diogene sans-culotte - nantes · 2012. 6. 8. · socialistes, le anarchistes ets le réactionnaires...

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0:V S'.tStOXXK Rue de la Harpe, 110 Hue de Vaugirard, (Affranchir]. .abonnement PAK1S IJ il an G fr. Six mois . . . T> » Trois mois. . \ 50 Diogèue parait deux fois par semaine, Jeudi et Dimanche. DÉPARTEMENTS PARIS. Enfin ! me voilà dans Paris !... Je l'ai voulu, rien n'est changé, si ce n'est la forme; c'est ici comme à Athènes... Seulement la ville est plus grande et les hommes plus pe- tits. 0 ma curiosité, te voilà bien punie ! Oblige de rester sur la terre, de visiter la France républicaine jusqu'à ce que j'aie trouvé un républicain! Ils prétendent tous l'être pourtant ! Ils le crient à qui veut l'entendre; ils l'écrivent sur tous les murs des carrefours et des places publiques ! Quand mes haillons seront par trop mauvais, quand l'hiver deviendra rude, ces affiches me fourniront de chauds vêtements et un bon feu. Vraiment, il n'était pas besoin de venir à Paris pouf voir tous ces gueux-là;... je les ai vus à Athènes. Je vous salue, ô Athéniens de Paris! Je vous salue ô Parisiens d'Athènes! Toujours les mêmes comédiens, toujours les mêmes bouffons, les mêmes fous sérieux,... toujours les mêmes coquins! Les costumes sont changés, voilà tout; sous la toge ou le gilet blanc c'est le même cœur qui bat,... ou plutôt, la même absence de cœur! Allons! je le vois; ce sera aussi diciiïile de trouver ici un républicain, que ce l'était là-bas, de trouver un homme! A moins de leur jeter, comme autrefois à Platon, leur coq Gaulois 'plumé. Cependant que de philosophes qui jettent aux pas- sants leurs conseils en pâture ! La tribune, les journaux qui hurlent à chaque ins- tant, avec leurs cent mille voix : « Je suis républicain! un vrai républicain ! Prenez ma république ! >» Par Jupiter! si on ne les connaissait, on serait fort embarrassé dans le choix; quels petits saints ils font tous! Tout beau ! mes mignons, paix ! paix ! n'agacez pas le chien; il a encore des dents pour mordre et des crocs pour déchirer ! — Nous sommes républicains ! — Vous le voulez? Eh bien soit ! approchez ! J'ai la vue faible, je vais vous mettre ma lanterne sous le nez : Ah! lu es un républicainjloi qui lèves la tête si haut? Voudrais-tu par hasard, comme Hercule avec ses épaules, « Pour payer le gouvenement. » De l'argent, de l'argent et toujours de l'argent -, « Mais c'est ébouriffant.. « Etourdissant, « Carillonnant, « Etfinalement, « Furieusement, « Diaboliquement, « Embêtant! Pardonnez-moi le mot, mon cher propriétaire, Et comptezjlà-dessus : vous n'aurez pas d'argent! — « Ma chère locataire, Répond, tout furieux, Le gros propriétaire ; « Alors, vous viderez les lieux ! - « Bon ! bon ! roulez, tant qu'il pourra vous plaire, « Roulez, roulez-moi vos gros yeux; Mais, malgré vous, mon cher propriétaire, « Je garderai les lieux! Le gros propriétaire, Suufllant, soufflant, soufflant, S'écrie, ah c'est trop fort vraiment! Haut et résolument : ~ K Madame, il me faut de l'argent ! La jeune locataire Répond tout doucement : - « Mon gros mignon, vous n'aurez pas d'argent ! Le gros propriétaire, Mus haut et plus résolument, — « Madame, il me faut de l'argent! Lajeune locataire Encor plus doucement : Il est aussi toutpourpre de colère ; Parbleu ! la République a doublé les impôts, Et personne aujourd'hui ne veut payer les baux... — Quel fertile ! quel héroïque ! Quel fameux débat domestique! Quelle scène comique, Chaque jour on applaudirait! Si le fin Molière vivait, Dans notre sainte République ! — Mais écoutez bien attentivement, L'aimable dialogue Que le propriétaire, énorme boule-dogue, Déclame chaudement Avec sa locataire, une jeune coquette, Élégante levrette, (Qu'on dit très-coléreuse, et pas du tout muette, « Enfin, madame, enfin, il me faut de l'argent, Dil, en joignant les mains, le gros propriétaire. •Mais répond en colère, La jeune locataire : — «De l'argent, de l'argent, et toujours de l'argent, « Que voulez-vous donc faire « Avec tout^cet argent? » On lui répond, Irès-noblemenl, « — Madame, il mefaut de l'argent, « Pour payer le gouvernement. « Grand Dieu ! s'écrie alors la locataire, « Quel ennuyeux propriétaire ! « Depuis deux mois, voilà sa grande affaire, « Oui, tous les jours, c'est son unique affaire, « De vous crier insolemment, « Madame ! il me faut de l'argent, •ŒILLETON, BEVUE DE PARIS. Comme l'aimable Seine, au cours capricieux, J'aime à courir la rue, au sein des curieux, Promener, en flâneur, mon humeur vagabonde, Et pour passer le temps, critiquer tout le monde. Oui, le matin, le soir, Je cours partout, je veux tout voir ; Mais vouloir tout entendre Et surtout bien comprendre ; Je le défends à cent mille mouchards ! Sans compter le beau sexe,... il est tant de bavards ! Moi,Jqui n'ai pas l'honneur de servir la police, Auprès de ces Messieurs, je ne suis qu'un novice; Et puis dans mon collège, hélas! Nos professeurs ne nous apprenaie» pas Le ronflant et classique idiome. Qu'un peuple, élégamment, roncoule au Puy-Dômc, Et dont les éloquents FOUCH-TRAS Rendent les bons Français jaloux des Auvergnats. Donc pour cueillir les plus fraîches nouvelles, Et des forts de la halle admirer les querelles, Reconnaissez par fois mon cruel embarras. Je gage que là-bas, Celte jeune dame en colère, Est une honnête locataire Qui ne veut pas paver Son loyer. Qu'ici, ce gros ventru, c'est le propriétaire; DU 18 AU 22 JUIN 1848. 1 ANNÊE.4 v t. Un an 9 fr. Six mois. . . . . 5 » J . . Ai-je vu des Faquins Des coquins et des sots, des sols et des coquins ! DIOGENE SANS-CULOTTE

