction pour majorer l’audibilitĂ© de la parole n’implique pas forcĂ©ment une meilleure perception de la parole, c’est mĂȘme souvent l’effet inverse qui se produit, une discri-mination qui se dĂ©grade parce que l’intensitĂ© du signal de parole corrigĂ© est trop Ă©levĂ©e.

Les raisons d’un gain vocal anormalement faible peuvent donc ĂȘtre les suivantes : un gain d’insertion trop faible engendrant une insuf-fisance d’audibilitĂ©, un gain d’insertion trop Ă©levĂ© engendrant une altĂ©ration supplĂ©mentaire des possibilitĂ©s de sĂ©lectivitĂ© frĂ©quen-tielle, des compressions d’entrĂ©e et de sortie trop fortement action-nĂ©es engendrant une rĂ©duction des contrastes d’enveloppes tempo-relles ou des distorsions non linĂ©aires du signal, enfin un traitement du signal liĂ©e Ă  la marque et au modĂšle d’ACA inappropriĂ© au type de surditĂ©.

Dans la vie courante, l’intensitĂ© normale de parole est de 60 dB. Un score oreilles appareillĂ©es Ă  60 dB atteint en gĂ©nĂ©ral le meilleur score de la courbe non appareillĂ©e. Malheureusement, cela n’est pas toujours possible, notamment lorsque la dynamique rĂ©siduelle est rĂ©duite ou lorsqu’il y a des zones cochlĂ©aires mortes. De plus, les conditions techniques de test vocal au casque ne sont pas les mĂȘmes que les conditions techniques de champ libre oreilles appareillĂ©es : la source sonore est plus proche du mĂ©at auditif et l’audiomĂštre est rĂ©glĂ© avec une intensitĂ© prĂ©cise de parole, tandis qu’un ACA est rĂ©glĂ© pour pourvoir gĂ©rer toutes les intensitĂ©s dans la vie courante. Lorsque le score de phonĂšmes reconnus Ă  60 dB oreilles appareillĂ©es descend sous les 50%, il faudra songer Ă  poser la question d’un Ă©ventuel implant cochlĂ©aire.

Certains cas, peu frĂ©quents, peuvent prĂ©senter une interfĂ©rence binaurale limitant le gain prothĂ©tique vocal, gĂ©nĂ©ralement gĂ©nĂ©rĂ©e par la correction de la plus mauvaise oreille qui vient dĂ©grader la comprĂ©hension de la meilleure oreille. Cette interfĂ©rence peut se rĂ©sorber avec une acclimatation cĂ©rĂ©brale auditive, elle peut aussi rester trop gĂȘnante pour le patient qui peut estimer ne pas

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Nous partons du principe que les Ă©tapes du bilan d’efficacitĂ© prothĂ©-tique prĂ©cĂ©demment dĂ©crites ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es au prĂ©alable, prĂ©re-quis indispensable Ă  l’étude de la comprĂ©hension dans le bruit.

Il semble important de bien resituer la dĂ©marche d’amĂ©lioration de la comprĂ©hension dans le bruit dans le processus d’appareillage.

Elle requiert en effet une validation prĂ©alable du gain prothĂ©tique tonal, celui-ci ayant Ă©tĂ© obtenu par une mĂ©thodologie supraliminaire, avec validation in vivo du gain au niveau du tympan pour diffĂ©rents niveaux d’entrĂ©es.

L’optimisation de l’audition binaurale est elle aussi indispensable. Elle peut se rĂ©aliser simplement en utilisant le test d’Affinement Post Appareillage de LĂ©on DODELĂ©.

Enfin, il est nĂ©cessaire d’avoir mesurĂ© au prĂ©alable le gain prothĂ©-tique vocal dans le silence oreilles sĂ©parĂ©es.

Ces trois Ă©tapes sont essentielles avant d’envisager tout bilan vocal dans le bruit.

Je suis dĂ©jĂ  trĂšs occupĂ© au laboratoire, pourquoi devrais-je prendre le temps de tester, en plus, la comprĂ©hension dans le bruit ?La demande premiĂšre de nos patients est l’amĂ©lioration de leur capa-citĂ© Ă  comprendre la parole, notamment en environnement bruyant. C’est le traditionnel « Je vous entends mais je ne vous comprends pas ». Cette demande est si rĂ©currente que nous devons en tenir compte en testant la capacitĂ© Ă  comprendre dans ce type d’en-vironnement. Les courbes classiques du patient presbyacousique mettent en Ă©vidence un dĂ©faut de perception sur les frĂ©quences aigĂŒes nĂ©cessaires Ă  une bonne comprĂ©hension. A cela s’ajoute l’effet de masque des frĂ©quences graves qui aggravera encore le phĂ©nomĂšne, surtout en milieu bruyant.

La prise en charge technique est Ă©galement affinĂ©e avec une meilleure mesure de l’efficacitĂ© de la stratĂ©gie de gestion des bruits et des microphones directionnels. Ces donnĂ©es permettent ainsi de jauger les attentes de nos patients concernant l’amĂ©lioration de leur audition.

De nombreux articles depuis les annĂ©es 70, et notamment ceux de CARHART et TILLMAN, suggĂšrent de rĂ©aliser, en plus de l’au-dimĂ©trie tonale et vocale dans le silence, un test standardisĂ© de la comprĂ©hension dans le bruit afin de mesurer le degrĂ© de handicap engendrĂ© par l’hypoacousie.

Pourquoi n’utilise-t-on pas plus souvent l’AvB dans nos tests d’adaptation ?Il s’agit probablement d’une sorte de tradition, nous avons tous appris Ă  rĂ©aliser une audiomĂ©trie vocale dans le silence et cela nous convenait bien. Les technologies ont depuis Ă©voluĂ©, notamment concernant la gestion des bruits. Les attentes de nos patients ont elles aussi Ă©voluĂ©, il est donc urgent que nos protocoles de mesure

suivent ces évolutions et que la compréhension dans le bruit soit mesurée de façon standardisée, en utilisant un bruit perturbant, qui sera lui aussi standardisé.

Les CD « AudiomĂ©trie vocale » Ă©ditĂ©s par le CollĂšge National d’au-dioprothĂšse proposent d’utiliser le signal OVg de LĂ©on DodelĂ©. Ce bruit perturbant est satisfaisant et doit ĂȘtre utilisĂ© en prioritĂ© si nous souhaitons standardiser cette mesure. Ces CD rassemblent l’ensemble du matĂ©riel vocal en langue française, et peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour la rĂ©alisation de l’audiomĂ©trie vocale dans le bruit.

L’apparition de logiciels adaptĂ©s permet aujourd’hui d’en faciliter la rĂ©alisation, et il est de plus en plus courant actuellement de prati-quer cette mesure, notamment chez les jeunes audioprothĂ©sistes, pour lesquels la « tradition » a peut-ĂȘtre moins d’influence.

L’interface que propose ce type de logiciel permet d’ajuster le rapport signal sur bruit et de choisir le positionnement des signaux sur les diffĂ©rents haut-parleurs (la voix en face du patient et le bruit tout autour, par exemple).

Cette facilitation de l’accĂšs au test de comprĂ©hension dans le bruit nous permet aujourd’hui de pouvoir enfin rĂ©aliser de façon simple et prĂ©cise cette mesure, dont le rĂ©sultat est imprĂ©dictible comme nous le rappelle KILLION : « Si vous voulez connaĂźtre la capacitĂ© de votre patient Ă  comprendre la parole dans le bruit, vous devez la mesurer ! »

Pourquoi est-il si difficile de prĂ©dire la capacitĂ© Ă  comprendre dans le bruit chez le presbyacousique ?L’équation de HAWKINS revisitĂ©e par Monsieur VERgNON est une belle illustration de la difficultĂ© Ă  prĂ©dire la capacitĂ© Ă  comprendre dans le bruit.

La capacitĂ© Ă  comprendre dans le bruit dĂ©pend du systĂšme auditif dans sa globalitĂ© et c’est donc ce que nous testons lorsque nous rĂ©alisons une audiomĂ©trie vocale dans le bruit.

Selon Plomb et Miller, la presbyacousie se dĂ©finit comme Ă©tant une dĂ©tĂ©rioration Ă  tous les niveaux du systĂšme auditif, qui peut se dĂ©crire selon deux facteurs : l’attĂ©nuation et la distorsion. L’attĂ©-nuation se mesure simplement en rĂ©alisant une audiomĂ©trie tonale, tandis que la distorsion est bien plus difficile Ă  apprĂ©hender car le

L’audiomĂ©trie vocale dans le bruit en douze questionsYves LASRY AudioprothĂ©siste D.E., Nantes

MATTHIEU DEL RIO Audioprothésiste D.E., Bordeaux

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signal est dĂ©tĂ©riorĂ© Ă  diffĂ©rents niveaux du systĂšme auditif. Une perte d’audition de type « presbyacousie » s’accompagne de distor-sions endocochlĂ©aires qui contribuent Ă  altĂ©rer le signal vocal, parti-culiĂšrement en environnement bruyant. Il est Ă©videmment prĂ©fĂ©rable pour nous que la composante « distorsion » soit la moindre possible, car il nous suffit simplement d’amplifier le signal. gĂ©rer la distorsion est bien plus compliquĂ© car cela passe par la quĂȘte d’une amĂ©liora-tion sensible du rapport signal sur bruit mesurĂ© Ă  la sortie de l’aide auditive.

Concernant la comprĂ©hension dans le bruit, chaque dĂ©cibel compte, et on peut considĂ©rer selon PLOMB qu’ « une perte d’intelligibilitĂ© dans le bruit de 3 dB est plus gĂȘnante qu’une perte d’intelligibilitĂ© dans le silence de 21 dB ».

Les fabricants nous proposent aujourd’hui des moyens d’amĂ©liorer le RSB, nous devons pouvoir mesurer leur efficacitĂ© « in fine » avec nos patients en rĂ©alisant l’audiomĂ©trie vocale dans le bruit de façon standardisĂ©e.

Existe-t-il d’autres facteurs qui entrent en jeu dans le dĂ©codage de l’information dans le bruit ?La redondance de l’information dans le signal vocal est un Ă©lĂ©ment Ă  prendre en compte. MILLER a montrĂ© dĂšs 1950 le rĂŽle de la redon-dance de l’information dans la comprĂ©hension du langage. Elle peut ĂȘtre extrinsĂšque si elle s’appuie sur les caractĂ©ristiques de base de la langue parlĂ©e (rĂšgles de syntaxe ou sĂ©mantique par exemple). La redondance est intrinsĂšque si elle dĂ©pend des caractĂ©ristiques de dĂ©codage au niveau du cortex auditif ou des processus cognitifs d’analyse (transition formantique).

Ensemble, ces deux types de redondances nous apportent bien plus d’élĂ©ments que nĂ©cessaires pour dĂ©coder l’information et comprendre la parole dans le silence. Il a Ă©tĂ© par ailleurs montrĂ© que, pour la plupart des gens, les redondances intrinsĂšques ou extrinsĂšques peuvent ĂȘtre altĂ©rĂ©es seule Ă  seule sans dĂ©tĂ©riorer le niveau de comprĂ©hension dans le bruit. Par contre, les choses se compliquent nettement lorsque ces deux types de redondances sont altĂ©rĂ©es, et c’est ce qui se passe lorsqu’une personne atteinte de presbyacousie essaie de communiquer en environnement bruyant. Notre rĂŽle est de donc de maximiser la redondance pour diminuer au maximum l’incertitude, ces donnĂ©es Ă©tant inversement propor-tionnelles.

D’autre part, IRVINE a pu mettre en Ă©vidence la mise en place d’une rĂ©organisation des cartes tonotopiques au niveau du cortex aprĂšs lĂ©sion cochlĂ©aire.

Chacun de ces paramĂštres, dans des proportions diffĂ©rentes et de façon indĂ©pendante, va permettre au patient presbyacousique de supplĂ©er Ă  son dĂ©ficit, retardant alors l’apparition de la gĂȘne sociale ainsi que la dĂ©marche d’appareillage.

Comment puis-je mettre en place un protocole de mesure de la comprĂ©hension dans le bruit dans ma pratique courante ?Nous avons tous tendance Ă  appliquer nos recettes personnelles. Tant qu’il n’existera pas de test normalisĂ©, il sera difficile de conseiller un protocole prĂ©cis et nous n’avons pas de prĂ©fĂ©rence pour une mĂ©thode ou une autre tant qu’elle paraĂźt cohĂ©rente. La norme nous indique nĂ©anmoins certains Ă©lĂ©ments.

Comment trouver le temps d’intĂ©grer l’AvB dans mon protocole d’appareillage ?Plusieurs Ă©lĂ©ments sont Ă  prendre en compte et tout d’abord la notion de temps de mesure. La durĂ©e nĂ©cessaire Ă  la rĂ©alisation de ce test est d’environ cinq minutes. C’est peu par rapport Ă  la durĂ©e que prendra l’appareillage, et cela paraĂźt tout Ă  fait indispensable compte tenu de l’investissement financier que peut reprĂ©senter pour le patient l’acquisition d’une solution auditive. Il faut se rappeler que la raison premiĂšre de l’appareillage est le souhait d’une amĂ©lioration de la comprĂ©hension, y compris en environnement bruyant. L’audio-mĂ©trie vocale dans le bruit est donc incontournable pour mettre en Ă©vidence ces difficultĂ©s ainsi que les progrĂšs rĂ©alisĂ©s. Elle est aussi un outil d’accompagnement obligatoire pour apporter la meilleure guidance et le meilleur conseil Ă  nos patients. Il s’agit donc d’un outil qui amĂ©liore sensiblement la prise en charge, et il est donc dommage et dommageable de s’en priver.

Quel type de matĂ©riel vocal prĂ©conises-tu ? Est-il prĂ©fĂ©rable d’utiliser des mots ou des phrases ?On peut utiliser des mots ou des phrases, cela dĂ©pend du type d’in-formations que l’on souhaite recueillir.

L’utilisation de phrases est plus reprĂ©sentative des difficultĂ©s que nos patients ressentent au quotidien en environnement bruyant. Le rĂ©sultat mesurĂ© dans ces conditions tient compte de la perception des redondances intrinsĂšques et extrinsĂšques et l’utilisation de ce type de matĂ©riel vocal donne une bonne notion du niveau de

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comprĂ©hension ressenti par le patient en environnement bruyant, en testant le systĂšme auditif dans son ensemble. Il est Ă  noter qu’en cas de troubles cognitifs (mauvaise capacitĂ© d’analyse, trouble de la mĂ©moire immĂ©diate), ce test peut donner un mauvais score sans pour autant incriminer l’audition pĂ©riphĂ©rique. L’utilisation de loga-tomes, de mots mono ou dissyllabiques pour tester la comprĂ©hen-sion dans le bruit, diminue la complexitĂ© de l’analyse du signal par le systĂšme auditif central. Un mauvais score pour ce type de tests met davantage en cause l’audition pĂ©riphĂ©rique. Pour ce qui est des tests de mots sans signification, les plus utilisĂ©s sont le test AVB de LĂ©on DodelĂ© et le test syllabique de Frank LefĂšvre.

Concernant l’utilisation de phrases, un nouveau test pourra prochai-nement s’envisager, le Matrix. L’idĂ©e de ce test mis en place par le Pr KOLLMEIER de l’universitĂ© d’Oldenburg repose sur deux notions principales : l’utilisation d’une structure syntaxique fixĂ©e (mot + verbe + nombre + objet + adjectif) organisĂ©e de maniĂšre Ă  ce que la sĂ©mantique soit imprĂ©visible. Ce test Matrix se situe alors Ă  mi-chemin entre un test classique de phrases et des listes de logatomes.

Tu as mentionnĂ© Ă  plusieurs reprises l’utilisation du bruit OvG de LĂ©on DodelĂ©, pourquoi utiliser ce type de bruit ?L’OVg est un signal constituĂ© d’un mixage d’au moins quatre locu-teurs lisant de façon simultanĂ©e un texte diffĂ©rent. L’ensemble donne un signal d’amplitude quasiment stable et non comprĂ©hen-sible. Pendant des annĂ©es, nous avons cherchĂ© le signal qui serait le plus appropriĂ©. Aujourd’hui, le plus simple et le plus efficace est pour nous d’utiliser l’OVg de LĂ©on DODELĂ©. Ce signal est disponible sur les CD d’AudiomĂ©trie vocale du CollĂšge National d’AudioprothĂšse. Il rĂ©pond aux caractĂ©ristiques dĂ©finies dans la norme prĂ©cĂ©demment citĂ©e, et il permet aujourd’hui d’envisager « enfin » une standardisa-tion du test d’audiomĂ©trie vocale dans le bruit.

Certains audioprothĂ©sistes rĂ©alisent l’AvB au casque, d’autres utilisent 2, 3, 5 ou 7 HP, quelle configuration est-il prĂ©fĂ©rable d’utiliser ?Afin de pouvoir rĂ©aliser l’audiomĂ©trie vocale dans le bruit dans de bonnes circonstances, il convient de s’approcher au mieux des conditions de la vie rĂ©elle et donc de travailler en champ libre dans une cabine insonorisĂ©e rĂ©pondant Ă  la lĂ©gislation en vigueur. Dans cette optique, la configuration idĂ©ale semble ĂȘtre l’utilisation de cinq haut-parleurs.

Quels Ă©lĂ©ments puis-je obtenir Ă  l’aide de ce test pour amĂ©liorer la qualitĂ© de mes adaptations ?

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Tu as Ă©voquĂ© une amĂ©lioration de la comprĂ©hension dans le bruit dĂšs les premiers mois d’appareillage, peux-tu nous en dire plus ?Une Ă©tude dans le cadre du gDR « ProthĂšses auditives » dirigĂ© par le Professeur COLLET, montre que le port rĂ©gulier d’aides auditives induit une amĂ©lioration de la discrimination frĂ©quentielle et d’inten-sitĂ©, mais Ă©galement de la sonie.

D’autres Ă©lĂ©ments tirĂ©s du mĂ©moire d’une Ă©tudiante en fin d’études d’audioprothĂšse indiquent qu’aprĂšs un port de deux mois des aides auditives, sans modification des paramĂštres d’amplification, il est observĂ© une amĂ©lioration significative de l’intelligibilitĂ©.

L’ensemble de ces Ă©lĂ©ments renforce l’idĂ©e essentielle, que toute modification des paramĂštres tant au niveau du traitement du bruit que de la directivitĂ© microphonique, ne pourra ĂȘtre validĂ©e qu’ul-tĂ©rieurement par le patient aprĂšs mise en place d’une plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale secondaire consĂ©cutive Ă  l’utilisation rĂ©guliĂšre de l’appa-reillage auditif.

Pour finir, que devons-nous retenir selon toi concernant l’écoute en environnement bruyant ?Il faut simplement se rappeler que la comprĂ©hension dans le bruit est l’attente premiĂšre dans le cas de la presbyacousie, et qu’il n’y a pas de lien entre cette difficultĂ© et les autres donnĂ©es audiologiques que nous rĂ©coltons de façon standardisĂ©e. Il est donc impĂ©ratif de quantifier le niveau de comprĂ©hension dans le bruit et de considĂ©rer cette donnĂ©e tout au long du processus de rĂ©habilitation. Nous ne pouvons valider nos modifications de rĂ©glage que dans le temps, du fait de la plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale de rĂ©habilitation. Il est aussi important de retenir que dans le cadre de la presbyacousie, c’est la quĂȘte du meilleur rapport signal sur bruit qui permettra la meilleure rĂ©habi-litation en environnement bruyant. Pour finir, n’oublions pas d’ĂȘtre raisonnables dans nos objectifs, car malgrĂ© une technologie toujours plus efficace, il demeure parfois de grandes difficultĂ©s en environ-nement bruyant en cas de distorsions importantes. J’en profite, pour finir, pour rappeler le rĂŽle primordial que peuvent tenir nos parte-naires orthophonistes pour ces patients en difficultĂ©, notamment concernant l’apprentissage de la lecture labiale.

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Certains problĂšmes d’appareillage peuvent ĂȘtre liĂ©s Ă  des problĂšmes auditifs centraux. C’est ce que J. JERgER (1997) nous exposait.

En France Jean-Louis COLLETTE s’y Ă©tait intĂ©ressĂ© avant mĂȘme de possĂ©der le test B-A-C.

1 Le Bilan d’Audition Central

Le B-A-C est une batterie de tests applicables en pratique courante tant chez l’enfant que chez l’adulte (de 5 Ă  85 ans), qui Ă©value diffĂ©-rents processus auditifs sur une durĂ©e raisonnable (se passe en 2 x 20 minutes). Ce sont des tests synchronisĂ©s en temps et en intensitĂ© rĂ©alisable au moyen d’un systĂšme informatique moderne et d’un logiciel abordable. Il existe des conditions pour la passation des tests ainsi que des limites.

Un test d’intĂ©gration monaural de dĂ©codage phonĂ©tique d’un message Ă  redondance rĂ©duite, Lafon 60 (2 x 30 mots), avec et sans bruit est prĂ©sentĂ© au patient. S’en suivent des Ă©preuves dicho-tiques, (seul tests d’audiomĂ©trie vocale indicateur de latĂ©ralisation au niveau central). Cinq listes de 10 paires d’items (20 substantifs, 10 doubles adjectifs, 10 doubles chiffres, 10 triples chiffres) sont Ă©mis dans chaque oreille Ă  un niveau de sonie Ă©quivalent (au moins 70 dB SPL). Une variante existe pour les enfants de moins de 8 ans. On teste l’intĂ©gration binaurale quand les items droit et gauche sont rĂ©pĂ©tĂ©s et la sĂ©paration binaurale quand on demande de rĂ©pĂ©ter les items oreille dĂ©signĂ©e (rĂ©ponse oreille droite ou gauche exclusive). L’analyse par tranche d’ñge de ces tests permet de dĂ©terminer une Aptitude Dichotique (AD) ainsi qu’une PrĂ©valence d’Oreille (PO).

Le B-A-C est peut-ĂȘtre un moyen de prĂ©dire le degrĂ© de satisfaction d’un appareillage auditif et /ou le degrĂ© de difficultĂ© pour l’audiolo-giste et son patient dans une procĂ©dure d’adaptation prothĂ©tique. Donc si on entend, c’est grĂące Ă  ses oreilles mais c’est aussi avec son cerveau.

Trois cas cliniques montrent l’intĂ©rĂȘt du B-A-C dans la dĂ©cision de l’amĂ©nagement des rĂ©glages destinĂ©s Ă  amĂ©liorer le rendement de l’appareillage auditif.

2 Premier cas clinique

Le premier cas montre une patiente rencontrant une gĂȘne perma-nente et anormale de comprĂ©hension en ambiance bruyante. Conscient des difficultĂ©s normales par manque d’entrainement Ă  percevoir la parole avec plusieurs interlocuteurs il perdure une gĂȘne

importante et non améliorée avec le port des deux appareils. La

patiente prĂ©fĂšre retirer un appareil et ainsi ĂȘtre amenĂ©e Ă  traiter

moins d’informations sonores. Ceci peut ĂȘtre une premiĂšre alerte Ă 

la présence de troubles centraux. Il est important de pouvoir quan-

tifier les informations affĂ©rentes et d’essayer de comprendre le rĂ©el

traitement central. Il n’est pas toujours nĂ©cessaire de transmettre le

maximum d’information entrainant ainsi une saturation centrale. Le

B-A-C réalisé par Jean-Louis COLLETTE confirme un appareillage

binaural illusoire, le meilleur choix Ă©tant de conserver un appareillage

unique et d’associer une rĂ©Ă©ducation orthophonique. La compensa-

tion prothétique doit adopter le réglage le moins perturbant.

3 DeuxiĂšme cas clinique

Un porteur d’un appareillage stĂ©rĂ©ophonique rencontre une gĂȘne

grandissante au niveau de la localisation spatiale. L’équilibre binaural

parfait procure une sensation étrange lors de déplacements ou lors

d’alertes sonores diverses et variĂ©es. Le patient perçoit des infor-

mations, les analyse, les assimile Ă  une action mais se trouve dans

l’incapacitĂ© de situer la scĂšne ainsi que la provenance de la source

sonore. L’existence d’un dĂ©phasage de temps anormalement rapide

ou long peut ĂȘtre un Ă©lĂ©ment majeur dans le traitement de l’infor-

mation... Il est également constaté un ralentissement du décodage

de l’information. MĂȘme avec une bonne compensation le dĂ©ficient

auditif conserve des difficultĂ©s d’intelligibilitĂ© et ressent le besoin

d’une communication Ă  dĂ©bit ralenti procurant ainsi une lĂ©gĂšre

amĂ©lioration de la comprĂ©hension. Il est observĂ© qu’un rĂ©glage

conférant une filtration importante des informations (microphone

directionnel, réducteur de bruit, réducteur de bruit impulsionnel,

etc.) est mieux accepté.

Les rĂ©sultats du B-A-C ne montrent aucune prĂ©valence d’oreille, un

examen neurologique associĂ© montre une pathologie d’Alzheimer

stade 2. L’importance de stimuler les aires auditives permettant la

conservation de celles-ci n’est plus Ă  dĂ©montrer. L’accroissement

des performances du systĂšme de dĂ©codage central au moyen d’un

entrainement permanent et régulier est connu de tous... De plus il

est reconnu qu’une absence prolongĂ©e de stimulation peut entrainer

un repli sur soi, des troubles mnésiques ainsi que des problÚmes

de concentration. Troubles et comportements qu’il est utopique de

vouloir inverser. Une assistance médicale est également mise en

place.

> DOSSIER

Le Bilan Auditif Central : troubles centraux de l’audition et applications prothĂ©tiquesJean Louis COLLETTE ORL, Paris

Paul Edouard WATERLOT Audioprothésiste, Laboratoire de correction auditive E. Bizaguet, Paris

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37Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

E.P.U. 2012 <

4 TroisiĂšme cas clinique

Un patient prĂ©sentant une perte auditive ancienne, moyenne, parfai-tement symĂ©trique. Ce patient par nĂ©gligence, par paresse ou par convenance personnelle a retardĂ© l’acte d’appareillage, il peut Ă  cause de l’asymĂ©trie du cortex dĂ©velopper ou non une prĂ©domi-nance de ses capacitĂ©s Ă  la discrimination pouvant ĂȘtre nĂ©faste Ă  la fusion des informations des deux hĂ©misphĂšres cĂ©rĂ©braux. La fonction crĂ©ant l’organe et l’appareillage prĂ©coce sont deux rĂšgles primordiales pour l’optimisation de la rĂ©habilitation auditive. Il peut exister une prĂ©valence d’une oreille sur l’autre et oĂč la sommation des deux oreilles engendre un dĂ©sagrĂ©ment plutĂŽt qu’un bĂ©nĂ©fice auditif. Le patient bien appareillĂ© ressent toujours une sensation de dĂ©sĂ©quilibre, a toujours tendance Ă  tendre l’oreille droite. Une dĂ©gradation de sa participation en sociĂ©tĂ© est constatĂ©e par son entourage, elle est liĂ©e Ă  une augmentation de la gĂšne de comprĂ©-hension surtout en milieu bruyant. Il souhaite plus de gain mais ne le supporte pas car les bruits de son environnement le perturbent. Ce que confirme l’essai d’élĂ©vation du gain. Il accepte donc ce compromis qui lui procure un confort et permet une meilleure concentration, sans toutefois amĂ©liorer la comprĂ©hension de façon satisfaisante. AprĂšs 2 ans d’appareillage, on observe une baisse de son audition et d’une dĂ©gradation progressive plus importante de sa comprĂ©hension. Suite Ă  la baisse d’audition, le patient est rĂ©orientĂ© chez son ORL, Jean Louis COLLETTE, pour contrĂŽle de l’audition et passage du B-A-C en raison d’une dĂ©gradation des performances, d’un manque d’intĂ©rĂȘt, d’un comportement pathologique. Le patient se repli sur lui-mĂȘme et ne veut plus rĂ©pondre au tĂ©lĂ©phone.

Les conclusions du B-A-C sont en faveur d’une Indication d’appa-reillage binaural Ă©vidente, mais il faut tenir compte des troubles d’intĂ©gration marquĂ©s (Lafon 60 test dĂ©gradĂ© dans le bruit).

Il est ainsi dĂ©cidĂ© de crĂ©er une compensation diffĂ©renciĂ©e lĂ©gĂšre-ment asymĂ©trique afin d’éviter l’interaction binaurale (garder une bonne amplification sur l’oreille droite et procĂ©der Ă  une baisse du gain sur l’oreille gauche). Il est Ă©galement conseillĂ© une rĂ©Ă©ducation orthophonique associĂ©e. Le patient a conscience de ses difficultĂ©s mais se sent amĂ©liorĂ© par les derniers rĂ©glages.

5 Conclusion

Les troubles centraux de l’audition ne sont pas Ă©vidents de prime abord chez l’adulte. Il faut savoir les Ă©voquer devant certains Ă©lĂ©ments, qui a priori ne sont pas trĂšs difficiles Ă  mettre en Ă©vidence Ă  condition toutefois de penser Ă  les rechercher.

Au niveau de l’appareillage auditif, Il n’existe pas rĂ©ellement de stratĂ©gie ou encore de technologie de traitement du signal spĂ©ci-fiquement adaptĂ©s Ă  ces pathologies. Le choix prothĂ©tique ainsi que les rĂ©glages, seront conformes aux rĂšgles habituelles d’adap-tation. Il faudra dĂ©finir un gain cible Ă  partir des donnĂ©es du bilan d’orientation, avec les critĂšres d’une mĂ©thode supraliminaire d’ap-pareillage (mesure des seuils d’inconfort et des seuils de confort), puis ajustement sur coupleur et utilisation des mesures in-vivo. Il est important de s’adapter aux troubles associĂ©s Ă  la pathologie. (Mauvaise comprĂ©hension dans le bruit ou dans le silence, effica-citĂ© insuffisante de l’appareillage auditif, retard d’apprentissage ou dyslexie, problĂšme neurologique, troubles des fonctions supĂ©rieures, mĂ©moire, attention, etc.).

Des algorithmes particuliers de traitement du signal (microphones directionnels, rĂ©ducteurs de bruits, expansion, etc.) seront spĂ©cifi-quement adaptĂ©s sur un ou plusieurs programmes en fonction du sujet et des objectifs fixĂ©s pour cet appareillage auditif. Des tests objectifs doivent permettent de contrĂŽler et de mettre en Ă©vidence le bĂ©nĂ©fice prothĂ©tique. Les troubles centraux doivent absolument ĂȘtre pris en compte dans toutes les Ă©tapes de la prise en charge prothĂ©tique. Il est important de sensibiliser et intĂ©grer l’entourage du patient. L’idĂ©e d’un travail en Ă©quipe pluridisciplinaire prend Ă©gale-ment tout son sens. (MĂ©decin, personnel soignant, orthophoniste, audioprothĂ©siste, etc.).

Lors de l’appareillage si les limites d’efficacitĂ© de l’appareillage sont importantes, l’audioprothĂ©siste doit dĂ©montrer au patient et Ă  son entourage les possibilitĂ©s de communication telles qu’elles sont amĂ©liorĂ©es. Il est important de donner des informations prĂ©cises et des conseils pratiques sur la bonne gestion de l’appareillage et sur la maniĂšre optimale de communiquer avec le patient appareillĂ©.

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38 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> E.P.U. 2012

La cohérence des données concernant la prise en charge du patient est indispensable à la justification des actions réalisées dans le cadre du choix prothétique. Cette cohérence ou son absence doit conduire à la détermination du résultat prédictif, à comprendre et à analyser les éventuelles anomalies, à adapter les choix effectués au fur et à mesure des essais en cabine et en milieu social. La cohé-rence doit exister pour les points suivants :

AnamnÚse, tonales liminaire et supraliminaire, vocales dans le silence et dans le bruit, BAC, gains prothétiques tonal et vocal, gain fonctionnel / mesure in vivo, résultats subjectifs, habituation, satis-faction subjective.

Cette analyse se fait en sachant dĂšs le dĂ©part que le rĂ©sultat ne peut ĂȘtre total et que le pourcentage de rĂ©habilitation dĂ©pend de l’ensemble des donnĂ©es analysĂ©es. Toute incohĂ©rence dans ces donnĂ©es doit conduire Ă  rĂ©viser Ă  la baisse les « promesses », Ă  renforcer la prĂ©paration Ă  un rĂ©sultat partiel lors de l’éducation prothĂ©tique, Ă  prĂ©parer aux difficultĂ©s initiales (comprĂ©hension dans le silence et le bruit, autophonie, vigilance, etc.), Ă  prĂ©parer Ă  la nĂ©cessitĂ© d’une rĂ©accoutumance et d’une participation familiale.

Le patient presbyacousique « jeune » peut ĂȘtre dĂ©crit de façon simple et rĂ©pĂ©titive. Il prĂ©sente une surditĂ© progressive « rĂ©cente » bilatĂ©-rale et symĂ©trique, sans Ă©tiologie, accompagnĂ©e systĂ©matiquement d’une gĂȘne en milieu bruyant et Ă  distance. Il accuse souvent ses proches d’une mauvaise articulation. Il n’a aucun problĂšme au tĂ©lĂ©-phone, comprend bien certains interlocuteurs et a souvent des diffi-cultĂ©s de comprĂ©hension de la tĂ©lĂ©vision en dehors des journalistes.

Certaines diffĂ©rences sont constatĂ©es lors de la description du pres-byacousique ĂągĂ© ou Ă  surditĂ© ancienne. La gĂȘne en milieu silencieux et en milieu bruyant augmente de façon importante et le dĂ©bit de parole devient prĂ©pondĂ©rant. Tous les interlocuteurs articulent mal et le repli est alors dĂ©pendant de la coopĂ©ration familiale. Le tĂ©lĂ©phone commence Ă  devenir difficile et la tĂ©lĂ©vision compliquĂ©e en direct nĂ©cessite l’usage d’un casque.

La communication se dĂ©grade avec la famille qui a des difficultĂ©s Ă  comprendre le processus de dĂ©codage qui devient tributaire de la vigilance et de l’attention, ce qui correspond souvent Ă  la notion de « il n’entend que ce qu’il veut ».

La premiĂšre cohĂ©rence Ă  rechercher est celle reliant la tonale Ă  la vocale. Elle est le signe des troubles du dĂ©codage ou des compensa-tions mises en place. Le niveau du seuil d’intelligibilitĂ© vocal normal est Ă©gal Ă  la valeur moyenne des pertes auditives Ă  500, 1000 et 2000 Hz. L’existence d’une incohĂ©rence positive doit conduire Ă  magnifier les zones de compensation et celle d’une nĂ©gative Ă  mesurer les distorsions cochlĂ©aires ou Ă  rechercher les troubles centraux du dĂ©codage.

Une discordance entre le seuil d’intelligibilitĂ©, l’anamnĂšse et la description subjective de ses problĂšmes par le presbyacousique doit faire confirmer l’anciennetĂ© de la perte auditive, rechercher une Ă©tio-logie diffĂ©rentielle ayant un impact sur le gain initial et sur le rĂ©sultat prĂ©dictif (vertige, acouphĂšne, maladie ou problĂšme associĂ©, trauma sonore, etc.), remettre Ă  plat les possibilitĂ©s de rĂ©ponse aux besoins et

demandes et adapter le discours sur les résultats à long terme.

Les mĂ©thodologies d’appareillage utilisant de façon initiale les valeurs des seuils d’audition, de confort ou d’inconfort, il semble licite de s’interroger sur la fiabilitĂ© des seuils relevĂ©s et de recher-cher la cohĂ©rence de l’ensemble des donnĂ©es audiomĂ©triques, l’analyse comparative des diffĂ©rents seuils tonaux et de la vocale venant conforter chez la personne ĂągĂ©e sa capacitĂ© Ă  donner des seuils exacts, que ce soit en liminaire ou en supraliminaire.

Le relevĂ© minimum des seuils tonals permettant une analyse de la dynamique correspond Ă  la mesure des seuils d’audition, d’incon-fort et de confort. La dynamique rĂ©siduelle situĂ©e entre seuil d’au-dition et seuil d’inconfort est indispensable Ă  la comprĂ©hension du recrutement et donc des conditions de transfert des informations de la voix. Une concordance entre cette dynamique et la courbe vocale est particuliĂšrement intĂ©ressante Ă  rechercher car l’existence de distorsions d’intensitĂ© conduit parfois Ă  un rĂ©glage excessif des compressions au regard de la conservation des variations d’inten-sitĂ© de la courbe d’enveloppe. Le relevĂ© de seuil d’inconfort non rĂ©aliste doit de mĂȘme faire Ă©liminer les mĂ©thodologies de partage de la dynamique ou tout au moins imposer une nouvelle mesure basĂ©e sur l’observation de rĂ©actions objectives d’inconfort. On voit ainsi certains patients indiquer des seuils d’inconfort particuliĂšrement bas alors que l’épreuve vocale peut s’effectuer Ă  des intensitĂ©s supĂ©-rieures sans gĂȘne exprimĂ©e et surtout sans dĂ©gradation de l’intelli-gibilitĂ©. L’existence d’une telle discordance doit attirĂ©e l’attention et faire Ă©voluer la mĂ©thodologie de calcul du gain « idĂ©al ». De mĂȘme, le positionnement du seuil de confort trĂšs proche du seuil d’audition par rapport au seuil d’inconfort doit faire craindre une surditĂ© plus ancienne qu’exprimĂ©e et sans doute des difficultĂ©s initiales d’ac-ceptation des bruits. En cas d’utilisation du seuil de confort, le gain sera limitĂ© et le rĂ©sultat sans doute insuffisant. LĂ  encore, l’analyse comparative du seuil de confort tonal et vocal peut venir conforter le relevĂ© tonal effectuĂ© pour inciter Ă  le rechercher de nouveau.

La courbe vocale peut elle aussi ĂȘtre discordante en fonction des Ă©preuves rĂ©alisĂ©es. Par exemple, la passation d’une Ă©preuve vocale entre voix d’homme et voix de femme peut donner des courbes trĂšs diffĂ©rentes et induire une erreur de rĂ©glage. L’amplification sĂ©lec-tive de la zone aigue ne donnera pas forcĂ©ment d’amĂ©lioration pour une voix d’homme et pour un patient utilisant depuis longtemps les transitions phonĂ©tiques alors que le gain vocal obtenu pour une voix de femme sera net et cohĂ©rent avec l’amplification tonale. Si une augmentation avait Ă©tĂ© faite sur l’analyse de la voix d’homme, elle aurait pu conduire Ă  une sur-correction pour la voix fĂ©minine.

De mĂȘme, la vocale obtenue sur une surditĂ© ancienne et progressive avec bonne conservation des graves donnera des courbes obtenant le 100 % d’intelligibilitĂ© pour des intensitĂ©s infĂ©rieures au seuil d’audition dans les aigus, preuve de l’utilisation de la compensation « transitions phonĂ©tiques » donnĂ©e par les graves.

D’autres discordances peuvent intervenir et faire adapter la mĂ©tho-dologie de relevĂ©s. Par exemple, l’existence d’erreurs pour les premiers mots d’une liste en dĂ©but de test chez une personne ĂągĂ©e doit entrainer un action corrective, soit d’informer prĂ©alablement

SynthĂšse et cohĂ©rence des mesuresEric Bizaguet AudioprothĂ©siste D.E., PrĂ©sident du CollĂšge National d’AudioprothĂšseLCA - 20 rue ThĂ©rĂšse - 75001 Paris - [email protected]

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39Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

E.P.U. 2012 <

le patient du dĂ©but en le regardant, soit en ne tenant pas compte de la premiĂšre liste qui aura pour but de lancer la vigilance. Cette anomalie au niveau vigilance - trouble de l’attention doit conduire Ă  renforcer l’éducation prothĂ©tique auprĂšs des proches et Ă  informer le patient de cette difficultĂ© non liĂ©e Ă  l’amplification.

Lors de la prĂ©sence de la famille lors du test, une explication doit lui ĂȘtre fournie afin de prĂ©parer certaines interrogations sur la qualitĂ© de la rĂ©habilitation prothĂ©tique et une liste aprĂšs obtention de la vigilance doit ĂȘtre effectuĂ©e.

En cas d’anomalie de la vigilance ou de troubles centraux du dĂ©co-dage, la rĂ©alisation d’une Ă©preuve vocale utilisant la lecture labiale conduit Ă  mieux intĂ©grer la capacitĂ© de participation rĂ©elle du patient ĂągĂ©.

L’analyse des discordances peut parfois conduire Ă  s’interroger sur le dĂ©codage central de la parole au 3Ăšme et 4Ăšme Ăąge. En simplifiant les donnĂ©es de bases sur ce dĂ©codage, on retient qu’à cet Ăąge la capacitĂ© d’utilisation des frĂ©quences graves et de la courbe d’en-veloppe est prĂ©servĂ©e, que les difficultĂ©s d’utiliser les structures fines de la parole augmentent, que la plasticitĂ© centrale diminue et que les capacitĂ©s d’apprentissage se dĂ©gradent. L’ensemble de ces donnĂ©es explique partiellement les difficultĂ©s liĂ©es Ă  l’ñge viennent s’additionner, voire aggraver de façon trĂšs significative l’impact des distorsions cochlĂ©aires.

De nombreuses Ă©tudes montrent d’ailleurs que le fonctionnement asymĂ©trique de l’information dans les lobes temporaux diminue avec l’ñge et que lors du relevĂ© des courbes de potentiels N1P2, on constate une diminution de cette asymĂ©trie centrale dĂšs l’ñge de 55 ans. Cette diminution semble expliquer les difficultĂ©s de localisation spatiale croissantes avec l’ñge et que signale tout patient dĂ©ficient auditif. Les progrĂšs en prothĂšse auditive sont constants, mais l’as-pect central ne pouvant ĂȘtre traitĂ© par la prothĂšse auditive, il reste donc Ă  poursuivre les efforts de notre profession pour un dĂ©pistage et un appareillage prĂ©coces.

Cette dĂ©gradation lente, progressive et naturelle de nos fonc-tions centrales est renforcĂ©e par la sous stimulation chronique de certaines zones frĂ©quentielles centrales. La rĂ©organisation centrale s’effectue et modifie la tonotopie au niveau des aires temporales. La plasticitĂ© diminuant avec l’ñge, une sous stimulation trop longue additionnĂ©e Ă  un Ăąge avancĂ© peut compliquer la rĂ©utilisation de certaines zones aigues et entrainer une rĂ©habilitation moins efficace que celle prĂ©vue lors de l’analyse initial des seuils tonals.

Une nouvelle rĂ©organisation peut se faire Ă  tout Ăąge mais les premiĂšres Ă©tapes de la rĂ©habilitation peuvent se trouver compli-quĂ©es par cet effet et la pĂ©riode d’accoutumance Ă  l’environnement sonore peut s’en trouver nettement augmentĂ©e, obligeant Ă  une mise en place plus progressive du gain dans la zone considĂ©rĂ©e.

