de la renaissance aux lumiÈres · sanguine et celle de marcello malpighi, père de l’histologie....
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DE LA RENAISSANCE AUX LUMIÈRES
Le 17ème
siècle apparaît comme un siècle de consolidation des connaissances
acquises pendant la période foisonnante de la renaissance. Si en sciences,
l’expérience et la démarche scientifique commencent à se développer, en
médecine on reste très attaché aux notions hippocratiques et aux théories de
Galien. La nouvelle manière de penser, d’observer et de déduire, dont Descartes
fut le champion, effleure le monde médical sans en modifier profondément la
structure, sinon dans le domaine de la physiologie qui connut, grâce à
l’expérimentation, à la déduction et à l’observation un développement
significatif.
Deux grandes figures médicales dominent cependant cette période, celle de
William Harvey, le premier à donner une description complète de la circulation
sanguine et celle de Marcello Malpighi, père de l’histologie.
La première partie du 18ème
siècle prolonge, sans grand bouleversement, le
siècle précédent. Malgré la fin du Roi soleil et l’arrivée des lumières
philosophiques, la médecine reste dans l’obscurité pour ne pas dire
l’obscurantisme. L’opposition entre, le corps conçu comme une machine par
Descartes, et la loi des forces vitales élaborée et défendue par Leibniz,
n’influenceront pas significativement le corpus médical qui, fidèle à ses dogmes
et à ses principes hippocratiques, ne sera réellement remis en question qu’à la
révolution.
Diafoirus, Purgon, les malades plus ou moins imaginaires, les médecins «
malgré eux » changeront de perruques mais pas de raisonnement ni de
thérapeutique ; on saigne et on purge on examine les urines* et les selles sans
en tirer aucune information sémiologique. Les nouvelles théories fleurissent:
vitalisme, phlogistique, théories du tonus (éther nerveux), des pores, de
l’énergie nerveuse… L’organisme est alors dominé par trois esprits :
La nature à son siège dans le foie
La force vitale : dans le cœur
L’esprit animal : dans le cerveau.
* L’examen des urines est réalisé dans un vase renflé à sa base ou « metula ».
Friedrich Hoffmann (1660-1742) définit la théorie des fibres qui ne peuvent se
contracter que sous l’effet du « tonus » érigé ainsi en force vitale. Pour d’autre
c’est « l’excitabilité » qui définit la santé du patient. La classification entre «
sthénique » et « asthénique » était encore utilisée au début du 21ème
siècle.
Bordeu (1722-1776) centre son raisonnement sur la force vitale qui proviendrait
de sécrétions stomacales, cérébrales et cardiaques. Même si cette approche
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figure l’endocrinologie, on est encore très loin de cette discipline. La force
vitale sera remise à la mode au début de l’ostéopathie, reste pathétique d’un
onirisme qui refuse de s’éveiller.
PHYSIOLOGIE
Un seul nom domine cette période, celui de William Harvey.
= William Harvey (1578-1657)
Diplômé de Cambridge, William Harvey se rendit à Padoue, capitale de la
médecine et de la recherche en anatomie et physiologie depuis plus de deux
siècles. Élève d’Aquapendente (1537-1619), qui avait donné une très bonne
description des valvules veineuses, il fréquente toutes les célébrités médicales
de Padoue, Vésale, Fallopino… De retour à Londres, il est élu au College of
Physicians et devient le médecin de Jacques I et de Charles I d’Angleterre.
Bien que Galien (2ème
siècle) ait mis en évidence la rythmicité des contractions
cardiaques et les différences entre les deux ventricules sans évoquer cependant
un mécanisme de pompe (pour lui le sang passait directement du ventricule
droit au ventricule gauche par de minuscules orifices perforant le septum), la
petite circulation ne fut définitivement acquise qu’après les observations
anatomiques de Michel Servet (septum non perforé) et physiologiques de
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Matteo Colombo (1516-1559) qui nota la différence de couleur du sang se
rendant au poumon (rouge sombre) et celui qui en sortait (rouge vif).
Quelques années plus tard, Andrea Cesalpino (1519-1603) définit un système
en boucle et deux circulations (mineure et majeure). Il imagina même
l’existence de capillaires entre le système « chaud » (artériel), et le système «
froid » qui ramenait le sang vers le cœur. Cette conception restait cependant très
incomplète puisque pour lui le sang avait son origine dans le cœur et qu’il
existait des échanges directs et importants entre les artères et les veines.
William Harvey utilisa toutes ces données et, grâce à ses qualités
d’expérimentateur et d’anatomiste, décrivit la circulation sanguine telle que
nous la connaissons aujourd’hui. Dans un premier temps il nota que la
disposition des valvules veineuses interdisait un « retour en arrière », cette
observation donna le sens de la circulation. En étudiant des cœurs d’animaux
disséqués (chien, serpent…) il conclut que le cœur était un muscle destiné à
pomper le sang. Il établit que le débit était équivalent dans les deux ventricules.