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Page 1: DIOGENE SANS-CULOTTE - Nantes · 2012. 6. 8. · socialistes, le anarchistes ets le réactionnaires ! As quoi sert une constitution? Viv la Presse!e viv Girardie !n ! vive moi ! !

0:V S'.tStOXXK

Rue de la Harpe, 110 Hue de Vaugirard,

( A f f r a n c h i r ] .

.abonnement

PAK1S

IJ il an G fr. Six mois . . . T> » Trois mois. . \ 50

Diogèue parait deux fois

par semaine, Jeudi et

Dimanche. DÉPARTEMENTS

PARIS. Enfin ! me voilà dans Paris !... Je l'ai voulu, rien n'est

changé, si ce n'est la forme; c'est ici comme à Athènes... Seulement la ville est plus grande et les hommes plus pe-tits.

0 ma curiosité, te voilà bien punie ! Oblige de rester sur la terre, de visiter la France républicaine jusqu'à ce que j'aie trouvé un républicain!

Ils prétendent tous l'être pourtant ! Ils le crient à qui veut l'entendre; ils l'écrivent sur

tous les murs des carrefours et des places publiques ! Quand mes haillons seront par trop mauvais, quand

l'hiver deviendra rude, ces affiches me fourniront de chauds vêtements et un bon feu.

Vraiment, il n'était pas besoin de venir à Paris pouf voir tous ces gueux-là;... je les ai vus à Athènes.

Je vous salue, ô Athéniens de Paris! Je vous salue ô Parisiens d'Athènes! Toujours les mêmes comédiens, toujours les mêmes bouffons, les mêmes fous sérieux,... toujours les mêmes coquins! Les costumes sont changés, voilà tout; sous la toge ou le gilet blanc c'est le même cœur qui bat,... ou plutôt, la même absence de cœur!

Allons! je le vois; ce sera aussi diciiïile de trouver ici un républicain, que ce l'était là-bas, de trouver un homme! A moins de leur jeter, comme autrefois à Platon, leur coq Gaulois 'plumé.

Cependant que de philosophes qui jettent aux pas-sants leurs conseils en pâture !

La tribune, les journaux qui hurlent à chaque ins-tant, avec leurs cent mille voix : « Je suis républicain! un vrai républicain ! Prenez ma république ! >»

Par Jupiter! si on ne les connaissait, on serait fort embarrassé dans le choix; quels petits saints ils font tous!

Tout beau ! mes mignons, paix ! paix ! n'agacez pas le chien; il a encore des dents pour mordre et des crocs pour déchirer !

— Nous sommes républicains ! — Vous le voulez? Eh bien soit ! approchez ! J'ai la

vue faible, je vais vous mettre ma lanterne sous le nez : Ah! lu es un républicainjloi qui lèves la tête si haut?

Voudrais-tu par hasard, comme Hercule avec ses épaules,

« Pour payer le gouvenement. » De l'argent, de l'argent et toujours de l'argent -,

« Mais c'est ébouriffant.. « Etourdissant, « Carillonnant, « Etfinalement, « Furieusement,

« Diaboliquement, « Embêtant!

Pardonnez-moi le mot, mon cher propriétaire, Et comptezjlà-dessus : vous n'aurez pas d'argent!

— « Ma chère locataire, Répond, tout furieux, Le gros propriétaire ;

« Alors, vous viderez les lieux ! -« Bon ! bon ! roulez, tant qu'il pourra vous plaire,

« Roulez, roulez-moi vos gros yeux; Mais, malgré vous, mon cher propriétaire,

« Je garderai les lieux! Le gros propriétaire,

Suufllant, soufflant, soufflant, S'écrie, ah c'est trop fort vraiment!

Haut et résolument : ~ K Madame, il me faut de l'argent !

La jeune locataire Répond tout doucement :

- « Mon gros mignon, vous n'aurez pas d'argent ! Le gros propriétaire,

Mus haut et plus résolument, — « Madame, il me faut de l'argent!

Lajeune locataire Encor plus doucement :

Il est aussi toutpourpre de colère ; Parbleu ! la République a doublé les impôts, Et personne aujourd'hui ne veut payer les baux...

— Quel fertile ! quel héroïque ! Quel fameux débat domestique!

Quelle scène comique, Chaque jour on applaudirait! Si le fin Molière vivait, Dans notre sainte République !

— Mais écoutez bien attentivement, L'aimable dialogue

Que le propriétaire, énorme boule-dogue, Déclame chaudement

Avec sa locataire, une jeune coquette, Élégante levrette,

(Qu'on dit très-coléreuse, et pas du tout muette, « Enfin, madame, enfin, il me faut de l'argent, Dil, en joignant les mains, le gros propriétaire.

