des revendications linguistiques aux projets d

46
| Mohand Tilmatine, Thierry Desrues Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359 1 de 46 21/02/2018 13:20

Upload: others

Post on 19-Jun-2022

6 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Des revendications linguistiques aux projets d

| Mohand Tilmatine, ThierryDesrues

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

1 de 46 21/02/2018 13:20

Page 2: Des revendications linguistiques aux projets d

1

2

3

1

https://orcid.org/0000-0003-4880-4043

p. 125-159

Les revendications identitaires berbĂšres qui ont marquĂ©ces derniĂšres dĂ©cennies la scĂšne politique de pays nord-africains comme l’AlgĂ©rie et le Maroc viennent de s’étendreplus rĂ©cemment Ă  d’autres pays de la rĂ©gion, oĂč – Ă l’ombre des printemps dits « arabes » – le monde dĂ©couvreque la Libye et la Tunisie ont Ă©galement leurs BerbĂšres quiaspirent de la mĂȘme maniĂšre Ă  la reconnaissance de leurlangue et de leur culture.NĂ©anmoins, eu Ă©gard Ă  l’étendue gĂ©ographique, auxspĂ©cificitĂ©s sociologiques, historiques et culturelles dechaque pays, il est clair que les contenus, l’intensitĂ© ou laforme que prennent ces revendications diffĂšrent d’un paysĂ  l’autre, voire mĂȘme d’une rĂ©gion berbĂ©rophone Ă  l’autre.Dans cette contribution, qui se limitera Ă  l’AlgĂ©rie et plusparticuliĂšrement Ă  la Kabylie, nous nous intĂ©resseronsfondamentalement Ă  l’analyse de l’évolution desrevendications berbĂšres – ou kabyles dans ce cas – quipasseront d’une simple demande de reconnaissance de lalangue et de la culture berbĂšres Ă  une demanded’autodĂ©termination. Le travail se centrera sur unetentative de reconstruction des principaux momentsfondateurs qui vertĂšbrent les diffĂ©rentes phases parlesquelles passera le mouvement berbĂšre et qui ferontbasculer la revendication d’un cadre dĂ©terminĂ© pour sonemboĂźtement dans un autre avec de nouvelles perspectivespolitiques mais aussi de nouvelles stratĂ©gies

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

2 de 46 21/02/2018 13:20

Page 3: Des revendications linguistiques aux projets d

4

5

6

revendicatives.Pour ce faire, nous nous inspirerons du point de vuemĂ©thodologique de la thĂ©orie de l’analyse des cadres,connue et largement utilisĂ©e dans l’étude des mouvementssociaux. Celle-ci prĂ©conise que les formes de mobilisationsont dĂ©terminĂ©es par l’identification subjective d’unensemble d’individus Ă  une « situation jugĂ©e injuste etimmorale2 ». La thĂ©orie du cadrage postule que lesmouvements sociaux sont producteurs et diffuseurs designification. Ils s’engagent dans un travail oĂč le sens estattribuĂ©, construit, et les interprĂ©tations dĂ©veloppĂ©es afind’aboutir Ă  l’adhĂ©sion et Ă  la mobilisation des auditoiresvisĂ©s3. Ce processus est dĂ©nommĂ© « cadrage » (framing)car il produit les « cadres de l’action collective ».La thĂ©orie des cadres pose qu’en l’absence d’un cadreefficace, aucune mobilisation n’est possible. Pour que lemouvement puisse rĂ©aliser ses objectifs – recruter desmembres, collaborer avec d’autres mouvements, mobiliserles militants en vue d’une action – il doit « encadrer » sacause, son idĂ©ologie et son action de maniĂšre Ă  gagnerl’adhĂ©sion des diffĂ©rents destinataires4. Or, par « cadres del’action », on ne se rĂ©fĂšre pas exclusivement Ă  ceux qui sontstratĂ©giquement construits en vue d’une mobilisationimmĂ©diate pour une action prĂ©cise. Klandermans suggĂšreque la mobilisation Ă  l’action est prĂ©cĂ©dĂ©e par une« mobilisation de consensus » (consensus mobilization), Ă savoir « a process through which a social movement triesto obtain support for its viewpoint5 ». Il s’agit ainsi d’untravail de longue durĂ©e, durant lequel le mouvementpropage sa critique sur une rĂ©alitĂ© problĂ©matique, tout enindiquant qu’une action collective peut aboutir Ă  unchangement social6.Pour aborder ces processus, nous identifierons trois phasesprincipales, qui marquent cette Ă©volution depuisl’indĂ©pendance du pays :

une phase « culturaliste » qui commencera Ă  l’époquecoloniale et qui atteindra son apogĂ©e avec la

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

3 de 46 21/02/2018 13:20

Page 4: Des revendications linguistiques aux projets d

7

8

9

massification de la revendication berbĂšre durant lesĂ©vĂ©nements dits du « Printemps berbĂšre » de 1980 ;une phase qui sera marquĂ©e par la radicalisation desdiscours et l’affrontement avec le pouvoir. LesĂ©vĂ©nements de 2001 marqueront cette Ă©tape tout enentraĂźnant certaines concessions arrachĂ©es au pouvoircentral ;une phase qui conduira Ă  partir de 2001 Ă  la crĂ©ationd’un mouvement autonomiste puis indĂ©pendantistekabyle demandant la rupture dĂ©finitive avec lepouvoir central algĂ©rien.

Dans chacune de ces phases, les revendications serontillustrĂ©es en mettant en exergue certaines stratĂ©gies sous-jacentes Ă  chaque Ă©tape de cette Ă©volution. Des documentsde base pour chaque pĂ©riode serviront de sources derĂ©fĂ©rences pour l’analyse des diffĂ©rentes phases desemboĂźtements ainsi que des alignements ou cadresinterprĂ©tatifs mobilisĂ©s par les acteurs durant le processusrevendicatif et pendant lequel le groupe remet en cause les« cadres » dĂ©jĂ  en place pour en proposer de nouvellessignifications7.

Les origines de cette phase remontent Ă  la premiĂšre moitiĂ©du XXe siĂšcle. Salem Chaker parlera alors d’une « veineculturaliste » incarnĂ©e par la chaĂźne des instituteurs et desĂ©crivains kabyles, qui ont pour souci primordial – souventprofessionnel, comme chez Boulifa, Mammeri, etc. –l’étude, la conservation et la promotion du patrimoinelinguistique et littĂ©raire berbĂšre8.Pour ces auteurs, le travail culturel ne dĂ©bouche pas surune vision clairement politique, ou, si elle existe, celle-cin’est pas assumĂ©e en tant que telle, Ă  l’exception toutefoisdu fameux Ă©pisode de la crise dite « berbĂ©riste » de 1949

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

4 de 46 21/02/2018 13:20

Page 5: Des revendications linguistiques aux projets d

10

11

12

13

pendant lequel des militants kabyles s’affrontĂšrent auxautres militants du mouvement national algĂ©rien sur laquestion de la dĂ©finition de la future identitĂ© d’une AlgĂ©rieindĂ©pendante.En mars 1949 Ali Yahia, membre du comitĂ© directeur de laFĂ©dĂ©ration de France du Parti populaire algĂ©rien(PPA)/Mouvement pour le triomphe les libertĂ©sdĂ©mocratiques (MTLD), rĂ©ussit Ă  faire voter, avec unemajoritĂ© Ă©crasante de 28 voix sur 32, une motiondĂ©nonçant le mythe d’une AlgĂ©rie arabo-islamique etdĂ©fend la thĂšse d’une AlgĂ©rie algĂ©rienne. Ces Ă©vĂ©nementsaboutiront aux affrontements sanglants et meurtriers entreles militants dits « berbĂ©ro-nationalistes » et les partisansd’une orientation arabo-islamiste. L’assassinat, larĂ©pression et les persĂ©cutions qui s’abattent sur leursmembres les plus influents sont alors justifiĂ©s par lanĂ©cessitĂ© de faire front commun face Ă  l’ennemi françaiscolonisateur contre lequel le Front de libĂ©ration nationale(FLN) allait dĂ©clencher la lutte armĂ©e9.Ces Ă©vĂ©nements passĂšrent sous la chape de plomb de lacensure d’État et allaient y rester pendant des dĂ©cenniesaprĂšs l’indĂ©pendance du pays. Toute rĂ©fĂ©rence au berbĂšreet a priori Ă  la Kabylie ou Ă  sa spĂ©cificitĂ© Ă©tait devenutabou.Nous sommes dans un cadre de diagnostic. L’injustice estĂ©vidente : malgrĂ© une participation trĂšs forte Ă  la lutte delibĂ©ration nationale, la Kabylie voit sa langue et sa cultureexclues de la culture nationale et menacĂ©es par unepolitique d’arabisation trĂšs virulente10.L’intĂ©rĂȘt pour la culture et la langue berbĂšres connaĂźtra unimportant mouvement de massification et se renforceraconsidĂ©rablement suite Ă  un Ă©vĂ©nement qui fait figure demoment fondateur du mouvement revendicatif amazigh, lePrintemps berbĂšre d’avril 1980, qui donnera naissance auMouvement culturel berbĂšre (MCB). Rappelons trĂšsbriĂšvement que c’est l’interdiction d’une confĂ©rence quedevait prononcer le trĂšs populaire Mouloud Mammeri Ă propos de son livre : PoĂšmes kabyles anciens (1980) –

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

5 de 46 21/02/2018 13:20

Page 6: Des revendications linguistiques aux projets d

14

15

16

recueil de chefs-d’Ɠuvre rares de la culture orale kabyle –qui dĂ©clenchera les protestations et le cycle de violence etde contre-violence. Il est intĂ©ressant de souligner que c’estla rĂ©pression d’un Ă©vĂ©nement spĂ©cifiquement culturel quifut le dĂ©tonateur des manifestations de ce fameuxPrintemps berbĂšre et des violences qui se maintinrentdurant des dĂ©cennies jusqu’aux Ă©vĂ©nements d’avril 2001.L’organisation se fera autour de la reformulation et de lareconstruction d’un autre cadre qui donnera un sensnouveau Ă  la rĂ©sistance collective face Ă  cette rĂ©pression11.On retrouvera les circonstances et le rĂ©cit de cesĂ©vĂ©nements narrĂ©s par un participant Ă  ces Ă©vĂ©nements12.Il est important de signaler que, malgrĂ© sa localisationrĂ©gionale en Kabylie, puisqu’il est parti de l’universitĂ© deTizi Ouzou, le mouvement de protestation et derevendication se propagera d’abord et parallĂšlement ausein de la communautĂ© kabyle dans l’immigration pours’étendre ensuite Ă  d’autres rĂ©gions berbĂ©rophones, surtoutau Maroc. Toutefois, le contexte ou Zeitgeist de l’époque etses contraintes politiques feront que les aspirations etrevendications du mouvement berbĂšre des annĂ©es 80 semaintiendront dans une perspective « nationale » et« algĂ©rianiste ». Ceci vaut aussi bien pour les textes quepour les militants du mouvement berbĂšre qui se sonttoujours inscrits dans cet espace politique. Le poids du« nationalisme » et les tabous sur l’unitĂ© de la nationimposeront automatiquement une autocensure auxanimateurs du mouvement berbĂšre pour maintenir leursrevendications dans l’« espace national », ce qui se reflĂštesur le plan du discours par la revendication d’une langueamazighe appartenant Ă  tous. Du point de vue de la thĂ©oriedes cadres, on parlera « d’alignement », en d’autrestermes, d’un processus interprĂ©tatif et de nĂ©gociation entreles acteurs du moment qui obligera Ă  adopter despositionnements et des ajustements en fonction desnĂ©cessitĂ©s de l’environnement politique du moment.Ce discours, qui se retrouve bien entendu dans les deuxpays nord-africains, ne sera rompu, en AlgĂ©rie, que par le

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

6 de 46 21/02/2018 13:20

Page 7: Des revendications linguistiques aux projets d

17

18

19

20

21

« Il n’est pas besoin aujourd’hui de rappeler que c’estautour des mots d’ordre de libertĂ©s dĂ©mocratiques et delangues populaires (tamaziÎłt et arabe algĂ©rien) que leformidable mouvement populaire s’est cristallisĂ©15. »

MAK13.

Les revendications qui marqueront cette premiĂšre phasedu dĂ©veloppement du MCB sont, pour la Kabylie,clairement Ă©noncĂ©es dans les documents principaux dumouvement : 1° le rapport de synthĂšse du dossier cultureladoptĂ© lors du sĂ©minaire de Yakouren du 1er au 31 aoĂ»t1980, donc Ă  peine quelques mois aprĂšs les Ă©vĂ©nements duPrintemps berbĂšre d’avril 1980 ; 2° le rapport de synthĂšsedu deuxiĂšme sĂ©minaire du 16 au 24 juillet 1989 Ă  Tizi-Ouzou14.Dans l’ensemble, le MCB revendiquait la reconnaissancede la langue et de la culture berbĂšres mais aussi l’arabealgĂ©rien comme langues nationales ainsi que leurenseignement. C’était en effet le cadre et l’esprit del’époque. C’est ce que nous rappelle un texte intitulé« RĂ©flexions sur le mouvement culturel populaire enAlgĂ©rie » publiĂ© dans la mythique revue Tafsut dans sonpremier numĂ©ro et signĂ© par les initiales R.B. et H.S. :

Relevons par ailleurs la prudence extrĂȘme qui caractĂ©riseencore les positions du mouvement qui ne parle encore qued’un « mouvement populaire en AlgĂ©rie » !Ces revendications, d’abord locales, Ă©volueront plus tardvers un caractĂšre plus transnational pour toucherĂ©galement la diaspora berbĂšre en Europe et en AmĂ©riquedu Nord. Les militants berbĂšres commenceront Ă intervenir au niveau international dans diffĂ©rents cadrespour donner une certaine visibilitĂ© Ă  leurs revendications.Ainsi, des reprĂ©sentants feront entendre la voix desAmazighs au sein du CongrĂšs mondial amazigh, Ă  traversleur participation aux instances internationales de l’ONUsur les peuples autochtones, au Conseil Ă©conomique et

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

7 de 46 21/02/2018 13:20

Page 8: Des revendications linguistiques aux projets d

22

23

24

25

26

social des Nations Unies, du 11 fĂ©vrier au 1er mars 2013, Ă  la82e session du ComitĂ© pour l’élimination de ladiscrimination raciale Ă  GenĂšve (Rapport alternatif del’association pan-berbĂšre Tamazgha(http://www.tamazgha.fr/), etc.Cet activisme international pour faire avancer desrevendications nationales est souvent dĂ©fini comme un casde glocalisation16.