En saignant un mouton il postula que le sang circulait bien dans un système
fermé et que le cœur n’était pas à l’origine de sa production.
Enfin il décrit les vaisseaux coronaires et établit que le cœur était, comme les
autres muscles, alimenté par un système artériel propre. Sa conception selon
laquelle le sang était « régénéré » dans les poumons fit disparaître
progressivement, mais après de nombreuses polémiques, le côté de la « saignée
», (du côté de l’affection ou de l’autre). Combattues par les partisans du
microcosme et ceux de Galien, ses idées finirent par triompher sans toutefois
bouleverser la médecine de l’époque qui ne sut établir le lien entre la circulation
sanguine et les différentes étiologies des maladies.
Pour la petite histoire, quand Harvey voulu publier sa découverte, aucun
éditeur n’accepta son manuscrit. C’est donc à compte d’auteur, dans la ville de
Frankfort qu’Harvey publia son traité sur la circulation sanguine. Très mal
reçue par l’ensemble des médecins de l’époque, sa thèse fut combattue dans
l’ensemble de l’Europe. A sa mort, en 1657, très peu de savants croyaient à la
réalité de sa théorie. Il fallut attendre 40 ans pour que la circulation du sang
décrite par Harvey, et défendue par quelques médecins, par Boileau et même
Molière, fut reconnue officiellement par…….. décret royal de Louis XIV.
Chronologie de la découverte de la circulation sanguine :
Egypte - 1000 Av JC Fréquence cardiaque
Galien 200 Ap JC Deux ventricules, septum perforé
M. Servet 1530 Septum non perforé
M. Colombo 1540 Sang chaud (rouge), sang froid (bleu)
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A Cesalpino 1540 Deux systèmes en boucle
Acquapendente 1570 Anatomie des valves veineuses
W. Harvey 1635 Sens de la circulation veineuse, Artères coronaires
M. Malpighi 1640 Capillaires pulmonaires
= Hermann Boerhaaven (1669-1738)
Hermann Boerhaaven mit en pratique les travaux de Huygens (1629-1695) et de
Fahrenheit (1686-1736) sur la mesure de la température, en inventant le premier
thermomètre médical. L’étude de la température corporelle et de ses variations
nycthémérales ou pathologiques fût ensuite conduite par De Haen qui nota,
entre autre, les relations entre la fréquence cardiaque et la température, la fièvre,
le frisson... Cette invention ne fut malheureusement pas prise en considération
par les médecins de l’époque qui n’en firent pratiquement pas usage malgré que
l’on sache depuis la période pharaonique qu’il existait une relation entre la
température corporelle et la maladie.
ANATOMIE
Les découvertes anatomiques des 17ème
et 18ème
siècles concernent
essentiellement l’anatomie microscopique, moins spectaculaire que la célèbre
leçon d’anatomie (ou de physiologie pour Masquelet), mais essentielle à la
compréhension des mécanismes intimes de fonctionnement de l’organisme.
= Marcello Malpighi (1628-1694)
Marcello Malpighi peut être considéré comme le premier histologiste. Curieux,
passionné, il utilisa pour la première fois de façon systématique la loupe
grossissante utilisée par Antonie van Leeuwenboek, marchand de tissu à Delft
(les marchands de tissu utilisaient ces loupes pour comptabiliser les fils de
trame et de chaîne). Antonie van Leeuwenboek, qui fut le premier à voir les
globules rouges, les stries musculaires et les spermatozoïdes, passait ses loisirs
à construire et perfectionner cette loupe qui, à la fin de sa vie, était devenue un
véritable microscope. Marcello Malpighi utilisa cette invention et inventoriera
l’ensemble des tissus humains, animaux et végétaux.
Ses planches de dessins anatomiques et physiologiques sont remarquables par
leur précision et leur qualité picturale.
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Cet observateur forcené décrira tous les tissus organiques, la peau, les viscères,
les glandes endocrines, les nerfs, le rein, les os… Cependant si les descriptions
et les dessins sont réalisés avec une très grande précision, les hypothèses
physiologiques ne sont pas toujours pertinentes, ce qui nuira à l’application
médicale de ses découvertes.
C’est à Malpighi que l’on doit la première observation des capillaires
pulmonaires dont Harvey avait suspecté l’existence mais qu’il n’avait pu mettre
en évidence.
Les travaux de Malpighi mirent en évidence la structure des glandes endocrines
et du rein et notamment des néphrons.
La très bonne description anatomo-histologique qu’il donna de ces derniers
l’amena à commettre une erreur concernant la physiologie des glandes
sudoripares eccrines. Devant l’extrême ressemblance entre les néphrons et les
pelotons sudoripares il conclut en effet que le tissu cutané pouvait jouer un rôle
identique à celui du rein. Cette erreur qui perdura jusqu’à la fin du 19ème
siècle
ne sera corrigée que tardivement lors de l’étude de la physiologie sécrétoire
des glandes sudoripares (milieu du 20ème
siècle).
