Édito : force 5 a 15 ans - european commissionec.europa.eu/environment/aarhus/pdf/bulletin force...
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- Jean-Yves QUÉMÉNEUR - Président de FORCE 5 (mai 2017)
L’association FORCE 5 a maintenant 15 ans, son ancrage dans le Finistère s’est tissé au fil du temps grâce à l'écoute, au travail effectué et à la fidélité des adhérents.
FORCE 5, ce n’est pas que du vent ! Cette année encore, ce sont de nombreux dossiers suivis dans la région Bretagne, mais aussi de l’information constante sur la santé publique avec 1100 bulletins diffusés sur les marchés.
L'association a été un appui majeur pour un projet d’énergies renouvelables à l’île de Sein, notamment pour l’aboutissement du projet de financement participatif citoyen qui a atteint 13000€, permettant ainsi de payer les honoraires d’avocat.
Force 5, c'est un travail de terrain perpétuel. L'association a pu participer aux échanges sur l'habitat en septembre 2016 en assistant à 5 réunions pour l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal au sein de Morlaix Communauté.
Également, suite à la création du collectif Stop Linky Trégor, Force 5 a participé à l’organisation de la réunion publique à Lanmeur concernant les compteurs LINKY le 24 janvier 2017. 110 personnes étaient présentes et sensibilisées.
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Édito : FORCE 5 a 15 ans !
Siège : Keringar, 29630 PLOUGASNOUCourriel : [email protected]
Depuis sa création, FORCE 5 se préoccupe de la santé publique et pour cela a maintenu des liens avec de grands scientifiques. Le professeur André PICOT, Toxicologue, a accepté de venir nous informer à Brasparts le 10 mars concernant le projet d’extraction de métaux rares (or) à Lopérec. Une bonne préparation avec des associations amies a permis à 200 habitants d’être sensibilisés à ce dossier. Le Pr A. PICOT nous informe plus amplement dans ce bulletin, et le Dr C. LESNÉ, qui a grandement contribué à la prévention sur le dossier des algues vertes, partage avec nous quelques œuvres choisies.
Opposé aux mines, j'ai représenté FORCE 5 et soutenu les habitants de Merléac en manifestant sous la grêle le 05 mars. J’ai pu aussi m’exprimer à la manifestation de Guingamp contre les projets miniers.
Notre solidarité avec la famille MORFOISSE reste entière. Force 5 était présente au Tribunal de la Sécurité Sociale de Saint-Brieuc pour la reconnaissance de l’accident de travail de Thierry MORFOISSE, victime des algues vertes.
Enfin le grand dossier juridique concerne le projet de centrale à gaz de Landivisiau, défendu par notre avocat Maître FARO, auprès de nos compagnons de lutte et des habitants de ce territoire. Le jugement de la Cour Administrative d’Appel de Nantes a été rendu le 15 mai 2017 et celui du Tribunal Administratif de Rennes le 24 mai pour 5 recours contre ce projet inutile. La Commission Européenne à donné son avis avec conditions. Le 23 juin, jugement du TA de Rennes (délibéré concernant 4 recours : permis de construire, petit gazoduc, grand gazoduc, ligne THT).
Le CA de FORCE 5
Le samedi 15 juillet à 15h15Je vous invite à participer à une fête marquant nos 15 ans, sur les dunes de Saint-Samson en Plougasnou (29)
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LA VIE ASSOCIATIVE 2016-2017
JUILLET 2016 : Procès-verbal sur le marché de Landivisiau pour la diffusion de notre bulletin. Le président est convoqué à la Gendarmerie de Lanmeur : affaire classée sans suite.
Article Le Télégramme, 16-07-2016
A St Efflam, écoute sur un transat des émissions de la journaliste Inès FERAUD (France Culture) au sujet des algues vertes et de la mort de Thierry MORFOISSE.
AOÛT 2016 : Festival des luttes à Plougonver contre les projets miniers et la centrale à gaz de Landivisiau. Collectifs Stop Linky : le président de FORCE 5 est sollicité par un journaliste pour parler notamment du projet de centrale à gaz.
11 SEPTEMBRE : Un immense cri de colère de 5000 manifestants contre la CAN entendu de Lannion jusqu'à Paris !
Forte mobilisation de FORCE 5 contre les extractions de sable à Trébeurden. Autorisation suspendue provisoirement, mais le Conseil d'État a rejeté les recours des associations le 5 décembre (pas de frais dus). Tout au long du mois de septembre, FORCE 5 est invitée à
Pari réussi avec ATREIS et IDSE ! Financement participatif de 1300€ pour le recours au TA de Rennes et contester le monopole d’EDF. Merci aux contributeurs !
DÉCEMBRE : Lettre de voeux aux adhérents (dessin Corinne Bertrand, poème Xavier Gral).
5 JANVIER 2017 : Réunion à Saint Rivoal, constitution du Collectif Stop Mines 29 en vue de la réunion publique à Brasparts.
Après l'AG et l’élection du bureau en juin 2016, nous avons été actifs durant toute l’année. Notre bulletin de 16 pages, tiré à 1100 exemplaires a été diffusé sur les marchés de la région et les frais d’impression ont été couverts grâce à la générosité des citoyens. Vous pouvez vous imaginer le nombre de contacts établis par notre association au fil de 15 années d’information et de prévention !
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11 JANVIER 2017 : Conférence de presse, constitution d’un collectif Stop Linky Trégor. Le 22 janvier, tracts sur le marché de Plestin en vue de la réunion publique à Lanmeur le 24 qui a réuni 110 personnes.
FÉVRIER 2017: Vide-grenier le 5 à Landivisiau, FORCE 5 participe et fait un don de 142€.Le 9, préparation avec toutes les associations de la réunion publique du 10 mars à Brasparts contre les mines d'or de Lopérec.
MARS 2017 : Conférence de presse le 3 mars à Lopérec, puis le 5, chaîne humaine à Merléac. Le 10 mars, grande réunion publique avec André PICOT qui rassemble 200 personnes à Brasparts.
Enfin, le 18 mars, manifestation à Guingamp. Prise de parole du président de FORCE 5 devant 1000 personnes.