Cet ancrage de la revendication berbĂšre et son extension,aussi bien du point du vue dĂ©mographique que qualitatif,mais Ă©galement son internationalisation vont conduire Ă certaines concessions de la part du gouvernement centrald’Alger qui commencera bientĂŽt Ă  se rendre compte del’étendue de la contestation et du danger qu’ellereprĂ©sentait pour la stabilitĂ© du pouvoir.Ainsi, la multiplication des manifestations en Kabylieforcera les autoritĂ©s Ă  tolĂ©rer dans un premier temps puis Ă accepter l’introduction du berbĂšre dans les universitĂ©skabyles de Tizi Ouzou (1990) et de Bejaia (1991).La fameuse grĂšve du cartable de 1995 en KabyliedĂ©bouchera sur la crĂ©ation du Haut Commissariat Ă l’AmazighitĂ© (HCA). Ainsi, le 27 mai 1995, aprĂšs huit moisde boycott scolaire dans toute la Kabylie et de longuesnĂ©gociations entre la prĂ©sidence de l’État, desreprĂ©sentants des deux tendances principales du MCBkabyle17 et ceux du Mouvement culturel amazigh, chaoui etmozabite, le dĂ©cret prĂ©sidentiel nÂș 95-147 du 27 mai 1995portant crĂ©ation du HCA sera signĂ© par les nĂ©gociateursdes deux camps18.Cette nouvelle institution, qui est un organe Ă©tatiquechargĂ© de la promotion de la langue et de la cultureamazighes, rĂ©pond surtout Ă  la nĂ©cessitĂ© d’exercer uncontrĂŽle direct de l’Etat sur la gestion de la questionamazighe en AlgĂ©rie. En effet, les articles 2, 3 et 8 de ce

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

8 de 46 21/02/2018 13:20

Page 9: Des revendications linguistiques aux projets d

27

« Les tentatives de destruction de la personnalitĂ©algĂ©rienne ont sans doute rendu lent et complexe leprocessus de rĂ©cupĂ©ration de la personnalitĂ© nationale. Ilen a Ă©tĂ© ainsi de la rĂ©cupĂ©ration de l’identitĂ© nationaledans son intĂ©gralitĂ©. Il en a Ă©tĂ© de mĂȘme de la rĂ©cupĂ©rationde l’arabitĂ© de l’AlgĂ©rie. Il en a Ă©tĂ© ainsi de la rĂ©cupĂ©rationde son amazighitĂ©. C’est donc bien de l’identitĂ© du peuplealgĂ©rien dans son intĂ©gralitĂ© qu’il s’agit lorsque l’on parled’amazighitĂ©, et le caractĂšre national des composantes decette amazighitĂ© ne peut donner lieu Ă  aucune contestation

texte dĂ©crĂštent que ce Haut Commissariat est directement« rattachĂ© Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique », que « sonsiĂšge est fixĂ© Ă  Alger » et enfin que cet organe « est placĂ©sous l’autoritĂ© du chef de l’État ». Il a pour missionsfondamentales « la rĂ©habilitation de l’amazighitĂ© en tantque l’un des fondements de l’identitĂ© nationale » et« l’introduction de la langue amazighe dans les systĂšmesde l’enseignement et de la communication » (article 4).

Un autre fait qui compte parmi les concessions dugouvernement algĂ©rien Ă  la question berbĂšre est sans nuldoute ce que d’aucuns considĂšrent comme une (timide)reconnaissance de la langue berbĂšre. En effet, le 12 mars2002, le prĂ©sident Bouteflika en personne annonce laconstitutionnalisation du berbĂšre comme langue nationaletout en prĂ©sentant ce geste comme entrant parfaitementdans le processus de « rĂ©cupĂ©ration de l’identitĂ©nationale ». Le prĂ©sident algĂ©rien, aprĂšs toute la rĂ©pressionsubie par les militants berbĂšres finit mĂȘme par prĂ©senter la« rĂ©cupĂ©ration de l’identitĂ© amazighe » comme faisantsuite Ă  celle de l’arabitĂ© en AlgĂ©rie ! Le tout entrant, selonBouteflika, dans le cadre de la reconstruction de la« personnalitĂ© nationale » Ă  la suite des tentatives de sadestruction [par le colonialisme]. Le colonialisme Ă©tantĂ©galement « coupable » de la « non-reconnaissance » duberbĂšre en AlgĂ©rie :

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

9 de 46 21/02/2018 13:20

Page 10: Des revendications linguistiques aux projets d

28

29

30

31

qu’il s’agisse de la langue ou de la culture amazighe19. »

« Tamazight s’entend de toutes les richesses linguistiquescouvrant le territoire national aux cĂŽtĂ©s de la langue arabe,des AurĂšs Ă  Kenadsa, de Bejaia Ă  Tamanrasset, du Mzab Ă Tamentit, de Tebessa Ă  Maghnia, de Azazga Ă  Takhmart,de Bousemghoun Ă  Tindouf et de Djanet Ă  Bordj BadjiMokhtar20. »

« Il est primordial de poser comme postulat que lareconnaissance du tamazight comme langue nationales’inscrit dans un esprit de consolidation du processusglobal de restauration de la personnalitĂ© nationaleunique21. »

La langue berbĂšre devrait donc ĂȘtre sans nul doute « lepatrimoine de tous les AlgĂ©riens », et l’amazighitĂ©,l’arabitĂ©, l’islamitĂ© mises sur le mĂȘme plan « ne sont paspropres Ă  une partie seulement des AlgĂ©riens ». Pour leprĂ©sident de la RĂ©publique, cette reconnaissance ne sauraiten aucun cas ĂȘtre perçue comme une « spĂ©cificitĂ© locale ourĂ©gionale » mais s’étend Ă  toute l’AlgĂ©rie :

Sa reconnaissance n’est donc possible que si lapersonnalitĂ© algĂ©rienne demeure unique :

Ce discours, loin de convaincre, est perçu comme les autresconcessions citĂ©es auparavant comme une Ă©niĂšmetentative de rĂ©cupĂ©ration de cette revendication et decanalisation du mouvement qui demande uneofficialisation de la langue et de la culture. Par ailleurs, niles activitĂ©s du HCA ni son statut ne semblent permettre demener Ă  bon port les missions qui lui sont assignĂ©es,notamment l’introduction du berbĂšre dans le systĂšmed’enseignement, langue qui demeure confinĂ©e au statut delangue optionnelle et surtout prĂ©sente quasi exclusivementen Kabylie.Nous pourrions donc penser que dans un autre cadre, plusdĂ©centralisĂ© et plus dĂ©mocratique, le principe deterritorialitĂ© devrait prĂ©valoir de maniĂšre Ă  ce que leslocuteurs d’une rĂ©gion dĂ©terminĂ©e puissent avoir le droitde dĂ©cider sur leur territoire de leur propre politique

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

10 de 46 21/02/2018 13:20

Page 11: Des revendications linguistiques aux projets d

32

33

34

35

« The second conception concerns the authority to designlanguage regimes and says that language groups that areterritorially based should be self-governing as far as thisconcerns linguistic affairs22. »

linguistique, droit qui pourrait et devrait s’étendre Ă d’autres domaines. Selon le modĂšle d’analyse des principesde territorialitĂ© linguistique de Schutter, il s’agirait, dans lecas kabyle, d’une situation dĂ©crite comme la deuxiĂšme destrois options proposĂ©es :

Il est clair que ni le niveau de dĂ©mocratisation qu’affichentles pays nord-africains, ni les modĂšles centralisĂ©s Ă l’extrĂȘme de gouvernance qui les caractĂ©risent nepermettent de rĂȘver dans l’immĂ©diat Ă  une possibleapplication de modĂšles similaires. En effet, ces dernierss’appuient sur des principes de territorialitĂ© linguistiquemais surtout tirent leur lĂ©gitimitĂ© de systĂšmes degouvernance bien plus avancĂ©s. Cet Ă©tat de fait expliqued’ailleurs le type d’affrontement souvent violent quicaractĂ©rise les relations entre gouvernants et gouvernĂ©s enAfrique du Nord.

Une date charniĂšre dans l’évolution des revendicationsberbĂšres, surtout du point de vue qualitatif, est sans doutele dĂ©sormais cĂ©lĂšbre « Printemps noir » de 2001 enKabylie. Ces Ă©vĂ©nements ont sans doute provoquĂ© untournant dans l’évolution des revendications identitairesdans la rĂ©gion et ont fait basculer celle-ci vers une netteradicalisation de ses revendications et ce danspratiquement tous les domaines.Rappelons que ces Ă©vĂ©nements et ces massacres commispar la gendarmerie algĂ©rienne n’ont pratiquement passuscitĂ© de rĂ©actions de solidaritĂ© dans les autres rĂ©gionsd’AlgĂ©rie et ce malgrĂ© une plateforme de revendicationsqui demandait des mesures de dĂ©mocratisation etd’amĂ©lioration sociale pour l’ensemble des AlgĂ©riens.Deux Ă©vĂ©nements sont considĂ©rĂ©s comme les Ă©tincelles qui

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

11 de 46 21/02/2018 13:20

Page 12: Des revendications linguistiques aux projets d

36

37

38

39

40

ont mis le feu aux poudres et provoquĂ© les rĂ©voltes dejeunes Kabyles lors des cĂ©lĂ©brations – comme chaqueannĂ©e depuis 1980 – de la commĂ©moration du PrintempsberbĂšre de 2001. D’abord, la mort le 18 avril 2001 d’unjeune Kabyle de 20 ans dans une caserne de lagendarmerie locale de son village Ă  AĂŻt Douala. Dans leurversion des faits, les forces de l’ordre dĂ©clarĂšrent que lecoup de feu qui avait provoquĂ© la mort du jeune MassinisaĂ©tait dĂ» Ă  un « accident par imprudence23 ».Ensuite, un deuxiĂšme cas d’affrontement se produisit le 22avril 2001, Ă  Oued Amizour, dans la wilaya de BĂ©jaĂŻa,lorsque des Ă©lĂ©ments de la mĂȘme gendarmerie nationaleinterpellĂšrent brutalement trois lycĂ©ens, alors qu’ils Ă©taientavec leur classe et sous la responsabilitĂ© de leur professeurde sport, pour avoir criĂ© des slogans interprĂ©tĂ©s par lesforces de l’ordre comme « outrage Ă  l’encontre desgendarmes de la brigade24 ».La spirale de violence, manifestation-rĂ©pression, quis’ensuivit provoqua plus d’une centaine de morts et desmilliers de blessĂ©s parmi les jeunes manifestants kabyles,sans que les responsables n’aient jamais eu Ă  rendrecompte de leurs actes devant la justice ni qu’aucunemanifestation de soutien et de solidaritĂ© provenantd’autres rĂ©gions d’AlgĂ©rie n’ait pu ĂȘtre observĂ©e.Dans n’importe quel autre pays du monde dĂ©mocratique, lamort de plus d’une centaine de jeunes et les blessures deplusieurs milliers de personnes par coups de feu tirĂ©s parles forces de l’ordre, et donc censĂ©es les dĂ©fendre, auraientĂ©tĂ© traitĂ©es comme une tragĂ©die nationale. En AlgĂ©rie,cependant, le gouvernement n’aura mĂȘme pas dĂ©crĂ©tĂ© unseul jour de deuil national.Jamais auparavant les mĂ©dias, pourtant habituellementprompts Ă  dĂ©fendre farouchement « l’unitĂ© nationale » dupays, n’avaient parlĂ© aussi clairement et publiquementd’une rupture entre les Kabyles et l’État25.Les jeunes Kabyles, en raison notamment du manqued’infrastructures et d’investissements dans leur rĂ©gion,souffrent depuis toujours du chĂŽmage. ExaspĂ©rĂ©s par le

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

12 de 46 21/02/2018 13:20

Page 13: Des revendications linguistiques aux projets d

41

42

43

« – La rĂ©action violente des populations a Ă©tĂ© provoquĂ©e

manque de perspectives de travail et l’absence d’avenir, ilsreprochent Ă  l’État son « mĂ©pris » (hogra) Ă  leur Ă©gard,qu’ils comparent aujourd’hui sans ambages Ă  celui ducolonialisme français qu’ils espĂ©raient rĂ©volu26.DĂ©sormais, un grand nombre de Kabyles ne croient plus enune possible solution venant du gouvernement central nicomprennent pourquoi ils devraient continuer Ă  s’engageret lutter pour l’ensemble de l’AlgĂ©rie lorsque le reste dupays ne rĂ©pond pas lorsque la rĂ©pression s’abat sur eux.

