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Projet de fin de session DENAIN , LA VILLE DU CHARBON L’évolution du patrimoine minier des débuts à nos jours

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Projet de fin de session

DENAIN,

LA VILLE DU CHARBONL’évolution du patrimoine minier des débuts à nos jours

PRÉFACEPar le directeur de l’école nationale des techniciens de l’Équipement,établissement de Valenciennes

LE 7 juillet 2005, je remettais officiellementà M. Patrick Leroy, maire de Denain, lapremière édition de l’ouvrage Denain, la

ville du charbon consacré à l’étude du patrimoineminier de la commune.Cette cérémonie conviviale rassemblait à la mai-rie, outre son premier magistrat, nos fidèles com-plices de la Société Archéologique et Historiquedes Amis du musée municipal de Denain.

Depuis plusieurs années, les membres de cette dynamique association tra-vaillent, en effet, avec quelques passionnés de l’école – élèves et agentsconfondus – à l’édition d’ouvrages sur l’histoire industrielle du Nord.Ce travail commun avait produit, en 2003, Denain, la ville de l’acier, consa-cré à l’évolution de l’habitat sidérurgique et je ne doute pas que, avant la finde l’année, nous verrons une nouvelle réalisation sortir de l’imprimerie.

Les mois ont cependant passé depuis la sortie de Denain, la ville du char-bon et je pense que cet opuscule répond au besoin d’un public important auvu des courriers de satisfaction qui nous sont régulièrement parvenus et del’écoulement rapide de la totalité du premier tirage. Je n’hésite donc pas àlancer une nouvelle édition par fidélité à la charte de création du club BassinMinier Unesco* de l’ENTE signée en avril 2004.

Pierre Petiot

* Association BMU 2005place de la République62750 Loos-en-Gohelle

SOMMAIRE

Avant-propos ......................................................................... p. 1 à 6par : Franck Mundubeltz

Secteur d’étude n°1 ............................................................. p. 7 à 22fosses Villars, Jean Bart, l’Enclos, le quartier Périerauteurs : Marie-Agnès Gorisse, Olivier Lombart, Étienne Tassel et

Vincent Uyttenhove

Secteur d’étude n°2 ............................................................. p. 23 à 40quartiers Bellevue et Chabaud-Latour

auteurs : Emmanuel Gallet, Nathalie Jadem, Bruno Masetty etMagali Spychiger

Secteur d’étude n°3 ............................................................. p. 41 à 52quartier du Nouveau Monde

auteurs : Anne-Lise Autant et Ghislaine Lassenne

Secteur d’étude n°4 ............................................................. p.53 à 73le secteur Turenneauteurs : Christian Le Calvé, Christine Mauger et Nathalie Meurisse

Conclusion.............................................................................. p.75 à 76par : Jean-Marie Stawikowski

Remerciements ..................................................................... p. 77

Iconographie ......................................................................... p. 79 à 80

1 - il convient de recom-mander la lecture del’article : « Le PaysMinier après la mine »dans la revue Hommes etTerres du Nord, 1994, éditépar l’UFR de géographieet d’aménagement del’université de Lille 1 et lafaculté de géographie etd’aménagement de l’u-niversité de Picardie

2 - B RUYELLE (Pierre)« Le Pays Minier existe-t-il encore ? » dansHommes et Ter res duNord, op.cit.

3 - l’expression est tiréedu texte d’introduction duLivre blanc de laConférence Permanentedu Bassin Minier : uneambition partagée pourl’après- charbon, Février1998

4 - CÉGARRA (Marie)La mémoire confisquée :les mineurs marocainsdans le Nord de la France,éditions du Septentrion,1999

FORMATION INITIALEDES SECRÉTAIRES ADMINISTRATIFS DES SERVICES DÉCONCENTRÉS

PROJET DE FIN DE SESSIONFILIÈRE AMÉNAGEMENT

AVANT-PROPOSPar Franck Mundubeltz,chef de projet au groupe Villes et Territoires, en charge de la filière Aménagement du projet de fin de session

L’image de la région Nord – Pas-de-Calais est souvent étroite-

ment liée à celle de la mine.

Même si cette vision est évidemment partielle, il apparaît que

cette industrialisation a façonné le “Pays Minier”.

La mine, qui a employé jusqu’à 218 590 personnes en 1947, a

été incontestablement la source du développement démo-

graphique, urbain et économique de toute la région (1).

L’INDUSTRIE MINIÈRE a ainsi créé sa propre organisation de territoire.Comme l’écrit Pierre Bruyelle (2) : « ... l’élaboration, la raison d’être du Pays Minier ont reposé longtemps sur la mine, sur les industries

dérivées du charbon ou attirées par lui, comme la sidérurgie ».Le bassin minier était un “territoire-entreprise” (3) administré pendant plusde 200 ans par des concessionnaires privés et durant un demi siècle par unconcessionnaire public. Le bassin minier a en effet été nationalisé le 13décembre 1944 pour devenir les HBNPC, Houillères Nationales du Nord etdu Pas-de-Calais (le 17 mai 1946 elles prendront le nom définitif de Houillèresdu Bassin du Nord et du Pas-de-Calais) (4).En 1969, le patrimoine ainsi constitué est impressionnant : le domaine fonciercomprend 11 400 hectares non bâtis (terrils, friches...) et 10 200 hectaresbâtis. Le patrimoine immobilier regroupe 113 000 logements dont 107 000 endur répartis en 690 cités et 6 000 baraquements en bois, représentant près de11 000 km de voies privées, sans compter les 7 000 logements de la SociétéImmobilière de l’Artois (filiale HLM des Houillères).

Avant-propos / page 1

1 - BAUDELLE (Guy)« Le bassin minier duNord – Pas-de-Calaisaprès le charbon : ladifficile gestion del’héritage spatial » dansHommes et Ter res duNord, op.cit.

2 - MONGAUDON

( Jean-Pierre)Mémoires du Pays Noirédition Alan Sutton, 2002

3 - LEBON ( André)Le pays minier au tempsde Mousseron (1868-1943)éditions La Voix du Nord,1999

4 - MONGAUDON

( Jean-Pierre)Un peu d’histoireplaquette de présentationdu site minier de Wallers-Arenbeg, classé monu-ment historique depuis1992. Renseignements autél : 03 27 35 61 61

5 - H ARDY-H ÉMERY

(Odette)De la croissance à la dés-industrialisation, un siècledans le valenciennoisPresses de la FondationNationale des SciencesPolitiques, 1984

6 - lire à ce propos :Les trois âges de la minesur le site internet duCentre Régional deDocumentation Péda-gogique de Champagne-Ardennes (http://crdp.ac-reims.fr)

Avant-propos / page 2

À ceci s’ajoutent de nombreux équipements collectifs : 120 stations de pré-lèvement des eaux, 91 presbytères, 51 églises et chapelles, 24 salles de sportet 12 terrains de football, 29 stades, 28 salles des fêtes, 20 écoles techniquesménagères, 11 casernes de gendarmerie, 11 hopitaux, cliniques ou materni-tés, 6 salles de musique, près de 1 600 km de voies ferrées (1) …Dans ce contexte naquit une culture spécifique, qui vit encore de nos jourset dont les témoignages sont nombreux. Pour n’en prendre qu’un exemple :«“Solidarité” est certainement un mot inventé pour la corporation desmineurs, qu’ils travaillent à l’extraction du charbon ou d’un autre mine-rai. Le danger, le soutien, le respect de l’autre sont à l’origine de ce mot.Tout nous amenait à respecter l’autre, à l’aider s’il était dans le besoin,que ce soit au fond, dans la mine, ou au jour dans le coron, pour dépannerune voisine d’une tasse de sucre, d’un bol de café ou de quelques œufs. Toutle monde se tenait les coudes. C’est ce qui rendit cette réputation inébran-lable.» (2)

On peut également citer André Lebon évoquant la période entre 1880 et 1939 :« ... le monde minier du nord de la France se présente comme une entitésociale, un monde à part dont les fondements sont : la fierté du métier, lasolidarité dans le travail et dans la vie et le puissant esprit corporatif. » (3)

Si l’arrêt de l’extraction dans le Nord – Pas-de-Calais est officiellement mar-qué par la remontée de la dernière berline de charbon, le 21 décembre 1990 àOignies ; dans le valenciennois, c’est le 24 mars 1989 que les molettes remon-tent les dernières gaillettes sur le carreau de la fosse d’Arenberg à Wallers (4).

LE VALENCIENNOIS est rattaché au royaume de France depuis 1678, mais cen’est qu’en 1713 que la frontière avec les Pays-Bas autrichiens va se

stabiliser. La création de la frontière, entre le Hainaut impérial et le Hainautfrançais va ainsi pousser un maître verrier, le vicomte Jacques Desandrouinà rechercher sur le sol national la houille qu’il faisait jusqu’alors venir de larégion de Mons (5). C’est dans les environs de Valenciennes que commenceréellement l’exploitation charbonnière avec, en 1720, la découverte de lapremière veine à Fresnes-sur-Escaut.La Cie des mines d’Anzin, créée en 1757, est la première compagnie minièredu Nord. À la veille de la Révolution, elle produit la moitié du charbonfrançais et exploite une quarantaine de puits employant 4 000 personnes (6).

1 - H ARDY-H ÉMERY

( Odette)De la croissance à ladésindustrialisation, unsiècle dans le valen-ciennois, op.cit.

2 - Le livre d’orde Denain-Anzin, 1849-1949, imprimé en 1950réédité en 1992 parGuy Cattiaux Éditeur

3 - le site internet de laville de Denain(www.ville-denain.fr)propose une histoire dela commune réaliséeen collaboration avecM lle Bérangère Flahaut,étudiante en BTS Ani-mation et Gestion Tou-ristiques Locales

4 - LE MANER (Yves)« Au nord, il y a lescorons ... » dans Pays duNord n°10, mars-avril1996

5 - LEBON (André)Le Pays de Denain-Bouchain, étude finaliséele 31 décembre 1972

6 - LEBON (André)La vie en Ostrevant auXIXe siècle, associationEklitra, 1979

7 - LE MANER (Yves)Du coron à la cité : unsiècle d’habitat minierdans le Nord – Pas-de-Calais, 1850 -1950collection « Mémoires deGaillette » n°1, 1995Centre Historique Minierde Lewarde

8 - Dictionnaire du Nordet du Pas-de- Calaiséditions Larousse,octobre 2001

9 - BOISSÉ ( Pierre)«L’habitat ouvrier» dansLe patrimoine industriel,brochure extraite d’unesérie de fascicules publiésen octobre 1981 par le Co-mité Économique et So-cial Régional, intituléeAspects du patrimoinerégional

Avant-propos / page 3

L’Escaut charbonnier devient, pour reprendre l’expression d’Odette Hardy-Hémery, “un nouvel eldorado du profit” (1).La découverte de la houille, en 1828, entraîne le développement d’une mo-deste bourgade agricole : Denain va devenir le symbole de la révolutionindustrielle. Le “Pays Vert” se transforme alors en “Pays Noir” (2).

À Denain, en quelques années, les fosses à charbon vont produire 600 t parjour et employer plus de 1 000 ouvriers. Cinq puits sont ouverts, un millier delogements sont construits (3). La Compagnie des mines d’Anzin y développeses premiers ensembles importants de logements miniers (4).

En 1857, la concession de Denain occupe 780 ouvriers sur 1 344 hectares etproduit 88 700 tonnes (5). À partir de 1860, des paysans, des artisans dutextile ruinés par la mécanisation et des ouvriers belges venus du Borinage(région minière près de Mons) viennent former la première main-d’œuvre enOstrevant, petite région limitée par l’Escaut, la Scarpe et la Sensée. Se cons-titue alors dans le Denaisis une société minière spécifique, où les conditionsde travail, de logement et d’existence communautaire vont déterminer uneoriginalité caractéristique (6), comme le souligne André Breton.En 1889, alors qu’en moyenne 42,8 % des mineurs sont logés sur l’ensemblede la concession, 85 % le sont à Denain (7).Située en bordure de l’Escaut, elle devient chef-lieu de canton en 1886 et voitsa population passer de 900 habitants en 1810 à 25 000 en 1901. Cependant,sur les 15 puits de la commune, 2 seulement seront encore en activité à la findu XIXe siècle et fermeront en 1939 et 1948 (8).Faisant appel à une abondante main-d’œuvre d’origine rurale, la Compagniedes mines d’Anzin a construit pour elle des corons dont la structure rappellel’organisation rurale ancienne : « ... entre les séries de bâtiments alignés etidentiques, en bordure de rue ou en retrait apparaissent de petits bâti-ments de plan rectangulaire, en brique rouge, ouverts en façade sur pi-gnon, d’une porte centrale surmontée ou non d’une grille d’aération enbrique et sommés à l’autre pignon d’une souche de cheminée : il s’agit desfours à pain » (9). Ce type d’équipements est complété par la présence depompes publiques en fonte ou encore de puits collectifs.

1 - sur ce sujet, l’ENTEde Valenciennes a éditéen septembre 2003 unebrochure intitulée :Denain, la ville de l’acier :les usines Cail et Usinoret l’évolution de l’habitatindustriel de 1844 à 1986résultat du travail encommun de trois sta-giaires, de membres del’équipe pédagogique etde la Société archéo-logique et historique desAmis du musée muni-cipal de Denain

2 - la biographie d’ÉmileBasly est disponible surinternet :www.nordmag.com/culture/personnages/basly/basly.htm

3 - DE MONICAULT

(Frédéric)Nous n’irons plus au fondsur le site internet desCharbonnages de France :groupecharbonnages.fr/histoiredesmines_nousnirons1.htm

4 - ZOLA (Émile)GerminalBibliopolis, 1999-2002

5 - l’exposition perma-nente du Centre historiqueminierLes trois âges de la mineretrace l’évolution dessites d’exploitation et celledes machineries d’ex-traction.Musée de la mine du NordPas-de-Calais, FosseDelloye BP39 59287Lewarde – France

6 - BOISSÉ ( Pierre)« Les mines et le cheminde fer : les gares deDenain » dansLe patrimoine industriel,op. cit.

Avant-propos / page 4

En 1835, le premier haut fourneau du Nord y est construit, permettant ledéveloppement de la sidérurgie (1).

En 1884, Émile Zola se rend à Valenciennes suite à l’invitation du députéAlfred Girard, afin de découvrir le “Pays Noir”.Il y reste une semaine, visitant les installations d’Anzin, de Bruay-sur-Es-caut et de Denain. Il rencontre notamment Émile Basly, président du syndi-cat des mineurs du Pas-de-Calais (2).L’écrivain descend à 554 m de profondeur, au fond de la fosse Renard, oùJules Mousseron, le poète mineur, travailla 46 années (3).Il revient de ce voyage avec un témoignage sur la dureté du travail de mi-neur, publié en 1885 dans son roman Germinal :« Dans la taille, le travail des haveurs avait repris. Souvent, ils abrégeaientle déjeuner, pour ne pas se refroidir ; et leurs briquets, mangés ainsi loin dusoleil, avec une voracité muette, leur chargeaient de plomb l’estomac.Allongés sur le flanc, ils tapaient plus fort, ils n’avaient que l’idée fixe decompléter un gros nombre de berlines. Tout disparaissait dans cette ragedu gain disputé si rudement. Ils cessaient de sentir l’eau qui ruisselait etenflait leurs membres, les crampes des attitudes forcés, l’étouffement desténèbres, où ils blêmissaient ainsi que des plantes mises en cave. Pourtant,à mesure que la journée s’avançait, l’air s’empoisonnait davantage, sechauffait de la fumée des lampes, de la pestilence des haleines, de l’as-phyxie du grisou, gênant sur les yeux comme des toiles d’araignée, et quedevait seul balayer l’aérage de la nuit. Eux, au fond de leur trou de taupe,sous le poids de la terre, n’ayant plus de souffle dans leurs poitrines em-brasées, tapaient toujours. » (4)

Avec le temps et le progrès, les techniques d’extraction vont, bien entendu,se moderniser sur l’ensemble du pays minier (5).Les modes de transports vont également évoluer : la région de Denain vaêtre l’une des premières à voir circuler des trains. La station de “DenainMines”, construite en 1835, propriété de la Cie des Mines d’Anzin, seracomplétée d’une seconde gare en 1865, puis encore par une troisième plustard. Dès 1844, six locomotives à vapeur (l’une d’elles portait le nom de“Sainte Barbe”) circulent sur les lignes Denain-Abscon et Abscon-Anzin (6).

1 - DUFOSSÉ-RYBKA

( Patrice)Les mineurs polonais : lespetites trieuses de 12 ans,Martha et Thérèsa…éditions Nord Avril, 2002

2 - lire à ce propos labrochure éditée àl’occasion du 100 e

anniversaire du carnavalde Denain (20-21 avril2003) rédigée parAudrey Fillion, FannyIwaniec, Émilie Joly,Delphine Morel, ÉmilieMuseur, étudiantes àl’IAE de l’université deValenciennes et JacquesPilette, leur tuteur pourl’événement :1903-2003, Centenairede la braderie et ducarnaval de Denain

3 - Dictionnaire du Nordet du Pas-de-Calaiséditions Larousse,octobre 2001

4 - LEBON (André)Le Pays de Denain -Bouchain, étude finaliséele 31 décembre 1972

5 - pour mieux connaî-tre l’histoire de la com-mune :Musée municipal9, place Wilson59220 Denain.tél : 03 27 44 62 12

Visites individuellesdu mercredi au samedide 16 à 18 heures

Visite groupedu mardi au vendrediaprès demande enmairie 15 jours àl’avance

Avant-propos / page 5

Au début du XXe siècle, Denain est une des villes minières les plus impor-tantes de la région. Comme beaucoup de villes minières, elle connaît l’arrivéede nombreuses familles polonaises (1).Les journées de travail sont dures et le besoin de s’évader se retrouve dansla fréquentation des cabarets, la vie associative, les jeux collectifs et le car-naval annuel, moment fort de la vie de la cité (2).

Le dernier puits de mine de Denain, la fosse Renard, ferme donc en 1948,deux ans après l’adoption par le Parlement du “Statut du mineur” qui luiconfère des régimes de sécurité sociale et de retraite spécifiques, et un droitau logement gratuit. Juste retour de la “Bataille du charbon” qui a vu semobiliser 200 000 mineurs pour produire à tout prix et faire redémarrer l’éco-nomie française au sortir de la seconde guerre mondiale (3).Dans l’agglomération, la suppression d’emplois a ainsi été très étalée et lepaysage s’est modifié peu à peu. Comme l’a écrit André Lebon, le charbon abouleversé, enrichi, et remodelé la région de Denain en un siècle et demi (4).Plus de 50 ans après que la page de l’extraction minière ait été tournée, quereste-t-il donc de cette épopée que des visiteurs viennent encore revivre ensuivant, notamment, le parcours touristique minier Émile Zola ? (5)

Ainsi aurait pu être rédigée la question posée à l’ensemble de la filière “Amé-nagement” de la promotion des Secrétaires administratifs des services dé-concentrés (SASD), qui a travaillé à l’étude des cités minières de cette com-mune durant les mois de mars et avril 2004, avec la Société archéologique ethistorique des Amis du musée municipal de Denain.

En conclusion de leur formation, les SASD, cadres de catégorie B de notreministère, doivent en effet réaliser un Projet de Fin de Session (PFS).Ce PFS se décline en 3 filières : Aménagement, Gestion des ressources hu-maines et Comptabilité / marchés publics.Les objectifs généraux des PFS sont au nombre de trois :

- savoir appliquer une démarche de projet à un travail concret ;- mettre en application les acquis théoriques et techniques avec

les outils et méthodes de travail enseignés ;- approfondir ces acquis dans une famille spécifique de métier.

Pour la filière consacrée aux problématiques d’aménagement, il s’agit d’étu-dier une thématique précise en se rendant sur le terrain, en s’entretenantavec des acteurs locaux, en synthétisant des données collectées.L’exercice s’est donc organisé, en 2004, autour de l’analyse du patrimoineminier denaisien.Une démarche de diagnostic territorial qui a nettement privilégié l’approchehistorique comme prisme d’analyse du territoire (1).Afin de répartir le travail, le territoire d’études a été divisé en quatre sec-teurs. Chaque groupe a travaillé en contact permanent avec la Société ar-chéologique et historique des Amis du musée municipal de Denain (2), toutau long de ce projet. Cette organisation du travail a induit le découpage duprésent ouvrage en quatre chapitres (3).Des rencontres et des visites régulières, encadrées ou en autonomie, ontainsi permis aux secrétaires administratifs de mieux appréhender et connaîtrele territoire.Les 13 stagiaires ont également bénéficié d’apports théoriques sur l’habitatminier par M. Fenaert de la mairie de Denain et sur la restructuration des citésminières par M. Jablonski de la direction départementale de l’Équipement duNord. Ils ont été accueillis par le personnel de la médiathèque et du musée deDenain, et une importante bibliographie a été mise à leur disposition par lecentre de ressources de l’ENTE.

Le résultat de leur travaild’investigation et d’analysevous est aujourd’hui proposé.