•Mais répond en colère, La jeune locataire :

— «De l'argent, de l'argent, et toujours de l'argent, « Que voulez-vous donc faire « Avec tout^cet argent? »

On lui répond, Irès-noblemenl, « — Madame, il mefaut de l'argent, « Pour payer le gouvernement.

« Grand Dieu ! s'écrie alors la locataire, « Quel ennuyeux propriétaire !

« Depuis deux mois, voilà sa grande affaire, « Oui, tous les jours, c'est son unique affaire,

« De vous crier insolemment, « Madame ! il me faut de l'argent,

•ŒILLETON,

BEVUE DE PARIS. Comme l'aimable Seine, au cours capricieux, J'aime à courir la rue, au sein des curieux, Promener, en flâneur, mon humeur vagabonde, Et pour passer le temps, critiquer tout le monde.

Oui, le matin, le soir, Je cours partout, je veux tout voir ;

Mais vouloir tout entendre Et surtout bien comprendre ;

Je le défends à cent mille mouchards ! Sans compter le beau sexe,... il est tant de bavards ! Moi,Jqui n'ai pas l'honneur de servir la police, Auprès de ces Messieurs, je ne suis qu'un novice;

Et puis dans mon collège, hélas! Nos professeurs ne nous apprenaie» pas

Le ronflant et classique idiome. Qu'un peuple, élégamment, roncoule au Puy-Dômc,

Et dont les éloquents FOUCH-TRAS Rendent les bons Français jaloux des Auvergnats.

Donc pour cueillir les plus fraîches nouvelles, Et des forts de la halle admirer les querelles, Reconnaissez par fois mon cruel embarras.

Je gage que là-bas, Celte jeune dame en colère, Est une honnête locataire

Qui ne veut pas paver Son loyer.

Qu'ici, ce gros ventru, c'est le propriétaire;

DU 18 AU 22 JUIN 1848.

1 ANNÊE.4 v t .

Un an 9 fr. Six mois. . . . . 5 »

J . . Ai-je vu des Faquins Des coquins et des sots, des sols et des coquins !

DIOGENE SANS-CULOTTE

Page 2: DIOGENE SANS-CULOTTE - Nantes · 2012. 6. 8. · socialistes, le anarchistes ets le réactionnaires ! As quoi sert une constitution? Viv la Presse!e viv Girardie !n ! vive moi ! !

>

V

D10GËNE SANS-CULOTTE.

upporter le ciel sur ton nez... . Baisse ta tête altière, ô, grand cquilibriste, Milon de Crotone était plus ar ro-gant que toi !

jPsssez, passez vous autres, nullités écloses sous le so-leil de l 'impudence !

Quels sont ces Démosthènes? Ils sont nombreux , . . . Oli ! les drôles de figures ! c'a des républicains ? C'est une nuée de corbeaux élue par des niais , des badauds dont il est facile d'obtenir les suffrages quand on sait s'y prendre , . . . quand on a le gosier bon.

De l'effronterie, des grimaces et des poumons voilà le secret. Allez, allez, messieurs, croasser plus loin, votre asthme patriotique éteindrait ma lanterne.

Voici un général, bien galonné, ma foi ! qui s'avance à la tête de ses légions;... je vais peut-être voir un répu-blicain.. .. Comme il fait caracoler son cheval avec grâce! Quelle belle bê te . . . . que ce cheval !

Mais j 'entends la voix des journaux,.... moins haut crieurs ! vos larynx épuisés ne suffiraient pas à nous dé-biter toutes ces sottises écrites !

— La Presse ! la Presse!... du citoyen Girardin; un républicain, ni de la veille, ni du jour , ni du lendemain! La Presse ! la Presse / . . . Je ne suis ni pour la régence, ni pour Henri V , ni pour les Bonaparte ! La Presse ! cinq centimes, un sou! . . . A bas les communistes, les socialistes, les anarchistes et les réactionnaires ! A quoi sert une constitution? Vive la Presse! vive Girardin ! ! vive moi ! ! !

Le Père Duchêne! demandez le Père Duchêne! Il est en colère le Père Duchêne ! — parce que son j o u r -nal ne va pas; — parce que ses acheteurs diminuent , et que les petits sous ne font plus des gros sous

Le père Duchêne, c'est un gaillard qui a compris bien vite que si les riches n'ont plus d'or, le peuple a tou-jours un sou. . . pour le lui faire cracher ; il s'agit de tourner son habit à l'envers et de se dire l'avocat de la sainte canaille ! Pauvre canaille ! la police l 'assomme, les riches la mangent, et les avocats lui rongent les os ! . . . Pauvre canaille !

Qvve\4ra- ta , toi, espèce de moribond *!... Mi \ j e le reconnais... Tu es le journal des Débâcles ! Va, mon vieux, troquer tes vêtemens blancs contre des ver ts , puis contre des rouges et des tricolores... Ton heure a sonné ; va ! va !

Quel est donc ce paysan endimanché? ce laquais perdu dans les habits du maître 2 cet esclave insoumis, coiffé d 'un vieux bonnet rouge qu'il s'efforce de cacher sous un chapeau à p lumes , et vêtu d 'une carmagnole

qu'il voudrait dérober sous les plis d 'un manteau royal ?... Il n'est pas seul, un autre l 'accompagne... Oh ! les deux infâmes !. . . Passez, passez au large ! Vous sentez le vin, ivrognes!. . . Comme il a fallu que leurs deux estomacs fussent creux pour se repaître ainsi !... — Décidément, un républicain est un être introuvable !