De nombreux Ă©lĂ©ments conduisent Ă©galement Ă  privilĂ©gier les zones graves, non seulement au regard de l’utilisation des transitions phonĂ©tiques, mais aussi en raison de la conservation des capacitĂ©s de discrimination des graves et de la persistance de l’utilisation de la courbe d’enveloppe par les patients ĂągĂ©s. On sait que la courbe d’enveloppe du signal de parole est un trait pertinent de reconnais-sance de la parole. L’efficacitĂ© est telle qu’un Bruit Blanc modulĂ© en amplitude par la courbe d’enveloppe du signal Ă  reconnaĂźtre permet une bonne reconnaissance de la parole (50% Shannon et al. 1995) alors que toute information frĂ©quentielle a Ă©tĂ© retirĂ©e.

Ces indices d’enveloppes temporelles jouent d’ailleurs un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la perception de la parole et notamment ceux prĂ©sents dans la phase d’attaque P T K, ce qui peut obliger Ă  ne pas utiliser de facteur de compression trop important dans le cas des personnes ĂągĂ©es afin de prĂ©server le passage des modifications de dynamique pour les frĂ©quences graves.

Le poids de la structure fine dans la comprĂ©hension et celui des frĂ©quences aigues dans le dĂ©codage diminuant avec l’ñge, on retrouve de nouveau que le respect des frĂ©quences graves permet d’amĂ©liorer le processus de dĂ©codage en milieu silencieux.

On retrouve ici une difficultĂ© de choix entre appareillage ou fermĂ©. D’un cĂŽtĂ© la personne ĂągĂ©e est particuliĂšrement sensible aux diffi-cultĂ©s d’acceptation de sa propre voix, nous conduisant Ă  ne pas fermer le conduit auditif externe pour diminuer la gĂȘne liĂ©e Ă  l’auto-phonie. D’un autre cĂŽtĂ©, l’importance de la prĂ©servation de la courbe d’enveloppe et des informations graves impose une fermeture plus ou moins partielle du mĂ©at afin de fournir une amplification suffi-sante dans cette zone. La seule solution pour rĂ©soudre cette oppo-sition est d’évoluer lentement de l’ouvert vers le fermĂ©, surtout lors d’un premier appareillage.

Une Ă©volution lente peut aussi ĂȘtre nĂ©cessaire pour l’appareillage des surditĂ©s dissymĂ©triques anciennes. En effet, il existe au fur et Ă  mesure du temps une adaptation progressive compensant partielle-ment la dissymĂ©trie du fait de la modification du gain central. L’équi-librage doit donc ĂȘtre d’autant plus progressif que l’ñge est grand et la surditĂ© ancienne. Le choix d’une mĂ©thodologie basĂ©e sur le confort et non sur le seuil d’audition permet d’obtenir un Ă©quilibre subjectif immĂ©diat au niveau de la voix moyenne avec l’obligation ultĂ©rieure d’une augmentation progressive.

L’analyse de la vocale en milieu bruyant montre que l’efficacitĂ© de la rĂ©habilitation peut parfois ĂȘtre dĂ©gradĂ©e fortement par certains dĂ©bruiteurs ou lors de l‘utilisation des microphones directionnels. Ce fait s’explique aisĂ©ment au regard de la baisse des frĂ©quences graves crĂ©Ă©e par les microphones directionnels et du fait que la majoritĂ© des dĂ©bruiteurs sont particuliĂšrement efficaces dans la zone grave, zone de compensation des transitions phonĂ©tiques. Le rĂŽle des dĂ©bruiteurs ne peut cependant ĂȘtre remis en question en tant qu’amĂ©lioration du confort d’écoute dans des ambiances sonores chez le presbyacousique dont la plainte principale se trouve ĂȘtre le bruit environnant.

L’étude vocale dans le bruit rĂ©alisĂ©e en cabine n’est d’ailleurs pas toujours reprĂ©sentative des difficultĂ©s rĂ©elles en milieu social car le bruit est constant en cabine alors qu’il est fluctuant en vie sociale, ce qui ne crĂ©e pas les mĂȘmes actions sur les dĂ©bruiteurs.

On ne peut pour finir que s’interroger sur l’utilisation des mĂ©thodo-logies en cas d’utilisation des compensations. En effet, les mĂ©tho-dologies traitent la voix en utilisant les rĂ©fĂ©rences classiques alors que les traits pertinents utilisĂ©s par le presbyacousique ĂągĂ© ne sont pas ceux d’un entendant. Ces rĂ©fĂ©rences sont en effet plus faibles et plus graves ce qui doit entrainer un ajustement des gains et des compressions.

La cohĂ©rence globale est donc difficile Ă  obtenir au regard de l’en-semble de ces donnĂ©es. Le fait que la prise en charge soit celle d’un patient dont la surditĂ© pĂ©riphĂ©rique est potentialisĂ©e par l’existence de troubles centraux du dĂ©codage doit ĂȘtre intĂ©grĂ© dans les diffĂ©-rentes Ă©tapes du choix prothĂ©tique et conduire Ă  utiliser les diffĂ©-rentes incohĂ©rences relevĂ©es pour renforcer l’importance du sens clinique et du rĂŽle du savoir faire de l’audioprothĂ©siste.

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1 Introduction

Comme l’a Ă©crit Eric BIZAgUET en 1998 dans le Tome 3 du PrĂ©cis d’AudioprothĂšse, l’éducation prothĂ©tique conditionne l’éfficacitĂ© prothĂ©tique. On peut considĂ©rer que la qualitĂ© de cet accompa-gnement conditionne l’efficacitĂ© de l’appareillage auditif. En effet, comment profiter pleinement d’un outil quel qu’il soit sans information prĂ©cise sur son intĂ©rĂȘt, son utilisation et ses limites ?

Souvent associĂ©e Ă  une dĂ©marche d’informations pratiques aprĂšs appareillage, l’éducation prothĂ©tique commence en rĂ©alitĂ© dĂ©s le premier contact. Elle commence lors des premiers Ă©changes avec l’audioprothĂ©siste et peut mĂȘme souvent avoir Ă©tĂ© initiĂ©e par le mĂ©decin ORL si celui-ci a pris quelques instants pour informer son patient des bienfaits attendus.

L’éducation prothĂ©tique est le versant humain de l’appareillage auditif. En fait il s’agit presque de la totalitĂ© de ce qui ne relĂšve pas de la technique prothĂ©tique. C’est un exercice dĂ©licat car il met en jeu toute la complexitĂ© des rapports humains et l’art nĂ©cessaire pour Ă©tablir une communication efficace entre deux individus. L’audio-prothĂ©siste devra avoir une rĂ©flexion pĂ©dagogique, psychologique et stratĂ©gique pour s’adapter aux capacitĂ©s du malentendant. La rĂ©ussite est liĂ©e Ă  la qualitĂ© de la relation qu’il saura Ă©tablir avec son patient.

2 Cadre réglementaire

En 1996 l’O.M.S. a dĂ©fini l’éducation thĂ©rapeutique du patient avec un objectif de prĂ©vention tertiaire des pathologies chroniques pour les limiter les consĂ©quences fonctionnelles et favoriser la rĂ©insertion des patients.

L’éducation prothĂ©tique a Ă©tĂ© rendue obligatoire bien avant par la loi N°67-4 du 3 janvier 1967 par nos maitres, prĂ©curseurs, qui avaient bien saisi la place majeure de l’accompagnement du patient pour un appareillage rĂ©ussi.

Dans le code de dĂ©ontologie europĂ©en en 1988, ses diffĂ©rentes Ă©tapes sont clairement indiquĂ©es. Ce code, signĂ© en 1988 par l’Association des AudioprothĂ©sistes EuropĂ©en, rappelle l’ensemble des rĂšgles morales et des devoirs des audioprothĂ©sistes envers leurs patients.

3 Incidence de l’éducation prothĂ©tique sur la qualitĂ© de l’appareillage

L’éducation prothĂ©tique a fait l’objet de nombreuses Ă©tudes qui ont analysĂ© son intĂ©rĂȘt a travers plusieurs dimensions. Un Ă©tude d’ Abrams et al en 1992 a dĂ©montrĂ© que l’accompagnement prothĂ©tique avait un effet positif sur la perception subjective qu’a le patient de son propre handicap auditif. En interrogeant un Ă©chan-tillon de 3300 porteurs d’aides auditives, Sergei Kochkin a observĂ© en 1999 qu’une augmentation du temps passĂ© en conseil prothĂ©-tique amĂ©liore la satisfaction patient (Figure 1). Plusieurs travaux dont celui de Vuorialho et al en 2006 ont dĂ©montrĂ© que l’éducation prothĂ©tique permettait d’amĂ©liorer le temps de port de l’appareillage et de limiter les prothĂšses « tiroir ». Ces travaux confirment la place dominante de l’accompagnement du patient dans le parcours d’appareillage. Il est par ailleurs surprenant de voir que le premier motif d’abandon des appareillages est que « la prothĂšse ne permet pas de restituer une audition normale » (Eurotrack 2009). L’éduca-tion prothĂ©tique a pour premier objet d’avertir le patient des limites de l’appareillage. Il apparait donc qu’un certain nombre de patient n’aient pas eu cette information ou aient mal interprĂ©tĂ© le message qui leur a Ă©tĂ© donnĂ©.

4 Communiquer avec le quatriĂšme Ăąge

Il est donc essentiel d’adapter son discours aux capacitĂ©s du sujet ĂągĂ© malentendant. En effet le vieillissement intellectuel affecte natu-rellement la cognition (raisonnement, mĂ©moire, jugement comprĂ©-hension, attention, dĂ©cision, motricitĂ©). De plus les pathologies neuro dĂ©gĂ©nĂ©ratives telle que la maladie d’Alzheimer sont frĂ©quentes au

L’éducation prothĂ©tique comprend entre autres :

- les conseils d’utilisation, d’entretien et d’hygiùne

- la présentation des aides à la communication (télévision, téléphone, radio, HF, etc.)

- la présentation des aides à la vie quotidienne (réveils, rappels de sonnerie, sous-titrage télévision

- le training auditif pour aider Ă  l’adaptation prothĂ©tique.

- l’éducation prothĂ©tique permet le soutien psychologique du patient appareillĂ© et l’accompagnement humain du patient et de son entourage.

- l’éducation prothĂ©tique doit se faire en relation avec l’équipe thĂ©rapeutique : mĂ©decin ORL, mĂ©decin traitant, etc.

L’éducation prothĂ©tique dans le code de dĂ©ontologie europĂ©en

Figure 1. Niveau de satisfaction patient obtenu en fonction du temps passé en éducation prothétique - S. Kochkin 1999.

L’éducation prothĂ©tiqueFrançois DEJEAN AudioprothĂ©siste, Montpellier - Membre du CNA - franç[email protected]

Philippe THIBAUT AudioprothĂ©siste, NĂźmes - Membre du CNA - [email protected]

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41Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

E.P.U. 2012 <

Troubles visuelsSelon l’anciennetĂ© du problĂšme, il a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© une « vision » avec les doigts, par contre, en cas de dĂ©ficit rĂ©cent, on rentre dans les complications, pour les piles un aimant apporte une aide intĂ©res-sante, ou bien un appareil rechargeable.Les difficultĂ©s Ă  remonter correctement un embout nettoyĂ©, dont en plus le contrĂŽle visuel de propretĂ© est difficile peuvent nous amener Ă  des repĂšres tactiles, Ă  la fois sur l’appareil et sur l’embout.

Troubles mnĂ©siquesC’est malheureusement trĂšs frĂ©quent, la patience, un discours adaptĂ©, et bien souvent une notice d’utilisation adaptĂ©e seront nos principales armes.

Les troubles psychologiquesVont ĂȘtre essentiellement la dĂ©gradation de l’image de soi, manque de confiance nuisible Ă  la bonne rĂ©alisation de ce qui est considĂ©rĂ© comme trop compliquĂ©, il convient donc de restaurer une partie de cette confiance sans flagornerie.

Les troubles de l’attention et du jugement Doivent induire de notre part un comportement calme, visant à ne pas brusquer.

8 Education pré prothétique

« Les choses qu’il nous faut apprendre pour les faire, c’est en les faisant que nous les apprenons »AristoteNous sommes lĂ  dans un paradoxe, faire ce qu’on ne sait pas faire pour apprendre Ă  le faire.Nous adopterons une progressivitĂ© dans l’effort, il ne faudra pas tout faire d’un coup, ni tout faire Ă  la fois.Nous ne parlons pas d’éducation auditive, par contre on peut et on doit proposer, suggĂ©rer, « imposer » un training auditif simple Ă  comprendre, simple Ă  effectuer et faire comprendre qu’un univers sonore normal, riche, est une des conditions nĂ©cessaires Ă  la rĂ© habituation et Ă  la rĂ©habilitation d’une partie de la fonction auditive.Il est extrĂȘmement important de parler d’éducation prothĂ©tique au sens large, c’est-Ă -dire Ă©ducation Ă  la vie avec l’appareil.C’est une vie diffĂ©rente qui s’ouvre, tous ne le verront pas de la mĂȘme maniĂšre.

ExpliquerOn doit expliquer et faire comprendre que l’appareillage ne fera pas de la magie, ne change pas l’audition, mais change le son, que nous aurons des limites, et que notre travail consiste Ă  repousser ces limites, en trouvant le meilleur compromis possible.Nous devons aussi faire comprendre que nous devons mener ce combat ensemble, que si Ă©chec il y a nous en aurons notre part.Il faut faire comprendre qu’à partir de maintenant, nous avons trois options : ne rien faire, faire un appareillage non convenable, faire un appareillage convenable. Seule l’option 3 est valable.Expliquer les effets de la privation ou appauvrissement sensoriel, sans parler systĂ©matiquement de la fonction cognitive, et si c’est le cas diffĂ©rencier tout ceci d’une connotation « intelligence » diminuĂ©e, car bien souvent les gens font l’amalgame et c’est trĂšs anxiogĂšne. Ceci ne doit pas ĂȘtre fait dans l’objectif de ne pas rater une vente, l’objectif est de ne pas rater l’appareillage.

quatriĂšme Ăąge et ne sont pas systĂ©matiquement identifiĂ©e. L’iden-tification des troubles Ă©ventuels doit donc ĂȘtre faite prĂ©alablement Ă  l’appareillage avec l’équipe thĂ©rapeutique : mĂ©decin traitant, gĂ©riatre, neurologue, etc. Ensuite l’audioprothĂ©siste pourra dĂ©finir un mode de communication adaptĂ© pour que l’éducation prothĂ©tique soit efficace durant tout le processus d’appareillage.

5 Les différentes situations que nous sommes susceptibles de rencontrer

Les personnes isolĂ©esC’est, dans la grande majoritĂ© des cas qu’ils en sont capables mais nous ne disposons alors d’aucun contrĂŽle Ă  domicile. Nous lui demanderons des visites plus frĂ©quentes, mais il faut ĂȘtre certain que cela ait Ă©tĂ© compris intĂ©grĂ©, mĂ©morisĂ©. Ceci nĂ©cessite un suivi de notre part.

Couple, PrĂ©sence d’un aidantLa diffĂ©rence essentielle entre couple et aidant, est que pour le couple la prĂ©sence est permanente, pour l’aidant, ce n’est pas le cas, il faut s’assurer que la consigne est reçue et intĂ©grĂ©e, au moins par l’aidant. Dans tous les cas il faut que les explications et consignes soient donnĂ©es Ă  l’utilisateur.On peut laisser un document Ă©crit qui servira Ă  la fois Ă  l’utilisateur et Ă  l’aidant. C’est notre rĂŽle de nous assurer que tout se passe bien.

Maison de retraite, maisons mĂ©dicalisĂ©esIl ne faut pas hĂ©siter, mĂȘme si nous n’avons pas le droit de faire de l’appareillage Ă  domicile, en l’occurrence, ce n’est pas de l’appa-reillage, mais du suivi, Ă  nous dĂ©placer. Les Ă©quipes changent, le risque d’erreur est alors multipliĂ© par le nombre.

6 Âge chronologique et physiologique

Nous avons tous vu des cas extrĂȘmes de grand vieillard en pleine forme, et de jeunes seniors fortement dĂ©gradĂ©s. Les prĂ©cautions particuliĂšres que nous aurons Ă  prendre seront donc liĂ©es Ă  l’ñge physiologique. Mais attention, ce fameux grand vieillard en pleine forme peut se dĂ©grader trĂšs vite, il convient d’y penser, lors du renouvellement d’appareillage.

7 Les différents troubles que nous sommes susceptibles de rencontrer

Nous nous trouvons devant une quantitĂ© Ă©norme de cas indivi-duels possibles. Nous serons donc amenĂ©s Ă  simplifier, car dans la pratique, il n’est pas Ă©vident de faire la part des choses, et de jauger prĂ©cisĂ©ment la hiĂ©rarchie des difficultĂ©s Ă  venir.

Troubles praxiquesC’est sans doute le trouble le plus frĂ©quent, et il convient alors de prĂ©voir un apprentissage plus long. Les troubles praxiques concernent essentiellement les aspects mis en place, gestion et entretien. Lors des sĂ©ances d’initiation et manipulation, il faut Ă©viter d’amener la personne jusqu’au dĂ©couragement.

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42 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> E.P.U. 2012

10 Éducation post prothĂ©tique

Ceci reprĂ©sente tout le travail de rĂ©vision permanente, de la vĂ©rifi-cation que les consignes donnĂ©es sont suivies, avec si nĂ©cessaire des rĂ©pĂ©titions de certaines phases. Tout ce qui est complĂ©mentaire Ă  l’appareillage peut ĂȘtre rĂ©parti dans le temps.

11 Education de l’entourage

L’entourage a souvent envie de tout faire Ă  sa place, de dĂ©cider Ă  sa place, de s’énerver. L’entourage a souvent plus d’exigences que le patient lui-mĂȘme et souvent ne comprend pas les difficultĂ©s rĂ©elles, l’éducation prothĂ©tique porte alors aussi sur ce volet, mais sans se faire un ennemi de l’entourage, tout en restant en contact prioritaire avec le patient.

12 Conclusion

Philosophiquement, l’approche de l’éducation prothĂ©tique des personnes du 4Ăšme Ăąge est la mĂȘme que pour tous les Ăąges, puisqu’il s’agit d’adapter le discours et les actes aux compĂ©tences de celui qui Ă©coute. Mais les points suivants ont une importance encore plus grande : disponibilitĂ©, adaptabilitĂ©, Ă©coute, stratĂ©gie de palliation, temps passĂ©, respect.

13 Références

Abrams HB, Hnath-Chisolm T, Guerreiro SM (1992) The effects of intervention stratégy on self perception of hearing handicap, Ear Hear,13(5):371-7.

Anovum 2009 - EuroTrak. European Hearing Instrument Manufacturers Association.

Kochkin S (1999) Tracking Survey; Customer Satisfaction Revisited. Seminar at the annual Hearing Industries Assn. Committee Day meeting in Minneapolis, MN, June23.

Vuorialho A, Karinen P,Sorri M. (2006) Counselling of hearing aid users is highly cost-effective. Eur Arch Otorhinolaryngol, 263(11):988-95.

Un appareillage ratĂ©, c’est un appareillage qui n’est pas portĂ©,

quelles qu’en soient les raisons. Et souvent c’est parce que on n’est

pas parvenu à faire intégrer le message selon lequel on ne pourrait

lui redonner « les oreilles de ses 20 ans ». Evoquons à ce sujet les

ravages de la publicité tendant à faire croire que nous pouvons faire

des oreilles neuves.

DĂ©dramatiserIl faut dĂ©dramatiser le temps d’appareillage, l’échec du dĂ©butant est

une chose normale.

Il faut donc procĂ©der par ordre, expliquer sa surditĂ©, faire voir qu’on

connait, et en mĂȘme temps qu’on en Ă©tudiera les particularitĂ©s.

Ces explications vont porter sur tous les aspects de ses difficultés

dont particuliùrement les ambiances bruyantes, c’est à la fois la

difficulté la plus souvent mise en avant et la plus compliquée à

rĂ©soudre. Ceci n’est pas le plus facile Ă  faire rĂ©ellement admettre.

Certains critĂšres sont difficiles Ă  faire comprendre Ă  des gens trĂšs

ĂągĂ©s, et il est souvent indispensable d’imager nos propos, j’utilise

souvent des analogies visuelles, qui, mĂȘme si elles sont fondamen-

talement fausses la plupart du temps, sont bien souvent assez faci-

lement intégrées.

9 Education prothétique

Phase à la fois la plus simple et souvent la plus longue, il s’agit de

l’apprentissage de la mise en place, de l’appareillage, du change-

ment des piles, etc. Ceci est Ă©galement trĂšs chronophage.

Nous répÚterons, et nous demanderons les répétitions à la maison

puis un contrÎle continu sur la durée, qui donne une motivation

simple, et est une bonne façon de progresser.

Il ne faut pas laisser partir les gens sans avoir la certitude que la

mise en place soit acquise,

Nous pouvons donc ĂȘtre amenĂ©s Ă  ne dĂ©livrer qu’une information

par séance.

Nous devons faire voir, et faire faire, la démonstration ne suffit pas,

et de la mĂȘme maniĂšre qu’on a pu Ă©tablir une notice personnalisĂ©e,

on peut établir un planning personnalisé.

Page 45: Dossier - college-nat-audio.fr

43Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

E.P.U. 2012 <

La prĂ©valence de surditĂ© profonde Ă  totale chez les patients de plus de 65 ans est estimĂ©e entre 0,6 et 1,1 %. Les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques montrent que cette population « ĂągĂ©e » augmente rapidement dans les pays dĂ©veloppĂ©s, et devrait atteindre plus de 20% de l’ensemble de la population en 2030. L’INSEE prĂ©voit que nous serons 67,2 millions en 2030, ce qui reprĂ©sente plus de 135 000 patients ĂągĂ©s de plus de 65 ans, candidats potentiels Ă  l’implantation cochlĂ©aire. La Haute AutoritĂ© de SantĂ© en 2007 a dĂ©fini que l’implant cochlĂ©aire chez l’adulte est indiquĂ© en cas de discrimination infĂ©rieure ou Ă©gale Ă  50% pour les mots disyllabiques en champ libre (liste de Fournier), avec des prothĂšses auditives adaptĂ©es. Il est Ă©galement recommandĂ© en cas de fluctuations auditives, si le retentissement sur la commu-nication est majeur, et en cas de surditĂ© profonde sur les frĂ©quences moyennes et aiguĂ«s avec prĂ©servation d’un seuil auditif sur les frĂ©quences graves et une intelligibilitĂ© entre 50 et 70% avec des prothĂšses adaptĂ©es. L’HAS indique qu’il n’y pas de limite d’ñge pour l’implantation cochlĂ©aire, mais un bilan psychocognitif doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© chez le sujet « ĂągĂ© » (Ăąge non prĂ©cisĂ©). Enfin, l’implantation bilatĂ©rale est possible en cas de perte de bĂ©nĂ©fice audioprothĂ©tique du cĂŽtĂ© opposĂ© chez un patient porteur d’un implant cochlĂ©aire unilatĂ©ral, si cela provoque une perte d’autonomie chez le sujet ĂągĂ©. De nombreuses Ă©tudes rĂ©trospectives ont comparĂ© le bĂ©nĂ©fice de l’implant cochlĂ©aire chez le sujet ĂągĂ© par rapport Ă  une population plus jeune. Toutes montrent une amĂ©lioration des performances trĂšs significative aprĂšs implantation cochlĂ©aire, dans le silence et dans le bruit, mĂȘme chez des sujets trĂšs ĂągĂ©s (80 ans et plus, voir plus de 90 ans) 1,2. Les performances sont comparables entre sujets ĂągĂ©s et sujets plus jeunes dans le silence, mais semblent un peu moins bonnes dans le bruit ou Ă  un dĂ©bit de parole rapide. Cependant, la durĂ©e de surditĂ© profonde est souvent plus longue dans cette popula-tion, ce qui peut expliquer cette diffĂ©rence qui s’estompe si on rĂ©alise une analyse multivariĂ©e incluant la durĂ©e de surditĂ© 1. La courbe d’ap-prentissage est identique entre sujet jeune et sujet ĂągĂ©. Par ailleurs, toutes les Ă©tudes montrent une amĂ©lioration trĂšs signifi-cative de la qualitĂ© de vie aprĂšs implantation cochlĂ©aire, comparable Ă  celle retrouvĂ©e chez les sujets plus jeunes. Cette amĂ©lioration de la qualitĂ© de vie est particuliĂšrement importante chez le sujet ĂągĂ©, chez qui il a Ă©tĂ© clairement montrĂ© que la surditĂ© favorisait la dĂ©pression, l’isole-ment, le repli sur soi, et pouvait donc conduire Ă  une perte d’autonomie. L’incidence des complications chirurgicales (vertiges, instabilitĂ©, retard de cicatrisation, etc.) est comparable entre sujet ĂągĂ© et sujet plus jeune. Les complications anesthĂ©siques sont un peu supĂ©rieures chez les patients de plus de 80 ans et /ou avec des scores ASA Ă©levĂ©s, mais l’ensemble des auteurs concluent qu’un Ăąge avancĂ© n’est pas une contre-indication Ă  l’implantation cochlĂ©aire, Ă  condition qu’une bonne Ă©valuation prĂ©-opĂ©ratoire des comorbiditĂ©s soit faite 2. Les Ă©tudes cout-efficacitĂ© rĂ©alisĂ©es en Angleterre et aux USA ont par ailleurs montrĂ© que l’implantation cochlĂ©aire avait un coĂ»t-efficacitĂ© tout Ă  fait acceptable, mĂȘme chez des sujets de plus de 70 ans 3.Il a Ă©tĂ© rĂ©cemment dĂ©montrĂ© que les troubles de mĂ©moire et la survenue d’une maladie d’Alzheimer sont beaucoup plus frĂ©quents en cas de surditĂ© pĂ©riphĂ©rique (multipliĂ© par 2 si surditĂ© lĂ©gĂšre, 3 si surditĂ© moyenne et 5 si surditĂ© sĂ©vĂšre) 4,5. Les tests auditifs centraux

Implant cochlĂ©aire chez le sujet ĂągĂ© : amĂ©lioration des performances auditives, de la qualitĂ© de vie et des fonctions cognitivesIsabelle MOSNIER Service ORL, HĂŽpital Beaujon/PitiĂ© SalpĂ©triĂšre (AP-HP), Centre RĂ©fĂ©rent pour l’implant cochlĂ©aire chez l’adulte en Ile de France.

(tests dichotiques) sont pertubĂ©s de façon trĂšs prĂ©coce chez 80 Ă  90% des patients prĂ©sentant une dĂ©mence ou des troubles de la mĂ©moire et constituent actuellement un test de dĂ©pistage des pathologies cognitives 6. Cependant, ces tests ne peuvent pas ĂȘtre rĂ©alisĂ©s chez les candidats Ă  l’implant du fait de la sĂ©vĂ©ritĂ© de la surditĂ©. L’impact de la rĂ©habilitation auditive par l’appareillage sur les fonctions cognitives a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© dans certaines Ă©tudes, avec des rĂ©sultats controversĂ©s, mais jamais aprĂšs implantation cochlĂ©aire. Nous avons rĂ©alisĂ© une Ă©tude prospective multicentrique en France, qui a inclut 95 patients ĂągĂ©s de 72 ans en moyenne [65-84]. L’im-plantation cochlĂ©aire a permis une amĂ©lioration trĂšs significative des performances dans le silence (64 % de comprĂ©hension des mots disyllabiques dans le silence 12 mois avant l’implantation versus 16 % avant l’implantation ; 41 % de comprĂ©hension pour un rapport signal/bruit de 10 dB versus 3 % avant l’implantation). Il n’y a pas eu d’aggravation des vertiges ou de l’instabilitĂ©, mĂȘme en post-opĂ©ra-toire immĂ©diat et chez les patients de plus de 75 ans. Un an aprĂšs l’implantation, environ 1/3 des patients peuvent tĂ©lĂ©phoner avec n’importe qui, 1/3 avec des interlocuteurs connus et 1/3 des sujets ne peuvent pas tĂ©lĂ©phoner. L’étude de la qualitĂ© de vie a utilisĂ© le questionnaire NIJMEgEN, spĂ©cifique de l’implantation cochlĂ©aire, et a montrĂ© une amĂ©lioration trĂšs significative dĂšs 6 mois aprĂšs l’im-plantation, en ce qui concerne l’estime de soi, les activitĂ©s et interac-tions sociales, mais Ă©galement en ce qui concerne la production de la parole, et la perception de la parole simple et plus complexe. Un bilan neuropsychologique, Ă  la recherche de troubles cognitifs, a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© avant l’implantation et 6 et 12 mois aprĂšs l’implantation. Nous n’avons pas retrouvĂ© d’influence des fonctions cognitives sur les performances avec l’implant cochlĂ©aire. Par contre, le nombre de patients ayant des tests cognitifs anormaux avant l’implantation a diminuĂ© de façon trĂšs importante 12 mois aprĂšs l’implantation. Cette amĂ©lioration des fonc-tions cognitives est secondaire Ă  l’amĂ©lioration de l’intelligibilitĂ© grĂące Ă  l’implant cochlĂ©aire, mais on ne peut pas exclure un effet positif de la rĂ©Ă©ducation orthophonique post-opĂ©ratoire. En conclusion, cette Ă©tude prospective confirme que l’implantation cochlĂ©aire chez le sujet ĂągĂ© permet une amĂ©lioration trĂšs significative des performances dans le silence et dans le bruit et de la qualitĂ© de vie, avec comme corollaire le maintien de l’autonomie au domicile et des interactions sociales. L’amĂ©lioration des fonctions cognitives constatĂ©e aprĂšs implantation cochlĂ©aire pourrait en outre retarder l’apparition des dĂ©mences, mais des Ă©tudes Ă  plus long terme sont nĂ©cessaires.

1. Budenz CL, Cosetti MK, Coelho DH, Birenbaum B, Babb J, Waltzman, SB, Roehm PC. The effects of cochlear implantation on speech perception in older adults. J Am Geriatr Soc 2011; 59: 446-453.

2. Carlson ML, Breen JT, Gifford RH, Driscoll CLW, Neff BA, Beatty CW, Peterson AM, Olund AP. Cochlear implantation in the octogenarian and nonagenarian. Otol Neurotol 2010; 31: 1343-1349.

3. UK cochlear implant group study. Criteria of candidacy for unilateral cochlear implantation in postlingually deafened adults II: cost-effectiveness analysis. Ear Hear 2004; 25: 336-360.

4. Lin FR. Hearing loss and cognition among older adults in the United States. J Gerontol A Biol Sci Med Sci 2011; 66: 1131-1136.

5. Lin FR et al. Hearing loss and incident dementia. Arch Neurol 2011, 68: 214-220. 6. Gates GA, Anderson ML, Mc Curry SM, Feeney MP, Larson EB. Central auditory

dysfunction as a harbinger of Alzheimer dementia. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2012, 137:390-395.

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44 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> E.P.U. 2012

2 Quel est le rĂŽle de l’orthophoniste dans l’équipe pluridisciplinaire ?

L’orthophoniste a trois rîles à jouer dans ce partenariat interdisci-

plinaire.

Le premier rÎle, en tant que thérapeute, consiste à rééduquer

et Ă  entraĂźner les sourds, malentendants appareillĂ©s. C’est le

professionnel qui oriente et renseigne des fonctions cognitives et

mnĂ©siques liĂ©es Ă  l’audition et Ă  l’ñge. Il entraĂźne l’individu Ă  exercer

et/ou perfectionner les compétences dans les stratégies de compen-

sation pour améliorer la communication orale. Cette rééducation est

souvent appelée « Rééducation Auditive ». En principe, nous devons

plutÎt la nommer « Rééducation Auditivo-Cognitive ou Cognitivo-

Auditive » puisque nous rééduquons les schémas cérébraux, pas

uniquement les oreilles. Le principe de cette rééducation repose sur

certaines bases théoriques. Celles-ci ont pour objectif la mise en

place des stratégies cognitives efficaces par des approches/tech-

niques adaptées. Pour énumérer quelques unes :

‱ Les paires minimales – l’apprentissage par une comparaison

des sons isolĂ©s ou complexes. L’individu indique si les stimuli

présentés sont différents ou identiques.

‱ La hiĂ©rarchisation des difficultĂ©s – la progression en difficultĂ© des

exercices et/ou des situations de communication pour améliorer

une capacité cible. Elle permet une transition dans la douceur et

respecte le rythme de l’évolution du chacun.

‱ Les rĂšgles des paramĂštres acoustiques – rythme, intensitĂ©,

fréquence, tempo, prosodie

‱ Les quatre stades d’audition – dĂ©tection, discrimination, identifica-

tion et compréhension. Le travail à chaque stade aide à optimiser

les restes auditifs, les gains apportés par les prothÚses auditives.

‱ Les rùgles de la phonologie française – l’organisation des sons

dans la langue française afin de former un énoncé. Ces rÚgles

permettent une meilleure compréhension des confusions phoné-

tiques et/ou phonémiques. Ces derniÚres ne sont pas à éviter.

Elles doivent ĂȘtre utilisĂ©es comme une forme de connaissance ou

d’outil indispensable pour rĂ©soudre un problĂšme rĂ©current.

‱ Les processus cognitifs - les diffĂ©rents modes d’opĂ©rations

mentales à travers lesquels les informations sont saisies, traitées

et stockĂ©es. Pour n’en citer que quelques uns : perception, accou-

tumance, endurance, attention, concentration, représentation,

classification/catégorisation, sélectivité, anticipation, mémoire,

langage.

‱ Les thĂ©ories d’apprentissage – selon les modĂšles diffĂ©rents tels

Constructiviste (Piaget), Socio-constructiviste (Vygotski, Bruner et

Wallon), Transmissif (Shannon et Weaver), Comportementaliste

(Skinner)

Lors de l’EPU 2012, nous avons abordĂ© le bilan orthophonique dans

le cadre de la presbyacousie chez les personnes ùgées. Dans la

continuité du thÚme, nous présentons le programme de rééducation.

Pour rappel, une prescription médicale est préalable à toute prise en

charge en orthophonie. Les séances sont en grande partie rembour-

sĂ©es par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM - sĂ©curitĂ©

sociale) et éventuellement un complément par la mutuelle.

Une fois le bilan orthophonique de l’audition Ă©tabli, l’orthophoniste

peut répondre à ces points suivant :

‱ La prise en charge en rĂ©Ă©ducation ou non

‱ La durĂ©e approximative de la prise en charge

‱ Le nombre et la frĂ©quence des sĂ©ances

‱ La durĂ©e de chaque sĂ©ance

‱ Les outils et techniques à utiliser

‱ Les partenaires à contacter

1 Que signifie la rééducation orthophonique ?

Selon l’Organisation Mondiale de SantĂ© (OMS), la rĂ©Ă©ducation

englobe les techniques qui visent Ă  aider l’individu Ă  rĂ©duire les

dĂ©ficiences et les incapacitĂ©s d’un patient. Elle est un moyen de

READAPTATION (ensemble des moyens mis en Ɠuvre pour aider le

patient Ă  s’adapter Ă  ses incapacitĂ©s lorsqu’elles deviennent stabi-

lisées et persistantes), visant une REINSERTION, le retour dans la

sociĂ©tĂ© en Ă©vitant les processus d’exclusion.

Dans le cadre de la presbyacousie en général, la prise en charge

orthophonique, au mĂȘme titre qu’un appareillage auditif, fait partie

de cette rééducation. Sa spécificité chez les personnes ùgées pres-

byacousiques repose sur les facteurs suivant :

‱ La motivation de l’individu qui dĂ©termine son engagement pour la

rééducation. Celle-ci est souvent moindre chez cette population.

Le plus difficile est de convaincre le patient à adhérer et enfin

s’approprier le projet rĂ©Ă©ducatif.

‱ La variabilitĂ© de la prĂ©sence d’un entourage de soutien.

‱ La plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale moindre que chez les plus jeunes (temps

de réactivité plus lents, processus de raisonnement plus ralenti,

adaptabilité plus rigide)

‱ La prĂ©sence des troubles cognitifs Ă©volutifs (sĂ©nilitĂ©, maladie

d’Alzheimer, perte de vigilance, de mĂ©moire, etc.) qui majore les

troubles auditifs et vice-versa

‱ L’état Ă©motionnel (dĂ©pression, piĂštre estime de soi, repli sur soi,

etc.) qui influence la perception sensorielle

L’orthophoniste dans l’équipe pluridisciplinaire (la suite du bilan orthophonique)GĂ©raldine BESCOND Orthophoniste, Clinique de La Sagesse, CHRU Pontchaillou

Page 47: Dossier - college-nat-audio.fr

45Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

E.P.U. 2012 <

Le travail en lecture labiale est parfois difficile voire mĂȘme impos-sible Ă  cause de problĂšmes visuels (glaucome, cataracte, DMLA, etc.) chez les personnes ĂągĂ©es. NĂ©anmoins, il est intĂ©ressant de le combiner avec le travail auditif pour amĂ©liorer la comprĂ©hension du message oral.

Le deuxiĂšme rĂŽle est, en tant que conseiller de communication (coach), d’accompagner l’individu vers une meilleure stratĂ©gie de communication en tenant compte de la personnalitĂ© et des capa-citĂ©s rĂ©alistes. Le but est de dĂ©velopper un comportement adaptĂ©. Ce dernier comprend un changement dans les habitudes conver-sationnelles lors des situations d’échanges avec l’entourage fami-lial, amical et social. Un des comportements nĂ©gatifs Ă  travailler est l’agressivitĂ© ou le monologue. Il s’agit d’un individu qui mono-polise la conversation en parlant en continu sans attendre ni prĂȘter attention Ă  la rĂ©ponse de son interlocuteur. La plupart du temps, l’impatience et l’agacement accompagnent cette attitude. Un autre comportement est l’antipode du premier. Il s’agit d’un individu qui donne l’impression d’écouter tout le temps. Mais, qui en vĂ©ritĂ© fait semblant de comprendre. Pour sa part, ce sont l’attitude fata-liste et la lassitude qui l’accompagnent. Dans l’ensemble, nous abordons et analysons les situations difficiles afin d’encourager la personne ĂągĂ©e sourde ou malentendante Ă  rĂ©flĂ©chir et Ă  trouver une rĂ©ponse adaptable dans sa routine habituelle.

Le troisiĂšme rĂŽle de l’orthophoniste peut ĂȘtre dĂ©fini comme le facilitateur de rencontre. Puisque les sĂ©ances sont hebdoma-daires, c’est le professionnel qui voit l’individu le plus souvent. Dans le cas oĂč des difficultĂ©s inhabituelles sont observĂ©es, son intervention auprĂšs de l’audioprothĂ©siste ou le mĂ©decin prescrip-teur est bienveillante. Le principe du binĂŽme audioprothĂ©siste-orthophoniste, que nous trouvons dans le cadre des centres d’im-plant cochlĂ©aire permet une rĂ©activitĂ© pour corriger les problĂšmes techniques. Un bon fonctionnement de l’appareil auditif, prothĂšse auditive ou implant, permet une meilleure restitution acoustique. Par consĂ©quent, les fonctions cĂ©rĂ©brales retrouvent plus aisĂ©ment les repĂšres auditivo-cognitifs.

Des rencontres entre les porteurs de prothĂšses auditives sont Ă©galement bĂ©nĂ©fiques Ă  condition de bien faire correspondre les profils. Ces Ă©changes permettent aux patients de se rendre compte que les difficultĂ©s sont Ă©galement vĂ©cues par les autres. En mĂȘme temps, des astuces peuvent ĂȘtre Ă©changĂ©es pour un essai ultĂ©rieur.

3 Comment promouvoir ces soins méconnus pourtant efficaces ?

2% des prescriptions mĂ©dicales de soins en orthophonie provient des ORL. (CNAMTS : Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs SalariĂ©s, 2010). Pourtant, qui est le mieux placĂ© pour prescrire la prise en charge orthophonique de la surditĂ© ?

Il est difficile d’identifier la cause rĂ©elle de ce taux trĂšs bas. Cepen-dant, nous pouvons supposer :

- une mĂ©connaissance du mĂ©tier de l’orthophonie par les mĂ©decins ORL,

- certaines idĂ©es prĂ©conçues parfois gĂ©nĂ©ralisĂ©es comme l’ortho-phonie n’est que pour :

L’expĂ©rience de l’orthophoniste lui permet d’organiser des exercices et des situations d’échange favorables Ă  un RE-apprentissage. Il doit utiliser des matĂ©riels adĂ©quats aux bons moments, d’une durĂ©e et d’une façon adaptĂ©es. Les exercices sont proposĂ©s dans les situa-tions diffĂ©rentes SELON les besoins et les demandes de chaque individu – dans le calme, en conversation duale, Ă  distance, dans le bruit (type cocktail party, avec de la musique, radio), par tĂ©lĂ©phone.

Un travail spĂ©cifique de mĂ©moire aidera Ă  relancer le rĂ©seau neuronal. Quelques exemples : l’apprentissage de procĂ©dĂ©s mnĂ©motechniques pour retenir les listes des mots (techniques de liaison, mĂ©thode de loci, etc.) restitution par sĂ©quence des bruitages de la vie quotidienne (les clefs qui tintent, la porte qui s’ouvre, un chien qui aboie, les clefs posĂ©es sur une table, le claquement d’une porte, une voix qui interpelle), comprĂ©hension d’un texte et la restitution des dĂ©tails etc.

La Lecture Indirecte MinutĂ©e (LIM), « Speechtracking » en anglais, est une des mĂ©thodes les plus innovatrices de ces 25 derniĂšres annĂ©es. C. De Filippo et B.Scott l’ont conçue pour amĂ©liorer la perception de parole chez les adultes devenus sourds. En pratique, le locuteur - ici le rĂ©Ă©ducateur- lit un texte prĂ©parĂ©, phrase par phrase pendant une durĂ©e prĂ©dĂ©terminĂ©e. L’activitĂ© du rĂ©cepteur - la personne malentendante - est de rĂ©pĂ©ter exactement ce qui est dit. En cas de rĂ©ponse erronĂ©e, le thĂ©rapeute utilisera une stra-tĂ©gie de rĂ©mĂ©diation (par une simple rĂ©pĂ©tition, l’utilisation des mots clefs ou une paraphrase). A la fin de l’exercice, le nombre de mots est comptĂ© et rapportĂ© au temps Ă©coulĂ©. Le rĂ©sultat donne la vitesse en mpm (mots par minute). Cet exercice peut ĂȘtre utilisĂ© dans les trois modes : en audition seule, en audio-visuel ou en visuel seul. Tout dĂ©pend de l’objectif Ă  travailler, s’il s’agit un travail purement auditif, en communication globale ou en lecture labiale.

L’utilisation de la musique dans le programme de rĂ©Ă©ducation chez les adultes est assez rĂ©cente. Des chercheurs comme E. Bigand, B. Poulin, g. Schlang, C. Pantev entre autres, ont dĂ©montrĂ© un processus complexe mais trĂšs intĂ©ressant de l’activitĂ© cognitive lors des exercices spĂ©cifiques et ciblĂ©s par le biais de la musique.

