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LE PHENOTYPE MUTATEUR DES RALSTONIA/ALCALIGENES METALLOTOLERANTES
Said TALBI(2,1), Yves MARKOWICZ (3), Safieh TAGHAVI (1), Hassan BRIM (2,1), Dirk SPRINGAEL(1), Daniel van der LELIE (1),
Ariane TOUSSAINT (3,2), Max MERGEAY(1,2)
(1)Milieutechnologie, VITO (Vlaamse Instelling voor Technologisch Onderzoek) Mol, Belgique(2)Laboratoire de Génétique des Procaryotes,ULB, Rhode-St-Genèse, Belgique (3) Laboratoire de Génétique Microbienne, Université Joseph Fourier, Grenoble, France
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Dans divers sols ou sédiments de biotopes industriels ou miniers (Congo, Belgique, Allemagne) fortement contaminés par les métaux lourds, l’on peut trouver des bactéries porteuses des gènes czc, cnr ou ncc (résistances multiples aux métaux lourds) localisés sur de grands plasmides (180 à 300kb): une trentaine de ces souches ont été récemment assignées au moyen de techniques moléculaires au genre Ralstonia où elles forment un groupement susceptible de devenir sous peu une espèce distincte (Fig1). En attendant, elles portent la dénomination provisoire de “Ralstonia eutropha-oïde”.15 de ces souches sur 25 testées (Table1) à cet effet présentent un phénotype mutateur qui a surtout été étudié sur la souche CH34 et se révèle en particulier lorsque la souche est cultivée à 37°C (soit un degré avant d’observer une létalité complète). A cette température, seules 10-4 à 10-5. bactéries survivent. De 20 à 80% de ces survivants portent des mutations reconnaissables: les loci concernés (cartographiés pour la plupart) comprennent les gènes responsables de la synthèse de certains acides aminés (principalement la lysine : ce phénotype s’accompagne d’ailleurs d’une thermorésistance accrue et assez stable), de l’autotrophie, de l’utilisation de diverses sources de carbone et d’azote. Les mutants multiples ne sont pas rares. Une classe importante des mutations observées s’exprime par de profonds réarrangements des plasmides de résistance aux métaux lourds et fait intervenir des éléments transposables.Au vu de l’effet de la température et dans le but de préciser la base génétique et moléculaire du phénomène, nous avons cherché à savoir1°) si DnaK/Hsp70,l’effecteur majeur de la réponse au choc thermique, joue un rôle.2°) si le phénotype mutateur ne correspond qu’à un phénomène inductible à 37°C (notamment dans des cultures en milieu liquide) ou s’il a une portée plus générale.
INTRODUCTION
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-protéobactéries ; quelques nouvelles espèces à classifier.
• Phytopathogènes : R. solanacearum (ex-Pseudomonas, ex-Burkholderia) IVc.
• Chimiolithotrophes facultatif : H2+CO2 : R. eutropha (ex-Alcaligenes eutrophus) I et
II, HCOO- R. eutropha (ex-P. oxalaticus) I et II.
• Souches des biotopes pollués par les métaux lourds (naturellement ou par acivité anthrpogénique), I et IVa.
• Souches résistantes aux métaux lourds de la Nouvelle Calédonie (biotopes riches en nickel), III.
• Souches cataboliques qui dégradent le PCB, 2,4-D (ex-A. eutrophus) II et III.
• Isolats cliniques : R. pikettii, IVb.
Le genre Ralstonia
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• Métabolisme chimiolithotrophe.
• Présence de deux mégaplasmides pMOL28 et pMOL30 qui conférent les résistances aux métaux lourds.
• Capacité d’accepter et d’exprimer les gènes hétérologues.
• Phénomène décrit comme TSP : Thermospontagenèse
Ralstonia eutropha CH34
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•Mutagenèse et Mortalité Induite à la Température : TIMM• Mortalité élevée à 37°C, 10-5 à 10-4 de survivants.• Tsp est observé à 37 °C sur milieu riche seulement ou sur milieu minimum additioné de méthionine.• 10 à 80% des survivants sont des mutants :
• Auxotrophies, source d’energie, gènes cataboliques...• Réarrangements plasmidiens : délétions, pertes, génération de pMOL50-like accompagné de la sensibilité aux métaux lourds.
• Les élements IS sont impliqués dans la Tsp(IS1086).• Tsp est régulé par un locus chromosomique.• D’autres stress comme la congélation et la coexistence des réplicons incompatibles induisent des mutations de type Tsp.
Phénotype Tsp
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Distribution du phénotype Tsp parmi les souches Ralstonia métallorésistantes
Souche Génotypes de résistance aux métaux lourds Origine Phénotypes des mutants obtenus
CH34 czc, cnr usine de zinc; Liège; Belgique. Ace-, Amm-, Aut-, Czc-, Dca-,Gld-, Lct-, Lys-,Met-, Nar-, Pro-, Ser-, Thr-,Tyu-
AB2 czc tailing d'une usine métallurgique; Kipushi; Congo.
