Dictionnaire raisonné de l'architecture française du onzième au seizième siècle, tome V byViollet Le DucReview by: A. M.Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 3 (Janvier à Juin 1861), pp. 502-503Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734085 .

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BIBLIOGRAPHIE

Dictionnaire raisonné de l'architecture française du onzième au seizième siècle, tome V, par M. Viollet Le Duc. Paris, Bance, 1861.

En signalant au public le nouveau volume du Dictionnaire d'archi- tecture d'un de nos éminents collaborateurs, nous n'entreprendrons pas un examen critique de cet ouvrage; d'abord il serait au-dessus de nos forces, ensuite la matière nous manquerait ; l'ouvrage ayant déjà passé, lors de sa rédaction, par le crible d'un esprit aussi distingué que l'auteur, il ne saurait prêter à la critique. C'est toujours le même mérite de rédac- tion, la même connaissance approfondie des monuments, la même clarté de descriptions, le même talent dans l'exécution des planches.

Ce tome V renferme les articles se rapportant aux lettres D, E, F. Nous signalerons parmi ceux qui touchent davantage à l'archéologie les articles Dallage, Donjon , Eglise, Fenêtre , Flèche , Fontaine et Fourches pa- tibulaires.

M. Viollet Le Duc ne s'est pas borné à traiter les sujets qui se rapportent à la construction des édifices du moyen âge. L'étude de l'ornementation l'a conduit sur le terrain de la symbolique chrétienne figurée, et plu- sieurs de ses articles intéresseront ceux qui s'occupent des croyances religieuses du moyen âge. Dans l'article Diable , l'auteur nous donne le dessin d'un des chapiteaux de l'église de Yézelay, qui datent de la fin du onzième siècle, et où est figuré le riche orgueilleux arraché de son palais par trois démons. C'est une des représentations des plus caractéristiques et des plus bizarres. Sur un chapiteau conservé au musée d'Avignon, et qui remonte au douzième siècle, l'esprit du mal a pris près de Job la figure d'une sirène. Rien n'est plus original que la figure du diable qui se voit à l'une des portes de la cathédrale de Paris, fièrement assise et les pieds placés sur les épaules d'un évêque. Les dessins donnés dans l'ouvrage de M. Viollet Le Duc rendent admirablement ces figures. VËjlise , ou la Synagogue personnifiée, fournit à l'auteur l'objet d'un article égale- ment intéressant par les gravures sur bois empruntées aux monuments dont il l'a illustré. Quelques articles nous offrent, sur les procédés de bâ- tisse du moyen âge, des détails neufs et d'un grand intérêt; nous signale- rons notamment les articles Engin et Ficher. L'article Fonts baptismaux est un véritable traité sur la matière, qui résume tout ce que l'on sait de l'his- toire et de la décoration de ce meuble liturgique, A l'article Flore , M. Viollet Le Duc a énuméré toutes les formes de feuilles et de fleurs adoptées pour la décoration des églises. C'est encore là un sujet tout neuf, qui touche à la symbolique, et où l'auteur a déployé son érudition architectonique et son sentiment vif et délicat du génie esthétique du moyen âge.

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BIBLIOGRAPHIE. 503 Je m'arrête, car il faudrait tout citer dans ce volume si éminemment

instructif, et qui n'est pas seulement un recueil indispensable pour les architectes, mais un livre d'une lecture attachante pour tout esprit cu- rieux, pour tout ami des arts, pour l'historien comme pour l'archéologue.

A. M. Essai sur l'architecture militaire au moyen âge, par M. Viollet Le Duc. - Description du château de Goucy, par le même. - Description du château de Pierrefonds, par le même. In-8°. Paris, Bance, éditeur, rue Bonaparte. Ces trois notices sont matériellement très-inégales. La première forme

un beau et grand volume, tandis que les deux autres n'offrent que quel- ques pages d'étendue. M. Viollet le Duc, dans le cercle brillant et déjà vaste de ses travaux, a parcouru presque en tous sens et en entier le champ que présente l'art du moyen âge. Ces trois notices se rattachent l'une à l'autre par un lien étroit d'analogie. Elles représentent, je crois, la sub- stance de ce que l'auteur du Dictionnaire d'architecture a écrit, jusqu'à ce jour, sur les constructions militaires du moyen âge.

L'Essai sur V architecture prend pour point de départ les monuments et l'art militaire des Romains, qui ont été nos instituteurs (i) en cette ma- tière comme en beaucoup d'autres. L'auteur nous initie de la sorte au système de défense et d'attaque des places qui prévalut durant la pre- mière période du moyen âge. L'emploi du bois dans une multitude d'ou- vrages, l'usage d'appareils mobiles, ou d'appendices formés de cette ma- tière, et l'artillerie mécanique, sont les traits principaux qui peuvent servir à caractériser cette période. L'architecture proprement dite et ses produc- tions forment le fonds principal de Y Essai. Les 153 gravures sur bois qu'y a jointes l'auteur éclairent ce travail d'une lumière très-précieuse. Ces gravures ne représentent pas seulement des constructions architecturales; elles reproduisent aussi toutes les figures propres à nous instruire tou- chant l'attaque, la défense et l'armement des places ainsi que des armées. Les vues des châteaux et places fortes de Château-Gaillard, Aigu es-Mortes, Carcassonne, Avignon, etc., se rapportent à la période la plus ancienne, c'est-à-dire du onzième au quatorzième siècle.

Parmi les monuments de l'artillerie mécanique, nous signalerons des dessins très-curieux de beffrois, de ponts volants et de chats, imités des machines d'approche romaines. Ces derniers' engins s'appelaient chats et aussi pourceaux ; variétés de métaphores qui s'expliquent l'une par l'autre et qui ne laissent point de doute sur l'image ou signification d'où leurs

(1) En tête du volume, une vignette sur bois représente des militaires de diverses époques, rangés en demi-cercle. Le premier à gauche, vêtu de mailles et coiffé du chapeau de fer à nasal, est le type de l'homme d'armes du onzième siècle, tel que la tapisserie de la reine Mathilde nous montre les compagnons de Guillaume le Conquérant. Les autres guerriers se rangent, chacun dans leur costume, par ordre chronologique. A l'extrémité du demi-cercle se voit un capitaine du temps de Louis XIII. Celui-ci tient un calepin. Il écrit sous la dictée d'un soldat romain qui, placé près de lui, enseigne, par ses récits, ce groupe militaire.

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