1 - il convient ici de re-commander la lecture de :« La production de terri-toires industriels au XIXe

siècle : l’approche his-torique »rédigé par Odette Hardy-Hemery dans Nord - Pas-de-Calais : changementrégional et dynamique desterritoiresPôle Universitaire Euro-péen Lille Nord / Pas-de-Calais, ORHA Nord /Pas-de-Calais, FRE-Ville, février 1996

2 - site internet :http://jmstawi.club.fr/index.htm

3 - les référents de laSociété archéologique ethistorique des Amis dumusée municipal deDenain ont guidé chacundes groupes sur le terrainet ont fourni une bonnepartie de la documenta-tion. Des réunion detravail régulières ontpermis le suivi du projet.

Avant-propos / page 6

La filière Aménagement du Projet de fin de session,de gauche à droite :Olivier LOMBART, Étienne TASSEL, Nathalie JADEMBruno MASETTY, Marie-Agnès GORISSE,Ghislaine LASSENNE, Christine MAUGER,Emmanuel GALLET, Magali SPYCHIGER,Nathalie MEURISSE, Vincent UYTTENHOVE

Absents sur la photo :Anne-Lise AUTANT, Christian LE CALVÉ

Principales sourcesbibliographiques

CENTRE HISTORIQUE MINIER

BP39 - 59287 Lewarde.Et plus particulièrementM. Gérard Dumont,du service éducatif

F ENAERT (Frédéric)Industrialisation, crois-sance démographique eturbanisation : la Compa-gnie des mines d’Anzin etle DenaisisMémoire de maîtrise,1990

LEBON (André)Le pays minier au tempsde J. Mousseron (1868-1943), op. cit.édition La voix du Nord

Article dans le journal LaVoix du Nord du 26septembre 1982 relatif àla réhabilitation du coronJean Bart.

Itinéraire des œuvresd’art monumentales etcontemporaines deDenain , livret réalisé parle musée de Denain

fosse Villars, fosse Jean Bar t, fosse l’Enclos et le quartier Périer / page 7

Secteur d’étude n°1Les fosses Villars, Jean Bart,l’Enclos et le quartier Périer

auteurs : Marie-Agnès Gorisse,Olivier Lombart, Étienne Tassel etVincent Uyttenhoveréférents : Paule Laine, Alain Leray

L’ exploitation, l’habitat associé, la re-

conversion ne sont pas uniformes. Cha-

que secteur présente un aspect diffé-

rent, chaque quartier a sa spécificité,

contribuant à faire de Denain une ville

chargée d’histoire.

La fosse Villars1- L’exploitationLes recherches débutèrent à la fin du XVIIIe siècle. Les premiers forages

eurent lieu en 1777 sur les terres des dames chanoinesses, face à l’hôtel deville actuel, cette communauté religieuse ayant accordé son autorisation.Les recherches se soldèrent par un échec et furent à l’époque provisoire-ment abandonnées. Mais l’existence de tronçons entrecoupés ayant étéprouvée, de nouvelles investigations reprirent en 1826.L’issue fructueuse au bout de deux années d’investigations lança, en 1828,la production de charbon dans la fosse Villars qui vit sortir la première gaillette.Une veine fut enfin exploitée à Denain.

La fosse Villars a été soigneusement installée à l’écart du village, tout commec’était le cas à l’origine pour les fosses d’Anzin. La Compagnie des minesd’Anzin prit cette précaution afin de payer moins cher le terrain. L’objectifétait double : il fallait aussi se mettre à l’abri de l’obligation de verser desindemnisations au village en cas d’affaissement du sol.

fosse Villars, fosse Jean Bart, fosse l’Enclos et le quartier Périer / page 8

LA FOSSE est construite autour d’un remblai qui mit la tête du puits àl’abri des crues de l’Escaut et suréleve la recette (1), ce qui permetde faciliter le stockage du charbon.

Le bâtiment d’extraction en briques et re-couvert de tuiles, avec ses trois arcadesen plein cintre, est caractéristique des fos-ses ouvertes par la Compagnie des minesd’Anzin dans les années 1820-1830. À l’intérieur, c’est désormais une machineà vapeur que l’on utilise pour remonter

au jour les tonneaux pleins de charbon. Pour des raisons de sécurité, cettemachine à vapeur à haute pression est isolée dans un bâtiment qui lui estpropre. C’est la marque la plus évidente du progrès technique. Durant lesannées 1850, la fosse est l’objet d’une spectaculaire modernisation. Le bâti-ment de la fosse est entièrement reconstruit pour abriter une machine pluspuissante. La pompe à feu, qui assure le pompage des eaux d’infiltration, estalors été remplacée par un système plus moderne abrité par le bâtiment neuf.L’ensemble de l’organisation du carreau de la fosse est ainsi reconsidéré.C’est d’abord l’ampleur des bâtiments qui surprend : autour d’une courrectangulaire s’élèvent quatre grandes constructions où domine la brique.Derrière la salle des fourneaux, la grande cheminée surplombe sur la fosse detoute sa hauteur. La salle des machines est reliée, par les câbles d’extraction,au bâtiment du puits surmonté de son chevalement. La qualité de l’architec-ture obéit naturellement à une logique fonctionnelle. Néanmoins, le rythmedonné aux façades, le soin apporté aux baies vitrées et à la demi-rosace duchevalement, montrent que le souci esthétique a trouvé sa place dans laconstruction la plus en vue de Denain.À l’arrière de la fosse existait également un mur d’enceinte dont un vestigeborde de nos jours les “grands bureaux” d’Usinor. En effet, la compagnie aentrepris au milieu du XIXe siècle de systématiquement clôturer le carreau deses fosses. Ce mur, destiné à empêcher les entrées inopportunes et à limiterle vol de charbon, avait aussi pour finalité de contrôler les allées et venuesde la main d’œuvre employée à la fosse et sur le rivage, preuve de l’applica-tion d’une véritable discipline industrielle.

1 - dans une mine :« ... c’est l’endroit oùconvergent les galerieshorizontales d’un étage etoù elles rejoignent le puitsd’extraction. Les berlineschargées de charbon sont“reçues” et compta-bilisées au crédit deséquipes de haveurs, puischargées dans la cage deremontée .», extrait dulivre de François CavannaLes enfants de Germinaléditions Hoêbeke, 1993

Après la découverte dela pression atmosphé-rique, Denis Papin (1647-1714) étudie le vide d’airauprès de son maîtreChristiaan Huyghens(1629-1695) qui travailleà la conception d’unemachine à soulever uncontrepoids. Le principede fonctionnement est lesuivant : le mouvementd’un piston est générédans un cylindre verticalpar la mise à feu d’unepoudre détonante, ladilatation du gaz actionnealors le piston qui sesoulève. Une cordesuspendue à une poulierelie ledit piston à uncontrepoids qui chute lorsde cette première phase.C’est la dépression du gazqui rétablit le piston et lecontrepoids dans leurposition initiale.Dans l’esprit de DenisPapin germe l’idée qu’ilest possible d’utiliser cettepropriété des gaz pouraspirer l’eau hors desgaleries minières. Ainsi,il construit plus tard une«machine pour leverl’eau» de type atmo-sphérique, c’est à direactivée par une machineà vapeur. Ce modèle de“pompe à feu” restera austade expérimental.Thomas Savery (1650-1715) améliorera le mo-dèle de Denis Papin etréalisera vers 1698 lapremière machine a êtreexploitée sur le site d’unemine anglaise. ThomasNewcomen rendra lamachine opérationnelleen 1712 et James Watt luidonnera sa forme défi-nitive entre 1772 et 1782.(source : Institut Nationalde Recherche Pédago-gique, www.inrp.fr)

fosse Villars, fosse Jean Bar t, fosse l’Enclos et le quartier Périer / page 9

Les tréteaux qui rayonnaient à partir de la fosse per-mettaient de déverser sur le rivage le contenu des ber-lines remontées du fond. Ce sont des ouvrières, lescafus (1) qui, à l’aide de paniers, chargeaient les péni-ches et les wagons de chemin de fer. Depuis les an-nées 1850, Denain était relié aux voies de la Compa-gnie du chemin de fer du Nord : l’essor de la Compa-gnie des mines d’Anzin se trouvait donc conforté parl’ouverture de très vastes marchés, en particulier celuide la région parisienne.

Il existait néanmoins des rails bien avant l’arrivée du chemin de fer à Denain.En effet, des wagonnets partaient de chaque fosse et étaient reliés à la gared’eau. L’écartement des rails était réduit comparativement au chemin de fer.Par la suite, dans le puits, les tonneaux ont été remplacés par les cages, sorted’ascenseurs à plusieurs étages qui permettaient de remonter à la surface lesberlines, les wagonnets chargés de charbon dans les chantiers du fond. Celapermettait d’éviter de multiples manipulations du produit et donc d’accélé-rer l’extraction. Par ces mêmes cages, les mineurs regagnaient le fond et lesfronts de taille.

Un bassin fut creusé afin que les péniches viennentprendre le charbon. Un port fluvial, une gare d’eau,reliés à l’Escaut furent rapidement construits à proxi-mité de la fosse Villars. Le creusement avait pour ob-jectif d’arriver au pied même de la fosse. Le projet degare d’eau paraissait suffisamment ambitieux pour que,dans la population, on pense que la Compagnie desmines d’Anzin avait confiance dans le potentiel dedéveloppement du site de Denain. Le bassin principalde la gare d’eau fut en fonction dés 1830. Sur la feuillecadastrale de 1851 (2), on peut également voir un retraitde la gare d’eau, destiné aux péniches en attente.

Autour de la fosse les usines ont poussé. La mine a attiré la sidérurgie : lepremier haut-fourneau a été mis à feu dès 1835 près de la fosse Villars. Lasidérurgie a attiré les constructions mécaniques : la société Cail fabrique deslocomotives…L’exploitation prit fin en 1888, la fermeture eut lieu en 1895.

ci-dessus :Denain - les cafus déchargeant une péniche(carte postale n°1338, imprimerie Delsart à Valenciennes)

1 - on désigne par “cafu”(on trouve aussi l’ortho-graphe “cafut”) une fem-me ou une jeune fillechargée d’enlever lespierres remontées dufond, mélées au charbon

2 - la maquette de la fosseVillars, que l’on peutadmirer dans une dessalles d’exposition per-manente du Centrehistorique minier deLewarde, permet d’ap-préhender l’agencementde toute l’infrastructure

ci-dessus :maquette de la fosse Villars, réalisée par Vincent Lepais pourle Centre Historique Minier du Nord - Pas-de-Calais, à Lewarde

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2- L’ habitat associéDès le début de l’exploitation, la compagnie a cons-truit à proximité immédiate de la fosse une ligne demaisons destinées à ses ouvriers.Des premiers corons de mineurs, ne restent aujourd’huique quelques vestiges d’habitations. Ces premierscorons étaient en briques rouges et pierres blanches.Au total, le coron Villars était constitué de 92 loge-ments bâtis en 1834.Les logements, de type F4, étaient construits en continuité, avec un rez-de-chaussée et des combles, sur une superficie de 120 m². L’emprise totale de lacité était de 24 000 m².Plusieurs centaines de mineurs travaillaient simultanément dans la fosseVillars. Toutes les fosses ont attiré la main d’œuvre qui s’installait dans lescorons désormais immenses.Lié à la sidérurgie, se développe également un habitat dont la municipalité deDenain a bien du mal à maîtriser la croissance.Voilà désormais un paysageurbain caractéristique des vieilles régions industrielles où usines et habitatsont enchevêtrés. Le noyau villageois ancien a été submergé parune ville-champignon qui compte 27 000 habitants à la veille dela première guerre mondiale.

Le coron Villars a donné naissance à un des cinq modèles différents d’habi-tations construites par la Compagnie des mines d’Anzin dans le Denaisis.Ses logements étaient composés de la façon suivante :

- au rez-de-chaussée : une cuisine et une salle à manger ;- à l’étage : une ou deux chambres mansardées sous les combles ;- un carin, une cave et un jardin.

Le carin et le jardin étaient séparés de l’habitation par un passage commun.Par ailleurs, la colombophilie ayant toujours été une activité très développéedans tout le nord de la France, il n’était pas rare que les familles de mineursajoutent un colombier dans leur jardin.

ci-dessus :les sas d’un colombier

ci-dessus (dessin sansrapport d’échelle) :au premier plan, une“astiquette”, la lampe àhuile utilisée par lesmineurs jusqu’en 1917,agrafée sur “la barrette”,le chapeau en cuir bouilli.Derrière, “la benzine”,une lampe de sûreté dontla flamme «marque» laprésence de grisou enchangeant de forme et decouleur.La benzine est née desrecherches menées parles ingénieurs François-Ernest Mallard (1833-1894) et Henry LeChatelier (1850-1936) ausein de la Commission duGrisou créée en 1877.(source :www.annales.org)

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En 1872, une demande pour la construction d’une étable dans le coron Vil-lars fut acceptée, après de longues discussions, par la Compagnie des minesd’Anzin qui avait fait une étude précise du projet.En 1931, on comptait dans le quartier Villars 100 maisons. Elles abritaient 412habitants.

3- La reconversionLa friche libérée depuis Villars et de son rivage a permis l’installation, au

cœur de la ville, d’un centre commercial et d’un parc urbain qui honore lamémoire d’Émile Zola.Le début de la voie rapide traversant le terril L’Enclos se situe égalementprès de l’emplacement de l’ancienne fosse Villars.Une partie de la gare d’eau fut intégrée au parc urbain. La gare d’eau compre-nait à l’origine 3 bassins. Le premier fut donc remblayé et reconverti enespace de détente. Les 2 autres ont été agrandis et subsistent toujours.L’ancien coron Villars a été rasé il y a quelques années.

La fosse Jean Bart1- L’exploitationLe terme “fosse” désigne l’ensemble du site d’extraction (puits et car-

reau de fosse) alors que le terme “puits” désigne uniquement le trou permet-tant l’accès au sous-sol. Denain a compté au total 15 fosses dont l’exploita-tion a duré de 1828 à 1948.L’exploitation du puits de la fosse Jean Bart date de 1831. C’est en effet cetteannée là qu’a commencé le creusement du sous-sol. La date précise dudébut d’extraction du charbon est cependant inconnue. Ce puits a été ex-ploité jusqu’en 1859 soit 28 ans et la mine a été définitivement fermée en1881. Il s’est donc écoulé 22 ans avant la fermeture définitive du site. Ce faitn’est pas rare.Les puits où l’exploitation avait cessé pouvaient être utilisés comme puitsde service : ils servaient à la montée et la descente des mineurs, au transportdes matériaux afin de privilégier l’exploitation dans les puits encore en acti-vité avec lesquels ils étaient reliés par des galeries.

ci-dessous :cadastre de Denain en1810, 1851 et 1898

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Peu de documents existent concernant l’exploitation de la fosse Jean Bartqui n’a pas de spécificité en la matière. L’extraction du charbon n’y a vrai-semblablement pas été d’une importance significative.Toutefois, le coron serattachant à cette fosse présente des caractéristiques intéressantes qu’ilconvient de souligner.

2- L’habitat associéOrigineL’installation de l’exploitation minière et d’autres in-dustries dans le Denaisis a abouti à un développe-ment démographique conséquent.Entre 1826 et 1846, la population de Denain est pas-sée de 1 330 habitants à 7 272, soit une augmentationde 5 942 habitants (voir cadastre ci-contre). Elle necessera de croître jusqu’en 1970 où elle dépasse les30 000 habitants.Loger la main d’œuvre a rapidement posé problème àla Cie des mines d’Anzin qui ne pouvait rester insen-sible. Il fallait en outre, pour faire face à la concur-rence des autres compagnies et autres secteurs d’ac-tivités, intervenir pour fidéliser la main d’œuvre. Ladécision de construire des logements ouvriers surDenain fut prise dès 1828, indépendamment des com-pagnies minières : il s’agissait de corons privés quine furent pas construits à proximité des exploita-tions (exemple : coron Boursier). Mais cet effort nesuffit pas à combler la demande croissante de loge-ments : le rythme de construction était très lent etinsuffisant (une dizaine de logements par an).Finalement, en 1831, la Cie des mines d’Anzin décidade bâtir dans la rue Villars ce qui allait devenir lecoron Jean Bart, ceci sans qu’un nombre définitif delogements à construire ne soit arrêté. La réalisationde constructions ne se prévoyait alors qu’au fur et àmesure des besoins.

ci-dessus :plan de la cité Jean Bart

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Ce coron fut implanté le long de la route d’Absconreliant Valenciennes à Douai, en plein cœur de Denain,près de la fosse éponyme. L’une des spécificités de cecoron est qu’il fut construit en centre ville alors quepar la suite, on préféra l’extérieur des bourgs. Le rythmedes constructions s’établit ainsi :En 1835 : 60 logements en continu à proximité de lafosse Jean Bart.En 1850 : 26 logements et un logement de chef, isoléde la barre.En 1851 : 53 logements (voir plan).En 1907 : un second logement de chef fut construitpour clore le chantier.

OrganisationDans le premier chapitre de son livre Germinal, Émile Zola fait la descriptiondu coron Jean Bart. Face à ce coron, on trouve l’estaminet d’Émile Basly, oùZola s’est rendu lors de la rédaction de son roman (c’est aujourd’hui unmagasin). Les logements sont construits par groupe de dix. On emploie leterme de “dizaine” pour désigner ces ensembles. S’y rattachent des équipe-ments collectifs, à savoir, pour trente familles, une pompe à bras, dix cabinetset un four à pain.Avant 1851, les logements n’ont qu’un étage. Après 1851, ils en compterontdeux. L’aménagement intérieur des logements est médiocre. Les logementssont petits et adossés. Ils se composent de deux pièces au rez-de-chaussée(une cuisine constituant la salle commune, une chambre ou salle à manger)et d’une cave. Ils disposent de deux chambres à l’étage et d’une chambremansardée supplémentaire pour les logements datant de 1851. Il convient designaler que la situation démographique imposait le cohabitation des géné-rations : plusieurs membres d’une même famille se partageaient l’espaceavec, comme pièce commune, la cuisine. À l’usage, les logements construitsen 1851 offraient bien une chambre supplémentaire mais en contrepartied’une surface totale et d’un confort moindres. Car les façades impeccable-ment alignées servaient surtout à évoquer la puissance de la Compagnie desmines d’Anzin, sans faire grand cas du confort des locataires.

ci-dessus :rue de Villars et le coronJean Bart

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Spécificité du coron Jean BartLa spécificité du coron repose sur ces mêmes loge-ments. En effet, la Cie des mines d’Anzin décida dediversifier ses constructions (notamment par l’aug-mentation des types de logements) et de marquer ainsisa toute puissance. Cela se traduisit par une orne-mentation sur les portes, fenêtres et corniches audesign particulier contrastant avec le style rectilignetypique des corons traditionnels. Ces maisons furentconstruites dans un réel souci architectural et consti-tuaient, au XIXe, l’aristocratie de l’habitat ouvrier.Elles ne présentaient pas moins de neuf styles architecturaux différentsdans lesquels l’agencement des briques, par exemple, devenait élémentde décoration tout comme l’insertion, ici et là, de grés et de pierres bleues.Ces habitations à deux étages furent construites par groupe de dix.Il s’agit de maisons d’angle à fronton, à pilastre, œils-de-bœuf et mé-daillons en fonte. Les fenêtres sont tantôt en plein cintre, tantôt ornéesde linteaux ouvragés.Il est remarquable que la présence de jardins soitlimitée dans les corons “urbains”.Autre particularité, la situation géographique ducoron est propice à l’installation de plusieurs com-merces, comme Jules Mousseron l’évoqua dansun poème.

La reconversionIl reste aujourd’hui peu de traces de la fosse Jean Bart mais elles sont d’im-portance. Le puits et le carreau de la fosse sont enfouis sous un centrecommercial. Rien ne laisse supposer qu’une exploitation minière ait existé àcet endroit, hormis une œuvre d’art réalisée en 1994 par un artiste douaisien,M. Christian Delimage, à l’occasion de l’ouverture du magasin. On trouve,sur le site de la fosse Jean Bart, une pompe à eau qui dépendait autrefois ducoron Zola, coron qui n’était rattaché à aucune fosse particulière et où lo-geaient des mineurs qui travaillaient dans les puits avoisinants.

ci-dessous :1- œil-de-boeuf avec médaille

de fonte en son centre ;2- appareillage en écailles

de poissons (les briquesplates sont disposées enoblique, leur inclinaisonchange de sens à chaquecouche) ;

3- devanture du bâtiment.

3 2

1

1 - de 1905 à 1943

2 - (re)jointoyer :en maçonnerie, combler ànouveau, dans leur partieapparente, les jointsexistant entre les briquesavec du mortier ou duplâtre et les lisser

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La majeure partie du coron JeanBart a fait l’objet d’une démolitionen 1976. En effet, suite à la cessa-tion définitive de toute activité mi-nière, il n’accueillait plus que quel-ques familles de retraités.Les ouvertures de portes et fenê-tres furent murées après le départ des occupants. Une partie du coron futaménagée par la Société des Houillères pour y installer une école ménagèrequi compta jusqu’à 300 élèves. D’importants travaux furent réalisés à l’inté-rieur du bâtiment.Ce corps de bâtiment ayant aussi abrité le logement de Jules Mousseron (1),poète renommé et mineur de fond, il fut décidé que l’immeuble ne serait pasdétruit. Cependant, il fut laissé à l’abandon et squatté, un incendie causamême l’effondrement d’une partie de la toiture.