= Thomas Wharton (1614-1673)
Thomas Wharton s’intéressa plus particulièrement aux systèmes glandulaires.
On lui doit notamment la description des glandes salivaires (canal de Wharton),
sexuelles et lymphatiques. Il décrivit pour la première fois les glandes sans
canaux, c'est-à-dire endocrines.
Pour la petite histoire il démontra que les larmes n’étaient pas issues de
sécrétions cérébrales comme on le pensait à l’époque et que l’expression «
rhume de cerveau » n’avait pas lieu d’être.
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= Jacques Bénigne Winslow (1669-1760)
Originaire du Danemark, Jacques Bénigne Winslow, étudia la médecine dans
son pays, puis aux Pays-Bas. Elève de Caspar Bartholin (l’homme des glandes
génitales féminines), il s’installe à Paris en 1693. Converti au catholicisme par
Bossuet, il ajoute à son prénom original celui de Bénigne. En 1707 il est
Docteur en médecine de l’Université de Paris et entre la même année à
l’Académie des sciences. Il est passionné de dissection et d’anatomie ce qui lui
vaudra le titre de « Premier anatomiste d’Europe ».
Pendant quarante ans Winslow étudia l’anatomie, l’embryologie, la tétralogie.
On lui doit la désignation du nerf grand sympathique.
Inventeur du hiatus qui fait communiquer la grande cavité abdominale avec la
cavité des épiploons, Winslow fut l’auteur de « L’exposition anatomique de la
structure du corps humain » en 1732 qui fut rééditée plus de trente fois. C’est
lui qui prononça, comme Docteur régent, professeur de la faculté, le discours
inaugural de l’amphithéâtre de la rue de la bûcherie.
= Valsalva (1666-1723)
Valsalva fit ses études de médecine à l'université de Bologne où il devint
docteur en médecine en 1687 (son maître fut Marcello Malpighi). Nommé
professeur d'anatomie dans cette ville, il fut plus tard Président de l'Académie
des Sciences et eut pour disciple Morgagni.
Valsalva travailla essentiellement sur l'anatomie de l'oreille (c’est à lui que l’on
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doit le terme de trompe d'Eustache). On lui doit également la description des
sinus aortiques qui portent son nom. Il existe encore aujourd’hui une collection
de pièces anatomiques exposée au Musée d’anatomie de Bologne.
La manœuvre de Valsalva (technique d'équilibrage de la pression de l'oreille
très utilisée en plongée) consiste, en se bouchant le nez et en déglutissant, à
ouvrir la trompe d’eustache, faisant ainsi communiquer la caisse du tympan
avec la cavité buccale. Cette technique est utilisée au moment de la descente.
= Giono-baptista Morgagni (1682-1771)
Giono-baptista Morgagni est reçu docteur en médecine à Bologne en 1701. Il a
pour maître Valsalva à qui il succède comme démonstrateur d’anatomie en
1712.
Titulaire de la chaire d’anatomie à Padoue. Pendant 60 ans il se consacrera à
l’anatomie et publia de très nombreux travaux résumés dans le traité « opera
omnia » (1762). Il est reconnu comme l’un des fondateurs de l’anatomie
pathologique.
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Au siècle précédent, quand un patient était transféré à la morgue de l’hôpital, et
que l’on souhaitait différer momentanément l’annonce de son décès aux
personnes étrangères au service, on disait qu’il était dans le service du
Professeur Morgagni.
= Honoré Fragonard (1732-1799)
Honoré Fragonard eut une vie singulière et une passion nom moins singulière.
Surnommé plus tard comme le Frankenstein du 18ème
siècle, H. Fragonard
consacra une grande partie de sa carrière à réaliser des pièces anatomiques
animales et humaines. Né à Grasse, dans une famille de parfumeur, le jeune
Fragonard s’initie à la chirurgie à Lyon, puis à Grasse. En 1763 il est nommé
directeur de la nouvelle école vétérinaire de Lyon où il exerça comme
professeur et démonstrateur d’anatomie.
En 1766, suite à la création de l’école royale vétérinaire d’Alfort par Bourgelat,
Fragonard est nommé directeur de cet établissement. Pendant cinq ans il
dissèque et prépare un nombre considérable de pièces anatomiques. Enfermé
dans son laboratoire, introverti, silencieux, besogneux il finit par être renvoyé
pour « folie » par Bourgelat. A partir de cette date Fragonard vit de son art en
fournissant les cabinets de curiosité très à la mode en cette fin de siècle. En
1794 il est chargé de recherches anatomiques à l’Ecole de santé de Paris.
C’est à cette époque qu’il produit le « cavalier de l’apocalypse » représentant un
homme écorché sur un cheval au galop. Son art macabre s’oppose aux
réalisations galantes de son cousin (Jean Honoré Fragonard) et de son petit
cousin (Alexandre Fragonard) beaucoup plus attirés par les demoiselles sur des
balançoires.