La MĂ©thode Verbo-tonale (MVT), un concept conçu et Ă©laborĂ© au dĂ©part en 1954 pour l’apprentissage d’une langue Ă©trangĂšre par le Pr. guberina, est dĂ©jĂ  bien connue dans la prise en charge pĂ©dagogique des enfants sourds mais rarement utilisĂ©e chez les adultes et encore moins chez les personnes ĂągĂ©es, Elle se fonde sur l’homme : « ĂȘtre complexe qui fonctionne comme un tout » et non l’homme : « ensemble de sens et de fonctions isolĂ©es ». Elle ne considĂšre pas le langage oral comme une succession de mots, mais comme « dialogue et mouvement ». C’est une mĂ©thode poly-sensorielle qui requiert la participation du corps tout entier qui favorise la perception mais aussi l’émission et cela Ă  travers les activitĂ©s de rythme corporel, de rythme musical et de graphisme phonĂ©tique. Elle est dynamique et exige une crĂ©ativitĂ© de la part du rĂ©Ă©ducateur.

L’adaptation de la MVT chez les personnes ĂągĂ©es pourrait revĂȘtir la forme de frapper des mains en mĂȘme temps que des chansons connues ou inconnues (travail du rythme), lever ou descendre un bras pour indiquer le changement des frĂ©quences d’une chanson etc. Elle semble prometteuse car elle associe la motricitĂ© aux sons et sens. Les mouvements proposĂ©s sont adaptĂ©s selon les capa-citĂ©s physiques et motrices de la personne ĂągĂ©e – arthrite, rhuma-tisme, ankylose, douleurs musculaires, etc.

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46 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> E.P.U. 2012

5 Questions

1. Que rééduquons-nous dans la prise en charge de la surdité?

a. Les oreilles

b. Le cerveau

c. La langue

d. La personnalité

2. Que signifie la Lecture Indirecte Minutée ?

a. Une lecture silencieuse

b. Une lecture Ă  haute voix

c. Une répétition des phrases présentées oralement

d. Une dictée des phrases présentées oralement

3. L’orthophoniste choisit des textes ou des articles au hasard.

a. Oui

b. Non

c. Parfois

d. La moitié du temps

4. Quel rîle n’est pas celui de l’orthophoniste ?

a. Thérapeute

b. Coach

c. Prescripteur

d. Facilitateur des rencontres

5. Quelles sont les bases théoriques de la rééducation ?

a. Les paires maximales

b. Les thĂ©ories d’apprentissage

c. La hiérarchisation des difficultés

d. Les rÚgles de la phonologie française

- les troubles du langage

- apprendre Ă  parler aux enfants

- apprendre Ă  lire aux enfants

- le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste ou ORL ne croit pas aux bienfaits ou aux rĂ©sultats de l’orthophonie dans le cadre de la presbyacousie chez les personnes ĂągĂ©es,

- une prescription non suivie par le patient.

Aujourd’hui, il est temps de corriger cette lacune. Une information plus approfondie du rĂŽle de l’orthophoniste parmi les internes en ORL pourrait ĂȘtre une piste. Faire publier des articles, mĂȘme si ce dernier prends plus du temps, concernant la rĂ©Ă©ducation dans ce domaine pourrait ĂȘtre une autre.

Pour une meilleure qualitĂ© de vie /pour le bien ĂȘtre de nos patients qualifiĂ©s de quatriĂšme Ăąge lors de cet EPU, la collaboration entre le mĂ©decin ORL, l’audioprothĂ©siste et l’orthophoniste semble primor-diale. L’orthophoniste a vĂ©ritablement sa place dans l’équipe pluri-disciplinaire qui prend en charge les personnes ĂągĂ©es presbyacou-siques.

4 Bibliographie

Music, cerebral plasticity and cognition, Schlaug, Pantev et coll, 2005

Are we experienced listeners?, Bigand & Poulin, 2005

Anatomically distinct dopamin release during anticipation and expe-rience of peak emotions to music, Salimpoon & Benovoy, 2011

RĂ©trospection, Guberina, 2003

Réorganisation cérébrale, Giraud, 2002

Le son en main, Rochette, 2010

Communication in brain, Lomber, 2010

Techniques and devices to restore cognition, Serruya & Kahana, 2008

Numerical aspects of the Speechtracking procedure, Spens, Gnosspe-lius et al, 1992

RĂ©Ă©ducation de la boucle audiophonatoire, Dupont & Lejeune 2010

Aides tactiles, Plant, 1998

DĂ©marches naturelles sensorielles, Reed et al, 1992

Mots clés de la didactique, Astolfi, Daroté et al, 1997, De Boeck

L’erreur, un outil pour enseigner, Astolfi, 2004, ESF

Situations-problĂšmes et savoir scolaire, Fabre, 1999, PUF

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48 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> E.P.U. 2012

1 Introduction

Le vieillissement de la population française s’accompagne d’une

augmentation exponentielle des pathologies neurodégénératives et

neurosensorielles. La presbyacousie est le vieillissement habituel de

l’audition qui s’exprime plus ou moins tît en fonction de certains

facteurs génétiques et environnementaux.

Le retentissement de ces troubles sensoriels, au niveau de l’auto-

nomie, la qualité de vie est importante. Le lien avec les troubles

cognitifs est retrouvĂ© dans un certain nombre d’études prospec-

tives récentes. La presbyacousie peut entraßner également des

syndromes dépressifs et une diminution des activités sociales des

personnes.

Il est par conséquent important, de dépister et de prendre en charge

la presbyacousie avec l’avancĂ©e en Ăąge, y compris en institution,

afin de maintenir la qualité de vie, permettre de conserver une vie

sociale et familiale. La fréquence des problÚmes sensoriels et leur

retentissement doivent faire intĂ©grer dans la visite d’admission en

institution et par la suite une fois par an, des patients une Ă©valuation

au moins fonctionnelle de l’audition.

2 Qu’est-ce que le « 4Ăšme » Ăąge ?

A quel ùge est-on vieux ? Cette question est souvent posée. La

difficultĂ© est de faire passer les notions d’ñge « physiologique » et

d’ñge « chronologique », pourtant essentielles pour l’évolution de

l’ensemble de la rĂ©flexion gĂ©riatrique.

Il a Ă©tĂ© dĂ©fini par l’O.M.S, l’ñge de 65 ans, pour distinguer jeunes

et vieux...

Une définition, plus sociale et médico-économique, est le troisiÚme

Ăąge qui correspond Ă  la pĂ©riode qui suit l’ñge « adulte » et oĂč cessent

les activités professionnelles, et le fameux 4Úme ùge, suivant le 3Úme,

oĂč la plupart des activitĂ©s deviennent difficiles et qui correspond Ă 

la « grande » vieillesse.

L’auteur de ces quelques lignes, frĂ©mit et bouillonne en les Ă©crivant,

car cela va l’encontre de tous les messages de fond qu’il essaye de

faire passer depuis des annĂ©es. Il a bien envie de s’arrĂȘter lĂ , mais

il faut terminer l’article, car il l’a promis et il est trùs trùs en retard

(deadline dépassée de 1 mois). Nous ferons passer les messages

plus positifs une autre fois.

3 Qu’est-ce qu’une « Institution » ?

Institution est utilisĂ©e ici, dans le sens d’un Ă©tablissement d’hĂ©ber-

gement et de soin oĂč rĂ©sident essentiellement des personnes trĂšs

ùgées (4Úme ùge si vous voulez). Nous allons les identifier de maniÚre

simple et par conséquent forcément un peu caricatural.

Deux types d’institutions doivent ĂȘtre distinguĂ©s :

- Les unités de soins de longue durée (dites USLD) qui sont dans

le champ sanitaire, et qui sont en forte diminution ces derniĂšres

années et qui accueillent les personnes les plus dépendantes et

les plus « médico-requérantes ».

- Les EHPAD (Ă©tablissement d’hĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es

dépendantes appelés auparavant des maisons de retraite) qui sont

dans le champ médico-social et sensés accueillir des personnes

dépendantes, mais un peu moins « médico-requérantes ».

En moyenne, d’aprĂšs les statistiques de la FHF (fĂ©dĂ©ration hospi-

taliĂšre de France), environ 10% des personnes de plus de 75 ans,

vivent en maison de retraite, et 25% des plus de 85% (pour mémoire

aprĂšs des calculs savants : 90% des plus de 75 ans et 75 % des

plus de 85 ans sont Ă  leur domicile).

Les résidents dans ces institutions sont essentiellement des femmes,

la plupart des personnes (9/10) n’a plus de conjoint.

La prise en charge ces derniĂšres annĂ©es de la perte d’autonomie

en ville, permet de reculer l’entrĂ©e en institution. Par contre, les

personnes qui y rentrent sont plus dépendantes et polypatho-

logiques. Ce qui rend leur prise en charge plus complexe et plus

spécialisée à tous les niveaux (médical, psychologique, social, etc.).

4 IntĂ©rĂȘt du dĂ©pistage et de la prise en charge en institution

L’incidence de la presbyacousie progresse avec l’ñge de maniùre

exponentielle. Toutes les études, en institution retrouve la fréquence

de ce problÚme. Il est sous-diagnostiqué, souvent non pris en

charge, et non suivi.

A titre d’exemple, l’étude de garahan, dans deux maisons de retraite

avec 121 résidents retrouve 51% des personnes avec une perte

modérée à sévÚre (supérieure ou égale à 41 dB), 58% seulement

sont appareillés 1.

Presbyacousie et « 4Ăšme Ăąge ».Prise en charge en institution : suivi et formation des personnelsArach MADJLESSI GĂ©riatre, MĂ©decin des hĂŽpitaux Clinique Alleray Labrouste (Paris 15) et Centre mĂ©dical Luxembourg (Paris 5) [email protected]

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49Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

E.P.U. 2012 <

pour améliorer la prise en charge de la presbyacouise en institution,

il faut avoir en conscience.

6 Conclusion

Il faut promouvoir un certain nombre de changement pour améliorer

la prise en charge en institution de la presbyacousie à différents

niveaux ;

- Changement au niveau individuel : pour la mise en place d’évalua-

tions et de dépistage des troubles auditifs, grùce aux tests simples

cités dans cet article ;

- Changement au niveau institutionnel : pour la mise en place de

protocoles de soins et de suivi de l’appareillage, et de formation

pour les personnels, les patients et les familles.

- Changements de mentalités au niveau de la société , pour mieux

aborder les questions de conception, acceptation et de coûts des

aides auditives.

7 Références

1. Garahan M. and al. Hearing loss prevalence and management in nursing home residents. JAGS, 1992 Feb : 40(2) : 130-4.

2. Vaal J.and al. Combined vison and hearing impairment: in an esti-mated 30.000-35.000 people ages 55 years or over in the Netherlands. Ned Tijdschr Geneeskd, 2007; 151(26):1459-63.

3. Cohen-Mansfield J. Hearing aid use in nursing homes. Part2: barriers to effective utilization of hearing AIDS. J Am Med Dir Assoc, 2004; 5 (5):289-96.

Dans une autre publication nĂ©erlandaise, chez les plus de 55 ans aux Pays-Bas, le double handicap sensoriel (visuel et auditif), en dehors de l’institution concerne 0.4 Ă 0.6% et en institution (rĂ©sidence pour personnes ĂągĂ©es) 5.4 Ă  5.5% de la population et maisons de retraite plus de 12.7% des personnes 2.

Tout ceci, nous conforte dans l’idĂ©e du dĂ©pistage, et de la prise en charge de la presbyacousie.

Plusieurs tests de dĂ©pistage peuvent ĂȘtre proposĂ©s avant de recourir Ă  l’ORL et Ă  l’audioprothĂ©siste. Ces tests doivent ĂȘtre largement utilisĂ©s et nous devons les promouvoir auprĂšs des soignants, et des mĂ©decins qui prennent en charge les personnes en institution. L’objectif Ă©tant de mieux dĂ©pister et pour amĂ©liorer l’autonomie, et la qualitĂ© de vie en instituition et tenter de diminuer le retentisse-ment de la presbyacousie sur les relations sociales, surtout chez ces personnes polypathologiques, Il faut amĂ©liorer, tout ce qui est amĂ©liorable.

Parmi les tests de dépistage :

1. NHHI (Nursing Home Hearing Handicap Index (version patient et soignante) (A retrouver dans J Aging Res en octobre 2012).

2. HHIE autoquestionnaire Hearing Handicap Inventory for the elderly

3. Test de la voix chuchotée (whispered voice test WVT)

4. Hein Test (largement répandu par France presbyacousie et le Professeur Bruno Frachet), test simple, reproductible et peu coûteux et rapide.

5 Exemple de prise en charge proposée

Il est important de former les personnels des institutions au repĂ©-rage des troubles auditifs, Ă  l’orientation vers un ORL si nĂ©cessaire par le biais du mĂ©decin coordinateur de la structure, de favoriser le lien avec les audioprothĂ©sistes « locaux ». Les audioprothĂ©sistes doivent ĂȘtre impliquĂ©s dans la formation des personnels, dans l’aide au repĂ©rage des troubles, dans l’entretien des appareils.

- La premiĂšre Ă©tape est la sensibilisation des patients, familles et personnels Ă  la frĂ©quence de la perte auditive avec l’ñge, et au dĂ©pistage simple et au retentissement important que peuvent avoir ces troubles si nous ne les prenons pas en charge le plus tĂŽt possible.

- La deuxiĂšme Ă©tape est de rĂ©diger une procĂ©dure dans chaque institution de prise en charge de la presbyacousie : avec le dĂ©pis-tage, l’orientation vers l’ORL et l’audioprothĂ©siste, suivi de l’appa-reillage au quotidien par le personnel, et l’entourage du rĂ©sident.

- La troisiĂšme Ă©tape est de rĂ©Ă©valuer et d’adapter rĂ©guliĂšrement (une fois par an) la procĂ©dure validĂ©e, en impliquant les soignants et les familles.

Le suivi au quotidien de l’appareillage est essentiel pour le bon usage de celui-ci. La perte d’autonomie du patient en institution, retentit Ă©galement sur sa capacitĂ© Ă  installer et Ă  s’occuper seul de son appareillage, et ceci est un des premiers freins pour l’utilisation de la prothĂšse.

Dans une Ă©tude amĂ©ricaine de 2004 dans une maison de retraite, 86 % des rĂ©sidents avaient besoin d’aide pour prendre soin des prothĂšses auditives, et prĂšs de la moitiĂ© du personnel ne connais-sait pas l’utilisation et l’entretien des appareils. Toutes les difficultĂ©s rencontrĂ©es sont rĂ©sumĂ©es dans ces deux conclusions de l’étude, et

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AprĂšs avoir repris quelques donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques sur les personnes trĂšs ĂągĂ©es, nous envisagerons l’impact du vieillissement physiopathologique sur la prise en charge de ces patients par diffĂ©-rents acteurs de soin. De la diminution des capacitĂ©s physiques aux altĂ©rations cognitives irrĂ©versibles, nous relĂšverons les consĂ©-quences sur certains aspects des actes audioprothĂ©tiques. Le mode de vie du patient et son environnement doivent ĂȘtre dĂ©terminĂ©s afin d’évaluer ses besoins et de mettre en Ɠuvre les aides nĂ©cessaires, tant humaines que techniques. L’entrĂ©e dans le grand Ăąge s’accompagne pour certaines personnes d’un besoin d’aide pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne, et accessoirement pour la gestion et la maintenance de leur appareillage auditif ; le passage frĂ©quent Ă  la perte d’autonomie puis Ă  l’état de dĂ©pendance modifie le projet de soin ou de vie de ces patients qui doivent sĂ©journer temporairement ou dĂ©finitivement dans les institutions spĂ©cialisĂ©es que sont les services de gĂ©ria-trie ou de gĂ©rontologie, les maisons de retraite, les Ă©tablissements mĂ©dicalisĂ©s ou les services de longue durĂ©e.Le suivi prothĂ©tique s’en trouve modifiĂ© et personnalisĂ©, basĂ© sur des rĂ©pĂ©titions de consignes, de manipulations, d’ajustements tech-niques, tout au long de l’évolution de la relation soignante avec les personnes de grand Ăąge. Notre mission va s’accompagner d’un rĂŽle d’information et de sĂ©ances de dĂ©monstrations pratiques auprĂšs des personnels soignants de ces diverses institutions pour accom-pagner au mieux et jusqu’à la fin de vie ces patients si fragiles.

1 Données épidémiologiques sur le grand ùge

Aujourd’hui 3 millions de personnes sont ĂągĂ©es de 80 ans et plus, soit 5% de la population totale, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes (2 millions contre 985 000) ; les plus de 90 ans (grand Ăąge) reprĂ©sentent prĂšs d’1,5 millions soit la moitiĂ©.Depuis 1960, le nombre d’octogĂ©naires a plus que triplĂ© (alors que dans le mĂȘme temps, les personnes de plus de 65 ans ont vu leurs effectifs presque doubler, passant de 5,2 millions Ă  plus de 10,1 millions), et devrait encore ĂȘtre multipliĂ© par 2,4 Ă  l’horizon 2050. A cette date, 7,3 millions de personnes (soit 10,5% de la population) auront 80 ans et plus (Graphique 1).

Les octogĂ©naires actuels (gĂ©nĂ©rations de l’entre-deux-guerres) seront remplacĂ©s par les cohortes nombreuses du baby-boom nĂ©es entre 1946 et 1971 qui atteindront 80 ans Ă  partir de 2026. Ces gĂ©nĂ©rations auront en outre une espĂ©rance de vie plus Ă©levĂ©e que celle de leurs aĂźnĂ©s.

Entre 1970 et 2005, l’espĂ©rance de vie Ă  80 ans est passĂ©e de 5 ans et 10 mois Ă  8 ans pour les hommes (soit 88 ans) et de 7 ans et 1 mois Ă  10 ans et 1 mois pour les femmes (soit 90 ans). Dans les prochaines dĂ©cennies, les hommes devraient rattraper une partie de leur retard avec des gains d’espĂ©rance de vie supĂ©rieurs Ă  ceux des femmes.

Au final, les personnes de plus de 80 ans verraient leurs effectifs augmenter de 111% Ă  l’horizon 2050 ; le nombre de centenaires dĂ©passerait quant Ă  lui la barre des 150000 d’ici 2050, alors qu’il Ă©tait d’environ 16000 en 2005 et de seulement 1100 en 1970. De fait, l’allongement de la vieillesse est d’une telle ampleur qu’à l’expression « troisiĂšme Ăąge » se sont ajoutĂ©es les notions de « quatriĂšme Ăąge » ou « grand Ăąge », tĂ©moignant de la diversitĂ© des populations ĂągĂ©es.

Les personnes trÚs ùgées continuent de résider majoritairement en logement indépendant et non en hébergement collectif de type maisons de retraite ou établissements hospitaliers (Tableau 2).

La proportion de personnes vivant en hébergement collectif (maisons de retraite, unités de soins de longue durée ou foyers logements) a progressé aux grands ùges - 21,2% des 85 ans et plus vivent en hébergement collectif contre 13,1% en 1962. Leur part augmente en effet notablement à partir de 85 ans et atteint un peu plus de 40% des effectifs au-delà de 90 ans.

L’augmentation du nombre de personnes ĂągĂ©es de 90 ans et plus au

Le grand Ăąge : les spĂ©cificitĂ©sEric HANS AudioprothĂ©siste D.E, LaurĂ©at et Membre du CollĂšge National d’AudioprothĂšse - [email protected]

Graphique 1. Évolution de la population ĂągĂ©e de 80 ans et plus en France mĂ©tropolitaine (Source : Insee, bilan dĂ©mographique et Insee, projections de population 2005-2050).

En % MĂ©nage

ordinaire

Institutions*

Total Foyer-

logement

Maison

de

retraite

HLD**

65-74 ans 98,5 0,4 0,9 0,1

75-84 ans 93,8 1,7 3,7 0,8

85-94 ans 73,3 5,3 18,4 2,9

95 ans et plus 51,8 5,7 35,3 7,2

Ensemble des

65 ans et plus

93,8 1,5 4,0 0,7

Ensemble des

85 ans et plus

71,2 5,4 20,1 3,3

* Non compris les foyers pour handicapés classés avec les foyers de

travailleurs

** Hospitalisation de longue durée de plus de 3 mois notamment en unité

de soins de longue durĂ©e et l’hĂŽpital psychiatrique.

NB : les effectifs en rĂ©sidence d’hĂ©bergement temporaire (2 000 per-

sonnes pour l’annĂ©e 2003) ne sont pas prises en compte.

Tableau 2. Le lieu de vie des personnes ĂągĂ©es en 2003 (Source : EnquĂȘtes EHPA, Drees).

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51Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

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sein de la population totale accroßt donc mécaniquement la part des 85 ans et plus en institution entre ces deux dates.

En hĂ©bergement collectif les femmes sont plus nombreuses que les hommes, bien que leur entrĂ©e en institution soit gĂ©nĂ©ralement plus tardive. Outre leur supĂ©rioritĂ© numĂ©rique, l’entrĂ©e en institution s’ex-plique en effet par les situations d’isolement et par l’aggravation de l’état de santĂ©, situations qui concernent plus souvent les femmes que les hommes aux Ăąges avancĂ©s.

L’isolement concerne ainsi plus les femmes que les hommes, surtout au-delĂ  de 85 ans, car, au dĂ©part des enfants hors du foyer, s’ajoute le dĂ©cĂšs du conjoint. Plus de 63% des femmes de 80 Ă  84 ans Ă©taient veuves en 2004 contre moins de 20% chez les hommes aux mĂȘmes Ăąges (Tableau 3).

Les femmes sont davantage touchĂ©es du fait de la plus forte morta-litĂ© des hommes et de l’écart d’ñge moyen entre les conjoints (les hommes ont en moyenne deux ans de plus que leur compagne).

Ensuite, les femmes ont, Ă  partir de 80 ans, une probabilitĂ© plus grande d’entrer en maison de retraite ou en unitĂ© de soins de longue durĂ©e que les hommes de mĂȘme Ăąge car leur Ă©tat de santĂ© se dĂ©tĂ©-riore alors plus rapidement. À partir de 80 ans, le taux de dĂ©pen-dance des femmes dĂ©passe ainsi celui des hommes et atteint 20% Ă  85 ans contre environ 11% chez les hommes du mĂȘme Ăąge. Cet Ă©cart tend Ă  se creuser au-delĂ  de 95 ans.

MalgrĂ© le dĂ©clin de la cohabitation familiale constatĂ© durant les cinquante derniĂšres annĂ©es, les relations intergĂ©nĂ©rationnelles restent trĂšs importantes. Quand elles vivent Ă  domicile, plus de 50% des personnes trĂšs ĂągĂ©es bĂ©nĂ©ficient d’une aide rĂ©guliĂšre en raison d’un handicap ou d’un problĂšme de santĂ©, et neuf fois sur dix, cette aide est dispensĂ©e par des membres de la famille (conjoint ou enfants).

La probabilitĂ© de rester vivre Ă  domicile s’est accrue, mĂȘme pour les personnes trĂšs ĂągĂ©es, ce qui peut notamment s’expliquer par l’amĂ©lioration du niveau de vie, l’urbanisation et la modernisation des logements, ou encore par le dĂ©veloppement des services de soins Ă  domicile.

Enfin, si les plus ĂągĂ©s quittent souvent les grandes villes pour des agglomĂ©rations plus modestes, ils restent toutefois plus en milieu urbain qu’en milieu rural. PrĂšs de trois quarts des personnes de 75 ans et plus vivent ainsi dans un espace Ă  dominante urbaine, leur prĂ©fĂ©rence se portant plutĂŽt vers les centres-villes oĂč l’accĂšs aux services et aux Ă©quipements est meilleur.

2 L’impact du vieillissement sur la personne trĂšs ĂągĂ©e

Dans les relations communicationnelles liĂ©es Ă  la sĂ©nescence il existe des altĂ©rations au niveau de la mĂ©moire de travail pour des tĂąches complexes. Pour l’altĂ©ration des processus attentionnels, interactions ou dissociations, le niveau intellectuel peut ĂȘtre perçu comme un moyen de prĂ©vention du vieillissement cognitif. L’imprĂ©-cision des prĂ©dictions de performances en rapport avec la difficultĂ© de la tĂąche est liĂ©e aux effets de l’ñge sur le contrĂŽle mnĂ©sique et la gestion des stratĂ©gies mnĂ©siques (mĂ©ta-mĂ©moire) : cela entraĂźne une rĂ©duction de la vitesse de traitement des informations.

On constate un impact sur les processus mnĂ©siques automatiques et contrĂŽlĂ©s (inhibition). On rencontre un dĂ©ficit de dĂ©nomination en rapport avec le niveau d’études dans les stratĂ©gies de rĂ©ponse, mais pas la performance aux Ă©preuves, dans la complexitĂ© du discours, ou encore dans la mĂ©morisation d’énoncĂ©s plus ou moins longs. Enfin des altĂ©rations apparaissent dans le traitement des informa-tions visio-spatiales et temporelles (comme se dĂ©placer, conduire, estimer des distances, du temps qui s’écoule).

Pour les sujets trĂšs ĂągĂ©s, il conviendra donc de faire rĂ©aliser par le gĂ©riatre une Ă©valuation mĂ©dicale, sociale, psychologique et fonction-nelle, de dĂ©pister l’état de fragilitĂ© par l’Evaluation gĂ©rontologique StandardisĂ© (EgS) :

1- Marche et Ă©quilibre2 - Autonomie Physique - ADL (activitĂ©s de la vie quotidienne) - IADL (activitĂ©s instrumentales)3 - Evaluation des fonctions cognitives et de l’humeur4 - Evaluation nutritionnelle5 - Evaluation de la continence urinaire et fĂ©cale6 - Evaluation des traitements7 - Evaluation de la douleur8 - Evaluation sociale : famille, entourage, revenus, habitation par

rapport Ă  l’accessibilitĂ©, protection juridique9 - Evaluation de la qualitĂ© de vie

Les sujets du 4Ăšme Ăąge ayant un trouble auditif avec gĂȘne sociale ont un sur-risque important de dĂ©velopper des troubles cognitifs tangibles.

3 Perte d’autonomie et dĂ©pendance

L’autonomie est la capacitĂ© et le droit d’une personne Ă  choisir elle-mĂȘme les rĂšgles de la conduite de ses actes et des risques qu’elle est prĂȘte Ă  courir, la possibilitĂ© d’effectuer sans aide les principaux actes physiques, psychiques, sociaux, Ă©conomiques de la vie courante, et Ă  assurer sans aide la satisfaction des besoins fondamentaux, et la possibilitĂ© de s’adapter Ă  son environnement. La non-satisfaction de ces besoins constitue la perte d’autonomie.

La dĂ©pendance apparaĂźt lorsque malgrĂ© des amĂ©nagements, les soins et actes courants deviennent impossibles, lorsque la personne ĂągĂ©e est dans l’incapacitĂ© de subvenir seule Ă  la satisfaction de ses besoins fondamentaux. L’arrivĂ©e aux Ăąges Ă©levĂ©s s’accompagne pour certaines personnes d’un besoin d’aide pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne (faire sa toilette, s’habiller, se lever, se coucher, s’asseoir, aller aux toilettes et pouvoir les utiliser). La dĂ©pendance s’apprĂ©cie en fonction de ce besoin d’aide.

% de

célibataires

% de

marié(e)s

% de

veufs(ves)

% de

divorcé(e)s

Hommes

80-84 ans 6,9 70,7 19,5 2,7

85-89 ans 6,2 59,1 32,7 2,0

90 et plus 8,0 35,8 54,7 1,5

Femmes

80-84 ans 7,5 25,3 63,3 3,9

85-89 ans 7,5 11,5 77,6 3,4

90 et plus 8,8 3,9 84,8 2,5

Tableau 3. État matrimonial des personnes ĂągĂ©es de plus de 80 ans (donnĂ©es au 1er janvier 2004). Source Insee, Ă©tat civil.

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52 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> E.P.U. 2012

4 Suivi prothétique et aides techniques

Suivi et maintenance personnalisĂ©s et rĂ©gulier sont les gages de la rĂ©ussite des appareillages de la personne trĂšs ĂągĂ©e. Nous nous baserons sur des anamnĂšses et des entretiens dirigĂ©s avec l’en-tourage habituel (parents, aidants, accompagnants fin de vie) car la personne de grand Ăąge ne peut souvent pas nous donner des informations prĂ©cises, concises, suffisamment explicites de la gĂȘne ressentie.

Ce sera l’occasion de revoir les enjeux rĂ©els et les limites de notre dĂ©marche prothĂ©tique : l’appareillage est utile pour communiquer avec le conjoint et les soignants, communiquer avec les autres rĂ©si-dents de l’EHPAD, participer aux activitĂ©s du lieu de vie collectif, permettre l’accĂšs aux mĂ©dias.

Les diffĂ©rents tests doivent pouvoir mettre en Ă©vidence les corrĂ©la-tions entre l’imprĂ©cision des seuils relevĂ©s et la gĂȘne rĂ©elle exprimĂ©e (dĂ©gradation de la vocale). Les incidences porteront sur la rĂ©flexion de la stratĂ©gie d’adaptation corrective, le choix des seuils d’enclen-chement et des facteurs de compression, ou aussi le contrĂŽle de l’apport de la lecture labiale (suite Ă  des dĂ©gradations ophtalmolo-giques, DMLA, etc.)

Dans ces sĂ©ances de suivi, nous valideront l’habiletĂ© manuelle (dextĂ©-ritĂ©, prĂ©hension des matĂ©riels mis en place), si l’entraĂźnement Ă  la manipulation nĂ©cessaire est suffisante et expliquĂ©e Ă  l’entourage, si le choix prothĂ©tique reste fonctionnel et rationnel (simplicitĂ© de mise en place, intra-conque prĂ©fĂ©rĂ© dans des cas de Parkinson et mise en route aisĂ©e par exemple), la gestion du changement de pile ou le choix d’une aide rechargeable se pose vraiment pour ces patients (ne pas oublier de remettre un accessoire-aimant aux aidants). On analysera le temps de port et la rĂ©partition des situations de vie (afin de modifier des options de dĂ©bruiteurs ou de modes de captation microphonique) : c’est le recueil des donnĂ©es (datalogging) et son analyse et les entretiens avec les accompagnants, allant jusqu’à «enquĂȘter» sur le lieu de vie collectif pour s’assurer de l’acoustique architecturale du cadre de vie pour constater l’état de multi-sources sonores entourant les pensionnaires de ces Ă©tablissements.

La gestion du larsen n’est pas anecdotique, il provient parfois d’une spirale dĂ©lĂ©tĂšre : par l’accroissement du risque d’hospitalisation, on constate une possible dĂ©nutrition conduisant au syndrome de glis-sement qui a pour consĂ©quence une modification du volume rĂ©si-duel e et des axes du CAE. L’embout devient inadaptĂ© car il « flotte » et amĂšne au larsen quasi permanent, les soignants ne mettent alors plus l’aide auditive, et ne nous prĂ©viennent pas forcĂ©ment rapide-ment. C’est toute la problĂ©matique de la maintenance avec ou sans la prĂ©sence du patient ĂągĂ© au sein de nos laboratoires.

Il existe Ă©galement un versant de propositions Ă  faire aux familles et aux soignants habituels des aides Ă  la communication possibles pour amĂ©liorer le quotidiens des patients de grand Ăąge : transmission Bluetooth pour la tĂ©lĂ©vision, tĂ©lĂ©phones adaptĂ©s (grosses touches, amplificateur incorporĂ©), systĂšmes d’alertes (sonores, visuelles), boucles magnĂ©tiques individuelles ou collectives (domicile, salles communes d’établissements), tĂ©lĂ©assistance et tĂ©lĂ©surveillance par alarmes Ă  distance.

Face Ă  une demande croissante, le temps est venu de rĂ©veiller les consciences Ă  la nĂ©cessitĂ© de sĂ©ances d’information et de formation auprĂšs des personnels soignants des EHPAD, USLD (unitĂ©s de soins de longue durĂ©e) ou EVC (Ă©tablissements de vie collective) : ainsi ces rencontres ont pour but de veiller Ă  la bonne mise en place (gestion du larsen), et au bon usage des Ă©quipements prothĂ©tiques,

ApprĂ©cier les activitĂ©s de la vie courante est une des spĂ©cificitĂ©s du grand Ăąge :Il s’agit de l’ensemble des activitĂ©s qui permettent la satisfaction des besoins fondamentaux de la personne. Elles sont considĂ©rĂ©es pour Ă©valuer l’autonomie d’une personne. Cela prend en compte 6 activitĂ©s fondamentales de la vie quotidienne :- Se laver,- S’habiller,- Toilette et hygiĂšne,- Se dĂ©placer,- La continence,- L’alimentation.

Mesurer les activitĂ©s instrumentales de la vie courante. Il s’agit d’ac-tivitĂ©s plus complexes que les activitĂ©s quotidiennes et elles sont, elles aussi, considĂ©rĂ©es pour Ă©valuer l’autonomie d’une personne. Cela comprend les activitĂ©s suivantes :- Utiliser le tĂ©lĂ©phone, - Faire les courses, - PrĂ©parer le repas, - Entretenir la maison,- Faire la lessive,- Utiliser les moyens de transport, - Tenir son budget, - Prendre les mĂ©dicaments correctement.

Cet aspect de l’Evaluation gĂ©rontologique StandardisĂ© permet en partie d’orienter le projet de vie et de fin de vie de la personne trĂšs ĂągĂ©e, en prĂ©venant les effets du vieillissement pour un vieillisse-ment rĂ©ussi imposant de respecter des rĂšgles hygiĂ©no-diĂ©tĂ©tiques : respect d’un poids idĂ©al, hygiĂšne dentaire et prothĂšses (prĂ©vention de la dĂ©nutrition), maintien des capacitĂ©s de rĂ©serve Ă  un niveau important (gestion du stress), stimuler les capacitĂ©s d’adaptation de l’organisme (au niveau cognitif, relationnel, physique [marche, stretching, Ă©tirements]).

Un vieillissement rĂ©ussi est interdĂ©pendant de l’état physique, des moyens Ă  Ă©viter les maladies, du maintien d’un haut niveau cognitif, et d’un engagement social par des activitĂ©s sociocommunautaires.

Les accompagnants (amis, bĂ©nĂ©voles, auxiliaires de vie) et les aidants naturels (famille, entourage proche) constituent depuis 2009 la prĂ©fĂ©rence des Français pour les solutions de maintien Ă  domicile conjuguĂ©e au vieillissement de la population. EstimĂ©s Ă  3 700 000 personnes et devrait croĂźtre mĂ©caniquement avec les besoins exponentiels liĂ©s Ă  la perte d’autonomie. RĂ©ussir le maintien Ă  domicile associĂ© au bien ĂȘtre de la personne ĂągĂ©e, des rapports officiels prĂ©cisent les mesures Ă  prendre pour lutter contre l’isole-ment et l’imprĂ©paration de ces accompagnants, et mettre en place un soutien aux aidants familiaux naturels par des prestations finan-ciĂšres, une formation, l’hĂ©bergement temporaire comme moment de rĂ©pit pour les cas lourds, confĂ©rer un statut lĂ©gal de l’aidant par exemple.

Graphique 4. Les 3 trajectoires de vieillissement fonctionnel, selon Patrick DEHAIL.

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53Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

E.P.U. 2012 <

6 Bibliographie

BROUILLET Denis, SYSSAU Arielle, - Le vieillissement cognitif normal, De Boeck Université, 331 p., 2000.

DEHAIL Patrick, DIU de Rééducation, module MPR gériatrie, CHU Bordeaux.

DREES, Etudes et RĂ©sultats n°689, L’offre en Ă©tablissements d’hĂ©berge-ment pour personnes ĂągĂ©es en 2007, mai 2009.

Etude Euro Track 2012, octobre 2012.

GILIS Kristel, Le constat dĂ©mographique, l’Observatoire des Retraites, 2007.

GIMBERT Virginie, MALOCHET Guillaume : Les dĂ©fis de l’accompagne-ment du grand Ăąge, rapport du Centre d’Analyse StratĂ©gique pour le Cabinet du Premier Ministre, 192 p., 2011.

HELFER Florence, PsychomotricitĂ© et personnes ĂągĂ©es : Ă©valuation par l’EGP et prise en charge, mĂ©moire pour l’obtention du D.E de psychomo-tricien, UniversitĂ© de Toulouse, 77 p., 2009.

La personne ùgée malade, Université M.V.F, 14 p., 2009.

La population ùgée, DREES, Conseil Général des Bouches-du-RhÎne, 2003.

Le rapport Ă  la santĂ© des personnes sourdes, malentendantes ou ayant des troubles de l’audition : rĂ©sultats d’une Ă©tude qualitative, INPES, 2010.

Les Français et le grand ùge, le BaromÚtre TNS Sofres, 2009.

Mesures du plan Alzheimer et maladies apparentées 2008-2012, Minis-tÚre des Affaires sociales et de la Santé, 2008.

SĂ©nescence de la Relation, Bulletin d’Audiophonologie Vol 15 n° 1 Ă  6, Association Franc-Comtoise d’Audiophonologie, Besançon, 876 p., 1982.

SINGH G et al., The Aging Hand and the Ergonomics of Hearing Aid Controls. Ear & Hearing, septembre 2012.

Spécificités des soins palliatifs en gériatrie, La Lettre de la SFAP, 2004

Prévention des chutes accidentelles chez la personne ùgée, Recomman-dations. HAS, 2005.

VERCHEZER ValĂ©rie, Le bĂ©nĂ©vole d’accompagnement du grand Ăąge en EHPAD : acteur et diffuseur d’une culture du « prendre soin citoyen » jusqu’à la fin de la vie, mĂ©moire de Master, Sciences Po Paris, 91 p., 2011.

Ă  vĂ©rifier la manipulation des matĂ©riels (organes de commande, piles et stations rechargeables), Ă  s’assurer des consignes liĂ©es Ă  l’entretien et l’hygiĂšne, conforter la bonne circulation des informa-tions en temps rĂ©el (s’assurer de l’examen prĂ©alable du patient par le mĂ©decin attachĂ© avant intervention de l’audioprothĂ©siste), et Ă  identifier dans la structure les bons interlocuteurs (prĂ©sents au long terme, capables de transmettre nos recommandations aux diffĂ©-rentes Ă©quipes se relayant auprĂšs des personnes trĂšs ĂągĂ©es).

Il peut demeurer localement le problĂšme du statut lĂ©gal de l’inter-venant lors de l’organisation des visites, ou des dĂ©placements, mais tant que cela se rĂ©alise en bonne intelligence avec tous les partici-pants et dans le respect des textes rĂ©glementaires, cela peut faire partie de nos missions thĂ©rapeutiques.

Tableau des Ă©tablissements concernĂ©s par nos Ă©ventuelles sĂ©ances d’information et de formation :

Total EHPAD 10305

Maisons de retraite 6504 63 %

Logements-foyers 2786 27 %

USLD 903 9 %

EHPAD temporaires 112 1 %

Nombre de places 684159

Maisons de retraite 471102 69 %

Logements-foyers 142913 21 %

USLD 68142 9 %

EHPAD temporaires 2002 1 %

Tableau 5. Nombre d’ EHPAD et de places d’hĂ©bergement, DREES, Etudes & RĂ©sultats n°6.

5 Conclusion

La poussĂ©e dĂ©mographique et l’augmentation de la dĂ©pendance des plus de 90 ans sont irrĂ©sistibles. Elles imposeront dans les prochaines annĂ©es d’imaginer des systĂšmes de protection spĂ©ci-fique contre le risque de perte d’autonomie (prĂ©voir les financements Ă  moyen terme). C’est pourquoi ont Ă©tĂ© conçus et organisĂ©s des Plans (Alzheimer 2008-2012, de longĂ©vitĂ©) pour amĂ©liorer la qualitĂ© de vie tant des patients que des aidants qui sont les piliers invisibles de la prise en charge de la dĂ©pendance selon ValĂ©rie gimbert.

Le suivi prothĂ©tique demeure primordial pour observer les Ă©volu-tions de la personne trĂšs ĂągĂ©e dans sa globalitĂ©, et nous impose un niveau d’écoute, de disponibilitĂ©, de remise en question de nos choix et stratĂ©gies. Nous n’hĂ©sitons pas Ă  reformuler les enjeux et les limites de la dĂ©marche de soin globale ; d’oĂč l’importance des informations dĂ©livrĂ©es Ă  chaque visite et la nĂ©cessitĂ© de documents Ă©crits remis au patient et aux aidants le cas Ă©chĂ©ant.

L’ergonomie reste l’un des critĂšres de choix avec le confort d’écoute en milieu bruyant exigĂ©s de cette catĂ©gorie de patients, et nous devons les garder Ă  l’esprit dans les cas d’extrĂȘme diffi-cultĂ© de manipulation. Enfin nous rĂ©flĂ©chiront avec les intervenants soignants des Ă©tablissements aux possibilitĂ©s d’aides techniques en rapport avec lieu de vie, pour optimiser le confort rĂ©el d’écoute des diffĂ©rents mĂ©dias mis Ă  disposition dans ces structures d’accueil.

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> INTERVIEW Philippe ESTOPPEY

Philippe, tu exerces l’audioprothĂšse depuis 35 ans en Suisse. Tu es membre corres-pondant Ă©tranger du CollĂšge National d’AudioprothĂšse. Lors de l’EPU 2012, nous avons pu survoler les facteurs pronostiques de l’efficacitĂ© de l’appareillage auditif. Nous avons vu que des disparitĂ©s existent entre les pays selon le niveau de prise en charge individualisĂ© du patient. Qu’en est il en Suisse ?Une Ă©tude EuroTrak suisse 2012, mandatĂ©e par l’association suisse des fabricants d’aides auditives montre que 8,8% de la population suisse souffre d’une perte d’acuitĂ© auditive. 38,8% des personnes touchĂ©es portent une aide audi-tive - 73% d’entre elles pour les deux oreilles. Le taux d’acquisition des aides auditives croĂźt avec l’ñge et l’augmentation de la perte audi-tive. En moyenne, les possesseurs d’aides auditives portent leurs ap-pareils pendant 8,3 heures par jour. L’ñge moyen de ces appareils se situe Ă  3,1 ans, 50% de ceux utili-sĂ©s aujourd’hui ayant Ă©tĂ© achetĂ©s au cours des 2 derniĂšres annĂ©es.Cette statistique montre combien la satisfaction des porteurs d’aides auditives est grande en Suisse. Cela, est dĂ», selon moi, en grande partie par la qualitĂ© qui Ă©tait de mise avant le 1er juillet 2011, mais Ă©galement et surtout par la qualitĂ© du travail de la majoritĂ© des audioprothĂ©sistes.Mais le systĂšme suisse de prise en charge des appareils auditifs vient de subir des changements impor-tants, que l’on peut qualifier de bou-leversement.