Les hommes! les hommes ! Quels animaux ils fout ! Depuis le haut de l'échelle jusqu'en bas® tous. . . trom-peurs ou trompés ! . . . fourbes ou niais!

Puisque je suis à Paris, je ne veux pas en partir sans les avoir tous vus ; je 11e les changerai pas , mais je les démasquerai. — Les changer? Ah bien oui !

Ce serait folie que d'y penser. Alors, si c'est folie de penser à les changer, ce doit

être sagesse de songer à les mordre ! Gare le chien!. . . Me voilà comme jadis sur la place

d'Athènes.. . Républicains de toutes couleurs , . . . Royalistes de tous les par t i s , . . . Socialistes de tous les ragoûts , . . . Journalistes , publicistes à tous vents , . . . Gare le chien !... le cynique n'est pas m o r t , il s'est

fait Sans-Culottel

TLA fCHARGE SERA TOUJOURS UNE V E R I T E .

En dépit de la crise financière qui ruine toutes les industries, il en est une florissant toujours et quand même dans ce beau pays de France.

C'est l ' industrie des ficelles. Louis-Philippe l'exerçait en grand, mais ne l'a pas

emportée dans sa/etrai te , et nous autres pauvres con-tribuables, avons pu voir dans la séance du 12 juin que le grand conseil des cinq, en succédant au dernier roi , avait [pris la suite de ses affaires [commerciales et jouissait de son brevet, sans garantie dugouvernement.

Vous tous , princes infortunés, empereurs , rois et ducs qui tremblez pour vos couronnes grandes et petites, cessez d'être effrayés par ces grands mots de Constitu-tions et de Républiques; et de vous-mêmes inscrivez sur vos drapeaux : Liberté, Égalité, Fraternité.

Le mot ne fait rien à la chose. Que désirez-vous ? Du pouvoir et de la richesse ? les

jouissances du luxe et de l 'amour-propre? — Voyez comme on opère chez le peuple le plus spirituel du globe et instruisez-vous, grands de la terre.

On lit dans un ouvrage très goûté : pour faire une

gibelotte, prenez un lapin. — Mais encore faut-il avoir un lapin ! Le beau , le subl ime, serait de faire , sans lapin, une gibelotte de lapin !

Voici la recette : Pour obtenir une dotation quelconque, fonds secrets,

frais de représentation ou de secrétariat, autrement dit, pour vous procurer de l ' a rgent , sous n'importe quel fallacieux prétexte, il n'est pas nécessaire d'avoir de lapin.

Faites présenter par votre premier commis le projet de loi ad hoc, posez-vous eu martyrs et en sauveurs, faites une comparaison ronflante, fulminante et élec-trique qui abasourdisse les provinciaux, et laissez mi-joter.

Si le ragoût ne prend pas couleur, jetez une poignée de gros sel ; sau'poudrez-le d'émeutes et de coups de feu et servez chaud.

La farce est. jouée et vous passez à une autre. Si j'avais l 'honneur d'être ami du farouche tyran de

Monaco, je lui conseillerais le suffrage universel, en lui donnant la manière de s'en servir.

MORALITÉ : Quand un enfant n'obéit pas de suite, les grands-parents le menacent de Croquemitaine ;

Louis-Napoléon est le croquemitaine ; M. de Lamartine est le grand-parent ; Les enfants ne s'émanciperont-ils pas?

' E S P R I T B E S JOURNAUX.

LES DÉBATS. Politique : les fonds secrets. Conscience : le secret des fonds.

LE CONSTITUTIONNEL. Politique : bonneterie. Conscience : un tiers.

LE SIÈCLE. Politique : un portefeuille. Conscience : gauche.

LE NATIONAL. Tous les rédacteurs de ce journal, grands et petits, étant à la curée ,

Leur politique n'est plus qu'une mâchoire; Leur conscience : un estomac.

LA RÉFORME. Même position que Le National, avec une mâchoire plus petite et un plus grand estomac.

LA PRESSE. Politique : débit des exemplaires. Conscience : puff.

LE COURRIER FRANÇAIS. Politique : un rhume de cerveau-Conscience : une prise de tabac.

— « Mon p'tit ami, vous n'aurez pas d'argent ! Le gros propriétaire

Encore plus haut et plus résolument : — Madame, il me faut de l'argent!

La jeune locataire Bien bas et tendrement :

— « Mais mon p'tit ange, où trouver de l'argent:' Alors notre propriétaire

S'adoucissant, s'adoucissant : — Eh bien! faisons, mignonne, un accomodement.

— Non, répond brusquement, Très-haut et très-résolument

Lajeune locataire, — Non, monsieur, non, vous n'aurez pas d'argent!

Le gros propriétaire Encore plus doucement :

— Voyons, ma toute belle, un p'tit arrangement! Et jeune locataire

Encore plus haut el plus résolument : — Non, monsieur, non, vous n'aurez pas d'argent!

Et gros propriétaire D'un ton attendrissant Et presque larmoyant,

— Vous refusez, mon ange, un accomodement? Notre jeune vipère

Alors s'emporte et furieusement Repart,—non, non, YOUS n'aurez pas d'argent,

« Et si vous ne voulez vous taire « Je cours dans la maison chez chaque locataire, « Prouver qu'en votre cave est caché de l'argent!