La rĂ©ponse de l’État sera, comme toujours depuisl’indĂ©pendance, essentiellement rĂ©pressive. DesĂ©vĂ©nements trĂšs importants comme la mort du chanteurLounes Matoub (juin 1998), l’interdiction desmanifestations Ă  Alger puis d’une maniĂšre arbitraire surtout le territoire algĂ©rien, l’absence de mesures pour luttercontre la rĂ©pression, les rapts et les violences, les morts« accidentelles » de Kabyles sous les balles des militairesalgĂ©riens traitĂ©es de « bavures » et l’inflexibilitĂ© du rĂ©gimeet des militaires algĂ©riens ont conduit Ă  des stratĂ©giesd’intensification avec d’incessantes manifestations de toutela sociĂ©tĂ© civile kabyle (mĂ©decins, avocats, Ă©tudiants,femmes, journalistes
) qui culmineront avecl’organisation de la fameuse marche sur Alger (14 juin2001) et les graves incidents qui s’ensuivirent commel’attaque et l’incendie d’un grand nombre de casernes de lagendarmerie en Kabylie.La commission d’investigation prĂ©sidĂ©e par un grandjuriste kabyle, Mohand Issad27, crĂ©Ă©e sous la pression desmanifestations et commandĂ©e par le prĂ©sident algĂ©rienpour faire la lumiĂšre sur ces Ă©vĂ©nements fut trĂšs clairedans son verdict, mettant en cause la responsabilitĂ© desservices de sĂ©curitĂ© et de la gendarmerie dans lesnombreuses exactions. Le rapport souligne dans sesconclusions :

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

13 de 46 21/02/2018 13:20

Page 14: Des revendications linguistiques aux projets d

44

45

46

par l’action non moins violente des gendarmes, laquelle,pendant plus de deux mois, a nourri et entretenul’évĂ©nement : tirs Ă  balles rĂ©elles, saccages, pillages,provocations de toutes sortes, propos obscĂšnes et passagesĂ  tabac.

– Les gendarmes sont intervenus sans rĂ©quisition desautoritĂ©s civiles comme la loi le stipule.

– La violence enregistrĂ©e contre les civils est celle d’uneguerre, avec usage de munitions de guerre. »

Cette pĂ©riode du Printemps noir sera marquĂ©e par lapublication d’une plateforme de revendications dumouvement citoyen kabyle et par un usage intensif desrĂ©seaux sociaux pour pallier le manque d’information surces Ă©vĂ©nements.La mĂ©moire collective kabyle sera fortement marquĂ©e parla violence de l’État algĂ©rien. Des slogans comme UlacSmah ulac (pas de pardon !) ou « pouvoir assassin » –entretemps trĂšs rĂ©pandus – reflĂ©teront ce refus de l’oublides morts et de la rĂ©pression. Le Mouvement des Aarchs deKabylie s’inscrit nĂ©anmoins dans une perspectivenationale et refuse de limiter sur le plan du discours leursrevendications au territoire de la Kabylie.

Parmi les premiers projets de rĂ©gionalisation oud’autonomie rĂ©gionale, il y eut d’abord celui du Front desforces socialistes (FFS), dans la clandestinitĂ© de 1965 Ă 1989, paru dans sa plateforme de mars 1979 intitulĂ©e :« L’alternative dĂ©mocratique rĂ©volutionnaire Ă  lacatastrophe nationale. » Dans cet avant-projet, le FFSparlait de « l’autonomie personnelle, de l’autonomie localeet de l’autonomie rĂ©gionale28 ». Cependant, le FFS, aprĂšssa rĂ©habilitation (1989), n’a jamais fait de ce projet un axecentral de son discours ou de son action politique qui a

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

14 de 46 21/02/2018 13:20

Page 15: Des revendications linguistiques aux projets d

47

48

49

toujours insistĂ© sur sa dimension « nationale ». De fait, lerejet de l’État central est Ă  prĂ©sent si grand en Kabylie queces deux partis lĂ©gaux et nationalo-institutionnalistes, quiont de ce fait toujours repoussĂ© l’étiquette de « partiskabyles », prennent dĂ©sormais le train de cetterevendication dans le sens d’une dĂ©centralisation dupouvoir, mais sans grande conviction, l’accusation departis « rĂ©gionalistes » kabyles pesant toujours sur leurtĂȘte comme une Ă©pĂ©e de DamoclĂšs.Avec cette rĂ©action tardive, ces partis politiques tentent deredresser la barre car ils subissent une grande baisse depopularitĂ© surtout depuis le Printemps noir, comme ledĂ©montrent l’attaque et l’incendie de quelquesreprĂ©sentations des deux partis dans certaines rĂ©gions deKabylie.Bien que le texte de prĂ©sentation du nouveau projetpolitique du Rassemblement pour la culture et ladĂ©mocratie (RCD) ne parle pas expressĂ©ment d’un systĂšmefĂ©dĂ©ral ou d’autonomie rĂ©gionale, le prĂ©sident du partisuggĂšre dans diverses dĂ©clarations Ă  la presse un systĂšmedĂ©centralisĂ©, tout en considĂ©rant comme conditionprĂ©alable l’inclusion des autres rĂ©gions du pays dans ceprocessus. Dans son projet, le RCD avait proposĂ© de crĂ©er12 rĂ©gions sur la base des spĂ©cificitĂ©s de chaque partie dupays. Alger en serait la capitale. Il y aurait ainsi commerĂ©gions la Kabylie, le Titteri (Blida et pĂ©riphĂ©rie), le Cheliff(Chlef et AĂŻn Defla), l’Oranie, la Saoura (BĂ©char), le Touat(Gourara), le Grand Erg oriental et l’Ahaggar29.

MalgrĂ© le tabou qui pĂšse sur l’« unitĂ© de la nation »,l’absence d’une perspective de sortie de crise ouvrait la voieĂ  d’autres formes de gouvernance qui remettaient en causele systĂšme politique en vigueur. Ainsi, les premiĂšrespĂ©titions en faveur d’une autonomie – d’abord linguistiqueet culturelle – de la Kabylie ne tardĂšrent pas Ă  circuler.

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

15 de 46 21/02/2018 13:20

Page 16: Des revendications linguistiques aux projets d

50

51

52

Il faudrait relever Ă  cet Ă©gard le rĂŽle prĂ©pondĂ©rant quejoueront certaines figures du MCB et qui contribuerontvers la fin des annĂ©es 90 Ă  la diffusion de cette idĂ©e30.Outre les publications, il y avait Ă©galement des appelspublics clairement en faveur de cette Ă©volution et signĂ©spar des centaines d’intellecturels mais aussi d’autrespersonnes de couches sociales kabyles. Ainsi, il y eut parexemple lors du Printemps berbĂšre de 1998 un premierappel public intitulĂ© : « Tamazight, langue nationale del’AlgĂ©rie et langue propre de la Kabylie » et qui affirmaitque la langue berbĂšre devrait ĂȘtre reconnue comme« langue propre » des zones berbĂ©rophones qui ledĂ©sireraient dans un cadre gĂ©nĂ©ral d’autonomielinguistique et culturelle.Un autre appel fut lancĂ© le 29 avril Ă  l’occasion de larebellion de 2001 et intitulĂ© : « Une kabylie autonome pourune AlgĂ©rie dĂ©mocratique », dans lequel on exigeait unstatut « d’ample autonomie » pour la Kabylie, lareconnaissance de la langue berbĂšre comme « languepropre » de la Kabylie, qui devrait disposer d’uneautonomie totale dans les domaines linguistique, culturelet Ă©ducatif et finalement que l’amazigh soit une des languesnationales et officielles de l’AlgĂ©rie. Ces positions partagĂ©espar divers intellectuels kabyles ont encouragĂ© le lancementd’un dĂ©bat sur le concept d’autonomie appliquĂ© Ă  laKabylie. Des expĂ©riences similaires dans les payseuropĂ©ens, comme en Catalogne31 surtout, bien quediffĂ©rentes, ont certainement contribuĂ© au dĂ©veloppementde ce dĂ©bat.

Du point de vue linguistique, des stratĂ©gies decommunication accompagneront cette deuxiĂšme phase del’évolution du discours identitaire par le choix de certainsconcepts, dans la mesure oĂč l’on passera de la rĂ©fĂ©renceaux langues et des rĂ©fĂ©rences communes(BerbĂšre/Amazigh et berbĂ©ritĂ©/amazighitĂ©) Ă  une

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

16 de 46 21/02/2018 13:20

Page 17: Des revendications linguistiques aux projets d

53

54

55

« Nommer c’est faire exister, c’est construire. [
] Donnerun nom rĂ©sulte d’un processus constructiviste : c’est faireexister une rĂ©alitĂ© qui ne l’était pas auparavant, c’esthomogĂ©nĂ©iser, clĂŽturer un ensemble de rĂ©seaux oud’élĂ©ments Ă  l’origine en relation les uns aux autres demaniĂšre hĂ©tĂ©rogĂšne32. »

« MĂȘme le mot d’ordre du Mouvement culturel berbĂšre,“berbĂšre, langue nationale”, repris par les partis politiqueskabyles, paraĂźt dangereux car aisĂ©ment rĂ©cupĂ©rable parl’Etat central, si son contenu n’est pas trĂšs prĂ©cisĂ©mentdĂ©fini. Disons-le tout net, contrairement aux thĂšsesofficielles algĂ©riennes, qui explicitent une stratĂ©gieĂ©vidente de dĂ©possession et de neutralisation, le berbĂšreest d’abord la langue des berbĂ©rophones, car une langue –sauf s’il s’agit d’une langue morte – n’existe pas en dehorsde ses vecteurs humains34. »

référence de plus en plus claire aux spécificités kabyles.

Ainsi, on passera peu Ă  peu des « BerbĂšres » aux« Amazighs » ; du berbĂšre ou de l’amazigh comme languecommune Ă  l’ensemble des BerbĂšres ou des Amazighs(pan-amazighitĂ©) Ă  un concept empruntĂ© Ă  la politiqueautonomiste catalane : le kabyle comme « langue propre »de la Kabylie.Les rĂ©fĂ©rences ou les comparaisons avec l’expĂ©riencecatalane Ă  laquelle est empruntĂ© le concept de « languepropre » apparaissent dĂšs la fin des annĂ©es 9033. On insistealors plus clairement sur le fait que le concept « berbĂšre,langue nationale », dĂ©fendu par le Mouvement culturelberbĂšre, n’est plus d’actualitĂ© et qu’il serait mĂȘmedangereux « pour l’autonomie linguistique de la Kabylie » :

Cette rĂ©fĂ©rence Ă  la Catalogne n’est pas un hasard eu Ă©gardaux contacts et aux Ă©changes qui existent entre desintellectuels ou hommes politiques kabyles et catalans(notamment Ait Ahmed, Ferhat Mehenni et Said Saadi) etqui s’est mĂȘme traduite – outre la cĂ©lĂ©bration de larencontre dĂ©jĂ  citĂ©e « Kabylie-Catalogne » en 2001 –, parla crĂ©ation d’un Observatoire catalan de la langueamazighe, par l’adoption d’une rĂ©solution par le parlement

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

17 de 46 21/02/2018 13:20

Page 18: Des revendications linguistiques aux projets d

56

57

58

« 2. La langue berbĂšre doit ĂȘtre reconnue comme languepropre de la Kabylie, et la rĂ©gion doit bĂ©nĂ©ficier d’uneautonomie totale en matiĂšre linguistique, culturelle etĂ©ducative. » (Source : MCB-France:http://mcbrn.chez.com/declarik.html.)

catalan en faveur de la Kabylie et condamnant larĂ©pression par l’État algĂ©rien des manifestants kabyles lorsdes Ă©vĂ©nements du Printemps noir de 2001. L’invitation etl’accueil Ă  Barcelone par le Pen Club catalan du seulĂ©crivain de langue kabyle en exil, Salem Zenia, est un autresigne rĂ©vĂ©lateur de ces contacts35.Le concept « langue propre » sera divulguĂ© dans plusieurstextes, dĂ©clarations, manifestes signĂ©s par des intellectuelskabyles, rĂ©unis souvent autour de Salem Chaker, linguisteet professeur Ă  l’Institut national des langues etcivilisations orientales (INALCO) et du groupe du Cercled’étude et de rĂ©flexion sur l’autonomie de la Kabylie(CERAK)36. Une dĂ©claration dans le mĂȘme sens – revenantsur les Ă©vĂ©nements de 2001 – affirmait dans unedĂ©claration du 29 avril de la mĂȘme annĂ©e :

Les commĂ©morations du Printemps berbĂšre de cesderniĂšres annĂ©es ont mis en Ă©vidence une Ă©volution clairedans le paysage revendicatif kabyle : l’apparition duMouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), quis’impose dĂ©sormais comme une force majeure supplantantdes partis politiques dits kabyles et traditionnellementancrĂ©s dans cette rĂ©gion comme le FFS ou le RCD37.Pour la premiĂšre fois dans l’histoire de l’AlgĂ©rie, l’ex-prĂ©sident du Mouvement culturel berbĂšre –Rassemblement national (MCB-RN), Mehenni, organisaitle 5 juin 2001 Ă  Tizi Ouzou, capitale kabyle en Ă©tat de siĂšge,une confĂ©rence annonçant la naissance du MAK etexigeant une « ample » autonomie et la reconnaissance dela langue comme « langue propre de la Kabylie ». Cette

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

18 de 46 21/02/2018 13:20

Page 19: Des revendications linguistiques aux projets d

59

60

61

62

confĂ©rence publique brisait pour la premiĂšre fois ce quiĂ©tait jusqu’alors un tabou : l’État-nation hypercentralisĂ©.La classe politique algĂ©rienne, façonnĂ©e par le culte del’Etat unique comme forme exclusive de gouvernance, estsous le choc : est-ce le dĂ©but de la dislocation de l’Etatnational ? La dĂ©sintĂ©gration du pays est-elle en marche38 ?Pour l’initiateur de ce mouvement, la Kabylie, qui semaintiendrait dans le cadre de l’État algĂ©rien, devraitdisposer d’un parlement et d’un gouvernement propres etparticiperait au sein du gouvernement central et dans leparlement national.Pour le MAK, seuls les domaines de la monnaie, de ladĂ©fense nationale et de la diplomatie devraient semaintenir comme compĂ©tences de l’État central. LaKabylie devrait gĂ©rer le reste non pas Ă  travers desreprĂ©sentants ou des fonctionnaires de l’État comme lewali (prĂ©fet) ou le chef de daira (circonscription) mais parle biais de reprĂ©sentants directement Ă©lus par les Kabyles.Une perspective qui rĂ©affirme la nĂ©cessitĂ© de faireprĂ©valoir la sociĂ©tĂ© face Ă  l’État et non le contraire.Le MAK souligne sa dĂ©marcation des projets de« rĂ©gionalisation positive » et de « refondation nationale »en argumentant par le fait qu’il exprime plus concrĂštementet plus ouvertement ses idĂ©es. Par ailleurs, le RCD et leFFS revendiquent la rĂ©gionalisation Ă  l’échelle nationalealors que le MAK se limite au territoire kabyle. Il n’aaucune ambition nationale ni prĂ©tend imposer aux autresrĂ©gions ce qu’il rĂ©clame pour le territoire kabyle. « LefĂ©dĂ©ralisme », estime Ferhat Mehenni, « est une autreĂ©tape de notre avenir, il suppose que l’ensemble desrĂ©gions du pays le revendique au mĂȘme titre que laKabylie. Nous ne pouvons plus attendre jusqu’à ce quetoutes les rĂ©gions soient d’accord pour accĂ©der Ă  lamaĂźtrise de notre destin39 ». Chaque rĂ©gion, ajoute FerhatMehenni, « pourrait dĂ©velopper son idĂ©e d’autonomie,mais il ne nous revient pas Ă  nous de nous substituer Ă  euxen cela40 ».Cette dĂ©marche s’inscrit parfaitement dans ce que la