AVRIL 2017 : Assemblées générales de LDDNC à Landivisiau et de l'ADPNP à Plourin-lès-Morlaix.Le 17, algues vertes à St Michel-en-grève, rappel de la venue de François FILLON et de 3 ministres.Le 19 avril, réunion à Morlaix communautés concernant les conclusions du projet de PLUI-H.Le 27, soutien à la famille de Thierry MORFOISSE au Tribunal de la Sécurité Sociale (St Brieuc), plaidoirie de Me François LAFFORGUE.Le 28, audience à la Cour Administrative d'Appel de Nantes en présence de Me Alexandre FARO et de 25 Landivisiens opposés à la centrale à gaz.
SOMMAIRE
01 – Édito……………………………..……………. page 102 – Vie associative …….………….….. pages 2 & 3 03 –
Les mines, Pr André Picot ....….... page 4 à 8 04 – La sentinelle, Christine Bon ..…....,.… page 905 - Le Léguer, Martin Arnould ... pages 10 & 1106 – Poème, Jacqueline MEUDEC…………page 1107 – COP Bretagne, Éco-Bretons…pages 12 & 1308 – Annuaire des associations………….. page 1409 – Billet, Francine Lemiesle …….……... page 1510 – Force 5 : la fête des 15 ans…….…… page 1616 - Contact et adhésions……...…….….… page 16
MAI 2017 : Le 15, jugement CAA de Nantes. Le 24 mai, audience des recours sauf ICPE au Tribunal Administratif de Rennes. Pour la 2e fois, FORCE 5 entend qu'elle n'a pas intérêt à agir contre l’arrêté de Delphine BATHO (une consolation : pas de frais irrépétibles), et ce même jour, la Commission Européenne rend un avis favorable à ce projet avec conditions. Au TA de Rennes, une vingtaine de militants étaient à l’écoute de la plaidoirie de Me FARO concernant 4 recours. En effet, le recours I.C.P.E. (Installations classées, concernant surtout l’environnement ) a été retiré de cette audience par les juges et le délibéré aura lieu le 23 juin. Nous étudions les pourvois en cassation au Conseil d'État et également des actions juridiques auprès de la Cour de Justice Européenne. Le 20 mai, plus de 400 personnes se sont mobilisées contre ce projet de centrale, à Landivisiau. Un pari réussi en 4 jours ! L'actualité est brûlante ! Et la détermination est forte sur ce territoire !
© Le Télégramme
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DES MONTAGNES NOIRES AUX MONTS D’ARREE… UN RETOUR AUX SOURCES…SI POSSIBLE NON POLLUÉES !
Professeur André PICOT, Toxicochimiste, Directeur Honoraire au CNRS, Président ATC-Paris
Près de soixante ans peut paraître une période lointaine, et pourtant de retour, pour la première fois dans les Monts d’Arrée, j’ai retrouvé mes souvenirs de jeunesse des années 50. Dans ces paysages si bucoliques, presque rien n’a changé… sauf peut-être l’apparition de quelques poteaux électriques et une route plus carrossable !
Mes rencontres avec les Monts d’Arrée, c’était toujours pendant la période estivale, généralement le dimanche.
En fait, c’était le but final d’une randonnée à vélo, qui récompensait une semaine de labeur, dans la ferme de mon oncle (Job Coadic) qui avait épousé la sœur (Adrienne) de ma mère (Marie-Anne, née Scoazec).Question vélo, c’était l’époque passionnante de Jean Robic et de son fidèle co-équipier Fernand Picot…qu’on venait frénétiquement applaudir sur les routes bretonnes, surtout lorsque le Tour de France passait dans la région.
Durant mes vacances d’été, j’étais à Plass Guen (le lieu blanc) dans la minuscule ferme de mon oncle, lovée au creux des Montagnes Noires… qui tirent leur nom des ardoisières de la région de Gourin. Notre ferme, était à quelques encablures du Roc’h Toullaëron, dit «le Trou aux voleurs» (318m) refuge de Marion du Faouët, une célèbre chef de bande de voleurs (1740-1755), qui selon la légende réapparaît sous forme d’une dame blanche, roulant devant elle une barrique pleine d’écus d’or!
Figure 1 - Roc’h Toullaëron culmine à 318 mètres.
Notre fermette, se situait au bord d’un chemin poussiéreux , allant vers Notre Dame du Crann (consacrée en 1715) entre Gourin (Morbihan) et Spézet (Finistère). C’est dans la partie nord-est de la Cornouaille (en breton Kerne), comté formé dès le Haut Moyen Age, dans le Sud du Finistère et mordant sur les Côtes du Nord au nord, et à l’est sur le Morbihan. Surtout , cette ferme était attenante au grand domaine de 200 hectares de la comtesse Vefa (Geneviève) de Saint Pierre (Vefa Sant Per en breton), le manoir de Menez Kamm qui plus tard, dans les années 60, deviendra un haut lieu culturel interceltique et ceci jusqu’en 1976.
Figure 2 - Le Manoir de Menez Kamm
Mes «contacts» avec «Madame la Comtesse», étaient des plus respectueux… et toujours en breton.
Cette noble dame, à l’allure peu féminine et dont l’âge, à l’époque, devait se situer vers 80 ans, parcourait encore son domaine à cheval. Elle était toujours vêtue d’une étrange «robe-blouse» sombre avec un chapeau de chasseur très masculin. A pied, le fusil à l’épaule, son fidèle garde-chasse, Jean Guyader, la conduisait. Étant un des rares voisins du Manoir de Menez kamm, nous nous entraidions, surtout au moment des moissons (Fig. 3). Bien entendu, la fin des moissons ne pouvait se terminer que par une beilhadegoù, ancienne coutume que «Maître Yann (Jean Guyader) animait avec beaucoup de conviction et de folklore… le tout allègrement arrosé de cidre et de Lambic de la ferme… (suite)
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(…) En Cornouaille, situation des Monts d’Arrée et des Montagnes Noires, où entre Gourin et Spézet se cache Menez Kamm. Figure 2
Ce retour, totalement imprévu, s’est réalisé grâce à mon ami Jean-Yves Quéméneur, rencontré autrefois à Rennes lors d'une formation animée par le Docteur Claude Lesné, lequel, du reste, est aujourd’hui parmi nous, ainsi que la Docteur Claire Cabioc’h, une quimpéroise qui, il n’y a pas si longtemps, est venue participer à notre formation parisienne en Toxicochimie… une approche de la Toxicologie, qui tient compte du produit chimique … en fait pas évident pour certains Toxicologues classiques... nul n'est parfait en ce monde !