Quels bouleversements sont ils apparus en Suisse ?Pour comprendre cette malheureuse issue il est nĂ©cessaire de faire un peu d’histoire. L’ancien systĂšme, en vigueur jusqu’au 30 juin 2011 (citĂ© comme rĂ©fĂ©rence par beaucoup de responsables professionnels de divers pays europĂ©ens) consistait en une prise en charge financiĂšre en fonction du degrĂ© de surditĂ©. Une convention rĂ©glait la rĂ©munĂ©-ration des prestations fournies par les audioprothĂ©sistes agrĂ©Ă©s, ainsi que les obligations et droits des deux parties. Divers avenants Ă  cette convention prĂ©cisaient les modalitĂ©s tarifaires, de rĂ©parations, d’installa-tion des locaux (salle insonore, au-

diomĂštre, systĂšme de mesure in vivo et tout le matĂ©riel nĂ©cessaire au bon fonctionnement d’un centre audi-tif), ainsi que la formation continue. Le caractĂšre obligatoire de cette convention permettait de protĂ©ger la profession et d’assurer la meilleure qualitĂ© possible.Un systĂšme d’auto-dĂ©claration an-nuel obligeait chaque praticien Ă  prĂ©senter ses attestations de for-mation continue, de contrĂŽle de ses installations techniques, etc. Une commission collectait tous ces para-mĂštres et, en cas de manquement, diffĂ©rentes possibilitĂ©s de sanc-tions Ă©taient Ă  sa disposition. Des contrĂŽles inopinĂ©s Ă©taient effectuĂ©s rĂ©guliĂšrement chez les audioprothĂ©-sistes.Trois niveaux de prise en charge prĂ©-valaient. La dĂ©termination du niveau Ă©tait du ressort de l’ORL expert de l’assurance invaliditĂ© (AI). Un questionnaire psycho-social et professionnel permettait de pondĂ©-rer les aspects audiologiques. Ainsi un patient souffrant d’une surditĂ© lĂ©-gĂšre, mais dont l’impact socio-pro-fessionnel avait un retentissement important pouvait voir son niveau de prise en charge changer et donc voir la participation financiĂšre de l’AI augmenter de façon consĂ©quente.Des facteurs aggravants telle que surditĂ© en « pente de ski », Ă©tudes, formation, etc. permettait de faire « passer » un patient Ă  un niveau supĂ©rieur de prise en charge.Un contrĂŽle post-appareillage par l’ORL Ă©tait exigĂ© par les assurances pour finaliser le dossier et payer leur participation.Une Ă©ventuelle diffĂ©rence financiĂšre en cas de choix prothĂ©tique plus coĂ»teux Ă©tait directement facturĂ©e au patient. Ce systĂšme, bien rodĂ©, fonctionnait parfaitement, une com-mission paritaire discutait rĂ©guliĂšre-ment afin de l’affiner.L’audioprothĂ©siste dĂ©sirant adhĂ©rer au systĂšme devait ĂȘtre titulaire du Brevet FĂ©dĂ©ral d’AudioprothĂ©siste ou d’un titre jugĂ© Ă©quivalent et signer la convention qui le liait Ă  l’Office FĂ©dĂ©-ral des Assurances Sociales (OFAS).Il figurait alors sur la liste officielle des fournisseurs agrĂ©Ă©s par l’OFAS.

Le systĂšme semble trĂšs cohĂ©rent, assurant la qualitĂ© de prise en charge essentielle Ă  la rĂ©ussite de l’appareillage, un bon niveau de prise en charge fi-nanciĂšre en fonction des besoins

du patient et l’assurance d’une formation continue de la pro-fession. Quel Ă©cueil ce systĂšme a-t-il rencontrĂ© ?Le problĂšme de ce systĂšme selon l’OFAS Ă©tait son coĂ»t, au niveau de son fonctionnement et surtout des prestations octroyĂ©es. Effec-tivement, en quelques annĂ©es, le nombre d’appareillage a doublĂ© et les coĂ»ts aussi ! La volontĂ© d’économie ne date pas d’aujourd’hui puisque depuis plus de 5 ans la prise en charge des sys-tĂšmes auditifs par l’assurance inva-liditĂ© (AI) a rĂ©guliĂšrement diminuĂ©, passant, par exemple, de 5000.- Ă  3600 environ pour une stĂ©rĂ©ophonie du niveau 3, Ă  un forfait unique de 1650.- aujourd’hui !Cette volontĂ© s’explique par l’obli-gation d’économiser rapidement et Ă  tous les niveaux afin de juguler le dĂ©ficit annuel de l’AI (CHF 1 mil-liard an) et une dette cumulĂ©e de CHF 15 milliards !En 2007, l’OFAS dĂ©cida de mettre sur pied une centrale d’achat fĂ©dĂ©-rale afin de rĂ©duire au maximum les coĂ»ts en ne mettant Ă  disposition que certaines aides auditives de cer-tains fabricants sur le marchĂ© d’Etat, seules habilitĂ©es Ă  ĂȘtre rembour-sĂ©es !!! Un appel d’offre fut lancĂ©, mais dĂ©crĂ©tĂ© illĂ©gal par le tribunal fĂ©dĂ©ral administratif par manque de bases lĂ©gales.L’OFAS dĂ©cidĂąt de modifier les bases lĂ©gales et fit voter par les

Bioexpress

AudioprothĂ©siste brevet + fĂ©dĂ©ral avec spĂ©cialisation en pĂ©diatrie. Acoustique Riponne, Lausanne. Membre corres-pondant Ă©tranger du CollĂšge National d’AudioprothĂšse. Exerce l’audioprothĂšse depuis 1976. Il s’est spĂ©cialisĂ© dĂšs 1979 Ă  l’adaptation prothĂ©tique du jeune enfant. ChargĂ© de cours dans le cadre des HEP pour la formation des enseignants spĂ©cialisĂ©s en surditĂ©. Colla-boration avec le CHUV, service ORL, pour la consultation « acouphĂšnes ».

Arnaud COEZ

AudioprothĂ©siste D.E. Membre du CollĂšge National d’AudioprothĂšse

[email protected]

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INTERVIEW <

chambres fĂ©dĂ©rales la possibilitĂ©, pour la confĂ©dĂ©ration, de procĂ©der Ă  des appels d’offre! C’est donc une Ă©pĂ©e de DamoclĂšs qui pend au dessus de nos tĂȘtes.N’ayant plus la possibilitĂ© de faire des Ă©conomies rapidement, une premiĂšre coupe eut lieu au 1er janvier 2010, soit une diminution de 30% des prestations au patient, mais sans aucune atteinte au niveau de la convention.L’OFAS s’étant rendu compte de la dif-ficultĂ© de mettre sur pied « un magasin d’état », s’est tournĂ© vers un systĂšme de forfait payable Ă  l’assurĂ©, tout en voulant dĂ©manteler le systĂšme conventionnel, ga-rant de la qualitĂ©. Une pĂ©riode de nĂ©go-ciation s’engagea alors et la direction de l’OFAS s’obstina dans son systĂšme forfai-taire entiĂšrement libĂ©ralisĂ© !

La Suisse n’est pas rĂ©putĂ©e pour ses rĂ©voltes. Mais personne n’a pu contester cette dĂ©cision ?MalgrĂ© une farouche opposition des di-verses associations, l’OFAS n’écouta pas les arguments des professionnels de la branche et finit par imposer son systĂšme. La convention fut dĂ©noncĂ©e au 31 dĂ©-cembre 2010 pour le 30 juin 2011.Une nouvelle ordonnance rĂšgle les contri-butions sur les appareils auditifs, ainsi que les conditions gĂ©nĂ©rales pour y avoir droit :- prescription ORL- paiement du forfait au patient (CHF

840.- pour 1 appareil et 1650.- pour 2 appareils

- libre choix du fournisseur (en Suisse ou Ă  l’étranger !) et de l’appareillage homo-loguĂ© en Suisse

- rĂ©glementation particuliĂšre pour des cas exceptionnels rĂ©pondant Ă  des exigences trĂšs spĂ©cifiques, donne droit Ă  un rem-boursement supĂ©rieur au forfait fixe peut ĂȘtre reconnu. (systĂšme trĂšs restrictif)

- réglementation particuliÚre pour les mi-neurs (CHF 2 830.- de participation pour un appareillage monaural, CHF 4 170.- pour un appareillage binaural

- Conservation des obligations de l’an-cienne convention pour les audioprothĂ©-sistes reconnus « pĂ©diatriques »

- entraĂźnement auditif spĂ©cial pour patient ne s’habituant pas Ă  ses aides auditives (procĂ©dure de demande particuliĂšre)

- contribution au frais de piles et répara-tions

Aucune mention n’est faite quant aux qualitĂ©s requises par le fournisseur, seule la mention « ...que l’appareil a Ă©tĂ© remis par une personne qualifiĂ©e. Par personne qualifiĂ©e, on entend un professionnel en mesure d’apprĂ©cier l’utilisation d’un ap-pareil auditif, par ex. un audioprothĂ©siste, un pharmacien, un mĂ©decin ou un dro-guiste » !

Quelles ont Ă©tĂ© les consĂ©quences de cette prise de dĂ©cision unilatĂ©rale ?L’annonce de la baisse drastique des prestations a eu pour effet de dĂ©clencher une avalanche de demandes d’appa-reillages avant fin juin 2011 et le marchĂ© a vu bondir ses chiffres de plus de 30% pour 2011 par rapport Ă  2010 et chuter pour 2012 (-50% par rapport Ă  2011).Mais la plus importante des consĂ©-quences est bien la dĂ©rĂšglementation de notre profession qui se voit ouverte Ă  des « professionnels » non qualifiĂ©s et bien entendu le risque « d’accidents audiolo-giques» n’est pas exclu. De plus la prise en charge prothĂ©tique par ces non-profes-sionnels ne peut qu’ĂȘtre de piĂštre qualitĂ© et ainsi donner une image fausse d’une profession qui n’a cessĂ© de travailler pour sa reconnaissance.L’étude EuroTrak Suisse 2012 indique que plus de 90% des patients appareillĂ©s sont satisfait de leur audioprothĂ©siste pour 84% de satisfaction globale de leur appareillage. Il serait trĂšs dommageable que ces chiffres reculent Ă  cause de dĂ©ci-sions irrĂ©flĂ©chies et inadmissibles de nos autoritĂ©s.C’est Ă©galement donner la possibilitĂ© aux mĂ©decins de procĂ©der Ă  des adaptations !La mise sur pieds de rĂ©seau « corner » dans des pharmacies ou autre magasins d’optique est un vrai risque, aucune rĂ©-glementation ne rĂ©gissant les locaux dans lesquels « l’audioprothĂ©siste » doit adapter les appareils !

Devant ces dangers potentiels, comment s’organise la profession ?La scission de l’association suisse des audioprothĂ©sistes (AKUSTIKA), suivi de la fondation de l’association suisse des spĂ©-cialistes de l’audition(ASSA) n’a Ă©videm-ment pas arrangĂ© les choses, car la vision de la profession par les responsables des grandes chaĂźnes (ASSA) par rapport aux membres indĂ©pendants de l’AKUSTIKA n’est pas vraiment la mĂȘme. Il est actuel-lement trĂšs difficile de trouver des accords sur l’assurance qualitĂ©, la formation pro-fessionnelle et la formation continue en particulier. Toutefois, chacun tente de se dĂ©marquer et montre sa bonne volontĂ©. L’AKUSTIKA, par exemple, propose Ă  ses membres de signer une convention rassemblant les grands principes d’une procĂ©dure d’adap-tation prothĂ©tique de qualitĂ©. Un engage-ment similaire est proposĂ© aux membres de l’ASSA.Toutefois l’idĂ©al serait de pouvoir interve-nir au niveau fĂ©dĂ©ral et obtenir de l’Office FĂ©dĂ©ral de la SantĂ© Publique (OFSP) l’obli-gation d’autorisation de pratiquer, afin de protĂ©ger la profession. Effectivement,

le titre d’ « audioprothĂ©siste avec brevet fĂ©dĂ©ral » est un titre protĂ©gĂ© reconnu par l’Office fĂ©dĂ©ral de la formation et du travail (OFFT), mais l’autorisation de pratiquer des adaptations prothĂ©tiques est libre, dĂ©-pendant d’un autre Office !Notre Etat FĂ©dĂ©ral ne permet malheureu-sement pas de lĂ©gifĂ©rer Ă  ce niveau, cette compĂ©tence Ă©tant dĂ©volue aux cantons. Actuellement, seulement 7 cantons sur 26 soumettent la profession d’audiopro-thĂ©siste Ă  autorisation. Il s’agit donc d’en-gager des procĂ©dures diffĂ©renciĂ©es pour chaque canton !Comme on peut le constater, la bataille n’est pas terminĂ©e et le plus paradoxal dans cette histoire est que ce sont les audioprothĂ©sistes et fabricants qui se sont battus pour le maintien des prestations AI et non pas les associations de malen-tendants ! Effectivement, l’OFAS, a volon-tairement portĂ© les nĂ©gociations sur le terrain du prix des aides auditives et des prestations de l’audioprothĂ©siste, excessif selon elle ! Ce qui a eu pour consĂ©quence une fronde gĂ©nĂ©rale contre la profession, les associations de malentendants Ă©tant persuadĂ©es que l’OFAS agirait directe-ment sur les prix et non sur les prestations versĂ©es ! Mais la politique Ă©conomique du conseil fĂ©dĂ©ral, clairement libĂ©rale, lui in-terdit d’agir directement sur notre libertĂ© de commerce. L’OFAS a donc l’espoir de faire baisser les prix par le biais de la concurrence qui, dĂ©jĂ  agit, puisque que la moyenne des prix de vente est en diminu-tion. Toutefois cela n’est dĂ» que trĂšs fai-blement Ă  une baisse rĂ©elle des prix, mais bien Ă  la vente d’aides auditives moins sophistiquĂ©es, donc moins coĂ»teuses. In-dubitablement les malentendants, moins remboursĂ©s regardent Ă  deux fois avant la dĂ©pense et se tourne beaucoup plus vers des systĂšmes moins couteux! Cela ouvre Ă  mon avis une adaptation Ă  deux vitesses ! Le seul point positif Ă  souligner est que, grĂące Ă  l’engagement de l’association suisse des parents d’enfants dĂ©ficients auditifs, les prestations sont restĂ©es ac-ceptables pour les mineurs, permettant l’acquisition de systĂšmes corrects ! Tou-tefois, reste en suspens le problĂšme de la formation professionnelle : il est rare qu’un jeune ait terminĂ© une formation Ă  18 ans puisse ĂȘtre autonome et se payer un systĂšme auditif digne de ce nom !Il est tout Ă  fait malheureux que nos au-toritĂ©s n’aient pas voulu Ă©couter nos ar-guments et se soient tournĂ©es vers ce systĂšme de forfait et surtout aient refusĂ© de voir les dangers d’une libĂ©ralisation aussi drastique. Tout aussi malheureux, la nĂ©gation d’un mĂ©tier magnifique que je pratique et dĂ©fend depuis plus de 35 ans.

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5656 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

Amandine BERTAUX

AudioprothĂ©siste diplĂŽmĂ©e d’étatD.U AudioprothĂšse implantĂ©eD.U Audiophonologie de l’enfant

MĂ©tier et Technique AudioprothĂšse et Conseil de l’Ordre

Introduction

En 2008, dans le cadre de ma formation d’audioprothĂ©siste, mon mĂ©moire de fin d’études propo-sait de rĂ©pondre Ă  cette question toujours d’actualitĂ© : « La profession d’audioprothĂ©siste peut-elle Ă©voluer vers un Conseil de l’Ordre ? »Ma dĂ©marche a consistĂ© Ă  m’intĂ©-resser Ă  la faisabilitĂ© d’un Conseil de l’Ordre en audioprothĂšse en m’appuyant sur l’histoire de l’orga-nisation des professions mĂ©dicales et paramĂ©dicales, avant d’envisager les modifications du paysage profes-sionnel qui pourraient en rĂ©sulter. J’ai ensuite recueilli le point de vue de professionnels Ă  partir d’un ques-tionnaire distribuĂ© lors du congrĂšs annuel des audioprothĂ©sistes.

Origine des Ordres professionnels Si, selon l’acception la plus large, toute profession peut revendiquer une dĂ©ontologie, dĂ©finie par le dictionnaire comme « l’ensemble des devoirs qu’impose Ă  des profes-sionnels l’exercice de leur mĂ©tier » (Le Petit Robert), les professions libĂ©rales se distinguent en intĂ©grant souvent une relation humaine qui va au-delĂ  de la simple prestation tech-nique. L’Etat a rapidement compris l’intĂ©rĂȘt qu’il y avait Ă  laisser, sous son contrĂŽle, ces professions assurer elles-mĂȘmes la dĂ©finition et le respect de leur dĂ©ontologie, qui relĂšve de la morale professionnelle. C’est la mission dont sont chargĂ©s les Ordres professionnels.

Une quinzaine de professions rĂ©gle-mentĂ©es est aujourd’hui dotĂ©e d’une telle organisation : les mĂ©decins, les pharmaciens, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes, les pĂ©dicures podologues, les kinĂ©si-thĂ©rapeutes, les avocats, les archi-tectes, les experts comptables, les vĂ©tĂ©rinaires, etc. Ces Ordres profes-sionnels rĂ©sultent de la volontĂ© de l’Etat, mais aussi d’une demande pressante de la profession.

Ainsi, par exemple, dans les annĂ©es qui prĂ©cĂ©dĂšrent la Seconde guerre mondiale, la situation concurren-tielle devenue anarchique entre les pharmaciens et les pratiques commerciales abusives ont amenĂ© la profession Ă  rĂ©clamer la crĂ©ation d’un organisme officiel rĂ©gulateur de la profession. Ainsi, comme l’affirme Michel LASCOMBE, « Un Ordre professionnel est le rĂ©sultat de la volontĂ© des praticiens, des besoins de l’Etat, et de l’Histoire » (Michel LASCOMBE, les ordres profes-sionnels, thĂšse Strasbourg 1987, p 141-142). Les professions ne disposant pas d’Ordre sont Ă©gale-ment soumises Ă  une surveillance de l’autoritĂ© publique. Elles peuvent notamment ĂȘtre rĂ©gies par l’Union Nationale des Professionnels de la SantĂ© et le Haut Conseil des Profes-sions paramĂ©dicales.

L’organisation de la profession d’audioprothĂ©sisteLa profession d’audioprothĂ©siste est apparue lorsque l’évolution technologique a nĂ©cessitĂ© des connaissances mĂ©dicales et tech-niques pour adapter la prothĂšse aux besoins du patient.La loi du 3 janvier 1967 a stricte-ment dĂ©fini la profession d’audio-prothĂ©siste et une autre, votĂ©e en fĂ©vrier 1995, a fixĂ© les conditions de la formation nĂ©cessaires Ă  l’exercice du mĂ©tier. Enfin, un dĂ©cret dĂ©finis-sant les normes d’installation rela-tives Ă  l’adaptation des prothĂšses auditives a Ă©tĂ© dĂ©fini en 1985.La profession d’audioprothĂ©siste est devenue une profession rĂ©gle-mentĂ©e : son exercice est soumis Ă  des conditions de diplĂŽme par la loi 67-4 du 3 janvier 1967 : seules les personnes titulaires du diplĂŽme d’Etat d’audioprothĂ©siste ou de docteur en mĂ©decine peuvent exercer l’audio-prothĂšse (sauf dĂ©rogations article : art L4361-4 et L4361-5 du code de la santĂ© publique).

Les textes prĂ©voient aussi des condi-tions d’installation, mais en France, il n’existe pas de cadre dĂ©ontologique. Une charte des audioprothĂ©sistes a toutefois Ă©tĂ© adoptĂ©e en 1994, et un cadre europĂ©en a Ă©tĂ© fixĂ© par l’AEA (Association EuropĂ©enne des Audio-prothĂ©sistes), mais en l’état actuel de la lĂ©gislation, ils ne s’imposent pas Ă  la profession).

La profession est dĂ©finie dans le code de la santĂ© publique (articles L4361-1 Ă  L4361-8) : « Est consi-dĂ©rĂ© comme exerçant la profession d’audioprothĂ©siste toute personne qui procĂšde Ă  l’appareillage des dĂ©ficients de l’ouĂŻe. Cet appareillage comprend le choix, l’adaptation, la dĂ©livrance, le contrĂŽle d’effica-citĂ© immĂ©diate et permanente de la prothĂšse auditive et l’éducation prothĂ©tique du dĂ©ficient de l’ouĂŻe appareillĂ© ».

Au mĂȘme titre que d’autres profes-sions mĂ©dicales ou paramĂ©dicales (cf. ci-dessus) les audioprothĂ©sistes font partie de l’UNPS (Union Natio-nale des Professionnels de SantĂ©), et du Haut conseil des professions paramĂ©dicales.

Cette profession rĂ©cente comptait, au premier janvier 2008, d’aprĂšs la Direction de la recherche, des Ă©tudes, de l’évaluation et des statis-tiques (Dress) : 2116 audioprothĂ©-sistes en France mĂ©tropolitaine.

La profession d’audioprothĂ©siste est actuellement reprĂ©sentĂ©e auprĂšs des pouvoirs publics par une association, le CollĂšge National, instituĂ© en 1970, et des syndicats professionnels : l’UNSAF (Union Nationale de Syndi-cats des AudioprothĂ©sistes Français) et le SYNEA (Syndicat National des Entreprises de l’Audition).

Le CollÚge National, présidé par Monsieur Eric BIZAgUET, est une association qui regroupe 46 membres élus. Il a pour buts :

- De regrouper les audioprothĂ©-sistes ayant participĂ©, participant ou aptes Ă  participer Ă  l’Ensei-gnement prĂ©paratoire au DiplĂŽme

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57Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

MĂ©tier et Technique

d’Etat d’AudioprothĂ©siste, permet-tant ainsi aux directeurs des enseignements prĂ©paratoires au diplĂŽme d’Etat d’audioprothĂ©siste de disposer d’un corps profes-sionnel compĂ©tent.

- De veiller Ă  la qualitĂ© technique, scientifique, pĂ©dagogique et dĂ©ontologique de l’exercice de la profession d’audioprothĂ©siste et d’assurer la reprĂ©sentation et la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts dĂ©ontolo-giques et moraux de la profession d’audioprothĂ©siste.

A cette fin, le CollĂšge National d’Au-dioprothĂšse peut mettre en oeuvre toute action ou s’associer Ă  toute action, le cas Ă©chĂ©ant juridiction-nelle, judiciaire ou administrative, tendant Ă  assurer la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts ainsi dĂ©finis de la profession ou de l’un de ses membres.

- D’étudier les programmes d’ensei-gnement et ses modalitĂ©s d’exer-cice (cours, exposĂ©s, confĂ©rences, stages, etc.).

- De publier les textes, articles, documents, Ă©tudes et communica-tions concernant l’enseignement et l’exercice de la profession d’Au-dioprothĂ©siste.

- De promouvoir et de rĂ©compenser la recherche en audioprothĂšse et de faciliter aux audioprothĂ©sistes l’acquisition et le dĂ©veloppement de la culture scientifique fonda-mentale et appliquĂ©e dans le domaine de l’AudioprothĂšse.

- D’organiser la formation profes-sionnelle post-universitaire et d’y participer.

Qu’est ce qu’un Ordre professionnel ?Le dictionnaire Larousse dĂ©finit l’Ordre professionnel comme « un organisme de droit privĂ©, disposant de la personnalitĂ© juridique, crĂ©Ă© par la loi en vue d’assurer la rĂ©glementa-tion, la discipline et la dĂ©fense d’une profession libĂ©rale». Retenons une dĂ©finition plus juridique, qui prĂ©sente

un Ordre professionnel comme un « groupement professionnel ayant la personnalité juridique auquel sont obligatoirement affiliés les membres de la profession et bénéficiant de prérogatives étatiques, telles que le pouvoir réglementaire et le pouvoir disciplinaire. Le recours contre les décisions de ces organismes est porté, selon la nature de la profes-sion, devant une juridiction adminis-trative ou judiciaire. » (Lexique de termes juridiques - DALLOZ.1972).

L’Ordre a pour principale mission de dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts de la profes-sion. Il la reprĂ©sente auprĂšs des pouvoirs publics, Ă  la diffĂ©rence des syndicats, qui sont « chargĂ©s de reprĂ©senter les intĂ©rĂȘts de leurs membres, non de leur mĂ©tier » (Pierre Capitaine, Les Ordres profes-sionnels en droit privĂ©, thĂšse Mont-pellier 2006, p29). Il est aussi le garant de la qualitĂ© des prestations de ses membres dont il contrĂŽle l’accĂšs Ă  la profession. « Il s’agit lĂ  d’intĂ©rĂȘts que l’Etat ne veut pas ou ne peut pas gĂ©rer lui-mĂȘme. Ce qui justifie qu’il accepte que les ordres professionnels disposent de prĂ©ro-gatives de puissance publique ». (thĂšse Pierre Capitaine 2006).

Les Ordres professionnels ont des attributions de nature administrative :- ils contrĂŽlent l’accĂšs Ă  la profession- ils sont chargĂ©s de l’élaboration

des Codes de déontologie- ils contribuent à la définition des

rĂšgles gĂ©nĂ©rales d’exercice de la profession,

- ils doivent veiller à l’observation des rùgles professionnelles par chaque membre de la profession

- ils élaborent leur propre rÚglement intérieur.

Les Ordres professionnels ont des attributions de nature judiciaire- Ils agissent comme juridictions

lorsqu’ils statuent en matiùre disciplinaire,

- Ils ont capacité à ester en justice pour défendre leurs droits ou pour la défense de la profession.

Les Ordres professionnels sont

chargĂ©s de l’élaboration du code de dĂ©ontologie :

L’existence d’ordres professionnels soulĂšve de nombreuses interroga-tions, dĂ©bats et actions en justice remettant en cause la lĂ©galitĂ© de ces organismes.

Nous retiendrons les principaux sujets qui crĂ©ent polĂ©mique :- l’obligation de payer une cotisation

pour exercer sa profession, - Le monopole des Ordres et l’obli-

gation de s’y inscrire, souvent contestĂ©s et qui fait l’objet de nombreux contentieux,

- l’intervention des ordres profes-sionnels en matiùre tarifaire.

Quelles sont les carac-tĂ©ristiques communes entre les professions dotĂ©es d’un conseil de l’Ordre ? La leçon de l’Histoire.A travers l’histoire des professions mĂ©dicales et paramĂ©dicales, l’ap-parition des ordres professionnels correspond, Ă  un moment donnĂ©, Ă  un besoin pour encadrer et surveiller certaines professions de santĂ©.

Un parallĂšle peut ĂȘtre effectuĂ© entre les caractĂ©ristiques communes de ces professions qui ont amenĂ© Ă  la crĂ©ation d’un Ordre.

- une formation reconnue sanc-tionnĂ©e par un diplĂŽme d’Etat

- une forte demande de la profes-sion, dans certains cas pour mettre fin à des dérives et des abus commerciaux

- l’absence d’une reprĂ©sentation professionnelle unique

- la volontĂ© de l’Etat

- une indĂ©pendance professionnelle (Cette notion d’indĂ©pendance professionnelle est relative puisque l’Ordre des pĂ©dicures podologues sera quand mĂȘme crĂ©Ă© quelques annĂ©es plus tard pour rĂ©pondre Ă  un besoin d’organisation.)

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58 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> MĂ©TIER ET TECHNIQUE

La profession d’audio-prothĂ©siste remplit-elle les conditions necessaires ?1. Une compĂ©tenceTrois ans d’études sont aujourd’hui nĂ©ces-saires pour obtenir le diplĂŽme d’Etat d’au-dioprothĂ©siste, comprenant des cours thĂ©oriques et des stages pratiques. Ce niveau d’études atteste d’une qualification Ă©levĂ©e, sanctionnĂ©e par un titre d’ensei-gnement supĂ©rieur.

2. Une forte demande de la profession

L’enquĂȘte effectuĂ©e auprĂšs des profes-sionnels rĂ©vĂšle une forte majoritĂ© favo-rable Ă  la mise en place d’une organisation ordinale (cf. enquĂȘte sur LE POINT DE VUE DE LA PROFESSION). A cette occasion, les professionnels ont exprimĂ© le besoin de mettre fin Ă  certaines dĂ©rives et abus commerciaux, comme par exemple des mĂ©thodes de discount (le second appareil auditif offert, etc.), la vente par des non diplĂŽmĂ©s, le fait qu’un audioprothĂ©siste soit itinĂ©rant sur plusieurs centres...

3. Une représentation professionnelle diversifiée

La profession est reprĂ©sentĂ©e par diffĂ©-rentes associations et organisations syndi-cales qui dĂ©fendent des points de vue quelquefois divergents. MĂȘme si le CollĂšge National d’AudioprothĂšse est l’organisme qui fait autoritĂ© auprĂšs des pouvoirs publics, il ne peut prĂ©tendre rĂ©unir l’ensemble des courants de la profession.

4. Une indĂ©pendance profes-sionnelle : la nĂ©cessitĂ© d’adapter la prescription pour rechercher la meilleure solution pour satisfaire le patient

Dans l’exercice de la profession, l’audio-prothĂ©siste ne se contente pas d’exĂ©cuter une prescription mĂ©dicale comme pourrait l’ĂȘtre la prĂ©paration d’un mĂ©lange mĂ©di-cinal, l’injection d’un produit ou la vente de lunettes.

5. L’indĂ©pendance commerciale est-elle envi-sageable et nĂ©cessaire?

Concernant les audioprothĂ©sistes, il appa-raĂźt que l’indĂ©pendance commerciale est

nĂ©cessaire pour satisfaire aux impĂ©ra-tifs de la dĂ©ontologie mĂ©dicale mais, en s’appuyant sur le modĂšle des pharma-ciens, elle ne devrait pas interdire aux fournisseurs fabricants de matĂ©riels de pratiquer une certaine forme de publicitĂ© et aux laboratoires d’audioprothĂšse de se faire connaĂźtre. Le rĂŽle de l’instance ordi-nale serait de veiller Ă  Ă©viter toute dĂ©rive, par exemple en interdisant toute fixation concertĂ©e des prix (ce qui constitue une entente anticoncurrentielle) et en contrĂŽ-lant les freins pouvant ĂȘtre apportĂ©s Ă  la publicitĂ© sur les prix.

6. L’existence de rĂ©seaux de professionnels est-elle compatible ?

La question de la compatibilitĂ© avec les rĂ©seaux professionnels peut se poser. En effet, nous avons vu que seules les profes-sions libĂ©rales peuvent ĂȘtre organisĂ©es en Ordre. Il n’existe pas de dĂ©finition lĂ©gale de la notion de profession libĂ©rale mais nous pouvons retenir celle donnĂ©e par la Cour de Justice des CommunautĂ©s euro-pĂ©ennes «les professions libĂ©rales sont des activitĂ©s qui prĂ©sentent un caractĂšre intellectuel marquĂ©, requiĂšrent une quali-fication de niveau Ă©levĂ© et sont soumises Ă  une rĂ©glementation professionnelle prĂ©cise et stricte. Dans l’exercice d’une telle activitĂ©, l’élĂ©ment personnel a une importance spĂ©ciale, et un tel exercice prĂ©suppose, de toute maniĂšre, une grande autonomie dans l’accomplissement des actes professionnels» (communication du 9 fĂ©vrier 2004, COM 74 final. – IrĂšne Luc, magistrat, rapporteur gĂ©nĂ©ral adjoint du Conseil de la concurrence – Droit et patri-moine n° 153 p 64 nov.2006).IrĂšne Luc prĂ©cise : « Ces professions se distinguent des commerçants par le fait qu’elles ne poursuivent pas qu’un profit financier, mais qu’elles contribuent Ă  la poursuite de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. IndĂ©pen-dantes de l’Etat, elles sont autorĂ©gulĂ©es et sont rĂ©gies par des codes de dĂ©ontologie qui soumettent les rapports de concur-rence entre leurs membres Ă  des rĂšgles de comportement particuliĂšres, faisant appel Ă  des principes de confraternitĂ© n’ayant pas cours dans les relations concurren-tielles sur d’autres marchĂ©s de biens ou de services. Ces professions jouissent d’un statut protecteur et de certains droits exclusifs. » Depuis 1990, les professions libĂ©rales peuvent opter pour les formes commerciales des sociĂ©tĂ©s Ă  responsa-bilitĂ© limitĂ©e, sociĂ©tĂ© anonyme, sociĂ©tĂ©

en commandite par actions, sous les appellations de sociĂ©tĂ© d’exercice libĂ©ral Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e (SELARL), sociĂ©tĂ© d’exercice libĂ©ral Ă  forme anonyme (SELAFA) ou sociĂ©tĂ© d’exercice libĂ©ral par action simplifiĂ©e (SELAS).Des dispositions lĂ©gales adaptĂ©es permettent le respect de la dĂ©ontologie. La loi permet notamment l’inscription de sociĂ©tĂ©s au tableau de l’ordre, ce qui Ă©tait auparavant rĂ©servĂ© aux personnes physiques. (cf. thĂšse pour le diplĂŽme d’Etat de docteur en pharmacie, Mlle Rogemond Adeline, «les sociĂ©tĂ©s d’exercice libĂ©ral appliquĂ©es Ă  la pharmacie», universitĂ© de Lyon I, n°112 – 5 dĂ©c. 2003).D’autre part, en prenant Ă  nouveau l’exemple des pharmacies (hors cas parti-culier des sociĂ©tĂ©s mutualistes), depuis la loi MURCEF 2001-1168 du 11 dĂ©cembre 2001, le titulaire d’une officine en France peut ne dĂ©tenir que 51% des parts dans le cadre d’une SEL (SociĂ©tĂ© Ă  exercice libĂ©ral). Par contre, les 49% restants doivent ĂȘtre dĂ©tenus par un ou plusieurs pharmaciens dĂ©jĂ  installĂ©s, jamais par des capitaux extĂ©rieurs. C’est une situation provisoire puisque la loi MURCEF prĂ©voit que, lorsque les dĂ©crets d’application auront Ă©tĂ© publiĂ©s, des sociĂ©tĂ©s de partici-pation financiĂšres de professions libĂ©rales (SPFPL) pourront investir dans un nombre illimitĂ© de SEL, amenant Ă  la crĂ©ation de rĂ©seaux nationaux de pharmacies. Cette Ă©volution en cours concernant le statut des pharmacies permet, par analogie, de dĂ©duire que l’existence de rĂ©seaux professionnels d’audioprothĂ©-sistes pourrait sous certaines conditions ĂȘtre compatible avec l’exercice d’une profession contrĂŽlĂ©e par une instance ordinale. Par contre le responsable de chaque centre devrait ĂȘtre un audiopro-thĂ©siste diplĂŽmĂ©, et son appartenance Ă  un rĂ©seau ne devrait pas restreindre sa libertĂ© de choix des fournisseurs.

Une nĂ©cessaire adaptation de la profession1. Modifications dans l’organi-

sation de la professionLa crĂ©ation d’un Ordre professionnel ne remet pas en cause l’existence des syndi-cats. Certaines prĂ©rogatives sont du ressort exclusif de l’Ordre, d’autres des syndicats, et certaines sont partagĂ©es. Ainsi, ce sont les reprĂ©sentants de ces organisations syndicales qui constituent « l’Union natio-nale des professionnels de santĂ© » prĂ©vu par le code de la sĂ©curitĂ© sociale (dĂ©cret

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MĂ©TIER ET TECHNIQUE <

2004-1446 du 23 dĂ©cembre 2004). Toute-fois le rĂŽle des syndicats se trouve modifiĂ© lorsqu’une profession se dote d’un ordre professionnel.

2. Incidence sur les statuts actuels (salariés, indépendants, etc.)

La crĂ©ation d’un Ordre professionnel ne remet pas en cause les diffĂ©rents statuts. Les professions dotĂ©es d’un Ordre regrou-pent Ă  la fois les professionnels salariĂ©s et les indĂ©pendants, mais ils peuvent faire l’objet de reprĂ©sentations distinctes au sein des Conseils.

3. Impact sur l’activitĂ© de l’audioprothĂ©siste (lieux et nombre de magasins)

L’exercice d’une profession mĂ©dicale dotĂ©e d’un ordre professionnel est soumis Ă  une demande d’inscription au tableau du Conseil territorialement compĂ©tent. A la diffĂ©rence des pharmacies, la question du numerus clausus pourrait ĂȘtre dĂ©battue, il est possible que l’ouverture de centres soit soumise Ă  l’autorisation du Conseil, et qu’un mĂȘme audioprothĂ©siste ne puisse exercer que sur un nombre restreint de centres.

4. Obligation de participer Ă  la formation continue

Actuellement les audioprothĂ©sistes dispo-sent de plusieurs formations faculta-tives : l’enseignement post universitaire (E.P.U.), organisĂ© par le collĂšge national et le congrĂšs des audioprothĂ©sistes orga-nisĂ© par l’UNSAF ont lieu tous les ans. Il est Ă©galement possible d’obtenir des diplĂŽmes universitaires (D.U.).Les professions organisĂ©es en Ordre ont l’obligation de continuer Ă  se former, il en serait surement de mĂȘme pour les audio-prothĂ©sistes si ces derniers venaient Ă  se doter d’un Ordre.

Le point de vue de la profession. EnquĂȘteJ’ai distribuĂ© mes questionnaires lors du CongrĂšs des AudioprothĂ©sistes qui s’est tenu au CNIT Ă  Paris-La DĂ©fense le 29, 30 et 31 mars 2008. J’ai obtenu plus de 200 questionnaires renseignĂ©s, dont 191 exploitables. Les 191 audioprothĂ©sistes qui ont rĂ©pondu au questionnaire exercent en moyenne depuis 11 ans.

54% d’entre eux sont salariĂ©s, 30% indĂ©-pendants, et 16% responsables de centre

49% sont inquiets en ce qui concerne l’avenir de la profession.

81 % des audioprothĂ©sistes sont favo-rables Ă  la mise en place d’un conseil de l’Ordre des audioprothĂ©sistes, pensant que cette structure serait utile pour dĂ©fendre l’éthique de la profession et la moraliser. Il pourrait contribuer Ă  valoriser l’approche professionnelle privilĂ©giant la « qualitĂ© de service » (76%), il aurait une action complĂ©mentaire Ă  celle des syndicats (60%), il serait utile et nĂ©ces-saire pour prĂ©server l’avenir de la profes-sion (65%), il permettrait de participer au dĂ©veloppement du marchĂ© en veillant Ă  la qualitĂ© des prestations (58%),

En outre, 40% des sondĂ©s pensent que le conseil de l’ordre des audioprothĂ©sistes freinerait l’offensive commerciale purement Marketing. 45% pense qu’il serait une aide pour veiller Ă  ce que l’organisation de la profession soit assurĂ©e par des profession-nels indĂ©pendants des flux financiers. Une large majoritĂ©, 76%, pense souhaitable que les pratiques commerciales et la publicitĂ© soient strictement rĂ©glementĂ©es par un conseil de l’ordre.

Par ailleurs, 41 % pensent qu’il serait le

meilleur intermédiaire en cas de différent entre un audioprothésiste et un médecin, et 49% entre un audioprothésiste et un patient.

En conclusion, les audioprothĂ©sistes sondĂ©s sont trĂšs majoritairement favo-rables Ă  la mise en place d’un Ordre professionnel, et pourtant, seuls 41% sont adhĂ©rents d’une organisation profession-nelle ; or ce sont elles qui, aujourd’hui, dialoguent avec les pouvoirs publics et dĂ©fendent les intĂ©rĂȘts de la profession.

A travers l’analyse des questionnaires il ressort que les audioprothĂ©sistes sont, pour la plupart, conscients que la profession peut Ă©voluer vers une profes-sion « strictement commerciale » : 35% pensent que c’est « inĂ©vitable» et 73% ont rĂ©pondu qu’il serait souhaitable que les « pratiques commerciales et la publicitĂ© soient rĂ©glementĂ©e ».

Pour 52% des audioprothĂ©sistes, un Ordre serait nĂ©cessaire pour « assurer l’avenir de la profession » et notamment 48% pensent qu’il serait une aide pour assurer la mise en place d’une formation professionnelle continue efficace et indĂ©-pendante de groupes de pression.

L’avenir de la profession les prĂ©occupe et la mise en place d’un conseil de l’Ordre peut ĂȘtre une solution qui permettrait de garantir une morale professionnelle commune.

Cependant, comme le montre l’Histoire des professions mĂ©dicales et paramĂ©-dicales actuellement dotĂ©es d’un Ordre professionnel, la mise en place de cette organisation ne rĂ©sultent pas seulement d’une volontĂ© des professionnels.

Page 62: Dossier - college-nat-audio.fr

Notes de lecture DerniĂšres parutions scientifiques

François DEGOVE

Membre du Collùge National d’Audioprothùse

francois.degove@

wanadoo.fr

6060 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

THE HUMAN AUDITORY CORTEX ED : D. POEPPEL,T. OVERATH, A.N. POPPER & R.R. FAY SPRINGER 117,65e; 396 P ; 2012

Cette nouvelle monographie de l’ex-cellente collection Springer Hand-book of Auditory Research (SHAR) a pour particularitĂ© de traiter du cortex auditif chez l’homme et pas seulement en gĂ©nĂ©ral, ce qui ne manquera pas d’ĂȘtre plus direc-tement digne d’intĂ©rĂȘt pour les cliniciens que nous sommes (il est bien Ă©videmment aussi du plus haut intĂ©rĂȘt pour les chercheurs).

Il est composĂ© de deux parties : la premiĂšre dĂ©crit les principales techniques actuellement utilisĂ©es pour Ă©tudier le cerveau humain et tout particuliĂšrement dans l’explo-ration de son cortex auditif. L’ana-tomie du cortex auditif humain est tout d’abord prĂ©sentĂ©e ainsi que la description de la nomenclature des diffĂ©rentes structures la composant, l’ensemble Ă©tant replacĂ© dans son contexte historique. Sont ensuite prĂ©sentĂ©s les enregistrements intra-crĂąniens de patients lors de procĂ©-dures neurochirurgicales ou d’une Ă©valuation prĂ©opĂ©ratoire puis les

techniques d’exploration non inva-sives : l’électroencĂ©phalographie (EEg), la magnĂ©toencĂ©phalographie (MEg) et enfin l’imagerie fonction-nelle par rĂ©sonnance magnĂ©tique (IRMf) qui a l’avantage de fournir une excellente rĂ©solution spatiale.

La deuxiĂšme partie dĂ©bute par l’exposition du traitement neural des attributs perceptifs de base en familiarisant le lecteur avec les problĂšmes Ă©lĂ©mentaires posĂ©s pas l’encodage des sons purs, de leur frĂ©quence et de leur intensitĂ©. Ensuite les concepts de scĂšnes et de flux auditif sont prĂ©sentĂ©s avant l’exposition d’une des tĂąches majeures du cortex auditif humain : la perception du langage. Puis, Ă  l’étude des substrats corticaux du traitement de la musique succĂš-dent le rĂŽle multisensoriel du cortex auditif humain et la prĂ©sentation de la variĂ©tĂ© fonctionnelle du planum temporale, structure anatomique du lobe temporal dont l’intĂ©gritĂ© est requise pour le traitement des sons complexes. Pour terminer une prĂ©sentation est faite des synthĂšses de modĂšles informatisĂ©s reliant les donnĂ©es des diffĂ©rentes mĂ©thodolo-gies utilisĂ©es dans la rĂ©alisation des modĂšles animaux et humains

Dans cet ouvrage exhaustif et trĂšs clair, nous avons mĂȘme le plaisir un peu cocardier de trouver deux auteurs français, ce qui ne doit surtout pas, en tout Ă©tat de cause, ĂȘtre la seule raison de le lire, car il doit faire partie de la bibliothĂšque de tout honnĂȘte homme s’impliquant dans l’étude des diffĂ©rentes disci-plines ayant trait Ă  l’audition.

