DÉCEMBRE 2012

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SOMMAIREÉDITORIAL Un rendez-vous d’espérance 3

RENCONTRE Rosette Poletti: «Donner aux choses de la vieÀ ST-JUSTIN leur importance adéquate» 4-9

SPIRITUALITÉ Éveille-toi! 10 La nouvelle crèche de St-Justin 11

NOUVELLES DES ANCIENS Maggy Barankitse: «Mon seul combat, c’est la paix» 12-18

PHILATÉLIE 13e vente aux enchères de timbres 19

ENTRAIDE STE MONIQUE 20

IMPRESSUMRédaction: Maurice Page | Sr Maria Crucis | Ursula et Nicolas Scherer | Bernard Litzler | Photo: droits réservés St-Justin | Graphisme: ACTALIS SA | Photo de couverture: © Jean-Claude Gadmer

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Un rendez-vous d’espérance

Je vous annonce une bonne nouvelle:un sauveur vous est né.

(Luc 2, 1-14)

| Noël est-il un rendez-vous manqué? Les savants, les prêtres, les bien-pensants, les puissants n’étaient pas auprès de la crèche du sauveur nou-veau-né. Seuls les bergers avec leur foi simple ont couru à l’étable à l’appel des anges. Et puis il y a eu les mages, personnages insolites venus de loin qui avaient su décoder le sens de l’étoile. Et nous allons-nous oublier le rendez-vous avec l’enfant Jésus? Saurons re-trouver l’humilité des bergers et la sagesse des mages?

Noël n’est pas un joli conte avec des étoiles et des petits moutons bou-clés, c’est la grande fête de l’espé-rance chrétienne. «Je vous annonce une bonne nouvelle: un sauveur vous est né.» Dieu donne au monde son Fils, généreusement, avec confiance. L’amour aura le dernier mot. Quelle joie pour Dieu de contempler son Fils bien-aimé sous les traits d’un petit homme. Avec quelle admiration de père ébloui et ému, il s’est penché sur ce Fils.

Non, Noël n’est pas un rendez-vous manqué! Le Christ inaugure l’ère de l’amour, de l’amour gratuit qui va jusqu’à l’amour des ennemis? Depuis lors c’est Noël chaque fois que des hommes s’engagent sur le chemin d’amour préparé par le Christ:• chaque fois que des hommes et des

femmes se font artisans de paix• chaque fois que des hommes et des

femmes ne jugent plus leurs frères,• chaque fois que des hommes et des

femmes partagent avec ceux qui ont faim,

• chaque fois que des hommes et des femmes posent un regard de compa-sion sur ceux qui souffrent,

• chaque fois que des hommes et des femmes accueillent l’étranger...

Je vous souhaite une belle et sainte fête de Noël dans l’espérance que nous mettons dans les mains et dans le cœur de nos frères et sœurs dans le monde.

Marco CattaneoDirecteur de l’Œuvre St-Justin

ÉDITORIAL

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| S’il est une femme que l’on se présente plus, c’est Rosette Poletti. Infirmière en soins généraux et psychiatriques, titu-laire d’une licence et de deux maîtrises en soins infirmiers ainsi que d’un docto-rat en sciences de l’éducation, ex-direc-trice d’une école de soins infirmiers, psychothérapeute, formatrice d’adultes, conférencière, auteur d’une quinzaine d’ouvrages, elle tient aussi une chro-nique dans «Le Matin Dimanche».

Chaque jour, elle reçoit des dizaines de courriels et d’appels téléphoniques. Elle passe allègrement d’une activité à l’autre, sort d’un train pour sauter dans un avion. En résumé, elle semble n’avoir pas une minute à elle. Pourtant, elle reste constamment attentive à ceux qui l’entourent, observant chacun, lui ac-cordant son attention et toute sa place. Rosette Poletti a 75 ans et pourtant elle n’a pas d’âge. Au-delà du temps et des

Rosette Poletti:«Donner aux choses de la vieleur importance adéquate»Dans le cadre des «Rencontres à St-Justin» Rosette Poletti a donnédurant l’automne un cycle de trois conférences au foyer St-Justin de Fribourg.Elle a fait à chaque fois salle comble. Rencontre avec une femmepleine de chaleur et d’humanité.