Il reste à ce jour quelques dizaines de pièces humaines et animales exposées au
Musée Dupuytren.
CHIRURGIE
La chirurgie des 17ème
et 18ème
siècles ne connut pas le développement que l’on
pouvait envisager avec les nouvelles acquisitions de l’anatomie et de la micro
anatomie. L’absence d’anesthésie, les difficultés à poser des indications, la
méconnaissance physiologique de beaucoup de chirurgiens et le risque
infectieux faisaient reculer beaucoup de patients et de praticiens.
A ces différentes raisons se surajoutait la formation sommaire de certains
chirurgiens (barbiers et guérisseurs, châtreurs de porcs…*) qui, il est vrai, avait
de quoi faire peur aux plus braves.
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* Si l’on excepte la naissance de César et d’Asclépios, on raconte que c’est un
châtreur de porc qui réussit la première césarienne (en sauvant l’enfant mais
pas la mère).
Les chirurgiens interviennent pour les fistules anales, les trépanations, les
amputations, les plaies du visage…, les barbiers chirurgiens extrayaient les
dents, opéraient les maladies de la pierre, réduisaient des fractures et les
luxations, enfin les rebouteux et autres soigneurs se contentaient des hernies
abdominales, des entorses, des luxations et de la cataracte.
TRANSFUSION SANGUINE
Jusqu’à l’avènement de Jean-Baptiste Denis, la transfusion sanguine n’avait
jamais été réellement explorée. Principe philosophique consistant à transmettre
le tonus et la force d’un individu à un autre, la transfusion ne s’élaborera
définitivement qu’avec la découverte des groupes sanguins.
= Jean-Baptiste Denis (1635-1704)
Originaire de Paris, Jean-Baptiste Denis, fit ses études à Montpellier. Diplômé
de théologie et de mathématique, il ne s’intéressera aux transfusions sanguines
qu’à partir de 1667, date de la première transfusion croisée animale.
Encouragé par des premiers succès (injection de quelques onces de sang de
veau à un homme qui survécut), il poursuit ses expériences avec son confrère
chirurgien Emmerez. Hormis la maladie de langueur et l’asthénie, les
indications proposées pour les premières transfusions paraissent quelques peu
curieuses (paralysie, folie…). Malheureusement plusieurs échecs, et un procès
intenté par la veuve de l’un de ses patients, devaient mettre un terme à ses
expérimentations et notamment aux tentatives de transfusion d’homme à
homme.
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OBSTÉTRIQUE, MALADIES VÉNÉRIENNES
L’obstétrique reste, pendant cette période encore, l’apanage des matrones*,
mais pour la première fois en Angleterre et en Europe des hommes assistent et
pratiquent des accouchements. Il est classique de citer parmi eux les
Chamberlen, obstétriciens anglo-saxons qui, dès le début du 17ème
siècle,
participèrent aux accouchements de la cour d’Angleterre. Hugues Chamberlen
accoucha notamment la reine Anne d’Angleterre en 1692.
* Depuis 1560, les matrones reçoivent des cours théoriques dispensés par les
chirurgiens jurés.
= François Moriceau (1637-1709)
Jean François Moriceau, obstétricien parisien fait partie de ces précurseurs.
Formé à l’Hôtel Dieu par le corps des sages-femmes, il utilise pour la première
fois en France le forceps inventé par Chamberlen (ou Chamberlayne) dans les
années 1650. Il s’agit d’une modification d’un instrument créé en 1621 par
Palfin (appelé mains) destiné à faciliter la délivrance.
Auteur « Des maladies des femmes grosses et accouchées », et d’ «
Observations sur la grossesse et l’accouchement des femmes et sur leurs
maladies et celles des enfants nouveau-nés », il développa l’utilisation du
forceps et reste connu pour la manœuvre dite de Moriceau qui consiste à
favoriser la flexion de la tête dernière.
= André Levret (1703-1780)
André Levret fut l’élève de Jean Louis Petit qui lui enseigna l’art de
l’accouchement. D’abord chirurgien, il s’oriente rapidement vers les maladies
des femmes et l’obstétrique. Il est l’auteur d’une communication à l’Académie
royale intitulée « Observations sur les causes et les accidents de plusieurs
accouchements laborieux ».
Nommé officiellement accoucheur de Madame la Dauphine (mère de Louis
XVI) en 1860, Levret peut être considéré comme le plus grand obstétricien de
ce siècle.
André Levret, inventa un forceps formé de deux branches aplaties
transversalement, les bords des fenêtres étant bordées de cannelures. En
position fermée les deux cuillères ne se touchent pas.
*Il n'est pas l'auteur de la position dite de "levrette", position connue pour
favoriser la conception.
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OPH
L’ophtalmologie du 18ème
siècle est l’objet de nombreux débats à l’Académie
des sciences (1708). Elle est sans conteste possible marquée par Jacques Daviel,
premier chirurgien du cristallin depuis l’antiquité.