Finalement, la décision de réhabiliter le coron fut prise par lamunicipalité, en 1977, afin d’y installer une maison des as-sociations, puis une école de musique. Ceci fut fait dès 1982.La façade du bâtiment a été conservée, sablée à l’eau et aufine verrerie. Les briques ont été rejointoyées (2) à l’ancienne.

L’arrière du bâtiment a été clôturé par une grille.Un soin particulier a été apporté à l’aménagementde cette cour (parking pour les cycles, espacesplantés, cheminements en pavés autobloquants).L’intérieur a été aménagé comme suit : au rez-de-chaussée, on trouve une habitation de concierge,les bureaux administratifs, quatre salles d’unevingtaine de mètres carrés et deux salles de 120 m2

(l’une est réservée à l’Union des chorales et del’harmonie, l’autre constitue un auditorium où seproduisent des orchestres de chambre dont celuide l’école de musique. Les classes d’art dramati-que y jouent également des pièces).

ci-dessus :une plaque de signaléti-que identifie l’endroit oùune figure locale de lalittérature patoisante alongtemps vécu

ci-dessous :reconstitution du bureaude Jules Mousseron

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Le premier étage comprend 9 salles et le second 6. Les équipements ont étéchoisis en fonction des besoins des utilisateurs : les murs intérieurs ont étérevêtus d’une matière projetée qui atténue la résonance du son d’une pièceà une autre, les ouvertures du côté de la rue Villars ont reçu un vitrageparticulier qui abaisse les nuisances sonores de 28 décibels (les bruits del’extérieur sont à peine audibles) et des filtres sur les fenêtres isolent lessalles du bâtiment des regards inopportuns. Les systèmes de chauffage etd’éclairage ont également été soignés.

Une plaque commémorative a été apposée sur le murde ce qui fut la maison de Jules Mousseron.Quant à l’aménagement intérieur, il n’a plus rien àvoir avec ce qu’il était à l’origine pour une raisonsimple : son bureau a été reconstitué ailleurs, au mu-sée municipal de Denain, dans une salle qui n’a pasles mêmes proportions.

La fosse Périer1- L’exploitationLa fosse se situait au centre du coron Périer, entre le “Grand” et le “Petit”

Périer. Elle fut creusée en 1841 et l’extraction y débuta en 1859, jusqu’en1918. Il s’agissait d’un petit puits, donnant un faible tonnage.Les bâtiments de la fosse Périer, représentés sur les plans cadastraux datésde 1851 et 1898, sont longtemps restés en excellent état : ils étaient encoreutilisés jusqu’à leurs récentes démolitions.Lors des démolitions susdites du coron Périer, on a retrouvé l’emplacementexact du puits. C’est assez rare : dans tout le bassin minier, il est de nos joursdifficile de retrouver les entrées des puits de mine.À Denain, sur 15 puits, 3 entrées seulement ont été découvertes et rebou-chées, permettant notamment la surveillance des gaz de dégagement.

2- L’habitat associé La fosse étant située au centre du coron, le mineur avait quasiment son

lieu de travail à la porte de son habitation.

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Dans le coron du Grand Périer, les habitations étaient disposées dos à dos.Chacune ne possédait qu’une seule pièce. Le jardin était commun aux deuxfamilles. Dans le coron du Petit Périer, les logements avaient deux pièces enbas et deux en haut.

Le Grand Périer était composé de trois lots de maisons, le Petit Périer de deuxlots, une séparation le coupant au milieu. Entre les deux corons Périer, ilexistait un habitat indépendant des corons. L’emprise au sol de la cité étaitde 11 000 m². Au total, le coron Périer était constitué de 61 logements :

- 23 logements, de type F4 d’une surface de 114 m2, contigus les unsaux autres construits en 1835, composés d’un rez-de-chaussée etde combles (type Villars) ;

- 38 logements semi-continus et continus construits en 1847, identi-ques aux précédents mais de surface moindre (77 m²).

Les habitants du coron bénéficiaient d’un four à pain , ils s’alimentaient eneau à une pompe commune et profitaient de la proximité de commerces (bou-cherie, estaminet...).

En 1931, le Grand Périer - dit aussi “Quartier Périer” - comptait 43 maisons,logeant 100 habitants. À la même époque, le Petit Périer (ou “Second Périer”)était composé de 19 maisons, logeant 55 habitants.Sur le plan cadastral de 1851, on distingue très bien le Grand Périer du PetitPérier et les trois fours à pains.

Sur le plan cadastral datant de 1898 ont été ajou-tés les carins, petits débarras servant de lieu destockage des produits du jardin. Un jardinet surdeux environ était pourvu d’un colombier. On aper-çoit la gendarmerie du coron, détruite il y a unedizaine d’années.

Après le départ des derniers mineurs, les maisons ont été abandonnées.L’habitat était dans un état de délabrement très avancé lorsque les deuxcorons ont été rasés en 1996.

ci-dessous :péniches en attente dansla gare d’eau

ci-dessus :plan cadastralde la fosse L’Enclos

La reconversionÀ l’emplacement des corons délabrés ont été bâtis de petits logements so-ciaux. Les deux résidences nouvellement construites reprennent l’emplace-ment des corons. Un léger retrait par rapport à la voirie, qui n’existait pas àl’origine, a cependant permis l’adjonction de jardinets à l’anglaise. Le nom«résidence Périer» a été conservé en mémoire des mineurs.Le secteur de Périer a été rénové. Là où commençait le coron est maintenantérigé un monument dédié aux anciens combattants. Les choix architecturauxde rénovation ont permis d’éviter la monotonie et d’embellir la ville.

Fosse de L’EnclosLe secteur de L’Enclos peut se délimiter de la fa-

çon suivante : au nord le centre commercial, à l’Est larue Émile Zola et le boulevard Charles de Gaulle, ausud le canal de l’Escaut et à l’ouest un bras du canalreliant l’Escaut à la gare d’eau. Cette fosse tire sonnom du domaine des dames chanoinesses, qui ontadministré la ville pendant environ 1 000 ans, jusqu’àla Révolution de 1789.Deux puits y ont été creusés, mais aucun habitat propre à cette fosse n’existe.Ne subsistent sur ce secteur qu’un terril plat, une mine image et le pont auxarcades (photo page suivante), intégrés au parc Zola.

1- L’exploitationDeux puits ont donc été creusés à la fosse L’En-

clos. Le premier date de 1853, son exploitation a com-mencé en 1858 pour se terminer en 1936. Le deuxième aété creusé en 1891 et fut exploité de 1893 à 1936.Les deux puits furent fermés respectivement en 1955et 1953 mais l’activité continuait en sous-sol, le char-bon extrait était comptabilisé par la fosse Renard.

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ci-dessus :le pont à deux arcadesdans son état actuel

Le terril associé à la fosse L’Enclos est un terril plat, leseul à Denain qui ait cette forme. Une portion est si-tuée de l’autre côté de la voie rapide. Il s’étendait surenviron 30 hectares soit une superficie trois fois plusgrande que le terril Turenne.

Une partie de la production était acheminée par péniche ou train, selon sadestination, via une grande infrastructure fluviale et ferroviaire prévue à ceteffet. La gare d’eau permettait aux péniches d’attendre leur chargement encharbon : chacune à leur tour, elles se présentaient alors pour être chargéesde coke par les femmes et enfants embauchés pour cette tâche puis ellesrepartaient en empruntant le canal de l’Escaut. L’autre partie de la produc-tion était acheminée par train aux différentes usines de la région.

Ce train empruntait un pont en briques à deux arcadespour franchir la rivière des moulins et rejoindre le ri-vage. La voie d’eau amenait entre autre la farine aumoulin Doisy, ancienne propriété des dames chanoi-nesses. Un pont-levis (aujourd’hui soudé) subsiste, ilpermettait le passage des péniches. Une partie de laproduction restait sur place.

En effet, une cokerie était implantée sur le site même de la fosse elle utilisaitdirectement le charbon extrait des deux puits.Il n’existait pas d’habitat associé à la fosse L’Enclos, les mineurs de L’Encloshabitaient les corons voisins : Jean Bart, Zola et peut-être des corons privés.

2- La reconversionLe terril L’Enclos, qui occupait une très grande superficie, a connu plu-

sieurs destinées : remblaiement de marais, utilisation du schiste pour desinfrastructures routières et reconversion en espace vert. Le site de la fosseabrite également un ancien centre d’apprentissage pour les galibots, plusconnu à Denain sous le nom de “mine image”.

ci-contre :chargement d’une péniche par les cafus

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Le terril et ses schistesL’actuel terril L’Enclos, seul terril plat de Denain, a diminué de volume. Sesschistes ont servi au remblaiement d’une des gares d’eau, remplacée par unevoie express et au remblaiement des marais avoisinants. Ainsi, le CollègeVillars, les lycées Mousseron et Jurénil sont implantés sur d’anciens marais.Le terril a aussi fourni la matière première pour l’autoroute Paris-Bruxelles.

Le parc ZolaDenain a procédé à la réhabilitation de cette fricheindustrielle. Ainsi, un parc arboré a été élaboré en con-certation avec la population et remplace désormais lesite de la fosse L’Enclos.L’aménagement du site constitue l’une des actionsentreprises au niveau régional aux endroits où l’envi-ronnement était le plus dégradé par les activités in-dustrielles.Ces opérations de réhabilitation de sites dégradés par l’exploitation char-bonnière ont été subventionnées par l’État aux taux de 75 %. Ce site a étéacquis par la municipalité de Denain pour être inclus dans un vaste projet derénovation urbaine et de restructuration de centre ville. L’aménagement duparc de la gare d’eau s’est établi sur plusieurs années afin d’étaler la chargebudgétaire de ce projet.Les différentes étapes d’aménagement ont été :

- modifications paysagères des darses et remodelage du terril ;- plantations ;- mise en place des éléments de superstructures (passerelle de

franchissement de l’entrée sud, pont sur la rivière des moulins,équipement d’accueil, kiosque) ;

- l’aménagement du secteur proche du centre commercial et l’amé-nagement sommaire du terril boisé ;

- travaux de finitions et de liaison paysagère entre les établissementsscolaires et le parc sur les emprises de la rue Émile Zola.

Au final, le parc inclut trois zones, chacune avec un caractère spécifique : unsecteur très urbain finement paysager, un espace de transition et un secteurà l’ambiance plus sauvage permettant des activités libres.

ci-dessus :berges de l’Escaut

Le schiste rougeIl est utilisé pour consti-tuer des remblais routierset autoroutiers, couchesde forme de chaussée,assises de chaussée delotissement, pistes cycla-bles, trottoirs et remblaispour les voies de cheminde fer.(revue Relais - mai 1942)

ci-dessous :le parc Émile Zola(repéré par un zonageen trait pointillé sur leplan de la page 7)

fosse Villars, fosse Jean Bart, fosse l’Enclos et le quartier Périer / page 21

Cette réalisation avait pour but principal de donner une nouvelle image de laville de Denain mais également de pourvoir son centre d’un poumon vertoffrant à la population la possibilité de promenades, de ballades et de jeuxextérieurs en famille dans la ville même, à l’endroit d’un site particulièrementdégradé autrefois. Cette reconversion a été inaugurée en mai 1980 et ache-vée en 1981.

La mine imageUne autre reconversion est à noter : celle de la mine image.Cette installation date des années 40, elle fut construite sur lesite de la fosse L’Enclos et servait à former les galibots auxmétiers de la mine, à la technique du boisage notamment.Sa construction est postérieure à l’exploitation des puits dela fosse L’Enclos mais elle fut utilisée pour la formation desgalibots destinés à travailler dans les fosses encore en acti-vité de la région.

Un terrain de sport était associé à la mine image pourles jeunes apprentis. Celle-ci est un rare témoignagede l’histoire minière. Aujourd’hui, ce site a été sauvé,même si une partie a été démolie pour des raisons desécurité et le reste enseveli : il subsiste la structure enbéton et briques, les aérations et les ateliers qui imi-tent les différents types de galeries souterraines.Ce secteur de L’Enclos, vaste zone dégradée par l’ex-ploitation du charbon, est devenu au fil du temps etdes projets d’aménagement un poumon vert pour laville de Denain.

ci-dessus :une vue de la mine image provisoirement recouverte à finde préservation

fosse Villars, fosse Jean Bart, fosse l’Enclos et le quartier Périer / page 22

Pour sécuriser unegalerie avant d’exploiterune veine de charbon, lesmineurs mettent en placele boisage, une techniqueenseignée au galibot dansla mine image.Le boisage est l’artd’édifier une charpentedestinée à contenir lesparois des galeries contretout éboulement.D’abord en bois (sapin desArdennes), les poutresont ensuite été fabriquéesen métal, les rendant ré-utilisables, pour ainsi dire,à l’infini.Le passage du boisagetraditionnel à l’étançonmétallique fut plutôt malvécu par ceux, parmi lesmineurs de fond les plusexpérimentés, qui sa-vaient interpréter lemoindre gémissementémis par le bois sousl’effet de la pression.D’autre part, un compterégulier des étançons étaiteffectué par un contrô-leur. Chaque étançonmanquant à l’appel, perduaprès le foudroyage, étaitdébité sous forme d’a-mende de la paye dumineur mis en cause.Pour autant l’abattagecontinuait pendant lesrecherches menées pourretrouver les étançonsperdus...Dans le cas, très fréquent,de veines de faibleépaisseur, pour sécuriserla galerie avant de s’yfaufiler sur le dos afin d’yextraire le charbon, lemineur mettait en placel’étançon de quarantecentimètres dit “étançonà un trou”.

ci-dessus :schémas établis suivantles indications de M. AlfredDespres, mineur retraitéqui y fut formateur

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 23

Secteur d’étude n°2Les quartiers Bellevue et Chabaud-Latourauteurs : Emmanuel Gallet, Nathalie Jadem, Bruno Masetty, Magali Spychigerréférents : Charles Bernier, Jean-Marie Boulanger

Le choix de réunir ces deux quartiers dans une étude comparative peut

interpeller. Espacés de plusieurs kilomètres, avec un destin bien différent,

ils ont toutefois de nombreux points communs qu’il est intéressant de dé-

tailler. L’extraction du charbon n’a été qu’un court épisode - les deux fosses

étant inexploitables - mais Bellevue et Chabaud-Latour ont logé des mi-

neurs pendant des décennies et ont connu les vagues successives de cons-

tructions de logements ouvriers.

Le Quartier BellevueLe quartier est situé sur le plateau dominant l’Escaut. Le point culminant

(47 m d’après la carte d’état-major (1) et 45 m d’après l’IGN (2)) est au croise-ment de deux routes anciennes : le chemin de grande communication n° 24d’Hélesmes à Haulchin et le chemin vicinal ordinaire n°13 d’Escaudain àHaveluy. Avant l’urbanisation, de ce promontoire la vue était imprenable surles environs, d’où ce toponyme. Le premier cadastre (1810) mentionne 2bâtiments au nord-ouest du carrefour, peut-être une ferme.La Compagnie des mines d’Anzin débute le creusement de sa 8e fosse àDenain en 1834. Le site de Bellevue présente l’immense avantage d’être aubord de 2 axes de communication, dont l’un rejoint, dès 1838, la gare dechemin de fer de la ligne Denain-Anzin. On creuse au nord de Denain pourespérer trouver les veines de charbon gras moins profondément. L’extrac-tion déçoit par la quantité recueillie. De 1835 à 1843, la production totale estde 1 462 t. La production est arrêtée en 1843 car les veines sont nettementmoins épaisses que d’ordinaire (seulement 20 cm) et la présence d’une faillerend difficile toute extraction.

Principales sourcesbibliographiques

- Cadastres de Denain1810, 1847 et 1897

- Cartes d’état-major1841 - 1858 (?)

- Cartes IGN 1/25 000e

n°2006 ouest, 1993

BREITMAN (Nada et Marc)Les maisons des mines,éditions Mardaga

F ENAERT (Frédéric)Industrialisation, croissancedémographique et urba-nisation : la compagnie desmines d’Anzin et ledenaisis ,mémoire de maîtrise,université de Lille III,1990

LEBON (André)Le pays minier au tempsde Jules Mousseron ,édition La Voix du Nord,1999

LE MANER (Yves)Du coron à la cité : unsiècle d’habitat minierdans le Nord - Pas-de-Calais, 1850-1950collection « Mémoires degaillette » n°1, 1995

TURGAN (Julien)Les grandes usines enFrance et à l’étranger,édition Calmann Lévy,1882

Le Livre d’Or de Denain-Anzin ,réédition Guy Cattiaux,1992

1 - cartes au 1/80 000e

dites “d’état-major” éta-blies au XIXe siècle parles services de l’État-major. Elles étaient desti-nées à tracer des cheminssur le terrain à l’usage desopérations militairesd’infanterie.Celle du Nord, avecDenain, peut être datéeentre 1841 et 1858. Nousn’avons pas trouvéd’éléments assez précispour donner une datationplus juste.

2 - carte IGN n° 2606ouest au 1/25 000 e

révision de 1993

72 205 114 41 52 443 203 198 134en tonnesProductionAnnée 1835 1836 1837 1838 1839 1840 1841 1842 1843

Tableau récapitulatif de la production de charbon

Dès 1835, les premiers corons sont construits : un coron de dix logements ausud de la fosse, une ligne de trois corons (8-9-10) (1) et deux lignes de deuxcorons (6-6, 8-8) à l’ouest, de l’autre côté de la route de grande communica-tion n°24. Ces 55 logements appartiennent à la première génération d’habita-tions construites par la Compagnie des mines d’Anzin. Malgré la fermeturede la fosse Bellevue, la petite cité minière continue à vivre. Les mineurs sontemployés sur les autres puits de mine, dont les plus proches ne sont qu’àquelques centaines de mètres, comme la fosse Bayard, située à proximité dela voie de chemin de fer.Le quartier de Bellevue connaît un nouveau départ avec le creusement de lafosse de Lambrecht à Wallers en 1879, qui appartient également à la conces-sion de la Compagnie des mines d’Anzin.Cette concession est située en rase campagne, mais elle n’est qu’à 1 300 mde Bellevue. Dès les débuts de l’extraction du charbon, en 1882, la produc-tion semble prometteuse. Cette même année, le quartier s’agrandit pour ac-cueillir l’afflux de mineurs de fond : 54 logements en trois lignes de deuxcorons (10-9 ; 9-9 ; 9-8 logements) sont construits perpendiculairement auxcorons plus anciens. Sur chaque ligne, entre les deux corons, se trouvent unfour à pain ainsi qu’une pompe à eau. Les logements sont de type “1867 enligne”, répondant mieux aux attentes des mineurs. Neuf ans plus tard, en1891, quatre maisons sont ajoutées, elles offrent un habitat plus intime àleurs occupants, chaque bâtiment n’ayant que deux logements. Les troispremières, en partant du nord, sont de type “1867 à 2 logements”, la dernièredite “de chef” est surmontée d’un étage et sa façade est plus travaillée. Ceshuit nouvelles familles disposent d’équipements collectifs propres.Avec l’augmentation de la population, les habitants réclament la construc-tion d’une école primaire. Plusieurs pétitions circulent et sont déposéesauprès de la municipalité. En 1887, la ville obtient de la Compagnie des minesd’Anzin la cession de 10 ares de terrain. L’école des garçons ouvre pour larentrée de 1889, celle des filles en 1893.En 1888, la Compagnie des chemins de fer du Nord inaugure sa gare à De-nain, située au nord de la ville. Elle devient, sept ans plus tard, le point dedépart de la ligne de train-tramway reliant Saint-Amand-les-Eaux. Cette lignede tramway passe au sud de Bellevue, à 500 mètres du carrefour, ce quidésenclave le quartier (2).

1 - 8-9-10 : trois coronsde successivement huit,neuf et dix maisons . Lescorons sont séparés par unchemin.

2 - à l’époque, le tram-way s’arrête n’importeoù, à la demande desvoyageurs. Ces arrêts àrépétition réduisent bienévidemment sa vitesse deprogression !

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 24

1 - André Jurénil, de sonvrai nom Julien Renard,était homme de lettres ethistorien

2 - le baron Arthur HenriAlphonse de Chabaud-Latour fut député de 1871à 1876 pour le dépar-tement du Cher.(source : site internet del’Assemblée Nationale)

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 25

La troisième vague de construction de maisons dans ce quartier est entre-prise en 1923. Ce nouvel ensemble est situé au sud du bâti présent, entrel’ancienne fosse de Bellevue et la ligne de tramway. Ce sont des demeures àdeux ou quatre logements de type “1922 modèle 1923” avec jardin entourant.Ces constructions permettent de loger 82 familles supplémentaires.En 1932, une des brasseries de Denain, celle de la rue Scheurer Kestners’installe à Bellevue. L’année suivante, la fosse de Lambrecht, où furentabattus plus de 6,35 millions de tonnes de charbon, cesse son activité.Jusqu’au remblaiement et la destruction de toutes les installations de sur-face en 1955, ce puit continuera à assurer l’aérage pour d’autres carreaux defosse. Les mineurs logés à Bellevue doivent alors se déplacer vers d’autrescarreaux pour travailler. Le train-tramway disparaît au début des années 1960,il est remplacé par un service de bus. En 1982, la Société immobilière del’Artois construit, à l’ouest du quartier de Bellevue, un lotissement modernecomposé de 38 maisons, la cité Jurénil (1).