A ce propos fort éloquent

Le malheureux propriétaire Troublé soudainement

Retient par les deux mains la vive locataire Et pour ne pas tout perdre en la plaisante affaire Il conduit notre dame en son appartement, Sur son moelleux sopha, la pousse galamment..

Soupire tendrement... Et puis médite un gros embrassemeril.

On sourit, on le laisse faire, Et lui, tout doucement,

En tâtonnant, Prend caresse et..—qu'entends-je?..Ah, maudit battement!

— De cœur?,.—non, non, de tambour simplement, Ecoutez Rrantanplan, rrantanplan, rrantanplan! Allons, prendstonjfusil, mon gros propriétaire,

C'est le rappel, c'estle rappel! Le pauvre homme, en partant, maudit son sort cruel,

Il maudit l'anarchie. Et puis encor.. mais non, je ne le dirai pas; Je le devine alors.—Qui donc? Clément Thomas, Le nouveau chevalier de la galanterie,

Témoin lundi dernier Qu'il faillit tous nous fusiller,

Innocents, curieux et belles curieuses; Qui, sans sommation, bayonnette en avant, Contre nous à la course a lancé vaillamment

Mille bedaines belliqueuses, Suantes, furieuses...

Ah ! si ma muse, un jour, pouvait trouver le temps De rimer un poëme en quatre-vingt-six chants} C'est à toi, grand Thomas, toi, tout neuf général

De la ville de Paris, C'est à toi, grand Thomas, toi, jadis maréchal

De logis, C'est à toi, grand Thomas., non, non c'est une absence Car enfin, cher lecteur, quelle besogne immense. S'il fallait illustrer les milliers de gâcheurs Qui veulent aujourd'hui gouverner notre France! L'univers n'aurait pas assez de rimailleurs

Ma muse aurait bien un caprice : Chanter Louis-Napoléon

Mais on m'apprend que la police Jette sans façou

En prison Tout brave qui prononce un si glorieux nom. Donc pour me consoler entrons au club des femmes. Jeunes ou vieilles moi j'aime un cercle de dames.

Jeune vous met en appétit, Et vieille vous instruit. Oh ! la gentille brune !

Pour mieux la voir montons à la tribune. Mais de quoi parle-t-on ?—Monsieur, c'est du divorce Du divorce, bravo ! Parlons avec chaleur

A la vertu ne donnons pas d'entorse... Ah! mon Dieu, quel malheur!

Mais un malheur affreux ! jugez-en, cher lecteur, Je n'ai plus d'encre... et comment vous le dire En vers nobles, pompeux qui ne fassent pa- rire,

Oui, comment vous... j'y suis. Bonsoir, messieurs, bonsoir, Mesdames, à dimanche, à dimanche, au revoir.

G. I I .

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DIOGÈNE SANS-CULOTTE.

LA DÉMOCRATIE PACIFIQUE. Poli t ique : le pot-au-feu. Conscience d'anse du panier.

LA GAZETTE DE FRANCE. Polit ique : blanche. Conscience : noire.

LE CHARIVARI. Le Pannier : mannequin. Conscience : Cham.

LE CORSAIRE. Politique : en lunettes. Conscience : s'attend.

LA VRAIE RÉPUBLIQUE. Poli t ique : tarée. - Conscience : gorge de sang. LA LIBERTÉ. Politique : romantique.

Conscience : cinq centimes. L'ASSEMBLÉE NATIONALE. Poli t ique : fleurs de lis.

Conscience : coloquinte. LE PÈRE DUCHÊNE. Politique : 65 francs de capital.

Conscience : 2,500 fr. d'intérêts. LA VOIX DES FEMMES. Pol i t ique : une culotte.

Conscience : cou-cou. LE NAPOLÉONIEN. Politique : Monte au long.

Conscience : invalide. Les autres journaux. Politique : concurrence.

Conscience : des gros sous. Enfin,

DIOGÈNE SANS-CULOTTE. P o l i t i q u e : consc ience!

LE CLUB DES FEMMES. L e D i v o r c e . . 4 • ...

Sexe imbécile et vain, que viens-tu donc chercher ici ? Ces femmes honnêtes font pitié !

Elles cherchent partout des poisons nouveaux dont elles puissent empoisonner leurs jours. Voyez-les ces têtes écervelées ! Papillons toujours prêts à voltiger de la fleur au fumier, du fumier à la fleur

Je vous demande un peu, si elles ne seraient pas plus sages de garder la maison et de bercer les enfants avec des chants d'amour !

Que vont-elles chercher hors de chez elles ? Dieu leur a donné le rang et la fortune ; un homme

leur a donné sa foi devant l'autel et devant la justice; les enfants les appellent : mère ; et elles peuvent, de-vant tous,les baiser au front sans rougir et les nommer leur amour; Partout on cite l'austérité de leur vertu ; elles ont leur place à l'église et au foyer des fa-milles; leur joie est innocente;... personne ne salit leurs plaisirs..,..

Et ce n'est pas assez ! Elles envient nqtre sort ! Elles veulent changer de maris, comme nous chan-

geons d'amants, Elles nous méprisent bien, pourtant, nous les prostituées ! Elles nous montrent au doigt ! Et lorsqu'elles viennent à rencontrer une des nôtres,— une femme vendue à tous,— elles la regardent comme une chose étrange, un être hors de nature, un corps qui n'a rien de leur beau corps humain,... et que Dieu n'a pas dû pétrir, comme les autres, entre ses mains divines

Et ces femmes demandent le divorce ! ce libertinage bénit et approuvé Le divorce ! pour donner un nouvel appât à leurs sens blasés ; 1— sans réfléchir qu'elles donnent ainsi d'autres pères à leurs enfants !