= Jacques Daviel (1693-1762)
Originaire de Normandie, Jacques Daviel apprend les rudiments de la chirurgie
chez un oncle installé à Rouen avant de devenir aide chirurgien aux armées.
Formé à l’Hôtel Dieu de Paris, il exerce au début de sa carrière à Marseille. Le 8
avril 1745 il effectue sa célèbre intervention sur un ermite victime de cataracte
(intervention qui se soldera par un échec dû à une surinfection secondaire).
A partir de cette date, il ne pratiquera plus l’ablation du cristallin qu’en ouvrant
la cornée, base de la technique utilisée pour l’opération de la cataracte
(technique de l’abaissement).
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Il consacrera le reste de son existence à cette intervention qu’il pratiquera à
Paris et dans de nombreuses cours européennes. Ses travaux sont exposés dans
un mémoire qu’il adressera à l’Académie de chirurgie en 1752.
HYGIENE
L’hygiène et la santé publique du 17ème
siècle restent à l’état embryonnaire. La
malnutrition (Scorbut, rachitisme), les épidémies (varicelle, rougeole, syphilis,
diphtérie, typhus, paludisme, peste….) dévastent l’Europe. Il n’existe pas de
système d’évacuation des eaux, les logements des pauvres sont de véritables
cloaques (manque d’air, de lumière, humidité…) envahis de nuisibles (rats,
poux, insectes variés…).
Les prostituées et les nourrices transmettent à leurs clients et à leurs enfants les
maladies contagieuses dont elles sont porteuses.
Sur le plan médical, l’hygiène n’est pas plus avancée. Les mains ne sont pas
lavées. A titre d’exemple, le frein de la langue des nourrissons est coupé par la
sage-femme avec un ongle qu’elle s’est volontairement laissé pousser, les
autopsies sont pratiquées à mains nues…
Le 18ème
siècle reste lui aussi assez catastrophique en matière de santé publique.
Cependant, un certain nombre de progrès vont être réalisés au niveau des
armées de la marine et des prisons. Les effets dévastateurs de l’alcool sont mis
en évidence et dénoncés par J. Coakley Lettsom (1744-1815). James Lind
(1716-1796) met en évidence l’intérêt du jus de citron dans la lutte contre le
scorbut. Edward Jenner (1749-1823) expose l’intérêt de l’inoculation du
contenu des vésicules prélevé sur des vaches atteintes de cow pox (vaccine) en
1798.
Cette technique, fut introduite au début du siècle en Angleterre par Lady Mary
Wortley Montagu qui avait observé cette pratique en Turquie. Il s’agissait dans
ce cas de prélever du liquide vésiculaire d’un individu atteint, et de l’inoculer à
un autre sujet, qui présentait alors une forme atténuée de la maladie et
s’immunisait ainsi contre la variole.
= Théodore Tronchin (1709-1781)
Né à Genève, Théodore Tronchin dut rapidement gagner l’Angleterre du fait de
la faillite de son père au moment de la banqueroute de Law et de ses assignats.
Diplômé de Cambridge, il s’installe dans divers pays européens dont les pays
bas, à nouveau l’Angleterre pour finalement retourner à Genève et à Paris sur la
sollicitation du Duc D’Orléans en 1776.
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Théodore Tronchin a laissé son nom à la médecine comme médecin et ami de
Voltaire, mais aussi pour avoir, malgré les réticences de l’époque, inoculé la
vaccine au Duc de Chartres et à sa sœur, les enfants du Duc D’Orléans.
Ce médecin du siècle des lumières est également novateur en ce qui concerne
l’environnement (lumière, aération des appartements)… et comme Jean Jacques
Rousseau une sorte de retour à la nature par la prescription d’exercices
physiques.
Clinicien novateur, il interroge et observe ses patients à une époque où le latin
et les dogmes obscurcissent encore les recherches étiologiques et diagnostiques.
Révolutionnaire, il l’est encore quand il pose les principes de la médecine
psychosomatique « faites que votre âme soit tranquille, vous n’aurez ni
étourdissement, ni tintement d’oreilles ».
DERMATOLOGIE
Cette discipline, quoique traitée depuis les temps pharaoniques dans les
documents médicaux, prend véritablement naissance à la fin du 18ème
siècle
avec l’ouvrage de Joseph Plenck « Doctrina de Morbis cutaneis ».
Depuis les encyclopédistes médicaux du moyen âge, Henri de Mondeville
(1260-1320 et Guy de Chauliac (1300-1368,) peu de nouveautés avaient
enrichies cette discipline qui ne prendra véritablement son autonomie qu’au
début du 19ème
siècle.