Le quartier Chabaud-LatourLe quartier de Chabaud-Latour est construit légèrement à l’écart du cen-

tre de Denain, avec toutefois une continuité du bâti par l’ouest. Chabaud-Latour est le nom du neveu par alliance de Casimir Perier. Son fils, le baronArthur Henri Alphonse de Chabaud-Latour est connu parce qu’il fut députéde 1871 à 1876 (2) puis président de la Compagnie des mines d’Anzin en 1877et enfin régisseur de 1899 à sa mort en 1910. Ce quartier est divisé en deuxpar la rue Pierre Nève, “l’Ancien” à l’ouest de la rue, “le Nouveau” à l’Est.Sur de nombreux plans et cartes, il y a une erreur de dénomination pour lapartie la plus à l’ouest de l’ancien quartier, les trois lignes de maisons jume-lées par deux, datant de 1891, ont souvent comme dénomination “citéErnestine”.Il y eut une activité minière dans ce quartier, avant la construction des pre-miers corons. Ce puits de mine s’appellait-il Chabaud-Latour en souvenir duprésident de la compagnie ? celui-ci avait trois ans quand commença lecreusement...Nous n’avons trouvé aucune source précise concernant cettefosse, mais on sait qu’elle fut fondée en 1842 et que du charbon en fut extraitde 1847 à 1853.

en tonnesProduction

Année 1847 1848 1849 1850 1851 1852 1853

25 384 0 0 0 0 186

1 - les distances sont cal-culées à partir du centredu quartier Chabaud-Latour. Pour se rendre àcertaines fosses, les mi-neurs pouvaient prendrele tramway , ce quiréduisait de beaucoup letemps de déplacement.

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 26

à gauche :tableau récapitulatif dela production de charbonsur Chabaud-Latour

Elle fut fermée suite à une venue d’eau importante qui ne put être maîtrisée.Les quantités produites sont négligeables : en tout et pour tout 595 tonnes.La destruction des installations de surface et le remblaiement du puits s’ef-fectuent en 1877.

Les premiers corons sont construits, en 1870, autour de l’ancien carreautoujours existant. Ils sont de type “1867 en ligne”. Avec huit lignes de co-rons, (d’Est en Ouest : 8-8-1 ; 0-8 ; 3 lignes de 8-8 et 3 lignes de 8-7. Soit 118logements). Chaque ligne de corons a son four à pain et sa pompe à eau.Cinq ans plus tard, la Cie des mines d’Anzin ajoute trois lignes de 6-4 loge-ments, ce sont des maisons abritant deux familles chacune. Dès les débutsde Chabaud-Latour, les ouvriers doivent parcourir des distances plus oumoins longues pour se rendre sur leur lieu de travail. En effet, dans lesannées 1860, la compagnie rationalise le grand nombre de fosses creusées àDenain. De 1858 à 1868, huit fosses sur les 13 ferment. Celles qui restent sont :

En 1924, la Compagnie des mines d’Anzin construit de nouveaux logementsà Chabaud-Latour, mais cette fois-ci de l’autre côté de la rue Pierre Nève.Ce sont des demeures avec deux (15 maisons) ou quatre logements (19 mai-sons). Elles sont de type “1922 modèle 23”.Chabaud-Latour et Bellevue, deux quartiers excentrés de Denain au déve-loppement proche, ont un destin différent. Chabaud-Latour, intégralementconservé, a été rattrapé par l’urbanisation et se retrouve désormais au cœur

Fosse 1870 1924 Fermeture Distance en Km (1)

Villars x 1875 1,5

Turenne x 1887 1,6

Bayard x 1887 1,6

Enclos x x 1936 2,3

Renard x x 1948 2,8

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 27

de la ville. Le quartier de Bellevue est encore nettement à l’écart du centreville de Denain. Après une présentation rapide de ces deux quartiers, il estnécessaire de décrire les différentes vagues de constructions de logements,en montrant les similitudes et les différences.

L’habitat minier des quartiersBellevue et Chabaud-Latour

L’habitat du bassin minier du Nord – Pas-de-Calais se caractérise par ladiversité des types de logements construits par les compagnies.Si les matériaux restent de tous temps ceux utilisés dans le Nord, à savoir labrique et la tuile, l’architecture des logements a cependant évolué pourrépondre à une double logique d’amélioration des conditions de vie desmineurs et de distinction des compagnies.C’est ainsi que dès 1825, les corons ou alignements de maisons ont fait leurapparition. Les années 1870 ont vu l’avènement des cités minières forméesde groupes de deux à quatre maisons entourées de jardins. Dès le début duXXe siècle, les cités-jardin, où prédominent les lignes courbes et les espacesverts, se sont développées.La Compagnie des mines d’Anzin a construit dans le Denaisis divers modè-les de logements miniers. À Bellevue et Chabaud-Latour, quatre modèlesdistincts sont recensés : les modèles “vieux type” datant de 1835 ; le “type1867 en ligne” ou à “2 demeures” ; le type “1867 logement de chefs” et letype “1922” à 2 ou 4 demeures (voir Annexe 1, p. 36).

1- Le vieux typeL’habitat “vieux type” a été construit en 1835 à Bellevue et formait un

ensemble de 55 logements ouvriers. Le type dit “d’Anzin” (1) - dont il existeplusieurs variantes - va composer les premiers corons de Denain. Les ingé-nieurs de la compagnie ont privilégié l’aspect pratique en construisant prèsdu carreau : sur le chemin qui mène à la mine, les bandes continues de petitesmaisons s’étendent, groupées par 6 à 10 logements. C’est cette dispositionen rangs d’oignons qui permet de les assimiler à des “barres”.

1 - LEBON (André)Le pays minier au tempsde Mousseron, 1999édition La Voix du Nord,p. 85 et 86

ci-dessous :coron de Bellevue, “vieuxtype”. Cette carte postaledate probablement dudébut du XXe siècle, on yvoit la façade-avant deslogements

ci-dessus :photo du même quartiermontrant l’arrière des lo-gements (rasés en 1988)

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 28

L’architecture, simple et sans ornement, répond essentiellement au désir deréduire les coûts de construction : des jardins exigus (de 50 à 200 m²), deslogements de petite taille (de 30 à 50 m²), des matériaux médiocres, uneconstruction rapide et des murs porteurs réduits au strict minimum.

Sur les photos ci-contre, on voit que l’implantationest perpendiculaire à la rue principale (rue Berthelot)qui mène au village de Denain. Des pignons aveuglesmarquent l’entrée du coron. La “voyette”, un chemin,en schiste à l’origine, sépare les maisons des jardinset constitue l’espace commun. La porte d’entrée deslogements y débouche. À l’entrée des jardins, parcel-les longues et étroites d’environ 100 m², se trouventles dépendances particulières appelées “carins”.L’intérieur de ces maisons se compose d’une pièceunique au rez-de-chaussée (de 16 à 25 m²) à la foiscuisine et chambre pour les parents, une fenêtre don-nant devant et une autre à l’arrière. L’étage est pourvud’une ouverture, on y trouve une, deux ou trois cham-bres d’environ 8 m² chacune occupées par les enfants.Chaque logement dispose d’une cave qui sert notamment à entreposer lecharbon et les pommes de terre. Enfin, en ce qui concerne les équipementscollectifs, ils se réduisent à un puits commun ou une borne-fontaine situésur la voyette et un fournil où les femmes de mineurs cuisent leurs pains ettartes. Les latrines communes sont dans un carin. Il y avait au total quatrefours et six pompes à eau pour 55 logements, cet habitat a complètementdisparu de Bellevue aujourd’hui. Le quartier Chabaud-Latour construit plustardivement est de conception différente.

2- Le type 1867Le type 1867 en ligneIl s’agit de bâtiments alignés en continu, toujours de type “barre” appelésaussi “coron”. On en trouve dans les deux quartiers étudiés.

1 - LE MANER (Yves)Du coron à la cité : unsiècle d’habitat minierdans le Nord – Pas-de-Calais, 1850-1950collection « Mémoires degaillette » n°1, 1995

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 29

Ce type de construction représente une évolution par rapport au “vieuxtype” qui formait dans d’autres quartiers des barres de 20 à 30 logementsalignés (ce n’était pas le cas à Bellevue). En effet, la construction de longscorons est définitivement abandonnée pour des barres plus courtes, ali-gnant 7 à 9 logements tout au plus.Par ailleurs, la porte d’entrée du logement débouche sur la rue et les jardinssont désormais attenants à l’habitation et situés sur l’arrière. Les carins, quel’on distingue sur les plans cadastraux de 1897 sont bâtis en prolongementde la maison (Chabaud-Latour) ou séparés de l’habitation (Bellevue). L’étageest mansardé avec une lucarne, souvent remplacée par un encadrement defenêtre en aluminium de nos jours

Le “type 1867” dans le quartier Bellevue...

54 logements de ce type ont été construits en 1882.Nous n’avons hélas pas retrouvé de photos de cethabitat qui a été rasé en 1988. Cependant, il était simi-laire à ce que l’on trouve encore aujourd’hui surChabaud-Latour.Il est à noter que ce genre de construction, en 1882,fait exception à une époque qui voit le développementd’un habitat minier constitué de logements accoléspar deux. « La Cie des mines d’Anzin figurait parmiles moins audacieuses en la matière puisqu’il fautattendre 1900 pour qu’elle abandonne définitivementla forme en corons et généralise les maisons jumeléesavec jardin devant et derrière (1) ».

... et dans l’ancienne cité Chabaud-Latour

Les 118 logements “type 1867 ligne” édifiés en 1870demeurent encore aujourd’hui. Peu de transformationssemblent y avoir été faites, seules des dépendancesont été ajoutées au fil des ans pour l’installation desanitaires. Les photos ci-contre présentent cet habi-tat avant et après rénovations (sablage, ravalementdes façades).

ci-dessous :cette carte postale de 1913(d’après le cachet de laposte) nous donne uneidée approximative duquartier : sur la droite setrouvait un four à pain et àgauche, la pompe à eau

photo à gauche :- linteaux cintrés des ou-

vertures soulignés d’unressaut de briques ;

- traitement ornementalde la corniche par desbriques apparaissantalternativement encreux puis en relief ;

- ancres cruciformes.photo à droite :le pignon, toujours aveu-gle sur ce type d’habitat,est traité de manièreornementale par l’ajoutd’une fausse fenêtre

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 30

Le type 1867 à 2 demeuresIl s’agit en fait du type “1867 en ligne” modifié. Les bâtiments sont désor-mais jumelés.Voici les différences que l’on peut observer :

- les logements sont groupés par deux ;- l’entrée se fait désormais sur le côté de la maison, une avant-cour

séparant le seuil de la rue ;- l’étage possède une fenêtre donnant sur le pignon, qui remplace la

lucarne du modèle en ligne ;- l’accès au jardin (plus large) se fait en contournant la maison ;- le carin où le mineur prenait son bain au retour de la mine, sépare

deux groupes d’habitations et empêche le vis-à-vis.

Le“type 1867 à 2 demeures” dans le quartier Bellevue...

Six logements de ce type ont été construits en 1891 (voir Annexe 1, p. 36).Ils faisaient partie de ce que les habitants du quartier appellent aujourd’huile “coron des chefs” en ce sens qu’ils abritaient des porions (1). Ils avaientleur propre four à pain qui subsiste aujourd’hui.

photo à gauche :vue sur les 6 logementsde type “1867 jumelés”le four à pain est aumilieu de deux groupesde maisons

photo à droite :gros plan sur le four àpain, le dernier deDenain

1 - agent de maîtrise defond, contremaître.

ci-dessus :le ravalement permet de mettre en valeur les détails architecturaux

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 31

ci-dessus : logement de type “1867 jumelés”

...et dans l’ancienne cité Chabaud-Latour

Trente logements ont été bâtis sur ce modèle en 1875. Aujourd’hui, on cons-tate que le carin d’origine est souvent détruit pour être remplacé par ungarage ou de simples barrières délimitant les propriétés, cette tendance cor-respond à la demande actuelle des habitants.

L’ intérieur d’un“type 1867” et les équipements collectifsQu’ils soient en ligne ou jumelés les logements de ce type ont la mêmeconfiguration intérieure. L’espace s’est agrandi par rapport aux corons cons-truits en 1835, la surface habitable approche 70 m².Le rez-de-chaussée se compose de deux chambres, dont l’une sert de cui-sine, l’autre de chambre à coucher. La porte d’entrée donne sur une co-lonne, d’où part l’escalier qui monte à l’étage, où l’on trouve une modestepièce et un grenier.

En ce qui concerne les équipements collectifs (four-nils et bornes à eau), pas amélioration notable. Le plancadastral nous révèle même qu’à Chabaud-Latour, ilssont proportionnellement moins nombreux au regardde ceux des corons de Bellevue (1835). On compteeffectivement, dans Chabaud-Latour, 9 fours à pain et7 pompes à eau pour 148 logements (pour rappel, res-pectivement 4 fours à pain et 6 pompes à eau pour les55 logements de Bellevue).

Le type 1867 “logement de chefs”Seuls deux logements de ce type ont été bâtis en 1891dans un des quartiers étudiés, Bellevue, dans le “co-ron des chefs”. De type jumelé, ils se distinguent dumodèle vu précédemment par la taille, le nombre d’éta-ges, la disposition des pièces et une architecture plussoignée : pignons monumentaux, œil-de-bœuf, faus-ses fenêtres symétriques...

3- Le type 1921-1922 (1)

Cette typologie correspond à la vague de constructions survenue aprèsla 1ère guerre mondiale durant laquelle se développent de grandes cités cons-truites hors de la ville. Ainsi, les quartiers de notre étude se sont agrandis de88 logements sur Chabaud-Latour et de 84 sur Bellevue. À Chabaud-Latour,la rue Pierre Nève, dénommée autrefois chemin d’Haveluy sépare le quartieren deux pour former ce que l’on appelle aujourd’hui “l’Ancienne citéChabaud-Latour” et la “Nouvelle cité Chabaud-Latour”. On distingue deuxmodèles, celui à 2 demeures et celui formant un bloc de quatre demeures.

Le modèle 1921-1922 à deux demeuresOn compte 30 logements de ce type construits en 1924 à Chabaud-Latour etquatre à Bellevue datant de 1925. Peu de différences sont à noter entre ceslogements. On remarque cependant des transformations à Bellevue : cons-truction de garages, modification en conséquence de l’entrée du logement.Sur la photographie prise à Bellevue, le groupe de maisons sur la gauchecorrespond au “type 1867 à 2 demeures”, ce qui permet de comparer les deuxstyles architectoraux.

Le modèle 1921-1922 à quatre demeures78 logements bâtis en 1923 se situent à Bellevue et 58, datant de 1924, àChabaud-Latour. Les nouveautés concernent surtout les dépendances quisont situées à l’arrière ou sur le côté de la maison :

- soit accolées, il faut sortir de l’habitation pour y accéder ;- soit en prolongement de la maison, avec un accès direct.

1 - sachant que sur cesquartiers, les sourcesdocumentaires mention-nent le “1921” modifiéen “1922” ; le “1922”modifié en “1923” et quenous n’avons pas trouvéde différences notoiresentre les deux modèles,nous ne les distingueronspas

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 32

à gauche :cité Bellevue

à droite :nouvelle citéChabaud-Latour

Par ailleurs, les parcelles carrées des jardins situés devant la maison sontmieux proportionnées. L’agencement des logements préserve la vie privée,une impression renforcée par la porte principale qui s’ouvre sur une alléeprivative.Enfin, à la veille de la 1ère guerre mondiale, l’usage du four collectif estabandonné avec l’apparition des boulangers. Quant à l’eau courante, elle aété installée dans les années 50 dans tout le quartier.

En conclusion, il paraît opportun de s’intéresser au devenir des cités

Présentation du G.I.R.Z.O.M.Il est nécessaire de se pencher sur ce groupe interministériel,ses déclinaisons, afin de mieux appréhender les logiques et lesenjeux des territoires miniers.

Le fonctionnement du GIRZOM (1)

La mise en œuvre de la politique de restructuration du bassin minier anécessité la création de structures administratives originales et complexes.Leur originalité a reposé sur la volonté des pouvoirs publics d’associerétroitement tous les partenaires, et notamment les élus locaux, à la définitionet à la réalisation des objectifs.Le CIAT (2) a retenu, en février 1971, quatre objectifs dont le classement desVRD (3) dans le domaine public communal et le lancement d’un vaste pro-gramme de rénovation du patrimoine immobilier. Le GIRZOM a ensuite étécrée afin de mettre en pratique ces objectifs.

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 33

1 - Groupe Interminis-tériel pour la Restructu-ration de la ZO ne Minière

2 - Comité Interministé-riel d’Aménagement duTerritoire

3 - Voiries et RéseauxDivers

à gauche :cité Bellevue

à droite :cité Chabaud-Latour

On peut distinguer :Le groupe national du GIRZOMIl constitue le pouvoir de décision. La présidence est attribuée à un ingé-nieur en chef des ponts et chaussées. Le secrétariat est assuré par la DA-TAR (1). Les membres présents sont :

- des représentants de certains ministères : Intérieur ; Économie,finances et industrie ; Environnement. D’autres ministères peuventêtre présents si le besoin s’en fait sentir. Le commissariat généralau plan est également représenté ;

- les préfets de région et de département ;- des représentants de Charbonnages de France et des Houillères

de bassins ;- des collectivités locales ;- des personnalités : experts…

Le groupe régional du GIRZOMIl a pour but de définir des priorités du projet de rénovation des cités miniè-res (devenu un enjeu régional). Ainsi, pour la région, 11% des crédits allouésvont au secteur de Valenciennes et 23% à celui de Douai.La présidence est attribuée au préfet de région. Le secrétariat est assuré parla mission économique régionale. Les membres sont :

- des représentants des collectivités locales (regroupées au sein del’association des communes minières) ;

- des représentants de la SOGINORPA (2) ;- des représentants des services régionaux et départementaux de l’État(ministères de l’Équipement ; de l’Économie, des finances et de l’indus-trie ; de la Jeunesse et des sports) ;

- des représentants de la région Nord – Pas-de-Calais et des deuxdépartements.

Il y a pour la région Nord – Pas-de-Calais six aires géographiques : AuchelBruay, Béthune, Lens-Liévin, Hénin-Carvin, pour le Pas-de-Calais ; Douai etValenciennes pour le Nord.

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 34

1 - Délégation del’Aménagement duTerritoire et à l’ActionRégionale

2 - S Ociété de Gestiondu patrimoine Immo-bilier des Houillères dubassin du NORd – PAs-de-Calais

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 35

1 - Société Immobilièrede l’Artois Le groupe local de l’arrondissement de Valenciennes est animé par le sous-

préfet. Il se compose des maires des 46 communes minières de l’arrondisse-ment, dont bien évidemment Denain.Sa présidence est assurée par un des maires désigné par ses pairs.Son bureau regroupe, autour de son président, trois vices-présidents égale-ment maires de communes minières. Cette instance représente le groupelocal lors de débats sur des questions diverses qui ne peuvent attendre laréunion plénière.La DDE intervient dans cette organisation au niveau de la programmationdes opérations du GIRZOM élaborées conjointement avec l’ensemble despartenaires.

Les membres sont :- direction régionale de l’Équipement (DRE) ;- direction départementale de l’Équipement

(l’arrondissement concerné) ;- les représentants des communes de l’aire géographique ;- le conseil régional ;- le conseil général ;- la mission Bassin minier ;- les deux communautés d’agglomération ;- Charbonnages de France ;- la SOGINORPA et la SIA (1).

...et d’autres partenaires institutionnels.

Dans le quartier Bellevue, les premières démolitions ont cependant été réali-sées uniquement sur fonds propres par les Houillères nationales.La cité Bellevue a ainsi vu disparaître, en 1988, 109 logements (55 “vieuxtype” et 54 “type 1867”). Chabaud-Latour, quant à elle, n’a pas connu deprogramme de destruction. Les années 1979-1980 ont vu débuter sa rénova-tion ainsi que celle de la cité Ernestine.

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 36

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 37

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 38

quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 39

ANNEXE 4

TABLEAURÉCAPITULATIFDE L’HABITAT

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quartiers Bellevue et Chabaud-Latour / page 40

Secteur d’étude n°3Le quartier du Nouveau Mondeauteurs : Anne-Lise Autant, Ghislaine Lassenneréférents : Cécile Laude, Michel Duchatelle

Le quartier du Nouveau Monde, auparavant vaste plaine verdoyante au

bord de l’Escaut, a commencé à être peuplé à partir de 1828, après la dé-

couverte de houille dans les fosses Villars (1828), Orléans (1832) et Renard

(1836). L’implantation de l’industrie sidérurgique va également contribuer à

son développement.

1- La mise en valeur et la préservationdu patrimoine

Les traces de la grande époque de la mineDe la grande époque de la mine et de la sidérurgie subsistent quelquesvestiges, dans le quartier Nouveau Monde : le terril Renard et la place Bau-din, sa salle des fêtes et son église.