L’ERREUR MEDICALE, LE BURN-OUT ET LE SOIGNANT De la Seconde victime au Premier ActeurERIC GALAM SPRINGER 227p. ; 2012

Ce livre traite d’un sujet important et de plus en plus Ă©voquĂ© au sujet des professionnels de santĂ©. En effet, les incidents et les accidents peuvent survenir Ă  tous les niveaux. Certains peuvent ne pas ĂȘtre spectaculaires mais trĂšs dĂ©stabilisantes pour les patients bien sĂ»r mais aussi on l’oublie souvent pour les praticiens. Dans le domaine de l’audiologie une erreur de diagnostic peut toujours se produire lors d’une consultation (et certaines peuvent ĂȘtre trĂšs prĂ©ju-diciables). Le premier constat est qu’un fonctionnement en Ă©quipe

Page 63: Dossier - college-nat-audio.fr

NOTES DE LECTURE <

Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012 61

accroßt trÚs sensiblement la sécurité et donc diminue le risque pour un patient.

Cas pratique : une surditĂ© se met Ă  fluctuer chez un enfant sans qu’on puisse comprendre ce qui se produit. Un doute apparaĂŽĂźt sur ce cas de surditĂ© du fait d’un niveau de comprĂ©hension et de perception trĂšs variable chez un enfant de 10 ans. S’agit-il d’une affabulation (pour un cas que nous avons connu cela n’était pas exclue du fait de la situa-tion familiale et de la psychologie de cet enfant) ? S’agit-il d’une erreur de diagnostic ? A-t-on eu tort d’appa-reiller l’enfant (puisqu’il semblait trĂšs mal supporter ses appareils Ă  certains moments et disait qu’il n’en avait pas besoin) ? AprĂšs discus-sion et recoupement sur les dire et un nombre relativement impor-tant d’audiogrammes une fistule pĂ©ri-lymphatique est suspectĂ©e et confirmĂ©e par un service hospitalier spĂ©cialisĂ©. Elle n’a pu ĂȘtre opĂ©rĂ©e. Aujourd’hui adulte il a toujours autant de difficultĂ© avec son appa-reillage. Il veut nĂ©anmoins ĂȘtre appa-reillĂ© parce qu’il en ressent le besoin Ă  certains moments mais « ça ne marche jamais bien » ! Il a malheu-reusement eu un parcours scolaire qui fait qu’il rencontre aujourd’hui toutes les difficultĂ©s qu’on essaie d’éviter aux enfants qui nous sont confiĂ©s. Comment gĂ©rer des situa-tions qui dans certains cas pour-raient nous retomber dessus et non sans raison ? Est-on certain d’avoir des bonnes pratiques ? Des bons jugements ? Doit-on se dĂ©fausser ?

Tout l’intĂ©rĂȘt de ce genre de littĂ©ra-ture c’est d’essayer de mieux apprĂ©-hender ce qui est tolĂ©rable mĂȘme lorsque c’est grave et ce qui ne l’est pas. La rĂ©flexion prĂ©sente dans cet ouvrage pose aussi la question de savoir pourquoi certaines de ces situations sont dommageables pour les praticiens, non seulement professionnellement mais parfois

elles l’affectent psychologiquement et moralement ?

A cela une ou deux réponses paraß-traient devoir suffire :

- soit lorsqu’elles relĂšvent de la responsabilitĂ© d’un professionnel de santĂ© qui ne maĂźtrise pas les connaissances acquises ou avĂ©rĂ©es dans le domaine consi-dĂ©rĂ©,

- soit parce qu’il a fait preuve d’in-tĂ©rĂȘts personnels que ce soit matĂ©riellement ou par dĂ©faut de modestie.

Mais en rĂ©alitĂ© ce n’est pas toujours aussi simple et ces situations requiĂšrent un travail d’analyse trĂšs rigoureux avant d’aboutir Ă  une interprĂ©tation.

Dans la premiĂšre partie intitulĂ©e « Contexte » l’auteur aborde au travers de 2 chapitres le 1 : « la culture c’est la vraie vie » et le 2 « juridique » l’ensemble des problĂ©-matiques qu’il va falloir prendre en compte. Il prĂ©sente une « onto-logie » du savoir mĂ©dical tel qu’on le voudrait et rappelle les tentatives faites pour le rationaliser et en imposer autant que faire se peut l’acquisition par les professionnels. Mais il est clair que certains y sont parfois un peu rĂ©tifs considĂ©rant que ce qu’ils savent de thĂ©orie ajoutĂ© Ă  leur expĂ©rience suffit. L’auteur rappelle au passage que dans les Ă©vĂšnements indĂ©sirables toutes les sources sont possibles. En parti-culier des conduites humaines inadaptĂ©es dans des circonstances donnĂ©es, une absence de comprĂ©-hension de problĂšmes parce que rarement rencontrĂ©s, un manque de rigueur...

DerriĂšre ces conduites bien connues des professionnels se profile aussi la nĂ©cessitĂ© d’édicter des bonnes pratiques sans pour autant penser qu’elles vont « sauver » la « Pratique ». Chacun Ă©videmment distillant ces bonnes pratiques en

fonction de ses connaissances, de ses croyances, de sa psychologie, de ses habitudes et de sa culture. Pour sa part le lĂ©gislateur doit natu-rellement se montrer prĂ©sent. Il ne peut laisser la santĂ© aux profession-nels. C’est avant tout un service qui appartient au public. Cette premiĂšre partie devrait inspirer les professions de santĂ© qui n’ont pas encore suffi-samment creusĂ© leur sillon dans ce domaine.

Dans le chapitre 2 il est indiquĂ© que contrairement Ă  ce que de nombreux professionnels pensent, depuis les annĂ©es 90 la Cour de cassation instille petit Ă  petit des obligations de rĂ©sultats en plus des obligations de moyens. En rĂ©alitĂ© il faut bien comprendre que derriĂšre les obli-gations de moyens il y a toujours une obligation de rĂ©sultats. En effet il est toujours possible de recher-cher si un professionnel a utilisĂ© les derniĂšres connaissances et moyens techniques connus. On comprend bien que derriĂšre cette possible faute liĂ©e Ă  une absence de ces moyens se cache le rĂ©sultat. L’au-teur note de maniĂšre pertinente Ă  ce propos : « Aujourd’hui,(les citoyens) n’hĂ©sitent plus Ă  transformer leurs demandes en autant de droits Ă  se tourner vers l’Etat qui, Ă©levĂ© au rang de « providence », devient le dĂ©bi-teur universel vers lequel chacun livre ses dolĂ©ances dans une posi-tion de perpĂ©tuel crĂ©ancier. » Autre question intĂ©ressante : « Qu’est-ce qui incite les gens Ă  entrer dans ces procĂ©dures ? Les mĂ©diats pour plus de 90% mais aussi la dĂ©sacralisa-tion du mĂ©decin pour plus de 74% puis, pour prĂšs de 50%, la meilleure connaissance de leurs droits et, pour une mĂȘme proportion, l’animositĂ© des patients et des familles.

Notez que parmi les spĂ©cialitĂ©s dites « autres » parmi lesquels se trouvent l’audiologie il y a eu entre 2006 et 2009, selon le rapport 2010 de l’Observatoire des risques mĂ©dicaux

Page 64: Dossier - college-nat-audio.fr

62 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> NOTES DE LECTURE

423 dossiers (Toutes spĂ©cialitĂ©s confon-dues dans cette rubrique) qui ont fait l’objet d’un traitement pour indemnisation. Le niveau moyen des indemnisations Ă©tait de 71926 euros par dossier. Ce n’est pas rien ! Cela mĂ©rite de bien non seulement de bien s’assurer mais aussi de garder une grande prudence dans ses actes en restant trĂšs professionnel.

Partie 2, chapitre 1. Situation, dĂ©finitions et perceptions. La situation permet de dĂ©finir le contexte dans lequel l’erreur peut ĂȘtre commise. Travail sur le patient, travail sur « la maladie ». L’idĂ©e, concevoir des recommandations. Cela devrait impli-quer des discussions rĂ©pĂ©tĂ©es entre prati-ciens, travail sur le praticien ce qui permet d’analyser les situations auxquels il a Ă©tĂ© confrontĂ© pour lui permettre de prendre de la distance. Enfin, travail sur le contexte pour dĂ©velopper une culture de la sĂ©curitĂ© et donc approfondir les mĂ©thodologies.

En ce qui concerne les erreurs l’auteur rappelle qu’il y a 4 types d’individus : ceux qui ne les voient pas, qui ne veulent pas les voir, qui acceptent de les voir et enfin ceux qui s’efforcent de les voir. Les Ă©tudes statistiques sur le sujet sont trĂšs rĂ©vĂ©la-trices du degrĂ© d’anxiĂ©tĂ© des praticiens. Il est intĂ©ressant de noter que 30% des praticiens disent ne jamais avoir fait d’er-reurs... Dans ce chapitre il y a un dĂ©ve-loppement extrĂȘmement intĂ©ressant sur la notion d’erreur en mĂ©decine et dans le domaine de la santĂ© en gĂ©nĂ©ral. En effet l’erreur est souvent ramenĂ©e Ă  sont plus petit dĂ©nominateur commun qui est liĂ© Ă  la vĂ©racitĂ© ou non d’une assertion. Dans la santĂ© de nombreux biais conduisent Ă  l’erreur. Par exemple, celui liĂ© une procĂ©-dure opĂ©ratoire standard qui peut conduire Ă  l’impossibilitĂ© d’atteindre un objectif ou un rĂ©sultat.

Dans le chapitre 2 intitulĂ© « je me trompe comme je suis ». L’idĂ©e est en fait de pousser un peu le lecteur Ă  admettre que l’erreur est source de connaissance dans la mesure oĂč elle permet de rĂ©duire la quantitĂ© de champ Ă  explorer.

Partie 3 Impacts. Chapitre 1 la seconde victime. C’est bien le soignant qui est au centre du livre vous l’aurez compris et de ce fait il est traitĂ© de maniĂšre un peu plus centrale. Par Ă©gard Ă  la 1Ăšre victime il devient la seconde. Mais est-ce un jeu de passe passe ou le soignant peut-il ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une rĂ©elle victime. D’un certain point de vue il faut partir du prin-

cipe qu’il faudra bien que le professionnel refasse surface si la faute n’est pas gravis-sime. Il est donc nĂ©cessaire d’adopter un point de vue empathique. Effectivement si l’erreur est suffisamment grave pour que cela se termine mal il faut imaginer que l’auteur va subir des dĂ©sagrĂ©ments direc-tement. Mais, ces ennuis peuvent fort bien retentir sur son entourage direct du fait de son Ă©tat « mental » liĂ© Ă  la culpabilitĂ© et autres sentiments personnels mais aussi dans ses rapports avec les patients... La rĂ©flexion sur ces « accidents de travail » doit donc conduire chacun d’entre nous Ă  une grande humilitĂ© vis-Ă -vis des erreurs mais aussi Ă  une rigueur et un profession-nalisme toujours renouvelĂ©.

Dans le chapitre 2 est traitĂ© le « burn out » : sentiment de stress liĂ© au travail en particulier lorsque celui-ci nĂ©ces-site un engagement relationnel. En fait Ă©tymologiquement « burn out » signifie Ă©chouer, s’user, devenir Ă©puisĂ© devant une trop grande demande d’énergie. Un test d’évaluation est proposĂ© sous forme d’un questionnaire. C’est intĂ©ressant pour soi-mĂȘme et quand on travaille avec des collaborateurs de leur permettre d’éva-luer de temps Ă  autre leur Ă©tat psycholo-gique car il est dĂ©terminant pour la vie de l’équipe.

Chapitre 3 : qualitĂ© des soins. Il apparaĂźt que les gens dans la situation de stress Ă©voquĂ© dans le chapitre 2 font plus d’er-reurs que les autres et donc deviennent encore plus dangereux pour les patients.

Partie 4, gestions et interactions. Chapitre 1 : assumer et gérer, chapitre 2 se confier écouter, chapitre 3 dévoiler : le pour le contre. Pourquoi les soignants dévoilent la plupart du temps leurs erreurs avec grande difficulté ?

Sont analysĂ©es ici les consĂ©quences de cette attitude. Le chapitre 4 : parler avec les patients est aussi trĂšs intĂ©ressant car cela aide et motive pour ne pas systĂ©ma-tiquement entrer dans une situation de prĂ©servation de soi qui va parfois jusqu’à laisser un sentiment d’indiffĂ©rence et de dĂ©ni de la rĂ©alitĂ©.

Partie 5 : les clés. Chapitre 1. PremiÚre clé : analyser. Chapitre 2. DeuxiÚme clé : la pratique réflexive. Chapitre 3.

TroisiÚme clé : le travail de groupe. Chapitre 4. QuatriÚme clé : signaler. Chapitre 5. CinquiÚme clé : accompa-gner les secondes victimes. Chapitre 6. SixiÚme clé : transmettre. Chapitre 7.

SeptiĂšme clĂ© : articuler. Toutes ces entĂȘtes

de chapitres définissent des rÚgles et des

attitudes visant à améliorer la qualité du

travail et l’ouverture confiante vers les

autres. Nous renvoyons les profession-

nels vers la lecture trĂšs instructive de ce

livre qui, au passage, devrait suggérer aux

reprĂ©sentants Ă©lus une rĂ©flexion sur l’or-

ganisation de leur propre exercice et des

conditions d’amĂ©lioration possibles.

AUDITORY ELECTROPHYSIOLOGY ; A CLINICAL GUIDE ED. S.R. ATCHERSON & T.M. STOODY

THIEME

82,30e; 372 P ; 2012

Cet ouvrage prĂ©sente d’une maniĂšre trĂšs

agrĂ©able et trĂšs didactique l’ensemble

des aspects techniques des différents

potentiels Ă©voquĂ©s auditifs, de l’électro-

cochléographie (ECochg) à la Négativité

de discordance (MMN), en passant bien

entendu par les potentiels évoqués audi-

tifs du tronc cérébral (PEATC), les poten-

tiels de latence moyenne (PEALM) ancien-

nement dénommés PEA semi-précoces,

et les potentiels tardifs endogĂšnes et

exogĂšnes, sans oublier les potentiels

évoqués stationnaires (ASSR) ou les

réponses verouillées en fréquence (FFR).

Il se diffĂ©rencie d’autres ouvrages trai-

tant du mĂȘme sujet non pas tant par sa

remarquable exhaustivité, que par son

aspect « utile » en décrivant les implica-

tions pratiques de données fondamentales

comme par exemple la nature du filtrage

ou le positionnement des Ă©lectrodes. De

plus, de petits encadrés tout au long de

chaque chapitre permettent de retenir en

instantané les données essentielles de

ce qui vient d’ĂȘtre dĂ©veloppĂ© prĂ©cĂ©dem-

ment aussi bien sur un plan théorique que

pratique. Enfin, cerise sur le gĂąteau, la

bibliographie est trùs complùte, n’oubliant

pas les auteurs non américains comme

d’autres ouvrages, par ailleurs excellents.

Cet ouvrage nous paraĂźt donc devoir ĂȘtre

recommandé aussi bien à celui qui veut

dĂ©buter qu’à celui qui veut mettre Ă  jour

ses connaissances sur un sujet qui est

bien loin d’ĂȘtre Ă©puisĂ©.

François Degove

Page 65: Dossier - college-nat-audio.fr

toutes les réalisations

du Collùge National d’Audioprothùse

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Soit un rÚglement total (exonéré de TVA) ...........e

Page 66: Dossier - college-nat-audio.fr

6464 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

Philippe LURQUIN AudioprothĂ©siste, ChargĂ© de cours, Membre du CollĂšge National d’AudioprothĂšse 1000, Bruxelles [email protected]

Maud REAL LogopĂšde, ChargĂ©e de cours, 1000, Bruxelles [email protected]

P. COTTON Audioprothésiste Roubaix,Tourcoing

veille acouphĂšnes Les somato-acouphĂšnes

Préambule

Qui a dit que la Science en matiĂšre d’acouphĂšne n’évoluait guĂšre et que les connaissances nouvelles n’ap-portaient pas de nouvelles rĂ©ponses Ă  cette pathologie difficile ?

L’évolution rĂ©cente des connaissances a permis de dĂ©crire une association syndromique : l’acouphĂšne associĂ© Ă  une sensation somesthĂ©sique au niveau de la face. L’appellation consacrĂ©e est « somato-acouphĂšne » (somatic tinnitus). Elle est peu Ă©voquĂ©e dans les encyclopĂ©dies ou dans le cours des facultĂ©s de mĂ©decine. VoilĂ  la raison pour laquelle la prĂ©sente veille acouphĂšne y est consacrĂ©e ! Elle a pour objet de jeter un Ă©clairage neuf sur l’acouphĂšne, de prĂ©senter un compte-rendu de recherches rĂ©centes de façon Ă  permettre aux audiopro-thĂ©sistes la dimension neurologique de l’acouphĂšne, de rĂ©pondre aux questions de leur patient, d’affiner leur expertise et de se positionner en professionnel

Introduction

Les somato acouphĂšnes sont une entitĂ© pathologique dĂ©crite, il y a peu. Elle est donc peu Ă©voquĂ©e dans les encyclopĂ©dies ou dans le cours des facultĂ©s de mĂ©decine. VoilĂ  la raison pour laquelle cette veille acouphĂšne y est consacrĂ©e. Un somato acouphĂšne est par dĂ©fi-nition la perception d’une sensa-tion aberrante dans le domaine acoustique (l’acouphĂšne) et dans le domaine somesthĂ©sique et en parti-culier la face. Il importe Ă  ce stade de rappeler que si la motricitĂ© des muscles du visage est majoritaire-ment assurĂ©e par la septiĂšme paire de nerfs crĂąniens, la sensibilitĂ© de la face, elle, est dĂ©pendante de la cinquiĂšme paire de nerfs crĂąniens ,encore appelĂ© nerf trijumeau. La zone d’innervation se divise en trois segments (frontal, sous orbitaire et mentonnier) et comprend le sommet du front, la zone pĂ©ri-auriculaire et la bouche.

h t t p : / /www.e-sem io .uvsq . f r /modules/neuro/154_le_v_ou_le_nerf_trijumeau.html.

Le diagnostic de somato-acouphĂšne peut ĂȘtre adressĂ© :

1) quand un acouphĂšne est associĂ© avec une perception « faciale » fantĂŽme .En pratique on rencontre des plaintes de sensation de chaleur, gonflement, souffle, pico-tements pouvant ĂȘtre regroupĂ©s sous le terme de dysesthĂ©sie faciale.

2) Quand un acouphĂšne peut ĂȘtre modulĂ© en frĂ©quence ou en inten-sitĂ© par une pression sur la face (zone d’innervation trigĂ©minĂ©e)

En général les deux perceptions cohabitent.

OrigineLe nerf auditif n’est pas composĂ© d’une seule piĂšce mais d’une sĂ©rie d’axone ou cellules nerveuses dont le soma constitue les noyaux, tubercules et autres olives, etc. Le premier relais du nerf auditif aprĂšs la cochlĂ©e est le noyau cochlĂ©aire.

La physiologie de celui-ci est de mieux en mieux comprise : de nombreuses Ă©tudes ont montrĂ© qu’en cas de sous-stimulation -en consĂ©quence de la perte des cellules ciliĂ©es- le noyau cochlĂ©aire rĂ©pond par l’envoi d’influx spon-tanĂ©s. Ceux-ci engendrent une perception augmentĂ©e de la percep-tion psychoacoustique (par exemple les sons moyens semblent forts et les sons forts sont perçus comme trĂšs forts).Ce mĂ©canisme compen-satoire a comme corollaire psychoa-coustique l’hyperacousie.

Comme le noyau cochlĂ©aire respecte la distribution tonotopique, seules ses cellules responsables de la transmission des frĂ©quences lĂ©sĂ©es produiront des potentiels d’action spontanĂ©s. Si une synchronisation des dĂ©charges spontanĂ©es se produit le cortex recevant une information, certes spontanĂ©e, codera celle-ci

comme une frĂ©quence : l’acouphĂšne est crĂ©Ă©. De trĂšs nombreuses Ă©tudes aujourd’hui dĂ©crivent l’activitĂ© du noyau cochlĂ©aire comme respon-sable de la crĂ©ation de l’acouphĂšne et de l’hyperacousie (Kaltenbach, Levine, Norena, Eggermont, Shore, voir bibiographie). L’amĂ©lioration de la connaissance d’une trĂšs vaste majoritĂ© d’acouphĂšnes chroniques permet aussi de comprendre la notion de somato-acouphĂšne. En effet le noyau cochlĂ©aire est aussi un des relais privilĂ©giĂ© du nerf triju-meau. La crĂ©ation d’influx nerveux « fantĂŽme » par le noyau cochlĂ©aire gĂ©nĂšrera Ă©galement une perception fantĂŽme au niveau du visage ou la possibilitĂ© de moduler l’acouphĂšne par une pression ou une manipula-tion de la face.

ExpĂ©rimentationDans notre pratique quotidienne, nous avons pu nous rendre compte qu’une partie des patients acouphĂ©-niques souhaitant bĂ©nĂ©ficier d’une ThĂ©rapie sonore (TRT) prĂ©sentaient des gĂȘnes faciales associĂ©es. Il nous est donc apparu nĂ©cessaire de rĂ©aliser une premiĂšre Ă©tude d’inci-dence au sein du service sur la base d’un questionnaire validĂ©. Celle-ci a pour objectif premier d’établir la part de la population acouphĂšnique du service ORL concernĂ©e par un somato-acouphĂšne.

Enfin, il nous a semblĂ© judicieux d’étudier s’il Ă©tait possible, au sein de la population prĂ©sentant un somato-acouphĂšne, d’établir une corrĂ©lation entre l’importance de la gĂȘne faciale et les sous-Ă©chelles interrogĂ©es par l’interview struc-turĂ©e de Jastreboff :

- l’intensitĂ© de l’acouphĂšne,

- l’importance de la dĂ©tresse provo-quĂ©e par l’acouphĂšne,

- la conscience de l’acouphùne,

- l’incidence de l’acouphùne sur la vie du patient.

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VEILLE ACOUPHĂšNES <

Nous avons voulu Ă©tudier un Ă©chan-tillon reprĂ©sentatif de la popula-tion acouphĂ©nique frĂ©quentant le CHU. Nous avons enregistrĂ© tous les patients entrants en consul-tation sur une durĂ©e de quatre mois pour obtenir un total de 70 patients, 21 d’entre eux prĂ©sen-tent un acouphĂšne unilatĂ©ral et 49 un acouphĂšne bilatĂ©ral. Ceci nous fait donc un total de 119 oreilles acouphĂšniques. La surditĂ© moyenne enregistrĂ©e Ă©tait lĂ©gĂšre en pente douce (40 dB de perte moyenne Ă  1000 Hz pour 50 Ă  4000 Hz).

PrĂ©cisons que tous les patients se prĂ©sentant au service ORL avec un acouphĂšne sont intĂ©grĂ©s Ă  cette Ă©tude qu’ils prĂ©sentent ou non une gĂȘne faciale. Il est Ă©galement Ă  noter qu’aucune sĂ©lection n’a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sur base de l’état psychologique des patients.

NB : Seuls les acouphĂšnes objectifs ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s. En effet, dans ce cas, la cause n’est pas une lĂ©sion cochlĂ©aire et donc aucune consĂ©-quence liĂ©e Ă  la plasticitĂ© du SNC n’est Ă  envisager. Afin d’obtenir un outil de mesure adaptĂ© Ă  notre Ă©tude, il a fallu rĂ©aliser un questionnaire (interview structurĂ©e de Jastreboff) permettant d’évaluer de maniĂšre subjective la sĂ©vĂ©ritĂ© de l’acouphĂšne ainsi que l’importance de l’hype-racousie. Nous y avons ajoutĂ© une Ă©chelle de la gĂȘne faciale. L’im-portance de chaque problĂšme est mesurĂ©e grĂące Ă  des Ă©chelles numĂ©-riques visuo-analogiques.

RĂ©sultatsa) IncidenceAvant toute chose, rappelons tout de mĂȘme que nous avons considĂ©rĂ© comme somato-acouphĂšniques les patients prĂ©sentant au moins un des deux critĂšres suivants :

- sensation au niveau de la face.

- capacitĂ© Ă  moduler l’acouphĂšne par manipulation au niveau de la face.

Sur la base de cette définition, nous avons établi que 56% des acouphÚ-niques présentent un somato-acouphÚne.

Il nous est ensuite paru plus opportun de comptabiliser les somato-acouphĂšniques prĂ©sentant une gĂȘne faciale, c’est-Ă -dire les patients ayant au moins une note Ă©gale Ă  « 1 » sur l’échelle visuo-analogique de la gĂȘne faciale. Nous appellerons cette population : les somato-acouphĂšniques plaintifs.

NB : Les somato-acouphĂšniques prĂ©sentant uniquement la capacitĂ© de moduler leur acouphĂšne ont tous attribuĂ© « 0 » Ă  la gĂȘne faciale. En effet, ces patients ne perçoivent pas cette capacitĂ© comme une gĂȘne. Nous avons alors Ă©tabli que 30 % des acouphĂ©niques apparte-naient Ă  la population des somato-acouphĂšniques plaintifs ! Enfin, afin de reprĂ©senter la population trĂšs gĂȘnĂ©e par sa sensation faciale, nous avons comptabilisĂ© uniquement

les patients somato-acouphĂšniques ayant attribuĂ© une note supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  « 3 » sur l’échelle de la gĂȘne faciale. Nous avons ainsi crĂ©Ă© la population des somato-acouphĂš-niques plaintifs avec gĂȘne faciale importante.

Il apparaßt alors que 20% des acou-phéniques appartiennent à cette classe (Figure 1).

b) Etude de la population somato-acouphénique

Cette partie de notre Ă©tude a pour but de mieux connaĂźtre la composi-tion de la population somato-acou-phĂ©nique d’un point de vue quan-titatif et qualitatif (les 55,71 % de l’échantillon total)...

Nous avons dans un premier temps voulu quantifier les populations capables de moduler leur acouphÚne par manipulation au niveau de la face ainsi que celles présentant

Figure 1

Type % de la population totale

Somato-acouphénique 55.71%

Somato-acouphénique plaintif 30%

Soamto-acouphĂ©nique avec gĂȘne importante 20%

Tableau 1

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66 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> VEILLE ACOUPHĂšNES

une sensation au niveau de la face. Il est apparu que 35,9 % des somato-acouphĂšniques sont uniquement capables de moduler leur acouphĂšne ; 51,3% ont uniquement une sensation au niveau de la face qui Ă©tait inexistante avant l’apparition de l’acouphĂšne ; enfin 12,8 % prĂ©sentent les deux aspects (Figure 2).

Importance de la gĂȘne faciale

Certains patients ayant une sensation faciale ne considĂšrent pas cette derniĂšre comme une gĂȘne. Ainsi, 16 % des sensations faciales n’engendrent aucune plainte (Ă©chelle visuo-analogique Ă  0). Ceci signifie que les 84% des sensations faciales restantes sont des sensations au moins un peu gĂȘnantes !

c) Association subjective de la gĂȘne faciale et de l’acouphĂšne

Nous avons enfin trouvĂ© intĂ©ressant de faire ressortir que la majeure partie des patients (80%) ayant une sensation au niveau de la face Ă©tablissent un lien entre cette sensation et leur acouphĂšne (Figure 3). C’est-Ă -dire qu’ils ont la sensation que la gĂȘne faciale est plus forte les jours oĂč l’acouphĂšne est plus fort.

d) Importance de la gĂȘne faciale et sĂ©vĂ©ritĂ© de l’acouphĂšne

Dans cette derniĂšre partie dĂ©diĂ©e aux rĂ©sultats expĂ©rimentaux de notre Ă©tude, nous avons cherchĂ© Ă  Ă©tablir des corrĂ©la-tions entre l’importance de la gĂȘne faciale et les diffĂ©rentes rĂ©ponses aux sous-Ă©chelles de l’interview structurĂ©e visant Ă  renseigner sur la sĂ©vĂ©ritĂ© de l’acouphĂšne.

Nous n’avons pu obtenir aucune corrĂ©la-tion significative entre l’importance de la gĂȘne faciale et aucune des sous-Ă©chelles Ă©valuĂ©es : conscience ,impact sur la vie du patient, gĂȘne due Ă  l’acouphĂšne, et inten-sitĂ© de celui-ci.

En conclusion il semble qu’il n’existe aucun lien entre l’importance de la gĂȘne faciale et la sĂ©vĂ©ritĂ© de l’acouphĂšne !

DiscussionA propos des corrélations :

Nous n’avons pas pu Ă©tablir de corrĂ©lation entre l’importance de la gĂȘne faciale et la sĂ©vĂ©ritĂ© de l’acouphĂšne. Tout se passe donc comme si les somato-acouphĂš-niques associaient bien leur acouphĂšne

Ă  leur gĂȘne faciale mais que la gĂȘne que procure chacun de ces phĂ©nomĂšnes est indĂ©pendante. Au sein de notre popula-tion, nous n’avons rencontrĂ© aucun cas avec une gĂȘne faciale supĂ©rieure Ă  la gĂȘne qu’il attribue Ă  l’acouphĂšne. Ceci est peut-ĂȘtre le signe que l’acouphĂšne est capable d’occuper une plus grande partie de leur attention. Le canal auditif pourrait ĂȘtre prioritaire sur le canal somesthĂ©sique et ainsi, lorsqu’ils Ă©coutent leur acouphĂšne, la gĂȘne faciale sortirait du champ de conscience.

Nous devons Ă©galement garder Ă  l’esprit que la gĂȘne est quelque chose de trĂšs subjectif et qu’une mĂȘme cause peut avoir un impact Ă©motionnel complĂštement diffĂ©rent d’une personne Ă  une autre.

Nous pouvons Ă©galement noter qu’une majoritĂ© des patients somato-acouphĂš-niques pris en charge en TRT semblaient soulagĂ©s lorsque nous leur annoncions qu’il Ă©tait probable que leur sensation faciale

Ă©tait liĂ©e Ă  leur acouphĂšne. Quelques-uns ont mĂȘme dĂ©clarĂ© qu’ils avaient pourtant posĂ© la question Ă  leur mĂ©decin car ils Ă©taient convaincus que les deux Ă©taient liĂ©s, mais il semble que ce phĂ©nomĂšne ne soit pas encore connu de tous.

Attitudes de l’audioprothĂ©siste

En conclusion il apparaĂźt clairement au terme de cette analyse que le somato-acouphĂšne est une entitĂ© physio-patholo-gique mĂ©connue jusqu’ici mais frĂ©quente. L’audioprothĂ©siste dĂ©sireux de travailler au sein d’une unitĂ© ou d’une Ă©quipe multi-disciplinaire spĂ©cialisĂ©e en acouphĂ©no-logie se devra d’interroger son patient sur l’existence d’une composante somatique ajoutĂ©e Ă  l’acouphĂšne. Le plus souvent la plainte sera mineure par rapport aux pertes des facultĂ©s attentionnelles, toute-fois deux remarques s’imposent :

Figure 3

Figure 2

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Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

VEILLE ACOUPHĂšNES <

1) Il convient d’accepter avec humilitĂ© -devant l’étendue des mĂ©canismes neurophysiologiques qui entourent l’acouphĂšne pas encore tous complĂš-tement expliquĂ©s- l’ensemble des plaintes ou la description quelquefois curieuse de la symptomatologie d’un acouphĂ©nique. Ainsi ce patient qui peut faire disparaĂźtre son acouphĂšne en appuyant sur telle ou telle partie du visage ne rĂȘve pas, pas plus que celui qui fait passer son acouphĂšne de l’aigu au grave en mordant sur les dents. De mĂȘme celui qui dĂ©crit la disparition, en quelques semaines aprĂšs la mise en place de l’appareil, de la paresthĂ©sie faciale qui le prĂ©occupait beaucoup (par exemple une sensation que son visage gonfle) n’est pas un doux cinglĂ©. Seule la connaissance des mĂ©canismes prĂ©sidant Ă  ces perceptions permettra Ă  l’audioprothĂ©siste de comprendre puis d’expliquer, de rationnaliser et enfin de rassurer son patient. Si l’acouphĂšne est l’expression de la plasticitĂ© de neurones poly-sensoriels (Shore 2007) alors tout s’explique... mais il est alors indispensable pour nous, audioprothĂ©-sistes, de quitter les limites imposĂ©es par la pratique de l’adaptation d’appa-reil Ă©lectro-acoustique et d’ouvrir les portes qui nous mĂšnent Ă  la neurophy-siologie de l’audition.

2) Bien que la diffusion d’une base de donnĂ©es et de statistiques concluantes en la matiĂšre fasse encore l’objet d’une pĂ©riode d’acquisition, l’emploi d’échelles visuo-analogiques ques-tionnant le patient sur la composante somatique de l’acouphĂšne en terme de gĂȘne, d’impact sur la vie ou temps de conscience par jour nous a dĂ©jĂ  suffi-samment renseignĂ© sur la possibilitĂ© qu’a l’audioprothĂ©siste d’inhiber ce symptĂŽme Ă  la grande satisfaction de nos patients. La condition du succĂšs semble ĂȘtre la diminution de l’hyperac-tivitĂ© du noyau cochlĂ©aire responsable des deux symptĂŽmes par l’emploi d’un bruit blanc. L’audioprothĂ©siste pourrait-il devenir Ă  cet Ă©gard le partenaire du neurologue, voire mĂȘme de rĂ©ussir lĂ  oĂč l’industrie pharmaceutique Ă©choue ?

Encore faut-il pour cela utiliser un ques-tionnaire -incluant la notion de somato-acouphĂšne- dĂ»ment validĂ©, reproductible et accessible Ă  tous, ce sera l’objet de notre prochaine veille.

BibliographieDehmel S.,Cui Y. L.,Shore S. E. (2008). Cross-Modal Interactions of Auditory and Somatic Inputs in the Brainstem and Midbrain and Their Imba-lance in Tinnitus and Deafness, American Journal of Audiology , Vol. 17, 193–209.

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6868 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

Blake S. Wilson et Michael F. Dorman

Traduit par Emeric KATONA, Audioprothésiste

veille implants cochléaires Les implants cochléaires : un passé remarquable et un brillant avenir (suite)

Vous lirez ci-dessous la suite de l’un des articles de rĂ©fĂ©rence quant Ă  la technologie des implants cochlĂ©aires. Il y est dĂ©crit de façon assez dĂ©taillĂ©e la forme que prend concrĂštement encore aujourd’hui un systĂšme d’implant cochlĂ©aire. Il est Ă  noter que cet article publiĂ© initialement en 2008 Ă©voque les performances du port unilatĂ©ral de l’implant cochlĂ©aire bien qu’au-jourd’hui, l’implantation cochlĂ©aire bilatĂ©rale devient un standard dans de nombreux pays.

Conceptions actuelles (en 2008)

Composantes des systĂšmes d’implants Les Ă©lĂ©ments essentiels d’un sys-tĂšme d’implant cochlĂ©aire sont illustrĂ©s dans la Figure 1 et incluent (1) un microphone pour la dĂ©tec-tion des sons environnants, (2) un processeur vocal pour transformer

la sortie du microphone en un en-semble de stimuli pour le faisceau d’électrodes implantĂ©s ; (3) un lien transcutanĂ© pour la transmission de l’énergie et des informations Ă  travers la peau ; (4) d’un rĂ©cepteur/stimulateur implantĂ© qui (i) dĂ©code les informations reçues Ă  partir du signal radio-frĂ©quence produit par une bobine externe de transmission et (ii) gĂ©nĂšre des stimuli en utilisant les instructions obtenues Ă  partir des informations dĂ©codĂ©es ; (5) un cĂąble multi-fils pour connecter les sorties du rĂ©cepteur/stimulateur aux Ă©lec-trodes individuelles et (6) un fais-ceau d’électrodes. Ces composants doivent travailler ensemble comme un systĂšme et une faiblesse dans un composant peut dĂ©grader les perfor-mances de maniĂšre significative. Par exemple, une limitation de la bande passante du lien transcutanĂ©e peut restreindre les types et les taux de stimuli qui peuvent ĂȘtre spĂ©cifiĂ©s par le processeur vocal externe et qui Ă  son tour, peut limiter les perfor-mances. Une discussion approfondie

de considérations pour la conception de prothÚses cochléaires et leurs éléments constitutifs est présentée par Wilson (2004).

Un « Ă©lĂ©ment » qui n’est pas illustrĂ© dans la Figure 1 est la composante biologique centrale du nerf auditif, y compris les voies auditives dans le tronc cĂ©rĂ©bral et le cortex auditif du porteur d’implant. Cette composante biologique est trĂšs variable dans son intĂ©gritĂ© fonctionnelle ainsi que les capacitĂ©s des patients (par exemple, Lee et al., 2001 ; Shepherd et Hardie, 2001 ; Sharma et al., 2002 ; Kral et al., 2006 ; Shepherd et al., 2006 ; Fallon et al., 2008), et cette variabi-litĂ© peut expliquer au moins en partie la diversitĂ© des rĂ©sultats qui persiste encore aujourd’hui chez les implan-tĂ©s cochlĂ©aires. Nous reviendrons sur ce point plus loin dans cet article.

La stimulation Ă©lectrique du nerf auditifLa principale cause de perte d’au-dition est l’endommagement ou la destruction complĂšte des cellules ciliĂ©es sensorielles. Malheureu-sement, les cellules ciliĂ©es sont des structures vulnĂ©rables et sont soumises Ă  une grande variĂ©tĂ© de problĂšmes incluant, mais pas seu-lement, les dĂ©fauts gĂ©nĂ©tiques, les maladies infectieuses (par exemple, la rubĂ©ole et la mĂ©ningite), la su-rexposition aux bruits forts, certains mĂ©dicaments (par exemple, la kana-mycine, la streptomycine, et la cis-platine), et le vieillissement. Dans la cochlĂ©e sourde ou devenue sourde, les cellules ciliĂ©es sont largement ou totalement absentes, coupant les connexions (Ă  la fois affĂ©rentes et effĂ©rentes) entre les systĂšmes au-ditifs pĂ©riphĂ©riques et centraux. La fonction d’une prothĂšse cochlĂ©aire est de contourner les cellules ciliĂ©es manquantes ou endommagĂ©es en stimulant directement les neurones survivants dans le nerf auditif, afin de rĂ©tablir l’entrĂ©e affĂ©rente au sys-tĂšme central.

Figure 1. ElĂ©ments d’un systĂšme d’implants cochlĂ©aires. Le systĂšme TEMPO+ est illustrĂ©, mais tous les systĂšmes actuels d’implants partagent les mĂȘmes Ă©lĂ©ments de base. (SchĂ©ma fournit par MED-EL Medical Electronics GmbH, Innsbruck, Autriche).

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VEILLE IMPLANTS COCHLĂ©AIRES <

Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

Dans certains cas, le nerf audi-tif peut ĂȘtre grossiĂšrement com-promis, rompu ou manquant, par exemple, dans certains types de surditĂ© congĂ©nitale, certains types de fractures de la base du crĂąne, et l’exĂ©rĂšse des tumeurs Ă  la surface ou Ă  l’intĂ©rieur du nerf auditif, qui prennent gĂ©nĂ©ralement le nerf avec la tumeur rĂ©sĂ©quĂ©e. Dans ces cas (heureusement rares), les structures centrales du nerf auditif doivent ĂȘtre stimulĂ©es pour restaurer la fonction. Les sites qui ont Ă©tĂ© utilisĂ©s incluent (1) la surface du noyau cochlĂ©aire dorsal (NCD) (par exemple, Otto et al, 2002.); (2) la surface du NCD combinĂ©e avec la stimulation intra-nuclĂ©aire en utilisant des Ă©lectrodes de pĂ©nĂ©tration en conjonction avec les Ă©lectrodes de surface (McCreery, 2008) et (3) le noyau central du colli-culus infĂ©rieur, en utilisant un rĂ©seau d’électrodes sur une tige de pĂ©nĂ©-tration ou « porteuse » (Lim et al., 2007, 2008). Le nombre de patients qui a reçu des implants Ă  ces en-droits dans le systĂšme auditif central est lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă  500, tan-dis que le nombre de patients qui a reçu un implant cochlĂ©aire Ă  ce jour dĂ©passe 120 000, comme mention-nĂ© prĂ©cĂ©demment. Dans le reste de cet article, la discussion est limitĂ©e aux implants cochlĂ©aires. Toutefois, d’autres documents dans ce numĂ©ro spĂ©cial dĂ©crivent l’expĂ©rience Ă  ce jour que l’on a avec la stimulation des structures auditives centrales (McCreery et Lim et al.).

Dans la cochlĂ©e sourde, et sans la stimulation normale fournie par les cellules ciliĂ©es, les parties pĂ©ri-phĂ©riques des neurones - entre les corps cellulaires dans le ganglion spiral et les terminaisons au sein de l’organe de Corti - subissent une dĂ©-gĂ©nĂ©rescence rĂ©trograde et cessent de fonctionner (Hinojosa et Marion, 1983). Heureusement, les corps cellulaires sont beaucoup plus ro-bustes. Au moins certains survivent gĂ©nĂ©ralement, mĂȘme pour la surditĂ© prolongĂ©e ou pour les Ă©tiologies vi-rulentes telles que les mĂ©ningites

(Hinojosa et Marion, 1983 ; Miura et al. 2002 ; Leake et Rebscher, 2004). Ces cellules, ou plus spĂ©-cifiquement les nƓuds de Ranvier juste distale ou proximale d’eux, sont les sites putatifs de l’excitation des implants cochlĂ©aires. Dans cer-tains cas, cependant, les processus pĂ©riphĂ©riques peuvent survivre, et l’excitation peut se produire de fa-çon plus pĂ©riphĂ©rique. La survie des processus pĂ©riphĂ©riques dans la rĂ©-gion apicale de la cochlĂ©e est une certitude pour les patients ayant une audition rĂ©siduelle dans les basses frĂ©quences dans l’oreille implantĂ©e. Il reste Ă  dĂ©monter si les processus pĂ©riphĂ©riques sont - ou peuvent ĂȘtre - stimulĂ©s Ă©lectriquement par un implant.