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

19 de 46 21/02/2018 13:20

Page 20: Des revendications linguistiques aux projets d

63

64

65

thĂ©orie des cadres dĂ©finit comme une « constructionsociale d’une reprĂ©sentation commune de la situation ». Lamobilisation se produit dĂšs lors d’abord autour d’undiagnostic de la situation (diagnosis framing) : Ă©chec desexpĂ©riences passĂ©es du RCD et du FFS, mais aussi dumodĂšle central de l’État-nation ; suivi d’une phase depronostic (pronostic framing), donc l’identification etl’attribution des responsabilitĂ©s, dans ce cas : l’État, sapolitique mais aussi les partis « algĂ©rianistes kabyles » ;enfin, la phase de motivation pour l’action (motivationalframing), dĂ©veloppant un discours de prise en charge demaniĂšre autonome et indĂ©pendante du « destin de laKabylie41 ».Le MAK insiste, chaque fois que l’occasion lui est donnĂ©e,sur le fait qu’il s’agit d’un mouvement pacifique et que sesactions seront purement politiques et se prononce contretout type de solution aventuriĂšre. Il pense influer sur legouvernement en organisant un rĂ©fĂ©rendum sur le sujet.Les derniĂšres manifestations organisĂ©es par le MAK cesderniĂšres annĂ©es sont souvent une vĂ©ritable dĂ©monstrationde force et de capacitĂ© de mobilisation de la part d’unmouvement qui, depuis sa premiĂšre apparition en juin2001, demeure sans existence officielle ni, bien entendu,sans les structures organiques nĂ©cessaires. Il est Ă©galementclair qu’un tel mouvement ne saurait prĂ©tendre Ă  unereconnaissance dans le cadre de la Constitution en vigueur.Bien au contraire, le gouvernement aurait suffisammentd’arguments juridiques pour interdire et empĂȘcher sesactivitĂ©s, situation qu’il exploite d’ailleurs souvent par larĂ©pression (Le Matin du 13 janvier 2010) des militants duMAK et qui peut prendre diffĂ©rentes formes commel’intimidation, divers types de “chicanes” comme lafermeture des nĂ©goces appartenant aux militants du MAK,l’emprisonnement ou la dĂ©tention provisoire, comme ce futle cas lors du dernier congrĂšs du MAK lorsque plus de 300congressistes furent retenus pour les empĂȘcher d’arriver Ă temps sur les lieux du congrĂšs.MalgrĂ© ces difficultĂ©s et indĂ©pendamment de son vĂ©ritable

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

20 de 46 21/02/2018 13:20

Page 21: Des revendications linguistiques aux projets d

66

67

impact sur le terrain, il ne fait aucun doute que le simplefait d’exister virtuellement – par exemple Ă  travers son siteWeb – semble avoir provoquĂ© un grand intĂ©rĂȘt et unegrande illusion dans la population et favorisĂ© une trĂšs largediffusion de ses idĂ©es dans toute la Kabylie mais aussi dansla diaspora en Europe et en AmĂ©rique du Nord42. Unprocessus qui impose dĂ©sormais sur l’échiquier politiquedu pays et de maniĂšre durable le dĂ©bat sur l’autonomie dela Kabylie. Le processus se consolide avec la publication dedocuments comme le « Projet pour l’autonomie de laKabylie43 » ou le « Projet pour un État kabyle » adoptĂ© Ă  laconfĂ©rence nationale des cadres du MAK le 24 janvier 2014Ă  Smaoun en Kabylie44.L’expansion du MAK est telle que mĂȘme des journauxnationaux peu suspects de sympathie Ă  son Ă©gard leperçoivent trĂšs souvent comme un mouvement sĂ©paratisteet comme le plus mobilisateur de la Kabylie45. D’autres,comme El-Khabar, le plus fort tirage d’AlgĂ©rie, n’hĂ©sitaientpas Ă  se demander, dans leur Ă©dition du 14 avril 2016, sil’afflux des ministres algĂ©riens en cette pĂ©riode qui prĂ©cĂšdela 36e commĂ©moration du Printemps berbĂšre de Kabylie(2016) Ă©tait dĂ» au fait que le gouvernement avait peur duMAK ou si c’était en raison de l’expansion de cemouvement politique en Kabylie46.

Le MAK est-il le rĂ©sultat d’une continuitĂ© directe et logiquedes revendications berbĂšres ? Cette version est reprise parle discours autonomiste qui prĂ©sente les diffĂ©rentes phasespar lesquelles est passĂ©e la revendication berbĂšre commedes Ă©tapes logiques et progressives d’une mĂȘmerevendication. La proclamation du MAK serait selon lesautonomistes kabyles l’aboutissement d’un long processusqui commença par la fameuse crise dite « berbĂ©riste » de1949, en passant par l’insurrection du FFS de 1963, lePrintemps berbĂšre d’avril 1980 de Tizi-Ouzou, la crĂ©ationdu RCD et le retour du FFS en 1989, la grĂšve du cartable de

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

21 de 46 21/02/2018 13:20

Page 22: Des revendications linguistiques aux projets d

68

69

70

71

1995, jusqu’aux morts tombĂ©s lors du Printemps noir de2001, prĂ©lude Ă  la crĂ©ation du MAK en juin 200147.Il serait probablement plus juste de considĂ©rer qu’il s’agitlĂ  d’un processus historique qui est passĂ© par une sĂ©ried’évĂ©nements et de revendications identitaires berbĂšres,certes, mais qui ne participaient pas tous de l’objectifactuel du MAK. Ces Ă©vĂ©nements se sont tous dĂ©roulĂ©s dansdes contextes spĂ©cifiques, mais pas forcĂ©mentindĂ©pendants les uns des autres. Mais il est certain que niles « BerbĂ©ro-matĂ©rialistes » des annĂ©es 40, ni leMouvement culturel berbĂšre de 1980 n’avaient pourobjectif une autonomie ni encore moins une hypothĂ©tiquesouverainetĂ© de la Kabylie.NĂ©anmoins, il est certain aujourd’hui que la crĂ©ation d’unmouvement pour l’autodĂ©termination de la Kabylie estperçue par une grande partie de ses partisans comme uneĂ©volution logique.Le rejet global du pouvoir et des forces politiquestraditionnelles algĂ©riennes n’en est qu’un aspect. LarĂ©orientation stratĂ©gique est davantage le fruit del’expĂ©rience empirique. En effet, les autonomistes etsouverainistes kabyles, aprĂšs s’ĂȘtre investis dans ladĂ©mocratisation du pays pour la reconnaissance del’amazigh et de l’arabe algĂ©rien, se rendent compte quetous ces efforts n’ont pas abouti aux rĂ©sultats attendus etcommencent Ă  se dĂ©tourner de certaines idĂ©es, jusque-lĂ fortement ancrĂ©es dans les consciences des militants,comme celle de croire en un amazigh commun, pourfocaliser depuis 2001 leurs revendications sur la seuleKabylie.Le MAK a annoncĂ© son intention de passer la vitessesupĂ©rieure en passant de l’objectif d’« autonomie » Ă  celuid’« autodĂ©termination ». La rĂ©union du conseil national duMAK en session ordinaire le 4 octobre 2013 dans le villaged’Ath Hamdoune, en Kabylie, aboutit Ă  l’annonce que leMAK passera de l’autonomie Ă  l’autodĂ©termination ets’appellera dĂ©sormais « Mouvement pourl’autodĂ©termination de la Kabylie ». Cette Ă©volution est

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

22 de 46 21/02/2018 13:20

Page 23: Des revendications linguistiques aux projets d

72

73

74

75

76

motivĂ©e selon les congressistes par le fait que le concept dedroit Ă  l’autodĂ©termination prĂ©senterait au moins deuxavantages, que la base militante et le citoyen kabylepeuvent comprendre aisĂ©ment :1. Le droit Ă  l’autodĂ©termination est tout simplement unexercice de dĂ©mocratie. C’est un rĂ©fĂ©rendum par lequelchaque citoyen est appelĂ© Ă  s’exprimer en son Ăąme etconscience sur le mode de gouvernance qu’il souhaite pourle peuple.2. Il recouvre toutes les possibilitĂ©s qui peuvent seprĂ©senter pour l’avenir politique de la Kabylie, aussi bien lestatu quo que l’évolution vers une gouvernance kabyledans le cadre interne de l’AlgĂ©rie (autonomie) ou dans uncadre externe, autrement dit l’indĂ©pendance.À travers ce droit Ă  l’autodĂ©termination, le MAK ditchercher Ă  rendre la parole au peuple kabyle au momentopportun afin qu’il soit en mesure de choisir librement lestatut politique qui lui sied (Le Matin du 6 octobre 2013).Cette dĂ©cision a Ă©tĂ© rendue publique dans un communiquĂ©en date du 28 octobre 2013 et repris, entre autres, parl’agence de presse du MAK, Siwel48.Il est intĂ©ressant de relever que le droit international,notamment Ă  travers l’ONU, reconnaĂźt ce droit qui avaitĂ©tĂ© abondamment utilisĂ© par les pays encore sousdĂ©pendance coloniale dans les annĂ©es 50 et 60 du siĂšcledernier. Ce droit continue par ailleurs de constituer unrecours pour un certain nombre de nations sans État, dontcertains trĂšs mĂ©diatisĂ©es comme les QuĂ©bĂ©cois, lesÉcossais et surtout derniĂšrement les Catalans. Toutes cesnations aspirent Ă  obtenir l’indĂ©pendance de leurs paysrespectifs Ă  travers l’organisation d’un rĂ©fĂ©rendum.Il est clair que la situation diffĂšre Ă©normĂ©ment selon qu’ils’agit de pays Ă  longue tradition dĂ©mocratique comme leCanada ou la Grande-Bretagne. MĂȘme l’Espagne, qui pourle moment ne peut pas encore ĂȘtre qualifiĂ©e de dĂ©mocratiede haute facture, prĂ©sente une situation qui est auxantipodes de celle de l’AlgĂ©rie, considĂ©rĂ©e commefonciĂšrement anti-dĂ©mocratique. Dans l’état actuel des

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

23 de 46 21/02/2018 13:20

Page 24: Des revendications linguistiques aux projets d

77

78

79

choses, le MAK n’a pratiquement aucune chance d’obtenirgain de cause. Pourtant, son travail a obtenu de grandsrĂ©sultats ces derniĂšres annĂ©es en devenant, sans aucundoute, le mouvement politique le plus mobilisateur de laKabylie et ce, aux dĂ©pends, par exemple, du RCD ousurtout du FFS. Ce dernier n’hĂ©site pas d’ailleurs Ă  accuserle gouvernement algĂ©rien, Ă  travers les scandales decorruption qui l’ont affectĂ©, d’ĂȘtre Ă  l’origine de l’avancĂ©edu MAK49. Il est intĂ©ressant de noter que ces arguments(l’intransigeance de l’État comme fabrique desindĂ©pendantistes) rappellent ceux avancĂ©s en Espagnepour expliquer l’avancĂ©e des indĂ©pendantistes enCatalogne ces derniĂšres annĂ©es50.Outre les mĂ©dias algĂ©riens, les rĂ©seaux sociaux ont relevĂ©que les manifestations du MAK dans la diaspora (Paris etMontrĂ©al) et celles du 20 avril 2016 en Kabylie (Bouira,BejaĂŻa et surtout Tizi-Ouzou) ont mobilisĂ© une vĂ©ritablemarĂ©e humaine51. MĂȘme si les mĂ©dias nationaux algĂ©riensont essayĂ© de minimiser ou de taire ces Ă©vĂ©nements,d’autres, Ă©mettant d’Europe, comme la Magharibia ouFrance 24 ont mĂȘme offert au leader du MAK une tribunepour qu’il prĂ©sente ses idĂ©es (Siwel, 19 avril 2016).Ce saut qualitatif du MAK n’est certainement pas dĂ» auhasard mais au grand travail effectuĂ© notamment par lesmilitants en Kabylie, par leur charismatique prĂ©sident,Bouaziz Ait-Chebib, mais aussi grĂące Ă  une stratĂ©gie decommunication multiforme dont un travail de lobbyingdiplomatique menĂ© par le gouvernement provisoire deKabylie (GPK) sous la direction de Ferhat Mehenni.Il est Ă©galement intĂ©ressant de relever que le MAKcommence Ă  avoir un certain impact sur la politiquerĂ©gionale des États nord-africains. Depuis le Maroc, ondemande aux AlgĂ©riens « d’appliquer le droit Ă l’autodĂ©termination » – que ces derniers dĂ©fendent dans lecas des Sahraouis – Ă©galement aux « Kabyles et au SudalgĂ©rien52 ». Le reprĂ©sentant du Royaume du Maroc amĂȘme exprimĂ© dans le cadre de la 70e session del’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’ONU, le 27 octobre 2015, le

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

24 de 46 21/02/2018 13:20

Page 25: Des revendications linguistiques aux projets d

80

81

82

« Le Projet d’un Etat kabyle (PEK) a Ă©tĂ© rĂ©Ă©crit de maniĂšreĂ  Ă©carter dĂ©finitivement toute autre option pour notreMouvement en dehors de l’indĂ©pendance du peuplekabyle. Le droit Ă  l’autodĂ©termination de la Kabylie quireste notre objectif stratĂ©gique est bel et bien redĂ©finicomme celui de notre indĂ©pendance et non celui d’un autrestatut54. »

soutien de son pays au droit du peuple kabyle Ă l’autodĂ©termination53, mĂȘme s’il est clair que cette positions’inscrit dans le cadre des escarmouches rĂ©guliĂšres entreles deux pays Ă  propos de la question du Sahara occidental.Du point de vue strictement idĂ©ologique, le discours duMAK s’insĂšre largement dans la globalisation, la modernitĂ©dans laquelle il aspire Ă  une redĂ©finition du rĂŽle de certainsindicateurs religieux, culturels ou idĂ©ologiques qui serventpour la formation et la constitution d’une nouvelleconscience identitaire kabyle. Ainsi, le vieux conceptd’ethnicitĂ© laisse le champ au concept de « languepropre », empruntĂ© Ă  la sociolinguistique catalane, commeĂ©lĂ©ment qui vertĂšbre et cimente le projet kabyle. Le choix,ouvertement laĂŻc, implique une distanciation par rapportau rĂŽle prĂ©pondĂ©rant que joue actuellement l’islam dansl’AlgĂ©rie post-indĂ©pendance comme religion d’État. Lareligion cesserait de fonctionner comme un trait dĂ©finitoirede l’identitĂ© kabyle pour s’ouvrir Ă  la diversitĂ© religieuse (leMAK a durement critiquĂ© les attaques contre les Ă©glisesĂ©vangĂ©liques en Kabylie).