Le terril Renard

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un terril ? (1)

C’est un amoncellement de roches stériles et de déchets qui, remontés avecle charbon étaient ensuite triés en surface. Les terrils plats sont les plusanciens. Dans le cas des terrils de forme conique (comme le terril Renard),les stériles (2) étaient acheminés sur des rails dans les berlines, hissées parun système de treuil et déversées au sommet.Quelques données physiques à propos du terril Renard (n° T162) :

- forme conique ;- environ 90 mètres de hauteur ;- surface au sol de 4,13 ha ;- volume équivalent à 1,24 millions de m3.

Le terril Renard, situé à l’ouest de Denain, près de laRN 45, dans le quartier du Nouveau Monde, est né del’exploitation de la fosse Renard de 1836 à 1948.Il est actuellement entouré par une zone industrielle,un groupe d’habitations, des prairies et des champs.

Principales sourcesbibliographiques

BrochureDenain Nouveau monde,1901-2001, Le SacréCœur

La Voix du Norddu 16 mai 1977 etdu 27 novembre 2002

Plaquette touristique dela ville de Denain(1987)

Mémoires en imagesSociété archéologiqueset historique des Amisdu musée de Denainédition Alan Sutton,2001

Rustica n°1123du 3 au 9 juillet 1991

http://chaine.des.terrils.free.fr

1 - Terri ou terril ?On rencontre les deuxorthographes. C’est dansla presse relatant lacatastrophe de Cour-rières en 1906 que l’on avu pour la première foisl’orthographe “terril”.Les journalistes parisiensavaient demandé auxhabitants du secteurcomment le mot s’écri-vait. Il leur aurait étérépondu : « Comme fusil ».(source : magazine RelaisLe bassin minier du NordPas-de-Calais de 1946 à1990, édition spéciale,p. 42).

2 - roche non utilisablecomme combustible

ci-dessous :des stagiaires de l’ENTEdécouvrent le terril

quartier du Nouveau Monde / page 41

Il appartient aujourd’hui à l’Établissement Public Foncier (EPF). Par le passé,le terril a connu plusieurs tentatives de mise en exploitation avant d’êtreclassé monument historique en 1983 puis site naturel en 1989, notammentgrâce à la détermination des associations protectrices de l’environnement,du Comité de Sauvegarde et d’Animation des Terrils du Valenciennois et dela Chaîne des terrils.Il est désormais protégé par le classement en Zone d’Intérêt Écologique,Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et réglementé par un arrêté préfectoraldu 7 septembre 1989 de protection du biotope.

Le terril ne “fonctionnant” plus, il se laisse conquérir par la végétation etoutre quelques mûres très prisées par les riverains, on y retrouve des plan-tes exotiques dont les graines ont été rapportées par le vent ou déposées parles oiseaux au cours de leurs migrations.Le terril Renard présente une diversité végétale intéressante puisque l’on ya répertorié 88 espèces dont cinq rares. Ainsi, on trouve à ses abords desespèces de champignons, de mousses et de lichens. Sur la partie basse, ondénombre quelques saules blancs alors que le sommet, toujours en combus-tion, accueille des plantes telles que le galeopsis bifida. En effet, signes quele terril brûle encore, les températures atteintes en surface (entre 40 et 60 °C)favorisent l’installation de plantes thermophiles.Pour ce qui est de la faune, on peut observer plusieurs espèces d’oiseauxdont de nombreux rapaces diurnes, des insectes parmi lesquels le criquet àailes bleues et le machaon, ainsi que des lézards, crapauds calamites etcrapauds accoucheurs qui profitent des zones humides, constituées pard’anciens bassins de décantation ou des zones d’affaissement pour pondreleurs œufs.

Il faut en général 70 ans pour qu’un terril soit colonisé par les plantes et lesanimaux. Après plus d’un demi-siècle d’inactivité, le terril Renard présentedéjà les signes d’une complète colonisation, d’où l’intérêt géologique etécologique de cette montagne noire qui reste dépourvue de pesticides ouautres substances chimiques. Une zone de quiétude pour la faune et la floreindigène.

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Terril conique et pented’équilibreDes matériaux déverséssur le sol forment d’abordun monticule à basecirculaire. Au fur et àmesure que le monticules’élève, sa circonférenceà la base augmente et sapente, qui croissait au furet à mesure de la quantitédes matières stérilesdéposées, finit par sestabiliser à une pente dited’équilibre . Cette pentevarie de 30 à 40 % selonla nature du matériau.(source : Gérard Gondet,chef de projet du groupeInfrastructures Trans-ports à l’E.N.T.E. deValenciennes)

1 - en 1948, l’Union Si-dérurgique du NORd dela France (USINOR)regroupe les deux prin-cipales forces de la si-dérurgie françaises : laSociété des forges etaciéries de Denain-Anzinet les Forges et aciériesdu nord et de l’est.

La place Pierre Baudin : la salle des fêtes et l’église du Sacré-Cœur

Pendant des dizaines d’années, cette place fut le témoin des évènements dela vie des ouvriers et des mineurs. Elle accueillit le marché dès 1927.Au Sud, de la place Baudin se dresse la salle des fêtes. Cette salle colossalefut construite par l’administration de la Société des forges et aciéries deDenain-Anzin au XIXe siècle.

Son style s’inspire du Palais de laPaix à La Haye aux Pays-Bas. Cons-tituée de briques et en pierresbleues, elle fut le témoin de lagrande époque de la sidérurgie,mais après le déclin d’Usinor (1), elleresta sans entretien et inachevée(pour exemple, les balcons man-quent à l’étage).

À l’Est de cette place s’élève l’église du Sacré-Cœur.Le quartier se développant de plus en plus, il fut décidéd’y ériger une église. Avant qu’elle fut construite, lessœurs de Saint-Vincent de Paul célébraient l’office dansle couvent, qui abrite désormais l’école des Forges.Dès 1896, la quasi totalité des capitaux fut réunie.La Compagnie des mines d’Anzin offrit le terrain et auto-risa la démolition des bâtiments de la fosse Orléans.La Société des hauts fourneaux et forges de Denain fitdon d’une somme d’argent importante pour financer lestravaux. Une souscription fut lancée en 1900 afin de réa-liser le projet.

La pose de la première pierre del’église du Sacré-Cœur a lieu le 11juin 1901. Sa construction va sedérouler entre 1901 et 1906.Elle sera terminée par la pose d’uneflèche de 25 mètres, au sommet duclocher, en 1912.

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ci-dessous :démontage de la flèche

ci-dessous, à gauche :l’église dans son étatactuel

Achevée après la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905, l’églisen’appartient pas à la commune mais au diocèse qui doit en assurer l’entre-tien. Le temps faisant son ouvrage, le bâtiment se dégrade, en particulier latoiture. Il est décidé, en 1977, de démonter la flèche pour raisons de sécurité.

À proximité, on trouve aussi deshabitations ouvragées où lo-geaient les ingénieurs d’Usinor, unstade (Jean Werth) et l’ancien ci-néma Nouveau Monde.

La rénovation des corons préservésLe quartier abrite encore quelques corons représentatifs de l’habitat minierde la fin du XIXe siècle.

La cité Renard

Tout d’abord, quelques données sur la fosse Renard.Jacques Renard était un personnage important de la Compagnie des minesd’Anzin, la fosse a porté son nom en son honneur. Elle fut ouverte en 1836 etexploitée jusqu’en 1948, plus de 14 millions de tonnes de matière en furentremontés. La fosse était constituée de deux puits, profonds respectivementde 832 mètres (affecté à l’extraction) et 833 mètres (aération et service).Les deux puits furent remblayés en1953 et le chevalement abattu dansles années 1970.

C’est dans cette fosse que descen-dit Émile Zola en 1884 afin de s’im-prégner de la réalité de la mine avantd’écrire son célèbre Germinal.Jules Mousseron, mineur de fondet poète, père de Zeph Cafou-gnette, y a travaillé durant 46 ans.

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ci-dessous :la fosse Renard

ci-dessus :un exemple derestauration de façaderue Le Bret

ci-dessus :plan de la cité Renard

La cité Renard est donc située dans le prolongement de cette fosse et sedétaille comme suit :

- la rue Le Bret, composée de 49 logements de type jumelé construitsen 1878. Ce sont des F4 d’une superficie de 122 m2 chacun ;

- la rue Renard dont les 18 logements jumelés datent de 1922.Là aussi, ce sont des F4, leur superficie est de 124 m2.

La cité Renard a donc une emprise totale au sol de 24 000 m2 ce qui faitd’elle la plus grande cité préservée du quartier du Nouveau Monde. Ladistribution des pièces est la suivante :

- au rez-de-chaussée, une salle commune et une pièce (ou chambre) ;- à l’étage, deux chambres mansardées ;- au sous-sol, une cave ;- des dépendances non attenantes comprenant des toilettes, une

buanderie et un petit hangar.L’entrée se fait sur le côté dans le jardinet, il n’y a donc pas de problème devis-à-vis comme dans les premiers corons construits en continu.

Aujourd’hui, cette cité est gérée par l’EPINORPA (1)

(ancienne SOGINORPA) qui assure notamment la res-tauration des façades et les aménagements de la rueLebret et de l’impasse Renard. Les logements sontloués à d’anciens mineurs, des veuves de mineurs etde nouveaux habitants qui n’ont pas connu la mine.

La cité Sabatier

Comme pour la cité Renard, elle tire son nom d’une fosse : la fosse Le Bret.En effet, initialement, elle s’appelait cité Le Bret (du nom d’un admi-nistrateur des Houillères). Au fil du temps, Le Bret a étéremplacé par le nom de l’unique rue : la rueSabatier (du nom d’un autre admi-nistrateur).La fosse Le Bret n’a pas été exploi-tée très longtemps puisqu’elle futcreusée en 1849 et son exploitationcessa en 1868.

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1 - Établissement Publicde gestion Immobilièredu NORd – PAs-de-Calais

La cité fut construite en 1922. C’estune impasse dont la forme en T a étépréservée. Elle est composée de 26 lo-gements jumelés de type F4 d’une su-perficie d’environ 122 m2. L’emprise ausol est de 11 600 m2.L’organisation des logements est pres-que la même que dans la cité Renard,excepté en ce qui concerne les dépen-dances attenantes et constituéesd’une cuisine, de toilettes et d’unesalle de bain.

La cuisine est réellement la pièce principale et le lieu de vie de la maison.On y prépare les repas, on y mange, on y lave le linge dans le baquet àlessive en bois, on y fait sécher le linge au-dessus du poêle.Avant l’installation des douches collectives dans les fosses,le mineur rentrant de son travail s’y lavait, dans un baquet,avec l’assistance de sa femme.Dans ces logements, le prolongement de la maison est lejardin, ancêtre du jardin potager qui constitue une ressourcenon négligeable pour le foyer du mineur. L’été, entre 20 et 21heures, toute la famille travaille la terre, avant le repas.Aujourd’hui, la cité Sabatier est gérée par la Société Immobilière de l’Artoisqui assure notamment la location des logements, leur entretien extérieur,ainsi que l’entretien des espaces publics.

2 - La reconversion du secteur (1)

Du patrimoine de l’époque des mines à sa transformation

Présentation des cités Villars, Orléans et Jénart

Le canton Villars, construit en 1834, est plus connu sous le nom de “Coronplat”. Né à Moulins en 1653, soldat et fils de diplomate, le duc Claude deVillars fut nommé maréchal sous Louis XIV.

1 - LEBON (André)Le pays minier au tempsde Mousseron (1868-1943), op. cit. p.85-86

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en haut à gauche :plan de la cité en T

ci-dessus :agencement des piècesdans une maison de la citéSabatier

ci-dessus :plan d’une maison de lacité Villars

ci-dessus :un coron abandonné dela cité Villars

1 - LEBON (André)Le pays minier au tempsde Mousseron (1868-1943), op. cit. p.85-86.

2 - LE MANER (Yves)Du coron à la cité -Un siècle d’habitatminier dans le NordPas-de-Calaisop. cit.

À la tête de l’armée royale, il remporte la bataille de Denain, le 24 juillet 1712,face à Eugène de Savoie. Une bataille qui sauve le royaume de France. Ilaccumule les victoires tout au long de sa vie avant de quitter l’armée et de seretirer à Turin où il meurt le 17 juin 1734.

À l’origine, le canton Villars est situé entre la rue deDouai et la rue de Bouchain. Il regroupe 92 logementsrépartis sur dix barreaux de dix maisons alignées pardeux bandes continues. Cette architecture répond es-sentiellement au désir de réduire les coûts de cons-truction (économie de maçonnerie, limitation des ouver-tures, chaînage continu pour éviter des affaissementsde terrains fréquents dans les zones minières) (1).

À cela on doit ajouter quatre maisons plus grandes qui étaient réservées aux“porions”, elles sont détachées de cet ensemble. Jules Mousseron, EugèneFenzy (voir p. 72) et le général Balambois sont nés dans ce coron. La citéVillars a une emprise au sol totale de 24 000 m².Le logement est de type F4, soit :

- au rez-de-chaussée, la salle à manger et la cuisine ;- à l’étage, deux chambres ;- au sous-sol, une cave faisant la totalité de la surface de la maison et

qui est divisée en deux.La superficie totale d’une habitation est de 120 m2.

Le canton d’Orléans, construit en 1835, comprend alors 106 logements des-servis par plusieurs chemins parallèles entre eux et perpendiculaires à laroute (rue de Lourches). Il est constitué de blocs de corons, de ruelles, dejardins ouvriers et de fournils (2).La cité a une emprise au sol totale de 36 000 m².Elle fut construiteà proximité immédiate de la fosse Orléans ouverte en 1832,d’où le nom. La proximité du lieu du travail permettait de réduire les déplace-ments des mineurs.

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Le parcellaire est laniéré. Chaque habitation est séparée d’un jardin tout enlongueur par un passage collectif de desserte par l’arrière des logements.La séparation du logement et du jardin par un passage est un autre facteurde réduction de l’intimité des logements. L’espace arrière de la maison estainsi ouvert au regard des voisins (1). L’organisation des logements de la citéest identique à celle de Villars.

La cité Jénart a été bâtie en 1852, elle se composait de24 logements.Elle s’articulait en deux lignes de douze logementscontigus chacunes, construites d’un seul côté de larue. Les logements s’alignaient ainsi le long du che-min qui avait pour unique but de les desservir, c’étaitun espace semi-public.L’impasse était perpendiculaire à une voie de commu-nication plus importante, la rue Pierre Bériot. La cons-truction en retrait créait une coupure supplémentaire.L’emprise au sol de la cité était de 5 000 m².Le logement se composait de quatre pièces :

- rez-de-chaussée : cuisine et salle à manger ;- à l’étage : deux chambres ;- au sous sol : une cave.

La superficie de cette habitation était de 122 m².

Les projets de rénovation élaborés par les Houillères du Bassin du Nord –Pas-de-Calais (2)s’inscrivaient dans un plan à long terme défini à partir d’uneévaluation qualitative de chacune de leurs cités et aboutirent au classementsuivant pour ces cantons : Villars en 2A*, Orléans en 2B et Jénart en 3**.Mais ils furent rasés pour faire place à de nouveaux bâtiments.

* Catégorie 2 : cités pouvant s’inscrire dans le plan d’aménagement régional moyennantun effort de rénovation à définir cas par cas pouvant porter sur chaque logementet sur la cité dans son ensemble.

**Catégorie 3 : cités devant être rasées à plus ou moins long terme mais pouvant servir de base,compte tenu de leur implantation, à de nouvelles opérations immobilières.

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2 - en 1970, RobertPierson, inspecteur géné-ral au ministère de l’Inté-rieur rendit son rapportrelatif au Transfert auxcollectivités locales desvoiries et réseaux diversdes Houillères du Bassindu Nord et du Pas-de-Calais. Suite à ce rapport,les HBNPC proposèrentun Livret vert en faisant lerecensement et fixant lespriorités des rénovationsgrâce à un classement enquatre catégories.

1 - F ENAERT (Frédéric)Mémoire de maîtriseIndustrialisation, crois-sance démographique eturbanisation : la Com-pagnie des mines d’Anzinet le denaisis, 1990

ci-dessus :une habitante de la cité

à droite :plan de la cité Jénart

1 - Danièle Casanova étaitune résistante, membredes Francs-Tireurs Parti-sans (FTP). Communiste,elle mourut en déporta-tion.

2 - source : service ur-banisme de la mairie deDenain

3 - article lu dans la re-vue de la Société immo-bilière de l’Artois, p. 6-7

4 - Portrait de famillearticle de la Voix du Norddu 08/08/79

ci-dessus :la résidence Casanova

ci-dessus :cité Villars, friche et pose de la première pierre

De nouvelles constructions remplacent ces cités

Du canton Villars à la résidence Danièle Casanova

Les habitations de la cité Villars sont rasées pour lais-ser place à des constructions plus modernes : la rési-dence Danièle Casanova (1).Pour la construction de la résidence, deux permis ontété déposés par la Société Immobilière de l’Artois :l’un pour 24 logements et l’autre pour 13 logements.Les travaux ont débuté simultanément pour l’ensem-ble des logements le 25 juillet 1989. Ils se sont ache-vés le 15 octobre 1990 (2).

Ce sont des maisons individuelles, composées de deuxpièces principales. Elles comportent en plus une cui-sine, une salle de bain et des toilettes. À chaque loge-ment est adjoint un garage. Ces logements de plain-pied sont édifiés par groupe de deux ou trois. Les ha-bitations se différencient cependant par le nombre dechambres qui varient de une à trois (3).Ces logements sont proposés en location mais sontattribués,en priorité, à des candidats pensionnés ou àdes veuves de pensionnés de la Société des houillères.

De la cité Orléans à l’installation de nouvelles entreprises

La destruction du coron Orléans s’achève entre août et septembre 1979. Aufil des années, de nouveaux bâtiments s’édifient et modifient le paysage (4).Des entreprises sont désormais présentes sur le site ainsi que l’atelier deconditionnement Les Pierres blanches, crée par l’Association des PapillonsBlancs, a été construit au lieu et place de l’ancien restaurant d’entreprised’Usinor.Dans la rue du Couvent, le bâtiment qui regroupait à la fois la médecine dutravail, la clinique chirurgicale et le couvent a été remplacé par le lycée pro-fessionnel des Forges.

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La ruche d’entreprise accueille tous les jeunescréateurs d’entreprises.Le Nord compte huit ruches réparties dans desbassins d’emploi difficiles (1). Leur objectif prin-cipal est de rompre l’isolement du créateur d’en-treprise, lui donner les bases pour démarrer etl’accompagner dans les deux premières annéesde son activité. La ruche lui permet de bénéfi-cier de locaux et d’ateliers.

De la cité Jénart à un commerce

La cité Jénart est détruite pour laisser la place actuellement à une entreprisecommerciale. Pour rendre le secteur attractif, la ville de Denain s’est engagéedans plusieurs projets de restructuration et de développement. Une dynami-que de renouvellement qui l’entraîne vers un avenir prometteur.

Un avenir prometteur :

une ambitieuse politique de

restructuration urbaineDepuis 2001, Denain, forte de ses 20 354habitants, fait partie des sites inscrits dansla procédure Grand Projet de Ville (GPV)du valenciennois 2001-2006, ce qui lui per-met de mettre en œuvre des projets de res-tructuration urbaine pouvant bénéficier desubventions à hauteur de 90 %.

Le GPV vise à atteindre deux objectifs (2) :- offrir aux habitants en difficulté des secteurs du valenciennois

des conditions de vie normales favorisant leur intégration dansla cité en leur permettant de répondre aux besoins fondamentaux(emploi et logements) ;

- rendre aux villes concernées leurs fonctions d’exercice de la viesociale et de pôle d’activités économiques et de services.

1 - Le souci de rééquili-brer les bassins d’emploidans la Voix du Nord du05/10/2002.Les 8 ruches sont : Ar-mentières, Denain, Douai,Hellemmes, Maubeuge,Roubaix, Saint-Pol-sur-Mer et Tourcoing

2 - le Grand projet deVille du valenciennoisLe renouvellement urbainpour replacer l’hommeau cœur de la ville, p.45

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1 - www. territoires-sites-cites.com/fiches/2A_RequalNMoondDenain.htm

2 - Contrat de ville2000 / 2006, diagnosticterritorial, p. 68-73

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Avec la Communauté d’agglomération, la ville a engagé une démarche lourdede repositionnement et d’affirmation de son rôle de centralité en entamantune réflexion sur l’avenir de ses quartiers.Dans un premier temps, des études de réaménagement urbain ont été me-nées à bien sur ces différents quartiers.Le Nouveau Monde, quartier d’habitat étroitement imbriqué dans un tissuindustriel en déclin, est aujourd’hui handicapé par une image, peu encline àfavoriser un développement urbain et économique qualifiant.La restructuration et le renouvellement du quartier peuvent se décliner autourde plusieurs axes (1) :

- valoriser les éléments structurants de l’environnement, le canal del’Escaut et le terril Renard ;

- opérer un désenclavement du quartier en l’intégrant dans l’aire dedéveloppement et d’extension du centre-ville ;

- développer des fonctions centrales nécessaires à sa renaissance ;- développer sa vocation résidentielle ;- favoriser la mixité sociale de sa population.

L’été 2003 a marqué le début de la phase opérationnelle avec le lancementd’études de maîtrise d’œuvre plus précises dans chaque quartier. Les pre-mières opérations programmées, pour le secteur Nouveau Monde, sont :

- restructuration de la salle des fêtes municipale ;- aménagement de la place Baudin et de ses environs ;- désenclavement des rues Merrheim et Dussoubs, restructuration

de l’école Condorcet ;- premières études sur la restructuration du quartier Basly ;- étude de programmation de la Maison de quartier.