RENCONTREÀ ST-JUSTIN

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modes passagères, elle est une figure clef pour tous ceux qui mettent en pra-tique les pensées qu’elle exprime de-puis près de quatre décennies: des pistes pour mieux vivre et grandir dans la sérénité.

D’où vient votre vitalité impression-nante?Rosette Poletti: J’ai l’impression que j’ai toujours été comme cela. Cela vient peut-être du fait que je m’intéresse à tout ce qui m’entoure. Je m’enthou-siasme volontiers et j’ai des enthou-siasmes qui durent. Je suis assez fidèle aux choses que j’entreprends.

Le «lâcher prise» est un de vos thèmes clef. Comment y parvenir?R.P.: La méditation de la pleine cons-cience, non religieuse, est un moyen d’y arriver. A tel point que l’on com-mence à l’utiliser dans les hôpitaux. Il s’agit de devenir conscient de la briè-veté de la vie. Mais c’est que l’on ap-prend au bout de plusieurs années. On commence alors à distinguer l’essentiel de l’accessoire.

Est-ce que «lâcher prise» signifie tout accepter, tout tolérer?R.P.: «Lâcher prise» consiste à donner aux choses de la vie leur importance adéquate. Il y a bien sûr des sujets ou des événements qui vont susciter l’in-dignation ou l’engagement. A mon sens, la meilleure définition du lâcher-prise est celle utilisée dans les groupes d’alcooliques anonymes: «Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne puis changer, le cou-rage de changer les choses que je peux et la sagesse d’en connaître la différence».

En définitive, rien ni personne ne peut ou ne devrait nous blesser. C’est nous qui donnons ce pouvoir à un événe-ment ou à quelqu’un...R.P.: C’est ce que dit aussi Michel Ruiz dans «Les quatre accords toltèques». Quoiqu’une personne dise à mon pro-pos, quelles que soient ses critiques à mon sujet, c’est en définitive de ses goûts qu’elle parle et pas de moi. Cela lui appartient et je n’ai pas à le prendre à mon compte.

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Est-ce que le fait de «lâcher prise» per-met des guérisons sur le plan physique?R.P.: Le «lâcher prise» favorise une di-minution de l’angoisse et du stress. Plus les gens sont capables de lâcher-prise, plus leur système réagit pour lutter contre la maladie.

Est-ce que «lâcher prise» est synonyme de l’expression «Il ne faut pas se prendre la tête»?R.P.: Ce n’est pas le même registre. Dans l’expression que vous citez, il manque le discernement qui est, lui, essentiel dans le «lâcher prise». Il faut se ré-veiller, se situer. Il faut qu’à chaque fois

RENCONTREÀ ST-JUSTIN

Quelles conséquences a le «lâcher prise» sur sa propre vie?R.P.: La principale conséquence est de pouvoir faire sans cesse la différence. Face à n’importe quelle situation, il y a une question à se poser: est-ce que je veux la paix ou le conflit? Cette interro-gation m’a aussi dirigée vers l’appren-tissage de la compassion. C’est peut-être dans ma nature: j’aime l’harmonie.

Finalement, on se rend compte qu’il y a tellement peu de choses qui valent le conflit. Il faut donc se demander si l’événement est important et si, dans cinq ans, je m’en souviendrai.

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je me pose certaines questions: est-ce que mon ego a été blessé? Est-ce que c’est important pour la suite de ma vie? Il est essentiel de définir ce qui se passe en soi et de bien cerner les enjeux en cause avant de pouvoir prendre une décision.

L’accompagnement que vous proposez aux personnes en souffrance est psycho-spirituel. De quoi s’agit-il?R.P.: La dimension psycho-spirituelle part de l’hypothèse de travail qu’il est difficile d’être un être spirituel lorsque l’on va très mal psychologiquement. Une personne qui a subi un inceste aura pas mal de difficultés par rapport au Dieu tout puissant. Le fait d’être guéri sur le plan psychologique permet de fa-voriser et d’entrer dans une démarche spirituelle.

