diaporama 4 introduction conservation préventive 05 03 18 · du théocentrisme à...
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Causes de dégradation
Causes naturellesSéismes,incendie, inondation, environnement.
Causes humainesIgnorance, incompétence, inconscience,vandalisme
CAUSES HABITUELLES de détérioration
1. Climat : température et humidité
2. Lumière
3. Polluants : poussière, pollution
4. Infestation
La dégradationFrèquence et amplitude
• FRÉQUENCEConstante, sporadique ou rare
• AMPLITUDECatastrophique, sévère ou graduelle
Types de risque
• Type 1 : rare et catastrophique
séisme, inondation, éboulement
• Type 2 : sporadique et sévère
choc, fuite, variation brutale de l’humidité
• Type 3 : constant et graduel
température inadéquate, pollution
La conservation préventive
• Analyse les conditions présentes pour éviter qu’un
processus d’altération ne se déclare (notion de
risque).
• Analyse les effets de la dégradation pour en
éliminer les causes.
L’APPROCHE GLOBALEprendre en compte tous les aspects de la conservation
•Les conditions environnementales : climat, lumière, infestation...
•Les lieux d'exploitation des biens culturels : bâtiments (musée, bibliothèque ou archives...), organisation, fonctionnalité.
• Les pratiques et habitudes , liés au comportement humain (public), aux règles d'usage, aux fonctions : exposition, transport, mise en réserve...
L’approche globale part de la notion de système
On considère que tout ensemble d'éléments,
pouvant être isolés mais entretenant des
relations dont on peut définir les
propriétés, fait système.
Danger d'une mécanisation des actions, d'une modélisation rigide des pratiques et du recours sans
distinction des référentiels inadaptés.
La conservation préventive est surtout un processus de
discernement
Marcus Vitruvius PolloVITRUVE26 av. JC.
« Les livres ne se gâtent pas si facilement dans les bibliothèques [tournées au soleil levant] que dans celles qui regardent le midi ou le couchant, lesquelles sont sujettes aux vers et à l'humidité qui fait moisir les livres. »
Livre VI, chapitre VII
L’expérience accumulée depuis l’Antiquité,établit les bons procédés de fabrication ou deconstruction.
Artisans et artistes, sélectionnent matériaux etproduits pour assurer la pérennité de leurcréation.
Fresques de Lanslevillard (Haute Maurienne), fin XVe
Ces principes sont consignés dans des traités techniques comme ceux du moine Théophile au XIe siècle, de Cennino Cennini au XIVe ou de Giovani Fontana XVe
Memento mori
• L’humanisme développe une conscience de la caducité des choses et des vivants.
• Cette conscience de la précarité se manifeste dans les vanités, les memento mori ou les trompe-l’œil.
• Le Renaissance inaugure une représentation de la mort plus intimiste, plus affective.
Barthel BRUYN L’AINÉ
Vanité , revers du Portrait de Jeanne-Louise Tissier, 1524
La convention et les Instructions de 1790 et 1791
Ces textes, établis par la commission des monuments, constituent le premier ensemble méthodologique en matière de conservation du patrimoine et d’inventaire.
LA ROCHEFOUCAULD
15 décembre 1790
« Rien n’est plus nuisible aux manuscrits quel’humidité […]; on établira des courants d’air,afin d’empêcher l’air stagnant de produire[…] une fermentation qui ne tarderait pas àles altérer. »
Décret de la Convention Nationale16 septembre 1792
« Il importe de préserver et de conserver honorablement les chefs-d’oeuvre des arts, si dignes d’occuper les loisirs et d’embellir le territoire d’un peuple libre»
Félix VICQ D’AZIR1748 - 1794
« Le transport nuisant en général à laconservation des objets. Plus les morceauxsont fragiles, plus ils ont besoin d’êtreenveloppés avec précaution de papier doux,et ensuite environnés de corps mous. »
Le vandalismeLa violation des caveaux des rois dans la basilique
Saint-Denis, octobre 1793 Hubert ROBERT
Joseph LAKANAL1762-1845
« Les monuments des beaux-arts quiembellissent un grand nombre debâtiments nationaux, reçoivent, tous lesjours, les outrages du vandalisme. Il esttemps que la Convention arrête cesfunestes excès. »
Rapport à la Convention, 4 juin 1793.