Ce dispositif de rénovation urbaine permettra de retrouver une cohésionsociale et de favoriser l’attractivité de ce quartier. L’élaboration du GPV s’estinscrite pleinement dans les travaux préparatoires du contrat de ville.Ainsi,le diagnostic territorial établi en préalable au contrat de ville 2000-2006 pro-pose un schéma d’organisation générale (2) qui vise à articuler le NouveauMonde au centre ville.

Le schéma d’organisation générale permet de dégager 2 approches (1) :- articuler le cœur de quartier à une périphérie à reconstruire : les

friches industrielles. Il faut profiter de l’opportunité qu’offre lafriche Renard pour aménager un parc urbain intercommunal etrationaliser l’implantation de certaines activités commerciales.Il est nécessaire de restructurer le tissu par une interventioncombinée sur l’habitat et les espaces publics ;

- la seconde approche concerne le centre ville et son extension, desespaces prioritaires qui permettront de structurer la ville à long termeet valoriseront la périphérie et le quartier du Nouveau Monde.

La reconversion touristique...

la seconde vie du terril RenardReconquis depuis un demi siècle par lafaune et la flore, le terril Renard, élémentmajeur du paysage minier, entame unedeuxième vie liée à l’économie du tourisme.

Cinq circuits touristiques ont été tracés à Denain. Le parcours pionnier fut,dés 1979, celui du terril Renard, à présent site protégé et classé en ZoneNaturelle d’Intérêt Écologique Faunistique Floristique (Z.N.I.E.F.F.) .Le classement et la mise en valeur du Parc naturel d’observation écologique(site de 17 ha du terril Renard) ont été justifiés par la présence d’une faune etd’une flore tout à fait exceptionnelles, répertoriées comme zone et espècesde niveau de valeur nationale et internationale. Le terril, reconquis par lafaune et la flore, est devenu un lieu de promenade protégé, une aire dedétente et de nature.Il est possible d’y observer le machaon, le lézard des murailles, des orchi-dées. Avec le temps et à l’abri des activités de l’homme, le terril est devenuun refuge pour de nombreuses espèces menacées de la région et un lieud’enrichissement de son patrimoine biologique. L’originalité de ces milieuxpermet l’implantation d’espèces originales et exotiques pour la région.Le terril est le témoin de l’histoire de la région et de l’activité minière. Il offreun potentiel pédagogique très important d’un point de vue historique etbiologique.

1 - Contrat de ville, dia-gnostic territorial, p. 70

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Principale sourcebibliographique

Cette partie est largementinspirée d’un ouvrage deréférence dont la lectureest indispensable :

LE MANER (Yves)Du coron à la cité. Unsiècle d’habitat minierdans le Nord – Pas-de-Calais 1850-1950 , op. cit.

Les citations en italiqueen sont extraites.

1 - LAUR (Francis)Les mines et les usines en1889, imprimerie P.Dupont, 1890

2 - le coron désigne unalignement de maisonsédifié par les compagniesminières pour loger lesmineurs. Appelé aussi“barre”.

Secteur d’étude n°4Le secteur Turenneauteurs : Christine Mauger, Nathalie Meurisse, Christian Le Calvéréférents : Jean-Marie Stawikowski

1- L’habitat minier et son évolution (1)

Les formes de l’habitatEntre 1825-1870, seule forme existante de l’habitat minier, construit le longd’une route nationale ou perpendiculairement à une rue menant à une fosse,le coron (2) “type Anzin” est formé de plusieurs blocs de maisons bassesaccolées, dont la largeur dépasse fréquemment les 100 m. Les blocs consis-taient soit en des enfilades simples, soit doubles, de 60 à 80 maisons, rédui-tes à 20 ou 10 après 1850.Pour en finir avec la promiscuité et l’insalubrité du coron, on créé les citéspavillonnaires. L’apparition d’un habitat monofamilial coïncide avec la déci-sion d’exclure les femmes de tout travail au fond des mines. C’est un moyende fixer des familles solides et fécondes, noyau stable de la communauté.Entre 1870 et 1905, la transition du coron à la cité pavillonnaire se fait parregroupement des maisons par blocs de 8, 6 puis 4 (en carré) et enfin deuxmaisons mitoyennes entourées de jardins. L’accroissement de la surface oc-cupée et la création d’une voirie contribuent à accentuer la ségrégation spa-tiale entre l’habitat minier et l’habitat rural, les cités forment dès lors desunités isolées, volontairement séparées des villages.Les cités pavillonnaires sont issues d’une double évolution : l’augmentationde la surface habitable (à Anzin, de 33 m² pour le “type 1837” à 105 m² pour le“type 1867”) accompagnée d’une diminution du nombre moyen d’habitantpar logement (à Anzin, de 5,6 en 1881 à 4,7 en 1913), ainsi qu’une adaptationde l’habitat à la taille des familles.« Habiter une maison des mines a été très vite considéré comme un privi-lège, d’une part en raison de la qualité relativement bonne des logementsconstruits après 1870 et, d’autre part, à cause de la modicité de loyers ».Le logement est un instrument de fixation de la main d’œuvre dans un con-texte d’embauche tendu, autant qu’une tentative de réponse à la mobilité desouvriers.

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Dès 1880, l’orientation des maisons est prise en compte, ainsi que le volumed’air des pièces et la surface vitrée. Il s’agit dès lors d’isoler la famille minièreet de développer l’individualisme familial.L’augmentation de la superficie des jardins, de 200 m² vers 1870 à 500 m² (10× 50 m) vers 1900, permet l’aération de la structure de l’habitat.Cette évolution de la surface de l’habitat répond à trois critères : en 1810, lalégislation fait la distinction entre la propriété de la surface et celle du sous-sol avec des conditions avantageuses pour cette dernière.L’extension des travaux souterrains multiplie les affaissements et augmentele chapitre du budget destiné à l’indemnisation des propriétaires de surface.Grâce au contexte de la crise agricole, la Compagnie des mines d’Anzinachète des terrains à bas prix, constituant dès lors un vaste domaine afin demaîtriser la spéculation foncière en “gelant” des milliers d’hectares.Durant la décennie 1860, on va uniquement faire de l’habitat pavillonnaireaprès qu’on ait observé des mouvements de terrain sous les corons en ligne.La bonne santé financière, due à une progression en volume du bénéfice netdes Charbonnages pendant l’âge d’or, de 1895 à 1914, ainsi que la rationali-sation croissante des techniques de construction permettent de multiplier lasurface par trois (10% du coût total de la construction).« La cité induit un émiettement de la communauté, un renforcement del’individualisme, une atomisation de la masse ouvrière ». Les pratiquespaternalistes étaient ouvertement affichées par la Compagnie des mines d’An-zin. On voit alors apparaître les cités-jardins, entre 1905-1939, par souciurbanistique et architectural. De linéaire, la voirie devient courbe, avec destrottoirs, l’ajout d’arbres, la création de squares et de jardins (potager àl’arrière, d’agrément côté rue).

L’appropriation des maisons se fait par des effortsesthétiques : maisons décorées, colombages en bé-ton, volets battants à barres et écharpe (1), toit en ac-cent circonflexe ou à quatre pans. Mais également parl’utilisation de matériaux nouveaux : béton armé pré-contraint (pour les planches, escaliers, clôtures…),parpaings de scories, chaussées macadamisées sur lemodèle britannique.

1 - ci-dessous :les lames verticales sontconsolidées par les barreshorizontales et l’écharpe endiagonale

ci-dessous :aspects de l’ornementationarchitectonique

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Dans les corons, l’entréeprincipale des maisons,est surélevée d’unemarche en calcaire, unmatériau connu sous lenom de pierre bleue deTournai ou coccolithe.

Dans le règne animal, legroupe des coccolithopho-ridés est constituéd’algues unicellulaires detrès petite taille entouréesd’une coquille de calcaireappelée coccosphère.Ce sont ces dernières quiforment des rochescalcaires, après la mortde l’individu, par accu-mulation au fond de l’eau.( h t t p : / / w w w. p i e r r e s -hommes.com)

En 1909-1910, la “municipalité ouvrière” de Denain installe l’eau potable et letout-à-l’égout dans ce qui est devenu une ville de 22 000 habitants.Chaque groupe de maisons posséde alors une borne-fontaine, mais l’eaucourante ne sera installée progressivement qu’à partir des années 40.Pour la première fois l’urbanisme minier est pris en charge par des cabinetsd’architectes et n’est plus réalisé par les ingénieurs de la compagnie. Après1918, de nombreuses cités provisoires sont construites : baraquements entôle demi-lunes, chalets en bois…La reconstruction rapide entraîne un chan-gement d’échelle passant d’une taille moyenne de 400 à 1 000 maisons. Lecaractère aéré et verdoyant des “villages miniers” est renforcé.Des maisons semblables aux chalets sont construites, ornées de frises enbriques polychromes plaquées, aux fenêtres cintrées. La voirie bénéficiealors d’un éclairage électrique.

La gestion de l’habitat (1)

Au début du XIXesiècle, Denain n’est encore qu’un modeste village d’agri-culteurs bâti dans un pays de marais. La misère ambiante n’est pas faite pourfavoriser l’enracinement des mineurs venus de Vieux-Condé qui, pour laplupart, sont propriétaires de leur petite maison et améliorent leurs moyensd’existence en cultivant.Ce confort relatif est perdu lorsqu’ils sont mutés à Denain : à cette époque,on ne se déplace qu’en diligence, il ne peut être question de rentrer chez soitous les soirs. Il faut vivre sur place en dehors de sa famille et se loger chezl’habitant, ce qui n’était pas commode. En 1826, les premiers arrivants ne selogèrent qu’à grand peine.Dans l’espoir d’améliorer un peu le sort des mineurs de Denain, l’inspecteurMathieu part en guerre contre la spéculation qui se dessine autour desmaisons qui commencent à se construire.« Les habitations que la compagnie bâtit à Denain , écrit-il en 1839, nedoivent pas être considérées comme un objet de spéculation, mais commeune chose de première nécessité ». Réduire de 78 à 48 francs par an le loyerdes maisons doit contribuer à augmenter le bien-être des mineurs et parconséquent à rendre leur séjour à Denain plus agréable.L’inspecteur Mathieu va jusqu’à proposer de dédommager les ouvriers desfrais qu’ils supportent pour s’installer dans cette commune.

1- LE MANER (Yves)Du coron à la cité. Unsiècle d’habitat minierdans le Nord – Pas-de-Calais 1850-1950 , op. cit.

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Bon diplomate, il laisse toutefois entrevoir que ce progrès est immédiate-ment rentable. Avec une politique de salaires et de logement, le personnel deDenain se stabilise.Il n’y a aucune volonté d’encourager l’accession à la propriété, mais laCompagnie des mines d’Anzin tente cependant l’expérience entre 1867 et1878 en vendant des maisons isolées avec jardin, par retenue sur le salaire,mais sans grand succès. Le coût d’une maison est à l’époque de 3 à 5 fois lesalaire annuel d’un abatteur (1).Après 1869, elle s’essaie à un prêt sans intérêt. En 10 ans, 529 maisons sontacquises sur 1 820 logements (soit 29 %).Il semble que les nouveaux propriétaires se sentaient moins dépendants dela compagnie qui pourtant les employaient et devenaient moins enclins à enaccepter la discipline. Il arrivait aussi qu’une maison vendue soit détournéede sa fonction d’origine et devienne une boutique ou un cabaret.Le prix de revient de ces maisons, vers 1880, est d’environ 2 850 F danslesquels le terrain compte pour 250 F. Les conditions sont relativement favo-rables puisqu’on trouve la brique et la tuile sur place, en revanche, la maind’œuvre y est assez chère.

Voici un petit aperçu du coût de la vie vers 1900...

Nourriture ..90 % du budget familial

L’économie réalisée en cultivant le jar-din et une parcelle d’une dizaine d’aresest évaluée à environ la moitié du sa-laire de l’ouvrier de jour (40 % pourl’ouvrier de fond).

Loyer (coron) ............................ 66 F / an

Salaire moyen / an

........................................................ 1613 F pour un mineur de fond

........................................................ 1175 F pour le travail au jour

Loyer en 1903 dans le valenciennois ......................... de 5 à 7 F 50 / mois

1 - avec le hercheur, leboiseur et le bowetteur,l’abatteur est un desouvriers de la mine.Celui-ci a pour tâche dedétacher des blocs decharbon de la veine àl’aide d’un outil : au picd’abord et beaucoup plustard au marteau-piqueurpneumatique

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1 - Houillères du Bassindu Nord et du Pas-de-Calais

2 - lu dans le magazineRelais, numéro spécial1946-1990, p.145

Louis Champy, directeur général de la Compagnie des mines d’Anzin, for-mule l’enjeu le 23 octobre 1912 : « On attire et on ne retient les ouvriersqu’en les logeant...Les besoins de bien-être deviennent plus grands, lesjeunes ménages n’acceptent guère de vivre sous le même toit que les pa-rents ». Mais la compagnie envisage en 1912 d’expulser de ses cités lesmineurs retraités dont les fils travaillent dans la métallurgie. Elle renonce àappliquer cette disposition trop impopulaire mais impose le doublement desloyers. La menace d’une expulsion du logement guette les grévistes, maiselle demeure rare dans les faits.Le 30 octobre 1922 : « On ne peut plus développer les effectifs qu’en logeantles ouvriers ; cette nécessité apparaît de toute évidence lorsqu’on faitappel à la main d’œuvre étrangère. Le logement apparaît comme un puis-sant moyen de stabilisation et comme un moyen indispensable si l’on neveut pas déchoir ». La concurrence fait rage entre les compagnies : le chan-gement de fosse est aisé, en contrepartie de privilèges particuliers ou d’avan-tages salariaux.La demande ouvrière est cependant toujours supérieure à l’offre patronale.L’attribution des logements vacants va, dans l’ordre de priorité : à l’ouvrierde fond, au mineur marié et au “bien-pensant”.Après la nationalisation du bassin minier, les HBNPC (1) créent le 24 juin 1952la Société Immobilière du Nord (2) pour permettre à de nombreux foyers d’ac-céder à la propriété (ce sera le cas pour 2 000 mineurs entre 1952 et 1967).La Société Immobilière de l’Artois poursuit la construction de maisons indi-viduelles de 1973 à 1991.

2- La toponymie du secteurOrigine des noms de rues

Rue TurenneHenri de La Tour d’Auvergne (1611-1675), vicomte de Turenne, reçoit le titrede maréchal général des camps et armées du roi en 1660.

Rue MathildeMathilde Bonaparte (1820-1904), princesse Deminof, fille de Jérôme Bona-parte, nièce de Napoléon et cousine germaine de Napoléon III. Son influencerayonnait dans les milieux culturels et littéraires.

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ci-dessus :des plaques en fer

rouillé, dernierstémoins de l’apogée

de la Compagnie desmines d’Anzin, cô-

toient des plaques derue contemporaines

Rue NapoléonNapoléon Bonaparte (1769-1821), sacré empereurdes français le 2 décembre 1804.

Rue LambrechtNom d’un administrateur de la Compagniedes mines d’Anzin, en 1829.

Rue de la Marne ; Rue de la MeuseImpasse de la Somme ; Rue de l’Yser

Ces rues portent les noms évocateursde paisibles rivières du nord de la France,théâtres de sanglantes batailles au coursde la 1ère guerre mondiale.

Origine des noms de fossesFosse Turenne (créée en 1828 - fermée en 1887)

Seconde fosse de Denain. Hommage discret à l’ancien Régime qu’il étaitalors de bon ton d’honorer, ce qui ménageait la susceptibilité du pouvoirétabli sans nuire aux convictions de Casimir Périer alors à la tête de la Com-pagnie des mines d’Anzin et président du 3e gouvernement de la monarchiede juillet, dont l’appartenance à l’opposition libérale ne pouvait certes pasfaire obstacle au choix de ce nom glorieux.

Fosse Mathilde (créée en 1831 - fermée en 1859)Cette fosse cessa d’exister le 10 mai 1863. Après que les machines furentrécupérées, on transforma les bâtiments de surface en logements. Mais,devenus insalubres, ils ont été démolis en 1959.

Fosse Napoléon (créée en 1833 - fermée en1864)Jeune garçon, Bonaparte s’est rendu dans la ville de Denain. Sur place, il adessiné les plans de la célèbre bataille de 1712. Alors que la littérature s’em-parait de lui, que l’imagerie populaire le déifiait, les Périer, patrons impitoya-bles mais libéraux en politique et attachés aux conquêtes de la Révolution,ne pouvaient faire moins que lui rendre hommage.Sans aller jusqu’au fanatisme, les dirigeants de la Compagnie des minesd’Anzin n’en espéraient pas moins que son patronage fut favorable au suc-cès du nouveau siège d’extraction...

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1 - c’est la compagnie quifournit gratuitement lechauffage à ses ouvriers .La compagnie accorde àses 659 employés desallocations de chauffage,les médicaments au prixde revient et le logementou une indemnité delocation à ceux qui sontmariés.La compagnie possède102 maisons de chefs oud’employés, deux mai-sons sont affectées àl’administration et 30 àdes services spéciaux.La surface totale occu-pée par les carreaux desfosses de la compagnieest de 131,68 ha.Les constructions re-présentent 1,79 ha.

3- Typologie de l’habitatVers 1880, la Cie des mines d’Anzin propose un habitat composé de mai-

sons d’un étage avec comble. Elles sont bâties en ligne ou groupées pardeux là où le terrain a moins de valeur. Dans le premier cas, les portes débou-chent sur la rue, le jardin est derrière la maison. Dans la seconde configura-tion, l’avant-cour s’interpose entre le seuil et la rue et on accède au jardin enfaisant le tour du logement. Il y a un puit par groupe de 16 maisons.

Les maisons sont mitoyennes.Toute en briques, sauf deuxchaînes en pierre aux encoi-gnures : une porte et deux fe-nêtres, une corniche aux che-vrons pendants, une toiture en tuiles creuses et une modeste cheminéemontée en briques dépassant le faîtage. L’ornementation ne prend point depart à ces constructions, seul le nécessaire est fait.Une cave voûtée est creusée sous une partie de la maison, elle élimine l’hu-midité du sol. On y descend par un escalier de quelques marches, un soupi-rail assure l’aérage et l’éclairage.Le rez-de-chaussée se compose de deux salles, l’une orientée vers la ruel’autre sur le jardin. Elles font office de cuisine et de chambre à coucher.La porte d’entrée donne sur un tambour, d’où part l’escalier qui monte àl’étage où il y a deux autres “chambres”. Cette disposition est adoptée afinque le mineur, de retour du travail, puisse faire sa toilette à l’étage où setrouve une modeste pièce et un grenier. Toute la maison est chauffée par unecheminée ou par le poêle du rez-de-chaussée, dans la pièce principale (1).Le principe de la salle à usage unique n’existe pas encore. La pièce princi-pale, polyvalente, est ouverte sur la rue et consacrée à la vie familiale.

Situé aux abords de l’habitation, le jardin potager joue un rôle économiquede premier plan dans le quotidien domestique d’une famille de mineur. Oncultive aussi dans des jardins ouvriers qui s’étendent aux confins de chaquecité, des lopins de terre de 3 à 4 ares. Ce “carreau de terre” est géré par legarde des mines qui attribue la parcelle.

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1907

1922

1923

1923

1925

Année deconstruction

F4 - 141 m²

F4 - 145 m²

F4 - 126 m²

F4 - 126 m²

F4 - 108 m²

Modèle Surfacehabitable

Quantité1 - Enquête urbaine,HBNPC, groupe deVa l e n c i e n n e s ( C H M3367)Centre historique minierde Lewarde

2 - Guide des Houillèresdu Nord et du Pas-de-Calais, 1936

3 - pour la méthodologie,voir C. Altewei :Topographie de la ville deWissemburg, universitéMarc Bloch, Strasbourg

Rue Mathilde

Rue Napoléon

Rue de la Marne

Rue de la Meuse

Rue de Turenne

Cité Turenne

Maisons

44

32

18

31

20

204

Habitants

184

217

102

187

107

931

Étrangers

34

40

19

88

0

275

en moyenne : 4,5 Habitants/maison

Types et années de construction des cités concernées (1)

Soient 149 logements sur une superficie de 85 000 m².

Nombre d’habitants en 1931 (2)

4- Topographie historique du secteur (3)

Il est à noter, dans ce secteur, l’absence d’habitat minier durant la pé-riode d’exploitation des fosses (d’après le cadastre de 1851 et 1861), lespremières constructions n’apparaissent qu’à partir de 1907. Depuis leur cons-truction, ces habitations n’ont subi que très peu de modifications. La réha-bilitation de la cité Turenne n’interviendra qu’à partir des années 80.