Le 10 mars dernier, l’objet de mon intervention dans la salle des fêtes de Brasparts, une conférence sur les dangers de l’Arsenic… qui, semble t-il, n’a pas trop empoisonné les quelques deux cents participants... Du reste, des plus réactifs ! Une attitude digne des Bretons venus protéger leur patrimoine !
Pourquoi l'Arsenic, en ce lieu si paisible ? En cause, la découverte d’un taux excessif d’Arsenic dans l'eau de rejet du chantier de Lopérec, petit village sympathique près de Brasparts. La dose est 2,5 fois plus élevée que la norme actuelle dans l'eau potable. Dans les années 1980, le BRGM avait décelé un filon d’Or (3,9 tonnes), resté à partir de 1990 en l’état.
Sans que la population locale en ait pris connaissance, récemment, en décembre 2016, deux permis de recherche minière exclusifs ont été accordés dont l’un à la société SGZ France SAS, filiale de la société australienne Scotgold Ressources Limited… on est dans l'international ! En réalité, l’Arsenic menace à plus ou moins long terme d’empoisonner la vie des habitants de Lopérec et des environs… surtout s’ils écoutent les sirènes apaisantes des multinationales minières internationales qui ne veulent, semble t-il, que transformer leur région en Eldorado !
Pour commencer il serait de bon ton de vous raconter quel a été mon parcours… qui d’apprenti cultivateur, m’a amené à devenir ingénieur chimiste-biochimiste, dans le cadre du Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris (CNAM). J’ai appris mon métier dans le groupe pharmaceutique Roussel-UCLAF, spécialisé dans les Hormones sexuelles et localisé au pied des buttes de Romainville, dans la banlieue-est de Paris .
J’y ai appris auprès de mes maîtres du Collège de France l’art de préparer des molécules chimiques, dont on espérait une activité pharmacologique pour en faire des futurs médicaments ou des contraceptifs. Peu à peu, je me suis spécialisé dans une synthèse (ce qui en général correspond à préparer grâce à la Chimie des Composés originaux) très originale dite Synthèse totale, c’est-à-dire en partant de structures chimiques très simples. Pour se dédouaner des brevets américains, le Groupe Roussel a imaginé, une première mondiale, la synthèse totale d’un des constituants d’une pilule contraceptive… ce qui paraissait à l'époque totalement irréaliste… tant les difficultés matérielles semblaient insupportables. Sans être chimiste, et sans vouloir vous impressionner, il suffit de regarder sur la figure 5, le produit de départ, le Naphtalène (que nos grands-parents appelaient la Naphtaline… l’ennemi qui faisait perdre la boule aux mites !) qui n’a que 2 cycles pour aboutir à la molécule contraceptive ; la Triénolone de la famille des Stéroïdes (dont le chef de file est le Cholestérol) et qui a 4 noyaux (que les chimistes appellent des cycles) bien positionnés dans l’espace.
Figure 5 - Synthèse en 15 étapes, de la Triénolone.
Il est certainement difficile de vous imaginer les efforts considérables qu’ il a fallu déployer pour mettre au point cette première synthèse totale à l’échelle industrielle . J’ai eu la grande chance de préparer, avec mon chef de labo (je n'étais qu'aide-chimiste), les premiers milligrammes de cette Triénolone, qui s’est montrée avoir une excellente activité contraceptive, mais qui malheureusement était, à long terme, toxique pour le foie.Quelle pilule amère !
Ayant préparé de très nombreux dérivés, le Groupe Roussel a pu ultérieurement commercialiser un composé à activité abortive (qui entre dans la composition de la pilule du lendemain)… ce qui a posé des problèmes d’éthique, parmi certains chimistes… qui ont quitté le groupe.
Faute de temps libre, pour terminer des travaux pratiques au CNAM, j’ai dû moi aussi quitter
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(…) à regret Roussel et rejoindre l’Institut de Chimie des Substances Naturelle (ICSN) du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), localisé dans la verdoyante Vallée de la Chevreuse, à Gif-sur-Yvette… ce qui m’a changé des buttes de Romainville et des usines polluantes !
Grâce au génie de son directeur Pierre Potier, l'ICSN a mis au point deux médicaments majeurs contre le cancer, dont le Taxotère, dérivé du Taxol, le principe actif de l’If… cet arbre, dont les fruits rouges sont si toxiques !
Dans ma période de transition entre (Roussel) et la Recherche publique (CNRS), j’ai continué avec deux de mes collègues de Roussel (un Pharmacologue et un Toxicologue) à élaborer, les bases de la Toxicochimie, puis l’Ecotoxicochimie (qui intègre l’Environnement). Avec des collègues et amis du CNAM, nous avons créé en 1989 l’Association Toxicologie-CNAM (ATC) qui en 2004 s’est transformée en Association Toxicologie Chimie (ATC-Paris).
Au CNRS, dans le cadre de mes missions, autour du Monde, j’ai pu visiter de nombreux pays, dont certains étaient des leaders producteurs de minéraux, sources de richesses. Ainsi en 1993, visitant le nord du Chili, en plein désert d’Atacama (un des plus arides du Monde), j’ai visité la mine de Cuivre de Chuquicamata, sous le régime de Pinochet, qui était à l’époque la plus importante du Monde.Exceptionnel, son site d’extraction, est un énorme cratère de 4 kilomètres de diamètre, sur 1 de profondeur, toujours surmonté d’un nuage de poussières fines, certainement très riches en Arsenic. Telles des myriades de fourmis laborieuses, de gigantesques camions, mesurant parfois 7 mètres de haut avec des roues de 3 mètres de hauteur et qui peuvent transporter jusqu’à 250 tonnes de minerais, sillonnent en permanence sur les pentes vertigineuses de cette cuvette entraînant, semble-t-il, de nombreuses morts… L’ingénieur de sécurité du site, avec lequel j’avais sympathisé, m’avait assuré que les accidents mortels étaient très fréquents . Le grand malheur, c'est que dans cette région vivent en plus des mineurs et de leur famille, quelques rares populations indiennes. Toute la région est contaminée par de l’Arsenic, qui imprègne le sol, pollue l’air et l’eau. Son impact sur la population locale est très inquiétant… de multiples cancers, associés à des troubles graves comme l’hypertension …
Plus récemment en 2016, visite de la mine de Cuivre-Molybdène d’Erdenet, au nord de la Mongolie. C’est actuellement l’une des plus importantes mines à ciel ouvert du Monde.Son exploitation participe à plus de 70% de l’apport de devises du pays. Ici, toutes les rivières sont, parait-il, fortement polluées par de l’Arsenic… mais secret oblige, aucune donnée sur la santé des populations, n’est diffusée… Enfin : « l'Arsenic semble réellement poser un problème de communication.. mais pas, semble-t-il, qu'en Mongolie! »
Figure 6 - Exploitation de la mine d’Erdenet en Mongolie.