De nombreuses personnes ont eu re-cours à vous. Quel est la situation qui vous a le plus touchée?R.P.: Tout ce qui concerne la maladie mentale me touche beaucoup. C’est la raison pour laquelle je me suis intéres-sée à ce sujet. Il y a, chez certaines per-sonnes, une sorte d’aliénation dans la capacité de vouloir, dans celle de trouver une sorte d’équilibre, qui est problématique.

Aucune maladie physique n’aliène au-tant que la maladie mentale. Je ne parle pas seulement des maladies mentales profondes comme la schizophrénie, mais aussi, par exemple, des borderline qui souffrent et font souffrir leur entourage. Malheureusement, il n’y a pas grand-chose à faire pour eux aussi longtemps qu’ils ne le veulent pas. Je suis aussi touchée par tous les cas d’addiction, notamment aux drogues dures.

Finalement, on peut être confronté à n’importe quel problème quand on a la capacité de décider de ce qu’il faut faire de sa vie. Dans ce cas, on dispose alors d’une certaine liberté. Dans le cas contraire, on ne l’a pas.

Vous avez travaillé dans un bidonville, à Marseille, ainsi que dans des hôpitaux psychiatriques situés dans des quartiers défavorisés de New York. Quelles expé-riences en avez-vous retenu?R.P.: De telles expériences ouvrent des horizons particuliers à nous qui venons d’endroits privilégiés. J’ai pu constater concrètement que succès n’égale pas bonheur et que richesse ne rime pas non plus avec bonheur. J’ai eu l’occa-sion de prodiguer des soins à domicile dans des quartiers comme Harlem. J’ai constaté une grande joie d’exister, une

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RENCONTREÀ ST-JUSTIN

capacité de vivre le «ici» et le «mainte-nant», une profonde solidarité avec les autres. Il y a beaucoup à apprendre de ces personnes qui n’ont pas, comme nous, le besoin de prendre rendez-vous pour aller chez un ami ou une connais-sance. On arrive chez quelqu’un et c’est toute de suite la fête, avec très peu de moyens. On partage tout ce que l’on a avec énormément de simplicité, mais dans la joie.

Est-ce que le fait d’être chrétienne a joué un rôle dans votre vie?R.P.: Oui et pour moi c’est une sorte de gouvernail. Cela donne les valeurs qui dirigent le navire, mais d’une manière non sectaire, non fondamentaliste. Par-fois je me demande: «Et si Dieu n’exis-tait pas, qu’est-ce que cela changerait?»

Peut-être rien. Mais je me sens bien dans cette hypothèse que Dieu existe. Je suis bien aussi avec des gens d’autres croyances à condition qu’ils ne soient pas fermés à celles des autres.

A l’occasion de son dernier film, Costa-Gavras a déclaré: «Nous avons tous un petit pouvoir, c’est une arme formi-dable». Comment vivez-vous ce «pou-voir» que vous avez sur les gens qui cherchent conseil auprès de vous?R.P.: Je suis avant tout une accompa-gnatrice. Le pouvoir n’est pas quelque chose qui me dope ou qui me manque. J’aime avoir des responsabilités, mais ce n’est pas le pouvoir pour le pouvoir. Pour moi, il s’agit de motiver, de susci-ter des idées, de mettre des personnes ensemble pour créer quelque chose ou aller quelque part.

Lorsque qu’une personne m’aborde, je suis une accompagnatrice. Je fais très attention de ne pas dire: «C’est la re-cette, c’est la solution». Je donne des pistes. Il n’y a pas de solution qui soit la meilleure. Les gens cherchent une idée magique et il n’y en a pas. J’ai davan-tage de plaisir dans le rôle de passeur d’informations. C’est comme si, à tra-vers tout ce que j’ai appris et vécu, je peux dire indiquer des pistes.

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Comment avez-vous vécu ce cycle de trois conférences à St-Justin?R.P.: Très bien et j’ai été très touchée qu’il y ait autant de personnes qui s’in-téressent aux sujets que j’ai abordés. C’est avec plaisir que je reviendrai à St-Justin pour un nouveau cycle de confé-rences.