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10 maisons jumeléesR-d-c.+1

16 semi-continuesR-d-c.+1

2 semi-cont. R-d-c.+1

50 Jumelées R-d-c.+1

42 Jumelés R-d-c.+1

24 Jumelées R-d-c.+1

5 Semi-continues R-d-c.

Type 1906 à 2 demeures avecdépendances derrière

Type 1-1913 Pinsonà 4 demeures

Type 3-1913 à 2 demeures

Chalet 1906 à 2 demeuresavec dépendances derrières

Type 1922-1923à 2 demeures avec

dépendances derrière

Type 1922-1923 à 4 demeures

Anciennes écuries

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Cadastre de 1810

Le secteur est entièrement constitué de parcelles agricoles. Le chemind’Escaudain à Denain (rue de Turenne), le chemin de l’actuelle rue deLambrecht et le chemin de l’actuelle rue Mathilde.

Ci-dessous, plan d’après le cadastre de 1898

Les fosses Mathilde, Turenne et Napoléon sont représentées ainsi que lesfours à coke, le four à chaux, les bâtiments des écuries, le terril. Cependant,il n’y a pas eu d’habitat pendant l’exploitation des mines.

Cadastre de 1931

Les habitations des rues Napoléon, Mathilde, Turenne, la Marne, la Somme,impasse de la Meuse et celles au sud de la rue de l’Yser sont construites.Des habitations sont construites sur l’emplacement des anciennes écuries.La fosse Napoléon et deux bâtiments de la fosse Turenne ont disparu. Lacentrale électrique est construite entre 1898 et 1931.

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Plan des années 1970

Une maison à 2 demeures disparaîtrue Mathilde, entre les numéros 18 et 24.Une maison à 2 demeures (côté ouest)disparaît de la rue de Turenne, les bâtimentsde la fosse Turenne ont disparu.

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Cadastre de 1984

Réhabilitations importantes : des dépendances sont construites entre lesmaisons pour le type 1922-23 à 4 demeures, sur l’arrière pour les maisons detype 1906 à 2 demeures, type 1922-23 à 2 demeures et chalet 1906 à 2 demeu-res. Des garages sont construits à l’emplacement de la maison disparueentre les numéros 18 et 24, ainsi qu’au début de la rue Mathilde.Quatre maisons sont construites, rue de Turenne, en reprenant le style desmaisons du secteur. La cité voit des bâtiments d’habitations supplémentai-res annexés.

1- Description de l’or-ganisation d’une fosseLe service des travauxdu fondà la tête duquel est placéun ingénieur en chef,comprend cinq ingé-nieurs divisionnaires (ré-sidant à S t Vaast, Abscon,Denain, Thiers, Vieux-Condé) et un ingénieur dumatériel attaché auservice central (chaquefosse est dirigée par uningénieur relevant di-rectement de l’ingénieurdivisionnaire).Le service des travauxdu jourayant à sa tête un directeuren chef, réalise lestravaux neufs et lestravaux d’entretien, gèreles ateliers et le matérieldu jour (salle de lamachine à vapeur et plustard son chevalement, lesateliers d’entretien, lalampisterie...), les dépôtsde charbon et de bois, leslavabos et les bureaux, lesateliers de lavage et decarbonisation, les usinesà agglomérer les char-bons et les services de lavoie et de la traction duchemin de fer. Ladirection de chacune deces branches est confiée àun ingénieur spécialrelevant du directeur enchef.

2 - d’après la note des-criptive sur la compagnierédigée à l’occasion del’Exposition universelleen 1878 (CHM 2062)

3 - modification du terrainsuite à l’activité d’uneindustrie extractive.En Francejusqu’au XVIII e, leterme “avaleur” désignele mineur qui creuse dansles mines.À Liège, en Belgiquele verbe “avaler” signifiecreuser en descendant,approfondir.

Nomdes Fosses

Mathilde

Napoléon

Turenne

Creusement

1831

1831

1828

Extraction

1833

1830

Find’exploitation

1862

1887

fermeture

1863

1864

1889

5- Archéologie industrielleLe quartier Turenne a connu une grande période d’activité minière à

partir de 1828, date d’ouverture de la fosse Turenne, la plus ancienne dusecteur mais aussi celle qui fermera le plus tard (1889). Dans les années quisuivirent son ouverture, deux autres fosses furent creusées, Mathilde etNapoléon, qui participèrent, elles aussi, à la prospérité de la Compagnie desmines d’Anzin. De ce passé industriel glorieux, il reste encore aujourd’huiquelques traces historiques : un terril et des bâtiments industriels (carreaude la fosse Mathilde, centrale électrique de Turenne) témoins d’un mondedisparu mais toujours présent dans les esprits et le cœur de la population (1).

Historique du secteur (2)

Cette partie se propose de retracer l’historique des fosses du secteur àl’époque de leur exploitation, ainsi que des bâtiments dont il ne subsiste rienaujourd’hui. L’ouverture des fosses du secteur Turenne débute dans lesannées 1830, onze puits sont construits, suivis de trois autres dans lesannées 1850. Mais déjà, au milieu des années 1850, neuf puits sont fermés etun seul sera ouvert entre 1885 et 1895.

La fosse TurenneL’avaleresse (3) Turenne fut ouverte le 11 août 1828. La 1ère veine de 1 m 15,baptisée Mark, fut atteinte à moins 73,60 m. Dans les 100 premiers mètres,deux autres veines furent découvertes, baptisées Périer et Eugénie.En 1829, le manège à chevaux fut remplacé par la machine d’extraction àvapeur de Constantin Périer.Au début des années 1830, le développement de l’exploitation fut freiné parles travaux préparatoires (approfondissement du puits, pompage de l’eau) etla pénurie de personnel (épidémie de choléra en 1832, émeute de 1833).

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1 - la gaillette est un blocde charbon brut

2 - le grisou est le gazcontenu dans le charbon.Inflammable, inodore etincolore, il est surtoutcomposé de méthane.(source : site internet desCharbonnages de France)

Dans les galeries oùs’affairaient les mineurs,lorsque la teneur en grisoudans l’air constituait entre6 % et 15% de l’atmo-sphère, il y avait risqued’explosion, ce qu’onappelle le coup de grisou.La réaction en chaîneconsumait la quasi totalitéde l’oxygène, le souffleexpulsait le reste d’air ettoute chose qui se trouvaitsur son passage hors dupuits, créant un vide d’airdans les galeries.En quelques secondes, lesgaz toxiques issus de lacombustion du grisouenvahissaient alors lesgaleries sans oxygène,transformées en four-naise. Les mineurs quitentaient d’échapper à lamort inhalaient malgréeux ces gaz brûlants,véritables poisons qui lesétouffaient et les consu-maient de l’intérieur.L’onde de choc provo-quait des éboulis, lescharpentes en boiss’effondraient.De ce véritable enfer, peude mineurs en ré-chappaient : ceux quisurvivaient à l’explosion,à l’asphyxie et à l’onde dechoc se trouvaient faceau péril des nappes decharbon qui s’étaientembrasées.La seule solution pour lacompagnie des minesétait alors d’inonder lesgaleries.

En 1833, la jonction se fit avec les fosses Napoléon,Mathilde et Villars.En 1834, la fosse était dotée de cages d’extractionpouvant ramener 4 berlines de 400 L à chaque cor-dée et d’une machine d’extraction de 30 cv.

En 1860, la fosse constituait alors avec son lavoir et ses fours à coke l’un descomplexes industriels les plus importants de l’époque.En 1863, la production annuelle était de 68 091 tonnes et on atteignit leniveau le plus bas d’extraction en 1864 à 466 m.Après une première interruption de l’extraction en 1869 pour mesure écono-mique, elle reprit en 1872 car les ressources des étages 349, 410 et 466 esti-mées à 22 000 000 quintaux laissaient espérer une production de 100 000tonnes par an pendant environ 20 ans. Ce qui se confirma progressivementdans les années suivantes. Le prix de revient resta néanmoins élevé mais ilétait compensé par les produits gailleteux (1) qui amélioraient la valeur com-merciale des charbons de Denain.Le grisou (2) à teneur élevé fit sonapparition en 1852 et amena ledéveloppement des ventilateurscentrifuges. La fosse Mathilde,déjà raccordée à Turenne, le futensuite avec Bayard, afin que leventilateur que l’on y avait ins-tallé puisse aérer de conserveMathilde et Turenne.La présence de grisou rendait l’exploitation de plus en plus dangereuse, legisement, très accidenté était de plus en plus difficile, les veines s’amincis-saient sans arrêt (ouverture moyenne de 0,47 m) et le prix de revient devenaitprohibitif avec la confection des remblais et l’entretien onéreux des galeriesd’aérage.Turenne acquit aussi la réputation d’un puits maudit avec deuxcoups de grisou qui se soldèrent par des morts (1865 et 1883). On cessaprogressivement l’exploitation des veines pour arrêter définitivement en 1889.Aujourd’hui, il ne reste rien des bâtiments si ce n’est une plaque de fonte quimarque l’entrée du puits remblayé en 2000, au sein d’un espace herbeux.D’après les plans, les bâtiments ont disparu entre 1970 et 1981.

ci-dessus :l’ancienne fosse Turennecreusée en 1828

ci-dessus :vue sur le bâtiment de la fosse Mathilde, devenu une habitation

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1 - ouvrier qui chargeà la pelle le charbondans les berlines

2 - un tonneau = 978 kgsoit presque une tonne

3 - lu dans la revueChantiers, juin 1969

ci-dessus :la fosse Napoléon,photographiée avant1912

La fosse NapoléonL’ avaleresse fut ouverte en août 1833 et l’extraction put commencer en 1835(6 909 tonneaux pendant le premier semestre). Les liaisons d’aérage furentétablies avec Turenne.En 1840, la fosse Napoléon est le plus productif dessites d’extraction, devant les fosses Marie-Louise(- 87 et - 101 m), Joséphine (- 101 et - 115 m), Casimir(- 115 m) et Mark (- 132 m). Les mineurs arrachaientun excellent charbon à coke de ses quatre veinesprincipales.L’essor de la fosse fut cependant freiné par la pénurie de personnel, ceci dèsl’ouverture. Étant installée à l’extrémité ouest de Denain, le recrutement deses herscheurs (1) se faisait en majorité parmi la population d’Escaudain. Lesmineurs d’un temps repartaient dans leur village pour la saison de la fabrica-tion du sucre, car Escaudain était à l’époque un centre important de produc-tion. Néanmoins, on continua d’approfondir le puits jusqu’à -231 m et àexploiter intensivement les veines.En 1847, la fosse se situe en bonne place (51 962 tonneaux (2) en 1847 ; 53 000en 1851) et dispose des quatre veines les plus rentables (Président, Périer,Mark et Marie-Louise). Cependant, dès 1854, le mouvement d’émigrationvers le Pas-de-Calais où l’on recrutait pour un meilleur salaire, fit fléchir laproduction (40 259 tonneaux en 54) qui repartit de plus belle en 1856 avecl’exploitation de la seule veine Président (59 633 tonneaux) aux dépens desautres, moins rentables.En 1856, la veine Président fit la jonction avec les fosses Casimir, Renard etTurenne. La suppression du foyer d’aérage de Turenne, survenue aprèsqu’on ait établi des liaisons entre les fosses pour aérer les galeries avec leventilateur de Bayard, fut le point de départ de la concentration dont futvictime la fosse Napoléon : cernée par Turenne et Renard, elle était condam-née. On cessa d’y extraire le charbon le 1er août 1864.Il semble que le bâtiment de la fosse Napoléon existait encore en 1959 et cejusqu’en en 1969 (3). Les salles des machines ont servi d’habitations qui,devenues insalubres, furent probablement détruites dans les années 1970.Cependant, le plan de la ville dressée en 1931 par Paul Bourgoin, géomètreexpert, ne le représente pas.

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ci-dessus :la surface du terrainvague correspond ap-proximativement à la zoneque recouvraient lesécuries

ci-dessus :les fours à cokede Turenne

Les écuriesElles se situaient rue Mathilde, à quelques mètres del’ancienne fosse Turenne et sont déjà représentéessur le plan cadastral de 1851. Malheureusement, il n’enreste rien aujourd’hui. Avant l’apparition du terrainvague, les écuries avaient été remplacées par des ba-raquements détruits à leur tour entre 1970 et 1990, quiservaient d’habitations aux ouvriers. Actuellement, leterrain est inexploité.

La fosse Turenne avait son écurie qui servait de refuge aux chevaux tra-vaillant à la surface. Ces chevaux actionnaient la machine d’extraction jus-qu’en 1829. Par la suite, ils servirent à tirer les wagons le long de la voieferrée qui reliait les fosses avec le rivage de Denain.L’ Escaut représentait un grand atout pour Denain, les puits sont donc ouvertsde préférence près du fleuve, pour faciliter le transbordement.L’ acheminement se faisait d’abord par charroi, ce qui nécessite le pavagedes routes empruntées à cause du poids et du nombre de transports. En1830, la Compagniedes mines d’Anzin lance un programme de constructionde voies ferrées à Denain, en 1833 la première ligne relie les fosses Bayard,Turenne et Villars à la gare d’eau. La croissance de la production entraîne lamise en place d’un réseau ferré local qui draine le charbon vers le port fluvialde Denain (avec également un embranchement pour la fosse Napoléon).

Les fours à cokeLes gisements denaisiens sont constitués de charbon gras propice à la co-kéfaction (1) et sont donc particulièrement destinés à l’industrie.

La Cie des mines d’Anzin a longtemps employé desfours à coke, dits “fours belges”. Les nouveaux foursinventés par l’ingénieur Evence Coppée permettentde transformer en coke un mélange de charbon gras etdemi-gras, dans lequel la proportion de ce dernier at-teint près de 50 % d’où une sérieuse économie.

Au sud du chemin d’Escaudain, 80 fours à coke sont disposés côte à côte,donnant l’impression d’une longue maison basse à couverture plate.

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1 - carbonisation à hautetempérature. Chauffagede combustible bitumineuxen l’absence d’air à hautetempérature (supérieureà 900°C), en vued’extraire les produits dedécomposition gazeux etliquides, de sorte que l’onobtient du gaz de four àcoke (gaz de cokerie), ducoke de haute températureet du goudron de hautetempérature.(http://www.granddictionnaire.com)

Le coke est indispensableà la sidérurgie. Dans leshauts fourneaux, il jouele rôle de réducteur, fixel’oxygène du minerai defer et libère le métal : lafonte, pourra devenir del’acier après une opé-ration supplémentaire.(Lumière sur la mine,septembre 1956)

On y défourne pour la première fois en 1863. Chaque four fait 1 m 50 dehauteur pour une longueur de 9 m et une largeur de 45 cm. Une porte enfonte, garnie de briques réfractaires et lutée (1) extérieurement avec de l’ar-gile, est ouverte aux deux extrémités du four. Le ciel du four est percé d’unorifice qui sert à l’enfournement du charbon. Avant d’être introduit dans lefour à coke, le charbon doit être broyé et entièrement mélangé. On peutenfourner jusqu’à 3 000 kg de charbon, la durée de la cuisson est de 24 h.La température à l’intérieur du four atteint 850 à 900 °C : les briques de lastructure du four résistent à 1 100 °C sans trace de vitrification. Les fourssont bâtis au milieu d’un quai séparé en deux parties égales. L’un des quaisreçoit le charbon défourné et l’autre porte une voie, parallèle aux fours, surlaquelle circule la “défourneuse”, une machine à vapeur poussant le cokeaggloméré hors du four. Une fois sorti, des ouvriers le frappent de loin avecde longs pics en fer tandis que d’autres l’aspergent d’eau. Quand le coke estrefroidi, il est chargé dans des wagons qui abordent au quai.Ces fours ont aujourd’hui complètement disparus, sur leur emplacement setrouve un musée ferroviaire.

Le four à chauxIl se situait le long de l’ancien chemin d’Escaudain à Denain (devenu la rueTurenne), entre les fosses Turenne et Napoléon, faisant face aux fours àcoke (d’après le cadastre de 1898). Un four à chaux est un ouvrage de ma-çonnerie où l’on fait cuire le calcaire pour obtenir de la chaux.On produisait de la chaux vive en chauffant des pierres calcaires à 1 000°Cdans un four alimenté au bois et au charbon. Après plusieurs jours, on yajoutait de l’eau pour produire la poudrede chaux éteinte.La chaux servait à désinfecter maisaussi à améliorer la terre acidedes champs, blanchir lesmurs et fabriquerdu mortier.

ci-dessus :extrait du cadastre de1898

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1 - bouchée hermétique-ment

1 - le terril est un amon-cellement de rochesstériles et de déchetsremontés des galeries enmême temps que lecharbon. On peut distin-guer trois types de terrils :- les terrils plats, géné-

ralement les plus an-ciens : de 100 à 300 mde long pour 10 à 30 mde haut, soit un volumetotal d’environ 1 millionde m3 ;

- les terrils coniques quisont typiques des zonesagricoles et urbaines :leur hauteur est infé-rieure à 100 m et leurrayon est compris entre100 et 200 m pour unvolume allant de 1 à3 millions de m3 ;

- les grands terrils mo-dernes qui proviennentdes différents puits d’ex-traction et dont la hau-teur peut culminer à150 m.

6- Les vestiges de l’activité minièreOn a recensé dans ce quartier trois vestiges de l’activité minière de l’épo-

que plus ou moins bien conservés : un terril (1), une centrale électrique et lesbâtiments de la fosse Mathilde.

Le terrilLe terril de Turenne est de forme conique.Au début de l’exploitation minière, les terrils renfermaient une grande quan-tité de charbon car les méthodes de tri n’étaient pas suffisamment efficacespour séparer correctement les roches stériles du charbon. Après la secondeguerre mondiale, un procédé technique basé sur le lavage des matériaux apermis de récupérer la quasi-totalité de ce charbon.Certains terrils sont presque complètement stériles, mélange de schistes etde grès carbonifères, ce sont des blocs compacts très durs auxquels s’ajouteune proportion variable de charbon. Le schiste noir est un matériau très utilequi, après la combustion, se transforme en schiste rouge. Il est alors exploitécomme revêtement pour la voirie - routes, autoroutes - ou les surfaces deterrains de sport (exemple : terre battue de terrain de tennis).Beaucoup d’autres terrils sont composés d’une bonne quantité de terre surlaquelle des plantes dites “pionnières” ont poussé. En effet, quelques dé-cennies après le dépôt des résidus miniers, la colonisation végétale peutcommencer. Celle-ci varie en fonction de la température, de l’environnementdu terril, de sa composition et de sa pente. Sur le terril Turenne, seules lesessences locales ont pu se développer ; en effet, l’absence de combustionlente ne permet pas l’apparition de variétés exotiques, contrairement au terrilRenard. Celui-ci, même s’il n’est distant que d’une centaine de mètres, pré-sente un biotope particulier .

Il faut préciser que ce site n’a jamais été exploité car les matériaux qu’ilcontient étaient jugés impropres par la Société des houillères.

Au total, le Nord – Pas-de-Calais compte 265 terrils, soit un volume totalestimé à 700 millions de m3 de matériaux qui, s’ils étaient étalés uniformémentsur le Bassin minier, en élèveraient le sol d’environ 40 cm !

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Une vingtaine de ces terrils appartient à des propriétaires qui en assurentl’exploitation touristique ou industrielle, 129 ont été acquis par l’Établisse-ment Public Foncier du Nord – Pas-de-Calais et 102 sont encore à vendre. Denos jours, quiconque peut acheter un terril, même si la priorité est accordéeaux collectivités.Bien qu’à l’époque de la fermeture des mines, la politique fût d’effacer lestraces de l’exploitation minière, les terrils sont dorénavant reconnus et res-pectés en tant que patrimoine historique mais aussi pour leur intérêt écolo-gique, à la fois floristique et faunistique. Ils constituent un “poumon vert”au sein d’une région par endroit fortement urbanisée et sont devenus devrais terrains d’études et de conservation.

Le terril Turenne s’est donc élevé progressivement durant la deuxième partiedu XIXe siècle.

Aujourd’hui, il se présente sur deux niveaux et a fait l’objet, durant la se-conde moitié du XXe siècle, d’un aménagement paysager de la part de laSociété des houillères. Ainsi, les marches d’un escalier en bitume structurépar des traverses de chemin de fer furent creusées, des barrières en boisimputrescibles furent posées et l’éclairage électrique fut installé (il a disparudepuis). Un bac à sable pour les enfants a été construit au 2e niveau.Des arbres ont été plantés pour masquer la “noirceur” du sol : peupliersd’Italie et autres essences, surtout des résineux. Le reste de la végétation estapparu naturellement.Le terril a été vendu à la ville par la Société des houillères, pour le francsymbolique, en 1980. Un appariteur (1) fut chargé pendant quelques annéesde la surveillance du lieu puis, laissé à l’abandon, le terril se dégrada peu àpeu : les lampes et les barrières furent endommagées ou volées.

Aujourd’hui, la municipalité s’efforce de réhabiliter le site, elle en assurel’entretien. Les peupliers d’Italie et le gros végétatif qui menaçaient de toutcacher ont été coupés afin de dégager la vue. Désormais, c’est un espaceaménagé en parc de promenade qui offre depuis son sommet une vue impre-nable sur une partie de la ville.

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1 - garde assermenté

ci-dessus :le bâtiment en brique

Pour finir, des projets d’aménagement urbains sont à l’étude parmi lesquell’ajout d’un trottoir le long de la rue qui longe le terril - la rue Mathilde - afind’assurer aux piétons une entrée sécurisée dans la cité ou encore engagerun nouvel agencement esthétique du terril.