Louis DUBOIS1799
« Ce n'est que sous les yeux et dans lesmains du bibliothécaire, qui doit veiller àleur sûreté et à leur conservation que lesouvrages échapperont aux influencesdestructrices des locaux malsains où ilssont contenus. »
La protection des monuments
Alexandre LENOIR
1761-1839
Portrait par Marie-Geneviève Bouliard, 1796Musée Carnavalet
Alexandre LENOIR sera mandaté par la
Constituante en 1791, pour rassembler
des oeuvres sculptées au couvent des
Petits Augustins (actuelle École nationale
supérieure des Beaux-arts).
Du dépôt au musée
• Alexandre LENOIR a l’autorisation, le 21 octobre 1795, de transformer son dépôt en musée des Monuments français.
Prosper MÉRIMÉE1803-1870
Reconnaître et connaître le patrimoine français
Création en 1830 par Guizot de la charge d’inspecteur des Monuments historiques.
En 1834 Mérimée devient inspecteur des monuments historiques.
« Prenez soin de vos monuments et vous n'aurez nul besoin de les restaurer. [...]
Veillez avec vigilance sur un vieil édifice ; gardez-le de votre mieux et par tous les moyens de toute cause de délabrement. »
Les sept lampes de l’architecture, 1848
Louis RÉAU1909
« Quand les musées n'auraient d'autre raison d'être que la nécessité de préserver les œuvres d'art contre tous les risques de destruction qui les menacent, leur existence serait par là-même suffisamment justifiée.
[...] Il faudrait commencer avant toute chosepar mettre les œuvres d'art à l'abri des vols,de l'humidité, des incendies. »
Musée du CaireLe département de l'Art égyptien, inauguré en 1906,
expose les collections rassemblées depuis 1874
• 3500 d’objets exhumés sur 5 années.
• Rapide dégradation à l’air libre des matériaux sensibles : bois peint, ivoire, plume...
« Ne parlons pas de restauration .
Bornons-nous à la seule conservation,
dont on ne peut nier la nécessité. »
Igor GRABAR1930
L’émergence de la prévention est associé à la création des organismes internationaux de protection des biens culturels
Centre international d'études pour la
conservation et la restauration des
biens culturels
De la naissance de la notion de patrimoine mondial à la création de l'ICOMOS
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le patrimoine architectural est l'affaire de chaque nation. De cette époque date la plus grande partie des législations des monuments
en Europe. Les associations pour la protection des monuments foisonnent sur le plan national mais ne dépassent jamais les frontières. L'internationalisme au plan
culturel, tel que nous l'entendons aujourd'hui, est né de la première guerre mondiale, avec la création de la Société des Nations , et surtout de la seconde
guerre mondiale, avec la création de l'Organisation des nations unies et celle de l'Unesco .
La conférence internationale d'Athènes (1931) sur la restauration des monuments, organisée par l'Office international des musées , et la charte d'Athènes , rédigée
par Le Corbusier à l'occasion de la quatrième assemblée des congrès internationaux d'Architecture moderne (1933) et publiée anonymement en 1941 à Paris, représentent une étape capitale dans l'évolution des idées parce qu'elles reflètent une prise de conscience des professionnels sur le plan international et
introduisent pour la première fois la notion de patrimoine international.
La charte de Venise est née de la nécessité de constituer une association de professionnels et de spécialistes de la conservation et de la restauration
indépendante de celle des muséologues, l'ICOM. En 1957, à Paris, le premier congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques
formulait, entre autres, le vœu que les pays ne disposant pas encore d'une organisation gouvernementale de protection des monuments prévoient une
structure de tutelle et, au nom de l'UNESCO, que tous les états membres de l'UNESCO adhèrent au Centre international d'études pour la conservation et la
restauration des biens culturels, l'ICCROM.
Le deuxième congrès international des architectes et techniciens des monuments historiques qui s'est tenu à Venise en 1964 adopta treize résolutions, la première
étant la charte internationale de la restauration, plus connue sous le nom de charte de Venise, la seconde étant la création du Conseil international des monuments et
des sites (ICOMOS), sur proposition de l'Unesco.
ICOM, la communauté muséale mondiale
• Créée en 1946 par un groupe de directeurs de musée.• Un réseau unique de plus de 35 000 musées.• Un forum diplomatique rassemblant des experts issus de 136
pays et territoires. • Un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des
Nations unies.• 119 comités nationaux et 30 comités internationaux représentant
les spécialités des musées.• Un rôle de premier plan en matière de déontologie.• Un des membres fondateurs du Comité international du Bouclier
Bleu (ICBS).