La stimulation directe des Ă©lĂ©ments restants dans le nerf auditif est produite par les courants fournis par des Ă©lectrodes placĂ©es dans la rampe tympanique, pour tous les systĂšmes d’implants cochlĂ©aires modernes. DiffĂ©rents faisceaux d’électrodes implantĂ©s peuvent sti-muler diffĂ©rentes sous-populations de neurones. Les systĂšmes d’im-plants tentent d’imiter ou de repro-duire un modĂšle de stimulation tono-topique en stimulant les Ă©lectrodes basales pour indiquer la prĂ©sence de sons Ă  haute frĂ©quence, et en sti-mulant des Ă©lectrodes plus apicale pour indiquer la prĂ©sence de sons avec des frĂ©quences infĂ©rieures. Les stimuli sont soit prĂ©sentĂ©s Ă  une seule Ă©lectrode du faisceau et une Ă©lectrode de rĂ©fĂ©rence (de masse) Ă  distance habituellement placĂ©e dans le muscle temporal ou Ă  l’extĂ©rieur du rĂ©cepteur/stimulateur, ou alors les stimuli sont prĂ©sentĂ©s entre deux Ă©lectrodes proches sur le faisceau. Le premier mode de stimulation est appelĂ© « stimulation monopolaire » et le second mode de stimulation est appelĂ© « stimulation bipolaire ». Tous les systĂšmes d’implants cou-ramment utilisĂ©s Ă  grande Ă©chelle utilisent une stimulation monopo-laire, principalement parce que ce mode de stimulation (1) apporte

une performance qui est au moins aussi bonne que celle apportĂ©e par la stimulation bipolaire (par exemple, Zwolan et coll, 1996.) ; (2) nĂ©ces-site nettement moins de puissance de courant et de consommation de piles/batteries rechargeables pour produire des percepts auditifs (par exemple Pfingst et Xu, 2004) et (3) les diffĂ©rences de seuil liminaires ou de seuils de confort pour des Ă©lectrodes individuelles Ă  travers le faisceau d’électrodes sont sensible-ment infĂ©rieures avec la monopo-laire qu’avec la stimulation bipolaire (Pfingst et Xu, 2004), ce qui peut simplifier le rĂ©glage des proces-seurs vocaux pour les patients im-plantĂ©s. La spĂ©cificitĂ© spatiale de la stimulation avec des Ă©lectrodes dans la rampe tympanique repose plus probablement sur une variĂ©tĂ© de facteurs, incluant la disposition gĂ©omĂ©trique des Ă©lectrodes, la proximitĂ© des Ă©lectrodes des struc-tures de neurones cibles, et l’état de la cochlĂ©e implantĂ©e en termes de survie du nerf, l’ossification, et la fi-brose autour de l’implant. Un objectif important dans la conception d’im-plants cochlĂ©aires est de maximiser le nombre de populations de neu-rones largement non-chevauchĂ©es qui peuvent ĂȘtre stimulĂ©es avec le faisceau d’électrodes. Les preuves actuelles suggĂšrent, cependant, que pas plus de 4-8 sites indĂ©pendants sont disponibles dans un contexte de processeur vocal et l’utilisation des conceptions d’électrodes actuelles, mĂȘme pour les faisceaux avec pas moins de 22 Ă©lectrodes (Lawson et al, 1996 ; Fishman et al., 1997 ; Wilson, 1997 ; Kiefer et coll, 2000 ; Friesen et al, 2001 ; garnham et al, 2002). TrĂšs probablement, le nombre de sites indĂ©pendants est limitĂ© par des chevauchements im-portants des champs Ă©lectriques des Ă©lectrodes adjacentes (et plus loin-taines) (par exemple, Fu et Nogaki, 2004 ; Dorrnan et Spahr, 2006). Les chevauchements sont inĂ©vi-tables pour des placements d’élec-trodes dans la rampe tympanique,

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> VEILLE IMPLANTS COCHLĂ©AIRES

comme les Ă©lectrodes sont « assises » ou «baignĂ©es» dans le liquide hautement conducteur de la pĂ©rilymphe et de plus sont relativement loin du tissu des neu-rones cibles pour la plupart des patients, dans le ganglion spiral. Une position plus proche des Ă©lectrodes Ă  cĂŽtĂ© de la paroi interne de la rampe tympanique devrait les dĂ©placer un peu plus proche de la cible, et il a Ă©tĂ© montrĂ© que de tels positionne-ments, dans certains cas, produisent une amĂ©lioration de la spĂ©cificitĂ© spatiale de la stimulation (Cohen et al., 2006). Toutefois, un gain important dans le nombre de sites indĂ©pendants pourrait bien nĂ©cessiter un type radicalement nouveau d’électrode, ou un placement fondamentalement dif-fĂ©rent des Ă©lectrodes, ou un type ou un mode de stimulation fondamentalement diffĂ©rent. Les nombreux problĂšmes liĂ©s Ă  la conception d’électrodes, avec des perspectives d’avenir sont discutĂ©es dans Wilson (2004), Spelman (2006), Middle-brooks et Snyder (2007), Middlebrooks et Snyder (2008), Anderson (2008), et Wise et al. (2008). En outre, une nouvelle ap-proche utilisant une stimulation optique plutĂŽt qu’électrique des neurones auditifs est dĂ©crite par Richter et al. (2008).

StratĂ©gie de traitement des implants cochlĂ©airesUne des approches les plus simples et les plus efficaces pour reprĂ©senter la parole et d’autres sons avec les implants co-chlĂ©aires actuels est illustrĂ©e dans la Fi-gure 2. Il s’agit de la stratĂ©gie de codage CIS mentionnĂ©e prĂ©cĂ©demment, et qui est utilisĂ©e comme stratĂ©gie par dĂ©faut ou comme une option de traitement dans tous les systĂšmes d’implants « actuelle-ment » en usage clinique.

La stratĂ©gie CIS filtre la parole ou d’autres sons en entrĂ©e par bandes de frĂ©quences avec une banque de filtres passe-bande. Les variations d’enveloppe dans les dif-fĂ©rentes bandes sont reprĂ©sentĂ©es aux Ă©lectrodes correspondantes dans la cochlĂ©e par des modulations de trains d’impulsions biphasiques Ă©lectriques. Les signaux d’enveloppe extraites des filtres passe-bande sont compressĂ©s avec une fonction de « mapping » [transfert] non linĂ©aire avant la modulation, afin de trans-fĂ©rer la large plage dynamique des sons dans l’environnement (jusqu’à environ 100 dB) dans la plage dynamique Ă©troite de l’audition Ă©lectriquement Ă©voquĂ©e (en-viron 10 dB voire un peu plus Ă©levĂ©e). (Le « mapping » [transfert] peut aussi ĂȘtre

plus restreint, par exemple d’environ 30 dB pour les sons de la parole vers une plage dynamique de 10 dB pour l’audi-tion Ă©lectriquement Ă©voquĂ©e ; pour un tel « mapping » [transfert] restreint, une sorte de contrĂŽle automatique du gain ou de contrĂŽle de volume qui suit le niveau d’entrĂ©e du microphone est essentiel, pour « passer » la dynamique des sons de la parole ambiante dans la plage dyna-mique de traitement pour le banc de filtres et les dĂ©tecteurs d’enveloppe.) La sortie de chaque canal de bande passante est dirigĂ©e vers une seule Ă©lectrode intraco-chlĂ©aire, avec des canaux des graves vers les aiguĂ«s respectivement Ă  des Ă©lec-trodes des Ă©lectrodes apicales et bales, afin d’imiter au moins l’ordre tonotopique, mĂȘme si l’emplacement de l’électrode n’est pas exactement, celui de la carto-graphie des frĂ©quences dans la cochlĂ©e normale. Les trains d’impulsions pour les diffĂ©rents canaux et les Ă©lectrodes corres-pondantes sont entrelacĂ©s dans le temps, de sorte que les impulsions Ă  travers les canaux et les Ă©lectrodes sont non-simul-

tanĂ©es. Cela Ă©limine une composante principale de l’interaction entre les Ă©lec-trodes, qui sinon serait produite par une sommation vectorielle directe des champs Ă©lectriques de diffĂ©rentes Ă©lectrodes (si-multanĂ©ment stimulĂ©es). D’autres com-posants d’interaction ne sont pas Ă©limi-nĂ©s par l’entrelacement, mais ces autres composants sont gĂ©nĂ©ralement beaucoup plus faibles en magnitude que la compo-sante principale due Ă  la sommation des champs Ă©lectriques ; voir, par exemple, Favre et Pelizzone, 1993. L’extrĂ©mitĂ© ou la « coupure » en frĂ©quence du filtre passe-bas de chaque dĂ©tecteur d’enve-loppe est gĂ©nĂ©ralement fixĂ© Ă  200 Hz ou plus, de sorte que les frĂ©quences fonda-mentales (F0) des sons de la parole soient reprĂ©sentĂ©es dans les formes d’onde de modulation. Taux d’impulsion dans les processeurs CIS sont gĂ©nĂ©ralement au-tour voire au-delĂ  des 1000 impulsions/s/Ă©lectrode, pour assurer un « Ă©chantillon-nage » adĂ©quat des frĂ©quences les plus Ă©levĂ©es dans les formes d’onde de modu-lation (un surĂ©chantillonnage de « quatre

Figure 2. SchĂ©ma de la stratĂ©gie de codage d’échantillonnage en continu entrelacĂ© (CIS). L’entrĂ©e est indiquĂ©e par le cercle plein dans la partie la plus Ă  gauche du diagramme. Cette entrĂ©e peut ĂȘtre fournie par un microphone ou d’autres sources. AprĂšs l’entrĂ©e, un filtre de prĂ©accentuation (« Pre-emphasis ») est utilisĂ© pour attĂ©nuer les composantes fortes de la parole en dessous de 1,2 kHz. Ce filtre est suivi par de multiples canaux de traitement. Chaque canal comprend les Ă©tapes de filtrage passe-bande (BPF), de dĂ©tec-tion d’enveloppe, de compression et de modulation. Les dĂ©tecteurs d’enveloppe utilisent gĂ©nĂ©ralement un redresseur de demi-onde (« Rect. ») suivi d’un filtre passe-bas (LPF). Une transformĂ©e de Hilbert ou un redresseur d’onde complĂšte ou demi-onde sans le filtre passe-bas peuvent ĂȘtre Ă©galement utilisĂ©s. Les ondes porteuses pour deux des modula-teurs sont reprĂ©sentĂ©s juste en-dessous des deux blocs multiplicateurs correspondants (cercles avec un « x » Ă  l’intĂ©rieur). Les sorties des multiplicateurs sont dirigĂ©es vers les Ă©lectrodes intracochlĂ©aires (EL-1 Ă  EL-n), par l’intermĂ©diaire d’une liaison transcutanĂ©e ou d’un connecteur percutanĂ©e. Le mĂ©daillon montre une micrographie rayons X d’une cochlĂ©e implantĂ©e, vers laquelle les signaux de sortie du processeur vocal sont dirigĂ©es. (SchĂ©ma adaptĂ© de Wilson et al., 1991, et est utilisĂ© ici avec l’autorisation de Nature Publishing Group. Le mĂ©daillon est de HĂŒttenbrink et al., 2002, et est utilisĂ© ici avec l’autorisation de Lippincott Williams & Wilkins).

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fois » est la rĂšgle appliquĂ©e ; voir Busby et al, 1993 ; Wilson, 1997 ; Wilson et al., 1997). La stratĂ©gie CIS [Continuous Interleaved Sampling] tire son nom de l’échantillonnage en continu des signaux d’enveloppe (compressĂ©e) par des im-pulsions qui sont rapidement prĂ©sentĂ©es entre des Ă©lectrodes entrelacĂ©es. Entre 4 et 22 canaux (et sites de stimulations correspondants) ont Ă©tĂ© utilisĂ©s dans les implĂ©mentations de la stratĂ©gie CIS Ă  ce jour. (Les processeurs CIS sont souvent dĂ©crits comme ayant un petit nombre de canaux et de sites de stimulation associĂ©s, par exemple, 6-8, mais cela est inexact. La stratĂ©gie elle-mĂȘme ne place pas une limite du nombre de canaux et de sites ; comme juste mentionnĂ©, les implĂ©menta-tions du CIS Ă  ce jour ont utilisĂ© autant des 22 canaux que de sites de stimulation.)

D’autres stratĂ©gies ont aussi produit des rĂ©sultats remarquables. Parmi ceux-ci il y a les stratĂ©gies dites « n-of-m » et SPEAK aussi mentionnĂ©es auparavant, et la combinaison avancĂ©e d’encodage (ACE) (Kiefer et coll, 2001) et les stra-tĂ©gies « HiResolution » (HiRes) (Koch et al., 2004. ), qui ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es plus rĂ©cemment. Les stratĂ©gies « n-of-m », SPEAK et ACE utilisent chacune un sys-tĂšme de sĂ©lection de canaux, dans lequel les signaux d’enveloppe pour les diffĂ©-rents canaux sont «balayĂ©s» avant chaque trame de stimulation Ă  travers les Ă©lec-trodes intracochlĂ©aires, pour identifier les n signaux ayant la plus haute amplitude parmi les m canaux de traitement (et les Ă©lectrodes associĂ©es). Les impulsions de stimulation sont dĂ©livrĂ©es uniquement aux Ă©lectrodes qui correspondent aux canaux avec ces amplitudes les plus Ă©levĂ©es. Le paramĂštre « n » est fixĂ© dans les stratĂ©-gies de n-of-m et ACE, et ce paramĂštre peut varier d’une sĂ©quence Ă  une autre dans la stratĂ©gie SPEAK, selon le niveau et la composition spectrale du signal captĂ© par le microphone. La frĂ©quence de sti-mulation est gĂ©nĂ©ralement autour des 1000 impulsions/sec./Ă©lectrode choisie voire un peu plus dans les stratĂ©gies n-of-m et ACE, et elles sont approximative-ment de 250 impulsions/sec./Ă©lectrode sĂ©lectionnĂ©e dans la stratĂ©gie SPEAK. Les concepts des stratĂ©gies n-of-m et ACE sont globalement identiques, et ils sont assez semblables Ă  la CIS, Ă  l’exception de la sĂ©lection de canaux (Wilson, 2006). La stratĂ©gie SPEAK utilise des frĂ©quences de stimulation beaucoup plus faibles et un n adaptatif, comme notĂ© ci-dessus.

Le schĂ©ma de sĂ©lection de canaux ou « choix de pics du spectre » utilisĂ© dans les stratĂ©gies n-of-m, ACE et SPEAK est conçu en partie pour rĂ©duire la densitĂ© de la stimulation, tout en reprĂ©sentant les aspects les plus importants de l’environ-nement acoustique. La suppression des canaux de faible amplitude (et des sti-muli associĂ©s) pour chaque trame de la stimulation peut rĂ©duire le niveau global de masquage ou d’interfĂ©rence entre les Ă©lectrodes et les zones d’excitation dans la cochlĂ©e. Dans la mesure oĂč les canaux omis ne contiennent pas d’informations importantes, un tel « dĂ©masquage » peut amĂ©liorer la perception du signal d’entrĂ©e par le patient. De plus, pour les rapports parole/bruit positifs (S/B), la sĂ©lection des canaux qui ont la plus grande amplitude dans chaque trame peut souligner le si-gnal primaire de la parole en respectant le bruit.

La stratĂ©gie HiRes est une variante proche de la CIS qui utilise des frĂ©quences de stimulation relativement Ă©levĂ©es, des frĂ©-quences de coupure des dĂ©tecteurs d’en-veloppe relativement Ă©levĂ©es, et jusqu’à 16 canaux de traitement et de sites as-sociĂ©s de stimulation. Les termes HiRes et CIS sont parfois utilisĂ©s de maniĂšre interchangeable. Des descriptions dĂ©tail-lĂ©es de toutes les stratĂ©gies de traitement mentionnĂ©s ci-dessus (et beaucoup de leurs prĂ©dĂ©cesseurs) sont prĂ©sentĂ©s par Wilson (2006).

Durant les derniÚres années, une attention croissante a été consacrée à la représen-tation des informations de la « structure fine » ou « fréquence fine » avec les im-plants cochléaires (par exemple, Smith et al., 2002 ; Nie et al., 2005 ; Wilson et al., 2005 ; Zeng et al., 2005 ; Hochrnair et al., 2006 ; Arnoldner et al., 2007 ; Berenstein

et al., 2008 ; Brendel et al., 2008 ; Buech-ner et al., 2008 ; Litvak et al., 2008, ; Bon-ham et Litvak, 2008).

Ces efforts « rĂ©cents » (2008) sont revus et discutĂ©s par Wilson et Dorman (sous presse-a, sous presse-b). Dans la sec-tion 5.6 du prĂ©sent document il est traitĂ© jusqu’à quel point les stratĂ©gies « ba-sĂ©es sur l’enveloppe » revues ci-dessus peuvent reprĂ©senter l’information.

Les applications actuelles des stratĂ©-gies de traitement selon le fabricant sont indiquĂ©es au Tableau 1. Les fabricants incluent MED-EL gmbH d’Innsbruck en Autriche, Cochlear Ltd de Lane Cove en Australie et Advanced Bionics Corporation of Valencia, CA, aux Etats-Unis. Chacun des fabricants propose des stratĂ©gies de traitement multiples, comme indiquĂ©. Parmi ces choix, la CIS est la stratĂ©gie par dĂ©faut pour le dispositif de MED-EL, ACE est la stratĂ©gie par dĂ©faut pour le dispositif Cochlear et HiRes est le choix par dĂ©faut pour le dispositif d’Advanced Bionics. Une stratĂ©gie alternative peut ĂȘtre sĂ©lection-nĂ©e par le rĂ©gleur au moment du premier rĂ©glage ou d’un rĂ©glage suivant pour un dispositif ou un patient particulier. Cepen-dant, cela est rarement fait et les choix par dĂ©faut sont gĂ©nĂ©ralement les plus utilisĂ©s en pratique clinique standard, au moins au moment de l’écriture de cet article.

Le tableau 2 montre les stratĂ©gies qui sont actuellement Ă©valuĂ©es dans des Ă©tudes parrainĂ©es par la sociĂ©tĂ©. Ces stratĂ©gies comprennent « Fine Hearing » (Hochmair et al., 2006 ; Arnoldner et al., 2007). HiRes avec l’option « FidelityTM 120 » (ou « HiRes 120 » pour faire court) (Trautwein, 2006 ; Buechner et al., 2008 ; Litvak et al., 2008) et MP3000 (Nogueira et al., 2005 ; Buchner et al., 2008). La stratĂ©gie Fine Hearing est aussi appelĂ©e stratĂ©gie

Fabricant CIS «n of m» ACE SPEAK HiRes

MED-EL gmbH . .

Cochlear Ltd. . . .

Advanced Bionics Corp.

. .

Tableau 1. StratĂ©gies de codage couramment utilisĂ©es.Les fabricants sont dans la premiĂšre colonne Ă  gauche et les stratĂ©gies de codage employĂ©es dans leurs systĂšmes d’implants sont montrĂ©es dans les autres colonnes. Les noms complets et des descriptions dĂ©taillĂ©es des stratĂ©gies sont prĂ©sentĂ©es dans le texte. Ces trois fabri-cants reprĂ©sentent 99 % du marchĂ© mondial des implants.

Fabricant Fine Hearing HiRes 120 MP3000

MED-EL gmbH .

Cochlear Ltd. .

Advanced Bionics Corp. .

Tableau 2. StratĂ©gies de codage en cours d’évaluations cliniques par les compagnies.

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de traitement de la structure fine (FSP) et la stratĂ©gie MP3000 est aussi appelĂ©e combinaison avancĂ©e psychoacoustique de l’encodage (stratĂ©gie PACE). La stratĂ©-gie Fine Hearing est conçue pour reprĂ©-senter des informations de structure fine, en partie grĂące Ă  l’initiation des groupes de courtes impulsions aux passages Ă  zĂ©ro dans la bande passante de sortie des canaux sĂ©lectionnĂ©s. La stratĂ©gie HiRes 120 est conçue pour augmenter la rĂ©solu-tion spatiale de la stimulation et la percep-tion avec les implants cochlĂ©aires en utili-sant une technique de pilotage de courant et, par lĂ , d’augmenter la transmission de l’information de structure fine. La stratĂ©gie MP3000 utilise un modĂšle de masquage auditif pour sĂ©lectionner les sites de sti-mulation de l’implant qui correspondent aux composantes perceptives saillantes de l’entrĂ©e audio pour les auditeurs avec une audition normale. Dans cette sĂ©lection, les Ă©lĂ©ments qui pourraient ĂȘtre masquĂ©s pour les auditeurs de ce type (et donc pas perceptuellement saillants) sont omis de la reprĂ©sentation. Ces diffĂ©rentes stratĂ©gies sont dĂ©crites en dĂ©tail dans Wil-son et Dorman (sous presse-b). De plus, des approches utilisant un pilotage ou une concentration de courant sont dĂ©crites par Bonham et Litvak (2008).

Parmi les stratĂ©gies Ă©numĂ©rĂ©es dans le tableau 2, les stratĂ©gies Fine Hearing et HiRes 120 sont devenues disponibles pour une utilisation clinique en dehors des pro-tocoles d’études. Par exemple, la stratĂ©gie HiRes 120 est maintenant approuvĂ©e pour une utilisation chez les adultes aux Ă©tats-Unis. L’utilisation approuvĂ©e pour ces dif-fĂ©rentes stratĂ©gies peuvent ainsi s’élargir dans un avenir proche Ă  toutes les classes de patients potentiels et Ă  l’ensemble ou la plupart des pays dans lesquels les opĂ©-rations d’implants sont effectuĂ©es.

Les stratĂ©gies encore au stade initial de dĂ©veloppement incluent celles qui sont conçues pour fournir un mimĂ©tisme plus proche du traitement (complexe et in-teractif) qui se produit dans le systĂšme auditif pĂ©riphĂ©rique normal (par exemple, Wilson et al., 2005, 2006 et Wilson et al., sous presse), et des approches complĂ©-mentaires visant Ă  reprĂ©senter l’informa-tion de structure fine (par exemple, Nie et al, 2005 ; Wilson et al., 2005 ; Zeng et al., 2005). Certaines de ces stratĂ©gies nouvelles sont Ă©galement dĂ©crites dans Wilson et Dorman (sous presse-b), avec les progĂ©niteurs des stratĂ©gies Fine Hea-ring et HiRes.

Performances des implants unilatéraux « actuels » (2008)

Chacun des grands systĂšmes d’implant, ainsi que les stratĂ©gies de traitement par dĂ©faut qui leur sont associĂ©es, permet de reconnaĂźtre des mots monosyllabiques avec un taux de rĂ©ussite de l’ordre de 50 Ă  60 % (seule l’audition est utilisĂ©e), et ce, Ă  travers toutes les populations de sujets testĂ©s (voir par exemple le tableau 2.4 dans Wilson, 2006). Cependant, la variabilitĂ© des rĂ©sultats est Ă©levĂ©e : ce test, qui fait partie des tests audiologiques classiques les plus difficiles, permet Ă  cer-tains sujets d’obtenir des scores de 100 % ou presque, alors que d’autres obtien-nent Ă  peine plus de 0 %. Les Ă©carts types constatĂ©s dans diverses Ă©tudes menĂ©es jusqu’à ce jour varient de 10 % Ă  30 % environ.

La figure 3 illustre la variĂ©tĂ© des scores et d’autres donnĂ©es significatives concer-nant les implants cochlĂ©aires actuels. Les scores de 55 utilisateurs du systĂšme d’implant COMBI 40 de MED-EL associĂ© Ă  la stratĂ©gie de codage CIS sont reprĂ©sen-tĂ©s. Les scores obtenus pour les phrases Hochmair-Schultz-Moser sont prĂ©sentĂ©s dans le tableau du haut, et les scores por-tant sur le test de reconnaissance de mots monosyllabiques de Freiburger figurent dans le tableau du bas. Les rĂ©sultats prĂ©-sentĂ©s sont issus de cinq Ă©valuations es-pacĂ©es selon des intervalles de temps al-lant d’un mois Ă  deux ans aprĂšs le rĂ©glage initial du processeur vocal. Dans les deux tableaux, la ligne continue reprĂ©sente la moyenne des scores individuels. Les don-nĂ©es sont un surensemble de celles qui sont prĂ©sentĂ©es dans Helms et al. (1997), qui comprennent des scores pour des su-jets supplĂ©mentaires ayant effectuĂ© des tests Ă  divers intervalles, comme indiquĂ© dans Wilson (2006). La plupart des sujets utilisaient un processeur Ă  8 canaux, avec une vitesse de stimulation d’environ 1 500 pulsations/sec./Ă©lectrode. Chez certains sujets, le nombre de canaux Ă©tait infĂ©rieur et la vitesse de stimulation proportionnel-lement plus Ă©levĂ©e.

Les deux tableaux montrent bien qu’à chaque intervalle, les scores sont trĂšs dif-fus. Des effets plafonds ont Ă©tĂ© constatĂ©s chez de nombreux sujets pour les tests de reconnaissance de phrases, en particulier celui qui Ă©tait rĂ©alisĂ© Ă  vingt-quatre mois et pour lequel 46 des 55 sujets ont ob-tenu des scores supĂ©rieurs Ă  80 %, ce qui

correspond à la Déclaration de Consensus produite en 1995 par le NIH. En ce qui concerne la reconnaissance des mots mo-nosyllabiques, la distribution des scores est beaucoup plus large. Par exemple, à 24 mois, seuls 9 des 55 sujets obtiennent des scores supérieurs à 80 %, la distribu-tion des scores est presque parfaitement uniforme entre 10% et 100 %. Néan-moins, les scores des patients réalisant les meilleures performances sont particu-liÚrement remarquables, étant donné que huit canaux seulement avaient reçu un co-dage CIS et que les zones du nerf auditif stimulées se chevauchaient probablement largement entre les différents canaux. Ce chiffre est assez faible, comparé aux quelques 30 000 neurones que contient au total le nerf auditif humain.

Les rĂ©sultats montrĂ©s en Figure 3 illus-trent aussi un effet d’apprentissage ou d’habituation qui se traduit par des amĂ©-liorations continues des scores au cours des douze premiers mois d’utilisation. Ces donnĂ©es soulignent l’importance de la plasticitĂ© corticale (ou de la rĂ©organisation du cortex) : les signaux d’entrĂ©e provenant d’un implant cochlĂ©aire sont rares et en fait anormaux, mais avec le temps, les patients les utilisent de mieux en mieux.

Les moyennes asymptotiques Ă  12 mois et au-delĂ  sont d’environ 90 % pour les phrases et de 55 % pour les mots mo-nosyllabiques. Ces rĂ©sultats caractĂ©risent la performance obtenue avec les meilleurs systĂšmes d’implants cochlĂ©aires et les stratĂ©gies de codage modernes, pour la stimulation Ă©lectrique d’un seul cĂŽtĂ© avec un implant unilatĂ©ral (les rĂ©sultats obtenus avec d’autres dispositifs, tels que la sti-mulation Ă©lectrique des deux cĂŽtĂ©s avec implants bilatĂ©raux sont prĂ©sentĂ©s dans la prochaine Veille).

Les patients utilisant les diffĂ©rentes stra-tĂ©gies actuelles de traitement des signaux (CIS ou ACE) obtiennent des niveaux de performance Ă  peu prĂšs Ă©quivalents lorsqu’ils rĂ©alisent les tests classiques de comprĂ©hension de la parole. Cette Ă©qui-valence indique notamment qu’aucune de ces stratĂ©gies ne prĂ©sente un avantage significatif lorsqu’il s’agit de sĂ©lectionner ou de ne pas sĂ©lectionner des sous-en-sembles de canaux pour chaque trame de stimulation. Ce qui importe en revanche, c’est le fait que ces stratĂ©gies ont beau-coup de caractĂ©ristiques en commun : la stimulation non simultanĂ©e de toutes les Ă©lectrodes, les vitesses de stimulation, de prĂšs de 1 000 pulsations/sec./Ă©lectrode stimulĂ©e ou plus, un traitement identique

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ou trĂšs similaire dans chaque canal de bande passante pour l’extraction et le mappage des signaux d’enveloppe, une frĂ©quence de coupure de basse frĂ©quence d’au moins 200 Hz dans le dĂ©tecteur d’enveloppe (ou son Ă©quivalent), et au moins 6 Ă  8 canaux actifs (sĂ©lectionnĂ©s ou toujours utilisĂ©s) et sites correspon-dants de stimulation, pour Ă©galer ou lĂ©-gĂšrement dĂ©passer le nombre de canaux pouvant rĂ©ellement ĂȘtre pris en compte par les Ă©lectrodes droites et les stratĂ©gies de traitement actuelles.

L’évaluation des performances rĂ©alisĂ©es Ă  travers une large gamme de tests met en Ă©vidence des diffĂ©rences de rĂ©sultats en fonction des stratĂ©gies dĂ©ployĂ©es. Spahr et al. (2007) indiquent des diffĂ©rences de performance en fonction de la stratĂ©-gie selon que les signaux d’entrĂ©e sont Ă©mis Ă  des niveaux faibles ou prĂ©sentĂ©s dans du bruit. Les diffĂ©rences de perfor-mance n’étaient pas dues Ă  des diffĂ©-rences de stratĂ©gie de traitement en soi, ni au nombre de canaux de stimulation, ni encore Ă  la vitesse de stimulation. Elles Ă©taient plutĂŽt liĂ©es Ă  la taille de la plage dynamique des signaux d’entrĂ©e (plus elle est grande, mieux c’est) et Ă  la mĂ©thode de mise en Ɠuvre de la compression.

Le tableau 3 illustre la performance des patients d’aujourd’hui sur les tests de : (i) identification des consonnes ; (ii) identifi-cation des voyelles ; (iii) identification des phrases dans le silence et dans le bruit ; (iv) discrimination de voix d’hommes ou de femmes et discrimination de voix de personnes du mĂȘme genre ; et (v) iden-tification de mĂ©lodies simples sans in-dices rythmiques. Les patients ont Ă©tĂ© rĂ©partis en deux groupes : l’un (n = 20) a obtenu des rĂ©sultats moyens (moyenne = 58 %) sur un test de reconnaissance de mots monosyllabiques et l’autre (n = 21) a obtenu des rĂ©sultats supĂ©rieurs Ă  la moyenne (moyenne = 80 %) (Dorman et Spahr, 2006).

Dans le groupe moyen, 12 patients utili-saient un implant cochléaire avec un pro-cesseur CIS à 16 canaux et une vitesse de stimulation élevée, et huit utilisaient un implant cochléaire avec un processeur CIS à 12 canaux et une vitesse de stimulation plus faible. Dans le groupe dont les per-formances dépassaient la moyenne, 12 patients utilisaient un processeur CIS à 16 canaux et 9 un processeur CIS à 12 canaux.

Figure 3. Scores en pourcentage pour 55 utilisateurs de l’implant COMBl 40 utilisant la stratĂ©gie de codage CIS. Les scores obtenus pour la reconnaissance des phrases Hoch-mair-Schultz-Moser sont prĂ©sentĂ©s dans le tableau du haut ; les scores relatifs Ă  la reconnaissance des mots monosyllabiques de Freiburger sont prĂ©sentĂ©s dans le tableau du bas. Les rĂ©sultats de chaque sujet, pour tous les tests, qui ont Ă©tĂ© effectuĂ©s Ă  cinq intervalles de temps aprĂšs le rĂ©glage initial du processeur vocal, sont montrĂ©s. Dans les deux tableaux, la ligne horizontale reprĂ©sente la moyenne des scores correspondant Ă  un intervalle de temps donnĂ© pour ce test. (La grande majoritĂ© des donnĂ©es provient de Helms et al., 1997 et inclut une mise Ă  jour effectuĂ©e par Wilson en 2006. Ce tableau est une adaptation de celui de Dorman et Spahr, 2006 ; il est utilisĂ© avec l’autorisation de Thieme Medical Publishers).

CaractĂ©ristiques des patients ou du test Moyenne Sup. Ă  la moyenneÂge 58 (14) 48 (11)

Durée de la surdité 18 (18) 11 (14)

Mots CNC 58 (9) 80 (7)

Consonnes 66 (19) 84 (6)

Voyelles 58 (18) 72 (17)

Phrases CUNY dans le silence 97 (3) 99 (2)

Phrases AzBio dans le silence 70 (16) 90 (7)

Phrases CUNY dans le bruit, S/B +10dB 70 (20) 90 (8)

Phrases AzBio dans le bruit, S/B +10dB 42 (20) 72 (14)

Phrases AzBio dans le bruit, S/B +5dB 27 (15) 52 (15)

Voix homme vs voix femme 93 (5) 96 (5)

Voix de personnes d’un mĂȘme sexe 65 (6) 70 (6)

Cinq mélodies 33 (20) 56 (34)

Tableau 3. Âge moyen, durĂ©e de la surditĂ© et score en pourcentage sur des tests de recon-naissance de la parole, de la voix et de la musique pour des patients obtenant des scores moyens (58 %), et supĂ©rieurs Ă  la moyenne (80 %) sur des tests de reconnaissance de mot CNC (les nombres entre parenthĂšses reprĂ©sentent les Ă©carts types).

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Chez les patients dont les performances se situaient dans la moyenne, les scores obtenus avec le test des phrases claire-ment articulĂ©es Ă©laborĂ© par la City Univer-sity of New York (CUNY) (Boothroyd et al., 1985) se situaient au plafond de la perfor-mance (97 %). Ainsi, le patient implantĂ© moyen, lorsqu’il Ă©coute des conversations prĂ©visibles dans le silence, devrait ĂȘtre en mesure de communiquer relativement aisĂ©ment. Cependant, avec des phrases prononcĂ©es par plusieurs locuteurs dans un style d’énonciation plus courant et moins contrĂŽlĂ© (les phrases d’AzBio, voir Spahr et al., 2007), la moyenne des scores n’était que de 70 %. Ce rĂ©sultat laisse entrevoir une plus grande difficultĂ© Ă  comprendre la parole dans le silence que cela n’était le cas avec les expĂ©-riences recourant au test de phrases de la CUNY ou au test de phrases HINT (Hearing in Noise). Avec un rapport signal sur bruit (S/B) de +10 dB, les scores obtenus avec les phrases AzBio tombaient Ă  42 %. Avec un rapport S/B de +5 dB (niveau cou-rant dans de nombreux environnements professionnels, scolaires et sociaux), la performance avec les phrases AzBio Ă©tait seulement de 27 %. La diffĂ©rence de per-formance pour les phrases Ă©noncĂ©es de façon non contrĂŽlĂ©e dans le silence et dans un environnement de niveau sonore courant met en Ă©vidence la difficultĂ© que rencontrent les patients implantĂ©s qui se trouvent dans la moyenne lorsqu’ils ten-tent de comprendre la parole produite dans des situations quotidiennes.

La discrimination entre les voix d’hommes et les voix de femmes a Ă©tĂ© aisĂ©ment rĂ©a-lisĂ©e. Toutefois, les scores de discrimina-tion entre deux voix d’hommes ou deux voix de femmes Ă©taient seulement lĂ©gĂšre-ment meilleurs que les scores obtenus au niveau alĂ©atoire (50 %).

Pour évaluer la reconnaissance de mélo-dies, chaque sujet a choisi cinq mélodies familiÚres dans une liste qui en comprenait 33. Chaque mélodie était composée de 16 notes de durée égale et était synthétisée avec un logiciel MIDI reproduisant des sons de piano à queue. Les fréquences allaient de 277 à 622 Hz.

Les mélodies étaient créées sans informa-tion rythmique particuliÚre. Pour ce test trÚs simple, les performances étaient trÚs médiocres (33 % ; les résultats obtenus au niveau aléatoire pour ce test étaient de 20 %).

Les résultats des tests de discrimination de voix et de reconnaissance mélodique démontrent tous que la plupart des pa-

tients n’extraient pas les informations Ă  basse frĂ©quence provenant de l’onde tem-porelle avec un niveau Ă©levĂ© de fidĂ©litĂ©. Ceci est Ă©galement vrai lorsque la vitesse de pulsation est suffisamment Ă©levĂ©e pour fournir une bonne rĂ©solution des ondes temporelles.

Trois aspects de la performance des pa-tients obtenant des rĂ©sultats supĂ©rieurs Ă  la moyenne sont intĂ©ressants. D’abord, la performance rĂ©alisĂ©e avec des phrases produites dans un style d’énonciation non contrĂŽlĂ© dans le silence Ă©tait Ă©levĂ©e (90 %), ce qui prouve que les meilleurs patients peuvent fonctionner Ă  un haut niveau dans un environnement calme, mĂȘme lorsque plusieurs locuteurs n’es-saient pas de parler de façon claire et prĂ©-visible. DeuxiĂšmement, pour un rapport S/B couramment rencontrĂ© dans de nom-breux environnements quotidiens (+5 dB), la performance est tombĂ©e sous 52 %. Ceci suggĂšre que mĂȘme les meilleurs pa-tients auront des difficultĂ©s Ă  comprendre la parole dans un environnement caractĂ©-risĂ© par un niveau de bruit courant. Troi-siĂšmement, pour les tests de reconnais-sance de la voix avec locuteurs de mĂȘme sexe et pour les tests de mĂ©lodies, les rĂ©sultats obtenus, bien que meilleurs que ceux des patients dont les performances sont moyennes, restaient insatisfaisants.

Comme nous l’avons indiquĂ©, la rĂ©solution relativement mĂ©diocre de la hauteur to-nale devrait avoir un impact important sur les patients implantĂ©s cochlĂ©aires parlant une langue tonale, c’est-Ă -dire une langue dans laquelle la hauteur de son sert Ă  si-gnaler une diffĂ©rence dans la signification des mots. Le systĂšme du mandarin, par exemple, a quatre tons ; le cantonnais en a six. Les scores moyens obtenus avec les tests de reconnaissance du systĂšme tonal du mandarin vont de 50 Ă  70 % (voir Wei et al., 2004). Or, plus d’un quart de la po-pulation mondiale parle une langue tonale (voir Zeng, 1995). C’est pourquoi de tels scores, relativement faibles, reprĂ©sentent un problĂšme potentiellement important.

L’amplitude du problĂšme n’est pas en-tiĂšrement connue actuellement, car dans ces langues, d’autres signaux peuvent Ă©galement influencer la signification des mots. Nous discuterons des mĂ©canismes qui pourraient expliquer la reprĂ©sentation relativement mĂ©diocre des frĂ©quences fondamentales (F0) et de la question de la hauteur tonale des sons complexes dans la prochaine Veille.

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75Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

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77Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

VEILLE TECHNIQUE <

Phonakauto StereoZoomUne approche automa-tique des systĂšmes de microphones multiples directionnels grĂące Ă  la Technologie Binaurale VoiceStreamÂź

IntroductionLa technologie du multi-microphone est actuellement un dispositif essen-tiel dans les systĂšmes auditifs, car elle permet de sĂ©parer le signal utile du signal perturbant et d’amĂ©liorer l’intelligibilitĂ© vocale de façon vĂ©ri-fiable, objectivement et subjective-ment (Ricketts et Mueller 1999; Chung 2004). Pour cela, les deux signaux doivent se distinguer par leurs carac-tĂ©ristiques spatiales. De plus, le signal utile est supposĂ© provenir d’une direc-tion frontale. La sensibilitĂ© du systĂšme est dirigĂ©e vers l’avant, en direction de la source utile, en comparant la simple diffĂ©rence de positionnement et le retard du signal du second micro-phone. Ce focalisateur a une caractĂ©-ristique directionnelle fixe ou variable. Dans ce dernier cas, elle peut se modi-fier de façon adaptative ou attĂ©nuer une source perturbante mobile, grĂące Ă  l’évaluation de diffĂ©rents paramĂštres du signal d’entrĂ©e. Un systĂšme micro-phonique qui compare les signaux issus de deux microphones omni-directionnels s’appelle un systĂšme microphonique directionnel du 1er ordre. Une condition nĂ©cessaire pour supprimer efficacement une source de bruit avec un systĂšme directionnel du 1er ordre, est qu’elle soit Ă©loignĂ©e d’au moins 60° du signal utile, ceci afin que le signal utile et le signal perturbant ne se trouvent pas dans le mĂȘme lobe principal de la carac-tĂ©ristique directionnelle. Il en rĂ©sulte

que le systĂšme dĂ©crit est limitĂ© dans ses applications quotidiennes, quand le bruit perturbant se trouve dans un secteur de 60° par rapport au signal utile ou que la source de signal utile se trouve en dehors du rayon de rĂ©verbĂ©-ration. Ces limites peuvent ĂȘtre levĂ©es en rĂ©duisant l’angle du lobe principal de la caractĂ©ristique directionnelle du systĂšme microphonique et en rendant le systĂšme plus sensible. Ceci peut ĂȘtre obtenu en augmentant l’ordre du systĂšme, mais une approche bidimen-sionnelle suffit en principe car l’objet acoustique se trouve gĂ©nĂ©ralement dans le mĂȘme hĂ©misphĂšre que la tĂȘte. Des approches telles que celles utilisĂ©es dans les studios de sono-risation oĂč plusieurs microphones sont positionnĂ©s les uns derriĂšre les autres ne sont pas applicables dans les systĂšmes auditifs en raison de leur petite taille.

StereoZoomUn systĂšme auditif dispose cepen-dant de quatre microphones au total si l’on considĂšre un appareillage binaural non pas comme l’addition de deux systĂšmes Ă©lĂ©mentaires mais comme un systĂšme auditif global. Ceci correspond au systĂšme auditif binaural de l’ĂȘtre humain qui a lui-mĂȘme une caractĂ©ristique direction-nelle globale rĂ©sultant des caractĂ©-

ristiques directionnelles individuelles de chacun des deux pavillons. Avec StereoZoom, les signaux des deux systÚmes de double-microphone des oreilles droite et gauche sont transmis sans fil puis combinés et traités.

La figure 1 donne une reprĂ©sentation schĂ©matique de cette combinaison. Dans un premier temps, on calcule la caractĂ©ristique directionnelle standard de chacun des systĂšmes de double-microphone du premier ordre, Ă  partir des signaux prĂ©sents aux entrĂ©es des deux microphones de chacun des systĂšmes auditifs. Les signaux de sortie respectifs sont envoyĂ©s dans les aides auditives controlatĂ©rales Ă  l’aide de la trans-mission sans fil de toute la bande passante des donnĂ©es audio, oĂč ils seront combinĂ©s avec le signal de sortie du double-microphone ipsi-latĂ©ral, selon une fonction d’impor-tance prĂ©dĂ©finie. C’est ainsi que l’on obtient un rĂ©seau de 4 micro-phones qui composent un systĂšme microphonique du 3Ăšme ordre. Les microphones doivent cependant ĂȘtre Ă©quilibrĂ©s en phase et en amplitude. L’équilibrage des microphones se fait dans un premier temps pendant la production des appareils, mais aussi automatiquement, en cours d’utilisation, avec un algorithme adĂ©quat qui compense d’éventuelles dĂ©rives de sensibilitĂ© ou de phase.