La centrale électrique de TurenneLa centrale électrique et les exploitations minièresétaient dépendantes les unes des autres. L’électricitéalimentait les systèmes de sécurité de la mine (ventila-tion, machine d’extraction) et le charbon alimentait lacentrale thermique.

Toute centrale thermique dispose d’une chaudière qu’il faut alimenter encombustible pour chauffer de l’eau. La vapeur dégagée actionne une turbinequi, selon le principe du dynamo, transforme l’énergie mécanique généréeen électricité (1).Il existait deux centrales électriques sur la concession de la Compagnie desmines d’Anzin, celle de Turenne à Denain et celle de Thiers, au nord deDenain. La centrale alimentait les fosses et l’usine Cail, fournissant égale-ment l’électricité pour l’éclairage de la voirie.Son activité ne s’est pas arrêtée avec la fermeture des mines, elle n’a cesséde fonctionner qu’au milieu du XXe siècle. Les archives ayant disparu, ladate de construction des bâtiments qui la composent n’est pas connue. Onpeut néanmoins supposer que l’un des bâtiments, en brique, date de la findu XIXe siècle. L’autre, en béton armé, du début du XXe siècle.La centrale thermique fut modifiée de 1929 à 1931 en vue d’exploiter despressions élevées : la puissance développée dépassait de 2,7 fois celle de lacentrale Crépin (2 900 kW) en 1944 (2).

La centrale électrique de Denain est le dernier exem-plaire de ce type qui existe dans le nord de la France.Construite dans l’esprit de l’époque, qui voulait queles ouvriers travaillent dans un espace agréable, l’ar-chitecture d’inspiration classique, mèle charpente enpoutres métalliques, carreaux de faïence verts et blancs,moulures, rosaces en stuc, et énormes fenêtres qui inon-dent la salle de lumière.

1 - une centrale thermi-que utilise la chaleurdégagée par l’inflamma-tion de combustiblesfossiles (fuel, gaz,charbon).La chaleur ainsi produitepermet de vaporiser del’eau, la vapeur estdétendue dans uneturbine.Sous cet effet, la diteturbine entraîne unalternateur qui générel’énergie électrique.Finalement l’eau passedans un condenseur oùelle est refroidie aucontact de tubes danslesquels circule une eaufroide issue de la mer,d’une rivière ou d’uncircuit de réfrigérationatmosphérique.

2 - H ARDY-H ÉMERY

( Odette)Industrialisation duvalenciennois

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Deux pilastres encadrent la porte d’entrée. La centrale électrique subsiste denos jours à l’état de ruines, les machines ont été enlevées ou détériorées etla décoration intérieure a subi les ravages du temps. Les deux bâtiments sontutilisés comme entrepôts.

La fosse MathildeL’exploitation du charbon à la fosse Mathilde débuta en 1831 et s’acheva en1863. Elle était attenante à la voie ferrée Paris - Valenciennes.De telles fosses sont devenues des monuments d’exception car on n’en arépertorié que trois en Europe : la fosse Mathilde, celle de Vieux-Condé etune en Rhénanie (ces deux dernières sont en ruines, celle de Denain est lamieux conservée d’Europe).L’avaleresse Mathilde fut ouverte le 15 juillet 1831. Elle fut d’abord creuséeà bras d’hommes jusqu’à 13 mètres de profondeur puis la “machine à feu”actionnant une pompe de 15 pouces prit la relève.

À - 103 mètres, on trouva une veine qu’onbaptisa Président. Les bâtiments définitifsfurent alors construits et on installa unemachine d’extraction de type Edward.On creusa par la suite jusqu’à -178 mètres

où on trouva deux autres veines.

En 1837, la fosse produisit environ 22 000 t (39 582 tonneaux) de charbonqu’elle arracha de trois veines : Président à -105 m, Edmond à -155 m etGailleteuse à -178 m. Ce qui fit de Mathilde la fosse la plus rentable deDenain.La veine Président fut vite épuisée et l’on creusa dans les années suivantesjusqu’à -303 mètres (veine Zoé) pour chercher d’autres veines.La machine d’extraction d’origine fut remplacée à deux reprises par des ma-chines plus puissantes durant cette période. La dernière, en 1855, permettaitla circulation du personnel qui put alors remonter les 303 mètres autrementque par les cheminées ou les échelles. Malgré cette modernisation, la fossene progressa guère car le gisement était pauvre.

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1 - le chevalement est unegrande tour en poutresmétalliques par laquellepassent les câbles desascenseurs servant autransport des mineurs, ducharbon ou du matériel.

Parmi ceux qui ontcontribué à la moderni-sation des conditions detravail dans les mines, ilfaut citer Eugène FENZY(Denain 1871 - Arras1947), illustre Denaisien,inventeur du premierappareil respiratoirefrançais contre les gaz etl’inflammation despoussières dans lesgaleries de mines.En 1890, il est élève del’École des mines (alorsÉcole des maîtres-mineurs) de Douai. Il estcontrôleur pour laCompagnie des minesd’Anzin dès 1898.En 1905, il s’installe àArras où il travaille pourl’Organisme de contrôledes mines de l’État.En 1906, il est chargé dela coordination dessecours puis de l’enquêtesuite à la catastrophe deCourrières qui fit plus de1000 morts.Cet évènement tragiqueest le déclic qui lui faitprendre conscience de lanécessité, d’abord d’orga-niser des services desecours efficaces, ensuitede mettre au point unappareil respiratoireautonome.Pour en savoir plus :Bulletins n° 0, 1 et 2 de laSociété archéologique ethistorique des Amis dumusée de Denain

Malgré la réorganisation méthodique de la compagnie sous la direction de lafamille Périer, la production du charbon stagna en 1823. Une telle stagnationau début du XIXe siècle, qui vit la naissance de l’ère industrielle, était demauvaise augure. L’incapacité de répondre à la demande du marché provo-qua l’importation des charbons belges sur le marché français qui, s’il n’yavait pas eu de douanes, eut été entièrement submergé.

Sous peine de courir à la ruine, la Compagnie desmines d’Anzin devait donc réduire leur prix de re-vient et produire suffisamment de houille grasse poursoutenir la concurrence.Sur le plan technique, il fallut surmonter certainsobstacles dont le “Torrent”, un lac souterrain et ex-plorer le sous-sol de la concession d’Anzin, jus-

qu’alors fort peu connu. Le 26 juin 1826 un des sondages évita les sablesaquifères et se prolongea dans le houiller où il découvrit une veine plate,recoupée à Denain.Une dernière veine fut trouvée à - 338 mètres (Le Bret) etmême si l’extraction pouvait encore se prolonger trois ans, la compagnie laferma en 1862 car jugée trop déficitaire. Le puits fut conservé pour accroîtrele puissant courant d’air qui activait les ventilateurs de la fosse Bayard. Il futcomblé progressivement et clos en 1863, les machines furent récupérées etcertains des bâtiments de surface furent transformés en logements.

Aujourd’hui, même s’il manque la cheminée qui devait servir à l’aération, lesmurs d’époque en briques du pays sont encore en place. La façade la plusancienne est celle orientée au sud.Devant, donnant sur rue Mathilde, au 1er étage, se trouvait la salle des com-presseurs. En haut de la rampe d’accès, la salle de triage. Sous cette rampe setrouvaient deux sorties par où remontait le résultat de l’exploitation sous-terraine.Ce monument est actuellement une habitation (voir p. 65). On peut encorevoir sur ses arêtes, en façade, de la pierre bleue ouvragée sur le pignon etdes assises en grès et aussi en pierre bleue. Des annexes furent ajoutéesderrière le bâtiment (d’après les plans entre 1931 et 1984).

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La machine à vapeur detype NewcomenSur le site de la fosseNapoléon, on peutapercevoir un bâtimentde forme hexagonalesurmonté d’un axevertical.Le 20 Août 1829, lamachine d’extractionConstantin Périer aremplacé le manège àchevaux de la fosseTurenne. On peut penserque celle-ci servait àremonter le charbon dufond de la mine, maisétait-ce vraiment le cas ?On se souvient desproblèmes techniquesposés par le “Torrent”, lacsouterrain qui a retardéles débuts de l’explorationde la concession d’Anzin.La machine d’extractionConstantin Périer était enfait une machine d’ex-traction à vapeur destinéeau pompage de l’eau, detype Newcomen, amé-liorée par Jacques-Constantin Périer. Elle fututilisée pour la premièrefois en 1803 à la fosse duVivier à Fresne. Cesmachines ont fonctionnéjusqu’en 1845. Ellesfurent ensuite rempla-cées par les machinesverticales, type Watt,d’importation anglaise.On peut supposer que latour hexagonale n’estautre que la chaudière dela machine atmosphé-rique de Newcomen.

page 74

Conclusion / page 75

CONCLUSIONPar Jean-Marie Stawikowski, président dela Société archéologique et historique des Amis du musée municipal de Denain

Comme nous l’avons vu, le territoirede Denain reste doté d’un riche pa-trimoine industriel.À cet héritage vient s’ajouter le pa-trimoine culturel, dont l’écrivain Ju-les Mousseron est probablement lereprésentant le plus connu.Il nous était impossible de conclurecet ouvrage sans nous intéresser àcet homme de lettres qui, dans sesécrits, relate avec tant de force la viequotidienne des gens de la mine(1).

C E FUT LE 1ER JANVIER 1868, dans le quartier Villars de Denain, dit le“coron plat”, que nacquit, au sein de l’humble ménage du mineurFrançois Mousseron, son 3e fils que l’on prénomma Jules.

Enfant timide et chétif, Jules Mousseron débuta comme galibot précisémentà l’âge de douze ans et un jour. Il venait de terminer ses études primaires.Deux ans plus tard son père mourut et la gêne s’installa au foyer.Assoiffé de savoir, l’adolescent suivait les cours du soir après ses duresjournées de travail. Il y découvrit les auteurs classiques dont les œuvresconstitueront ses livres de chevet.Il rencontra celle qui devint sa femme, l’inspiration de ses premiers vers.Après un court séjour au 43e de ligne à Lille, il fut réformé et revint à Denainoù il se maria. De cette union très heureuse nacquirent trois enfants.Jules Mousseron s’essaiera d’abord à l’écriture de poèmes en français, dontcertains paraîtront dans des revues locales.

En 1898, son œuvre prendra un tournant décisif. Julien Renard alias AndréJurénil, homme de lettres et historien local, lui conseillera de composer enrouchi, patois issu de la langue romane du moyen-âge. C’est pour le mineurpoète une révélation. Il se lançera avec succès dans cette voie.

1 - biographie et notesrédigées d’après un textede la Société archéo-logique et historique desAmis du musée muni-cipal de Denain.

De 1898 à 1943, il publia ainsi une dizaine de recueils de poèmes dans les-quels il contribue à mieux faire connaître le monde de la mine, la dignité et lanoblesse du métier de mineur.Dans la lignée des conteurs populaires du moyen âge, il est le père deCafougnette, le “Marius” du Nord. On retrouve dans certaines bonnes his-toires dont il est le héros, la franche gaieté, l’esprit facétieux et un peugaulois des denaisiens, héritiers des traditions d’un riche passé.Jules Mousseron est ainsi le poète des mœurs populaires du Pays Noir, de lafamille et de l’enfance mais également de ceux qui souffrent, vieux et jeunes,victimes du sort, de la société ou de la guerre. Parmi ses ouvrages, l’un d’euxtient ainsi une place un peu particulière : celui qu’il écrivit clandestinementdurant la première guerre mondiale, alors qu’il assistait, impuissant, à l’occu-pation allemande.

Profondément humain, le poète profita de sa notoriété pour apporter sonconcours bénévole afin de soulager la misère. C’est ainsi qu’il organisa des“soirées bachiques” destinées à recueillir des fonds ou participa à des galasde bienfaisance pour secourir les familles des victimes de la catastrophe deCourrières (voir p. 41 et 72).

Renouant avec la tradition orale des trouvères et troubadours, Jules Mous-seron récita ses œuvres jusque sur les scènes de l’Opéra Comique et duChâtelet. On le vit aussi en Belgique, en Sarre, en Suisse, la presse s’enfaisait l’écho jusqu’en Italie, en Angleterre et même aux États-Unis.

Son talent fut finalement récompensé par les plus hautes distinctions. Déjàofficier d’Académie et officier de l’Instruction Publique, l’ancien galibot futpromu chevalier de la Légion d’honneur en 1936.

En 1939, il assista de nouveau aux misères de l’exode. Le 24 novembre 1943,celui qui fut la voix d’un métier et d’un pays, Jules Mousseron, s’éteignit.Avec lui disparaissait non seulement un écrivain authentique qui honoraitsa cité et sa classe sociale, mais aussi un être bon qui fit honneur à sacondition d’homme.

BIBLIOGRAPHIE

Recueils de poèmes

Fleurs d’en bas (1897)Croquis au charbon(1898)Feuillets noircis (1901)Coups de pic, Coups deplume (1904)Au pays des corons(1907)Éclats de gaillettes(1913)Les boches au pays noir(1919)La terre des galibots(1923)Les fougères noires(1926)Autour de terris (1929)Mes dernières berlines(1933)Dans nos mines decharbon (1946)

Monologues

Souvenir d’uneexcursion en Suisse(1907)Cafougnette à Paris(1927)Cafougnette à OstendeCafougnette à BonsecoursCafougnette gardechampêtreVoyage à Paris et àVersailles

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REMERCIEMENTS

Nos remerciements vont à ceux qui ont rendu possible ce Projet de fin de session :

M. Charles BERNIER ; M. Jean-Marie BOUL ANGER ; M. M ichel DUCHATELLE ; Mlle Paule LAINE

Mme Céline LAUDE ; M. Alain LERAY ; M. Jean-Marie STAWIKOWSKI et l ’ensemble des mem-

bres de la Société archéologique et historique des Amis du musée municipal de Denain.

Nous tenons également à remercier pour leur aide durant cette étude, la municipalité

de Denain et plus particulièrement :

M. Patr ick LEROY, mair e de la ville de Denain ; Mme Solange TONINI, 1ère ajointe ;

M. Bernard JASKOWIAK , directeur des services techniques ; M. Frédéric FENAERT,

responsable du service Politique de la ville ; Mme D ominique LEROY, directr ice de

la médiathèque de Denain ; M. Édouard CARON, conservateur du musée de Denain.

M. Tadeusz JABLONSKI , de l’arrondissement de Valenciennes de la DDE du Nord.

Mmes Laure BERNIER et Léocadie REICH pour leurs précieux témoignages.

Mme Agnès P ARIS, conservatrice et M. Gérard DUMONT du Centre Historique Minier de

Lewarde.

M. J osé WALOCHA, président directeur général de la S.A. Nord Entr etien, propriétaire de

l’ancienne centrale électrique Turenne.

Mme Caroline BIENCOURT des Archives diocésaines de Cambrai.

M. Mar c KASZYNSKI, directeur et M me Colette FLAMANT, sécrétaire génér ale de l’Établisse-

ment public foncier de la région Nord – Pas-de-Calais (EPF-NPDC).

M. P ierre JACOT, directeur de l’agenc e d’Aniche de Maisons & Cités EPINORPA-SOGINORPA.

M. Alfonso Di GIULIO.

M. Alfred DESPRES.

Conception graphique de la couverture et de la mise en page, illustrations, rédaction

des notes connexes (p. 8, 10, 22, 41, 42, 54, 65, 71, 72) et révision de la maquette :

M. Éric PAILLART, graphiste de l’ENTE de Valenciennes.

Correction de texte :

Mme Catherine DEBIEVE

M. Franck MUNDUBELTZ

M. Éric PAILLART

M. Jean-Marie STAWIKOWSKI

Remerciements / page 77

Les membres de la Société archéologiqueet historique des Amis du musée municipalde Denain. De gauche à droite :M. Charles BERNIER, Mlle Paule LAINEM. Jean-Marie BOULANGER, M. AlainLERAY, M. Jean-Marie STAWIKOWSKIMme Céline LAUDE et M. MichelDUCHATELLE

page 78

ICONOGRAPHIEPRÉFACEphoto : ENTE / cellule communication

AVANT-PROPOSp. 1 - dessin : ENTE / cellule communication / Éric Paillartp. 6 - photo : ENTE / cellule communication

PREMIÈRE PARTIEp. 7 - plan : stagiaires ENTEp. 8 - dessin : ENTE / cellule communication / ÉPp. 9 - carte postale : musée municipal de Denain

- photo du bas : ENTE / cellule communication / ÉPp. 10 - photo du haut : stagiaires ENTE

- dessin : ENTE / cellule communication / ÉPp. 12 - plans : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 13 - plan : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 14 - photos : stagiaires ENTEp. 15 - photo : stagiaires ENTE

- dessin : ENTE / cellule communication / ÉPp. 16 - photos : stagiaires ENTEp. 17 - plan : ENTE / cellule communication / ÉPp. 18 - plan : ENTE / cellule communication / ÉP

- photo du bas : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 19 - photo du haut : musée municipal de Denain

- photo du bas : stagiaires ENTEp. 20 - photo : stagiaires ENTEp. 21 - plan : ENTE / cellule communication / ÉP

- dessin : ENTE / cellule communication / ÉPp. 22 - photo : stagiaires ENTE

- schémas : ENTE / cellule communication / ÉP

DEUXIÈME PARTIEp. 28 - photos : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 29 - carte postale et photo : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denain

- photo du bas : stagiaires ENTEp. 30 - photos du haut : stagiaires ENTE

- photos du bas : Bruno Masettyp. 31 - photo du haut : stagiaires ENTE

- photo du bas : Bruno Masettyp. 32 - photos : stagiaires ENTEp. 33 - photos : stagiaires ENTEp. 36 à 39 - plans : stagiaires ENTE

TROISIÈME PARTIEp. 41 - photo : ENTE / cellule communicationp. 43 - dessins : ENTE / cellule communication / ÉPp. 44 - photo du haut, à gauche : stagiaires ENTE

- photo du haut, à droite : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denain- photo du bas : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denain

p. 45 - plan : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denain- photos : stagiaires ENTE

p. 46 - plan : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denain- schémas : ENTE / cellule communication / ÉP

p. 47 - photo du haut : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denain- schémas : ENTE / cellule communication / ÉP- photo du bas : musée municipal de Denain

p. 48 - photo : musée municipal de Denain- plan : ENTE / cellule communication / ÉP

p. 49 - photos du haut : musée municipal de Denain- photo du bas : stagiaires ENTE

p. 50 - dessins : ENTE / cellule communication / ÉPp. 52 - dessin : ENTE / cellule communication / ÉP

Iconographie / page 79

Iconographie / page 80

QUATRIÈME PARTIEP. 54 - schéma : ENTE / cellule communication / ÉP

- photo du haut : ENTE / cellule communication / ÉP- photo du bas : stagiaires ENTE

p. 56 - dessin : ENTE / cellule communication / ÉPp. 58 - photo : stagiaires ENTEp. 59 - schémas : ENTE / cellule communication / ÉPp. 61 - plan : ENTE / cellule communication / ÉPp. 62 - plans : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 63 - plan : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 65 - photo du haut : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denain

- photo du bas : stagiaires ENTEp. 66 - photo : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 67 - photo du haut : stagiaires ENTE

- carte postale : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 68 - plan : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denainp. 71 - photo : stagiaires ENTEp. 72 - dessins : ENTE / cellule communication / ÉPp. 73 - carte postale : Société archéologique et historique des Amis du musée de Denain

CONCLUSIONp. 75 - dessin : ENTE / cellule communication / ÉP

REMERCIEMENTSp. 77 - photo : ENTE / cellule communication

ICONOGRAPHIEp. 80 - dessin : ENTE / cellule communication / ÉP

Plan général des secteurs d’étude : ENTE / cellule communication / ÉP

École Nationale des Techniciens de l’ÉquipementÉtablissement de Valenciennes

11, rue de Roubaix - BP 217 - 59305 Valenciennes CedexTéléphone : 03 27 23 73 00 - Télécopie : 03 27 23 73 73

L’École Nationale des Techniciens de l’Équipement a pour mission de

base la formation initiale des agents de la catégorie B du ministère

(Techniciens supér ieurs et Secrétaires administratifs), des techniciens

de collectivités territoriales (Ville de Paris) et des techniciens étran-

gers au titre des accords de coopération (Institut spécialisé des tra-

vaux publics d’Oujda au Maroc).

Une formation modulaire généraliste prépare à l’exercice de métiers

variés au service de l’État voire d’autres collectivités.

Pour les secrétaires administratifs, appréhender le domaine de l’amé-

nagement permet d’aborder, de façon transversale les champs de

l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville.

En 2003, l’objectif était d’étudier - avec l’appui de données, de visites,

de revues de presse, d’entretiens avec des acteurs locaux - sur un

territoire, une thématique précise. L’exercice s’est organisé autour de

l’analyse du patrimoine minier de la Ville de Denain.

Venus de toute la France, nos stagiaires ont été accueillis par la So-

ciété Archéologique et Historique des Amis du Musée Municipal de

Denain qui les a guidés durant leurs recherches.

Le présent ouvrage est l’aboutissement de cette immersion.

Denain, la ville du charbon - ISBN 2-11-095466-3Dépôt légal : premier trimestre 2005 - Distribution gratuite

PROJET DE FIN DE SESSIONL’évolution du patrimoine minier à Denaindes débuts à nos jours