Le 17ème
siècle peut être considéré comme un siècle charnière entre une
sémiologie encore toute empreinte de religiosité et de superstitions et l’éveil
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d’une sémiologie clinique encore engluée dans les humeurs hippocratiques. Les
tumeurs et les « anomalies cutanées » sont classées et traitées par les
chirurgiens qui sont amenés à les opérer. Les différentes dermatoses sont donc
naturellement exposées dans des traités de chirurgie comme (Chirurgia), œuvre
posthume de Jean Riolan éditée en 1601, « La grande chirurgie des tumeurs »
de Jean Vigier en 1611 et du même auteur « la grande chirurgie des ulcères »
(1614).
Beaucoup de pathologies sont décrites dans ces ouvrages sans que le caractère
cutané de ces lésions soit véritablement en cause. On retrouve ainsi pêle-mêle
les dermatoses proprement dites, mais aussi les troubles variqueux, les
déformations secondaires aux luxations ou aux déformations articulaires, les
tophi goutteux ainsi que les plaies et les fractures ouvertes…).
Font régulièrement l’objet de descriptions :
La couperose et le vitiligo
L’érysipèle
Les alopécies, ophiasis (pelade).
Les tubercules et les verrues
Les lentilles et bubons du visage
Les ulcères de toutes sortes (cancer, galles, furoncle, aphtes, varices, scrofules
tumeur ganglionnaire, vérole, gangrène, phlegmon, bubons, écrouelles,
panaris…).
De façon assez surprenante, la dermatologie que l’on pourrait nommer «
esthétique », déjà développée en Egypte, fait sa réapparition en 1615 avec le
traité intitulé « Le miroir de la beauté et santé corporelle » de Louis Guyon,
qui traite aussi bien des difformités que des procédés pour « s’entretenir en sa
beauté, bonnes dispositions et comment se rajeunir »
Dans la même veine, Nicolas de Blégny publie « Secrets concernant la beauté
et la santé » (1688). Ce recueil expose comme son nom l’indique des remèdes «
secrets » pour ôter les cicatrices, tirer les rides du ventre, embellir le visage,
conserver son teint et lutter contre les rougeurs, tâches et autres boutons,
blanchir les dents, teindre les cheveux, lutter contre les mauvaises odeurs de la
bouche, des aisselles et des pieds. En bref tout le contenu d’un magazine
féminin moderne.
Il faut attendre le 18ème
siècle pour que des médecins commencent à codifier les
différents types de lésions cutanées et à s’intéresser aux étiologies « organiques
» de ces lésions.
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= Joseph Plenck, (1735-1807)
Joseph Plenck est un médecin accoucheur hongrois, eut l’idée originale de
classer les maladies de la peau en fonction des critères méthodologiques établis
par Linné quelques années plutôt. A partir de quelques lésions cutanées
facilement identifiables, Plenck codifia les atteintes cutanées en décrivant les
macules, pustules, vésicules, bulbes, papules, croûtes, squames, callosités,
excroissances, ulcérations, blessures, lésions causées par les insectes. Il ajouta
également aux lésions cutanées celles des ongles et des cheveux. Son œuvre
publiée en 1776 « Doctrina de Morbis cutaneis » donna pour la première fois
les bases essentielles à l’établissement du diagnostic. C’est à partir des travaux
de ce novateur que Robert Willan établit la première nosologie des atteintes
cutanées.
Ce siècle est dominé en France, par trois médecins issus de la Faculté de
Montpellier (Jean Astruc, François Boissier de Sauvage et Thomas
Carrière) et d’un parisien Anne Charles Lorry, considéré comme le père de la
dermatologie moderne.
= Jean Astruc (1684-1766)
jean Zstruc est nommé docteur en médecine en 1703 puis professeur en 1716.
Médecin consultant du roi Louis XV, fait capitoul de la ville de Toulouse en
1711, il sera agrégé à Paris en 1743.
Jean Astruc est l’un des premiers, dans son traité « des tumeurs et des ulcères »,
paru en 1759 à donner des descriptions cliniques modernes des différentes
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atteintes cutanées et des troubles humoraux susceptibles de les provoquer. Il
établira notamment le lien entre les lésions syphilitiques et les troubles cutanés
et sera en ce domaine le précurseur de la vénérologie en France avec son
ouvrage «De morbis venereis, libri morbi sex ». Il décrira également pour la
première fois les troubles acnéiques et en définira l’origine folliculaire.
= François Boissier de Sauvage (1706-1767)
Boissier de Sauvage est surnommé dans un premier temps, et dans un siècle qui
en fit grand cas, « Médecin de l’amour » du fait de sa thèse de baccalauréat
intitulée « Si l’amour peut être guéri par les remèdes tirés des plantes ».
Admirateur et ami de Linné (que ses détracteurs surnommèrent le nouvel Adam
puisqu’il donnait, comme ce dernier, un nom à toutes les espèces animales), il
établit la « Nosologie méthodique » (1763) qui reprend l’ensemble des maladies
dans une classification toute linnéenne (classe, genre, espèce) pour 2400
maladies. Il reconnaît ainsi aux dermatoses six classes, divisées chacune en
plusieurs genres.