Avouez-le, grandes dames, vous êtes jalouses de nous ! Vous voulez vous glisser dans nos boudoirs dorés pour y recueillir des baisers qui ne vous semblent si dé-sirables, que parce que vous ne les connaissez pas...

Prenez garde ! on ne s'initie pas impunément aux mystères cl'EIeusis !

— Vous y tenez ? — Fort bien ! Entrez ! Les rideaux sont fermés, les bougies sont éteintes,

enivrez-vous d'amour ! ouvrez vos lèvres altérées aux baisers passionnés.

Mais que votre curiosité ne vous pousse pas à de-mander les noms de nos amants...

— Vous voulez les connaître? •— Eh bien ! rappelez-vous ceux que vous portez,

belles dames ! En mon boudoir, minuit,

LAÏS.

LE NEZ AU VENT.

DÉPARTEMENTS.

NOS paysans sont peu disposés à payer la surtaxe républicaine de U5 centimes, c'est chez quelques-uns par esprit de parti, chez d'autres par manque.de fonds, chez tous c'est par cette obstination mal fondée qui fait regarder l'impôt comme une dette dont on peut s'af-franchir sans déshonneur.

Quant à la politique, il n'y a pas une seule famille où l'on ne fasse au moins une constitution par jour. — Le tout, pour faire contraste à l'Assemblée nationale qui n'a pas l'air de s'en occuper beaucoup.

É T R A N G E R .

— L'empereur de toutes les Russies continue tou-jours à donner le*knout, et ses sujets, de leur côté, continuent à le recevoir comme par le passé.

— Le prince Albert et le roi d'Espagne s'écrivent, mutuellement et plus que jamais, des lettres de condo-léances ; leurs gracieuses épouses viennent de s'abonner au journal de La Voix des femmes, rédigé par ma-dame Niboyet. Les deux jeunes reines voulant marquer leur satisfaction à la célèbre publiciste, ont ajouté au prix de leur abonnement, l'une, une superbe cravache, éprouvée plus d'une fois sur le dos de Paquot; l'autre une paire d'éperons, non moins connue par le tendre Cobourg.

— L'empereur d'Autriche est toujours à la campagne; la chasse aux hannetons étant passée, il fait en ce mo-ment une jolie collection de papillons.

— Charles Albert et Radelzki sont encore à leur pre-mière partie d'échecs. Les Yésuviennes d'Italie font des prodiges cle valeur.

EN FLANANT. . .

Dialogue. — Louis-Philippe était un vo/eur — Allons donc ! c'était la probité même. — Comment cela ? — Par comparaison. — Ah! Ah! ! ! . . . Aphorisme à l'usage du National. — Quand une

société se relâche, elle ne saurait avoir trop de Thomas.

Les suppositions de ces Messieurs. On lit clans la Révolution de 1848, cet article repro-

duit par le National et les Débats : « Depuis deux jours les boulevards sont encombrés

« de marchands, criant la Biographie de Louis Bona-« parte ; ces biographies se donnent quand on ne les « achète pas, et chaque crieur a, à côté de lui, un associé « présentant aux badauds assemblés les traits augustes « du célèbre personnage. On se demande qui peut « fournir les fonds nécessaires à ces distributions, et le « mobile qui fait agir ces partisans improvisés des liber-« tés impériales. »

Réponse : La Biographie de Napoléon-Louis Bonaparte, re-

présentant du peuple, se vend un sou et ne se donne pas ; c'est une œuvre de spéculation comme toutes les biographies, moins l'égalité des salaires. Dans ces mo-ments de gêne universelle, l'auteur a préféré chercher des moyens d'existence dans une publication honnête que d'aller a plat ventre prendre part à la curée des places dans les bureaux de certains journaux.

L'ORGUEIL DE L'AUMONE.

Certains banquiers ont donné aux blessés de février quinze mille francs, et l'ont fait mettre dans les jour-naux; mais ils ont eu garde d'ajouter que le lendemain ils mettaient sur le pavé des centaines d'employés.... O charité ! voilà de tes coups ! Comme si ces serviteurs de la maison n'étaient pas les premiers blessés que leurs généreux maîtres devaient secourir.

PENSEE D'UN INVALIDE DECORE.

Clément Thomas est un hochet de général et un gé-néral de hochets.

LES TYROLIENS.

On lit dans la Presse: <•• Dernièrement, deux gardiens « de Paris ont rencontré sur leur chemin un garde « mobile, dont la figure gracieuse et mutine avait attiré « leur atteniiou. Interrogé et pressé de questions, le « défenseur de l'ordre public s'est vu obligé de convenir « qu'il n'appartenait pas au sexe masculin.

« Conduite à la Préfecture de police, Bille Caroline « Didiot, âgée de dix-sept ans et demi, a dû subir un «: interrogatoire du juge d'instruction. »

Tout porte à croire que c'est la lecture de la Voix des Femmes qui a poussé cette demoiselle à changer son jupon contre un uniforme militaire.

OU EST LA LIBERTE?

Notre pauvre Diogène flânait l'autre jour au pied de l'obélisque quand un général et sa bête chevaline vinrent se mettre devant son soleil. Que faire? En homme sage, il se retira; pensant que le cheval n'était pas un Alexan-dre , ni M. Thomas un bucéphale.