MalgrĂ© toutes ces avancĂ©es, ou peut-ĂȘtre en raison de sonsuccĂšs, notamment auprĂšs des jeunes, la direction duMAK/ANAVAD fera, dans sa lancĂ©e, un autre pas lors d’undiscours devant les militants Ă  Montreuil, en France, le 25septembre 2016. Son prĂ©sident, Ferhat Mehenni,annoncera une « autre lecture du TroisiĂšme congrĂšs duMAK » du 26 fĂ©vrier 2016 :

Un pas supplémentaire qui creusera probablement les

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

25 de 46 21/02/2018 13:20

Page 26: Des revendications linguistiques aux projets d

83

84

85

diffĂ©rences entre le prĂ©sident du GPK, en exil, et celui duMAK, en Kabylie, et aboutira Ă  la dĂ©mission de ce dernierle 16 novembre 201655. Le retrait de ce personnagecharismatique et apprĂ©ciĂ© par les militants, qui avait Ă©tĂ©reconduit par le dernier congrĂšs du MAK, entraĂźnera uncertain nombre de dĂ©missions et de grands dĂ©bats entre lesmilitants sur les rĂ©seaux sociaux et ne manquera pas deprovoquer une scission au sein des troupes du MAK,partagĂ©es dĂ©sormais entre partisans d’une large autonomieet partisans d’une indĂ©pendance kabyle, le tout dans uncontexte de pression et de rĂ©pression des militants actifsen Kabylie, qui souffrent d’intimidations de toutes sortes.Loin de se ressaisir, la direction du MAK radicalise saposition en accĂ©lĂ©rant la cadence avec la crĂ©ation d’unparlement en exil Ă  MontrĂ©al, au Canada56, et enprĂ©sentant un projet de nomination « d’ambassadeurs » duGPK dans le monde57. C’est dans ce contexte que seraannoncĂ©e la crĂ©ation d’un nouveau mouvement politiquesur la scĂšne kabyle le 26 fĂ©vrier 2017 : le Rassemblementpour la Kabylie (RPK) 58.Ce parti est nĂ© d’une sĂ©rie de rĂ©unions qui ont regroupĂ© desautonomistes kabyles – non indĂ©pendantistes – quirĂ©sument leurs positions dans un « Manifeste kabyle »publiĂ© la premiĂšre fois dans la presse algĂ©rienne en janvier201459. La diffĂ©rence fondamentale entre cette nouvelleformation politique et le MAK rĂ©side dans le fait que leRPK s’inscrit dans la lĂ©galitĂ© et dans un espace nationalalgĂ©rien. La Kabylie, selon le coordinateur de cemouvement, « fait partie de l’AlgĂ©rie et doit y rester60 ».Il ne fait pas de doute que le contexte favorise ce projet duRPK. Ce dernier profitera sans doute du fait que le choixexclusif du MAK pour l’indĂ©pendance laisse « orpheline »sa frange autonomiste et qui se sentait exclue par cetterĂ©orientation de la prĂ©sidence du GPK/MAK. Le RPKpourra donc « hĂ©riter » du travail formidable demobilisation fait par le MAK depuis sa crĂ©ation en 2001pour proposer aux exclus idĂ©ologiques de ce mouvementun cadre et un espace d’action que le MAK avait

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

26 de 46 21/02/2018 13:20

Page 27: Des revendications linguistiques aux projets d

86

87

88

« Il est absolument inconcevable que, sur tous les modĂšlesd’organisation Ă©tatique qui ont prouvĂ© leur soliditĂ© et leurefficience, nous ayons choisi celui, jacobin, qui convientpeut-ĂȘtre Ă  la France mais pas Ă  un pays aussi immensedans sa gĂ©ographie et aussi divers dans ses ethnies et sescultures. L’Espagne, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Russie,la Chine sont des modĂšles que nous avons, hĂ©las, refusĂ© desuivre64. »

volontairement supprimé.

L’officialisation de la langue berbĂšre en AlgĂ©rie, introduitelors de la derniĂšre modification constitutionnelle endĂ©cembre de 2015 et adoptĂ©e par le Parlement algĂ©rien le 7fĂ©vrier 201661, n’a guĂšre changĂ© les choses pour le MAK quiconsidĂšre cette revendication comme dĂ©passĂ©e. Enrevanche, la naissance du MAK et surtout l’extension dumouvement sont en train de provoquer un dĂ©bat sur lesystĂšme de gouvernance en AlgĂ©rie. Des journaux depremiĂšre importance ne peuvent plus ignorer son impactet commencent Ă  ouvrir leurs colonnes aux animateurs duMouvement comme Ferhat Mehenni ou l'ex-prĂ©sident duMAK, Bouaziz Ait Chebib62.Peu Ă  peu, le dĂ©bat s’ouvre – encore timidement, certes –sur d’autres options politiques et formes de gouvernancecomme par exemple celle d’une AlgĂ©rie fĂ©dĂ©rale63, mĂȘme sile thĂšme demeure largement tabou dans la pressealgĂ©rienne et les dĂ©bats publics. MĂȘme si on n’ose pasencore la nommer, l’autonomie rĂ©gionale est citĂ©e commeune possibilitĂ© de gouvernance par des journalistesalgĂ©riens nationalistes comme Maamar Farah :

Certaines personnalitĂ©s publiques, kabyles Ă©galement,comme l’avocat et vieux militant MaĂźtre Ali Yahia,prĂ©sident de la Ligue des droits de l’homme, dĂ©clare sansambages qu’il faut reconnaĂźtre le mouvement pourl’autonomie de la Kabylie65. Sans toujours apporter un

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

27 de 46 21/02/2018 13:20

Page 28: Des revendications linguistiques aux projets d

89

« Il existe un besoin, plus visible et moins censurĂ© enKabylie, d’une libĂ©ration des mƓurs et d’une sortie plusque jamais nĂ©cessaire de l’aliĂ©nation dogmatique gaiemententretenue par les pouvoirs centraux. Cela peut paraĂźtreinsignifiant, mais il y a bien une raison pour qu’une bonnepartie de la sociĂ©tĂ© algĂ©rienne « mĂ©crĂ©ante » prenne laroute vers ce « territoire » afin d’y goĂ»ter aux libertĂ©s etaux plaisirs simples ou d’y « manger le Ramadan » sansĂȘtre terrorisĂ©e par une Ă©ventuelle descente de police suivied’un procĂšs ! Cette raison est que la Kabylie, qu’on leveuille ou non, est la seule rĂ©gion Ă  rĂ©sister encore audouble diktat social et religieux, Ă  ĂȘtre plus ou moinsĂ©pargnĂ©e par la victoire idĂ©ologique des islamistes et Ă porter en elle les germes d’une sĂ©cularisation possible.Laquelle est Ă©videmment impensable dans le giron d’unEtat qui impose “sa” religion Ă  l’intĂ©gralitĂ© de ses citoyenset qui a prouvĂ©, au fil de l’histoire, sa totale impermĂ©abilitĂ©au changement. Entre cette AlgĂ©rie soumise etconfortablement installĂ©e dans le dogmatisme etl’inquisition et cette Kabylie oĂč le dialogue est possible,Ferhat n’a fait que choisir. On ne peut continuerĂ©ternellement Ă  faire passer ce choix pour un crimeimpardonnable. Le vrai dĂ©bat surviendra un jour :l’histoire n’en sera que plus logique ! »

« Ayant Ă©tĂ© mal faite, l’AlgĂ©rie est appelĂ©e Ă  ĂȘtre refaite. On

appui explicite Ă  la dĂ©marche du MAK, certainespersonnalitĂ©s publiques trĂšs importantes comme lechanteur kabyle Idir demandent au moins d’écouter sespropositions sans les diaboliser66. Peu Ă  peu, desjournalistes commencent Ă  se poser la question de savoirs’il ne faut pas Ă©galement chercher les maux ailleurs quedans le « sĂ©paratisme » du fondateur du MAK. C’est cequ’exprime le mieux la journaliste Sarah Haidar (2015)dans le journal Le Soir d’AlgĂ©rie67:

Aujourd’hui, mĂȘme des hommes politiques – non Kabyles– comme Noureddine Boukrouh (2016) en arrivent Ă qualifier l’AlgĂ©rie de « fausse nation68 ». L’auteur, qui Ă©vitesoigneusement de mentionner le MAK dans tout son texte,commence en rappelant que :

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

28 de 46 21/02/2018 13:20

Page 29: Des revendications linguistiques aux projets d

90

91

92

93

94

ne sait quand ni Ă  quel prix, mais presque tout devra ĂȘtrerefait un jour. »

Eu Ă©gard Ă  l’évolution qualitative des revendications, ilsemble assez clair qu’une des premiĂšres conclusions Ă  tirerest que l’option souverainiste a Ă©tĂ© provoquĂ©e, ou en touscas renforcĂ©e, par l’inflexibilitĂ© du gouvernement central etpar la gestion catastrophique des revendications amazighesdepuis le dĂ©but des protestations massives d’avril 1980.L’avancĂ©e du MAK a aujourd’hui des consĂ©quences sur laprise de conscience de la question amazighe Ă pratiquement tous les niveaux. Il ne fait pas de doute quel’officialisation de la langue amazighe en AlgĂ©rie participed’une tentative de dĂ©sactivation de « l’effet MAK » enKabylie. Aujourd’hui, l’État assume publiquementl’amazighitĂ© de l’AlgĂ©rie, et bien peu de partis refusent denos jours son officialisation. MĂȘme des islamistes commeAli Benhadj dĂ©clarent que c’est l’État algĂ©rien qui crĂ©e lescrises et que « si le gouvernement algĂ©rien avait pris encompte – en son temps – les revendications amazighesnous n’en serions pas lĂ 69 ».Aujourd’hui, des quotidiens algĂ©riens de tirage nationalcomme Le Soir d’AlgĂ©rie revoient leur copie enreconnaissant dĂ©sormais que « le MAK est en train degagner du terrain en Kabylie et [que] ses idĂ©es deviennentprogressivement discutables aprĂšs avoir Ă©tĂ© longtempshaĂŻssables70 ».AprĂšs plus de quinze ans d’existence, l’optionexclusivement « souverainiste » du GPK/MAK sembleentrer dans une phase de confusion. La rĂ©pression, lemanque de perspective d’une solution pacifique etconsensuelle sur le terrain ainsi que les doutes sur lesrisques qu’induisent des positions de rupture totale pourl’intĂ©gritĂ© et la paix en Kabylie semblent ouvrir la voie Ă d’autres options, qui semblent plus « rĂ©alistes ».L’irruption du RPK en fĂ©vrier 2017, qui aspire Ă  un statut

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

29 de 46 21/02/2018 13:20

Page 30: Des revendications linguistiques aux projets d

95

96

particulier de la Kabylie tout en se rĂ©clamant de l’espacenational algĂ©rien, ouvre un nouvel espace de dĂ©bat quipourrait la « rĂ©concilier » avec une opposition« algĂ©rienne » dĂ©mocratique – certes encore infime – maisqui pourrait voir dans ce discours une chance de rĂšglementde la « question kabyle » tout en coupant les ailes auxindĂ©pendantistes du GPK/MAK.La naissance du RPK vient du point de vue stratĂ©giqueoccuper l’espace dĂ©laissĂ© par le MAK et profitera duformidable mouvement de mobilisation dont lesautonomistes et les indĂ©pendantistes kabyles ont fait ladĂ©montration lors des manifestations d’avril 2016. LacrĂ©ation d’un parti autonomiste, mais lĂ©galiste ets’inscrivant dans une perspective algĂ©rienne, met enmauvaise posture le gouvernement actuel qui aura Ă prĂ©sent plus de difficultĂ©s Ă  justifier son refus de donnerun agrĂ©ment Ă  un parti politique qui se dĂ©clare algĂ©rienmais proposant une autre forme de gouvernance : un typede fĂ©dĂ©ralisme asymĂ©trique, encore Ă  dĂ©finir et en tous casune refondation de l’État-nation que beaucoup ne cessentd’exiger et de considĂ©rer comme le problĂšme fondamentalde l’AlgĂ©rie71. Certes, les lois algĂ©riennes ne permettent pasdans les circonstances actuelles d’espĂ©rer un agrĂ©mentpour ce nouveau parti. Ses idĂ©es sont encore loin d’obtenirl’aval d’une majoritĂ© au sein du parlement ou mĂȘme dupeuple algĂ©rien, trop longtemps formatĂ© au discoursnationaliste, unanimiste et monolithique. Mais c’estcertainement une lĂ©gĂšre avancĂ©e, d’autant plus que l’article5 de l’ordonnance 1997 sur les partis politiques, quiinterdisait la crĂ©ation de partis politiques sur des basesreligieuses, linguistiques ou rĂ©gionales72, a Ă©tĂ© rĂ©duit dansle texte rĂ©visĂ© de 201273 Ă  la seule religion, mĂȘme si cescontraintes rĂ©apparaissent sous une autre forme dansl’article 24. La balle est plus que jamais dans le campgouvernemental, qui doit dĂ©sormais affronter lerenforcement de fait des rangs autour des revendicationsspĂ©cifiquement kabyles.Ce mouvement gagnera-t-il Ă©galement les autres pays de