= Thomas Carrière (1714-1764)
T. Carrière est nommé professeur et titulaire d’une chaire de médecin à la
Faculté de Perpignan, puis recteur de cette faculté. Conseiller ordinaire du Roi,
Thomas Carrière est à l’origine de 13 traités rédigés en latin ou en français.
Parmi ces ouvrages on retiendra un « traité sur les eaux minérales du Roussillon
» et son ouvrage intitulé « De morbis cutaneis » paru en 1760 qui traite de la
dermatologie (19 chapitres), des tuméfactions cutanées (anévrisme, varice..),
des atteintes articulaires (goutte) et de l’ensemble des atteintes cutanées depuis
les croûtes de lait jusqu’aux ulcères et bubons…
= Anne Charles Lorry (1727-1783)
Lorry a pour maître Jean Astruc, professeur à la faculté de Paris. Auteur de très
nombreux ouvrages, on retiendra son « tractatus de morbis cutaneis » (1777)
qui est considéré comme l’ouvrage fondateur de la dermatologie. On retrouve
dans la division de cet ouvrage les données fondamentales de la médecine
moderne :
+ La peau humaine (anatomie et physiologie décrite par Malpighi et Astruc)
+ La pathologie cutanée et ses causes (humorales, externes, caustiques ou
parasitaires)
+ Le diagnostic sémiologique et le pronostic des affections cutanées.
+ Le traitement des maladies cutanées
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= Robert Willan (1757-1812)
En Angleterre, Robert Willan, médecin londonien, simplifia le tableau des
lésions initiales décrites par Joseph Plenck, en décrivant « huit aspects »
(papule, squame, exanthème, bulle, pustule, vésicule, tubercule et macule). Sa
doctrine (le willanisme) fut introduite en France en 1816 par Biett, médecin à
l’hôpital Saint louis, et élève d’Alibert, fondateur de la dermatologie dans cet
hôpital.
Parallèlement à ces travaux de classification et de sémiologie, d’autres auteurs
orientèrent leurs recherches vers les étiologies possibles des dermatoses.
= Noël Retz (1758-1810),
Retz publie en 1785 « Des maladies de la peau, particulièrement de celles du
visage et des affections morales qui les accompagnent : leur origine, leur
description et leur traitement ».
Dans ce document l’auteur affirme que les atteintes hépatiques sont à l’origine
des maladies de la peau et que certaines maladies morales comme la mélancolie
et l’hypochondrie, la monomanie donnent des atteintes cutanées au niveau du
visage. Naturellement les humeurs hippocratiques (bilieuses, sanguines…)
présentant toutes un rapport avec le foie, déterminent l’étiologie de très
nombreux troubles cutanés. Les traitements comprennent donc deux volets, le
rééquilibrage des humeurs (sudation, purgation, diète, bains, saignée,
émétique…) et un traitement local (cataplasmes, lotion, emplâtres
émollients…). Parmi les traitements proposés il faut retenir l’eau Dalibour
découverte vers 1700 par Jacques Dalibour et destinée préalablement au
traitement des blessures de guerre (il était médecin militaire). Tombée en
désuétude à la fin du 18ème
siècle, l’eau Dalibour sera remise à la mode au début
du 20ème
siècle par Raymond Sabouraud.
= Alexis Pujol (1739-1804)
Originaire de Béziers, Alexis Pujol fait ses études à Toulouse puis à
Montpellier. Il est l’auteur de nombreux mémoires dont « dissertation sur les
maladies de la peau, relativement à l’état du foie » (1786) et un essai sur les
inflammations chroniques des viscères en 1791, qui sera à l’origine des idées
développées par Broussais quelques dizaines d’années plus tard. Il classe les
maladies de la peau en deux grandes catégories, les maladies simples
(uniquement cutanées) et celles compliquées par une cause étrangère, virale,
bactérienne, carentielle ou métabolique. Vers la même époque (1782), le traité
des dartres de M. Poupart reprend de manière clinique l’étiologie, l’aspect
cutané, l’interrogatoire, les maladies associées et les traitements propres à guérir
ces affections (virales bactériennes, humorales…).
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Le 18ème
siècle a donc été pour la dermatologie celui des lumières et de la
genèse. Les découvertes réalisées pendant cette période féconde serviront de
bases à la dermatologie moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui.
MÉDECINES DOUCES
= Franz Anton Mesmer (1734-1815)
Originaire de Vienne, Franz Anton Mesmer est obligé de quitter la capitale
austro-hongroise sous la pression de ses collègues qui lui reprochaient d’attirer
leurs patients par ses pratiques plus ou moins ésotériques. Sa vie et ses baquets
magnétiques sont traités dans le paragraphe « charlatanisme ».
= Samuel Hahnemann (1755-1843)
Dans un domaine à peu près semblable Hahnemann, un médecin allemand,
invente l’homéopathie. Sa vie et ses œuvres sont traités dans le paragraphe «
charlatanisme ».