CAUSERIES DE CLAREMOND-

,Louis-Philippe. — Ces Français sont bien ingrats ! Guizot. — Ah ! oui ! Louis-Philippe. — Petit à petit, je les menais au suf-

frage universel. Guizot. — Ah bah ! Louis-Philippe. — Sans doute, et par l'impôt pro-

gressif encore! Us seraient arrivés à payer chacun 500 francs de contributions, par conséquent ils auraient tous été électeurs et éligibles.

Victoria. — Grand homme, que n'es-lu veuf, et que ne suis-je veuve ?

Albert. — Plaît-il ? Victoria. — Rien !

ASSEMBLÉE NATIONALE. E c l a i r é e u n i n s t a n t p a r u n r a y o n d e l a l a n t e r n e

de D i o g è n e .

Absence complète d 'ordre, d'idées et de raisonne-ments ; c'est la confusion des langues de la Tour de Babel. On dirait à les entendre crier ainsi, en tous sens, sans méthode , n'écoutant jamais et interpellant tou-jours , que c'est une réunion de délégués des pays les plus opposés par les intérêts et les mœurs, parlant cha-cun une langue inconnue h son voisin.

Au prochain numéro nous ferons une descen te dans ce labyrinthe d'idées et de passions, e t , sans le fil d'A-riane , nous saurons en reconnaître les détours les plus cachés. Bien ! Messieurs les neuf cents mmotaures ! Bravo ! ce serait fâcheux, vraiment, de ne plus vous je-ter, en pâture, vos vingt-cinq francs par jour! Vous sa-vez si noblement les manger et prendre le temps nécessaire pour les digérer !

O temporal ô mores! traduction libre : Quelle ba-raque ! quels fainéants !

LES PÉRÉGRINATIONS DU CLUB DES FEMMES-

P R E M I È R E É T A P E . — S a l l e B o n n e - N o u v e l l e

La présidente demande le divorce ; le public, des lam-pions; l'abbé Chatel, empruntant la voix de soprano du signor Giovanni, ne demande rien du tout.

D E U X I È M E É T A P E , — M a n è g e F i n e ,

La présidente galope sur la question du divorce ; le public prend le mors aux dents; la police veut retenir la

Page 4: DIOGENE SANS-CULOTTE - Nantes · 2012. 6. 8. · socialistes, le anarchistes ets le réactionnaires ! As quoi sert une constitution? Viv la Presse!e viv Girardie !n ! vive moi ! !

BIOGÈNE SANS-CULOTTE.

bride. — Personne n'étant d'accord , un jeune orateur propose de créer un Jockei-Club de cavales et d'étalons... Mais, Madame *** qui n'est plus une cavale, et Monsieur H. 13. qui n'est plus un étalon, s'y opposent.

T R O I S I È M E É T A P E , — P a s s a g e J o u f f r o y .

Les séances devenant par trop chaudes, les dames du bureau prennent la résolution de ne plus recevoir , à leurs nouvelles soirées orientales, que les hommes qui auront déjà servi de femmes de chambre dans un sérail.

A V I S I M P O R T A N T :

Les messieurs qui désirent prendre part aux séances 'du Club des odalisques , devront se présenter , rue Neuve-Trévise, 8, chez Madame Eugénie Niboyet q u i , après avoir mis leur moralité à l 'épreuve, leur délivrera une carte de. . . . d'entrée.

— Ordre clu jour : « Des lampions ! »

LE CITOYEN C L A I I W I L L E .

Il est uue chose remarquable par le temps qui court, au milieu du torrent de la politique qui envahit toutes les idées, et fait des vaudevillistes et des journalistes de la veille, des hommes d'état , des représentans, des ora-teurs et des commissaires extraordinaires du lendemain ; il est remarquable, disons-nous, que M. Clairville, l'il-lustre citoyen Clairville, n'ait pas cherché à devenir quelque peu fonctionnaire public, grignottant sa petite part du gâteau républicain. N'avait-il pas le droi t , lui surtout , de se qualifier du titre de vrai ouvrier en vaudeville, travaillant prolétairement en chambre avec un ouvrier et quelques apprentis ?

Il aurait pu, tout aussi bien que M. Jaime, chanter aux ouvriers des ateliers nationaux :

Travaillons (bis) Et reprenons courage,

Gagnons Si nous pouvons,

L'argent que nous touchons ! Travaillons ! (quater)

Amis ; mais sans nous mettre en nage, Travaillons ! (quater)

Le moins que nous pourrons ! Travaillons !

Mais il 11e l'a pas voulu ; les palmes civiles décernées avec tant d'unanimité aux citoyens vaudevillistes, deve-nus commissaires dans les départements, 11'out pu dé-tourner M. Clairville du bonheur de faire becqueter les huit rimes de ses couplets carrés. Tandis que la France se faisait républicaine, il continuait à faire des vaude-villes, lui, et il 11e voyait dans la révolution de février que l 'ouverture d 'une nouvelle rime de flons-llons où l'on pouvait puiser des couplets patriotiques; et dans la fermentation des clubs, il n'a trouvé qu 'un prétexte à vaudevilles.

Heureux M. Clairville! nous avons bien envie de vous comparer au soleil. Tout tourne, tout se transforme aussi autour de vous ; vous seul restez immuable

{Revue et Gazelle des Théâtres.)

CllAXSOX

POUR TROIS JOURS DE DÉVOUAIENT, LA CHARITÉ S'IL

VOUS PLAIT !

Ain : ViV le lloi.