Votre conclusion? R.P.: Je voudrais dire que la vie est for-midable et qu’il est important de sa-vourer pleinement ce temps précieux

qui nous est donné. Un auteur, dont j’ai oublié le nom, a écrit: «La vie, c’est ce qui passe quand on est occupé à faire autre chose».

Je propose qu’au seuil de l’année 2013, on prenne la seule bonne résolution qui vaille: jouir de chaque instant et passer 10 minutes par jour à regarder avec gratitude le monde autour de soi.

Propos recueillis par Françoise Morvant

Homme, éveille-toi: pour toi,Dieu s’est fait homme.Réveille-toi, ô toi qui dors,relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.Pour toi, je le répète, Dieu s’est fait homme.

Tu serais mort pour l’éternité, s’il n’était né dans le temps.Tu n’aurais jamais été libéré de la chair du péché, s’il n’avait pris la ressemblance du péché.Tu serais victime d’une misère sans fin,s’il ne t’avait fait cette miséricorde.Tu n’aurais pas retrouvé la vie,s’il n’avait pas rejoint ta mort.Tu aurais succombé, s’il n’étais allé à ton secours.Tu aurais péri, s’il n’était pas venu.

Célébrons dans la joie l’avènement de notre salutet de notre rédemption.Célébrons le jour de fête où,venant du grand jour de l’éternité,un grand jour éternels’introduit dans notre jour temporel et si bref.

Saint Augustin

ÉVEILLE-TOI!

SPIRITUALITÉ

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LA NOUVELLE CRÈCHEDE ST-JUSTIN

NOUVELLES DES ANCIENS

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| Au Burundi on appelle tout simple-ment Maggy. Marguerite Barankitse, qui a sauvé des milliers d’enfants dans sa patrie et dont l’action a été couron-née de nombreux prix et distinctions, était récemment à Fribourg à l’occasion de «Prier et témoigner», une rencontre pour la nouvelle évangélisation. Dès le premier instant, elle dégage une joie de vivre impressionnante et son rire, com-municatif, vous réjouit l’âme et le cœur. Marguerite Barankitse reste cependant modeste face aux honneurs et aux ré-compenses, consciente que la tâche est encore immense dans son pays. Et ja-mais, elle ne cède pas au décourage-ment, portée par la force de la foi. Son combat, aime-t-elle à dire, c’est la paix.

Maggy Barankitse: «Mon seul combat, c’est la paix»Ancienne de St-Justin, Maggy Barankitse jouit aujourd’hui d’une grande notoriété dans son pays, le Burundi, et dans le monde entier. Elle a toujours gardé des liens avec Fribourg et l’Œuvre St-Justin.

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Un rappel historique: le 21 octobre 1993, le premier Président Hutu élu dé-mocratiquement est assassiné par des militaires Tutsis et cela déclenche les massacres des Tutsis par leurs voisins Hutus. Le 24 octobre, les Tutsis vien-nent alors se venger et pénètrent dans les locaux de l’évêché de Ruyigi, où se cachent Maggy et une centaine de per-sonnes. Elle assiste alors, impuissante, au massacre de 72 d’entre elles, dont son amie Juliette qui, avant de mourir, lui demande de s’occuper de ses deux filles comme si c’était les siennes. Mar-guerite Barankitse fait le serment de les élever dans la paix, tout comme les autres enfants qu’elle pourrait sauver et en premier lieu les 32 enfants qui ont échappé au massacre ce jour-là.

Elle décide de les élever dans une mai-son qui s’appellera «La Maison Shalom». Après sept mois, ils seront 400 et rapi-dement 1’000, puis 10’000 et même 20’000. Des centaines de maisons seront

construites pour abriter des enfants, sans distinction entre Hutu et Tutsi, mais avec une éducation fondée sur l’amour de l’autre et l’apprentissage du pardon. Elle leur apporte une aide ma-térielle, leur offre une formation et leur accorde un appui moral pour les aider à maîtriser les souvenirs des violences auxquelles ils ont assisté. Au fil des ans, Maggy Barankitse crée aussi un hôpital et elle bâtit la «Cité des Anges» où de jeunes adultes sont formés notamment à la couture, au stylisme, à la coiffure.