Figure 1 : Schéma de la réalisation technique de StereoZoom

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78 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> VEILLE TECHNIQUE

La figure 2 reprĂ©sente les diagrammes polaires d’un tel systĂšme micropho-nique, mesurĂ©s en champ libre dans une chambre anĂ©choĂŻque. On observe un lobe principal nettement plus Ă©troit avec des pĂŽles de sensibilitĂ© nulle Ă  environ ± 45°. Ceci a pour consĂ©quence que, si un locuteur non dĂ©sirĂ© est plus proche du locuteur utile, le systĂšme microphonique pourra interprĂ©ter cette source comme un objet diffĂ©rent. Il en rĂ©sultera une attĂ©nua-tion nettement plus importante de tous les signaux qui ne proviennent pas de la direc-tion frontale et qui sont donc interprĂ©tĂ©s comme des signaux perturbants. De plus, le RSB mesurĂ© pour des signaux non corrĂ©lĂ©s est d’environ 3 dB meilleur que dans le cas de deux systĂšmes de doubles-microphones monauraux indĂ©pendants. grĂące Ă  l’augmentation « virtuelle » de la distance entre les microphones, les diffĂ©rences des signaux de chaque micro-phone pour diffĂ©rents points de l’espace sont nettement plus importantes, si bien que ce systĂšme permet d’avoir un effet directionnel efficace Ă©galement dans les basses frĂ©quences. De plus, la figure 2 met en Ă©vidence que les aides auditives droite et gauche ne prĂ©sentent pas le mĂȘme diagramme polaire, mais qu’une distinction spatiale reste prĂ©sente. Ceci est important en termes de perception de l’espace et de latĂ©ralisation. Si les carac-

tĂ©ristiques droite et gauche Ă©taient les mĂȘmes, il en rĂ©sulterait une perception diotique du son, dans laquelle tout indice spatial ferait dĂ©faut.

auto StereoZoomPour utiliser StereoZoom dans la plate-forme Spice+, l’utilisateur devait activer un programme manuel supplĂ©mentaire. StereoZoom ne pouvait donc ĂȘtre activĂ© que dans certains boĂźtiers d’aides audi-tives ou Ă  l’aide d’une tĂ©lĂ©commande. De plus, l’utilisateur de l’aide auditive devait dĂ©cider lui-mĂȘme quand il voulait activer StereoZoom. Il est pourtant souvent diffi-cile pour un utilisateur de systĂšme auditif de savoir quel est le programme correct dans une situation donnĂ©e. C’est ainsi qu’il pouvait arriver qu’il utilise StereoZoom trop rarement ou trop souvent, moyen-nant quoi la consommation de courant pouvait ĂȘtre trop importante, d’une part ou StereoZoom risquait d’ĂȘtre activĂ© dans des situations oĂč il n’offrait pas d’avan-tages supplĂ©mentaires et pouvait mĂȘme ĂȘtre contreproductif, d’autre part.

Pour automatiser StereoZoom il fallait l’intĂ©grer dans SoundFlow, le seul systĂšme de classification automatique Ă  programmes multiples qui active ou inac-tive de multiples fonctions pour s’adapter au mieux Ă  des situations d’écoute iden-

tifiĂ©es. Cette logique n’est pas diffĂ©rente pour auto StereoZoom. Quand le mixage des programmes SoundFlow favorise le programme « Parole dans le bruit », un contrĂŽle du niveau de bruit ambiant est Ă©valuĂ©. Le systĂšme dĂ©tecte alors si le niveau de bruit dĂ©passe une valeur dĂ©finie. Si cette valeur est dĂ©passĂ©e, le SoundFlow bascule dans le programme « Parole dans le bruit intense » oĂč le mode micropho-nique est StereoZoom. Le systĂšme reste en mode StereoZoom jusqu’à ce que le niveau de bruit diminue ou que la situa-tion auditive change. Il revient alors dans le programme « Parole dans le bruit » ou dans tout autre programme correspondant Ă  la nouvelle situation dans laquelle l’utili-sateur des aides auditives est passĂ©.

La sensibilitĂ© de la commutation peut ĂȘtre ajustĂ©e finement Ă  l’aide du logiciel d’appareillage Phonak Target 3.0, les constantes de temps de SoundFlow et celles d’auto StereoZoom Ă©tant cependant couplĂ©es. C’est ainsi que l’on garantit qu’une caractĂ©ristique directionnelle Ă©troite ne pourra ĂȘtre activĂ©e ou inactivĂ©e que quand tous les paramĂštres gĂ©rĂ©s par SoundFlow sont au niveau requis. Ceci affecte les temps de rĂ©action et l’inertie du systĂšme dans des situations chan-geantes. grĂące Ă  ces mesures techniques, auto StereoZoom n’est activĂ© que dans les situations vraiment pertinentes, et il est toujours disponible dĂšs que l’activation de ce systĂšme microphonique binaural est vraiment profitable. La consomma-tion supplĂ©mentaire de courant requise par StereoZoom est limitĂ©e aux situations dans lesquelles il apporte un bĂ©nĂ©fice supplĂ©mentaire. De plus, en raison de l’activation automatique de StereoZoom, l’utilisateur de l’aide auditive n’est plus limitĂ© dans le choix du modĂšle d’appareil quand il souhaite pouvoir utiliser la fonc-tion StereoZoom.

C’est ainsi que Phonak fournit une solu-tion efficace basĂ©e sur la Technologie Binaurale VoiceStreamÂź dans les situa-tions auditives difficiles « Comprendre dans des groupes importants en faisant face Ă  son interlocuteur ».

Plus d’informations sur www.phonakpro.fr rubrique ‘Etudes’ :

Phonak Insight, 2012, Technologie Binaurale VoiceStream,

Des algorithmes binauraux intelligents pour

amĂ©liorer l’intelligibilitĂ© vocale.

Figure 2 en haut : Diagrammes polaires d’un focalisateur statique (microphone direc-tionnel du 1er ordre) pour les oreilles gauche et droite du KEMAR avec une stimulation large bande. Conditions de mesure : champ libre, salle peu rĂ©verbĂ©rante.Figure 2 en bas : Diagrammes polaires de StereoZoom (microphone directionnel du 3Ăšme ordre) pour les oreilles gauche et droite du KEMAR avec une stimulation large bande. Conditions de mesure : champ libre, salle peu rĂ©verbĂ©rante.

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79Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

VEILLE TECHNIQUE <

SiemensSiemens présente miconTM, la nouvelle dimension

micon, la nouvelle plateforme BestSoundTM Technology, s’appuie sur un tout nouveau processeur, cƓur de cette nouvelle technologie, offrant une puissance de calcul inĂ©dite dans le domaine de la correction auditive. Les capacitĂ©s micon, associĂ©es Ă  des fonctionnalitĂ©s innovantes de traitement du signal et de l’amplification, Ă©lĂšvent la correction de l’audition Ă  un niveau jamais atteint.

La base de l’analyse et du travail de cette plate-forme micon repose sur des Ă©lĂ©ments novateurs qui constituent le socle sur lequel les autres fonctionna-litĂ©s sont dĂ©veloppĂ©es.Bande passante jusqu’à 12 KHz : Avec micon, la bande passante des appareils (7mi) est Ă©largie pour atteindre 12 KHz en entrĂ©e comme en sortie pour une sonoritĂ© plus naturelle. Les transduc-teurs utilisĂ©s aujourd’hui sur les appa-reils sont capables de capter et de resti-tuer ces hautes frĂ©quences. De plus, la puissance de calcul disponible sur cette nouvelle plateforme rend la gestion de ces hautes frĂ©quences possible. Cette bande passante inĂ©dite dans un appareil auditif (jusqu’à prĂ©sent les appareils Ă©taient limitĂ©s Ă  8/10 KHz) permet de restituer au patient une sonoritĂ© sans prĂ©cĂ©dent, riche et naturelle.

48 canaux de traitement de signal et de gain : La plateforme micon rĂ©alise une dĂ©composition du signal sur 48 canaux de gain (7mi) rĂ©glables sur 20 canaux frĂ©quentiels codant ainsi toute la bande passante de l’appareil (aujourd’hui jusqu’à 12 KHz). Cette dĂ©composition extrĂȘme-ment prĂ©cise en frĂ©quence, associĂ©e Ă  une sĂ©lectivitĂ© frĂ©quentielle importante (chevauchement entre les canaux trĂšs faible) permet une analyse et une finesse de traitement sans prĂ©cĂ©dent. Cette analyse sur 48 canaux sera bĂ©nĂ©fique dans tous les secteurs du traitement du signal (modes microphoniques, dĂ©brui-teurs, analyse de scĂšne auditive
) mais aussi dans l’adaptation du gain au patient.

Le traitement du signal bĂ©nĂ©ficie de nombreuses nouveautĂ©s et innovations afin d’apporter au patient le signal le plus adaptĂ©. Ce traitement du signal sera effectuĂ© sur les bases dĂ©crites ci-dessus.Émergence Directionnelle de la Parole (EDP) : Les algorithmes de gestion du bruit proposĂ©s par micon sont Ă  la pointe de la recherche et de la technologie prĂ©sente dans les appareils auditifs d’aujourd’hui. Quel que soit le type de bruit rencontrĂ© par le patient dans son environnement, micon amĂ©liore le rapport signal/bruit. le rapport signal/bruit. Bruit d’impact, bruit stationnaire et pour la premiĂšre fois bruit, ou cocktail party, (brouhaha). Ce nouveau dĂ©bruiteur, EDP, permet de gĂ©rer ces situations de restaurant ou cocktail party dans lesquelles le bruit a des caractĂ©ris-tiques acoustiques identiques Ă  la parole. L’identification de la parole gĂȘnante est rendue possible par la dĂ©tection micro-phonique fournissant les indices nĂ©ces-

saires aux dĂ©bruiteurs pour amĂ©liorer le rapport signal/bruit de la parole provenant de face. Comme tout dĂ©bruiteur, EDP agit lorsque le rapport signal/bruit est nĂ©gatif et uniquement dans cette situation (constantes de temps trĂšs rapides), ce qui le diffĂ©rencie d’un mode microphonique conventionnel.

EDP est ainsi le premier systĂšme Ă  savoir dĂ©bruiter de la parole lorsqu’il l’identifie comme gĂȘnante (7mi).

Double anti-Larsen : Le nouvel anti-Larsen proposĂ© par micon a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© suivant deux grands axes. PremiĂšrement, offrir plus d’efficacitĂ© en limitant la prĂ©sence du Larsen et ainsi rĂ©duire la gĂȘne pour le patient. DeuxiĂšmement, augmenter cette efficacitĂ© tout en garantissant une qualitĂ© d’écoute optimale et en limitant donc Ă  leur minimum les artĂ©facts liĂ©s Ă  cette Ă©limina-tion du Larsen.

La dĂ©tection de la situation de Larsen est la premiĂšre Ă©tape liĂ©e Ă  cette gestion. Cette derniĂšre, avec micon, est amĂ©liorĂ©e par une dĂ©tection simultanĂ©e et en parallĂšle sur les deux microphones de l’appareil. Cette double dĂ©tection permet d’accroĂźtre la rapiditĂ© et l’efficacitĂ© de cette dĂ©tection. Une fois dĂ©tectĂ©, le Larsen va ĂȘtre Ă©liminĂ© par un systĂšme de dĂ©calage de frĂ©quence aujourd’hui adaptatif.

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80 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> VEILLE TECHNIQUE

Cet algorithme adaptatif ajuste automa-tiquement les paramÚtres du décalage de fréquence à la situation détectée et garantit une efficacité et une qualité opti-males.

La compression frĂ©quentielle : La compression de frĂ©quence micon consiste Ă  restaurer l’audibilitĂ© de frĂ©quences inaudibles en les comprimant dans une zone frĂ©quentielle audible. Le patient peut alors percevoir dans une autre plage frĂ©quentielle des sons qu’il ne pouvait plus entendre (zone morte cochlĂ©aire). Les indices frĂ©quentiels, ainsi dĂ©placĂ©s et comprimĂ©s dans une zone frĂ©quentielle audible, produisent une sensation auditive diffĂ©rente de celle normalement perçue mais apportent au patient ces indices sonores essentiels pour la bonne intelli-gibilitĂ© de la parole et la bonne percep-tion de l’environnement. Pour utiliser la compression frĂ©quentielle, il faut dĂ©finir la frĂ©quence minimale Ă  partir de laquelle doit commencer la compression et le facteur de compression frĂ©quentiel.

Ces derniers éléments, entiÚrement ajus-tables, sont automatiquement paramé-trés pour les patients souffrant de zones mortes cochléaires.

GĂ©nĂ©rateur de bruit : Toutes les aides auditives micon sont Ă©quipĂ©es d’un gĂ©nĂ©-rateur de bruit (pour les patients acouphĂ©-niques et/ou hyperacousiques) adaptable en fonction des besoins (gĂ©nĂ©rateur de bruit seul ou mixte). Cette fonctionnalitĂ©, entiĂšrement paramĂ©trable jusqu’à 12 Khz, apporte un confort optimal aux patients concernĂ©s. Il est Ă©galement possible de donner aux patients l’accĂšs au contrĂŽle du gĂ©nĂ©rateur de bruit par le bouton sur l’appareil.

Le signal traitĂ© est ensuite adaptĂ© Ă  la perte du patient par l’intermĂ©diaire de nouvelles fonctionnalitĂ©s.La compression micon-Amp : Avec micon, la gestion des compressions Ă©volue encore par rapport Ă  XCEL, tout en gardant la philosophie d’équilibre optimal entre audibilitĂ© et confort. La double compression est toujours disponible mais peut ĂȘtre maintenant entiĂšrement para-mĂ©trĂ©e. Cette double compression avec 2 CK et 2 CR permet un ajustement prĂ©cis et indĂ©pendant des gains pour les 3 niveaux d’entrĂ©e. Les constantes de temps elles aussi Ă©voluent et deviennent aujourd’hui adaptatives. Lentes pour la

parole, afin de conserver une sonoritĂ© naturelle, et rapides lors des variations brĂšves, afin de garantir le confort du patient. Cette compression adaptative, en fonction des variations d’intensitĂ© Ă  l’entrĂ©e, permet d’offrir aux patients une sonoritĂ© naturelle de la parole tout en assurant une Ă©coute confortable. La compression micon-Amp est aujourd’hui le systĂšme le plus abouti du marchĂ© en termes de complĂ©mentaritĂ© des rĂ©glages. D’une prĂ©cision d’adaptation optimale, la compression micon-Amp respecte entiĂš-rement la dynamique du patient et dĂ©livre une sonoritĂ© parfaitement naturelle. Cette nouvelle compression est automa-tiquement ajustĂ©e en utilisant la nouvelle formule de prĂ©rĂ©glage micon-Fit dispo-nible avec les nouveaux appareils.

Équaliseur automatique : gĂ©nĂ©ralement, les patients nouvellement appareillĂ©s prĂ©fĂšrent des appareils auditifs automa-tiques qui ne requiĂšrent pas de change-ments manuels de programme en fonction de l’environnement sonore. Pourtant une courbe de rĂ©ponse spĂ©cifique Ă  chaque environnement peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique pour le confort d’écoute et l’intelligibilitĂ© de la parole. Aujourd’hui, micon peut adapter automatiquement la courbe de rĂ©ponse de l’appareil aux diffĂ©rentes situations d’écoute afin d’optimiser la perception et la comprĂ©hension. micon propose une adaptation automatique du gain, trĂšs simple d’utilisation, en fonction de l’envi-ronnement dĂ©tectĂ© (6 environnements possibles).

InSituGram : micon propose de rĂ©aliser dĂ©sormais, rapidement et simplement, une audiomĂ©trie tonale (de 250 Hz Ă  6 KHz) directement Ă  travers l’appareil auditif sur l’oreille du patient. Cette audiomĂ©trie InSitugram permet de tenir compte de

l’adaptation rĂ©elle de l’appareil dans l’oreille du patient (aĂ©ration, embout, amplification naturelle du conduit dĂ©formĂ©, 
) et ce afin d’obtenir un prĂ©rĂ©-glage plus prĂ©cis et personnalisĂ©. Cette technique permet Ă©galement de suivre, en temps rĂ©el et sur la durĂ©e, l’audiomĂ©trie du patient et de procĂ©der Ă  des ajuste-ments rapides et d’une grande prĂ©cision si besoin.

Acclimatation automatique : Dans les premiers temps de l’appareillage, il peut ĂȘtre bĂ©nĂ©fique d’orienter le rĂ©glage de l’appareil vers une sonoritĂ© confortable afin que le patient s’habitue au gain de l’appareil et le porte sans ĂȘtre dĂ©rangĂ© par cette nouvelle sonoritĂ©. En revanche, quelques semaines ou mois plus tard, il est intĂ©ressant de faire Ă©voluer le rĂ©glage vers plus d’intelligibilitĂ© et de perception de l’environnement. Le patient, aprĂšs cette pĂ©riode, sera apte Ă  recevoir ce gain supplĂ©mentaire. micon, grĂące Ă  l’Accli-matation automatique, peut conduire le patient vers plus d’intelligibilitĂ© et de perception, de façon progressive et auto-matique. Cette progression douce en gain l’aidera Ă  s’habituer Ă  ses aides auditives.

micon, disponible en deux niveaux de performance, 7 mi et 5 mi, Ă©qui-pera Ă  partir du mois de janvier les produits PureTM, Siemens Life et AceTM, le nouveau RIC pile 10 de Siemens tout automatique et quasiment invisible.

La gamme micon se programme avec ConnexxTM 7, le nouveau logiciel d’adaptation Siemens. Convivial, intuitif et simple Ă  utiliser, Connexx 7 reprĂ©-sente une vĂ©ritable valeur ajoutĂ©e dans votre quotidien.

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81Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

VEILLE TECHNIQUE <

SMS Audio Electronique

SystÚme de signalisation lisa avec prise intégrée

Emetteur de téléphone galv./ acoust. lisa (nouveau modÚle) Réf. A-2043-1

Emetteur galv. de sonnette de porte lisa (nouveau modĂšle) RĂ©f. A-2045-1

Emetteur galv. et acoust. de sonnette de porte lisa (nouveau modĂšle) RĂ©f. A-2046-1

Emetteur combiné galv./acoust. lisa (nouveau modÚle) Réf. A-2041-1

Lampe-flash standard (nouveau modĂšle) RĂ©f. A-2134-1

Interrupteur pour lampe (nouveau modĂšle) RĂ©f. A-2136-1

SystĂšme de signalisation radio lisa

Lampe-flash de table radio lisa (nouveau modĂšle) - RĂ©f. A-2413-0

Signalisation par flashs puissants et diodes lumineuses Ă  6 couleurs et de grands symboles.

iBell RĂ©f. A-2550-0 (blanc)/ RĂ©f. A-2551-0 (noir)

L’avertisseur lumineux pour tĂ©lĂ©phone

portable « iBell » vous informe sur les appels en absence et signale chaque sonnerie d’appel par un dĂ©filement de lumiĂšre bleutĂ©e, qui disparaĂźt seule-ment aprĂšs acquittement du signal. Les personnes possĂ©dant un systĂšme de signalisation radio lisa peuvent y intĂ©grer leur tĂ©lĂ©phone portable : l’avertisseur « iBell » communique avec l’émetteur acoustique de tĂ©lĂ©phone radio lisa.

travelTim RĂ©f. A-3020-0

Le rĂ©veil compact de voyage au design innovant gĂ©nĂšre de fortes impulsions vibrantes pour indiquer qu’il est l’heure de se lever.

‱ Montre Ă©lectronique Ă  affichage digital

‱ Fortes impulsions vibrantes

‱ Alarme vibrante et/ou sonore et/ou clignotement lumineux (LED)

‱ Affichage rĂ©troĂ©clairĂ© 12/24 h.

‱ Le couvercle de protection des Ă©lĂ©ments de commande sert Ă©galement de support de maintien.

‱ PossibilitĂ© de branchement d’autres modules gĂ©nĂ©rateurs de signaux : Module flash MF-1, module de commu-tation, MS-1, module acoustique, MA-1 et coussin vibrant (voir les accessoires)

time flash (nouveaux modÚles)Réf. A-3140-0 (blanc)Réf. A-3141-0 (noir)Réf. A-3142-0 (gris métallisé)Réf. A-3243-0 (gris métalliséavec réception radio lisa)

RĂ©veil Ă  cadran analogique avec une alarme rĂ©glable et avertissement par bip sonore et/ou puissants flashs lumineux. Un gĂ©nĂ©rateur de signaux (coussin vibrant, MF-1...) peut ĂȘtre raccordĂ© sur le rĂ©veil.

RĂ©glage de l’heure et de l’alarme sur 2 curseurs diffĂ©rents, tonalitĂ© du bip sonore rĂ©glable.

sonumaxx RĂ©f. A-4035-0

Le set sonumaxx comporte un Ă©metteur et un rĂ©cepteur permettant de raccorder toutes sortes d’accessoires audio tels que :‱ Casque stĂ©thoscopique DIR‱ Casque lĂ©ger‱ Écouteurs discrets‱ Collier magnĂ©tique

swing digital Set RĂ©f. A-4130-0

La bande de frĂ©quence 2,4 gHz autorise la transmission numĂ©rique sans fil avec un dĂ©bit numĂ©rique Ă©levĂ© sans compres-sion. grĂące Ă  un traitement intelligent des frĂ©quences vocales il en rĂ©sulte une retransmission claire et nette de qualitĂ© CD. Vous pouvez vous dĂ©placer hors de la piĂšce et continuer Ă  entendre votre Ă©mis-sion prĂ©fĂ©rĂ©e sans coupure avec votre rĂ©cepteur stĂ©thoscopique. «swing digital»dispose d’une entrĂ©e audioanalogique et d’une entrĂ©e numĂ©rique USB permettant le raccord direct Ă  un ordinateur. Jusqu’à 5 rĂ©cepteurs peuvent ĂȘtre dĂ©clarĂ©s par Ă©metteur swing digital.

swing digital LR Set RĂ©f. A-4135-0

SystĂšme d’écoute TV avec collier d’induc-tion.

Convertisseur S/PDIF RĂ©f. A-4963-0

Le convertisseur S/PDIF convertit un signal

NOUVEAU

NOUVEAU

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> VEILLE TECHNIQUE

audio digital (optique ou coaxial) venant du tĂ©lĂ©viseur en un signal analogique pour les systĂšmes d’écoute TV swing ou autres disposant uniquement d’une entrĂ©e audio stĂ©rĂ©o analogique.

swing IR Set RĂ©f. A-4018-0

« swing-IR » transmet les signaux entre l’émetteur et le rĂ©cepteur par des impulsions infrarouge. Ceci exclut toute influence et interfĂ©rence Ă©lectromagnĂ©-tique provenant d’autres appareils Ă©lec-triques. En contact visuel de l’émetteur vous recevez le son de votre radio, votrechaĂźne HiFi ou de votre tĂ©lĂ©viseur en trĂšs haute qualitĂ©, avec une portĂ©e d’environ 15 mĂštres. Le nombre de rĂ©cepteurs par Ă©metteur est illimitĂ©.

swing IR LR Set RĂ©f. A-4016-0

SystĂšme d’écoute TV avec collier d’induc-tion.

CM-BT2 RĂ©f. A-4547-0

L’amplificateur d’écoute Bluetooth «CM-BT2» petit, compact, simple d’utili-sation dispose d’une amplification de la voix hors du commun. Les porteurs de prothĂšses auditives disposant de la rĂ©cep-tion par induction peuvent utiliser directe-ment le «CM-BT2 » avec le collier magnĂ©-tique intĂ©grĂ© ou raccorder l’accessoire audio de leur choix sur la prise casque.

sydney RĂ©f. A-4650-0

Le tĂ©lĂ©phone portable compact avec touche d’appel d’urgence « sydney » reprend le design classique d’un tĂ©lĂ©-phone portable.

vegas RĂ©f. A-4660-0

Le tĂ©lĂ©phone portable Ă  clapet, Ă©lĂ©gant et agrĂ©able au toucher avec une rare esthĂ©tique. « vegas » mise sur l’élĂ©-gance. Pour cela il faut non seulement un design exclusif, mais Ă©galement le confort complet d’un tĂ©lĂ©phone gSM moderne.

freeTEL III (sans Bluetooth)RĂ©f. A-4604-0freeTEL III/BT (avec Bluetooth)RĂ©f. A-4605-0

Les personnes appareillĂ©es n’ont jamais entendu de maniĂšre aussi claire qu’avec le freeTEL III. L’optimisation de l’écoute inductive atteint une qualitĂ© haute et impressionnante, comme le confirment les personnes l’ayant testĂ©e :« Un son aussi clair, je n’en ai jamais entendu au tĂ©lĂ©phone».Pour celles et ceux qui prĂ©fĂšrent tĂ©lĂ©-phoner sans l’appareil auditif, l’amplifi-cation acoustique est Ă©galement de haute qualitĂ©. Le volume est rĂ©glable jusqu’à 40 dB et soutenu par un rĂ©glage dynamique de la tonalitĂ© Ă  + 20 dB. La connexion d’équipement externe est possible par Bluetooth sur le freeTEL III/BT.

flashtel comfort II LB f RĂ©f. A-4538-0

Le téléphone à grosses touches avec bouton

d’appel d’urgence pour plus de confort et de sĂ©curitĂ© : flashtel comfort II LB f. Toutes les fonctions ayant fait leur preuve sur la gamme flashtel comfort sont Ă©gale-ment disponibles sur le flashtel comfort II LB f. Il combine grosses touches, marquage contrastĂ© et fonction d’appel d’urgence.

scalla3 ComboRĂ©f. A-4568-0

«scalla3 Combo», c’est la combinaison entre un tĂ©lĂ©phone fixe de la sĂ©rie «scalla» dotĂ© d’un combinĂ© additionnel sans fil avec fonction d’appel d’urgence.La base du tĂ©lĂ©phone fixe du « scalla3 Combo » reprĂ©sente le top de la sĂ©rie scalla. Le combinĂ© sans fil offre le mĂȘme confort que la base fixe et en augmente grandement votre libertĂ© de mouvement.La fonction d’appel d’urgence a une grande importance dans le concept de mobilitĂ© car, en ayant le combinĂ© sur vous, le bouton d’appel d’urgence est toujours Ă  portĂ©e de main. «scalla3 Combo» dipose d’un rĂ©pondeur, de touches mĂ©moires photo, de la synthĂšse vocale, d’un affi-chage clair et lisible, d’une suramplifica-tion rĂ©glable jusqu’à + 40 dB ainsi que la compatibilitĂ© avec les prothĂšses ou implants auditifs munis de la rĂ©ception par induction. Livrable dĂ©but 2013.

Pour le soin de la peauProduits de soins de la peau pour une peau irritée du pavillon et du conduit auditif.

ginkgoCare - Réf. A-6011-0Présentoir de 30 tubes - Réf. A-6012-0Présentoir de 10 tubes - Réf. A-6071-0Recharge de 30 tubes - Réf. A-6060-0Recharge de 10 tubes

NOUVEAU NOUVEAU

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Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

VEILLE TECHNIQUE <

« ginkgoCare » est un produit cosmétique aux principes actifs du ginkgo biloba pour le soin préventif et la protection efficace contre les irritations cutanées aux zones de contact avec les prothÚses auditives ou les lunettes.

auridropRéf. A-6015-0Présentoir de 10 flaconsRéf. A-6065-0Recharge de 10 flacons

« auridrop » reprĂ©sente un complĂ©ment idĂ©al Ă  « ginkgoCare ». L’utilisation de la prĂ©paration Ă  base d’huile empĂȘche l‘inflammation, les dĂ©mangeaisons, la desquamation et le dessĂšchement de la peau du conduit auditif.

LA-90RĂ©f. A-4209-0

Toutes les entreprises et collectivitĂ©s, recevant du public ou des visiteurs souhaitant amĂ©liorer le dialogue avec les porteurs d’appareils auditifs ou d’implants cochlĂ©aires peuvent le faire avec le LA-90, une solution flexible et mobile pour une transmission audio par induction.Pour capter le son, le systĂšme de boucle magnĂ©tique compact dispose d’un micro-phone intĂ©grĂ© ainsi que la connectique pour un microphone externe. Une sortie casque permet le raccord en direct d’ac-cessoires audio avec fiche jack 3,5 mm.

Digi-Wave

IntĂ©ressant pour l’enseignement, les visites guidĂ©es, les confĂ©rences et

l’interprĂ©tation, Digi-Wave est un systĂšme polyvalent de transmission numĂ©rique sur 2,4 gHz permettant de rĂ©aliser sur une zone restreinte jusqu’à 15 groupes de communication unidirectionnelle et jusqu’à 4 groupes en communication bidirectionnelle. Une seule pression sur un bouton suffit pour Ă©couter ou prendre la parole.

PRO IR-200/PRO IR-201RĂ©f. A-4030-0 PRO IR-200RĂ©f. A-4031-0 PRO IR-201

Le systĂšme de transmission infrarouge bicanal adaptĂ© pour les salles petites ou moyennes est composĂ© au minimum d’un Ă©metteur modulateur PRO IR-200 permet-tant le raccord direct de sources audio. La portĂ©e peut ĂȘtre augmentĂ©e par l’ajout d’un ou deux Ă©metteurs infrarouge PRO IR-201 alimentĂ©s par l’émetteur modula-teur PRO IR-200.

Tous ces produits seront exposés :

‱ au CongrĂšs des audioprothĂ©sistes du 11 au 13 avril 2013 au CNIT Ă  Paris la DĂ©fense

SMS Audio Electronique sera Ă©galement prĂ©sent aux manifestations suivantes destinĂ©es Ă  l’accessibilitĂ© auditive :

‱ au salon ISE du 29 au 31 janvier 2013 à Amsterdam

‱ au salon URBACCESS les 13 et 14 fĂ©vrier 2013 Ă©galement au CNIT Ă  Paris la DĂ©fense

SMS AUDIO ELECTRONIQUE SARL

173 rue du général de gaulle | 68440 HABSHEIM

Téléphone : 03 89 44 14 00

Télécopie : 03 89 44 62 13

Internet : www.humantechnik.com

Courriel : [email protected]

NOUVEAU

NOUVEAU

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84 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> VEILLE TECHNIQUE

StarkeyWI SERIES : LE SANS-FIL DÉSORMAIS SUR-MESURE

Par Elise gregoire,

Au.D. & Elizabeth galster, Au.D.

Les progrĂšs technologiques ont permis de concevoir des appareillages auditifs plus efficaces et d’obtenir de meilleures sensations auditives pour les patients souffrant de pertes auditives. Les intra-auriculaires Wi Seriesℱ constituent la premiĂšre gamme d’intra-auriculaires comportant une antenne longue portĂ©e sans-fil complĂštement intĂ©grĂ©e dans la coque de l’aide auditive. La gamme Wi Series prĂ©sente tous les avantages de la communication sans-fil et du traitement de signal avancĂ© combinĂ©s dans des Ă©couteurs dĂ©portĂ©s (RIC). Les intras Wi Series sont disponibles dans les modĂšles Semi-profond (CIC), Intra-conduit (ITC) et Intra-conque (ITE).

Avec sa gamme d’intras Wi Series, Starkey propose des appareils de concep-tion innovante et plusieurs nouvelles fonc-tionnalitĂ©s avancĂ©es. Ces appareils de conception nouvelle intĂšgrent l’antenne sans-fil Starkey dans la coque intra-auri-culaire et leur Ă©couteur est dotĂ© d’une protection anti-humiditĂ© et pare-cĂ©rumen. Parmi les nouvelles fonctionnalitĂ©s figu-rent Voice iQ2, iQ Boost, Self Learning et Spectral iQ. L’intĂ©gration de la technologie IRISℱ aux intras permet le traitement stĂ©rĂ©ophonique, la transmission des sons de sources mĂ©dia et la programmation sans-fil, sans nĂ©cessitĂ© d’aucun dispo-sitif de relais. L’appareillage et les carac-tĂ©ristiques des intras Wi Series ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s par Starkey au cours d’un essai clinique de huit semaines. Vingt patients ont Ă©valuĂ© la fonctionnalitĂ© et les perfor-mances des produits et accessoires sans fil intra-auriculaires. La perte auditive chez les patients Ă©tait de moyenne Ă  sĂ©vĂšre. Des donnĂ©es subjectives et objectives ont Ă©tĂ© recueillies tout au long de cette Ă©tude, que ce document reprend partiellement.

Conception de l’appareillageL’inclusion de tous les composants nĂ©ces-saires Ă  une aide auditive dans l’espace rĂ©duit d’un intra comporte certaines contraintes. L’un des composants les plus importants de l’appareillage des aides auditives Wi Series est l’antenne sans-fil permettant la communication entre

les aides auditives, les accessoires et le programmateur sans-fil. Cette antenne doit ĂȘtre capable de transmettre et de recevoir les informations alors qu’elle est logĂ©e profondĂ©ment dans le conduit auditif du patient. Fonctionnant Ă  900 MHz sur le spectre des applications industrielles, scientifiques et mĂ©dicales, les produits Wi Series permettent une communica-tion sans-fil Ă  courte et longue distance sans utiliser de dispositif de relais. Afin de pouvoir mettre en place la fonctionnalitĂ© sans-fil, les intras Wi Series prĂ©sentent un appareillage de conception unique.

La Figure 1 reprĂ©sente un appareil CIC Wi Series assemblĂ©, dans lequel l’antenne sans-fil entoure les composants de traite-ment de l’aide auditive, notamment la pile, le microphone et le circuit intĂ©grĂ©.

La Figure 2 reprĂ©sente le mĂȘme dĂ©sas-semblĂ© : de gauche Ă  droite, la plaque-circuit, les composants de l’appareil, l’an-tenne sans-fil et la coque.

Figure 1. ReprĂ©sentation d’une aide auditive CIC Wi Series. L’antenne sans-fil entoure les composants internes.

Figure 2. Vue de cĂŽtĂ© d’une aide audi-tive CIC Wi Series dĂ©sassemblĂ©e. Les cache-microphone et tiroir-pile sontvisibles sur la plaque-circuit. Les composants tiennent Ă  l’intĂ©rieur de l’antenne sans-fil, qui se glisse Ă  l’in-tĂ©rieur de la coque.

HydraShieldÂź2

HydraShieldÂź2 est conçu pour protĂ©ger les aides auditives de nombreuses substances auxquelles elles sont exposĂ©es au cours de leur usage en conditions normales. HydraShieldÂź2, utilisĂ© avec la protec-tion pare-cĂ©rumen Hear Clearℱ, est un

nanorevĂȘtement olĂ©ophobe et hydrophobe qui repousse les corps gras et les liquides tels que le cĂ©rumen et la sueur.

La Figure 3 est la photographie d’une goutte d’huile d’olive qui a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e sur une surface n’ayant pas subi de trai-tement HydraShieldÂź2. Remarquez que la surface absorbe l’huile.

La Figure 4 est la photographie d’une goutte d’huile d’olive qui a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e sur une surface ayant subi un traitement HydraShieldÂź2. Remarquez que l’huile n’est pas absorbĂ©e : elle reste en place sur la surface, comme une perle. La protec-tion Hear Clear, qui bĂ©nĂ©ficie du traitement HydraShieldÂź2, empĂȘche les substances de s’accumuler Ă  l’intĂ©rieur de l’écouteur, amĂ©liorant ainsi la longĂ©vitĂ© et la fiabilitĂ© des aides auditives et facilitant leur entre-tien par les patients.

Figure 3. Photographie d’une goutte d’huile d’olive sur une surface non traitĂ©e.

Figure 4. Photographie d’une goutte d’huile d’olive sur une surface traitĂ©e HydraShieldÂź2.

Accessoires sans filLe programmateur SurfLinkℱ de Starkey est l’une des premiĂšres options de programmation sans-fil permettant de rĂ©aliser de vĂ©ritables opĂ©rations de programmation Ă  distance. La dĂ©tection automatique des aides auditives au moyen du logiciel d’appareillage InspireÂź fait de la programmation de l’aide auditive une manipulation rapide et facile. De plus, le patient a la possibilitĂ© de tester diffĂ©rents environnements d’écoute Ă  une distance d’environ 7 mĂštres, pendant que l’audio-prothĂ©siste programme l’aide auditive.

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85Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

VEILLE TECHNIQUE <

SurfLink Media compatible avec toutes les aides auditives Wi Series dotĂ©es des options de personnalisation, transmet les sons d’une source multimĂ©dia directe-ment Ă  l’aide auditive du patient.

Cela permet aux patients de se connecter Ă  leur tĂ©lĂ©vision, leur lecteur MP3, leur ordinateur ou autre. Plusieurs utilisateurs Wi Series peuvent Ă  la fois se connecter Ă  une mĂȘme source audiovisuelle, ce qui facilite l’utilisation des produits Wi Series dans les foyers comptant plus d’un utili-sateur. Comme les sons sont directement transmis aux aides auditives, aucun dĂ©ca-lage n’est perceptible pour l’utilisateur et une bonne qualitĂ© d’écoute est maintenue.

Un sous-groupe de patients ayant participĂ© Ă  cet essai clinique atteints d’une perte auditive moyenne Ă  sĂ©vĂšre a Ă©valuĂ© l’uti-lisation de SurfLink Media avec les intras.

Quatre patients sur cinq ont notĂ© une comprĂ©hension de la parole bonne Ă  trĂšs bonne lors de l’utilisation de SurfLink en regardant la tĂ©lĂ©vision.

La tĂ©lĂ©commande SurfLink permet au patient de rĂ©gler diffĂ©rents paramĂštres de l’aide auditive par une simple pression sur un bouton. Trois modĂšles pratiques sont disponibles pour rĂ©pondre aux diffĂ©rents besoins des patients. Au cours de l’essai clinique, les patients ont trĂšs bien notĂ© la qualitĂ© et l’efficacitĂ© de la tĂ©lĂ©commande, comme illustrĂ© Ă  la Figure 5. Les patients qui n’ont pas exprimĂ© leur satisfaction Ă  l’égard des commandes, n’ont pas mentionnĂ© le besoin de rĂ©gler leurs aides auditives. Ă©quipĂ©e d’une batterie dont la durĂ©e de vie est de cinq ans, la tĂ©lĂ©com-mande SurfLink offre aux patients une solution pratique pour le rĂ©glage de leurs aides auditives.

Traitement stéréophoniqueEn plus de la possibilité de communiquer à longue distance, utilisée pour la trans-mission de sources média et la program-mation, les intras présentent également une fonctionnalité de traitement à courte distance. La communication à courte distance est nécessaire pour permettre la communication entre les aides auditives

gauche et droite. Les aides auditives Ă©tant capables de communiquer ensemble, l’utilisateur peut rĂ©aliser des rĂ©glages sur les deux aides auditives en utilisant la commande situĂ©e sur un seul appareil. Il a Ă©tĂ© demandĂ© Ă  des patients utilisant des commandes d’aides auditives sans fil, d’évaluer leur qualitĂ© et leur efficacitĂ©/praticitĂ© au cours de cet essai clinique. Les rĂ©sultats sont prĂ©sentĂ©s Ă  la Figure 5. Les patients ont rĂ©pondu favorablement, notant la grande facilitĂ© Ă  changer le volume et les rĂ©glages en mĂ©moire. Un avantage supplĂ©mentaire pour le traite-ment stĂ©rĂ©ophonique est la Cartographie Spatiale StĂ©rĂ©ophonique.

La Cartographie Spatiale StĂ©rĂ©ophonique utilise les donnĂ©es collectĂ©es par chaque aide auditive pour parvenir Ă  des rĂ©glages optimaux par algorithme, dans diffĂ©rents environnements, dans le but d’amĂ©liorer la comprĂ©hension de la parole par les patients ainsi que leur confort Ă  l’écoute, en particulier en prĂ©sence de bruits de fond.

Voice iQ2

Voice iQ2 offre une meilleure réduction des bruits - encomparaison avec la conception Voice iQ originale - tout en préservant la compréhension de la parole. Les études

précédentes portant sur Voice iQ font état de la satisfaction des patients dans des environnements bruyants sans altération de la compréhension de la parole malgré le bruit (Pisa, Burk, & galster, 2010).

Les données cliniques tirées des études actuelles menées sur des intras Wi Series dotés de la fonctionnalité Voice iQ2 indique que Voice iQ2 préserve la capacité du patient à comprendre la parole dans le bruit (Figure 6).

La comprĂ©hension de la parole a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e au moyen du Test HINT (Test d’audition dans le bruit ; (Nilsson, Soli, & Sullivan, 1994) dans de nombreuses conditions diffĂ©rentes et avec la fonc-tionnalitĂ© Voice iQ2 dĂ©sactivĂ©e et activĂ©e. Aucune diffĂ©rence significative n’a Ă©tĂ© constatĂ©e, ce qui indique que Voice iQ2 prĂ©serve la capacitĂ© du patient Ă  comprendre les paroles dans un environ-nement bruyant.

iQ BoostConçu pour une utilisation dans des envi-ronnements extrĂȘmement bruyants, iQ Boost permet aux patients d’activer la directionnalitĂ© et d’ajuster la rĂ©duction des

bruits de maniĂšre plus prĂ©cise. iQ Boost comprend le paramĂ©trage Voice iQ2 et permet d’obtenir une rĂ©duction des bruits pouvant atteindre 20 dB. Cela a pour but d’amĂ©liorer le confort du patient dans des

environnements extrĂȘmement bruyants. Accessible au moyen du bouton « Favo-rite » sur la tĂ©lĂ©commande SurfLink, iQ Boost est conçu pour amĂ©liorer, d’une pression sur un bouton, le confort dans le bruit.

Figure 5. Evaluation par les patients de la qualitĂ© et de l’efficacitĂ© de la tĂ©lĂ©commande SurfLink et des commandes d’aides auditives sans-fil.

Figure 6. Moyenne des résultats HINT avec Voice iQ2 désactivé et avec Voice iQ2 activé. Attention, les scores les plus faibles reflÚtent les meilleurs résultats.

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86 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> VEILLE TECHNIQUE

Self Learning (Auto-apprentissage)La fonction Self Learning permet l’ajuste-ment automatique du gain dans les aides auditives en rĂ©ponse aux modifications de contrĂŽle du volume effectuĂ©es par le patient. Si un patient effectue des rĂ©glages consĂ©cutifs et cohĂ©rents de ses aides audi-tives, les appareils vont peu Ă  peu pratique et Ă  ajuster le gain afin de mieux rĂ©pondre aux besoins du patient. Self Learning enre-gistre diffĂ©rents rĂ©glages favoris de volume en mĂ©moire, permettant un apprentissage spĂ©cifique Ă  chaque mĂ©moire et une opti-misation de la rĂ©ponse de l’aide auditive.

Spectral iQSpectral iQ est conçu pour amĂ©liorer l’au-dibilitĂ© des sons vocaux Ă  haute frĂ©quence tels que /s/, /∫/ et /z/ chez les patients atteints d’une perte auditive dans les frĂ©quences aiguĂ«s. L’algorithme identifie les sons de parole de frĂ©quences aiguĂ«s et les traduit en une gamme de frĂ©quences plus graves dans laquelle les seuils auditifs sont meilleurs, tout en maintenant le signal initial de la parole. Ce procĂ©dĂ© dynamique respecte les relations harmoniques, essen-tielles Ă  la comprĂ©hension de la parole et Ă  la qualitĂ© sonore, produisant ainsi des indices vocaux audibles tout en maintenant une excellente qualitĂ© sonore. Onze des vingt patients de l’essai clinique correspon-daient aux critĂšres d’inclusion Ă  l’essai sur Spectral iQ et ont Ă©valuĂ© cette fonctionna-litĂ© au cours de l’essai clinique. L’évalua-tion de la performance des patients avec Spectral iQ a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e au moyen du Test « S » (Robinson, Baer, & Moore, 2007) pour Ă©valuer la capacitĂ© d’un auditeur Ă  dĂ©tecter

les sons /s/ ou /z/ finals. Les scores obtenus lors du Test « S » sous forme d’indice de sensibilitĂ© ont Ă©tĂ© convertis en pourcen-tage correct selon les procĂ©dures dĂ©crites par Hartmann (1997, p. 543). La Figure 7 prĂ©sente les rĂ©sultats moyens des patients au Test « S ». Il ressort de la comparaison entre les rĂ©sultats obtenus avec Spectral iQ activĂ© et Spectral iQ dĂ©sactivĂ© (p<0,001) que Spectral iQ constitue une amĂ©lioration significative.