Revenant en France, dans les années 1980, avec mon collègue et ami du CNRS, Henri Pézerat, le premier lanceur d’alerte « sincère » sur l’Amiante, nous avons rencontré les mineurs et les fondeurs (les métallurgistes traitant le minerai), de la mine de Salsigne . Cette immense mine est située dans la Montagne Noire, (oui il y a aussi une Montagne Noire dans le sud), à l’ouest de Carcassonne dans l’Aude. A l’époque, c’était la principale mine d’Or d’Europe occidentale, ce qui a été vrai jusqu’en 2004, date de sa fermeture… le cours de l’Or ayant trop chuté !Historiquement, la diversité et la richesse des mines de Salsigne sont impressionnantes. A l’époque de l’âge du Bronze (1500 avant JC) sera extrait du cuivre, essentiel pour fabriquer du bronze, dont on connaît par exemple les besoins des légions de César ! Suivront la métallurgie du Fer, puis à partir de l’an 1000, l’extraction du Plomb argentifère qui proliféra durant les guerres et qui dura jusqu'en 1918... une belle rente !Au début du XXe siècle (1908) débutera en France l’exploitation de l’Or… ce qui va faire la renommée internationale de Salsigne… bien entendu, en oubliant l’impact désastreux sur l’environnement et sur la santé des travailleurs, des mineurs et des riverains. En fait, Salsigne est avant tout une mine d’Arsenic devenant jusqu’aux années 1980 , le premier producteur mondial de cet élément, dit « Mixte », car situé
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Pour en revenir à Salsigne, il est intéressant de faire un bilan sanitaire même très partiel de l’exploitation minière intensive durant près de 120 ans.
Le premier cas de cancer des poumons fut décelé en 1972. Une étude épidémiologique sur la période 1968-1994 (26 ans), a mis en évidence un excès de 62 cas de cancers surtout broncho-pulmonaires, suivi de ceux du pharynx. Chez les Femmes, on observe un excès de cancers du tractus gastro-intestinal. Dans le cas des extractions minières, la contamination liée à l’Arsenic est surtout liée à l’ inhalation de gaz et de poussières. L’ apport alimentaire, en particulier par la consommation de végétaux, cultivés sur des terrains contaminés, peut-être non négligeable, car l’Arsenic a une grande capacité à se concentrer dans certains légumes et fruits.
En ce qui concerne les jeunes enfants vivant sur des terrains proches des mines, l’absorption orale de terres polluées, doit être prise en compte, avec beaucoup de vigilance, car avec les femmes en gestation, ce sont les populations à plus haut risque.
En conclusion, il est indéniable, qu’à partir des rares données sur le réel impact sur la santé etl’environnement, lié à l’extraction de mines riches en Arsenic, il est très important, dès le stade de l’exploration, de faire une étude approfondie des éventuelles conséquences réelles surtout à long terme, que va entraîner, l’exploitation ultérieure.La consultation des populations riveraines est essentielle et pour se faire, elle doit pouvoir bénéficier d’une information aussi impartiale que possible.Dans ce contexte, notre association, l’ATC-Paris est au service de tous et surtout en toute impartialité.
- Chevreuse, mai 2017, Pr André PICOT, Toxicochimiste, président de l'ATC-Paris -
(…) dans la classification périodique des chimistes (Mendelieff) entre les Métaux (éléments conducteurs de l’ électricité et les Non-Métaux (éléments sans éclat métallique et non conducteurs de l'électricité). En effet chaque tonne de minerai extrait ne recèle en général que quelques grammes, d’Or (mais parfois beaucoup plus), mais fournit 30 à 100 kg d’ Arsenic… Cet Arsenic est sous forme trivalente (As3+), l’Anhydride arsénieux (As
2O
3), composé très
toxique.
Depuis son ouverture jusqu’à sa fermeture en 2004, la mine de Salsigne aura produit 120 tonnes d’Or, ce qui, à l’époque, en fait la source la plus importante d’Europe occidentale. Toutes ces activités minières de Salsigne si diverses (Cuivre, Fer, Cadmium , Argent, Bismuth, Antimoine…) ont deux points en commun ; d’une part la formation de déchets très importants et d’autre part, la libération constante de grandes quantités d’Arsenic, dans les eaux de ruissellement… Pas de quoi ravir les protecteurs de l’environnement, ni même les riverains! Ainsi les activités minières à Salsigne ont entraîné le stockage en surface de 55 millions de tonnes (55 M t) de stériles (déchets totaux) dont 11,6 millions de déchets toxiques… de quoi faire rêver des industriels.
Figure 7 - Mine à ciel ouvert de Salsigne
En ce qui concerne la pollution des eaux de surface, en 2008, les eaux de la rivière Orbiel, qui collecte les petits ruisseaux autour de Salsigne, avaient des concentrations moyennes de 300 à 400 µg /L… dont 90% de l’apport provenait des activités minières , le reste étant d’origine naturelle. Ces chiffres sont à rapprocher des 250 µg/L d’Arsenic (soit 2,5 fois la norme actuelle de l’Arsenic dans l’eau potable, comme dit précédemment) dosés par Eaux et Rivières, à la résurgence de la galerie obstruée par le BRGM à Lopérec… eau qui se déverse actuellement directement dans la rivière Douffine… un magnifique parcours de pêche labellisé ! Ma Doué !