Comment peut-on survivre après avoir vécu autant d’atrocités?Maggy Barankitse: Quand vous vivez de tels événements, vous ressentez à ce moment-là combien la vie est une mer-veille. Quand vous avez manqué d’eau, vous éprouvez un plaisir immense à pouvoir prendre une douche. J’ai passé des jours et des nuits à avoir faim. De-puis, je savoure la nourriture comme jamais auparavant.

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reposer. Maintenant, quand j’entre dans une cathédrale, ils sont nombreux à vouloir me céder leur chaise et cela me fait sourire. On m’a même donné un passeport diplomatique.

Toutefois, je suis devenue vulnérable. Avant, je ne l’étais pas car j’étais du côté des pauvres. Je n’avais rien et les gens n’avaient aucune raison de me cri-tiquer. Il n’y avait donc pas de conflit possible. Aujourd’hui, j’ai des conflits parce que je dispose de fonds et que parfois je dis «non» quand on me de-mande de l’argent.

Aujourd’hui, rien ne peut me faire peur. Rien ne peut m’arrêter à réaliser mes rêves. Je me réjouis à chaque pas que je fais. J’ai vu cinq à dix bébés mourir dans mes bras, chaque jour. Il y a deux ans maintenant que je n’ai plus enterré d’enfant. J’ai commencé mon action dans un monde sans compas-sion. J’ai parfois parcouru 100 km à pieds et nul ne s’est arrêté sur ma route. Aujourd’hui, j’ai une grande voi-ture et on se précipite pour m’arrêter et pouvoir me saluer. A l’époque, alors que j’étais fatiguée, personne ne m’a laissé sa place pour me permettre de

NOUVELLES DES ANCIENS

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Peut-on pardonner après tout ce que vous avez vu et vécu?M.B.: On peut pardonner, mais c’est tout un processus. On ne fait pas cela pour l’agresseur, mais pour soi. Le refus de pardonner mine votre cœur et vous enfonce dans la haine. La haine vous tue et finit par tuer votre entourage. Mais être chrétien, cela libère. Si je n’avais pas été chrétienne, je me serais suicidée ou j’aurais pris les armes ou encore je me serais enfuie à l’étranger. Mais si Dieu a voulu que je naisse dans une nation de criminels, c’est parce que j’avais une mission.

C’est donc d’abord pour moi que j’ai pardonné. Pour me libérer. Je me suis dis ensuite que si je tendais la main à des criminels, cela les aiderait à se libé-rer. Juste avant de mourir, un criminel m’a dit: «Merci Maggy. Ton pardon me ressuscite». Notre vocation sur terre, c’est de rendre les autres heureux. Nous sommes un cadeau pour les autres. Le pardon doit se faire tous les jours et à chaque instant.

Votre objectif était de créer une nou-velle génération qui dise non aux injus-tices et à la guerre. Est-ce que votre but est atteint?M.B.: Lorsque ce but sera complète-ment atteint, je pourrai disparaître. Je constate qu’un grand nombre de ces enfants que j’ai vu grandir depuis 1993

ont dépassé tout le conflit entre Hutu et Tutsi et autres ethnies. Ils s’appellent eux-mêmes des Hutsitwacongozungu, Zungu voulant dire «blancs».

Et la Maison Shalom que j’ai créée est avant tout un message. Je la compare à un bateau dont le capitaine est Dieu et dont nous sommes les rameurs. Et si certains tombent à l’eau, Dieu va les re-pêcher. Il les empêche de sombrer.

Quel est votre dernier combat en fa-veur des enfants?M.B.: Depuis deux ans, j’ai visité les onze prisons du Burundi. Tous les prisonniers y sont mélangés: hommes et femmes, adultes et enfants dès l’âge de 14-15 ans généralement. J’en ai même vus qui avaient 9-10 ans. Il y a aussi tous ceux qui voient le jour derrière les barreaux parce que leurs mères ont été emprisonnées. Je souhaitais la liberté pour ces enfants et la Providence a travaillé pour moi.