Impressions gĂ©nĂ©ralesÀ l’issue de l’essai clinique, les patients ont Ă©valuĂ© les intras Wi Series au moyen de l’échelle des rĂ©sultats subjectifs du dispositif (DOSO ; Cox, Alexander, & Xu, 2009). Ces Ă©valuations ont Ă©tĂ© compa-rĂ©es Ă  celles effectuĂ©es concernant les propres aides auditives des patients avant le dĂ©marrage de l’étude. L’échelle DOSO est conçue pour Ă©valuer et comparer la performance des aides auditives (Cox, Alexander, & Xu, 2009). Les patients ont attribuĂ© aux intras Wi Series une note significativement meilleure qu’à leurs propres aides auditives, dans toutes les sous-Ă©chelles DOSO : indices vocaux (p<0,001), effort d’écoute (p<0,001), facilitĂ© (p<0,01), tranquillitĂ© (p<0,001), et efficacitĂ© (p<0,005) (Figure 8).

ConclusionLes intra-auriculaires Wi Series sont parmi les premiers Ă  proposer une technologie sans fil Ă  courte et Ă  longue distance en combinaison avec un procĂ©dĂ© avancĂ© de traitement du signal dans le logement d’un intra.

Le recours Ă  la technologie IRIS et Ă  nos nouvelles fonctionnalitĂ©s telles que Voice iQ2, iQ Boost, Self Learning et Spectral iQ amĂ©liorent les sensations du patient. Avec ses intras Wi Series, Starkey permet d’ob-tenir une qualitĂ© sonore et une comprĂ©-hension de la parole exceptionnelles et offre tous les bĂ©nĂ©fices de la communica-tion sans-fil dans une petite aide auditive.

RemerciementsLes auteurs souhaitent remercier Roger Halberg, Ryan Owens, Keith guggen-berger, gerald Shamla, Michelle Hicks, Ph.D., Matt Burk, Ph.D. et Amanda Wolfe, Au.D., pour leur contribution Ă  cette publi-cation.

RĂ©fĂ©rencesCox, R.M., Alexander, g.C. & Xu, J. (mars 2009). Development of the Device-Oriented Subjective Outcome Scale (DOSO). SĂ©ance de prĂ©sentation par affiches au congrĂšs annuel de l’American Auditory Society, Scottsdale, Arizona.

Hartmann, W.M. (1997). Signals, sound, and sensation. Woodbury, New York : American Insti-tute of Physics.

Nilsson, M., Soli, S. & Sullivan, J.A. (1994). Development of the Hearing In Noise Test for the measurement of speech reception thresholds in quiet and noise. Journal of the Acoustical Society of America, 95(2), 1085–1099.

Pisa, J., Burk, M. & galster, E.A. (2010). Evidence-based design of a noise management algorithm. The Hearing Journal, 63(4), 42–48.

Robinson, J.D., Baer, T. & Moore, B.C. (2007). Using transposition to improve consonant discri-mination and detection for listeners with severe high-frequency hearing loss. International Journal of Audiology, 46, 293–308.

Figure 7 : Moyenne des résultats pour chacune des deux conditions (2AFC) au Test « S », scores exprimés en pourcentage correct. Cette figure présente les scores obtenus dans les deux conditions de test, avec la fonction Spectral iQ désactivée et activée. Les patients obtiennent un résultat significativement meilleur quand Spectral iQ est activé (p<0,001).

Figure 8 : Comparaison des Ă©valuations effectuĂ©es sur l’échelle DOSO par les patients concernant leurs propres aides auditives au dĂ©but de l’étude et les intras Wi Series en fin d’étude. Sur chacune des sous-Ă©chelles correspondantes, les intras Wi Series ont reçu une notation significativement meilleure que les propres aides auditives des patients : indices vocaux (p<0,001), effort d’écoute (p<0,001), facilitĂ© (p<0,01), tranquillitĂ© (p<0,001), et efficacitĂ© (p<0,005).

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87Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

VEILLE TECHNIQUE <

WidexWIDEX NE LANCE PAS UNE MAIS DEUX SOLUTIONS POUR LUTTER CONTRE LES ACOUPHENES.On estime qu’en France environ 8 millions de personnes ĂągĂ©es de 55 Ă  85 ans souf-frent d’acouphĂšne (Etude Widex-gallilĂ©o rĂ©alisĂ©e en juin 2012) avec ou sans perte auditive associĂ©e.

En tant que principal fabricant d’aides auditives, Widex s’attache depuis 2008 Ă  apporter et mesurer l’effet des solu-tions proposĂ©es aux personnes malen-tendantes acouphĂ©niques. Aujourd’hui forte de son expĂ©rience, Widex Ă©largit son offre Ă  toutes les personnes souffrant d’acouphĂšne, malentendantes ou pas.

Widex ZEN2GO clear220–passionWidex introduit un nouveau dispositif de gestion des acouphĂšnes appelĂ© ZEN2gO. Il est destinĂ© aux personnes qui consultent en prioritĂ© pour leurs acouphĂšnes. Ce dispositif Ă©met alĂ©atoirement des tona-litĂ©s harmoniques apaisantes pour aider les utilisateurs Ă  se relaxer, Ă  rĂ©duire leur stress et Ă  gĂ©rer les autres effets des acouphĂšnes. grĂące Ă  l’interauralitĂ© de CLEAR, les tonalitĂ©s Zen sont diffusĂ©es de maniĂšre optimum dans les 2 oreilles en

mĂȘme temps. Et si la personne acouphĂ©-nique souffre aussi d’une perte auditive, vous pouvez aussi la corriger. ZEN2gO est un package composĂ© d’une stĂ©rĂ©o CLEAR220-PASSION et d’une RC-DEX dĂ©jĂ  appairĂ©e.

Widex ZEN2GO bruiteurZEN2gO Bruiteur est destinĂ© aux personnes souffrant d’acouphĂšne mais ne prĂ©sentant pas de perte auditive. C’est une solution prĂȘte Ă  l’emploi qui ne nĂ©ces-site pas de programmation. Les audiopro-thĂ©sistes peuvent ainsi utiliser le temps gagnĂ© Ă  conseiller leurs patients. ZEN2gO Bruiteur est un package composĂ© d’une stĂ©rĂ©o en coque m avec un bouton programme permettant d’accĂ©der aux 3 programmes : ZEN Aqua, ZEN Bruit et

Programme ZEN principal.

Le ZEN2gO occupe une position unique sur le marchĂ© et permet aux audiopro-thĂ©sistes d’attirer une nouvelle clientĂšle. Pernille Vestergaard, chef de projet chez Widex, dĂ©clare : « Bien qu’il n’y ait pas de remĂšde miracle contre les acouphĂšnes, nous pensons que le ZEN2gO peut faire une rĂ©elle diffĂ©rence dans la vie des gens. Et c’est ce que Widex s’efforce toujours de faire ».

Pour plus d’informations sur nos solutions ZEN2gO, consultez www.widexpro.fr

Contact presse :

WIDEX France - gURRET SolĂšne

Responsable marketing/communication

[email protected]

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ActualitĂ©s du monde de l’audiologie

8888 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

Colloque Presbyacousie FNO / GRAPsanté

L’interdisciplinaritĂ© en marche !Le premier colloque « Presby-acousie » organisĂ© conjointement par la FNO (FĂ©dĂ©ration Nationale des Orthophonistes) et le gRAPsantĂ© (groupe de Recherche Alzheimer Presbyacousie) s’est dĂ©roulĂ© au Palais des CongrĂšs de Reims ce vendredi 16 novembre.

De nombreux liens se sont tissĂ©s depuis plusieurs mois, entre Nicole DENNI-KRICHEL, PrĂ©sidente de la FNO et actuelle PrĂ©sidente de la SFA (SociĂ©tĂ© Française d’Audiologie), et le Docteur Laurent VERgNON, mĂ©decin ORL et fondateur du gRAP-santĂ©, tous deux persuadĂ©s de l’in-tĂ©rĂȘt d’une formation continue des orthophonistes sur la presbyacousie.

En effet, bien que trĂšs rĂ©pandue, la presbyacousie n’est pas reconnue comme un vĂ©ritable handicap social, qui entraĂźne pourtant une vĂ©ritable privation sensorielle suscitant la curiositĂ© ou le rejet.

Si la baisse de l’audition est inĂ©luc-table, ce handicap peut nĂ©anmoins ĂȘtre amoindri, grĂące Ă  une prise en charge interdisciplinaire, un appa-reillage prĂ©coce et une rĂ©Ă©ducation orthophonique, en tenant compte, Ă  chaque Ă©tape, de l’état moteur et cognitif du patient.

Troubles auditifs et cognitifs

Si le vieillissement intellectuel est inéluctable, peu de gens savent néanmoins comment il se déroule, rappelle le Docteur Jean-Marie VETEL, gériatre et co-fondateur des grilles AgIR et PATHOS.

Il se traduit notamment par un ralen-tissement des facultés, variable selon les individus : presbyacousie, cataracte, perte de dents, lenteur dans les déplacements...

Les dĂ©ficits auditifs et visuels n’ai-dant pas Ă  la comprĂ©hension, il s’en suit naturellement une baisse de la curiositĂ©, des difficultĂ©s de mĂ©mori-sation, conduisant rapidement Ă  un certain isolement, Ă  de l’indiffĂ©rence et parfois mĂȘme au refus d’expĂ©-riences nouvelles.

Physiologiquement avec l’ñge, la presbyacousie survient, de maniĂšre plus ou moins marquĂ©e et celle-ci, hĂ©las, ne fait pas bon mĂ©nage avec les troubles cognitifs et les dĂ©mences sĂ©niles (Cf. Etude AcouDem menĂ©e en 2008 par le gRAPsantĂ©).

Il existe nĂ©anmoins des solutions concrĂštes : un dĂ©pistage plus frĂ©quent au sein du corps mĂ©dical, une prescription prĂ©coce d’appa-reillage, une rĂ©Ă©ducation orthopho-nique adaptĂ©e.

Cette interdisciplinaritĂ© est essen-tielle, pour que le patient ne se retrouve pas en situation d’échec au quotidien. Le Docteur VETEL tint cependant Ă  dire que les aides auditives ne sont pas des lunettes... il faut donc avant tout une prise en charge humaine !

Françoise gARCIA, orthophoniste, en profita pour rappeler l’importance de la formation des aidants, Ă  domicile ou en Ă©tablissements gĂ©riatriques (famille, infirmiers, aide-soignant, service d’aide, ...).

Il est impĂ©ratif de leur faire comprendre la notion de handicap de leur proche ou de leur patient, pour permettre une meilleure commu-nication entre eux. Cette forma-tion passe par un apprentissage de bonnes pratiques, de la gestion quotidienne d’un appareillage auditif en passant par l’entraĂźnement Ă  la lecture labiale.

Le rĂ©seau de l’audition en marche

Les habitudes de comportement en France vis-à-vis de l’audi-tion ne facilitent pas la tñche aux professionnels : plainte tardive des patients, voire de l’entourage, non prise de conscience des problùmes d’audition, crainte de l’effet stigma-tisant du port d’aides auditives...

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89Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

ACTUALITĂ©S <

C’est la raison pour laquelle tout professionnel de santĂ©, prenant en charge des personnes ĂągĂ©es, devrait systĂ©matiquement rechercher des signes de presbyacousie, confirme le Docteur VETEL, grĂące notamment Ă  l’acoumĂ©trie vocale. Un moyen rapide et efficace de tester l’audi-tion, Ă  5 mĂštres d’un patient, en voix chuchotĂ©e sans lecture labiale.Si un trouble auditif est dĂ©pistĂ© par le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, entre alors en scĂšne le « rĂ©seau de l’audition » : un groupe de 3 professionnels, rĂ©unissant mĂ©decin ORL, audiopro-thĂ©siste et orthophoniste, travaillant en symbiose autour du patient.

Cette prise en charge complĂšte doit ĂȘtre mise en Ɠuvre suffisamment tĂŽt, avant que la surditĂ© ne cause des problĂšmes de dĂ©saffĂ©rentation. Plus elle est prĂ©coce, plus les adapta-tions seront faciles, pour les acteurs du rĂ©seau et pour les patients, avant que des difficultĂ©s intellectuelles ou cognitives ne surgissent.

Le cerveau ayant besoin de circuit d’habituation stable auquel il peut se rĂ©fĂ©rer, ce trio d’enfer reprĂ©sente lĂ  une solution rĂ©solument adĂ©quate.

Le rĂŽle du mĂ©decin ORL : clinique et conduite Ă  tenirLe Docteur Didier BOUCCARA, mĂ©decin ORL, confirme Ă  l’assem-blĂ©e que les techniques de rĂ©habi-litation de l’audition se dĂ©veloppent de plus en plus, mĂȘme sur des patients de plus de 80 ans, Ă  condi-tion que l’évaluation pluridiscipli-naire soit mise en place et partagĂ©e.

Cette notion est d’autant plus impor-tante, que si l’on en croit les Ă©tudes dĂ©mographiques liĂ©es Ă  l’évolution de l’espĂ©rance de vie, les personnes nĂ©es au 21Ăšme siĂšcle ont toutes les chances de devenir centenaires !

La surditĂ© Ă©tant un rĂ©el facteur de dĂ©mence, la prise en compte des remarques et des demandes de l’entourage est une Ă©tape primor-diale lors d’une consultation ORL :

dĂ©pistage sollicitĂ©, mode de vie, activitĂ©s domestiques, familiales, associatives... Leur regard peut jouer un rĂŽle d’alerte et peut s’avĂ©rer trĂšs pertinent, tant la variabilitĂ© de la presbyacousie est interindividuelle.

La rĂ©alisation systĂ©matique d’une audiomĂ©trie vocale permet d’évaluer les difficultĂ©s de comprĂ©hension de la personne, et donc ses difficultĂ©s de communication. Les rĂ©sultats de ces tests conduisent alors le mĂ©decin ORL Ă  dĂ©cider d’une pres-cription d appareillage auditif et Ă  passer ainsi le relais Ă  l’audiopro-thĂ©siste de son rĂ©seau.

Le Docteur BOUCCARA nous rappelle Ă©galement, que l’implant cochlĂ©aire, s’il est gĂ©nĂ©ralement associĂ© Ă  l’enfant, reprĂ©sente une solution adĂ©quate et sans limite d’ñge, Ă  condition d’avoir une indi-cation valable et le suivi d’une Ă©quipe pluridisciplinaire.

Si le corps mĂ©dical dispose de quelques pistes pour prĂ©venir ce type de surditĂ©, il attend Ă©galement avec impatience les rĂ©sultats de l’étude menĂ©e jusque fin 2012 par l’INSERM et l’Institut Pasteur de Paris, sous la direction de la Profes-seure Christine PETIT, qui tend Ă  rechercher une origine gĂ©nĂ©tique de la presbyacousie.

Le rĂŽle de l’audioprothĂ©siste : bĂ©nĂ©fice d’appareillage et suivi d’adaptationChristian RENARD, audioprothĂ©siste et initiateur d’un SAMID (Service d’Aide aux Malentendants Institu-tionnalisĂ©s ou DĂ©pendants) au Nord de la France, met avant tout l’accent sur la satisfaction du patient.

L’anamnĂšse joue un rĂŽle prĂ©pondĂ©-rant pour le choix de l’appareillage et la future prise en charge du patient : la gĂȘne sociale, le degrĂ© d’autonomie, d’éventuelles patholo-gies ORL,... sont autant d’élĂ©ments qui permettent d’évaluer le bĂ©nĂ©fice

d’appareillage et la mise en place d’un suivi individualisĂ©.

Les bilans audiomĂ©triques sont Ă©videmment indispensables, notam-ment l’audiomĂ©trie vocale qui permet d’évaluer la gĂȘne auditive du patient, les distorsions cochlĂ©aires, la supplĂ©ance contextuelle, la lecture labiale, l’identification de troubles associĂ©s,... et permet Ă©galement d’identifier l’intĂ©rĂȘt d’une prise en charge orthophonique.

Les Ă©volutions technologiques des appareils auditifs facilitent le travail de l’audioprothĂ©siste, dont le suivi consistera, en lien avec le mĂ©decin ORL et l’orthophoniste, Ă  trouver le meilleur des rĂ©glages : l’analyse de l’efficacitĂ© d’un appareillage nĂ©cessite avant tout un travail d’équipe !

Il rappelle Ă©galement la spĂ©cificitĂ© de la prise en charge des patients du 4Ăšme Ăąge : en effet, au-delĂ  du rĂ©glage prothĂ©tique, il faut analyser la dĂ©pendance du patient. L’évaluation de l’autonomie dans la gestion quoti-dienne des aides auditives (Ă©valua-tion qui fait d’ailleurs l’objet d’un projet de recommandation au sein de la commission CT06 ProthĂšse du BIAP, Bureau International d’Audio-phonologie), la comprĂ©hension des consignes du port d’appareillage, la formation des personnels aidants ou soignants... sont autant d’élĂ©ment Ă  prendre en considĂ©ration pour adapter le suivi du patient.

LĂ  encore, la sensibilisation des gĂ©riatres et des mĂ©decins en insti-tutions est de mise ! Pour ce faire, les audioprothĂ©sistes ne sont pas en reste et attendent de leur cĂŽtĂ© les rĂ©sultats de l’étude SOAHA (Study about Older Adults with Hearing Aids), une Ă©tude clinique europĂ©enne lancĂ©e en dĂ©cembre 2012 par une cinquantaine d’audioprothĂ©sistes de la SSIPR (SociĂ©tĂ© Scientifique Inter-nationale du PrĂ©-RĂ©glage), visant Ă  Ă©valuer le bĂ©nĂ©fice d’appareillage des patients de plus de 80 ans.

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90 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> ACTUALITĂ©S

Le rĂŽle de l’orthophoniste : rĂ©Ă©ducation et rĂ©pĂ©titionSĂ©verine LEUSIE, orthophoniste, confirme que de nombreux efforts restent Ă  faire dans la prise en charge du presbyacou-sique, persuadĂ©e de son intĂ©rĂȘt Ă  condi-tion de travailler sous forme de rĂ©seau de l’audition.

L’orthophoniste cherchera avant tout Ă  suivre les efforts du patient dans la comprĂ©hension du langage, Ă  favoriser l’apprentissage de la lecture labiale, et, petit Ă  petit, Ă  contribuer Ă  l’amĂ©lioration du rĂ©glage audioprothĂ©tique.

RĂ©pĂ©ter et rĂ©pĂ©ter encore est un moyen de recrĂ©er de nouvelles formes sonores. Il faut savoir prendre du temps, mais savoir transmettre au patient les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires Ă  sa propre rĂ©Ă©ducation au quotidien, par le biais d’exercices : celle-ci pourra ĂȘtre mise en Ɠuvre par le patient lui-mĂȘme au vu de l’évolutivitĂ© aggravante de la surditĂ©. Toute la panoplie des tech-niques orthophoniques peut ĂȘtre utilisĂ©e afin d’intĂ©resser, voire d’amuser le patient

et son entourage, en faisant preuve d’ima-gination et en encourageant les moindres rĂ©sultats.

Le rĂ©seau de l’audition : une perspective d’avenirPascal BOULUD, PrĂ©sident de SIEMENS Audiologie France, nous fait part, quant Ă  lui, lors de la derniĂšre table ronde, de son enthousiasme quant aux rĂ©centes ouver-tures d’esprit, qui amĂ©liorent les relations interdisciplinaires des professionnels de l’audition.

La multiplication des relais rĂ©gionaux du gRAPsantĂ©, la future publication de la thĂšse de SĂ©verine LEUSIE portant sur l’apport des aides auditives associĂ© Ă  des troubles cognitifs, les dĂ©pistages rendus possibles grĂące Ă  des tests en ligne...

Autant de dĂ©monstrations qui portent Ă  croire que les diffĂ©rents professionnels s’entendent de plus en plus afin de toujours faire mieux ensemble.

grùce aux études initiées par le Docteur

Laurent VERgNON, Fondateur du gRAP-santĂ©, notamment l’étude AcouDem, mĂ©decins ORL, audioprothĂ©sistes et orthophonistes ont matiĂšre Ă  sensibiliser l’opinion.

Et Nicole DENNI-KRICHEL concluant sur son objectif en tant que Présidente de la SFA : faire de la presbyacousie un thÚme essentiel de son mandat annuel !

Les rĂ©seaux de l’audition sont en marche... Et tous auront d’ailleurs le plaisir d’échanger autour d’un nouveau colloque FNO / gRAPsantĂ© au printemps 2013 Ă  Lille.

MĂ©lanie HARICHAUX

Clermont-Ferrand, 9 et 10 avril 2013, HĂŽtel Kyriad Prestige et amphithĂ©Ăątre du CHU MontpiedUniversitĂ© d’Auvergne, organisĂ© par le Laboratoire de Biophysique Neurosensorielle

Paul AVAN - Fabrice GIRAUDET - Laurent GILAIN - Thierry MOM

ThÚmes1. Pistes de thérapie cellulaire et

génique (LL, CP) Les bases de physiologie et génétique moléculaires Les modÚles animaux efficaces et leurs limites Les pré-requis pour une évolution vers

le stade préclinique2. Pistes de thérapie pharmacolo-

gique (CC, ABG, BB) Choix des cibles, modes d’administra-tion et critĂšres d’efficacitĂ©

3. Pistes de thĂ©rapie par implants Ă©lectriques (LL, ND) Vers des codages plus fins : verrous et apports des nouvelles technologies Cas d’autres organes : la rĂ©tine, le vestibule

4. Pistes de thĂ©rapies cognitives (cas des acouphĂšnes, des troubles centraux) Techniques de mise en Ɠuvre, rĂ©sul-tats prĂ©liminaires

5. Preuves d’efficacitĂ© (ELP, MT, AC) Etat des lieux, verrous D’une catĂ©gorisation diagnostique plus ciblĂ©e Ă  un contrĂŽle par mesures objectives

Intervenants Prof. Larry LUSTIg, University of California

San Francisco, USA, head of the UCSF

Douglas grant Cochlear Implant Center

Prof. Christine PETIT, head of the INSERM

Unit 587, Pasteur Institute and CollĂšge de

France

Prof. NaĂŻma DEggOUJ, U.C. Louvain,

Bruxelles, Belgique

Dr. BĂ©la BUKI, Krems Hospital, Austria

Dr. Eric Le PAgE, OAEricle, Perth, Australia

Prof. Alexis BOZORg-gRAYELI, CHU de

Dijon

Prof. André CHAYS, chef de service ORL,

CHU de Reims

Prof. Hung THAI VAN, CHU Edouard Herriot

Dr. Marie José FRAYSSE, CHU Purpan,

Toulouse

Dr. Christian CHABBERT, INSERM, Senso-

rion, Montpellier & NĂźmes

Dr. Michel TOUPET, otoneurologiste, Paris

Ce workshop (2 jours : mardi de 17 h Ă  19

h et mercredi de 8 h 30 Ă  14 h), rassem-

blant 50 participants, sera articulé en 5

sessions de réflexion/débats, introduits et

animés par les conférenciers nationaux et

internationaux.

4th International Workshop Clermont-Audiologie“Sensorineural hearing loss: toward genuine therapies”

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91Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

ACTUALITĂ©S <

Tous les appareils Oticon ont obtenu la classification IP57 !Oticon est fier d’annoncer l’obtention de la certification IP57rĂ©sistance Ă  l’eau et Ă  la poussiĂšre, pour toute sa gamme d’appareils auditifs aprĂšs avoir passĂ© avec succĂšs une sĂ©rie de tests menĂ©e par un laboratoire indĂ©-pendant accrĂ©ditĂ©. La certification IP57 a Ă©tĂ© obtenue sans aucune modification ou Ă©volution du design. Tous les appa-reils mini RITE/RITE et mini BTE/BTE des gammes Oticon Agil, Intiga, Acto, Ino, Chili, Sumo, et Safari ont Ă©tĂ© testĂ©s individuelle-ment et certifiĂ©s IP57.

Qu’est-ce que la norme IP ?Cet indice permet de classifier de maniĂšre rigoureuse et objective les appareils Ă©lec-triques et mĂ©caniques selon leur degrĂ© de

protection contre les intrusions de corps

solides et/ou liquides.

Le format de l’indice, IP XX, a Ă©tĂ© Ă©tabli en

application de la norme CEI 60529. Selon

ce texte, XX représente deux chiffres indi-

quant le niveau de résistance. La classifi-

cation est basée sur une échelle allant de

0 Ă  6 pour la protection contre les corps

solides et une Ă©chelle allant de 0 Ă  8 pour

la protection contre les liquides.

Oticon est ravi de vous annoncer que toutes nos aides auditives ont obtenu la classi-fication IP57, ce qui dĂ©montre leur excellente rĂ©sistance Ă  la poussiĂšre et Ă  l’eau.En effet, selon la table de classifica-

tion, le «5» signifie que l’aide auditive

est protégée contre une certaine quan-

tité de poussiÚre qui pourrait interférer

avec une utilisation normale, tandis que

le «7» signifie que l’aide auditive est

protégée contre une immersion tempo-

raire dans l’eau.

Les appareils Oticon sont ainsi conçus pour repousser l’eau et l’humiditĂ© grĂące au nano-revĂȘtement des diffĂ©rentes piĂšces et Ă  des barriĂšres mĂ©caniques intelligentes qui empĂȘchent l’eau de pĂ©nĂ©trer.

Cependant, comme l’indiquent systĂ©ma-tiquement les manuels d’utilisation de nos appareils, nous vous rappelons qu’il convient de ne jamais laver ni plonger la pile AA dans un liquide quel qu’il soit...

Conseillez donc Ă  vos clients de ne pas nager ni se doucher avec leurs appareils. Si toutefois leurs aides auditives avaient dĂ» ĂȘtre immergĂ©es ou exposĂ©es intensĂ©-ment Ă  l’eau, recommandez-leur de suivre ce processus de remise en route :

‱ Sortir l’appareil de l’eau,

‱ Retirer la pile,

‱ Essuyer l’appareil avec un chiffon sec,

‱ Laisser sĂ©cher l’appareil pendant 5 minutes,

‱ Mettre une pile neuve et allumer l’appareil.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur

www.oticon.fr ou suivez l’actualitĂ© de la marque

sur la page Facebook : Oticon France

Communiqués de presse

Oticon communique pour la premiĂšre fois envers le grand public !Oticon communique pour la premiĂšre fois envers le grand public
 dans un magazine rĂ©solument orientĂ© vers un lectorat en quĂȘte d’esthĂ©tisme, de bien-ĂȘtre et de santĂ© !

La marque a donc dĂ©cidĂ© de commu-niquer dans le magazine « Anti-Age » qui est un nouveau magazine qui touche plus de 100 000 lecteurs par numĂ©ro. Ce trimestriel a pour cƓur de cible les hommes & femmes entre 50 et 60 ans, cadres, retraitĂ©s ou de professions libĂ©rales. Une population idĂ©ale pour le secteur de l’audioprothĂšse !

Ce numéro (Octobre, Novembre et

DĂ©cembre 2012) - dĂ©jĂ  disponible en kiosque - a en vedette un grand dossier consacrĂ© Ă  l’audition.

En plus de l’insertion publicitaire, Oticon a dĂ©cidĂ© d’y accorder un interview mais Ă©galement d’un communiquĂ© de presse produit sur la nouveautĂ© Oticon Intiga i.

Ainsi, Oticon a pour objectif de vĂ©hiculer un message positif autour de l’audition et d’ainsi accompagner les personnes Ă  franchir la barriĂšre psychologique de l’appareillage.

Une communication qui permet Ă  Oticon de toucher une toute nouvelle clientĂšle et de diversifier sa communication !

Page 94: Dossier - college-nat-audio.fr

92 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> ACTUALITĂ©S

Sandrine Raymond intĂ©gre Oticon en tant qu’Animatrice RĂ©seau RĂ©gion RhĂŽne-Alpes et Sud-Est

Nous sommes heureux de vous annoncer l’arrivĂ©e parmi nous de Sandrine Raymond, en tant qu’Animatrice RĂ©seau. Cette jeune femme de 40 ans, originaire d’Antibes et vivant Ă  Aix-en-Provence couvrira, en binĂŽme avec Vincent de Rosa toute la rĂ©gion PACA.

Sandrine, qui cultive l’efficacitĂ© en allant Ă  l’essentiel tout en accordant toute l’impor-tance qu’il faut aux dĂ©tails du quotidien, connaĂźt bien le secteur ORL puisqu’elle a

auparavant Ă©tĂ© dĂ©lĂ©guĂ©e mĂ©dicale dans l’assistance respiratoire.

C’est notamment son dynamisme, son implication professionnelle, ainsi que sa joie de vivre et son sens de la diplomatie qui ont retenu notre attention et qui vous feront apprĂ©cier sa collaboration.

Voici ses coordonnĂ©es Ă  noter prĂ©cieuse-ment : Sandrine Raymond, TĂ©l : 06 31 04 21 36, Email : [email protected]

Sandrine et devient, avec Vincent, votre interlocutrice privilégiée Oticon afin de développer et de pérenniser nos relations. Elle sera votre partenaire pour :

- L’animation (amĂ©nagement et dĂ©cora-tion) de votre centre

- Le développement de la gamme ConnectLine

- Le suivi de vos journĂ©es de vente- Les commandes via l’OtiShop d’Oticon- Et bien plus encore


Advanced Bionics - Inscription du processeur de son neptune sur la liste des produits et prestations remboursablesAdvanced Bionics a le grand plaisir de vous annoncer que le processeur de son NEPTUNE est inscrit sur la liste des produits et prestations rembour-sables sous le code 3408380 (ArrĂȘtĂ© MinistĂ©riel du 8 novembre publiĂ© le 14 Novembre 2012).

Ne rien porter sur l’oreille MĂȘme les plus petits processeurs de son restent difficilement en place sur le pavillon de l’oreille. D’ailleurs, tous les fabricants proposent des accessoires et des artifices amĂ©liorant la rĂ©tention de leurs appareils. Si la situation est accep-table pour les adultes, que penser de celle des trĂšs jeunes enfants qui parfois portent en plus des lunettes ? NEPTUNE vous offre une solution idĂ©ale, une antenne munie du microphone, un cĂąble d’une longueur adaptĂ©e aux souhaits de l’utilisateur : Jamais un processeur de son n’aura Ă©tĂ© aussi confortable Ă  porter.

Concu pour le milieu aqua-tique, les conditions d’utili-sation extrĂȘmes et le sport neptune est le premier et unique processeur de son totalement Ă©tanche. Il permet d’écouter dans des environne-ments aquatiques (Ă  l’exception de l’eau

de mer) sans la moindre restriction et en immersion totale. Il est intĂ©gralement Ă©tanche Ă  la poussiĂšre alors au-delĂ  des activitĂ©s aquatiques, NEPTUNE est particuliĂšrement recommandĂ© pour les utilisateurs travaillant dans des milieux humides ou poussiĂ©reux (cuisine, laverie, chantier...). C’est pour ces raisons qu’il est Ă©galement recommandĂ© pour les sportifs.

Pas de concession sur les performancesNEPTUNE offre les mĂȘmes perfor-mances de traitement du signal que le processeur de son contour d’oreille HARMONY :

‱ La large plage de capture du son combinĂ©e Ă  un contrĂŽle de gain auto-matique et optimisĂ© (AutoSound),

‱ La stratĂ©gie de codage Fidelity 120 qui apporte une rĂ©solution spectrale cinq fois supĂ©rieure Ă  celle d’autres dispositifs (120 bandes spectrales) permettant d’entendre toute la richesse du son,

‱ Le traitement ClearVoice conçu pour analyser et s’adapter automatique-ment aux situations d’écoutes rencon-trĂ©es, en Ă©cartant les bruits gĂȘnants.

Une esthétique récompensée par un prestigieux label

Au-delĂ  de ses qualitĂ©s tech-niques, de sa modularitĂ© et de sa simplicitĂ© d’uti-

lisation, NEPTUNE vient de remporter une rĂ©compense importante : REDDOT DESIgN AWARD. Ce prix rĂ©compense le design de NEPTUNE. Le jury a estimĂ© que : « ce processeur de son NEPTUNE offre non seulement une libertĂ© illimitĂ©e dans et hors de l’eau, mais qu’il peut Ă©galement ĂȘtre portĂ© comme un acces-soire de mode ».

Depuis son approbation en Europe et aux Etats-Unis en Janvier 2012, plus de 2000 utilisateurs ont fait le choix de la « liberté » en utilisant NEPTUNE.

ADVANCED BIONICS a dĂ©montrĂ© son engagement Ă  innover et Ă  proposer des solutions en adĂ©quations avec l’amĂ©lioration du confort et de la qualitĂ© d’écoute des utilisateurs d’un systĂšme d’implant cochlĂ©aire. gageons que l’ins-cription du processeur NEPTUNE sur la LPPR le rendra aussi populaire auprĂšs des utilisateurs de tout Ăąge en France.

Pour plus d’informations, contacter :

[email protected]

Page 95: Dossier - college-nat-audio.fr

93Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

ACTUALITĂ©S <

La perte brutale d’un ami...La disparition de notre ami Jean Louis

COLLETTE est de ces Ă©vĂšnements

qui nous frappent de plein fouet sans

aucune rationalité ni explication accep-

table. Ayant eu la chance de partager

des moments amicaux et de participer

avec lui Ă  des travaux communs :

articles, présentations à des CongrÚs...

le vide ressenti n’en est que plus grand.

Jean Louis était un médecin humain

et de haut niveau, comme on n’en

rencontre peu, n’acceptant pas, surtout

pour lui-mĂȘme, la moindre approxima-

tion. Sa prise en charge des patients

en témoigne. Ses publications dont

l’une trĂšs rĂ©cente dans le Laryngoscope

illustrent sa rigueur scientifique et son

souhait de divulguer les connaissances

tant sur le plan pratique que théorique.

Jean Louis avait toujours une grande

simplicité, une disponibilité et une

modestie qui n’avaient d’égal que ses

immenses connaissances sans oublier

les touches d’humour.

Son amitié était une valeur sure, étant

Ă  l’écoute avec comprĂ©hension et

toujours de trĂšs bon conseil. Au-delĂ 

de la peine et de la tristesse nous

pouvons et devons continuer Ă  suivre

ses enseignements en particulier dans

le diagnostic et la prise en charge

des troubles auditifs périphériques et

centraux. Ceux-ci sont supportés par

la pluridisciplinarité telle que celle à

laquelle il participait volontiers au sein

de la SociĂ©tĂ© Française d’Audiologie,

mais aussi aux Cahiers de l’Audition.

Au-delà du temps et de l’espace notre

mémoire lui conserve une place unique

et nos pensées les plus sincÚres et

amicales vont vers ses proches en ces

moments bien douloureux.

Didier Bouccara

Chers Amis,

Le vendredi 16 novembre 2012 notre ami

Jean Louis COLLETTE est décédé bruta-

lement lors d’un accident. Tous ceux qui

le connaissaient et donc l’apprĂ©ciaient

Ă©prouvent une sensation de vide irra-

tionnel. Médecin ORL, Il avait découvert

l’audiologie dùs 1973 à la Compagnie

Française d’Audiologie auprùs de M.J

Rainville. Il s’était installĂ© dĂšs 1979 Ă  Paris

et sa compétence dans le domaine des

troubles de l’audition et de l’équilibre Ă©tait

connue de tous, tout comme en Neuro-

logie. A cĂŽtĂ© d’une activitĂ© clinique libĂ©-

rale, il avait débuté dÚs cette époque en

tant qu’attachĂ© et responsable des explo-

rations fonctionnelles dans l’équipe du

Professeur PeynĂšgre en ORL et du Profes-

seur Degos en neurologie. Il Ă©tait toujours

actuellement attaché dans le service du

Professeur AndrĂ© COSTE Ă  l’HĂŽpital de

Créteil. Du fait de son immense connais-

sance de l’Audiologie, Jean Louis Collette

Ă©tait impliquĂ© Ă  plus d’un titre dans les

activitĂ©s d’Enseignement et de Recherche

Clinique et était un conférencier toujours

apprécié. Il participait à de nombreux

congrĂšs oĂč il Ă©changeait avec les grands

noms que sont Jerger, Downs,Davis,

Hirsch, Bellis, Durrant, Kraus, Collet,

Perrot, Demanez et bien d ‘autres. Il avait

été appelé par Bernard Azéma et Xavier

Renard pour l’organisation de la journĂ©e

scientifique du congrÚs des audioprothé-

sistes. Ses nombreuses publications, dont

l’une trĂšs rĂ©cente dans le Laryngoscope,

illustrent sa rigueur scientifique et son

souhait de divulguer les connaissances

tant sur le plan pratique que théorique.

Impliqué dans de nombreux enseigne-

ments et projets d’articles, Jean Louis

Collette avait toujours conservé une

grande simplicité, une disponibilité et une

modestie qui n’avaient d’égal que ses

immenses connaissances
 sans oublier

les touches d’humour qui accompagnaient

toujours ses communications scientifiques

et enseignements. Participant dĂšs sa

création aux instances de la Société Fran-

çaise d’Audiologie, co-auteur des guides

de Bonnes Pratiques en audiométrie de

la SFA, Jean Louis Collette était impliqué

dans la rédaction du prochain Rapport

de la SociĂ©tĂ© Française d’ORL consacrĂ©

Ă  l’AudiomĂ©trie. Il devait aussi participer

au prochain Enseignement Post Universi-

taire du Collùge National d’Audioprothùse

aprÚs avoir été co-rédacteur avec Fran-

çois Degove de nombreuses publications

des Cahiers de l’Audition. Dire que Jean

Louis nous manque et nous manquera

n’a peu de sens au regard du dĂ©sarroi

de toutes celles et ceux qui en France et

de par le monde ont eu la chance de le

rencontrer. Nos pensées les plus sincÚres

et amicales vont vers sa famille, en parti-

culier son Ă©pouse et sa fille dont il parlait

peu mais avec beaucoup de tendresse et

de pudeur.

Eric Bizaguet

Disparition de Jean Louis COLLETTE

Page 96: Dossier - college-nat-audio.fr

94 Les Cahiers de l’Audition - N°6/2012

> AgENDA

JAnvIER 2013

ACFOS Formation professionnelle « Education prĂ©coce : le suivi orthophonique de l’enfant sourd de 0 Ă  3 ans »Du 23 au 25 janvier 2013 Ă  ParisCourriel : [email protected]

Institut Portmann Cours d’audiomĂ©trie comportementale du trĂšs jeune enfant Du 28 au 30 janvier 2013 Ă  BordeauxInfo : [email protected]

MARS 2013 (SUITE)

ACFOS Formation professionnelle « De la communication Ă  la construction de la langue chez l’enfant sourd »Les 21 et 22 mars 2013 Ă  ParisCourriel : [email protected]

Colloque Presbyacousie FNO - GRAPsantéFédération nationale des OrthophonistesVendredi 29 mars 2013 à Lille

La FĂ©dĂ©ration Nationale des Orthophonistes travaille depuis de nombreuses annĂ©es sur la prise en charge orthophonique des personnes ĂągĂ©es et plus particuliĂšrement sur la presbyacousie. Temps fort de la rĂ©flexion de la FĂ©dĂ©ration, ce colloque rassem-blera notamment des mĂ©decins ORL, gĂ©riatres, audioprothĂ©sistes, etc. Il sera Ă©galement est l’occasion de poursuivre et de lancer des travaux sur cette thĂ©matique en lien avec la politique de santĂ©.Infos : [email protected]

MARS 2013

JournĂ©e Nationale de l’Audition 14 mars 2013

Pour sa prochaine campagne, l’asso-ciation JNA a choisi d’orienter sa thĂ©matique sur la prĂ©vention auprĂšs des seniors avec les questions des freins et du dĂ©ni face Ă  la perte auditive ainsi que du rĂŽle de la perte auditive dans l’isolement social et la dĂ©pendance chez les personnes ĂągĂ©es. En effet, vĂ©ritable sujets de sociĂ©tĂ©, il semble important pour l’association JNA de renforcer l’information auprĂšs de ce public dans ce domaine. Par ailleurs, tous les autres publics concernĂ©s par la prĂ©vention dans le domaine de l’audition : bruit au travail, les jeunes et les pratiques d’écoute mal maĂźtrisĂ©es... pourront profiter de l’évĂšnement « JournĂ©e Nationale de l’Audition » pour s’intĂ©resser de prĂšs Ă  leur capital auditif. C’est donc une excel-lente opportunitĂ© de rencontrer de nombreux professionnels de santĂ©, mĂ©decins ORL et audioprothĂ©sistes !Info : www.journee-audition.org

AvRIL 2013

Congrùs de l’UNSAF Du 11 au 13 Avril à Paris

La vocation de ce CongrĂšs, la plus importante manifestation professionnelle du secteur de «l’audition» en France organisĂ©e au CNIT de la DĂ©fense, est de rĂ©unir chaque annĂ©e et sur trois jours l’ensemble des acteurs majeurs de l’audition : audiopro-thĂ©sistes, oto-rhino-laryngologistes, orthophonistes, fabricants, techniciens et chercheurs...

Le CongrĂšs National des AudioprothĂ©sistes Français se dĂ©cline en deux temps majeurs. D’une part, un programme scientifique composĂ© de confĂ©rences et d’ateliers pratiques et d’autre part, un Salon professionnel Ă  l’occasion duquel l’en-semble des acteurs de l’audition et de la surditĂ©, industriels, associations, enseignes, mĂ©dias,... prĂ©sentent les derniĂšres avancĂ©es technologiques en matiĂšre d’appareils auditifs et produits asso-ciĂ©s.Info : www.unsaf.org

CongrĂšs, formations, conventions, journĂ©es d’études 


FĂ©vRIER 2013

1Ăšres Assises d’AudioprothĂšse 1er FĂ©vrier 2013 Ă  Nice

La premiĂšre Ă©dition des Assises d’audioprothĂšse sera orga-nisĂ©e conjointement avec les Assises d’ORL. Cette manifesta-tion, rĂ©unissant audioprothĂ©sistes et mĂ©decins ORL, aura lieu sous l’égide de l’UNSAF, autour du thĂšme : « L’audiogramme tonal ne suffit pas ! Individualisation de la prise en charge audioprothĂ©tique ».Info : www.assises-orl.com

Page 97: Dossier - college-nat-audio.fr

95

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> ANNONCES

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Dans le cadre de son développement

Eovi Services et Soinsrecherche pour son 5ùme centre d’audition

situĂ© Ă  Tain l’Hermitage (26)

un(e) audioprothésiste diplÎmé(e).

‱ DĂ©butants acceptĂ©s.

‱ CDI 35h ou temps partiel.

‱ Poste à pourvoir au 1er Trimestre 2013.

Merci d’adresser votre candidature à : Jean-Christophe Niel - Coordinateur filiùres

Optique & Audition 54 avenue Victor Hugo - 26000 Valence

TĂ©l. 04 75 80 12 70 - Port 06 87 43 10 05

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