Histoire secrète des Montagnes Noires, Jean-François BOEDEC, 2000, Editions des Montagnes Noires Gourin
L’étonnante Amazone de Menez Kamm, Vefa de Saint Pierre (1872-1967), Claire ARLAUX, 1995, Éditions Coop Spézet
Tristes mines - Impacts environnementaux et sanitaires de l’industrie extractive, Les études hosptalières Bordeaux,, sous la direction d'Hervé PUJOL, 2014
La Toxicichime et l'Écotoxicochimie - Deux nouvelles approches préventives du risque chimique toxique, André PICOT, 2016
www. Atctoxicologie .fr
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« Affiliée » de fraîche date, je n’ai pas encore bien
connaissance de l’histoire de Force 5, mais dans mes
premiers contacts avec certains membres fondateurs
de cette association – personnalités humbles et
magnifiques, citoyens debout, belles gens –
l’association convie mon imaginaire…
Telle une sentinelle, Force 5 se tient debout à l’affût
de tout ce qui, à court ou moyen terme, menace
l’équilibre de notre vie. Dans ce trésor d’espace vital
et de vitalité qu’est le Trégor mais aussi, par son
rayonnement et sa puissance de conviction, dans
d’autres territoires sur cette planète, terre vivante qui
n’a aucunement besoin de nous pour être mais dont
nous - simples humains fragiles et mortels - avons au
contraire et en retour une nécessité absolue pour
exister et pour survivre, individuellement et tous
ensemble.
Force d’attaches, de liens qui nous unissent et font
que la vie ensemble est meilleure qu’isolé dans son
coin, qu’un bout de chemin partagé mènera plus
loin… Force de réflexion commune, partagée, parce
qu’à plusieurs on est plus intelligent que tout seul et
qu’un raisonnement est plus puissant s’il prend appui
sur une critique plurielle. Force de conviction qui
déploie l’étendard des idées et des faits, révèle la
face cachée des choses et offre des aires de débat
public qui nous permettent d’avancer dans la
compréhension du monde. Force d’action qui
multiplie notre pouvoir d’agir. Force de résistance et
de liberté.
En définitive Force 5, minuscule point d’ancrage dans
le chaos du monde, forge une éthique de la
conscience d’exister. Parce que nous, les humains,
pensons la vie, concevons l’existence en pleine
conscience que l’écologie est un état d’esprit mais
aussi un art de vivre en pleine conscience de soi et
des autres, de ce chemin de la vie qui nous relie les
uns aux autres et qui fait que chacun de nos actes
est initiative et impact, espoir et doute, volonté et
résonance.
Depuis que je la connais, Force 5 est la vigie qui
nous permet de voir plus loin. En lutte sur tous les
fronts : projets d’aménagement démesurés,
extravagante et inutile extraction de sable, centrales,
mines de gaz, de charbon, d’autres matières
premières indispensables en premier lieu pour ceux
qui entendent les exploiter, agriculture intensive,
polluante et productiviste, compteurs électriques
menaçant non seulement la santé mais la
démocratie…
Force 5 relève l’absurdité des appétits insatiables
d’entreprises hasardeuses, orientées avant tout et
au delà de toute raison vers la course au profit et la
maximisation de leurs bénéfices à courte vue, sans
mesure des impacts réels, biologiques, techniques,
sanitaires et humains, de leurs pratiques sur
l’environnement…
Force 5 ouvre une pensée libre et nous invite à
exercer notre intelligence environnementale en
commun. En harmonisant son mouvement avec
ceux des associations amies qui poursuivent le
même chemin.
Force 5 réveille en nous le meilleur de l’humain : la
beauté de la vie, le bonheur d’exister, la solidarité, le
génie collectif, la création en partage et l’humour,
mais aussi la capacité de résister aux industries
prédatrices devenues sourdes et aveugles à l’utilité
publique, aux biens communs, à l’intérêt général, à
ce qui fonde les conditions de survie de notre
commune humanité.
Force 5, c’est ce petit grain de sable qui vient
perturber la formidable machine à broyer le vivant
qu’est notre indifférence à nous mêmes et aux
autres, à notre devenir, incarné par le pouvoir de
l’argent et la puissance terriblement destructrice du
productivisme.
Elle nous rappelle que nous avons un avenir, à
condition que nous voulions bien le prendre en
main. Aujourd’hui. Ensemble. Solides et
solidaires.
- Christine BON, Sociologue de la santé -
Force 5 : une sentinelle du quotidien au service d’une conscience collective.
© Dr Claude LESNÉ
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Le Léguer, première « rivière sauvage » de BretagneLa Bretagne est une terre et une mer de très ancienne civilisation, de longue Histoire, et donc un territoire de rapports fluctuants, changeants entre l’homme et la nature. Sa culture millénaire a largement influencé la relation avec ses fleuves et rivières. Des milliers d’ouvrages, de moulins ont été édifiés, depuis le haut Moyen-âge, pour produire de la farine, puis de la force motrice pour divers usages industriels. Les fonds de vallée ont été largement occupés pour l’élevage, les cours d’eau ont été modifiés pour faciliter la navigation, l’agrandissement des villes. Et la Bretagne est aussi devenue, depuis quelques décennies, une terre de conquête pour un modèle de développement économique qui a permis, là comme ailleurs, d’élever ce qu’on appelle le niveau de vie. Mais qui a aussi contribué à dégrader dans le même mouvement ses paysages, ses milieux naturels, ses sols, sa biodiversité, et donc ses rivières, son eau. La dégradation de la qualité de l’eau en suite du développement impressionnant de l’élevage hors sol, de la mise en place de pratiques culturales inadaptées a révélé, avec, par exemple, l’interminable pollution par les nitrates et l’invasion du littoral par les algues vertes, que « quelque chose ne tournait pas rond ». Les grands barrages construits au long du XXème siècle, pour assurer une petite partie de la production hydroélectrique, pour constituer des réserves d’eau potable, ont de même contribué à ce qu’on appelle aujourd’hui la fragmentation des cours d’eau. Bref, en Bretagne, comme ailleurs en France et en Europe, et dans les Côtes d’Armor en particulier, la longue histoire du progrès des techniques et de l’industrie a le plus souvent transformé les fleuves côtiers, les petites rivières, leurs bassins versants en milieux banalisés, appauvris sur la plan écologique, avec comme conséquence, par exemple, la raréfaction des populations de poissons migrateurs.
Un engagement collectif prometteur en faveur du Léguer.