En janvier 2010, à l’initiative person-nelle de la Grande-Duchesse de Luxem-bourg, qui est Ambassadeur de Bonne Volonté de l’UNICEF et qui a été nom-mée «Eminent défenseur des enfants», un projet visant la libération des nom-breux mineurs en prison au Burundi et leur réinsertion dans la société burun-daise a été officiellement lancé. Cet en-gagement pluriannuel est une suite directe de la visite de l’Altesse Royale à

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la prison centrale de Bujumbura, capi-tale du Burundi, en juin 2009. Grâce aux fonds que m’a accordés la Fonda-tion du Grand Duc et Grande Duchesse du Luxembourg, je peux payer tous les frais et honoraires de cinq avocats qui œuvrent pour la libération de ces en-fants en conflit avec la Loi.

Grâce à cette aide, plus de 200 jeunes ont été libérés et un centre d’éduca-tion permet à ces enfants d’avoir un avenir en acquérant une formation dans divers domaines: agriculture, cou-ture, plomberie, électricité, mécanique automobile etc.

Autre objectif en cours: obtenir la libéra-tion des enfants qui naissent dans les pri-sons ainsi que celle des mères enceintes ou qui allaitent. Plusieurs femmes ont ainsi été libérées en septembre dernier. Je travaille aussi en amont avec les en-fants de la rue dont le destin, le plus sou-vent, est de se retrouver en prison. Il en est de même avec les enfants-soldats. Je bénéficie d’une équipe de cinq psycho-logues, huit éducateurs et dix assistants sociaux.

Le 22 novembre 2011, vous avez reçu des mains de Kofi Annan le Prix pour la prévention des conflits, décerné par la Fondation Chirac qui œuvre en faveur de la paix dans le monde. Vous êtes pressentie pour recevoir le Prix Nobel

de la Paix. Comment accueillez-vous les nombreuses distinctions reçues?M.B.: Tant que nos frères et sœurs sont en train de mourir, tant qu’il y aura des enfants en souffrance, j’aurai honte. Ma meilleure récompense? Qu’il n’y ait plus d’enfants dans les rues, dans les prisons et qu’il n’y ait plus d’enfants soldats.

J’aimerais avoir 100 millions de dollars pour créer des fonds de garantie pour des coopératives agricoles. Chaque mois, j’ai besoin de 50’000 dollars pour payer les 240 médecins et infirmières de l’hôpital aménagé à la Maison Shalom. La chapelle de cette Maison abrite sainte Rita que je prie. J’ai une confiance triomphante en la Provi-dence: c’est ce qui m’importe et qui m’aide à vivre et à continuer. Mon seul combat, c’est la paix.

Vous avez fait vos études grâce à l’Œuvre St-Justin. Quel est votre regard sur cette période de votre vie?M.B.: J’étais très naïve. Comme j’avais été très entourée par ma famille, je croyais vivre la même chose en venant en Suisse. J’ai beaucoup appris ici, non pas à être chouchoutée, mais à être une actrice dans des conflits. Car il y avait des conflits ethniques terribles à Fri-bourg, entre Africains. Mais à la fin de mes études, j’étais devenue leur trait d’union. Mes camarades m’ont donné

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un shirt avec le dessin d’un grand point d’interrogation et ils avaient imprimé dessus: «Merci Maggy d’exister». Le point d’interrogation, c’est parce qu’ils ne parvenaient pas à définir mon ave-nir. Etant donné que j’étais souvent à la chapelle, certains croyaient que j’allais entrer au couvent et d’autres voyaient en moi une future épouse.

Quand je reviens à Fribourg, je suis émue. St-Justin a été pour moi une école de vie, qui m’a appris à supporter ce que j’allais affronter, ce que j’allais devoir vivre trois ans plus tard dès 1990. J’ai ap-pris à me débrouiller. J’ai appris à m’im-poser et l’éducation chrétienne m’a protégée en m’évitant d’être partisane. Je crois que ce que je suis aujourd’hui, je le dois en partie à l’Œuvre St-Justin qui, j’en suis reconnaissante, m’a par la suite soutenue dans mes activités.