Adrien FÉDOROVSKY1931
« La vraie formule de la conservation est de prévoir et de prévenir. Si elle est strictement établie et appliquée, elle permet de réduire et même de supprimer la nécessité de la restauration. »
RIVET, RIVIERE et FÉDOROVSKY dans le laboratoire du MET
Un programme complet et cohérent de conservation:
le musée de l’Homme 1937-2004
• Les réserves du musée de l’Homme
Louis HAUTECOEUR, 1934
et l’idée de programme architectural
« L’architecture d’un musée dépend duprogramme fixé . Ce programme imposele plan du musée, c’est-à-dire la formedes salles, la distribution, lacirculation . »
« La plupart des magasins de peinturecomprennent des panneaux glissant sur rail.
Ces magasins ne doivent pas être des recoinsdispersés dans le musée, mais de vastes sallesclaires et accessibles. »
H.J. PLENDERLEITH
1956
« Le maximum qu'un conservateur de musée
puisse faire est de reconnaître les dangers
potentiels inhérents à l'atmosphère et d'y
répondre en assurant le meilleur climat
possible pour ses collections . »
Humidité Pollution de l’air Négligence
Humidité excessive
Sécheresse
Variations
Gaz
Poussière
Accident
Exposition
Manipulation etemballage défectueux
InfestationChaleur humide
Suie
D’après HJ PLENDERLEITH, 1966
1969ICOM
Publication de l’ouvrage :
Problèmes de conservation dans les musées
où il est affirmé la priorité
de la conservation sur la restauration
Code de déontologie IIC-GC, 1989
« Toutes les mesures destinées à retarder la
détérioration d'un bien culturel ou à prévenir
les dommages, grâce à l'établissement des
conditions optimales de transport, de
manutention, d'entreposage et d'utilisation. »
La fin du XXe siècle
De la conservation préventive à la conservation prédictive :
• Calculer les risques
• Modéliser la dégradation et quantifier la perte d’intégrité
• Faciliter l'exploitation des biens culturels
Gaël de GUICHEN
Ingénieur chimiste de l’école polytechnique de Lausanne.
Responsable de la division des musées et conseiller du directeurgénéral à l'ICCROM - Centre international d'études pour la conservationet la restauration des biens culturels - à Rome en 1969.
Gaël de GUICHEN1994
« La conservation préventive demande un changement total de mentalité :
� qui pensait autrefois objet singulier doit penser aujourd'huiCOLLECTIONS
� qui pensait autrefois individu doit penser aujourd'hui ÉQUIPE
� qui pensait autrefois jours et semaines doit penser aujourd'hui MOIS etANNÉES
� qui pensait autrefois à un seul type d'attaque doit penser aujourd'hui àL’ENSEMBLES DES AGRESSEURS
� qui pensait autrefois dépense immédiate doit penser aujourd'huiÉCONOMIE À LONG TERME. »
ICCROM1998
«Le but [de la conservation préventive] est de
protéger les collections, au moyen d'actions
comprenant la maintenance du bâtiment, le
contrôle des pratiques du personnel, la
sensibilisation du public, le contrôle du climat et
de la législation. »
Ces actions deviendront les indicateurs de conservation
préventive
« La conservation préventive doit être
entendue comme la conception, la
coordination et la mise en œuvre d’un
ensemble de stratégies organisées dans le
temps et dans l’espace, développées par
une équipe interdisciplinaire. »
Gaël de GUICHEN2001
Roland MAY2011
Directeur du Centre interrégional de Conservation et
Restauration du Patrimoine (CICRP) de Marseille
• La conservation préventive : une sensibilité accrue à la matérialité de l’objet et à son environnement et un intérêt pour des outils et des procédures : réserves, chantiers des collections, inventaire, récolement, conditionnement, travaux normatifs…
• Son objectif : la pérennisation du bien patrimonial à travers des références opérationnelles et scientifiques.
• Le défi de la conservation préventive: un programme d’anticipation, d’adaptation et de développement au gré des contextes politiques ou socio-économiques.
« Je crois cependant qu’en gérant mieux les ressources mises à notre
disposition , qu’en ne cherchant pas à tout conserver, mais en faisant
des choix, qu’en associant le public à ces choix en lui expliquant les
défis auxquels nous sommes confrontés, en passant le message que
« le patrimoine est fragile » et qu’en réfléchissant plus au pourquoi
nous conservons plutôt qu’au comment, notre génération préparera
l’avenir. »
« Politiques de conservation : les mots et les choses », CeROArt
Gaël de GUICHEN2012