Et pourtant, il reste quelques trésors à portée de regard, et d’actions. Parmi les nombreux cours d’eau du département, (nous pourrions citer le Douron, un petit fleuve côtier remarquable qui marque la limite avec le Finistère), il y a le Léguer. Long de 60 km, ce fleuve côtier va recevoir bientôt le label « Site rivières sauvage », que le Fonds pour la Conservation des Rivières Sauvages et European Rivers Network attribue depuis 2014 aux « rivières joyaux » de notre pays. Le Léguer, en effet, est une rivière remarquable, un cours d’eau rare et qui revient de loin. Il a été fortement aménagé au fil des siècles, avec X seuils sur son cours édifiés pour produire diverses richesses. Sur son bassin versant s’est développée depuis les années 50 une agriculture qui n’est pas réellement durable.
© Corinne BERTRAND
Une partie de son cours a été complètement artificialisée dans la traversée de Lannion et un grand barrage, de 15 mètres de hauteur, celui de Kernansquillec, construit pour les papeteries Vallée en 1923, y a entraîné la quasi disparition de la population de saumons atlantiques, incapables de rejoindre les meilleures frayères et habitats de l’amont. Tout cela est en train de changer. En suite de l’effacement, pionnier eu Europe, du barrage en 1996, entraînant une restauration des habitats du Léguer, avec comme résultat le plus symbolique, et concret, le retour progressif d’une belle population de saumons, les acteurs locaux, élus, pêcheurs, écologistes, habitants, paysans ont retroussé leurs manches, dans la continuité de ce qu’avait initié Eaux et Rivières de Bretagne dans les années 70. Avec le soutien de diverses institutions, en particulier l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, un Contrat de bassin versant, a été mis en place, en 2004 aujourd’hui porté par Lannion-Trégor Communauté. Il a joué un rôle moteur pour mobiliser les énergies et dynamiser la restauration du Léguer. X millions d’euros ont été investis. En 2011, a germé l’idée d’aller plus loin, de voir si, un jour, le Léguer ne pourrait pas entrer dans le « réseau de rivières sauvages » en train d’émerger dans le pays. En 2007 en effet, suite au lancement du chantier d’un grand barrage EDF inutile sur un des derniers fleuves côtiers méditerranéens intacts, le Rizzanese, en Corse, le WWF-France, ERN-SOS Loire Vivante, divers acteurs issus du monde de la pêche ainsi que des scientifiques avaient lancé l’idée de créer un instrument permettant de montrer que la création de valeur autour d’une rivière ne passait pas nécessairement par son aménagement lourd. En 2010, un fonds de dotation, le Fonds pour la Conservation des Rivières Sauvages a (...)
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déterminé les critères indispensables pour reconnaître le haut degré de naturalité d’un cours d’eau. Un référentiel a été établi avec l’Afnor, l’Association Française de Normalisation et, en octobre 2014, la première rivière, la Valserine dans le département de l’Ain et le Parc Naturel Régional du Haut Jura, a été labellisée.
Six années d’un travail patient, constant, ont été nécessaires pour donner au Léguer la chance de recevoir le label. L’action collective a permis d’affiner la connaissance du fleuve, de resserrer davantage les liens entre acteurs, d’élaborer un plan d’actions permettant d’améliorer ce qui doit l’être, en particulier pour ce qui touche à la continuité écologique et la qualité de l’eau. Bonne nouvelle, au final : le Léguer peut recevoir le label, qui sera décerné à Lannion-Trégor Communauté, le porteur du programme, à l’automne 2017, 21 ans après l’effacement du grand barrage de Keransquillec. Il y a aussi de bonnes, de très bonnes nouvelles en Bretagne et dans les Côtes d’Armor, pour ce qui touche à la conservation et la restauration de ces écosystèmes prodigieux, sources de vie, de culture et de richesses que sont les rivières avec un haut degré de naturalité.Rendez-vous à tous pour la cérémonie de labellisation, en septembre 2017.
- Martin ARNOULD, chargé de programme "Rivières Vivantes" au sein d'ERN, European Rivers Network / SOS Loire Vivante -
www. Rivieres-sauvages.fr
Fonds pour la Conservation des Rivières Sauvages / European Rivers Network8 rue Crozatier 43 000 Le Puy-en- Velay
© Dr Claude LESNÉ
PLUI-H (Plan local d'urbanisme intercommunal-habitat)
Force 5 a été invitée à participer aux ateliers thématiques pilotés par Morlaix-Communauté :- Consommation d'espace, le 9 septembre 2017,- Biodiversité et environnement, le 16 septembre, - Paysage et patrimoine, le 19 septembre,- Habitat, le 20 septembre.L'occasion de se positionner sur les questions environnementales et d'alerter sur l'impact direct de certaines orientations sur le paysage, le patrimoine, mais aussi le vivre-ensemble et la santé. La connaissance des enjeux et les compétences des acteurs associatifs sur le terrain sont essentielles pour construire l'avenir !
© Dr Claude LESNÉ
Quatorze goélands
Sentinelles immobiles sur le faîte du toit,Sur deux lignes perpendiculaires,Au garde-à-vousTournées vers l'horizon, face au vent,Vers l'ouest et le soleil couchant.Quatorze répliques identiques,Dérangées l'instant d'aprèsLorsque je m'approche trop près,Ou est-ce le vent, un appel du largeQui vient perturber cette élégante pose ?Soudain l'un décolleAvec lui entraîne un autreEt puis encore un ;Ils partent en gueulantEt déchirent le silence vespéral qui régnait.Huit et six ou deux fois sept simplement,Je ne sais plus.Que leur importe leur nombre éphémère,La liberté se vit à tout momentElle ne se compte sur les doigts.Quatorze goélands,Ne sont plus que douze et dix et cinq rapidement.Après tout qu'ont-ils à faire de ma poésie,De mes rimes approximatives et de mes calculs primaires.Quatorze goélands s'en sont allésMe laissant seule, abandonnée des cieux.
- Jacqueline MEUDEC -
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L.L. : Les gens sont conscients du problème mais ne partagent pas forcément la même vision sur les moyens d’agir. Le problème de la Bretagne est l’aménagement du littoral et l’agriculture, au sujet desquels les positions des divers acteurs sont tranchées et parfois contradictoires.
EB : Quelle est l’étape suivante ?L.L. : Les acteurs sont venus par curiosité, mais les grands choix économiques sont déjà faits. Le travail à long terme est important, et beaucoup de participants, particulièrement les politiques, sont susceptibles de ne penser qu’en court terme.Il s’agit donc de continuer à informer, rassembler, innover, afin de mitiger les impacts du changement climatique sur la région, et s’ouvrir aux opportunités offertes par la transition.