MEDECINS DES GRANDS DE CE MONDE
Premier médecin du Roi était une place enviée mais instable, la disgrâce venant
parfois plus vite que l’ascension.
= Jean Heroard (1549-1627), médecin de Louis XIII
Jean Heroard est issu d’une famille de médecins montpelliérains. Il gagna Paris
et fit rapidement Carrière à la Cour. D’abord médecin de Charles IX, puis de
Henri III, il devint premier médecin du Dauphin (le futur Louis XIII). Il resta
médecin de ce Roi jusqu’à sa mort survenue au siège de La rochelle en 1627.
Jean Heroard ne commit pas d’écrits scientifiques ou médicaux mais rédigea
un savoureux journal intime concernant la vie et l’éveil sexuel du jeune Louis
XIII.
= Antoine Daquin (1632-1696) Médecin de Louis XIV
Antoine Daquin est le fils du médecin de la reine Catherine de Médicis. Issu
d’une famille juive de Carpentras, convertie au catholicisme, Antoine Daquin
naquit à Paris mais fit ses études à Montpellier où il obtint son doctorat en
1648. En épousant la nièce de Vallot, premier médecin du Roi Louis XIV, il
gagna la cour et fut nommé premier médecin de la reine, Marie Thérèse
d’Autriche. A la mort de Vallot, il devint premier médecin de Louis XIV.
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Pour la petite histoire, la nomination à ce poste fût l’objet de propos racistes «
pauvre cancre, race de juif et grand charlatan » de la part d’un professeur du
collège royal et de Saint Simon qui le traite de « grand courtisan mais reître,
avare, avide et qui voulait établir sa famille de toutes façons ». On n’a rien
inventé depuis, tous les poncifs du racisme sont déjà bien présents.
Son royal patient lui causa bien des soucis et l’occasion de montrer ses qualités
de médecin. Il eut ainsi à intervenir pour, une luxation du coude, une arthrose
du pied, un furoncle de l’aisselle, une nécrose de la voûte palatine avec
communication bucco nasale, l’ablation de toutes les dents de la mâchoire
supérieure, un abcès du périnée, une fistule borgne, une fistule anale, des plaies
variqueuses et des ulcères nécrotiques des deux membres inférieurs.
Les intrigues de cour et le remplacement de madame de Montespan par madame
de Maintenon, le firent tomber en disgrâce et en 1693 il fût exilé à Moulin.
= François Chicoyneau (1672-1752) médecin de Louis
XV
Diplômé de la faculté de Montpellier, François Chicoyneau est Docteur en
Médecine en mars 1693. A la mort de son père Michel Chicoyneau, il hérite de
sa chaire et de son titre de chancelier. Il acquit rapidement une grande
réputation de charité envers les pauvres. Il se fit notamment remarqué lors de
l’épidémie de peste qui sévit en 1720 à Montpellier.
Élève de Pierre Chirac, premier médecin du Roi, il en épousa la fille Marie et
suivit à Paris son beau-père qui lui ouvrit les portes de la maison du Roi. Il
succéda à ce dernier lors de sa mort en 1732, et devint ainsi premier médecin du
royaume, place qu’il occupa pendant une vingtaine d’années.
Un épisode à la fois dramatique et rocambolesque marqua son activité auprès
du monarque. De retour de la guerre en Flandre, Louis XV s’arrêta à Metz où
il tomba gravement malade au point que l’on craignit pour sa vie. Aidé de
Lapeyronie, premier chirurgien du Roi, Chicoyneau réussit à faire retrouver au
Roi sa santé en 15 jours. Pour la petite histoire le Roi vivait à cette époque une
liaison avec la Duchesse de Châteauroux. On raconte que le renvoi de cette
dernière par son confesseur fit autant pour la guérison du Roi que les
praticiens à son chevet.
= Jean Baptiste Silva (1682-1744), médecin de Louis
XV et de Voltaire
Jean Baptiste Silva était originaire d’une famille judéo portugaise de Bordeaux.
Thèsé à Montpellier en 1701, il monte à Paris et est reçu à la faculté de cette
ville en 1711. Fréquentant très tôt la cour, il devint médecin de la maison de
Condé. En mars 1738, le Roi lui fit présent de lettres de noblesse et l’admis
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dans son conseil de santé en qualité de médecin consultant. A la mort de Chirac,
premier médecin du Roi, il ne réussit pas à lui succéder malgré sa renommée
européenne (médecin de Voltaire, de Catherine I de Russie, des Ducs de
Bavière).
Hazon écrit à son sujet « La renommée le porta sur ses ailes rapides, mais il se
chargea de sonner lui-même la trompette ». Après une carrière de cour, il
s’éteignit en 1744 et fut enterré comme il avait vécu en grandes pompes à Saint
Sulpice. Il publia en 1728 un ouvrage portant sur la saignée « Traité à l’usage
de différentes espèces de saignées, principalement celle du pied », qui eut un
certain succès.