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

30 de 46 21/02/2018 13:20

Page 31: Des revendications linguistiques aux projets d

97

98

Tamazgha ? Difficile de le dire tant les conditions diffĂšrentd’un pays Ă  l’autre. On constate que le MAK a commencĂ© Ă faire des Ă©mules dans d’autres rĂ©gions berbĂ©rophones,aussi bien en AlgĂ©rie (Mzab, Chawiyas) qu’au Maroc (Rif,Grand Souss), voire mĂȘme en Libye oĂč, aprĂšs lesautonomistes de la rĂ©gion est du pays, les BerbĂšrescommencent Ă  parler Ă©galement d’autodĂ©termination74. AuMaroc, le Mouvement pour l’autonomie du Rif s’appuienotamment sur l’expĂ©rience de la RĂ©publique du Rif, qui afonctionnĂ© comme un « Etat » indĂ©pendant entre 1920 et192675, pour dĂ©velopper dans ses discours la revendicationdu rifain en lieu et place de l’amazigh standard dĂ©veloppĂ©par l’IRCAM76. Difficile d’évaluer la force de la tendanceautonomiste rifaine, probablement trĂšs limitĂ©e jusqu’àprĂ©sent. Cette perspective se voit, cependant,considĂ©rablement renforcĂ©e depuis la mort horrible d’unjeune poissonnier rifain, Mohcine Fikri (31 ans), broyĂ©dans une benne Ă  ordures le 20 octobre 2016 Ă  AlHoceima, en plein cƓur du Rif. La colĂšre suscitĂ©e par lamort tragique de ce jeune et modeste travailleur n’est passans rappeler celle de Mohamed Bouazizi, jeune Tunisienqui s’était immolĂ© en Tunisie le 4 janvier 2011 et dont lamort annonça le « Printemps arabe ».Dans les deux cas, ces morts seront suivies par de trĂšsfortes mobilisations populaires qui exprimeront leur colĂšreface Ă  cette injustice. Nous sommes en plein cadrediagnostique : « le problĂšme », sa cause et son ampleursont dĂ©finis et caractĂ©risĂ©s, et la responsabilitĂ© attribuĂ©e :l’absence de justice et un Makhzen qui maltraite le Rif.La forte rĂ©pression qui s’est abattue sur les participants,notamment depuis l’arrestation de leur figure visible,Nasser Zefzafi, le 29 mai 2017, accusĂ© « d’atteinte Ă  lasĂ©curitĂ© intĂ©rieure de l’État77 », ne fait que renforcer cesentiment. Les manifestations et les actions de protestations’articulent autour d’un « Mouvement populaire du Rif »,crĂ©Ă© autour de Zefzafi et connu localement sous le nom deážȘirāk ArrÄ«f (al កirāk aĆĄ-ĆĄaʕbÄ« fÄ« RÄ«f ) en arabe et Amussuagherfan n Arrif en amazigh. Les objectifs sont formulĂ©s,

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

31 de 46 21/02/2018 13:20

Page 32: Des revendications linguistiques aux projets d

99

des solutions proposĂ©es et des mĂ©thodes d’action etd’adaptation Ă  la rĂ©pression sont prescrites auxmanifestants.Bien que les revendications de ce mouvement soientjusqu’à prĂ©sent strictement d’ordre Ă©conomique et social, iln’en demeure pas moins qu’un cocktail explosif desentiments de hogra est prĂ©sent depuis trĂšs longtempsdans la rĂ©gion. Ces sentiments sont alimentĂ©s par lasensation d’abandon par l’État central depuisl’indĂ©pendance du pays, par les douloureux souvenirs desrĂ©pressions de la fin des annĂ©es 50 et surtout de l’époquede la RĂ©publique d’Abdelkrim al-Khettabi. La conjonctionde ces facteurs et du particularisme linguistique et culturelrenforce les sentiments d’une appartenance commune etd’une « spĂ©cificitĂ© rifaine » qui se manifeste par desdrapeaux amazighs et de la RĂ©publique du Rif, fiĂšrementbrandis lors des manifestations dans le Rif et dans ladiaspora, mais aussi et surtout par la construction d’undiscours de reprĂ©sentation de la situation comme injuste etdiscriminatoire. L’accord sur le diagnostic de la situationest construit pour le moment autour de revendicationsĂ©conomiques et sociales. NĂ©anmoins, tous les ingrĂ©dientssemblent converger vers le renforcement d’unerevendication identitaire qui semble vouloir aller bien au-delĂ  de la simple reconnaissance de l’amazigh commelangue officielle au Maroc.

ABELFATTAH LAMI N., « Du mythe de l’isolat kabyle »,Cahier d’études africaines, nÂș 175, 2004, p. 507-531.

ABROUS D., « Le Haut-Commissariat Ă  l’AmazighitĂ© ou lesmĂ©andres d’une phagocytose », Annuaire de l’Afrique duNord, 34, Paris, CNRS Ă©ditions, 1995, p. 583-590.

ACHAB R., La NĂ©ologie lexicale berbĂšre (1945-1995), Paris-Louvain, Peeters, 1996.

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

32 de 46 21/02/2018 13:20

Page 33: Des revendications linguistiques aux projets d

BELLAL S., « Dutch disease et désindustrialisation enAlgérie, une approche critique », Revue du chercheur,2013, p. 1-13.

BELLIL R., HACHI S., « RĂ©flexions sur le mouvementculturel populaire en AlgĂ©rie : la culture et le centralisme »,Tafsut, nÂș 1, Tizi Ouzou, CitĂ© universitaire, 1981, p. 13,[Revue clandestine du Mouvement berbĂšre, sĂ©rie“normale”].

BENFORD R.D. et al., « Processus de cadrage etmouvements sociaux : présentation et bilan », Politix,3/99, 2012, p. 217-255.

BENFORD R.D., SNOW D.A., « Framing processes and socialmovements: an overview and assessment », AnnualReview of Sociology, 26, 2000, p. 611-639.

BENNIS S., « SociĂ©tĂ© civile et nouveaux paradigmesconceptuels : le concept de hogra », Ă  consulter sur le sitedu Centre d’études et de recherches en sciences socialeshttp://www.cerssma.org/new/index.php?option=com_content&view=article&id=279:societe-civile-et-nouveaux-paradigmes-conceptuels--le-concept-de-l-hogra-r&catid=86:article-bennis&Itemid=108, mercredi 9 janvier 2013 [consultĂ© le5/07/2017].

BOUTEFLIKA A., Discours Ă  la Nation (Alger, mardi 12 mars2002), [en ligne] URL : http://www.el-mouradia.dz/francais/president/recherche/presidentrech.htm[consultĂ© le 12/11/ 2015].

CANUT C., « À la frontiĂšre des langues : figures de ladĂ©marcation », Cahiers d’études africaines, nÂș 163-164,XLI-3-4, 2001, p. 443-463.

CASTELLANOS C. et al., (dir.), Actes de la RencontreKabylie-Catalogne : identités nationales et structuresétatiques dans le contexte méditerranéen, Barcelone, 13 et

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

33 de 46 21/02/2018 13:20

Page 34: Des revendications linguistiques aux projets d

14 septembre 2002, Paris, Editions berbĂšres, 2008.

CHAKER R., « Journal des Ă©vĂ©nements de Kabylie (mars-mai 1980) », Les Temps modernes, AlgĂ©rie : espoirs etrĂ©alitĂ©s, nÂș 432-433 (juillet-aoĂ»t 1982), p. 383-438.

CHAKER S., « L’affirmation identitaire berbĂšre Ă  partir de1900 : constantes et mutations (Kabylie) », Revue del’Occident musulman et de la MĂ©diterranĂ©e, 44/1, 1987, p.13-34.

CHOULI L., « Les mouvements sociaux de 1998 et 2011 auBurkina Faso comme indices et réponses à la crise de lareprésentation politique », Le Retour de la questionpolitique : crise de la représentation et luttesdémocratiques en Afrique, 4e Colloque international deDakar, 22-24 mai 2013 (à consulter sur :essai.gabrielperi.fr/IMG/pdf/7-lila_chouli.pdf [consulté le3/07/2017].

CONTAMIN J.G., « Cadrages et luttes de sens », dans Penserles mouvements sociaux : conflits sociaux et contestationsdans les sociétés contemporaines, sous la dir. OlivierFillieule et al., Paris, La Découverte, 2010, p. 56-75.

DE SCHUTTER H., « The Linguistic Territoriality Principle,A critique », Journal of Applied Philosophy, vol. 25, No. 2,2008, p. 105-120.

Front des forces socialistes, L’Alternative dĂ©mocratiquerĂ©volutionnaire Ă  la catastrophe nationale : avant-projetde plateforme politique, brochure interne, mars 1979.Disponible sur : https://leseditionsachab.wordpress.com/2016/05/20/ffs-1979-avant-projet-de-plateforme-politique-lalternative-democratique-revolutionnaire-a-la-catastrophe-nationale/ [consultĂ© le 7/06/2016].

GEISSER V., « Trop diplĂŽmĂ©s pour ĂȘtre honnĂȘtes : la hogrades immigrĂ©s en “col blanc” », Migrations SociĂ©tĂ©, vol. 138,n° 6, 2011, p. 3-12.

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

34 de 46 21/02/2018 13:20

Page 35: Des revendications linguistiques aux projets d

GUENNOUN A., Chronologie du mouvement berbĂšre1945-1990 : un combat et des hommes, Alger, CasbahEditions, 1999.

ILIKOUD O., « FFS et RCD : partis nationaux ou partiskabyles ?», Revue des mondes musulmans et de laMĂ©diterranĂ©e, [en ligne], 2011/111-112 | mars 2006, mis enligne le 08/12/ 2011, URL :http://remmm.revues.org/2870 [consultĂ© le 14/07/2015].

ISSAD M., Rapport prĂ©liminaire de la Commissionnationale d’enquĂȘte sur les Ă©vĂ©nements de Kabylie (juillet2001), [2001], [en ligne] URL : http://www.algeria-watch.de/farticle/revolte/issad_rapport.htm [consultĂ© le16/10/2015].

La Question amazighe : interrogations actuelles 
 Actesde la table ronde organisée par le MCB-France, Paris 21avril 1996, Paris, Publications MCB-France.

Kabylie : lŽautonomie en débat, Actes du séminairedŽEcancourt-France, 1-3 mars 2002, Paris, TrÚfleCommunication.

KLANDERMANS B., OEGEMA D., « Potentials, Networks,Motivations, and Barriers: Steps Towards Participation inSocial Movements », American Sociological Review, 52,1987, p. 519-531.

KLANDERMANS B., « Mobilization and Participation: SocialPsychological Expansions of Resource MobilizationTheory », American Sociological Review 49, 1984,p. 583-600.

MADARIAGA M.R. de, España y el Rif. Crónica de unahistoria casi olvidada, Melilla, La biblioteca de Melilla,tercera edición, 2008.

MEHENNI F., Algérie : la question kabyle. Essai, Paris,Editions Michalon, 2004.

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

35 de 46 21/02/2018 13:20

Page 36: Des revendications linguistiques aux projets d

OUERDANE A., « Un conflit Ă  plusieurs faces : “la criseberberiste” de 1949 », Revue de l’Occident musulman et dela MĂ©diterranĂ©e, nÂș 44, 1987, p. 35-47.

OUERDANE A., La Question berbÚre dans le mouvementnational algérien, 1926-1980, Québec, Sillery ; Paris,Septentrion, 1990.

ROBERTSON R., « Glocalization: time and space andhomogeneity-heterogeneity », dans Global Modernities,sous la dir. de M. Featherstone et al., London, ThousandOaks, New Delhi, Sage Publications, 1995, p. 25-43.

SNOW D.A., « Analyse des cadres et mouvements sociaux »,dans Les Formes de l’action collective, sous la dir. deDaniel CefaĂŻ et Danny Trom, Paris, Éditions de l’EHESS,2001, p. 1-21.

TILMATINE M., « L’Etat-nation face Ă  la revendicationberbĂšre : quel(s) modĂšle(s) pour l’AlgĂ©rie ? », La Questionamazighe : interrogations actuelles, Actes de la table-ronde organisĂ©e par le MCB-France, 21 avril 1996, Paris,MCB-France, 1996a, p. 33-44.

TILMATINE M., « Cabilia i les eleccions algerianes »,Europa de les Nacions, nÂș 71, 2009, p. 36-40.

TILMATINE M., « BerbĂšre/Amazigh ou Kabyle ? Évolutionet fluctuation d’une dĂ©nomination en contexte d’idĂ©ologiesdominantes », Quaderni di Studi Berberi e Libico-berberi(Studi Africanistici), nÂș 4, 2015, p. 387-414.

TILMATINE M., « Identidades y lenguas emergentes delMediterråneo en el contexto de la crisis en Europa: el casodel amazige (bereber) en Cataluña », dans Nación yMigración. España y Portugal frente a las migracionescontemporåneas, sous la dir. de Cornelia Siebert et al.,Madrid, Biblioteca Nueva, 2015a, p. 261- 275.