REFRAIN. '

Certes, le gouvernement Doit provisoirement Payer mon dévoilaient

A la République ;

Que me faut-il après tout, Eh, mou Dieu! pas beaucoup... Chacun selon son gofit

Aussi je m'explique : Député... Général...

Messieurs du National, Délégué... Maréchal...

Cela m'est égal !

1™ JOURNÉE.

J'étais du fameux banquet, Où mon ventre patriote, Avec du veau protestait Contre un ministre despote ; Si je n'ai pu m'y montrer, C'est qu'un estomac malade A peur de mal digérer, Au dessert... la fusillade... Certes le gouvernement, etc.

2« JOURNÉE.

J'applaudissais le premier Quand tombait un ministère ; Et l'on m'entendit crier Sur la royauté par terre... Puis, pour célébrer le soir Nos réformes immortelles, Tous les passants ont pu voir A mon balcon deux chandelles. Certes le gouvernement, etc.

5E JOURNÉE.

A mou habit, j'ai porté Ruban rouge... et tricolore; Puis j'ai crié : liberté!... Fraternité ! même encore. De l'ordre tout citoyen, Dans cette cause publique, Doit se montrer le soutien... Et jegarde. . . ma boutique...

Aussi le gouvernement Doit provisoirement Payer mon dévoûment

A la République ; Que me faut-il après tout, Eh mon Dieu! pas beaucoup, Chacun selon son goût, Aussi je m'explique: Député... Général... Payez, c'est le principal ! Délégué... Maréchal..-Cela m'est égal-

M. B.

« Londres, 15 juin 18/iS.

0 Monsieur le Président,

« J'étais fier d'avoir été élu représentant à Paris et dans trois autres départements : c'était à mes yeux, une ample réparation pour trente années d'exil et six ans de captivité; mais les soupçons injurieux qu'a fait naître mon élection, mais les troubles dont elle a été le pré-texte, mais l'hostilité du pouvoir exécutif m'imposent le devoir de refuser un honneur qu'on croit avoir été ob-tenu par l ' intrigue.

» Je désire l 'ordre et le maintien d 'une République sage, grande, intelligente ; et puisque involontairement je favorise le désordre, je dépose, non sans de vifs re -grets, ma démission entre.vos mains. (Mouvements).

» Bientôt j 'espère, le calme renaîtra et 111e permettra de rentrer eu France comme le plus simple des citoyens,

mais aussi comme un des plus dévoués au repos et à la prospérité de mon pays.

» Recevez, monsieur le Président, l'assurance de mes

» L o u i s BONAPARTE. »

sentiments distingués.

Encore une démission une place l ibre; allon Candidats à l 'œuvre ! taillez vos p lu -mes, barbouillez du papier, faites des profes-sions de fo i ! . . . 11 y a bien encore quelque péiile place dans un coin pour coller une affiche.

T I l E A T i l E S 1)E l ' A H I S .

THEATRE IJE M R É P U B L I Q U E . — H e u r e u x t h é â t r e

celui-là! Il 11e s'est guère ressenti de la crise actuelle et du beau temps ; d'abord c'était Rachel, avec la Mar-seillaise, qui attirait la foule, puis Rachel partie en congé, messieurs les sociétaires à défaut de leur célèbre actrice ont fait appel à leurs meilleurs auteurs, et ils nous ont donné : Von Juan d'Autriche, le Verre d'eau, etc Enfin voici venir une nouveauté Mais uue vraie nouveauté Charmante, attrayante, entraînante ! C'est le joli proverbe de M. Alfred de Musset, Il ne faut jurer de rien...,, que le coquet auteur vient d'arranger pour la scène.

Pauvre Alfred de Musset ! comme il fait bien de se jeter dans la l i t térature, c'est une bonne mère qui du moins console ses enfants quand elle ne peut plus les nourrir. Elle a un cœur, elle, à la place où les ministres ont un portefeuille.

OPERA-COMIQUE.

tresse ! Désordre ! Solitude et dé-

VARIETES. — La Dernière conquête avec Lafont, Un et un font un, avec Leclère et Mlle Pélagie, Une poule avec Hoffmann, la République de Platon avec Charles Pérey , quel spectacle plus attrayant? Mais les bourgeois qui crient si fort contre les attroupements aiment mieux les grossir encore, en allant les voir, que de prendre un parterre dans un charmant théâtre où le plaisir leur ouvre ses bras.

GYMNASE. — L e Club des Volcaniennes fait me r -veille ; la salle du Gymnase étant trop petite pour re -cevoir tous les cur ieux, la direction du journal La Voix des femmes a obtenu de M. Montigny, le droit d'en donner une seconde édition dans la salle des Soirées orientales du passage Jouffroy.

Le bruit court que le rôle de la soubrette sera rempli par le jeune Legouvé; ceux de la duègne et de la jeune première sont donnés depuis longtemps à M. l'abbé Châtel et à M. Ilippolyte Bonnellier.

31. Paulin Niboyet, se trouvant dans ce moment re-tenu chez lui par les soins que réclame le ménage , 11e paraîtra pas dans celte pièce.

MONTANSIER. — Ah ! que je signerais volontiers un pacte avec le démon familier de cet heureux théâtre ! Mademoiselle Lagier, vous êtes toujours une fille terri-ble; sans vous en douter vous faites de nombreuses vic-times dont vous devriez bien avoir un peu de pitié.

DÉLASSEMENTS. — 0 Guénée, ô Guénêe, tu clairvi-lises un peu trop ce théâtre !

Le gc. an : D A N I E L .

Imd de E. BAUTRUCUK, 00, r. delà Ilrape.