Czc-, Ilva-, Lac-, Nar-, Pro-, Val-
AS39 czc, cnr " Likasi-sud; Congo. Aut-, Czc-, Nar-, Pro-, Thr-, Tyu-
AS167 czc, cnr " " Arg-, Aut-, Czc-, Lac-
AS168 czc, cnr " " Lct-, Lys-, Met-
Sh2-1 czc " " Aut- , Czc-, Lys-
KT01 czc, cnr station d'épuration; Göttingen; Allemagne. Aut-, Czc-, Lys-
KT02 ncc " Czc-, Lys-
KT21 czc " Aut-, Pro-, Tyu-
31A ncc bassin de galvanisation; Holzminden;Allemagne.
Lys-, Pro-,Thr-
SV661 czc, cnr usine de métallurgie; Beerse; Belgique. Aut-, Czc-, Lys-, Nar-
ER122 czc usine de métallurgie; Overpelt; Belgique. Czc-, Ilva-
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Arbre phylogénétique ARDRA
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I. Le gène dnaK de la souche CH34 («R.eutropha»/Alcaligenes ») et le phénotype mutateurLe gène dnaK a été cloné et séquencé ce qui nous a permis d’isoler un mutant qui n’exprime plus ce gène. A 33°C, la croissance de ce mutant dnaK est ralentie mais son compte viable n’est pas affecté ; le mutant ne pousse absolument plus à 35°C (Table 2). A 34°C, on observe la même mortalité qu’à 37°C pour le sauvage et avec un haut pourcentage de mutants parmi les survivants. Les phénotypes observés sont cependant différents : on n’observe pas de lys mais des auxotrophes pour le phosphate ou la sérine, types de mutants qui n’avaient jamais été observés jusqu’à présent. Mais aussi bien à 34°C chez le dnaK qu’à 37°C chez le sauvage on observe une fenêtre d’un degré avant la létalité complète, qui permet la sélection de mutants. Il semble aussi que la mutation dnaK n’affecte pas vraiment l’efficacité du phénotype mutateur ni même son fonctionnement.
Mutagenèse du gène dnaK
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Chinese hamsterC. elegans
D.melanogasterPavlova lutherii
Cryptomonas phiOndotella sinensis
Thermus aquaticusHalobacterium cutirubrum
Halobacterium marismortuiAgrobacterium tumefaciensRhizobium meliloti
Caulobacter crescentusBurkholderia cepacia
E. coliSalmonella typhimurium
Hemophilus ducreyiHemophilus influenzae
Francisella tularensisChlamydia trachomatis
Borrelia burgdorferiBacillus megaterium
Bacillus subtilisLactococcus lactis
Staphylococcus aureus
Clostridium perfringensMethanosarcina mazei
Mycobacterium tuberculosisMycobacterium leprae
Streptomyces coelicolor
Clostridim acetobutylicum
Hydra magnipapillata
A. eutrophus CH34
Eucaryotes, animaux et végétaux
Protéobactéries
Bactéries à Gram+
Ratus norvegicus
Phylogénié basée sur la séquence de DnaK/HSP70
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U : amorce sens de pPw78
R : amorce antisens de pPw78
plac
TetoriColE1
oriT
oriF
pPw78:: dnak
TGA
2016
dnak23
dnak23
pPw78dnak
pPw78
R
reverse
reverse
1200 bp
ATG
1
Gène dnaK chromosomique
dnak22
Plasmide suicide pPW78 contenant un
fragment du gène dnaK de 1227 bp.
Recombinaison homologue et
intégration dans le chromosome
R U
~=
Tet
ATG
dnak18
promoteur
Chromosome Chromosome
U
universel
2016
Stratégie de mutagenèse
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souche génotype 25°C 30°C 33°C 34°C 35°C 37°C 38°C
CH34 sauvage 1 1 1 1 1 10 à 10-4 -5
0
AE2525 dnaK10(a)
1 1 1 5 x 10-5
0(d)
0 0(c)(b)
a) le mutant dnaK10 a été obtenu par recombinaison homologue avec un plasmide TetR contenant un fragment du gène dnaK de R. eutropha-like CH34. Les comptes viables d'AE2525 se font en présence de tétracycline. La fréquence de survie 1 correspond à un compte viable de 5 x 108; 0 = une fréquence inférieure ou égale à 2 x 10-11)(b) Croissance ralentie(c) Parmi 150 survivants à 34°C testés pour la présence de mutations : les phénotypes suivants ont été retrouvés : 7 Aut-, 9 Pho- (auxotrophes pour le phosphate), 1 Aut- Pho- , 1 Ser‑ et 1 Pro-
(d) Après 5 jours d'incubation, quelques colonies apparaissent (suppresseurs ?).