TILMATINE M., « Arabization and Linguistic Domination:

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

36 de 46 21/02/2018 13:20

Page 37: Des revendications linguistiques aux projets d

1. Cet article s’inscrit dans le cadre des rĂ©sultats de deux projets derecherche intitulĂ©s « Jeunesses, changement social, politique etsociĂ©tĂ©s en rĂ©seaux en MĂ©diterranĂ©e : le cas des pays maghrĂ©bins »(CSO2011-29438-C05-04) (2012-2014) et « ProblĂšmes publics etmilitantisme au Maghreb : la participation sociale et politique desjeunes dans leur dimension locale et transnationale »(CSO2014-52998-C3-2-P) (2015-2017), financĂ©s par le ministĂšreespagnol de l’Économie et de la CompĂ©titivitĂ©.

2. J.G. Contamin, « Cadrages et luttes de sens », dans Penser lesmouvements sociaux : conflits sociaux et contestations dans lessociétés contemporaines, sous la dir. de Olivier Fillieule et al., Paris,La Découverte, 2010, p. 57.

3. D. Snow, « Analyse des cadres et mouvements sociaux », dans LesFormes de l’action collective, sous la dir. de Daniel CefaĂŻ et DannyTrom, Paris, Éditions de l’EHESS, 2001, p. 8.

4. R. Benford, D.A. Snow, « Framing processes and social movements:an overview and assessment », Annual review of Sociology, 26, 2000,p. 611-639.

5. B. Klandermans, « Mobilization and Participation : SocialPsychological Expansions of Resource Mobilization Theory »,American Sociological Review, 49, 1984, p. 583-600.

6. B. Klandermans, D. Oegema, « Potentials, Networks, Motivations,and Barriers: Steps Towards Participation in Social Movements »,American Sociological Review, 52, 1987, p. 519-531.

7. R. Benford et al., « Processus de cadrage et mouvements sociaux :prĂ©sentation et bilan », Politix, 3/99, 2012, p. 217-255.

8. S. Chaker, « L’affirmation identitaire berbĂšre Ă  partir de 1900 :constantes et mutations (Kabylie) », Revue de l’Occident musulman etde la MĂ©diterranĂ©e, 44/1, 1987, p. 13-34.

9. Cf. A. Guennoun, Chronologie du mouvement berbĂšre 1945-1990,

Berber and Arabic en the North of Africa », dans LanguageEmpires in Comparative Perspective : colonial andPostcolonial Linguistics, vol. 6, 2015, 1-17

ZOUA MIA R., « L’introuvable pouvoir local », Insaniyat /Ű„Ù†ŰłŰ§Ù†ÙŠŰ§ŰȘ [En ligne], nÂș 16, 2002, URL :http://insaniyat.revues.org/7698 [consultĂ© le14/06/2016].

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

37 de 46 21/02/2018 13:20

Page 38: Des revendications linguistiques aux projets d

Alger, Casbah Editions, 1999, p. 21-26 ; A. Ouerdane, « Un conflit Ă plusieurs faces : “la crise berbĂ©riste” de 1949 » dans La QuestionberbĂšre dans le mouvement national algĂ©rien, QuĂ©bec, Sillery ; Paris,Septentrion, 1993.

10. M. Tilmatine, « Arabization and Linguistic Domination: Berberand Arabic en the North of Africa », dans Language Empires inComparative Perspective : Colonial and Postcolonial Linguistics, vol.6, 2015, 1-17.

11. R.D. Benford et al., « Processus de cadrage et mouvements sociaux : prĂ©sentation et bilan », p. 217-255.

12. R. Chaker, « Journal des Ă©vĂ©nements de Kabylie (mars-mai1980) », Les Temps modernes, nÂș 432-433, juillet-aoĂ»t 1982, p.383-438.

13. Ce discours se poursuivra, en revanche, sans discontinuer auMaroc. Voir l’interview de R. Raha par W. El Bouzdaini Ă  dansl’hebdomadaire Maroc Hebdo du 23 au 29 octobre 2015, page 8, danslequel Raha affirme que « l’amazigh est un patrimoine de tous lesMarocains ». http://www.marochebdo.press.ma/rachid-raha-lamazigh-est-un-patrimoine-de-tous-les-marocains/ [consultĂ© le24/10/2015].

14. Les deux documents sont disponibles sur différents sites kabyles.Voir par exemple http://soummam.o.s.f.unblog.fr/files/2009/04/sminairedeyakourendossierculturelaout1980.pdf [consulté le14/10/2015].

15. R. Bellil, S. Hachi, « RĂ©flexions sur le mouvement culturelpopulaire en AlgĂ©rie : la culture et le centralisme », 1981, paru dans larevue clandestine du Mouvement berbĂšre Tafsut, sĂ©rie “normale” liĂ©e Ă l’actualitĂ© du terrain de lutte et lieu de rĂ©flexion sur le mouvement. Ellesera suivie, Ă  partir de 1983, de la sĂ©rie Études et dĂ©bats.

16. Ce concept est composĂ© des termes global et local pour en faire unmĂ©lange (blend). « Nous savons Ă©galement que le concept nous vientdu Japon oĂč l’agriculture a dĂ» adapter des techniques globales auxconditions locales. Plus tard, le terme est passĂ© aux affairesĂ©conomiques. On parlera alors de “localisation globale”, globallocalization, une perspective globale adaptĂ©e, lĂ  Ă©galement, auxconditions locales. Cf. R. Robertson, « Glocalization : time and spaceand homogeneity-heterogeneity », dans Global Modernities, sous ladir. de M. Featherstone et al., London, Thousand Oaks, New Delhi,Sage Publications, 1995, p. 28.

17. Le MCB se composait entretemps de deux branches principales : lesCommissions nationales, proches du FFS et la Coordination nationale,proche du RCD auxquelles il fallait ajouter le Rassemblement national

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

38 de 46 21/02/2018 13:20

Page 39: Des revendications linguistiques aux projets d

crĂ©Ă© par Ferhat Mehenni, depuis son abandon du RCD. Cf. D. Abrous,« Le Haut Commissariat Ă  l’Amazighité  », 1995, p. 584. Sur lesenjeux des conversations et le retrait de la dĂ©lĂ©gation des Commissionsnationales des nĂ©gociations, voir M. Tilmatine, « BerbĂšre/Amazigh ouKabyle ? Évolution et fluctuation d’une dĂ©nomination en contexted’idĂ©ologies dominantes », Quaderni di Studi Berberi e Libico-berberi(Studi Africanistici), nÂș 4, 2015, p. 387-414 2015.

18. D. Abrous, « Le Haut Commissariat Ă  l’AmazighitĂ© ou les mĂ©andresd’une phagocytose », Annuaire de l’Afrique du Nord, 34, Paris, CNRSĂ©ditions, 1995, p. 583-590. 1995, p. 583-590.

19. A. Bouteflika, Discours à la Nation, Alger, 12 mars 2002,http://www.el-mouradia.dz/francais/president/recherche/presidentrech.htm [consulté le 12/11/ 2015].

20. Ibid.

21. Ibid.

22. H. de Schutter, « The Linguistic Territoriality Principle – Acritique », Journal of Applied Philosophy, 25/2, 2008, p. 105-120.

23. M. Issad, Rapport prĂ©liminaire de la Commission nationaled’enquĂȘte sur les Ă©vĂ©nements de Kabylie (juillet 2001), 2001, p. 8,http://www.algeria-watch.de/farticle/revolte/issad_rapport.htm.[consultĂ© le 16/10/2015].

24. Ibid., p. 11.

25. http://www.maghress.com/fr/lobservateur/2300 : « AlgĂ©rie : laKabylie demande le divorce » ; http://www.lematindz.net/news/17254-kabylie-exister-en-dehors-de-la-dictature-algerienne.html : « Kabylie : exister en dehors de la dictaturealgĂ©rienne » ; http://www.lefigaro.fr/international/2011/07/20/01003-20110720ARTFIG00524-en-algerie-la-kabylie-est-une-poudriere.php : « Si le “divorce Ă  l’amiable avec l’AlgĂ©rie” sĂ©duit unefrange importante de la jeunesse Ă©levĂ©e dans le culte de la “rĂ©sistanceau pouvoir central”, l’idĂ©e est dĂ©jĂ  plombĂ©e par le discoursapproximatif des dirigeants de ce mouvement qui tombent parfoisdans la surenchĂšre indĂ©pendantiste. Avec la proclamation, en juin2010 Ă  Paris, d’un “Gouvernement provisoire kabyle” en exil quinavigue Ă  vue, sans ancrage dans le terroir, le MAK suscite la mĂ©fiancedes militants les plus actifs. »

26. Voir, concernant le concept de hogra, A. Abderrahmane, La Hograou l’humiliation du peuple algĂ©rien, Montreuil, Babylone, 1992. Pourson usage en Europe on peut consulter V. Geisser, « Trop diplĂŽmĂ©spour ĂȘtre honnĂȘtes : la hogra des immigrĂ©s en “col blanc” »,Migrations et sociĂ©tĂ©, vol. 138, n° 6, 2011, p. 3-12. Ce concept, qui a Ă©tĂ©vulgarisĂ© en AlgĂ©rie dĂšs l’indĂ©pendance du pays avec la cĂ©lĂšbre formule

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

39 de 46 21/02/2018 13:20

Page 40: Des revendications linguistiques aux projets d

de Ben Bella « Hagrouna », en rĂ©fĂ©rence Ă  la « Guerre des sables » avecle Maroc, prendra plus de force lors des diffĂ©rentes rĂ©voltes quisecoueront le pays, en particulier lors des Ă©vĂ©nements dits du« Printemps noir de Kabylie ». Des photos de manifestantes et demanifestants portant des pancartes avec ce concept – en version arabeou kabyle : tameáž„qranit – ont circulĂ© sur la toile et l’ont largementdivulguĂ©. Ce terme, d’usage courant dans les parlers d’Afrique duNord, s’est entretemps complĂštement Ă©tabli dans les sciences socialeset dĂ©passe mĂȘme le cadre nord-africain pour s’appliquer dans d’autrespays africains comme le Burkina-Faso. Voir Ă  cet effet L. Chouli, « Lesmouvements sociaux de 1998 et 2011 au Burkina Faso comme indiceset rĂ©ponses Ă  la crise de la reprĂ©sentation politique », Le Retour de laquestion politique : crise de la reprĂ©sentation et luttes dĂ©mocratiquesen Afrique, 4e Colloque international de Dakar, 22-24 mai 2013 (Ă consulter sur essai.gabrielperi.fr/IMG/pdf/7-lila_chouli.pdf).Concernant le Maroc, cf. par exemple S. Bennis, « SociĂ©tĂ© civile etnouveaux paradigmes conceptuels : le concept de hogra », Ă  consultersur le site du Centre d’études et de recherches en sciences sociales,http://www.cerss ma.org/new/index.php?option=com_content&view=article&id=279:societe-civile-et-nouveaux-paradigmes-conceptuels--le-concept-de-l-hogra-r&catid=86:article-bennis&Itemid=108, mercredi 9 janvier 2013.

27. Professeur agrĂ©gĂ© de droit, spĂ©cialiste du droit international, Issadest dĂ©cĂ©dĂ© Ă  Paris le 27 avril 2011. Il avait occupĂ©, en 1999, le poste deprĂ©sident de la Commission nationale de rĂ©forme judiciaire (CNRF)avant d’ĂȘtre dĂ©signĂ© par le prĂ©sident Bouteflika pour diriger lacommission d’enquĂȘte sur les Ă©vĂ©nements de Kabylie en 2001.

28. Le concept d’« autonomie personnelle » renvoie dans le texte duFFS aux droits individuels en gĂ©nĂ©ral et au respect des droits del'homme, du droit de sĂ»retĂ©, de mouvement, de l’intĂ©gritĂ© corporelle,de ses opinions, de ses qualitĂ©s imaginatives, de son travail artistique,de sa langue maternelle » (p. 16). Le concept d’« autonomie locale » telque dĂ©fendu par le document du FFS prĂ©conise de revenir aux djemĂąaqui ont permis « Ă  notre Nation et Ă  notre culture de survivre Ă  traversles Ăąges ». Les djemĂąa devraient jouir de pouvoirs Ă©tendus, hors descontraintes tutĂ©laires de l’administration centrale (p. 17-18). Enfin, lesinstitutions de l’autonomie locale et de « l’autonomie rĂ©gionale »doivent selon le FFS « rĂ©sulter d’élections libres [
]. C’est le peuplequi doit choisir et Ă©ventuellement congĂ©dier ses mandataires aussi bienau niveau local qu’au niveau rĂ©gional », (p. 19). Cf. Front des forcessocialistes, « L’alternative dĂ©mocratique rĂ©volutionnaire Ă  lacatastrophe nationale », 1979.

29. M. Moffok, « Le RCD relance son projet de rĂ©gionalisationpositive », Impact24.Info du 3/07/2015, [en ligne] URL :

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

40 de 46 21/02/2018 13:20

Page 41: Des revendications linguistiques aux projets d

http://www.impact24.info/le-rcd-relance-son-projet-de-regionalisation-positive/ [consulté le 12/06/2016].

30. Voir par exemple les positions publiques de certains intellectuelskabyles, notamment celles de S. Chaker, figure prĂ©Ă©minente duMouvement berbĂšre et professeur de linguistique berbĂšre Ă  l’INALCO(Paris). Certaines prises de position Ă  cet Ă©gard sont publiĂ©es parexemple dans La Question amazighe : interrogations actuelles
,Actes de la table ronde organisĂ©e par le MCB-France, Paris 21 avril1996, ou dans ce qui pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le premier rĂ©sultatd’une rĂ©flexion commune sur l’autonomie de la Kabylie, Kabylie :lÂŽautonomie en dĂ©bat, Actes du sĂ©minaire d’Ecancourt, France,1-3 mars 2002, Paris.