Votre philosophie au quotidien?M.B.: Ma philosophie, c’est de dire aux gens: Restez debout et luttez dans la dignité. Il n’est pas question de tendre la main, de se reposer et de rester à ne rien faire. Si vous voulez être des assis-tés, allez chez Mère Teresa. Dieu nous a donné la terre pour la cultiver et la faire belle.

Votre devise?M.B.: Ayons toujours l’audace de rêver un monde où il fait bon vivre. Et c’est possible.

Propos recueillispar Françoise Morvant

Photograohiesde Jean-Claude Gadmer

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PHILATÉLIE

De nombreux amateurs pour la13e vente aux enchèresIls étaient nombreux, de Fribourg et de toute la Suisse, mais aussi de France, d’Allemagne ou des Pays-Bas pour prendre part à la 13e et désormais traditionnelle vente aux enchères de timbres et autres objets, organisée le 17 novembre en faveur de l’Œuvre St-Justin.

| Certains collectionneurs ont participé «en direct» à la vente; d’autres ont fait leurs offres par écrit. En début de soi-rée, les organisateurs ont enregistré un montant global de quelque 40’000 francs, destiné à soutenir les projets de l’Œuvre St-Justin.

Si la crise a marqué cette vente qui n’a pas atteint les chiffres de 2011, tous les participants ont eu le plaisir de décou-vrir les 420 lots mis en vente, portant sur divers thèmes de Suisse, d’Europe et du monde entier. Des cartes postales, d’anciens billets de banque, des mon-naies, des médailles, des montres-bra-celets, deux valises «surprise», ont été ainsi mis aux enchères. En tout 80 % des lots ont trouvé preneur.

Cette vente est possible grâce à trois passionnés. Eugen Bachofen, Peter Kel-ler et Peter Squindo viennent bénévo-lement tous les jeudis à Fribourg pour récolter, trier et classer les nombreux dons. Ils ont bénéficié de la collabora-tion de Christian Feldhausen pour la rédaction du catalogue et l’animation de la vente.

MARCHÉ AUX PUCES Un marché aux puces, animé par Mme Ruth Keller et des collaboratrices de l’Œuvre, a permis aux amateurs de découvrir des objets intéressants, par-fois rares: des bijoux, des porcelaines, des jouets en bois, des tableaux, des livres et disques ou des décorations de Noël.

L’Œuvre St-Justin exprime sa profonde gratitude aux donateurs, aux organisa-teurs et aux acheteurs. Tous participent à un élan de solidarité afin que des jeunes, femmes et hommes, puissent acquérir une formation et des connais-sances solides pour le développement de leur pays.

M. C.VENTE AUX ENCHÈRES DE TIMBRES

BRIEFMARKEN-AUKTION

Œuvre St-Justin / Justinus-Werk | Rue de Rome 3 | 1700 Fribourg | CP 17-846-3

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Plus que jamais,la formation est la cléd’un vrai développement.L’Œuvre Saint-Justin permet depuis plus de 80 ans à des jeunes du Sud, hommes et femmes, d’acquérir, en Suisse ou dans leur pays, une formation solide, gage d’espoir et de progrès.Nos trois maisons de Fribourg, Genève etZurich sont une écolede vie et de tolérance.Elles accueillent plus de500 jeunes en formation,suisses ou étrangers.Plus de 130 personnesreçoivent une aidefinancière. Les bénéficiairesde bourses ont destalents mais manquentde ressources. Ils servirontleurs peuples commemédecins, ingénieurs,techniciens, éducateurs,juristes, ou encoreprêtres ou religieuses.L’Œuvre Saint-Justincontribue à réaliserune mondialisationde la solidarité.

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L’Eglise a un urgent besoin de prêtres, religieux, religieuses. Dans les jeunes Eglises en plein développement, de nombreux candidats à une vie consacrée ne trouvent pas les moyens de réaliser leur vocation, faute de ressources financières.

L’Entraide Ste Monique permet de financer des formations. Les bénéficiaires de L’Entraide Ste Monique, aujourd’hui prêtres diocésains, supérieurs de congrégation voire évêques font fructifier vos dons ou votre parrainage. Sur demande, vous recevrez la circulaire Entraide Ste Monique.

Pour votre don, utilisez le bulletin de versement ci-joint. Merci de nous aider!

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