EB : Quel sera l’impact des changements climatiques en Bretagne ?L.L. : Il n’y aura pas d’impact dramatique, contrairement au Sud et aux milieux continentaux. Par contre, il y aura une exacerbation des problèmes actuels : des tempêtes de plus en plus fréquentes et violentes (autour de 220 km/h), des pics de froid autour de -15/-20°C (ils seront très rares, mais restent possibles, bien que moins fréquents que dans l’Est de la France et en Allemagne), des coups de chaud autour de 40°C, des sécheresses, la montée des mers.Ces problèmes sont gérables si l’agriculture réduit ses besoins en eau pendant l’été, si les villes aménagent plus d’espaces verts, si les zones de cultures sont situées plus à proximité des centres pour éviter le transport…D’une manière générale, la Bretagne a cette chance de subir un impact plus modéré que d’autres régions, ce qui permet d’investir les moyens dans l’adaptation au changement et non dans la gestion de catastrophes. En ce qui concerne la montée du niveau des mers, elle risque d’aller jusqu’à un mètre en moyenne (sans compter les surcotes de tempête) avant la fin du siècle. Les villes côtières doivent donc réfléchir localement à l’adaptation de leurs structures en zones dangereuses et ne pas délivrer de permis de construire pour des zones à moins de 80 cm au-dessus du niveau de haute mer.
COP Bretagne: quels enjeux? Entretien avec Laurent LABEYRIE (Bérénice LA SELVE)
Laurent LABEYRIE est géochimiste, paléo-océanographe, membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et coprésident de l’association «Clim’action Bretagne Sud». Il nous confie ses impressions concernant la COP (Conférence des Parties) Bretagne.
Eco-Bretons : Quelle était votre impression en sortant de la COP ?Laurent Labeyrie : Cette COP Bretagne est une grosse ambition pour la région et a donc suscité espoirs et regrets. Il ne faut pas s’arrêter en 2018, le vrai challenge se présentera en 2030. Le message doit être : Attention, 2018 est la date du premier texte mais pas de la fin de l’exercice.
EB : Pourquoi une COP régionale ?L.L. : L’échelle nationale n’est pas adaptée car l’impact du changement climatique n’est pas le même suivant les régions. Même au sein de la Bretagne, le changement ne sera pas le même en Bretagne Nord, Centre et au Sud. Autre exemple, la région péri-méditerranéenne qui sera soumise, entre autres, à des problèmes de sécheresse (les scénarios optimistes prévoient une augmentation de 2 à 2,5°C d’ici 2070, ndlr), et à des problèmes humains liés aux mouvements migratoires provoqués par le changement climatique dans les pays alentour. Ceci alors que, d’une manière générale, la façade Atlantique sera moins impactée par le changement climatique.
EB : Pensez-vous que tous les acteurs étaient bien représentés ? Les industriels aussi ?L.L. : L’industrie française est en train de rater le virage économique (lié à la transition environnementale, ndlr). L’économie bretonne continue à s’appuyer sur de grosses industries conventionnelles. Il n’y a pas assez d’initiatives pour soutenir les PME et les financer.
EB : Quelles sont vos impressions sur la table ronde à laquelle vous avez participé ?
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ÉCO-BRETONS, webmédia associatif des transitions écologiques en Bretagne
- Articles quotidiens, reportages écrits, audio et vidéo réalisés à la fois par des journalistes professionnels et des « Plumes citoyennes », - Reprise de communiqués de presse et annonce d'événements sur son agenda régional,- Organisation et/ou participation à des événements publics : rencontres, ciné-débats, forums, manifestations…
Plus d'articles sur www.eco-bretons.info/
Il y a encore des municipalités qui ne prennent pas en compte ces directives et pensent installer des digues. Cette solution est chère et peu fiable puisqu’elles sont susceptibles de céder; de plus elles demandent de très grosses dépenses de fonctionnement et d'entretien. La concertation locale est importante pour éviter les drames comme celui de la Faute-Sur-Mer. Je suis pour que les citoyens puissent poursuivre les élus qui n’ont pas pris les bonnes décisions, car ils ont toutes les informations pour le faire.
Présentation de la COP régionale BretagneL’événement a eu lieu à Saint-Malo le jeudi 9 mars. Il a démarré par une table ronde et s’est poursuivi l’après-midi par des ateliers sur six thématiques différentes. De nombreux acteurs locaux étaient réunis lors de cet événement baptisé Carrefour des Transitions. Il faisait suite aux quatre conférences environnementales co-présidées par l’Etat et la Région. Les spécialistes ont échangé librement afin de dresser un tableau de la situation actuelle et réfléchir à des solutions à court et long terme. « Comme la COP21, qui avait réuni les acteurs du climat pour un accord historique entre 195 États, la COP régionale a pour ambition d’associer, en Bretagne, toutes les parties prenantes, de la transition écologique et énergétique », explique le site de l’événement.Concrètement, le but est d’ouvrir un cahier des engagements, accessible aux Bretonnes et aux Bretons, qui proposera des actions réalisables par tout un chacun. Un comité scientifique suivra l’ensemble de la démarche. Un événement citoyen est aussi envisagé fin 2018.
© Évariste
Concours photo-vidéo « Eau des terres, eau des mers » : Éco-Bretons intervient auprès des lycées agricoles régionaux (résidences de journalistes et concours). Dourduff-en-Mer, avril 2017 © 1ère STAV, Lycée agricole de Suscinio-Morlaix.