31. Une premiÚre rencontre Kabylie-Catalogne a eu lieu à Barcelone aumois de septembre 2002 et a rassemblé des militants et des hommespolitiques kabyles et catalans. Les travaux de cette rencontre ont étéédités par C. Castellanos, S. Chaker, M. Tilmatine, Actes de larencontre Kabylie-Catalogne : identités nationales et structuresétatiques dans le contexte méditerranéen, Barcelone, 13 et 14septembre 2002, Paris, Editions berbÚres, 2008.

32. C. Canut, « À la frontiĂšre des langues : figures de la dĂ©marcation »,Cahiers d’études africaines, nÂș 163-164, XLI-3-4, 2001, p. 443-463.

33. M. Tilmatine, « L’Etat-Nation face Ă  la revendication berbĂšre :quel(s) modĂšle(s) pour l'AlgĂ©rie ? », Actes de la table ronde organisĂ©epar le MCB-France, 21 avril 1996, Paris, MCB-France, 1996a, p. 33-44,ou C. Castellanos et al., Actes de la rencontre Kabylie-Catalogne,Barcelone, 13 et 14 septembre 2002, Paris, Editions berbĂšres, 2008.

34. S. Chaker, « Pour l'autonomie linguistique de la Kabylie », LeMonde, 11 juillet 1998.

35. M. Tilmatine, « Identidades y lenguas emergentes delMediterråneo en el contexto de la crisis en Europa: el caso del amazige(bereber) en Cataluña », dans Nación y Migración. España y Portugalfrente a las migraciones contemporåneas, sous la dir. de CorneliaSiebert et al., Madrid, Biblioteca Nueva, 2015a, p. 261- 275.

36. CrĂ©Ă© en 2004 par un certain nombre d’intellectuels kabyles Ă  Parisqui avaient dĂ©jĂ  organisĂ© des rencontres sur l’autonomie de la Kabylieet qui ont participĂ© Ă  la publication de deux ouvrages sur le sujet (LaQuestion amazighe : interrogations actuelles
 ainsi que Kabylie :lÂŽautonomie en dĂ©bat). Un forum avait Ă©tĂ© crĂ©Ă© Ă  cet effet sur une pagekabyle : https://www.kabyle.com/archives/trier-l-info-kabyle/breve/le-cercle-d-etude-et-de-reflexion.

37. O. Ilikoud, « FFS et RCD : partis nationaux ou partis kabyles ? »,Revue du monde musulman et de la MĂ©diterranĂ©e, 111-112, mars

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

41 de 46 21/02/2018 13:20

Page 42: Des revendications linguistiques aux projets d

2006, mis en ligne le 8/12/ 2011, URL :http://remmm.revues.org/2870 [consulté le 14/07/2015].

38. Cf. http://www.makabylie.org/index.php/le-mak-en-quelques-questions/.

39. F. Mehenni, Algérie : la question kabyle. Essai, Paris, EditionsMichalon, 2004, p. 141.

40. R. ZouaĂŻmia, « L’introuvable pouvoir local », Insaniyat, n° 16,2002, p. 61.

41. Cf. Contamin, « Cadrages et luttes de sens », p. 58.

42. Voir notamment les grandes manifestations qui ont eu lieu dansplusieurs villes europĂ©ennes et d’AmĂ©rique du Nord. Voir lesinformations rapportĂ©es Ă  cet effet dans diffĂ©rents mĂ©dias, parexemple : http://algeriefranceinfos.com/la-marche-du-mak-a-paris-en-images/ ou bien le texte de Maglor.fr (MĂ©dias des MaghrĂ©bins dumonde), http://www.maglor.fr/maglor/index.php?option=com_k2&view=item&id=8713:algerie-le-mak-mobilise-avec-succes-meme-a-montreal&Itemid=132.

43. Projet pour l’autonomie de la Kabylie (PAK) du mardi 27 janvier2009. AmendĂ© et adoptĂ© au 2e congrĂšs du MAK, Ă  Sahel, At Wizgan, les9 et 10 dĂ©cembre 2011. http://www.makabylie.info/spip.php?article62. Le projet n’a pas Ă©tĂ© publiĂ© par les journauxalgĂ©riens, mais il est disponible sur divers sites Internet kabylescomme par exemple www.kabyle.com ou sur la page du MAK :www.makabylie.info/ahric7.

44. Source : http://www.makabylie.info/?article1341.

45. A. Hammouche, « La Kabylie, la dĂ©mocratie et l’autonomie »,quotidien Le Matin, 22 avril 2010, [en ligne] URL :http://www.lematindz.net/news/3067-la-kabylie-la-democratie-et-lautonomie-par-mustapha-hammouche.html [ConsultĂ© le16/10/2015].http://www.lematindz.net/news/3067-la-kabylie-la-democratie-et-lautonomie-par-mustapha-hammouche.html ; ou biendans El Watan, comme dans le numĂ©ro du 20 avril 2015, [en ligne]URL : http://www.elwatan.com/dyn/imprimer.php?link=http%3A%2F%2Fwww.elwatan.com%2Factualite%2Fprintemps-berbere-a-tizi-ouzou-des-milliers-de-manifestants-dans-les-rues-20-04-2015-292859_109.php ou du 20 avril 2014,http://elwatan2014.com/ar/item/1777-Le-MAK-et-les-%C3%A9tudiants-ont-march%C3%A9-ensemble-%C3%A0-Bouira ou demaniĂšre gĂ©nĂ©rale dans le journal AlgĂ©rie Focus du 28 avril 2014 :http://www.algerie-focus.com/blog/2014/04/revue-de-presse-succes-de-la-marche-du-mak-a-tizi-ouzou-du-tout-repressif-a-la-totale-tolerance/.

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

42 de 46 21/02/2018 13:20

Page 43: Des revendications linguistiques aux projets d

46. Cf. le quotidien El-Khabar du 14 avril 2016, qui titre : « Le MAKfait-il peur au gouvernement ? », [en ligne] URL :http://www.elkhabar.com/press/article/104138/#sthash.gh6T2Fvg.cmWRytzx.dpbs.

47. Plusieurs documents justifient et reprennent ce discours au sein duMAK. Cf. par exemple le document intitulé : « Demande officielle d’unstatut d’autonomie pour la Kabylie » adressĂ© Ă  la PrĂ©sidence de laRĂ©publique algĂ©rienne, au Gouvernement algĂ©rien, Ă  l’AssemblĂ©epopulaire algĂ©rienne, au SĂ©nat algĂ©rien et au Conseil constitutionnelalgĂ©rien, avec copie Ă  diffĂ©rentes organisations internationales.Document du 5 juin 2008. Voir Ă©galement le texte du Projet pour unÉtat kabyle (PEK) adoptĂ© Ă  la confĂ©rence nationale des cadres du MAKle 24 janvier 2014 Ă  Smaoun (BejaĂŻa), point nÂș 8.

48. Cf. http://www.siwel.info/communique-du-mouvement-pour-l-autodetermination-de-la kabylie_a5585.html.

49. http://www.elwatan.com/actualite/progression-du-mak-le-ffs-accuse-le-pouvoir-23-04-2016-319400_109.php.

50. http://www.la-clau.net/noticia/el-partido-popular-fabrica-des-independentistes-catalans-10786

51. http://www.maglor.fr/maglor/index.php?option=com_k2&view=item&id=8713:algerie-le-mak-mobilise-avec-succes-meme-a-montreal&Itemid=132

http://algeriefranceinfos.com/la-marche-du-mak-a-paris-en-images/

https://www.youtube.com/watch?v=swLtkulBFr0

52. http://www.libe.ma/Pourquoi-ne-pas-appliquer-l-autodetermination-a-la-Kabylie-et-aux-Touaregs_a37667.html

53. http://www.siwel.info/Declaration-de-l-Anavad-le-royaume-du-maroc-reconnait-le-droit-du-peuple-kabyle-a-son-autodetermination_a7968.html

54. http://archives.siwel.info/Discours-historique-du-president-de-l-Anavad-devant-l-Assemblee-generale-du-MAK-Anavad-a-Montreuil-le-25-09-2016_a9783.html [consulté le 01/03/2017].

55. http://www.lematindz.net/news/22329-bouaziz-ait-chebib-demissionne-de-la-presidence-du-mak.html

56. https://www.parlementkabyle.com/index.php/parlement-kabyle/projet-parlement [consulté le 01/03/2017].

57. http://reseau-anavad.com/nominations-abrogations-decisions-465 [consulté le 01/03/2017].

58. http://www.elwatan.com/actualite/le-rpk-nouveau-mouvement-autonomiste-pour-la-kabylie-26-02-2017-340040_109.php [consulté

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

43 de 46 21/02/2018 13:20

Page 44: Des revendications linguistiques aux projets d

le 01/03/2017].

59. https://www.kabyle.com/breves/manifeste-reconnaissance-constitutionnelle-dun-statut-politique-particulier-kabylie-23828[consulté le 01/03/2017].

60. http://www.elwatan.com/actualite/pour-nous-la-kabylie-fait-partie-de-l-algerie-et-doit-y-rester-27-02-2017-340126_109.php[consulté le 01/03/2017].

61. http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/l-algerie-consacre-la-langue-berbere-apres-une-longue-lutte_1761276.html

62. Voir le texte du quotidien Le Soir d’AlgĂ©rie sur Ferhat :http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/07/01/print-16-180714.php ou sur Bouaziz Chebib du quotidien algĂ©rien Tout surl’AlgĂ©rie (TSA) : http://www.tsa-algerie.com/20150420/entretien-avec-bouaziz-ait-chebib-president-du-mak/ ou enfin un entretien avecFerhat sur ses projets politiques dans le journal Focus AlgĂ©rie du 19juillet 2015 : http://www.algerie-focus.com/blog/2015/07/independance-de-la-kabylie-sa-nationalite-algerienne-et-evenement-de-ghardaiaferhat-mehenni-nous-dit-tout/

63. http://www.mondeberbere.com/rebonds/algeriefed.htm. L’auteurde cette proposition de crĂ©ation d’un parti politique, le Rassemblementpour l’AlgĂ©rie algĂ©rienne fĂ©dĂ©rale, est Ă©galement un vieux militantkabyle, R. Ali-Yahia : http://site.raaf.free.fr/.

64. http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/07/28/article.php?sid=181992&cid=2

65. http://www.elwatan.com/actualite/il-faut-reconnaitre-le-mouvement-pour-l-autonomie-de-la-kabylie-18-11-2014-278167_109.php

66. http://www.elwatan.com/actualite/idir-defend-le-droit-de-ferhat-a-s-exprimer-01-10-2013-229881_109.php

67. S. Haidar, « Culture : AD Gladium Ferhat. Parlons-en ! », Le Soird’AlgĂ©rie, 1er juillet 2015. http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/07/01/print-16-180714.php; http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/07/01/article.php?sid=180714&cid=16 [consultĂ© le7/06/2015].

68. N. Boukrouh, « Une fausse nation », Le Soir d’AlgĂ©rie, 9 juin 2016,[en ligne] URL : http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2016/06/09/article.php?sid=197577&cid=41 [consultĂ© le 12/05/2016].

69. https://www.youtube.com/watch?v=zmua70BSJuE

70. S. Haidar, op. cit.

71. http://www.elwatan.com/actualite/le-probleme-fondamental-de-l-algerie-c-est-de-refonder-la-nation-27-02-2017-340115_109.php

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

44 de 46 21/02/2018 13:20

Page 45: Des revendications linguistiques aux projets d

[consulté le 2/03/2017].

72. http://lexalgeria.free.fr/politiq.htm

73. http://www.msnfcf.gov.dz/fr/public_file/document_1398811133.pdf

74. http://fr.africatime.com/maurice/articles/libye-les-autonomistes-de-lest-ne-reconnaissent-pas-le-nouveau-premier-ministre ; voirĂ©galement https://www.kabyle.com/articles/imazighen-libye-voie-lautodetermination-22047-14082013 ou bien http://www.tabrat.info/?p=4865.

75. Cf. M.R. De Madariaga, España y el Rif. Crónica de una historiacasi olvidada, Melilla, La biblioteca de Melilla, tercera edición, 2008.

76. http://www.alhoceimaonline.com/online/index.php/video/videosport/299-le-mouvement-de-lautonomie-du-rif-se-reunit-a-alhoceima. Le mouvement autonomiste du RIF revendique le Rifaincontre l’amazigh standard : http://www.siwel.info/Le-Mouvement-pour-l-autonomie-du-RIF-appelle-a-la-sauvegarde-de-la-langue-rifaine-et-a-ne-pas-succomber-au-slogan-de_a7321.html.

77. http://telquel.ma/2017/05/29/nasser-zefzafi-arrete-pour-atteinte-a-la-securite-interieure-de-letat_1548409

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

45 de 46 21/02/2018 13:20

Page 46: Des revendications linguistiques aux projets d

© Centre Jacques-Berque, 2017

Condiciones de uso: http://www.openedition.org/6540

Referencia electrĂłnica del capĂ­tulo

TILMATINE, Mohand. Des revendications linguistiques aux projetsd’autodĂ©termination : le cas de la Kabylie (AlgĂ©rie) In: Lesrevendications amazighes dans la tourmente des « printempsarabes »: Trajectoires historiques et Ă©volutions rĂ©centes desmouvements identitaires en Afrique du Nord [en lĂ­nea]. Rabat: CentreJacques-Berque, 2017 (generado el 21 febrero 2018). Disponible enInternet: <http://books.openedition.org/cjb/1359>. ISBN:9791092046335. DOI: 10.4000/books.cjb.1359.

Referencia electrĂłnica del libro

TILMATINE, Mohand (dir.) ; DESRUES, Thierry (dir.). Lesrevendications amazighes dans la tourmente des « printempsarabes »: Trajectoires historiques et évolutions récentes desmouvements identitaires en Afrique du Nord. Nueva edición [enlínea]. Rabat: Centre Jacques-Berque, 2017 (generado el 21 febrero2018). Disponible en Internet: <http://books.openedition.org/cjb/1299>. ISBN: 9791092046335. DOI: 10.4000/books.cjb.1299.Compatible con Zotero

Les revendications amazighes dans la tourmente des « printemps arabes... http://books.openedition.org/cjb/1359

46 de 46 21/02/2018 13:20