Réponse à la température du mutant dnaK-
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Les résultats rapportés (comptes viables et production de mutants dans 80 cultures (40 cultivées à 29° et 40 cultivées à 37°C) suggère que maintes mutations préexistent à 29°C et que le phénotype mutateur existe aussi à cette température. Mais apparemment seule l’exposition prolongée à 37°C permet de sélectionner certains phénotypes thermorésistants comme celui qui accompagne l’auxotrophie pour la lysine mais l’événement, qui cause cette mutation, semble pouvoir être généré aux deux températures.Par ailleurs, ces mutants lys- dont le compte viable sur boîtes est à peine affecté à 37°C affecté à continuent de muter à 37°C : ceci est observé aussi bien milieu liquide que sur boîtes :on peut donc apparemment séparer l’effet de mortalité de la mutagenèse et donc maintenir celle-ci à un niveau extrêmement élevé par rapport au compte viable. Cette observation pourrait trouver une application dans la mutagenèse dirigée (extension du spectre de dégradation de certaines familles de substrats récalcitrants).
Approches du phénotype mutateur en cultures liquides
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T° Temps decultureavant
étalement
T° incubationdes comptes
viables
Pourcentage demutants dans les
répliques
Phénotypes
29° 22h (a) 37° 34 %(17 / 50)
8 Aut -, 3 Lys -, 4 Thr -, 1 Cnr -,1 Aut
- Czc
-
37° 22h (b)
37° 60 %(30/ 50)
21 Aut-, 6 Lys
-, 2 Thr
-,
1 Lys- Czc
- Cnr
-
29° 22 h (a) 29° 5%(10 / 200)
2 Czc -, 8 Aut -
29° 260 h (c) 29° 5,6 %(9 /160)
1 Czc -, 8 Aut -
37° 22 h (b)
29° 3 %(12 / 400)
2 Czc-, 5 Aut
-, 3 Lys
-, 1 Thr
-, 1 Cnr
--
37° 260 h (d)
29° 71 %(280/394)
155 Czc-, 43 Aut
-, 25 Lys
-, 7 Thr
-,
1 Aut- Cnr
-, 31 Aut
- Czc
-,
9 Aut- Czc
- Cnr
-,
9 Lys- Czc
- Cnr
-
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Une préculture en milieu minimal en fin de phase log. a été inoculée dans à 400mL de milieu LB (5.105 cell/mL) divisés en 80fractions de 5 mL incubées dans des tubes à essai: 40 à 29°C et 40 à 37°C. A la fin des temps indiqués, les cultures sont titrées aux deux températures et les comptes viables sont testés par répliques pour la présence de mutants. Les résultats des répliques présentés ici concernent une seule culture caractéristique ou significative. a)&c) Les cultures à 29°C ont un titre moyen de 2.109ufc/mL; leurs comptes viables ont une survie moyenne de 4.3.10-4(a) et 3,4.10-5(c).b)les cultures à 37°C sont quasi limpides ; titre moyen à 29°:1,1.103, à 37°: 13 ufc/mL. c) sur les 40 cultures à 29°C, seules 9 fournissent quelques mutants pour l’effectif testé (100 colonies): l’exemple montré indique la limite supérieure d)sur les 40 cultures à 37°C, 5 ne contenaient que des prototrophes (en fait des mutants thermorésistants), 1 que des Lys-, 1 que des Aut-, 11 étaient entierement mutantes avec une fraction de mutants doubles et multiples, 22 contenaient un mélange de mutants et de prototrophes.
Cultures en milieu liquide et production de mutants
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Ces observations induisent de nombreuses questions parmi lesquelles : - la température n’a-t-elle qu’un effet de sélection de certains phénotypes ou doit-on considérer qu’elle puisse aussi induire certains événements (remarquons à cet égard, que d’autres stress (comme la coexistence forcée entre deux réplicons incompatibles) génèrent dans la souche CH34 de hautes fréquences de mutants producteurs de mélanine (tyu-) ) ?- le phénotype mutateur (qui apparaît ici comme un caractère taxinomique) est-il vraiment lié à la survie dans des biotopes hostiles ? ; et dans ce cas, est-il une illustration d’un système vivant où une réparation de type SOS serait «surexprimée » pour garantir l’adaptation évolutive dans un environnement hostile à défaut d’une survie adéquate ?- les mutations qui sont générées par ce phénotype mutateur offrent-elles un avantage quelconque à la bactérie ? Peut-on utiliser ce phénotype pour une sélection de type «positif» ?- comment sont générées les mutations multiples comme celles que l’on observe dans les remaniements plasmidiens ?
CONCLUSION