Pour aller plus loin - Dossier de presse de la COP Bretagne : http://www.bretagne.bzh/upload/docs/application/pdf/2017-03/dp_cop_regionale_mise_en_ligne.pdf- Interview du 17/03/2017 de Laurent Labeyrie au sujet de son livre « Submersion : comment gérer la montée du niveau des mers » (Odile Jacob) : http://www.kernews.com/laurent-labeyrie-oceanographe-et-membre-du-giec-les-personnes-qui-vivent-dans-des-zones-exposees-en-france-si-elles-en-ont-les-moyens-peuvent-se-proteger/1868/- Réseau Action Climatique de France, 5e rapport du GIEC sur le changement climatique (publié en 2014) : http://leclimatchange.fr/- Science et Vie, article de 2015 décryptant le changement climatique en France dans six régions : https://www.science-et-vie.com/recette/cop21-comment-le-changement-climatique-affectera-la-france-6394- Site du ministère du logement et de l’habitat durable, page «loi Littoral» traitant des constructions en bord de mer : http://www.logement.gouv.fr/http-www-territoires-gouv-fr-loi-littoral-517#article
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SOLIDARITÉ ASSOCIATIVEFORCE 5 soutient des associations régionales et nationales depuis de
nombreuses années. Voici les liens pour découvrir leurs actions :
GÉNÉRATIONS FUTURES www.generations-futures.fr
COHÉRENCE www.reseau-coherence.org
LDDNC www.nonalacentrale-landivisiau.fr
EAU ET RIVIERES DE BRETAGNEwww.eau-et-rivieres.asso.fr
DIWALL! Mines - Arrêtons-les!diwall-mines.eklablog.com
ADPNP www.infolocale.fr/plourin-les-morlaix
VIVRE DANS LES MONTS D’ARRÉE https://bevanemenezare.wordpress.com
BRETAGNE VIVANTEhttp://www.bretagne-vivante.org/
APPROCHE-ÉCOHABITAT www.approche-ecohabitat.org
ÉCO-BRETONS http://www.eco-bretons.info
SAUVEGARDE DU CHAMP DE LA RIVEhttp://champsrivesetpatrimoine.fr/
ATC-PARIS www.atctoxicologie.fr
ARTAC www.artac.info
WECF www.wecf.eu/francais
ATREIS www.atreis.bzh
IDSE www.idsenergies.fr
CAP SANTÉ www.capsante.net
© Dr Claude LESNÉ
FORCE 5, 15 années de travail de terrain et de luttes pour la protection de l'environnement et de la santé publique !
Sans oublier la Sauvegarde du Trégor, APPBS, ARAP, Douar Didoull, ULAMIR-CPIE, le collectif du Pays de Morlaix contre l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, Peuple des Dunes en Trégor, et tous les collectifs et associations partenaires qui veillent à la protection de l'environnement ici, dans le Finistère, et ailleurs !
Créée en mai 2002, l'association FORCE 5 a 15 ans !
FORCE 5 a su anticiper pour « STOPPER » un projet d’incinérateur de fumiers de volaille expérimental pour chauffer des serres de tomates hors-sol sur un site littoral remarquable. Le « CANARD ENCHAÎNÉ » annonçait alors un nouveau PLOGOFF. La mobilisation de tous pour éviter de contaminer la terre de Saint-Jean-Du-Doigt avec les rejets de dioxine, puis un colloque de réflexion sur l’incinération à Locquirec, auquel le Docteur Claude Lesné participait, ont été déterminants.En 15 ans, et avec notre agrément départemental, que de dossiers juridiques (extractions de sable coquillier, algues vertes, centrale à gaz,... ), de mobilisation et de lutte pour l’environnement, ont été réalisés dans la région pour les générations futures !
Jean-Yves QUÉMÉNEUR Président de FORCE 5
LIENS UTILES
CRIIREM www.criirem.org/
LES ROBINS DES TOITShttp://www.robindestoits.org
STOP LINKY FINISTEREhttp://stop-linky-finistere.blog4ever.com
LINKY GAZPARrefus.linky.gazpar.free.fr/
ANNIE LOBÉ – SANTÉ PUBLIQUE ÉDITIONSwww.santepublique-editions.fr
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Balade à Port Blancà travers les sentiers
Tout de suite après avoir descendu l’allée des mimosas, nous pénétrons à l’intérieur d’un sentier encastré dans des murs, dans lesquels se sont incrustées des fleurs de toutes les couleurs. Ce sentier fleuri et rocailleux s’entr’ouvre soudain sur un triangle de mer «le Quinquai», berceau du petit port breton sympa, l’invincible! Il suffit de traverser la route de l’abesse pour se retrouver dans le plus poétique des lieux, «sentier de Kastel Trémazan». Étroit et profond, il est bordé d’un côté d’une haie rocheuse, enchevêtrée de lierre, d’orties, de chèvrefeuille et de ronces, porteuses l’été, de grosses mûres inaccessibles.
Au-dessus des rochers torturés, sur l’autre côté, on aperçoit en contrebas, la mer qui nous attend, toujours calme à cet endroit, et puis la venelle de Perros nous invite à descendre sur la côte.
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On fait un grand saut au dessus des vilains, très vilains viviers de la Méloine pour se faufiler à la queue leu leu sur un étroit sentier côtier qui longe la grève face à Primel et aux rochers de la pointe… quand il bifurque, tout enveloppé d'épais troènes, on se retrouve soudain devant un majestueux jardin dans lequel vivent des arbres dont les épaisses branches communiquent entre elles comme des soeurs siamoises. Le chemin de traverse qui relie Pors ar Louarn à Port Blanc, nid tiède tapissé d’herbe sur lequel courent des fleurs, est un enchantement pour les papillons, les gros bourdons, et surtout pour les abeilles… Et voici l’éblouissante trouée «Port Blanc». Port Blanc, les grèves, les rochers, l’odeur des algues, la lumière, les oiseaux, la mer…
La mer ? Comment était-elle ce matin? Calme, assouvie, toute bleue ou grise? Et elle peut aussi, avec le vent, devenir folle ce soir ou demain... rugissante, noire, verte, blanche d’écume. La mer accepte que l’on vienne la caresser, parce qu’elle sait être si douce, parfumée et chantante. Mais la mer est cruelle, ne l’oublions jamais, c’est une grande Dame qui exige d'être respectée.
- Francine LEMIESLE -
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Imprimé par l'ULAMIR
Bulletin 2017
Pr André Picot, Dr Claude Lesné, Martin Arnould, Christine Bon, Christophe Campion, Éco-Bretons, Francine, Jean-Yves, Michèle, Loïc, Corinne, Jacqueline, Françoise, Aude, Évariste…
Un grand merci à tous les adhérents et sympathisants de FORCE 5 pour leur soutien!
Affiche 15 ans: Godzilla VS Force 5 © Évariste LE VOT-DEBEAURAIN
FORCE 5 FÊTE SES 15 ANS !
SAMEDI 15 JUILLET A 15H15
RENDEZ-VOUS SUR LE PARKING ET LA PLAGE DE
SAINT-SAMSON EN PLOUGASNOU (29630)
CRÊPESBUVETTEMUSIQUE
& JEUX DE PLAGE
Arsenic VS Château Pétrus © Christophe CAMPION
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